Chapitre 4 CEJM
Chapitre 4 CEJM
Chapitre 4 CEJM
Sur le plan économique Richard Musgrave distingue trois grandes fonctions de l’Etat :
- L’allocation des ressources : C’est-à-dire que l’Etat intervient dans l’utilisation des
ressources. Il effectue des dépenses pour financer ses fonctions régaliennes consistant dans le
maintien de l’ordre au niveau interne (police et justice) et au niveau externe (activité de
défense). Il est également producteur de services non marchands (éducation, santé, logements
sociaux) et contrôle des entreprises publiques placées dans le secteur marchand.
- La redistribution des revenus : L’ensemble des mesures prises par l’Etat pour modifier la
répartition des revenus en prélevant des impôts et des cotisations (prélèvements obligatoires)
et en distribuant des revenus de transfert. Cette redistribution permet la couverture des risques
sociaux (maladie, maternité, chômage et vieillesse) et agit sur les inégalités et la pauvreté au
nom de la justice sociales.
- La stabilisation de l’économie : L’Etat a pour mission de stabiliser l’économie c’est-à-dire
préserver les équilibres économiques (plein-emploi, stabilité des prix, solde du commerce
extérieur) et obtenir une croissance soutenue en mettant en œuvre des politiques.
Il y a divers courants de pensée sur l’intervention de l’Etat :
La pensée classique
Dans la pensée des classiques, l'intervention de l'État dans l'économie est généralement
considérée comme nuisible et inefficace. Selon leur perspective, le marché et la libre
concurrence doivent être les principaux mécanismes de régulation économique.
Les classiques mettent l'accent sur le rôle de l'auto-régulation du marché, guidée par l'offre et
la demande, dans la création de richesse et l'allocation des ressources. Ils croient en la
capacité de l'économie de s'ajuster naturellement aux fluctuations et aux déséquilibres, sans
l'intervention de l'État.
Selon eux, l'intervention de l'État est souvent motivée par des intérêts politiques et crée des
distorsions économiques. Les interventions telles que les réglementations excessives, les
barrières commerciales ou les subventions peuvent entraîner des inefficacités et des
distorsions dans le marché.
Les classiques préconisent plutôt un rôle limité de l'État, se concentrant principalement sur la
protection des droits de propriété, le maintien de la stabilité monétaire, la fourniture de biens
publics et le maintien de l'ordre. Ils soutiennent que la concurrence libre et ouverte favorise
l'innovation, l'efficacité et la croissance économique.
2
En résumé, les classiques considèrent que l'intervention de l'État dans l'économie est
généralement inefficace et devrait être limitée. Ils défendent plutôt la primauté du marché
libre et de la concurrence pour réguler l'économie.
La pensée des libéraux
Les libéraux ont une vision plus nuancée de l'intervention de l'État dans l'économie par
rapport aux classiques. Ils reconnaissent le rôle nécessaire de l'État dans certains domaines,
tels que la fourniture de biens publics, la régulation des monopoles naturels et la correction
des défaillances du marché. Cependant, ils prônent une intervention minimale de l'État,
limitée à ces fonctions essentielles.
Les libéraux considèrent que l'intervention excessive de l'État peut restreindre les libertés
individuelles, entraver l'innovation et créer des inefficacités économiques. Ils insistent sur le
fait que le marché libre, avec une concurrence saine, est le meilleur mécanisme pour allouer
les ressources et stimuler la croissance économique.
Dans leur perspective, l'État doit mettre en place un environnement réglementaire favorable,
garantir la sécurité des contrats, protéger les droits de propriété et maintenir la stabilité
macroéconomique. Ils soutiennent également que des politiques fiscales et budgétaires
responsables sont importantes pour préserver la viabilité économique à long terme.
En résumé, les libéraux reconnaissent un rôle légitime de l'État dans l'économie, mais prônent
une intervention limitée et ciblée. Ils mettent l'accent sur la primauté du marché libre et de la
concurrence pour stimuler la prospérité économique et préserver les libertés individuelles.
La pensée Keynésienne
John Maynard Keynes, un économiste britannique du XXe siècle, avait une vision très
différente de l'intervention de l'État par rapport aux classiques et aux libéraux. Keynes croyait
en un rôle actif de l'État dans l'économie pour atténuer les effets des fluctuations économiques
et promouvoir la croissance économique.
Keynes soutenait que le marché libre ne pouvait pas toujours s'autoréguler de manière
efficace et qu'il était sujet à des instabilités, en particulier lors des périodes de récession et de
chômage élevé. Selon lui, l'État devait intervenir pour stimuler la demande globale en
augmentant les dépenses publiques et en adoptant une politique monétaire expansionniste.
Keynes a également souligné le rôle de l'État dans la gestion de l'économie à travers la
politique budgétaire et la politique monétaire, afin de maintenir la stabilité et d'éviter les
fluctuations excessives. Il a notamment prôné une politique de gestion du cycle économique,
consistant à augmenter les dépenses publiques pendant les périodes de ralentissement
économique et à réduire les dépenses pendant les périodes de surchauffe.
De plus, Keynes considérait que l'État pouvait jouer un rôle dans la création d'emplois et la
réduction du chômage en investissant dans des projets publics et en encourageant les
investissements privés par des incitations fiscales. Selon lui, cette intervention de l'État
permettrait de stimuler la demande, d'augmenter la production et de relancer l'économie.
3
En résumé, Keynes défendait une intervention active de l'État dans l'économie pour atténuer
les fluctuations, promouvoir la croissance et réduire le chômage. Il prônait une politique de
gestion du cycle économique et soutenait que l'État avait un rôle à jouer dans la stimulation de
la demande globale et la création d'emplois.
Pour évaluer ces variables, les économistes construisent et observent des indicateurs.
Lorsque les indicateurs concernent le court terme, on parle d'analyse
économique conjoncturelle.
Lorsque les indicateurs concernent le moyen et le long terme, on parle
d'analyse économique structurelle.
La politique économique est l'ensemble des décisions prises par l'Etat dans le but d'orienter
l'activité économique afin d'atteindre les objectifs économiques et sociaux qu'il s'est fixé.
La politique budgétaire
Au sens juridique, le budget de l’Etat est un compte de la « loi de finances ». Cette loi est
débattue et votée par le Parlement qui autorise le gouvernement à engager les ressources et les
charges de l’État pour l’année à venir.
Sur le plan économique, le budget de l’Etat est un document comptable et financier qui
détermine le montant des dépenses et des recettes prévisionnelles de l’Etat pour l’année
à venir.
En France, le budget de l’Etat représente environ 15 % du PIB. Sa structure reflète les
priorités économiques du gouvernement. Les recettes proviennent principalement de la
fiscalité. Avec ces recettes, l’Etat doit faire face aux dépenses qui lui incombent.
Les recettes fiscales = TVA (45 %) + TIPP (8 %) + IRPP (20 %) + IS (15 %) +
ISF (1 %) + Autres (11 %)
Les dépenses publiques = dépenses du personnel (45 %) + dépenses
d’intervention (23 %) + charge de la dette (15 %) + dépenses de fonctionnement
(12 %) + dépenses d’investissement (5%)
Le solde budgétaire peut être défini comme la différence entre les recettes et les dépenses
en fin d’exercice budgétaire. Lorsque les recettes sont supérieures aux dépenses, le solde est
positif et l’Etat dégage une capacité de financement pour l’année suivante. Inversement, si les
dépenses sont supérieures aux recettes, le solde est négatif et le budget de l’Etat est déficitaire.
Le déficit budgétaire se différencie du déficit public car il n’englobe pas le solde des
recettes et des dépenses des collectivités territoriales et de la sécurité sociale.
Le déficit budgétaire équivaut au besoin de financement de l’État. Les lois de finances
peuvent prévoir un déficit et autoriser l’État à emprunter à hauteur de ce besoin de
financement.
5
Le déficit budgétaire peut être financé par la création monétaire (avances de la Banque
centrale) ou par des ressources d’épargne (émission d’emprunts).
Les avances monétaires de la Banque centrale sont aujourd’hui interdites par le
traité de Maastricht parce que génératrices d’inflation : en empruntant à court
terme à la Banque centrale, l’Etat contribue à créer de la monnaie sans
contrepartie économique réelle.
Le déficit budgétaire ne peut donc être couvert, aujourd’hui, que par l’émission
d’emprunts d’Etat à long et court termes faisant appel à l’épargne publique
nationale et étrangère sur le marché financier. Cette solution se traduit par une
augmentation de la dette publique.
La France connaît un déficit budgétaire continu depuis plus de 25 ans qui gonfle l’encours de
sa dette (montant total des emprunts).
De fait, le budget peut être utilisé pour relancer la croissance, lutter contre l’inflation ou
poursuivre un objectif de cohésion sociale. Le budget permet au gouvernement d’agir
rapidement sur les variables économiques (consommation des ménages, investissement des
entreprises, emploi…). Cependant, son utilisation fait l’objet de controverses entre
économistes :
Selon la doctrine libérale, le budget doit être équilibré pour ne pas entraver le
bon fonctionnement des marchés; l’Etat doit supprimer ou réduire le déficit
budgétaire. Les libéraux insistent sur les effets néfastes de l’accroissement de
la dette publique. Ils recommandent une pratique de la politique budgétaire
basée sur des règles strictes.
A contrario, la doctrine keynésienne considère le déficit budgétaire comme un
moyen de soutien à l’activité économique. Pour John Maynard Keynes, le
déficit budgétaire peut stimuler la croissance et l’emploi dans une économie en
récession. Il préconise en conséquence une politique budgétaire discrétionnaire,
modifiable selon les besoins de la conjoncture économique.
Jusqu’à la crise des années 1930, le volume des dépenses de l’État n’était alors pas considéré
comme une variable susceptible d’influencer le niveau d’activité de l’économie. L’analyse de
Keynes a modifié cette conception en soulignant l’impact de la politique budgétaire sur le
niveau d’activité économique d’un pays.
Par conséquent, la plupart des pays développés ont mené depuis les années 1930 des
politiques de relance budgétaire lors des périodes de récession ou de moindre croissance.
À compter de la crise consécutive au choc pétrolier de 1973, les économistes libéraux
(théoriciens néoclassiques) ont cependant souligné les limites de la politique budgétaire et
6
notamment les effets néfastes des déficits et de la dette publique. Depuis lors, les politiques
budgétaires dans les pays développés ont visé en priorité l’équilibre budgétaire et la stabilité
des prix pour juguler durablement l’inflation.
Depuis Keynes, le déficit budgétaire est considéré comme un moyen de relancer l’activité
économique et de rétablir le plein emploi, en augmentant la demande globale
(investissement et consommation) pour pallier l’insuffisance de l’investissement privé.
En augmentant ses dépenses et/ou en réduisant les impôts, l’Etat accroit la demande globale
par le mécanisme du multiplicateur : une dépense supplémentaire d’investissement détermine
une hausse du revenu national supérieure à la dépense initiale d’investissement.
En cas de forte dégradation de la conjoncture économique, Keynes préconise une politique
budgétaire volontariste et une augmentation des dépenses publiques à fort effet
d’entraînement sur l’économie (bâtiments et travaux publics….). Une telle politique permet
de compenser la faiblesse des dépenses privées et d’engendrer un effet bénéfique sur la
croissance.
En effet, l’augmentation des dépenses publiques engendre des revenus supplémentaires qui
sont pour partie consommés, pour partie épargnés et pour partie récupérés par les
administrations publiques sous la forme d’impôts et de cotisations sociales. Or, la partie de
ces revenus supplémentaires qui est consommée vient nourrir la demande adressée aux
entreprises. Ces dernières peuvent dès lors augmenter leurs investissements, leurs emplois, et
distribuer des revenus supplémentaires.
Le surcroît de dépenses publiques provoque par conséquent un effet multiplicateur qui stimule
d’autant plus l’activité économique que les revenus sont peu épargnés, peu imposés et que la
demande de consommation s’adresse principalement aux entreprises nationales. La croissance
qui en résulte, va contribuer, en retour, à augmenter les recettes fiscales et diminuer le déficit
budgétaire.
Quelles sont les orientations principales données à la politique budgétaire ?
Trois orientations principales peuvent être données à la politique budgétaire : une politique
expansionniste, une politique de rigueur budgétaire ou la poursuite d’un objectif de cohésion
sociale.
7
Politique budgétaire expansionniste : en cas de croissance faible et de
chômage élevé, les pouvoirs publics peuvent mettre en œuvre une politique de
relance budgétaire afin d’accélérer l’activité économique. D’inspiration
keynésienne, cette politique utilise les dépenses publiques pour soutenir la
croissance économique.
Dans ce cas, les moyens de la politique budgétaire sont : la hausse des dépenses publiques, la
baisse des impôts, le creusement du déficit budgétaire et l’aide aux secteurs d’activité qui
subissent une crise par des subventions ou des allégements fiscaux.
La politique budgétaire expansionniste vise à contrôler la demande globale (somme de toutes
les demandes de biens et services dans un pays à un moment donné) en intervenant à court
terme sur une ou plusieurs composantes : la consommation globale, l’investissement global
des agents économiques ainsi que les exportations.
Politique budgétaire de rigueur : d’inspiration libérale, cette politique
préconise de restreindre la demande globale afin de diminuer les tensions
inflationnistes. Elle vise à maîtriser les déficits et assainir les finances publiques.
Dans ce cas, les moyens de la politique budgétaire sont : la réduction des
dépenses publiques, la hausse des prélèvements obligatoires et la limitation de
l’endettement public.
Politique de cohésion sociale : la politique budgétaire peut également
poursuivre un objectif de cohésion sociale en utilisant la fiscalité, la
redistribution, et les services publics. La mise en place d’une politique fiscale
favorable aux contribuables à faibles revenus contribue à la cohésion sociale. La
redistribution des revenus en faveur des ménages à faibles revenus et forte
propension à consommer, permet de soutenir la demande globale. L’offre de
services publics permet aux ménages à faibles revenus d’accéder à des services
essentiels : santé, éducation…
La politique monétaire
banques appliquent ce taux directeur plus une marge aux crédits qu'elles accordent à leurs
propres clients. Ce taux a par conséquent une importance primordiale dans la distribution du
crédit aux entreprises et aux ménages.
Schématiquement, lorsque la BCE augmente son taux directeur, le coût du crédit sera plus
élevé car il faudra payer plus d’intérêt. Le résultat, en principe, est que les banques
accorderont moins de crédit, ce qui freinera la croissance de la consommation et de
l’investissement. La demande globale baissera et l’économie ralentira ainsi que l’inflation. Si
au contraire la BCE diminue son taux directeur, le crédit sera moins cher, ce qui incitera les
ménages et les entreprises à emprunter pour consommer et investir, ce qui accélérera la
croissance économique ainsi que l’inflation.
La BCE est amenée à surveiller la position de l'euro sur le marché des changes par
rapport aux devises étrangères.
par la hausse des taux d'intérêt et la diminution des liquidités bancaires, ce qui
aboutit à une baisse des crédits distribués, une baisse de la consommation et de
l'investissement, une baisse de la demande et la réduction des tensions
inflationnistes. Cette politique comporte deux risques majeurs : le
ralentissement de la croissance et l'augmentation du chômage.
Pour les keynésiens, la politique monétaire ne doit pas avoir pour seul
objectif la lutte contre l’inflation mais elle doit également poursuivre des
objectifs de croissance économique, de production et d’emploi. Ainsi, en
période de crise, une politique d'expansion monétaire est susceptible de stimuler
la demande globale. Elle se traduit par la baisse des taux d'intérêt et un
accroissement des liquidités bancaires, ce qui aboutit à un accroissement de
l'offre de crédit, à l’augmentation de la consommation et de l'investissement et
donc à l’augmentation de la demande globale. C'est une politique qui doit être
conduite avec précaution car elle peut générer de l'inflation.
Depuis 2008, du fait d’une situation de crise, le canal du crédit et le canal du taux d’intérêt
fonctionnent mal. Pour éviter le blocage de ces deux canaux essentiels au financement de
l’économie, la BCE a mis en œuvre une politique non conventionnelle. Trois mesures ont été
prises : augmenter massivement la quantité de monnaie fournie aux banques, maintenir des
taux directeurs faibles et acheter des titres aux banques (y compris les titres de mauvaise
qualité).
Reprendre ici en posant des questions aux élèves car ils doivent avoir lu le cours
La politique conjoncturelle
de l'équilibre extérieur, le plein emploi aux dépens de la stabilité des prix. C'est la raison pour
laquelle certains objectifs sont privilégiés au détriment d'autres. Une hiérarchie de ces
objectifs est fréquemment établie en fonction des contraintes de l'environnement économique
et des conceptions politiques des dirigeants.
Le carré magique permet de comparer les économies entre elles ou de situer une
économie à différentes périodes. Plus la surface du quadrilatère correspondant aux
statistiques d'un pays à une période donnée s'éloigne de la surface théorique du carré magique,
plus la situation économique se détériore.
Les politiques de rigueur ont, en principe, des effets bénéfiques sur les prix, sur les équilibres
extérieurs et sur les résultats des entreprises. Cependant, elles peuvent avoir des effets
dépressifs sur l’emploi, sur le pouvoir d’achat des ménages et sur la production.
La politique structurelle
La contrainte européenne : les règles budgétaires dans l'UE, réduisent les possibilités de
mettre œuvre une politique budgétaire capable de relancer la croissance en période de
ralentissement. Le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) ratifié en juin 1997 fixe des
limites à la politique budgétaire des pays de la zone euro. Les déficits publics ne peuvent pas
dépasser 3% du PIB et l'endettement public est limité à 60 % du PIB.
Par ailleurs, dans la zone euro, il est difficile de coordonner la politique monétaire unique,
définie au niveau européen, et les politiques budgétaires nationales. Or, la politique
économique conjoncturelle n'est efficace que si les politiques monétaire et budgétaire sont
utilisées conjointement pour atteindre le même objectif (Policy mix).
La contrainte liée à l'endettement public : le recours à l’emprunt pour financer les dépenses
publiques entraine un effet "boule de neige " et pose un problème à long terme de
soutenabilité des finances publiques.
Définition : Effet boule de neige : en cas de financement du déficit budgétaire par emprunt,
plusieurs années de déficit peuvent conduire à une accumulation de la dette publique. Un
risque important apparaît alors, celui d'un «effet boule de neige» de la dette. Il s'agit d'un
cercle vicieux d'autoalimentation de la dette. Une dette importante implique le versement
d'intérêts considérables aux épargnants créanciers de l'État. Le poids de ces intérêts aggrave le
déficit et conduit à un nouvel endettement public qui, à son tour, conduira à un niveau
d'intérêts encore plus important, etc.
14
hausse des revenus induite par la politique économique est affectée en grande partie à
l’épargne, cela n’a pas d’effet d’entraînement positif sur l’économie : pas de consommation
donc pas de production supplémentaire. Si, dans le cadre d'une politique de relance, une
grande partie des revenus distribués se porte sur la consommation de produits importés,
l'augmentation de la demande peut se traduire par une augmentation des importations et non
de la production nationale, ce qui va entraîner une relance de la production des pays en
question, mais n’aura aucun impact sur l’économie nationale.
Le marché des biens et services revêt un caractère mondial : aujourd’hui presque tous les pays
peuvent échanger entre eux biens et services. La libéralisation et le développement du
commerce mondial ont des effets positifs sur l’offre et sur la demande et constituent un levier
de développement économique.
Du côté de l’offre :
Le libre-échange stimule la concurrence : confrontés à la concurrence
étrangère, les producteurs nationaux doivent constamment améliorer leurs
productions pour rester compétitifs.
Le libre-échange stimule la croissance : il permet une augmentation du
volume des échanges et donc une stimulation de l’activité économique.
16
Il incombe à l’OMC de régler les litiges entre les pays membres. En cas de désaccord entre
les pays, l’OMC a instauré un tribunal des conflits : l’Organe de règlement des différends
(ORD) qui a pour rôle de statuer sur les litiges et de surveiller la mise en œuvre de ses
décisions. Le règlement des litiges entre pays est basé sur la négociation. Cependant, des
mesures coercitives peuvent être prises à l’encontre des pays récalcitrants.
Quelles sont les limites à la gouvernance des échanges mondiaux ?
Le fonctionnement de l’OMC connaît deux types de limites : la recherche du consensus et le
développement des accords régionaux.
La recherche du consensus. D’après les règlements de l’OMC, les
négociations doivent aboutir à un consensus. Or, avec 153 membres, la
recherche d’un consensus constitue un puissant frein en cas de désaccord
profond entre les pays. Aujourd’hui les négociations portent sur des sujets plus
sensibles et sont donc source de tensions (services, domaines initialement
réservés à l’État…). Conséquence, multiplication des accords bilatéraux et
régionaux en alternative à l’OMC.
Le développement des accords commerciaux régionaux (ACR) est un
phénomène général qui touche l’ensemble des continents. Il se traduit par la
création d’unions économiques entre pays désireux de supprimer les barrières
commerciales entre eux. Les quatre principaux ACR sont : l’union européenne
(UE), l’association des nations de l’Asie du Sud-est (ASEAN), le marché
commun des pays d’Amérique du Sud (MERCOSUR), l’association de libre-
échange nord-américain (ALENA). Les ACR donnent des droits préférentiels
aux pays signataires mais les pays extérieurs en sont exclus. Les quatre
principaux ACR concentrent à eux seuls 70 % des échanges mondiaux. Ces
zones contrarient la régulation par l’OMC en regroupant des pays qui pèsent
plus lourd dans les négociations ; en instaurant à l’intérieur des zones, des règles
18
Depuis le début des années 2000, le rôle de l’OMC est contesté. On lui reproche d’être
entre les mains des grandes puissances commerçantes. On l’accuse de ne pas résister à la
régionalisation des échanges.
Pour assurer la gestion des biens publics mondiaux, on peut utiliser des instruments
économiques ou réglementaires.
Les instruments économiques : on cherche à modifier le comportement des
agents par le biais de l’incitation.
L’instauration d’un marché ad hoc (ou contrôle par les volumes). Exemple :
le protocole de Kyoto sur le climat, entré en vigueur en 2005, a permis la mise
en place du marché du carbone. L’action des pouvoirs publics consiste à fixer
une quantité maximale d’émissions polluantes (quotas d’émission de CO2).
Dans un premier temps, ils attribuent des droits à polluer aux entreprises
polluantes ensuite, ils leur proposent un lieu d’échange des droits à polluer : le
marché du carbone où se détermine le prix de l’activité polluante. Plus le quota
est faible, plus le prix de l’activité polluante sera élevé, plus les agents seront
incités à arrêter les activités polluantes.
La mise en place d’une taxe : la taxation permet d’internaliser les externalités
en obligeant les agents économiques à tenir compte des coûts supportés par la
collectivité. Exemple : la taxe carbone augmente le coût de l’activité polluante,
ce qui peut encourager les agents à polluer moins ou à changer d’activité.
Les instruments réglementaires : pour assurer la gestion des biens publics
mondiaux, les États peuvent imposer des contraintes aux agents économiques
afin qu’ils modifient leur comportement.
Les traités internationaux permettent l’organisation, la production, la
préservation et l’utilisation des BPM. Ils définissent des normes de
comportement pour les États (interdiction de la pêche de certains poissons, par
exemple).
La gestion des BPM peut être confiée à des institutions qui font partie du
Système des Nations Unis ou à des ONG. Les organisations internationales
(FMI, Banque mondiale, l’OMC, l’OMS…) facilitent la conclusion et
l’application des accords entre les États. Dans le domaine de la santé, par
exemple, l’OMS élabore des règles qui s’imposent à tous les pays (campagnes
de vaccination, protocoles de soins…).