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Mathématiques
Intégration
Annette Decomps Université Paris VI

CALCUL INTÉGRAL : MÉTHODES GÉNÉRALES

L’objet de cette partie est d’expliciter les deux principales méthodes utilisées pour calculer des
intégrales définies ou indéfinies.
Rappel des notations : On considère une fonction f continue sur un intervalle I de R.
- Étant donné deux points a et b de I, le symbole
b
∫a
f (t )dt ,

intégrale définie de f sur l’intervalle [a, b] , représente un nombre, la variable t est une variable
muette, on peut la noter u,θ, …..peu importe.
- En revanche nous désignons par

∫ f ( x)dx
intégrale indéfinie, une primitive quelconque de f sur I , c’est une fonction de la variable x, définie
à une constante près et si F est une primitive déterminée de f, on a

∫ f ( x)dx = F ( x) + k , k ∈ R .
x
- La primitive de f qui s’annule en a est la fonction : x $ ∫ f (t )dt .
a

Nous verrons, dans la suite, que le calcul des intégrales indéfinies doit être abordé avec beaucoup de
x
précautions, il est souvent préférable de calculer une primitive particulière x $ ∫ f (t ) dt , a ∈ I et
a

d’ajouter une constante . C’est le cas en particulier quand on effectue deux intégrations successives,
ainsi pour trouver toutes les fonctions qui vérifient f ′′( x) = sin x on écrit :

f ′( x) = − cos x + k et non f ′( x) = ∫ sin xdx puis

f ( x) = − sin x + kx + k ′ et surtout pas ∫ ( ∫ sin xdx )dx .


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Calcul intégral : méthodes générales

1. Intégration par parties


1.1.Théorème et formule d’intégration par parties
De la formule de dérivation du produit de fonctions (fg)’= f’g + fg’ on déduit immédiatement le
théorème suivant.

Théorème. Soit f et g des fonctions de classe C1 sur un intervalle I, alors

a. intégrale définie : pour a et b dans I on a :


b b

a
f ′(t ) g (t )dt = f (b) g (b) − f (a ) g (a ) − ∫ f (t ) g ′(t )dt .
a

b. intégrale indéfinie :

∫ f ′( x) g ( x)dx = f ( x) g ( x) − ∫ f ( x) g ′( x)dx .
Attention : La formule d’intégration par parties dans le cas d’une intégrale indéfinie signifie que, si
H est une primitive de fg’, alors fg –H est une primitive de f’g. On doit être prudent quand on
dx 1
utilise cette méthode : ainsi pour calculer ∫ x
si on pose f ′( x) = 1 , g ( x) = on obtient :
x
dx dx
∫ x
= 1+ ∫
x
d’où on déduirait l’égalité( ?) 1 = 0.

Ne cherchez pas l’erreur, il n’y en a pas ! La dernière égalité est vraie à une constante près !

1.2. Applications
Pratiquement : Quand faut-il utiliser la méthode d’intégration par parties ?
On doit d’abord écrire la fonction à intégrer sous la forme f ’g (avec éventuellement f ’=1), aussi on
utilise cette méthode principalement dans les cas suivants.

a. La fonction fg’ est, sur le plan de l’intégration, une fonction plus simple que f ’g
le passage de g à g’ doit simplifier, celui de f ’ à f ne pas compliquer.

Exemples
Cas où la fonction à intégrer contient des fonctions comme ln, arctan, arcsin…
Les fonctions ln, arctan , arcsin sont des fonctions dont la dérivée est rationnelle dans le cas de
arctan ou ln, ou fait intervenir une racine carrée d’une fonction rationnelle comme arcsin. Par
exemple quand on recherche une primitive d'une telle fonction, on la pose égale à g et on prend
alors f ’= 1.

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Calcul intégral : méthodes générales
1
- Calcul de ∫ arctan tdt ,
0

1 t
On pose f’(t) = 1, g(t) = arctan t. On a f (t ) = t et g ′(t ) = . Ainsi f (t ) g ′(t ) = terme qui est
1+ t 2
1+ t2
1 u′
de la forme avec u = 1 + t 2 d’où :
2u
1
t π 1 π 1
arctan tdt = [t arctan t ] − ∫
1 1 1
∫ 0 0 0 1+ t 2
dt = − ln(1 + t 2 )  = − ln 2 .
4 2 0 4 2

∫x ln xdx, (n ∈ Z )
n
- Calcul de

Les fonctions intervenant sont de classe C sur ]0, +∞[ .


1

1 x n +1
On pose g ( x ) = ln x et f ′( x) = x , d'où, g ′( x) = et ∀n ≠ −1 f ( x) =
n
, donc
x n +1
x n +1 1 x n +1 x n+1 x n+1
∫ x ln xdx = n + 1 ln x − ∫ x n + 1dx = n + 1 ln x − (n + 1)2 + k .
n

Si n = -1, g(x) = ln x et f’(x) = 1/x


ln x ln x
∫ x
dx = ln 2 x − ∫
x
dx + k

d'où
ln x 1
∫ x
dx = ln 2 x + k .
2

Cas où la fonction à intégrer est le produit d’un polynôme par une exponentielle ou une
fonction sinus ou cosinus
Exemples
- Calcul de ∫ x sin xdx,
En posant g(x) = x et f ’(x)= sin x on est assuré d’avoir au second membre à intégrer une fonction
circulaire élémentaire.
On a :

∫ x sin xdx = − x cos x − ∫ − cos xdx = − x cos x + sin x + k .


1
∫ t e dt ,
2 t
- Calcul de
0

2 t
En posant g(t) = t et f ′(t) = e on a au second membre à intégrer le produit d’une exponentielle par
t, on a abaissé le degré du monôme intervenant et on est assuré qu’en procédant à une nouvelle
intégration on aura à intégrer seulement une exponentielle.

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On a :
1 1 1 1
∫0
t 2 et dt = t 2 et  − 2 ∫ tet dt = e − 2 ∫ tet dt et
0 0 0

1 1 1
∫ te dt = te  − ∫ e dt = e − e + 1
t t t
0 0 0

d’où
1
∫ t e dt = e − 2 .
2 t
0

b. La formule d’intégration par parties permet d’établir une relation de récurrence


Exemples
Intégrales de Wallis
Ces célèbres intégrales, dont le calcul est lié, on le verra dans le complément, à un calcul de la
valeur approchée de π, sont définies pour n entier (n J 0) par :
π
I n = ∫ 2 sin n tdt
0

Le principe de la méthode est simple : on écrit, pour n J 2, sinnt sous la forme sinn-1t sin t , on
pose alors :
f ′(t ) = sin t et g (t )=sin n -1t d'où f (t ) = − cos t et g ′(t ) = (n − 1) cos t sin n− 2 t ,

cela conduira, en intégrant par parties, à avoir au second membre à intégrer : cos 2 t sin n − 2 t or ,
comme cela est bien connu, on a cos2 t = 1 − sin 2 t , d’où une relation de récurrence.
Il vient donc :
π π π

∫0
2
sin n tdt =  − cos t sin n−1 t  2 + (n − 1) ∫ 2 cos 2 sin n− 2 tdt .
0 0

Avec cos2 t = 1 − sin 2 t et compte tenu que le terme tout intégré est nul, on obtient :
I n = (n − 1) ( I n − 2 − I n ) , soit

n −1
In = I n−2 .
n
On a une récurrence de 2 en 2, d’où des expressions différentes pour n pair ou n impair.
π 2 p −1
Comme I 0 = et I 2 p = I 2 p − 2 , on a :
2 2p
1.3.5....(2 p − 1) π
I2 p = .
2.4.6......2 p 2

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Calcul intégral : méthodes générales

2p
Comme I1 = 1 et I 2 p +1 = I 2 p −1 , on a :
2 p +1
2.4.6.....2 p
I 2 p +1 = .
1.3.5....(2 p + 1)
Complément : Formule de Wallis
 π
Les inégalités ∀t ∈ 0,  0 ≤ sin n t ≤ sin n −1 t entraînent 0 ≤ I n ≤ I n −1 , donc la suite (In) qui est
 2
I n−2 n I
strictement positive est décroissante. On a = , d'où lim n − 2 = 1 .
In n −1 n →+∞ In
I n−1 I n− 2 I
Compte tenu des inégalités I n ≤ I n −1 ≤ I n − 2 qui entraînent 1 ≤ ≤ on a lim n−1 = 1 .
In In n →+∞ In
Ainsi la suite (I2p /I2p+1) a pour limite 1. On a donc :
2
 1.3.5.....(2 p − 1)  (2 p + 1)
lim   π = 1.
p →+∞
 2.4.6.......2 p  2

On en déduit une expression de π, comme limite de suite, d’où une possibilité de calcul approché :
2
1  2.4.6....2 p 
π = lim  
p →+∞ p 1.3.5....(2 p − 1)
 
valeurs numériques : pour p = 5, on obtient 3,30
pour p = 10, on obtient 3,15.

dx
Relation de récurrence entre les intégrales indéfinies I n ( x) = ∫
( x + 1) n
2

1
Pour tout n entier la fonction x $ est continûment dérivable sur R. En posant :
( x + 1) n
2

1
f ′( x) = 1 et g ( x) = la formule d’intégration par parties donne :
( x + 1) n
2

x x2
I n ( x) =
( x 2 + 1) n
+ 2 n ∫ (1 + x 2 )n+1 dx .
On remarque que :
x2 1 1
= − , d’où
(x + 1) (x + 1) (x + 1)
2 n +1 2 n 2 n +1

x
I n ( x) = + 2n ( I n ( x) − I n +1 ( x) ) .
( x2 + 1)
n

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Calcul intégral : méthodes générales

On a finalement la relation de récurrence :


x
2nI n +1 ( x) = + (2n − 1) I n ( x) .
( x2 + 1)
n

Remarque
Il faut insister sur le fait que cette relation concerne des intégrales indéfinies, les constantes y
figurent implicitement. Dans la pratique on se ramènera à des calculs d’intégrales définies
x
∫0
f (t ) dt .

c. Application à la formule de Taylor avec reste intégral


Théorème. Soit f une application de classe Cn+1 de l’intervalle [a, b ] dans R, on a alors :

(b − a ) (b − a )
2 n
1 b
f (b) − f (a ) = (b − a ) f ′ ( a ) f ′′ ( a ) f ( ) ( a) + ∫ (b − t ) f (n +1) (t ) dt .
n
+ + ......
n

2! n! n! a

Preuve
La démonstration se fait par récurrence ; on considère la formule :

(b − a ) (b − a )
2 k
1 b
f (b) − f (a ) = (b − a ) f ′ ( a ) + f ′′ ( a ) + ...... f ( ) ( a) + ∫ (b − t ) f (k +1) (t ) dt
k k

2! k! k! a

on montre qu’elle est réalisée pour k = 0, on fait une récurrence sur k pour k ∈ {0,1....n} .
b
Pour k = 0, on a f (b) − f (a) = ∫ f ′(t )dt .
a

Supposons la propriété vraie pour k < n :

(b − a ) (b − a )
2 k
1 b
f (b) − f (a ) = (b − a ) f ′ ( a ) f ′′ ( a ) f ( ) ( a) + ∫ ( b − t ) f ( ) (t ) dt .
k k +1
+ + ......
k

2! k! k! a
1 b
∫ (b − t ) f (k +1) (t ) dt , on a :
k
On intègre par parties
k! a

b
1 b  1  1
( b − t ) f (k + ) (t )dt =  − ( b − t ) f (k + ) (t )  + (b − t ) f (k + 2) (t )dt
k +1 b k +1
∫ ∫
k 1 1

k!  ( k + 1)!  a ( k + 1)!
a a

d’où :

(b − a ) (b − a )
2 k +1
1
f(
k +1)
f (b) − f (a) = (b − a ) f ′ ( a ) + f ′′ ( a ) + ...... (b − t ) f (k + 2) (t ) dt
b k +1

2! ( k + 1)!
(a) +
( k + 1)! ∫a

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Calcul intégral : méthodes générales

2. Intégration par changement de variable


2.1. Cas Général
Théorème. Soit ϕ une fonction de classe C sur un intervalle
1
[α , β ] , on pose

a = ϕ (α ) et b = ϕ ( β ) ; alors si f est une fonction continue sur un intervalle J contenant l’image

ϕ ([α , β ]) on a :

b β
∫ a
f (u )du = ∫
α
( f , ϕ ) (t )ϕ ′(t )dt .

Remarque préliminaire :
La fonction ϕ étant continue, l’image de [α , β ] par ϕ est un intervalle

ϕ ([α , β ]) = [m, M ] où m = inf f ( x) et M= sup f ( x) .


x∈[α , β ] x∈[α , β ]

Attention, en général [m, M ] ≠ [ϕ (α ), ϕ ( β ) ] . Ainsi avec ϕ = sin, α = 0, β = 2π on a :

ϕ ([α , β ]) = [−1,1] et [ϕ (α ),ϕ (β )] = {0} .

Preuve
On considère les fonctions F et G définies par
ϕ (x)
( f , ϕ ) (t ).ϕ ′(t )dt et G( x) = ∫ϕ (α )
x
F ( x) = ∫ f (u )du .
α

Les fonctions F et G sont dérivables et nous allons montrer que leurs dérivées sont égales.
On a d’une part :
∀x ∈ [α , β ] F ′( x) = ( f , ϕ ) ( x).ϕ ′( x) soit F ′ = f , ϕ .ϕ ′ .

D’autre part si H est la fonction définie sur ϕ ([α , β ]) par :

f (u )du alors G = H , ϕ et ∀s ∈ ϕ ([α , β ]) H ′( s ) = f ( s ) . On a donc :


s
H (s) = ∫
ϕ (α )

G′ = H ′ , ϕ .ϕ ′ = f , ϕ .ϕ ′ = F ′ .
D’où F – G est constante ; or F (α ) − G (α ) = 0 donc F = G .
Définition : L’application ϕ qui transforme l’intégrale de f sur [a, b] en l’intégrale d’une autre
fonction sur un autre intervalle définit un changement de variable..
Remarque.
β
( f , ϕ ) (t )ϕ ′(t )dt ,
b
Pour obtenir l’égalité : ∫a
f (u )du = ∫
α
on voit que dans le premier membre il

suffit de
- poser u = ϕ(t), alors du , appelé élément différentiel, devient du = ϕ ′(t )dt ,

7
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Calcul intégral : méthodes générales

- remplacer les bornes ϕ (α ) et ϕ ( β ) par α et β .

2.2. Applications
Quand utiliser un changement de variable ?
Le cas le plus simple est celui où on ”reconnaît” dans l’élément différentiel de l’intégrale proposée
le groupement f , ϕ (t ).ϕ ′(t ) dt
Exemples
3dt
1. Calcul de l’intégrale ∫2 t ln t

dt ϕ ′(t ) 1
L’élément différentiel s’écrit = dt avec ϕ = ln, d'où f : u $ . La formule de
t ln t ϕ (t ) u
changement de variable s’écrit dans ce cas
3 dt ln 3 du
∫2 t ln t
=∫
ln 2 u
= ln ln 3 − ln ln 2 .

dt
Du point de vue pratique on pose u = ln t d'où du = et
t
3 dt ln 3 du
∫2 t ln t
=∫
ln 2 u
= ln ln 3 − ln ln 2 .

b. Proposition. Soit f une fonction périodique de période T, continue sur R, on a alors :


a +T T
∀a ∈ R ∫ f (t )dt = ∫ f (t )dt
a 0

Preuve
On utilise la relation de Chasles :
a +T 0 T a +T
∫ a
f (t ) dt = ∫ f (t )dt + ∫ f (t ) dt + ∫
a 0 T
f (t )dt .
a +T
On considère l’intégrale ∫T
f (t ) dt on pose t = u + T , on obtient :
a a 0
∫ 0
f (u + T )dt = ∫ f (u )du = − ∫ f (u )du ,
0 a

d’où le résultat.

2.3. Cas où le changement de variable est bijectif


La formule, utilisée dans l’autre sens,
β
( f , ϕ ) (u )ϕ ′(u )du
b
∫ a
f (t )dt = ∫
α

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Calcul intégral : méthodes générales

présente de l’intérêt dans le cas où la recherche des primitives de ( f , ϕ ).ϕ ′ est plus simple que celle

des primitives de f.
On “devine“ le changement de variable.
Mais la difficulté provient du fait qu’on a :
b ϕ (β )
∫ a
f (t )dt et non ∫ ϕ (α )
f (t )dt .

Donc, quand on écrit :


b β
∫ f (t)dt = ∫ ( f , ϕ )(u)ϕ ′(u)du

a α

il faut trouver α et β tels que ϕ (α ) = a et ϕ (β )=b . Si la fonction ϕ est bijective de [α , β ] sur [a, b ] ,

alors α = ϕ −1 (a) et β = ϕ −1 (b) . Comme ϕ est de classe C il suffit qu’elle soit monotone sur [α , β ] .
1

On a alors :
ϕ −1 ( b )
( f , ϕ ) (u )ϕ ′(u )du .
b
∫a
f (t )dt = ∫
ϕ −1 ( a )

Exemple
On a dit qu’on devinait le changement de variable ; une bonne connaissance des formules
trigonométriques aide parfois dans cette opération.
1 dt
Calcul de l’intégrale ∫0
(1 + t 2 ) 1 + t 2
On remarque que, si l’on pose t = ϕ (u ) avec ϕ = tan , on a alors :

1 + tan 2 u
f , ϕ (u ) ϕ ′(u ) = = cos u > 0 .
(1 + tan 2 u ) 1 + tan 2 u

 π
La fonction tan est monotone et établit une bijection de 0,  sur [0,1] , la fonction réciproque
 4
étant arctan, on a donc
π
1 dt 2
∫ 0
(1 + t ) 1 + t
2 2
= ∫ cos udu =
0
4
2
.

dt 1
Pratiquement : on pose t = tan u d’où u = arctan t , du = et 1+tan 2u = . D’où le
1+ t 2
cos u
résultat.

9
CALCUL PRATIQUE D’INTÉGRALES

L’objectif de cette partie est de montrer que les méthodes vues dans la partie précédente
constituent un outil puissant qui permet de calculer de nombreuses intégrales. Mais, à une époque
où les calculatrices programmables effectuent ces calculs, on ne fera pas de longs
développements théoriques avec force indices et signes Σ ; le but est de montrer ce qu’on sait
résoudre, pourquoi et comment. Les recettes sont volontairement allégées et les exemples font
partie de l’étude ! Ceci est vrai en particulier pour l’intégration des fonctions rationnelles.

1. Intégration des fonctions rationnelles


1.1. Fractions et fonctions rationnelles
Étant donné une fraction rationnelle irréductible
P
avec P ∈ R [ X ], Q ∈ R [ X ] − {0} ,
Q
P( x)
la fonction numérique f définie, pour tout x réel tel que Q (x)  SDU f ( x) = est appelée
Q( x)
fonction rationnelle.
1
Ainsi à la fraction rationnelle on associe la fonction rationnelle
( X + 1)( X 2 + 1)
1
x6 définie sur les intervalles ]−∞, −1[ et ]-1,+∞[ .
( x + 1)( x 2 + 1)
La décomposition de P / Q en éléments simples (cf Algèbre) fait intervenir
- la partie entière polynomiale E ∈ R [ X ] ,

A
- des éléments de la forme avec A ∈ R, α ∈ R, r ∈ N ∗ ,
( X −α )
r

BX + C
- des éléments de la forme avec B, C , p et q réels, p 2 − 4q < 0, s ∈ N ∗ .
(X + pX + q )
2 s
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Calcul pratique d'intégrales

Ainsi on a :
1 1 − X +1
= + , d’où
( X + 1) ( X 2
+ 1) 2( X + 1) 2( X 2 + 1)

1 1 −x +1
∀x ≠ −1 = + 2 .
( x + 1) ( x 2
+ 1) 2 ( x + 1) ( x + 1)

1.2. Intégration des fonctions rationnelles


b
Le calcul d’une intégrale ∫a
R (t )dt où R est une fonction rationnelle qui n’a aucun pôle dans

l’intervalle [a, b ] comporte des calculs des types suivants:


b
- ∫a
E (t )dt où E est une fonction polynomiale,

b dt
∫ (t − α ) , r ∈ N

- r
,
a

b tdt b dt
- ∫ et ∫ , s ∈ N ∗ , p 2 − 4q < 0 .
(t + pt + q ) (t + pt + q )
a 2 s a 2 s

Les deux premiers ne posent aucun problème. Pour résoudre les deux autres, qui présentent au
dénominateur un trinôme du second degré sans racine réelle, on commence, suivant une
démarche très fréquente dans ce cas à mettre le trinôme sous forme canonique ; ainsi
2
 p p2
t 2 + pt + q =  t +  + q − .
 2 4
En posant alors :
p2 p
q− = λ 2 et t + = λu ,
4 2

le changement de variable ainsi défini conduit à se ramener à des calculs d’intégrales du type :
b udu b du
∫ et ∫ , s ∈ N∗ .
(u + 1) (u + 1)
a 2 s a 2 s

2
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Calcul pratique d'intégrales

Or nous avons déjà rencontré des intégrales de ces deux types :


b udu
- le calcul de ∫ , s ∈ N∗ se fait en remarquant que le numérateur est au facteur 1/2
(u + 1)
a 2 s

près la dérivée de (u 2 + 1) ,

b du
- celui de ∫ , s ∈ N ∗ a été fait, en application de la méthode d’intégration par parties,
(u + 1)
a 2 s

par récurrence.
1 dt
Rassurez vous, on n’a pas l’habitude de demander de calculer : ∫ . Le calcul est très
(t + 1)
0 2 25

ennuyeux bien avant 25!

1.3. Exemple
1 dt
Calcul de ∫ (t + 1) (t
0 2
+ 1)

1 dt 1 dt 1 tdt 1 dt
On a : 2∫ =∫ −∫ 2 +∫ 2 , soit
0
(t + 1) (t + 1) ( ) (t + 1) (t + 1)
2 0 t +1 0 0

 ln (t 2 + 1) + [arctan t ]1 .
dt 1 1
( )
1 1
2∫ = 
 ln t + 1 
 −
0
(t + 1) (t 2 + 1) 0
2 0 0

Donc, finalement
1 dt π 1
∫ (t + 1) (t
0 2
+ 1)
= + ln 2 .
8 4

2. Intégration de fonctions rationnelles en sinus et cosinus


b
Il s’agit de calculer des intégrales de la forme ∫a
R(cos t , sin t )dt où R est une fonction rationnelle

de deux variables.
2.1. R est une fonction polynomiale
La fonction R est somme de fonctions de la forme :
t 6 A cos m t sin n t , A ∈ R , (m, n) ∈ N × N ,

3
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Calcul pratique d'intégrales

b
il suffit donc d’étudier des intégrales de la forme ∫a
cos m t sin n tdt , ( m, n) ∈ N × N .

Une particularité bien utile des fonctions sinus et cosinus est que l’une est, au signe près, la
dérivée et une primitive de l’autre et qu’elles sont liées par la relation : cos 2 t + sin 2 t = 1 .
D’où si m ou n est impair : méthode par changement de variable direct
On pose :
pour m impair u = sin t ,
pour n impair u = cos t
et, compte tenu de la remarque précédente, tout s’arrange ; on a une fonction polynomiale en u.
On le voit sur l’exemple suivant.
Exemple
π
Calcul de ∫0
2
cos5 t sin 4 tdt

Le changement de variable u = sin t conduit à l’intégrale :


1
 u 5 2u 7 u 9 
∫ (1 − u ) u du = ∫ (1 − 2u + u ) u du =  −
1
2 2
1 1 2 1 8
4 2 4 4
+  = − + = .
0 0
5 7 9  0 5 7 9 315

Si m et n sont impairs on utilise la méthode dite (de façon incorrecte) de linéarisation.


1 + cos 2t 1 − cos 2t
On utilise les formules cos 2 t = , sin 2 t = , qui ne linéarisent pas les monômes
2 2
en sinus et cosinus mais en abaissent le degré.
Exemple
π
Calcul de ∫0
2
cos 2 t sin 4 tdt

On a :
1 1
cos 2 t sin 4 t = cos 2 t sin 2 t sin 2 t = sin 2 2t sin 2 t = (1 − cos 4t )(1 − cos 2t )
4 16
1 1 1 
= (1 − cos 4t − cos 2t + cos 4t cos 2t ) = 1 − cos 4t − cos 2t + ( cos 6t − cos 2t )  .
16 16  2 

π
π
1  sin 4t sin 2t sin 6t sin 2t  2 π
∫ cos t sin tdt = t − − + − =
2 2 4
D’où
0 16  4 2 12 4  0 32

4
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2.2. R est une fonction rationnelle non polynomiale


b
On considère une intégrale du type ∫a
R(cos t , sin t )dt où la fonction R est une fonction

rationnelle de deux variables.


L’ensemble des règles suivantes, dites parfois règles de Bioche, est très utile : il apparaît comme
une série de recettes, qu’on admettra, et qui permettent, en théorie du moins, de résoudre tous les
problèmes entrant dans ce cadre. Ici encore une bonne connaissance des formules
trigonométriques permet d’alléger parfois la recette initiale.
On note ω (t ) = R(t )dt l’élément différentiel.
Règles
On cherche si ω est invariant quand on remplace t par − t , π − t , ou π + t .

• Si ω est invariant quand on remplace t par –t c’est-à-dire si ω (−t ) = ω (t ) , alors ω s’écrit


ω (t ) = S (cos t ) sin tdt ,
où S est une fonction rationnelle en cosinus ; on fait alors le changement de variable u = cos t .
• Si ω est invariant quand on remplace t par π − t c’est-à-dire si ω (π − t ) = ω (t ) , alors ω
s’écrit :
ω (t ) = T (sin t ) cos tdt ,
où T est une fonction rationnelle en sinus ; on fait le changement de variable u = sin t .
• Si ω est invariant quand on remplace t par π + t c’est-à-dire si ω (π + t ) = ω (t ) , alors ω
s’écrit :
ω (t ) = U (tan t ) (1 + tan 2 t ) dt ,

où U est une fonction rationnelle en tangente ; on fait le changement de variable u = tan t .


t
Et si tous les tests sont négatifs on pose u = tan   , mais attention on ne doit pas sortir des
2

intervalles  ( 2k − 1)π , ( 2k + 1)π  (k ∈ Z) . On a une expression de la primitive sur chaque

intervalle.

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Exemples
π
- Calcul de I = ∫ 4 (1 + cos t ) tan tdt
0

L’élément différentiel s’écrit : ω (t ) = (1 + cos t ) tan tdt on a ω (−t ) = ω (t ) , on remarque qu’on peut

1 + cos t
écrire ω (t ) = sin tdt ; d’où le changement de variable u = cos t qui conduit à
cos t
π 1
1
1+ u 1 2− 2
∫ (1 + cos t ) tan tdt = −∫
4 2 du = [ln u + u ] 1 = ln 2 + .
0 1 u 2 2
2

dx
c. Calcul de ∫ 2 + sin x
Nous allons traiter en détail cet exemple, l’objectif étant non le résultat mais la mise en évidence
des précautions qui, surtout pour une intégrale indéfinie, doivent accompagner la méthode
de changement de variable.
Première étape : choix d’un changement de variable et d’un intervalle associé
1
La fonction f : R → R x 6 est continue sur R, elle admet une infinité de primitives qui
2 + sin x
t
sont de classe C1 sur R. On remarque que le changement de variable u = tan   ) est celui qui
2
convient, mais on ne doit pas sortir des intervalles  ( 2k − 1)π , ( 2k + 1)π  , le changement de

variable n’est valable qu’à l’intérieur d’un tel intervalle.


On se placera donc dans l’intervalle ]−π , +π [ et, parce que, surtout lorsqu’il s’agit d’un

changement de variable, il est préférable de raisonner sur une intégrale définie, on déterminera,
1
par exemple, la primitive de la fonction : x 6 qui s’annule en 0.
2 + sin x
x dt
Notons F cette fonction qui est donc définie par : F ( x ) = ∫ .
0 2 + sin t
On suppose donc : −π < x < π , d'où − π < t < π , dans ces conditions il y a équivalence entre les
égalités :
t 2du 2u
u = tan   et t = 2 arctan u d'où dt = et sin t = .
 2 1+ u 2
1+ u2

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On a donc :
x dt tan ( x / 2 ) du
F ( x) = ∫ =∫ .
0 2 + sin t 0 u + u +1
2

Seconde étape : expression de la fonction F sur l’intervalle ]−π , π [


2
1  3
2 2
 1 3 
On met alors le trinôme sous la forme canonique : u + u + 1 =  u +  + =  u +  + 
2
 .
 2 4  2   2 

1 3
On fait le changement de variable u + = s , d’où l’expression
2 2

F ( x) = ∫
(2 tan ( x / 2 )+1) 3 ( )
3 / 2 ds
,
( ) ( s + 1)
1/ 3 2
2
3/2

soit finalement l’expression de F(x) sur ]−π , +π [

2   2 tan ( x / 2 ) + 1  π 
F ( x) =  arctan   −  .
3  3  6

Considérons maintenant la fonction φ définie sur * ( 2k − 1)π , ( 2k + 1)π  par


k ∈Z

2   2 tan ( x / 2 ) + 1  π 
φ ( x) =  arctan   −  .
3  3  6
On a ∀x ∈ ]−π , +π [ φ ( x ) = F ( x ) , mais φ n’est pas prolongeable en une fonction continue sur

R, on a en effet :
2π 4π
lim− φ ( x ) = et lim+ φ ( x ) = −
x →π 3 3 x →π 3 3
la limite à droite est différente de la limite à gauche en π.
Troisième étape : expression de la fonction F sur R
La fonction F est continue sur R, comment l’exprimer sur les autres intervalles
 ( 2k − 1)π , ( 2k + 1)π  ( k ≠ 0) , par exemple sur [π ,3π ] ?

On a :

F (π ) = lim− φ ( x ) = .
x →π 3 3

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1
Sur ]π ,3π [ les fonctions F et φ étant deux primitives de la fonction x 6 diffèrent d’une
2 + sin x
constante on donc :
∀x ∈ ]π ,3π [ F ( x) = φ ( x ) + λ , λ ∈ R .

On détermine la constante en prenant la limite des deux membres quand x tend vers π à gauche,
d’où l’égalité :
2π 4π 2π
=− + λ , soit λ =
3 3 3 3 3
d’où

2   2 tan ( x / 2 ) + 1  5π 
∀x ∈ ]π ,3π [ F ( x) =  arctan  +  .
3  3  6 
On peut également remarquer que la fonction f est périodique de période 2π donc
x + 2π x + 2π 2π
F ( x + 2π ) − F ( x) = ∫ f (t ) dt et ∫ f (t )dt est un réel fixe, indépendant de x, et égal à ,
x x
3
d’où
2 kπ
∀x ∈  ( 2k − 1)π , ( 2k + 1)π  F ( x ) = φ ( x ) + et
3

2   2 tan ( x / 2 ) + 1  π 
∀x ∈  ( 2k − 1)π , ( 2k + 1)π  F ( x) =  arctan   − + kπ 
3  3  6 

et F (( 2k + 1)π ) = (3k + 1) .
3 3
2π 1
Remarque : Pour calculer ∫0 2 + sin t
dt on ne doit pas prendre x = 2π , on obtiendrait alors

F(2π) = 0, ce qui est absurde puisque la fonction f est continue et strictement positive sur
l’intervalle d’intégration. On a ainsi une illustration des dangers de sortir des intervalles

 ( 2k − 1)π , ( 2k + 1)π  . On calcule donc ∫ f (t )dt en remarquant que le changement de
−π

 t  1 
variable u = tan conduit à calculer une intégrale sur un intervalle  , +∞  qui n’est plus
 2  3 

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borné ; on a donc de fait ce qu’on appellera une intégrale impropre mais on est dans un cas
simple dans lequel il suffit de prendre la limite dans l’intégrale

F ( x) = ∫
(2 tan ( x / 2 )+1) 3 ( )
3 / 2 ds

( ) ( s + 1)
1/ 3 2
2
3/2

quand x tend vers π.


On obtient finalement :
2π 1 2 3π
∫ 0 2 + sin t
=
3
.

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