Problematique Du Franc CFA - Broulaye Bagayoko

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Jacques CHIRAC avoue ce qui suit :

<< On oublie une chose: c’est qu'une grande partie de l'argent


qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de
l'exploitation depuis des siècles de l'Afrique. Pas
uniquement, mais beaucoup vient de l'exploitation de
l'Afrique ! Alors il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne
dis pas de générosité, mais de bon sens, de justice pour
rendre aux Africains, …ce qu'on leur a pris. D'autant que
c'est nécessaire si l'on veut éviter les pires convulsions ou les
difficultés avec les conséquences politiques que ça comporte
dans le proche avenir>>
La constitutionnalité de la monnaie

Sur le plan constitutionnel battre monnaie est un droit régalien qui relève de la compétence exclusive
du peuple souverain.

Par exemple, la Constitution de la République Fédérale Islamique des Îles Comores affirme : « Relève de
la compétence exclusive du peuple la matière suivante : Monnaie ...»[1],
Dans toutes leurs constitutions nationales, les quinze pays membres de la zone franc affirment
unanimement que seule la loi votée par le Parlement « détermine le régime d'émission de la
monnaie »[2].

La constitution du Mali, dans son TITRE VI et ARTICLE 70 stipule que


« La Loi fixe les règles concernant : Le régime d'émission de la monnaie, l'assiette, le taux et les
modalités de recouvrement des impôts »

[1] Titre II, Article 9 de la Constitution des Comores.


[2] Voir par exemple le Titre V article 71, de la constitution ivoirienne
Le CAS de la France qui a opté pour l’euro
7 février 1992 : Signature du Traité sur l’Union Européenne à Maastricht (Pays-Bas).
20 septembre 1992, approbation en France par référendum, à une courte majorité, du Traité de Maastricht.
L’anticonstitutionnalité du franc CFA
 Le Franc CFA a été créé le 25 décembre
1945 par la France selon l'article 3 du
décret n° 45-0136 et publié au Journal
Officiel français du 26 décembre 1945.

 Ce décret a été signé par Charles de


Gaulle en sa qualité de Président du
Gouvernement Provisoire, le Ministre
des finances Réné PLEVEN et par le
ministre des colonies Jacques Soustelle.

 De Gaulle=le père du Franc CFA


Composition des Conseils d'Administration

Les Banques Centrales africaines sont administrées chacunes par un C.A. Comprenant :
 à la BEAC : 13 Administrateurs dont trois pour la République Française[1].
 à la B.C.C. : 8 administrateurs dont quatre Français, désignés pour un mandat de
quatre ans renouvelable[2].
 à la BCEAO : 16 Administrateurs, soit deux par pays « participant à la gestion de la
Banque »[3]. A ceux-ci s'ajoutent pour la représentation de la France « deux
administrateurs désignés par le gouvernement français », qui « participent
au C.A. de la BCEAO, dans les mêmes conditions et avec les mêmes
attributions que les Administrateurs désignés par les Etats Membres de
l’Union »[4].

[1] Article 3 des statuts de la BEAC.


[2] Article 34, Titre III de l’Accord de Coopération monétaire entre la République Française et la République Fédérale
Islamique de Comores.
[3] Article 49 des statuts de la BCEAO.
[4] Article 10 de l’Accord de Coopération entre la France et les pays africains de l’UMOA.1973
Le droit de véto statutaire de la France

* Dans les Comores, le C.A. « délibère valablement lorsque au moins six de ses membres sont
présents ou représentés. Les délibérations doivent être adoptées par 5 au moins des
membres présents ou représentés »[1]

* Le C.A. de la BEAC « délibère valablement lorsque au moins un administrateur par


Etat membre et un Administrateur Français sont présents ou représentés »[2].
Le droit de veto français s’exerce également lors de la nomination du Gouverneur
de la BEAC. Car, « le Gouverneur est nommé à l’unanimité par le C.A., sur proposition
du gouvernement gabonais après agrément des autres Gouvernements des États
membres et de la France »[3].

La BCEAO souligne que les modifications de ses propres statuts et les autres
décisions capitales comme par exemple la création monétaire « doivent recueillir
l’unanimité des membres de C.A. »[4].

En effet, « la BCEAO a le privilège exclusif d'émettre des signes monétaires, billets


et monnaies métalliques ayant cours légal et pouvoir libératoire dans les Etats
membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine>>[5] Par ailleurs, << sur proposition
du Conseil d'Administration de la Banque Centrale, le Conseil des Ministres de l'Union
statue sur la création et l'émission des billets et monnaies métalliques..... »[6]

[1] Statuts de la BCC des Comores, Titre III, Article 38.


[2] Statuts de la Convention de coopération monétaire entre les pays de la BEAC et la France, Article 38.
[3] Article 43 de la BEAC.
[4] Statuts de la BCEAO, Article 51.
[5] Article 6:de la BCEAO
[6] Article 7 de la BCEAO
L’appauvrissement desAfricains par la robutesse de l’euro
La surévaluation du franc CFA appauvrit les exportateurs africains deux fois
au moins.
Premièrement, les Africains devenus moins compétitifs à cause du FCFA
surévalué perdent des parts significatives de leurs marchés étrangers au profit
de leurs concurrents mondiaux.
Deuxièmement, les Africains perdent beaucoup d'argent lorsque leurs recettes
d'exportation sont converties en euros. Par exemple leur recette d'exportation de
1.500 000 000 de dollars équivalent à 1 500 000 000 d'euros si un euro est égal à
un dollar. En revanche, cette même recette d'exportation se réduit à 1 000 000 000
d'euros[1] lorsque l'euro s'apprécie et s'échange à 1,5 dollar. On constate ici une
perte de change sérieuse des Africains de 500 000 000 de dollars[2]
correspondent à 250 milliards de francs CFA[3]. Cela veut dire que si l'euro vaut
demain le double de la devise américaine, les revenus d'exportation des Africains
seront amputés automatiquement de leur moitié.
[1]1.500.000.000$/1,5$ =1.000.000.000 euros avec 1€=1,5$
[2]1.500.000.000$-1.000.000.000$ = 500.000.000$ perdus soit 500.000/1.500.000=33,33%
[3]500.000.000 dollars = 500.000.000 * 5000 frcs cfa=250.000.000.000 frcs cfa =250 milliard de frcs cfa
L'autonomisation de la dette extérieure des PAZF par la fixité de parités
Au cas où l’euro est plus faible que le dollar, la dette africaine en dollars
augmente mécaniquement et en toute autonomie, sans un emprunt
supplémentaire contracté par l’Afrique. On dit que la dette africaine
s’autonomise. Les Pays de la zone franc sont donc perdants avec un euro
plus faible que le
Exemple: Soit une dette africaine de 100 milliards de dollars
a)- Si 1$ = 1€, alors 100 milliards de dollars de dette = 100milliards d’euros
b)-Mais si 1$= 1,25 euro ou si 1euro =0,80 dollar alors la dette africaine
devient 125milliards d’euros
car on aura
100 milliards de dollars *1,25 euros =125 milliards d’euros à payer par l’Afrique
Le fonctionnement des comptes d'opérations:

L'origine nazie des comptes d'opérations !


« En vertu d'un accord intervenu en 1940, la France supportait les charges des exportations industrielles ou
commerciales faites à destination de l'Allemagne. En contrepartie , elle avait un crédit en Allemagne en marks. Ce
crédit, elle ne pouvait en disposer que pour les payements à faire en Allemagne, donc des charges supplémentaires
pour sa trésorerie.

La convention entre la France et l’Afrique de la zone franc stipule que :


« Les Etats membres conviennent de mettre en commun leurs avoirs extérieurs dans un fonds de réserves de change.
Ces réserves feront l’objet d’un dépôt auprès du Trésor Français dans un compte courant dénommé compte
d’opérations. »[1] Et « la banque versera au compte d’opérations les disponibilités qu’elle pourra se constituer en
dehors de sa zone d’émission. »[2]

En contrepartie du respect rigoureux de ce principe (de centralisation des réserves de change à Paris) par les Africains,
le Trésor Français s’engage à fournir toutes les sommes dont les Banques centrales africaines peuvent avoir besoin,
aussi bien pour leurs règlements à l’intérieur de la zone que pour leurs paiements extérieurs en devises[1].

« Le compte d’opérations peut devenir débiteur sans qu’aucune limite ne soit assignée à ce découvert. Lorsque le solde
est débiteur, le Trésor Français perçoit des intérêts »[2] payés par les Africains. Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsque
le solde du compte d’opérations est créditeur, le Trésor Français verse des intérêts aux Africains.
1. Article 11 de la convention de coopération monétaire entre la France et les Etats membres de la B.E.A.C., 13 Mars 1973.

2. Article 2 de la convention de compte d’opérations entre la France et les pays africains de la zone franc (les PAZF).
De 1945 à 1973, quand les Africains exportaient par exemple les matières premières
pour 100 milliards de dollars, ils déposaient tous les 100 milliards de dollars dans le
Trésor français. De 1973 jusqu’en 2005, s’ils exportaient pour 100 milliards de dollars, les
Africains étaient obligés de déposer 65 milliards au Trésor français dans le fameux
compte d’opérations

Depuis le 20 septembre 2005, on est passé à 50% Pour l'Afrique de l'ouest et 60% Pour
l'Afrique centrale. Ce qui veut dire que si les Africains exportent à hauteur de 100
milliards de dollars ou d’Euros, de Yuans, etc. ils sont tenus de déposer 50 milliards en
France.

Et lorsqu'un acteur quelconque vient acheter les matières premières africaines, il les
paye en dollars. Pour l'Afrique centrale, 60% de ces dollars sont purement et
simplement récupérés par la Banque de France, et seulement 40% descendent en
Afrique. Pour l'Afrique de l'ouest c'est 50% (restent à la Banque de France) et 50%
descendent en Afrique. La France écrit alors dans les comptes d'opérations des pays
africains qu'ils ont l'équivalent des 60% de crédit en plus. Officiellement la France retient
cet argent pour garantir le taux de change Fixe 1€=655fcfa. D'abord on nous dit que le
taux est Fixe, ensuite on apprend qu'en réalité ça ne l'est pas.
Les conséquences majeures :
La France dit aux Africains d’exporter les matières premières dont elle a besoin pour 100
millions d’euros par exemple. Lorsque les Africains ont exporté, au lieu de les payer, la
France prend son stylo et écrit un signe PLUS dans le compte. Elle ne débourse aucune
devise. Or si ce sont les Nigérians ou les Ghanéens qui exportent, la France est obligée de
sortir 100 millions d’euros des coffres forts pour les payer.

La France se sert pour combler son déficit budgétaire ou pour amortir, c’est-à-dire payer sa
dette.

Si un dirigeant de la zone CFA n’obéit plus aux ordres de la France, elle bloque ses réserves
de devises en fermant les banques et cela pousse la population à se rebeller contre le
dirigeant. C’est ce qui s’est passé avec Gbagbo, ne pouvant plus prendre des devises à la
France, il a décidé de créer la monnaie ivoirienne et à partir de là, la décision a été prise
pour le bombarder.

Par ce principe, il y a donc actuellement environ 8000 milliards de francs CFA venant de la
BCEAO et la BEAC stockés au Trésor public, soit plus de 12 milliards d’euros.
Rien que pour l’année 2015, la BCEAO et la BEAC ont été contraintes de confier au trésor
français 50% de leurs réserves, soit 6700 milliards de francs Cfa pour ne recevoir en
rémunération que 45 milliards en intérêts, soit 0,70% de rendement du fait que nos
banques centrales prêtent au trésor français à un taux négatif de -0,25%. Pire, la part
d’intérêts versée aux banques centrales est comptabilisée dans l’Aide Publique au
Développement !
Au niveau de la BEAC, les Etats d’Afrique centrale auront empoché quelque 21,2 milliards de Fcfa
d’intérêts payés par le Trésor public français pour avoir déposé dans le fameux compte d’opération
quelque 3281 milliards à fin 2015 et 3702 milliards de Fcfa à fin 2014, soit une moyenne de 3491,5.
Là également le taux de rendement moyen n’est que 0,60%.
Le problème c’est que pendant ce temps, les Etats africains empruntent à des taux exorbitants. Pas
plus tard que vendredi 29 juillet 2016, la Côte d’Ivoire a levé sur le marché ouest-africain quelque
120 milliards de Fcfa au taux moyen pondéré de 3,25%. Il s'agit là d'un excellent taux d’intérêt dans
la sous-région où la Côte d’Ivoire possède la meilleure notation. D’autres pays comme le Bénin ou le
Togo n’ont pas cette chance. Le 19 juillet dernier, le Bénin a emprunté, sous forme d’émission
obligataire, la somme de 35 milliards au taux de 5,28%. La dernière sortie du Togo sur le marché
international a été faite au taux de 6,5%.
Ainsi, d’après les états de synthèse de la BCEAO au 31 décembre 2015, ce financement de l’Etat
français par les économies des huit pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-
africaine) est de 3405 milliards de FCFA à fin 2015, contre 3097 milliards en 2014, soit l’équivalent de
près de la moitié du PIB sénégalais.
La France utilise les intérêts financiers
africains pour endetter les Africains
Exemple :12000 milliards placés à 3%
rapportent :360 milliards d’intérêts que la
France prête aux Africains en partie ou en
totalité au taux supérieur à 5%
Les stocks d’or africains déposés à la Banque de France

Les comptes d’opérations dépouillent les Africains de leurs stocks d’or pour couvrir la
garantie du FRANC CFA

Car « la couverture du Franc CFA est assurée par l'ensemble des devises et de l'or
centralisé par le pool commun à la zone franc » (1).

Par exemple, le stock d'or africain de la BCEAO détenu à la Banque centrale de la


France, au 31 décembre 2001, est estimé à 206,528 milliards de francs CFA (2)
(1) Bulletin de la BCEAC, n° 7 août-sept 1966 P. 488
(2) Rapport sur le Contrôle des Etats Financiers de la BCEAO Exercice Clos le 31/12/2001
Le gaspillage des devises africaines avec le rachat des CFA
par les Africains eux-mêmes

Les faits démontrent rigoureusement que ce principe de libre transférabilité des


capitaux dépouille, en toute impunité, les PAZF de gigantesques ressources
financières dont ils ont un besoin vital pour construire leurs économies. Et cette
émigration énorme des F CFA oblige aussi les Banques Centrales africaines à gaspiller
leurs réserves de change dans le rachat de leur propre monnaie. Par exemple,
« pour les six premiers mois de 1993, les rachats par la BCEAO des
billets de son émission se sont élevés à 162,1 milliards contre 106
milliards un an plus tôt. ». (8)
(8) BCEAO, Direction centrale des Etudes et de la Prévision, 17 Août 1993,

Pour la seule Côte d’Ivoire, dans la même période, les rachats des billets F CFA s’estimaient à « 48,6 milliards contre 30,6
milliards », un an plus tôt. (9)

(9) Ibid
Peut-on quitter la zone Franc unilatéralement ?
- « Article 13 - A la demande de tout État signataire du présent Accord qui estimerait que
l'évolution du régime défini par cet Accord compromet ou risque de compromettre
substantieilement ses intérêts, les États signataires se concerteraient sans délai afin de décider
le
des mesures appropriées. Si aucune décision ne pouvait être arrêtée en commun,
présent Accord pourrait être dénoncé par tout signataire.
Én cas de dénonciation par un État membre de l'Union, le présent Accord demeure en vigueur
entre les autres États signataires » (1)

Il est donc possible juridiquement d’abandonner unilatéralement le Franc cfa comme l’ont fait
le Maroc (en 1957), la Tunisie (en 1958),l’Algérie ( en 1963), le Mali (en 1962), la Mauritanie (
en 1975 ) et tant d’autres pays qui ont aujourd’hui d’excellents rapports avec la même France
!!!

(1). Accord de coopération entre la République Française et les Républiques membres de l'Union monétaire ouest africaine, Dakar le 4 décembre
1973

-
Renationaliser toutes les sociétés d'Etat qui ont été privatisées sous la
pression du FMI et la Banque Mondiale et contre les intérêts des
Africains.
Affirmer la souveraineté nationale sur l’économie selon la résolution de l’O.N.U. n°
1803 suivante : La souveraineté permanente des peuples et des nations sur leurs richesses et
ressources naturelles, déclare ce qui suit :
1 Le droit de souveraineté permanent des peuples et des nations sur leurs richesses
et leurs ressources naturelles doit s'exercer dans l'intérêt du développement
national et du bien-être de la population de l'Etat intéressé.

2 La prospection, la mise en valeur et la disposition de ces ressources ainsi que


l'importations des capitaux étrangers nécessaires à ces fins devraient être
conformes aux règles et conditions que les peuples et nations considèrent en
toute liberté comme nécessaires ou souhaitables pour ce qui est d'autoriser, de
limiter ou d'interdire ces activités.
3 Dans les cas où une autorisation sera accordée, les capitaux importés et les
revenus qui en proviennent seront régis par les termes de cette autorisation, par
la loi nationale en vigueur et par le droit international. Les bénéfices obtenus
devront être répartis dans la proportion librement convenue, dans chaque cas
entre les investisseurs et l'Etat ou ils investissent, étant entendu qu'on veillera à ne
pas restreindre, pour un motif quelconque, le droit de souveraineté dudit Etat sur
les richesses et ses ressources naturelles.
La nationalisation, l'expropriation ou la réquisition devront se fonder sur des
raisons ou des motifs d'utilité publique, de sécurité ou d'intérêt national,
reconnus comme primant les simples intérêts particuliers ou privés, tant
nationaux qu'étranger. Dans ces cas, le propriétaire recevra une
indemnisation adéquate, conformément aux règles en vigueur dans l'Etat qui
prend ces mesures dans l'exercice de sa souveraineté et en conformité du
droit international. Dans tout cas où la question de l'indemnisation donnerait
lieu à une controverse, les voies de recours nationales de l'Etat qui prend
lesdites mesures devront être épuisées. Toutefois, sur accord des Etats
souverains et autres parties intéressées, le différend devrait être soumis à
l'arbitrage ou à un règlement judiciaire international.( A suivre )

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