Une M Thode Simple Pour Le Calcul Des Ondes de Rupture de Barrage

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La Houille Blanche

ISSN: 0018-6368 (Print) 1958-5551 (Online) Journal homepage: www.tandfonline.com/journals/tlhb20

Une méthode simple pour le calcul des ondes de


rupture de barrage

André Paquier & Olivier Robin

To cite this article: André Paquier & Olivier Robin (1995) Une méthode simple pour le calcul
des ondes de rupture de barrage, La Houille Blanche, 81:8, 29-34, DOI: 10.1051/lhb/1995077

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Published online: 01 Aug 2009.

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Une méthode simple pour le calcul des ondes de
rupture de barrage

André Paquier, Olivier Robin


CEMAGREF *

1 • INTRODUCTION. téristiques suivantes: la hauteur d'eau maximale, la vitesse


maximale et le temps d'arrivée de l'onde.
La rupture d'un barrage est un événement rare mais d'am- En ce qui concerne la première étape de rupture de
pleur parfois considérable. Chaque année, dans le monde, l'ouvrage ou plus exactement l'obtention de l' hydro-
en moyenne, 1 à 2 barrages de plus de 10 mètres de haut gramme au droit du barrage, les méthodes sont très di-
ont des problèmes tels qu'ils occasionnent la rupture par- verses. On peut distinguer:
tielle ou totale de l'ouvrage. En France, grâce, en parti- a) celles qui supposent une rupture instantanée (totale ou
culier, aux mesures prises suite à la catastrophe de Mal- partielle) de l'ouvrage avec soit utilisation d'une formule
passet, ces 30 dernières années n'ont vu aucune rupture simplifiée, soit calcul de ligne d'eau;
d'importance notoire. Il demeure que, avant même qu'un b) celles qui supposent une rupture progressive de
risque réel de rupture se manifeste, il est nécessaire de l'ouvrage avec soit variation linéaire des caractéristiques
connaître les zones éventuellement submergées suite à une de la brèche, soit utilisation d'un modèle d'érosion;
rupture afin de, par exemple, préparer un plan d'évacuation c) celles qui partent d'une analyse statistique des ruptures
des populations concernées. réellement observées pour obtenir une relation entre le
Pour les grands ban'ages (plus de 20 mètres de haut et débit de pointe au droit du barrage et différentes carac-
15 millions de m3 ), la réglementation française prévoit la téristiques du barrage ou de la retenue (en général, hauteur
procédure de plan d'alerte. Pour les ouvrages de moindre du barrage et volume de la retenue).
importance, aucune disposition n'est obligatoire mais il
importe de déterminer les zones susceptibles d'être sub- Pour les digues en terre, les 3 méthodes sont utilisées,
mergées (et les caractéristiques de l'ondé dans ces zones) un calcul de type b étant le plus précis et le plus complexe.
afin de pouvoir juger si la sécurité publique est en cause Pour les ouvrages en béton, seules les méthodes de type
et éventuellement prévoir des dispositions particulières. a sont à considérer, les ruptures observées ayant été très
rapides (durée de l'ordre de la minute).
Pour la détermination des zones submergées, les moyens
de calcul modernes ont permis d'apporter des réponses En ce qui concerne la seconde étape de propagation, la
même simplification du phénomène réel est admise par la
diversifiées. Les méthodes de calcul sont, en général, cons-
tituées de 2 étapes séparées: plupart; on se contente de modéliser le seul écoulement de
l'eau dans l'axe de la vallée sans tenir compte de la
- la simulation du phénomène de rupture de l'ouvrage complexité du processus physique qui inclut des accélé-
qui permet d'obtenir l'hydrogramme au droit du barrage; rations transversales et verticales souvent importantes (au
- la simulation de la propagation de l'onde dans la vallée niveau du front) et un transport solide intense. La modé-
à l'aval qui donnera, en général, en tout point, les carac- lisation s'effectue par un des moyens suivants:
a) résolution des équations de Saint-Venant;
b) utilisation d'abaques (ou relations entre grandeurs adi-
(*) Division Hydrologie-Hydraulique, 3 bis, quai Chauveau mensionnelles) basés sur une généralisation de résultats
CP 220, 69336 Lyon Cedex 09. des méthodes de type a) ;

A simple method for the computation of dam-break waves

We describe a simplified method for computing dam-break waves and the results of the corresponding
validation tests. Computation for one given cross section only uses data relative to the dam and that section
completed by the Manning-Strickler coefficient for the reach between the dam (lnd that section. The references
of the various comparisons consist of computations with a model solving de Saint- Venant equations. R.esults
are generally good as well for maximum water heights (dijference less than 30 % in more than 90 % of
sections) as for maximum velocities and wave arrival times. We also note this important point that the uniform
flow equation is verified between maximum discharge and maximum water height.

...............
~ _ _ _ _ _ _

III _
LA HOUILLE BLANCHF)N° 8-1995

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1995077


----1
A. PAQUIER, O. ROBIN

Notations

1 pente de la vallée à l'abscisse X Va volume de la retenue


K coefficient de Strickler VMAX vitesse maximale à l'abscisse X
OBMAX débit de pointe au droit du barrage X distance d'un point jusqu'au barrage
0MAX débit maximal à l'abscisse X YMAX hauteur d'eau maximale à l'abscisse X

c) résolution d'équations obtenues à partir des équations tests sur des barrages français [4], ont toutefois montré que
de Saint-Venant par simplification de l'équation dynami- l'erreur sur les résultats pouvait dépasser 100 % (par com-
que. paraison à des calculs menés avec un calcul de type
Saint-Venant) et était souvent supérieure à celle de la
De ces 3 méthodes, la plus précise est la première mais méthode par abaques du CTGREF.
elle est aussi d'une complexité de mise en œuvre bien
supérieure. Nous avons donc décidé de reprendre cette dernière
méthode afin de l'améliorer sur les points suivants:
extension aux ruptures progressives;
II • OBJECTIFS DE LA MÉTHODE MISE AU extension du domaine de validité;
POINT. augmentation de la précision sur les résultats;
intégration dans un logiciel d'utilisation simple.

Au cours des 10 dernières années, le CEMAGREF a


développé plusieurs logiciels de calcul pour répondre à la III. VALIDATION DU LOGICIEL
demande française en matière de calcul d'onde de rupture CASTOR.
de barrage. L'objectif était clairement de disposer des
outils les plus performants. Ont donc été conçus un logiciel
Le logiciel ainsi créé et dénommé CASTOR (CAlcul Sim-
(RUPRO) de simulation d'érosion de digue en terre (par
plifié pour le Traitement des Ondes de Rupture de barrage)
surverse ou par renard) ainsi qu'un logiciel (RUBAR 3) de
repose sur les 5 étapes de calcul suivantes:
résolution des équations de Saint-Venant en présence de
front. Récemment, un logiciel (RUBAR 20) a vu le jour 1) calcul du débit de pointe au droit du barrage QB MAX par
pour la résolution des équations de Saint-Venant bidimen- des formules simples différentes en rupture progressive et
sionnelles. en rupture instantanée;
Ces outils relativement complexes ne peuvent être mis 2) détermination, grâce à un abaque numérisé, du rapport
en œuvre que par des bureaux d'études spécialisés; leur
QMAX /QB MAX du débit maximal en une section quelconque
emploi ne peut être généralisé à l'ensemble des services à ce débit de pointe au barrage;
qui ont à gérer les problèmes de sécurite des barrages. Sauf
circonstances particulières, les méthodes décrites ci-dessus 3) calcul de la hauteur d'eau maximale YMAX à partir de
QMAX par l'équation du régime uniforme;
sont donc réservées aux grands barrages, une méthode
simplifiée devant être utilisée pour les ouvrages de moindre 4) calcul de la vitesse maximale VMAX à partir de
importance. QMAX et de la section mouillée correspondant à YMAX;
Cette méthode devrait répondre aux critères suivants: 5) calcul du temps d'arrivée de l'onde à partir de VMAX et
- être d'une mise en œuvre suffisamment simple pour de la distance au barrage.
qu'un ingénieur n'ayant que des connaissances de base en
Nous examinons ci-dessous les résultats de tests de
hydraulique puisse l'utiliser rapidement et sans risque d'er- validation effectués successivement pour chacune des prin-
reur excessif; cipales étapes. Ces tests ont consisté à comparer les ré-
- s'appliquer à la majeure partie des cas; sultats de CASTOR à ceux de RUBAR 3 qui résout les
- présenter des résultats avec une marge d'incertitude la équations de Saint-Venant. Ceci a été effectué sur un
plus réduite possible. Dans le cas des grands barrages, le échantillon de 15 barrages totalisant 440 sections en tra-
Comité Technique Permanent des Barrages (C.T.P.B.) ad- vers sur environ 500 kilomètres de vallée à l'aval des
met une incertitude de l'ordre de 15 % sur les résultats en barrages. Cet échantillon constitué d'ouvrages pour les-
hauteurs d'eau et temps. Avec une précision identique sur quels le problème de sécurité a été réellement posé re-
les données, l'incertitude sur les résultats d'une méthode couvre un éventail très large de situations quant à la
simplifiée devrait se situer entre 20 et 50 %. topographie de la vallée (pente de 0,01 à JO %) et à
Un tour d'horizon des méthodes existantes nous a l'importance de l'ouvrage (volume de retenue de
conduit au constat suivant: 730000 m 3 à 48 millions de m 3 , hauteur du barrage de 8
à 60 mètres).
- le CTGREF (Centre Technique du Génie Rural des
Eaux et des Forêts) avait présenté en 1978 [1] une méthode
par abaques encore largement utilisée mais qui avait pour • 3.1 Débit de pointe au droit du barrage
principal inconvénient de ne s'appliquer qu'aux ruptures
instantanées; En rupture instantanée, QB MAX est déterminé par la for-
- des différentes méthodes américaines, le modèle mule de Ritter corrigée par un coefficient qui tient compte
SMPDBK du NWS (National Weather Service) apparais- de la forme de la retenue (plus ou moins allongée). Le
sait comme le plus précis et le plus facile d'emploi [6]. Des coefficient utilisé par la méthode par abaques [1] a été

LA HOUILLE BLANCHEIN° 8-1995


CALCUL DES ONDES DE RUPTURE DE BARRAGE

légèrement modifié car il conduisait à sous-estimer Cet abaque reste valable uniquement pour des ruptures
QB MAX ' Le résultat de l'ajustement est présenté à lafigure J instantanées. Le cas des ruptures progressives est traité en
sur les 7 barrages de l'échantillon traités en rupture ins- supposant qu'un hydrogramme de rupture progressive est
tantanée. analogue à un hydrogramme de rupture instantanée déjà
En rupture progressive, CASTOR utilise une formule amorti. On définit ainsi un bief fictif à l'amont du barrage
simplifiée d'origine statistique calée sur des observations réel de pente et de coefficient de Strickler représentatifs de
de rupture [3]. Aucune comparaison n'est ici effectuée la vallée réelle et de longueur suffisante pour que si le
entre les résultats donnés par cette fomlule et d'éventuels barrage se rompait instantanément à l'amont de ce bief
autres résultats, aucune référence indiscutable n'existant en fictif, le débit maximal résultant au droit du barrage réel
ce domaine. Les comparaisons globales présentées ci-après correspondrait au débit de pointe de la rupture progressive.
supposeront donc en rupture progressive même débit maxi- La figure 2 montre à même débit de pointe au barrage
mal au barrage dans CASTOR que dans RUBAR 3. les résultats en terme de débit maximal en chaque section
en travers.
La dispersion est limitée (écart type: 0,24) avec une
moyenne proche de 1 que ce soit la « moyenne par sec-
2.0-.----------------------,
tion» (qui correspond à une moyenne effectuée avec le
même poids pour chaque section en travers) ou la
t.8 Moyenne '" 0.9660 « moyenne par barrage» (qui correspond au même poids
donné à la moyenne de chaque barrage, chaque section
1.6 d'un même barrage étant crédité du même poids).
Nous avons aussi examiné séparément les résultats en
rupture instantanée et progressive. On remarque alors une
1.4
légère surestimation de QMAX par CASTOR en rupture
instantanée. Les résultats y sont, par ailleurs, plus dispersés
1.2 qu'en rupture progressive.
i
<.>

ê 1.0-{ +: + +........................ 1
~ + + 2.0,--------------------,
CI:

~ MoyennePlif uction. 1.0170


0.8 ........ + - .
1.8 Moy.".... par blirrage • O.~80

0.6
1.6

0.4
1.4
o ··········f..···· . ··········

~ .: \~~: .!..
0.2

0.0+----,.--,--,---,---.-,.-,.......,--.,.....,..-....,....,....,..,....,-..;
10 20 30 40
HAUTEUR DU BARRAGE (en mètres)
50 60 70 80 90 100 ::
1. Débits de pointe au barrage en rupture instantanée. 0.8 ,. fà+§
Il f ~
0.6 y,' 1J:lC •

....·..·..I,~/···'·!r ..'r ~ .
• 3.2 Débit maximal dans une section 0.4
, '''1.:
Il· ...
On utilise un abaque constitué d'un faisceau de courbes
0.2
correspondant aux différentes valeurs du produit IK 2 de la
pente par le carré de Strickler (données moyennes entre le
barrage et la section en question). Connaissant la valeur de 0.0+---,-,-,-,-,------r---....,..-----r--4
2 7 8 9 10 20 30 "0 sa
IK , l'abaque permet de déterminer le rapport STRICKLER MOYEN

QMAX /QB MAX en fonction de la variable adimensionnelle

X/V~I3, Vo représentant le volume de la retenue en m 3 et X 2. Vérification de l'abaque donnant le débit maximal.


la distance au barrage en mètres. Afin de pouvoir traiter le
maximum de cas, nous sommes partis de l'abaque du
CTGREF [1] et avons étendu son domaine de validité en • 3.3 Hauteur d'eau maximale
effectuant des simulations à partir de RU BAR 3 sur un Le calcul de la hauteur d'eau maximale est effectué à partir
canal triangulaire de pente et de Strickler constants. de la description en couples largeur-cote de la section en
Ces calculs ont permis de compléter l'éventail de cour- travers, d'un Strickler local et d'une pente locale donnés
bes IK 2 disponibles entre 0, 1 et 64, l'abscisse maximale (en par l'utilisateur. On suppose le régime uniforme (pente
variable adimensionnelle X/V~/3) étant portée à 700, ce qui égalée au frottement) afin d'obtenir une relation locale
donne, par exemple, 70 km pour une retenue de 1 million (indépendante des autres sections) entre le débit et la
de m 3 . hauteur d'eau.

- - - -_ _- 1
III LA HOUILLE BLANCHE/N° 8-1995
____
A. PAQUIER, O. ROBIN

Dans le cas de faibles pentes ou contrepentes, on consi- 2.0-r----------------------,


dère une pente locale minimale de 0,05 %. Dans le cas de MCIY*"M pIIr • .clion • O.G976
singularités topographiques (rétrécissements, ...), la hauteur
1.• Moy..,..... Pit barra~. 0.9826
d'eau maximale étant influencée par la topographie voi-
sine, on permet d'effectuer une description plus fine de la
topographie en ajoutant 1 ou 2 sections en travers à la 1.6

description du point où s'effectue le calcul; ces sections ................. o ~ . .... 'K...

supplémentaires permettent de définir une section en tra- 1.'


o ~
. ... o
vers moyenne plus représentative de la situation locale. La x
o +
figure 3A montre que, moyennant ces précisions (appli-
1.2
quées sur notre échantillon, à environ 30 sections), à
QMAX donné, l'équation du régime uniforme (le frottement i
u Ô+ +
x
0 ~
>-
exprimé en fonction de YMAX et QMAX est égalé à la pente) - 1.0 . ··111"·+.··· '" i!>..

permet de retrouver une bonne approximation de YMAX; la ~


a:
eJ0 ,lb
>- l '"
6 III 1)(11
moyenne' est proche de 1 et l'écart type de l'ordre de 0,11. o.• 1lI ... ~.+.
I l ) ( )(
y 1 III! )(
~. :. 1 V~
0.6
• Il

2.0-r---------------------,
o.•
MO)'WIlW par MCtion. 1.0127

1.8 Moyervwparbarta9lt_l.0172
0.2

1.6

.... 'K .
O.O+--,---r-....-...,...---,.---,--,----,.----,;--,--.'
..... 0.02 0.04 0.07 0.1 0.2 0,4 0.7 1.0 2.0 ".0 7.0 10.0
PENTE LOCA.lE (en %)

3B. Hauteurs d'eau maximales.

• 3.4 Vitesses maximales

x Pour obtenir la vitesse maximale moyenne en une section,


0.6
on considère la vitesse obtenue par le calcul précédent en
régime uniforme à laquelle on applique un coefficient
correcteur de 1,2 qui permet de tenir compte du fait que
o.•
la vitesse à l'arrivée du front est, en général, plus forte que
plus tard alors que niveau d'eau ou débit sont maximaux.
0.2 La référence du logiciel RUBAR 3 est toujours utilisée
mais elle est ici plus critiquable car des vitesses maximales
O.O+--..,....--r--r--..,....--,--..,.......,...---,.-----,--,-......,J différentes peuvent être obtenues selon la hauteur d'eau
0.02 0.04 0.07 0.1 0.2 0.4 0.7 1.0 2.0 •.0 1.0 10.0 minimale qui est considérée pour prendre en compte cette
PENTE LOCAlE (en ""1
vitesse.
On observe que si, grâce au coefficient correcteur, la
3A. Vérification de l'équation du régime uniforme.
moyenne est toujours proche de l, la dispersion est beau-
coup plus grande (écart-type: 0,34), une dizaine de points
(non mentionnés sur la figure 4) donnant même des rap-
ports supérieurs à 2. Ce calcul donne toutefois un bon ordre
A noter que les hauteurs d'eau sont en moyenne légè-
de grandeur (90 % des résultats entre 0,5 et 1,5) de la
rement surestimées par CASTOR dans le cas des sections
vitesse maximale et donc du danger potentiel lié aux fortes
mises à la pente minimale de 0,05 % et sous-estimées dans
vitesses.
le cas des Il sections où des sections supplémentaires ont
été utilisées. Sans emploi de ces sections supplémentaires,
la moyenne augmente de 0,004 et l'écart-type passe à
0,13; on trouve encore 93 % de résultats donnant un • 3.5 Temps d'arrivée de l'onde
rapport compris entre 0,8 et 1,2.
Si on compare les résultats globaux sur les 3 premières Comme pour la vitesse maximale, il est ici difficile de
étapes du calcul, on obtient également (cf. figure 38) un trouver une bonne référence pour cette variable. On peut,
nuage très dense (écart-type: 0,15) avec une moyenne en effet considérer le temps d'arrivée de la première goutte
proche de 1. On observe donc 2 phénomènes: d'une part, d'eau, de la vitesse maximale (souvent très proche), du
une certaine compensation des erreurs commises dans cha- débit maximal ou de la cote d'eau maximale. En rupture
cune des étapes de calcul successives et, d'autre part, une instantanée et à proximité du barrage, ces 4 temps sont très
diminution du pourcentage d'erreur sur YMAX par rapport proches mais il n'en est pas de même en rupture progres-
au pourcentage d'erreur sur QMAX' sive où, en outre, l'origine des temps est également dis-

LA HOUILLE BLANCHFlN° 8-1995


CALCUL DES ONDES DE RUPTURE DE BARRAGE

2.0'-r-----,,--------------, 2.0'-r--------------------.
M~ par y
MCtD"l. , .03"2
y
Moyenne~r .ecllOl"t. 1.0258
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0.2 0.2

O.O+--,--,.......,.--....--,--.,.-....--,----r-.......,J O.O+-...,..-.,.-...,....-...,...-.......-...,.......,....---r-~-...,...._..J
0.02 0 04 0.07 0.1 0.2 0.4 0.7 1.0 2.0 4.0 7.0 10.0 0.02 0.04 0.07 O., 0.2 0.4 0.7 1.0 2.0 •.0 7.0 10.0
PENTE LOCALE (en '"f..) PENTE LOCA.lE (." %)

4. Vitesses maximales. 5. Temps de propagation de l'onde.

cutable (début de la rupture, instant où le débit de pointe Les figures 6 et 7 effectuent la comparaison entre les
est atteint au droit du barrage, ... ). observations, le calcul mené avec CASTOR (avec débit de
CASTOR calcule un temps unique en 2 étapes; poilUe fixé à 510 m 3 /s) et celui mené avec RUBAR 3
- temps de formation de la brèche (exprimé en secon-
des) ; nul en rupture instantanée, égal à 100 fois la hauteur
du barrage (exprimée en mètres) en rupture progressive
(d'après Wetmore et Fread [5]) ;
- temps de propagation qui doit être ajouté au temps
précédent. Ce temps est obtenu à partir de l'estimation de
la vitesse d'avancée du front comme moyenne des vitesses 5.' •
maximales au barrage et à la section considérée. Lafigure 5 5.6

montre l'ajustement obtenu sur ce temps de propagation. 5.'


La dispersion est également très grande (écart-type; 0,34), 5.2
i. OBSERVATIONS
une dizaine de sections ayant un rapport supérieur à 2. Ce " CASTOR
5.0
!...
temps de propagation déterminé par CASTOR correspond ..• RUBAR3

en rupture instantanée au temps d'arrivée de la vitesse


maximale et en rupture progressive à la durée entre l'ins-
tant du débit de pointe au barrage et l'instant du débit de
...
'.2
pointe à la section considérée.
'.0

3.' !r·············..... . . . .•
IV • UN EXEMPLE TRAITÉ PAR 3.6

CASTOR. 3.'

3.2 1//'/ \.
3.0
Le cas choisi est celui du barrage de Lawn Lake aux : :::!,'\" ./ •
Etats-Unis. Ce barrage correspond à un type relativement
courant en France (8 mètres de haut pour une capacité de
830000 m'). Sa rupture par renard en juillet 1982 a en-
2.'
2'

2.' '. ......


'.
:
t,
. ~/

~
traîné la mort de 3 personnes et des dommages chiffrés à 2.2

environ 200 millions de francs. Le débit au barrage a été 2.0 L-~_~_-'--~_~_-'--_~~_~_~---.J


estimé à 510 m 3 /s. Quelques profils en travers étaient dis- <>

ponibles ainsi que des observations sur les cotes d'eau Abscisse (m)
maximales atteintes et les temps d'obtention des cotes
maximales [2]. 6. Hauteurs d'eau maximales (barrage de Lawn Lake).

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A. PAQUIER, O. ROBIN

Dans le cadre de son domaine d'utilisation, la précision


de la méthode peut être jugée comme satisfaisante: in-
6000 j. certitude de l'ordre de 30 % sur les hauteurs d'eau maxi-

----~~
males et de 50 % sur les autres valeurs obtenues (débit
'500 maximal, vitesse maximale et temps d'arrivée) si on retient
• OBSERVATIONS l'intervalle où plus de 90 % des résultats de notre échan-
° CASTOR
tillon se situent.
···RUBAR3
Ces résultats sont obtenus à partir d'un petit nombre de
'500
0/ données; en particulier, la vallée n'est décrite que par sa
pente moyenne et un coefficient de frottement (Strickler).
Les calculs sont également très simples, la principale dif-
x
~3SOO
>
1-

....
i
....
ficulté restant l'obtention du débit maximal, étape qui est
résolue grâce à un abaque.
Le présent travail de recherche a, en effet, permis de
montrer que l'équation du régime uniforme pouvait être
..•..............

:
2500 utilisée localement pour passer du débit maximal à la
hauteur d'eau maximale et à la vitesse maximale. En outre,
le temps de propagation de l'onde est obtenu simplement
en divisant la distance au barrage par la vitesse maximale
.--',...•........, .. moyenne sur le bief.

Remerciements

Nous remercions le Ministère Français de l'Environnement


Abscisse (ml
(Service de la Recherche, des Etudes et du Traitement de
l'Information sur l'Environnement) pour le soutien finan-
7. Temps des cotes maximales (barrage de Lawn Lake). cier apporté au travail de recherche accompli sur le logiciel
CASTOR.

(résolution des équations de Saint-Venant à partir d'un


hydrogramme au barrage obtenu par le logiciel RUPRO Bibliographie
avec débit de pointe de 510 m 3 /s).
On observe que: [1] COLIN E., POCHAT R. (1978). - Calcul d'onde de submer-
sion due à la rupture d'un barrage. CTGREF, N° 25, ElUde.
- l'accord des 2 modèles avec les observations est glo-
balement satisfaisant bien qu'on se situe aux limites d'uti- [2] JARRETT R.D., COSTA J.E. (1986). - Hydrology. Geomor-
lisation (pente de l'ordre de 10 %, transport solide impor- ph%gy and Dam-Break Modeling of the July 15,1982 Lawn
tant) ; Lake Dam and Cascade Lake Dam Failures, Larimer County,
- les 2 modèles sont très proches, les différences avec les Colorado. U.S. Geological Survey Profesional Paper 1369.
observations se retrouvant aux mêmes endroits avec le [3] MOLINARO P., MAIONE D. (1991). - The experience deve-
même ordre de grandeur ; lopped by ENEL in dam-break wave computation and flood
- la hauteur d'eau maximale (ou plutôt la cote maximale) risk analysis. Colloque International pour la Simulation des
en l'abscisse 2400 est erronée. Les calculs effectués à partir Ondes de Submersion, Montréal.
de la topographie d'avant la rupture n'ont, en effet, pas pris
[4] ROBIN O. (1990). - Méthode simplifiée de calcul d'onde de
en compte les importants dépôts de matériaux ayant eu lieu
submersion résultant de la rupture d'Lill barrage. CEMA-
à cet endroit. GREF, DEA de l'Université Claude Bernard.

[5] WETMORE J.N., FREAD D.L. (1983). - The NWS simplijied


v• CONCLUSIONS. dam break flood forecasting model for desk-top and hand-
held microcompLllers. National Weather Service, Office of
Hydrology.
Le logiciel CASTOR se présente aujourd'hui comme un
logiciel utilisable sur micro-ordinateur et accessible à des [6] WURBS R.A. (1987). - Dam-breacll flood wave models.
ingénieurs ou techniciens non spécialisés. Journal of Hydraulic Engineering, Vol. 113, nO 1.

LA HOun.LE BLANCHFJN° 8-1995

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