Un Composé Grec Calqué en Pali

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 14

UN COMPOSÉ GREC CALQUÉ EN PALI ?

Boris Oguibénine

Presses Univ. de Franche-Comté | Dialogues d'histoire ancienne

2010/Supp. 3 - Supplément 3
pages 43 à 55

ISSN 0755-7256
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

Article disponible en ligne à l'adresse:

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-dialogues-d-histoire-ancienne-2010-Supp. 3-page-43.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour citer cet article :


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Oguibénine Boris, « Un composé grec calqué en pali ? »,
Dialogues d'histoire ancienne, 2010/Supp. 3 Supplément 3, p. 43-55.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Presses Univ. de Franche-Comté.


© Presses Univ. de Franche-Comté. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des
conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre
établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que
ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en
France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Dialogues d’ histoire ancienne supplément 3, 43-55

Un composé grec calqué en pāli ?


Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
Boris Oguibénine*

1. Une étude récente voit dans le terme pāli lekhācariya (Milindapañha, p. 349,101,
ci-après: Mil) censé signifier «maître en écriture, enseignant en écriture»2 un
calque du composé grec grammatodidavskalo~. Parallèlement, une autre suggestion
est avancée : puisque le texte pāli est un dialogue du roi grec3 Ménandre (Milinda
en pāli) et du sage indien Nāgasena, le texte pāli serait « syntaxiquement et ryth-
miquement construit à la manière grecque » (p. 408), d’où une autre supposition :
le roi Milinda dialoguerait en une langue de l’Inde, mais son discours serait truffé
de tours grecs. Le terme lekhācariya est un terme rare et, selon les deux auteurs,
Nāgasena, qui cherche à convaincre le roi de la valeur de la doctrine bouddhique,
l’emploie comme un terme portant sur les usages quotidiens. Il est conclu que être
lekhācariya revient à exercer une fonction sociale et institutionnalisée. Le passage
où apparaît le mot est le suivant :
yathā mahārāja kusalo lekhācariyo anusit. tho
. lekham. osārento attano byattatāya
buddhiyā kāranaparidīpanena
. lekham. paripūreti, evam. sā
lekhā samattā paripun. nā
. anūnikā bhavissati (Mil 349, 10-13).

* Université de Strasbourg – [email protected]


1 The Milindapañho. The Pali text, edited by V. Trenckner, London, 1962.
2 N.N. Kazansky, E.B. Kryutchkova 2002 « Sredneindijskaja kalka drevnegretch-
eskogo termina? » (« Calque moyen-indien d’un terme grec ? ») in Colloquia Classica et
Indogermanica, III, Saint-Pétersbourg, p. 407‑418.
3 Indo-grec, plus précisément.

 DHA supplément 3
44 Boris Oguibénine

Avant de donner une traduction de ce passage, ajoutons qu’il apparaît dans


une série de comparaisons qui fait suite à la réponse de Nāgasena. Le roi voudrait
savoir si un laïc peut parvenir à la perception directe du nirvān. a (pāli nibbāna) ;
la réponse du sage est qu’il peut entretenir le roi d’innombrables laïcs parvenus à
la compréhension profonde de la doctrine, mais que cela requiert une évocation
« concentrée, confluée » des comportements qui ont trait aux pratiques d’austérité
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

(yā kāci navaṅge buddhavacane sallekhitācārapat. ipatti-[dhutagun. avaraṅga]-nissitā

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
kāthā tā sabbā idha samosarissanti « Tous les récits sur les méthodes (ou : exemples)
des comportements austères qui se trouvent dans l’enseignement du Bouddha à
neuf branches vont confluer (ou : converger) ici (= à cette occasion)4 ».
C’est le composé sallekhitācārapat. ipatti « méthode (exemple) des comporte-
ments austères » qui doit retenir l’attention. Nāgasena illustre le fait de convoquer
tout l’arsenal d’arguments convergeant ou confluant vers une explication par une
double comparaison. D’une part, pour appuyer la densité et la solidité de sa démons-
tration, en évoquant les eaux de la pluie qui se déversent des collines et des plaines
pour confluer vers l’océan (abhivat. t. am
. udakam . … mahodadhim . sāgaram . samosa-
rati ; notons encore le même verbe samosarati « confluer, converger ») ; d’autre
part, comme si la nature additive de sa démonstration n’en ressortait pas déjà, il a
recours à la comparaison contenue dans le passage cité ci-dessus.
Ce passage est compris par les auteurs de l’hypothèse du calque de la manière
la plus traditionnelle :
Скажем, государь, как умелый и опытный учитель письма, наполняет [свои
уроки] всеми доводами и пояснениями, которые может предложить своим иску-
шенным умом, и лишь тогда обучение письму бывает полным, окончательным,
завершенным .

4 Cf. une traduction légèrement différente : E. Nolot 1995, Entretiens de Milinda et de


Nāgasena , Paris, p. 269‑270.

DHA supplément 3
Un composé grec calqué en pāli ? 45

À peu de divergences près, cette traduction correspond à celles que donnent


de ce passage divers traducteurs des Entretiens de Milinda et de Nāgasena. Ainsi,
par exemple, une récente traduction française, assez libre d’ailleurs :
« … de même qu’un habile maître calligraphe qui montre son art sur demande, le [le
sens] justifie entièrement en illustrant ses arguments grâce à sa grande expérience et à
son intelligence, de sorte que son écriture soit parfaite, accomplie et sans lacune 5 ».
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
À part les variations stylistiques, les traductions citées sont formellement
identiques dans la manière de rendre les termes lekha (lekhā)6 et lekhācariyo : aucun
auteur ne met en doute leur interprétation qui s’appuie sur l’idée de la pratique de
l’écriture et de son enseignement par un maître.

2. Or, un commentaire du Milindapañha en langue pāli, récemment publié7, livre


un éclairage qu’on ne peut négliger puisqu’il donne lieu à une nouvelle hypothèse,
incompatible avec la proposition de voir un calque du terme grec dans les mots pāli
cités, de même qu’avec leur interprétation traditionnelle.
Ce commentaire est dû au moine birman dont le nom bouddhique est
U Narada Mahāthera (1869-1954). Les détails de sa vie et une évaluation de son
œuvre sont présentés dans la préface de M. M. Deshpande (p. 1‑23). On y lit notam-

5 E. Nolot 1995, Entretiens de Milinda et de Nāgasena , p. 270. À noter que la traduction


russe donnée par Kazansky et Kryutchkova diffère aussi bien de la traduction de Nolot
que, par exemple, de celle de T.W. Rhys-Davids 1894, The Questions of King Milinda, Oxford,
p. 247 : « … as when an able writing-master, on exhibiting by request his skill in writing, will
supplement the written signs by an explanation of reasons out of his experience and knowl-
edge, and thus that writing of his becomes finished, perfect, without defect ». La note 2 de
Rhys-Davids à sa traduction de 1894 doute de pouvoir résoudre toutes les difficultés propres à
ce passage : il espère seulement que les futurs traducteurs pourront les aplanir (nous sommes en
2010 !).
6 Sur la non-distinction possible des variantes à finale brève ou longue, v. plus bas.
7 Milindapañha-At. thakathā
. by Thaton Mingun Zetawun Sayadaw alias U Narada
Mahāthera. Transcribed and edited by M. M. Deshpande, Tokyo, 1999.

DHA supplément 3
46 Boris Oguibénine

ment d’importantes observations dont il est utile de relever les suivantes : grand
réformateur du bouddhisme, qui a consacré sa vie à la réflexion sur la méditation,
U Narada Mahāthera est sans doute un auteur à vaste science et érudition ; on
peut faire confiance à sa grande familiarité avec la tradition commentatoriale et le
canon bouddhique pāli ainsi qu’à sa profonde connaissance des pratiques médita-
tives. Relevons aussi, pour notre propos, que son commentaire est riche en digres-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

sions lexicographiques qui ont pour but d’expliquer le lexique du Milindapañha

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
(Deshpande, p. 6‑7).
Le commentaire s’attarde notamment sur le terme sallekha ; il en ressort que
celui-ci désigne surtout une pratique austère (ascétique) spécifique et son résultat :
tattha hi sallekho kilesadhunanato dhuto nāma « ici, [le mot] sallekha [signifie]
en effet que l’on est débarrassé [des souillures] par le fait de s’en débarrasser ».
sallekhita- du composé sallekhitācārapat. ipatti (v. plus haut) est le participe passé
du verbe sallikh- qui devait signifier, tout comme son pendant sans préverbe likh-
« gratter, enlever par grattage ou par frottement ; (se) débarrasser [du superflu] ».
On connaît d’autres verbes de la même base, différemment préverbés, qui appa-
raissent dans les textes canoniques et qui modifient, parfois assez légèrement, la
signification du verbe non-préverbé : apalikh- « gratter ; racler ; frotter afin
d’enlever » ; ālikh-8 (dans les textes post-canoniques, ce verbe a aussi le sens de
« peindre, dessiner ») ; upalikh- « griffer ; entailler, inciser »; ullikh- « gratter ;
marquer par grattage ; coiffer, polir », etc. Le trait commun à tous ces verbes relève
du sens d’ « enlever une couche (un surplus), creuser ; tracer, marquer », d’où effec-
tivement a pu se développer le sens ultérieur d’« écrire ».
Le commentaire de U Narada Mahāthera concernant les termes dérivés de
likh- qui nous intéressent en premier lieu est éclairant et mérite d’être cité presque

8 Le sens de «écrire » pour ce verbe est signalé dans le relevé que nous citons partiellement :
O. von Hinüber 1989, Der Beginn der Schrift und frühe Schriftlichkeit in Indien (Abhandlungen
der geistes- und sozialwissenschaftlichen Klasse der Akademie der Wissenschaften und der
Literatur , nr. 11), Mainz, p. 36, n. 73. Or, le plus récent relevé de M. Cone 2001, A Dictionary of
Pāli, Oxford, p. 337 donne plutôt «scratches; marks, draws; paints ».

DHA supplément 3
Un composé grec calqué en pāli ? 47

intégralement (les mots et les expressions glosés sont en gras et sont suivis de gloses ;
à noter que le commentaire reproduit les fragments du texte expliqué en le segmen-
tant arbitrairement) :
« yathā mahārāja kusalo lekhācariyo anusit. tho/
. lekham. osārento ti lekham.
raññā pavesetukāmo attano byattatāya/ buddhiyā kāranaparidīpanena
. lekham.
paripūretī ti kahāpa nasatasahassa
. m. sampātahārakāmānam. rañño bhan. dāgāre.
.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

pavesanena/ kahāpa nasatasahassa


. m. sunkahārakāmāna m. rañño

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
bhan. dāgāre
. pavesanenā ti evam. buddhiyā kāra naparidīpanena
. asukasmi m. vasse
asukasmim. māse asukadivase asuko kahāpa nasatasahassa
. m. sampāte rañño
bhan. dāgāre
. paveseti/ asukasmi m. vasse asukasmim. māse asukasmim. divase asuko
kahāpa nasatasahassa
. . rañño bhan. dāgāre
m. sunke . pavesetī ti lekham. paripūreti/ evam. ti
iminā nayena/ sā lekhā ti tādisā lekhā samattā paripun. nā
. anūnikā bhavissati »
(Deshpande, p. 306).

Dans la traduction qui suit, je laisse provisoirement tels quels les termes qui
seront traduits après explication :
« Tout comme, ô roi, un lekhācariya habile et bien instruit/ « qui met à
la disposition/ compose une lekhā » (lekham. osārento) est à comprendre comme
« lui [qui est sollicité] par le roi, souhaite mettre, au moyen de son expérience, à la
disposition [du roi] une lekhā »/ « il fait amplifier, grâce à son intelligence, [cette]
lekhā d’explications et d’arguments » (buddhiyā kāra naparidīpanena
. lekham.
paripūreti), ce qui signifie « par le fait d’apporter à la trésorerie du roi une centaine
de milliers de pièces de monnaie [selon] les désirs [de grossir] les biens [du roi] »/
« par le fait d’apporter à la trésorerie du roi une centaine de milliers de pièces de
monnaie [selon] les désirs [de grossir] les profits [du roi] » signifie « de cette façon,
telle année, tel mois, tel jour, il fait apporter à la trésorerie du roi, au moyen de
son intelligence [manifestée par] explications et arguments, une centaine de pièces
de monnaie/ « telle année, tel mois, tel jour, il fait apporter, au profit du roi, une
centaine de milliers de pièces de monnaie à sa trésorerie » signifie « il fait amplifier
[la] lekhā [d’explications] »/ « de cette façon » signifie « par cette méthode »/
« cette lekhā », signifie « une telle lekhā sera parfaite, achevée, sans lacune ».

DHA supplément 3
48 Boris Oguibénine

3. Quel sens faut-il voir dans cette glose ? Plus spécialement, quel sens faut-il attri-
buer à l’évocation des pièces de monnaie enrichissant le roi ?
Les témoignages sur l’usage de l’écriture en Inde évoqué notamment dans
les textes pāli récemment réexaminés9 montrent que les termes formés sur le verbe
likh- ne portent pas toujours et invariablement sur la pratique de l’écriture, mais
désignent diverses activités manuelles et artisanales : représentation des formes en
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

couleur (rūpāni likhissāmi « je vais tracer/ peindre des formes », Majjhima Nikāya

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
I, 127, 30‑33) ; encochage sur pierre [par exemple, en faisant allusion à la perma-
.
nence des entailles (lekhā-) que n’effacent ni le vent ni l’eau (Anguttara Nikāya I 283,
18‑20] ; traitement d’un tronc d’arbre dégagé de ses branches et raboté (Anguttara .
Nikāya 200,27 = 201,23) ; fabrication d’un bol pour aumônes à partir d’un bloc de
bois de santal (Vin II 110, 30‑31 candanagan. t. hiyā pattam likhāpeyyam . lekhañ ca me
paribhogam . bhavissati où l’action de faire faire un bol (« tailler, ciseler, découper »)
et le nom des copeaux, du surplus enlevé, sont désignés par le verbe likh- et son
dérivé, lekha ou lekhā)10. Une des activités désignées par le verbe likh- est la pein-
ture : Vin I 75, 18 est particulièrement intéressant car il y serait question de traquer
un voleur réfugié chez les moines ; un avis de recherche serait exposé au palais du roi
où figurerait l’effigie du contrevenant (il aurait été peint, portraituré) et serait donc
identifié par ce moyen (so ca rañño antepure likhito hoti… ayam . so likhitako coro). La
structure syntaxique même de l’énoncé interdit d’affirmer qu’il s’agit là d’un ordre
royal écrit11.

9 H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, Tübingen, p. 276‑280.


10 O. von Hinüber 1989, Der Beginn der Schrift und frühe Schriftlichkeit in Indien,
p. 36 sq.
11 Selon la lecture du fragment Vin I 75, 18-22 par O. von Hinüber, Der Beginn der Schrift
und frühe Schriftlichkeit in Indien, p. 38. H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, Tübingen,
p. 276‑277 estime lui aussi qu’il n’y a pas lieu d’admettre l’existence d’un avis royal écrit, mais
pense attribuer au verbe likh- la signification « marquer [d’une incision] », pratique connue
du droit brâhmanique qui consiste à marquer le voleur (par exemple, au front) d’un instrument
tranchant ou au fer rouge. Ainsi s’expliquerait l’expression likhitako coro comprise comme « le

DHA supplément 3
Un composé grec calqué en pāli ? 49

D’autres expressions des textes canoniques comprenant les dérivés du verbe


likh- sont soit controversées, soit d’interprétation fort incertaine.
Vin I 77, 17-18 lekham sikkh- vise apparemment le sens « apprendre l’écri-
ture ». Il s’agit d’un jeune dont les parents décident qu’il sera moine afin de lui éviter
que ses doigts ne soient meurtris lors de l’étude de l’écriture. Les parents redoutent
aussi le mal aux yeux qu’aurait leur fils s’il se mettait à apprendre le rūpa, « science
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

du monnayage ». Or H. Falk qui suit seulement partiellement O. von Hinüber12

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
estime que les termes mudrā « signe, symbole ; logogramme » et rūpa « image,
pictogramme » reflètent une catégorie et une sous-catégorie du marquage des
pièces de monnaies ; les plus récentes seraient les monnaies poinçonnées aux images
(punch-marked coins). Il y a eu évolution du sens de mudrā à rūpa et cette évolu-
tion coïnciderait avec l’évolution du marquage par des symboles-logogrammes au
marquage par la combinaison des symboles et des pictogrammes13.
Vin III 76, 17 lekham . chindati est d’interprétation particulièrement discu-
table. H. Falk qui traduit ce tour par « il coupe un fragment [de son propre corps] »
le rapproche de Ja IV 402:16 avalekhanasatthena lekhento viya où le roi Sivi songe
enlever « en grattant » une partie de son corps comme avec un rabot, en vue du
don : lekham . chindati évoquerait l’acte de couper « un copeau » de sa propre chair,
de mourir et de gagner ainsi les richesses, la gloire ou le ciel, actes suicidaires, natu-
rellement répréhensibles dans la casuistique de la discipline monastique (vinaya)14.
Cette lecture contredit, quant au sens de lekhā, celle que lui attribuait I.B. Horner :
elle pensait séparer lekha 1. « écriture, inscription ; 2. « copeau » et lekhā « trace,

voleur a été marqué » et on éviterait une extension de la sémantique du verbe, que Falk juge
inutile.
12 H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, p. 277‑278 ; O. von Hinüber, Der Beginn der
Schrift und frühe Schriftlichkeit in Indien, p. 33 (l’ancienne interprétation du terme rūpa par
« money-changing » de I.B. Horner 1962, The Book of the Discipline, vol. IV, London, p. 97
est donc rejetée).
13 H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, p. 303-304.
14 H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, p. 278-279.

DHA supplément 3
50 Boris Oguibénine

entaille, ligne »15, mais reconnaissait que dans Vin II 110, 30‑31 (cf. Vin II 110, 30
cité plus haut) le second terme, bien qu’au singulier, désignait collectivement les
copeaux qui subsistent une fois le bol fabriqué : lekhañ ca me paribhogam . bhavissati
(qu’elle traduisait quelque peu différemment de O. von Hinüber , « so that the
16

chips shall remain my property »). Mais le rapprochement de Vin III 76, 17 de Ja
IV 402:16 évoquant le geste du roi Sivi bien qu’ingénieux, est, à mes yeux, assez
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

problématique : Vin III 76, 4‑21 se termine bien par l’évocation de l’écriture, ce qui

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
est reconnu par Falk, mais qui serait pour lui un fait d’un rédacteur tardif17.
Enfin, des deux témoignages, Vin IV 305, 26 lekham . pariyāpun. āti et Vin IV
7, 4 ukkat. t. ham. nāma sippam
. … lekhā « ‘métier élevé (noble)’ [signifie qu’il s’agit
de] lekhā » , le premier semble porter sur le traçage des diagrammes (yantra) et
18

le second, même si l’écriture est sous-entendue, appartient à une strate tardive des
textes de la discipline19.
Selon les textes de la discipline, l’écriture ne devrait y avoir qu’un rôle
subordonné alors que les trois activités désignées par la série de trois termes pāli
muddā (mudrā en sanskrit), « science du monnayage », gat. anā « calcul » et lekhā
sont considérées sur un même plan : elles avaient toutes les trois à faire avec la

15 I.B. Horner 1949, The Book of the Discipline, vol. I, London, p. 131, n. 1. Cf. The Pali Text
Society’s Pali-English Dictionary, London, 1966, p. 585‑586. Les deux aspects du mot sont prob-
ablement identiques.
16 O. von Hinüber, Der Beginn der Schrift und frühe Schriftlichkeit in Indien, p. 37 :
« Dann werden mir die Späne (lekha) nützlich sein ».
17 Un doute est exprimé par O. von Hinüber, Der Beginn der Schrift und frühe Schriftlichkeit
in Indien, p. 39 : Vin III 76, 17 lekham . chindati est traduit comme « [Wenn] man Schrift
einritzt (?) ».
18 VA.739 (commentaire sur les textes de la discipline) glose lekhā par akkharalekhā, traçage
ou gravure des syllabes sur les pièces de métal, de bois ou sur de l’argile (cité I.B. Horner 1957,
The Book of the Discipline, vol. II, London, p. 177, n. 1).
19 L’interprétation de ces deux extraits est résumée par H. Falk 1993, Schrift im alten Indien,
p. 279‑280.

DHA supplément 3
Un composé grec calqué en pāli ? 51

comptabilité. La série des termes cités serait récente car elle en remplacerait une plus
ancienne où lekhā figure à la place du terme, plus ancien, samkhāna
. « calcul »20.

4. Le Milindapañha est un texte post-canonique et sa langue n’est pas identique à


celle des écrits canoniques21. La lipi (écriture, art d’écrire ?) y est évoquée expressé-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

ment, malheureusement dans un contexte assez obscur où lipi semble gloser muddā :

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
Mil 79, 27 katham . muddāto sati uppajjati : lipiyā sikkhitattā jānāti « Comment
la [mémoire] se manifeste-t-elle (ou : se réalise-t-elle, apparaît-elle) grâce (ou : par)
la [connaissance] des mudrā ? On (le) sait par l’entraînement à l’écriture (?) »22.
Les termes muddā et lipi sont ici associés ; si l’on accepte que le premier désigne le
monnayage (ou la science du monnayage), ne peut‑on pas penser que cette associa-
tion vise le marquage des pièces de monnaie par des symboles-logogrammes (ou des

20 H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, p. 280, 282 ; O. von Hinüber, Der Beginn der
Schrift und frühe Schriftlichkeit in Indien, p. 30 sq.
21 O. von Hinüber, Der Beginn der Schrift und frühe Schriftlichkeit in Indien, p. 33. La
datation du Milindapañha [milieu du IIe siècle av. n.è. selon V. Trenckner (The Milindapañho.
The Pali text, edited by V. Trenckner, London, 1962, p. VI) reste incertaine et des hypothèses
contradictoires sont nombreuses ; le manuscrit le plus ancien connu de ce texte date de 1495
alors que Ménandre régnait vers 150 av. n.è. (rappelé par G. Fussman 1993, « L’Indo-grec
Ménandre ou Paul Demiéville revisité », Journal asiatique, t. CCLXXXI, 1‑2, p. 63 et 67).
22 E. Nolot 1995, Entretiens de Milinda et de Nāgasena, p. 82 entend tout autrement :
« … [La mémoire] se produit par le langage des doigts : étant entraîné à l’écriture, on se
souvient […] », ce qui ne diffère pas sensiblement de la traduction de L. Finot 1923 (réimpr.
1992), Milindapañha. Les questions de Milinda, Paris, p. 126 : « […] Par le langage des doigts.
Parce qu’on a appris l’écriture, on sait […] », cf. p. 62 où le terme muddā est compris comme
« computation par les doigts » , avec renvoi au commentaire sur Dīgha-Nikāya I, 25 hattha-
muddā-gananā.
. Les toutes dernières recherches suggèrent que ces lectures sont à réviser, sinon
à abandonner. Notamment, H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, p. 300 comprend ainsi :
« Wie wird durch mudrā die Erinnerung gefördert ? Aus der Kenntnis der Schrift heraus,
weiss man […] ».

DHA supplément 3
52 Boris Oguibénine

symboles et des pictogrammes, v. plus haut) et des légendes gravées sous forme de
signes23 ?
Mil 59, 13 muddā et lekha (lekhā) apparaissent dans le composé muddā-
gan. anā-sankhā-lekhā-sippat. hāna et sont distingués, bien que, on l’a dit, les deux
termes relèvent de la sphère de la comptabilité24.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
5. Il n’est donc pas impossible que les termes lekha, lekhā et lipi témoignent de l’usage
de l’écriture à l’époque où fut rédigé le Milindapañha. Il n’en reste pas moins que les
données que nous avons présentées sont complexes et parfois bien contradictoires.

23 O. von Hinüber 1989, Der Beginn der Schrift und frühe Schriftlichkeit in Indien, p. 33
estime cependant que muddā ne renvoie pas à la science du monnayage dans les textes tardifs
du canon pāli et ne peut être entendu ainsi dans le Milindapañha. Il penche pour la significa-
tion attestée dans la traduction chinoise du Milindapañha : « sceau » qu’il rend par all. Siegel-
(abdruck) » en se référant à P. Demiéville 1924, « Les versions chinoises du Milindapañha »,
Bulletin de l’École Française d’Extrême-Orient, XXIV, p. 164 où la n. 5 précise que pour le
traducteur chinois il s’agissait « sans doute d’une méthode de calcul à l’aide des doigts ».
H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, p. 301‑302 est cependant d’avis que le sens de « sceau »
attribué au mot mudrā est par trop étroit et qu’il vaut mieux s’en tenir au sens de « signe »,
notamment de signe évoquant le nom du roi sur les pièces de monnaie : ce seraient donc des
poinçons (« punch-marks ») qui marquent les pièces. Il pense aussi que d’autres témoignages
feraient de mudrā de Mil 79, 27 la désignation d’un système de signes manuels qui accompa-
gnent la mémorisation par récitation des textes bouddhiques, associant, à l’instar des textes
védiques, gestes et paroles (où les gestes marquent les accents). Sa conclusion est que le double
sens de « monnayage » et de « position(s) des doigts » du terme mudrā, déjà avancé autre-
fois par Lüders, est justifié. Quant à l’histoire de l’écriture, il est intéressant que la science des
mudrā, à la fois celle de computation et de calcul, indique l’importance attribuée par l’État à un
système de signes, système que Falk voudrait comprendre comme celui des « punch-marks »
sur les pièces de monnaie. Les poinçons devaient par la suite être remplacés par des inscriptions
en brāhmī et ce changement aurait été accompagné de la transformation du marquage tradi-
tionnel, les mudrā cédant leur place au marquage par les lekha (p. 302).
24 E. Nolot 1995, Entretiens de Milinda et de Nāgasena , p. 67 traduit le composé ainsi :
« […] les arts, tel que le langage des doigts, l’arithmétique, le calcul et l’écriture ».

DHA supplément 3
Un composé grec calqué en pāli ? 53

Une illustration d’un système de signes dénoté par le terme rekha, dérivé du
verbe likh- à la suite de l’alternance l/r, est fournie par le composé vighus. t. akīrtirekha
figurant après le composé vighus. t. aśabda (Mahāvastu 3.378.6). Si le second composé
est transparent et doit être rendu par « the renown of whom is proclaimed »
selon J.J. Jones, traducteur du Mahāvastu, le premier a suscité son interroga-
tion : « Does it imply a fame that is proclaimed in writing, rekhā being = lekhā
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

« writing »? Even so, the compound is hard to construe? « having the writing of

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
a proclaimed renown » »25. Quoi qu’il en soit, ce témoignage est susceptible d’en
compléter d’autres tirés du Mahāvastu (Mv.1.135.4, 3.184.6, 3.394.9 et 3.405.12),
peut-être à l’appui de la thèse de l’usage des systèmes de signes manuels (?) aux fins
mnémotechniques26.

6. Il reste toujours possible d’interpréter la glose de l’auteur birman à la lumière


de la technique des réponses utilisée par Nāgasena. En effet, le sage s’appuie sur
l’idée de l’accumulation résultant en une somme : il y aurait, d’après lui, non pas
un, mais cent et même dix mille myriades de laïcs qui sont parvenus à la perception
du nirvāna. (un premier exemple de l’accumulation de faits) ; pour expliquer cela,
Nāgasena promet une réponse faite des récits sur les comportements austères
« conflués », c’est-à-dire des récits additionnés les uns aux autres (un second
exemple de l’accumulation) ; un troisième exemple de l’accumulation est celui des
eaux pluviales qui, après avoir traversé les dépressions, les collines et le terrain d’une
contrée, se concentrent dans l’océan (abhivat. t. am. udakam . mahodadhi m . sāgaram.
samosarati). Enfin, avant de donner l’exemple d’un lekhācariya, Nāgasena ajoute
(Mil 349. 8‑10) que la présentation de ses explications et arguments sera concentrée
(kāranaparidīpana
. m. samosarissati) car c’est ainsi que le sens à élucider sera donné

25 J.J. Jones 1956, The Mahāvastu, III, London, p. 375, n. 1.


26 H. Falk 1993, Schrift im alten Indien, p. 301‑302.

DHA supplément 3
54 Boris Oguibénine

de manière complète (ten’ eso attho… pariput. t. o samānīto bhavissati), nous dirions de
la manière parfaitement synthétique.
On pourrait se contenter de cette interprétation et voir dans cette glose le
raisonnement fondé sur l’analogie : toute amplification y aboutit à une synthèse,
en l’occurrence au grossissement de la trésorerie du roi. Soit, mais l’évocation des
pièces de monnaie accumulées n’est probablement pas due au hasard. Qui plus est,
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

il me semble que la fin du passage cité plus haut est, tout à la fois, embarrassante

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
et éclairante : « une centaine de pièces de monnaie »/ « telle année, tel mois, tel
jour, il fait apporter, au profit du roi, une centaine de milliers de pièces de monnaie
à sa trésorerie » signifie « il fait amplifier [la] lekhā [d’explications] »/ « de cette
façon » signifie « par cette méthode »/ « cette lekhā », signifie « une telle lekhā
sera parfaite, achevée, sans lacune ».
Le terme lekhā est donc clairement associé aux pièces de monnaie, ce qui
laisse admettre qu’il s’agit du marquage des pièces frappées (gravées) pour un souve-
rain, peut-être à son effigie, où les « explications » seraient une espèce de légende
composée en signes qui ne sont pas forcément des lettres. Ne serait‑ce pas un souvenir
de ces pièces indiennes dites poinçonnées aux images qui combinaient symboles
et pictogrammes (v. plus haut) dont la lekhā était reconnue, de ce fait, comme
« parfaite, accomplie, sans lacune » ? Le terme lekhā dont nous avons réservé la
traduction ne désigne‑t‑il pas le résultat du geste consistant à entailler, à graver les
pièces de monnaie ? En effet, le composé pāli kahāpan. asatasahassam . « centaine
de milliers de pièces » comprend, au premier membre, le mot kahāpan. a (sanskrit
kārs. āpan. a (ou kars. āpan. a) connu sous sa forme grecque kasavpana, désignant les
monnaies aux poinçons multiples27. Il n’est pas inintéressant de rappeler ici que
Ménandre frappait des monnaies aux légendes utilisant un système de marquage
indien (d’écriture), mais aussi les monnaies poinçonnées28, et que le Milindapañha

27 O. Bopearachchi 1990, « Ménandre Sôter, un roi indo-grec. Observations chronologi-


ques et géographiques », Studia Iranica, 19,1, p. 59.
28 G. Fussman 1993, « L’Indo-grec Ménandre ou Paul Demiéville revisité », p. 85 sq.,
89‑90.

DHA supplément 3
Un composé grec calqué en pāli ? 55

(Mil 29.30) connaît le nom d’un conseiller de Ménandre, Sabbadinno, qui semble
avoir été compris par le traducteur chinois de notre texte comme *datta-sarva
« à qui tout est donné » et traduit par un mot chinois signifiant « avare », nom
parlant pour un trésorier royal29. Le commentaire birman ne comporte-t-il pas une
évocation d’un trésorier royal qui concourt à enrichir le roi ?
Si l’on admet que, dans la démonstration de Nāgasena et dans le commentaire
Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté

birman, les pièces de monnaie sont évoquées non pas à titre d’objets simplement

Document téléchargé depuis www.cairn.info - buip - - 193.52.24.18 - 14/04/2012 15h01. © Presses Univ. de Franche-Comté
additionnés (comme le sont les laïcs, les récits édifiants et les eaux pluviales), mais
en tant qu’objets concrets et réels de l’économie royale, notre hypothèse ne paraîtra
pas excessive. Naturellement, nous sommes loin de prétendre qu’un lien historique
quelconque, du reste indémontrable, existe entre le texte du Milindapañha et le
commentaire birman. Mais notre conviction est qu’il serait dommage de passer outre
le témoignage d’U Narada Mahāthera, grand familier de la tradition bouddhique,
qui permet de proposer une alternative pour l’interprétation du composé lekhācariya
qu’il serait tentant de comprendre comme « maître en marquage/ gravure (des
pièces de monnaie) ; trésorier royal ».
Si cette solution alternative est jugée fiable, l’hypothèse du calque pāli du
terme grec grammatodidavskalo~, qui part de l’usage et de l’enseignement de l’écri-
ture comme d’un fait indiscutable s’en trouvera moins certaine, voire caduque.

29 G. Fussman 1993, « L’Indo-grec Ménandre ou Paul Demiéville revisité », p. 70‑71.

DHA supplément 3

Vous aimerez peut-être aussi