Numero - Novembre 2023
Numero - Novembre 2023
Numero - Novembre 2023
242
Sommaire
WHAT’S UP ?
52 La sélection mode du mois. Par Léa Zetlaoui
54 Les nouveaux lieux. Par Léa Zetlaoui
56 After hours. Par Léa Zetlaoui
58 Les expositions à ne pas rater. Par Matthieu Jacquet
SACRÉ NUMÉRO
60 Amandla Stenberg. Par Olivier Joyard,
portraits Anthony Arquier, réalisation Irina Marie
PROFIL
66 Deva Cassel. Propos recueillis par Olivier Joyard,
portraits P.A Hüe de Fontenay, réalisation Rebecca Bleynie
ACCESSOIRES
74 Objets de désir. Photographie Thomas Legrand,
réalisation Céline Bourreau
STYLE
80 Le culte de l’excellence. Par Delphine Roche
BEAUTÉ
82 Promesse de l’aube. Photographie Mathieu Trautmann,
réalisation Laurence Hovart
242
CHANEL .COM
CERTAINES RENCONTRES MARQUENT P OUR TOUJOURS .
B AGUES ET BR ACELETS COCO EN OR BEIGE , OR BL ANC ET DIAMANTS .
Sommaire
ART
90 L’expo du mois : Mark Rothko à la Fondation
Louis Vuitton. Par Matthieu Jacquet
94 Point de vue. Genesis Tramaine. Par Éric Troncy
98 L’artiste du mois : Delcy Morelos. Propos
recueillis par Nicolas Trembley
CINÉMA
100 Little Girl Blue de Mona Achache.
Par Olivier Joyard
102 The Killer de David Fincher. Par Olivier Joyard
PHOTO
104 Paris Photo. Par Thibaut Wychowanok
HORLOGERIE
106 Illusion d’optique. Illustration Eva Olivier,
réalisation Rebecca Bleynie, texte Erwann Chevalier
MODE
112 La clef des songes. Photographie Szilveszter
Makó, réalisation Lisa Jarvis
128 De l’autre côté du miroir. Photographie Txema
Yeste, réalisation Bernat Buscato
146 Rêverie solitaire. Photographie Umit Savaci,
réalisation Irina Marie
242
Bee My Love
Sommaire
HAUTE JOAILLERIE
200 Fantasmes. Photographie Guido Mocafico,
réalisation Spela Lenarcic
VOYAGE
208 Fragments d’un discours amoureux.
Photographies de Jung Lee
222 L’INSIDER
Par Stéphane Feugère
226 ADRESSES
Sofia Sanchez et Mauro Mongiello – Koto Bolofo – Bruno + Nico Van Mossevelde
242
HUNTER SCHAFER PHOTOGRAPHIE RETOUCHÉE
L’Oréal France SNC - 30 rue d’Alsace 92300 Levallois-Perret - 919 434 894 RCS Nanterre
Numéro no 242 novembre 2023
JOAILLERIE, HORLOGERIE
Rebecca BLEYNIE responsable joaillerie et horlogerie
Spela LENARCIC rédactrice
242
DIGITAL
Léa ZETLAOUI
rédactrice en chef Web
Matthieu JACQUET chef de rubrique art
Violaine SCHÜTZ chef de rubrique culture
Aude BOISSOU rédactrice Web
Erwann CHEVALIER rédacteur Web
Camille BOIS-MARTIN rédactrice Web
Nathan MERCHADIER stagiaire Web
Thomas GUILLEMYN community manager
SERVICE ARTISTIQUE
Blandine CHABANI directrice artistique
Eva OLIVIER assistante DA
Paul GRUBER
directeur de création digitale
PRODUCTION PHOTO
Nadia LESSARD
directrice de la production photo
Paul LOUISOR directeur de casting
Lucie ETCHEBES chargée de production
Tabatha RUSSO assistante de production
PROMOTION/DIFFUSION
Vincent HAM
ADMINISTRATION
Alla NEGER comptable
SERVICES GÉNÉRAUX
Ont collaboré à ce numéro : Véronique KERGO-LAMBERT
Anthony ARQUIER, Andrew AYERS,
Koto BOLOFO, Céline BOURREAU, DIRECTION GÉNÉRALE
Bernat BUSCATO, Ar thur CALLEGARI, Paul-Emmanuel REIFFERS président
Fernando DAMASCENO, Stéphane
FEUGÈRE, Lisa HABETS, P.A HÜE DE Grégory REIFFERS directeur délégué
FONTENAY, Lisa JARVIS, Olivier
JOYARD, Thomas LEGRAND, Alejandro Rédaction : 12, avenue Pierre-I er-de-Serbie, Paris XVI e.
LOZ ANO, Szilveszter MAKÓ, Guido Standard-accueil, tél. 01 56 88 98 00
MOCAFICO, Mauro MONGIELLO,
Vânia MONTEIRO, Sofia SANCHEZ, Umit Pour envoyer un e-mail
SAVACI, Sofia SOLE PIRAS,
Mathieu TRAUTMANN, Nicolas à votre correspondant, tapez l’initiale de
TREMBLEY, Éric TRONCY, Bruno + Nico son prénom suivie d’un point, de son nom
VAN MOSSEVELDE, Txema YESTE et de @numero.com
DISPONIBLE SUR DIOR .COM
E A U D E PA R F U M
Numéro no 242 novembre 2023
PUBLICITÉ/COMMUNICATION
12, avenue Pierre-I er-de-Serbie, Paris XVI e.
CORRESPONDANT ITALIEN :
JB MEDIA (Milan), Jeffrey BYRNES et Francesca FREGOSI,
tél. +39 02 29 01 34 27
[email protected], [email protected]
40
TXEMA YESTE
photographe
Après des études de photo-
graphie, Txema Yeste a rapi-
dement exercé ses talents
dans la mode. Son ar t de
créer des images saisis-
santes teintées d’onirisme,
d a n s l e s q u e l l e s s e r évè l e
son goût prononcé pour les
contrastes et la couleur, va
en faire l’une des plus
gr andes signatures de cet
univers. Dans ses prises de
vue, le photographe prend
plaisir à exalter la force
sublime de la nature à
travers des paysages
grandioses et des mises
en scène fascinantes.
Collaborateur régulier de
N umé r o, il signe da ns ces
p a g e s l a s é r i e “ D e l’au tr e
côté du miroir” (p. 128) infu-
sée d’un imaginaire puissant
tir a nt ve r s le s u r r é a lis m e,
qu’il commente par ces mots
du poète libanais Khalil
Gibran : “La beauté est
l ’é t e r n i t é s e c o n t e m p l a n t
dans un miroir.”
SZILVESZTER MAKÓ
photographe
D’origine hongroise, le pho-
tographe Szilveszter Makó
pratique sa discipline en
véritable artiste. Ses images
à l’esthétique picturale exa-
c e r b é e o nt de s a llu r e s de
tableaux de maître et
recèlent une élégance
empreinte d’une touche de
mystère. Établi dans la ville
de Milan, cet amateur de
lumière naturelle a déjà col-
laboré avec des grandes
maisons de mode à l’instar
de Dior et de Gucci. Dans ce
N umé r o, Szilves z ter Makó
livre un nouveau témoignage
de son style inimitable dans
la très belle série “La clef des
songes” (p. 112), qui lui a été
inspirée par cet te phrase :
“Si vous ne pouvez pas dor-
mir la nuit, c’est parce que
vous êtes éveillé dans le rêve
de quelqu’un d’autre.”
Guest list
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KOTO BOLOFO
photographe
Originaire d’Afrique du Sud,
Koto Bolofo grandit à
Londres où il impose rapide-
me nt s a sig natur e da ns le
monde de la photographie.
Grand adepte du noir et
b l a n c, il c h e r c h e à c a pte r
dans ses clichés, marqués
par un sens aigu de la com-
position, le mouvement de la
vie même, et se plaî t à tra-
vailler au contact des élé -
ments naturels pour tirer
parti de leur part d’imprévu.
S’appuyant sur cette magie
de la spont a néité, il signe
d e s i m a g e s d ’u n e r e m a r-
quable intensité nar r ative,
comme dans la série
“ O d y s s é e ” ( p . 174 ) d a n s
laquelle la force humaine
semble se confronter à celle
de la mer et du ciel mena-
çant, dans un ballet plein de
g r â c e . À p r o p o s d e c e t te
magnifique série, le photo-
graphe au caractère solaire
nous confie cette pensée aux
a l l u r e s d e h a ï k u : “Q u e l e
temps soit propice ou qu’il
ne le s oit pa s/ Q u’i l f a s s e
froid ou qu’il fasse chaud/
Nous triompherons des élé-
ments/ Qu’importe le temps,
l’important c’est l’AMOUR !”
SOFIA SANCHEZ ET
MAURO MONGIELLO
photographes
F i d è l e s c o l l a b o r a te u r s d e
N u mé r o, Sof ia S a nchez et
Mauro Mongiello se sont
lancés ensemble dans la
photographie juste après
leur coup de foudre dans la
ville de Buenos Aires.
Aujourd’hui, le duo travaille
entre Los Angeles et Paris.
Dans cette édition, il signe la
magnifique série “Monde
parallèle” (p. 160), à propos
de laquelle il confie : “Cette
série nous a été directement
inspirée par un rêve de
Sofia. En par tant d’un petit
morceau de ce dernier, nous
a vo n s c o m m e n c é à t i s s e r
une histoire mêlant des élé-
ments symboliques et
d’autres issus de notre ima-
gination. Les rêves n’ont pas
de fin, et plus on s’enfonce
dedans, plus les idées
fusent. Vient alors le
moment excitant qu’at tend
to u j o u r s l e p h oto g r a p h e :
celui où la magie opère…”
Guest list
46
BRUNO + NICO VAN
MOSSEVELDE
photographes
Lui, originaire de Belgique, et
e l l e d’ I t a l i e, B r u n o + N i c o
Van Mossevelde ont fait de la
photogr aphie leur passion
commune. Installé à Paris, le
duo d’artistes à l’esthétique
contempor a ine s’illus tr e
d a n s l a m o d e e t l a v i d é o,
mais aussi dans l’art du por-
trait. Jessica Chastain,
L aetitia Ca s t a et V ivie nne
Westwood sont notamment
passées devant son objectif,
qui a également séduit des
maisons comme Bulgari et
Hugo Boss. Dans les pages
de cette édition, les photo-
graphes signent la série
“ D r e a m ” ( p . 18 8 ) d a n s
laquelle la lumière danse sur
les corps et les matières.
“Les tournages de nuit sont
toujours un régal pour nous,
confient-ils, ils se prêtent à
nos scénarios grâce à la
mag ie de s lumiè r e s a r tif i-
cielles. La présence magné-
tique de Luca donne aux
i m a g e s u n e i n te n s i té r a r e
– comme s i e lle c a na lis a it
une sor te d’é ne rgie ve nue
d’un autre monde, e n pa r-
faite harmonie avec le pay-
s age impr évis ible du nor d
de la Normandie.”
THOMAS LEGRAND
photographe
Photogr aphe or iginaire de
Paris, Thomas Legrand
d é p l o i e l ’é t e n d u e d e s o n
talent dans ses natures
mortes. Capable d’apporter,
grâce à ses jeux de lumière,
une toile de fond narrative à
des objets inanimés, il signe
des clichés puissants qui ont
séduit les plus grandes mai-
sons de mode. Chanel, Dior
et Hermès lui ont notamment
confié le soin d’exalter leurs
plus belles créations. Dans
ce Numéro, il a photographié
les “Objets de désir” (p. 74),
une très belle série dans
laquelle les ombres portées
magnifient la silhouette et les
cour b e s é lé g a nte s de ce s
accessoires précieux.
NOUVELLE CRÈME GEL FRAIS
RC Paris - B 722 003 464 - Paris.
BABETH
What’s up ? Par Léa Zetlaoui
52
1
1 LA COLLECTION
D’ARCHIVES D’AZZEDINE
ALAÏA EXPOSÉE AU
PALAIS GALLIERA
Dix ans après la grande
rétrospective consacrée à
évoquant les pierres d’infi-
Azzedine Alaïa (1935-2017),
nité, des sandales gladia-
le Palais Galliera présente
teur et des mules ornées
u n e ex p o s i t io n d é di é e à
d’écailles réinventées, ins-
l’exceptionnelle collection
pirées par Namor, l’un des
per sonnelle du couturier
premiers personnages de
franco-tunisien qui, durant Marvel, ou encore le mysté-
près de cinquante ans, a rieux costume noir et argent
réuni plus de 20 000 pièces de l’anti-héros Moon Knight
de créateurs. C’est en 1968, transposé sur des souliers
quand Cristóbal Balenciaga masculins… c’est tout un
ferme sa maison de cou- univers flamboyant qui se
t u r e , q u ’A z z e d i n e A l a ï a décline également sur des
commence son activité. Il sacs à main et des modèles
a c q u i e r t d ’a b o r d l e s pour enfants.
archives du maî tre espa-
La collection est
gnol – dont il étudie les
disponible dans certaines
pièces afin de s’imprégner
boutiques Christian
de leur vir tuosité –, puis
Louboutin et sur
développe une passion
christianlouboutin.com
pour les pionniers de la
haute couture comme
Wor th, Jeanne Lanvin ou 3
Jean Patou ; ou encore pour LA GARDE-ROBE EN
les révolutionnaires de la CACHEMIRE BARRIE PAR
mode que sont Gabrielle SOFIA COPPOLA
Chanel, Elsa Schiaparelli et Célébrée pour son style
Christian Dior, sans oublier élégant et intemporel, Sofia
les contemporains comme Coppola collabore cet
J e a n P a u l G a u l t i e r, R e i a u to m n e ave c B a r r i e, l a
2 Kawakubo, Alexander maison de cachemire écos-
McQueen, Yohji Yamamoto saise appar tenant aux
ou encore Thierry Mugler… Métie r s d’a r t de Cha ne l,
U n e h i s to ir e d e l a m o de autour d’une collection en
racontée en 140 pièces et édition limitée inspirée de
vue à travers le regard d’un s a g a r d e - r o b e . L e s d i x-
couturier virtuose. sept pièces conçues avec
Azzedine Alaïa, couturier Augustin Dol-Maillot, le
collectionneur directeur ar tistique de
Ba r r ie, a s socient design
jusqu’au 21 janvier 2024,
épuré et cachemire d’une
au Palais Galliera,
g r a n d e q u a l i té , e t f o n c -
10, avenue Pierre-I er-de-
tionnent ensemble ou
Serbie, Paris XVI e.
s é pa r é me nt g r â c e à de s
c o u l e u r s s o b r e s – n o i r,
2 bla nc, gr is, bleu ma r ine,
LA COLLECTION kaki – ponctuées d’un rose
CHRISTIAN lumineu x. Combina isons
3 LOUBOUTIN x MARVEL confor tables, manteau
POUR LES 100 ANS militaire associé à un leg-
DE DISNEY ging, ou encore ensembles
Pour célébrer son cen- composés d’un pantalon,
tième anniversaire, Disney d ’u n p u l l c o l o r b l o c k e t
s’associe avec l’iconique d ’u n b o n n e t … à l a f o i s
chausseur français cosy et sophistiquées, les
Christian Louboutin, colla- pièces de la collection
borateur de longue date de Barrie + Sofia Coppola
l’entreprise américaine, qui incarnent le vestiaire idéal
imagine une collection pour avoir chaud cet hiver.
a u t o u r d e s s u p e r- h é r o s Collection disponible
M a r ve l (f ilia le de D is ney dans les boutiques et sur
d e p u i s 2 0 0 9 ). D e s c u i s - le site www.barrie.com,
sardes, des bottines ainsi que dans une
1. P. Canino. 3. Barrie/Melodie McDaniel
La sélection du mois
Événements, collections capsules, collaborations exclusives…
What’s up ? Par Léa Zetlaoui
54
1
1 BOTTEGA VENETA
ROUVRE SA BOUTIQUE
AVENUE MONTAIGNE
Directeur de la création de
B o t t e g a Ve n e t a d e p u i s
2 0 2 1, M a t t h i e u B l a z y
dévoile son nouveau
concept de boutique pour
la maison italienne au
sein de l’adresse embléma-
tique située avenue
Montaigne, inaugurée en
2006. Infusant une sophis-
tication identique à celle
que l’on retrouve dans ses
collections de mode, le
créateur franco-belge
imagine un décor qui
mélange style moderniste
et ambiance intimiste,
épaulé par l’ar tiste japo -
naise Ritsue Mishima, spé- se trouve forcément le jean
cialiste des objets en verre, idéal. Enfin, le premier
et par le designer italien étage, agencé à la manière
Mario Bellini. Dans cet d’un studio photo, accueille
espace majestueux en bois le prêt-à-porter masculin et
et en verre – noyer italien et féminin, les chaussures et
briques transparentes les sacs.
fabriquées à Venise – sont 223, rue Saint Honoré,
présentées les collections Paris I er,
homme et femme, les Tél. 01 70 91 61 01.
chaussures et la maroqui-
ne r ie. Au p r e mie r ét ag e, 3
B ot te g a Ve net a p r op os e UNE BOUTIQUE RICHARD
désormais un nouveau ser- MILLE FAÇON
2 3 vice de per sonnalisation SPEAKEASY À
pour une sélection de SINGAPOUR
pièces en cuir. Situé dans le quartier d’Or-
12, avenue Montaigne, chard Road à Singapour, le
Paris VIII e, nouveau vaisseau amir al
Tél. 01 53 57 89 89. de Richard Mille s’inspire
de l’atmosphère intimiste
2 des speakeasies, ces
DIESEL S’INSTALLE RUE fameux bars clandestins de
SAINT-HONORÉ la prohibition. Ainsi, der-
Profitant de la Semaine de rière une boutique tr adi-
l’ar t à Paris, Diesel inau- tionnelle sont dissimulés
gure sa toute nouvelle bou- o nze e s p a c e s d i f fé r e n t s
tique rue Saint-Honoré, la – un restaurant, un bar, une
première imaginée par son l i b r a i r i e e t u n e te r r a s s e
directeur ar tistique Glenn notamment –, dont la déco-
Martens. Déco industrielle ration élégante et raffinée
et ambiance électrique s e dé c line à t r ave r s de s
pour une marque à l’image nuances beiges et marron
subver sive – comme en et des matériaux nobles,
témoignent les anciennes pour un voyage dans l’uni-
publicités Diesel qui ornent vers mystérieux de la haute
l a b o u t i q u e . A u r e z- d e - horlogerie. Avec cette bou-
chaussée, les collections tique d’un nouveau genre,
capsules et les accessoires qui ressemble davantage
sont exposés dans une à u n l i e u d e v i e q u’à u n
pièce immersive en métal espace de vente, Richard
martelé avec plafond lumi- Mille invite ses clients à se
neux, tandis qu’une salle rencontrer, à échanger, à
spéciale – la Red Room – par tager un moment de
est consacrée au denim, détente, et pourquoi pas à
1. François Halard. 2. Diesel. 3. Richard Mille
56
1
1 LAURENT
Avant de devenir, en 1842,
un prestigieux restaurant
niché entre les Champs-
Élysées et l’avenue Gabriel,
Laurent était un des pavil-
lons de chasse de Louis XIV,
puis, pendant la Révolution,
une guinguette. Sa dernière de Flore, Le Montana
m u e a l i e u c e t te a n n é e , évoque un Paris fantasmé
quand Paris Society a qui inspire la décor ation
racheté l’institution pari- glamour du lieu : le rouge
sienne. Confiée à Cordelia de la Bakélite, la blancheur
de Castellane, la décoration de l’ivoire, le raffinement de
se veut tout sauf classique. l’opaline rencontrent ainsi
Place au x couleur s cha- le velours, le marbre et le
toyantes, aux motifs tradi- laiton. En cuisine, le jeune
tio n ne ls r ev is ité s et au x chef italien Francisco Raul
ambiances éclectiques : du Confor ti revisite les clas-
bar façon bibliothèque à la siques de la cuisine fran-
spacieuse salle de restau- çaise : viande d’exception à
rant, sans oublier les salons l’échalote, épaule d’agneau
privés, le jardin et la ter- confite ou pâté en croûte au
rasse, tout n’est qu’éclat et foie gras et aux morilles, le
raffinement. Un écrin idéal tout servis dans des plats
pour savourer la cuisine du en argent. Et tandis qu’au
chef multi-étoilé Mathieu rez-de-chaussée on
Pacaud (qui officie égale- savoure un cocktail, le dîner
me nt chez A picius et au se poursuit sur le roof top
Divellec). Le menu est avec une vue imprenable
conçu comme un hommage sur Paris.
aux débuts de la gastrono- 28, rue Saint-Benoît
mie française, avec, pour Paris VI e,
commencer, des a muse - Tél. 01 88 40 62 50.
bouches et des ter r ines,
2 puis des marinades (pois- 3
sons ou légumes) et des CLOVER
hors-d’œuvre (cuisses de SAINT-GERMAIN
grenouille ou langoustines), Première adresse d’Élodie
avant de poursuivre avec et de Jean-François Piège
des poissons et des viandes inaugurée en 2013, Clover
ou de la rôtisserie à parta- rouvre ses portes avec un
ger, et, bien sûr, les fro - tout nouveau concept.
mages et les desser ts, D é s or m a is , c e p etit r e s -
proposés sur des chariots taurant de vingt couver ts
pour le chic. ins tallé à Saint-Germain-
41, avenue Gabriel, des-Prés décline les pâtes
Paris VIII e, en fonction des saisons et
Tél. 01 42 25 00 39. des envies du chef étoilé,
mais toujours avec la même
2 sincér ité. Préparées à la
LE MONTANA m a i n s u r p l a c e to u s l e s
A n c i e n c lu b de j a z z d e s matins, les pâtes fraîches
3 retrouvent ainsi leurs lettres
a nné e s 50 fr é quenté pa r
Juliette Gréco et Boris Vian, de noblesse gr âce à des
devenu boîte de nuit bran- recettes sophistiquées qui
chée dans les années 2000, rendent hommage à la cui-
Le Montana se réinvente en sine française. Pâtes aux ris
restaurant et en bar à cock- de veau sotolon, trompettes
tails. À l’initiative de cette des morts et sarrasin souf-
résurrection, on retrouve flé ; pâtes au poulpe, mou-
Romain Taieb (à qui l’on doit tarde, pois chiches, piquillos
depuis 2022 les DokiDoki, et jambon ; ou encore pâtes
les premier s bar s à han- aux langoustines marinées,
drolls parisiens) en collabo- concentré des têtes, citron
ration avec Laure Marsac à et coriandre… Une expé-
la direction ar tistique. rience culinaire aussi sur-
1. © Mat thieu Salvaing. 3. © Ilyafoodstories
After hours
Restaurants, bars… notre sélection des nouvelles adresses
LE 1ER
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What’s up ? Par Matthieu Jacquet
58
© ADAGP, Paris, 2023. Photo : Josèfa Ntjam & Sean Har t. 3. E xposition Sometimes, we are eternal de Sarah Brahim. Photo : Sarah Brahim and Jonathan Robinson. © Bally. 4. E xposition Iris van Herpen: Sculpting the Senses, Sølve Sundsbø pour Iris
1
1. 45th Parallel (2022) de L awrence Abu Hamdan. Cour tesy de l’ar tiste. Vue de l’exposition au Centre d’ar t contemporain Mercer Union, Toronto, 2022 © L awrence Abu Hamdan. Photo : Toni Hafkensc. 2. And It’s Not Tragic (2023) de Josèfa Ntjam.
1 2 LAWRENCE ABU
van Herpen. Haut (Hypersonic Speed). Collection Capriole (2018). Collection privée Iris van Herpen. 5. Untitled #2 (de la série In Turn) de Hoda Afshar. Commande de l’Ar t Galler y of New South Wales pour l’exposition Hoda Afshar: A Cur ve is a
HAMDAN AU FRAC
FRANCHE-COMTÉ
Lauréat du Turner Prize en
2 019, l’a r t i s te j o r d a n i e n
Lawrence Abu Hamdan
étudie depuis une dizaine
d ’a n n é e s l ’i m p a c t d e l a
politique sur les individus à
t r ave r s u n m é diu m d a n s
lequel il est passé maître :
croisent mouvements, res-
le son. Pour sa première
p i r a t i o n s , c o n t a c t s p hy-
exposition personnelle en
siques et silences.
France, celui qui se quali-
f i e d e “d é t e c t i ve a u d i o” Jusqu’au 28 avril 2024,
présente une série de Lugano (Suisse).
v i d é o s e t d’i n s t a l l a t i o n s
qui témoignent de ses 4
3 IRIS VAN HERPEN
inves tigations, des tr au -
matismes sonores laissés AU MAD
par la guerre à sa lutte Considérée comme l’une
p o u r l e d r o i t d ’a s i l e a u des créatrices les plus
Royaume-Uni. audacieuses du x xi e siècle,
Iris van Herpen est à l’af-
Du 19 novembre 2023 fiche d’une grande exposi-
au 14 avril 2024, tion au M A D. Plus d’une
Besançon (25). centaine de pièces imagi-
nées par la créatrice néer-
2 landaise depuis ses débuts,
JOSÈFA NTJAM en 2007, y témoignent de
À LA FONDATION son goût pour le monde du
PERNOD RICARD vivant et les nouvelles tech-
Entre la science-fiction et nologies, t andis que des
les rites ancestraux, la face-à-face entre ses créa-
culture post-Internet et la tions et les œuvres d’ar-
faune sous-marine, les tistes tels que Wim Delvoye
4 5
films, sculptures, photo - et Kate MccGwire situent
montages et installations son travail à la frontière de
de Josèfa Ntjam com- la mode et de l’art.
posent un monde hybride Du 29 novembre 2023
où se déploient ses mytho- au 28 avril 2024, Paris I er.
logies afrofuturistes. À la
Fondation Pernod Ricard,
5
l’ar tiste française crée un
LA 26 E ÉDITION DE
pa r cour s immer sif guidé
PARIS PHOTO
par des avatars inspirés de
R e n d e z-vo u s i n c o n to u r-
personnalités réelles, qui
nable de la photographie,
prépa rent les visiteur s à
Paris Photo revient au
une hypothétique révolte.
Grand Palais Éphémère
Du 14 novembre 2023 au pour présenter sa 26 e édi-
27 janvier 2024, Paris VIII e. tion. Cette année, la foire
d’envergure internationale
3 réunit 191 galeries et édi-
SARAH BRAHIM teurs provenant d’une ving-
À LA FONDATION BALLY taine de pays, de la Hongrie
Six mois après son inaugu- à l’Afrique du Sud, dont un
r ation au bor d du lac de tiers de galeries françaises.
Lugano, la Fondation Bally Comme de coutume, l’évé-
présente sa deuxième nement accueillera les pro-
exposition consacrée à jets de seize photographes
l ’a r t i s t e s a o u d o - a m é r i - émergents dans son espace
caine Sarah Brahim. Curiosa, et inaugurera un
Performeuse, chorégraphe secteur digital dédié à l’art
et vidéaste, mais aussi numérique, montrant la
sculptrice textile, la jeune porosité entre la photogra-
fe m me dé r oule s u r de u x phie et les innovations
étages une proposition iné- informatiques depuis le
dite centrée sur le corps x x e siècle.
Les expositions
Broken Line (2023)
à ne pas rater
*Test consommateur sur 171 volontaires
MAT RESISTANCE
NOUVEAU
AMANDLA
STENBERG
Repérée dès ses premières apparitions sur grand écran dans le
thriller Colombiana ou le blockbuster Hunger Games, la jeune
actrice Amandla Stenberg, aujourd’hui âgée de 25 ans, fait partie
des talents les plus prometteurs de Hollywood. Engagée contre
l’injustice, elle a notamment joué dans le film qui accompagnait
l’album Lemonade de Beyoncé et dans le drame indépendant
T he Hate U G i ve – L a Ha i ne q u’on d onne, d a ns l e q u e l so n
interprétation d’une adolescente frappée par le drame de la
violence policière a marqué les esprits.
Portraits Anthony Arquier
60
Veste en cuir verni, CHANEL.
Boucles d’oreilles, bagues et
ma nc het te “Co c o Cr u s h”,
CHANEL JOAILLERIE.
M a n te a u e n c u i r b r i l l a n t ,
CHANEL. Boucles d’oreilles
e t c o l l i e r “ C o c o C r u s h ”,
CHANEL JOAILLERIE.
Veste et jupe en cuir verni,
collant et bottes, CHANEL.
Sacré numéro – Amandla Stenberg
À 25 ans, Amandla Stenberg a déjà traversé contemporains qui n’est évidemment pas due
deux décennies hollywoodiennes. Fille d’une mère au hasard. Sa façon d’inter venir dans l’espace
afro-américaine et d’un père d’origine danoise, public sur les questions de genre, de féminisme
la native de Los Angeles a connu son premier gros ou de racisme lui a par fois valu quelques petits
succès en 2011, à l’âge de 13 ans, dans le désagréments. Comme je jour où, sous
thriller Colombiana, produit par Luc Besson, avant une publication Instagram de Kylie Jenner, elle
de marquer les esprits grâce au personnage a laissé un commentaire à propos de ses
de Rue dans Hunger Games, l’année suivante. tresses, évoquant l’appropriation de
Depuis, elle navigue de film en série avec la culture et du style des femmes noires… qui
aisance et naturel. “Quand j’ai décidé d’être actrice, s’est transformée en clash virtuel, bien malgré
j’avais 9 ou 10 ans. Depuis quelques années déjà, elle. “Je me suis toujours exprimée librement, mais
je posais pour des pubs, ce qui n’a rien d’original par fois, ça peut jouer des tours ! [Rires.]
lorsqu’on grandit à Los Angeles. Je faisais Ce jour-là, j’étais censée bosser sur un devoir
aussi de la danse classique, des claquettes, de de physique et les choses ne se sont pas
la gym…” Elle demande alors à son agent passées comme prévu. Je me souviens de ma
de l’inscrire en priorité à des castings de cinéma. mère courant dans l’escalier en criant mon nom :
Pour ne plus jamais revenir en arrière. “Amandla, qu’est-ce que tu as fait ?…”
Amandla Stenberg s’engage corps et âme Il n’empêche, Amandla Stenberg a
dans ses rôles, comme dans Colombiana dont provoqué un débat légitime. Elle l’assume,
elle par tageait l’af fiche avec Zoe Saldana. même si les réseaux sociaux lui inspirent
Elle s’y retrouvait dans une scène à ramper, et dans parfois de l’inquiétude. “Je ne suis pas sûre que
une autre à voir ses parents se faire tirer dessus l’activisme sur les réseaux ser ve la cause
sous ses yeux. Ce jeu physique intense, cette sur la durée. Les intentions sont excellentes pour
implication du corps l’attirent par ticulièrement. mettre en avant des voix longtemps réduites
Mais pas à n’importe quel prix : elle appartient au silence, mais les mouvements qui nous ont
à une génération où l’idée d’être mise en scène précédés avaient peut-être plus de poids.
comme une femme-objet n’est pas acceptable. Aujourd’hui, on parle de tout, mais cela ne dure
Toute représentation de soi est une construction, qu’une seconde. La culture est plus inclusive,
consciente et travaillée avec soin. “Je n’aime les inégalités et les préjugés moins nombreux,
pas particulièrement véhiculer une image de moi cer taines choses sont considérées comme très
trop fidèle à la réalité, poursuit-elle. J’aime inappropriées alors qu’elles n’étaient pas
incarner d’autres personnes. Le fantasme, reconnues comme telles auparavant. C’est positif.
l’imagination, tout cela me transpor te. Être Néanmoins, notre rappor t collectif à la vérité
actrice est l’un des seuls métiers dans lesquels, est plus chaotique.”
en tant qu’adulte, on a le droit de jouer ! Plus La jeune actrice vient de terminer
je vieillis, plus j’essaie de rester fidèle à l’enfant à Londres le tournage d’une série issue de la
que j’ai été.” Cette enfant, Amandla Stenberg franchise Star Wars. Elle traverse aussi une
a dû lutter dès le départ pour la préserver, et période d’af firmation personnelle, que son rôle
percevait d’ailleurs l’étrangeté, dans son métier, actuel d’égérie de la collection de joaillerie
de se voir considérée comme une adulte même Coco Crush, de Chanel, l’aide à définir. “Chanel
quand ce n’était pas encore le cas. “J’ai connu la a été la première marque à avoir proposé
célébrité assez jeune, mais ma priorité était de m’habiller alors que je devais avoir 13 ans.
de continuer l’école. Mes parents et moi savions Ma mère est une grande amatrice de mode
que j’avais besoin d’une par t de normalité : et j’avais des posters Chanel dans ma chambre !
avoir des amies, aller au bal de fin d’année… Je J’aime beaucoup la simplicité et l’élégance
ne voulais pas sacrifier cela sur l’autel de ma de la colle ction Coco Crush, les bagues e n
passion. C’est seulement après le lycée que j’ai par ticulier.” Ce lien spécifique avec la joaillerie,
décidé de m’y consacrer entièrement.” Amandla Stenberg l’a développé en pensant
Amandla Stenberg peut alors par ticiper à son identité mouvante. “J’ai longte mps été
au film de Beyoncé qui accompagne son album un tomboy, une personne au genre fluide,
Lemonade en 2016, et trouve l’un de ses rôles mais récemment, j’ai eu de plus en plus envie
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les plus marquants dans le drame indépendant d’explorer le féminin. C’est vraiment nouveau
The Hate U Give – La Haine qu’on donne, dans ma vie. Avant, cela ne m’intéressait pas du
deux ans plus tard, où elle joue une ado qui assiste tout, je le rejetais même un peu. Maintenant
à la mort de son ami d’enfance tué par la police. j’ai vraiment le désir de m’exprimer en tant que
Une manière de se situer dans les débats personne féminine… et adulte !”
Manteau en cuir brillant,
CH A NEL . Boucles d’oreilles,
créole et collier “Coco Crush”,
CHANEL JOAILLERIE.
Coiffure : Étienne Sekola chez
M a r i e - Fr a n c e T h avo n e k h a m
Age ncy. M aquillag e : Yacine
Diallo chez Call My Agent.
Assistant réalisation : Fernando
Damasceno. Production : Aurea
Productions.
Profil
DEVA
CASSEL
Tout juste âgée de 19 ans, la jeune Deva, fille de Vincent Cassel
et de Monic a Be llucci, s’ave nture aujourd’hui sur le te r rain
cinématographique avec un premier film qui sort sur les écrans
en Italie. Désormais ambassadrice mode et beauté de la maison
Dior, son allure et son charme envoûtant lui valent également
d’être l’interprète de la prochaine adaptation par Net f lix du
mythique Guépard, l’inoubliable chef-d’œuvre de Luchino Visconti.
Portraits P.A Hüe de Fontenay
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Ve ste et pantalon en
sha ntung de la ine et
soie, DIOR.
Robe en tulle technique
et soutien-gorge en
coton, DIOR.
Veste, gilet et pantalon en
laine prince-de-galles,
blouse en popeline de coton,
cravate et derbys, DIOR.
Profil – Deva Cassel
NUMÉRO : Quelle est la première expérience je rejetais cette carrière pour ne pas faire le
créative dont vous avez le souvenir ? même métier que mes parents. Puis, avec le temps,
DEVA CASSEL : Depuis que je suis enfant, j’ai compris que c’était quelque chose qui
j’ai toujours aimé l’ar t, que ce soit la peinture, m’attirait et qui, malgré tout, me sor tait de ma
la musique ou la danse… J’ai vite compris zone de confor t. Laura Luchetti m’avait
que j’étais sensible aux mondes ar tistiques et aperçue via des cour ts-métrages tournés pour
imaginaires, mais je n’ai jamais eu de moment des séries de mode. On a fait plusieurs
“déclic”… J’ai commencé comme mannequin car auditions, et, quelques semaines plus tard, elle
j’étais très curieuse de l’univers de l’image. m’a appelée pour me dire que j’avais le rôle. Un
J’ai accompagné ma mère sur un shooting et moment que je n’oublierai jamais.
le photographe a voulu prendre quelques
photos. Devant la caméra, je me suis tout de Comment avez-vous travaillé votre rôle ?
suite sentie à l’aise, et beaucoup amusée. J’ai J’interprète Amelia, une jeune mannequin des
su que je voulais continuer sur cette route. années 30, fur tive, joueuse, sensuelle et
provocante. C’est un personnage qui possède
Qu’est-ce qui vous attire dans la mode et que beaucoup de couches émotionnelles, assez
vous inspire votre lien à la maison Dior ? complexe à travailler, mais nous avons fait de
J’admire par-dessus tout la créativité et le talent. nombreux ateliers de préparation avec tous
J’ai toujours été inspirée par ce monde car les acteurs et Laura, ce qui m’a permis de prendre
cette manière d’exprimer des idées m’a toujours confiance et d’arriver prête le premier jour
paru importante. À travers la mode – souvent du tournage.
visionnaire – peut se reconstruire une par tie de
l’histoire de l’humanité. J’ai un grand respect Vous faites partie du casting de l’adaptation par
pour la maison Dior et son héritage unique. Maria Netflix du Guépard. Envisagez-vous désormais
Grazia Chiuri marie les influences des cultures une carrière d’actrice ?
française et italienne, et tout cela me parle, car Je ne sais pas encore… Je suis beaucoup
j’appar tiens aux deux. Dans sa dernière trop attachée à la mode pour la quitter ou la faire
collection pour la maison Dior, j’ai particulièrement passer au second plan. Je compte faire les
aimé ses chemises déstructurées, ses robes deux pendant un moment.
et les silhouettes mêlant avec naturel le chic et
le cool dont elle a le secret. Quels types de conseils vos parents vous
donnent-ils ?
À 19 ans, vous incarnez une nouvelle Mes parents me laissent mon libre arbitre.
génération qui a grandi avec diverses crises, Leur principaux conseils sont “laisse-toi aller,
politiques et climatiques notamment. Quelles mais garde toujours la tête sur les épaules”
causes vous tiennent à cœur ? et “amuse-toi dans ce que tu fais”. Ce serait
L’un des enjeux qui inquiètent ma génération d’ailleurs très amusant de les retrouver sur un
est la préser vation de l’écosystème marin. Tout plateau, et il nous arrive d’évoquer cette idée, mais
le monde sait que l’activité humaine est à avant, j’ai encore beaucoup de route à faire.
l’origine de la pollution des océans et que le
plastique ingéré par la faune marine se Le principal outil de travail d’un modèle et
retrouve ensuite dans les poissons qui finissent d’une actrice, c’est son corps. Trouvez-vous que
dans nos assiettes. Récemment, nous avons la pression mise sur les jeunes femmes et
même trouvé des microplastiques dans des corps hommes pour qu’ils correspondent à un canon
humains. Il faut que l’on prenne conscience de beauté classique est en train de changer ?
de l’impact de nos actions, et vite, que l’on voie J’ai un rappor t très sain avec mon corps.
comment transformer le monde au quotidien. Il le faut, c’est mon seul médium. L’attention
Je suis aussi par ticulièrement touchée par les por tée au corps humain appor te guérison
violences faites aux femmes et aux enfants. Ce et régénération. Grâce à la conscience du corps,
sujet me touche profondément. Je trouve nous nous souvenons de qui nous sommes
anachronique qu’aujourd’hui encore on doive se réellement, et c’est si beau de pouvoir créer
battre autant pour des droits basiques avec une chose aussi simple, et également si
et élémentaires. complexe. Je pense qu’aujourd’hui la pression
est toujours présente, mais les gens y prêtent
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Le premier film dans lequel vous avez moins attention. Les “critères” contemporains
joué, La bella estate de Laura Luchetti, vient n’arrêtent pas de changer et ont des variantes
de sor tir en Italie. Comment le cinéma infinies. L’unicité est ce qui nous rend tous
est-il arrivé dans votre vie ? spéciaux, et les gens commencent à s’en rendre
Le cinéma me fascine depuis l’enfance, mais compte à nouveau.
Chemise en popeline de
c oto n e t de s o ie, jup e e n
guipure technique, cravate,
ceinture et santiags, DIOR.
Mise en beauté, DIOR .
Coiffure : John Nollet assisté
par Pierrick Sellenet. Mise en
beauté Dior par Letizia
Carnevale. Assistant
réalisation : Fernando
D a m a s c e n o. S e t d e s i g n :
Aymeric Arnould chez Open
Space Paris. Production :
Open Space Paris.
Accessoires
Objets de
désir
LE CULTE DE L’EXCELLENCE
Dans sa collection Holiday, la maison
italienne Loro Piana exalte à la perfection
son art du chic sobre et sophistiqué. Son
savoir-faire exceptionnel dans le travail des
matières naturelles y rayonne, des pièces
douces et voluptueuses en cachemire, laine
et soie, jusque dans son tout nouveau sac
en cuir, l’Extra Bag.
Aujourd’hui, si de plus en plus de labels pantalon taillés en CashFur, mélange unique w w w.loropiana.com
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aux formes douces, qu’il fera bon superposer passant par des teintes chocolat, émeraude et
pour rester élégante sous la neige, en ville ou en cognac, il s’habille de surpiqûres blanches et
vacances au ski. Un jogging en peau lainée ponctue en toute beauté les grands volumes doux
sous un manteau, brodé comme lui de fil bouclé et somptueux qui caractérisent les propositions
multicolore – ou encore un pull-over et un de la maison italienne pour l’hiver.
Beauté
Promesse
de l’aube
Pour apporter de la luminosité et de l’uniformité aux peaux ternes ou grisées, ce masque propose un coup d’éclat immédiat.
À base d’extraits de papaye, le soin a une action enzymatique lissante et débarrasse donc l’épiderme de ses cellules mortes
sans avoir recours à des grains exfoliants. Un dérivé de vitamine C stabilisée ainsi que des peptides végétaux boostent la
clarté du teint. Parfaitement protégée par un extrait de curcuma fermenté et du prébiome marin, la peau bénéficie également
d’acides hyaluroniques qui lui assurent vingt-quatre heures d’hydratation parfaite. À découvrir dans une texture rosée
gélifiée très gourmande. “Masque Resurfaçant”, MYBLEND.
Présentée sous forme de doses individuelles, à l’instar de l’ensemble des produits de la marque, cette nouvelle proposition
est un cocktail d’huiles végétales non comédogènes et d’acide hyaluronique à libération progressive apportant une hydratation
de longue durée et une belle luminosité au teint. Les extraits huileux de palmier nain, de noyaux de prune et de pépins de
framboise aident la peau à réguler la production de sébum, à réduire efficacement sa perte en eau et à gagner en souplesse.
“The Brilliant, Huile Éclat Hydratante”, NOBLE PANACEA. Autre nouveauté, “The Absolute, Huile Lift Nourrissante”, ciblée
régénération cutanée et effet “repulpant”.
Beauté – Soins
La marque qui milite pour une cosmétique allant dans le sens de la peau et non contre elle, et qui se focalise sur des
formules combinant trois biotechnologies (catalyse, fermentation et culture de cellules végétales) lance un nouveau soin, le plus
puissant de sa gamme. Le sérum, non collant, associe un antioxydant – une levure qui repulpe et booste la régénération
des cellules cutanées – à un actif fermenté qui ralentit le vieillissement de la peau, lisse les rides, réduit les inflammations et
apporte de la luminosité au teint. “Le Concentré Omnipotent”, ORVEDA.
Le grand soin de nuit de Chanel s’affiche désormais à la fois dans une version rechargeable et une nouvelle formule.
Cette dernière délivre ses actifs au fil des heures et, au réveil, promet un teint reposé, frais et radieux, comme après huit heures
de sommeil. Cette ultime version s’enrichit des bienfaits ultra réparateurs de la swertia, fleur himalayenne vertueuse
qui ne s’épanouit que tous les trois ans, et les combine avec les actifs super régénérants issus de l’orchidée Vanilla planifolia.
Le duo limite la prolifération des cellules responsables des signes de l’âge et répare 73 % du tissu cutané endommagé.
“Sublimage L’Extrait de Nuit”, CHANEL.
Beauté – Soins
Ce nouveau soin vise l’optimisation de la régénération nocturne de la peau. Au cœur de la formule, le Complexe Régénération
Fondamentale qui combine des actifs d’origine naturelle capables de “resynchroniser” le mécanisme du cycle de réparation
nocturne, de corriger les dommages subis par la peau durant la journée tout en la débarrassant de ses toxines. Ciblant 25
marqueurs de l’âge, ce sérum fluide offre à court et à long terme une peau visiblement restaurée et reposée. À découvrir dans
un flacon en verre conçu pour pouvoir être recyclé. “Supremÿa La Nuit Le Grand Soin Anti-Âge”, SISLEY.
Nouveau venu au sein de la collection anti-âge de la marque allemande, un soin qui décongestionne, éclaire, lisse, hydrate
et repulpe le contour des yeux. La composition affiche des polysaccharides qui agissent sur la micro-circulation sanguine et
renforcent les vaisseaux. Des extraits d’algue rouge et d’orchidée sauvage (calanthe) énergisent la zone, alors que le
pourpier et la formule exclusive de la maison à base de plusieurs acides hyaluroniques hydratent. “Super Anti-Aging Eye Serum”,
DR. BARBARA STURM.
L’expo du mois
MARK ROTHKO
À LA FONDATION LOUIS
VUITTON
La Fondation Louis Vuitton
consacre une magistrale
rétrospective à Mar k
Rothko, qui éclaire, outre
le s chef s - d’œ uvr e du
peintre américain, des
facettes moins connues du
maître. Un voyage dans la
Ar t Galler y of Ontario. Gif t from the Women’s Commit tee Fund, 1962 62/ 7. © 1998, Kate Rothko Prizel and Christopher Rothko, ADAGP, Paris, 2023
lumière ouvrant une voie
royale vers l’émotion.
C’est une peinture qui ne se dit pas mais qui se vit. Dès l’entrée dans la grande
rétrospective consacrée à Mark Rothko (1903-1970) par la Fondation Louis Vuitton,
le décor est planté : nous, visiteurs, nous apprêtons à plonger dans une œuvre
si riche et émouvante que l’expérience se passe de mots. D’un tableau à l’autre, la
couleur attrape le regard et le perd dans ses méandres. Les “bandes” horizontales
aux lignes indéfinies “empilées” sur la toile, qui, dès la fin des années 40, ont fait
la notoriété mondiale du peintre, saisissent par leur vibration au point de paraître
déborder de leur support. On se sent comme absorbé, captif de ces horizons infinis
ou de ces mers imaginaires aux teintes hallucinées. De ces paysages mentaux,
ne reste plus que l’essence : celle de la lumière et des contrastes colorés, dont la
rencontre génère au sein des œuvres un dialogue continu. Le discursif cède la
place au sensoriel et au triomphe de l’émotion.
Présentée jusqu’au printemps prochain, la rétrospective Mark Rothko
impressionne autant qu’elle interroge : pourquoi un artiste aussi reconnu et populaire
dans le monde entier – dont l’œuvre, entrée dans tous les livres d’histoire de l’art
du x x e siècle est ancrée dans l’inconscient collectif – n’a‑t‑il pas rencontré plus de
visibilité en France ? Commissaire associé de l’exposition et “gardien”, comme il
aime à se décrire, de la collection de son père, Christopher Rothko émet quelques
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hypothèses : de son vivant, l’artiste américain, peu enclin à quitter son studio pour
voyager, n’a passé que quelques jours à Paris. Il entretenait une relation privilégiée
avec le Royaume‑Uni, tandis que son principal marchand en Europe, Ernst Beyeler,
s’était plutôt concentré sur la Suisse et l’Allemagne. Ainsi, aujourd’hui, seuls deux Rothko
se trouvent dans l’immense collection du Centre Pompidou – une lacune que cherchait
déjà à combler sa grande exposition au musée d’Art moderne de Paris, en 1999.
No. 1 ( White and Red) [1962] de Mark Rothko. Huile sur toile, 258,8 x 228,6 cm.
Light Cloud, Dark Cloud (1957) de Mark Rothko. Huile sur toile, 169,6 x 158,8 cm.
L’expo du mois – Mark Rothko à la Fondation Louis Vuitton
E xposition Mark Rothko, Commissaire de cette dernière, comme de celle de la Fondation Louis Vuitton
jusqu’au 2 avril 2024,
Fondation Louis Vuit ton,
vingt-cinq ans plus tard, Suzanne Pagé ne cache pas son enthousiasme : “Cette
Paris X VI e . nouvelle exposition est vraiment nécessaire à tout un chacun : elle nous donne
Collection of the Modern Ar t Museum For t Wor th, Museum purchase, The Benjamin J. Tillar Memorial Trust. © 1998 Kate Rothko Prizel and Christopher Rothko, ADAGP, Paris, 2023
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contemplation et de l’“immersion” – un terme très galvaudé dans le monde de l’art,
qui regagne ici ses lettres de noblesse. Pour par faire cette expérience unique
d’une œuvre résolument mélodieuse, le grand compositeur allemand Ma x Richter,
admirateur du peintre, a d’ailleurs mis en musique tous les espaces de
l’exposition. “Mon art n’est pas abstrait, il vit et respire”, disait un jour Mark Rothko.
On ne saurait le contredire.
Point de vue
TOUCHÉE
PAR LA GRÂCE
Se définissant elle-même
comme chrétienne et
q u e e r, l ’A m é r i c a i n e
Genesis Tramaine se
consacre quotidiennement
à peindre des portraits
de saints. Elle s’inscrit
ainsi puissamment dans
l’histoire de son médium
et souligne que l’art est
toujours, avant tout, une
quête d’absolu et un
Genesis Tramaine. Cour tesy of the ar tist and Almine Rech. Photo : Dan Bradica
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Point de vue – Genesis Tramaine
Elle se décrit elle-même comme une artiste Hâtivement, on pourrait ne voir dans
qui “pr atique la pe intur e comme un acte de ces tableaux singuliers – qui portent en eux les
dévotion”. “Cela signifie que je peins comme souvenirs contrastés du color-field painting
une louange à Dieu”, précise-t-elle. C’est peu dire (les fonds sont invariablement des aplats
que cette Américaine qui fête cette année ses monochromes vivement colorés) autant que du
40 ans (elle est née en 1983 à Brooklyn) prit par graf fiti ar t, et font immanquablement penser
surprise le monde de l’ar t, plus habitué aux à Jean-Michel Basquiat ou à Richard Prince – que
incantations financières qu’aux incantations l’expression d’un panthéon personnel ou
divines, lorsqu’elle a commencé à exposer ses l’évocation des figures du pouvoir contemporain.
por traits de saints dans les galeries new- Mais ces portraits que nous voyons ne sont pas
yorkaises d’ar t contemporain, voilà une dizaine des représentations de notables, de personnages
d’années. “Quand, pour la dernière fois, avez- illustres ou issus du quotidien : Genesis
vous lu dans le communiqué de presse d’une galerie Tramaine fait des por traits de saints dont elle
d’ar t que des prières de l’ar tiste était née une découvre l’existence durant la prière, sur
étincelle spirituelle qui avait catalysé la création la vie desquels elle se documente, et dont elle
de peintures, et que ces peintures sont un exprime à sa manière la personnalité et
‘sermon’ visuel exprimant la foi, renforçant la la biographie. Ce faisant, elle renoue avec un
relation avec Dieu et of frant un sanctuaire processus mis en œuvre par Giotto, Fra
dans un monde ayant besoin de guérir ? La réponse Angelico, Masaccio et tant de peintres de la
la plus probable est : ‘Jamais’”, notait, à l’époque, Renaissance, qui s’inspirèrent dans leurs
le Church Times de Londres. représentations des récits biographiques des
Cette mathématicienne de formation, qui figures saintes de La Légende dorée, l’ouvrage
enseigna l’algèbre, n’a toutefois rien d’une bigote : rédigé au xiii e siècle par Jacques de Voragine, qui
elle se définit comme chrétienne et queer, raconte la vie d’environ 150 saints et livre les
et intitula son exposition en 2018 à la Richard clés pour comprendre des pans entiers de
Beavers Galler y de New York God is Trans. l’iconographie religieuse. Tramaine se passionne
Le marché de l’ar t la bénit. En mars 2023, son pour leur vie, leurs actions, et tente d’approcher
Saint Barnabas (2019) s’est envolé pour leur personnalité au plus près. “Je tombe
200 000 euros chez Christie’s New York et son sur un passage qui me frappe. Alors j’entame une
Mother of Suns of Thunder (2019) chez Phillips recherche sur le mot, la phrase de la Bible,
à Hong Kong pour 320 000 euros. l’épisode en question, ou sur un personnage
Si, dans le Nouveau Testament, c’est par particulier. Je dois savoir qui sont ses parents et
le rêve que Dieu s’adresse à Joseph, Genesis sa famille. Alors ce ‘personnage’ prend vie.
Tramaine, qui dor t peu, s’en remet pour sa Je suis une nerd de la Bible”, explique-t-elle à
part moins aux songes qu’à la prière. Elle se lève la curatrice Stephanie Seidel, qui travaille
vers 5 heures du matin, laisse libre cours à à l’Institute of Contemporar y Ar t de Miami.
son addiction au café et prie de longues heures “Je pense qu’il est important de donner un visage
durant, dans une résolue solitude, tandis aux saints, qui ont un nom mais pas de
qu’Ashley, son épouse, continue paisiblement sa personnalité réelle dans la Bible. Les images qui
nuit de sommeil. Le travail de peinture se fait nous ont été transmises et que nous connaissons
dans le prolongement de ce rituel, parfois durant représentent toutes des saints blancs avec des
une dizaine d’heures d’af filée. “Je ne décide cheveux blonds – et nous savons tous que
pas du moment où je commence ni de celui où cela n’est pas vrai. Je pense que mon chemin
je finis. Cela fait justement partie de ce qu’il y a consiste, en partie, à combler ces lacunes.”
de plus beau. La manière dont tout s’opère reste Mike Kelley n’en fit pas mystère : il avait
un mystère autant pour vous que pour moi”, trouvé dans les œuvres de sœur Mar y Corita
confie-t-elle. Elle commença à dessiner, enfant, Kent, une religieuse de l’ordre du Cœur
à l’église. “À l’église, j’étais toujours prête à immaculé de Marie, et en par ticulier dans ses
m’exprimer. J’étais prompte à me lever, à applaudir bannières colorées, une source bouillonnante
ou à chanter à chaque occasion, souvent d’inspiration. Genesis Tramaine, pour sa par t,
les moins propices. Et on me disait souvent de avoue une solide admiration pour l’œuvre
m’asseoir au fond, [où] je faisais des croquis de Ger trude Morgan (1900-1980), aussi connue
dans les livres de cantiques. Je faisais des dessins sous le nom de “sister Ger trude”, une ar tiste
dans les bibles, ce sont des anecdotes afro-américaine autodidacte du début du xx e siècle,
authentiques”, raconta-t-elle il y a quelques années récipiendaire en 1956 d’une révélation divine
à la journaliste Katie White. Elle a, sur ces l’encourageant à peindre, et qui fit, justement, de
prémices, bâti une œuvre picturale remarquable, la peinture un véhicule pour atteindre Dieu.
assurément unique, par faitement homogène Car les saints de Genesis Tramaine ne sont pas
puisqu’il s’agit toujours de por traits. seulement beaux, ce sont aussi des véhicules
“Les images qui nous ont été
transmises représentent toutes
des saints blancs avec
des cheveux blonds – et nous
savons tous que cela
n’est pas vrai. Je pense que mon
chemin consiste, en partie, à
combler ces lacunes.”
qui expriment sa foi avec autant de passion et forment, au fond, que le décor de propositions Double page précédente :
Girl Scout (2020)
d’énergie qu’une chanson de gospel : ses toiles esthétiques qui toutefois surprennent au premier de Genesis Tramaine. Acr ylique,
ont l’ambition d’en of frir un équivalent. Les chef tant par leur singularité plastique que par bâtons d’huile, peinture en
aérosol et Yeshua,
tranches des toiles sont souvent ornées de leurs inventions techniques. Il faut s’approcher 182,2 x 182,9 x 6,3 cm.
“sermons” : “Ne jette pas la pierre du jugement” ; très près de la sur face de la toile pour voir
“Montre-le avec ton cœur” ; “Dieu m’a donné comment les couleurs sont assemblées,
la beauté”… mais il n’y a pas que les tranches juxtaposées, superposées, comment les traits
de ses toiles qui nous rappelle qu’il y a provoquent les aplats, comment se fabrique
“Du spirituel dans l’ar t, et dans la peinture en l’image. Peut-être y a-t-il là en effet quelque chose
particulier”, pour reprendre le titre de l’ouvrage de divin, en tout cas quelque chose qui
de Kandinsk y publié en 1911, qui parle nous rapproche de cette vérité qu’exprime si bien
de l’activité ar tistique comme répondant à une l’ar tiste américaine Trisha Donnelly (on parle
“nécessité intérieure” et déclare primordial souvent d’elle ici) : l’art est affaire de foi. Car, en
le rôle de la spiritualité (quelle qu’elle soit) dans la matière, comme le disait Jean Marais dans
la création ar tistique. Genesis Tramaine en l’Orphée de Jean Cocteau (1950) : “Il ne s’agit pas
donne toutes les preuves possibles, y compris de comprendre, il s’agit de croire.” L’ar t
dans les titres de ses toiles. Ainsi par exemple contemporain est tout entier un édifice qui ne
les matériaux affichés sur le cartel de son Jesus repose que sur notre capacité à croire en lui, à
Loves Me: Peek (2021) sont “acr ylique, bâtons croire l’artiste et ce qu’il exprime, à faire le deuil
de peinture à l’huile, pastels gras, gouache, encre, de la raison pour s’abandonner à quelque
peinture en spray et Esprit-Saint sur papier”, chose d’autre.
et la plupart des œuvres de l’exposition Parables L’œuvre de Genesis Tramaine – dont le
of Nana, chez Almine Rech à Londres en 2020 : prénom, a posteriori, semble prémonitoire – est
“acrylique, bâtons de peinture à l’huile, peinture assurément un cas singulier dans l’ar t
en spray et Yeshua” ( Yeshua étant le mot contemporain, et discuter avec elle ne cesse de
hébreu utilisé pour évoquer Jésus). surprendre et de réjouir. “Il n’y a pas de place
L’art contemporain, il faut le dire, a réussi pour l’ego sur la toile”, dit-elle ainsi sur le ton de
le prodige d’étendre les matériaux possibles l’évidence, s’opposant ainsi à 99 % de la production
des œuvres à plus ou moins tout ce que le contemporaine. Elle a l’avenir, et peut-être
monde actuel propose, mais Dieu comme matériau, l’éternité, devant elle. Mais elle est plus modeste
97
c’est franchement inédit. Ce n’est pour tant que ça. “Je prie pour que Dieu ouvre mon
que l’expression de la plus simple honnêteté dans horizon. Je souhaite faire ce que Dieu me demande,
le cas de Genesis Tramaine, pour qui, sans la répandre les bonnes nouvelles. Quoi que
foi, il n’y aurait pas d’œuvres. Ces informations, Dieu me demande, je ferai de mon mieux pour
qui peuvent sembler rocambolesques, ne le satisfaire. J’aime les surprises.”
Art
L’ARTISTE DU MOIS
DELCY MORELOS
Aussi imposantes par leur taille que fragiles
par leur composition, les œuvres de l’artiste
colombienne rendent un vibrant hommage
à la terre, mère nourricière dont naît la vie,
aujourd’hui si vulnérable et menacée par les
hommes. Elles sont à découvrir à la Galerie
Marian Goodman.
Propos recueillis par Nicolas Trembley
La terre est au cœur du travail de la Le paysage entrait et s’étendait vers l’obscurité de la fermentation et du
Colombienne Delcy Morelos. La terre l’intérieur. L’extérieur, aride et sec, était temps, la force de l’ombre d’où jaillissent
comme matériau mais aussi comme aussi l’intérieur, sombre et frais. Pour les événements les plus lumineux.
territoire politique, celui de la propriété et rendre la maison moins poussiéreuse, on
des expropriations, et aussi comme s’agenouillait et on humidifiait le sol Quelle est la genèse de vos œuvres ?
symbole environnemental. Mobilisant des avec nos mains, grâce à des mouvements Je travaille simultanément les pigments,
savoirs ancestraux, l’artiste reconnecte circulaires, jusqu’à ce que la poussière, les couleurs, la terre, l’argile, les textures,
l’histoire des peuples autochtones de son omniprésente, soit apaisée. Cela les sur faces, les formes, les tissus.
pays avec le monde d’aujourd’hui. Ses ressemble beaucoup à la façon dont je Il s’agit d’une alchimie qui se forme
tissages n’entrelacent pas seulement des travaille aujourd’hui, avec dévotion et progressivement, et qui s’enracine dans
fils, mais aussi des relations, des liens humilité, en vénérant la terre, les odeurs, le corps. Récemment, le pigment
entre diverses consciences. Après avoir les couleurs, les matériaux et les gestes rouge a été crucial pour moi. C’est le
présenté deux immenses installations primaires dont la vie est faite. rouge du sang, l’ocre de la terre,
immersives à la Dia Ar t Foundation de de la rouille, de l’oxydation. C’est une
New York, mélangeant terre, foin, Comment avez-vous pris conscience substance où se niche la vie. Chaque
cannelle, clou de girofle, café et chocolat, que vous vouliez devenir ar tiste ? médium e st dicté par la façon dont il
Delcy Morales présente son travail à la Ma rencontre avec la vie, et avec par vient à exprimer une nuance de
Galerie Marian Goodman, à Paris, invitant l’ar t, s’est faite à travers les “gestes la vie, la complexité du corps féminin,
le spectateur à pénétrer dans El oscuro primordiaux” de ma grand-mère, les la force de la pénombre dans laquelle
de abajo, une salle recouver te de terre gestes sacrés de générations de naît la lumière, où la graine se
et par fumée aux épices. femmes, qui s’actualisaient en moi et transforme en vie.
me débordaient. Aucune sur face ne
NUMÉRO : Quel est votre parcours ? suffit à exprimer le contenu du sacré, de Qu’exposez-vous cet automne à la
DELCY MORELOS : J’ai grandi sur les la douleur et de l’amour qui ont formé Galerie Marian Goodman, à Paris ?
rives du fleuve Sinú, dans les Caraïbes des rivières ancestrales de sang et de L’exposition s’intitule El oscuro
colombiennes, où j’ai été témoin des larmes. Le sacré, toujours à l’intérieur de abajo. La Galerie Marian Goodman
tragédies environnementales et sociales – dans les profondeurs, dans les racines, possède notamment un espace
qui ont frappé mon pays. Ces terres dans le murmure de l’obscurité qui souterrain, où la lumière artificielle éclaire
généreuses, fer tilisées par les eaux du éclaire. Je voudrais faire par tie de ce l’obscurité profonde et humide
fleuve Sinú, ont été détruites et processus collectif d’éveil, nécessaire de l’œuvre. Descendre dans cette salle,
volées par les seigneurs de la terre et leur pour résoudre des problèmes c’est descendre dans les entrailles
ambition dévorante d’étendre leurs environnementaux et humains qui se sont de la terre, le ventre de la mère, lieu sacré
domaines déjà vastes, qui ont dépossédé aggravés, comme la violence, le des cultures ancestrales du monde
les paysans de leurs petits lopins de racisme, la fracture sociale, l’ambition, entier. Le spectateur est attiré, ou poussé
terre, les menaçant de mort. J’ai grandi tous ces maux issus d’une déconnexion à ressentir plus, intensément
avec ma grand-mère, dans une maison profonde avec la nature, la vie, le corps et de l’intérieur, ce ventre mystérieux
au sol en terre battue. féminin, la patience, l’humilité, et fer tile.
© Delcy Morelos. Photo : Don Stahl
99
Ci-dessus : Cielo terrenal (Ear thly Heaven,
detail) [2023] de Delcy Morelos. Vue de
l’installation au Dia Chelsea, New York, 2023.
Exposition E l o s c u r o d e a b a j o d e
Delcy Morelos, jusqu’au 21 décembre à la Galerie
Marian Goodman, 79 et 66, rue du Temple, Paris IIIe,
w w w.mariangoodman.com
Cinéma
LITTLE GIRL BLUE
DE MONA ACHACHE
Pour dresser un portrait de sa mère au
parcours de vie intense et tourmenté, la
réalisatrice Mona Achache invente une forme
cinématographique sur mesure, et convoque
l’actrice Marion Cotillard au sein d’un
dispositif tenant du documentaire. Une pépite
sensible saluée à Cannes, à ne pas rater.
Par Olivier Joyard
Ce fut une chanson douce interprétée par la voix blessée de Janis Joplin en 1969, c’est désormais Little Girl Blue de Mona Achache.
Sor tie le 15 novembre.
un film parmi les plus étonnants de l’année. Little Girl Blue ne se laisse pas facilement approcher,
peut-être parce qu’il est dif ficile de le définir sans lui enlever quelque chose de son étrangeté.
C’est à la fois un documentaire que la réalisatrice Mona Achache consacre à sa mère Carole Achache,
et une fiction construite à par tir de souvenirs et de documents réels. Ou bien est-ce plutôt un
film de fantômes tourné vers le passé doublé d’une quête au présent, pour répondre aux questions
d’une petite fille devenue femme, ar tiste, et toujours inconsolable ?
Mona Achache a fait appel à Marion Cotillard, non pas pour jouer sa mère au sens propre
du terme, mais plutôt pour l’évoquer, tandis qu’elle-même apparaît aussi à l’écran en expliquant
constamment sa recherche à l’actrice oscarisée. Little Girl Blue se déploie donc sur plusieurs
rythmes et niveaux de lecture simultanés, plusieurs directions de mise en scène, proche de la fiction
classique par instants, parfois similaire à un home movie à d’autres, quand le film est tout simplement
éclairé par des images et des mots de cette mère partie trop tôt dans une grande souffrance, morte
suicidée en 2016 après une carrière de costumière dans le cinéma et de photographe de plateau
pour des noms prestigieux (Losey, Sautet, Tavernier…).
Sa vie agitée d’addictions, de cœurs brisés, de prostitution, de violence, nous est contée
comme un roman intime dont l’autrice découvrirait l’ampleur des péripéties en même temps que
nous. On suit l’enquête surprenante d’une fille – Mona Achache a auparavant réalisé l’excellente
comédie Les Gazelles – pour comprendre le destin raturé de celle qui l’a mise au monde, mais aussi
dresser le por trait d’une époque aujourd’hui lointaine, entre les années 60 et 90, durant laquelle
Carole Achache a pris de plein fouet l’élan de mai 1968, vécu à New York, traversé d’intenses périodes
de dépression. Elle-même avait consacré il y a douze ans un livre à sa mère Monique Lange, Fille
de, où elle racontait la traversée de la vie intellectuelle par sa famille, avec William Faulkner, Violette
Leduc et Jean Genet en figures tutélaires. Mona Achache reprend ce fil, et rend son film bouleversant
lorsqu’il est question d’agressions sexuelles subies par toutes les femmes de la famille, comme un
fil invisible qui les relie tristement. On comprend que Carole Achache a été peut-être écrasée par
un monde trop brutal, dirigé par des hommes sans foi ni loi.
Little Girl Blue s’impose aussi comme le por trait d’une actrice passionnée et en quête de
sens. Plusieurs scènes montrent Marion Cotillard s’habillant pour tenir le rôle de Carole Achache,
discutant avec la cinéaste pour en façonner les contours, trouver la bonne voie – et la bonne voix –,
marcher selon le rythme juste. Le dispositif, parfois appuyé, peut déstabiliser au départ. Mais il finit
par donner au film sa singularité, son humanité, sa candeur universelle. L’actrice de Juste la fin
100
Les Films du Poisson
du monde et d’Inception semble of frir sans pudeur les clefs de son ar t, tout en s’ef façant au fur et
à mesure du film devant son modèle, dont elle paraît éprouver l’existence tor turée. Qui sera la
plus marquante, l’incarnation-imitation de Carole Achache par une grande comédienne, ou de simples
photos de cette femme filmées longuement ? Ici, les deux s’accordent pour figurer le chant d’amour
contrarié d’une cinéaste qui réussit un film sincère, bizarre et dif ficile à oublier.
Cinéma
THE KILLER
DE DAVID FINCHER
De Zodiac à Gone Girl, les films de David
Fincher, glaçants et implacables, sont
généralement inoubliables. C’est sur Netflix
que le cinéaste présente sa toute dernière
réalisation, The Killer, qui retrace l’odyssée
d’un tueur.
Par Olivier Joyard
Depuis presque une décennie et le succès de Gone Girl, pour suivre la trace de David Fincher, The Killer de David Fincher.
Sur Net flix le 10 novembre.
il a suffi de rester dans son salon et d’activer son abonnement Netflix pour voir un chef-d’œuvre
– sa série Mindhunter – et une déception, Mank, son film en noir et blanc sur le scénariste de
Citizen Kane, Herman J. Mankiewicz, mis en ligne en 2020. The Killer, toujours réalisé pour le streamer
californien, se situe entre les deux. Ni réussite totale ni ratage, ce film presque mécanique et
très silencieux raconte l’odyssée d’un tueur à gages (Michael Fassbender) confronté à un grain de
sable dans son quotidien d’ordinaire si prévisible.
Avec un certain brio, à défaut de souffle, David Fincher rejoue ici ses partitions préférées,
notamment l’éloge de la solitude et la mise en scène de la violence masculine, quand le héros se lance
dans une quête mondiale contre ceux qui l’ont employé. Tourné entre Paris, la République
dominicaine, La Nouvelle-Orléans et l’Illinois, inspiré par un roman graphique, The Killer dissèque
102
froidement la montée de sève de ce tueur qui finit par en venir aux mains avec un adversaire
sans limites, dans une longue scène d’anthologie. Suit aussi un autre moment très convaincant où
Tilda Swinton donne la mesure de son talent pour jouer des personnages à la frontière entre
la vie et la mort, dans les limbes de l’humanité. Le film reste en nous grâce à ces deux scènes, même
Net flix
À Paris Photo, les méga galeries de l’ar t et son processus de validation esthétique… Eiffel Tower – Bicentennial, Paris
(1989) de Ming Smith, présentée
contemporain Gagosian et Pace devraient une Côté grands noms toujours, la galerie Albarrán par la Jenkins Johnson Galler y.
nouvelle fois ravir les amateurs de photographie Bourdais nous plonge à nouveau dans les Impression pigmentaire
d’archives, 91 x 61 cm.
avec un casting trois étoiles mixant parfaitement réalisations brutes et élégantes du my the
icônes du x x e siècle et stars actuelles. Ainsi, Alberto García-Alix. Nourri d’excès et d’angoisse,
Paris Photo, du 9 au
chez Gagosian, Ir ving Penn, Richard Avedon, l’Espagnol a documenté, en noir et blanc 12 novembre au Grand Palais
Rober t Frank, William Eggleston et Sally pendant toute sa carrière, la réalité sociale de Éphémère, 2, place Jof fre,
Paris VII e .
Mann côtoieront Roe Ethridge, aussi à l’aise dans son pays. On découvrira sur tout son travail
une photographie conceptuelle brouillant le vrai le plus récent mêlant photographie analogique
et le faux que dans l’exercice de la série mode ; et pratique des expositions multiples pour
Nan Goldin et ses clichés crus légendaires, produire des séries au résultat toujours incertain.
ou encore le phénomène Deana Lawson, connue Côté galeries françaises, Christian Berst Art
pour ses sublimes por traits de modèles afro- Brut devrait créer la surprise avec un solo show
américains. Chez Pace, le dialogue s’établira entre consacré à Tom Wilkins. L’Américain, qui demeure
la très contemporaine et très en vue ar tiste un mystère, a réalisé plus de 900 Polaroid
franco-marocaine Yto Barrada, la Por tuguaise énigmatiques de programmes télévisés, soit
Grada Kilomba et son travail autour des autant de captations légendées par son
personnages d’Œdipe et d’Antigone, et leurs aînés auteur de 1978 à 1982, et retrouvées dans une
Diane Arbus, Peter Hujar et Josef Koudelka. maison de Boston… Totalement fascinant.
Du Français d’origine tchèque, on découvrira des Si la foire Paris Photo peut s’enorgueillir
photographies s’étendant sur plus de deux de réunir dans son secteur principal les artistes
mètres de longueur : une vitrine grandeur nature les plus représentatifs de la photographie
ouvrant le regard sur les cicatrices des opérations contemporaine (Zanele Muholi chez Yancey
minières et de l’exploitation industrielle. Richardson, Carrie Mae Weems chez Fraenkel,
Alors que le Grand Palais Éphémère Guy Tillim chez Kuckei + Kuckei, Ming Smith
s’apprête à célébrer l’inénarrable Juergen Teller chez Jenkins Johnson…), elle n’en n’oublie pas
en décembre avec sa plus grande exposition à pour autant la scène émergente avec son
ce jour, la galerie Suzanne Tarasieve s’intéresse, secteur Curiosa, et les révolutions technologiques
à Paris Photo, à son appropriation en 1998 de avec son secteur digital questionnant les nouvelles
la tradition du go-see (la rencontre d’un photographe pratiques numériques. Last but not least, Fiona
et d’un client avec une future mannequin). Car Rogers, commissaire de Elles x Paris Photo,
c’est en mai de cette même année que Juergen proposera un parcours autour de 36 artistes
104
Teller commence à photographier, depuis le femmes. Un programme soutenu par Kering Women
pas de sa porte, des apprenties mannequins au In Motion pour mettre en lumière les femmes
moment où elles arrivent pour la première fois dans dans les ar ts et la culture, et qui a permis de
son studio. À la fois témoignage documentaire et voir la représentation des ar tistes féminines sur
questionnement sur l’industrie de la mode la foire progresser de 20 à 36 % en cinq ans.
Ming Smith
Horlogerie
Illusion d’optique
Une nouvelle fois, RICHARD MILLE fait une splendide démonstration de sa maestria avec la montre RM 30-01 automatique.
Telle une fenêtre ouverte sur le savoir-faire d’exception de la maison horlogère suisse, le cadran de cette pièce dévoile, en
transparence, l’entièreté de son squelette.
Depuis sa fondation en 1905, ROLEX infuse dans ses montres toute son excellence et ses traditions horlogères pour
imaginer des pièces aussi élégantes et précises que performantes. La montre Lady-Datejust en est la parfaite combinaison :
son acier ici rehaussé d’un liseré d’or jaune et d’une lunette en diamant évoque la perfection d’un classique.
La montre Tambour, icône horlogère de LOUIS VUITTON, se réinvente cette saison en or jaune. Son célèbre boîtier arrondi
aux lignes évasées et sculpturales exalte l’essence même de son design originel imaginé une première fois en 2002. “Louis Vuitton
perpétue sa quête de modernité, d’élégance et de savoir-faire en sublimant chaque composant de cette nouvelle création”,
déclare Jean Arnault, directeur horlogerie de la maison parisienne.
Une lunette pavée de petits diamants, un cadran blanc cristal argenté, un bracelet qui mélange l’acier et l’or Sedna
(nouvel alliage unissant l’or, le cuivre et le palladium)… cette montre de la collection Constellation, imaginée par OMEGA, dont
les heures sont représentées par des petits diamants ronds, se renouvelle dans une version élégante jouant sur l’accord
des lignes architecturales et la fusion des couleurs.
Inspirée des courses automobiles, la montre Carrera Date de TAG HEUER affiche une silhouette sportive et svelte animée
par des lignes fuselées et intemporelles. Parfait équilibre entre élégance et confort, cette pièce en acier robuste, imaginée pour la
première fois en 1963, s’érige aujourd’hui en véritable classique.
Richard Mille – Rolex – Louis Vuit ton – Omega – Tag Heuer – Patek Philippe
Mélange délicat de l’or jaune, sur un bracelet aux lignes architecturales, à une lunette parfaitement ronde sertie
d’une myriade de diamants, la montre Twenty-4 Automatique de PATEK PHILIPPE est une nouvelle incarnation de l’élégance.
Originellement dotée d’un boîtier rectangulaire, elle se dévoile sous un nouveau jour. En effet, cette pièce est la première
de cette collection à être pourvue d’un boîtier rond.
La clef des songes
Fantasmes
FRAGMENTS
D’UN DISCOURS AMOUREUX
L’amour, la solitude et le désir résonnent
intensément dans les textes lumineux que
la photographe coréenne Jung Lee installe
au milieu de paysages fantasmagoriques.
Des proclamations puissantes, souvent
inspirées des écrits de Roland Barthes, à
découvrir à Paris Photo.
English
text
What a number!
215 AMANDLA STENBERG
By Olivier Joyard, portraits by Anthony Arquier, styling by
Irina Marie
Portrait
216 DEVA CASSEL
Interview by Olivier Joyard, portraits by P.A Hüe de Fontenay,
styling by Rebecca Bleynie
Viewpoint
220 GENESIS TRAMAINE, BY THE GRACE OF GOD
By Éric Troncy
214
English text
What a number!
AMANDLA STENBERG
With a back catalogue that includes the thriller Colombiana, the
blockbuster Hunger Games, and the video to Beyoncé’s album
Lemonade, the 25-year-old actor is among Hollywood’s most promising
young talents. Among her most notable roles to date is Starr Carter in
the indie drama The Hate U Give, for which the Los Angeles native gave
a gripping and politically engaged performance as a teenager caught
up in police violence against the Black community.
By Olivier Joyard, portraits
by Anthony Arquier,
styling by Irina Marie
“Sunny” is perhaps the most obvi-
ous word that springs to mind when
you meet the vivacious and constantly
smiling Amandla Stenberg. At just 25,
the Los Angeles native already has a
long Hollywood career behind her.
Born to an African-American mother
and a Danish father, she landed her
first big success in 2011, aged 13,
with the Luc Besson-produced thriller
Colombiana, before striking audi-
ences with her thrilling and very phys-
ical performance as Rue in the 2012
Hunger Games production. Since
then, she has continued in both film
and television with a natural ease.
“When I decided to start acting, I was
about nine or ten,” she recalls. “I’d
already been modelling for adverts,
which isn’t exactly unusual when you
grow up in LA. I also took classes in
classical dance, tap, and gym.” Ten-
year-old Amandla instructed her
agent to sign her up for acting audi-
tions, and has never looked back.
Ten-year-old
Amandla
instructed her
agent to sign her
up for acting
auditions, and she
has never looked
back.
215
English text
with care. “I don’t particularly like N o n e t h e l e s s , S te n b e r g h a d Portrait
putting forward an image of myself raised a legitimate point, even if to-
that’s too true to reality,” she con- day, with hindsight, she wonders DEVA CASSEL
fides. “I like to play other people – about the role that social media
their feelings amuse and interest me. might play in defending the stand- Nineteen-year-old Deva, daughter
Fantasy, imagination, and all that – points and ideals she holds dear.
it’s thrilling. Being an actor is one of “I’m not sure if social-media activism of Vincent Cassel and Monica
the few professions where, as an
adult, you get to play! The older I get,
serves the cause in the long term,”
she confesses. “Though the inten-
Bellucci, is following in her parents’
the more I try to remain true to the tions are generally excellent with movie-star footsteps with a first
child I was.” She’s had to fight to pro-
tect that child, since Hollywood con-
respect to giving a voice to those
who were too long silenced, the film, The Beautiful Summer, that
sidered her an adult long before she
really was one. “I found fame at a
movements that came before us, in
the past, perhaps had more weight.
has just been released in Italy.
young age. The most important thing Today, although we talk about abso- What’s more, the Dior fashion and
for me was to continue at school. My
parents and I knew that I needed
lutely everything, it only lasts a sec-
ond. Certainly you might say that beauty ambassador will soon be
some normality in my life – friends,
the high-school prom, and so on. It
culture has become more inclusive,
that inequalities and prejudice seem
appearing in the Netflix adaptation
was only after high school that I de- to be slowly retreating, and that of The Leopard, the celebrated
cided to pursue acting full time.”
It was then that Stenberg was
things which were once considered
normal and acceptable are now novel that made cinema history in
cast in the video to Beyoncé’s 2016
album Lemonade, and two years
deemed to be inappropriate. It’s all
positive. But, having said that, it
the hands of Luchino Visconti.
later obtained one of her most note- seems to me that our collective rela-
worthy roles to date in the independ- tionship to the truth has become far
ent coming-of-age movie The Hate more chaotic.”
216
English text
in front of camera, and I had a lot of Which causes would you like to my parents. Then, as time went on, She has lots of complex emotional
fun. I knew then that I wanted to defend and why? I came to understand that it in- layers, but we worked on that in
continue down that path. The fight against violence towards trigued me, that it involved things preparatory workshops with Laura
women and children. It’s a subject I k new about already but which and all the other actors, which al-
One day, I I feel very strongly about. It’s com- no n eth e l e s s to o k m e ou t of my lowed me to gain confidence in my
familiar and
natural.
What do you particularly like about
fashion today? Its creativity? Its
craziness?
What attracts me most is creativity
and talent. The world of fashion has
inspired me since I was a little girl,
because I always felt it was impor-
ta nt to ex te r n a lize o n e’s i d e a s.
Through fashion, which was often
visionary, you can construct a nar-
rative of human history.
217
English text
What advice do your parents give Exhibition of the month
you? What’s it like talking about a
role with Vincent Cassel or Monica MARK ROTHKO
Bellucci?
Paris’s Fondation Louis Vuitton has put on a magisterial
My parents leave me to make up my
own mind. The most frequent ad-
retrospective of the American painter’s work,
vice is “Sure, go for it, but always
Mark Rothko, Light Cloud, Dark Cloud (1957), collection of the Modern Art Museum, Fort Worth. © 1998, Kate Rothko Prize and Christopher Rothko, ADAGP, Paris 2023
keep your head on your shoulders”
and “Enjoy what you do.” I think it
could be a lot of fun to find myself
on the same set as my parents,
shooting a movie or a series to-
gether. We sometimes discuss the
idea. I’m open to it, but not just yet,
since I feel that I still have a lot of
road to travel first.
218
English text
while his principal European dealer, chronological order, the develop- prickly man whose paintings have paintings of everyday scenes in the
Ernst Beyeler, concentrated essen- ment of the painter’s oeuvre over the “imprisoned the most utter violence New York subway to his two-tone
tially on Germany and Switzerland. space of four decades. in every square inch of their surface,” Black on Grey series (1969–70) – is
As a result, the Centre Pompidou’s The Fondation has brilliantly as he himself put it – the violence of that of a man on a constant quest for
enormous holdings include just two succeeded in the delicate exercise the pogroms that saw his family flee the absolute. Despite the fact that,
Rothkos. of a retrospective, not only getting
Already, back in 1999, Paris’s across all the complexity of a life-
Musée d’Ar t moderne sought to
make up for this omission with a big
time’s body of work but also con-
founding clichés and prejudices. To
If you imagined the artist as a serene,
exhibition of the painter’s work. A all his contemporaries who called radiant figure, you’ll find the portrait of
quarter century later, the curator of him a colourist, Rothko replied that
the 1999 show, Suzanne Pagé, has he was looking for the light; for those a solitary, sometimes prickly man.
returned to Rothko to curate the today who think of him as an exclu-
Louis Vuitton retrospective. “This sively abstract artist, the exhibition
new exhibition is really what we all showcases many of his figurative his native Russia, of course, but first as time went by, his canvases got
need right now,” she enthuses. “It canvases of the 1930s and 40s and foremost the violence of a tor- bigger, his layers of paint thinner,
brings us the possibilit y of tran- (sometimes described as neo-Sur- mented soul. “Rothko constantly and his colours darker, his son has
scendence.” That possibility is aug- realist), which he painted before the sought to convey the human condi- made sure that the selection pre-
mented by the colossal size of the period that saw him labelled an tion through the fundamental emo- vents his oeuvre from being read
show: 115 works, many of which Abstract Expressionist, a term he tions: tragedy, death, ecstasy,” com- through the prism of his 1970 sui-
have never been seen in France, 30 himself considered too “alienating”; ments Pagé. “His art expresses an cide. “I made a point of showing how
of them from the Rothko family col- and if you imagined the artist as a obsession with mortality.” Indeed, as much his final works are overflowing
lection. As a result, visitors can fol- serene, radiant figure, you’ll find the presented at the Fondation Vuitton, w i th li g ht a n d c o l o u r,” ex p l a ins
low and appreciate, in more or less por trait of a solitar y, sometimes Rothko’s trajectory – from his early Rothko junior, “even if his black and
grey paintings are far more rich and
alive than people think.” Achieving
this intensity required great precision
during the hang: in keeping with
rules set down by the artist at the
end of his life, the Fondation Louis
Vuitton team painted the walls in dis-
creet off-white and used soft, often
individual lighting to ensure an inti-
mate relationship with each work.
Mark Rothko, No. 1 (White and Red) (1962), Art Gallery of Ontario. © 1998, Kate Rothko Prize and Christopher Rothko, ADAGP, Paris 2023
219
English text
Viewpoint me. Then I do the research on the
word, Bible phrase, story or a spe-
GENESIS TRAMAINE cific character. I have to know who
artist spends her days painting the saints. With an Miami’s Institute of Contemporary
Art, in 2020. “I think it’s important to
approach that goes far back into the history of the give a face to the saints, who have
medium – a modus operandi recalling that of the early names but don’t have a real persona
in the Bible. The images of saints
Renaissance painters – her emphasis on the spiritual that we know and that are projected
at us are all white with blond hair –
finds echo in both Kandinsky and Rothko. A powerful and we all know that that is not true.
reminder that art is above all a quest for the absolute, I think it’s a part of my journey to
bridge these gaps.”
Genesis Tramaine’s oeuvre stands as an act of faith. Mike Kelley made no secret of it:
in the works of Sister Mary Corita
Kent of the order of the Immaculate
By Éric Troncy
Hear t, in par ticular her coloured
She describes herself as a “devo- Nonetheless, this trained math- At first glance, one might simply b a n n e r s, h e fo u n d a n e b u l l i e nt
tional painter,” meaning that she ematician, who used to teach alge- see in these singular pictures – source of inspiration. Tramaine, for
paints “as an offering of praise.” It bra, is not what you’d call a bigot: which carry the contrasted traces of her part, admits to a strong admira-
would be putting it mildly to say that she self-defines as Christian and c o l o u r-f i e l d p a i nti n g (th e b ac k- tion for the work of Gertrude Morgan
this American artist, who celebrated queer, and titled her 2018 Richard grounds are invariably in bright, flat (1900 – 80), also known as Sister
her 40th birthday this year (she was Beavers Gallery exhibition in New colour) and graffiti art, and immedi- Ger trude, a self-taught African-
born in Brooklyn in 1983) took the art York God is Trans. The art market
world by surprise – a world more has duly blessed her: in March of this
used to financial incantations than y e a r, h e r 2 019 p a i n t i n g S a i n t Tramaine paints portraits of saints
divine ones – when she began show- Ba r na bas we nt for $214,0 0 0 at
ing her por traits of saints in New Christie’s New York and her Mother whose existence she discovers during
York’s contemporary art galleries a of Suns of Thunder (also 2019) for
decade or so ago. “When was the $341,000 at Phillips Hong Kong. prayer, whose lives she afterwards
last time you read a press release
from a mainstream art gallery which
While in the New Testament God
spoke to Joseph through a dream,
researches, and whose personalities
stated that the artist’s prayers pro- Genesis Tramaine, who sleeps little, and biographies she then expresses
vided a spiritual spark that catalysed c o m m u n i c ate s w i th th e d i v in i t y
through prayer. She wakes up at on canvas in her own particular way.
5.00 am, gives free rein to her caf-
feine addiction and prays long hours
While in the New in total solitude, while Ashley, her ately recall Jean-Michel Basquiat American ar tist who, in 1956, re-
Testament God wife, continues sleeping peacefully.
Tramaine then paints in the wake of
and Richard Prince – the expression
of a personal pantheon or the evo-
ceived word from the heavens en-
couraging her to paint, and who
spoke to Joseph this ritual, sometimes for ten hours cation of contemporary figures of subsequently used painting as a way
straight. “I don’t decide when I be- power. But these portraits do not of reaching god. Tramaine’s saints
through a dream, gin, and I don’t decide when I am depict notable ever yday people: are not just an expression of visual
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English text
those listed on the label for Jesus yet, in Tramaine’s case, it is simply divine in there, or in any case some- retrospect, appears premonitory – is
Loves Me: Peek (2021) are “acrylic, the expression of the most genuine thing that brings us close to that truth surely a unique case in contempo-
oil sticks, oil paste ls, gouache, honesty, because for her, without so well expressed by the American rar y ar t, and talking with her is a
acrylic ink, spray paint, Holy Spirit on faith, there would be no painting. artist Trisha Donnelly (how often she source of constant surprise and joy.
paper,” while most of the pieces This fact, which may seem fantastic is mentioned in this column) that art “There’s no room for ego on the can-
shown in the 2020 exhibition or incredible, is in reality the back- is a question of faith. Because in this vas,” she says as though it were ob-
Parables of Nana at Almine Rech in ground to aesthetic proposals that respect, as Jean Marais said in vious, even though her statement
London were labelled, “acrylic, oil surprise primarily in their strange Cocteau’s 1950 film Orphée, “It’s not contradicts 99% of what is produced
sticks, spray paint, Yeshua” (Yeshua plastic expression and their techni- about understanding, it’s about be- today. While she has the future, and
being the Hebrew name for Jesus). cal inventiveness. You have to get lieving.” Indeed, contemporary art is perhaps even eternity, ahead of her,
Contemporar y ar t, it must be very close to the canvas to see how an edifice that relies entirely on our she remains modest. “I pray that
said, has managed the feat of ex- the hues are put together, juxta- ability to believe in it, to believe in the God enlarges my territory. I am will-
tending the palette of possible artis- posed, and superimposed, how the artist and what they express, and to ing to do what God calls me to, to
tic materials to just about everything brushstrokes form flat colour, and let go of reason to abandon ourselves spread the good news. Whatever
today’s world offers, but God as a how the image is built up. Perhaps, to something else. Tramaine’s work God calls me to, I will do my best to
material is frankly unheard of. And indeed, there is something of the – an ar tist whose f irst name, in answer to. I like being surprised.”
Genesis Tramaine. Girl Scout (2020). Photo : Dan Bradica. © Genesis Tramaine. Courtesy of the artist and Almine Rech.
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Penélope Cruz et Camila Morrone Christina Ricci, Amber Valletta, Demi Moore, Naomi Campbell et Kate Moss
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COLLECTION LA ROSE DIOR
Or blanc et diamants.