2 Rapport AMCDD D-Analyse Sur La Politique Nationale Climatique V31012016 2

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Table des matières

I. Contexte de l’étude et démarche méthodologique ....................................................................... 3


II. Répercussions du dérèglement climatique sur le développement du Maroc ................................ 4
III. Analyse du niveau d’intégration de la dimension climatique dans quelques politiques publiques
9
IV. Présentation des grandes lignes de la politique de changement Climatique du Maroc (PCCM) 8
V. Analyse du cadre de Gouvernance de la politique Climat du Maroc ............................................ 12
VI. Identification des contraintes et des opportunités liés à la mise en œuvre de la politique
nationale de lutte contre les changements climatiques ....................................................................... 14
VII. Participation du Maroc aux négociations internationales sur le changement climatique Erreur !
Signet non défini.
VIII. Recommandations pour rendre efficace la politique nationale climat: ................................... 18
IX. Recommandations pour réussir l’organisation COP 22 au Maroc ...... Erreur ! Signet non défini.

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I. Contexte de l’étude et démarche méthodologique

Dans le cadre de son plan d’actions pour l’année 2015 et en cohérence avec ses missions de dialogue
civil avec les parties institutionnels et de contribution au suivi de la mise en œuvre et d’évaluation des
politiques publiques de développement durable, , l’Alliance marocaine pour le climat et le
développement durable (AMCDD) a instauré une approche innovante en matière de dialogue
institutionnel entre les associations environnementales structurées et les départements
gouvernementaux.

Dans ce cadre, l’AMCDD, a organisé avec l’appui du PMF/PNUD et l'UE, le 3 et 4 juillet à Rabat, un
atelier de réflexion et d’analyse de la prise en considération de la dimension climatique lors de
l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques et également des engagements
internationaux du Maroc en matière de lutte contre les Changements Climatiques.
Durant les deux jours de cet atelier, les participants ont procédé à l’analyse des documents suivants:

• Les principales conclusions du 5ème rapport du GIEC sur les changements climatiques
• Les répercussions du dérèglement climatique sur le développement économique, social et
environnemental du Maroc
• La Politique du Changement Climatique au Maroc élaborée en mars 2014 ;
• Les Contributions Nationales Prévues et Déterminées dites INDCs ; présentées au public à
Skhirat le 2 juin 2015.
• Le Plan d'Investissement Vert ;

Le mot d’ouverture a été donné par M. BENYAHYA, directeur du partenariat et de la coopération à


l’environnement au ministère chargé de l’Environnement qui a informé l’assistance sur l’évolution des
négociations climatiques, le rôle que joue son département pour appuyer le dialogue avec société
civile, qui est appelé à se renforcer d’avantage grâce à la création de l’AMCDD comme structure
représentative de la société civile environnementale.
Ensuite, les participants ont eu droit à trois exposés :

•de M. Mohamed BENYAHYA, qui a fait une présentation de l’INDC Maroc et de la politique
climat du Maroc,
• de M, Abdellah MOKSSIT, Vice-président du Groupe International des Experts du Climat (GIEC)
sur les projections et les effets du dérèglement climatique selon le 5ème rapport du GIEC de
2014.
• et de M. Hassan AGOUZOUL, expert national autour du niveau d’intégration du risque
climatique dans les politiques publiques.
Parmi les premiers résultats des analyses entreprises, le niveau limité d’intégration de la politique des
changements climatiques du Maroc dans les politiques publiques et dans la plupart des plans
sectoriels et la nécessité de :

• considérer la gravité des menaces et des vulnérabilités climatiques sur le développement futur
du pays,
• programmer les mesures visant l’adaptation du modèle de croissance aux effets des
changements climatiques, qui offrent des opportunités importantes en matière de
développement économique , social et de création des emplois, ,

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• associer et impliquer la société civile dans tous le processus de prise de décision de
conception et d’élaboration de politique et des programmes de lutte contre les changements
climatiques.

Afin de compléter cette analyse, les membres de l’Alliance ont convenu d’ouvrir un dialogue citoyen
avec d’autres acteurs institutionnels, à savoir : le Haut-Commissariat des Eaux des Forets et Lutte
contre la Désertification, le Ministère Déléguée Chargée de l’Eau, le Ministère de l’Agriculture et de la
pêche,….et ceci lors d’un deuxième atelier qui sera organisé en vue d’élaborer une déclaration de
l’AMCDD au niveau national et international sur les enjeux du changement climatique, visant à
valoriser les actions entreprises et mettre l’accent sur les efforts qu’il va falloir déployer pour faire du
Maroc un modèle en matière de développement durable et lutte contre les changements climatiques
à l’aube du COP 21 et surtout du COP 22 ;
L’atelier a été clôturé par un mot de M. Mohamed Nbou, Directeur des changements climatiques, de
la diversité biologique et de l’économie verte et point focal national de la Convention-cadre des
Nations Unies sur les changements climatiques au Ministère délégué chargé de l’environnement, qui a
présenté un ensemble de données sur les préparatifs de la COP 22 et a considéré que le rôle de la
société civile reste primordial lors des négociations et des activités programmées durant l’année
prochaine, il a aussi insisté sur le rôle primordial que doit jouer l’alliance AMCDD pour réussir cette
manifestation à portée nationale et internationale.
L’AMCDD a programmé deux rencontres, la première à Tanger et l’autre à Agadir et dans pour
partager les résultats de cette analyse des politiques publiques avec l’ensemble de ses membres au
niveau régional.
Ces rencontres seront également l'occasion pour l'élaboration d'un plan d'actions de l’Alliance pour les
années à venir comportant des initiatives structurées en vue de préparer la participation de la société
civile marocaine à la COP 21 en décembre 2015 à Paris et à la COP22 en 2016 au Maroc.

II. Répercussions du dérèglement climatique sur le développement du


Maroc
Selon la Direction de la météorologie nationale (DMN), le climat du Maroc est caractérisé par:

• Une aridité structurelle: 93% du territoire est sous climat aride et semi-aride avec une
tendance de la montée de cette aridité vers le nord du pays.
• Une variabilité interannuelle élevée et une tendance à la diminution des précipitations
globales (-3 à-30%) sur la période 1976-2006. Les précipitations printanières, décisive pour la
céréaliculture, ont montré également une baisse de 47%.
• Une augmentation des températures : le réchauffement moyen sur la période 1960-2000 a
concerné tout le territoire (1°C sur les 2/3 du territoire) avec un maximum de 1.4°C (Sud- Est
du pays).
Le Maroc est parmi les pays en développement les plus faiblement émetteurs de GES. Le total de ses
émissions est estimé à 75 millions t-Eq CO2/an, soit 2,5 t-Eq CO2 par habitant, pour l’année de
référence 2004. Ceci représente, selon la 2ème communication nationale de 2010, environ 0.15% des
émissions de GES mondiales. Cependant, ces émissions ont enregistré une croissance annuelle
moyenne de 4,7% par rapport à leur niveau en 1994.

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Le Maroc connait également une forte dépendance énergétique de l’extérieur estimé à plus de 97%.
En outre, le secteur de l’énergie représente plus de la moitié des émissions GES générées au Maroc. Le
secteur agricole arrive en seconde position avec une contribution aux émissions globales de l’ordre de
30% pour l’année de référence 2004, alors que les émissions des autres secteurs (industrie, foresterie
et déchets) contribuent à hauteur de 17% des émissions globales pour la même année de référence.
En 2012, les émissions de CO2 des combustibles ont été estimées à 51.8 millions de tonnes (+56,4%
depuis 2000) dont, par type de carburant, 72,6% de pétrole, 22,7% de charbon et 4,8% de gaz naturel.
La répartition de ces émissions de CO2 des combustibles par secteur affirme que le secteur de la
production d’électricité est le premier émetteur de GES avec un taux de 36,7%, suivi du transport
27,9%, l’industrie 14,7%, tertiaire 10,6%, résidentiel 7,6%, usage propre 4%.

L’analyse de l’inventaire des émissions des GES au Maroc montre que les éléments majeurs qui
contribuent à leurs augmentations sont :

• La croissance démographique, rapide et variable,


• Le développement socio-économique des populations qui conditionne leurs modes de
consommation ;
• Le développement de l’activité économique à travers la consommation énergétique des
secteurs productifs et,
• L’aménagement du territoire et l’affectation des sols et notamment au niveau du littoral.

Par ailleurs, avec le changement climatique prédit, le Maroc subirait une accentuation de son aridité :
• Une extension de l'aridité du Sud Est vers le Nord-Ouest et des basses altitudes vers les plus
hautes.
• Une augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes (sécheresses et inondations),
• Une élévation des températures à l'horizon 2071 pratiquement de 3°C pour toutes les régions,
voir 5°C pour le versant Sud des montagnes.
• L'évapotranspiration s'accentuera dans tous les bassins Nord du Sahara d’ici 2050 (105-110 %
selon la 2èm Communication Nationale).
• Quant aux précipitations, elles poursuivraient, selon les prévisions de 2003 de la DMN, la
baisse constatée pour atteindre à l'horizon 2041-2070 une baisse de 10 à 40% selon les
régions et une réduction des apports annuels en moyenne de 15%. L'arc des plaines
atlantiques et piedmonts des Atlas connaitrait la plus forte baisse. Celle-ci pourrait atteindre
60% après 2071.
Ainsi le Maroc connaitrait selon ce scénario une désertification climatique majeure. Cela aura des
conséquences déterminantes sur les ressources naturelles notamment l'eau et aggravera les
contraintes au développement du pays. La Vulnérabilité du Maroc au climat, qui irait en s’accentuant,
constituerait un déterminant majeur des choix et options de développement à engager.
Secteur de l’eau

Les changements climatiques engendreraient une raréfaction de l'eau qui conduisant le Pays à la
Pénurie à l'horizon 2020 (700 m3/hab selon la 2ème Communication Nationale, 2010). Cette raréfaction
est aggravée par :
• Les eaux de nappes phréatique (4 milliards de mètres cubes, soit 20% des ressources) qui sont
sur exploitées (baisse de 2m/an).
• Les pertes de capacités des barrages ; 1.2 Mds m3 à ce jour soit 7%. Les pertes s'élèvent à 70
Mm3/an.

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• Une distribution et une utilisation peu efficace de l'eau. L'agriculture utilisant 89% des
ressources a encore une efficience de 48 %. Le réseau d'eau potable occasionne également
des pertes, son rendement est inférieur à 70%.
• Une tarification qui n'encourage pas une utilisation rationnelle et économique de l'eau.
• La pollution urbaine contribue par ailleurs à la dégradation de la qualité des eaux
(600Mm3/an).
Cette situation de pénurie peut engendrer des conflits entre usagers et entre territoires. L'eau
deviendrait ainsi une ressource rare et donc vitale et stratégique pour le Pays, elle conditionnera tout
développement économique et social futur.

Secteur de l’agriculture

L'agriculture subirait, suite aux changements climatiques, les contraintes suivantes :


• Une aridité quasi générale avec une réduction largement significative des précipitations, une
augmentation des températures et une élévation de l'Evaporation. Cette aridité,
accompagnée d'aléas plus fréquents, mettra à mal l'agriculture dont les performances sont
encore modestes.
• Cette vulnérabilité de l'agriculture ira en s'accentuant d'autant plus qu'elle est à dominante
pluviale (7.8 Mha en bour sur 9 Mha de surface agricole utile dont 5Mha de céréales).
L'Agriculture ainsi mise en péril n'assurerait pas la sécurité alimentaire du pays, ni des revenus
suffisants pour contribuer à faire sortir de la pauvreté les populations et les zones concernées (zones
rurales particulièrement de montagnes).

Forêts et biodiversité

Les forêts subissent une multitude de pressions engendrant leur dégradation qui seront aggravés par
les changements climatiques.
Outre les pressions anthropiques (le bois d'énergie prélevé correspond à 3 fois le potentiel de la forêt,
soient 10 Mm3/ 3Mm3 ; un surpâturage quasiment généralisé représentant 2.5 fois la capacité
existante…), les impacts du changement climatique sur les forêts risquent d’engendrer : l’extension ou
la concentration de l’aire d’occupation des espèces, le déplacement des limites latidunales des arbres
et l’aggravation des incendies de forêts.
Ces phénomènes entraineraient un affaiblissement accrue des espaces forestiers et des mortalités de
peuplement les plus exposés, ce qui vas engendrer une migration végétale et l’érosion des sols et leur
dégradation. Ainsi dégradées, les forêts ne joueraient plus leur fonction écologique essentielle comme
puits de carbone, espace tampon conservateur des ressources en eau tant en quantité qu'en qualité,
espace récréatif utile pour la qualité de vie des citoyens et patrimoine naturel, lieu privilégié à une
large biodiversité. Par conséquent, la forêt n'assurera plus son rôle productif de produits et services
(bois, liège, essences aromatiques,…).

Territoires sensibles : Montagnes, littoral et oasis

La désertification prendrait de l'ampleur et menacerait les écosystèmes et espaces naturels déjà


fragilisés par les pressions anthropiques (littoral, zones de montagnes et zones arides) et conduirait à
la réduction de la biodiversité voir à la disparition de certaines espèces autochtones.

L'enjeu est majeur pour les zones de montagnes qui représentent 25% du territoire, 70% des
ressources en eau (Château d'eau du Maroc), 60% des forêts, 1/3 des exploitations agricoles, 5% du
PIB mais 35% des populations pauvres du pays.
Il en est de même du littoral qui concentre l'essentiel des activités économiques et une part
importante de la population. La vulnérabilité du littoral marocain est accentuée par la forte

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concentration démographique (61% de la population urbaine des grandes villes aujourd’hui et 75% à
l’horizon 2025), industrielle (80% des effectifs permanents employés), touristique (53% de la capacité
d’accueil) et commerciale (92% du commerce extérieur du pays). Cependant, les zones côtières
marocaines présentent une fragilité intrinsèque. Leur exposition aux risques inhérents à l’élévation du
niveau de la mer, estimé entre 26 à 82 cm à la fin du 21ème siècle par rapport à la période 1980-1999,
accentuent cette vulnérabilité.

L’espace oasien est également vulnérable au changement climatique. Cet espace couvre 15% de la
superficie du Maroc et concentre 5,3% de sa population. Cependant, les écosystèmes oasiens sont
dans une phase de dégradation avancée en raison d’une baisse généralisée du niveau des nappes
(moyenne de -15 à -20m) qui a engendré une chute de la production dattière (-34%). Les invasions
dunaires affectent certaines oasis du Tafilalt et du Draa pendant que le tarissement des sources d’eau
met les « khattaras » hors usage. On estime l’ensablement des terres arables dans le Tafilalt à près de
500 hectares par an, auquel il faudrait rajouter la dégradation de l’habitat, des infrastructures
routières et des réseaux d’irrigation.
Secteur de la santé

Le secteur de la santé, sous l'effet du changement climatique, connaitrait une réactivation des
maladies à transmission vectorielle telles que le Paludisme, la bilharziose, la typhoïde et le choléra.
Cela engendrerait un risque d'aggravation de la situation sanitaire des régions sous dotées en
infrastructures et en ressources humaines à travers :
• L’augmentation de la charge des maladies diarrhéiques,
• Les impacts des vagues de froid et de chaleur sur la santé,
• Les impacts de la sécurité alimentaire (malnutrition).
Secteur du tourisme

Le secteur est aujourd’hui confronté à certains enjeux majeurs qui sont d'ordre socio-économique,
d'aménagement de territoire, de maintien de l'équilibre de développement régional, de préservation
de l’environnement, et de rareté de l’eau engendrée par l’augmentation de la demande et la
diminution des apports hydriques. L'évolution du climat, notamment les extrêmes climatiques comme
les vagues de chaleurs, les précipitations diluviennes, l’élévation rapide du niveau de la mer présage
un ensemble de contraintes au secteur du tourisme et à ses acteurs.
Dans les cas extrêmes, les impacts du changement climatique sur le secteur du tourisme seraient une
pénurie d’eau pour les besoins de fonctionnement ; l’augmentation de la consommation d’énergie
pour le chauffage ou la climatisation ; la perte du confort touristique et la faible attraction des
touristes.
L’élévation du niveau de la mer, qui devrait s’accélérer, renforcerait les phénomènes qui lui sont
associés tels que l’érosion côtière, la submersion des plaines littorales et la salinisation des nappes
phréatiques.
Migrations climatiques

Le Maroc est concerné par le phénomène de la migration climatique en raison de son positionnement
géographique, comme carrefour entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen Orient. Outre, la migration
interne (entre région et intra régionale) induite par la montée de l’aridité sur une large partie du
territoire, le Maroc devrait faire face à une intensification de la migration subsaharienne dont il est
difficile de mesurer la portée. Le Maroc est passé de terre de transit à terre d’accueil.
Les répercussions attendues du changement climatique sur l’eau, l’agriculture et la santé au Maroc
risqueraient d’augmenter la pauvreté et la précarité sociale au niveau des régions concernées par les

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dégradations environnementales et pourraient entrainer une accentuation de l’exode rural et de la
migration internationale.
En conclusions les menaces générées par le dérèglement climatique pour le Maroc peuvent être
résumées comme suit :
• Accentuation du stress hydrique, qui pourrait conduire à la pénurie d’eau (baisse des
ressources hydriques par habitant et par an de 4074 m3 en 1950 à 670 m3 en 2010, tensions
sur les nappes phréatiques…).
• Altération des bases productives de l’agriculture, dans un contexte d'instabilité des prix sur les
marchés internationaux, qui pourrait menacer sérieusement la sécurité alimentaire du pays.
• Vulnérabilité accrue du littoral, qui pourrait mettre en péril la sécurité économique et
humaine du pays, compte tenu de la forte concentration des populations et des activités sur
cette zone sensible.
• Menace sur la sécurité sanitaire, avec l'émergence des maladies d'origine hydrique et de
développement de maladies émergentes liées au climat.

Ainsi, les risques liés aux changements climatiques peuvent être classés en trois catégories d’enjeux :
• L’enjeu sécuritaire (alimentaire, biens et des populations, alimentation en eau potable,
santé)
• L’enjeu économique des territoires sensibles (montagnes, oasis, littoral, zones arides)
• L’enjeu de développent social et de lutte contre la précarité et particulièrement en milieu
rural et périurbain.
Ces enjeux devraient être le cadre de référence de tous les programmes sociaux de manière à
assurer la cohérence globale.

III. Présentation des grandes lignes de la politique de changement


Climatique du Maroc (PCCM)

La politique de changement climatique du Maroc élaborée en 2014, est un instrument stratégique qui
accompagne la concrétisation de la Vision Nationale qui consiste à atteindre un développement
faiblement carboné et résilient aux impacts du changement climatique à l’horizon 2030.

Les axes stratégiques transversaux de la PCCM sont comme suit :


• Renforcement du cadre légal et institutionnel
• Amélioration de la connaissance et de l’observation
• Déclinaison territoriale
• Prévention et Réduction des risques climatiques
• Sensibilisation, Responsabilisation des acteurs et Renforcement des capacités
• Promotion de la recherche, de l’innovation et du transfert technologique

Les axes stratégiques d’atténuation et d’adaptation au niveau sectoriel émanent du plan national de
lutte contre le réchauffement climatique (PNRC) et concernent aussi bien l’atténuation que
l’adaptation de l’ensemble des secteurs économiques : agriculture, transport, eau, pêche, forêt, santé,
tourisme, habitat, urbanisme et lutte contre la désertification etc.

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IV. Analyse du niveau d’intégration de la dimension climatique dans
quelques politiques publiques

Cette analyse a couvert les secteurs suivants: Eau, Énergie, Agriculture et l’aménagement du territoire
et l’urbanisme
Tous ces secteurs ont fait l’objet d’une évaluation profonde basée sur 3 facteurs déterminants:
1. La gestion de la connaissance du risque
2. Es-ce-que le secteur concerné a réussi à tirer profit des opportunités créées par le CC?
3. Comment le secteur développe le tandem adaptation / atténuation?

Secteur de l’eau :

En 2009, le Maroc a mis en place la Stratégie Nationale de l’Eau (SNE) pour faire face à la pénurie de
l’eau. Dans ce cadre, le Plan National de l’Eau a prévu des mesures qui renforcent les efforts
d’adaptation :
o Construction de barrages
o L’utilisation des ressources en eau non conventionnelles
o incitation à l’économie de l’eau dans les secteurs de l’agriculture,
o lutte contre la pollution via l’accélération de la mise en œuvre du plan national
d’assainissement liquide et d’épuration des eaux usées, etc.
Et des mesures d’atténuation comme l’équipement des grands barrages par des usines
hydroélectriques, et la réalisation de Stations de Transfert d’Energie par Pompage (STEP)…

Cependant, on note les faiblesses suivantes:


• La dimension climatique n’est pas suffisamment présente dans la loi 10.95
• Les hypothèses considérées dans l’évaluation des ressources en eau mobilisables n’ont pas
pris en compte les répercussions du dérèglement climatique sur les précipitations
• Certains projets de construction de nouveaux grands barrages et de transfert d’eau entre
bassin hydraulique n’ont pas pris en considération les effets du dérèglement climatique dans
les territoires concernés par ces projets

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• Les mesures de lutte contre les inondations et les sécheresses sont basées sur des réactions
correctives et non sur un dispositif d’anticipation
Par ailleurs, l’impact du dérèglement climatique sur la gestion des ressources en eau constitue une
opportunité de développement du savoir-faire national dans des nouveaux métiers tel que le
dessalement de l’eau de mer, d’épuration des eaux usées et leur réutilisation. Ce qui peut contribuer
au développement une filière industrielle complète intégrée qui couvre l’écosystème des métiers de
l’eau-environnement-déchets et qu’il convient d’inscrire dans le cadre du plan d’accélération
industrielle lancé en 2014

Secteur de l’énergie :

Le Maroc a élaboré en 2009 la Stratégie Energétique Nationale (SEN) basée sur un mix énergétique en
vue de de réduire sa dépendance énergétique à l’international. Par ailleurs, le secteur de l’énergie
représente le plus grand potentiel d’atténuation des émissions de GES (36% des émissions de CO2
proviennent du secteur de l’énergie, suivi du transport 27,9% et de l’industrie 14,7%).
Dans le cadre de la SNE, les énergies renouvelables représenteront 42 % de la capacité électrique
installée d’ici 2020, ce qui permettra d’éviter l’émission de 3,7 millions de tonnes équivalent CO2 / an
(pour le solaire) et 5,6 millions de tonnes de CO2/an pour l’éolien. En outre, le Maroc s’est doté
d’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (RESEN), pour assurer un niveau élevé
d’intégration industrielle dans les nouvelles filières des énergies renouvelables.
Toutefois, on note que des pesanteurs persistent et entravent l’accélération de la mise en œuvre de la
stratégie énergétique nationale et la concrétisation de son potentiel d’atténuation des GES, à savoir:
• Une très faible avancée dans la mise en œuvre de la stratégie nationale d’efficacité
énergétique
• Absence d’outils institutionnels pour la création d’un marché régional intégré d’export
d’électricité verte
• Absence de stratégie nationale claire pour la valorisation du potentiel d’énergie à partir de
biomasse en synergie avec le Plan Maroc Vert et le plan national des déchets ménagés
• Non exploration du potentiel de production de l’éolien offshore et de la géothermie.
• Non publication des textes d’application de la loi 13.09 relatifs aux modalités techniques et
financières du raccordement au réseau et des modalités de commercialisation, de transport
et d’export de l’énergie électrique d’origine renouvelable produite
• Manque d’articulation entre l’ambition de développement de l’intégration industrielle des
énergies renouvelables et le plan national d’accélération industrielle pour en faire un point
d’appui pour l’export vers l’international et notamment vers l’Afrique.

Secteur de l’agriculture :

Le plan Maroc vert (PMV) a inscrit la dimension climatique au niveau de deux volets interdépendants:
• Évaluation de la vulnérabilité du pilier II et mise en place d’une politique d’adaptation aux
impacts du changement climatique
• Atténuation des émissions des gaz à effet de serre via la mise en œuvre de mesures de
développement à faible teneur en carbone.
Par ailleurs, l’agence de développement de l’agriculture (ADA) a été accréditée par le Fond
d’adaptation et a réussi ainsi à décrocher un don de de 90 millions de dirhams pour financer le projet
«Projet d’Adaptation aux Changements Climatiques dans les zones oasiennes, PACC-ZO ».
Ce constat mérite cependant d’être nuancé par les points suivants :

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• Les études approfondies de vulnérabilité climatique et les mesures d’adaptation du secteur
agricole réalisées sont plutôt axées sur les zones et les projets du pilier II du PMV.
• Besoin de mettre en place une vigilance et une vielle scientifique climatique dans le PMV pour
assurer une adaptation planifiée et pérenne dans le temps du secteur agricole aux effets
potentiels du dérèglement climatique.
• Le Maroc souffre du gaspillage alimentaire dont les pertes en post-récoltes (fruits et légumes)
sont évaluées entre 20 et 40%.

Aménagement du territoire, urbanisme et habitat

Le Schémas national de l’aménagement du territoire (SNAT), élaboré en 2004, a pris en compte le


risque climatique dans ses orientations. Il a également permis l’identification des territoires sensibles
au changement climatique (le littoral, les montagnes, les oasis) et la mise en place d’une stratégie et
des programmes de développement des espaces des oasis pour améliorer leur adaptation au
dérèglement climatique et la lutte contre la désertification et la sécheresse.

Par ailleurs, on observe l’implémentation de quelques bonnes pratiques en matière d’intégration de la


dimension climatique, à savoir :
• Intégration des principes de développement durable dans deux villes nouvelles Chrafat et
Zenata.
• Mise en place du Code d’Efficacité Energétique dans le Bâtiment qui vise à intégrer la
réglementation thermique dans les techniques de construction pour les bâtiments résidentiels
et tertiaires
• Lancement du PNA et du PNDM, qui a permis aux agglomérations urbaines de contribuer à
l’atténuation des GES via la valorisation énergétique des déchets et la production de biogaz
(ex : STEP de Marrakech, STEP de Fès…).

Toutefois, on remarque l’absence d’une démarche structurelle pour la prise en compte du risque
climatique au niveau de l’aménagement des territoires, de développement des villes et des
constructions dues essentiellement aux points suivants :

• Non prise en compte du risque climatique dans le processus d’élaboration des SRAT et des
Plans de Développement Régionaux
• La loi n°81.12 relatif au littoral n’intègre pas d’une manière explicite les mesures d’adaptation
et d’atténuation du dérèglement climatique sur les activités urbanistiques, économiques et
sociales développées au niveau du littoral.
• Faible connaissance du profil de vulnérabilité climatique spécifique à chaque région du Maroc
• Manque de sensibilisation et formation des élus régionaux sur le risque climatique et ses
répercussions sur le développement économique social et environnemental des territoires
• Le projet de loi n°50.13 sur l’aménagement du territoire ne mentionne pas de manière
explicite la prise en compte du risque climatique en amont du processus d’élaboration des
SNAT, du SRAT et du SOFA.
• Faible prise en considération du risque climatique dans la planification urbaine SDAU, PAU,
PDU
• Le système des dérogations aux documents d’urbanisme aggrave les effets du changement
climatique
• Problèmes d’application des dispositions du code d’efficacité énergétique dans le bâtiment
liés à la non formation des techniciens des communes à ces nouvelles exigences

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• Absence de normes spécifiques au Maroc dans le domaine de constructions de haute qualité
environnementale et énergétique

Conclusion : la capacité de résilience climatique des villes et des territoires n’est pas suffisamment
développée par manque de maitrise des répercussions du dérèglement climatique sur le
développement urbain et le manque de sensibilisation des élus locaux à ce sujet.

V. Analyse du cadre de Gouvernance de la politique Climat du Maroc


Après le Sommet de Rio, en 1992 et depuis la signature de la CCNUCC, le Maroc a mis en place des
mécanismes de concertation intersectorielle, mais des progrès restent à faire pour achever un cadre
de gouvernance efficace. Le défi principal d’une politique climat relève de son caractère transversal.
Plusieurs années après leur initiation, les structures de gouvernance ont encore très souvent un
caractère ad hoc ou expérimental, et leur potentiel sous-utilisé. Le Maroc peut rapidement adopter un
cadre institutionnel qui lui permettra, à travers une approche formalisée, de mieux coordonner et de
renforcer les politiques d'adaptation et d'atténuation. La définition du pilotage opérationnel reste une
étape préalable pour définir un cadre législatif et institutionnel et des structures opérationnelles
adéquates.

Avancées et réalisations sur le plan institutionnel au Maroc

Depuis plus de deux décennies, l’environnement institutionnel du Maroc a fait preuve d’une
multiplication d’instances de concertation qui touchent à des thématiques environnementales
directement ou indirectement liée à la problématique du changement climatique.

Le Maroc s’est doté d’un Conseil National de l’environnement (CNE) pour la définition, la mise en
œuvre et le suivi de la politique environnementale approuvée par le Gouvernement et le Parlement.
Un Département de l’Environnement a été créé au sein du gouvernement. Le ministre en charge de
l’environnement préside le Conseil National de l’Environnement.
Différents conseils et comités intervenant dans la concertation et la définition de politiques publiques
ont vu le jour dans des domaines connexes à la politique climatique, tels que le Conseil Supérieur de
l’Eau et du Climat (CSEC), le Conseil Supérieur de l’Aménagement du Territoire (CSAT) et le Comité
Interministériel pour l’Aménagement du territoire (CIAT). En parallèle, plusieurs départements
sectoriels ont intégré des objectifs de politique climatique dans leurs activités.

La Constitution de Juillet 2011 a institué le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE), en


tant qu’organe chargé de missions consultatives auprès du gouvernement, de la chambre des
représentants et de la chambre des conseillers, donnant son avis sur les orientations générales de
l’économie nationale et du développement durable, de la régionalisation et sur toutes les questions
économiques, sociales et gouvernementales.
Le Département de l’Environnement coordonne la réponse du Maroc à ses engagements auprès de la
CCNUCC. Sur le plan opérationnel, il organise la participation du Maroc aux négociations climatiques
et aux réunions de la Convention Cadre des Nations Unies. Il coordonne l’élaboration des
Communications Nationales au titre de la CCNUCC. Il conduit la concertation entre les établissements
publics sur les questions climatiques au niveau national et international. Il conduit des actions
d’information, de sensibilisation, de formation et d’éducation sur les changements climatiques.

Pour assurer sa fonction de vis-à-vis de la CCNUCC, le Département de l’Environnement a encouragé la


mise en place de structures institutionnelles. Sur la base des recommandations de la Conférence des

12
Parties, il a engagé la mise en place d’organes chargés des différents aspects la politique climatique,
selon un concept inspiré de la structure même de la CCNUCC :
• Le Comité National sur les Changements Climatiques (CNCC) : organe de coordination
interministérielle.
• Le Comité National Scientifique et Technique sur les Changements Climatiques (CNSTCC) : il
représente l’instrument de conseil scientifique et technique national concernant le
changement climatique.
• L’Autorité Nationale Désignée MDP (AND MDP) a été créée par décret ministériel en 2002 : est
logée dans le Service Changement Climatique (SCC) du Département de l’Environnement.

Les actions des différents départements en matière de politique climatique ont connu des avancées,
notamment dans la gestion de l’information et dans la gestion des risques grâce notamment à
l’implication des institutions scientifiques comme la Direction de la Météorologie Nationale (DMN), le
Centre Royal de Télédétection Spatiale (CRTS), la Direction Générale de l’Hydraulique (DGH) et des
Instituts et Centres de recherche.

En matière de gestion des risques naturels, un dispositif plus réactif face aux évènements extrêmes en
progression a été mis en place. Les inondations et les catastrophes naturelles ayant intéressé certaines
régions au cours de la période 2008-2010, le Groupe de Travail sur la Gestion des Risques et des Crises
(GTGRC), récemment crée au sein du Ministère de l'Intérieur, a procédé à une approche globale basée
sur des mesures stratégiques, proactives et réactives. L’aspect stratégique a été renforcé par la
création du Fonds de Lutte contre les Catastrophes Naturelles (FLCN).

Une approche régionale est en cours de développement mais rencontre beaucoup d’entraves. Le
département de l’environnement s’est doté d’observatoires régionaux de l’environnement et de
développement durable et de directions régionales. Ces organes seront des maillons clés de la
coordination intersectorielle et territoriale de la déclinaison territoriale du Plan national de lutte
contre le réchauffement climatique (PNRC) sous forme de Plans Territoriaux de lutte contre le
Réchauffement Climatique (PTRC). Le département de l’environnement a lancé une première
expérience pilote, dans la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaers. Les conditions institutionnelles de
mise en œuvre des PTRC apparaissent favorables suite à l’accélération du processus de régionalisation
avancée et de décentralisation dans le sens de d’une plus grande responsabilisation et d’un
élargissement des prérogatives des élus locaux et des nouveaux rôles constitutionnels des associations
de la société civile dans la participation à l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques de
développement nationales et régionales.

Contraintes liées à une gouvernance efficiente de la politique climat au Maroc

Les atouts et les faiblesses des structures de coordination existantes peuvent être résumés dans les
points suivants:
• Focus efficace sur la réponse aux engagements internationaux du Maroc, mais faible rôle dans
l’examen des implications internes du changement climatique, ni à niveau de la mobilisation
des résultats scientifiques (CNSTCC) ni de la définition des politiques (CNCC);
• Manque de lien entre structure de concertation (CNCC) et prise de décision stratégique
(Ministères), qui se manifeste entre autre par une participation des différents Départements
au CNCC qui relève « du bon vouloir » au lieu d’une démarche coordonnée et formelle liant
l’action des différents départements. Cela aussi entraine une discontinuité dans la
participation des personnes désignées par les différents Départements et des délibérations
qui n’engagent pas les différents Départements représentés ;
• Faible capacité de mobilisation des compétences scientifiques existantes au Royaume ;

13
• Les structures crées ne disposent pas de statut clairement défini ni d’un système de
mobilisation incitatif leur assurant la participation et une pleine collaboration des
intervenants ;
• Faible mobilisation et accompagnement des associations de la société civile actives dans les
domaines de développement durable et de lutte contre les changements climatiques.
• Manque d’une fonction de dialogue efficace et de sensibilisation de l’opinion publique, qui
puisse impliquer les institutions publiques responsables, les collectivités territoriales, les
institutions et les membres de la communauté académique et les organisations de la société
civiles, associations professionnelles et associations citoyennes. Dans ce sens le centre de
compétences de changement climatique (4C) récemment crée devrait contribuer à lever cette
lacune.
Aucune structure dédiée à la politique climatique n’existe au sein des autres Départements
ministériels, à l’exception de la direction Changement Climatique du Département de
l’Environnement.

La couverture de l’ensemble du territoire par un dispositif de politique climatique passe également par
le renforcement des unités chargées de la coordination de la politique climat au niveau central,
sectoriel et territorial. Cette fonction implique l’existence d’une structure institutionnelle opérant en
réseau avec les départements publics, avec les institutions techniques et scientifiques et avec les
acteurs territoriaux. Cette structure doit être polyvalente, car elle doit assurer la coordination de
l’établissement des indicateurs d’émission de GES et de vulnérabilité de l’environnement au
changement climatique, de la définition et de la mise en œuvre des projets, de la mobilisation des
financements, de la sensibilisation et de la communication, du suivi et de l’évaluation des mesures et
programmes de la politiques climat.

La politique climat nécessite un fort leadership, car elle passe par un large exercice de mise en
convergence des politiques publiques. C’est sur le plan du financement et du dispositif incitatif que la
coordination des politiques publiques dans le cadre d’une politique climatique intégrée est le plus
indispensable. Les choix doivent être effectués entre investir dans des sources d’énergies nécessitant
une immobilisation immédiate de capital fixe et la réduction progressive de dépenses courantes, et
continuer à supporter des dépenses courantes coûteuses à long terme, avec une faible immobilisation
de capital à court terme. De tels choix appellent un large effort de concertation et de planification. La
politique climat commande une reconsidération du modèle de croissance et une réadaptation du
cadre infrastructurel. Elle est une rupture avec le modèle de développement actuel, et ne peut ainsi
être réalisée sans que soit mis en place un leadership fort capable d’amener l’ensemble des décideurs
à coordonner leurs efforts autour d’un objectif commun.

Une gestion parallèle sectorielle climatique dénuée de pilotage opérationnel central risque de créer
des redondances institutionnelles et des incohérences stratégiques. Ainsi, la première mission du
pilotage opérationnel est de veiller à l’intégration du risque climatique et des objectifs de la politique
climat du Maroc dans les différentes politiques publiques et notamment sectorielles conformément
aux exigences de la Loi Cadre n°99.12 portant charte nationale de l’environnement et de
développement durable et aux orientations de la stratégie nationale de développement durable.

VI. Identification des contraintes et des opportunités liés à la mise en


œuvre de la politique nationale de lutte contre les changements
climatiques

Menaces pour le Maroc

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• Déficit de gouvernance institutionnelle cc au niveau des pouvoirs publics : multiplication des
intervenants et déficit de coordination: ministère délégué chargé de l’environnement: point
focal, min intérieur, Ministère des affaires étrangères, HCEFLCD, min énergie et des mines,
DMN, ADA: point focal du fonds CC, Ministère de l’aménagement du territoire et de
l’urbanisme, min eau, etc.
• Contribution de chaque Département à sa manière au Plan Climat avec ses propres échéances
; les départements souffrent d’un manque de coordination.
• Les impacts du changement climatique sur la forêt, le littoral, la pêche, l’industrie, le tourisme
et les établissements humains n’ont pas encore fait l’objet d’études spécifiques.
• Existence d’un guide sur l’élaboration des plans climat territoriaux mais peu de plans ont été
élaborés.
• Faible participation et consultation des ONG par les pouvoirs publics dans les processus
décisionnels de conception et d’élaboration de la politique nationale et des programmes
relatifs aux changements climatiques et du processus d’élaboration de l’INDC Maroc
• Insuffisance des compétences nationales qualifiées dans les domaines de changements
climatiques et retard enregistré dans l’activation du 4C
• Vulnérabilités du Maroc aux changements climatiques à l’horizon 2020 : augmentation de la
température moyenne annuelle ; réduction moyenne du volume annuel des précipitations de
l’ordre de 4 % en 2020 ; augmentation de la fréquence et de l’intensité des évènements
climatiques extrêmes ; baisse moyenne et générale des ressources en eau de l’ordre de 10 à
15 %.
• Faiblesse de la prise en compte des résultats dispositif de vigilance climatique dans le circuit
de prise de décision
• Dispositif de gestion des crises et des catastrophes naturelles perfectible et absence de
mécanisme de Knowledge risk management
• Faiblesse de la R&D climatique due à l’absence d’incitation dans ce domaine et de statut de
chercheur
• Absence de la prise en compte du CC dans les SRAT des régions conformément au SNAT et
absence de cc et dd dans les lois organiques de la régionalisation avancée 111.15 112.15 et
113.15
• Retard dans la mise en place de la stratégie nationale d’efficacité énergétique et absence des
décrets d'application de la loi 47.09relative à l’efficacité énergétique
• Retard dans la libéralisation et la généralisation effective de la production d'électricité
d'origine ER de moyenne et petite puissance loi 13.09
• Faible exploitation par le Maroc des mécanismes de financement des projets de réduction des
GES et notamment le MDP contrairement à d’autres pays.
• Les impacts du changement climatique sur la forêt, le littoral, la pêche, l’industrie, le tourisme,
les flux migratoires et déplacements des populations et les établissements humains n’ont pas
encore fait l’objet d’études spécifiques et approfondies.
• Impact du changement climatique sur la santé ne fait l’objet d’aucun plan d'actions
préventives: apparition de nouvelles maladies, …
• Les impacts du changement climatique sur la performance de l’agriculture, les ressources
biologiques, forestières auront des conséquences sur la population.

Opportunités pour le Maroc

• Le potentiel de marché de l'économie verte, notamment celle appliquée aux ressources


hydriques et au littoral, en termes de création d'emplois et de de revenus dans plusieurs
secteurs d'activité, offre au Maroc l'opportunité d'accélérer son émergence économique.

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• Les possibilités de financement dans le cadre des mécanismes de coopération Internationale,
qui contribueraient à soutenir l'effort national d’adaptation au changement climatique et à
bénéficier des transferts de savoir et savoir-faire dans le domaine du climat.
• Le développement des énergies renouvelables en tant que filière d'avenir, qui permettrait au
Maroc d'atténuer le poids de la facture énergétique sur les finances publiques et sur la
balance commerciale.
• L’appel à une gouvernance climatique mondiale assumée par l'ensemble des pays du globe,
qui offrirait au Maroc l'opportunité de se positionner favorablement en la matière.
Les actions menées par le Maroc s’inscrivent dans le cadre des négociations internationales
sur le climat (CCNUCC).
• Opérationnalisation de la régionalisation avancée avec des prérogatives et des rôles
importants alloués au Conseil régional et aux associations de la société civile,
• Le Département de l’Environnement appuie les projets avec financement MDP. Les
mécanismes du protocole de Kyoto seront remplacés par de nouveaux mécanismes qu’il
faudrait mettre à profit.
• Opportunités de lutter contre le réchauffement climatique au niveau régional (régionalisation
avancée / SRAT) et local (plan climat).
• Mise en place d’un fonds vert et d’un plan des investissements Verts
• Grandes opportunités de développement économiques et sociales des régions à travers les
actions de lutte contre les CC et notamment les actions d’adaptation et d’atténuation
• Grandes opportunités de création de nouveaux emplois verts et de nouveaux défis
d’employabilité et notamment dans le créneau des éco-villes et des smart villes en vue d’avoir
des villes résilientes au réchauffement climatique,
• Prise en compte du changement climatique dans la Stratégie santé et les programmes AGR de
l’INDH-Action menées par ces programmes.
• Le Plan climat prévoit: le développement du système de surveillance épidémiologique, le
renforcement des programmes de lutte contre les maladies sensibles au climat, le
renforcement de la collaboration intersectorielle et du partenariat avec le secteur privé et la
société civile.
• Bâtiments (lampes à basse consommation (LBC), matériaux d’isolation, solaires thermiques
basse température (1 360 000 m2 d’ici 2020), PV et pompes solaires).
• Les actions de reforestation contribuent à l’atténuation : le Plan Directeur de Reboisement
(PDR) réalise le reboisement de 50 000 ha/an jusqu’en 2013 et 1 million d’hectares à l’horizon
2030.
• La mise en œuvre du Plan d’Action National de Lutte Contre la Désertification (PANLCD)
concourt à l’adaptation aux changements climatiques.
• Projet de loi pour mise en œuvre d’une gestion intégrée des zones côtières et leur adaptation
à l’élévation du niveau de la mer.
• Opportunités importantes offertes à la société civile pour accompagner la mise en œuvre de la
politique internationale et nationale de lutte contre les changements climatiques.
• Lancement du projet de Centre de compétences Changement climatique 4 C Maroc,
• La réussite de l’organisation de la COP 21 à Paris et la COP 22 au Maroc en 2016.

VII. Contribution INDC et développement de la finance climat

Le Maroc a été parmi le deuxième pays africain et le premier pays arabe a déposé sa contribution
INDC, le 2 juin 2015, conformément aux conclusions de l’accord de la COP19 tenue à Varsovie. Les
engagements pris dans ce cadre, affichent un objectif de réduction de 32% des émissions de GES à
l’horizon 2030 avec un montant d’investissements de 45 milliard de dollars.

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Cet enveloppe global est constitué de 13% (10 milliard $) financé par le Maroc et 19% conditionné (35
milliards $) par des financements internationaux et notamment ceux issus du fonds vert mondial (3
projets en cours) ainsi que le renforcement des capacités et le transfert technologique. La répartition
des objectifs de l’INDC Maroc peuvent être répartis comme suit :

Source : Ministère délégué chargé de l’environnement


Objectif de réduction INDC des
Secteur Emissions GES
GES
Energie 56,50% -50%
Agriculture 21% -26%
Industrie 10% -1%
Déchets solides 8% -18%
Forêts 4% -5%
L’INDC Maroc couvre également l’amélioration de la capacité d’adaptation au dérèglement climatique
avec un budget de 2.5 milliards de dollars à l’horizon 2030.

Cependant, on note, d’une part, que les mesures relatives au volet d’adaptation sont restés générales
et méritent plus de précision et, d’autre part, que le processus d’élaboration de l’INDC s’est déroulé
sans la consultation des associations locales et nationales actives dans les domaines de
développement durable et du climat, ni les collectivités territoriales ni des entreprises du secteur privé
pour recueillir leurs remarques et favoriser leurs appropriation des engagements prises dans l’INDC.
Concernant la position officielle durant les conférences des parties sur les changements climatiques
(COP), le Maroc plaide pour l’urgence d’agir, en insistant sur le respect du principe d’équité, de
responsabilité commune et différenciée des pays, les capacités respectives, la coopération bilatérale
et multilatérale pour l’atténuation et l’adaptation aux effets du dérèglement climatique à travers le
renforcement des moyens financiers conséquents et le transfert des technologiques.

Toutefois, on constate un certain nombre de déficit qui limitent l’efficacité l’action de la délégation
officielle chargée des négociations climatiques internationales. A cet on observe :

• des niveaux de responsabilité variés des représentants des départements ministériels de


la délégation marocaine.
• un changement fréquent de quelques membres représentant les départements
ministériels et ce qui empêche l’accumulation de l’expérience et la spécialisation de la
personne désignée.
• La distribution des rôles des membres composant la délégation officielle n’est pas
suffisamment claire
• Un faible accompagnement juridique et technique et d’outils de négociation
internationale des membres de la délégation
• Une faible représentation des experts financiers climat dans la délégation
• Une faible intégration de la problématique climatique dans les discours officiels des autres
départements ministériels et notamment dans la politique étrangère et les discours des
représentants les secteurs productifs.
• Une faible participation des ONG nationales et des réseaux d’associations structurés actifs
dans les domaines de changement climatique et de développement durable dans les
instances de négociations climatiques internationales alors que le tissu associatif est

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considéré par tous les pays comme la première force de pression et de proposition et une
composante essentielle dans la diplomatie climatique au niveau mondial.
• La quasi-absence de la diplomatie parallèle en matière de climat et notamment au niveau
des ambassadeurs, des parlementaires, des élus locaux et du secteur privé.

D’autre part, le Maroc n’émet que 0.2% des émissions mondiales de GES, alors qu’il se positionne
comme un leader dans les efforts d’atténuation des GES et particulièrement à travers ses programmes
ambitieux et ses investissements importants dans les énergies renouvelables d’origine éolien et
solaire. Or le Maroc est parmi les pays les plus concernés par des actions en matière d’adaptation à
cause de son niveau très élevé d’exposition aux vulnérabilités climatiques, notamment, dans les
secteurs de l’eau, de l’agriculture et des territoires sensibles et fragiles (littoral, oasis et montagnes).
Ce contraste généré une incohérence avec les enjeux climatiques stratégiques du pays et son
positionnement à l’international et notamment au niveau des choix de ses alliances avec les autres
groupements des pays en voie de développement qui sont vulnérables aux effets du dérèglement
climatique.

En ce qui concerne la mobilisation de financement vert, si on exclut les grands groupes privés et
institutions publiques qui investissent dans les énergies renouvelables et l’agriculture résiliente, les
autres acteurs collectivités territoriales et PME n’ont pas pu lever de capitaux climat et notamment
dans le secteur de l’efficacité énergétique.

La perspective de conclure un accord international ambitieux et contraignant sur le climat lors de la


COP 21 à Paris, offre alors un environnement favorable pour réactiver d’urgence la mobilisation du
potentiel des financements verts via une diplomatie efficace, et surtout à l’occasion de l’organisation
de la COP 22 à Marrakech et inscrire son modèle de développement dans la durabilité et la résilience
aux changements climatiques.

VIII. Recommandations pour rendre efficace la politique nationale climat du


Maroc:

1. Renforcer l’efficience de l’architecture institutionnelle climatique.


Les politiques publiques, ainsi que les programmes et les projets qui en découlent, devraient être
astreints à une exigence de conformité climatique. L’établissement d’une loi et de règlements
définissant les mandats des acteurs de la politique climat rendrait leur action mieux coordonnée et
structurée.

2. Renforcer le dispositif d’information pour assurer une meilleure identification des


activités climatiques.
La promotion de la connaissance du terrain, du partage d’information et de la planification des
activités climatiques renforcera le dispositif de prise de décisions en s’appuyant sur les informations
les plus complètes possibles concernant les conséquences des conditions climatiques et les
interventions à entreprendre.

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3. Intégrer les enjeux climatiques dans le processus d’allocation des ressources et de
budgétisation.
L’intégration des considérations d’adaptation et d’atténuation dans les processus décisionnels
stratégiques et budgétaires permettra une meilleure utilisation des ressources. Dans ce sens, nous
proposons ici quelques actions destinés à favoriser les mesures climatiques :
• Accorder la priorité l’intégration systématique des risques climatiques dans les stratégies
sectorielles avec interventions d’adaptation.
• Mettre en place un cadre des dépenses à moyen terme (CDMT) Climat pour améliorer
l’efficience de la gestion des dépenses climatiques.
• Introduire le Document de Politique Transversale « Climat » comme outil de la budgétisation.

4. Etudier l’opportunité de la mise en place d’un Fonds Climatique National


Pour optimiser l’accès au financement climatique sur la scène internationale. L’avantage d’un tel fonds
réside dans la collecte des sources de fonds (secteurs public, secteur privé, financement bilatéraux et
multilatéraux, fonds internationaux) et leur orientation vers des projets locaux, régionaux et nationaux
de lutte contre le changement climatique favorisant les priorités nationales, la coordination de
l’ensemble des activités nationales climatique et le renforcement des capacités des parties prenantes
nationales, notamment, dans le domaine de l’accès direct au financement.

5. Actions pour une meilleure mobilisation des associations et des acteurs de la société
civile
L’état et les collectivités territoriales sont appelés à contribuer réellement à la mise en œuvre du
contenu de la constitution relatif à la participation de la société civile dans l’encadrement, le
développement local et surtout la participation à l’élaboration ; la mise le suivi et l’évaluation des
politiques publiques, dans différents domaines et principalement dans le domaine de développement
durable et de lutte contre changement climatique. La reconnaissance, le renforcement et la
dynamisation de ces rôles doit se traduire par :

• une reconnaissance de leur représentativité et en encouragent la création des réseaux


d’associations dans les domaines de changement climatiques au niveau régional et national.
• Une amélioration de leur accès à l’information environnementale et l’accélération de la
publication de la loi sur le droit de l’information et notamment l’information
environnementale,
• Une instauration puis institutionnalisation d’un dialogue vertical constructif périodique entre
les acteurs étatiques, les collectivités territoriales et les acteurs de la société civile sur les
questions de CC et DD.
• Une mise à leurs disposition des moyens techniques et financiers nécessaires (à l’instar des
parties politiques et des syndicats) au renforcement de leurs capacités, leurs
professionnalisme, l’instauration d’un dialogue horizontal entre eux, les doter des moyens
pour mobiliser les experts nécessaires qui peuvent les accompagner pour l’étude et l’analyse
les politiques et des programmes publics en matière de CC afin de jouer convenablement leurs
rôles constitutionnels.
• un renforcement des mécanismes d’incitation et de contractualisation entre les associations,
l’État et les autres partenaires.
• une implication des associations et des réseaux actifs dans les domaines de changements
climatiques et de développement durable (efficacité énergétique, gestion et économie
d’eau..) dans le processus de discussion du projet de SNDD et d’élaboration des
communications nationales et des engagements du Maroc en matière de climat.

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IX. Recommandations pour réussir l’organisation de la COP 22 au Maroc:
L’organisation de la COP22 au Maroc en 2016 est une grande occasion qui permettra au Royaume de
se placer au cœur de de l’actualité internationale et de la diplomatie internationale. Il est
recommandé de:
1. Instaurer des fondements d’une diplomatie climatique nationale efficace, capable de défendre
ses intérêts stratégiques au niveau international et régional sur la base de trois axes
stratégiques :
• Sécurité des populations et des biens, d’approvisionnement en eau et en énergie,
alimentaire et sanitaire,
• Efficacité économique des territoires,
• Réduction de la pauvreté et création des emplois décents.
2. Professionnaliser l’organisation de la délégation diplomatique climatique nationale à travers la
sélection de ses membres en relation avec les thématiques des changements climatiques. Il
est également judicieux de renforcer les capacités des membres dans les domaines juridiques
et dans les techniques des négociations climatiques internationales et de la synergie entre les
départements ministériels concernés.
3. Organiser la participation des représentants des ONG nationales, des organisations syndicales,
du secteur privé et des parlementaires dans la délégation diplomatique climatique nationale
et dans l’élaboration des communications nationales sur les changements climatiques.
4. Améliorer l’impact des efforts fournis par la diplomatie climatique nationale, en cohérence
avec les intérêts et les causes nationales, via une participation active et efficace dans les
groupes des pays dont le Maroc fait partie et à travers l’exploration de nouvelles alliances
internationales pertinentes au niveau africain et arabe.
5. Mettre en avant l’action diplomatique nationale afin de faciliter les négociations climatiques
internationales entre les parties:

Il est important de défendre les intérêts des pays du sud et ceux des pays africains dans le
processus des négociations des parties prenantes pour une position qui rend obligatoire et
opposable le protocole d’accord prévu lors de la COP 21 à Paris par l’ensemble des
gouvernements et parlements engagés dans la convention cadre. Il faudra alors se baser sur le
retour d’expérience du processus d’opérationnalisation du protocole de Kyoto (ce protocole a
pris 8 ans pour qu’il soit approuvé par les parlements des pays). Dès lors, nous proposons
d’organiser lors de l’année 2016 dans le cadre de l’organisation de la COP 22, en concertation
avec le gouvernement français, le sommet international des parlements du monde pour les
préparer à acter le nouveau protocole qui sera conclu à Paris.

6. Promouvoir et valoriser les initiatives climatiques individuelles et collectives de l’ensemble des


composantes de la société civile
7. Présenter l’exemplarité du Maroc et de ses composantes de la société civile opérant dans le
domaine.
8. Assurer une forte mobilisation des territoires et des conseils régionaux et communaux à
travers des manifestations et des projets concerts réalisés en matière d’adaptation et
d’atténuation des effets de changement climatique.
9. Mise en valeur du capital immatériel du Maroc et notamment son patrimoine culturel.
10. Profiter de la COP22 pour lancer une réelle sensibilisation de la population mais aussi des
décideurs. Chaque ministère doit être impliqué et s’approprier véritablement le sujet du
changement climatique afin de l’intégrer dans les stratégies sectorielles et de bénéficier du
financement international existant.

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