Les Plantes Oléagineuses

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L’ARACHIDE

Arachis hypogaea L. (groupe des légumineuses)

Généralités
L’arachide est originaire du bassin amazonien où
l’on retrouve tous les genres Arachis et dont seule
A. hypogaea a été durablement domestiquée. La
dissémination s’est faite en direction de l’Extrême-
Orient à partir du XVIè siècle puis en Afrique sur
l’axe portugais Brésil-Côte ouest africaine. C’est à
partir de l’Afrique que l’arachide fut introduite au
Nord du Mexique.
La plante a ensuite couvert toute la zone tropicale à partir
de deux centres de diversification secondaires : l’un en
Afrique de l’Ouest et l’autre dans le Sud-Est asiatique.
Aujourd’hui on compte plus de 15000 variétés. La culture
déborde très largement son aire d’origine puisque on la
retrouve sur tous les continents lorsque les étés chauds
permettent à la plante de boucler son cycle malgré la
latitude élevée.
La production d’arachide (en coque) dans le monde était
estimée en 2001 à 34,7 millions de tonnes.
Les premiers pays producteurs d’arachide sont :

• La Chine 14,6 millions de tonnes


• L’Inde 6,2
• le Nigéria 2,9
• Les Etats-Unis 1,8
• Le Sénégal 1,1
• L’Indonésie 1,0
L’arachide est cultivée pour être consommée soit :
-en graines,
- sous forme d’huile,
- sous forme plus ou moins élaborée :
- beurre
- pâte
- farine
- confiserie, etc.
Les sous-produits de l’arachide sont
également utilisés :
• fourrage pour les fanes
• combustible, compost pour les coques vides,
• alimentation humaine ou animale pour les
tourteaux.
Une plante entière donne battage :
- 50% de gousses et 50% de pailles
Les gousses donnent après décorticage :
- 70% de graines et 30% de coques vides
Les graines donnent après trituration :
- 50% d’huile et 50% de tourteau.
N.B.: Les pourcentages indiqués représentent des
moyennes.
2. Botanique et morphologie de l’arachide
L’arachide est une légumineuse annuelle de 30 à
70 cm de haut à port érigé ou rampant. La partie
aérienne est constituée d’une tige principale
toujours érigée et de deux ramifications latérales
primaires issues du collet de la plante. Les
feuilles sont composées de deux paires folioles
élliptiques opposées au bout d ’un pétiole.
Les fleurs jaunes ou orangées,
papilionacées prennent naissance à
l’aisselle des feuilles. Après fécondation, la
base de l’ovaire s’allonge pour former un
pédoncule appelé gynophore qui s’enfonce
dans le sol où se forme le fruit.
Le fruit est une gousse composée d’une
coque indéhiscente contenant une à quatre
graines.
Le système racinaire pivotant permet
d’explorer un volume de sol important. Il
porte des nodules (nodosités) fixatrices
d’azote atmosphérique, caractéristique des
légumineuses.
Le bon fonctionnement des nodosités est
commandé par plusieurs facteurs dont la présence
active de bactéries fixatrices dans le sol.
Les graines sont non-dormantes dans le groupe
Virginia, dormantes dans les groupes Spanish et
Valencia.
Après semis, les graines peuvent lever 3 à 4 jours.
La plante a un développement végétatif limité
jusqu’au la floraison qui commence 25 à 30 jours
après semis et se poursuit tout au long du cycle.
Le maximum de floraison est atteint entre 40 et
60 jours après semis.
10 à 20% seulement des fleurs donnent des
gousses qui arrivent à maturité. Les
gynophores émis dans la partie haute de la
plante ne parviennent pas au sol et les
dernières gousses formées ne sont pas mûres
à la récolte. Le buttage pratiqué au moment
approprié permet d’améliorer le rapport
gousses/fleurs.
En conditions optimales et en culture pluviale,
l’arachide achève son cycle en 90 jours pour les
variétés hâtives, en 120 jours pour les semis-
hâtives et en 140 jours pour les tardives.
L’arachide cultivée (A. hypogaea) est un hybride
naturel stabilisé par doublement des
chromosomes (2n = 40) pour donner un
allotétraploïde à partir de deux parents sauvages
non identifiés.
On distingue deux sous-espèces et trois
groupes variétaux correspondant aux types
Virginia, Valencia et Spanish.
La plante est autogame, la fécondation ayant
lieu avant l’ouverture de corolle.
Le matériel génétique sauvage (plus de 70
espèces) constitue un réservoir potentiel pour
l’identification de gènes utilisable en
amélioration variétale.
L’évolution de la demande et les progrès de la
sélection ont conduit à des modifications
importantes du matériel végétal proposé . Ainsi
on a obtenu :
- Le passage du type rampant au type érigé à
fructification groupée;
- l’extension de variétés hâtives ou tolérantes à la
sécheresse dans les zones exposées aux aléas
climatiques;
-Les variétés résistantes à certaines
maladies virales (rosette) et tolérantes à
diverses maladies fongiques (rouilles,
cercosporiose…).
- les variétés répondant aux normes du
marché de l’arachide de bouche;
- les variétés adaptées à la culture irriguée.
Les programmes de sélection en cours sont
orientés sur l’amélioration sanitaire du produit,
l’amélioration de la valeur nutritive et la résistance
aux prédateurs, aux maladies et aux stress
abiotiques (salinité, acidité, ombrage…).
Les principales variétés proposées aux
producteurs ouest et centre africains proviennent
du Projet Groundnut Germplasm, placé sous
l’égide de la FAO, opérant à partir du Sénégal, du
Mali et du Niger. Sur un plan plus général,
L’ICRISAT a mandat international sur la recherche
arachidière et met du matériel végétal à la
disposition des sélectionneurs.
3. Exigences de l’arachide
Les sols à texture légère, meubles et
perméables, en particulier les sols sableux sont
ceux qui conviennent le mieux. En effet, le sol
doit être suffisamment meuble pour permettre la
pénétration des gynophores puis l’arrachage
des plants à maturité des gousses. L’arachide
est sensible à la salinité et à l’acidité des sols.
Les sols très acides (pH < 5) ou déficients
en CaO peuvent induire des toxicités
aluminiques ou ferriques. L’acidité inhibe le
dévelpmment des bactéries fixatrices
d’azote ce qui est décelable par l’aspect
chlorotique du feuillage.
Les températures inférieures à 15°C et
celles supérieures à 45°C ralentissent ou
bloquent la croissance de la plante.
L’optimum se situe entre 25°C et 35°C. Des
températures trop basses ou trop élevées ont
pour effet de prolonger le cycle voir de bloquer
la germination ou le développement: des
variétés de 90 en Afrique de l’Ouest mettent
130 à 150 jours pour parvenir à maturité dans
le midi de la France.
La sensibilité de l’arachide à la sécheresse est
variable. Les besoins en eau sont élevés au
moment de l’imbibition de graine mais qui une
fois la germination amorcée craint l’excès
d’eau.
La période de floraison-formation des gousses
(30-70 JAS) correspond à une phase de
sensibilité à la sécheresse alors que la phase
finale de maturation est favorisée par une
sécheresse relative.
Une pluviométrie de 500 à 1000 mm permet
d’obtenir une bonne récolte mais la bonne
répartition des la pluies pendant le cycle de la
plante a un meilleur effet sur la production que
le total pluviométrique. Des rendements
supérieurs à 1 t/ha ont été obtenus au Nord du
Sénégal sou 350 mm de pluies concentrées sur
trois mois avec la variété hâtive tolérante à la
sécheresse 55-437.
4. Culture de l’arachide

L’itinéraire technique comporte :


- la mise en place
- l’entretien
- l’irrigation
- la fumure
- les ravageurs et les maladies
La mise en place de culture comporte les
opérations suivantes :
- La préparation des semences : en milieu
rural les semences sont conservées avec les
coques afin de conserver une protection
naturelle le plus longtemps possible. Avant le
semis, on procède à un décorticage manuel.
Les graines sont ensuite triée. Un test de
germination permet de connaître l’état de la
qualite semencière. En effet les graines
utilisées comme semences doivent présenter
un taux de germination d’au moins 85%.
- La préparation du sol : Il faut cultiver
l’arachide sur un sol n’ayant pas porté
d’arachide la saison précédente. Evacuer ou
brûler les débris végétaux et effectuer une
façon culturale légère dès que le sol a été
humidifié par une pluie. Le labour peut être fait
sur certains types de sols (lourds ou
enherbés). Le billonnage est justifié en sols
gravillonnaires et profonds.
La date et le mode de semis : Il faut semer le
plus tôt possible dès le sol est humidifié par la
pluies. En zone de savanes sèches Ouest-
africaines où l’eau est le facteur limitant, le
semis est effectué traditionnellement dès les
premières pluies de 20 mm.
Le semis doit être conduit à des écartements
moyens de 60 x 15 cm pour le Virginia (110
000 pieds/ha, avec 50 à 60 kg de graines/ha).
Les écartements doivent être de 40 X 15 cm
(170 000 pieds/ha, 50 – 60 kg de graines/ha)
pour les types Spanish et Valencia qui sont à
petites graines.
Entretien de la culture:
Un ou deux sarclages sont suffisants si le sol a
été préalablement préparé avant de semer.
Lors que l’arachide est cultivée à plat sans
labour préalable, plusieurs interventions sont
nécessaires. Le premier sarclage est important
et doit être fait à la main, sur la ligne. Les
autres sont limités à l’interligne afin de ne pas
déterrer les gynophores.
Divers herbicides ont été testés et l’arachide
présente une bonne tolérance aux
herbicides de pré-levée à base de
métolachlor, de prométryne et de trifluraline.
L’Irrigation :
Ce mode de production coûteux est réservé à
l’arachide de bouche d’exportation et à la
production semencière. Elle permet de cultiver
l’arachide en saison sèche et chaude avec des
variétés hâtives ou semi-hâtives entre février et
juin. Elle débouche toujours sur une
augmentation sensible de la production en
gousses et une augmentation considérable de
la production de fanes ce qui constitue un
appoint financier substantiel dans les
périmètres irrigués Ouest-Africains.
Il est recommandé d’assurer un apport
d’eau important aux phases critiques du
développement. Ménager un léger déficit
hydrique avant la floraison puis en fin de
cycle afin d’assurer une maturation plus
uniforme. Les normes moyennes en culture
de contre saison en zone sub-sahélienne
sont de 4000 à 6000 m3/ha par aspersion et
de 6000 à 10 000 m3/ha par gravité.
La fumure de l’arachide
Les doses et les formes d’apports
recommandées sont généralement calculées
dans la perspective d’une rentabilité l’année
même de leur application.
Au Sénégal des formules correspondant à des
proportions variables de NPK (6-20-10) sont
vulgarisées dans le basin arachidier. Dans les
pays les fumures proposées sont composées
de Super-phosphate simple (60 à 100 kg/ha)
ou d’engrais coton selon la disponibilité.
Les ravageurs et les maladies de
l’arachide :
L’arachide est moins exposée que les autres
légumineuses et sensible à des maladies et
ravageurs contre lesquels le producteur doit
se protéger.
Pour le traitement des semences enrober à
sec les graines avec un produit fongicide en
addition avec un insecticide répulsif. La
formule Granox est généralement appliquée
et dépend des produits disponibles
localement.
Au Sénégal par exemple la formule commerciale
Granox est employée à la dose de 2 O/OO (100 g pour
50 kg de graines) composée de Captafol + Benomyl
+ Carbofuran en proportions 10-10-20.
Au champ, la principale maladie de l’arachide est la
rosette, maladie virale qui entraîne ne
rabougrissement de la plante. Les nématodes et les
iules (myriapodes) entraînent des pertes
considérables.
Dans les stocks, l’insecte le plus nuisible est la
bruche de l’arachide (Caryedon fuscus). L’insecte
est présent au champ à la récolte et sur d’autres
légumineuses pérennes toute l’année.
Différentes méthodes de lutte sont
préconisées :
- Comprimés de phosphure d’aluminium
dans des récipients métalliques
hermétiques;
-Traitement sous bâche par fumigation au
gaz toxique (bromure de méthyle), 48 h à la
dose de 30 g/m3, suivi d’une ventilation
forcé;
- poudrage d’insecticide lors du remplissage
des magasins de stockage : K-othrine,
Actellic, Bromophos, Iodophenphos…
5. Récolte de l’arachide
Le critère de maturité le plus sûre est le
dessèchement du parenchyme interne des
gousses qui devient brunâtre.
L’arrachage doit se faire lorsque 70 à 80 %
des gousses sont matures. Les gousses sont
ensuite séparées des fanes et mises à sécher.
En culture traditionnelle de savane sèche,
on met en meules au bout de deux jours. On
laisse sécher au moins trois semaines.
L’égoussage manuel abouti à un produit parfait
et préserve les fanes.
Le stockage du produit récolté doit obéir aux
règles suivantes :
-s’assurer de la propreté et de la sécheresse
des coques;
- désinfecter au gaz toxique sous bâche;
- nettoyer et désinfecter préalablement le
magasin et la sacherie;
- poudrer avec insecticide à mesure du
stockage ou du remplissage des sacs;
- effectuer un contrôle par échantillonnage
toutes les trois semaines.
Les perspectives de la filière de l’arachide
La filière arachide est actuellement
caractérisée par :
-Une augmentation lente et constante de la
production
- une monétarisation croissante de la
production
- la régression des exportations de produit brut
- une évolution croissante du marché
international
- durcissement des normes de qualité
technologique et surtout sanitaire
- l’émergence sur le marché de producteurs
asiatiques.

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