BIORISK2016 SA0075 Fi
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Saisine n°2016-SA-0075
Mise à jour : Mars 2021
Bacillus cereus
Famille des Bacillaceae
Genre Bacillus
Bactérie
Caractéristiques et sources de
Bacillus cereus
Principales caractéristiques microbiologiques
Bacillus cereus est responsable de toxi-infections
caractérisées par des symptômes diarrhéiques, ainsi que
d’intoxinations1 se traduisant par des symptômes émétiques. Il
s’agit d’un bacille à coloration de Gram positive, sporulant et
aéro-anaérobie facultatif.
Bacillus cereus © INRAe
Il fait partie d’un groupe de bactéries qui ont été longtemps
considérées comme des espèces différentes mais qui, d’après degrés d’association avec des maladies transmises par les
des expérimentations d’hybridation ADN/ADN, appartiennent à aliments. Le groupe VI est le plus psychrotrophe et n’a encore
la même espèce. Pour simplifier la description de ce groupe, les jamais été associé à des toxi-infections alimentaires. Les
noms des anciennes espèces seront ici conservés. Elles sont groupes II, IV, V sont psychrotrophes à mésophiles et les
souvent regroupées dans la littérature sous le terme « Bacillus groupes III et VII sont mésophiles à thermotolérants.
cereus sensu lato » au sein duquel on distingue : Actuellement, trois entérotoxines majeures (Hbl, Nhe et
Les pathogènes pour l’Homme : CytK) ont été décrites chez B. cereus sensu lato. Les
- Bacillus cereus sensu stricto ; entérotoxines Hbl (hémolysine BL) et Nhe (entérotoxine non
- Bacillus thuringiensis, se différenciant de B. cereus sensu hémolytique) sont chacune composées de trois protéines. La
stricto par la production d’un cristal parasporal toxique pour cytotoxine K (CytK) existe sous deux formes, CytK-1 et CytK-2,
les insectes et étant utilisé comme bio-insecticide ; la première étant plus cytotoxique que la seconde. Le gène
- Bacillus anthracis, sensible à la pénicilline, agent de la codant Nhe est présent dans quasiment toutes les souches mais
maladie du charbon ; n’est pas toujours fonctionnel. Les souches impliquées dans les
- Bacillus cytotoxicus, thermotolérant et hautement toxique ; toxi-infections alimentaires produisent en général plus
Les non-pathogènes pour l’Homme : d’entérotoxines que les autres. En outre, certaines souches de
- Bacillus weihenstephanensis, correspondant à certaines B. cereus sont capables de produire une toxine émétique,
souches de B. cereus psychrotrophes ; appelée céréulide (un peptide cyclique). Elles représentent une
- Bacillus mycoides et Bacillus pseudomycoides, caractérisés minorité, généralement 1 % ou moins des isolats issus des
par la formation de colonies à bords filamenteux sur milieux aliments ou de l’environnement, mais représentent 15 % des
gélosés. souches isolées d’aliments ayant causé des troubles gastro-
Lors de l’analyse des aliments ou lors de l’investigation de intestinaux. Ces souches appartiennent au groupe
toxi-infections alimentaires collectives, les tests permettant de phylogénétique III (Tableau 1).
distinguer B. thuringiensis, B. cereus sensu stricto, B. Une atmosphère modifiée contenant plus de 40 à 50% de
cytotoxicus et B. weihenstephanensis ne sont généralement pas CO2 peut inhiber la croissance de B. cereus. L’anaérobiose
effectués. Les informations dans ce domaine incluent donc de inhibe la production de céréulide.
façon indifférenciée ces quatre bactéries. Il existe peu de données concernant la production des
Afin de mieux différencier les souches de ce groupe, toxines diarrhéiques dans les conditions environnementales
B. cereus sensu lato a été subdivisé en sept groupes présentées dans le Tableau 2. Cependant, ces toxines étant
génétiques, les anciennes espèces se répartissant chacune produites dans l’intestin après ingestion de l’aliment contaminé,
dans un ou plusieurs groupes. Les sept groupes génétiques l’essentiel est d’éliminer les spores de la bactérie ou ses cellules
possèdent des capacités d’adaptation thermique différentes, des végétatives.
plus psychrotrophes2 aux plus thermotolérants, et différents
1
Fiche de description de danger biologique transmissible par les aliments : Bacillus cereus
Saisine n°2016-SA-0075
Mise à jour : Mars 2021
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Les personnes ayant une probabilité plus forte que la moyenne de développer, après exposition au danger par voie alimentaire [dans le cas des
fiches de l’ANSES], des symptômes de la maladie, ou des formes graves de la maladie.
4
Relation entre la dose (la quantité de cellules microbiennes ou de toxines ingérées au cours d’un repas) et l’effet chez un individu.
5
Pour un effet donné, relation entre la dose et la réponse, c’est-à-dire la probabilité de la manifestation de cet effet, dans la population.
2
Fiche de description de danger biologique transmissible par les aliments : Bacillus cereus
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Tableau 4 : Données épidémiologiques françaises relatives aux toxi-infections alimentaires collectives à B. cereus.
Foyers de TIAC déclarées aux ARS et/ou aux DD(CS)PP (Source : Santé publique France - Mise à jour mars 2021)
Année 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
TIAC confirmées1 à B. cereus
Foyers (%2) 20 (9,3%) 29 (15%) 23 (9%) 29 (10%) 45 (13%) 47 (16%) 57 (15%) 62 (16%)
Malades (%) 349 (14.8%) 344 (15%) 447 (15%) 545 (17%) 816 (16%) 845 (18%) 1166 (26%) 988 (22%)
Hospitalisations 11 (5.8%) 7 (4%) 18 (7%) 10 (4%) 12 (5%) 5 (2%) 43 (13%) 37 (13%)
TIAC suspectées à B. cereus
Foyers (%) 198 (24,6%) 224 (25%) 241 (25%) 233 (26%) 208 (22%) 217 (28%) 283 (29%) 293 (27%)
Malades (%) 1673 (25,5%) 1902 (27%) 2031 (27%) 2085 (30%) 1656 (24%) 1652 (28%) 2047 (29%) 2155 (25%)
Hospitalisations 115 (25,7%) 67 (17%) 77 (22%) 53 (18%) 85 (26%) 87 (30%) 117 (32%) 46 (20%)
1
Foyers dans lesquels l’agent est isolé dans un échantillon d'origine humaine et/ou dans les aliments consommés par les malades
2
% par rapport au total des cas ou foyers avec des agents déterminés
de biofilms. Ces biofilms, difficiles à éliminer par les traitements
Épidémiologie de nettoyage, peuvent à leur tour produire des spores.
Les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) sont des
Les risques pour le consommateur sont le plus souvent liés
maladies à déclaration obligatoire (DO) en France. Les maladies
à une multiplication de B. cereus lors de l’exposition des aliments
à B. cereus sont vraisemblablement sous-déclarées en France
à des températures inappropriées. Les aliments associés à des
comme en Europe: lors d’épisodes de toxi-infections
toxi-infections à B. cereus subissent fréquemment, mais pas
alimentaires collectives, leur recherche n’est pas souvent
exclusivement, une étape de cuisson et/ou ne sont pas refroidis
effectuée ; par ailleurs, les symptômes des toxi-infections
de manière adéquate après leur préparation et avant la
alimentaires diarrhéiques et émétiques à B. cereus sont très
consommation. Des intoxinations avec symptômes émétiques
proches de ceux provoqués respectivement par Clostridium
ont été causées par des produits amylacés (par exemple, plats
perfringens et Staphylococcus aureus.
à base de riz ou de pâtes).
Rôle des aliments Sans être limitatif, les plats cuisinés, les produits agrémentés
d’épices, d’herbes ou aromates, les aliments déshydratés
Principaux aliments à considérer reconstitués par addition d’eau chaude (potages en poudre,
purées de pommes de terre préparées à partir de flocons, lait en
Les spores de B. cereus sont présentes dans quasiment
poudre, etc.) ou cuits à l’eau (pâtes, riz, semoule) conservés à
toutes les catégories d’aliments. Des produits secs ou
une température permettant la croissance de B. cereus
déshydratés, tels que les épices, les herbes aromatiques,
(températures comprises entre 4°C et 55°C), et avec une
certains légumes, les céréales et les farines, sont fréquemment
consommation différée, sont le plus souvent à l’origine de toxi-
contaminés par B. cereus, à des niveaux variables. Ces matières
infections alimentaires.
premières entrant dans la composition d’un produit fini, sont des
sources potentielles de contamination. Par ailleurs, les spores Traitements d’inactivation en milieu
de B. cereus montrent de fortes capacités d’adhésion aux
surfaces des équipements, et être ainsi à l’origine de la formation industriel (tableau 5)67 8
Tableau 5 : Impact des traitements en milieu industriel
Traitement Conditions Impact Matrice
Température La cuisson des aliments ne permet pas de garantir l’absence de spores de B. cereus, mais peut suffire à
inactiver celles des groupes génétiques les plus thermosensibles.
Tous les B. cereus sont inactivés par les traitements d’appertisation.
Valeurs de D 6 et z 7 pour les spores de B. cereus:
D95°C = 2 min , z= 8-12,5°C Porc
D100°C =1,2-7,5 min Riz
Valeurs de D90°C pour les spores de B. cereus
Groupe VI : 1,7 min
Groupes II, IV, V : 20-30 min
Groupes III, VII : 40-90 min
Six réductions décimales sont obtenues, par exemple, avec un traitement thermique :
- à 70°C pendant 12 s (sur cellule végétative dans la viande de porc)
- à 105°C pendant 36 s (sur spore dans la viande de porc)
NB : la thermorésistance des spores est réduite à pH acide (pH < 4,3).
La toxine émétique à l‘origine de l’intoxination est thermorésistante puisqu’elle ne peut être détruite que
par un traitement à 126°C appliqué pendant 90 min.
Il a été montré qu’à pH neutre, des traitements à 121°C pendant 120 min ne suffiraient pas à inactiver le
céréulide.
Hautes pressions Combinaison traitement thermique (>60-70°C) + traitement
Inactivation des spores /
par hautes pressions (550-600 MPa)
Rayonnements D10 8 = 1,6 – 2,6 kGy Destruction des spores
/
ionisants
6
D est le temps nécessaire pour diviser par 10 la population du danger microbiologique initialement présente.
7
z est l’augmentation de température (°C) correspondant à une diminution d’un facteur 10 du temps de réduction décimale D.
8
D10 est la dose de rayonnements ionisants (en kGy) nécessaire pour diviser par 10 la population du danger microbiologique initialement présente.
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