Amenager Un Bas Fond Illustration A Sandare G. Soudrie 2015
Amenager Un Bas Fond Illustration A Sandare G. Soudrie 2015
Amenager Un Bas Fond Illustration A Sandare G. Soudrie 2015
Il y a 25 ans, ceux qui découvraient le village de Sandaré étaient surpris par l’aspect
verdoyant et la densité des cultures derrière « le barrage ». Pourtant celui-ci consistait à
l’époque en un simple seuil maçonné d’un peu plus d’un mètre.
C’est donc tout naturellement que Trans Aide Draveil s’est investi dans tous les programmes
de construction de micro-barrages et d’aménagement des bas-fonds nombreux dans la
commune, plus particulièrement à Sandaré , à Seridji, à Diabé., permettant ainsi le
développement de cultures de contre-saison et de maraîchage. Ces ouvrages ont pu être
réalisés grâce aux financements combinés de Trans Aide Draveil 1, des associations de
migrants et des villages, d’Essonne Sahel , du Conseil général de l’Essonne, du MAE.
C’est aussi l’appui du GRDR, de l’agence KARED ainsi que l’expertise de Bernard
CORBEL, ingénieur hydraulicien, expert Essonne Sahel, qui ont permis la réalisation des
études, des travaux et la mise en œuvre des aménagements.
La situation décrite ci-après date de 2011, année des dernières missions de Trans Aide
Draveil et d’Essonne Sahel, même si quelques ajustements ont pu être apportés ici et là. Elle
s’appuie aussi sur les études réalisées par le GRDR et les ateliers conduits par KARED. Les
données statistiques (production, rendements, etc…) sont peu nombreuses ; on se base ici
sur celles fournies par le PDSEC 2010-2014.
GLOSSAIRE
1A ce titre, la participation de TRANS AIDE DRAVEIL se monte à 7406 € en 2007 pour Diabé ;
15 328€ en 2008 pour Samantara ; 15 797€ en 2008 et 1964€ en 2014 pour Seridji ; 1710€ en 2012
pour Kossoumalé, soit 42 707 € d’investissements sur fonds propres entre 2007 et 2014.
2
AMENAGEMENT DES BAS-FONDS
DANS LA COMMUNE DE SANDARE
Dans la commune de Sandaré, comme dans toute la zone du Kaarta (plateau gréseux
au nord-est de la région de Kayes), les bas-fonds occupés par des mares non pérennes,
permettaient outre le pâturage des animaux, quelques cultures maraîchères et parfois de
la riziculture. A partir de 1991, sept villages de la commune de Sandaré ont été dotés
de micro-barrages permettant l’optimisation de ces zones inondables, ce qui représente
la plus forte concentration de ce type d’ouvrages dans le cercle de Nioro. Au gré des
différents programmes d’aménagement, les techniques ont évolué et les organisations
villageoises de gestion de ces ouvrages se sont structurées.
On estime à une centaine d’hectares les nouvelles terres cultivées qui ont permis de
développer la culture du maïs, du riz et surtout le maraîchage. Ces productions ont
changé notablement les habitudes alimentaires des populations et ont ouvert la
commune sur les marchés extérieurs. Pour autant, la gestion de la ressource en eau
reste la préoccupation majeure pour atteindre la sécurité et la santé alimentaires.
.
Dans la commune de Sandaré, la configuration du relief est particulièrement favorable à
des aménagements hydro-agricoles. En effet, des alignements irréguliers de collines de
2
BICED, Rapport expertise SERIDJI, 2007
3
GRET, Aménager les bas-fonds : l’exemple de l’Afrique de l’Ouest
4
H. AUTISSIER, d’après Atelier Aménagement des bas-fonds, Diema 2010
3
schistes et de dolérites5 alternent avec des zones basses, aux sols argilo-limoneux,
localement sablo-argileux, occupées par des mares non pérennes (2 à 5 mois après les
pluies) ou des vallées telles que celle de la rivière “Tianeba” ou Vallée du Serpent.
Par exemple, le bas-fond de Diabé comporte une vaste plaine d'environ 40 hectares,
traversée par un chenal faiblement marqué, avec des zones d'épandage importantes et
des points de rétrécissement favorables à la construction d'un barrage ou d'une retenue
d'eau. L’écoulement dans le bas-fond est temporaire et directement lié aux précipitations
qui s’étendent de juillet à septembre. On y cultive mil, arachide, gombo, haricot et maïs
sur les élévations et un peu à l’intérieur du bas-fond ; du riz dans les quelques
dépressions et dans les chenaux naturels le long du lit mineur6.
5
La dolérite est une roche magmatique compacte, intermédiaire entre le basalte et le gabbro plus
grenu
6
BICED, Étude de construction du micro-barrage de DIABE, octobre 2006
4
II. L’AMENAGEMENT DES BAS-FONDS
1. Historique
Jusque vers les années 1970, les principales terres cultivées par les paysans sahéliens
se situaient sur les plateaux et les versants. Grâce à une grande disponibilité foncière et
une pluviométrie normale, la mise en culture de ces terres permettait d’atteindre
l’autosuffisance alimentaire tout en autorisant certaines techniques de régulation des
sols, notamment la pratique de la jachère. L’équilibre écologique était donc plus ou
moins respecté et la satisfaction des besoins humains atteinte dans la plupart des
régions sahéliennes.
Les bas-fonds étaient alors des zones de libre accès pour le bétail (transhumance et
abreuvement) et des lieux privilégiés pour la cueillette des fruits et du bois ; parfois la
culture de céréales telles le sorgho ou le maïs et plus fréquemment le riz y était
pratiquée. Enfin, ces zones de points d’eau temporaires et/ou permanents permettaient
l’approvisionnement en eau des populations pour les besoins agricoles et domestiques.
Depuis, la pression démographique et la nécessité d’augmenter la production agricole
pèsent de plus en plus sur les terroirs villageois, déjà fortement fragilisés par des
périodes de sécheresse prolongées et la progression de l’érosion. Pour trouver des
solutions à ces contraintes, les sociétés rurales ont progressivement modifié leurs
techniques et habitudes culturales en mettant ces zones de bas fonds en exploitation.
Un Programme National d’Irrigation de Proximité (PNIP) a été élaboré en 2010. Il
accompagne le développement des aménagements hydro-agricoles des bas-fonds
sahéliens initiés par les communautés rurales locales.
7
BICED, Étude de construction du micro-barrage de DIABE, 2006
5
3. Les micro-barrages
Ces barrages sont qualifiés de micro-barrages8 car ils sont de faible hauteur :
généralement de 1 à 3 ou 4 mètres au point le plus haut. Par contre, leur longueur est
souvent grande, couramment plusieurs centaines de mètres.
Un micro-barrage9 comprend deux parties :
- une partie déversante qui lors de la saison des pluies permet l’écoulement des
eaux de crue, c’est la partie où le barrage apparait le plus bas. L’aval de la partie
déversante est équipé d’une zone où l’eau qui s’y déverse peut dissiper son
énergie sans entrainer d’érosion du pied du barrage, c’est le bassin de dissipation
(photo 1).
- de chaque côté de la partie déversante, une partie non déversante appelée
bajoyer dont le sommet n’est jamais submergé. (photo 2).
La partie déversante est en béton ou en maçonnerie. Le bajoyer peut-être un mur
en béton ou une digue en terre. On peut aussi utiliser des gabions (cages de
grillage dans lesquelles on met des pierres). Mais le fonctionnement de la retenue
est alors différent car le barrage en gabions laisse passer l’eau. La durée du
stockage est beaucoup plus faible.
La fondation de l’ouvrage permet d’assurer la stabilité de l’ensemble. Elle est aussi
conçue pour éviter que l’eau qui s’infiltre en amont du barrage s’écoule sous celui-ci
jusqu’en aval. Une telle infiltration mettrait l’ouvrage en péril.
Partie déversante
8
Définition de FAO Water et AgWater Solutions (2012) : les petites retenues sont des ouvrages en
terre ou en béton dont la capacité de stockage est inférieure à 1 million de m3, avec une hauteur
inférieure à 7,5 mètres et des surfaces irriguées inférieures à 50 ha.
9
B. CORBEL, Aménagement hydraulique des bas-fonds dans le Sahel, décembre 2009
6
Photographie 2 : Barrage de Diabé en construction
Bajoyer
Partie déversante
Bassin de dissipation
Les micro-barrages sont conçus pour résister à des crues moyennes à fortes, mais pas
à des crues exceptionnelles. Ainsi, un barrage peut être emporté un jour par une crue
très importante, ce qui fut le cas à Seridji en 2007.
7
Il s’agit là d’un choix économique, en effet construire un barrage pouvant résister à des
crues exceptionnelles reviendrait fort cher.
Outre les risques de ruine du barrage liés aux crues, les aménagements des bas-fonds
sont soumis au risque de comblement de la retenue. Les eaux de crue transportent des
matériaux solides, résultat de l’érosion du bassin versant : matières en suspension
(eaux couleur de terre), sables et graviers déposés sur le fond. Le barrage crée un plan
d’eau dans lequel les vitesses d’écoulement sont fortement réduites : ce plan d’eau
fonctionne comme un décanteur. Le comblement de la cuvette de la retenue est
inéluctable, il faut donc chercher à retarder cette échéance.
Comment ralentir le comblement de la retenue ?
- en agissant en amont, dans le bassin versant : restauration des sols
(reboisement, cordons pierreux, …) pour limiter l’arrachement de particules de sol
par la pluie et leur transport,
- en retenant ces matériaux emportés sur les axes d’apport à la retenue (petits
barrages sur les affluents),
- en gérant au mieux la retenue : laisser le barrage ouvert pendant la première crue
(qui lessive le bassin versant après plusieurs mois sans pluie).
Bien qu’ils soient de dimensions modestes, les micro-barrages doivent être réalisés
dans les règles de l’art. Si ces règles ne sont pas respectées, la ruine de l’ouvrage
survient rapidement. Une des difficultés provient de la grande longueur des barrages.
Du fait de l’espacement inévitable des sondages de sol, on s’expose à des aléas
géologiques.
Aménagement hydro-agricole
Dans la commune de Sandaré
8
Dans la commune de Sandaré, ces ouvrages ont été construits en plusieurs étapes. Le
plus ancien (1991), celui de Sandaré village, était une digue étanche de 85 cm de
hauteur, qui permettait de disposer déjà de 10 ha inondables, exploités par une
soixantaine de maraîchers(ères).
Depuis, plusieurs programmes de coopération (cf. annexe 2), notamment avec Essonne
Sahel et les associations de migrants, ont permis la réalisation de micro-barrages et la
valorisation des bas-fonds.
DIALLARA 2008 5 ha
9
III. LA GESTION DES OUVRAGES
En décembre 2004, la nécessité de réparations urgentes à effectuer sur les micro-
barrages de Sandaré et de Seridji fait apparaître la question de la gestion des bas-
fonds. Monzon Coulibaly, maire de Sandaré, décide de mettre en route un « atelier de
réflexion »10 pour :
- clarifier le contexte historique de la construction du barrage de Sandaré village, définir
les responsabilités et devoirs de tous, rappeler le sens de l’intérêt général, cadrer les
droits de chacun et faire réparer rapidement les barrages de Sandaré et Seridji, dont
chacun reconnaît la nécessité vitale.
- rechercher comment optimiser l’exploitation agricole, chacun reconnaissant
l’importance économique de ce barrage
- s’organiser et organiser la maintenance
- chercher à mobiliser les moyens financiers
Cet atelier, animé par KARED dans le cadre du PACEDEL I, a permis de fixer les
conditions pour une exploitation optimale des ouvrages
1. Le foncier est la clé d’entrée préalable pour la réussite de tout aménagement.
Traditionnellement les terres sont gérées de façon coutumière : le propriétaire qui n’a
pas usage de sa terre la prête à un exploitant selon des conditions d’usage bien
définies. Par exemple, l’emprunteur n’a pas le droit de planter des arbres fruitiers, ce qui
équivaudrait à une appropriation. Ses droits sont limités aux cultures saisonnières. Avec
les investissements réalisés, les terres du bas-fond sont considérées comme domaine
collectif propre au village. Il est alors procédé à un morcellement (parcellaire) selon le
nombre d’Unités de Production Agricole (UPA) du village et le nombre de personnes qui
la composent. A noter que la notion de parcellaire doit être comprise comme un « droit
d’usage» et non un «droit de propriété»
Si la répartition du foncier n’est pas résolue, l’aménagement risque d’être source de
conflit au lieu d’être source de cohésion sociale. Le bas-fond risque d’être mal ou pas
exploité. Dans tous les cas, la pérennité de l’ouvrage est remise en cause. Son
application au niveau d’un aménagement doit être toujours précédée de l’existence
d’une convention locale, issue d’une concertation endogène et dûment signée entre les
propriétaires terriens et la population. Cette convention définit l’appartenance foncière,
les règles de partage et d’attribution des parcelles, les activités interdites à des non-
propriétaires terriens, la validité et la cessation de la convention, etc. Le barrage ayant
une durée de vie limitée, le parcellaire ne peut et ne pourrait en aucun cas remettre en
cause le droit foncier traditionnel. C’est pourquoi l’existence d’une convention locale sert
et servira de «garde-fou » durant toute la vie du barrage.
Le parcellaire a permis, en général, à des paysans non propriétaires (au sens coutumier
du terme) d’accéder aux terres du bas-fond et de les exploiter en plus de leurs cultures
traditionnelles pluviales.
Les femmes ont bénéficié indirectement de ces aménagements pour les cultures
maraichères. Mais elles n’ont en général pas accès au bas-fond pour faire des cultures
de décrue. Tout au plus, de petites parcelles leur sont accordées en bordure. Même
dans les aménagements récents, le règlement du foncier ne prend pas en compte ces
productrices.
La situation à Sandaré village est cependant singulière , bien qu’en voie d’évolution.
Le premier micro barrage date de 1985 et a été construit à Séoundé par l’ODIK
(Opération de Développement Intégré du Kaarta). C’était un barrage filtrant dont la
vocation était de retenir l’eau pour réalimenter la nappe phréatique . Mais il a été
emporté par des fortes pluies et remplacé en 1991 par un seuil maçonné, plus en
amont à Sandaré, à son emplacement actuel. Il s’agissait à cette époque de pallier
10
KARED, Atelier sur les micro-barrages à SANDARE, Décembre 2004
10
uniquement le manque d’eau dans les puits. Le résultat étant atteint, quand on a
commencé à parler de valorisation du bas fond pour la nouvelle construction, les
propriétaires des terres n’ont pas accepté le parcellaire, c’est-à-dire le partage entre les
UPA ( Unité de Production Agricole) du village.
Cependant , la position des propriétaires de Sandaré a évolué petit à petit . Ils peuvent
prêter , louer ou vendre des parcelles. C’est le cas de la coopérative des maraîchères
qui a acheté sur ses fonds propres11 un terrain de 1 ha en 2014, complété par 0,5 ha en
2015.
11 750 000 CFA pour 1 ha et 300 000 CFA pour la deuxième parcelle
12 PACEDEL, Etude sur l’accroissement des ressources et le développement social au niveau des
aménagements hydro-agricoles en zone sahélienne, 2004
13
TRANS AIDE DRAVEIL, Compte rendu de mission, janvier 2005
14
TRANS AIDE DRAVEIL, Compte rendu de mission, janvier 2010
15
KARED, Impact du barrage de Seridji avant et après sa dégradation, novembre 2011
11
IV. BILAN
Après plus de dix ans d’exploitation des bas-fonds de la commune de Sandaré pour les
aménagements les plus anciens, on tentera ici de mesurer l’atteinte des objectifs visés
par les projets d’aménagement (cf. § II. 2 p.3).
En l’absence de données statistiques récentes , on s’appuiera notamment sur :
- l’étude sur l’accroissement des ressources et le développement social au niveau des
aménagements hydroagricoles en zone sahélienne( PACEDEL 2004)
- l’étude de l’Impact du barrage de Seridji avant et après sa dégradation ( KARED
novembre 2011)
- le Compte Rendu de mission Essonne Sahel / Trans Aide Draveil (janvier 2010)
1. Développer la production des ressources agricoles (riziculture, maraîchage,
arboriculture, etc.), afin d’assurer l’autosuffisance alimentaire et d’augmenter le
revenu des paysans :
Avant les aménagements, les exploitants disposant de terres dans le bas-fond les
utilisaient pour faire de la riziculture et des cultures de décrue16 (maïs, niébé) en
complément des cultures vivrières (sorgho, mil) d’hivernage.
Ainsi à Sandaré, avant le barrage, la culture du riz venait en dernière position après
celle du sorgho, de l’arachide du maïs et du mil. Sur l’ensemble de la commune, les
cultures qui ont le plus progressé sont le riz et le maïs. C’est ainsi que la production du
riz à Sandaré village est passée en 2004 de 38 à 50 tonnes (cf. Annexe 3)
Cependant , les nouvelles variétés de riz exigent une certaine maîtrise de l’eau et de
techniques culturales nouvelles. En cas d’échec, la surface est immédiatement occupée
par le maïs et le sorgho.17
Les problèmes évoqués par les exploitants sont multiples 18 :
- les mauvaises herbes à rhizomes apparues dans les bas-fonds sont très difficiles à
arracher ;
- le calendrier des activités culturales est contraignant et les agriculteurs ont des
difficultés à se coordonner ;
- les familles manquent de bras pour débuter le riz et pour intervenir simultanément dans
les bas-fonds et dans les champs de culture sèche ;
16
Cultures implantées sur des terres dans le lit du marigot, au moment du retrait des eaux (fin de
l’hivernage)
17
Id
18
Mission Essonne Sahel / Trans Aide Draveil, janvier 2010
12
Ainsi, les cultures traditionnelles sont privilégiées, soit par moins de contraintes
d’organisation, soit par goût alimentaire : le mil serait meilleur pour les anciens, les
jeunes préfèrent le riz.
Même si chaque aménagement a été accompagné par des formations à la gestion de
l’eau, aux techniques de culture adaptées et à l’introduction de nouvelles variétés de
riz , les évolutions sont encore lentes.
La construction de retenues d’eau a permis, avec la recharge de la nappe phréatique,
la prolongation des activités agricoles de 3 à 4 mois en contre saison et surtout le
développement du maraîchage jusqu’en avril – mai.
Les principales « spéculations » (productions) se sont diversifiées et sont par ordre
d’importance : l’oignon ou l’échalote, le gombo, la tomate, le chou, la salade et
l’aubergine, la pomme de terre et la carotte.
Le maraîchage est essentiellement le travail des femmes, sur des parcelles individuelles
ou en périmètres maraîchers associatifs ou en coopérative. Les hommes sont de plus
en plus nombreux à pratiquer le maraîchage et ont le quasi monopole de l’arboriculture
fruitière : manguiers, goyaviers, citronniers, orangers, pommes cannelle , jujubier, dont
la production a été améliorée par la plantation de pieds greffés .
Maraichage à Sandaré
13
Les techniques d’arrosage traditionnel des femmes à l’aide de seaux et de calebasses à
partir des « kolons » (puisards en bambara) ou « guédés » (en soninké) ont peu évolué.
Celles-ci sont très consommatrices d’eau et très dispendieuses en énergie pour
l’exhaure ( puisage de l’eau ). Il a été calculé qu’il faudrait 80 m 3 d’eau par jour pour
1 ha, alors que 80 femmes ne peuvent puiser que 30m 3, ce qui réduit la surface cultivée.
Les femmes n’utilisent en général pas les bassins intermédiaires construits dans les
périmètres et alimentés par des rigoles depuis les puits car, n’ayant pas de vision
collective de leur travail, elles considèrent que c’est un double travail d’aller repuiser
dans les bassins et vont donc arroser directement leur parcelle 19
L’accroissement de la ressource en eau concerne aussi bien les eaux de surface que
les eaux souterraines. Ainsi, les barrages ont contribué à allonger le temps de séjour de
l’eau dans les mares et à recharger la nappe phréatique, ce qui retarde le tarissement
des puits domestiques.
« L’eau n’est maintenant qu’à 2 m, alors qu’elle était à environ 8 à 10 m avant
l’aménagement. Il n’y a plus besoin de surcreuser les puits. L’abreuvement des animaux
n’est plus un problème et le nombre de têtes de bétail augmente. Il n’y avait pas de
poisson, maintenant les villageois pêchent. Les « caïmans » avaient disparu du village à
cause de la sécheresse ; depuis l’aménagement du bas-fond, ils sont de retour. « Cela
prouve que le problème d’eau est résolu », dit-on au village. » 26
V. CONCLUSION
La réalisation de ces aménagements, qui sont inscrits dans les Programmes de
Développement Economique, Social et Culturel et au Plan Climat pour la commune de
Sandaré, a permis principalement :
de prolonger les activités agricoles de 3 à 4 mois grâce aux cultures de contresaison,
voire plus pour le maraîchage ;
de limiter les variations de rendements liés aux aléas de la pluviométrie ;
de diversifier l’alimentation par la consommation régulière de légumes frais et de
céréales autres que le mil ;
d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages avec la vente des produits ;
de recharger la nappe phréatique et améliorer l’approvisionnement en eau
domestique, ainsi que celle des activités agricoles et d’abreuvement des animaux.
27
Mamadou Diarra : note du 1 novembre 2015
28
KARED, Impact du barrage de Seridji avant et après sa dégradation, novembre 2011
29
600 à 2000Fcfa/Homme Jour respectivement pour le maraichage et les céréales et 4000 à 5000
Fcfa/Homme Jour pour la boulangerie et la maçonnerie . Source : Etude GRDR 2013
30
Participation de TRANS AIDE DRAVEIL : 15 800 €
17
BIBLIOGRAPHIE
18
ANNEXE 1
En partie centrale, le déversoir qui est conçu pour être submersible lors des crues,
De chaque côté, une digue ou un mur de fermeture (appelé bajoyer), qui n’est pas
conçu pour être submersible. Sa submersion entraînerait sa ruine.
19
Le bassin de dissipation : organe essentiel pour la sécurité de l’ouvrage
Les eaux de crue transportent des matériaux solides, résultat de l’érosion du bassin
versant : matières en suspension (eaux couleur de terre), sables et graviers
transportés par saltation ou charriage sur le fond,
Le barrage crée un plan d’eau dans lequel les vitesses d’écoulement sont fortement
réduites : ce plan d’eau fonctionne comme un décanteur,
En amont : des actions et des aménagements pour limiter les apports de matériaux
solides dans la retenue et ralentir son inéluctable comblement
Le barrage : la pièce centrale du dispositif
En aval : des conditions d’écoulement à préserver (elles ne doivent pas se dégrader
dans le temps).
20
ANNEXE 2
TKLM
Ce programme d’aménagement des eaux de surface ( 2007-2010) a pour objectif
d’accompagner les acteurs locaux dans une démarche globale de gestion des
ressources naturelles sur une partie du bassin versant du Térékolé – Kolimbiné – Lac
Magui (TKLM), à savoir :
- l’amélioration du système de gestion de l’eau domestique et agricole par la
gouvernance locale dans le contexte de la décentralisation
31
GRDR : Groupe de Recherche et de Réalisation pour le Développement Rural
32
CORENS : Collectif pour la coopération Nord Sud (qui travaille avec la Région Nord-Pas de Calais).
21
- la gestion intégrée des ressources en eau et des ressources qui en dépendent
- l’amélioration de la sécurité alimentaire en région de Kayes
La méthodologie a été testée sur trois communes pilotes, soit 40 000 habitants :
Koussané, Marintoumania et Sandaré33, où 3 ouvrages de type maçonné ont été
réalisés à Diallara, Gounéguédou et Koronga.
Ce programme a été financé par l’Agence de l’Eau Artois Picardie, la fondation France
Liberté, le Syndicat Intercommunal d’Assainissement et de Restauration des Cours
d’Eau (SIARCE), l’UE et les villages bénéficiaires.
33 Site GRDR
22
ANNEXE 3
23
24