COURS Droit Pénal Spécial 2019-2020
COURS Droit Pénal Spécial 2019-2020
COURS Droit Pénal Spécial 2019-2020
République du Niger
Université de Tahoua
Faculté de Droit, d’économie et de Gestion (FADEG)
Département droit
Chargé du cours : Dr Ib
Introduction
Introduction générale
Le cours de droit pénal spécial est le prolongement du cours de droit
pénal général. Celui-ci fixe le contexte de la commission de
l’infraction, après avoir préalablement précisé la notion même de
l’infraction, ses caractères, ses conditions, sa sanction etc…
Le droit pénal spécial est un droit concret, parce qu’il étudie chaque
infraction de façon concrète, individuelle afin de définir ses éléments
constitutifs, de dégager sa structure et de définir ses concepts. Il existe
donc un rapport entre le droit pénal spécial et le droit pénal général.
Pour comprendre ce rapport, il faut considérer l’intervention de l’Etat
dans la réaction sociale contre l’acte infractionnel et le délinquant.
L’Etat fixe les règles générales en étudiant le comportement criminel
dans son ensemble, alors que le droit pénal spécial s’occupe du
comportement de chaque individu en considérant les faits qu’il pose en
ce qu’ils sont constitutifs d’une infraction précisée. Nous étudierons
successivement la nature juridique du droit pénal spécial (I), l’intérêt
de l’étude du droit pénal spécial (II) et les sources du droit pénal
spécial (III).
I. La nature juridique du droit pénal spécial
Le droit pénal spécial relève-t-il du droit public ou du droit privé ? Si
cette classification est pertinente, on doit pouvoir rattacher le droit
pénal spécial soit au droit public soit au droit privé.
A. La doctrine qui soutient le rattachement du droit pénal spécial au
droit public avance les arguments ci-après :
- Le droit pénal est un droit d’ordre public en ce sens qu’il ne peut être
que l’expression des institutions publiques.
En tout état de cause, entre ces deux écoles, il y a une autre tendance
doctrinale qui a pris beaucoup d’ampleur et qui reconnait au droit
pénal un caractère mixte.
C. La jurisprudence
Son rôle est très faible en matière pénale. En effet, une décision
judiciaire prise en matière pénale, est moins autoritaire, car, elle ne
commande pas mais recommande qu’on la suive. Le juge a moins de
pouvoir car, il ne peut créer des incriminations et il ne peut
qu’appliquer celles qui existent, par la volonté de la loi. Au total le rôle
du juge ici consiste tant à plus interpréter la loi.
D. La doctrine
Il faut voir dans la doctrine une simple autorité que le législateur et le
juge peuvent à leur gré suivre ou ne pas suivre. Les auteurs ne peuvent
donc qu’inspirer le juge et le législateur.
Au total plus de 300 infractions ont été prévues par le code pénal du
Niger. Il ne nous parait pas possible de les envisager toutes dans le
cadre d’un cours de 30h.
Nous contenterons cependant d’étudier celles qui paraissent les plus
courantes à travers trois chapitres.
Le 1er traite des crimes et délits contre la propriété ; Le 2e sera axé sur
certaines atteintes contre les personnes et enfin le 3e traitera de
certaines infractions contre les mœurs.
Chapitre premier : les crimes et délits contre la propriété ou les atteintes aux
biens
L’atteinte aux biens peut intervenir dans beaucoup de cas. Mais, dans tous
les cas elle entrainera un appauvrissement de la victime. Elle se présente comme
une violation purement juridique du droit de propriété, tantôt comme une menace
matérielle contre l’intégrité de la chose sans aucune idée d’appropriation. Mais un
élément commun existe dans toutes ces infractions c’est l’atteinte à la propriété.
Cette atteinte au droit de propriété est sanctionnée qu’elle que soit la composition
du patrimoine de la victime. L’insécurité de la vie en société qu’il faut combattre
porte autant sur le droit à la vie que sur le respect des choses acquises avec peine
(difficilement). Cependant, si toutes les atteintes du bien entrainent un
appauvrissement du patrimoine de la victime, il n’y’a pas pour autant toujours
enrichissement de l’auteur. Il en est ainsi notamment des destructions et
dégradations. Ces infractions du droit commun qu’on peut regrouper sous la
qualification d’appropriation frauduleuse incriminent des comportements
délictueux qui peuvent être commis par toute personne, même si certains auteurs
soutiennent que la vie des affaires demeure un terrain privilégié pour le
contentieux des appropriations frauduleuses. Dans tous les cas, ces infractions sont
constituées, même si il n’y’a pas eu profit pour les auteurs. En tout état de cause,
les atteintes au droit de propriété sont nombreuses. Nous nous contenterons de
certaines d’entre elles seulement, à savoir le vol (s1), l’escroquerie (s2), l’abus de
confiance (s3) les filouteries (4), l’émission des chèques sans provision (5) et les
recels (s6).
Section1 : Le vol
Outre l’article 306 du code pénal portant définition du vol, dans ses éléments
constitutifs, de nombreux articles du même code fixent non seulement les peines
du vol simple mais aussi les peines des vols aggravés ou qualifiés, tandis que
l’article 342 traite des immunités légales applicables aux soustractions commises
dans la famille.
Délits instantané, le vol est consommé par l’acte matériel que constitue la
soustraction de la chose. Selon la jurisprudence, « il n’y’a vol dans le sens de la
loi que lorsque la chose objet passe de la possession du légitime détenteur
dans celle de l’auteur du délit, à l’insu et contre le gré du légitime
propriétaire » (crim.8 janvier 1979). Soustraire, c’est donc prendre, enlever, ravir,
usurper la possession, retirer quelque chose à quelqu’un contre son gré.
D’une manière générale, « s’il est vrai que la loi pénale n’atteint pas celui qui,
sans l’autorisation du propriétaire utilise même abusivement de la chose
d’autrui, il y’a vol au contraire, lorsque l’appréhension a eu lieu dans des
circonstances telles qu’elles révèlent l’intention de se comporter, même
Le vol ne doit avoir pour objet qu’une chose possible à voler et être approprié.
Mais, la circonstance que la chose qui aurait été soustraite serait une marchandise
illicite et hors commerce est sans incidence sur la qualification de droit commun.
A : la qualification de la chose
De même, les biens mobiliers incorporels ou droits ne peuvent faire l’objet de vol.
Il en est ainsi du fonds de commerce ou droit de créance mais la soustraction de
l’écrit les constatant est un vol. Par ailleurs, faute de support matériel la soustraction
des données ne peut être qualifiée de vol.
Par ailleurs, le gaz l’eau et l’électricité peuvent faire l’objet de vol (crim. 11
octobre 1979). En effet, c’est un vol qui peut se quantifier au moyen d’un compteur
que l’auteur manipulera ou modifiera pour recevoir une quantité d’’eau, de gaz ou
d’électricité. Il en est de même de branchement clandestin, en cas de coupure
d’eau ou d’électricité ou de gaz. A titre d’exemple, la Cour de cassation française
a dans l’arrêt du 11 octobre précité rejeté le pourvoi d’un individu, qui, de
mauvaise foi, avait manipulé un compteur d’eau en vue de modifier la quantité
d’eau comptabilisée.
Pour qu’il ait vol, il est nécessaire que la chose appartienne à autrui. Peu importe
que le véritable propriétaire ne soit pas connu. Ainsi le gibier, le poisson dans l’eau
Pour que le délit de vol soit caractérisé, il faut que celui qui le commet agisse avec
intention frauduleuse. L’intention frauduleuse, c’est la fraude, le dol général ou la
conscience de commettre un acte illicite, en se rendant maître d’une chose contre
le gré de son propriétaire, possesseur ou détenteur, avec l’intention de se
l’approprier ou d’en usurper la possession.
Le mobile importe peu, car le vol implique par lui-même la soustraction de la chose
d’autrui et le caractère frauduleux de cette soustraction. Ainsi, le créancier qui
soustrait les biens de son débiteur pour garantir sa créance ou pour se payer par
compensation commet un vol même si le but poursuivit est équitable. Peu importe
aussi que l’auteur de la soustraction ait retiré ou non un profit de l’opération, c’est
le cas de celui qui vole les riches pour donner aux pauvres.
des villes voisines où ils mènent joyeuse vie et revient le lendemain l’abandonner
à une centaine de mètres du lieu où il l’a prise. A cette question la chambre
criminelle a répondu par l’affirmative dans un arrêt rendu le 19 février 1959. En
effet, selon la Cour, l’appréhension a eu lieu dans des circonstances telles qu’elles
révèlent l’intention de se comporter en propriétaire. En effet, les juges ont estimé
que la restitution de la chose volée ne fait pas effacer l’infraction.
Le vol est l’une des infractions les plus courantes et ses circonstances peuvent
varier à l’infini. Il peut constituer un délit ou un crime. Ainsi, selon les circonstances
dans lesquelles il a été commis le vol peut être puni comme un crime ou un délit. Il
est donc normalement passible des peines correctionnelles, mais, il peut en raison
des circonstances aggravantes devenir un crime.
Selon l’article 307 du code pénal le vol simple sera puni d’un emprisonnement de
1 à 3 ans et d’une amende de 5000 à 100.000 francs CFA.
Le vol est dit aggravé ou qualifié lorsqu’il est réalisé selon certaines modalités qui,
prévues aux articles 308 et suivant du code pénal, font de lui un crime dont la peine
varie suivant les cas. Ces circonstances aggravantes tiennent soit à la qualité des
auteurs, soit au temps où le vol a été commis, soit au lieu d’exécution du vol, soit
aux circonstances de cette exécution.
La nuit ;
Avec port d’arme ;
La nuit ;
En réunion de 2 ou plusieurs personnes ;
Dans une habitation ou ses dépendances ;
Par effraction, escalade ou usage de fausses clés ;
Avec utilisation d’un véhicule motorisé, d’un chameau ou d’un cheval.
L’article 312 précise que lorsque le vol aura été commis avec quatre ou plusieurs
circonstances aggravantes sera puni d’un emprisonnement à vie. Si des violences
ayant laissé de traces ou des percussions, la peine de mort sera encourue.
Enfin, l’article 330 du code pénal dispose que la tentative du vol sera puni comme
le vol lui-même.
L’article 342 s’applique aux faits délictueux commis entre époux pendant le
mariage. En effet, l’immunité disparait en cas de divorce,, mais survit en cas de
séparation de corps ou décès.
L’article 342 s’applique aux faits délictueux entre ascendants et descendants qu’il
s’agisse d’une filiation légitime, adoptive ou naturelle. En outre, il faut souligner
que le tiers complice échappe lui aussi à la peine si l’auteur principal reste couvert
par l’immunité dans la mesure où le complice emprunte juridiquement la
criminalité de l’auteur principal. Par contre, la loi exclu du champ de l’immunité
les receleurs, les auteurs principaux ou coauteurs, même si l’auteur de l’infraction
est couvert par l’immunité. En tout état de cause, la mise hors de poursuite
préconisée par l’article 342 du code pénal peut faire échapper à la répression des
actes moralement et socialement graves. Il serait donc plus opportun de supprimer
cette immunité familiale pour la remplacer par une poursuite pénale subordonnée
à une plainte préalable de la victime et le retrait de la plainte met fin aux poursuites.
L’article 342 du code pénal nigérien fait état de l’atteinte à la propriété, sans donner
autre précision, eu égard aux infractions effectivement concernées. Mais, à priori
on pourrait y inclure à défaut d’atteindre toutes les infractions : le vol,
l’escroquerie, l’abus, de confiance, le recel à l’instar de l’article 515 du code pénal
burkinabé. Cependant, il ne parait possible d’envisager par rapport à toutes les
atteintes à la propriété comme l’abus des biens sociaux ou le préjudice est causé à
d’autres personnes ou le vol des matériels de la société où le conjoint est gérant,
car, les infractions lésant les intérêts des tiers ne sont pas couvertes par l’immunité.
Les infractions commises dans le cadre familial ne peuvent donner lieu qu’à des
réparations civiles. Par conséquent, les faits en pareil cas restent délictueux, mais
la poursuite criminelle est irrecevable devant le juge répressif qui doit soulever
l’exception d’office. La loi laisse expressément subsister la possibilité pour la
victime de demander des réparations civiles.
Section 2 : L’escroquerie
L’escroquerie est défini et prévue à l’article 333 du code pénal qui dispose
« Quiconque, par des manœuvres frauduleuses quelconques, se sera fait remettre
ou délivrer, ou aura tenté de se faire remettre ou délivrer, des fonds, des meubles
ou des obligations, dispositions, billets, promesses, quittances ou décharges et
aura ainsi escroqué ou tenté d’escroquer tout ou partie de la fortune d’autrui, sera
puni d’un emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende de 20.000 à 200.000
francs ».
A la lumière de cette disposition, l’on voit que le législateur nigérien n’a pas été
assez explicite dans la définition de l’escroquerie. Pour ce faire, il faudra se référer
au code pénal français à son article 919 qui dispose que, l’escroquerie est « le
fait que soit par usage d’un faux nom, d’une fausse pièce, d’une fausse réalité, soit
par l’abus d’une vraie qualité, soit par l’emploi de manières frauduleuses, de
tromper une personne physique ou morale et la déterminer ou non à son préjudice
ou au préjudice d’un tiers à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque,
à fournir un service ou à consentir un acte espérant obligations de décharge ».
Après avoir relevé les éléments constitutifs du délit d’escroquerie, nous verrons sa
répression.
Généralement, pour que le délit d’escroquerie soit constitué, il suffit que l’escroc
ait utilisé l’un des moyens suivant à savoir :
L’usage peut être verbal ou écrit, le nom utilisé peut être un nom réel, celui d’un
tiers ou simplement imaginaire.
Là également l’usage peut être verbal ou écrit. Aussi la qualité peut être réelle ou
celle d’un tiers ou tout simplement imaginaire. Le délit est constitué même si on l’a
possédé antérieurement dès lors qu’on l’a plus. Par exemple, mentir sur sa
profession ou sur ses diplômes ou alors se dire forcement commerçant alors qu’on
ne l’est pas ou qu’on ne l’est plus, douanier alors qu’on est en retraite.
L’escroquerie étant avant tout une atteinte à la fortune d’autrui, s’il n’y’a rien de
tangible à remettre, il n’y a pas d’escroquerie. Ainsi, on ne saurait escroquer les
idées à autrui. L’objet de la remise peut être des fonds, des meubles ou des
obligations, disposition, promesse, billet, quittance ou décharge. Les fonds
sont les moyens financiers, dans ce cas, il faut exclure les fonds immobiliers et les
fonds de commerce, bien que la remise soit parfaitement concevable à leur égard.
Il peut aussi s’agir des meubles, ce qui exclut les immeubles comme en matière de
vol.
La quittance ou décharge est tout acte qui donne forcement à un créancier l’illusion
d’avoir reçu son dû.
Peu importe la valeur de la chose, un souvenir ou une lettre d’amour qui n’a qu’une
valeur sentimentale peut faire l’objet d’une escroquerie, puisse qu’il y a
En tout état de cause, la remise de la chose doit être matérielle. En effet, il n’y a
pas d’escroquerie si les actes de l’escroc tendent à obtenir un service (un transport
gratuit ou un délai de paiement). La remise de la chose doit être postérieure à
l’emploi des moyens de l’escroquerie et déterminée par celui-ci.
De même, l’infraction reste constituer même si l’escroc n’a retiré aucun profit de
son acte. Enfin, il importe de souligner que l’escroquerie est un délit instantané qui
se consomme par la remise de la chose. Par conséquent, sans cette remise le délit
ne saurait être constitué.
Pour que l’infraction soit constituée, l’escroc doit avoir agi intentionnellement. Cela
signifie d’une part, que l’escroc doit avoir eu conscience d’utiliser un moyen
frauduleux et d’autre part, qu’il ait eu conscience des conséquences pour leur
victime du moyen qu’il a employé, c'est-à-dire le préjudice ou encore
l’appauvrissement.
L’abus de confiance est prévu à l’article 338 du code pénal nigérien qui dispose
que « quiconque aura frauduleusement détourné ou dissipé un meuble corporel ou
une valeur incorporelle, qui lui aura volontairement été remis à un titre
quelconque, à charge de le restituer ou d’en faire un usage déterminé… sera
coupable de délit d’abus de confiance ».
L’article 338 ne définit pas proprement parler l’abus de confiance. Pour ce faire, il
faudra se référer à l’article 314 du code pénal français selon lequel « l’abus de
confiance est le fait pour une personne de détourner au profit d’autrui des fonds,
des valeurs ou biens quelconques qui lui ont été remis et qu’elle a accepté à charge
de les rendre, de les représenter ou d’en faire un usage déterminé ».
Il importe de préciser que la loi ne réprime pas tous les abus moraux de la
confiance d’autrui, mais seulement, le détournement ou la dissipation d’une chose
remise à autrui, à charge pour elle de la rendre ou de la représenter ou d’en faire
un usage déterminé.
I : l’élément matériel
Pour que l’acte soit réprimé, il ne suffit pas d’avoir confiance, mais, il faut que la
remise soit matérialisée par la remise d’un bien quelconque et à charge de le
restituer. En effet, si la remise de la chose emporte pour celui qui l’accepte, la libre
disposition de celle-ci, les poursuites pour abus de confiance seraient
inconcevables. Le plus souvent, la remise de la chose à un caractère matériel, en
ce sens qu’il résulte d’une traduction manuelle, c'est-à-dire de main en main.
Par ailleurs, pour que l’infraction puisse se caractériser, il doit y avoir également
détournement ou dissipation du bien. En effet, détourner le bien remis ; c’est lui
donner une destination qui n’est pas celle qui lui avait été initialement prévue. Le
détournement peut aussi être constaté dans un retard dans la restitution (par
exemple garder la chose au-delà de la date normale).
S’agissant des choses qui peuvent faire l’objet d’abus de confiance l’article 388 du
code pénal nigérien, contrairement à l’article 487 du code pénal burkinabé n’est
pas assez explicite à propos de la chose susceptible de constituer l’abus de
confiance. L’article 487 vise en même temps les meubles matériels (marchandises,
denrées meubles meublants) que les écrits, documents qui sont dans le commerce
et qui ont une valeur pécuniaire. Il faut donc exclure les immeubles par nature et
les prestations de services. Cependant, une fois détaché de l’immeuble, l’élément
ainsi séparé, son détournement entre dans les prévisions du délit d’abus de
confiance (crim 27 juin 1866). De même, un fichier de clientèle peut être détourné,
ainsi que des bandes magnétiques, mais aussi des titres financiers, tels que les
effets de commerce et d’une manière générale, tout écrit constatant une obligation
ou son exécution. Tout autre écrit peut être incriminé.
Il faut dire que les choses fongibles peuvent également donner lieu au
détournement constitutif d’abus de confiance, de même que les animaux.
Enfin, la question que l’on peut se poser est celle de savoir s’il n’y a abus de
confiance que si les choses détournées ou dissipées ont été préalablement remises
par la victime en vertu d’un contrat déterminé. Par rapport à cette question
contrairement à l’article 487 du code pénal burkinabé, la loi française et la loi
II : L’élément intentionnel
L’expression frauduleusement utilisée par l’article 338 met en relief la mauvaise foi
de l’auteur de l’abus. En effet, le délit n’existe que si l’auteur a eu confiance de la
précarité de sa détention, de son obligation de restitution ou de l’affectation
déterminée du bien ou du préjudice éventuel dont son détournement pourra être
la cause. Il suffit que cette intention existe lors du détournement, la loi établit à
partir des éléments de fait une véritable présomption de faute et c’est au prévenu
d’apporter la preuve contraire.
Section 4 : Le recel
Selon l’article 354 du code pénal nigérien « Le recel est le fait de détenir
sciemment, à un titre quelconque, des choses obtenues à l’aide d’un crime ou d’un
délit ».
Paragraphe 1 : Les éléments constitutifs du recel
I : L’élément matériel
Pour que l’infraction soit constituée, il suffit d’une détention de la chose à n’importe
quel titre (par exemple, en cas d’achat même à son juste prix, prêt, donation, dépôt
etc.). La jurisprudence française a même admis que le passager d’un véhicule volé
commettait un recel dans la mesure où il savait qu’il s’agissait d’un véhicule volé.
Il y ‘a recel même :
S’agissant de l’objet, il faut dire que toute chose de valeur peut faire l’objet d’un
recel (meubles bijoux..) ou même une chose incorporelle, par exemple, un secret
de fabrique dont la communication est interdite.
En tout état de cause, la preuve du recel incombe au ministère public, mais elle
est aisément rapportée par les circonstances de fait, comme l’acquisition par un
inconnu, l’achat à vil prix, l’absence de facture etc. C’est au prévenu de démonter
sa bonne foi pour renverser la charge de la preuve.
II : L’élément intentionnel
que, dans le cas une peine afflictive et infamante est applicable au fait qui a procuré
les choses recelées, le receleur sera puni de la peine attachée par la loi au crime
et aux circonstances du crime dont il aura eu connaissance au temps du recel.
Néanmoins, la peine de mort sera remplacée à l’égard des receleurs par un
emprisonnement à vie.
La loi pénale n’a pas prévu une incrimination générale en matière d’obtention d’un
bien ou d’un service, lorsque le cocontractant se trouve dans une position absolue
de ne pas payer ou de ne pouvoir pas payer. Le code pénal a dégagé trois cas de
filouteries, visant ainsi à protéger les hôteliers et les restaurateurs, les conducteurs
des véhicules et les marchands de carburant. La loi protège essentiellement ces
professionnels, en ce sens qu’ils ne peuvent pas exiger de se faire payer par
avance, avant de fournir le bien ou le service sollicité. Il est à rappeler que la
filouterie était traditionnellement comme un vol commis avec adresse et dextérité.
L’infraction est aujourd’hui rattachée à l’escroquerie en l’absence d’appréhension
frauduleuse, élément nécessaire rattaché au délit de vol.
Celui qui se rend dans un restaurant, tout en se sachant dans l’impossibilité absolue
de payer ou qui est déterminé à ne pas payer et qui se fait servir des aliments ou
des boissons dans un établissement vendant les boissons ou les aliments et les
consomme, en tout ou en partie, porte atteinte aux biens du restaurateur. Et
pourtant, on ne peut qualifier de vol le fait commis puisse qu’il y’a eu remise
volontaire du corpus et de l’animus. Il n’y a pas non plus d’escroquerie puisse que
l’auteur n’a usé d’aucune manœuvre frauduleuse. Cependant, la loi n’exige pas
que ces aliments ou boissons soient consommés en tout ou en partie sur place dans
ledit établissement. Ainsi, peuvent être incriminés les faits commis au détriment
des professionnels de la restauration qui vendent des aliments ou des boissons à
emporter.
II : La filouterie de logement
Les filouteries ne sont punissables que, lorsque l’auteur sait être dans
l’impossibilité absolue de payer ou déterminé à ne pas payer le bien ou le service
fourni. La loi sanctionne non seulement l’imprudent ou le négligeant disposé à
payer, mais ayant oublié de prendre argent, chéquier ou carte de paiement, mais
aussi, les clients de mauvaise foi, qui, prétextant la mauvaise qualité des services
offerts refusent de payer.
Le chèque est aujourd’hui entré dans les us, coutumes et habitudes. Le chèque est
en effet devenu un instrument commode de paiement pour les commerçants ou
même pour le particulier. Le législateur encourage l’emploi du chèque et l’a même
imposé pour certains paiements ou règlements. Le chèque se définit comme « un
écrit par lequel l’émetteur du chèque, c'est-à-dire le tireur donne l’ordre à une
banque ou à un établissement similaire chez lequel il a des fonds disponibles ou
une provision, de remettre tout ou partie de ceux-ci, soit à lui-même tireur, soit à
un tiers le porteur ou le bénéficiaire »
Tout d’abord, il peut s’agir d’un chèque bancaire ou postal, mais, le chèque de
voyage ou « traveler chèque » ne sont pas considérés comme des véritables
chèques, mais seulement comme des titres de créances à vue ou à court terme, qui
La provision est l’élément essentiel sur lequel repose sur toute institution de
chèque. Elle peut être définie comme la créance que le tireur possède sur le tiré et
qui justifie l’ordre à lui donner. Ainsi, avant d’émettre un chèque, le tireur doit
s’assurer que le crédit de son compte lui permet d’effectuer un tel retrait, car, le
chèque est un titre payable à vue. Par conséquent, la provision doit exister au
moment de son émission et surtout disponible ou au moins égale au montant du
chèque.
Par ailleurs, le paiement d’un chèque non provisionné par le tiré, même à la suite
d’une erreur de sa part ou par complaisance ne fait pas disparaitre l’infraction. Il
importe peu aussi que la provision inexistante ou insuffisante au jour de l’émission
du chèque ait été constituée ou complétée ultérieurement.
Atteindre autrui dans ce qu’il possède est un acte grave, non seulement parce
qu’il s’oppose à l’exercice du droit de propriété, mais aussi parce qu’il
contraint son consentement à l’égard des choses qu’il possède. Mais, atteindre
autrui dans sa personne, c’est attenter à la vie d’un être humain et de tout temps
cet acte demeure l’infraction la plus grave qui puisse exister. Car « tu ne tueras
pas » dit l’un des commandements de Dieu.
Le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi. Et la mort ne peut être
infligée à quiconque intentionnellement, sauf en exécution d’une sentence
capitale prononcée par un tribunal au cas où l’infraction est punie de cette
peine.
par quelques moyens que ce soit une personne à se suicider. Tout au moins, il
pourra être poursuivi pour non-assistance à personne en danger.
L’article 237 du code pénal définit le meurtre comme étant l’homicide commis
volontairement. Il suppose toujours l’existence d’une victime, un acte matériel
positif et une intention criminelle.
La victime doit être un humain et non et un animal et il importe peu que cette
victime soit ou non identifiée. Toutefois, le fœtus n’est pas une personne
humaine bien qu’il ait des droit d’après l’adage selon lequel « infans conceptus
pro nato habetur » qui signifie que l’enfant conçu est réputé né, dès lors qu’il y
va de son avantage (l’enfant conçu peut acquérir des droits, mais la condition
qu’il naisse vivant.).
Dans tous les cas c’est ne pas l’atteinte à la personne juridique qui est
sanctionnée mais l’atteinte à la vie humaine. Ainsi, même si le cadavre n’a pas
été retrouvé il peut y avoir d’homicide sous réserve de la preuve d’acte
d’homicide. Par ailleurs, la victime doit être vivante car on ne tue pas un
L’élément matériel du meurtre est caractérisé par tout acte exercé sur la
personne de la victime et de nature à entrainer ou susceptible d’entrainer la
mort. Les moyens utilisés pour commettre le meurtre importent peu, car, l’acte
peut être exécuté à mains nues, par des coups, par étouffement ou étranglement
ou encore à l’aide d’une arme perçante ou tranchante ou au moyen de tout objet
non destiné à cet usage, mais utilisé comme tel (pilon, le marteau, les ustensiles
de cuisines etc.).
Pour qu’il ait meurtre, l’auteur doit avoir agi volontairement, en ayant
conscience du caractère criminel de son acte, ou du but à atteindre, c'est-à-dire
la mort. L’incrimination spécifique des coups ayant entrainé la mort sans
intention de la donner a mis fin au problème posé par l’individu qui avait voulu
porter des coups et non donner la mort alors que celle-ci était intervenue.
Jusqu’en 1982, l’auteur des coups, était coupable de meurtre, mais, la preuve
de l’intention de l’homicide était mal aisée. Par conséquent, l’intention de tuer
peut résulter d’aveux ou d’indices graves et concordants. Toutefois, l’usage
d’une arme à feu conçu pour tuer permettra de retenir l’intention. Mais, le seul
fait que si la victime n’est pas atteinte est insuffisant à prouver l’intention
criminelle. L’usage d’un gourdin peut être employé est non nécessairement
pour tuer ne permettra lui seul de retenir l’intention criminelle. Il conviendra
alors de rechercher les indices dans la motivation de l’acte.
Peu importe le mobile, qu’il soit politique passionnel, par vengeance, par
fanatisme ou de défense, tel est les cas d’un cambrioleur tué par un piège placé
dans un placard (CA de Reims 9 février 1978). Le mobile ne saurait être pris en
considération. C’est ne qu’en cas de légitime défense qu’il n’y aura pas
d’incrimination, mais, il est alors nécessaire que la défense soit proportionnée
à l’attaque. L’acte d’homicide préparé pour le cas où il y’aurait une attaque ne
peut constituer la légitime défense. Peu importe le consentement de la victime.
Ainsi, tuer un adversaire dans un duel est un homicide volontaire, même si la
victime avait accepté cette éventualité. Les dommages physiques occasionnés
au cours d’un duel sont toujours réprimés sur les qualifications d’assassinat ou
coups et blessures. Par ailleurs, l’homicide volontaire même commis sur
l’accord de la victime est un meurtre.
II : La répression de l’homicide
La sanction du meurtre diffère selon qu’il s’agit d’un acte simple ou d’un acte
accompagné de circonstances aggravantes.
Selon l’article 242 du code pénal nigérien, tout coupable de meurtre sera puni
à l’emprisonnement à vie.
Les causes d’aggravation peuvent tenir soit aux conditions qui ont été réunies,
soit à la qualité de la victime.
L’article 243 du même code puni toute forme d’assassinat de la peine capitale.
a : la préméditation
b : le guet-apens
Selon l’article 244 du code pénal, sera également coupable d’’assassinat, toute
personne qui, pour l’exécution des crimes, emploiera des tortures ou des actes
de barbarie. Il n’est pas nécessaire que les tortures ou actes de barbarie aient
pour but de donner la mort. En l’absence de définition légale des tortures et
actes de barbarie, il ne peut être fait distinction entre torture et acte de
barbarie. Toutefois, la Convention de Genève définit les actes de tortures et les
actes de barbarie par lesquels une douleur ou des souffrances aiguës sont
intentionnellement infligés à une personne.
Il faut donc considérer que ces circonstances existent lorsque les moyens
employés consistent à exercer des brûlures, à crever les yeux, à rouer les coups
Il y’aura donc circonstances aggravantes, toutes les fois qu’il y’aura parricide.
Les excuses atténuantes tout comme les excuses absolutoires sont légales et
limitativement énumérés par les articles 245 à 247 du code pénal nigérien. Mais
aussi, par les articles 50, 51 et 52 du même code. Ainsi, d’après l’article 50, nulle
infraction ne peut être excusée, ni la peine mitigée que dans les cas et les
circonstances ou la loi déclare le fait excusable et permet de lui appliquer une
peine moins rigoureuse. Il en est ainsi d’excuse de provocation ou d’excuse de
minorité.
1 : L’excuse de provocation
S’ils ont été provoqués par des coups et violences graves envers les
personnes ;
S’ils ont été commis en repoussant pendant le jour, l’escalade ou
l’effraction des clôtures, murs ou entrée d’une maison ou d’un
appartement habité ou de leurs dépendances…
Si les faits ont été commis de nuit, il s’agit de la légitime défense. De même, les
auteurs d’un crime de castration pourront bénéficier de l’excuse de provocation,
lorsque ce crime aura été immédiatement provoqué par un outrage violent à la
pudeur.
De même, l’article 246 précise que sont excusables, le meurtre commis par un
époux sur l’autre, ainsi que sur le complice, à l’instant où il les surprend en flagrant
délit d’adultère dans la maison conjugale est excusable.
2 : L’excuse de minorité
S’il est décidé qu’il a agi avec discernement, les peines seront prononcées ainsi
qu’il suit :
- s’il a encouru la peine de mort ou la peine criminelle d’emprisonnement à
vie, il sera condamné à une peine de dix à trente ans ;
- s’il a encouru une peine criminelle d’emprisonnement de dix à trente ans, il sera
condamné à une peine de deux à moins de dix ans ;
- S’il a encouru une peine correctionnelle ou de simple police, il ne sera condamné
qu’à la moitié de la peine à laquelle il aurait pu être condamné s’il avait eu 18 ans .
I : L’empoisonnement
A : Les éléments constitutifs de l’empoisonnement
En Afrique noire, l’empoisonnement demeure avec la sorcellerie et le
charlatanisme l’arme la plus usitée pour éliminer un rival ou se venger.
En d’autres termes, le crime est pleinement réalisé par l’administration du poison
à la victime, bien avant le décès de cette dernière.
Le résultat importe donc peu, car, l’infraction serait réputée consommée, même si
par la suite l’issue fatale ne se réalisait pas.
Pour être constituée, l’infraction suppose donc l’existence de substances qui
peuvent donner la mort. L’emploi ou l’administration des substances à un tiers et
enfin une intention coupable ou l’animus mecandi.
De même, si l’auteur pense que la substance administrée est mortelle alors qu’elle
ne l’est pas, il y’aura tentative d’empoisonnement.
2 : L’acte d’administration ou d’emploi de substances mortelles
Il faut dire que quel que soit le moyen utilisé, l’administration du poison constituera
l’acte matériel. Les modalités d’administrations de la substance sont entendues de
manière extensible. Il s’agit de l’injection directe d’un poison dans les voies
digestives, de son absorption par voie buccale, de l’inhalation d’un gaz toxique, de
son injection, de la perfusion, de l’inoculation d’un virus par piqûre ou par morsure.
Par son mélange dans un liquide quelconque, par contact avec un instrument
radioactif voire par relation sexuelle. Dans tous les cas, le mode d’introduction
importe peu, pourvu que la substance ait été introduite par un vecteur quelconque
dans l’organisme.
B : La répression de l’empoisonnement
L’article 243 du code pénal puni le crime d’empoisonnement de la peine de mort.
L’article 230 précise donc que la substance ne doit pas être de nature à donner la
mort et c’est toute la différence d’ailleurs avec l’empoisonnement.
Après avoir dégagé les éléments constitutifs de l’infraction, nous allons voir sa
répression.
1 : La substance utilisée
L’infraction prévue à l’article 230 suppose l’administration d’un produit simplement
nuisible à la santé, c'est-à-dire, capable de provoquer une maladie plus ou moins
grave ou quelque trouble fonctionnel sans entrainer la mort. Cependant, une même
substance peut être soit mortelle, soit nuisible à la santé. Ainsi, la nocivité de la
substance est laissée à l’appréciation des juges du fond.
3 : Le résultat
Il faut que la victime soit atteinte d’une maladie consécutive à l’absorption de la
substance. La qualification de cette infraction suppose aussi que soit établit un lien
de causalité certain entre l’administration du produit toxique et l’atteinte à la santé
(crim, 10 mai 1972).
Si la victime est très résistante et n’est pas malade il n’y a pas d’infraction. Si elle
est de santé fragile et qu’elle est malade alors que la substance est reconnue non
nuisible il n’y a pas non plus d’infraction, ce qui exclut toute tentative.
4 : L’intention coupable
Elle suppose une pleine conscience de la toxicité du produit administré. De
manière générale, la conscience de nuire à la santé d’autrui exclu toute recherche
de la mort de la victime et si la mort survient bien que la mort n’a pas été
recherchée, il n’y’aura pas d’empoisonnement, mais administration de substances
nuisibles, même si l’auteur a eu une intention d’homicide.
laissé des traces plus ou moins durables, mais seulement des hématomes, des
contusions ou des ecchymoses. Il peut s’agir des blessures supposant
contrairement aux coups une lésion quelle que soit leur importance et les moyens
utilisés.
Il y’a aussi blessures volontaires, lorsque l’auteur excite un animal pour le pousser
à mordre. L’animal n’ayant été alors qu’un instrument ayant servi à causer des
dommages volontaires.
Il peut aussi s’agir des voies de fait ou de violences légères qui ont été assimilées
à la violence. Une voie de fait s’entend de tout acte matériel, violent, dommageable
et volontaire autre que les coups et blessures volontaires. Ainsi, constituent des
voies de fait les appels téléphoniques réitérés et agressifs, le fait de déchirer
violemment les vêtements de femmes, le fait de cracher au visage, de jeter le
contenu d’’un verre au visage, d’arracher les cheveux, de repousser quelqu’un
contre un mur ou de le jeter à terre ou encore le fait de tirer un coup de fusil pour
effrayer une personne ou de secouer une échelle sur laquelle travail un ouvrier ou
effrayer le piéton avec sa voiture par une manœuvre.
La violence ou voie de fait ne signifie pas nécessairement qu’une atteinte ait été
portée au corps de la personne, il suffit qu’elle soit atteinte de troubles psychiques,
provoqués par des appels téléphoniques, des jets de pierre sur un véhicule
automobile occupé, la projection des gaz lacrymogène ou d’un pétard. Mais,
encore faut-il, que les conséquences de la violence puissent être objectivées par
un examen médical.
B : la victime
Il est nécessaire que la victime soit une personne humaine et il faut que cette
dernière soit vivante au moment des faits. Enfin, elle doit être distincte de l’auteur,
car, nul ne saurait être poursuivi pour des violences faites sur soi-même, sauf, dans
l’hypothèse d’une mutilation volontaire, en vue d’une escroquerie à l’assurance ou
pour échapper à ses obligations civiques (par exemple le service militaire).
C : L’intention coupable
L’auteur doit avoir conscience de causer un préjudice à l’intégrité corporelle
d’autrui avant d’agir. Il doit avoir la volonté d’agir dans la perspective de nuire à
autrui. Ainsi, les dispositions des articles 222 et suivants sont applicables, lorsqu’un
acte de violence a été accompli quel que soit le mobile qui l’a provoqué et alors
même que l’auteur de cet acte n’avait pas voulu des dommages qui en sont résultés.
Il en de même s’il s’agit d’une mauvaise plaisanterie, par exemple enfermer un
enfant dans une chambre froide.
Peu importe aussi que la victime ne soit pas celle envisagée. Ainsi, celui qui blesse
une personne en projetant un tabouret alors qu’une autre personne était visée ou
si, visant une personne dont il veut faire sa victime, il atteint par maladresse un
tiers est coupable de CBV. L’erreur sur la personne n’excuse pas l’auteur.
Paragraphe 1 : Le viol
Selon l’article 283 du code pénal nigérien, constitue un viol, tout acte de
pénétration sexuelle de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui,
par violence contrainte, menace ou surprise. Il importe tout d’abord de l’analyser
dans ses éléments constitutifs, avant de voir sa répression.
Les autres actes comme par exemple des relations sexuelles imposées par une
femme à un homme ou un acte de pénétration autre que celui de pénétration dans
une partie autre que la partie sexuelle ne seront considérés comme viol. Par
conséquent, on admet qu’une femme ne puisse commettre un viol que sur une autre
femme et non sur un homme alors qu’un homme peut commettre un viol sur une
femme ou sur un autre homme. En effet, pour des raisons anatomiques évidentes,
il semble difficile de considérer que la femme qui obtient par la violence, fraude,
la ruse les relations sexuelles d’un homme peut être coupable de viol.
Mais, quelle que soit la manière violente utilisée pour caractériser le viol, il est
évident que la victime doit être vivante, car, le viol d’un cadavre n’est pas
considéré comme viol, mais une violation de sépulture (Crim 30 août 1877 et crim
10 janvier 1902).
En outre, le viol étant considéré comme une infraction contre la personne et non
contre la pudeur, le crime peut être retenu même si la victime est une prostituée.
La question que l’on est tenté de se poser est celle de savoir, s’il peut y avoir viol
entre mari et femme. A ce sujet, il importe de rappeler qu’il a été jugé par la
jurisprudence française, qu’un homme qui entraine sa femme dans un lieu désert
et entretient des relations sexuelles avec elle, tandis qu’un tiers la tient est
coupable de viol (TGI. correctionnel de Grenoble, 4 juin 1990).
Après l’élément matériel, les développements qui suivent seront consacré à
l’absence de consentement de la victime.
II : La répression du viol
Le viol étant considéré comme un crime et comme la tentative du crime est toujours
punissable, on en déduit que la tentative de viol est également punissable.
Cependant, dans la pratique la preuve de l’intention de violer n’était pas facile de
prouver et dans l’impossibilité de savoir si l’auteur voulait vraiment vaincre les
résistances de sa victime, les parquets poursuivent généralement ce qui pourrait
être un commencement d’exécution comme un attentat à la pudeur plus facile à
caractériser que la tentative de viol. Toutefois, il a été jugé que la tentative était
Cours de Dr H. Zakari. Ib Page 45
Cours Droit Pénal Spécial 2019-2020 Master 1 droit privé fondamental,
Le harcèlement sexuel est définit à l’article 281 qui dispose que « le fait de harceler
autrui, en usant d’ordres, de menaces ou de contrainte dans le but d’obtenir des
faveurs de nature sexuelle ». Schématiquement, le délit est constitué par une
personne abusant de l’autorité de sa fonction d’harceler autrui par des ordres, des
menaces, des contraintes ou des pressions graves pour obtenir des faveurs
sexuelles. Le coupable doit donc avoir une autorité sur sa victime. L’infraction
pourra donc être retenue contre un enseignant, un policier etc. Mais, ce ne pas le
cas dans le cadre familial ou l’autorité ne peut pas être dite de fonction et ou
l’autorité n’est que naturelle. Pour que le harcèlement soit constitué, le sexe de
l’auteur comme celui de la victime importe peu. Autrement dit, la victime peut être
un homme et la coupable une femme et inversement.
A : L’élément matériel
L’outrage public à la pudeur contrairement à l’attentat à la pudeur ne suppose pas
un contact entre l’auteur et sa victime. Ce qui est condamné ici, c’est l’exhibition
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impudique et non l’atteinte corporelle, l’outrage étant commis par celui qui se fait
voir et non celui qui regarde.
Le simple outrage n’est réprimé par la loi que s’il est public. La publicité de l’acte
est un élément essentiel du délit. Mais, en quoi consiste exactement l’acte
incriminé ? Nous examinerons d’abord l’impudeur des actes avant de voir en quoi
consiste la publicité de ces actes.
Dans la deuxième hypothèse dans un local privé ou le public n’a pas accès
(appartement, chambre). Il n’y a pas non plus délit lorsque les actes ne peuvent
être vus de l’extérieur, c’est l’hypothèse où la porte est poussée alors que le délit
serait constitué si la porte était ouverte. Il n’y a pas aussi délit, si la personne n’a pu
voir au moyen d’une indiscrétion ou que par sa participation à l’exhibition, c’est le
cas du naturisme, dans les endroits prévus pour cette pratique qui n’est pas
incriminée pas plus que l’infraction ne serait être constituée dans certains
spectacles, c’est le cas des stripteases.
B : l’élément moral
Pour que le délit soit constitué en principe, l’intention est nécessaire car, il aurait
fallu que l’auteur ait eu la volonté délibérée de froisser la pudeur publique. Mais,
la simple négligence peut constituer le délit (Crim 20 octobre 1955 et 17 juin 1955).
En tout état de cause, le mobile est indifférent à la qualification, par exemple, se
déshabiller pour pêcher.