Photo Reflex
Photo Reflex
Photo Reflex
PHOTOGRAPHIE
AVEC UN
APPAREIL
NUMÉRIQUE
À VISÉE
RÉFLEX…
LPhi http://chrisphil.free.fr 1 Club Photo du Lycée Sud-Médoc (toute reproduction interdite)
A. L’appareil photo numérique (APN) :
A.1. Le boîtier :
A.2. Le système optique :
A.2.a. Le coefficient de recadrage :
A.2.b La focale équivalente :
A.2.c Gammes de focales :
B. Les réglages :
B.1. La mise au point :
B.2. Le diaphragme, l’ouverture, la profondeur de champ et le piqué :
B.3. La "vitesse" ou le temps d’exposition :
B.4. La sensibilité :
B.5. Illustrations :
C. L’exposition :
C.1. La mesure d’exposition :
C.2. Les modes de mesure d’exposition :
C.3. Le mode automatique :
C.4. Les modes scènes :
C.5. Le mode P (Program) :
C.6. Le mode A (Aperture) ou Av : priorité à l’ouverture
C.7. Le mode S (Speed) ou Tv : priorité à la "vitesse"
C.8. Le mode M (Manual) :
D. Prendre une photo :
D.1. Comment choisir son cadrage ?
D.2. Comment choisir ses réglages ?
D.2.a. Gérer la profondeur de champ : mode d’emploi
D.2.b. Gérer la "vitesse" : mode d’emploi
D.2.c. Gérer le temps d’exposition et l’ouverture : mode d’emploi
D.3. Quand utiliser le flash ?
D.3.a. Quand la lumière manque…
D.3.b. Quand il y a trop de lumière…
D.4. Une autre solution : le trépied
E. Du capteur numérique à l’image numérique :
E.1. Du capteur numérique aux "données brutes" :
E.2. Des "données brutes" à l’image numérique :
E.2.a. Ce que fait l’appareil photo numérique :
E.2.b. Ce que fait le "dérawtiseur" :
E.2.c. Exemple :
F. Comprendre l’histogramme :
F.1. La dynamique du capteur :
F.2. L’histogramme, qu’est-ce que c’est ?
F.3. Qu’est-ce qu’un "bon" histogramme ?
F.3. Qu’est-ce qu’un "mauvais" histogramme ?
G. Comment optimiser une image numérique ?
G.1. Au moment de la prise de vue :
G.2. Après la prise de vue ; la "retouche" photo :
G.2.a. Les "réglages RAW" :
G.2.b. Les autres réglages :
G.2.c. Quelques exemples :
H. Stockage et diffusion d’une image numérique :
H.1. La définition – la résolution – le pouvoir séparateur :
H.2. La compression :
H.3. Quelques mots sur la colorimétrie :
H.3.a. Espaces colorimétriques :
H.3.b. Profils ICC :
H.3.c. Espaces de travail :
H.3.d. La chaîne colorimétrique :
H. Pour aller plus loin…
F.1. Pour apprendre (techniques) :
F.2. Pour admirer (galeries) :
F.3. Pour partager (forums, podcasts) :
F.4. Pour connaître le matériel (tests) :
viseur
SYSTÈME
OPTIQUE
miroir
basculant
obturateur capteur
mise au point diaphragme ("vitesse") photosensible
(ouverture)
A.1. Le boîtier :
Tout dans un appareil photo numérique fonctionne de la même façon que dans un appareil photo
argentique, à ceci prêt que le capteur remplace la pellicule.
Or, les capteurs numériques ont pour la plupart une taille inférieure à celle d’une pellicule.
Par conséquent, avec un même objectif, on obtiendra avec un appareil photo numérique une portion plus
petite de la scène photographiée et donc un angle de champ plus faible qu’avec un appareil photo
argentique.
On dit qu’il existe un coefficient de recadrage.
Par exemple, les capteurs les plus répandus sur les APN reflex ont une dimension de 16 mm x 24 mm
(format APS-C) à comparer au format d’une pellicule standard : 24 mm x 36 mm. Dans ce cas, le coefficient
de recadrage vaut x 1,5. Les APN professionnels modernes ont un coefficient de x 1 ; à l’opposé, les APN
compacts ont un coefficient de x 6 ou plus, c’est-à-dire un capteur de très petite taille.
Si l’angle de champ est 1,5 fois plus faible, l’image enregistrée correspond à celle qui aurait été prise
avec une focale plus grande d’un facteur 1,5. La focale équivalente est donc 1,5 x f.
La focale indiquée sur un système optique reste cependant la focale réelle de l’objectif.
Dans le cas d’un capteur au format APS-C, un zoom 24-70 mm donne l’impression de couvrir le même
champ qu’un zoom 36-105 mm monté sur un appareil argentique.
28 mm
focale angle de
dénomination
équivalente champ 50 mm
< 50 mm > 46° grand angle
standard 180 mm
50 mm 46°
(~ œil humain)
> 50 mm < 46° téléobjectif
Ouverture moyenne
(ex : f/5,6)
Dans la suite ci-dessous, pour chaque changement de valeur, on double ou l’on divise par 2 la quantité de lumière
entrante. On dit que l’on ouvre ou que l’on ferme d’un "diaph", d’un EV (exposition value), d’un IL (intenstity of light).
n = 1 – 1,4 – 2 – 2,8 – 4 – 5,6 – 8 – 11 – 16 – 22 – 32 - 45 …
ouverture croissante
Remarque : par rapport au point, la profondeur de champ se répartit à peu prêt à raison de 1/3 à
l’avant du point et 2/3 à l’arrière.
piqué
La quantité de lumière reçue par le capteur dépend également de la durée pendant laquelle la lumière
éclaire le capteur. C’est le rôle de l’obturateur, qui s’ouvre pendant une durée réglable, au cours de laquelle le
capteur est exposé.
La durée pendant laquelle l’obturateur reste ouvert est ce que l’on appelle la "vitesse" ou le temps
d’exposition ou le temps de pose, qui se meure en secondes et qui peut varier de plusieurs heures à
1/8000ème s !
Notons que le terme de "vitesse" est un abus de langage, puisqu’une vitesse ne se mesure pas en secondes.
On comprend cependant que pour un faible temps d’exposition, la vitesse de l’obturateur est grande. Exemple :
1/2000 s est un temps court, qui correspond à une grande vitesse.
Dans la suite ci-dessous, pour chaque changement de valeur, on double ou l’on divise par 2 la quantité de
lumière entrante (modification d’un "diaph", d’un EV ou d’un IL).
… 2’’ - 1’’ – 1/2 – 1/4 – 1/8 – 1/15 – 1/30 – 1/60 – 1/125 – 1/250 – 1/500 – 1/1000 – 1/2000 …
vitesse croissante
Attention : quand l’appareil indique un temps d’exposition de 250, cela signifie 1/250ème s.
quand l’appareil indique un temps d’exposition de 3", cela signifie 3 s.
B.4. La sensibilité :
Une fois que la lumière a atteint le capteur, elle est transformée en signaux électriques, que l’on peut
amplifier électroniquement avec un gain réglable (cf. partie E.).
Par analogie avec la sensibilité des films argentiques (chimiques), on exprime ce gain en ISO.
Dans la suite ci-dessous, pour chaque changement de valeur, on double ou l’on divise par 2 la quantité de
lumière enregistrée (modification d’un "diaph" / d’un EV / d’un IL).
… 100 - 200 - 400 - 800 - 1600 - 3200 - 6400 …
Cependant, plus la sensibilité est grande et plus la qualité de l’image se détériore. Du fait de la forte
amplification, du bruit numérique apparaît sur l’image sous la forme de petits points colorés. Quand ce sera
possible, on choisira donc en général la plus faible sensibilité de l’appareil.
Nous verrons dans la partie C. que le temps d’exposition et l’ouverture sont deux paramètres intimement liés :
ouvrir davantage ou ouvrir plus longtemps a la même répercussion en terme de quantité de lumière reçue par le
capteur (exposition). Par contre le résultat sur la photographie ne sera pas du tout le même, comme le montrent les
illustrations suivantes.
B.5. Illustrations :
Mise au point : bon choix du collimateur mauvais choix du collimateur
f/2 ; 1/40 s ; 100 ISO f/2,8 ; 1/20 s ; 100 ISO f/4 ; 1/10 s ; 100 ISO f/5,6 ; 1/6 s ; 100 ISO
f/8 ; 1/3 s ; 100 ISO f/11 ; 0,7 s ; 100 ISO f/16 ; 1 s ; 100 ISO f/22 ; 3 s ; 100 ISO
f/2 ; 1/4000 s ; 100 ISO f/2,8 ; 1/2000 s ; 100 ISO f/4 ; 1/1000 s ; 100 ISO f/5,6 ; 1/500 s ; 100 ISO
f/8 ; 1/250 s ; 100 ISO f/11 ; 1/125 s ; 100 ISO f/16 ; 1/60 s ; 100 ISO f/22 ; 1/30 s ; 100 ISO
f/4,8 ; 1/15 s f/4,8 ; 1/30 s f/4,8 ; 1/60 s f/4,8 ; 1/125 s f/4,8 ; 1/250 s f/4,8 ; 1/500 s
100 ISO 200 ISO 400 ISO 800 ISO 1600 ISO 3200 ISO
Tous les appareils photos disposent aujourd’hui d’un système de mesure d’exposition automatique, qui
mesure l’intensité lumineuse de la scène.
À l’aide de cette mesure, l’appareil peut connaître, pour une sensibilité donnée, les couples temps
d’exposition/ouverture, pour lesquels l’exposition sera correcte.
Le graphique ci-dessous indique les couples correspondant à la "bonne" exposition (ligne noire).
Exemple : les couples f/2 - 1/250ème s et f/8 - 1/15ème s correspondent à la même exposition.
- On obtiendra une surexposition (photo plus claire) soit en augmentant le temps d’exposition (ie : en diminuant la
"vitesse"), soit en augmentant l’ouverture.
- On obtiendra une sous exposition (photo plus sombre) soit en diminuant le temps d’exposition (ie : en
augmentant la "vitesse"), soit en diminuant l’ouverture.
"vitesse"
(temps d’exposition
en secondes)
1/2000
-3 EV
1/1000
-2 EV
1/500 sous
-1 EV
exposition
1/250
0 EV
1/125
+1 EV
1/60
+2 EV
1/30
+3 EV
1/15
1/8
surexposition
1/4
1/2
diaphragme
(nombre d’ouverture n)
1’’
1 1,4 2 2,8 4 5,6 8 11 16 22 32
Le photographe peut définir la zone dans laquelle l’APN effectuera la mesure d’exposition :
- mesure matricielle ou intégrale : l’exposition est mesurée uniformément sur l’ensemble de la scène
photographiée ;
- mesure pondérée centrale : l’exposition est mesurée sur l’ensemble de la scène en accordant
davantage d’importance à la zone centrale ;
- mesure spot : la mesure s’effectue sur le collimateur sélectionné.
Les APN grand public disposent tous d’un mode automatique. Ce mode ne laisse que très peu de liberté au
photographe, mais donne presque toujours un résultat techniquement satisfaisant.
Les modes scènes (portraits, paysages,…) sont des modes automatiques, mais l’APN est "prévenu" du type de
scène et il va donc pouvoir s’y adapter plus facilement.
C’est un mode automatique, mais cette fois, le photographe peu choisir lui-même la sensibilité et décider
d’employer ou non le flash.
Le photographe peut cependant choisir de décaler le réglage proposé par l’APN suivant la droite 0 EV (cf.
graphique du C.1.)
Le photographe choisit lui-même la sensibilité et l’ouverture. L’APN choisit le temps d’exposition adaptée
d’après la mesure de lumière.
Le photographe choisit lui-même la sensibilité et le temps d’exposition. L’APN choisit l’ouverture adaptée
d’après la mesure de lumière.
Créer une photo demande un temps de réflexion (qu’on n’a pas toujours !). Avec l’habitude, ce temps se réduira et
le plaisir créatif grandira.
Voici quelques règles très simples qui méritent bien entendu d’être approfondies :
1. Placer les éléments importants sur les points chauds et utiliser les lignes des tiers :
2. Adapter le sens du cadrage à celui du sujet.
3. Excentrer le sujet.
4. Placer de l'espace devant votre sujet.
5. Placer de l’espace dans la direction du regard ou dans la direction du mouvement.
6. Retenir que tout ce qui n’est pas le sujet gagnera en général et si possible à ne pas être dans le cadre.
7. Bien apprendre ces règles avant de les transgresser : être créatif !
Photographier en mode automatique a beaucoup d'avantages : c'est simple et rapide, et la photo est
techniquement réussie dans la plupart des cas. L'appareil prend en charge tous les réglages pour délivrer une
photo correctement exposée, ne laissant au photographe "que" la responsabilité du cadrage. Alors, pourquoi ne
pas s'en contenter ?
Pour laisser libre court à la créativité du photographe : choisir la profondeur de champ pour faire ressortir un
sujet de l’arrière plan, suggérer un mouvement par un filé ou encore figer un mouvement rapide.
Régler la sensibilité au minimum (100 ou 200 ISO) pour obtenir la meilleure qualité d’image.
Choisir le mode A (ou Av) et régler l’ouverture avec la molette prévue à cet effet :
- grande ouverture pour isoler le sujet (pas forcément la pleine ouverture qui n’offre souvent pas le
meilleur piqué). C’est typiquement le choix que l’on fera pour du portrait : f/2 à f/4 ;
- petite ouverture pour obtenir une grande plage de netteté (éviter de trop fermer pour éviter la
diffraction : cf. B.2.). C’est typiquement le choix que l’on fera pour des paysages : f/8 à f/11.
Lire dans le viseur le temps d’exposition déterminé par l’APN pour obtenir la bonne exposition. Ce temps
devra être suffisant pour éviter que les mouvements du photographe n’entraînent un flou de bougé.
La "vitesse" doit être au moins égale à l’inverse de la focale équivalente.
Exemple : à une focale f = 70 mm (focale équivalente 105 mm), on prendra une "vitesse" d’au moins
1/100 s, c’est-à-dire 1/125 s ou 1/250 s.
Si cette règle est vérifiée : on peut prendre la photo !
Si ce n’est pas le cas, on doit augmenter la "vitesse" (diminuer le temps d’exposition) :
- d’abord en ouvrant davantage le diaphragme ;
- puis en augmentant la sensibilité (sans excès pour ne pas trop détériorer l’image) ;
- et enfin en utilisant le flash intégré, qui apportera la lumière manquante.
On voit là tout l’intérêt de disposer d’objectifs "lumineux", c’est-à-dire de grande ouverture maximale,
lorsque la lumière vient à manquer. Cela évite la montée en sensibilité et donc l’apparition du bruit.
Régler la sensibilité au minimum (100 ou 200 ISO) pour obtenir la meilleure qualité d’image.
Choisir le mode S (ou Tv) et régler le temps d’exposition avec la molette prévue à cet effet :
- grande "vitesse" (1/500 s au moins) pour figer un sujet en mouvement rapide ;
- petite "vitesse"pour enregistrer le mouvement sous forme d’un filé (ou traînée). Dans ce cas,
l’usage du trépied est généralement nécessaire pour éviter le flou de bougé. (cf. D.4.)
Vérifier dans le viseur que l’ouverture déterminée par l’APN pour obtenir la bonne exposition n’est ni trop
grande ni trop petite pour conserver une bonne qualité d’image.
Si la quantité de lumière est trop faible, l’APN l’indiquera et il faudra ouvrir davantage ou augmenter la
sensibilité. Pour cette raison, on qualifie parfois de "rapides" les objectifs très lumineux, qui permettent
d’atteindre de plus grandes "vitesses".
Si la quantité de lumière est trop importante, l’APN l’indiquera et il faudra fermer davantage ou encore
ajouter un filtre devant l’objectif pour atténuer la lumière entrante.
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D.2.c. Gérer le temps d’exposition et l’ouverture : mode d’emploi
Cela peut paraître paradoxal, mais le flash sera très utile lorsque la lumière est très dure (par exemple à
midi en été). Dans ce cas, le contraste entre les zones d’ombre et les zones éclairées est très important. La
mesure de l’exposition se fait alors sur les hautes lumières et les ombres vont paraître très noires : on ne
distinguera pas, par exemple, les yeux d’un sujet portant un chapeau.
L’émission d’un éclair va permettre d’éclaircir les ombres et ainsi de leur redonner de la texture. L’impact
du flash sur les zones déjà très lumineuses sera négligeable.
En pratique :
- se placer en mode priorité "vitesse" ;
- sortir le flash pour imposer son utilisation ;
- réduire l’intensité du flash (généralement entre -1 EV et -2 EV selon l’effet souhaité) ;
- choisir le temps d’exposition le plus court possible (généralement 1/250 s ou 1/500 s avec les flashs
intégrés) ;
- vérifier que l’ouverture déterminée par l’appareil photo convient et prendre la photo.
- exemple :
sans flash avec flash
Nous avons vu que le manque de lumière était souvent un problème, car on ne peut pas
atteindre des "vitesses" suffisantes pour que les tremblements du photographe n’entraînent un flou
de bougé.
Le trépied est LA solution à ce problème : il ne bouge pas, tremble peu et va donc permettre
l’accès à des temps d’exposition très longs ("vitesses" très faibles).
Certes un peu encombrant, il élargit considérablement le champ des possibilités créatives de
l’appareil photo. Avec un temps de pose de plusieurs secondes, on pourra par exemple "dessiner" avec de la
lumière (c’est le light painting). Avec un temps de pose de plusieurs minutes ou plusieurs heures, on pourra par
exemple enregistrer le mouvement des étoiles…
Filé d’étoiles.
Light painting. Temps de pose : 10 s Temps de pose : 30 min
Image Possibilité de
Lecture et - applications des réglages de l’APN
Données numérique modification
amplification
brutes - conversion en 8 bits par couleurs JPEG grossière et
(selon ISO)
8 bits/couleur avec perte
des signaux - compression JPEG
compressée d’information
Logiciel dérawtiseur
Notons à ce stade que la plupart des écrans d’ordinateur et les imprimantes, affichent les images codées sur
"seulement" 8 bits par couleur, soit (28)3 = 16 777 216 couleurs. C’est d’ailleurs amplement suffisant, puisque
l’œil humain standard ne sait discerner qu’environ 10 millions de couleurs.
Se pose alors la question de l’intérêt d’enregistrer un fichier codé sur 12, 14, voire 16 bits !…
Le processeur de l’APN se charge d’appliquer les réglages choisis par l’utilisateur aux données brutes. Il se
débarrasse ensuite des 4 bits qu’il considère comme inutiles, puis applique une compression plus ou moins
destructive pour obtenir une image numérique au format JPEG (Joint Photographic Experts Group).
Le format JPEG est un format ouvert, universellement reconnu et normalisé. Il occupe relativement peu
de place mémoire et il peut être directement partagé, échangé, montré. Bref, c’est une image !
Par contre, c’est un format qui offre très peu de latitude de réajustement, d’autant que chaque
modification entraîne une perte de donnée irréversible, du fait de la nouvelle compression effectuée à
chaque réenregistrement.
Lorsque l’on visualise un fichier RAW sur un écran d’ordinateur, toutes les données ne sont pas visibles et
l’écran ne nous montre qu’une interprétation en 8 bits par couleur des données brutes. Mais ces nombreuses
données bien qu’invisibles sont DISPONIBLES !
Le fait de travailler sur 12 bits ou plus par couche au format RAW permet de choisir soi-même, parmi ces 12
bits, les 8 bits que l’on souhaite conserver ou mieux, de décaler sélectivement certaines de ces informations
invisibles, dans le visible pour constituer le fichier final. Cela permet notamment de récupérer des détails
perdus dans les hautes ou dans les basses lumières et de mieux ajuster l’exposition.
Autre avantage du format RAW : chaque modification est réversible, puisque les données brutes ne sont
pas modifiées ; ce sont seulement les modifications qui sont stockées avec le fichier.
Tout cela a évidemment un coût en terme de place mémoire, un fichier RAW occupant davantage de
place qu’un fichier JPEG.
Notons enfin qu’il n’existe pas de format RAW universel. Chaque marque a son propre format, dont le
code n’est pas ouvert, ce qui pose à terme le problème de la pérennité de ces formats…
E.2.c. Exemple :
Image numérique originale affichée sur l’écran du boîtier ou de l’ordinateur. Image numérique originale affichée sur l’écran du boîtier ou de l’ordinateur.
L’image est surexposée. L’information est perdue dans les zones "brûlées". L’image est sous-exposée. L’information est perdue dans les zones "bouchées".
Chaque photosite du capteur possède une plage de détection limitée (également appelée dynamique) ;
c’est-à-dire qu’il n’est capable d’interpréter ni une lumière trop faible, ni une lumière trop intense.
- s’il reçoit une lumière d’intensité inférieure à sa plage dynamique, il ne détectera rien et renverra un signal nul,
correspondant à l’absence totale de lumière. Le pixel correspondant sera absolument noir.
- s’il reçoit une lumière d’intensité supérieure à sa plage dynamique, il sera saturé et renverra un signal maximum,
correspondant au blanc pur. Le pixel correspondant sera absolument blanc…
Certains APN affichent les histogrammes correspondant à chacune des trois composantes R, V et B ou une
superposition des trois.
L’allure de l’histogramme va nous donner de précieuses informations sur l’exposition, le contraste et les
dominantes de couleurs.
Sur l’histogramme : les signaux s’étalent sur toute la plage dynamique, mais il
apparaît un effet de "peigne", qui traduit une perte répartie de l’information.
Nous avons évoqué au E.2. les avantages du format RAW. Il est possible de réajuster, après la prise de vue,
certains réglages :
- la netteté, le contraste, la saturation des couleurs ;
- l’exposition, de l’équivalent de ± 2 diaph. Attention : cela ne dispense pas de bien caller l’histogramme à
droite (cf. G.1.) au moment de la prise de vue ! En effet, une sous-exposition à la prise de vue, compensée
par une surexposition dans le dérawtiseur, s’accompagnera inévitablement d’une montée importante du
bruit numérique (cf. B.4.) dans les basses lumières, et ce dans des proportions plus importantes qu’une
augmentation équivalente de la sensibilité à la prise de vue ;
- la balance des blancs (BdB). C’est un réglage, qui permet de s’adapter à la dominante de couleur de la
lumière, qui éclaire la scène au moment de la prise de vue. Dans la vie courante, notre œil s’habitue, à
notre insu, aux variations de couleur de l’éclairage : un objet blanc nous paraît blanc, quelle que soit la
nature de l’éclairage (Soleil, ampoule, néon, bougie,…). Un APN n’est pas aussi performant. Régler la BdB,
c’est indiquer la température de couleur de la source (une notion de physique, un peu complexe, qui ne
sera pas détaillée ici). La température de couleur varie environ entre 1500 K (kelvin) pour bougie et
10 000 K pour un ciel bleu en altitude. Ci-dessous, la même image avec trois réglages de balance des
blancs différents :
réglage 2600 K : l’image parait trop "froide". réglage 5000 K : l’image parait correcte. réglage 9000 K : l’image parait trop "chaude".
L’histogramme montre une forte composante bleue, Les trois histogrammes RVB se superposent et L’histogramme montre une forte composante rouge,
que l’on retrouve sur l’image. donc s’équilibrent plus ou moins. que l’on retrouve sur l’image.
Citons en vrac quelques manipulations supplémentaires utiles et non spécifiques au format RAW :
! redresser : il s’agit simplement de vérifier et éventuellement de corriger l’horizontalité ou la verticalité.
! recadrer : il est possible de reprendre le cadrage pour mieux mettre en évidence le sujet ou pour mieux
respecter une règle de cadrage comme la règle des tiers. C’est aussi une manière artificielle de "zoomer" en
ne sélectionnant qu’une partie de l’image, ce qui équivaut à faire un "zoom numérique".
! compenser les défauts optiques :
- la distorsion (déformation due aux lentilles),
- l’aberration chromatique (franges colorées pourpres ou cyan dans les zones de fort contraste),
- le vignetage (perte de lumière sur les bords de l’image).
! "débruiter" : c’est un traitement logiciel qui permet d’atténuer le bruit numérique.
! "gommer" : il s’agit de supprimer d’éventuels petits défauts, notamment les poussières déposées sur le
capteurs et qui apparaissent nettement pour de petites ouvertures de diaphragme.
(a)
(b)
(c)
En observant l’original, on se rend immédiatement compte que la balance des blancs n’a pas été
correctement réglée. L’examen du fichier RAW montre en effet, que la balance des blancs était réglée sur une
lumière de type tungstène, alors que la photo avait été prise dans la lumière chaude du matin. Un réglage en
lumière naturelle règle le problème (a).
La photo est également surexposée. On l’observe notamment sur le petit escargot à gauche et sur
l’histogramme, qui déborde assez nettement sur la droite. On ajuste donc l’exposition (b).
Un léger recadrage permet enfin d’éliminer quelques éléments perturbateurs, comme l’escargot, pour ne
conserver que l’insecte, qui nous intéresse (c).
(a)
(b)
(c)
Le début d’après midi en été est le pire des moments pour prendre une photographie : la lumière est très
dure et les contrastes sont trop importants pour entrer dans la plage dynamique du capteur. La photo n’est pas
vraiment ratée, mais les nuages sont totalement brûlés et les ombres bouchées, se que confirme
l’histogramme.
En abaissant l’exposition de 2 EV (a), on parvient à récupérer une bonne partie des détails dans les nuages.
Il faut alors agir spécifiquement sur les basses lumières (tons foncés) pour compenser la perte (b).
Enfin, on peut augmenter la saturation (c) pour récupérer les couleurs légèrement délavées par rapport à
l’originale. L’histogramme final confirme la meilleure répartition des tons sur l’ensemble de la dynamique.
(a)
(b)
(c)
(f)
Trois choses sautent aux yeux en voyant cette image : elle est déformée (distorsion en coussinet), elle est
penchée et elle est trop sombre. Ces trois défauts ont été respectivement corrigés aux étapes (a), (b) et (c).
L’étape (d), peu visible sur les photos, a consisté à atténuer les très hautes lumières : on observe sur les
histogrammes que la partie droite a été légèrement décalée vers la gauche et que le petit pic, collé à l’extrême
droite, a disparu.
Dans l’étape (e), la saturation a été légèrement rehaussée pour retrouver la teinte jaune du bâtiment
notamment.
Enfin, dans l’étape (f), on a légèrement assombri le ciel pour rendre le bleu plus profond et atténuer
légèrement la brume de chaleur.
Remarque : les défauts dans le ciel (artefacts) sont la conséquence de la compression de l’image (cf. H.2.)
H.2. La compression :
La place mémoire occupée par une image de 3 millions de pixels, codés chacun sur 8 bits par couleur, soit 24
bits est de 72 mégabits, soit 9 Mo (mégaoctets ; 1 octet = 8 bits). Elle est de 30 Mo pour une image de 10
mégapixels ! D’où la nécessité de réduire la taille de ces fichiers pour des problèmes à la fois de stockage et de
durée de traitement.
Nous avons vu que le format d’image JPEG était un format compressé. La compression est un ensemble de
calculs qui permettent de réduire la place mémoire occupée par une image numérique sans réduire sa définition.
La compression JPEG consiste à regrouper en une seule information les pixels de même valeur d’une image
numérique. En augmentant le taux de compression, on demande à l’APN ou au logiciel de considérer comme
identiques des pixels qui sont peu différents ; le taux de compression correspond au degré de tolérance. Le format
JPEG est donc "destructif" car, selon le taux de compression, certaines informations sont perdues. Cela se traduit
par des défauts, appelés artefacts, visibles notamment dans les zones de dégradés.
La question envisagée dans ce paragraphe peut sembler simple ; elle est en fait aussi vaste que complexe. Nous
ne ferons qu’en aborder succinctement les grandes lignes.
L’image que nous observons sur un écran, sur un tirage photo ou à la sortie d’une imprimante est une
interprétation d’un fichier numérique. Il suffit d’observer le même fichier numérique sur des écrans différents
pour se rendre compte que son interprétation varie très fortement. De même un tirage d’un même fichier
numérique effectué par deux laboratoires différents ne donnera souvent pas le même résultat. Une parfaite
illustration de ce problème peut être observée chez un revendeur de téléviseurs : les écrans affichent tous la
même image avec une colorimétrie très variable.
Or, il est important pour un photographe, que l’APN enregistre ce qu’il voit, que l’écran transcrive
correctement les couleurs enregistrées par l’APN et qu’enfin, le tirage soit aussi conforme que possible avec ce
qu’affiche l’écran. C’est ce que l’on appelle le respect de la chaîne colorimétrique.
L’ensemble de toutes les nuances de couleurs auxquelles est sensible l’œil humain standard (environ 10
millions de nuances) définit un espace colorimétrique. Cet espace colorimétrique est le plus large ; on dit
qu’il possède le gamut (gamme de couleur en français) le plus étendu : en dehors de cet espace, on trouvera
des "lumières invisibles" : ultraviolets, infrarouges,…
Cet espace colorimétrique a été défini mathématiquement grâce à une analyse statistique de la sensibilité
de l’œil aux couleurs, effectuée sur un échantillon représentatif d’êtres humains. Il est aujourd’hui utilisé
comme référence sous le nom d’espace CIE-Lab (CIE : commission internationale de l’éclairage).
Là où les choses se compliquent nettement, c’est que les différents éléments de la chaîne colorimétrique
(APN, écran, imprimante,…) sont très loin de pouvoir reproduire toutes les nuances de l’espace CIE-Lab.
Autrement dit, leur espace colorimétrique possède un gamut bien moins étendu que celui de l’espace CIE-Lab.
Par conséquent, lors de l’interprétation des couleurs, à chaque étape de la chaîne colorimétrique, des
couleurs sont perdues. Par exemple, des couleurs bleues très saturées, parfaitement observables sur un écran,
ne sont reproductibles par aucune imprimante, car les encres ne le permettent tout simplement pas. Il est donc
fondamental de connaître l’espace colorimétrique d’un périphérique, c’est-à-dire l’ensemble des couleurs,
qu’il est capable d’enregistrer (APN, scanner,…) ou de reproduire (écran, imprimante,…). Bien entendu,
l’information perdue ne sera pas pour autant récupérable, mais cela permettra d’en tenir compte dans le
traitement du fichier pour optimiser son rendu final.
Ces informations, qui définissent les capacités colorimétriques d’un périphérique, sont stockées dans un
fichier appelé profil ICC (International Color Consortium).
Un profil ICC contient à la fois :
- les limites de l’espace colorimétrique du périphérique : son gamut ;
- une table de correspondance entre l’espace colorimétrique de ce périphérique et les couleurs réelles de
l’espace CIE-Lab de référence.
Les espaces de travail sont des espaces colorimétriques définis indépendamment de tout périphérique. Ce
sont des normes, qui servent de dénominateur commun entre les différents périphériques utilisés dans la chaîne
colorimétrique. L’espace CIE-Lab en est un exemple, mais on préfère travailler dans des espaces du type RVB
(Rouge, Vert, Bleu).
Les deux espaces de travail les plus répandus en photographie sont :
- l’espace sRVB : c’est un espace colorimétrique, dont le gamut est peu étendu, mais cela fait aussi son
intérêt, car la plupart des périphériques savent enregistrer ou reproduire toutes les couleurs qui le
composent : c’est donc l’espace colorimétrique de référence dans tous les échanges informatiques,
notamment sur Internet ;
- l’espace Adobe RVB 1998 est plus vaste que le précédent et permet donc une retouche plus fine des
photos. C’est donc l’espace colorimétrique à privilégier lorsque l’on souhaite avoir un meilleur contrôle de
l’image. C’est actuellement un espace de référence dans le monde de l’image. Il reste cependant
nettement moins étendu que l’espace CIE-Lab, ce qui signifie concrètement que certaines nuances de
couleurs visibles n’existent pas dans cet espace colorimétrique.
À la lumière de ces nouvelles notions, reprenons toute la chaîne colorimétrique depuis l’objet photographié
jusqu’à la diffusion d’une image.
- L’objet photographié émet toutes sortes de lumières visibles ou non. Naturellement, seules les couleurs
visibles (celles de l’espace CIE-Lab) nous intéressent ici.
- L’APN enregistre ces couleurs dans son propre espace colorimétrique, ce qui constitue déjà une
interprétation : cet espace colorimétrique est moins étendu que l’espace CIE-Lab, du fait notamment de
la dynamique limitée du capteur. Pour autant, il est tout à fait illusoire de définir cet espace
colorimétrique, si les conditions d’éclairage changent, ce qui est presque toujours le cas, excepté si l’on
travaille dans un studio photographique.
- Les données brutes ainsi recueillies sont ensuite converties dans un espace de travail (sRVB ou Adobe RVB
1998 selon la configuration de l’APN). Si l’on utilise le format RAW, on peut choisir son espace de travail
au moment du traitement.
- Le fichier est ensuite exporté vers l’ordinateur et l’écran en donne une interprétation. Cette étape est
primordiale car la fidélité d’un écran est rarement satisfaisante. Il est donc vivement conseillé de calibrer
son écran, c’est-à-dire de lui attribuer un profil ICC personnalisé. Cela se fait à l’aide d’une sonde de
calibration ou, à défaut, à l’aide d’un logiciel. Les informations contenues dans ce profil ICC servent à
modifier le comportement de l’écran par l’intermédiaire de la carte vidéo. Par exemple, si un écran a une
dominante verte, le profil ICC commandera à la carte vidéo de diminuer en conséquence la composante
verte.
" Si l’écran est mal calibré, il peut s’avérer très préjudiciable de traiter les photos : imaginons par exemple
un écran qui a tendance à afficher des couleurs manquant de saturation. On voudra légitimement retraiter
les images en les saturant davantage pour compenser ce "défaut" apparent. Or, en faisant cela, on modifie
le fichier tel qu’il est dans l’espace de travail et non tel qu’on le voit dans l’espace colorimétrique de
l’écran. On se retrouvera donc finalement, à son insu, avec une photo trop saturée…
Une fois que l’on est satisfait du rendu de l’image sur l’écran calibré, le fichier peut être diffusé :
- si l’image numérique n’a pas vocation à être imprimée, il faudra la convertir dans l’espace colorimétrique
le plus universel : l’espace sRVB (si ce n’est pas déjà le cas) ;
- si l’image doit être imprimée, il faudra la convertir dans l’espace colorimétrique de l’imprimante, ce qui
impose de connaître son profil ICC. Certains laboratoires de tirage en ligne mettent à disposition le profil
ICC de leur matériel d’impression.
Attention : cette procédure idéale n’interdit évidemment pas à ceux que tout cela dépasse et qui n’ont pas
un écran correctement calibré, d’imprimer et de diffuser des photos ! Il faudra simplement opérer avec
précaution en choisissant préférentiellement l’espace sRVB tout le long de la chaîne colorimétrique, pour sa
plus grande compatibilité. Il faudra également faire confiance aux laboratoires de tirage, qui proposent
d’optimiser automatiquement les photos en fonction de leur matériel.
Objet
photographié
(espace CIE-Lab)
APN
(Espace de l’APN)
Fichier RAW
(Espace de l’APN)
Affichage sur
écran calibré
Fichier RAW
Traitement dans Fichier RAW
converti dans
l’espace converti dans
l’espace de
Adobe RVB 98 l’espace sRVB
l’imprimante
Périphérique
Imprimante numérique
d’affichage
(Internet, mail,…)
Espace sRVB
Tirage
photographique
Voici une sélection non exhaustive de sites, où l’on trouvera une multitude d’informations complémentaires.
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