Antigone Scène 19-21

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Scène 19 (le chœur, le messager)

le chœur : Le chœur commente la fin de la pièce et annonce que la machine infernale n’a
pas encore fini de broyer les humains comme si la mort d’Antigone était devenue une
contagion. Il a dit qu’il fallait qu’ils y passent tous parce que la mort d’Antigone a provoqué
d’autres morts. Celle d’Hémon et celle d’Eurydice.
Le messager : annonce comment la mort d’Antigone de d’Hémon s’est déroulée. C’est un
témoin oculaire qui rapporte les événements qui se sont déroulés à l’extérieur de la scène
avec une objectivité totale.
Il utilise la technique du récit pour mettre le spectateur/lecteur au courant du déroulement
des événements.
La narration est menée à la troisième personne du singulier « on » et au présent parce que
l’auteur veut rendre cette scène vivante comme si elle se déroulait sous nos yeux.
La scène décrite par le messager se situe à l’endroit où Antigone a été enterrée c’est-à-dire
dans les cavernes de Hadès. Dans un premier temps, le messager raconte ce qui s’est passé à
l’extérieur de la tombe puis dans un deuxième temps ce qui s’est passé au fond de la tombe.
Le messager nous apprend qu’Antigone s’est suicidée avec les fils de sa ceinture et Hémon
s’est tué avec l’épée de son père.
Antigone s’est suicidée aux fils de sa ceinture pour deux raisons : on peut expliquer cela par
son orgueil et son refus de se plier à la loi de Créon qui a décidé de l’emmurer vivante mais
aussi par le sentiment de solitude qu’elle avait ressenti après s’être restée seule face à son
destin.
le portrait de Créon brossé par le messager :
Portrait physique Portrait moral
Le roi suant Lui qui a deviné
Dont les mains saignent Hurle comme un fou
Ses cheveux blancs Il essaie de relever Hémon
Ce vieil homme tremblant Il le supplie
Créon est présenté comme un être humain marqué par l’âge et la vieillesse. Un être humain
qui ne se contrôle pas parce que son fils est menacé. Le contraste entre sa position comme
roi et ses actions « hurle » « suant » « les mains saignants » rend cette scène pathétique.
Le tableau de la mort d’Antigone et d’Hémon dégage une impression de tristesse et de
mélancolie.
Le messager décrit la scène de la mort d’Antigone et de Hémon comme un tableau pictural
à quatre plans :
1er plan : Antigone au fond de la tombe pendue aux fils de sa ceinture et Hémon à genou
qui la tient dans ses bras et gémit.
2ème plan : Créon essaie de relever Hémon en le suppliant mais il refuse et lui crache au
visage.
3ème plan : Hémon tire l’épée de son père et se la plonge dans le ventre.
4ème plan : Hémon s’étend contre Antigone, l’embrassant dans une immense flaque de sang.
Remarque : l’intervention du messager a pour objectif d’épargner au public des images
éprouvantes susceptible de choquer le spectateur donc répondre à la règle de la bienséance.
Scène 20 (Créon, le page, le chœur)
Le chœur nous apprend la mort d’Eurydice la femme du roi. Le chœur utilise le procédé de
la narration théâtral.
La mort de la reine :
La reine s’est suicidée dans sa chambre en se tranchant la gorge. La chambre de la reine est
décrite comme la chambre d’une jeune mariée mais elle est démodée. Elle fait partie du
passé et rappelle les noces de roi et de la reine.
La mort de la reine est caractérisée par la sérénité et le calme d’où l’emploi des adverbes
« sagement, posément, tranquillement ».
L’image qui nous reste d’Eurydice est celle d’une jeune mariée étendue sur son lit au
lendemain de sa nuit de noces.
La mort d’Eurydice est assimilée au sommeil « on pourrait croire qu’elle dort ».
La mort d’Eurydice crée une impression de vide et de mélancolie dans la maison royale. Le
poids de ce vide se lit sur le visage de Créon resté seul.
La réaction de Créon :
La vie de Créon est devenue terne après la mort de sa femme. Ainsi le roi devra faire face à
sa propre solitude. Il devra vivre seul. Mais arrivera-t-il à assumer seul cette solitude amère.
La vie du couple royal se caractérisait par l’incompréhension mutuelle. Ainsi, le roi ne
comprenait pas pourquoi sa femme faisait des tricots. De même, la reine délaissée par le roi
passait son temps à tricoter. L’absence de dialogue et de communication entre le roi et la
reine explique le suicide de cette dernière qui, restée seule après la mort de son fils, ne
pouvait supporter la vie aux côtés d’un roi qui ignorait son existence.
Après avoir assisté à l’enterrement d’Antigone et de Hémon, Créon rapporte au public, à
l’aide de la technique de la narration théâtrale, les faits de cet événement.
La description que fait Créon des deux amants montre qu’ils ont retrouvé dans la mort la
sérénité et la paix tant recherchées. La mort a réuni les deux amants que la vie n’a pas
réussi à réunir. La mort des deux amants ressemble à un mariage plein d’amour. Créon
envie Antigone et Hémon qui sont tranquilles ; c’est pour cela qu’il a dit : »ils ont fini,
eux ».
Ce qui rappelle Créon à la réalité c’est le temps « cinq heures ». Ainsi, le passage du temps
montre que la vie continue malgré tous les problèmes. Tous les malheurs font partie
désormais du passé et la vie continue qu’on le veuille ou pas. Créon va se consacrer à sa
tâche de conduire les hommes.
La réalité de Créon est caractérisée par la monotonie, par la répétition des mêmes tâches par
les souffrances morales et physiques.
Créon va affronter la vie après la mort des siens avec courage. C’est un roi qui assume ses
responsabilités et qui continue à gouverner malgré tous ses malheurs.
L’image donnée du roi est celle d’un ouvrier qui travaille manuellement comme si la tâche
de conduire les hommes était une fonction manuelle d’où l’emploi des termes comme
« ouvrage, les bras, besogne »
Scène 21 (le Chœur)
Cette scène st une clausule parce que le chœur utilise des termes qui annoncent la fin
comme « et voilà, c’est fini ». il y’a aussi une didascalie qui dit que le rideau tombe.
Le chœur intervient pour annoncer la fin de la pièce et pour faire à la fois un résumé bref
de la situation et un commentaire sur la présence des gardes sur scène.
Le chœur parle des humains, de tous ceux qui, de près ou de loin, ont été appliqués dans
cette histoire. Il parle de ces gens à la 3ème personne du pluriel comme s’ils faisaient partie
du passé.
La fièvre d’Antigone n’as épargné personne même ceux qui ne croyaient en rien. Ils sont
tous égaux devant la mort. Ils font partie désormais du passé, ils sont oubliés.
Le calme et la tranquillité règnent sur Thèbes après la mort d’Antigone. Tout rentre dans
l’ordre parce que la tension tragique a été purgée et la fatalité a été accomplie.
La fièvre d’Antigone est sa passion pour la mort qui fait d’elle un héros tragique.
Le retour au calme est caractérisé par l’apaisement et la paix totale qui règne dans le palais
royal et dans tout Thèbes.

Le monde où il ne reste que les gardes est un monde dégradant, banal et dégoutant.
Malheureusement c’est lui qui reste et qui finit par gagner. La négation restrictive
« ne…que » souligne la fatuité de ce monde dégradant.
La présence des gardes dégage une impression de malaise et de dégoût parce que le laid
finit par l’emporter sur le beau. C’est la victoire du quotidien prosaïque, sans poésie et sans
âme qui finit par prendre le dessus.
La présence des gardes avec leur indifférence symbolise le retour à ce monde où domine le
laid, la tragédie ne les concerne pas. Les gardes appartiennent au monde prosaïque, à la
réalité de tous les jours, au monde des instincts. Les gardes symbolisent le monde minable,
banal sans gloire ni grandeur. Ils représentent le bonheur que refusait Antigone parce qu’il
est laid.
La fin d’une tragédie se caractérise par l’apaisement total après la mort du héros tragique.
Le retour des gardes jouant aux cartes sans prêter attention à ce qui les entoure forme une
structure en boucle qui symbolise l’éternel retour du cycle de la vie. La vie continue avec ou
sans Antigone. La mort d’Antigone n’aurait servi à rien.

La tragédie d’Anouilh se caractérise par l’absence du destin. Au 20ème siècle l’homme est
livré à son propre destin, un destin qu’il fabrique lui-même et non pas une fatalité imposée
par les dieux comme chez les Grecs.

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