Problematique Du Franc CFA - Broulaye Bagayoko
Problematique Du Franc CFA - Broulaye Bagayoko
Problematique Du Franc CFA - Broulaye Bagayoko
Sur le plan constitutionnel battre monnaie est un droit régalien qui relève de la compétence exclusive
du peuple souverain.
Par exemple, la Constitution de la République Fédérale Islamique des Îles Comores affirme : « Relève de
la compétence exclusive du peuple la matière suivante : Monnaie ...»[1],
Dans toutes leurs constitutions nationales, les quinze pays membres de la zone franc affirment
unanimement que seule la loi votée par le Parlement « détermine le régime d'émission de la
monnaie »[2].
Les Banques Centrales africaines sont administrées chacunes par un C.A. Comprenant :
à la BEAC : 13 Administrateurs dont trois pour la République Française[1].
à la B.C.C. : 8 administrateurs dont quatre Français, désignés pour un mandat de
quatre ans renouvelable[2].
à la BCEAO : 16 Administrateurs, soit deux par pays « participant à la gestion de la
Banque »[3]. A ceux-ci s'ajoutent pour la représentation de la France « deux
administrateurs désignés par le gouvernement français », qui « participent
au C.A. de la BCEAO, dans les mêmes conditions et avec les mêmes
attributions que les Administrateurs désignés par les Etats Membres de
l’Union »[4].
* Dans les Comores, le C.A. « délibère valablement lorsque au moins six de ses membres sont
présents ou représentés. Les délibérations doivent être adoptées par 5 au moins des
membres présents ou représentés »[1]
La BCEAO souligne que les modifications de ses propres statuts et les autres
décisions capitales comme par exemple la création monétaire « doivent recueillir
l’unanimité des membres de C.A. »[4].
En contrepartie du respect rigoureux de ce principe (de centralisation des réserves de change à Paris) par les Africains,
le Trésor Français s’engage à fournir toutes les sommes dont les Banques centrales africaines peuvent avoir besoin,
aussi bien pour leurs règlements à l’intérieur de la zone que pour leurs paiements extérieurs en devises[1].
« Le compte d’opérations peut devenir débiteur sans qu’aucune limite ne soit assignée à ce découvert. Lorsque le solde
est débiteur, le Trésor Français perçoit des intérêts »[2] payés par les Africains. Dans le cas contraire, c’est-à-dire lorsque
le solde du compte d’opérations est créditeur, le Trésor Français verse des intérêts aux Africains.
1. Article 11 de la convention de coopération monétaire entre la France et les Etats membres de la B.E.A.C., 13 Mars 1973.
2. Article 2 de la convention de compte d’opérations entre la France et les pays africains de la zone franc (les PAZF).
De 1945 à 1973, quand les Africains exportaient par exemple les matières premières
pour 100 milliards de dollars, ils déposaient tous les 100 milliards de dollars dans le
Trésor français. De 1973 jusqu’en 2005, s’ils exportaient pour 100 milliards de dollars, les
Africains étaient obligés de déposer 65 milliards au Trésor français dans le fameux
compte d’opérations
Depuis le 20 septembre 2005, on est passé à 50% Pour l'Afrique de l'ouest et 60% Pour
l'Afrique centrale. Ce qui veut dire que si les Africains exportent à hauteur de 100
milliards de dollars ou d’Euros, de Yuans, etc. ils sont tenus de déposer 50 milliards en
France.
Et lorsqu'un acteur quelconque vient acheter les matières premières africaines, il les
paye en dollars. Pour l'Afrique centrale, 60% de ces dollars sont purement et
simplement récupérés par la Banque de France, et seulement 40% descendent en
Afrique. Pour l'Afrique de l'ouest c'est 50% (restent à la Banque de France) et 50%
descendent en Afrique. La France écrit alors dans les comptes d'opérations des pays
africains qu'ils ont l'équivalent des 60% de crédit en plus. Officiellement la France retient
cet argent pour garantir le taux de change Fixe 1€=655fcfa. D'abord on nous dit que le
taux est Fixe, ensuite on apprend qu'en réalité ça ne l'est pas.
Les conséquences majeures :
La France dit aux Africains d’exporter les matières premières dont elle a besoin pour 100
millions d’euros par exemple. Lorsque les Africains ont exporté, au lieu de les payer, la
France prend son stylo et écrit un signe PLUS dans le compte. Elle ne débourse aucune
devise. Or si ce sont les Nigérians ou les Ghanéens qui exportent, la France est obligée de
sortir 100 millions d’euros des coffres forts pour les payer.
La France se sert pour combler son déficit budgétaire ou pour amortir, c’est-à-dire payer sa
dette.
Si un dirigeant de la zone CFA n’obéit plus aux ordres de la France, elle bloque ses réserves
de devises en fermant les banques et cela pousse la population à se rebeller contre le
dirigeant. C’est ce qui s’est passé avec Gbagbo, ne pouvant plus prendre des devises à la
France, il a décidé de créer la monnaie ivoirienne et à partir de là, la décision a été prise
pour le bombarder.
Par ce principe, il y a donc actuellement environ 8000 milliards de francs CFA venant de la
BCEAO et la BEAC stockés au Trésor public, soit plus de 12 milliards d’euros.
Rien que pour l’année 2015, la BCEAO et la BEAC ont été contraintes de confier au trésor
français 50% de leurs réserves, soit 6700 milliards de francs Cfa pour ne recevoir en
rémunération que 45 milliards en intérêts, soit 0,70% de rendement du fait que nos
banques centrales prêtent au trésor français à un taux négatif de -0,25%. Pire, la part
d’intérêts versée aux banques centrales est comptabilisée dans l’Aide Publique au
Développement !
Au niveau de la BEAC, les Etats d’Afrique centrale auront empoché quelque 21,2 milliards de Fcfa
d’intérêts payés par le Trésor public français pour avoir déposé dans le fameux compte d’opération
quelque 3281 milliards à fin 2015 et 3702 milliards de Fcfa à fin 2014, soit une moyenne de 3491,5.
Là également le taux de rendement moyen n’est que 0,60%.
Le problème c’est que pendant ce temps, les Etats africains empruntent à des taux exorbitants. Pas
plus tard que vendredi 29 juillet 2016, la Côte d’Ivoire a levé sur le marché ouest-africain quelque
120 milliards de Fcfa au taux moyen pondéré de 3,25%. Il s'agit là d'un excellent taux d’intérêt dans
la sous-région où la Côte d’Ivoire possède la meilleure notation. D’autres pays comme le Bénin ou le
Togo n’ont pas cette chance. Le 19 juillet dernier, le Bénin a emprunté, sous forme d’émission
obligataire, la somme de 35 milliards au taux de 5,28%. La dernière sortie du Togo sur le marché
international a été faite au taux de 6,5%.
Ainsi, d’après les états de synthèse de la BCEAO au 31 décembre 2015, ce financement de l’Etat
français par les économies des huit pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-
africaine) est de 3405 milliards de FCFA à fin 2015, contre 3097 milliards en 2014, soit l’équivalent de
près de la moitié du PIB sénégalais.
La France utilise les intérêts financiers
africains pour endetter les Africains
Exemple :12000 milliards placés à 3%
rapportent :360 milliards d’intérêts que la
France prête aux Africains en partie ou en
totalité au taux supérieur à 5%
Les stocks d’or africains déposés à la Banque de France
Les comptes d’opérations dépouillent les Africains de leurs stocks d’or pour couvrir la
garantie du FRANC CFA
Car « la couverture du Franc CFA est assurée par l'ensemble des devises et de l'or
centralisé par le pool commun à la zone franc » (1).
Pour la seule Côte d’Ivoire, dans la même période, les rachats des billets F CFA s’estimaient à « 48,6 milliards contre 30,6
milliards », un an plus tôt. (9)
(9) Ibid
Peut-on quitter la zone Franc unilatéralement ?
- « Article 13 - A la demande de tout État signataire du présent Accord qui estimerait que
l'évolution du régime défini par cet Accord compromet ou risque de compromettre
substantieilement ses intérêts, les États signataires se concerteraient sans délai afin de décider
le
des mesures appropriées. Si aucune décision ne pouvait être arrêtée en commun,
présent Accord pourrait être dénoncé par tout signataire.
Én cas de dénonciation par un État membre de l'Union, le présent Accord demeure en vigueur
entre les autres États signataires » (1)
Il est donc possible juridiquement d’abandonner unilatéralement le Franc cfa comme l’ont fait
le Maroc (en 1957), la Tunisie (en 1958),l’Algérie ( en 1963), le Mali (en 1962), la Mauritanie (
en 1975 ) et tant d’autres pays qui ont aujourd’hui d’excellents rapports avec la même France
!!!
(1). Accord de coopération entre la République Française et les Républiques membres de l'Union monétaire ouest africaine, Dakar le 4 décembre
1973
-
Renationaliser toutes les sociétés d'Etat qui ont été privatisées sous la
pression du FMI et la Banque Mondiale et contre les intérêts des
Africains.
Affirmer la souveraineté nationale sur l’économie selon la résolution de l’O.N.U. n°
1803 suivante : La souveraineté permanente des peuples et des nations sur leurs richesses et
ressources naturelles, déclare ce qui suit :
1 Le droit de souveraineté permanent des peuples et des nations sur leurs richesses
et leurs ressources naturelles doit s'exercer dans l'intérêt du développement
national et du bien-être de la population de l'Etat intéressé.