Machabey Armand - La Métrologie Dans Les Musées de Province Et Sa Contribution À L'histoire Des Poids Et Mesures en France Depuis Le Treizième Siè (1962, Revue de Métrologie) - Libgen - Li
Machabey Armand - La Métrologie Dans Les Musées de Province Et Sa Contribution À L'histoire Des Poids Et Mesures en France Depuis Le Treizième Siè (1962, Revue de Métrologie) - Libgen - Li
Machabey Armand - La Métrologie Dans Les Musées de Province Et Sa Contribution À L'histoire Des Poids Et Mesures en France Depuis Le Treizième Siè (1962, Revue de Métrologie) - Libgen - Li
Pages
Tabi e des matières .................................................................................................................. I à III
I ntroduction ................................................................................................................................... 9
Généralités .......................................................................................................................................... 15
capacité de
__ j __ Paris ..................................................
......................167
Mesures pour les liquides ............................................................................................................... 176
— II —
Livre de Montauban, depuis le début du xiv' siècle (poids monétiformes, anepigraphes
414
et séries du quintal) .................................................................................. ’ ’
422
Quelques aspects des mesures de masse en usage dans la Provence et le Languedoc
424
Poids de Lyon ...............................................................................................................................
424
Poids de Vienne .............................................................................................................................
423
Poids de Valence ...........................................................................................................................
425
Poids d’Apt et d'Aix .....................................................................................................................
426
Poids de Marseille, Isle-sur-Sorgue, Avignon ..........................................................................
429
Poids d’Orange et d’Arles ..................................................................................................
433
Poids de Carpentras .....................................................................................................................
435
Poids de Nîmes, Beaucaire, Pont-Saint-Esprit, Bollène ....................................................
436
Exemples d’application des méthodes statistiques ..............................................................
444
Poids de Montpellier ....................................................................................................................
446
Poids de Narbonne .......................................................................................................................
453
Poids de Nîmes ...............................................................................................................................
458
Poids de Toulouse (depuis 1239) ..............................................................................................
466
Comparaison aux émissions de poids d’Albi ..........................................................................
487
Con clusion g én é ra l e .....................................................................................................................
493
I nd ex a lp h a b é t i q u e des pr i n c i p a u x te rmes ........................................................................
503
Bib l io g r a p h i e : musées ..............................................................................................................
503
manuscrits et archives ...............................................................................
504
ouvrages ............................................................................................................
511
Tabl e des pl a n c h e s ................................................................................................................
Introduction
(1) Ce point de départ est fixé par la date (1239) que portent les plus anciens
poids monétiformes émis à Toulouse, ville qui paraît avoir été le centre initial d’émission et
de propagation de ces objets.
— 9 —
Elle constitue la base expérimentale sur laquelle repose notre travail et
en fixe l’orientation permanente (1 ).
— Exploitation qualitative.
Nous y puisons les renseignements sur l’aspect extérieur des objets : forme
géométrique, nature des matériaux employés, structure, graduation, inscrip-
tions, etc...
(1 ) Cette enquête n’a pas atteint son terme, puisqu’il y a en France plus de mille
musées provinciaux. Cependant, les collections métrologiques, dont de nombreux éléments
interviennent dans notre étude, étant particulièrement étoffées dans divers musées, nous
avons tenté d’exploiter les résultats déjà obtenus et d’en dégager des méthodes de recherches
et des conclusions pratiques.
(2 ) Il convient de signaler qu’autrefois, les étalons des mesures de longueur étaient
publies et fixés aux murailles des églises ou des bâtiments communaux. Ces objets ont
probablement suivi, dans bien des cas, le sort des immeubles classés « monuments historiques »
et ne furent pas versés aux collections muséographiques. Ce qui expliquerait, dans une
certaine mesure, leur rareté dans les musées.
— 10 —
— Exploitation quantitative.
(1) Par exemple, nous pouvons atteindre facilement le dix-millième (1/10 000) ou le
vingt-millième (1/20 000) sur une pesée de l ’ordre de 500 g, soit, en valeur absolue, 500 g à
± 25 mg près. En ce qui concerne les mesures de longueur, nous pouvons travailler au dixième
de millimètre près, ce qui est plus que suffisant pour l’étude des anciennes mesures à usage
commercial. Enfin, la capacité des mesures — de métal et de verre — est déterminée
par empotement d’eau et pesées ; les récipients de bois sont mesurés et leur capacité est
calculée.
(2) Dans le même ordre d’idées, un rapport ayant été établi entre deux mesures anciennes
de même catégorie, son expression en nombres décimaux ne doit pas faire apparaître 12,
16, 18 décimales comme le firent, voici plus d’un siècle et demi, certaines tables de
concordance. Exemple : Instruction abrégée sur les mesures déduites de la grandeur de
la Terre, uniformes pour toute la République, Et sur les Calculs relatifs à leur division
décimale, Par la Commission temporaire des Poids et Mesures républicaines. (Toulouse,
W e Douladoure, an II de la république une et indivisible. In-8°, 148 p. + X II tables).
A la dernière page non numérotée, intitulée « Remarque », figurent des équivalences du
genre suivant :
« L’Aune de Paris vaut en mètres 1,188054785879 ;
Le pied vaut en mètres 0,3247324691552864 ;
Le mètre cube vaut en pieds cubes 29,2026898278201399912 exactem. ».
— 11 —
8'àuinotipA
Celle-ci permet de fixer en unités métriques la valeur des poids qui circulèrent
dans les villes à des époques déterminées.
Nous avons fait intervenir cette méthode lorsque des cas analogues se sont
présentés au cours de l’étude métrologique des mesures de capacité et, notam-
ment, des mesures de liquides dont le mode d’emplissage était moins aléatoire
que celui des récipients pour les grains.
— 12
Les témoins des mesures de longueur étant peu nombreux, les méthodes
statistiques n’ont pu leur être appliquées.
13 —
de Paris et de Bourges, le setier de Montpellier, etc..., qui jalonnent notre
étude des mesures de capacité pour les arides.
En ce qui concerne les mesures de liquides, on constate de telles disparités,
qu’elles constituent fréquemment des « cas d’espèces » (1 ).
Quant au mesures de longueur, nous avons suivi, du point de vue de la
classification des différents « pieds », les conclusions de Guilhiermoz, en ap-
portant d’ailleurs de nouveaux éléments justifiant l’origine commune des dix
catégories de pieds, à savoir le pied romain.
Ces dernières remarques montrent qu’en raison de leur dispersion géogra-
phique et politique, ces différentes unités — sauf peut-être le pied — n’étaient
pas ou n’étaient plus liées entre elles par un élément de base unique, comme
c’est le cas dans le Système Métrique.
*
**
Avant d’aborder l ’étude détaillée de ces questions, et dans le dessein de
familiariser le lecteur avec l ’ancienne métrologie, nous en décrivons les aspects
qui nous paraissent les plus caractéristiques dans la note ci-après, intitulée
« Généralités ».
(1 ) Nous avons exclu de noire thèse l ’étude des tonneaux et des mesures agraires et,
en général, des mesures à usage commercial qui ne s’insèrent pas dans les recherches
muséographiques.
— 14 —
Généralités
(1) Décret n° 51-501 du 3 mai 1961, relatif aux unités de mesure et au contrôle des Ins-
truments de mesure.
2° La division décimale des mesures est employée de temps à autre, plus spé-
cialement par les savants, mais, en pratique, la numération duodécimale
est la règle, d’ailleurs assortie d’exceptions.
D’autre part, une « Charrée » (environ 15 ares) est l ’étendue d’une terre
où peut être récolté un « char » de foin ; une « fourée » est la surface d’un
champ où l’on récolte un « foural » de blé (20 à 26 litres).
Ce qui explique que les désignations des mesures agraires aient été fré-
quemment identiques à celles des mesures de capacité. Et puisqu’à chaque terme
correspondent généralement des aires de valeurs différentes, il n’est pas surpre-
nant de découvrir une terminologie abondante et un vaste éventail de mesures
locales.
— 16 —
Les résultats s’exprimaient en perche, canne, dextre, corde, pied et pan carré,
donc en valeurs conventionnelles, peu suggestives pour le cultivateur. Car les
techniques sont différentes : l ’arpenteur résout un problème de géométrie pra-
tique, tandis que le terrien est aux prises avec le double problème de l ’effort
et du rendement.
Si nous nous en remettons au jugement de l ’Encyclopédie, l ’arpenteur devait
être imbu de la supériorité de sa technique, puisqu’il « ...faut aujourd’hui pour
ce travail de prétendus experts qui font les importans et qui font payer chère-
ment leurs vacations... » (1 ).
Ajoutons que certaines mesures de longueur n’échappent pas aux variations
qui leur sont imposées en raison de leur destination.
C’est le cas de l ’aune (ou de la canne), employée au mesurage des tissus,
de dimension variable suivant la nature des étoffes : laine, toile ou soie. Cette
distinction, que nous avons constatée au xive siècle et qui est sans doute plus
ancienne, subsiste généralement jusqu’à l ’avènement du Système Métrique.
Précisons que l’aune présente une singularité : c’est une unité de mesure
de longueur dérivée de l’unité de base — toise ou pied — mais ses subdivisions
sont assujetties à une échelle de numération différente de celle des unités de
base.
Bien entendu, le même terme peut recouvrir des mesures d’inégales dimen-
sions. Exemple : l’aune de Paris mesurait 1,1884 m au xvie siècle ; au XIVe siècle
au moins et postérieurement, l’aune de Provins, employée en Champagne et en
Bourgogne, mesurait 0,826 m.
La même ambiguïté se révèle à propos de la « livre », de 1’ « once », ratta-
chée d’autre part au marc monétaire qui, lui, présente une certaine stabilité.
D’ailleurs, la permanence des dimensions des mesures, sans être absolue, est
fréquente. C’est un fait remarquable, conforme aux impératifs du commerce
international et à l ’esprit corporatif de l ’ancien régime, fidèle aux coutumes,
aux traditions, aux statuts des corporations et aux usages commerciaux, qui
dans ces conditions, pouvaient difficilement se concilier avec des variations
d’unités.
La meilleure preuve de cette stabilité est fournie par les échecs répétés du
Pouvoir Central qui, durant un demi-millénaire, ne réussit jamais, malgré ses
efforts, à unifier totalement les mesures en France.
Au surplus, les variations d’unités, lorsqu’elles ne résultent pas de la réno-
vation d’étalons détruits accidentellement ou dégradés par un long usage,
(1 ) Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751),
au mot « Terre », p. 176 sq.
— 17 —
semblent généralement d’origine politique ou économique. Nous en fournirons
diverses preuves au cours de notre travail.
Par exemple, le quintal pouvait être compté à 102, 104, 105 ou 106 livres
et se trouvait ainsi bonifié de 2, 4, 5 ou 6 % .
De même, les tissus vendus en gros à Paris, se mesuraient « pouce devant
l ’aune » ; sur 50 aunes (59,4 m ), cette surmesure atteignait 1,35 m soit
2,3 % environ.
— 18 —
2° Les ruraux eurent vraisemblablement une conception commune de la
mesure. C’est une fonction assez floue du travail humain et d’éléments
naturels, cosmogoniques, qui exercent leur influence sur le labeur de
l ’homme.
3° De cette conception résulte une grande variété de mesures agraires, leur
terminologie étant associée aussi bien à l ’effort de l’homme qu’au ren-
dement du sol.
4° Les mesures sont fréquemment individualisées, c’est-à-dire établies en vue
d’une destination déterminée, même si les termes qui les désignent re-
couvrent des valeurs différentes (cas des mesures de longueur : aune,
perche, etc... ; cas des mesures de capacité : boisseau, setier, pinte, etc... ;
cas des mesures de masse : livre, quintal, etc...).
5° Les procédés de mesurage, et plus spécialement ceux qui s’appliquent
aux mesures de capacité pour les grains, n’offrent pas toujours des ga-
ranties suffisantes et n’ont qu’une valeur médiocre du point de vue mé-
trologique.
6° Certains usages commerciaux tendent à bonifier la mesure réputée « juste »,
peut-être ( ? ) pour tempérer les inexactitudes pouvant résulter des mé-
thodes de mesure et des qualités métrologiques limitées des instruments.
7° La stabilité des unités de mesure au cours de la période qui nous occupe
(xive-xvm e siècle) n’est pas une vue de l’esprit : elle se constate expé-
rimentalement dans de nombreux cas.
Ajoutons que, jusqu’au xviie siècle au moins, la Métrologie semble s’être
préoccupée davantage de questions juridiques que des prescriptions tech-
niques, paraissant perdre de vue, dans une certaine mesure, l ’une de ses fonc-
tions essentielles.
Sa rénovation, ou plus exactement sa transformation, dans la perspective
de son double rôle scientifique et technique, fut l’œuvre des savants des XVIIe
et x v i i i 6 siècles.
L’impulsion qu’ils donnèrent à la recherche expérimentale — à la re-
cherche scientifique dirions-nous aujourd’hui -—■ retentit sur la métrologie,
puisqu’ils trouvaient au bout de leurs observations les inévitables et délicats
problèmes que leur posait le mesurage des grandeurs.
Or, le développement de l’optique, depuis l’ apparition vers la fin du XVIe
siècle des lunettes d’approche, procura aux savants les moyens de dilater leur
échelle d’observation (macroscopique et m icroscopique). Mais, corrélative-
ment, ils durent inventer des appareils, ou perfectionner des procédés exis-
tants, dans le dessein d’accroître la finesse de leurs mesures.
Le génie créateur de ces savants, à la fois lettrés et « bricoleurs », eut
raison des difficultés techniques à surmonter.
Des inventions, qui donnèrent lieu à des réalisations telles que le « vernier »
(de Pierre Vernier) (1 ), le « micromètre » à fils mobiles d’Auzout (2 ), le
cercle répétiteur de Borda (1733-1799), le comparateur de Lenoir (1744-
1832), ont apporté à ces problèmes des solutions d’une indéniable efficacité.
Ainsi, la précision de la mesure des angles passe de 15” à 20” au XVIIe
siècle, à 1” à la fin du XVIIIe siècle; elle fut donc au moins décuplée.
De même, il était possible d’apprécier, au XVIIe siècle, le douzième de
ligne, soit 0,2 mm ; à la fin du xvm e siècle, le comparateur de Lenoir atteint
une précision de l’ordre de 0,02 mm (20 m icrons); pendant ce laps de
temps, la limite de précision recula d’une décimale.
Le prototype du « Mètre international » créé en 1889 fut défini à 10~7
près, c’est-à-dire à 0,1 micron. Cette limite de précision vient d’être franchie.
En effet, une nouvelle définition du Mètre a été adopté à l’unanimité des
représentants des Etats convoqués à la Onzième Conférence générale des
Poids et Mesures qui s’est tenue à Paris en octobre 1960 :
« Le mètre est la longueur égale à 1 650 763,73 longueurs d’onde dans le
vide de la radiation correspondant à la transition entre les niveaux 2p )0 et
5ds de l ’atome de Krypton 86 ».
Il en résulte que la précision du Mètre ainsi défini se situe entre 0,01
micron et 0,001 micron.
Dans la métrologie des masses, l’expérience nous a prouvé qu’au XVIIe
siècle, la précision pouvait être de 1(V3 avec de bons instruments, correcte-
ment utilisés, pour des pesées à l ’ordre du kilogramme; aujourd’hui, le pro-
totype du kilogramme international est précis à 10 8; la limite de précision
a été reculée de cinq décimales en trois siècles environ.
Les recherches expérimentales des XVIIe et XVIIIe siècles et les mesures aux-
quelles elles donnaient lieu, parce qu’elles substituèrent à l’empirisme les mé-
thodes rationnelles de la physico-mathématique en voie d’élaboration, modi-
fièrent profondément la structure de la métrologie classique.
Elles ont, en effet, fourni les éléments de base des notions et des principes
fondamentaux propres à cette Science des mesures, dont le champ d’action
n’a cessé et ne cesse de s’étendre à des domaines de plus en plus vastes et com-
plexes.
— 20 —
Ce qui nécessite constamment l’amélioration technique des instruments et
des méthodes de mesure, et la recherche de nouveaux appareils ou procédés
de mesure, qu’il s’agisse des applications aux fins industrielles et commerciales
s’inscrivant pour une large part dans le cadre de la métrologie pratique et
légale, ou des travaux de laboratoire.
Si la réglementation prescrite en métrologie légale — concernant les normes
auxquelles doivent répondre les instruments de mesure, le contrôle et la sur-
veillance de leur emploi — présente par certains côtés un aspect nécessaire-
ment juridique, il n’en reste pas moins que sa note dominante est technique
et que l’évolution, dans ce sens, ne fera que s’accentuer.
Le contraste est donc très net entre l’ancienne métrologie, que nous allons
étudier plus en détail dans les chapitres qui suivent et que nous pourrions
qualifier de « statique », tout au moins sur le plan technique, et la nouvelle
métrologie, créée par les savants des XVIIe et XVIIIe siècles et consolidée fina-
lement par la robuste charpente du Système Métrique Décimal.
Nouvelle métrologie, ou plus exactement métrologie « dynamique », puis-
qu’elle s’insère progressivement et profondément dans la plupart des activités
humaines en leur apportant ses méthodes rationnelles, mais où elle puise à
son tour de nouveaux éléments de connaissance qui deviennent des facteurs
de son évolution.
CHAPITRE PREMIER
TERMINOLOGIE.
23 —
Pour fixer les idées, le pied de roi, ou pied de Paris, qui mesure au xvm e
siècle 324,8 mm, comprend douze pouces de chacun 27,07 mm environ ;
chaque pouce douze lignes de 2,255 mm environ, et chaque ligne dix parties
de 0,2255 mm.
Ainsi, le pied était divisé en 1 440 parties. Cette division est adoptée par
la plupart des métrologues, notamment par Pierre Petit au début du xvne
siècle, Eisenschmid, Lalande, d’Anville, Paucton, au XVIIIe siècle (1 ).
Dans les régions méridionales, on employait une autre unité d’ailleurs dé-
rivée du pied qui y était aussi en usage.
Il s’agit du Pan (Palme ou Empan) qui vaut en général 3 /4 du pied.
— 24 —
Huit pans forment la canne (1).
Six pieds forment la toise (1 ).
Ainsi, à Montpellier, la canne mesurait au X V I I I e siècle 1,987 m, soit
pour le pan 0,2484 m ; à Paris, à la même époque, la toise mesurait 1,949 m.
Le terme « Brasse » fut autrefois en usage au même titre que la toise ou
la canne, pour le mesurage des terrains. Son emploi se perpétua dans cer-
taines régions jusqu’à la fin du xvm e siècle, par exemple dans les dépar-
tements de la Corrèze, du Cantal, du Lot et du Lot-et-Garonne.
A Cahors, la brasse est mentionnée dans une ordonnance prise par les
Consuls de la ville en 1278, qui fixe le mode de mesurage des terres. L’identité
entre la canne et la brasse est formulée explicitement dans ce texte où il est
dit : « ...la canne du pont qui s’appelle brasse... » (2 ).
Les ouvrages précités ne sont pas les seuls à traiter des questions de mesure et nous
signalerons, au fur et à mesure du développement de notre étude, ceux qui intéressent plus
spécialement telle ou telle de ses parties.
(1 ) Cette composition est à peu près constante. Mais il y a des exceptions, ainsi que
nous le verrons ultérieurement.
(2) Co mb e s (A .). Recherches sur les anciens poids et mesures du Quercy. (Extrait du
Bulletin de la Société des Etudes du Lot, tome XXI, 1895, pp. 145 à 2 3 5 ); p. 13 du tirage
à part, Combes signale, en outre, des documents de 1251 où il est question de « deux brassades
de terrain... ». Il y avait aussi une « latte du pont » (dont nous parlons plus loin ), ainsi
qu’un « pied du pont ». Ces dénominations « ...viennent sans doute de ce que les étalons
de ces mesures étaient disposés dans le local bâti sous l’ancien pont romain, le seul qui
existât avant la construction du Pont-Neuf, local dans lequel étaient aussi conservés les
poids publics » (p. 14).
(3) V it r y (Urbain). Recherches sur Vancienne mesure toulousaine appelée « Brassa ».
(Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Toulouse, 1847; tirage à part, in-8°, 12 p .;
B. M. Toulouse : Lm C 2562).
(4) I d . — Ibid., p. 12 : « Les longueurs des diverses propriétés indiquées en brasses dans
les estimes du xv° siècle correspondent à peu près identiquement au nombre de cannes portées
dans les cadastres postérieurs ».
(5) Gu i l h i e r m o z (Paul). Remarques diverses sur les poids et mesures du M oyen Age.
(Extrait de la Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, Paris 1919, in-8°, 100 p .; B. N. 8° V
40900), pp. 17-18; note 3 : «... La substitution dans le midi de la France de la canne et du
25 —
Dans ce pays, la canne était en effet la mesure de longueur par excellence.
Sans doute servait-elle au mesurage des tissus, mais, à côté d’elle, on em-
ployait le « braccio » (ou brasse, à ne pas confondre avec celle dont nous
venons de parler). Ainsi, le « braccio de panno » de Florence mesurait, en
1808, 0,5836 cm (1 ), valeur peu éloignée de celle qu’il avait vers 1340 (2 ).
En fait, le terme « braccio » désignait, en Italie, une mesure qui, en France,
correspondait sensiblement à l'aune, aux variations des dimensions près.
On découvre fréquemment, dans les textes du bas Moyen Age, les termes
canne et aune, l’aune étant la mesure à peu près exclusivement consacrée
au mesurage des étoffes et tissus, tandis que la canne est employée, en outre,
aux mesures d’arpentage.
Ainsi, la canne d’étoffe de lin ou de laine est mentionnée dans des textes
d’Albi de 1193 (3 ), 1269 (4 ), de 1445, date à laquelle « ...on fixa sur l’étal
de la place (de la cathédrale) une cana mesurieyra pour la façon de laquelle
on employa 13 livres de fer de Foix. » (5 ).
La sœur Mulholland rapporte des textes toulousains du x m e siècle qui
révèlent des équivalences entre la canne et l ’aune de Toulouse et l ’identité
entre l’aune et la « verge » (6 ).
— 27 —
3
Les relations commerciales étroites qui s’étaient établies entre les régions
du Nord — Flandres, Bourgogne, Franche-Comté, Champagne — et les villes
du Midi, ont laissé d’abondantes traces dans les documents qui nous four-
nissent d’intéressantes indications concernant les mesures.
Nous savons ainsi que la « corde » était, dans le midi, un multiple de
la canne, car, à Marseille, on trouve dans des commandes de 1381, des équi-
valences telles que les suivantes : « ...6 balles de toiles de Bourgogne conte-
nant 110 cordes et 752 cannes... », ou encore « ...10 balles de toiles de Cons-
tance où sont 380 cordes contenant 2 565 cannes... et 6 balles de toile large
où sont 184 cordes contenant 1 242 cannes... » (1 ).
La corde était une grande mesure qui, à Marseille, équivalait à 6,8
cannes ; la canne mesurant probablement à l’époque — et dans cette ville —
environ 2 m, la corde était de 13,6 m approximativement.
A Carpentras, nous découvrons une équivalence légèrement différente ;
dans les comptes de 1396-1397 de la mercerie Gabriel Gilbert, le drap est
vendu à la corde de 6 cannes (2 ). Dans cette ville, la canne, à cette époque, a
pu mesurer 1,97 m environ ; il s’en suit que la longueur de la corde aurait
été de l’ordre de 11,80 m.
Dans l’ouest de la France, la corde est utilisée comme mesure d’arpentage;
c’est le cas dans le département de l’Ille-et-Vilaine où, à la fin du X V I I I e siècle,
la corde composée de 24 pieds mesure 7,796 m.
Dans le Finistère, à la même époque, la corde vaut 4 toises ou 7,8 m ;
il en est de même dans les Côtes-du-Nord et la Loire-Inférieure.
Mais dans l’Yonne, la corde, synonyme de perche, composée de 18 pieds de
roi, mesure 5,85 m.
Ce terme fut employé couramment pour désigner un certain volume de
bois de chauffage. La corde, en ce cas, devient une mesure de cubage, ainsi
qu’en témoigne l’édit de 1669 concernant les Eaux et Forêts. L’article XV
de ce texte prescrit que les livraisons de bois ne seront faites « ...qu’à la
corde qui aura huit pieds de long, quatre de haut, les bûches de trois pieds
et demi de longueur... ».
La « corde de bois » mesurait donc 2,60 X 1,30 m ; compte tenu de la
dimension légale des bûches, la corde valait 3,84 m3 environ.1
2
(1) B arat ier et F. R eyn aud . Histoire du commerce de Marseille, 1951, in-8°. Tome II,
p. 301, note 1.
(2 ) Annales d’Avignon et du Comtat, 1929, in-8“ , 15e année. — Article du Dr P a ns ie r :
Le livre de comptes de la mercerie Gabriel Gilbert et Cie, de Carpentras, 1936-1397 (pp. 147 sq.).
— 28 —
I |j
A Albi, dans un règlement sur les poids et mesures du X I I I e siècle, la perche
doit se composer de 17 palmes (ou pans) : « Sio saubut que la cestayrada de
.
terra, vinha, ort et autre possesson situada en la juriditio dalbi deu aver de
tôt cayre X V III pergas et cascuna perga deu esser de XV II palms justes et
nj
per so en cascuna cestairada deu aver LX X II pergas de la moyso dessus
diclia » ( 1 ). S.'j
(1) Co mpa ïr e (C .). Etudes historiques et documents inédits sur l’Albigeois, le Castrais
et le diocèse de Lavaur. Albi, 1841. 1 vol. in-4° III-750 p., carte et pl. B.N. LK25 (p. 181).
(2) Archives de la ville de Montpellier. Tome VII. Joffre : Inventaire de la maison
consulaire effectué Vannée 1508 (p. 48 a, f° 42).
— 29 —
Dans une ordonnance de 1278, concernant le mesurage des terres, les Consuls
de Cahors disposent que les mesures agraires sont composées soit avec « ...la
canne du pont qui s’appelle brasse... », soit avec « ...la latte du pont qui doit
avoir 15 pieds du pont de long. » « L’une et l’autre doivent être scellées du
sceau du Consulat » (1 ).
Cette dernière précision prouve qu’il s’agissait d’objets contrôlés et non
de mesures de compte.
Au x m e siècle, la longueur de la latte cahorcine pouvait être de l’ordre
de 4,50 m à 5 m.
A bordeaux, la latte se composait, à la fin du x v m e siècle, de 7 pieds de
Bordeaux, soit 2,497 m. Dans la Charente, à la même époque, la latte mesurait
2 toises de Guyenne, soit 4,15 m environ.
Signalons encore les mesures suivantes :
La « gaule », usitée notamment dans l’ouest de la France (Morbihan, Loire-
Inférieure). Elle se composait de 8 pieds et davantage, et sa longueur, au
x vm e siècle, était au moins de l’ordre de 2,60 m (8 pieds), 3,25 m (10 pieds),
etc...
La « chaîne », employée dans divers départements (Indre, Indre-et-Loire,
Vienne, Morbihan, e tc...); dans l’Indre, la chaîne (ou perche) était composée
de 18 à 25 pieds et mesurait, au x vm e siècle, de 5,94 m à 8,25 m ( 2 ) ; la
« chaîne d’arpenteur », en usage dans le Morbihan, mesurait 24 pieds, soit
7,80 m environ ; dans la région poitevine, la chaîne oscille entre 3,57 m et
8,12 m, soit entre 11 et 25 pieds de roi.
Cette énumération des termes employés du X I I I e au X V I I I e siècle, pour dé-
signer les mesures de longueur, n’est pas limitative, car les textes relatent
d’autres expressions ; nous en rapportons quelques-uns dans l ’annexe à ce cha-
pitre. Cependant, les termes que nous avons indiqués sont fondamentaux et
d’un emploi constant.
Les valeurs des mesures citées dans les exemples illustrant la section précé-
dente, ont été exprimées uniformément en unités métriques.1 2
(1 ) C om be s (A ). Recherches sur les anciens poids et mesures du Quercy. Op. cit., note 1,
p. 4.
(2 ) Indre, A. D. Série Q, p. 102.
— 30 —
Autrefois, les unités «le Paris servaient généralement de base aux compa-
raisons effectuées par les métrologues français. L’importance de ces unités
parisiennes étant notoire, nous les étudierons dans cette section.
— 32 —
*
Cette matrice n’était donc pas à l ’abri des mauvais traitements, accidentels
ou volontaires, dont elle pouvait être l ’objet.
De Mairan « ...l’a trouvée un jour (24 mai 1758) courbée et convexe vers
le mur. Un ouvrier imprudent a dû la frapper à coups de marteau pour la
raffermir et la rapprocher de la muraille... » et, quelques jours plus tard,
le savant constate qu’on « ...a dû frapper sur l’équerre inférieure de haut en
bas » (2 ).
— 33
(1 ) de faire fabriquer 80 toises identiques à celle du Pérou, destinées aux
principales villes du royaume (2 ).
Cette aune fut définie par un édit de François 1er, du mois d’avril 1540,
qui fixa sa longueur à 3 pieds 7 pouces 8 lignes du pied de Roi. Conformé-
ment à une ordonnance d’octobre 1540, complétant la précédente, elle devait
34 —
porter le nom d’ « Aune-de-Roi » (1 ). Enfin, une ordonnance d’Henri II, d’oc-
tobre 1557, confirmant celle de 1540, renouvelle la définition de l’aune :
3 pieds 7 pouces 8 lignes.
Ainsi, l’étalon de l’aune des merciers, daté 1554, doit en principe répondre
à cette définition. Il semble qu’ aux X V I I e et X V I I I e siècles, celle-ci ait été perdue
de vue, si l’on en juge par les mesures successives dont l’étalon fut l’objet.
Picard (1620-92) l’évalue à ........... 3 P 7 po 10 L 4 /5 (2 ).
Lahire trouve ...................................... 3 P 7 po 10 L 1 /2 (3 ).
Du Fay (1698-1739), en 1736, trouve. 3 P 7 po 10 L 5 /6 par compa-
raison de l’aune des merciers à la toise de l’Académie (4 ).
Hellot, le 27 janvier 1745, fit étalonner en sa présence, une règle de fer
sur la matrice de l ’aune des merciers, conservée en l ’Hôtel de ville de Lyon
et vérifia qu’elle était conforme à l’étalon de la rue Quinquempoix (5 ).
Personne ne paraissait autrement surpris que la longueur de l’étalon pari-
sien ne correspondait pas à sa définition : 3 pieds 7 pouces 8 lignes.
Or, l’attention fut attirée sur cette anomalie apparente, lorsque les maire
et échevins de la ville de Nantes, ayant commandé à Paris une réplique de
l’aune des merciers, reçurent une règle plus grande que celle qui était définie
par les règlements. La réclamation formulée par ces dignitaires eut pour
conséquence l’introduction, par la chambre des merciers, d’une requête ten-
dant à faire ajuster l ’aune de Paris « ...par des experts » (6 ). Cette requête
fut transmise par M. de Maurepas à l’ Académie des Sciences ; celle-ci désigna
deux commissaires : Hellot (1685-1766) et Camus (1699-1768), pour pro-
céder à cette expertise, qui eut lieu le 23 septembre 1745 (7 ).
(1 ) En 1543, un second édit royal intervint, autorisant les Drapiers à auner « selon
l’ancienne coutume » avec la nouvelle aune (Ordonnances et Edits royaux de R e b u f f i .
Lyon, 1566, p. 675), car, dans l’édit de 1540, cette coutume avait été abrogée et on devait
auner « fust à fust sans donner aucun pouce ni évent ». L’ ancienne coutume était toujours
en vigueur à la fin du xvill0 siècle, puisqu’en 1770 Dom Grappin écrit qu’à Paris « ...les
toiles sont encore mesurées sous la halle un pouce devant l’aune ». (cf. Dom. G r a p p i n , op.
cit., note « a », p. 146).
(2) M. A. S. 1666-1699, tome VI, p. 536.
(3) M. A. S. 1714, p. 398.
(4) Cette toise était une seconde copie de la toise du Châtelet (1667) que La Condamine
avait fait faire en même temps que la toise du « Pérou » et qu’il avait laissée à I Académie,
avant son départ, par mesure de précaution.
(5) M. A. S. 1746, p. 607.
(6) B a rt h é l e my (Dominique). L’aune des Merciers de Nantes au x v i i i ' siècle.
(Fontenay-le-Comte, Lussaud imprimeur, 1933, in-8°, 12 p. ; p. 5).
(7 ) P auct on , op. cit., pp. 20-21. — M. A. S. H el lot et Ca m u s . Sur l’étalon de l’aune
du Bureau des marchands merciers de la ville de Paris. 1746, p. 607.
Dans l’annexe n° 4, nous précisons divers détails de cette opération qui,
du point de vue scientifique et de l ’évolution technique des mesures, est ins-
tructive. Les résultats obtenus prouvèrent que :
1 ° L’aune des merciers était en bon état et « qu’il n’y avoit d’altération,
encore même presque insensible, qu’à l’extrémité supérieure de ces talons,
mais que le bas en étoit très entier » (2 ).
2 ° La règle ajustée sur place par Lordel ( 1 ), ouvrier en instruments de ma-
thématiques, pour « entrer exactement jusqu’en bas des faces des talons
qu’ils jugèrent (les commissaires) très entiers en cet endroit... » (2 ), me-
surait 3 pieds 7 pouces 10 lignes et cinq sixièmes de ligne.
— 36 —
1.949 X 526 5/6
Or, 526 5 /6 lignes -------------------------------- = 118,84 cm.
844
Puisque cette aune équivalait à 524 lignes anciennes, la toise du Châtelet an-
118,84 X 844
térieure à 1667 mesurait : ——-------- ------------ == 1,9595 m.
524
Nous avons constaté plus haut que les mesures de la galerie du Louvre
avaient fait apparaître un excédent de 4,2 lignes nouvelles de l’ ancienne toise
sur la nouvelle, soit 9,9 mm — ou 10 mm en chiffres ronds.
Ce résultat est en bon accord avec ceux qui précèdent. Il prouve que l’étalon
de la nouvelle toise eût été rétabli conforme à l’ancien si l’étalon des maçons,
ou celui de l’aune des merciers, avait été choisi comme élément de référence.
Nous ignorons encore dans quelles conditions fut réalisée l’aune de 1554 ;
mais il est certain que l’étalon du pied auquel se réfère l’ordonnance de
François 1er (celui de 32,66 cm ), existait en 1540, ainsi que nous le consta-
terons plus loin.
L’aune semble avoir été ajustée avec soin sur l’ancien pied, qui paraît lui-
même constant pendant une longue période.
Cette reproduction est intéressante parce qu’elle nous montre comment était
fait l’étalon du pied des maçons. Une branche est divisée en 6 pouces et un
abaque permet d’apprécier le douzième de ligne.
(1) M ersen ne (P. Marin) (1588-1648). La vérité des sciences. Paris, 1625, in-4° p. 958.
— 37 —
IL 6 pouc<
AB 1/4 de
AC 1/2 poi
AD 2/3 de
AE 3 pou un
tiers d
AF = 5 p un
tiers
AG = 6 r
« Le pied du Roy ».
Extrait de l’ouvrage du Père Marin M ersenne :
La vérité des Sciences (Paris 1625), page 958.
— 38
Il y a lieu de remarquer que les reproductions imprimées laissent toujours
subsister une marge d’erreur difficile — sinon impossible — à évaluer, ré-
sultant du rétrécissement du papier au séchage.
(1) Pierre P e t i t . L’usage ou le moyen de pratiquer par une règle toutes les opérations
du compas de proportion... augmentées des tables de la pesanteur et de la grandeur des
métaux. Chez Melchior Mondière, Paris 1634, in-8° (livre non paginé). La reproduction du
1/3 du pied de roi se trouve à la 57° page de l’avant-propos.
(2 ) Petit est peut-être l’un des premiers, du moins à notre connaissance, à prévenir
le lecteur, qu’après avoir examiné cinq ou six épreuves du tiers du pied de Roi, qu’il veut
reproduire, il a constaté qu’elles ne concordaient pas. D’où il résulte que la reproduction
diffère dans chaque cas de la véritable longueur.
Dans un petit chapitre, qui suit la reproduction du 1/3 du pied, intitulé « Du raeour-
cissement de la mesure cy-dessus de 4 pouces pied de Roy », P. Petit dit que le racourcis-
sement varie suivant le papier et n’est pas systématiquement de 1/100 ou de 1/60, cette
dernière réduction étant celle adoptée» par Snellius.
Dans le cas présent, il écrit que « ...c’est sur la ligne 6 qu’il en faut prendre la grandeur
à commencer par l’intersection de la dernière des lignes transversantes ».
(3) B orrel (Jean). Jo. Buteonis Delphinatice ( / . B orrel) Opéra Geometrica. quorum
Tituli sequntur Lugduni apud T. Bertellum. 1554. In-4° 60 p. — B. N. 6202 (2 ). Notre
mesure a été effectuée au mois d’octobre 1956.
— 39 —
La longueur de ce trait est de 162,5 m m ; le double est donc égal à 325 mm.
Si nous rapprochons ce résultat de la mesure du tiers du pied reproduit par
P. Petit, correspondant à un pied de 327 mm, nous devons admettre que,
dans l’exemplaire du Traité de Butéo publié en 1559, la reproduction du demi-
pied était plus fidèle que dans celui de 1554.
Mais nous ne pouvons pas négliger le fait matériel que l ’ouvrage de 1554
a plus de quatre siècles ; le papier est sec, plus ou moins ondulé et il ne peut
être question d’obtenir une grande précision du mesurage.
Les résultats sont évidemment bien meilleurs, lorsque l’auteur prend soin,
ainsi que le fit Petit, de mesurer, après séchage du papier, la longueur de
l’étalon qu’il reproduit et d’indiquer au lecteur la valeur de la correction à
effectuer.
C’est pourquoi, le tiers du pied reproduit par Petit est très proche de la
valeur probable du pied de roi.
Ils sont simplement figurés par une ligne gravée dans le métal, sur l’une
des faces du prisme, qui mesure, sur chaque règle, 326,5 millimètres environ.
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ure du papier Çmouillé comme
'ors qu'ont imprime) afin quefiant
imprimée dans cehure, elle vienne
a fa mile grandeur 1ers quellefê-
ta fiche -, fi t ay bien rencontré,
mus le verrons eu "teveut ay pro-
mis.
Peicy demie rapport de feus les
pieds de France > d‘Allemagne,
d‘Italie,de Hollande , d’AtiHe-
tme,<Çüffagneyy defeus les pays
que s’aypeurectuurtr, f i t parti-
ures yf i t par infruments , f i t pa.
tbftrnation particulière dreeuv prfc4~j'”*
qus les ont prù fur leslieux, ayec
lepieddcgty
— 41 —
Au-delà de cette période, nous nous référons à un curieux manuscrit de
1450, analysé par Caillet en 1909 (1 ) (voir annexe n° 5 ).
— 42 —
long sept pieds au pié que l ’on dit le pié le Comte, selon l’ancienne coutume
du Comté de Bourgogne » ( 1 ).
L’un de ses meilleurs étalons est l’aune de Provins, composée de 2,5 pieds
de 33 cm, en usage aux foires de Champagne, dans le Comté de Bourgogne, et
jusqu’à la fin du x v m ' siècle dans quelques villes.
Nous résumons, dans le tableau ci-après, les résultats de cette étude ré-
trograde (p. 44).
(1) Dom Gr a p p i n . Op. cit., note a, p. 150 (Extrait des franchises de Gray en 1324).
(2) Dans la section suivante, nous revenons sur cette question.
— 43 —
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44
Les caractéristiques de ces groupés ne peuvent être déterminées qu’avec
une certaine approximation, mais elles sont justifiées par les documents et les
étalons parvenus jusqu’à nous.
*
**
Nous avons signalé plus haut, que notre enquête statistique a été élargie
au-delà de nos limites géographiques, dans le dessein de remédier, autant
que possible, à la rareté des étalons.
Les valeurs indiquées sont celles des principales mesures (pieds et aunes),
en usage à une époque contemporaine du système métrique.
Nous les avons complétées, dans la mesure du possible, par les estimations
de divers auteurs, dont les travaux furent publiés au x vm e siècle et antérieu-
rement.
— 45
Périodes XIVe - XVe Seconde moitié xvT siècle à 1667
Depuis
1667
2e moitié XVIIe s.
Dates 1394 1450 XVIe s. 1554 1625 (1667)
Toise Etalon au
en Châtelet 1,959 1,962 1,9596 1,9595 1,949
mètre (1,962 m ?)
V a 1e u r
Sur ces bases, les groupes de classement se présentent ainsi qu’il suit :
(1) Il y eut plusieurs éditions publiées à Strasbourg. Celle dont nous disposons est de
1708.
( 2 ) G u i l h i e r m o z (P .). De l’équivalence des anciennes mesures, etc.
46 —
— pied R ’2 = 24/25 de R ’ 1 : pied de 286 m m ; •l
— pied R’ 3 = 15/16 de R’ 1 : pied de15 doigts néo-romains : 279 m m ;
-— pied R’4 = 6 /5 de R ’2 : pied de 343 m m ;
— pied R’5 = pied de 357mm.
n*
Les pieds R4, R5, R ’4 et R ’ 5, de grande dimension, portent habituelle-
V.
ment le nom de « pied manuel ». Cette désignation évite de préciser que l’un
ou l’autre équivaut aux 6 /5 d’un pied correspondant.
Elle généralise en fait, le nom donné, dès le Moyen Age, au pied romain
de 18 doigts (pied R 4 ), par suite de sa grande dimension.
Dimensions en
Précisons que les dimensions des pieds caractérisant chacun des dix
groupes, étant des dimensions moyennes, il est prudent de laisser une marge
d’incertitude de l’ordre de 0,5 à 1 % autour de ces moyennes.
— 47 —
Avanl d’examiner plus en détail chacun des groupes, constatons la pé-
rennité du pied romain — et de ses dérivés — que laissent apparaître avec
une grande probabilité les indications fournies par les tableaux statistiques.
*
sk îk
L’aune est divisée en cinq parties par des encoches assez grossièrement
gravées au burin. Les fractions sont classiques : demi, tiers, quart, sixième
et huitième.
La mesure de cet étalon, prise entre les talons, est de 826 mm aux erreurs
près et inévitables dues à l’usure de ces parties terminales.
825
ci mesurait donc environ : ------- = 330,4 mm, c’est-à-dire 18 doigts du
pied R I. 2,5
— 48
Les commissaires des départements du Doubs, du Jura et de la Haute-
Saône, qui établirent au début du xixe siècle, sur l’ordre du gouvernement,
les équivalences entre les anciennes mesures et les unités métriques, ne
donnent pas des valeurs identiques à l’aune de Provins.
(1 ) Gattey (F .). Table des rapports des anciennes mesures agraires avec les nouvelles,
précédées des éléments du nouveau système métrique. Seconde édition revue et corrigée.
Paris, Michaud Frères, in-8°, 284 p., MDCCCX.
(2 ) Grap pi n (D om ). Recherches sur les anciennes monnoies du Comté de Bourgogne
avec quelques observations sur les Poids et Mesures autrefois en usage dans la même
province (Besançon et Paris, 1782. In-8° 222 p., p. 149).
(3) B ou rquelot . Eludes sur les foires de Champagne..., 2 tomes in-4°, 1865; B, N. 4°
V. I 2 937, (p. 96). (I II).
50 —
« ...sur chascune frontière de maison contenant vint pies, li troi font l’ aune
de Provins » (1 ).
Ajoutons que le pied de 18 doigts fut désigné au Moyen Age, sous le nom
de « pied manuel » (3 ). Des textes sont formels à ce sujet, notamment une
charte de 1227 du Comte de Champagne, oii il est expressément question
d’une perche de 22 pieds au pied manuel (4 ).
(1) B o u r q u e l o t . Etudes sur les foires de Champagne. Op. cit. (p. 255).
(2) P e g o l o t t i . Op. cit. (Ed. 1936), pp. 226-232.
(3) Gu i l i i i e r m o z . De Véquivalence... Op. cit. (p. 25, Fauteur dit que c’est « ...à cause
de sa grande dimension que ce pied a été ainsi considéré ».
(4) 1d . (p. 25 : Cartulaire blanc de Saint-Denis, tome I, p. 837).
De son côté, Du Cange mentionne un texte du I X e siècle où figurent les
termes : perche manuelle (1 ), et nous indiquons un peu plus loin (p. 64,
note 1 ), d’autres documents.
*
**
Le pied de 15 doigts.
Le pied de 15 doigts est nommément désigné, dans le Code des lois de Cas-
tille (Ley IV, Part. 1, tit. 13), de la manière suivante : « Que la passada
aya cinco piés de orné mesurado, y en el pié quinze dedos » (2 ).
— 54 —
qu’ « On est donc en droit de conclure que c’est uniquement au défaut d’un
doigt sur la mesure du Pied Romain, qu’il faut attribuer ce qui paroit
manquer au pied de Castille, pour être le même » (1 ).
En apparence, la distinction entre pied romain R I et néo-romain R ’1 peut
paraître subtile, voire inutile. Nous la respectons cependant parce qu’elle pré-
sente l’avantage de faciliter le classement des unités fondamentales et de le
rendre plus clair.
Il est donc nécessaire de ne pas confondre le pied de 15 doigts néo-romains,
pied R’3, et le pied R2 de 15 doigts romains. Ainsi, le vare ou aune de Cas-
tille est composé de 3 pieds R ’3, c’est-à-dire de 3 X 15 = 45 doigts; l’ aune
de Champagne (de Provins) est composée de 2,5 pieds de 18 doigts (pied R 4),
soit au total 2,5 x 18 = 45 doigts.
Mais l’aune de Castille mesure 837 mm, tandis que celle de Provins ne me-
sure que 826 mm.
Sur le plan strictement métrologique, on doit se tenir à ces évaluations
moyennes.
Toutefois, il n’est pas exclu d’imaginer que le vare de Castille a pu être
établi sur la base de 3 pieds de 15 doigts, comme le fut l ’aune de Champagne
(2,5 pieds de 18 doigts équivalent à 3 pieds de 15 doigts), afin de faciliter les
échanges commerciaux.
Mais le prototype en usage en Castille n’aurait pas été en concordance avec
l’étalon français, d’où l’écart de 1,2 % constaté précédemment.
Bien entendu, il ne s’agit que d’une hypothèse qu’il ne nous a pas été loi-
sible de contrôler jusqu’ici.
Nous disons ci-dessus que l’aune de Provins est composé de 45 doigts :
soit 2,5 pieds de 18 doigts, ou 3 pieds de 15 doigts; cette dernière composition
ayant déjà été signalée précédemment dans un texte de 1325.
Puisque l’aune de Provins mesurait 826 mm, ce pied de 15 doigts avait
une longueur de 826/3 = 275,3 m m ; il s’agit du pied R2 ( = 15/16 R I ).
Il fut assez répandu autrefois et subsista jusqu’à l’institution du système
métrique, apparemment sans grandes modifications.
Ainsi à Bruxelles, le pied mesure 275,8 mm (G attey); 275,6 mm (Pauc-
to n ); 275,5 mm conformément à l’étalon datant du X V I I I e siècle (2 ).
55 —
D’après une reproduction du demi-pied de Bruges, figurant dans un ouvrage
publié en 1668 (1 ), le pied aurait mesuré 273 mm. A la même époque, 100
pieds de Bruges équivalent à 99 pieds de Bruxelles ( 1 ) ; en partant de la lon-
gueur du pied de Bruges — 273 mm — celle du pied de Bruxelles s’établit
à 275,7 mm, en parfaite concordance avec les précédentes évaluations.
On pourrait penser que la valeur du pied de Bruges a subi une légère mo-
dification depuis 1668, puisque nous lui trouvons 274,3 mm dans Guilhiermoz
(2 ) et 274,39 mm dans Gattey.
Le pied de Bruges est très ancien et nous pensons, dans une certaine mesure,
nous convaincre que sa valeur n’a pas dû changer beaucoup en remontant de
1668 à la première moitié du X I V e siècle au moins.
Cette aune étant formée de 2,5 pieds de Bruges, ce pied aurait mesuré, vers
1340, 274,4 mm. Si nous admettons une erreur de l’ordre de ± 0,5 % dans
l’évaluation de Pegolotti, le pied de Bruges se situe entre 276 mm et 273 m m ;
valeurs toujours très proches des 15 doigts du pied moyen R2, qui montrent
la stabilité de la mesure de Brabant pendant au moins cinq siècles.
« L’étalon du XVIIIe siècle conservé à la maison de Roi donne pour le pied (de 11 pouces)
275,5 mm ». Selon Ghiesbrecht, Tables de conversion. (Bruxelles, an X I), le pied vaut
275,75 mm.
(1) V incent (Auguste). Op. cit. p. 956 : « Le Trésor van de Ghewichten, Amst. Anv ;
1668, p. 133, figure 1/2 pied de Bruges, a 136,5 mm. ...D’après le même trésor 100 piedo
de Bruges valent 99 pieds de Bruxelles... ».
(2 ) Gu i l h ie r mo z . Op. cit. (p. 26).
(3) Nous reviendrons bientôt sur cette évaluation en examinant la composition des
aunes.
56 —
que « ...les pieds de ce type avaient habituellement été ramenés à 10 pouces
du pied de roi » (1 ).
Les tables de Gattey (1810) mentionnent effectivement, dans le département
de la Moselle, le « Pied d’ Eveché, égal à 10 pouces du pied de Paris »
(270,7 m m ); dans celui du Haut-Rhin, canton de Wissembourg, le « Pied du
Pays, égal à 10 pouces de celui de Paris » (270,7 m m ); canton de Landau
« Pied pour l’arpentage » (270,7 m m ), etc...
11 est probable que cette légère réduction eut pour objet de simplifier les
calculs en prenant un nombre rond de pouces, tandis que le pied de 15 doigts
se composait de 10 pouces 2 lignes du pied de Paris de 32,48 cm.
— - 57 — -
Van Swinden estime que 1.000 pieds du Rhin (comprendre rhinlandiques) =
313,9465 mm... » (1 ), soit pour un pied 313,94 mm.
L’annuaire du Bureau des Longitudes pour l ’année 1956 rappelle que, sur
les cartes marines danoises publiées avant l’année 1902, et concernant les eaux
groenlandaises, « les profondeurs peuvent être exprimées en pieds du Rhin
(fo d ) de 0,3139 m et en brasses (faun) de 6 pieds soit 1,8834 m ». De même
sur « ...les cartes norvégiennes publiées avant l ’année 1887 qui sont encore
en usage, les profondeurs sont également exprimées en pieds du Rhin (fod )
de 0,3139 m et en brasses (kaun) de 6 pieds, soit 1,8834 m » (2 ).
Diverses équivalences font ressortir que le pied rhinlandique fut en usage
notamment à Besançon, où les Commissaires du département du Doubs l’éva-
luèrent à 314,7 mm (G attey); à Dieppe (Paucton : 313,7 m m ); à Copenhague
(Paucton : 313,95 m m ); à Vienne (Autriche) où il est un peu plus long :
316 mm (3 ) (Petit : 317,8 m m ; Paucton : 316,3 m m ); etc...
— 58 —
mesurait 10 onces 10 points de ce nouveau pied encore appelé Liprand. Mais
ce nouveau pied de 1612 mesura officiellement une once de plus que l’ancien;
son étalon, conservé à l’Hôtel de Ville de Turin, a 513,7 mm de longueur. (En
fait, le pied de 1612 n’était autre que la coudée du pied de Lyon de 342,5 mm,
soit pour sa coudée 513,7 m m ).
D’où il résulte que l ’ancien pied Liprand mesurait en moyenne 464 mm.
Notons qu’à Gênes le pied était de 468 mm (P aucton); à Plaisance de
470 mm (P aucton); à Pavie de 472 mm. Ces pieds agraires conservèrent leur
ancienne valeur après la réforme de 1612 et sont en concordance avec le véri-
table pied Liprand (1 ).
Il apparaît donc que le pied rhinlandique peut effectivement remonter à
une période assez éloignée dans le temps, puisque sa coudée de 471 mm en
moyenne équivaut au pied Liprand ancien.
Divers exemples prouvent au surplus que ce pied rhinlandique (royal
carolingien ainsi que Guilhiermoz le désigne) fut véritablement en usage
au Moyen Age, notamment dans les mesures d’arpentage.
L’exemple de la perche ancienne de Bourgogne, composée de 9,5 pieds
anciens de Bourgogne et mesurant 3,14 m, est assez typique puisqu’il semble
bien qu’on ait voulu « ajuster » la perche en usage à une nouvelle unité qui
n’était autre que le pied R4 de 18 doigts.
On est donc passé d’une perche composée de 10 pieds R3 de 314 mm à
une perche de 9,5 pieds de 330 mm.
Cette composition de la perche semble être devenue traditionnelle, puisque
l’étalon que nous avons mesuré à Dijon, et qui porte l ’inscription : . PERCHE
. DE . BOURGOGNE . a pour longueur 3,08 m. Il est divisé en 9 pieds et
6 pouces, c’est-à-dire neuf pieds et demi (2 ). Ce doit être le nouvel étalon
ajusté sur la base du pied de France, intermédiaire entre le pied R3 et le
pied R4.
Guilhiermoz rapporte d’ autres exemples qui attestent l’emploi du pied
R3 au Moyen Age, antérieurement au pied R4 de 18 doigts (3 ).
(1 ) Les pieds du Piémont et de Milan sont, selon Guilhiermoz, les seuls qui, après
les altérations qu’ils subirent, le premier en 1612, le second avant la fin du XVe siècle,
conservèrent le nom de pied Liprand; celui de Milan devint les 3 /4 du braccio de
595 mm, soit 446 mm (Paucton donne au braccio des maçons ou de Fabrica selon Lalande,
595 inin ). Ce nouveau pied « Liprand de Milan » fut donc la coudée du pied néo-romain
R’i de 298 mm, puisque 1,5 X 298 = 447 mm.
(2) Il est conservé, ainsi qu’une intéressante série d’étalons qui interviendront dans
cette étude, à la Bibliothèque municipale de Dijon.
(3) Gu i l h i e r m o z . Op. cit. (p. 33 et suiv.).
— 59 —
5
Ajoutons que la perche rhinlandique composée de 16 pieds romains
(pied R I ), était divisée en 15 pieds (16 pieds RI équivalent à 15 pieds R3 ) ;
elle mesurait 4,71 m en moyenne.
**
80 8
1 perche romaine de 160 doigts = — pieds R4 ou 8 —- pieds R4, valeur
9 9
très voisine de 9 R4.
Les indications portées sur les tableaux annexés prouvent que le pied néo-
romain connut une grande diffusion en France et dans de nombreuses villes
européennes.
— 60 —
Observons que la longueur du pied R ’I : 298 mm, est à peu près équiva-
lente à 11 pouces du pied de Paris en moyenne, avant et après la réduction
de 1667. Onze pouces de l’ancien pied de Paris sont égaux à 299,4 mm et
onze pouces du nouveau à 297,7 mm ; ces valeurs sont très voisines de la
valeur moyenne du pied néo-romain.
L’idée s’est certainement accréditée autrefois — et des textes en portent
le témoignage — que le pied romain mesurait 11 pouces de la mesure du roi.
Un exemple probant est celui de l’aune de roi, dont la définition fut donnée
par François 1er dans son édit de 1540 et renouvelée par Henri II en 1557 :
3 pieds 7 pouces 8 lignes : telle était la longueur de cette aune, c’est-à-dire
43 pouces 8 lignes, ou 43,66 pouces, soit 118,84 cm. Le quart de cette me-
sure équivaut à 297 mm, c’est-à-dire pratiquement le pied R ’I. L’aune est
donc formée de 4 pieds R’ 1.
Théoriquement, ces 4 pieds mesurent 4 X 298 = 119,2 cm, mais il est
fréquent de trouver des spécimens de l’aune mesurant 119 cm, où des équi-
valences fournies par les documents et qui conduisent aux même résultats.
Ainsi, on perdait de vue que le véritable pied romain RI était plus court
que le pied R ’ 1 ; mais, s’il est plausible d’admettre l ’altération d’étalons et
des copies d’étalons transmis au long des siècles sans que nous sachions dans
quelles conditions, on doit considérer comme un fait remarquable la per-
manence du pied romain, élément dimensionnel des mesures de longueur ;
entre RI et R ’ 1, la différence est de 4 mm, et 4 mm sur 294 c’est, en valeur
relative, 1,3 % , donc peu de chose si l’on songe aux avatars de la civilisation
occidentale, entre la chute de l’empire et le bas Moyen Age.
Il existe un bon élément de comparaison du pied néo-romain, c’est le
« palmo architettonico », gravé en 1535 sur une plaque de marbre placée au
Capitole. Il fut mesuré officiellement en 1811 par la Commission des poids
et mesures ; sa longueur était de 223,4 mm. Le pied correspondant à ce palme
en étant les 4 /3 , mesure donc 298 mm en chiffres ronds. C’est bien le pied
néo-romain R’ 1.
Le rapport théorique 10/9 entre le pied de 18 doigts R4 et le pied néo-
romain R’1, ne fut pas observé en ce qui concerne le pied de Paris, bien que
ce dernier se rattache vraisemblablement au groupe des pieds de 18 doigts.
L’explication de cette anomalie consiste à supposer que l’adaptation de
la perche de 18 pieds de 18 doigts à l’ancienne perche de l ’arpent de Paris,
composée de 20 pieds de 16 doigts romains, eut lieu, sans pour autant que
soit modifiée la longueur de cette perche ( 1 ).
(1 ) G u il h ie r m o z . O p. c it . (p . 24, s q .).
61 —
Autrement dit, le pied de Paris aurait répondu à l’équation : 20 pieds
de 16 doigts romains = 18 pieds de Paris, soit pour le pied de Paris :
20 RI
---------- = 32,66 cm en chiffres ronds.
18
pied de Paris 20/18 RI 1097 1110
On a donc ------- et non -------
pied néo-romain R ’ I 81/80 RI 1000 1000
comme le voudrait l ’équivalence 10/9.
La valeur du pied de Paris, que nous venons de calculer, est en bon accord
avec celle que nous avons trouvée par d’autres voies, dans la précédente section.
Il est donc permis de penser qu’antérieurement au XVe siècle, et sauf décou-
vertes nouvelles, il y a de fortes chances pour que le pied de Paris n’ait pas
excédé, au maximum, 18 doigts romains* ou 330 mm.
%
îfe ±
(1 ) G u i l h i e r m o z . O p . c it . ( p . 1 8 ) .
— 62 —
Ainsi, la règle prismatique, à section octogonale, qui date de la seconde
moitié du X V I e siècle, conservée au musée Lorrain à Nancy, porte sur l’une de
ces faces un trait gravé dans le bronze (1 ), d’une longueur de 286 mm.
Ce trait est accompagné de l’inscription : « PIED DE LORRAINE » qui
ne laisse aucun doute sur son origine.
Sa dimension est en bon accord avec celle donnée en 1625 par Petit, qui
le trouve équivalent à 1 270 parties du pied de Paris, soit 288 mm en chiffres
ronds (2 ).
D’autres confirmations vont nous être données au cours de l ’étude des
pieds manuels.
*
**
Lorsque nous avons examiné le pied de 18 doigts romains R4, nous avons
dit, que par suite de sa grande dimension — 330 mm en moyenne — il avait
porté le nom de « pied manuel ».
— 63 —
Par ailleurs, nous avons souligné que ce pied R4 était au pied R2 de 15
doigts dans le rapport 6 /5 .
— 64 - -
Petit évalue le pied de ville de Lyon et le pied de Grenoble à 1 512 parties
du pied de Paris, soit 343 mm ; ce qui prouve que, jusqu’à la fin du X V I I I e
siècle, les dimensions de ces pieds ne varièrent pas.
Cette toise mesure 2,506 m ; ce qui met le pied à 358 mm, valeur en ex-
cellent accord avec celle du pied de comté donnée par Petit, soit 1 583
parties du pied de Paris, ou 359 mm.
Prenons les 5 /6 de 358 mm, nous obtenons 298 mm, dimension du pied
néo-romain R ’ 1. Pgr conséquent, 12 pieds néo-romains R ’ 1 équivalent à 10
pieds le Comte, ce qui peut laisser entendre qu’à un moment de l’histoire, on
a pu employer une perche de 12 pieds néo-romains divisée en 10 pieds le
comte ; c’est une décimalisation des mesures.
Nous basant sur les indications précitées données par Dom Grappin, il
paraît naturel de penser que, chronologiquement, le Comté employa, suc-
cessivement sinon conjointement, le pied rhinlandique R3, puis le pied ancien
de Bourgogne, puis le pied R ’5, ou pied manuel du pied néo-romain R ’ I.
Or, cette aune mesure 120,7 cm ; c’est elle qui devînt la mesure légale du
Comté, en application de l ’édit de 1587 ( 1 ) ; composée de 3 pieds 8 pouces
de l ’ancien pied de Bourgogne, elle devait donc théoriquement mesurer
121 cm ; résultat en parfait accord avec la dimension de l’étalon et confir-
mant, si besoin était, la valeur du pied ancien de Bourgogne.
Autrefois, ce pied s’appelait pied de Saint-Eloi, nom qui lui venait a ...de
ce que les étalons des mesures bordelaises étaient gardés à l ’hôtel de ville,
près de l ’Eglise Saint-Eloi » (3 ).
66 —
Au X V I e siècle (1577), Vinet, auteur d’un ouvrage sur l’arpentage, a donné
une équivalence du pied de terre de Bordeaux en mesure de roi, correspon-
dant à 13 pouces et une ligne et demie. Puisqu’il s’agit du pied de roi anté-
rieur à 1667, cette équivalence s’exprime en fonction du pied de 326,6 mm,
soit, pour le pied de Saint-Eloi, une longueur de 357,2 mm (1 ).
*
**
En résumé, la plupart des pieds semblent pouvoir être insérés dans l’un
des dix groupes que nous venons d’examiner. Il est bien entendu nécessaire
de souligner, que les valeurs caractérisant chacun d’eux sont des moyennes
théoriques, qui laissent placent à un certains battement autour d’elles.
67 —
Ici, ce n’est plus le pied qui est l’élément déterminant de la perche, mais
la chaussure ; et le hasard seul joue un rôle dans l’opération et non le choix
d’hommes de « graunt estature » ( 1 ).
Ainsi, les dix groupes que nous venons d’examiner sont des repères dans
cet amalgame de mesures aux apparences diverses ; repères caractérisés par
des valeurs moyennes, en fonction desquelles la sélection des mesures et leur
classement est possible. Sans doute, entre ces valeurs théoriques et les appli-
cations pratiques, les écarts ont pu être sensibles, mais la plupart du temps
ils nous échappent.
*
**
(1 ) 1 jes unités non représentées par des étalons établis spécialement à cet effet ne
sont pas fréquentes ; citons la définition initiale du mètre, qui en fait une mesure
d’essence cosmogonique; celle de la toise — ou orgye chez les Grecs — qui la rattache
à une dimension déterminée par les deux bras étendus.
— 68 —
La canne est habituellement composée de six pieds et divisée en huit
pans. Mesure d’arpentage, la canne fut aussi une mesure pour les étoffes.
Dans le midi — son lieu d’élection — l’emploi de la canne n’exclut pas le
mesurage à l ’aune; nous avons déjà signalé, dès le x m e siècle, l ’aune de Tou-
louse concurremment avec la canne de cette ville (page 26, note 6 ). A Mont-
pellier, au début du XVIIe siècle, « Les Consuls s’informent si le sieur Seguin,
pourvu de l’office d’aulneur au gouvernement de Montpellier, a non seule-
ment le droit d’aulner et caner les draps, couvertes et étoffes de laine, mais
aussi celui de connaître les fraudes... » ( 1 ).
Telle était la situation vers 1749 et sans doute bien avant cette date. Elle
n’est pas autrement surprenante lorsqu’on sait que quatre cannes différentes
étaient employées dans cette ville ; l ’une d’elles était la canne de Cahors
(1,787 m ) ; l’autre celle des tisserands (2,030 m ) ; la troisième était utilisée
par les fabricants pour la vente en gros (1,985 m ) ; la quatrième était em-
ployée par les marchands pour la vente au détail (1,895 m ). Enfin, l ’aune de
Paris intervenait pour le mesurage des tissus venant « de loin ».
— 70 —
On pensait, à Cahors, que cette canne équivalait à 1,5 aune de Paris; mais
il s’en fallait de 1 787 — (1,5 X 118,8) = 5 mm (1 ).
Pour les tissus, l’ aune de Cahors était égale à la demi-canne des fabricants,
soit 1,985 : 2 = 0,992 m.
L’aune des Flandres, dont il vient d’être question, est voisine de l’aune de
Bruges. Nous avons indiqué plus haut qu’une équivalence établie par Pego-
lotti permettait de fixer la longueur de l ’aune de Bruges à 686 mm (1 ) au
xive siècle.
En effet, Pegolotti dit que l’aune de Bruges vaut un braccio et un sixième
de Florence (2 ).
Dans son dernier état, le braccio di panno de Florence était évalué, vers
1808, à 583,6 mm, correspondant à 2 pieds R I, légèrement faibles, soit
291,8 ou 292 mm. De son côté, Guilhiermoz admet, qu’au X I V e siècle, le
braccio était composé de deux pieds romains R l moyens, mesurant 294 mm ;
sa longueur aurait alors été de 2 X 294 = 588 mm.
(1 ) Voir p. 56.
(2) P e g o l ot t i Francesco Balducci. La pratica dalla mercatura edited by Allan Ewans,
Instructor in History, Haward Unîversity. The médiéval Academy of America. Cambridge,
Massachusetts. 1936, in-4°, p. 246.
— 72 —
Dans les deux cas, ajoutons 1 /6 au braccio, nous trouvons :
pour le braccio évalué à 583 mm : aune de Bruges : 583 + 1/6 = 680 m m ;
pour le braccio évalué à 588 mm : aune de Bruges : 588 + 1 /6 = 686 mm.
Par ailleurs, nous savons que les Anglais comptaient l’aune de Bruges
(de Flandres ou de Brabant) à 27 pouces, soit 3 /4 du yard. Cette équivalence
nous donne, pour l ’aune de Bruges : 685,8 mm (1 ).
Or, cette aune était composée de 2,5 pieds de Flandres, c’est-à-dire de
2,5 pieds R 2 de 15 doigts romains, mesurant en moyenne 275 mm, et nous
avons vu précédemment (pp. 55-56) que les pieds de Bruges, de Bruxelles,
de Gand, étaient identiques, à 1 mm près.
On peut donc estimer que la valeur moyenne de l ’aune de Bruges fut très
voisine de 2,5 X 275 = 687 mm, valeur toute proche de la moyenne statis-
tique mentionnée sur le tableau annexé, soit 686 mm.
Le tableau ci-contre résume cette étude de l ’aune de Bruges, aune si im-
portante autrefois et qui fut, avec l’aune de Provins, une véritable mesure
internationale.
En ce qui concerne l’aune de Provins, précédemment signalée à l’ occa-
sion de l’étude du pied ancien de Bourgogne (pied R4, p. 48 et suiv.), une
précision intéressante est donnée par Pegolotti. Il écrit : « Aile 9 1/2 di
tele alla misura delle fiere di Borgogna fanno in Vignone Corda 1 » (2 ).
Pegolotti nous a fourni une autre équivalence particulièrement utile, à
savoir : « ...E tele line vi si vendomo in fiera a alla, e aile 15 1 /2 di tele alla
misura delle fiera di Campagna fanno in Vignone Corda 1 » (3 ).
En partant de ces deux équivalences, nous en tirons une troisième : une
aune à la mesure des foires de Bourgogne équivaut à 1,63 aune de Cham-
pagne, ce qui met l’aune de Bourgogne à environ 1,35 m, c’est-à-dire à 4 pieds
R4 (132 cm ) à 3 cm près. Il s’agit d’une première approximation et nous
reviendrons plus loin sur ces équivalences fournies par les documents du
commerce international au Moyen Age, qui ne peuvent être exploités qu’avec
précaution (v. p. 89).
Ces renseignements constituent pourtant à peu près la seule et plus im-
portante veine d’informations, dont l’exploitation permet de nous former une
— 74 —
opinion sur les aspects techniques de la métrologie usuelle au second Moyen
Age.
Malheureusement, elle ne trouve pas sa contre-partie tangible, du moins
à cette époque et en ce qui concerne principalement les mesures de longueur,
dont les étalons ou les modèles sont à peu près inexistants actuellement.
1° Les rapports établis dans les textes des époques considérées ne se recoupent
pas toujours entre eux, même lorsqu’on admet des tolérances assez larges,
± 1 à 3 % , sur les évaluations fournies. Ce qui laisse planer un doute
sur leur validité, ceci étant entendu dans le sens où certaines « clés » nous
faisant défaut, nous ne pouvons expliquer les raisons de ces variations
apparentes.
2° Il s’agit précisément des pratiques et des usages commerciaux signalés
de temps à autre, mais rarement d’une manière systématique, qui viennent
« déformer » parfois profondément des équivalences arithmétiques qui,
de prime abord, paraissent concordantes.
A la Halle aux toiles à Paris, par exemple, l’usage voulait qu’on mesurât
les tissus un pouce devant l’aune. C’est ce qui s’appelait un « bon d’aunage ».
L’acheteur de 50 aunes en recevait effectivement 51 1 /6 environ. En outre,
les marchands allouaient pour la « bonne mesure » une aune supplémen-
taire sur cinquante.
— 76
Ainsi, pour 50 aunes payées, le vendeur en débitait réellement 50 + 1 1/6
+ 1 = 52 1/6, soit 4 % de plus que la valeur de base (1 ).
La « surmesure » pouvait même être concrétisée par un étalon com-
plétant celui de l ’aune proprement dit. Tel aurait été le cas, d’après Dom
Grappin, de l’aune ancienne de Besançon, fixée à une muraille de l’ancien
Hôtel de ville. « On voit aujourd’hui, dit-il, contre le mur, l ’échantillon de
l’aune de Besançon, surmonté d’un autre morceau de fer long d’un pouce
et demi également planté dans le mur. Cette dernière pièce peut avoir été
l’échantillon de la sur-mesure qui se délivrait dans l’aunage, comme à
Paris... » (2 ).
Ceci prouve qu’il est pratiquement très difficile, sinon impossible, de
savoir si la surmesure est comprise ou non dans une équivalence donnée, si
le document ne le mentionne pas explicitement, lorsque la pratique commer-
ciale en un lieu déterminé obligeait les marchands à s’y conformer.
C’est pourquoi il est heureux que Pegolotti, au xive siècle, et Malynes, au
X V IIe siècle, aient spécifié que tel « centenaio » d’aunes (un cent d’aunes) en
(1) B o u r q u e l o t . Etudes sur les foires de Champagnes (op. cit. ). Le tableau figure
p. 252. D’après cet érudit, les manuscrits français que nous indiquons sous les chiffres
I. II, sont respectivement datés de 1284 et 1285 et cotés B. N. 412 fr. et B. N. 12581 fr.
Les quatre textes suivants, que nous numérotons III, IV, V, VI, figurent dans des manus-
crits de dates différentes et indiqués par Bourquelot; III : 274 bis Notre-Dame; IV :
2625 fr .; V : Cartulaire de Caillot; VI : ms. bibl. Saint-Marc de Venise.
(2) Le terme « pio » dérive du « pechys grec», qui désignait la coudée.
(3 ) Cf. p. 80, note 1.
(4 ) Pour simplifier les calculs, nous prenons 685 mm, soit 1,4.10 ~3 d’une valeur
entachée d’une incertitude de l’ordre de ± 5.10“ 3 (cf. p. 4 3 ); la marge de sécurité
est donc encore très large.
78 —
Extrait des documents concernant la « moison » des pièces de draps
aux foires de Champagne, d’après Bourquelot
(Evaluations exprimées ci-dessous en aunes des foires de Champagne)
Villes I II III IV V VI
A M IE N S ........................... — 14 25 — — 14
ARRAS ............................. 46 48 46 45 45 46
BRUGES ........................... 22 24 32 — — —
C A E N ................................ — 48 — 48 48 48
C A M B R A I....................... 31 31 31 31 31 31
DOUAI ( 1 ) ...................... 37 27 27 28 28 27
G A N D ................................ 36 34 36 — — 31
28 27 30 28 28 28
L I L L E .............................. 29 29 29 29 29 29
M A L IN E S ........................ 26 30 29 30 30 30
ORCHIES ........................ 30 30 30 30 30 30
PROVINS ........................ 28 28 28 28 28 28
teints
S A IN T -O M E R ................. 29 29 29 29 29 29
TOURNAY ...................... 36 36 36 — — 36
TROYES ......................... 28 28 . 28 28 28 28
YPRES ............................. 29 29 29 29 28
29
— 79 —
Nous avons vu précédemment que le braccio de Florence, pour les étoffes
de laine en usage au Moyen Age, pouvait être estimé à 2 pieds R I, soit
588 mm en moyenne, dimension qui cadre très bien avec celle de l’aune de
Bruges donnée par Pegolotti (1 braccio de Florence + 1 /6 ).
Dans ces conditions, la canne de Florence, pour le mesurage des pièces
de draps de laine, a pu mesurer en moyenne 58,8 X 4 soit 59 X 4 = 2,36 m.
Puisque 50 pics de Constantinople et Pera équivalaient alors à 12 cannes
de Florence, la longueur du pic s’établit à 566,4 mm, que nous arrondissons
à 566 millimètres.
Nous reproduisons, ci-dessous, un extrait du tableau des longueurs des
pièces de drap de différentes villes, exprimées en « piccbi », constitué par Pe-
golotti (p. 37) :
« Constantinopolo e Pera : lunghezze di panni
Borsella picchi 54
Tornai picchi 54 Mellino » 44
Belvagio » 48 Bruggia » 44
Parigi » 60 Vergati di guanto » 46
San Dionigi » 54 Coperture d’Ipro » 44
Filosa (ou Tolosa) » 44 Anversa » 42
Carcasciona » 44 Vinegia » 40
Nerbona » 44 Milano » 44
Bindersi » 44 Commo » 44
Perpignano » 44 Firenze » 48
« Et il picco a che si misurano i panni si e uno picco per se da quello delle
tele, ed e minore che 1 picco di gazeria (ou ghazerian) a che (anche) si
misurano lo tele tanto che picchi 1 1/2 di panni lani fa pichi uno di gazaria ;
e le 12 canne di Firenze fanno picchi 50 a quello de panni » (1 ).
Il est possible de « consolider » la valeur trouvée pour la canne de laine
de Florence en faisant appel à quelques équivalences.
Pegolotti signale que 10 cannes florentines équivalaient à 38 brasses de
Rome, brasse qui mesurait donc 621 mm. Cette brasse étant composée de 2
palmes et demi, la longueur du palme s’établirait à 250 mm et 8 palmes,
composant une canne, celle-ci aurait mesuré 2 mètres. C’est précisément la
canne mercantile de Rome, employée au mesurage des étoffes ; elle avait une
longueur de 1,992 m en 1811 et se composait évidemment de 6 pieds R4 (2 ).
(1 ) Et le picco auquel se mesurent les draps est ainsi un picco de celui de la toile,
et il est plus petit que 1 picco de gazeria auquel se mesurent aussi les toiles, car 1
picchi 1/2 des draps de laine font 1 picco de gazeria; et les 12 cannes de Florence
font 50 picchi de celui des draps.
(2 ) G u i l h i e r m o z . De l’équivalence... Op. cit., p. 24.
Pegolotti écrit : 10 cannes de Florence = 11 1/4 cannes de Marseille —
11 1/4 cannes de Nîmes = 11 1 /4 cannes de Montpellier (1 ).
La canne de Marseille, pour la laine, s’établit ainsi, sur la base de la canne
de Florence de 2,36 m, à 2,10 m.
Ce résultat est encore en bon accord avec la dimension de la canne de Mar-
seille (pour les étoffes de laine) donnée par Paucton vers la fin du X V I I I e siècle
et qui s’établit à 2,12 m environ, et par Savary des Bruslons en 1759 :
2,112 m (2 ).
Il prouve, en outre, que diverses mesures de longueur semblent avoir été
assez stables au cours des siècles, voire jusqu’ à l’institution du système mé-
trique.
En résumé, ces exemples montrent que la valeur moyenne à laquelle nous
nous sommes arrêté pour la canne de Florence servant au mesurage des étoffes
de laine, concorde sensiblement avec les estimations tirées des diverses équiva-
lences d’origine médiévale.
Nous pouvons d’ailleurs faire appel à des renseignements plus récents per-
mettant de constater que cette canne n’a pas subi de profondes variations.
Ainsi, vers 1625, Pierre Petit accorde à la demi-brasse de Florence 10 pouces
et 8,5 lignes du pied de roi, soit 583 mm, valeur toute proche de celle du
braccio médiéval de 588 mm, à 0,8 % près, et non moins proche de l ’estima-
tion de 1808 : 583,6 mm (3 ).
Au X V I I e siècle, Malynes donne l’équivalence suivante (4 ). : 100 aunes
d’Anvers = 1 1 6 aunes de Florence pour les étoffes de laine. Ce qui met l ’aune
de Florence à 59 cm (pour une aune d’Anvers de 685 mm en moyenne) et
la canne de 4 aunes ou 4 brasses à 2,36 m.
Autre exemple : à Gênes, d’après Malynes, 100 aulnes d’Anvers équi-
valent à 32 cannes pour les étoffes de laine à 9 palmes à la canne. Toujours
sur la base de 685 mm pour l ’aune d’Anvers, nous trouvons une canne de
2,14 m et un palme de 238 mm (4 ).
Cette valeur du palme génois diffère d’environ 2 % en moins de celle
donnée par Desimoni et considérée par lui comme stable « autrefois comme
aujourd’hui » (5 ) et qui est de 244,7 mm, soit 245 mm en chiffres ronds. La
— 81 —
canne de 9 palmes mesurait donc 2,205 m. Mais il est possible que les
concordances établies par Malynes soient un peu faibles car, au xvm e siècle,
Paucton fixe la longueur de la « canella pour les draps » de Gênes à 9 palmes
mesurant au total 2,183 m, valeur quasiment identique à celle qui ressort
des indications de Desimoni.
C’est une nouvelle confirmation de la stabilité de ces mesures au cours
des siècles et c’est pourquoi, partant de ces bases, nous allons voir dans quelles
limites elles nous donnent la possibilité de déterminer la longueur approxi-
mative de quelques mesures en usage au xive siècle.
Rappelons que le pic de Constantinople, cinquantième de 12 cannes de
Florence, aurait mesuré 566 mm en chiffres ronds.
Ce pic subsistait encore dans certaines villes du Levant à l ’époque où écri-
vait Malynes (xvn e siècle), puisqu’il nous dit qu’à Géra, Tripoli (in Barbara),
Alexandrie, 124 pichys équivalent à 100 aunes de Flandres (d’Anvers). Ce
qui suppose un pic de 552 mm. Mais on ne saurait affirmer qu’après la chute
de l’empire byzantin, le pic auquel fait allusion Pegolotti ait été encore en
usage, ce qui, pour les mesures que nous examinons, ne présente pas un in-
térêt particulier.
Deux très importantes équivalences sont établies par Pegolotti dans les
équations suivantes concernant les aunes et cannes de Bruxelles (1 ) :
11 cannes de Florence (pour la laine) = 12 cannes ou 38 aunes (I ).
11 cannes de Florence (pour la laine) = 14 1/2 cannes ou 44aunes (II).
De I nous tirons : 1 canne (longue) de Bruxelles = 2,16 m ) (I ’ )
1 aune (longue) de Bruxelles = 683 mm )
De II nous tirons : 1 aune (courte) de Bruxelles = 1,79 m ) (II’ )
1 canne (courte) de Bruxelles = 590 mm )
Nous trouvons ici d’excellents exemples de l ’emploi (et de la valeur) du
pied romain RI à cette époque. En effet, l’aune (I’ ) — la grande aune — est
composée de 2,5 pieds R2 de 274 mm et ne diffère pas sensiblement de l’aune
de Bruges (685 m m ); de même l’aune (II’ ) — la petite aune — est formée
de 2 pieds RI de 295 mm (590 m m ); elle équivaut pratiquement au braccio
pour les étoffes de laine de Florence.
Et, à peu de chose près, environ 1 °/o, trois aunes courtes équivalent à la
canne courte de 179 cm.
(1 ) V. pp. 83-84.
— 82 —
On aperçoit immédiatement l’avantage offert par l’emploi de ces deux
aunes et des deux cannes correspondantes, en concordance respectives avec
l’aune de Bruges et l’aune ou brasse de Florence. Au surplus, ces mesures sont
en concordance avec les valeurs que nous avons calculées en partant des équa-
tions de Pegolotti.
Parmi celles qui sont rapportées jusqu’ici dans la Pratica, ces deux der-
nières se classent dans la catégorie des plus précises.
Il n’est pas sans intérêt de noter que plusieurs villes des Flandres et des
régions circonvoisines employaient des cannes identiques pour le mesurage des
étoffes de laine : Malines, Anvers, Gand, Bruges, Saint-Omer, Lille, Orchies,
Cambrai, Provins, Beauvais, Chalons, par exemple où la canne est celle de
2,16 m en moyenne (12 cannes pour 11 de Florence).
Mais Pegolotti signale en outre l’emploi simultané de cannes de longueur
différente dans une même ville manufacturière, longueur qui varie suivant
la nature de l’étoffe à mesurer. (Nous avons déjà constaté ce fait à Cahors).
A Gand, par exemple, le florentin cite 3 cannes : celle de 2,16 m ; la se-
conde de 1,74 m, composée de 3 aunes de Bruxelles à 59 cm environ; quant
à la troisième canne, elle répondait à l’équation : 12,5 cannes = 11 cannes
de Florence, ce qui la met à 2,08 m ; elle était ainsi composée de 7,5 pieds R2,
c’est-à-dire de 3 aunes de Flandres (685 X 3 = 2,055), ou encore de 2,5 aunes
de Champagne ; car cette dernière aune étant formée de 2,5 R4, on a :
2,5 x 2,5 R4 = 6,25 R4 = 7,5 R 2.
A Provins, nous retrouvons, avec Pegolotti, la canne de 2,16 m, ainsi
que la canne de 1,79 m (environ trois petites aunes de Bruxelles). Mais une
troisième canne est employée : elle est telle que 11,25 cannes équivalent à
11 cannes de Florence, ce qui met la canne à 2,31 m en moyenne. Elle était
donc composée, en principe, de 7 pieds R4 de 33 cm et se trouvait ainsi rat-
tachée au pied de Bourgogne et à l ’aune de Provins de 2,5 pieds R4.
Afin d’être mieux informé sur ce sujet, nous donnons ci-dessous un extrait
du tableau établi par Pegolotti (Pratica... p. 110, Ed. Allan Ewans), que
nous avons complété par des équivalences en unités métriques, calculées sur
les bases établies précédemment.
D’après le Florentin, 11 cannes de Florence pour la laine valent, dans
les villes énumérées ci-après :
Bruxelles 38 aunes Aune : 0,683 m (1 )
Bruxelles 44 — Aune : 0,590 m
— 83 —
Bruxelles 12 cannes Canne : 2,16 m
Bruxelles 14,5 — Canne : 1,79 ni
Saint-Omer 12 — Canne : 2,16 m
Paris 16 — Canne : 1,63 m
Saint-Denis 15 — Canne : 1,73 m
Lille 12 — Canne : 2,16 in
Orchies 12 — Canne : 2,16 m
Gand (tout venant) 14,5 — Canne : 1,79 m
Garni (mêlée) 12 — Canne : 2,16 m
Gand (rayée) 12,5 — Canne : 2,08 m
Provins (rayée) 11,25 — Canne : 2,31 m
Provins (blanche) 14,5 — Canne : 1,79 m
Provins (teinte) 12 — Canne : 2,16 m
Bruges 12 — Canne : 2,16 m
Anvers 12 — Canne : 2,16 m
Cambrai 12 — Canne : 2,16 m
Tournai 14,5 — Canne : 1,79 m
84 —
(Il est à noter que dans les six manuscrits reproduits par cet auteur, et
dans les estimations de Pegolotti, les nombres indiqués sont généralement des
nombres entiers, ce qui peut troubler des équivalences issues de sources dif-
férentes et s’ appliquant à un même objet, si les nombres ne sont pas arrondis
dans le même sens).
Tournai : 46 aunes (1 ).
La moison de Tournai est de 36 aunes ou 36 X 83 = 29,88 m. Ce qui
met l’aune à 29,88 : 46 = C50 mm. Mais Pegolotti attribue 54 pics (cf. tableau
plus haut, p. 80) à cette pièce, soit 54 X 566 = 30,56 m. Ce qui met l’aune
à 30,56 : 46 = 664 mm. Or, au x vm e siècle l’aune de Tournai mesurait
0,66 m ; elle n’aurait donc pas varié sensiblement depuis le Moyen Age.
— 85
Parmi les moisons figurant dans les manuscrits précités, il y en a une
de 32 aunes concernant Bruges (cf. plus haut, p. 79).
Nous ne présentons cette analyse que pour montrer les difficultés qui sur-
gissent au cours de ces recherches.
En résumé, il semble que l’aune de Malines pouvait mesurer 67 cm en-
viron, comme celle de Gand pour les pièces de vergati, mais ceci sous toutes
réserves.
Anvers (1 ) : D’après la « Pratica », la pièce est de 38 aunes et les vergati à
la mesure de Gand font 40 aunes. La pièce aurait mesuré 42 pics (cf. plus
haut, tableau p. 80), soit 23,80 m environ; ce qui met l’aune à 23,80 : 38 =
0,626 soit 63 cm. Ce nombre paraît trop faible, car l ’aune d’Anvers ne devait
pas différer très sensiblement de celle de Bruges et oscillait peut-être aux en-
virons de 66 à 67 cm.
Saint-Omer (2 ) : Mêmes valeurs que celles d’Anvers, données par Pegolotti
à l ’exception de l ’équivalence en pics et de l ’indication du tissu mesuré à la
mesure de Gand.
La moison de Saint-Omer est de 29 aunes ou 24,07 m (cf. plus haut,
tableau p. 79), valeur qui diffère peu de celle trouvée pour Anvers. L’aune
de Saint-Omer aurait mesuré, dans ces conditions, 24,07 : 38 = 633 mm.
Même observation que ci-dessus.
Yprès (5 ) : Pegolotti donne, pour les pièces de laine (couvertures) une équi-
valence de 44 pics, soit 24,90 m. Il dit que l ’aune pour ces tissus est au nombre
de 21 à la pièce, ce qui met l ’aune à 24,90 : 21 = 118,6 cm. Il dit aussi que
les pièces de drap de vergati mesurent 42 aunes.
Etant donné qu’il n’y a qu’une seule moison de 29 aunes mentionnée à
Ypres — inférieure d’une aune à l’évaluation résultant de l’équivalence en
— 86 —
pics établie par Pegolotti — nous sommes conduit à supposer que l’aune,
dont 42 font une pièce, est la moitié de celle dont 21 font la pièce de couver-
ture, c’est-à-dire que l’aune à 42 mesurait probablement 118,6 : 2 = 59 à
60 cm environ.
On retrouve ici l’aune de Bruxelles.
Par contre, si nous adoptons la moison de 29 aunes, soit 24,07 m nous
trouvons, pour la grande aune d’Ypres, 114,6 cm et pour la petite 57,3 cm.
Ces différences sont peu élevées et, en tout état de cause, l’ordre de grandeur
des mesures est généralement respecté ; il est même parfois très voisin de la
valeur la plus probable de ces mesures au Moyen Age.
— 87 —
Ce pied mesurait, selon toute vraisemblance, 326,6 à 327 m m ; la longueur
de l’aune s’établissait à 119 cm environ.
Il est permis de se demander quelle était la longueur de l’aune de Paris
à l’époque où écrivait Pegolotti et si elle différait sensiblement de l’aune dé-
finie par François 1er.
Or, le Florentin a donné une équivalence remarquable :
100 aunes de Paris = 146 aunes de Provins ( 1 ) (I).
Par définition, l’aune de Provins était composée de 2,5 pieds R4, soit
30 pouces du pied R4.
Donc, 146 aunes de Provins équivalaient à 4 380 pouces R4 et une aune de
Paris mesurait 43,8 pouces R4 = 120,5 cm.
Cette valeur est très voisine de celle que nous avons donnée plus haut à
l ’aune parisienne : 119 cm, puisqu’elle n’en diffère que de 1,5 cm, soit
1,2 %.
Au surplus, les étalons du pied de Paris, ou de l’aune de Paris, ont pu
subir de légères modifications entre le xive et le XVIe siècle ; de plus, l’équiva-
valence de Pegolotti d’une part, et les comparaisons effectuées en 1540, n’ont
pas échappé aux erreurs inhérentes aux opérations de mesurage et l’ensemble
de ces causes d’erreurs peut expliquer la légère différence constatée.
Mais elle est si faible que nous pouvons, sans grand danger, en conclure
à une certaine stabilité de ces mesures au cours du temps, stabilité que nous
avons déjà soulignée à plusieurs reprises pour les autres mesures (canne d’Avi-
gnon, de Marseille, de Florence, etc...).
Il est à noter que l’aune de Paris, résultant de l ’équation de Pegolotti, est
quasiment identique à l’aune de Bourgogne, qui devint celle du Comté en
1588 et dont l’étalon, conservé à l’hôtel de ville de Poligny, mesure 120,7 cm.
Il semble que nous puissions conclure de ces résultats, que l ’ancien pied
de Paris était identique au pied de Bourgogne, c’est-à-dire au pied de la ca-
tégorie R4 de 330 mm.
Des réformes d’étalons, exécutées avec une précision insuffisante, sont
peut-être à l’origine des « dévaluations » successives du pied de Paris, que
nous trouvons à 327 mm environ au xvie siècle, puis à 325 mm après la
réforme de 1668.
Dans ces conditions, nous pensons qu’on peut — sauf découvertes nou-
velles — . sans causes d’erreurs graves, adopter à partir du XIVe siècle la valeur
moyenne de 119,5 cm à ± 0,5 % pour l’aune de Paris.
— 88 —
MESURAGE DES TOILES AUX FOIRES DE CHAMPAGNE ET DE
BOURGOGNE.
Nous revenons sur cette question pour compléter les indications que nous
avons déjà données un peu plus haut (p. 74). Deux équivalences fournies par
le marchand florentin ont été mentionnées.
Les toiles de lin se vendent aux foires à Faune et 15,5 aunes de toile à
la mesure des foires de Champagne font 1 corde d’Avignon (1 ) (I) 9,5 aunes
de toile à la mesure des foires de Bourgogne font 1 corde d’Avignon (2 ) (II).
Nous y ajouterons les suivantes :
16 aunes des toiles de Champagne font 1 corde de Nîmes (3 ) (III).
2,5 aunes des foires font 1 canne de Nîmes (4 ) (IV ).
11 1/4 de toiles à la mesure d’Autun en Bourgogne font 1 corde d’Avi-
gnon (5 ) (V ).
A ces équivalences, il convient d’adjoindre diverses précisions données
par Pegolotti :
La corde d’Avignon est identique à celle de Nîmes (6 )
La canne de Nîmes est identique à celle d’Avignon (7 ) et à celles de Mont-
pellier et de Marseille (8 ).
Les toiles de lin et de coutil se vendent à la corde composée de six cannes (9 ).
Malheureusement, nous ne sommes pas suffisamment informés sur la
valeur de la canne servant au mesurage des toiles, qui souvent diffère de la
canne pour la laine ou de la canne pour la soie.
Par exemple à Marseille, au xvin e siècle, la canne pour la lainemesurait
2,12 m, ainsi que nousl’avons indiqué plus haut ; la canne pour la soie me-
surait 1,98 m et celle pour la toile 1,15 m (10).
89 —
Au XVIIe siècle, Malynes signale diverses aunes pour le mesurage des
toiles : à Bruges, de l ’ordre de 72 cm ; à Lyon, de 114 cm, ainsi qu à Avignon;
à Milan, de 57 cm (c’est la brasse pour les toiles de lin ), etc... (1 ).
On pourrait cependant s’appuyer sur une équivalence donnée par notre
Florentin, mais qui nous paraît fausse :
80 aunes de toile de Champagne = 101 aunes de Bruges (2 ) (V I).
L’équation III peut s’écrire en multipliant les deux membres par 5 :
80 aunes de toile de Champagne = 5 cordes de Nîmes (V II). D’où 1 corde
101
de Nîmes = ------- = 20,2 aunes de Bruges ; 13,84 m (V II).
5
Or, Pegolotti nous apprend que :
26,5 cordes à la mesure de Nîmes — 100 cannes de Gênes de 13 palmes à la
canne (3 ).
Partant du résultat VII, nous aurons :
26,5 X 13,84 = 366,76 m = 100 cannes de Gênes = 1 300 palmes de
Gênes, d’où 1 canne de Gênes de 13 palmes = 3,66 m.
1 palme génois =' 281,5 mm soit 282 mm (V III).
Cette valeur (V III) est tout à fait en désaccord avec cette autre équation :
100 aunes de Bruges = 90,5 braccio de Gênes (4 ) (IX ), d’ou 1 braccio
= 757 mm.
Le braccio étant composé de 3 palmes, celui-ci mesurait 252 mm et la
canne de 13 palmes 3,28 m. D’où 100 cannes = 328 m.
Et 26,5 cordes de Nîmes = 328 m, ce qui met la corde de Nîmes à 12,37 m.
Par conséquent, en remontant à VII :
80 aunes de toiles de Champagne = 5 cordes de Nîmes = 12,37 X 5
= 61,85 m.
Or, dans 61,85 m, il y a 61,85 : 685 = 90,3 aunes de Bruges. On peut
donc estimer que l’équation VI de Pegolotti doit s’appliquer, non à 101,
mais au plus à 91 aunes de Bruges, et devenir :
80 aunes de toiles de Champagne = 91 aunes de Bruges.
— 90 —
L’aune des toiles de Champagne s’établit ainsi à 78 cm (X ).
L’équation III donne alors : 16 X 78 = 12,48 m = 1 corde de Nîmes,
valeur un peu plus forte de 11 cm que celle que nous trouvions (12,37),
parce que nous avons poussé l ’équivalence à 91 aunes au lieu de 90,3.
La canne de Nîmes (pour la toile) s’établit donc au sixième de la corde,
c’est-à-dire à 12,48 : 6 = 2,08 m.
L’équation IV se justifie pleinement puisque :
2.5 X 83 = 207,5 cm = 208 cm en chiffres ronds.
Quand à l’équation I :
15.5 aunes de toile à la mesure des foires de Champagne font 1 corde
d’Avignon, elle s’explique d’autant moins que Pegolotti a pris le soin de
préciser que les deux cannes de Nîmes et d’Avignon sont identiques. Or, ici,
15.5 aunes à la mesure des foires équivalent à 12,86 m et non à 12,48 m. En
fait, ce sont 15 aunes qui équivalent aux 16 en question, puisque 15 X 0,83
= 12,45 m. A moins qu’il n’y ait une surmesure dont l’ auteur ne parle pas.
La détermination de l’aune des foires de Bourgogne est maintenant aisée
puisque, d’après l ’équation II, nous avons :
9.5 aunes de toile à la mesure des foires de Bourgogne = 1 corde d’Avignon
= 12,48 m.
Donc 1 aune de toile aux foires = 12,48 : 9,5 = 131,4 cm.
Quatre pieds de Bourgogne anciens — pieds R4 — équivalent théorique-
ment à 132 cm et, pratiquement, à 132,4 cm en Bourgogne où les étalons
qui subsistent font ressortir ce pied à 331 mm. Nous constatons ainsi que
l’aune aux foires de Bourgogne n’était autre que l’aune de 4 pieds de Bour-
gogne, c ’est-à-dire le double de l ’aune de 66 cm autrefois si répandue dans
toute l ’Europe.
Enfin, l ’aune d’Autun, dont 11 1 /4 équivalaient à 1 corde d’Avignon
s’établit à 111 cm, soit une aune de Champagne et 1 /3, ou 4 pieds R2 (27,5 cm
X 4 = 110 cm ).
Cette aune (et sa moitié, 55 à 56 cm ) était fort en usage autrefois; elle se
signale dans les équivalences de Malynes et même dans celles de Paucton, où
nous la trouvons à Vevais (111,6 cm ), à Morges (112 cm ), à Neufchâtel
( 112,8 cm ).
— 92 —
Cependant, il existe des étalons plus anciens, qui sont fixés aux murailles
des immeubles publics, où il était habituel de les exposer autrefois, afin qu’ils
soient à la disposition des ajusteurs et des commerçants. Ces bâtiments sont
fréquemment classés « monuments historiques » et les mesures attenantes
suivent le même sort.
Or, du seul point de vue métrologique, il eut été préférable de les déposer
au musée le plus proche pour les mettre à l ’abri des intempéries, des accidents
et pour en assurer l’entretien.
Les prototypes scellés aux maçonneries ne sont pas toujours d’un accès
facile et nous n’avons pas eu la possibilité de mesurer ceux que nous avons
pu examiner.
Dans les pages qui suivent, nous examinons les étalons et spécimens les
plus importants parmi les mesures de longueur que nous avons étudiées dans
les collections muséographiques.
*
**
Ces matrices représentent, sur leurs huit faces, les étalons de l’aune,
du pied et les normes (diamètre et hauteur) de différentes mesures de capa-
cité de Nancy.
Chaque règle mesure 638,5 mm et porte, sur une face, l'inscription gravée
en creux : « C’EST LA LONGUEUR DE L’AUNE DE LORRAINE CONTE-
NANT DEUX PIEDS DEUX POULCES TROIS LIGNES ».
Une autre face représente les étalons respectifs du pied de Lorraine et du
pied de Roi.
Sur la règle « A », le pied de Lorraine, divisé en 12 pouces et le pouce
divisé en 12 lignes, mesure 286 mm, tandis qu’il n’en mesure que 284,5 mm
sur la règle te B » où il est divisé en 10 pouces, et le pouce en 10 lignes.
Quant au pied de Roi, il a la même dimension sur les deux matrices, soit
32,65 cm (moyenne des mesures que nous avons effectuées).
En nous appuyant sur ces bases matérielles, nous pouvons comparer les
définitions des unités à leurs étalons. Cet examen est intéressant, car il nous
permet, chaque fois qu’il est réalisable, de constater l ’amplitude des écarts
entre les valeurs calculées à partir d’éléments purement documentaires et
celles que fournissent les prototypes ou les spécimens en bon état de conser-
vation.
Grâce à la définition de l’aune de Lorraine : 2 pieds 2 pouces 3 lignes,
nous pouvons reconstituer cette mesure en partant de la valeur du pied, dont
l ’étalon est gravé tant sur la règle « A » que sur la règle « B ». Voici ce que
nous obtenons :
Règle « A v : Le pied de 286 mm est divisé en 12 pouces, le pouce en
12 lignes. L’aune serait de 625,6 mm au lieu de 638,5 mm, soit, en valeur
relative : — 2 % environ.
Divisons à présent fictivement ce pied en 10 pouces de 2,86 cm et le
nouveau pouce en 10 lignes de 0,286 cm ; dans ces conditions, l ’aune mesu-
rerait 637,8 mm au lieu de 638,5, ce qui est un excellent résultat.
Règle « B » : Le pied mesure 284,5 mm, ce qui mettrait l’aune à 634,5 mm
au lieu de 638,5, soit, en valeur relative — 7 % environ.
Dans les deux cas, nous ne trouvons pas une dimension correspondant à la
définition de l’aune et c’est le pied (supposé divisé en 10 pouces) de la règle
« A » qui donne le résultat le plus précis à 1/1 000, ce qui, techniquement
parlant, est excellent pour l’époque.
Voyons à présent quelques documents. La table établie par Grivel (1 ) en
1914, donne 639 mm à l’aune, valeur en bonne concordance avec celle de
l ’étalon à 1/1 000 près.
Des équivalences données par Paucton (2 ) en 1780, il ressort que l ’aune
de Lorraine aurait mesuré 628,4 mm (1 aune de France X 0,5288 = 628,4)
94 —
et, par conséquent, eut été plus courte de 10 mm que l’étalon, soit 1,5 %
environ en moins.
Enfin rappelons que le pied de roi, antérieur à 1668, a laissé son empreinte
sur chacune des règles « A » et « B », où il mesure 326,5 mm (moyenne de
nos mesures).
Nous sommes ainsi en possession de deux précieux témoins de l’existence de
ce pied aux xvie-xvne siècles, recoupant heureusement les indications documen-
taires relatives au pied des maçons, dont l’étalon était conservé à « l’Escri-
toire près Saint-Jacques de la Boucherie » (cf. plus haut, pp. 31 et suiv.).
95 —
Matrices Bion Paucton Gattey Grivel
A B 1752 1780 1810 1914 Observation
Pied de
Lorraine 286 (1) 284,5 291 291,4 285,9 285,9 (1) Pied R’2
= 24/25 R’ 1
Aune de
650,7* * sur la base
Lorraine 638,5 638,5 639
628,4 du pied de
291,4 min
Pied de roi
avant 1668 326,5 326,5
Le pied de Montbéliard.
Nous avons trouvé au musée Beurnier, à Montbéliard, un pied en bois
daté 1571. C’est un pied de maçon, divisé en 12 pouces et bien conservé. Il
mesure actuellement 286 mm ( ± 1 m m ), dimension confirmant non seule-
ment l’existence du pied R ’2 dans cette région, mais l ’équivalence établie
par Pierre Petit.
Celui-ci attribue (vers 1625) au pied de Montbéliard une longueur égale
à 1270/1440 pied de roi, ce qui équivaut à 288 mm. La concordance est donc
bonne. Ajoutons, que Gattey donne dans ses tables la valeur de la « Toise
de Montbéliard », soit 2,8934 m, ce qui met le pied à 289 mm.
— 96 —
La longueur de l ’aune de Poligny s’établit à 120,7 mm, dimension qui
équivaut à 3 pieds 8 pouces du pied R4 de 33 cm, à 3 mm près, c’est-à-dire
à moins de 3/1 000, ce qui est tout à fait remarquable.
Nous ignorons si cette aune existe toujours, notre enquête sur ce point
n’ayant pas, jusqu’ici, été concluante. Il y a lieu de remarquer que la lon-
gueur de l’aune de Provins, indiquée par Bourquelot, n’est pas identique à
celle de l’aune conservée au musée de Dole. L’étalon dont parle Bourquelot
est bien composé de 2 pieds 6 pouces, mais de pieds et pouces de roi, ce pied
étant celui qui fut réformé en 1668 (2,5 X 32,48 = 812 mm) et non le
pied R4 de 330 mm qui est à la base de l’aune de Dole.
Ce qui semblerait prouver que l’aune de Provins, du moins celle qui est
décrite par Bourquelot, n’est pas antérieure à 1668 et que l ’aune de Dole,
déjà signalée dans le courant du xvie siècle (elle est sans doute plus an-
cienne), reste peut-être le rare témoin de la véritable aune de Provins.
(1) Bou rquelot . Etudes sur les foires de Champagne... Op. cit., pp. 96-97.
— 97 —
Les étalons de Dijon (1 ).
Au musée de la Bibliothèque municipale de Dijon, nous avons étudié une
intéressante et rare collection d’anciens étalons dijonnais de poids et de me-
sures, conservés dans cet établissement.
Les mesures de longueur (toutes en fer) sont les suivantes (2 ) :
N° 8. — Aune de Paris usitée en Bourgogne et mesurant 3 pieds 7 pouces
10 lignes 85/100 ;
N° 5. — Perche de Bourgogne;
N° 3. — Toise . de . ROY ;
N° 4. — Toise . de BOURGOGNE ;
N° 6. — Mesure . de . la . ville . de . DIJON . de . TROIS . PIEDS . ET .
DEMY . POUR . LA . LONGUEUR . DV . BOIS . DE . MOULLE.
LANNEE . 1712.
Ces étalons ne paraissent pas antérieurs à 1668, ainsi qu’il ressort des me-
sures que nous avons effectuées.
a) Perche de Bourgogne.
C’est une barre prismatique en fer, avec trois saillies en redans : deux
aux extrémités, une au milieu. La face extérieure de la perche est graduée
et divisée en 9,5 pieds (cf. schéma ci-contre). La distance « AB » est divisée
en neuf parties égales, c’est-à-dire en 9 pieds ; « BC » correspond au demi-
pied.
Les dimensions suivantes sont entachées d’erreurs de mesure inévitables,
en raison de la largeur variable des encoches plus ou moins grossièrement
taillées :
AB = 291,8 cm
BC = 16,2 cm
AC = 308,0 cm
AD = 308,2 cm
Dans les tables de Gattey, la perche de Bourgogne de 9 pieds 6 pouces a
pour valeur 3,0859 m = 3,086 m. Par rapport à ce nombre, notre propre
mesure « AD » est entachée d’une erreur de 3 à 4 mm, qui s’explique par
l ’irrégularité des surfaces terminales de la règle.
Cependant, à cent cinquante années de distance (et s’appliquant peut-être
à des étalons différents), ces comparaisons donnent des résultats très conve-
— 98 —
J
0 A : 10 cm ~ . L cTAune OE • 89,1 cm d'Aune
0 B : '9 ,9 cm J j_ . 0F ; 1 0 3^9cm — ^ "
0 C : 39,8 cm ~ " 0G : 111,3cm ~ — »
, 16
0 0 ^ 59,6 cm ~ 3J_ Aune 00 118,6 cm =.1 Aune
2
^Ü1__£E pa r is usitée en BOURGOGNE. Ech : l / l O
nables. La longueur du pied ressort à 308 : 9,5 = 32,42 cm sur « AC » ; ou
291,8 : 9 = 32,42 cm sur « AB » ; ou encore 16,2 X 2 = 32,4 cm sur « BC ».
A quelques dixièmes de millimètres près, ce pied est identique au pied
de Paris, ce qui confirme les indications de la table précitée.
Cette dimension moyenne du pied de Dijon trouve à nouveau sa confir-
mation dans les étalons de la ce Toise de Roy » et de la « Toise de Bourgogne ».
b ) La Toise de Roy.
La toise de Roy est une mesure à bouts, terminée à chaque extrémité par
deux talons en redans. Elle est divisé en 6 pieds par cinq encoches plus ou
moins larges et profondes et mesure 194,3 cm. La valeur du pied est donc
égale à 194,3 : 6 = 32,4 cm.
c) La Toise de Bourgogne.
La toise de Bourgogne, en excellent état de conservation, est une barre
de fer prismatique de 18 X 20 mm de section, terminée à ses extrémités par
deux talons en redans A et C (cf. schéma). Entre A et C se trouve un troi-
sième talon E, tel que la dimension AB = 113,5 cm environ. La distance
qui sépare les deux talons A et E équivaut à 4 mm près à la longueur de la
mesure pour le bois de moule, de 3,5 pieds fait l ’année 1712.
La face extérieure de la barre est divisée en 7 pieds et demi ; le demi-
pied BC est lui-même divisé en 6 pouces ; chaque encoche est précédée d’un
numéro 1, 2, 3, ..., 7.
La longueur AC = 243,2 cm, correspondant à un pied équivalant à
243,2 : 7,5 = 32,42 cm.
La longueur BC du demi-pied est de 162 mm, soit un pied de 32,4 cm.
On serait amené à conclure de cette étude métrologique des deux étalons
de la toise et de la perche de Bourgogne, que la matrice du pied ayant servi
de base à l’établissement de ces mesures était légèrement plus courte que le
pied de France — 2/10 à 4/10 de m m ; soit 1/5 à 1/10 de ligne.
D’ailleurs, l ’examen de la « Mesure de la ville de Dijon de trois pieds et
demy pour la longueur du bois de moulle. L’année 1712 » confirme la di-
mension de ce pied.
Suivant l’article XV de l’édit royal du mois d’ août 1669 (1 ), les bûches
devaient mesurer 3 pieds et demi de longueur, compris la taille. Or, la ma-
trice précitée mesure effectivement, entre les talons, 113,9 cm correspondant
à un pied de 113,5 : 3,5 = 32,44 cm.
100 —
d) Aune de Paris usitée en Bourgogne et mesurant 3 pieds 7 pouces 10 lignes.
Cette règle en fer mesure, entre les talons, suivant le dessin, 118,8 cm.
Elle est divisée par sept encoches en huit parties de dimensions inégales.
Les encoches sont assez grossières, puisque leur largeur varie de 1,5 à 2 mm.
Ces divisions répondent aux sous-multiples classiques de l’aune : 1 /2, 1 /3,
1/4, 1/6, 1 /8 , 1/12, 1/16.
Sous la règle sont gravés, à chacune des extrémités, un écu aux armes de
la ville surmontant la marque ci-contre et les lettres IFM, que nous
n’avons pas réussi à identifier jusqu’ici ( 1 ). B!
Par rapport à la valeur théorique de l ’aune de France (118,84), la di-
mension de la matrice de Dijon, 118,7 à 118,8 mm, correspond à un pied
de l ’ordre de 32,44 cm en moyenne.
Il y a donc concordance entre ces divers étalons quant à la longueur du
pied, qui résulte des dimensions actuelles de ces matrices. IV
(1) Pas plus que M. le Directeur des Archives municipales de Dijon, qui a bien voulu
nous communiquer les documents relatifs aux mesures de Dijon, d’ ailleurs très peu nombreux.
(2) Ce mémoire est daté du 5 septembre 1754. Il est inséré dans les « Histoires et
Mémoires de l’Académie des Sciences, inscriptions et belles-lettres de Toidouse », tome II,
pages 2 et 13, sous l intitulé : « Mémoires tirés des Registres de l’Académie ».
— 101 —
Dans ce mémoire, les mesures de longueur entrent en jeu parce que les
Commissaires furent conduits à exprimer la capacité de l’unité de mesure
à Toulouse, le Péga, en pouces-cubes de la canne de Toulouse et en pouces-
cubes du pied-de-roi.
A cet effet, ils durent comparer l ’étalon de la canne conservé à l’Hôtel de
Ville, à celui de la Toise de l’Académie « ...qui a été fait très exactement ...»
sur l’étalon du Châtelet de Paris.
Il ressort du mémoire précité, qu’il existait deux étalons de la canne :
« ...le premier qui contient cette mesure en entier, est scellé au pilier du
Grand Consistoire ; le second qui ne contient que la demi-canne, est attaché
au tableau qui est dans le Cabinet de la Chambre Syndicale ».
En outre, un étalon de la Toise était conservé dans ce cabinet et un étalon
de la perche était scellé au pilier du grand Consistoire.
Les Commissaires constatèrent que la canne du Consistoire était plus
grande d’un cinquième de ligne de pied-de-roi (1/2 m m ) que le double de
la demi-canne de la Chambre Syndicale. Ils adoptèrent la canne du Consis-
toire comme élément de comparaison « ...parce qu’elle est plus grande, qu’elle
paraît plus ancienne, qu’elle est bien conservée et qu’elle est plus connue que
toutes les autres ».
Comparée à la Toise de l ’Académie, cette canne équivalait à 5 pieds
6 pouces 4 lignes 1/5 du pied de roi, soit 1,796 m, ce qui correspond à
6 pieds R ’ 1 de 299 mm.
La canne étant divisée en 8 pans, le pan en 8 pouces, le pouce en 8 lignes
et la ligne en 8 points,
— le pan de la canne de Toulouse mesurait : 224,5 mm,
— le pouce de la canne de Toulouse mesurait : 28 mm,
— la ligne de la canne de Toulouse mesurait : 3,5 mm,
— le point de la canne de Toulouse mesurait : 0,44 mm environ.
L’étalon de la Toise conservé dans le Cabinet de la Chambre syndicale
se révéla un peu plus long, 5 lignes environ, que celui de l’Académie. Par
conséquent, la Toise de la Chambre syndicale n’était autre que la copie de
la Toise du Châtelet antérieure à la réforme de 1668, et mesurant 1,96 m.
Ce renseignement est précieux parce qu’il confirme les valeurs de l’ancienne
toise et de l ’ancien pied-de-roi (32,66 cm ) et prouve que la Toise de la Chambre
syndicale était remarquablement ajustée au pied ancien de Paris. Cet étalon
se trouve enfin daté, car il est au moins du xvne siècle, et non postérieur à
1668.
Enfin, l ’étalonnage de la perche scellée au pilier du Consistoire montra
aux Commissaires que cette matrice équivalait à 14 pans 7 lignes 2 /3 de la
canne attachée au même pilier, soit 3,16 m.
— 102
La différence : 3,160 — 3,143 = 0,017 m (6/1 000 en valeur relative)
est peut-être le fait d’un ajustement défectueux, car une erreur en plus d’un
millimètre environ sur le pan se traduit par 14 mm en plus pour la perche.
— 103 —
Ajoutons que les Tables de comparaison établies en l ’an X fixent la valeur
de la pagelle à 0,9378 stères; ce qui suppose des bûches d’une longueur de
1,17 m environ.
Complémentairement à cet examen rétrospectif des principaux étalons de
mesures de longueur de Toulouse — qui n’existent plus à notre connaissance
— citons le texte suivant, qui présente quelque intérêt.
Dans une ordonnance capitulaire de l’année 1536 (1 ), réglant l ’arpen-
tage des terres, il est dit qu’il « ...sera fait un étalon de la perche en fer,
marqué et attaché à l'un des piliers de la maison commune sur lequel seront
vérifiés toutes les mesures des agrimenseurs de Toulouse signés de l’escusson
armoyé des armes de la ville ».
Ce même document donne la définition de l’arpent : 24 perches de côté.
Or, Guilhiermoz a montré que l ’arpent de Toulouse était basé sur le pied
royal carolingien R3 et qu’il avait pour côté 240 pieds R3 bien avant le
xvie siècle. Des textes des XIIIe et XIVe siècles font précisément ressortir la
composition de l’arpent en question, non pas à 24 perches de 10 pieds ou de
14 pans, mais à raison de 32 perches de 7,5 pieds (R 3) ou 10 pans (2 ).
Autrement dit, aux x m e et X I V e siècles, la longueur de la perche de Tou-
louse est un multiple du pied R3, mais au lieu d’être formée de 14 pans,
ou 10 pieds R3, elle ne compte que 10 pans, ou 7,5 pieds R3.
En 1783, l ’Almanach cité plus haut (p. 103, note 1) fixe à 576 perches
carrées la valeur de l ’arpent de Toulouse, la perche étant de 14 pans; ce
qui prouve une grande stabilité de cette mesure agraire, du x m e au xixe siècle.
*
**
Les étalons de Bordeaux.
Quelques étalons sont conservés au musée d’Art ancien de Bordeaux,
dont la description révèle qu’ils ne sont généralement pas antérieurs à la
seconde moitié du XVIIIe siècle ( 3 ) .
Il s’ agit :
1° Du pied bordelais, dont l’étalon mesure 357 mm, dimension conforme
au pied manuel R ’5 = 6 /5 R ’1. Vinet, au X V I e siècle, avait déjà donné l ’équi-
valence du pied R ’5 en pied de roi, qui est en bon accord avec l ’étalon pré-
cité (cf. plus haut, p. 67). 1
3
2
— 104 —
Cette matrice est constituée par une règle de cuivre polie, graduée en
pouces et lignes ; elle repose sur un « support-étalon », lui-même en cuivre ;
elle est terminée à chaque extrémité par un talon en redant. La distance
entre les talons est de 357 mm et la matrice du pied s’y insère exactement (1 ).
Le support-étalon porte l’inscription : « Etalon du Pied Bordelois ».
2° D’une toise de France. C’est une règle en fer forgé poli, mesurant
1 990 mm de longueur, dont les extrémités sont entaillées de manière « ...à
laisser sur les trois septièmes de la largeur deux talons dont la saillie est
de 21 mm... ». La distance entre les entailles est de 1 948 mm. La règle porte
l’inscription : « Toise de France étalonnée le 24 7bre 1765 au 15e degré
du Thermomètre » (2 ).
La face inférieure de la règle représente l’aune de Paris qui, ici, est un
étalon à traits, mesurant 118,8 cm de longueur.
Sur l’une des tranches de la règle, le fabricant Canivet (3 ) a gravé un
trait qui a une longueur égale à celle que fixe l’inscription qui l ’accompagne :
« Toise physique ou longueur double du pendule qui bat les secondes sous
l’équateur au niveau de la mer ».
3° D’une aune de Paris. Elle a été fabriquée et ajustée par Canivet (3 ).
Cette matrice se compose de la règle elle-même en fer forgé poli, mesurant
118,8 cm de longueur (section 25 X 17 mm) et d’un support étalon cons-
titué par une règle en fer forgé poli, mesurant 124 cm de longueur (section
26 X 23 m m ). L’aune s’introduit sans difficulté entre les deux talons du
support dont la distance est de 118,8 cm (4 ).
Elle porte l ’inscription : « Aune de Paris étalonnée le 22 8bre 1766 au
tempéré du thermomètre de M. de Réaumur » ; c’est l ’un des exemplaires
envoyés dans les Bailliages du Royaume, en exécution de la Déclaration
royale du 16 mai 1766.
Dans un inventaire des Archives municipales de Bordeaux, établi au
commencement du XIXe siècle, d’autres étalons sont mentionnés, dont cer-
tains seraient perdus, notamment l’aune bordelaise, en fer, et « Une grande
barre de fer de forme plate à laquelle est adaptée, par le moyen de petites
chaînes, plusieurs mesures telles que celles de la Brique, la Tuile, le Pied
de Saint Eliège, et la marque de l’œuvre pour la vigne le tout en fer (5 ).
— 105 —
La « Brique » devait, à Bordeaux, mesurer réglementairement 8 pouces de
longueur, 4 de largeur et 1 d’épaisseur ( 1 ) ; la « Tuile », 12 pouces sur 6,5
et demi-pouce d’épaisseur (2 ).
Louis Savot, au début du xvue siècle (3 ), rapporte qu’à Paris on utilisait
des Tuiles de trois catégories. La première était la tuile du grand moule,
la seconde du « moule bastard », qui n’était plus en usage, la troisième du
petit moule.
Le grand moule mesurait « ...treize poulces (35,4 cm ) de long et huict
de large (21,7 cm )... » ; quant au petit, il n’était pas normalisé, parce qu’à
Paris on ne faisait pas d’autres tuiles qu’au grand moule. Il mesurait, suivant
Savot, 9 ou 10 pouces sur 6 environ.
Nous mentionnons ces derniers exemples pour illustrer le fait que la nor-
malisation des mesures présidait autrefois aux fabrications les plus diverses
et jouait un rôle de premier plan, tout spécialement en architecture.
Dans le même ordre d’idée, un autre exemple assez curieux nous est fourni
par un « Procès-verbal de constat dressé à Nantes en 1678 par deux notaires,
relatant qu’au corps de garde de la ville, place du Change, se trouve « ...une
plaque de cuivre portant trois figures rondes de différentes grandeurs, avec
une inscription en « lettres gothiques » indiquant que ces dernières figures
sont les dimensions des Mailles pour les diverses sortes de filets ; et cela est
ainsi « publiquement affiché » (1679 (4 ).
Cannes d’Avignon, d’Arles, de Villeneuve-les-Avignon et du Comtat Venaissin.
Nous n’ avons pas connaissance de l’existence de ces étalons. Cependant,
des informations documentaires apportent quelques éclaircissements à leur
sujet.
Au xive siècle, les étalons de la canne, de l’aune et du dextre d’Avignon
étaient en fer et fixés à la muraille de l’église Saint-Pierre. Les coutumes et
règlements de la République d’Avignon mentionnent ce fait (5 ).
Les mesures de diverses parties du Palais des Papes, qu’affectua le Dr
Colombe (6 ), paraissent en concordance avec les indications documentaires,
(1) B u rc u b u r u (P .). Op. cit. L’auteur cite un texte de 1701 (p. 4, note 1).
(2 ) B r u t a i l s (J.-A.). Recherches sur Véquivalence des anciennes mesures de la Gironde.
1912 (p. 146). Il s’ agit de la tuile plate, trouée et à crochet.
(3) Sav o t (Louis). L’architecture française des bastiments particuliers. (Paris, Cramoisy ;
1624, B. N., in-8°, V. 2494 (p. 272 sq.).
(4 ) Nantes. — Archives départementales : HH. 176. — 1573-1681.
(5 ) De Ma uld e . Coutumes et règlements de la République d’Avignon, p. 177 : « Item
statuimus quod canna, alna et dextrum sint de ferro et stent clavata in muro ecclesie sancti
Pétri... ». (Paris, 1897; 355 p. B. N., 8° F. 1048).
(6) Dr Co l o mb e . La valeur de la canne d’Avignon au X IV e siècle. Mémoires de l’Académie
du Vaucluse. Deuxième série, t. XVII, année 1917 (pp. 35 à 49) Avignon, 1917. B. N. 4°
4° Z 205.
— 106
ce qui signifie que la canne du xive siècle n’aurait pas subi de modifications
profondes jusqu’à l’institution du système métrique.
Elle mesurait, au Moyen Age, 1,975 m environ. Ce qui met le palme de
8 à la canne à 247 mm. Le pied de cette canne était donc bien le pied R4 de
33 cm (33 X 6 = 198 cm ).
La canne d’Arles fut réformée en 1405 — l’emploi de la canne d’Avignon
aurait été abandonné à Arles à cette époque. —• Une vérification de cette
canne fut effectuée par l’arpenteur-juré, Bertrand Boysset ; sa longueur devait
excéder la canne d’Avignon d’un quarantième, ainsi que le fait ressortir le
texte suivant : « Mousseu lo veguier fes far... très mesuras de ferre. Una canna
de VIII palmes de lonc, major la caranten que la canna d’Avinhon... la fas
planta d’enfra lo palais de la Cort real d’Arle, so es a saber lo jorn XVI
de Mars 1 an M 1111e é V » (1 ).
Par conséquent, la canne d’Arles aurait mesuré, à partir de 1405,
1,975
1,975 + ---------- = 1,950 + 0,0493 = 2,0243 m soit 2,02 m ; soit 2,5 % de
40
plus que la canne de la Cour des Papes.
Or, les Tables de Gattey (1810) donnent :
— (I) Canne d’Avignon : 1,983 m ;
— (II) Canne d’Arles : 2,047 m.
La différence entre II et I est de 0,064 m ; le quarantième de la canne
d’Avignon étant de 0,0496 m, la canne d’Arles devrait théoriquement me-
surer : 1,983 -f- 0,0496 = 2,032 m.
Sans doute les mesures du début du X I X e siècle ne s’accordent pas exacte-
ment avec les valeurs calculées, mais, en tout état de cause, la canne d’Arles
reste supérieure à celle d’Avignon de 2,5 °/o au minimum.
En ce qui concerne les cannes de Villeneuve-les-Avignon et du Comtat
Venaissin, nous disposons de quelques renseignements fournis par le manus-
crit n° 2673 de la Bibliothèque Calvet à Avignon.
Sous l’intitulé « De la différence de chacune des cannes », nous appre-
nons que 63 cannes d’Avignon équivalent à 64 cannes de Villeneuve (2 ),
« ...que si un marchand achetait 64 cannes de drap à Ville-Neuve en auroit
(1) Dr Co l o mb e . Op. cit. (p. 37 : d’après « Arehiv für litteratur », chronique de Bertrand
Boysset, pp. 378-379).
(2) Il s’agit d’un cours d’arpentage. Leçon 30, pp. 50-51. Ce manuscrit doit être
probablement du début du x v i i i ' siècle, car nous lisons en tête de la page : « Cours de géo-
métrie. Arpentage. (Arpentage exécuté le 13 janvier 1705). »
— 107 —
8
que 63 en Avignon, pour être 64 pouces (toujours partie de huit) (1 ) à la
canne de pape et pour n’en avoir que 63 à celle de Roi ».
En prenant 1,98 m en chiffres ronds pour la canne d’Avignon, la canne
de Villeneuve s’établit à 63/64 X 1,98 = 1,949 m, soit exactement la valeur
de la toise de Paris, réformée en 1668 ; ce qui est explicable, Villeneuve ap-
partenait au domaine royal, tandis qu’Avignon n’y fut rattachée qu’en 1791.
Villeneuve aurait donc adopté la toise de 1668, Avignon restant fidèle à sa
canne médiévale.
La canne de Villeneuve (ou Toise de Paris) se composait donc exactement
de 63 pouces du pan de la canne d’Avignon.
Le même document nous instruit sur la canne du Comtat : « La diffé-
rence avec la canne d’Avignon et celle du Comtat de Venise est que celle
d’Avignon est plus longue de deux lignes 1/2 prises sur les parties de huit
(ligne du pan), que si on achetait 204 cannes de drap à Isle on n’en aurait
que 203 d’Avignon prouvé sur la demy canne de fer, matrice dudit l’Isle et
à l’égard de celle dudit Avignon ».
203
Par conséquent, 1 canne du Comtat = ------- X 1,98 = 1,970 m.
204
Deux lignes et demie du pan de la canne d’Avignon mesurent 9,7 mm ;
donc 1 canne de pape moins 9,7 mm = 1,980 — 0,0097 = 1,9703 m ; ré-
sultat en très bon accord avec le précédent.
A la fin du x v iii 6 siècle, la canne de Carpentras avait la même dimension.
*
**
Nous pourrions compléter cette étude par celle des divers « Pieds » que
nous avons eu l’occasion d’examiner, mais, dans les musées de province, ces
étalons sont peu nombreux et, dans l’ensemble, leur examen métrologique n’a
pas, jusqu’ici, apporté d’éléments essentiels à nos recherches.
Les objets en question ne sont généralement pas antérieurs au XVIIIe siècle,
sauf exceptions peu nombreuses.
C’est notamment au musée du Conservatoire National des Arts et Métiers
que les collections de mesures de longueur sont étoffées. Nous avons ainsi
constaté que d’anciens étalons étaient en bon accord avec les dimensions
caractéristiques des pieds, classée dans les dix catégories étudiées plus haut.
108 —
Dans ces conditions, nous ne mentionnerons ici, qu’à titre d’exemple, les
spécimens conservés au musée Lorrain à Nancy.
— 109 —
C’est la « PETITE AUNE DE LA VILLE DE PONT-à-MOUSSON », qui
est en accord avec l’aune de Brabant.
*
**
— 110 —
-
(1) Par exemple, l’ancien Pied Liprand, en usage dans le nord de l’Italie, au Piémont,
et mesurant 47 cm environ, fut remplacé en 1612, par une autre mesure basée sur le pied
lyonnais, employé dans la Maison de Savoie et qui n’était autre que la coudée de ce pied
manuel, mesurant ainsi 52 cm environ. (Le pied liprand était la coudée du pied carolingien :
3/2 X 313 = 47 cm ).
Autre exemple : la réforme de la Toise et du pied de Paris en 1668, eut des conséquences
sérieuses, dont nous avons déjà parlé, puisque l’ajusteur la fit plus courte que l’ancienne
toise.
SWLIOllIEytiE
— lll —
ANNEXE N° 1
— 112 —
Pan, Empan, Palme : ces expressions désignent la même mesure qui est
les 3/4 du pied.
Dans les régions méridionales, la canne est formée d’un certain nombre
de pans, empans ou palmes. Ainsi, les cannes de Toulouse, Marseille, Mont-
pellier, Avignon, etc..., sont de 8 pans; à Gênes il y avait une canne de
9 palmes et une autre de 10 palmes. Mais on trouve l’emploi du terme
« palme » même au-delà de la Loire. Ainsi, dans un texte lillois de 1409,
cette expression figure explicitement : « ...pour avoir fiére la grande mesure
d’aveine, sur lequel on juste les autres mesures, de VI haspliaux de fier,
cascun d’une palme de let et 1 piet de long... » (1 ).
(1) M . de la F o n s de M e l i c o c q . Les tablettes de cire, les jetons, les poinçons, les marques,
les enseignes et les mesures des échevins et des corps de métiers de la ville de Lille aux X IV e,
XV' et XVI' siècles, in : Bulletin du Comité de la langue, de l ’histoire et des arts de la
France, tome III, 1855-1856. Paris (p. 638). — B. N. Le 18 72.
113 —
ANNEXE N° 2
— 114 —
Les constructeurs anglais paraissent avoir été les premiers à entreprendre
la fabrication de la balance Roberval vers la fin du x vm e siècle ; ils furent
suivis par les balanciers français au cours du xixe siècle.
Nous énumérons ci-dessous quelques fabricants d’instruments de mathéma-
tique, dont la signature se trouve sur des objets sortis de leurs ateliers et ac-
tuellement conservés dans divers musées de province). Les indications qui
accompagnent cette brève énumération sont empruntées à l ’article de
M. Daumas précédemment cité (1 ).
Butterfield, décédé le 28 mai 1724. — D’origine anglaise, ce fabricant se
serait installé à Paris la dernière année du règne de Louis X IV ; il avait été
nommé Ingénieur du Roi. Il signe « Butterfield à Paris ».
Bion (N icolas). — La quatrième édition de son « Traité de la Construction
et des principaux usages des Instruments de Mathématiques... », publiée en
1752, porte le titre suivant : « Ingénieur du Roi pour les Instruments de
Mathématiques, Quai de l ’Horloge du Palais où se trouve tous ces Instru-
ments dans leur perfection ». L’enseigne de Bion est la suivante : « A l’En-
seigne du Soleil d’Or ».
Langlois (Jean), qui devait avoir ses ateliers au Louvre, car certains
objets sont signés : « fait par Langlois au Galleries du Louvre à Paris 1750 ».
Il fut l’élève de Butterfield et devint Ingénieur du Roi et de l ’Académie pour
les Instruments de mathématique.
Canivet fut son neveu et son successeur. Son atelier, nous apprend
M. Daumas était « ...établi près de ses confrères, quai de l’Horloge du Palais
au coin de la rue du Harlai, à l’enseigne « A la Sphère ». Le titre d’ingénieur
du Roi et de MM. de l ’Académie royale des Sciences pour les Instruments de
Mathématique lui fut décerné. Il publia un ouvrage sur le pantographe
en 1744.
Lordelle et Le Maire, que nous trouvons comme experts dans l’affaire
de l’aune de Nantes (cf. annexe 4 ), sont des fabricants parisiens, contempo-
rains de Langlois. Deux aunes signées « P. Lemaire. Paris 1751 » sont
conservées au musée du C.N.A.M.
Quant à Lordelle, son atelier avait pour enseigne : « A la Sphère ».
A Lyon, le procès-verbal d’une commission d’étalonnage des mesures de
capacité pour les grains, en date du 12 juin 1773, mentionne Jean Godefroy
César Pigeon, Ingénieur du Roi en instruments de mathématique, comme
(1) On trouvera une riche et abondante documentation sur les anciens constructeurs
d’instruments de mathématiques dans l’ouvrage de M. Daumas : « Les instruments scientifiques
aux XVIIe et XVIIIe siècles » (Paris, P. U. 1953; 4°, 417 p., fig. et 63 planches).
115 —
Membre de ladite commission. M. Daumas signale de son côté l ’existence de
ce fabricant.
Enfin, l’inventaire du musée Calvet à Avignon mentionne, sous les nu-
méros 20981-997, divers instruments des x vm e-xixe siècles : 4 compas en fer,
2 en cuivre, double cercle gradué en cuivre avec inscription gravée « Lombard
à Avignon ».
Le musée de Cluny conserve, sous le n° 13.326, un demi-pied articulé
mesurant 16,24 cm et signé : « Au Butterfield — Clerget Paris ».
Le musée de Carpentras conserve :
116
ns< ription sur le couvercle de L’une des extrémités de la Toise du Pérou ou de l’Académie
etu* de la Toise du Pérou (1735).
ou de l’Académie. On distingue les traits délimitant les subdivisions en lignes
(2 256 mm) et en pouces (27,07 m m ), ainsi que l’un des points
de la toise à points
— 117 —
ANNEXE N° 3
« La Toise du Pérou.
« Cet étalon, désigné aussi sous le nom de Toise de l ’Académie, a été
construit en 1735 par Langlois, ingénieur du roi, sous la direction de l ’astro-
nome Godin ; il se présente sous la forme d’une règle plate en fer forgé et
poli, de dilatabilité 11,56 par mètre et par degré C, à section rectangulaire
d’environ 7,5 mm d’épaisseur sur 40 mm de largeur. Chaque extrémité est
entaillée sur une moitié de sa largeur, de manière à laisser sur l’autre moitié
deux talons saillants de 13 mm. Les arêtes formant le fond des entailles
sont vives, et c’est la distance de ces arêtes qui représente la longueur de la
Toise. Dans le prolongement de ces arêtes est tracé, à chaque extrémité, un
trait se terminant par un point creux d’environ 0,4 mm de diamètre ; la dis-
tance des axes de ces deux points représente encore un étalon de la Toise
considérée primitivement comme égal à l’autre.
La face plate qui porte ces points est en outre pourvue d’une division
de trois en trois pouces tracée le long de ses deux arêtes longitudinales ; l’un
des bouts de chaque division comporte un premier intervalle de 1 pouce
divisé en 12 lignes, puis cinq intervalles successifs de 1 pouce...
La Toise du Pérou est donc en réalité un double étalon : à bouts et à
points, complété de plus par un étalon à traits. La longueur légale de l ’étalon
était celle de la Toise à bouts, c’est-à-dire la distance des faces terminales,
prise à une ligne du fond des entailles et à la température de 13° Réaumur.
La Toise à points ne servit que dans les opérations géodésiques du Pérou,
— 118 —
la longueur étant prise à l’aide d’un compas à verge et reportée sur les règles
employées pour la mesure des bases.
La toise du Pérou servit à étalonner le Mètre provisoire en laiton (1795)
de Borda et Brisson, ainsi que l’étalon primitif en platine aggloméré, le Mètre
des Archives (1799), dont la longueur à 0° C fut prise égale à 3 pieds 11,44
lignes de la toise à 13° R, la distance du pôle à l’équateur ayant été
sanctionnée à la valeur de 5 130 740 toises. C’est également d’après cette Toise
que fut ajustée, entre autres, la célèbre Toise de Bessel (1823) de l’Institut
Géodésique Royal prussien (Observatoire de Kœnigsberg), qui fut employée
comme étalon de référence pour les opérations géodésiques en Europe cen-
trale au milieu du xixe siècle.
A la fin du siècle dernier, le Bureau International des Poids et Mesures a eu
l’occasion de déterminer le rapport de la Toise du Pérou au Mètre Interna-
tional; les résultats de ces déterminations conduisirent aux valeurs suivantes :
Toise à bouts à 16,25° C (13° R ) = 1,949 090 mètre;
Toise à points à 16,25° C (13° R ) = 1,949 001 mètre.
Déposée primitivement au Cabinet de l ’Académie des Sciences au Louvre,
le 8 août 1770, la Toise du Pérou est maintenant conservée comme pièce
historique à l ’Observatoire de Paris, alors que l’étalon historique du Système
Métrique, le Mètre des Archives, est toujours conservé aux Archives Na-
tionales. »
— 120
ANNEXE N° 4
Sur 1"aune de Nantes, commandée à Paris et les comparaisons qui s’en sui-
virent, nous reproduisons le résumé des travaux effectués, donné par Paucton
(op. cit., pp. 20-21 ).
Les deux académiciens Hellot et Camus, nommés par l’Académie comme
commissaires, « ...s’étant transportés le jeudi 23 septembre 1745, audit
Bureau (celui des Marchands Merciers) déterminèrent également à 3 pieds
7 pouces 10 lignes et 5 /6 , la matrice ou étalon de l’aune qui leur fut pré-
sentée par les Gardes des Marchands Merciers assemblés pour cet effet ».
« Ces deux académiciens s’étaient fait assister du sieur Lordel, ouvrier
en instruments de Mathématiques, lequel s’était muni d’un compas à verge
à pointes très fines, d’une équerre à talon et d’une bande de fer d’une ligne
et un quart d’épaisseur sur six lignes de large, disposée à être mise exacte-
ment de la longueur de l’étalon du Bureau et d’un pied de Roi, divisé par
feu le Sieur Butterfield, célèbre ouvrier d’instruments de Mathématiques,
en pouces, lignes et douzièmes de lignes par des transversales, en présence
de MM. Picard et Auzout, sur le nouvel étalon de la toise du Châtelet, rétabli
en 1668.
« Les commissaires, avant que de procéder au mesurage de l’étalon, com-
mencèrent par l’examiner pour voir si les talons ou saillies de fer qui y sont
attachés perpendiculairement, n’avoient point été altérés, et dans un espace
de près de deux cens ans usés par le frottement des aunes usuelles qu’on y
avoit apportées pour en fixer la longueur; et ils reconnurent qu’il n’y avoit
d’altération, encore même presque insensible, qu’à l’extrémité supérieure
de ces talons, mais que le bas en étoit très entier.
« Ayant donc fait ajuster par le Sieur Lordel la règle qu’il avoit apportée,
de manière qu’elle entrât entre les extrémités supérieures des talons, ils
trouvèrent la longueur de cette règle de 3 pieds 7 pouces 11 lignes et 3/12.
Après avoir fait diminuer la longueur de la règle pour la faire entrer entre
les milieux des faces des talons, ils trouvèrent sa longueur de 3 pieds 7 pouces
11 lignes juste.
« Enfin, la même règle ayant encore été raccourcie pour entrer exacte'
ment jusqu’au bas des faces des talons qu’ils jugèrent très entiers en cet
endroit, ils trouvèrent sa longueur de 3 pieds 7 pouces 10 lignes et 5 /6 de
ligne. Comme cette dernière longueur de l’aune a été prise entre les endroits
— 121
les moins susceptibles d’altération, ils ne négligèrent rien pour l’avoir exac-
tement ; ils eurent même l ’attention de prendre cette longueur à l’abri des
rayons du soleil, et de ne donner aucun degré de chaleur, même avec la main,
à l’étalon et à la bande de fer, de crainte qu’il n’en résultât quelque allon-
gement momentané ; il vérifièrent aussi plusieurs fois la longueur de la bande
qu’ils étalonnaient, en la posant à diverses reprises, de plat et de chan, entre
les bas des faces étalons ».
Les deux commissaires n’ont en fait constaté qu’une différence insigni-
fiante — de l’ordre de 5/12 de ligne, environ 1 mm — entre la distance sépa-
rant les talons mesurés à leur partie supérieure, puis mesurée contre la règle ;
en valeur relative, il s’agit de moins de 1/1 000, ce qui est bien peu de chose
si l’on se rappelle que ce prototype de l ’aune de Paris fut fabriqué aux alen-
tours de 1554.
Pour terminer, ajoutons que « Cette longueur de l’aune de Paris est éga-
lement celle de l’aune des marchands merciers de Lyon ; car une règle de fer
que M. Hellot a fait étalonner en sa présence le 27 janvier 1745, sur la
matrice de l’aune qui est dans l’Hôtel de Ville de Lyon, entre juste dans
l’étalon de l’aune de Paris, sans qu’on y ait pu remarquer la plus petite
différence ».
122
ANNEXE N° 5
« Ceux-ci déclarèrent que la mesure, qui était la base de toutes les autres,
était le pied royal « échantillonné » au Châtelet de Paris. Ce pied formait
un carré dont chaque côté était égal à une ligne tracée au milieu de la pièce
(d’archives) dont nous publions le texte. Nous avons mesuré cette ligne : elle
a 32 centimètres et demi, soit pour le pied (carré) 0,105625 m2.
— 123
9
corde (1 ), laquelle est cy après contenue en ces présentes lettres, entre les
deux saings manuels des dessus nommez Jehan Mautaint et Jehan Petit,
notaires... ».
Ce manuscrit, que nous avons pu consulter à la Bibliothèque Saint-Jean,
grâce à l ’amabilité de Madame Blanchet, Conservateur-adjoint de la Bi-
bliothèque, est rédigé sur une assez belle pièce de parchemin en parfait état
de conservation.
— 124 —
ANNEXE N° 6
2° Note de service du 28 octobre 1910 qui signale le dépôt des dits étalons
(autrefois aux Archives municipales) au musée de Dijon, le 5 octobre
1904, puis leur transfert à la Bibliothèque de la ville en 1910.
A noter que, pendant leur stage au musée, les étalons avaient été relégués
dans les combles (ce renseignement est donné dans les actes du quarantième
Congrès de l ’Association française pour l’avancement des sciences, Dijon 1911,
tome II, n° 11/2410 de la Bibliothèque municipale).
« 28 octobre 1910.
NOTE de SERVICE
Le Maire,
Signé : DUMONT ».
— 126 —
TABLEAU DE DIVERSES MESURES DE LONGUEUR
EN USAGE DANS CERTAINES VILLES DE FRANCE
ET D’ EUROPE DU X IV e AU X IX e SIECLE
ET COMPOSITION DE CES MESURES EN PIEDS (R I, R2, etc...)
(Valeurs approximatives)
Pour constituer les tableaux ci-après, nous nous appuyons, non seulement
sur la valeur des étalons, mais en outre sur les indications fournies par Pierre
Petit, Malynes, d’Anville et Paucton, auteurs maintes fois cités, complétées
par les équivalences établies par Lernale (A .) dans son ouvrage paru en
1875, intitulé « Monnaies, Poids et Mesures et usages commerciaux de tous
les Etats du Monde » (Paris, Le Havre, 2e édit., 4° IIII, 386 p .).
Il y a lieu de préciser que Malynes (pp. 26 à 29 de son ouvrage cité)
rapporte toutes les équivalences concernant les mesures pour les étoffes à
cent aunes d’Anvers. Toutefois, Malynes n’indique pas nettement à quelle
aune d’Anvers il se réfère : aune pour la laine ou pour la soie.
Au xvm e siècle, l ’aune d’Anvers pour la laine mesurait 684,4 mm ; elle
était donc pratiquement identique à l’aune de Bruges déjà en usage au X I V e
siècle. A la même époque, l’aune pour la soie mesurait 694,3 mm. Cepen-
dant, à 1 % près environ, les « équations » de Malynes conduisent à des
résultats acceptables en général.
Drap : d Aune A
Laine : la. Brasse Br.
Soie : s Canne C
Toile : t Pied P ; Pouce : po.
Toise : T
(Sauf exception, les renvois aux numéros de pages indiqués dans la colonne
« observations », s’appliquent au présent travail.) Les correspondances éta-
blies entre les anciennes unités et les mesures métriques sont indiquées par le
mot « TABLES ».
— 127
Epoque Longueur Nombre
Mesure Lieu (siècle ) en mètre de pieds Observations
— 129 —
Epoque Longueur Nombre
Mesure Lieu (siècle) en mètre de pieds Observations
— 130 —
Epoque Longueur Nombre
Mesure Lieu (siècle) en mètre de pieds Observations
— 131
Longueur Nombre
Mesure Lieu (siècle ) en mètre de pieds Observations
Pour compléter le tableau précédent, nous indiquons ci-dessous les valeurs de diverses
mesures, qui se rapprochent de nos propres estimations, établies au XVIIIe siècle par Savary
des Bruslons.
Cet auteur rapporte ses équivalences à 100 aunes de Paris.
Bourgogne (A) 0,82 m Milan (B r) 0,678 m (laine)
Bruges (A) 0,71 à 0,72 (B r) 0,528 (soie)
Bruxelles (A) 0,687 (B r) 0,594 (toile)
Cambrai (A) 0,74 Montpellier (C) 1,98
Douai (A) 0,74 Nancy
Florence (B r) 0,594 et Lorraine (A) 0,635
(C) 2,376 Nantes (A) 1,385
Gand (A) 0,73 à 0,74 Toulouse (C) 1,78
Lille (A) 0,69 ' Tournai (A) 0,66
Marseille (C) 1,98 (soie) Troyes (A) 0,82
(G) 2,112 (drap)
132 —
CHAPITRE II
(1) Indre. — A.D., Série Q. — P. 105 : « A Reuilly, un bail d’arpent de vigne fait, en
1648, indique comme redevance 12 bannées et demie de vendange ».
« A Valençay, la chaux se mesurait également à la bannée au xvm siècle ».
CHAPITRE II
(1) Indre. — A.D., Série Q. — P. 105 : « A Reuilly, un bail d’arpent de vigne fait, en
1648, indique comme redevance 12 bannées et demie de vendange ».
« A Yalençay, la chaux se mesurait également à la bannée au XVIII siècle ».
— 133 —
A Saint-Omer, les mesures du picotin et du demi-picotin, pour l’avoine,
étaient de même en osier (1 ).
Enfin, on eut recours à des mesures en métal, en bois (et en pierre) à
fonds opposés. Ce qui facilitait les échanges commerciaux sur les marchés,
en évitant de faire appel à des séries plus ou moins nombreuses de récipients
isolés.
Le mesurage des liquides s’effectuait, dans le commerce, avec des mesures
d’étain, de grès, de bois ou de verre — ce dernier matériau s’introduisant
officiellement dans la fabrication de « bouteilles jaugées » aux alentours du
xvm e siècle. (Dans une annexe à ce chapitre, nous consacrons une note spé-
ciale à ces mesures.) (2 ).
L’une des difficultés majeures à laquelle se heurte la détermination de la
capacité des anciennes mesures de grains, résulte de l’incertitude qui règne
sur le mode d’emplissage des récipients. Sur ce point, les documents ne le
précisent pas toujours, ou bien ne sont pas suffisamment explicites.
Or, il y eut plusieurs manières d’emplir les mesures : à comble, ou grains
sur bord, ou rase. De ces trois principaux modes d’emplissage, le dernier est
le seul que corroborent les étalons, voire les mesures à usage commercial.
D’autre part, la manière de jeter le grain dans la mesure ajoute à l’im-
précision due au mode d’emplissage proprement dit.
Enfin, sous la même désignation (boisseau, setier, etc...), des mesures
ayant des destinations et des capacités différentes coexistèrent fréquemment
dans le même lieu.
A Troyes, par exemple, au X I V e siècle, le grand setier (de grain) se com-
posait de 8 bichets, tandis que le petit setier n’en comptait que 5 (3 ). A
Provins, on trouve un « boisseau de ménage » employé sur le marché (il
équivalait à 15,6 1 environ) et un autre boisseau dit « du grenier », environ
un seizième plus faible que le précédent. De même, trois muids furent en
usage : un muid « bourgeois » de 96 boisseaux; un muid marchand de 100
boisseaux; un muid de Paris de 120 boisseaux (120 boisseaux de Troyes
équivalaient à 1 muid de Paris) (4 ).
Les fraudes et les abus trouvaient leur meilleur aliment dans cette multi-
plication des mesures de contenance variable et dans les procédés d’emplis-
sage complexes précédemment énumérés.
134 —
C’est pourquoi le pouvoir central et, grâce à son impulsion, les adminis-
trations locales s’efforcèrent, notamment aux X V I I e et x v i i i 6 siècles, de subs-
tituer de nouvelles mesures aux anciennes, d’une capacité telle qu’emplies
rases, elles équivalaient aux anciennes emplies « grains sur bord » ou
« comble ». Par ailleurs, dans le dessein d’éviter au cours des étalonnages
que la « manière » d’emplir trouble les opérations, on fit appel à la trémie,
dont l ’emploi permettait l’écoulement à peu près régulier du grain dans les
mesures à épaler. Cet appareil est officiellement désigné dans un règlement
de 1669, sur lequel nous reviendrons plus loin.
Avant d’aborder, sur le plan métrologique, l’étude du mesurage des ma-
tières sèches et liquides, nous indiquons ci-après un certain nombre de termes
fréquemment en usage autrefois, pour désigner les mesures de capacité.
Nous distinguons les mesures pour les matières sèches des mesures pour
les liquides. Notre énumération n’est pas limitative, mais nous l’avons bornée
aux termes les plus courants, tirés d’exemples fournis par les documents
d’archives ou par les inscriptions gravées sur les objets de musée.
Nous regroupons ces termes dans l’index à cet ouvrage. A la fin du présent
chapitre, nous avons indiqué la valeur approximative de diverses mesures
employées dans un certain nombre de villes, à certaines époques, lorsque la
certitude de ne pas commettre d’erreurs trop grossières nous a paru suffi-
samment grande.
Parmi les sources auxquelles nous ferons appel pour établir ces équiva-
lences, « La Pratica délia Mercatura » de Pegolotti et les Tables établies
dans le premier tiers du X I V e siècle pour la Chambre des Comptes de Paris,
reproduites par Du Cange dans son « Glossaire » au mot « Modius », joueront
avec les documents d’archives un rôle essentiel.
Rappelons que les principales mesures employées à Paris étaient :
a) pour le mesurage des matières sèches : le muid, le setier, la mine, le
minot, le boisseau, le litron et ses subdivisions (1 /2 , 1 /4 , 1 /8 ) ;
b) pour le mesurage des liquides : le muid, la feuillette, le quarteau, la velte,
ou setier, la quarte ou pot, la pinte ou demi-pot, la chopine ou demi-pinte
ou setier, le demi-setier, le quart de setier ou posson, le demi-posson, le
quart de posson ou roquille.
- 136 —
TERMINOLOGIE.
(1) B ourq uel ot . Op. cit., p. 87 : « Redevance annuelle d’un muid de blé, mesure de
Troyes, stipulée dans une charte du Comte Thibault le Grand de 1125... ».
(2) I d ., p. 88 : d’après un « ...compte de la Chambre de l’Eglise de N.D. de Troyes pour
l’an 1332-1333 ».
(3) Muid.
(4) Bo u rqu elo t . Op. cit., p. 86 : « Cartulaire d’Igny, setier à la mesure de Sainte-Gennne ».
(5) I d ., p. 86 : « Cartulaire de Moiremont ; une charte fait allusion à des setiers de
froment à l’ancienne mesure de « Sancla Manehilde ».
(6) I d ., p. 86.
(7) I d ., p. 86 : « Cartulaire de Moiremont. 1 304 Sextarié ad mensuram de Sarnaco
(Sarnay) ».
(8) I d ., p. 78.
(9) I d ., p. 80 : Cartulaire de Vauluisant, f° 64 r°.
(10) I d ., p. 81 : Charte du Doyen et du Chapitre de Chalons, 1226.
(11) I d ., p. 80 : Bibl. Provins, Ythier. Hist. ecol. suppl. à N.D. du Val.
(12) I d ., p. 80 : Cartulaire de Preuilly, p. 104.
— 137 —
établit l’équivalence : 18 muids de froment de Civite-Vecchia font 197 émines
de Marseille (1 ).
« Un patron Génois, chargé d’aller prendre à Bouc 440 setiers d’Arles de
blé et de les porter à Gênes, devra peser le blé à la réception et en mettre
deux setiers dans un panier scellé pour servir de preuve à l’arrivée » (2 ).
A Pézenas (Hérault), un texte du 29 janvier 1317 relate la « Présenta-
tion faite au Châtelain de Pézenas, par les Consuls de ladite ville, des lettres
du Sénéchal de Carcassonne, portant que la mesure de l’avoine, amandes,
noix, châtaignes, glands et autres fruits, seroit double de celle du bled, en
sorte que le settier avec lequel on mesure le bled compteroit pour l’émine
et l’émine pour la quartière et ce à l’ instar de la ville de Béziers... » (3 ).
Le 26 octobre 1581, nous trouvons, dans ces mêmes archives municipales
de la ville de Pézenas, un « Certificat des Consuls de Béziers comme ils ont
fait échantiller une émine de la ville de Pezenas sur celle de Béziers » (4 ).
L’inventaire de l’Orgerie de Montpellier effectué en 1508, énumère entre
autres choses : le setier, l’émine et le quartier (5 ).
« Item quatre sesteyrals de pierre...
« Item un escandalh (6 ) d’une sestier de methalh...
« Item un escandalh de emynal de matalh en très pes et dos anels, escript à
l ’entour...
« Item un escandalh de quartal de matailh en très pes et dos anelz, escript
à l’entour... ».
Un peu plus loin, les archives mentionnent à la même époque :
« ...Item ung yminal an sa rasoyra.
« ...Item ung autre yminal, mesure d’Arles » (7 ).
La « rasoyra » n’est autre que la radoire qu’on passait sur la mesure une
fois remplie afin de l ’écrêter.
Ce terme est déjà employé dans l’ ancien règlement des mesures publiques
de Toulouse de 1197 : « Les mesures en pierre de Saint-Pierre, Saint-Géraud
et Saint-Sernin, sauf celles des noix et de l’avoine, doivent être égales et
— 138 —
conformes aux cartières de cuivre de Saint-Etienne et de Saint-Sernin ; l’émine
doit avoir deux cartières et le demi-quartier quatre; il faut que la rasora des
cartières de cuivre soit horizontale et aille d’un anneau à l’autre » (1 ).
A Alais, en 1433, il est décidé qu’il n’y « ...aura plus qu’un setier qui
servira à mesurer indistinctement le blé, les châtaignes, le sel » ( 4 ) .
— 139 —
10
Cibrario (1 ) signale l ’emploi du bichet de blé à Octans (Valais) et à
Saint-Genis ; du muid, du setier, du « coppo » de Chillon. Ces termes étaient
déjà en usage dans ces régions, au moins aux x m e et X I V e siècles ( 1 ) .
Les archives de la ville de Bourg conservent une collection de titres sur
« ...le copponage, le toisage, le marquage... », qui s’appliquent à la période
1290-1320 (2 ).
En 1498, une supplique des Syndics est adressée au duc Philibert « ...pour
avoir bonnes lettres et édits perpétuels sur les points suivants... que les me-
sures depuis le septier contenant trois coupes à la mesure de Bourg, se subdi-
visent en demi, tiers et quart de coupe, avec, en plus, une petite mesure que
l’on a coutume de donner par-dessus, nommé le garnison, ce qui serait le
profit du pauvre peuple qui ne peut acheter un setier à la fois... » (3 ).
Dans la région d’Autun, le muid, le bichet, l ’émyne, le boisseau et la me-
sure sont couramment employés, ainsi que la « quartranche », qui équivaut
fréquemment à la « mesure » (4 ).
L’émine fut employée en Bourgogne. Ainsi, un manuscrit de 1456, conservé
aux archives départementales de la Côte-d’Or, donne les caractéristiques de
la nouvelle mesure au moulinot de l ’abbaye de Citeaux, construite comble,
dont 16 font une émine de Dijon (5 ).
Dans la collection muséographique de la Bibliothèque municipale de
Dijon, nous avons trouvé trois matrices portant les dates 1693-1698 et qui,
ainsi que l’indique leurs inscriptions, se prenaient rases ; il s’agit de la coupe,
de la demi-coupe, du quart de coupe; un quatrième objet, daté 1719, est
l’étalon de 1’ « Ecuelle des Mugniers dont les saize au comble font la me-
sure de Dijon » (6 ).
La « carteranche à blé » est citée dans un texte qui se situe aux alentours
du X V I e siècle, faisant état du paiement « de 6 gros au serrurier Morillon qui
en fit la ferrure » (7 ).
— 140 —
Dans le Comté de Bourgogne, il fallait, d’après Dom Grappin : « ...24
mesures pour un bichot, 12 pour le demi-bichot souvent appelé bichet, quatre
ordinairement pour le quartal, et le plus souvent une mesure pour le quar-
teron qui fut presque toujours la même chose que la quartheranche, la quarte,
la mesure et en quelques endroits, comme à Poligny, le demi-boisseau » (1 ).
Les mesures courantes furent le boisseau, le quart, la coupe (2 ). ou pochon,
le penot ou penal, la quarte, la quartheranche, l ’écuelle, la mesure, le cevier,
etc... (3 ).
La plupart sont mentionnées dans des textes remontant au Moyen âge :
le quartal en 1221, 1274, 1280, 1294; la quartheranche en 1288 (4 ) ; l’écuelle
en 1200 et 1533 (5 ).
Le pénal apparaît dans une évaluation d e la fin du X I I I e siècle : « ...65
bichots 8 penals, mesure de Fondremant » (6 ). Plus tard, le pénal aurait gé-
néralement équivalu à une demi-quarte ; cependant, Dom Grappin écrit :
« ...il a pu comprendre autrefois deux mesures et il était par conséquent le
douzième du bichot » (7 ).
Enfin, à Pontarlier, l’émine, le cevier, la coupe, se signalent par exemple
au X V e siècle : dans cette ville l’émine vaut deux ceviers (8 ) ; le cevier vaut
24 coupes; le quartier équivaut à 12 émines (9 ).
Dans la Lorraine et le Barrois, aux dénominations classiques : boisseau,
bichet, mine ou minot, quarte, muid, s’ajoutent des termes tels que le resal,
l’imal, le foural, le corbillon.
— 141 —
l’imal, ou du bichet, ou du resal : à Rambervilliers, 6 fouraux de blé équi-
valaient à un resal (1 ).
De même, dans les régions au nord du pays, des termes locaux coexistent
avec ceux du vocabulaire courant. A Cambrai, le « mencaud » valait « deux
franquets », ou quatre boisseaux, ou 16 pintes (2 ). Le muid se composait
de 16 mancauds ; la rasière contenait un mancaud et demi, ou trois fran-
quets (2 ). La chaux se mesurait à la « manne » et le charbon de bois à la
« rasière » ; deux rasières faisaient un sac (2 ).
Un document des archives de Douai, de 1261, nous apprend qu’il est in-
terdit aux meuniers « ...de prendre sur deux rasières un « boistel » de
mouture » (3 ).
Un « ban » de 1246 ordonne « ...à ceux qui ont pris le muiage (droit de
vendre par m uid) de payer le droit annuel au châtelain... » (4 ).
Les mesures à grains de Saint-Omer se composaient de la rasière formée
de 4 quartiers, le quartier de 4 biguets, le biguet de 4 lots, le lot de 4 pintes
(cf. note 6).
Un document révèle que, dès le x m e siècle, les Echevins de cette ville
veillaient à la loyauté dans les transactions au poids et à la mesure : « Ke
nus ne mesure, ne teigne mesure se ele ne soit enseigné de la novele enseigne,
for LXs, et la mesure à perdre.
« Ke nus ne fâche rasière ne quartier a autre molle fors dont li molles
est à le haie dore en avant (m odèle), for LXs » (Statuts de la commune Audo-
maroise, publiés au x m e siècle) (5 ).
Un règlement du 14 janvier 1438 (6 ) confirme à cette époque l’existence
de plusieurs mesures énumérées plus haut, car il fixe le montant des sommes
— 142 —
dues pour les faire jauger et estampiller : sont citées la rasière, le quartier,
le demi-quartier, le picotin et le demi-picotin. Le picotin et le demi-picotin
étaient employés par les marchands de grains. Ces mesures étaient en osier
pour l’avoine, en bois pour le froment (1 ).
A Boulogne-sur-Mer, une note, fort instructive sur les mesures, est in-
sérée dans une délibération du 28 octobre 1552 de « ...Messieurs de la loy
de la ville de Boullongue », « ...mesure du b led ; il y a douze septiers au muyd,
douze boisseaulx au septier, quatre minotz au septier et trois boisseaulx au
mynot ; et pour mesurer le boisseau il le fault comble, mais le mynot il le
faut racler en forme d’un fons d’ung muy. Mesure d’avoyne : il y a quatre
boisseaulx au mynot, quatre mynot au septier, seize boisseaulx au septier
et 12 septiers au muy ; et pour mesurer tant le boisseau que le mynot, il faut
le racler d’un gros baston rond » (2 ).
Diverses mesures, en usage à Lille au Moyen Age, sont citées dans des do-
cuments d’un grand intérêt, rassemblés au siècle dernier par M. de La Fons
de Mélicocq (4 ).
143 —
archives communales sont conservées se nomme encore la ferme) de ladite
ville... » (1 ).
Les mesures à sel sont signalées dans un texte de 1433 : elles sont en
laiton et comprennent la livre, la demi-livre, le quartron et le demi-
quartron (2 ).
Au musée de Chartres, nous avons trouvé l ’une des plus anciennes me-
sures à blé, fort bien conservée. Il s’ agit de l ’étalon en bronze du minot à
blé, daté 1283, ainsi que l ’indique l ’inscription qui s’enroule autour de la
— 144 —
surface latérale du récipient : « CETUI : MINOT : FUT : FET : EN : LAN :
xx
M. CC IIII : ET : III : ... » (1 ).
Au voisinage de Chartres, les dénominations des mesures sont sensible-
ment les mêmes. Ainsi à Châteaudun, nous découvrons le minot à sel (2 ), le
muid, le septier, le boisseau ( 3 ) ; le document signalé dans la note (3 ) men-
tionne le muid et le septier de Chartres, de Paris ; le muid, la mine et le
boisseau d’Orléans ; le muid et le boisseau de Blois, etc...
Plus à l’ouest, Angers et Nantes utilisaient le « boisseau » ; un document
du 4 mars 1569 signale la visite des boisseaux à Nantes (4 ) ; un procès-verbal
du 28 juin 1634 relate une comparaison du boisseau d’Angers à celui de
Nantes, d’où il ressort « ...que unze boisseaux troys quarts d’Angers, font
vingt-quatre boisseaux mesure de Nantes... » (5 ).
XX
(1) CETUI : MINOT : FUT : FET : EN : LAN : M : CC IIII : ET III : DU MOIS :
DE : NO - VEMBRE : AUTENS ; JEHAN : DE : CHEVREUSE : BA1LLIE : DORLIENS
• GUILLAUME : LE SAINTIER ME FIST - PRIEZ POUR : LUI .
Il paraît que Jehan de Chevreuse aurait été bailli d'Orléans de 1273 à 1285.
(2) Châteaudun - A.M., CC 3, 1518-1530 : Lettres patentes de François 1er accordant à
la ville de Châteaudun la perception de 4 livres par minot de sel.
(3) Châteaudun - A.M., HH I, 1583-1608 : Il s’agit d’une table de correspondance entre
les capacités de diverses mesures à blé en usage à Châteaudun et dans les villes circonvoisines.
(4) Nantes. — A.D., FF 55, 1569. Du 4 mars : visite des boisseaux, aunes, poids et mesures.
(5) Nantes. — A.D., FF 139, 1566-1634: Police — Poids et mesures.
(6) Nantes. — A.D., FF 140, 1721-1773 : Police. — Anciennes mesures. — « Mesure de
Rays, les mesures de Bourgneuf et Prigny sont tout ung et font les trois boisseaux un septier
nantois et davantage d’un dixième de bouexeau, aussi en semblable mesure celles de Veuz
et de Pornic ; la mesure de Boyn est la plus grande et font les deux bouexaulx le septier
nantois, à Machecoul le bouexeau est moindre et font les cinq bouexaulx environ le septier
nantois.
(7) Nantes. — A.D., FF 145 : Sentence et ordonnance de police du 3 avril 1784 en faveur
des mesures de charbon de terre.
(8) R a v e a u (Paul). L'agriculture et les classes paysannes dans le Haut-Poitou au xvie siècle.
(Paris, 1926. in-8° 132 p .) - p. 12.
145 —
La « fourniture » aurait été substituée au muid à partir du règne de
François 1er (1 ).
La « garniture » était un supplément de grains, au même titre que le
« garnison » cité plus haut, à Bourg-en-Bresse, à la fin du X V e siècle. Le pré-
vendier avait la même signification que le setier dans certaines paroisses
ou régions (2 ).
Ajoutons qu’à Chauvigny, le setier s’appelait la « bithuze » (3 ).
La contenance de l ’écuellée variait avec le lieu (4 ) ; la poignée équivalait
à 1/144 du boisseau (5 ). A Bressuire, le quarteron signifiait le « demi-
boisseau » en usage dans cette ville (6 ).
D’après Paucton, le setier de Tours (pour le blé) vaut douze boisseaux;
or, lorsque le Procureur du Roi, à Poitiers, demande le 23 décembre 1786 à la
municipalité de Tours de lui faire connaître les dimensions précises du
boisseau de cette ville, le maire lui répond le 27 décembre qu’il n’y a pas
d’étalon à Tours; mais que « l’opinion générale est qu’à Tours le boisseau
de froment pèse 18 livres et le setier 216 » (7 ), ce qui met le setier à
12 boisseaux.
A Romorantin, le muid, le setier et le minot sont signalés en 1505 ( 8 ) ;
le « mynot » et le « demi-mynot pour le mesurage du sel » en 1535 (9).
Enfin, il est question du muid dans des documents de 1490-1495 (10).
Un texte de 1388 fournit l’exemple, dans le Nivernais, d’un terme dont
le sens est très voisin du « resal » lorrain : « ...cent et dix rasaulx de blé
à la mesure de Disise... c’est assavoir trente raseaulx froment et le demeu-
rant seigle... » (11).
— 146 —
A Châteauroux, « l’émine rase » est mentionnée dans une charte du X IIe
siècle (1 ). Dans cette région, les désignations ci-après furent très courantes :
émine, mine, quarte, double ou grand boisseau, boisseau, boisseau ras ou
rez (on disait un rez d’avoine, un rez de sel, sous-entendant le mot boisseau
et une « douzaine » pour 12 boisseaux d’avoine), charge, setier, muid, écuellée,
etc... L’écuellée est signalée à Chantome dans un texte de 1460 et à Graçay
elle était encore en usage en 1752 (2 ).
Enfin, le « petit quart huitain » était une mesure en bois, dont se ser-
vaient les collecteurs d’impôts « ...pour la répartition du sel d’impôt entre les
habitants des paroisses de Châteauroux... » (8 ).
— 147
Dans la charte de fondation de Montauban (1144), il est question pour
les grains des mesures suivantes : sextarius, cartaria, coppa, cette dernière
étant une petite mesure. Nous avons déjà signalé en Savoie, en Bourgogne et
en Franche-Comté, l’emploi de la coupe.
A Cahors, F « émine » et la « quarte » sont mentionnées dans un texte
de 1318 (1 ) ; l ’émine vaut 2 quartes et la quarte 2 quartons.
Il peut être intéressant de souligner l’emploi courant d’un terme aux
foires de Champagne, qu’on retrouve fréquemment, beaucoup plus tard, dans
un document du Quercy daté de 1504 (2 ). Il s’agit de l’expression « moyton ».
D’après le dictionnaire de Roquefort, elle désigne une mesure de grains et
viendrait du mot latin modius (m uid).
Bourquelot (3 ) énumère précisément une série de termes, dont le sens
est identique : meton, meto, metonnus, moto, motes, moito, moiteo, inoiton,
souvent cités dans les cartulaires de Clairvaux, des Comtes de Champagne,
etc...
A Cahors, en 1592, les Consuls désignent Pierre Birou Maître charpentier
à la charge de « ...commis à l’affinement, vérification et marque des cartons,
boisseaux, escandilz et autres mesures en bois... » et pour cet effet « ...avons
bayllé audit birou ung carton, ung boisseau et une vasque appartenant à la
ville marquée de la marque d’icelle pour en servir le public... » (4 ),
Une mesure pour le blé, particulièrement employée à Bordeaux au X I V e
siècle, fut l’escarte équivalant à 4 boisseaux. Cette expression tirerait son nom
du quart de setier qu’elle désignait (5 ).
La « conque », expression très courante dans le sud-ouest de la France,
aurait valu originairement 2 setiers à Bordeaux (5 ).
Au Moyen Age, à Bayonne, 2 conques formaient un sac ; une conque valait
8 cartayrons ou 18 punhières (6 ).
Dans le Gers, à Riscle, au Moyen Age le sac vaut 4 conques (ou quart)
et la conque se compose de 8 pugnières (7 ).
— 148 —
Un règlement du x m e siècle concernant les poids et mesures d’Albi, fixe le
montant de la somme à payer à l’échantilleur public de la Cité d’Albi, pour
l’étalonnage des mesures de blé et de vin ; sont mentionnés dans ce document
la demi-carte, le quart et le demi-quart (1 ).
Dans les tables du X I X e siècle, nous trouvons à Albi le setier, la mesure,
le boisseau ; à Castres le setier, la quartière, la mesure, le boisseau ; à Brassac
le setier, la quarte, le megere, la pugnère ; à Cordes le setier, la rase, le bois-
seau ; et dans quelques autres cantons le sac (2 ).
Un texte des archives de Castres, en date du 2 janvier 1585, énumère les
poids et mesures, dont les marchands doivent être munis ; nous trouvons en
particulier le carton, le demi-carton, le car carton, le demi car carton (3 ).
A Cordes, la « carte » est mentionnée à l ’occasion d’une réparation de
l’étalon municipal en 1655 (4 ).
Un texte des archives municipales de Narbonne, de l’année 1225, établit
l’équivalence suivante : « ...la pugnera servant au mesurage de la mouture
doit être du 16e du setier à la mesure de Narbonne » (5 ).
Le 14 juin 1527, on remit à Etienne Gransanhé, nommé étalonneur public
de Rodez, les étalons de la ville. Il reçut, notamment, la mesure d’un quart
de blé et les mesures pour le sel : carton, demi-carton, émine, mesure et demi-
mesure (6 ).
A Saint-Pons, en 1683, un document désigne les mesures ci-après : car-
tière, demi-cartière, punière, demi-punière (7 ).
Enfin, une ordonnance du Consulat de Perpignan prise en 1287, dispose
qu’on établira un nouvel étalon de la mesure pour les grains appelé « demi-
carton » : « Cette mesure rendue obligatoire forme le huitième de l’émine
et elle se divise en six cosses ou quatre punyères » (8 ).
149 —
TERMINOLOGIE SOMMAIRE DES MESURES DE LIQUIDES.
Bourquelot signale un texte de 1323, établissant l’équivalence du baril
de vin à la mesure de Provins : le baril vaut 18 quartes de Provins (1 ).
A Troyes, en 1535, « ...la queue pour mettre vin étoit de quarante cinq
septiers ; la demi-queue, appelée muid, étoit de 22 septiers 1 /2 ; la queue
pour mettre huile contenoit quarante et un septiers, muids et demi-muids
à l ’équipollent » (2 ).
L’inventaire de la maison consulaire de Montpellier, effectué en 1508,
mentionne divers étalons de mesure et notamment : « ...y a cinq mesuras sive
escandalhs de coyre a las armes de la ville per scandailhae las mesuras de
l’oly ; dont l’une est de ung pechier, l’autre de miech pichier, quart de pichier,
huictan de pechier, saysiesme de pechier... », « Item plus quatre mesures
de vin aussy de coyre ; so es l’une de sinq pechier, l’autre miech pechier,
l’autre quart de pechier et l’autre de miech quart de pechier » (3 ).
Antérieurement au X V I e siècle, nous découvrons dans les « Inventaires
des biens, meubles, immeubles et usages des hospitaux de la ville de Mont-
pellier des années 1397 jusques à 1428... », d’intéressantes indications : « En
lo selier, una tina vinaria colan VI muecz o entorn... » « Item I llj vayssels
plens de vin, en que ne a hun gran de 22 sestiers o entorn... Item VI
botas plenas de vin, tenens VIII sestiers o entorn... (4 ). « Al setier ...Item
X lj botas et un pipot de bona faysson, las V lj tenens cascuna V llj sestier o
entorn, de que ni a très plenas de vin et la una entorn X lj ss. et las très seysen
ss. o entorn et la pipot entorn très eyminas » (5 ).
En 1405 : « ...una pinta d’estanh que ten 1/2 cartayre a la gran me-
zure » (6),
En octobre 1618, on procéda au contrôle annuel des mesures de vin et
des « brocs de pressoir », qui doivent contenir 16 « pichiers » (7 ).
Dans les tables de conversion des anciennes mesures en usage dans le
département de l’Hérault, publiées en l’an X III à Montpellier, les termes
(1 ) B o u r q u e l o t . Op. cit., p. 80, note 1 : « Unum barillum vini, gallice ung barrau,
X V III quartas coutinens ad mensuram Provini ».
(2 ) I d ., p. 79.
(3 ) Montpellier. — A.M., tome VII. Inventaire de la maison consulaire effectué l’année
1508, f° 15, p. 27.
(4 ) Montpellier. — A.M., tome VII, f 7 V°, p. 365.
(5 ) Montpellier. — A.M., tome VII, f 32, p. 365.
(6 ) Montpellier. — A.M., Tome VII f° 74, p. 366.
(7 ) Montpellier. — A.M., Tome VII, p. 317.
— 150 —
muid, setier quarton, feuillette, pagelle, lairan (1 ), barrai, pot ou pichet,
sont les plus fréquents. Pour le mesurage de l ’huile, la charge, la mesure, la
fiole ou feuillette, le quartal, l’orgeol (1 ), le pot, le quarton, l ’émine, la
canne, le carteron, la quarte, reviennent constamment.
(1) L’ orgeol est cité à Aniane (Hérault) et valait le dixième (16,54 1) de la charge d’Aniane
(165,4 1).
Le lairan est cité comme un synonyme de la pagelle (57,70 1) à Pezenas; c’était le
douzième du muid de vin.
(2) Nîmes. — A.M., Série LL, 1527-1533, p. 5, col. 1.
(3) Nîmes. — A.M., Registre SS 4, p. 3, tome II des A.M., année 1638.
(4) Nîmes. — A.M., CC 2, 1668-1738, pp. 7-8. Tome IL
(5) Uzès. — A.M., CC 108, 1650-1651, p. 12.
(6) Avignon, bibliothèque du musée Calvét, ms. fr. n° 1496, f° 105 V " ; ms. fr. n° 2675,
£° 134 sq.
— 151
En 1635, la ville de Lyon souscrit un marché avec le fondeur lyonnais
Boutavau pour qu’il fabrique « ...six matricules de fonte, sçavoir deux pots,
deux feuillettes, deux demy-feuillettes » (1 ).
Dans un document de 1719, concernant le mesurage du vin dans les pro-
vinces du Lyonnais et du Beaujolais, nous trouvons l ’asnée de 88 pots ; la
botte de 4 asnées mesure de Lyon ; la barelle ou demi-botte ; la feuillette ou
asnée : chaque asnée de 96 pintes mesure de Paris. La botte répond à la
queue de Bourgogne et trois asnées de vin mesure de Lyon équivalent à un
muid mesure de Paris (2 ).
En l ’année 1635, nous trouvons les matrices d’une « Pinte, d’une cho-
pine et d’une demi-chopine de cuivre aux armes de la ville et du Roi. La
pinte porte l’inscription : « Matricule du Pot de la ville de Lyon » ; sur la
chopine et la demi-chopine, sont respectivement gravées les inscriptions :
« Matricule de la feuillette de la ville de Lyon » et « Matricule de la demi-
feuillette de la ville de Lyon » (3 ).
Le terme « barraux de vin » est signalé en Savoie dans un texte de 1551
(4 ). On trouve aussi le truchon, la pichollette ou pichotte, dans des docu-
ments de 1562 (5 ).
A Dijon nous pourrions presque nous contenter de rapporter les ins-
criptions gravées sur les anciens étalons encore existants : Pinte au vin, Tier
au vin, Demy-tier au vin, Chauveau au vin, Pintet au vin, Mesurotte à
L’huile, Pintet à Huile : tous ces étalons aux armes de la ville et datés 1692;
auxquels s’ajoutent un Chauveau au vin daté 1633, puis datés 1572 et 1686,
les étalons de la Pinte à l ’huile, du Pintet à Luile, du Chauveau à Lhuile.
Enfin, il existe quelques étalons de 1560, l’ un d’eux étant celui de la
« Demye mesurotte à huille » (6 ).
Les archives municipales de la ville font état, en 1569, d’une « ...grande
mesure à deux onces dans laquelle sont les mères mesures à huille, tant la
(1) Lyon, bibliothèque Saint-Jean, Inventaire Chappe, tome V, FF V, liasse 9 (2 ms. fr.)
(matricule signifiant matrice.).
(2 ) Lyon. — A.M., Inventaire Chappe, tome V, £° 348-349, n° 19. Minute d’un acte
consulaire du 9 janvier 1719.
(3 ) Lyon. — Bibliothèque Saint-Jean, Inventaire Chappe, 1° 359, article 4. Matrices des
poids et mesures étant actuellement dans les archives de la ville outre celles comparées dans
l’acte du 20 avril 1728.
(4 ) Mémoires et documents publiés par l’Académie Chablaisienne, tome XII, 1898. Document
n° 4 : « 23-9-1579 : Concession de marqueur et d’échantilleur des barrils de vin et mesures
rière le mendement d’Annecv, Thone, Val des Clefs en faveur de Louis l’aîné et Louis le jeune
Bron ... ». (Arch. de la Chambre de Turin.).
(5 ) I d „ p . XXII.
(6 ) Nous reviendrons ultérieurement sur ces mesures au point de vue métrologique.
— 152 —
pinte, pintet et chauveaul avec demi-chauveaul et la mesurotte, qui sont six
pièces de cuivre » (1 ).
— 153 —
En Lorraine et en Barrois quelques expressions locales coexistent avec
des termes classiques. Le muid ou « virlé », composé de 7 mesures, la mesure
de 18 pots équivalait à 47 pintes de Paris (1 ).
La quarte de vin, le demi-setier, le simaire de vin de 3 pintes faisant 6
quartes, sont mentionnés par exemple dans des documents du X V I e siècle (2).
La queue de Bar se composait de 2 pièces, chaque pièce étant composée
de 84 pots équivalait à 220 pintes de Paris (3 ).
Dans le nord du pays, à Cambrai, le pot, la canette, la potée, la velte, le
tonneau, la futaille pour la bière, sont d’un emploi courant (4 ).
On paye XII sols à « ...Michiel Lesecq, caudrelier, pour avoir faict ung
nouveau fond à la mesure du pot de la ville... » (1588-1589) (5 ).
Quelques années plus tard, c’est « ...François de Poudre, orphève de son
stil... (qui a) gravé trois marques de fer pour marquer les potz et mesures,
tant de pierres que d’estaing... » (6 ).
A Saint-Omer les mesures suivantes sont employées : pot (ou lot), demi-
pot, pinte et demi-pinte, potée ou tierçon, Colette, muid, tonneau (de 3
muids) et bouteille jaugée (seulement au X V I I I e siècle); pour les huiles :
tonneau, demi-tonneau, quartelette et sa moitié ; pour la bière : tonneau
de 73 pots environ (7 ).
A Boulogne-sur-Mer, les documents d’archives signalent à la fin de la
première moitié du x vm e siècle les bouteilles en verre jaugées.
En 1569-1570, la ville paye 20 sols « ...pour deux potz de mesure et une
pinte de cuivre, servant à espalier les mesures de la ville » (8 ).
En 1725, on confisque, à bord d’un vaisseau anglais, une « ...demi-ancre
d’eau-de-vie... » qui a été expédiée sans avoir la marque de la ville (9 ).
Entre 1694 et 1778, il est question, dans certains documents, de l ’adju-
dication de la ferme de la vinoterie et des droits par tonneau de vin, barrique
de Bordeaux et barrique de vin de Champagne (10).
— 154 —
Musée des Beaux-Arts, à Lille
— à gauche : Mesure de Thielt 1650. (1,156 1)
— à droite : Mesure de Lille « M. De Demi-Lot » (1,045 1).
— 155 —
11
Plusieurs mesures anciennes, en usage à Lille, sont conservées au musée
des Beaux-Arts où nous les avons étudiées ; elles portent les inscriptions sui-
vantes :
M. DE DEMI-LOT (mesure de dem i-lot);
M. DE TIERCHON (mesure du 1/3 du lo t );
M. DE PINTE (mesure du 1 /4 du l o t );
M. DE DEMI-PINTE;
M. DE MUSCVIN (jolie tasse en bronze qui rappelle un taste vin).
En 1389, Ghillebert le Fèvre est envoyé par la municipalité de Lille,
à Dam et à Arras, pour se procurer les « justes mezures » de ces villes, qui
sont le lot, le demy-lot et la pinte en cuivre (1 ).
En 1516, Guillaume le Cat fait un poinçon à la lettre « B » pour marquer
les tonneaux de vinaigre ( 2 ) ; en 1517, il fait un poinçon à la lettre « F »
pour marquer les tonneaux d’huile (3 ) et, en 1526, il fait une « trache »
pour « enseigner » les queues de vin (4 ).
En 1419, Pasquier le Cat fabriquait un poinçon pour marquer les ton-
neaux de cervoise (5 ).
A Amiens, un échevinage de 1451 impose la rénovation des mesures de
capacité des brasseurs et cabaretiers, qui sont refaites en cuivre « ...pot, lot,
demy-lot, ou pinte... ».
Un document de la fin du X V I e ou du début du X V I I e siècle, fournit d’inté-
ressantes indications sur des mesures picardes ; à Amiens :
« La mesure à l’Huille s’espalle à la mesure au vin.
« Le barril à la bière contient cinquante-deux pots à la bière.
« Le Septier de vin jaulge d’Amiens, contient deux pots et demy-pot mesure
du vin.
« Et le muid de vin, jaulge d’Amiens revient à 16 septiers... » (6 ).
(1) L a F o n s d e M e l ic o c q (M. de). Op. cit., pp. 627 à 640 inclus. P. 639 : « 1389. A
Ghillebert le Fèvre, envoyet en le ville du Dam, pour les justes mezures de celi ville avoir,
et, en ceste ville rapporter, afin de plus meurement premeir as mezures de ceste ville ... ».
« Au dit Ghillebert le Fèvre envoyet à Arras, pour ossi avoir, et, en ceste ville rapporter
les mezures de ledite ville d’Arras, afin comme dessus ... ».
« ...Pour l’ accat desdites mezures : est assavoir lot, demy lot et pinte, tout de coevre,
XXX VIIII s for ».
(2 ) La F on s d e M e l ic o c q (M. d e). Op. cit., p. 636 : 1516 « A luy (Guillaume le Cat)
pour ung fer à tout une lettre de um B, à enseignier les tonneaux de vinaigre. »
(3) I d ., p. 636 : 1517 « A luy (Guillaume le Cat) pour avoir fait ung F pour l’esgard
(esward) enseignier les tonneaux d’ olle et avoir reswigné la fleur de lis. »
(4) I d ., p. 636 : 1526 « Guillaume le Cat ...fait une trache pour Rene de Flye, pour
enseigner les Keues de vin... ».
(5) I d ., p . 635.
(6) Amiens. — A.M., Livre noir, f" XL6 R° et V °.
156 —
La ville de Rouen a la chance d’avoir conservé, en parfait état, au Musée
des Antiquités départementales, une série d’anciens étalons inscrits, compre-
nant notamment le Pot, le Demy-pot, la Chopine, le Demion (1 /2 chopine),
le Demiard (quart de chopine), les 16°, 32°, 64° et 128° du pot.
— 157 —
Une ordonnance prescrit, le 12 janvier de la même année, que certains
vins « ...ne seront venduz que deux soulz tournois le pot, vin hors de lye,
et affiné... » (1 ).
Les termes futaille, buce, pipe, sont signalés dans des documents de 1578,
1579, etc..., concernant le jaugeage des futailles et la fabrication des ton-
neaux (2 ).
Dans le Poitou, la pipe (de 2 barriques), le hussard, le poinçon (100
pintes), la velte, le pot, la pinte et la chopine sont couramment en usage, au
moins au xvie siècle et sans doute bien avant (3 ).
A Romorantin, la pinte est désignée nommément dans un document de
1490, concernant « ...la ferme de l’apétissement de la huytième partie de la
pinte de vin et autres breuvages vendus en détail en ladite ville de Romo-
rantin... » (4 ).
Quatre siècles plus tard, dans cette ville, une assemblée délibère les 23
et 30 avril 1786 sur les poids et mesures et en fixe la valeur. Sont énumérés
pour les liquides : la « chaîne de poinçon » contenant 30 veltes ou 240 pintes,
le quart, la pinte du Roi, la pinte de Romorantin, le pot à lait (quart de la
pinte de Romorantin, soit 1 setier) (5 ).
Dans l’Indre, il est question du muid de vin dans un texte de 1265 (6).
Le « jalet », dont 16 composaient le muid d’Issoudun, est indiqué dans les
Extraits de la Chambre des Comptes de 1330, imprimés dans le « Glossaire »
de Du Cange, au terme Modius, col. 860, Ysoldunum (7 ).
La pipe est couramment employée, ainsi qu’en témoignent des textes de
1227, 1359, 1404, 1540, etc... (8 ), aussi bien dans l’Indre que dans les régions
limitrophes (Berry et Creuse).
158 —
Le « traversier » et le « busard » désignent des mesures égales à la moitié
de la pipe, signalées la première en 1540, la seconde au X V I I I e siècle ( 1 ) .
Le poinçon, sensiblement égal à la pipe, se divisait en deux mesures égales
appelées quart. Ainsi, on disait une quarte de vin. La pipe et le poinçon
étaient formés de 200 pintes, de contenance variable, et la pinte de 2 cho-
pines. Le roquet ou la roquille équivalaient au quart de la pinte ; ces deux
dernières mesures servaient plus spécialement au mesurage de l’huile (2 ).
A Cahors, à Montauban et dans différentes villes du Quercy, on utilisait
des mesures telles que la pipe, la barrique, le barricot, la velte de 4 quarts,
la pinte, le piché de 2 pouchons, le pouchons de 2 uchaux (3 ).
Au Moyen Age, on évaluait les quantités de sel ou de vin en « charge
de cheval » ou « saumata », qui devint la saumade.
En 1374, la saumade de vin équivalait à un cestier mesure de Puy-l’Evêque
(Lot) (4).
Le musée Ingres, à Montauban, conserve dans la collection métrologique,
trois anciennes mesures étalons en bronze, du quart de la velte ou 4 pou-
chons, du demi-quart de la velte, soit 2 pouchons et du pouchon.
A Bayonne, le pot valait 2 pintes, la pinte 2 tasses et la tasse 2 cruchots ;
ces récipients, employés au mesurage du vin, sont énumérés dans un docu-
ment de 1696 (5 ).
La pipe, le barrai et l’uchau sont signalés dès 1240 à Pamiers (6 ).
Dans un texte de 1409, nous découvrons les mesures en cuivre d’un demi-
péga et, en plomb, d'un demi-péga, d’un quart de péga et d'un uchau (7 ).
Au xive siècle, à Toulouse, le « tonneau » équivaut à 2 pipes et la pipe
à 2 barriques : la pipe est composée d’un nombre de « pipots » qui se révèle
variable dans le temps. Le « pega » est employé dans la vente au détail.
— 159 —
L’huile, estimée au poids, se vendait au détail dans des mesures d’une demi-
livre, d’un « terson », d’un cartayron, d’ un quinton de livre (1 ).
Au x vm e siècle, la matrice du demi-péga, datée de 1574, existait encore
à l’Hôtel de Ville de Toulouse (2 ).
A Albi, les termes « pipe, cestier, liai », apparaissent dans un texte du
x m e siècle réglementant les poids et mesures de la ville (3 ).
Le « liai » était le seizième du setier de vin ; ce terme est encore cité
dans les documents de 1193 et du x m e siècle (3 ).
Le « peguar » servait au mesurage de l’huile (4 ).
Dans le procès-verbal d’une délibération du Conseil de la Communauté
de Castres en 1585, sur les poids et mesures des marchands, les mesures de
liquide signalées sont la pinte, le « pinton » et le « demi-pinton », en étain
pour le vin, le carton, le demi-carton, le cars carton et le demi cars-carton pour
l’huile (5 ).
A Rodez, les magistrats remettent, en 1527, à l’étalonneur public qui
vient d’être désigné, tous les étalons et notamment les matrices du setier de
vin, « cestier vy », de l’émine de vin, « Emine vy », du quart, du demi-quart,
de deux tersons et de la pauque de vin ; les matrices du setier d’huile, « Sestier
d’Oly », de l ’émine d’huile, « Emine d’Oly », du quartier d’huile, de la
pauque et de la demi-pauque d’huile (6 ).
Enfin, d’après Sabarthès, les termes « saumada » et « meiga saumada »
employés dans le Leudaire de Montréal-d’Aude (xive siècle) ont le sens d’une
— 160 —
mesure de capacité et d’une subdivision du muid. La charge (saumada)
aurait équivalu au quart du muid et la demi-charge (meiga saumada) au
huitième de muid (1 ).
*
* *
*
* *
(1) Sa b a r t h e s (abbé A .). Renseignements sur les poids et mesures en usage à Montréal
(arrd' de Carcassonne) au XIVe siècle, dans « Le Leudaire Montréal. In Bulletin historique
et philologique du Comité des travaux historiques et scientifiques. Année 1896 ; pp. 480 à
486.
L’auteur dit qu’il « ...nous est impossible de fixer la valeur de ces diverses mesures
au XIVe siècle. ».
(2) P a u c t o n . Op. cit., p. 33 sq. : « Edit de Louis XIV, donné à Saint-Germain-en-Laye
au mois d’octobre 1669, portant un nouveau Règlement pour les mesures à blé et pour
les estalonnages, registré au Parlement le 29 avril 1670. ».
— 161 —
Nous sommes renseignés sur ces méthodes par un procès-verbal du 15
février 1458, qui relate le processus des opérations effectuées par les mesu-
reurs de sel pour étalonner les mesures (1 ). Il nous apprend que les mesu-
reurs utilisaient le grain de seigle très sec, et non le millet employé plus
tard avec succès, puisque la sphéricité des grains leur permet d’occuper toute
la place utile, tandis que les grains de seigle se répartissent intégralement
dans le récipient à ajuster.
Quant au mode d’emplissage, nous citons le procès-verbal : « Avec ce
sont requises ausdits Mesureurs avoir deux larges et plates écuelles de bois
ébréchées, à plusieurs brèches aux costez, et auxquelles se doit jetter ledit
grain de seigle, tant ès estalons, qu’ès mesures de bois ; et se doit jetter le
grain ès estalons et aussi ès mesures par deux des dits Mesureurs en tournant
avant la main ; et quant aux estalons, doivent iceux Mesureurs faire leur
jet du plus haut qu’ils peuvent étendre les bras ; et quant aux mesures de
bois, doivent faire leur jet de la hauteur et près du bord de la mesure de
bois ».
Il est évident que la répartition des grains « ès estalons » et « ès mesures »
dépendait de la qualité du grain, mais encore de la plus ou moins grande
impulsion que leur donnaient les mesureurs en les jetant. L’émission et la
distribution à peu près régulière du grain furent obtenues par l’emploi de
la trémie au cours du X V I I e siècle.
D’autres facteurs venaient accroître l’imprécision du mesurage. Les me?
sures pouvaient être partie « roulé », partie « secoué », ou bien roulé, raclé,
comble, secoué ; de même, telle mesure désignée dans le texte de 1458 devait
être emplie d’une manière déterminée et fort complexe, qu’un seul exemple
suffit à illustrer. Le minot à avoine équivalait à 1 minot à sel (composé de
4 boisseaux de blé comble, ensuite rasé grains sur bord), plus 1 boisseau
de blé ras, plus un demi-boisseau de blé comble, moins un litron ras, plus,
pour la potence, un quart de litron ras.
Cette quantité totale de grains, étalonnée par emplissage des matrices,
était ensuite versée dans la mesure du minot à avoine à étalonner, qui devait
être emplie « ras au fut » (2 ).
Dans ces conditions, la réforme de 1669 se justifie aisément. Elle mit fin
à des pratiques longues et compliquées, d’autant plus irritantes pour les
marchands que les Mesureurs connaissant tous les secrets du maniement de
l ’écuelle en auraient usé à leur détriment.1
2
(1 ) P auct on . Op. cit., p. 29 sq. : « Procès-verbal du jeudi 15 février 1458 touchant les
étalonnages des mesures, et qui compose le cinquante-septième Chapitre des anciennes
Ordonnances de la Ville de Paris. »
(2 ) P au c to n . Op. cit.
— 162 —
La capacité légale (et théorique) des nouveaux étalons de mesure pour
les grains ressort des dimensions réglementaires de ces mesures, portées dans
la sentence du 29 décembre 1670 (1 ).
Capacité théorique
Diamètre Hauteur
en po3 litres
La capacité théorique du boisseau aurait donc été de 12,8 1. Or, les tables
de correspondances de l’an VI lui donnent 12,7 1; celles de l’an VII : 655,78
po13 ou 13,02 1; celles de l’an X : 655 po3 ou 12,993 1; Gattey, dans son ou-
2
vrage de 1810, en fixe la contenance à 13 1. Enfin, une ordonnance du 13
juillet 1727 (imprimée dans le Code militaire, p. 91), décrit le boisseau
de Paris, dont on se sert pour fournir l’étape aux troupes, comme étant « ...un
prisme ayant pour bases inférieure et supérieure des quarrés de huit pouces
de Roi en tout sens, sur une hauteur de dix pouces : laquelle mesure rase,
suivant la comparaison qui en a été faite, doit être censée le boisseau de
Paris » (1 ).
Il s’en suivrait que ce boisseau équivaudrait à 640 pouces cubes soit
12,7 litres.
Or, les Mémoires de l’ Académie des sciences rapportent que Picard re-
connut que la capacité de l’étalon du boisseau de Paris était de 644 2/5
pouces cubiques, résultat pratiquement identique à sa valeur de définition,
(1) P a u c t o n . Op. cit., p. 39-19 : « Sentence des Prévost des Marchands et Eschevins, pour
l'exécution de l’Edit du mois d’octobre 1669 et des Arrests rendus en conséquence, touchant
les nouveaux estalons de mesures à blé, et autres grains. »
(2) La sentence donne 2 po 10 1 — sur ce pied, la capacité du demi-litron serait de 21,1
pouces cubes = 0,419 1 et le boisseau mesurerait 419 X 32 = 13,4 1 — Ceci est en désaccord
fondamental avec la valeur du boisseau étalon (13 1) et l’étalonnage des petites mesures :
litron, demi-litron, etc... C’est pourquoi nous adoptons 2 po 8 L supposant qu’il s’agit d’une
erreur typographique.
— 163 —
soit 644,35 pouces cubes, valeurs qui, toutes deux, sont supérieures d’en-
viron 1 % h celle du boisseau de l’étape.
En résumé, le nouveau boisseau de Paris, mesuré ou estimé à diverses
époques, aurait eu plusieurs contenances :
Sentence du 29-12-1670
Définition. Picard Intendance An VI An VII An X 1810
— 164 —
Par rapport à l’étalon du boisseau de Paris, mesurant 13 1 en l ’an Vil,
la différence relative est de — 1,5 % .
Or, la commission de l ’an VII, qui mesura les étalons du minot et du
boisseau, obtint les valeurs ci-dessous :
a) capacité du m i n o t ............................ 1 970,67 pouces cubes (39,12 1)
b) capacité du b o is s e a u ...................... 655,78 pouces cubes (13j02 1)
c) capacité du boisseau déduite de
celle du m i n o t .................................. 656,89 pouces cubes (13,04 1)
( b) et (c ) diffèrent d’un pouce cube, soit 20 cm3 environ, pratiquement
négligeables ; ceci prouve que les deux étalons du minot et du boisseau furent
en excellente concordance.
Par contre, aucune de ces matrices ne répond à sa définition donnée dans
la sentence du 29 décembre 1670.
Dans le tableau ci-dessous, nous groupons les diverses valeurs du minot
et de ses sous-multiples calculées :
1° En fonction des définitions de ces divers étalons;
2° En fonction des résultats de nos étalonnages du litron et de ses subdi-
visions ;
3° D’après les étalons du minot et du boisseau mesurés en l’an VII.
(1 ) C’est la valeur moyenne du boisseau (12,80 1) fixée par étalonnages directs du litron
et de ses subdivisions (cf. p. 164).
(2 ) La valeur indiquée pour le minot est celle de son étalon.
(3 ) Valeur d’après dimensions actuelles. ) Ce ne sont donc pas à proprement parler
(4 ) Valeur d’après étalonnage actuel. ) les valeurs de définition.
166 —
Il ressort de ce tableau que le rapport des valeurs portées dans la colonne
(6), valeurs réelles pour le minot et le boisseau, puis théoriques à partir du
demi-boisseau, aux valeurs homologues de la colonne (3 ), valeurs de défi-
nition, font apparaître des variations relatives oscillant entre — 3,5 % et
+ 2,8 % . Or, il résulte de l’examen des colonnes 2 et 3 que les rapports
entre les valeurs de définition de deux mesures successives composant la série
minot — demi-litron, ne sont pas des nombres entiers, contrairement à ce
que nous devrions constater.
Partant du minot de 39,37 1 (étalon réel 39,12 1), ses subdivisions auraient
les contenances suivantes, que nous comparons aux contenances correspon-
dantes, déduites de la valeur du boisseau étalon, dans le tableau ci-dessous.
*
**
L’Edit de 1669 dit ceci : « ...voulons et nous plaist, qu’à la diligence des-
dits Prévost des Marchands et Eschevins, il soit fondu un nouveau minot
estalon à blé, qui contiendra pareille quantité de grains que les mesures dont
— 167 —
on s’est servi jusqu’à présent pour le composer : et qu’il soit pareillement
fondu de nouveau estalons du boisseau, demi-boisseau, un quart, demi-quart,
litron et demi-litron, qui seront de telle contenance que le grain qui com-
posait le comble, selon l’usage cy-devant gardé, y soit contenu : tous lesquels
estalons et mesures matrices seront déposés en la Chambre des Jurez-Mesureurs
de sel, Estalonneurs desdites mesures, estant dans l’Hostel commun de ladite
ville, pour sur iceux faire l ’épalement des mesures en bois qui serviront à la
distribution de toutes natures de grains par le moyen de la trémie ainsi qu’ils
s’en servent pour l ’estalon des mesures à sel... ».
Ainsi, la capacité rase de l ’ancien boisseau de Paris (désigné par « B1 »
pour sim plifier), était inférieure à celle du nouvel étalon. Or, « B1 » fut étudié
par le Père Mersenne. Le savant eut la patience de compter le nombre de grains
de blé contenus dans ce récipient empli ras, puis comble. Il trouva les nombres
suivants :
B1 ras ....................... 172 000 grains.
B1 comble ................. 220 160 grains.
Les dimensions de « B1 » qu’il nous a transmises sont :
Diamètre : 9 pouces )
de l’ancien pied de Roi évidemment.
Hauteur : 8 pouces 5 lignes)
soit une contenance de 535,4 pouces cubes (anciens), ou 10,84 litre (544,2
pouces cubes — après 1668).
De son côté, Paucton avait remarqué « ...qu’une surface circulaire d’un
pied de Roi de diamètre porte un cône de 180 pouces cubiques de bon bled... ».
Partant de ce résultat et admettant — par hypothèse — qu’il s’applique,
toutes proportions gardées, à « B1 », le comble de « B1 » devrait être égal,
tous calculs faits, à 101,2 pouces cubiques nouveaux (après 1668).
La capacité du boisseau comble serait ainsi de :
544,2 po3 + 101,2 po3 = 645,4 po3 (nouveau) = 12,82 litres, valeur en
très bon accord avec celle du boisseau « B » de 13 litres.
Par ailleurs, nous avons : B ras — B1 ras = 1 3 — 10,84 = 2,16 1, soit
108,7 pouces cubes. On voit ainsi que notre évaluation hypothétique du
comble de « B1 » à 101,2 pouces cubiques n’était pas trop éloignée de la
vérité.
En conséquence, la valeur la plus probable de « B1 ras » se situe au voi-
sinage de 10,84 1 et celle de « B1 comble » aux environs de 13 1.
Puisque l’édit de 1669 se réfère directement à l’article 57 des ordonnances
de la ville de Paris, prises en 1458, il est probable que le boisseau « B1 »
était en service à cette époque. Sa contenance n’aurait donc pas subi de va-
168
nations sensibles entre 1458 et 1669. Cette supposition semblerait d’ailleurs
confirmée par les faits, ainsi que le prouvent les exemples ci-après, grâce
auxquels il serait permis de reporter au premier tiers du X I V e siècle l’exis-
tence de « B1 ».
En effet, Du Cange a reproduit dans son Glossaire, au mot « Modius »
(pp. 855-857), un « ...rapport que les Jaugeurs de la ville de Paris ont fait
à nos Seigneurs des Comptes sur les moisons des tonneaux des vins et d’esgues
(eau) des pais et des lieus ci-après nommez... C’est escript fut baillé l’an m il)
CCC X X X par les dessus dis le X X V II jour de juillet... ». Les équivalences
fournies par ce document, en ce qui concerne la jauge des tonneaux, sont
suivies d’autres correspondances entre les mesures de capacité pour les cé-
réales et le vin et les mesures parisiennes homologues.
Nous aurons fréquemment recours à ces précieuses tables auxquelles nous
empruntons les renseignements ci-dessous :
— Mesure de Paris. — « Mensura bladi Paris X II boisselli faciunt sextarium.
Parisius III boisselli faciunt quarterium... II Quarteria faciunt minam,
II minae faciunt sextarium, XII sextaria faciunt modium » (1 ).
« Mensura avenae. ibid., X X boisselli faciunt sextarium. Quinque bois-
selli faciunt quarterium ; Il quarteria faciunt minam ; Il minae faciunt
sextarium et X II sextaria faciunt modium » (2 ).
Sur la base du boisseau « B1 » de 10,84 1, le muid et le setier de blé
s’établissent à : muid = 1 561 1.
setier = 130 1 (130,08 1 arrondi à 130 1).
Quelques équivalences établies par Pegolotti vont nous permettre de jus-
tifier ees valeurs :
(I) 21 mines de grain de Gênes = 20 setiers de Paris (3 ).
(II) 1 mine de froment à la mesure de Gênes = 2,5 setiers à Montpellier (4 ).
De (I) et (II) nous tirons :
52,5 setiers de Montpellier — 20 setiers de Paris = 20 X 130 = 2 600 1,
ce qui met le setier de Montpellier à 49,5 1, valeur qui ne diffère de celle
que donnent les tables de l ’an X III -—■ 48,92 1 — que de 1 °/o.
La mine de Gènes, très voisine du setier de Paris (à 4,75 % près) s’établit
à 123,86 1, soit 124 1 en chiffres ronds.1
4
3
2
— 169
De son côté, Paucton donne l ’équivalence suivante :
(1 ) Indre. — A.D., Série Q, pp. 109 et 111. Le boisseau de Bourges est réputé du poids
de 25 livres, ce qui met le boisseau à 16,25 1.
(2 ) Cher. — A.D., Série C 790. Registre, in-folio, 1544.
170 —
Dans les tableaux suivants, nous donnons, d’une part, les valeurs appro-
ximatives des mesures du blé et de l’avoine en usage à Paris, du X I V e siècle
à 1671 et, d’autre part, les mesures de Bourges comparées à celles de Paris.
Mesures de PARIS
Quartier Valeurs en
Muid Setier Mine Boisseau
ou Minot litres
1 12 24 48 144 1561
1 2 4 12 130
BLE 1 2 6 65
1 3 32,5
1 10,84
1 12 24 48 240 2 601
1 2 4 20 217
AVOINE 1 2 10 108,5
1 5 54,2
1 10,84
BOURGES PARIS
XIV s. an vil XIV' s. jusqu’en 1671
I.es valeurs à Bourges sont identiques à celles que donne Paucton en 1780 : 1 setier
de Bourges = 10 boisseaus de Paris = 10 X 13 i = 130 1.
I. — Mesurage du blé.
Le minot étalon était empli à comble, puis rasé sur bord ; puis on ajou-
tait un demi-quart de grain « ...sur l’estalon pour le vent » (1 ).
Le boisseau étalon était empli comme le minot sans rien ajouter.
Les subdivisions du boisseau (demi, quart, demi-quart, litron) étaient
emplies « à comble » sur l’étalon « ...sans rere et sans y ajouter ».
I
(1 ) C’est-à-dire pour compenser les interstices.
— 171 —
12
II. — Mesurage de Vavoine.
— 172
grande mesure... », le nombre de boisseaux s’élève à 16 à la mine, soit 192
boisseaux au muid (environ 568 1).
Le muid de blé de Dourdan est de 12 setiers et contient 144 boisseaux
(environ 1 703 1), tandis que le muid d’avoine est formé de 12 setiers de 16
boisseaux, soit 192 boisseaux (environ 2 375 1).
A Crépy-en-Valois, le muid de blé est composé de 24 pichez et le pichez
de 3 boisseaux, soit 72 boisseaux (environ 547 1 ); mais le muid d’avoine
équivaut à 24 pichez de chacun 5 boisseaux, ou 120 boisseaux (885 1 en-
v iron ); à Pierrefonds, le muid de blé est de 42 pichez à 12 boisseaux, soit
576 pichez (1 227 1 environ) : 48 pichez de 19 boisseaux, soit 912 boisseau :,
forment le muid d’avoine (1 958 1 environ).
Enfin, à Saint-Quentin, le muid de blé est de 8 setiers ou « res » de
8 boisseaux, soit 64 boisseaux (360 1 environ).
Cette liste pourrait être prolongée sans difficulté et elle ne ferait que
confirmer ces variations. Des doutes planent au surplus sur les valeurs que
nous avons calculées étant donné que, sauf certaines exceptions, les docu-
ments exploités ne précisent pas qu’ils s’agit de mesures combles ou rases.
En tout état de cause, ces variations de capacité, ainsi que le mode d’em-
plissage des mesures, ne pouvaient que favoriser les fraudes. C’est ce qui
explique que diverses villes (Lyon, Dijon, Châteaudun, Châteauroux, etc...)
suivirent l’exemple donné par Paris lorsque, dans le troisième quart du
X V IIe siècle, l ’attention du Pouvoir central se porta sur ces graves anomalies.
— 173 —
Ils reversaient cette quantité de grains étalonnée dans la trémie et la
laissaient couler dans la mesure en bois à vérifier « ...en telle sorte que tout
le grain de millet estant dans l’estalon, y soit contenu avec ce qui a accous-
tumé d’estre mis dans ladite mesure de bois avant qu’elle soit ferrée, pour
tenir lieu de ce que la potence de fer, sa flèche, la plaque qui la soutient
et les quatre goussets qui tiennent le fonds en estât, peuvent occuper de
place (il s’agit ici du m inot) » (1 ).
L’arrêt du 22 décembre 1670 informa les commerçants vendant des
grains, des légumes et des fruits à la mesure, qu’ils ne devaient détenir que
des mesures en bois « ...à la contenance (des) nouveaux estalons estalonnez
et marquez à la lettre de l’année dans le 1 jour du mois de Février de l ’année
1671... » (2 ). Cette lettre fut la première lettre de l ’alphabet, « A » (3 );
d’ailleurs, l’édit de 1669 avait prescrit la vérification périodique des me-
sures pour les grains. Elle devait se dérouler pendant la première quinzaine
du mois de juin de chaque année.
*
**
(1 ) P a u c t o n O p . c it ., p . 4 0 .
( 2 ) I d , O p . c it ., p . 3 8 .
(3) I d ., p. 40 : Il est dit que c’est le 1er février 1671 que les anciens étalons seront
détruits (brisez) en présence du Procureur de la ville.
(4) I d ., p. 489.
(5 ) 20 livres de blé correspondent à une contenance de 13 1 du boisseau.
— 174
De même le boisseau de Bourges pesant 25 livres (200 : 8 ), sa contenance
13 X 25
devait être de l’ordre d e ------------------= 16,25 1, valeur en très bonne concor-
20
dance avec celle que nous avons obtenue plus haut.
Ces deux exemples montrent que le poids du grain contenu dans une
mesure de capacité étant connu, il est possible de « consolider » l’évaluation
en « litres » de ce récipient.
Cependant, nous ne saurions conclure de ces rapprochements qu’ils per-
mettent d’obtenir systématiquement des résultats acceptables, car le poids
spécifique des grains varie chaque année, suivant les saisons, la nature de
la récolte, etc...
Voici un exemple d’erreur susceptible d’être commise en partant uni-
quement de cet élément pondéral des mesures à grains.
Dans un texte des archives départementales de la Loire-Inférieure du
11 août 1731, il est dit : « A l’égard de l ’avoine, le septier mesure de Nantes
pèse 160 livres... » et que « ...le septier de Nantes contient 16 boisseaux... » (1 ).
En outre, « ...Pour réduire maintenant cette mesure à celle de Paris, il
n’est pas moins constant que le septier d’avoine à Paris pèse 240 livres poids
de marc... Et d’autant que l’on compte à Paris 24 boisseaux au septier
d’avoine... attendu que le boisseau de Paris et celui de Nantes pèsent chacun
dix livres... » (1 ).
Il ressort de ce document que le boisseau (d’avoine) de Nantes pesait
160 : 16 =r 10 livres et que le boisseau d’avoine de Paris, dont 24 font un
setier, pesait 240 : 24 = 10 livres.
Dans ces conditions, le boisseau nantais et le boisseau de Paris se révéle-
raient équivalents au X V I I I e siècle, ce qui est absolument contraire à la
réalité attendu que le boisseau de Nantes contenait 446 pouces cubiques en
1759, soit 8,86 1, et celui de Paris, à la même époque, 13 1 (2 ).
L’erreur est due simplement au fait que le document de 1731 repose sur
une fausse évaluation en livres du boisseau d’avoine de Paris. Cette assimi-
lation des deux boisseaux dut paraître anormale à cette époque, ce qui expli-
querait la note ultérieure de l ’Intendant précisant que le boisseau de Paris
« ...pèse un peu plus que 12 livres... » (1 ).
Paucton, en 1780, avait déduit de ses propres observations sur le poids
spécifique des grains que le boisseau d’avoine de Paris pèse 12,15 livres.
175 —
Le rapprochement devient, sur cette base, moins anormal puisque si 12
livres d’avoine occupent un volume de 13 litres, 10 livres occuperont
13 X 10
-------------- = 10,8 1. Etant donné que la capacité réelle du boisseau de Nantes
12
est de 8,94 1, il faudrait admettre que les 10,8 1 que nous venons de trouver
supposent le boisseau empli à comble. Ce qui semblerait correspondre aux
faits d’après un texte du 1er mars 1759 (1 ). « Le procureur du Roy a remontré
que sur les différentes denrées qui se vendent à mesure comble, il se commet
journellement des abus très considérables auxquels il est essentiel de remédier.
Le boisseau nantois qui doit contenir 446 pouces cubiques, les contiendra
toujours, soit qu’il ait plus de profondeur et moins de diamètre, soit qu’il
ait moins de profondeur et plus de diamètre ; mais le comble qui s’élève
sur ce même diamètre, sera plus ou moins grand ou plus petit en raison de
sa base, qui est l ’ouverture et le diamètre du boisseau. Il est donc intéressant
pour le public et principalement pour cette partie affligée que la nécessité
contraint de vivre de menus grains comme orge, pois, fèves, avennes, etc...,
qui se vendent à mesure comble, de fixer et rapporter les dimensions que doit
avoir le boisseau nantois tans dans sa largeur que dans sa profondeur... ».
Il va de soi que, dans toutes ces évaluations, il est admis tacitement que
les variations du poids spécifique des grains n’interviennent pas.
En résumé, la prudence s’ impose en ce domaine, sinon les risques d’erreur
peuvent être grands en se référant simplement aux valeurs « en poids » des
grains. En outre, un facteur de perturbation peut aggraver sensiblement ce
risque, puisque la masse de la livre n’est pas identique dans toutes les villes
(nous le constaterons dans le chapitre suivant) et qu’il n’est pas toujours pos-
sible de déterminer avec une certitude suffisante la valeur de la livre en tel
ou tel lieu et à telle ou telle époque.
— 176 —
L ’é v e n ta il d e s m e su r e s d e liq u id e s en u sa g e à P a r is se p r é se n te a in s i q u ’il
suit :
Muid .......................................................................................................................... 1
Feuillette .................................................................................................... 1 2
Quartau........................................................................................... 1 2 4
S e tie r.................................................................................... 1 9 18 36
Pot (ou quarte) ........................................................ 1 4 36 72 144
P in te .................................................................... 1 2 8 72 144 288
Chopine (ou s e t i e r ) .................................. 1 2 4
Demi-setier......................................... 1 2 4 8
Posson ....................................... 1 2 4 8 16
Demi-Posson ................... 1 2 4 8 16 32
R o q u ille ................... 1 2 4 8 16 32 64
Du X V I e siècle à la fin du xvm e siècle, la contenance du muid de Paris
ne paraît pas avoir subi de variations notables. Elle était de 288 pintes ou
36 setiers, lorsqu’il s’agissait de vin clair (ou vin sur lie) et de 37,5 setiers pour
le vin mesuré avec la lie (marc et lie ), ou vin de vendange.
Cette double définition de la jauge du muid faisait l’objet d’un édit royal
de 1557, renouvelé en 1715 par des lettres-patentes de Louis XIV, le rendant
exécutoire dans tout le royaume.
Le règlement de 1557 tendait à mettre fin aux abus des jaugeurs qui me-
suraient à la fois le vin et la lie, outre-passant ainsi les dispositions d’un édit
de François 1er, pris en 1527 et portant que tous les vins amenés à Paris
seraient mesurés à la jauge de cette ville : la queue à 54 setiers et le muid à
36 setiers — exception faite des vins de la Loire « ...pourvu que la queue
tienne cinq à six setiers de plus que la jauge françoise » (1 ). Il n’était donc
pas question dans ce document de la lie, ce qui laissait entendre qu’on ne
devait mesurer que le vin pur.
Le setier se composant de 8 pintes, le muid était compté :
— soit à 8 X 36 = 288 pintes de vin clair;
— soit à 8 X 37,5 = 300 pintes de vin sur lie.
Mais à Paris, dans la pratique commerciale, le muid de vin tiré au clair
était compté à 280 pintes (et à 300 sur lie) (2 ). 1
2
(1) P au ct o n . Op. cit., p. 25. A noter que le règlement du roi François 1 " supprimait
la distinction entre les deux sortes de jauges utilisées jusqu'alors; l’une pour les vins de
Bourgogne venant des régions d’au-delà de Sens, l’autre pour les vins français des vignobles
en deçà de cette limite.
(2) Suivant un règlement de Louis XIII, signalé dans les Archives départementales
de l’Indre. Série Q, p. 105.
P a u c t o n . Op. cit., donne aussi cette valeur en 1780.
— 177
La valeur de la pinte de Paris ne paraît pas nettement déterminée. La
commission du département de la Seine l’évalua en l’an VII à 46,95 po1 34
25
(0,931 1). Mais la même commission évalua l’étalon du setier (8 pintes) à
380,696 po3 ou 7,56 1.
Or, le setier de 8 pintes mesurait 8 X 0,931 = 7,45 1 en partant de la
pinte à 46,95 po3 (0,931 1).
Réciproquement, la pinte mesurerait 7,56 : 8 = 0,945 1 en partant du
setier de 380,69 po3 (7,56 1).
— 178 —
vi davant totz sans conte sieys vins et huech liais et apres totz sans sieys vins
liais ». (1 ).
Donc à Albi, au X I I I e siècle, la pipe de vin de vendange comptait 8 setiers,
soit 128 liais ou 512 cartons, puis de la Toussaint aux vendanges suivantes
7,5 setiers, soit 120 liais ou 480 cartons.
Cependant, il paraît, au moins dès 1481, que le muid de Paris avait doublé,
passant de 144 à 288 pintes (2 ). Ceci laisse présumer qu’entre le xive siècle
et la fin du X V e siècle, le muid de 144 pintes devint le muid de vin clair d’une
part et que, d’autre part, ce muid fut doublé et passa de 144 à 288 pintes.
En 1330, le tonneau de Paris comptait 6 muids (3 ), soit au clair 128 X 6 =
768 pintes, soit marc sur lie 144 X 6 = 864 pintes. Le tonneau conservant
ces contenances après le doublement de l’ancien muid composé de 3 nouveaux
muids au lieu de 6.
(1) « C’est assavoir que la pipe de vin à la mesure d’Albi compte de la Vendange à
la Toussaint huit setiers de vin et de la Toussaint aux Vendages suivantes sept setiers
et une émine, et chaque setier comprend seize liais et chaque liai quatre cartons et la
pipe de vin contient avant la Toussaint 128 liais et après la Toussaint 120 liais. »
(2) G u i l h i e r m o z . De l'équivalence... Op. cit-, p. 56.
(3) DU C a n g e . Op. cit., col. 856 : « Et tous autres tonneaux, quel part que ils soient,
doivent tenir, se ils sont de droite moison, VI muis chaseun, à la mesure de Paris, et la
queüe III muis... ».
( 4 ) Cette question a été notamment traitée par M. R e n o u a r d (Y ). Cf., par exemple;
« La capacité du Tonneau bordelais au Moyen Age. » in Annales du Midi, n° juillet 1953,
p. 395 s.q.
(5) Du Ca n g e . Op. cit., col. 856 sq., au mot « Modius ».
— 179 —
Admettons (par hypothèse) que la capacité moyenne du tonneau bordelais
ait été de 850 1 ; dès lors, la pinte de Paris aurait mesuré :
—• soit 850 : 848 = 1 litre;
— soit 850 : 944 = 0,90 1.
La moyenne étant de 0,95 1 et la pinte de Paris mesurant 0,93 1 à la fin
du xvm e siècle, la stabilité de cette pinte, depuis le X IV e siècle, semble probable.
C’est pourquoi nous adopterons désormais les valeurs suivantes, qui nous
serviront d’éléments de comparaison.
V e rs le XIVe - v e r s la f i n du D u x v i e à la f i n d u x v m c
XVe s iè c le s iè c le
V in m a r c 1 m u i d = 1 8 s e tie rs = 1 4 4 p in t e s 1 n iu id = 3 7 ,5 s e tie rs = 3 0 0 p in t e s
su r lie = 134 1 e n v ir o n = 2 7 9 1 e n v ir o n
*
**
Après avoir tenté de déterminer la valeur approchée des anciennes me-
sures de capacité pour les matières sèches et les liquides, employées à Paris
depuis le xive siècle, nous allons examiner un certain nombre de mesures
autrefois en usage dans notre pays. Parmi les éléments documentaires aux-
quels nous ferons appel, interviendront des spécimens d’anciennes mesures
conservés dans les musées, que nous avons pu soumettre à l’étude métrologique,
lorsque l’état de conservation de ces objets, leur facilité d’accès et les moyens
techniques, dont nous disposions, nous ont permis la réalisation de ce travail.
— 180 —
extérieures diamètre = 438 X 420 mm.
hauteur = 355 mm.
intérieures diamètre = 420 x 408 mm.
hauteur = 322 mm.
Sa contenance est de 43,3 1 : elle équivaut à peu près à 4 boisseaux de
Paris (boisseau B1 antérieur à 1669-1670 : 4 X 10,84 = 43,36 1).
2° Le boisseau de Jumièges et de Duclair, étalon en bronze daté 1570, en
très bon état de conservation. De forme cylindrique et reposant sur trois
pieds, il est muni de deux anses à mi-hauteur et porte l’inscription sui-
vante : « BOYSSIAU DES RELIGIEUX PRIEURS ET COUVENT DE
L’ABBAYE DE JUMIEGES POUR SERVIR DESTALLON, EN LEURS
MARCHES ET BARONNIES DE DURCLER ET JUMIEGES SUIVANT
LARREST DE LA COURT DE PARLEMENT DU QUATRIESME DE
FEBVRIER MIL V CENS SOIXANTE ET DIX ».
Il a pour dimensions :
diamètre = 460 mm.
extérieures hauteur (avec les pieds) = 310 mm.
hauteur de la mesure proprement dite = 238 mm.
intérieures diamètre = 395 X 396 mm.
hauteur = 228 mm.
Sa capacité est de 28 1 en chiffres ronds (27,92 1).
3° Les mesures de Saint-Wandrille (1 ). Elles sont de laiton, au nombre de
cinq, en forme de cône tronqué et portant chacune, gravées sur la surface
latérale : les armes abbatiales, l ’inscription « LARDENIERE — : :
JAVGE : : DE . ST VANDRILLE : : » et une fleur de lis en relief,
gravée au-dessus de « Lardenière », dans l ’arc des armes de l’abbaye.
Le plus grand de ces vases est muni d’une anse.
L’étalonnage de ces mesures nous a donné les résultats ci-après.
Diamètres Capacité
Hauteur Capacité
déduite du
interne en litres
supérieur inférieur p o t(n ° 1 )
— 18 1
La comparaison des valeurs portées dans les colonnes (5 ) et (6 ) nous
permet de constater, qu’à l’exception du n° 3, l’échelle déduite du Pot est ho-
norablement respectée. La différence relative la plus élevée entre la valeur
réelle et la valeur théorique déduite du n° 1 n’atteint que 2,4 °/°° (mesure
n° 2 ). Du point de vue technique, ces anciennes matrices, qui se situent aux
alentours des X V I I e et x v m e siècles, furent ajustées avec une précision assez
remarquable. Quant à l’étalon n° 3, l’hypothèse n’est pas à conclure qu’il
appartienne à une autre série.
4° Quatre étalons de cuivre de la Vicomté de l’Eau, datés de 1750 ; quatre
mesures de cuivre non datées, qui sont des subdivisions du Pot d’Arques
et une mesure en cuivre d’un demi-pot d’Arques, datée 1713.
Ces objets sont tous cylindriques et portent des inscriptions légèrement
gravées sur leur surface latérale, en caractères cursifs.
— 182 —
Dans le tableau suivant, nous groupons les résultats de ces étalonnages,
la capacité de chacune des mesures étant exprimée en cm3.
Capacité déduite
Mesures Capacité réelle
du Pot
— 183
Contenance Valeur réelle Contenance
Mesures des mesures déduite du
déduite du
pot d’Arques du musée pot de Paris
— 184 —
Datés dans la collection comme n’étant pas antérieurs au x vm e siècle, ces
objets portent leur dénomination finement gravée, en écriture cursive, sur
leur surface latérale. Un médaillon est gravé au voisinage de cette inscription
et porte trois fleurs de lis (s’agissant des deux premières mesures, pot et
pinte de Paris), l’agneau pascal orne le champ du médaillon. Sur le pourtour
de chaque mesure, au voisinage du bord, trois petites fleurs de lis sont gravées
légèrement et plus ou moins espacées les unes des autres.
Les résultats des étalonnages font l ’objet du tableau ci-dessous.
— 185 —
II
pourcen- Valeur théo-
Valeur ac- Echelle théo- Pourcentage
tage rique déduite
tuelle en rique déduite (5 ) par
Mesures (3 ) par de la pinte
cm3 du pot actuel rapport à (2)
rapport à (2) actuelle
*
**
— 186 —
Sur ces gabarits « A » et « B », de forme prismatique à section octogonale,
des traits de longueur variable sont gravés, accompagnés d’inscriptions préci-
sant qu’il s’agit des dimensions réglementaires de telle ou telle mesure.
Parmi celles qui sont désignées, deux spécimens sont conservés au musée
de Nancy :
— n° 48 : un bichet en bronze (m atrice) ( 1 ) ;
— n° 49 : un demi-bichet en bronze (matrice (1 ).
La coupe cylindrique n° 48 est munie de deux anses. Elle porte gravés en
relief, l’écu aux armes de Lorraine et l’inscription : MATRICE DU BICHET
DE NANCY POUR LA CHAMBRE DES COMPTES DE LORRAINE.
Elle a pour dimensions : diamètre intérieur : 500 mm environ ;
hauteur intérieure : 149 mm environ.
Capacité déduite de l’étalonnage : 29,4 1.
La seconde coupe cylindrique présente les mêmes caractéristiques que la
précédente. Elle porte l’inscription : MATRICE DU DEMY BICHET DE
NANCY POUR LA CHAMBRE DES COMPTES DE LORRAINE.
Elle a pour dimension : diamètre intérieur : 390 mm environ ;
hauteur intérieure : 121 mm environ.
Capacité déduite de l’étalonnage = 14,6 1.
Comparons ces résultats expérimentaux à la capacité théorique de ces
mesures déduite de leurs dimensions et à la capacité calculée en partant des
gabarits des diamètre et hauteur de ces matrices tracés sur les règles. Les ré-
sultats obtenus sont groupés ci-après.
Capacité en litres
Par étalonnage 29,4 env. 14,6 env.
Déduite des dimensions actuelles 29,25 env. 14,45 env.
Déduite du gabarit « A » 29,06 env.
Déduite du gabarit a B » 29,15 env. 14,15 env.
(1) Suivant les indications fournies par la Conservation du musée, ces deux matrices
auraient été établies sous le règne de Charles III de Lorraine.
— 187 —
13
Quatre valeurs différentes peuvent ainsi être attribuées au Bichet : 29,4 1;
29,25 1; 29,06 1 et 29,15 1, soit en moyenne 29,22 1.
Sa capacité calculée respectivement à partir des dimensions réglementaires
concrétisées par les gabarits « A » et « B » ne diffère de la valeur moyenne
que de 0,16 1 (0,5 °/o ) et de 0,07 1 (0,2 % ) .
La valeur moyenne diffère de la valeur calculée d’après les dimensions
réelles, de 0,02 1 (0,1 °/o ) et de la capacité déterminée expérimentalement de
0,18 1 (0,6 % ).
Dans ces conditions, la contenance de la matrice du bichet de la Cour
des Comptes de Lorraine pourrait se fixer à 29,22 1 à ± 0,5 % environ. Par
conséquent, il semble que ce prototype ait répondu à sa définition, figurée
sur les gabarits, avec une bonne approximation. Ce qui laisse supposer que
des procédés techniques permettant d’accéder à une précision fort honorable
pouvaient être mis en œuvre dans la seconde moitié du X V I e siècle à Nancy.
La capacité du demi-bichet, déduite de celle du bichet établie en fonction
de ses dimensions actuelles, serait de 29,25 : 2 = 14,62 1. Déduite du gabarit
« B », la contenance du demi-bichet est de 14,15 1. Rappelons que sur le ga-
barit « B » la hauteur du demi-bichet mesure 118,5 mm en moyenne; elle
est donc inférieure de 2,5 mm (soit : —- 2 % ) à la hauteur réelle de cet
étalon.
Calculée d’après ses dimensions actuelles, la contenance du demi-bichet
est de 14,45 1; expérimentalement elle atteint 14,6 1. Cet étalon aurait ainsi
quatre valeurs différentes résultant :
a) des dimensions réelles actuelles . . ...................................... 14,45 1;
b ) de l’étalonnage ........................................................................ 14,6 1;
c ) de la comparaison au bichet (déduite des dimensions
réelles du b i c h e t ) ................................................................... 14,62 1;
d ) du gabarit « B » ......................................................... .......... 14,15 1. (1)
(1 ) La valeur (d ) n’est pas en harmonie avec l’ensemble des résultats obtenus jusqu’ici.
Elles s’applique peut-être à un autre objet que la matrice du demi-bichet. C’est pourquoi
nous ne la faisons pas intervenir dans nos calculs.
— 188
trice du demi-bichet pourrait donc s’établir à 14,53 1 à ± 0,5 % près. Le
léger décalage entre la demi-capacité du bichet, 14,61 1 et la capacité du demi-
bichet, 14,53 1, soit 0,08 1 ( 0 ,6 % ) , résulte d’erreurs inévitables inhérentes
à toute opération de mesurage.
Passons à présent aux mesures de liquides conservées au musée Lorrain.
Une série de cinq mesures en bronze, aux armes de Lorraine, fabriquées
sous le règne de Léopold de Lorraine (entre 1690 et 1729) (1 ), comprend
le pot, la pinte, la chopine ou gallon (demi-pinte), le demi-setier, le quart de
gallon ou roquille, ou posson.
Ces mesures ont la forme d’un cône tronqué et sont munies d’une anse et
dépourvues de toute inscription. Leur étalonnage nous a fourni les résultats
ci-après :
56 Pot 2,447 1
57 Pinte 1,226 «
58 Chopine ou gallon 0,618 «
59 Demi-setier 0,308 «
60 Quart de gallon ou roquille 0,155 «
Contenance
Valeur Pourcentage
Mesures déduite de expérimentale
celle du pot
— 189 —
Afin de fixer les idées, nous allons comparer ces variations aux tolérances
prescrites par les ordonnances de 1839 concernant la fabrication des poids
et mesures (1 ).
A cet effet, nous indiquons, dans le tableau ci-contre, d’une part les
erreurs tolérables en plus sur le poids de l ’eau que doivent contenir les me-
sures métriques en étain et, d’autre part, les variations exprimées en grammes
déduites du tableau précédent :
*
**
(1 ) Service des Poids et Mesures. Recueil des ordonnances et Instructions publiées sur
la fabrication et la vérification des poids et mesures en exécution de la loi du 4 juillet 1837.
(Paris, 1839, in-8° 256 p .).
(2 ) Signifie « Mesure à Crème ».
— 190 —
LES ETALONS DU MUSEE DE LA BIBLIOTHEQUE MUNICIPALE DE
DIJON.
L’étude de la collection métrologique conservée à la Bibliothèque muni-
cipale de Dijon nous a permis de recueillir d’utiles informations, à la fois
métrologiques et techniques, doublées de renseignements fournis par divers
documents d’ archives.
Cette collection est composée, outre les mesures de longueur et les poids,
de vingt-quatre anciennes mesures de capacité, datées de 1560, 1577, 1679,
1692, 1700 et 1766.
Antérieurement à 1560, la ville disposait d’étalons, puisqu’en 1428, elle
rémunéra le fondeur de cuivre Pierre Bourbet qui a fait, pour le compte
de la municipalité, en fournissant le métal, trois paires de mesures à liquides :
mesures à vin, mesures à huile, mesures à fleurs, verjeul et vin aigre (1 ).
Aux alentours de 1455, Etienne Quarrey, fondeur de cloches et potier de
cuivre, fait un compte rendu du travail qu’il a exécuté à la suite de l’achat
par la ville de « ...cuivre et autres métaux pour une nouvelle fonte des poids
et mesures... » (2 ).
En 1559, le fondeur Benoit Laurent perçoit 70 sous tournois, prix des me-
sures à vin, huile et fleurs de farine, qu’il a coulées « ...pour servir à la police
de la ville et esgandiller les autres mesures... » (3 ).
En 1569, il est question d’une « ...grande mesure à deux ances dans la-
quelles sont les mères-mesures à huille, tant la pinte, pintet et chauveaul avec
demi-chauveaul et la mesurotte, qui sont six pièces de cuivre... » (4 ).
Enfin, deux ordonnances municipales concernent respectivement la ré-
forme des mesures à grains effectuée en 1692 et 1693 et la création d’une
mesure à lait en 1700 (5 ). Puis, en 1710, un contrôle général des mesures
est entrepris (6 ).
Dans la collection de mesures dijonnaises, nous trouvons :
1° Cinq mesures datées 1560 : elles sortent peut-être de l’atelier de Benoît
Laurent ;
2° Une mesure de 1577 ;
3° Une mesure datée de 1679;
4° Treize mesures datées 1692 et 1693 (issues de la réforme des mesures si-
gnalée plus h a u t);
5° Une mesure datée 1700 (le demi-chauveau à lait), création précitée;1
6
5
4
3
2
192 —
6° Deux mesures portant leur propre état civil. Il s’agit de deux matrices
pour le mesurage des sacs à charbon, établies en application d’un règle-
ment du 22 avril 1766;
7° Pour terminer cet inventaire, signalons une mesure en bois, aux armes
de l ’abbaye de Citeaux, datée 1699.
Les cinq étalons de 1560 sont revêtus d’inscriptions en caractères gothiques
désignant leur calibre, de l ’écu aux armes de la ville et de la date 15-60.
Dans le tableau ci-dessous, nous groupons les résultats de leur étude :
Diamètre
Numéro Capacité Inscriptions Hauteur intérieur
au col
(1 ) Seule inscription avec la date et le mot « fleurs ». Le fond a été réparé ; c’est sans
doute une pinte.
(2) Cette seconde inscription paraît être postérieure à 1560 et n’est pas en caractères
gothiques.
Capacité
(1) M. G ras , Archiviste en chef de la Bibliothèque municipale de Dijon, que nous avons
consulté, n’a pas jusqu’ici trouvé de documents permettant d’élucider cette question avec
certitude.
— 193 —
Ces variations relatives sont peu élevées, si l’on songe que ces mesures
fondues en 1559-1560 furent employées pendant une longue période. Du point
de vue technique, elles peuvent s’ apparenter aux mesures du bichet et du
demi-bichet de Nancy, fabriqués vers la même époque.
Abordons à présent les étalons de 1692 et 1693.
Les mesures datées de 1692 composent une série de matrices destinées
au mesurage du vin et de l ’huile. Ces objets furent peut-être mentionnés dans
un inventaire de 1705 (1 ) où sont énumérées cinq mesures à vin, cinq mesures
à huile, quatre mesures aux fleurs et une mesure au lait.
Actuellement, les matrices de 1692 sont au nombre de cinq pour le vin
et de trois pour l ’huile.
Nous groupons, dans les tableaux ci-après, les résultats de l ’étude de ces
étalons. Les mesures pour le vin portent chacune une inscription désignant
leur calibre, un grand écu aux armes de la ville accompagné de la date 1692.
Capacité Diamètre
Numéro Inscriptions Hauteur
actuelle au col
— 194 —
En prenant pour base de l ’échelle mensurale la pinte de 1637 cm3, nous
obtenons les résultats suivants :
Capacité
Mesures Pourcentage
déduite
de la pinte réelle
Diamètre
Numéro Capacité Inscriptions Hauteur
au col
L’échelle des mesures s’établit comme suit, en prenant le pintet pour élé-
ment de base. :
Capacité
Mesures Pourcentage
déduite
du pintet réelle
— 196 —
Ce qui tendrait à prouver qu’en 1692 les opérations d’étalonnage étaient
susceptibles d’atteindre une précision très satisfaisante. Or, nous venons
d’aboutir à une conclusion opposée, qui résulte de l’étude des mesures pour
le vin, mesures paraissant sortir du même atelier que les mesures à huile.
1 pintet = 0,948 1.
1 chauveau : 0,474 1.
1 mesurotte = 0,118 1.
Or, l ’étalon du chauveau à huile daté de 1679 mesure 0,471 1, valeur toute
proche de celle qui résulte des équivalences données par Paucton. Dans le
tableau ci-après, nous groupons ces résultats :
— 198 —
Par rapport
Equivalences
Etalons de Dijon Capacité à Paucton :
(Paucton 1780)
% en plus
— 200 —
Dijon. « PINTE A HVILLE 1577 » ( 1 ,9 9 3 ])
— 201 —
Les mesures à grains se composent de coupes en cuivre, sensiblement hé-
misphériques ; le bord supérieur de chaque coupe est formé d’un méplat, ou
bordure, de 25 mm environ de largeur, auquel sont soudées deux petites
anses.
L’écu aux armes de la ville est insculpé au fond des coupes, sur les anses,
et répété six fois sur la surface latérale interne. Une inscription est gravée sur
la bordure de chaque coupe et en précise notamment le calibre. Nous repro-
duisons ces indications à la suite des caractéristiques métrologiques de ces
objets.
Nous en avons étalonnés deux — par empotement — • mais l’état de conser-
vation de la troisième coupe ne nous a pas permis d’effectuer la même opé-
ration :
i Diamètre
Numéro Profondeur Capacité à ± 0,5 %
intérieur
Inscription de la coupe n° 9.
COVPE . AV . REZ . POVR . LEMINAGE . DONT . LES . HVIT . FONT .
LA . MESVRE . AV . REZ . ORDONNEE . PAR . DELIBERATION . DES .
NOTABLES . DV . 31 . AOVST . 1693 . ET . CELLE . DV . 26 . SEPTEMBRE
. SVIVANT . ET . CONFIRMEE . PAR . ARREST . DV . PARLEMENT DE .
PARIS . DV . 25 . JANVIER . 1698.
202
Dijon. « DEMYE MESVROTTE A HVILLE 1560 >, (0,1254 1)
(X) Telle est l’inscription gravée sur la bordure d’une coupe en laiton. Son diamètre
est de 195 mm et sa profondeur de 58 mm.
Cette coupe est, bien entendu, marquée aux armes de la ville et aux armes royales.
(2 ) Sur cette même surface latérale, le nom « G. B e n o i t » est inscrit en creux et en
grands caractères.
(3 ) Soit à peu près 1,33 pieds R4 (le pied R4 mesurait 33 cm environ.).
— 204 —
Dijon. « COVPE - AV - REZ 1693-1698 » (3,600 1)
Photos Bibliothèque Municipale de Dijon
mesure de Dijon. Malheureusement, le manuscrit ne fait pas allusion à la
hauteur (interne ou externe) du récipient.
Il nous reste à mentionner, dans cette intéressante collection, les deux ma-
trices « dimensionnelles » des sacs à charbon, seuls spécimens que nous
ayons jamais découverts jusqu’ici et qui ont leur état civil aux archives. Il
s’agit de deux plaques de tôle rectangulaires ; la première mesure 97 cm X
43,5 cm, son épaisseur est de 5 mm. Elle porte l’inscription ci-après :
HAUTEUR ET LARGEUR
MATRICE DU GRAND SAC DE CHARBON
REGL' DU 22 AVRIL 1766
Chapuis, dans ses recherches sur « Les foires et marchés de Dijon » (1),
donne de curieuses et intéressantes indications sur le mesurage du charbon.
En 1413, le marché au charbon était « ...près de la muraille que Jean
sans Peur fit démolir en 1419 pour établir un jardin au nord de son palais.
Le marché fut transporté sur la place qui prit le nom de place de la Char-
bonnerie » (2 ).
« L’ancienne mesure des sacs à charbon était une tige de fer... Cette verge
à charbonnier qui laissait prise aux fraudes fut remplacée par un étalon en
pierre posé le 2 mai 1496 au pied de la croix dressée au milieu de la place... »
(3 ). Cette pierre avait été taillée par Richard Doyen, maçon qui a « ...assis
une table de pierre mise en la charbonnière près de la Croix y restant en
quoy l ’on mesure les sacs à charbon... » (4 ).
« Les sacs devaient avoir le volume de cet étalon. Cette mesure rustique
servit jusqu’en 1646, et fut remplacée par une matrice déposée à l’Hôtel de
V ille ; puis en 1766, il fut délibéré que la vente serait faite en grands sacs
et en petits sacs, en conséquence : sera taillé deux pièces de taule ou fer battu
des hauteurs et largeurs prescrites pour lesdits sacs, lesquelles seront plombées
sous le vestibule de l’Hôtel de Ville, afin que les sacs qui sont amenés par
206 —
les marchands voituriers ou revendeurs de charbon puissent être facilement
confrontés... » (1 ).
Dans le statut du X V e siècle concernant la profession des charbonniers,
il est dit à l’article X II :
« XII. Item. Et quant au charbon que l’on amène des pays devers Auxonne
en petits sacs nommez moingeotes, lesquelles doivent estre de haulteur chacune
de XXIIII pouces qui sont deux pieds et de seize pousses de large... » (2 ).
La plaque des petits sacs de 1766 mesure 38 cm de longueur sur 67,5 cm
de hauteur, dimensions qui, exprimées en pieds et pouces de Roi, deviennent
à peu près :
largeur = 14 pouces (à peine)
hauteur = 25 pouces
exprimées en pied R4 de Bourgogne, nous obtenons :
largeur = 14 pouces
hauteur = 24 pouces et demi
d im e n s io n s r e la tiv e m e n t v o is in e s de c e lle s fix é e s au XVe s iè c le , d on t l ’e x -
p r e s s io n en u n ité s m é tr iq u e s d on n e :
largeur = 44 cm
hauteur = 66 cm.
*
**
207 —
Numéro Mesures Inscriptions Capacité
Elle stipule en outre que « ...La présente ordonnance sera exécutée dans
tous ses points aux peine et amendes portées par celle du 9 mars 1715 ».
Dans ces conditions, la pinte de Lille aurait mesuré 526 cm3. C’est la pinte
non inscrite qui, dans la série précitée, se rapproche le plus de cette valeur
(524 cm3).
— 208 —
Comme nous pouvions le prévoir, les mesures de faible capacité (demi-
pinte et quart de pinte ou mesure de muscin) s’écartent le plus de leur valeur
théorique. Dans leur ensemble, compte tenu de l ’usure inévitable qui a pu
affecter ces matrices, il est possible qu’à l’origine elles aient été ajustées à
moins de 0,5 °/o, notamment les trois premières matrices.
*
**
Deux méthodes furent mises en œuvre par les savants pour déterminer la
capacité de l’étalon.
209 —
1° Ils firent faire un vase cylindrique de fer-blanc d’une capacité « ...parfai-
tement égale à la matrice... », ce qu’il vérifièrent « ...plusieurs fois avec
beaucoup de succès... ».
Les dimensions de cette nouvelle matrice furent prises sur une cc ...échelle
divisée en pouces et en centièmes de pouce du pied de Roy par le sieur
Langlois... » (1 ).
Le diamètre intérieur du récipient était de 3,71 pouces et sa hauteur
7,385 pouces; ce qui correspond à une capacité de 159,7 pouces cubiques de
Roi pour un péga.
— 210 —
Quelques mesures en étain (du musée Paul Dupuy), de forme cylindrique,
munies d’un couvercle et d’une anse, portent l’estampille du potier d’étain
les ayant fabriquées et, gravées au fond, les armes de Toulouse et une date :
1702 ou 1709.
Il s’agit d’un objet cylindrique en bronze, muni d’une anse, de forme rec-
tangulaire. Sur la surface latérale sont gravées, diamétralement opposées,
les empreintes circulaires, assez frustes, du château Narbonnais et du clocher
de Saint-Sernin, anciennes armoiries municipales de Toulouse.
— 211 —
pot Comte Ramond équivalait à 1,33 pot de Bordeaux, soit au xvm e siècle
à 3,03 1 (1 ).
Le péga est mentionné notamment dans un texte des archives municipales
de Toulouse, de 1351, où il est dit que « ...Le roi Philippe VI a permis aux
capitouls de Toulouse de lever pendant trois ans une imposition de treize
pegas et demi de vin par tonneau. Le roi Jean confirme cet octroi avec proro-
gation de six années au-delà du ternie primitivement fixé » (2 ).
Du Cange estime que le péga toulousain équivalait à huit sextiers de Paris.
Il ne peut s’agir que du péga à la mesure du Comte Ramond, car le setier
de Paris étant de 0,4656 1, 8 setiers valaient 3,724 1. Or, en partant du péga
ordinaire de 3,16 1, le setier équivaudrait à 3,16 : 8 = 0,395 1, valeur infé-
rieure de plus de 16 °/o à celle du setier parisien.
Bien que l’étalon du péga examiné en 1754 n’existe plus (du moins dans
les musées de Toulouse), nous pensons qu’il n’est peut-être pas impossible
de trouver une figuration de cet objet dans une peinture anonyme de la fin
du X V I e siècle (conservée au musée des Augustins à Toulouse) et représen-
tant les « Quatre fonctions du Capitoulat toulousain ». La petite mesure de
liquide, de forme tronconique munie d’une anse, placée à gauche de la me-
sure à grain, pourrait en fournir un exemple.
En résumé, les rares spécimens conservés au musée Paul Dupuy justifient
l’existence des deux anciennes unités de mesure de liquides : péga de 3,16 1
et péga « à la mesure du Comte Ramond » de 3,78 à 3,80 1.
— 212 —
met le carton à 4 émines ou 16 cartières. Par ailleurs, ce document signale
que les mesures en pierre de Saint-Pierre, Saint-Géraud et Saint-Etienne,
sauf celles des noix et de l ’avoine, doivent être égales et conformes aux « car-
tières » de cuivre de Saint-Etienne et de Saint-Sernin.
(1) Nous sommes ici en présence d’un exemple typique de l’emploi de termes identiques
pour désigner des mesures agraires, des mesures de capacité, voire des mesures de masse,
puisque, nous le verrons ultérieurement, le mesalhal et le pogesal désignaient des poids
déterminés.
(2 ) Admanach historique... Op. cit., pp. 261 à 263.
(3) Gu i l h i e r m o z . De l’équivalence... Op. cit., p. 33 sq.
(4) W olff . Op. cit. — D’après le registre d’Estimes de 1335.
— 213 —
Tei'minons en rappelant que les tables de l’an X attribuent au setier de
Toulouse, composé de 4 pugnères, une contenance de 93,26 1, ce qui met la
pugnère à 23,3 1.
Or, nous sommes ici en mesure de fournir un exemple des difficultés aux-
quelles on peut se heurter, lorsque les bases d’évaluation des mesures reposent
sur le poids du grain qu’elles sont réputées contenir.
L’Almanach historique de 1783 — précédemment cité — signale que « Le
setier de blé pèse (à Toulouse) ordinairement de 150 à 160 livres et contient
quatre mesures dont chacune se divise en quatre boisseaux ». A Toulouse, la
livre poids de table, de 408 g environ, était couramment en usage. Cepen-
dant, le texte précédent ne spécifie pas s’ il s’ agit de cette livre ou de la livre
poids de marc de 489,5 g environ. C’est pourquoi nous ferons le calcul dans
les deux cas :
— 214 —
poser, bien que cet auteur ait omis de le préciser, que le setier dont il parle
était le setier d’avoine.
Plusieurs étalons conservés au musée Paul Dupuy ne sont pas d’origine
toulousaine, mais doivent pourtant être signalés :
(1) La légende est coupée de deux écus chargés d’une croix et de deux rectangles au
lion passant. (Indication d’ordre héraldique, donnée par M. Ca i l l e t , Conservateur de
la Bibliothèque universitaire de Toulouse.)
(2) Bagé se trouve à 24 km au nord-ouest de Bourg, département de l ’Ain.
(3) Diamètre extérieur mesuré au col, 143 mm Hauteur interne, 340 mm
diamètre intérieur mesuré au col, 129 mm
Un ergot est fixé à la base du corps de cette mesure auquel un anneau de fer est attaché.
Traces de réparation au voisinage. Au-dessus des anses, sur le col de la mesure, croix potencée
et fleur de lys. Au bas du col, écu en relief chargé de trois losanges en fasces, qui rappellent
les attributs héraldiques gravés sur des poids de Limoux. M. Ca i l l e t , spécialiste en héraldique,
nous a fourni ces indications.
(4) Entre les ibots VIN DE et LORRIZ se trouve une croix.
— 215 —
D’après Guilhiermoz, la pinte d’Orléans pouvait mesurer, au X I V e siècle,
1,12 1 environ (1 ).I1 semble, en supposant bien entendu que cette évaluation
soit proche de la réalité, qu’il y ait une certaine identité entre la pinte de
Lorris et celle d’Orléans.
au plus tard.
Par comparaison avec les mesures de liquides en usage autrefois, par
exemple à Lille, à Saint-Omer, etc... il n’est pas exclu de penser que cet étalon
se composait de 2 pots (ou 2 lots), ou 4 demi-pots (ou 4 demi-lots), ou 8
pintes. Déduite de l’étalon de Mouchain, l’échelle des mesures serait la sui-
vante :
2 pots = 3,94 1
1 pot = 1,97 1
1 /2 pot = 0,985 1
1 pinte = 0,492 1
— 216
Enfin, nous signalons dans la note (1 ) plusieurs mesures conservées au
musée Paul Dupuy. Elles ne sont pas, jusqu’ici, identifiées avec une certitude
suffisante pour nous permettre d’exploiter avec fruit les résultats de leur étude
métrologique.
217
Ajoutons que nous aurons l’occasion de revenir sur les collections du
musée Paul Dupuy, lorsque nous examinerons les mesures de pierre et de
verre. Ce musée conserve en effet l’une des plus importantes séries de mesures
de verre que nous ayons trouvées jusqu’ici.
*
* *
4" — Deux mesures en forme de tronc de cône, munies chacune d’une anse légèrement
arrondie. Elles ne portent aucune inscription et ne sont revêtues que d’attributs héraldiques :
— pour la mesure n° 2302 : vers le bord supérieur, quatre fleurs de lis et sur la surface
latérale cercles légèrement gravés en creux ;
— pour la mesure n° 2303 : vers le bord supérieur, cinq petites fleurs de lis gravées.
Dimensions de ces mesures n° 2302 N° 2303
diamètre intérieur 93 mm 111 mm
diamètre de base 114 140
hauteur 121 env. 160 env.
Capacité 0,98 1 1,933 1
L’ analogie de ces deux récipients, dont les capacités sont presque dans le rapport 2,
pourrait laisser supposer qu’ils appartiennent à une même famille. Toutefois rien, jusqu’ici,
n’a permis leur identification.
( 1 ) D u c -L a c h a p e l l e . Métrologie française ou traité du système métrique décimal à l’usage
du département du Lot. (Montauban, MDCCCVII. in-8 °, 484 p .).
(2 ) I d . — Op. cit., pp. 250-251.
218
Or, nous avons trouvé au musée Ingres les anciens étalons signalés par
Duc-Lachapelle, ainsi qu’un récipient dont la contenance est très voisine du
huitième du coup (ou huitième de boisseau).
L’examen de ces résultats prouve que l ’étalonnage de ces matrices fut au-
trefois exécuté avec soin. Le huitième de coup ( ? ) , mentionné à titre docu-
mentaire, s’apparente à peu près avec la série ; toutefois, aucune indication
ne permet jusqu’ici de savoir si nous nous trouvons en présence d’un objet
inachevé ou affecté à une autre destination.
1 /3 2 '+ 1 /2 5 6 '
Capacité Différence Total
Mesure Table par rapport
réelle absolue (2) + (5)
à (2 )
Les nombres inscrits dans la colonne (6 ) prouvent qu’à plus d’un siècle
et demi de distance, les résultats des étalonnages auxquels nous avons pro-
cédé avec des appareils modernes concordent avec les résultats obtenus à la
fin du X V I I I e siècle. Cette constatation présente un intérêt tout particulier,
(1) Diamétralement opposé à l’écusson principal est gravé un second écusson plus petit.
— 219 —
15
non seulement sur le plan métrologique, mais au point de vue du crédit que
nous pouvons accorder aux présentes tables de concordance.
Par ailleurs, la stabilité des étalons est assez remarquable : ils sont au-
jourd’hui encore en excellent état de conservation, bien qu’âgés de près de
quatre siècles.
— 220 —
a eu en main des renseignements incomplets ; mais il n’est pas impossible
que les mesures conservées au musée soient différentes de celles auxquelles
cet auteur fait allusion.
Ces trois objets de bronze, qui revêtent la forme d’un cône légèrement
tronqué, portent sur leur surface latérale les armes de la ville de Montau-
ban surmontées des lettres U.P. A noter que Duc-Lachapelle ne signale
pas ces lettres U.P.
Les résultats de l’étude métrologique de ces mesures sont consignés ci-
dessous :
Capacité Différence
Capacité Capacité Pourcen-
Capacité absolue Pourcen-
Mesure déduite réelle tage ( 2 )
Tables réelle entre tage (5)
du quart à (3)
an VI (5 ) et ( 6 ) à (6 )
Ce tableau montre clairement que les trois étalons actuels sont en bon
accord entre eux et qu’il n’en est pas de même lorsqu’on les compare aux
valeurs inscrites dans la table de l’an VI ; Duc-Lachapelle précise à ce sujet
qu’on opéra sur un seul étalon, le plus grand, c’est-à-dire celui du quart. Il
est donc possible que nous n’ayons pas affaire aux objets employés en l ’an
VI ; cette hypothèse peut être improbable, mais ne saurait cependant être
rejetée a priori en l ’absence de nouveaux éléments documentaires.
— 222 —
LES MESURES DU MUSEE DE CAHORS.
— 223 —
*
Cette étude métrologique confirme les valeurs portées dans les tables de
l ’an VI et montre que :
— 224 —
C’est le procédé que nous employons lorsque l’état de conservation des
mesures s’y prête. Il permet d’atteindre un degré de précision élevé, souvent
même trop élevé par rapport à la jirécision obtenue en fonction du niveau
des techniques anciennes.
L’expérience prouve que dans les cas les plus fréquents, il est inutile de
pousser la précision au-delà d’un demi ou d’un quart pour cent (0,5 % à
0,25% ). Ces limites furent rarement atteintes ou franchies, sinon aux alen-
tours du x vm e siècle, puisque c ’est vers cette époque que les méthodes et les
techniques de la métrologie commencèrent effectivement à prendre un carac-
tère scientifique.
Il est intéressant de signaler quelques spécimens de mesures, conservés
au musée de Cahors, illustrant la persistance des traditions dans le domaine
que nous explorons.
Il existe en effet quatre mesures de forme cylindrique, en tôle, dont le
fond n’est autre que la section elliptique de ce cylindre par un plan incliné.
La partie inférieure de cette section aboutit à une ouverture pratiquée dans
le corps du cylindre, qui peut être obturée de l ’extérieur grâce à une tar-
gette.
Le corps de chaque mesure repose sur trois pieds, supportés sur un socle.
Enfin, une radoire cylindrique était attachée par une chaîne à chaque objet.
La désignation du calibre est gravée sur le corps de la mesure. Les inscriptions
que nous avons relevées sont groupées ci-après :
— 225 —
non seulement au Moyen Age, mais jusqu’au xixe siècle. Divers spécimens
sont conservés dans des musées, ou encore sont classés monuments historiques.
Des indications plus précises sur ce type de mesure seront données un peu plus
loin (1 ).
Dans les deux musées de Montauban et de Cahors, nous n avons trouvé
aucune trace de mesure à huile. Nous savons pourtant que la vente de l’huile
au détail s’effectuait à l’aide de mesures en fer-blanc, en forme de tronc de
cône à Montauban, cylindrique à Cahors.
En règle générale — qui n’est d’ailleurs pas spéciale au Quercy — la
capacité des mesures à huile correspondait à un poids déterminé de liquide :
livre, demi-livre, quart de livre, huitième et seizième de livre. Les mesures
portaient les noms correspondants : livre, demi-livre...
(1 ) Signalons un texte de la fin du XVIe siècle, relatif aux mesures de grains en usage à
Cahors. Il s’agit d’un acte consulaire de 1592, portant nomination de Pierre Birou, maître
charpentier, à la charge de « Commis à l’affinement, vérification et marque des quartons.
boysseaulx, escandilz et auttres mesures de boys en la dite ville de Caors par le decez de
lacques Vidal, charpentier... » (Cf. Combes . Op. cit., pp. 8-9, note 3).
Birou prête serment et devient « ...marqueur et affineur de toutes les des mesures de
boys en ladite ville... Et pour cest effect avons bayllé audit birou ung carton, ung boysseiU
et une vasque appartenant à la ville marqués de la marque dicelle pour en servir le public... ».
A la fir du XVIIIe siècle, à Cahors, le carton valait 19,5 1; le boissseau (1 /4 de carton)
4,88 1 et l’ once (1 /16e de boisseau) 0,305 1.
La quarte de 4 cartons mesurait donc 78 1 et 2 quartes 156 1, c’est-à-dire le setier de blé
de Paris, composé de 12 boisseaux et 13 1 (boisseau de la réforme de 1670-1671).
(2) D u c -La c h a p e l l e. Op. cit., pp. 392 à 404.
(3) Du c -La c h a p e l l e. Op. cit., p. 402.
(4 ) lu., p. 368.
— 226 —
ETALONS DAUPHINOIS DE SAINT-JEAN DE BOURNAY DES X V Ie
ET X V IIIe SIECLES.
Les étalons de deux mesures en usage à Saint-Jean de Bournay sont conservés
au musée de Vienne (Isère) ; leur description fut donnée par M. A. VASSY (1 ).
L’une des matrices est celle de la mesure pour l ’huile d’olive. Elle est en
cuivre rouge, mesure 90 mm de hauteur, porte diverses marques de poinçon-
nage (2 ) et l’inscription ci-après :
ETALON DVNE LIVRE DVYLE DOLIVE DE SAINCT JEHAN DE
BORNAY 1583.
Cette matrice n’a pas été étalonnée.
Le deuxième étalon est celui du quart de bichet. C’est un récipient de
bronze, de forme cylindrique, muni de deux anses. Il repose sur une base cir-
culaire en retrait par rapport au corps de la mesure. Il a pour dimension :
diamètre intérieur = 300 mm
hauteur intérieure = 180 mm.
Cet objet porte les inscriptions ci-dessous, gravées sur la surface latérale :
— 1er registre : MATRICE POUR LE QVART DVN BICHET MESVRE
DE SAINT JEAN
— 2e registre : DE BOVRNAY FAITE PAR VASTOIS A GRENOBLE
— 3e registre : 17 © 49 accostant une rosette (3 ).
La capacité de cet étalon est de 7,5 1, ce qui met le bichet à 30 1 en 1749,
valeur voisine du bichet de Lyon (34 1 environ), du bichet de Nancy (29,6 1),
du minot de Paris (32,5 1), du ininot de Chartres (31,7 1).
*
* **1
7
— 227 —
MUSEE DE CHALON-SUR-SAONE.
*
**
— 228 —
N° 10. — Minot à avoine. Inscription : MINOT . A . AVOINE . F.P.T.
W ARET .
diamètre intérieur = 46,4 à 45,4 cm env.
hauteur intérieure = 30,1 cm env.
hauteur extérieure = 31 cm env.
capacité = 49 1 env.
N° 9. — Minot à blé. Inscription : MINOT . A . BLED . F.P.T. WARET .
diamètre intérieur = 37,7 cm env.
diamètre extérieur — 38,4 cm env.
hauteur intérieure = 25,5 cm
hauteur extérieure = 25,8 cm
capacité = 29 1 env.
N° 8. — Quartier à hlé. Inscription : QUARTIER . A . BLED . F.P.T.
W ARET .
diamètre intérieur = 31,7 cm env.
diamètre extérieur = 32,4 cm env.
hauteur intérieure = 19,4 cm env.
diamètre extérieur = 20 cm env.
capacité = 15,1 1 env.
En 1330, certains documents de la cour des Comptes, déjà signalés, four-
nissent les équivalences suivantes en ce qui concerne les mesures de Senlis.
— 229 —
Ce qui met le minot à 192,6 : 4 = 48,1 1, en bon accord avec la capacité
de la mesure de 1630 (49 1 environ).
Ce résultat confirme une fois de plus la contenance des mesures de Paris
et de Senlis.
Le quartier de blé est théoriquement le quart de la mine. Celle-ci équi-
valant à 57,8 1, le quartier devait mesurer 14,5 1; nous le trouvons à 15,1 1,
soit : + 0,6 1, d’où une différence de + 4 %, ce qui laisserait supposer un
étalonnage à l’origine insuffisamment précis.
Ces exemples montrent la portée que peuvent avoir les résultats de
l’étude spécifiquement métrologique des collections de poids et mesures
conservées dans les musées, dans l’élaboration de l ’histoire de la métrologie.
*
* *
Les armes de la ville, ainsi que trois inscriptions, sont gravées sur la sur-
face latérale de l’objet. Une quatrième inscription est gravée sous le fond. Le
début de la seconde inscription est ainsi rédigé : « Etalon du minot de la
ville de Chateaudun Fait le 3 novembre 1723... ». La première inscription
relate que « Cet étalon a esté receu en l’ assemblée pvbliqve le dimanche 20
janvier 1726 . présents maistres Léon Martin et Jean Baptiste Perche avocat
et procureur de ville ».
Les dimensions de cette matrice furent prises ainsi qu’ il suit : « Le dia-
mètre intérieur, mesuré suivant 7 directions différentes, a fourni 37 cm ; la
hauteur est en moyenne de 23 cm. En se basant sur ce nombre, le calcul donne
comme capacité du minot de Châteaudun 24,730 1. ... Approximativement,
on peut fixer à 24 3 /4 1 la capacité du minot » (2 ).
(1) Bulletin de la Sté Dunoise. Tome X (1901-1904). Article de M. Vall ée ; Note sur
rétalon du minot de Chateaudun. (pp. 137 à 140).
(2) I d ., p. 139.
- 230 —
Ainsi que le remarque l’auteur, cette valeur (24,75 1) diffère de celle qui
figure aux tables de concordance des anciennes mesures d’Eure-et-Loir, établies
par A. BENOIT en 1843, qui attribuent 24,128 1 au minot de Châteaudun (1 ).
Nous avons vu qu’à cette époque, le muid de blé de Paris valait 1 561 1,
133
ce qui mettrait la mine d’Orléans à 1 561 : — — = 35,2 1.
3
5 X 35,2 176
----------------- = ------- = 12,6 1; et le minot : 2 X 12,2 1 = 25,2 1 valeur en
14 14
bon accord avec celle de l’étalon du minot de Châteaudun renouvelé en 1723-
1726.
Quoi qu’il en soit, il semble qu’il y ait eu une certaine stabilité des me-
sures orléanaises, du x m e au X V IIIe siècle et qu’elles ne subirent pas de pro-
fondes variations durant ce laps de temps.
— 231 —
Une autre équivalence met d’ ailleurs cette stabilité en relief ; elle est fournie
par les archives municipales de Châteaudun (1 ), où nous trouvons : 1 muid
+ 1 minot de Châteaudun = 9 setiers de Chartres.
*
**
— 232 —
Pinot pour remplir l ’office et faire les fonctions d’ajusteur et estallonneur des
poids, balances et autres mesures à bled et à vin dans cette ville » (1 ).
(1) Nantes. — A. M., FF 66, 1742-1744. La nomination doit probablement se situer avant
le 18 juin 1744.
(2) Nantes. — A. M., FF 144, 1540-1791. Il y eut des procès, par exemple entre l’ajusteur
[/(fouette contre une veuve Pinot en 1724 (même liasse) ; des différends assez violents
s’élevèrent aussi entre les maire et échevins, d’une part et le sénéchal d’autre part, ce dernier
ayant nommé ajusteur un sieur François Bellet, tandis que les premiers prétendaient que
le sieur Gioqueau, désigné par le maire, n’avait pas été nommé « ...soubz prétexte et en hayne
du procès qui est pendant entre eulx... », Gioqueau ayant été condamné à une amende de cent
livres et à la prison par les officiers de la justice. (FF 11 liasse, 1575-1649. Délibération des
4 et 10 juillet 1575).
(3) Nantes. — A. M., FF 80, 1759-1762. Registre.
(4) Nantes. — AA. M., FF 66, 1741-1744.
(5) Nantes. — A. M., FF 80, 1759-1762. Registre. Les dimensions de ce boisseau figurent
dans le texte : diamètre intérieur = 10 po, 3 lignes; hauteur intérieure — 8 po, 2 lignes.
233 —
de terre font « ...la fourniture, ladite pippe comble et composée de 28 boissaux,
pesant d’onze à douze cents livres... » (1 ).
*
H
**
Dans les pages qui suivent, nous complétons l’étude précédente par celle
des mesures de pierre et des mesures de verre qui, en raison de la nature des
matériaux dont elles sont constituées, et de leur morphologie particulière, se
distinguent des objets examinés jusqu’ici.
*
**
Les mesures taillées dans des blocs de pierre ont traversé toute notre his-
toire, jusqu’à l’institution et la mise en place définitive du système mé-
trique (2 ).
Leur origine est lointaine. Nous savons que les Romains utilisaient des
tables de pierre dans lesquelles étaient creusées des cavités d’une contenance
déterminée. Quelques spécimens de ces « mensa ponderaria » sont conservées
notamment à Pompéi, aux musées d’Aucli, de Bordeaux et d’Agen.
Les fouilles archéologiques effectuées dans l ’île de Delos ont mises à jour
des pierres de mesure (Secoma), fréquemment en bon état de conservation (3).
Au point de vue morphologique, ces objets ne diffèrent pas très sensible-
ment des mesures autrefois en usage dans notre pays. En nous basant sur
les spécimens qui nous sont parvenus, il semble qu’au cours de la période
féodale, les mesures de pierre aient groupé, sur un seul bloc, une ou plusieurs
cavités, ne servant d’ailleurs qu’au mesurage des grains.
Fréquemment, le bloc est assorti de deux, trois ou quatre, voire six cavités
et même davantage (sur un de ces monuments conservé au musée d’Amiens).
Pour en faciliter l’emploi, le bloc est muni de deux tourillons qui reposent
sur un chevalet.
Des mesures d’un autre type étaient fixées à demeure. Dans ce cas, le
bloc a généralement une forme géométrique et ne comprend qu’une seule
cavité cylindrique, dont la base, inclinée sur la génératrice du cylindre, n’est
autre qu’une ellipse.
Autrefois, les mesures de pierre furent conservées dans les lieux saints,
ou placées dans les halles, sur les marchés, etc...
Paris posséda un très ancien étalon de pierre, cité explicitement dans une
charte de Philippe Auguste de 1187 portant homologation d’un accord conclu
entre les marchands de l’eau et « ...Gathou de Poissi, touchant les péages que
leurs marchandises dévoient payer au passage de Maison-sur-Seine... » (1 ).
Aux termes de ce traité, il est convenu qu’en cas de désaccord sur la mine
qui sert à mesurer le sel, soit qu’elle soit trop grande, soit qu’elle soit trop
petite, on se référera à la mine de pierre étalon, conservée dans la chapelle de
Saint-Leufroy.
(1) F e l ib ie n . Histoire de la ville de Paris (Paris, 1725). Tome 1", p. XCVI, 2e col.
— 235 —
16
l ’usage de renvoyer à la chapelle de S. Leufroy, quand il survenoit des contes-
tations sur les poids et mesures » (1 ).
En nous appuyant sur les documents, d’une part, et d’autre part sur les
objets conservés, nous pouvons chercher à esquisser une perspective de la
diffusion des mesures de pierre en France. Les exemples ci-après n’ont d’autre
objet.
Toutefois, deux modèles ont été signalés depuis cette époque. L’un au
château du Caron : la capacité de cette mesure équivalait au quart du bois-
seau à la mesure de Cluis (3 ). L’autre, en provenance des ruines du château
d’Argenton-sur-Creuse, équivaudrait à peu près au quart du boisseau de
Paris (4 ).
— 236 —
2° La seconde mesure (1 ) est dépourvue d’ornementation, exception faite
d’une espèce de tore ou bourrelet, qui s’enroule autour de la surface la-
térale entre les deux cavités. Leurs contenances sont de 5 1 et de 3 1.
Nous n’avons pas encore réussi, avec certitude, à raccorder ces mesures
à une unité locale bien déterminée.
Il est actuellement possible d’établir une liste d’au moins cent cinquante
spécimens répartis dans toutes les régions, mais ce nombre n’est absolument
pas limitatif. Certains d’entre eux sont conservés dans des musées ; d’autres
subsistent sous des halles ou accostent le portail des églises, ou sont encastrés
dans des ouvrages d’art (mesure du pont de Billon dans le Puy-de-Dôme) ;
quelques-uns ont été classés « monuments historiques ».
— 237 —
Mesurer à « la mesure pialenque » signifiait mesurer à la mesure publique.
Albi a une rue « à la Piala » qui, autrefois, longeait les mesures publiques du
marché (1 ).
Notons que M. Deonna avait identifié, vers 1913, douze mesures en pierre,
en Savoie :
— 238
Les mesures de pierre furent employées à Aix-en-Provence où il restait
encore quelques spécimens sous les halles, signalés en 1867 (1 ).
Les consuls voulaient que ces mesures fussent d’une capacité légèrement
supérieure à celle des étalons de Béziers ( + 2 % en viron ); finalement, elles
furent ajustées sur les matrices de cette ville ; l ’opération est consignée dans
un procès-verbal d’échantillonnage des mesures à bled des marchés de Pé-
zenas sur celles de Béziers (5 ).
BEZIERS PEZENAS
Setier 65,6 1 63 1
Quarte 16,40 1 15,76 1
Pugnère 4,69 1 3,94 1
— 239 —
Il est possible que des modifications soient intervenues entre 1598 et
l ’an VII, puisque les mesures de Pézenas sont plus faibles que celles de
Béziers (—- 4 % ).
Il est possible qu’on ait entendu par « tersière » une mesure qui, par
rapport à sa valeur normale, était majorée d’un tiers. On le constate à Pé-
zenas où la pugnère de 3,94 1 est le quart de la quarte de 15,76 1.
Les mesures de Cordes conservées à la mairie, sont signalées dans une note
de 1658 où il est question de « Réparation aux mesures en pierre... » (5).
Ces mesures furent adaptées beaucoup plus tard aux unités métriques (6).
— 240
Nous avons mentionné la mesure romane conservée au musée Paul Dupuy
à Toulouse, mesure à quatre cavités diamétralement opposées; par ailleurs,
l’ordonnance sur les mesures, de 1197, se réfère aux « ...mesures en pierre
de Saint-Pierre et Saint-Géraud et Saint-Sernin » (1 ).
— 241 —
La mesure E comportait peut-être deux cavités équivalentes E2 et E4 ;
il a pu en être de même des cavités E l et E3.
Les équivalences qui précèdent ne sont données que sous les plus ex-
presses réserves. Cet exemple montre que si « l ’état civil » d’une mesure de
pierre n’est pas précisé à l’époque où elle est déposée dans un musée, les
indications fournies par leur étude métrologique ne permettent pas systé-
matiquement de retrouver leur origine. Cependant, elles peuvent servir de
jalons à une telle recherche.
Ajoutons que les grandes mesures ne sont pas faciles à étalonner. Non
seulement l’accès à ces objets n’est pas toujours aisé, mais en outre les étalons
et les quantités de grains indispensables à l’exécution des opérations ne sont
pas « à disposition ». C’est peut-être pour ces raisons que diverses mesures
identifiées ne le sont toujours pas du point de vue métrologique.
— 242 —
risques d’erreur importante ; mais la confrontation des valeurs calculées à
celles qui résultent de l ’étalonnage direct est de des plus souhaitables.
Cette méthode de jaugeage par le calcul est applicable aux grandes me-
sures. Cependant, elle présente des aléas d’autant plus sérieux que l’irrégula-
rité de l’état de surface des grands récipients peut être parfois la source
d’erreurs particulièrement difficiles à évaluer. C’est pourquoi l ’étalonnage
peut seul fournir des éléments exploitables sur le plan métrologique dans des
cas semblables.
En ce qui concerne l’expression en unités métriques de la contenance des
mesures, une seule décimale peut suffire ; parfois deux lorsque cette seconde
décimale facilite le classement d’une série de mesures de capacité voisines.
Il est absolument vain de pousser les évaluations au dixième de millilitre
sur des capacités de l ’ordre de vingt litres, par exemple (ainsi que l’on fait
certains auteurs), c’est-à-dire à cinq millionièmes près (5 /1 000 000).
Ce degré de précision ne sera jamais pris au sérieux par un métrologiste,
car il est dénué de toute signification, s’agissant de mesures anciennes. En effet,
les méthodes et les moyens techniques dont dispose le métrologiste moderne
lui permettent d’accéder à un degré de précision beaucoup plus élevé que celui
qu’il était possible d’atteindre autrefois, avec des instruments de mesure et des
méthodes rudimentaires. Il est donc inutile d’aller au-delà de ce qui est vrai-
semblable.
Afin de donner un aperçu de la répartition géographique des mesures de
pierre, nous complétons cette étude par une carte indiquant les lieux où nous
avons trouvé trace de leur emploi, carte qui pourrait d’ailleurs être complétée
au fur et à mesure des recherches.
— 244
Le col, dont la hauteur est variable avec la capacité de la mesure, s’évase
à sa partie supérieure et prend dans certains cas l’aspect d’un entonnoir
assorti ou non d’un bec.
Les mesures à bec ont pu être employées à la vente de l ’huile ; les réci-
pients dépourvus de bec auraient été réservés au vin (1 ).
Pour représenter la capacité légale de la mesure, une jauge externe, c’est-
à-dire une tige métallique, parfois en plomb, était maintenue par un collier
en fer-blanc, sur le col de la bouteille qu’elle longeait.
L’extrémité supérieure de cette jauge déterminait la hauteur à laquelle
devait affleurer le niveau du liquide contenu dans le récipient.
Les bouteilles encore pourvues de cette jauge, ou index, sont rares dans
la collection toulousaine. C’est ce qui explique que ces objets provenant de
divers lieux, parfois indéterminés, il est difficile, voire impossible, de pré-
ciser leur capacité réglementaire.
En principe, les mesures de verre devaient porter une estampille, gravée
sur la jauge, justifiant leur origine (la marque était aux armes de la ville) et
leur contrôle par un étalonneur public.
Nous ignorons quel fut le texte autorisant et réglementant l’emploi des
bouteilles-mesures à Toulouse. Par contre, nous avons trouvé des documents
concernant la réglementation des bouteilles jaugées dans d'autres villes di
royaume.
A Cahors, vers la fin du X V I I e siècle, on aurait toléré chez les cabaretier
« ...des mesures en verre en forme de bouteilles polygonales, à condition qu’elle
seraient étalonnées et pourvues d’un cercle de fer-blanc, aux armes de 1
ville, indiquant quelle devait être la hauteur du liquide pour que la mesur
fût exacte... » (2 ).
Les recherches entreprises à notre demande par M. l’Archiviste en Chef dé
parlementai du Tarn-et-Garonne et M. le Conservateur de la Bibliothèqu
municipale de Cahors, n’ont pas encore permis de découvrir le texte su
lequel M. Combes s’est appuyé. Par contre, M. l’Archiviste en Chef nous
communiqué, extrait du Registre du Conseil de Police (Archives de Mon
tauban, I BB 125), la « substance » d’une délibération du 3 janvier 171
concernant les mesures de verre utilisées à Montauban :
« 3 janvier 1711. — Requiert le conseil de police d’ordonner de plus foi
l’exécution de son ordonnance du dit jour, dixième janvier dernier, à l’esgari
— 246 —
:
— 247 —
du taux du vin et en joindre à tous hostes et cabaretiers de faire marquer
leur bouteilles de verre par l’estalloneur public, auxquelles il sera mis la
marque de la ville ».
Or, une bouteille à six pans, portant une jauge poinçonnée, identifiée par
les spécialistes comme étant aux armes de Cahors, est conservée à Toulouse.
Malheureusement, l’état de conservation de cette mesure ne permet pas de
l’étalonner.
248 —
Dans les archives municipales d’Uzès, nous trouvons, entre 1725 et 1728,
une note relative à une « Commande de bouteilles de verre à la mesure de la
ville pour être distribuées aux cabaretiers » (1 ).
A Bourg-en-Bresse, il est question d’un « Réquisitoire » et d’une « or-
donnance sur la capacité des Bouteilles et des Carafons » ; ce document se
situe probablement aux alentours du x v iii ® siècle (2 ).
On sait qu’une déclaration royale du 8 mars 1735 réglementa la fabrica-
tion des bouteilles en vue d’éviter la fraude. Ces récipients devaient avoir
la contenance de la pinte de Paris (0,93 1 ); leur poids était fixé à 25 onces
au moins (765 g ) ; les multiples et sous-multiples ayant une masse à pro-
portion (3 ).
Des textes d’archives de Boulogne-sur-Mer font écho à ces dispositions.
Nous trouvons en effet, en 1734-1735, des « Règlements pour la fabrication
des bouteilles et carafons de verre. » Il est notamment défendu « ...d’intro-
duire des pays étrangers, dans le royaume, des bouteilles et carafons de verre
qui ne soient pas des poids et jauge prescrits » (4 ), par la déclaration royale
de 1735.
Quelques années plus tard, un autre document nous donne d’intéressantes
indications; vers 1744-1747, il est en effet question de la « Jauge des bou-
teilles. Les unes d’un demi-pot ou pinte de Paris, les autres d’une demi-
bouteille ou pinte de cette ville, seront marquées au gouleau d’un cerceau
249
de plomb sur lequel seront empreintes les armes de la ville, et une fleur de
lys sur la soudure... » (1 ).
Puis, en 1784-1785, nous découvrons, dans les « Mémoires et quittances
de bureau », le paiement d’une certaine somme pour « ...la gravure d’un
cachet en cuivre aux armes de la ville, pour marquer les bouteilles, suivant
leur jauge... » (2 ).
A Saint-Omer, où les Pouvoirs municipaux attachèrent un très grand prix
au contrôle et à la surveillance des poids et mesures, ainsi qu’en témoignent
les règlements depuis le second Moyen Age, le vin pouvait se vendre en bou-
teilles jaugées; mais les cabaretiers employaient aussi des mesures en grès,
en bois, en étain, en cuivre et jamais en plomb (3 ).
« Chaque bouteille jaugée portait les armes et le nom de la ville appli-
qués sur l’anneau qui termine le cou ou seulement les armes sur la partie
renflée et les cabaretiers ne pouvaient vendre du vin dans des bouteilles non
jaugées ni marquées ; une exception était faite pour celles venant pleines de
la Champagne... » (4 ).
Ces divers exemples montrent que l’usage des mesures de verre s’était ré-
pandu au cours du X V IIIe siècle et que la réglementation concernant leur fa-
brication et leur emploi était sensiblement identique dans les divers lieux
où nous l’ avons signalée.
La fragilité de ces objets explique leur rareté dans les collections métrolo-
giques. Quelques bouteilles sont conservées au musée Ingres à Montauban,
au musée de Brive, au musée Crozatier au Puy, au musée de Carpentras, aux
musées d’Agen, d’Angers, de Saint-Omer, etc...
Malheureusement, la plupart sont dépourvues de jauge et de marque
d’origine. C’est pour cette raison que leur exploitation sur le plan quantitatif
est aléatoire (5 ).
— 250
QUELQUES ASPECTS DE L’EVOLUTION TECHNIQUE
DE L’ETALONNAGE DES MESURES DE GRAINS DE 1529 à 1773
Vers l a fin du X V Ie siècle, mais surtout au cours des X V IIe et X V IIIe siècles,
les « composantes » techniques de la métrologie entrèrent dans le cycle
évolutif des perfectionnements.
Des améliorations techniques furent notamment apportées au mesurage
des capacités et, plus spécialement, à l’étalonnage des mesures. Elles portent
la marque d’une plus nette conscience des difficultés qui surgissent et qu’il
convient de surmonter lorsque l’accroissement de la précision du mesurage
est l’objectif recherché.
En nous appuyant sur des exemples, nous voudrions essayer d’illustrer
quelques aspects de l’évolution technique de l’étalonnage des mesures de
grains, entre 1529 et 1773.
*
**
Nous commençons par une mesure en usage à Brion (Indre), dont l’étalon
(ou souche) fait l’objet de divers documents de 1529 et 1557. Ceux-ci four-
nissent d’intéressantes indications sur les procédés techniques relativement
sommaires à cette époque, mis en œuvre pour ajuster une mesure.
trats ordonnèrent de donner « ...au erieur qui le criera (le nouveau règlement), deux deniers
seulement et une bouteille qu’ on a accoutumé de porter pleine de vin pour en donner à taster;
— et ceux qui mettront le vin en vente... tiendront l’eau pour rincer les bouteilles... »
(Montpellier. — A. M., tome 1", Fonds dit des Grandes Archives, n° 938, p. 80 1" col. :
« Taverniers abolis ». ).
C h a s s a i n (F ), dans le « Château de Neuville » (Brive 1931. — B. N. 8° LK746599)
signale, p. 21, dans l’inventaire du château, daté du 27 juin 1678, « ...plus sommes en très
dans un petit cabinet... ou nous avons trouvés une casette avec du seil... avec des verres de
christal et des bouteilles de verre de Languedoc... ».
Nous avons indiqué plus haut de quelle manière les potiers d’étain de Saint-Omer
contrôlaient et poinçonnaient les pots de grès et d’étain.
A Amiens on trouve un procédé sensiblement analogue, décrit dans un échevinage du
2 mars 1542 (Amiens. — A. M., 2-3-1542, BB 24, fol. 160 v° ), stipulant qu’en ce qui concerne
les mesures de liquide au vin et à la bière il y « ...sera mis ung clou pardedans, justement au
poinet de leur vroyes mesure et par-dessus ledit clou, auront lesdictes mesures la largeur d’un
paulch (pouce) de hault, affin que plus aisément et sans répandre, l’on puist wyder le vin
et bière desdits mesures. »
Auparavant, un échevinage du 22 novembre 1451 (BB 7, fol. 59) disposait que les
mesures des brasseurs et cabaretiers seraient refaites de telle manière qu’il « ...y aura à
chacune mesure un treu jusques auquel sera la juste mesure soit pot, lot, demy-lot, ou pinte,
et sera la mesure un grand pauch (pouce) plus hault que ledit treu, adfin que, quand on
traira la cervoise prestement, que le clei passera parmy le dit treu, la mesure sera justement
plaine, et l’escume sera desseure ledit treu... ».
A Paris, d’après un arrêt du 6 juin 1598, les mesures à vin devaient avoir « ...outre la
juste mesure, un pouce du surhausse quant aux pintes et mesures plus grandes, et un demi-
pouce quant aux chopines et autres mesures moindres, et que l’endroit où finira la juste
mesure et commencera la surhausse sera marqué d’un filet circulaire au-dedans du vase et de la
même matière... » (Paucton, op. cit., p. 24).
— 251 —
17
En 1529, Guy de Bonnin bailli de Brion, fit ajuster, pour le compte de
sa châtelaine « ...sur l’étalonnage et soche de Châteauroux... », le boisseau
de Brion « ...en sorte que les onze, mesurés à la souche, en fassent douze de
la mesure de Brion... », suivant le rapport de contenance indiqué après en-
quête par les anciens du pays (1 ).
A la suite de cette opération, une « souche de pierre », conforme à la me-
sure et montée sur un chevalet, fut déposée dans la demeure seigneuriale de
Brion pour servir à l ’étalonnage des autres mesures. Toutefois, cette souche
s’altéra au cours du temps.
Le métal étant moins sujet à l ’usure que la pierre, on décida d’établir un
nouvel étalon de cuivre, marqué aux armes de la « Dame de Brion » et
dont elle devint propriétaire en 1557. A cet effet, « ...Antoine Dorsanne,
lieutenant général d’Issoudun, dans le ressort duquel était la seigneurie de
Brion, se fit représenter un boisseau de la mesure de Châteauroux vérifié à
l’étalon du carrouer... » (2 ) et dûment authentiqué puis, en présence du
procureur de la dame de Brion et du tonnelier Jean Alafille, ajusteur de
boisseaux à Issoudun, il fit apporter « ...en son hostel... « deux sacs remplis
de grains de moutarde, qui furent versés sur deux « ...lincieux mesurés à la
mesure de Châtouroux jusqu’à onze boisseaux et razez au rouleau de bois... ».
Un nouveau mesurage, répété douze fois, permit de déterminer la ca-
pacité du boisseau de Brion, dont le modèle devait être reproduit en cuivre,
ainsi qu’il est dit plus haut. Cet étalon était garni « ...d’une barre de fer,
d’une croisée double et marqué... » (3 ).
Sa capacité était de l’ordre d’une dizaine de litres, soit 11/1 2 e du boisseau
de Châteauroux mesurant 10,9 1 en 1564 (étant évidemment admis que la
capacité du boisseau de Châteauroux n’ ait pas varié entre 1529 et 1564 (4).
Ces opérations ont un caractère relativement élémentaire. Elles ne révèlent
aucun fait technique saillant, à l ’exception de la substitution de la « souche
de cuivre » à l’étalon de pierre. Or, ce n’était pas une innovation, puisque
l’emploi d’étalons de métal était courant, déjà bien avant 1564. Toutefois,
les mesures de pierre paraissent avoir été longtemps en usage dans les lieux
252 —
où ce matériau était d’un accès facile, ce qui devait être le cas dans la région
considérée.
L’étalonnage du boisseau de Brion paraît constituer un exemple du niveau
technique moyen des procédés d’étalonnage employés vers cette époque.
Un siècle plus tard, nous sommes en présence d’améliorations techniques
certaines des méthodes de mesure. La trémie intervient dans les opérations,
ainsi que le signalent les documents concernant la réforme des mesures de
Paris (1669-1671).
L’exemple fourni par Paris n’est d’ailleurs pas isolé. Ainsi, l ’emploi de
la trémie est décrété obligatoire pour le mesurage du sel en 1711, dans le
Languedoc et le Roussillon (1 ).
L’appareil devait être conforme aux prescriptions techniques de la dé-
claration du 18 août 1699, qui en fixent la forme et les dimensions : « ...Le
chapiteau sera construit en forme de carré long qui aura de hauteur 3 pieds
4 pouces (108,2 cm environ) en le mesurant par les angles et 3 pieds 3 lignes
(98,1 cm environ) en le mesurant par le milieu et d’ouverture par le haut
sur la face longue 3 pieds 1 pouce en dedans (100,1 cm environ), sur la face
étroite 2 pieds 7 pouces (83,9 cm environ).
« Le chapiteau sera fermé par bas par une platine ou douille enchâssée
dans une coulisse de cuivre dont l’ouverture sera octogone et aura 6 pouces
de tout sens pour le passage du sel... » (2 ).
L’ancien boisseau de Paris était réputé contenir 25 livres de sel et le minot
de 4 boisseaux 100 livres (poids de m arc), ainsi qu’il ressort d’un règlement
du sieur de la Vallée, commissaire du Roi qui, le 23 juillet 1596, décide
qu’en Languedoc, le sel se mesurerait désormais au minot de Paris, mesure
dite renversée (ce qui laisse vraisemblablement sous-entendre une mesure en
forme de trémie) de 100 livres poids de marc (3 ) — « ...mesure rasée sans
laisser grains sur bord... » (4 ).
(1) Hérault. — A. D., n° 137, f° 338, 9 juin 1711 (et même à Peccais pour le sel de Savoie
et des Dombes).
(2) Hérault. — A. D., n° 137, f° 338.
(3) Hérault. — A. D., n° 313 2e col., f° 223 V° : « ...Il sera mesuré (le sel) dans des
greniers au quart ou au demi-minot, de forme ronde, ferré et avec une barre transversale. Les
matrices seront conservées à Aigues Mortes, Saint-Esprit, Valence et Lyon. Les rasoirs seront
de bois et de forme ronde. Les raseurs seront payés le quart en plus par journée pour les
petits chargements et 13 deniers par muid de 48 minots... Le muid de Peccais sera réduit au
muid de Paris de 48 minots faisant 24 quintaux de Peccais... ».
(4 ) La livre du Languedoc était une livre de table, dont 120 étaient censées équivaloir à 100
livres poids de marc, précisément le poids du minot de sel.
A Montpellier, la livre pesait environ 0,414 kg, soit pour 120 livres 49,680 kg; cent
livres poids de marc pesant 100 X 0,4895 = 48,950 kg, la différence entre les deux évaluations
était insignifiante (environ 6/1 000).
— 253 —
Après Montpellier, nous trouvons la trémie à Lyon. Elle y est employée
par une commission qui, de 1771 à 1773, procéda à la création de nouvelles
matrices des mesures à grains en usage dans la ville.
Plusieurs trémies furent d’ailleurs employées, dont les dimensions étaient
en rapport avec les matrices à étalonner. Ainsi, le diamètre de l ’orifice in-
férieur de chaque trémie était déterminé par un écoulement régulier du grain
en rapport avec la capacité de la mesure (1 ).
Des expériences avaient été faites afin de déterminer la hauteur optimum
à laquelle il convenait de placer l’orifice inférieur de la trémie au-dessus de
la matrice à étalonner.
On eut recours à une trémie pour l’épalement du bichet, une autre pour
le demi et le quart du bichet, et même une troisième avait été prévue pour
les subdivisions du bichet au-dessous du quart (2 ).
Ajoutons que tous les moyens techniques les plus avancés à cette époque
semblent avoir été mis en œuvre pour donner aux opérations d’étalonnage,
exécutées sous la directive de la commission précitée, le maximum de pré-
cision.
Cela ressort d’un manuscrit imprimé à Lyon en 1773, relatant avec maints
détails le déroulement de ces travaux (3 ). Ceux-ci avaient été entrepris parce
que les maîtres boulangers prétendaient, en 1771, que les mesures matrices
de l’échantilleur public étaient d’une contenance inférieure à celle des me-
sures de grains en usage dans le commerce. (On vérifia, après expérience, qu’il
s’en fallait de 3 % environ.)
Une commission créée à la requête du Procureur du Roi (4 ) fut alors
chargée de constater le degré d’ altération des mesures courantes, d’apprécier
leurs inégalités et de définir éventuellement les caractéristiques de nouveaux
prototypes.
Le 16 mai 1771, deux commissaires, Chirat et Valous, chargés de la di-
rection de ces travaux, remirent aux magistrats le procès-verbal de leurs essais,
concluant à la création de nouvelles matrices, dont la contenance serait la
(1 ) « ...La trémie pour le bichet avait une soupape de 1 pouce de diamètre (2,70 cm);
cette ouverture se trouvant à 4,5 pouces (12,2 cm environ) de la surface supérieure de la
mesure; ... » (Cf. note 3, ms Lyon ; p. 53).
(2 ) Il y en eut même une troisième pour les subdivisions du bichet à partir du huitième,
qui ne fut pas utilisée n'étant pas suffisamment bien adaptée. (Cf. note 3, ms Lyon, p. 34).
(3 ) « Procès-verbaux et Ordonnances de Messieurs les Prévôt des marchands et Echevins
de la ville de Lyon pour le rétablissement des mesures à grains à ladite ville. A Lyon
M D CC L XX III (lm p. D’Aimé de la Roche, Imprimeur de la ville et du Gouvernement), in-4°,
88 p.
(4) Ordonnance du 11 mars 1771.
— 254 —
plus proche possible de celle des anciens étalons les moins altérés, afin de ne
pas troubler les usages. Ces nouvelles matrices seraient faites en double, un
exemplaire étant conservé aux archives.
(1) La commission chargée des travaux, placée sous la direction des deux commissaires,
Chirat et Valous, comprenait notamment : Joseph Emery Pingard et Dominique Girout,
maîtres balanciers; Claude Esterlé, échantilleur juré des mesures; Claude Cuissart et Pierre
Serisiat, jurés mesureurs de bled, commis pour faire les mesurages et pesées nécessaires, sous
la direction de Jean Lafabrègue (ms. p. 8). Voici la description des matrices : le bichet « ...est
une mesure ronde, concave, de forme cylindrique, de laiton battu, armé de quatre barres
du haut en bas, de cuivre rouge, de deux cercles, l'un en haut et l’autre en bas, et d’une croisée
pour soutenir le fond, même métal ; à ladite mesure sont adaptées deux mains, aussi même
métal, pour pouvoir être transportée avec aisance... ».
Cette mesure est « ...traversée diamétralement de fût en fût par une barre qui est
soutenue d’une autre barre, appelée Chandelle, placée perpendiculairement au milieu de la
première et au centre de la mesure : lesdites deux barres aussi de cuivre rouge.
« Sur les bords du cercle d’en haut, et en dedans de ladite mesure, ont été reconnues
trois marques, formant chacune un Ecusson d’environ trois lignes de diamètre : l’un aux
armes du Roi, l’autre à celles de la Ville, et la troisième aux deux lettres C. T. que le sieur
Pingard, Echantilleur, a dit être les deux lettres initiales de Claude Tisseur, Echantilleur
de la ville il y a environ un siècle. »
Le demi-bichet et le quart de bichet sont de même forme, mais le quart de bichet est
dépourvu de potence et « ...au lieu d’une croisée pour soutenir le fond, ce sont trois barres
parrallèles qui le traversent... ».
Le huitième de bichet (ms. p. 13) « ...est une mesure ron,de et concave en cuivre
jaune, n’ayant ni barres ni cercles, marquée des mêmes marques en dedans, en dehors et au
fond que les autres mesures... ».
Le seizième de bichet, ou picotin, est identique au huitième de bichet, quant à ses
caractères extérieurs.
(2) Les travaux eurent lieu dans Une salle du Couvent des Carmes des Terreaux en
présence des gardes de la communauté des boulangers (ms. p. 8).
— 255 —
II. — Détermination de la contenance réelle des mesures (ms. p. 10).
Les opérateurs rapportent que le bord des trois plus grands étalons
(bichet, demi-bichet, quart de bichet) était usé, altéré par la « racloire » et
que ces mesures étant faites d’un métal « ...si faible qu’elles sont mutilées
et bossueis... » on ne peut en « ...établir la véritable contenance... » que par
des « ...à peu près... ». Au surplus, « ...elles servaient à l’échantil depuis plus
d’un siècle... »
« C’est pour y parvenir que les opérations ont été faites avec les deux
espèces de millet, l’un blanc, l ’autre noir, que l’on a passé et criblé plusieurs
fois pour en distraire tous les grains qui n’étoient pas pleins, ensuite avec du
froment, passé plusieurs fois au van de fer et au crible, afin de n’ y laisser
absolument que le grain de froment, et d’en distraire tout ce qui lui est
étranger, et finalement avec de l’eau... ».
Les trémies employées étaient « ...faites en forme de pyramide renversée,
et soutenues par quatre pieds, où est adaptée au sommet une soupape par où
coule le grain... », dont le diamètre varie suivant la contenance des mesures
de 2,7 cm à 1,8 cm (1 ). (ms. pp. 10-11.)
Les opérations réitérées avec le millet et le froment donnaient des résultats
différents. C’est pourquoi on eut recours à l’empotement d’eau. De grandes
précautions furent prises pour obtenir des résultats aussi précis que pos-
sible (2 ).
Les mesures sont couvertes « ...d’une glace qui était percée et on a scellé
la glace avec de la cire molle. On a pesé la mesure, la glace et la cire, ensuite
on y a introduit de l ’eau par le trou de la glace jusqu’à ce que la mesure fut
exactement pleine ; on a repesé le tout, et déduction faite de la tare, le restant
du poids en a donné le solide... » (ms. p. 11).
D’autre part, les opérateurs font fabriquer un cube de six pouces de roi
de côté (capacité : 216 pouces cubiques, soit 4,284 1) et déterminent ensuite
le poids d’eau contenue dans ce solide. Déduction faite de la tare, il est de1
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(1) Les explications fournies par Niepce (chef des bureaux de la Police) font l’objet
d’une « Dissertation » incluse dans le procès-verbal d’admission des nouvelles matrices, daté
du 12 juin 1773 (ms. pp. 73-80). Cette « Dissertation sur la différence produite par les
barres dont sont armées les matrices anciennes du bichet et du demi-bichet » est le fruit de
nombreuses observations et recherches tendant à apporter une explication scientifique à la
constatation apparemment paradoxale, qu’une mesure armée d’une barre horizontale est
d’une contenance plus faible lorsqu’elle est emplie d’eau que lorsqu’elle est emplie de grain.
A ce phénomène « ...en lui-même si bizarre... » Niepce donne une explication rationnelle.
Niepce a procédé à de nombreuses expériences, en particulier à l’occasion de la
fabrication des nouvelles matrices. « ...On a d’abord — dit-il — rempli de millet blanc, par
le moyen de la trémie, la matrice neuve du bichet construite sans barre et sans chandelle ;
et on a trouvé qu’elle contenoit 93 marcs pesant (22,761 k g ); on a ensuite ajusté à cette
matrice une barre et une chandelle comme elles le sont à la matrice ancienne, après quoi, elle
a été remplie de millet blanc par le moyen de la trémie ; et on a trouvé que dans cet état, au lieu
de contenir moins de grains, comme il était naturel de le présumer, eu égard au volume ou
à l’espace que prennent la barre et la chandelle, cette mesure contenoit 95 marcs 3 onces 6
deniers pesant (23,412 kg), c’est-à-dire 2 marcs 3 onces ou 44 pouces et 4/31 de pouce cube
(0,873 1) de plus que ne contient la même mesure sans barre ni chandelle... » (ms. pp. 75-76).
Ici, Niepce analyse les faits avec perspicacité. Les grains de millet (ou autres céréales)
ne sont pas absolument uniformes et leur combinaison très variable laisse entre eux des
— 259 —
C’est pourquoi la véritable contenance des mesures ne peut être déter-
minée que par einpotemenl d’eau. Cette méthode « ...donne même une certi-
tude, que les mesures matrices originales étoient sans barres, et que si l ’on en
trouve aux matrices actuelles du bichet et du demi-bichet, elles y étoient été
placées pour maintenir ces mesures, qui sont d’un métal très foible, et les
opérations en grains prouvent que ces mesures ayant été faites originairement
analogues les unes aux autres, le frottement de la racloire a plus affoibli les
bichet et demi-bichet, que le quart du bichet ou coupe... » ms. p. 22).
interstices plus ou moins grands, alors qu’avec un liquide il n’y a aucun interstice. Ce sont
ces arrangements et les vides qu’ils laissent qui rendent « ...plus ou moins dense le volume
total des grains contenus dans la mesure... » (ms. pp. 76-77).
Lorsque les grains tombent de la trémie dans une mesure nue, ils s’y « ...amoncèlent
en forme de cône ; à mesure que ce cône tend à s’élever, le choc des grains qui arrivent, brise
le sommet qui venoit de se former et le mouvement des grains ne consiste plus qu’à s’échapper
du centre à la circonférence, en s’écoulant le long de la surface inclinée du cône ; mais ces
grains n’ayant plus alors qu’une impulsion uniforme et foible, ils ne sont pas contraints à se
combiner entre eux, de manière à ne laisser que les moindres interstices possibles ; au lieu
que lorsqu’ils tombent de la trémie sur une barre, ils sont réfléchis de tous les côtés où ils
arrivent, à peu près avec la même quantité de mouvement que s’il tomboient immédiatement
de la trémie sur chacuns de ces endroits ; par conséquent ils ont pour s’y combiner une force
qui les contraint à mieux s’arranger, c’est-à-dire, à laisser entre eux des interstices moindres,
et partant, à former un volume total plus dense que dans le premier cas... ». ,
« La barre verticale appelée chandelle, placée au centre de la mesure, concourt encore
à augmenter cet effet, parce que les grains tendant à se. placer dans un espèce d’équilibre,
trouvent dans le centre de la mesure, où est leur plus grand mouvement, une résistance qui
les refoule, pour ainsi dire, vers les autres endroits, et par conséquent les y resserre
davantage... ».
Telles sont rapportées, sous une forme condensée, les explications données par Niepce
au phénomène en question.
Etant étroitement liées au mesurage, elles devaient être signalées.
(1 ) La valeur prise pour II est celle du rapport fixé par Adrien Metius 355 à 113, soit
3,141596 (ms. pp. 44-48).
— 260
Nature de la Diamètre Hauteur
Mesure Lignes Centimètres Lignes Centimètres
(1) Le pied cube se compose de 2985984 lignes cubes. Le volume du bichet, calculé sur
la base des dimensions ci-dessus, s’établit à 29857331ignes cubes. L’erreur relative est de
1/12 000e. En valeur absolue elle correspond à 3 cm13, pour un volume théorique de 34 277 cm3,
2
qui sont absolument négligeables.
(2) Les calculs présentés par les sieurs Chirat et Valous avaient été vérifiées et examinés
notamment « ...par le sieur Vincent César Tapis, mathématicien et maître arithméticien de
cette ville... ». Sur chaque mesure « ...seront appliquées en même métal relevé, d’un côté les
Armes du Roi et de l’autre celles de la ville, e sur ces mesures seront gravées les capacités et
dimensions géométriques ci-dessus... » (ms. p. 35). Elles portaient aussi la signature du maître
peyrolier Antoine Frère Jean (ms. p. 48).
(3) Lyon. — Bibliothèque Saint-Jean. Inventaire Chappe, tome V’, f° 373, supplément n° 11.
2 6 1 -----
les apprécier... ». Cette observation permet de supposer que la précision des
pesées pouvait être de l’ordre de 1 /5 000e, ainsi que nous le constaterons dans
un instant (ms. p. 43).
262 —
différentes grandeurs, de même que d’une règle de fer sur laquelle est gravé
le pied-de-Roi, qui lui sert d’étalon pour ceux qu’il fabrique journellement,
ledit étalon vérifié sur celui du Châtelet de Paris, en outre d’une autre règle
^sur laquelle est gravé un demi-pouce (13,53 m m ) divisé en cent parties par
transversales pour prendre les fractions des lignes, et de plusieurs autres
petites réglettes en bois, pour lui servir d’échantillon, il a vérifié les dimen-
sions ainsi qu’il suit ».
Pigeon constate que les diamètres des diverses mesures sont conformes aux
valeurs de définition et que les hauteurs sont voisines de leur valeur théo-
rique, mais « ...un peu faibles... » (exception faite du seizième de bichet).
Quant au cube de 6 pouces de côté, ou huitième de pied cube de Roi, il fut
« ...reconnu très parfait et avoir de chacun de ses côté, mesurés intérieurement,
six pouces de Roi... » (ms. p. 50).
Pigeon disposait d’une règle sur laquelle le demi-pouce (13,53 m m ) était
divisé en cent parties égales. Chaque intervalle équivalait à 0,14 mm, soit à
peu près à un seizième de ligne. Il semble que l ’ingénieur du Roi n’ait pas
été en mesure d’apprécier avec certitude cette dimension, puisqu’il dit que
« ...les hauteurs ...des matrices... » sont un peu foibles » sans préciser da-
vantage.
Or, dans le tableau des dimensions théoriques des dits étalons, la plus petite
fraction de ligne n’est pas inférieure au huitième de ligne, soit environ
0,28 mm. Il en résulte que, selon toute probabilité, la précision des mesures
de Pigeon pouvait être de l’ordre de deux dixièmes de millimètres au mieux.
Cette estimation est en bon accord avec d’autres éléments d’information,
qui tendent à prouver qu’à cette époque la précision susceptible d’être atteinte
était de l’ordre du dixième de millimètre (1 ).
(1) L’astronome Lalande (1731-1807) a fait remarquer que la précision des mesures de
longueur ne dépassait pas 1/25 de ligne (0,2 m m ). Cf. B a c h e l a r d ( G . ) . Essai sur la connais-
sance approchée (Paris, 1927, p. 60) et M a c h a b e ï (A .). Vue sommaire sur quelques rapports
entre l’Encyclopédie et la métrologie, in « L’encyclopédie et le progrès des sciences et des
techniques. Paris P. U., 1952, p. 221.
— 263 —
d ) détermination du poids du 1/ 8e de pied cubique d’eau (ou 226 pouces
cubiques) :
— poids du récipient vide avec glace et cire : 15 m 18 d ;
— poids du récipient avec glace, cire et eau : 32 m 4 o 18 d ;
— poids net de l’eaucontenue dans le cube : 17 m 4 o 4 283,15g;
e) poids du pied cubique : 4 283,15 g X 8= 34265,2 g ;
Le poids net de l’eau était :
a) dans le bichet de 34 264,48 g arrondi à 34 264 g ;
b ) dans le huitième du pied cubique de 4 283,15 g arrondi à 4 283 g, ce qui
suppose un pied cubique d’eau d’une masse de 34 264 g.
La concordance entre le bichet et le pied cubique d’eau est donc quasi
absolue, permettant d’ avancer que les deux récipients furent d’égale conte-
nance.
Notons enfin que la capacité théorique du bichet, déduite de ses dimen-
sions, étant de 34 274 cm3, la densité de l ’eau employée était-extrêmement voi-
sine de l ’unité (0,9997). Cependant, ces déductions appellent diverses re-
marques.
Nous avons précédemment signalé que le résultat des pesées n’était
connu qu’à quelques deniers près. Admettons que le nombre de deniers soit
de 6 sur des pesées d’environ 30 000 g, la précision de ces pesées serait de
l’ordre de 1/5 000e, résultat vraisemblable à cette époque, ainsi que nous le
montrerons dans le troisième chapitre consacré aux mesures de masse.
Dès lors, la masse d’eau contenue dans le bicliet, soit 34 264 g, serait
connue à ± 7 g.
D’autre part, nous avons vu un peu plus haut que la précision des mesures
prises par Pigeon était de l’ordre de 2 /1 0 e mm (0,2 m m ). Il s’en suit que la
contenance du bichet (théoriquement égale au pied cubique : 34 277 cm3),
calculée en fonction de ses dimensions légales (diamètre = 188,2 lignes;
hauteur = 107 1/3 lignes) serait connue à ± 68 cm3.
Les résultats précédents sont réunis ci-dessous :
BICHET :
— capacité th é o r iq u e ............................................................ 34 277 cm3
— capacité déduite de ses dimensions légales ................ 34 274 cm3
— capacité déduite des dimensions relevées (Pigeon) . . 34274 ± 68cm3
soit 34 342 cm3 à 34 206 cm3;
■
— capacité déduite du poids d’eau et calculée en fonction
de la densité de l’eau .................................................... 34 274 ± 7 cm3
soit 34 281 cm3 à 34 267 cm3.
264 —
Il apparaît immédiatement que, par comparaison aux estimations déduites
des dimensions du bichet, les valeurs obtenues en partant du poids de l ’eau
empotée se situent à l ’intérieur d’une fourchette à peu près dix fois plus
étroite. Ce qui signifie qu’à cette époque le degré de précision atteint par les
pesées était au moins dix fois supérieur à celui qui était obtenu par le mesu-
rage direct des dimensions.
La contenance de la matrice du bichet était donc toute proche de celle que
donne sa définition (34 277 cm3). Les valeurs extrêmes : 34 281 cm3 et
34 267 cm3 à l’intérieur desquelles elle a pu se situer, ne s’écartaient que de
1/10 000e à 3/10 000e de la capacité théorique. Du point de vue métrologique,
il est permis de considérer un tel résultat comme excellent.
Cette critique des étalonnages effectués en 1773 avait pour objet d’essayer
de mettre en évidence les possibilités techniques de la métrologie pratique
dans cette seconde moitié du x vm e siècle.
Les travaux de la commission lyonnaise paraissent avoir fait appel à l’en-
semble des ressources techniques, dont la métrologie disposait à ce moment
de son histoire.
Le fait de voir, groupés dans cette commission, des personnages tels que
des académiciens, ingénieurs, mathématiciens, outre des jurés-balanciers spé-
cialistes dans la technique des instruments de pesage, est caractéristique de
l’orientation déjà savante prise par la métrologie au x vm e siècle, et de la
tendance de plus en plus marquée à une coopération entre le savant, l ’ingé-
nieur et l’artisan.
Enfin, il convient de ne pas négliger le caractère industriel de la région
lyonnaise. Dans le domaine que nous explorons, signalons que la balancerie
lyonnaise prit, au moins dès le xvie siècle, un grand essor. Les ateliers des
fabricants de balances et de poids furent nombreux dans la ville et les fabri-
cations de ces artisans eurent une certaine réputation, que nous a confirmée
l’étude métrologique de divers objets issus de ces ateliers et dont il sera
d’ailleurs question au cours du chapitre suivant.
Tels sont quelques-uns des points essentiels qui nous paraissent devoir
être soulignés dans ce vaste et minutieux document que constitue le procès-
verbal de 1771-1773.
Ils marquent une étape du cheminement de la métrologie dans les voies
neuves que lui ouvrait le développement de la recherche expérimentale,
amorcé vers la fin du XVIe siècle, sur des bases scientifiques.
Peu à peu, la métrologie élabore des techniques et des méthodes de mesu-
rage aussi indispensables à l ’évolution des sciences qu’aux échanges industriels
et commerciaux. A cette différence près, qu’au service de la science ses moyens
seront beaucoup plus raffinés qu’au service du commerce, moins exigeant.
— 265 —
Au fur et à mesure que s’écoule le temps, ces deux branches d’une même
discipline se perfectionnent sans cesse, sans jamais s’isoler, chacune réagissant
sur l’autre.
Aussi bien, en nous appuyant sur les trois exemples que nous avons cités,
nous avons tenté d’illustrer le fait important, que de 1529 — ajustement du
boisseau de Brion — à 1669 — définition de la trémie — puis à 1771-1773,
la technique du mesurage évolue dans le sens du perfectionnement.
— 266 —
T a b l e a u n ° 1
A Avoine
B Boisseau
Ba Boisseau d’avoine
S Setier
Sa Setier d’avoine
M Muid
Ma Muid d’avoine
P Pinte
— 267 —
Villes Mesures Etalons Pegolotti Divers Paucton Tables
— 268 —
Villes Mesures Etalons Pegolotti Divers Paucton Tables
— 269 —
Villes Mesures Etalons Pegolotti Divers Paucton Tables
— 270 —
Villes Mesures Etalons Pegolotti Divers Paucton Tables
— 271 —
P e g o lo t t i D iv e r s P a u cton T a b le s
V ille s M esu res E ta lo n s
272
M. Ledieu (A ) a publié, dans le « Bulletin de la Société des Antiquaires
de Picardie » (tome XV, 1883-1885 - pp. 23 à 29) une « Table de réduction
des mesures aux grains de plusieurs villes et bourgs de France et de VEtranger
en mesures d’Amiens ».
Cette table ne s’explique qu’en prenant pour base des calculs, les valeurs
données au boisseau, au setier et au muid de Paris, en application de la ré-
forme de 1671. Etant donné que nous aurons assez souvent recours à ce
document, nous le désignons par l’abréviation PIC (Picardie).
PIC donne les équivalences ci-après :
4.5 setiers à la mesure d’Amiens = 1 setier de Paris (156 1)
donc 1 setier d’Amiens = 34,66 1
119.5 setiers d’Abbeville = 100 setiers de Paris
donc 1 setier d’Abbeville = 130,54 1, valeur quasiment analogue à l’ancien
setier de Paris (130 1).
Une autre équivalence donne une valeur légèrement différente au setier
d’Abbeville :
1 setier d’Abbeville = 3 setiers + 3 piquets plus 1/3 de piquet à la mesure
d’Amiens.
Le piquet étant le quart du setier, on obtient :
1 setier d’Abbeville = 132,84 1, valeur qui diffère d’environ 2 % de l’ancien
setier de Paris (130 1).
Les deux résultats précédents laisseraient supposer que le setier d’Abbe-
ville ne s’écartait pratiquement pas du setier de Paris, antérieeur à la ré-
forme de 1671. En tout état de cause, nous adoptons la valeur 132,84 1, qui
répond le mieux aux équivalences PIC.
— 273 —
Sous cette rubrique D2, nous réunissons les équivalences considérées, qui
nous ont permis d’établir les valeurs portées dans la colonne intitulée « Pego-
lotti » du tableau n° 1.
Les principales « équations » du Florentin, reproduites ci-dessous, sont
extraites de l’ouvrage d’Allan Ewans, maintes fois cité dans notre travail ;
elles sont précédées du numéro de la page où elles figurent dans l ’ouvrage
précité.
p. 221.
« Mine 21 di grano di Genova fa in Parisi sestieri 20 ».
Le setier de Paris valant à cette époque approximativement 130 1, la mine
de Gênes s’établit à 123,85, soit 124 1 en nombres ronds; la différence relative,
de l ’ordre du millième, est pratiquement négligeable à l’époque considérée.
Cette valeur diffère peu de celle que donne Paucton.
p. 220.
« Mina 1 di fromento in Genova fa in Aguamorte sestieri 2 1/2 »
d’où 1 setier d’Aigues-Mortes = 49,6 1.
p. 224.
cc Sestieri 3 di grano alla misure Draguignano fa 1 mina in Genova ».
Le setier de Draguignan = 41,3 1.
p. 224.
« Sestieri 100 di grano in Arli fanne in Genova mine 45 ». D’où 1 setier
d’Arles = 55,8 1 (arrondi à 56 1 environ).
p. 227.
Sestieri 4 di grano alla misure d’Arli fa in Nimissi sestieri 7 ».
Le setier de Nîmes = 31,9 1 arrondis à 32 1 environ.
p. 226.
« Sestieri 1 di grano alla misure di Monpolieri fa in Nimissi sestieri
1 1/2 »
d’où 1 setier de Montpellier = 48 1, valeur sans doute un peu faible puisque :
p. 221.
« Mina di fromento aile mesure di Genova fa ...in Monpolieri sestieri
2 1/2 ».
— 274 —
Revenons à l’équivalence : 1 setier de Montpellier = 1,5 setier de Nîmes.
Sur la base du setier de Montpellier à 49,6 1, le setier de Nîmes se fixe à 33 1.
Cette valeur diffère peu de celle que nous avons obtenue en partant de l’équi-
valence établie entre le setier d’Arles et celui de Nîmes, soit 32 1.
On ne saurait blâmer Pegolotti pour ces petites anomalies. Elles ne pré-
sentent pas, à cette époque, une importance déterminante, car les pratiques
commerciales étaient beaucoup moins chatouilleuses que celles des temps
contemporains sur le chapitre de la précision.
Par contre, il est heureux que les documents du marchand florentin aient été
préservés. Ils constituent à peu près les seuls éléments d’une information très
soignée, rarement en défaut, dont nous disposons pour accéder à une connais-
sance fort modeste de la métrologie pratique internationale au début du
xive siècle.
D 3. — Albi.
Nous avons indiqué précédemment (p. 160, note 3 ) quelle était la com-
position de la pipe d’Albi au x m e siècle.
Rappelons qu’elle devait contenir :
des vendanges à la Toussaint : 8 setiers ou 128 liais (vin marc sur l i e ) ;
de la Toussaint aux vendanges : 7,5 setiers ou 120 liais (vin clair).
Il semble plausible de penser que la pipe d’Albi était formée de 2 barriques,
comme ce fut le cas généralement autrefois, notamment en ce qui concerne les
futailles de Toulouse et de Bordeaux, à une époque contemporaine de celle
que nous considérons.
Un document de 1584 peut apporter quelque lumière sur la valeur du
liai. En effet, un inventaire de l’outillage d’un potier d’étain, établi à la date
précitée (et rapporté par Vidal (Auguste) dans sa publication intitulée
« Termes techniques » (op. cit. cf. p. 160, note 4 ), mentionne entre autres choses,
p. 226 « Plus ung molles de potarie, sçavoir : ung de demi-lial du Comte
Ramond, un autre d’un quarthon de lad. mesure... » Or, dans la région
toulousaine, la mesure de capacité pour la vente du vin au détail portait le
nom de Pega.
Il y avait le pega ordinaire et le pega à la mesure du Comte Ram ond; le
premier mesurait 3,16 1 environ (cf. plus haut, p. 2 1 0 ); le second 3,78 1
environ (cf. p. 211).
Bien que ne portant pas toujours le nom de pega, la mesure au Comte
Ramond fut en usage dans diverses régions méridionales : Haute-Garonne,
Tarn-et-Garonne, Lot, Médoc... Sa valeur variait, du moins nous le constatons
à la fin du xvm e siècle. Ainsi, à Monclar et Septfonds, dans le Lot, la mesure
— 275 —
au Comte Ramond était de 2 1 et s’appelait pinte (Duc-Lacliapelle, op. cit.,
pp. 330-331 et 338-339).
Dans le Médoc, le pot à la mesure Comte Ramond équivalait à 4/3 du
pot de Bordeaux ; ce dernier mesurant 2,27 1, le pot du Médoc avait une
contenance de 3,04 1 (cf. Guilhiermoz : De l’équivalence... op. cit., p. 60).
L’Albigeois étant si proche du Toulousain, on est tenté de prendre comme
base de calcul la mesure au Comte Ramon de 3,78 1. Dès lors, la pipe de
2 barriques, de 120 liais de 3,78 1, mesurait 453,6 1, ce qui met la barrique
à 226,8e 1, valeur etrès proche de celle qu’attribue Guilhiermoz (op. cit.,
pp. 59-60) à la barrique bordelaise au xive siècle, soit 218,27 1.
A une époque où le commerce des vins du midi, en direction de Bordeaux,
puis de Bordeaux vers l’Angleterre, était considérable (les villes d’Albi,
Gaillac et Rabastens avaient le droit de défendre l’introduction de tout vin
étranger dans leurs murs. Albi, A.M., p. 56), il ne paraît pas anormal a
priori, d’imaginer qu’une unité de mesure commune, à peu près constante,
ait pu être en usage dans ces régions.
Nous n’ insisterons pas davantage sur ces hypothèses, en dehors de notre
sujet, puisque nous n’abordons pas l’étude des futailles.
D 5. — Bar-sur-Aube.
D’après Grivel (op. cit.), la queue de Bar se composait de deux pièces et
la pièce de 84 pots valant 220 pintes de Paris; ce qui met le pot de Bar
à 2,44 1, la pièce à 204,8 1 et la queue à 409,6 1.
D 6. — Bayonne.
D’après PIC, à Bayonne « ...48 faulques ou conquère faisaient un tonneau
équivalant à 10 setiers de Paris ».
Ce qui met la conque (ou conquère) à 32,5 1.
D 7. — Beaulieu (C orrèze).
Duc-Lachapelle (op. cit.), page 368, donne l’équivalence ci-après à Beau-
lieu « ...1 baste = 24 pintes = 48 quartes = 96 pauques = 47,28 1 ».
A la fin du X V I I I e siècle, les Commissaires trouvèrent, à l ’Hôtel de ville
de Beaulieu, un étalon de la double pinte et celui d’une double pauque, ou
quart, mesurant 0,985 1. Ces étalons étaient des vases en cuivre à ouverture
elliptique.
Les mesures de Beaulieu étaient employées dans différentes villes énu-
mérées par Duc-Lachapelle (Gagnac, Biars, Girac, Puybrun, Carenac,...).
D 8. — Bordeaux.
D’après un texte de 1336, sur lequel s’appuie Guilhiermoz (De l’équiva-
lence... op. cit. — p. 55), le boisseau de Bordeaux aurait contenu 100 livres
de grains. A cette époque, la livre en usage à Bordeaux pesait 408 g environ
— 276 —
(valeur indiquée dans le chapitre III du présent ouvrage); donc, 100 de ces
livres équivalaient à 40,875 kg. En prenant pour base de calcul l’équivalence :
1 boisseau de grains de Paris de 13 litres pèse 20 livres poids de marc, on
trouve que le boisseau de Bordeaux valait 80,5 1 à la fin du x v i i P siècle,
c’est-à-dire 4 8 % de plus que le boisseau de 1336 ; ce grand boisseau pesait
60,495 kg, ce qui équivaut à 123,5 livres poids de marc.
Par conséquent, Paucton aurait dû prendre le coefficient 6,193 X 13 1
= 80,5 litres et non le coefficient 6,043 X 13 — 78,559 1 dans sa table d’équi-
valence.
Ajoutons que PIC donne le rapport suivant :
« Bordeaux. — Il fallait 20 boisseaux pour un tonneau et 2 boisseaux
formaient le setier de Paris ».
156
Donc 1 boisseau de Bordeaux = ------- = 78 1.
2
En ce qui concerne la barrique de Bordeaux, rappelons que Guilhiermoz
(De l’équivalence... op. cit., pp. 59-60) a proposé de lui attribuer, au X I V e
siècle, une contenance de 218,27 1.
Duc-Lachapelle l ’estime, à la fin du xvnP siècle, à 100 pots de Bordeaux,
c’est-à-dire à 226,5 1 pour le vin clair; s’agissant du vin vendu marc sur lie,
on comptait jusqu’à 110 pots la barrique.
En fait, ainsi que l’a montré M. Y. Renouard, dans une étude critique
de « La capacité du Tonneau bordelais au Moyen Age » (in Annales du Midi,
tome 65, n° 23 — juillet 1953 — pp. 395-403), la barrique, la pipe et le
tonneau bordelais jaugeaient au Moyen Age (disons au moins dès le X I V e siècle)
225, 450 et 900 1 environ.
■D 9. — Bray-sur-Seine.
Bourquelot (Etude sur les foires de Champagne, op. cit.) donne, page 81
du tome II de son ouvrage, l ’équivalence suivante, établie par Delamare
(Traité de la Police, II, p. 96) :
8 boisseaux valent 1 setier du pays ;
9 boisseaux valent 1 setier de Paris.
D’où nous tirons : 1 boisseau = 156 : 9 = 17,33 1;
1 setier de Bray = 17,33 X 8 = 138,64 1.
D 10. — Calais.
PIC signale, en ce qui concerne Calais, que la « ...mesure au blé était
plus forte de 7 % que celle de Paris... ». Dans ces conditions, le setier de
— 277
blé de Paris valant 156 1, celui de Calais mesurait 166,92 1 arrondi à 167 1,
valeur qui diffère peu de celle annoncée par Paucton (169 1).
167
Le boisseau de Calais mesurerait ainsi : ------- = 13,91 1.
12
D l l . — Cambrai.
Dans le tome XLVIe (année 1891) des « Mémoires de la Société d’émulation
de Cambrai « (B.N. Z 2284) figure un document intitulé « Les anciennes me-
sures de Cambrai et du Cambraisis » (pp. 33-53), nous trouvons notamment
les indications suivantes :
1 mencaud = 2 franquets = 4 boisseaux = 16 pintes = 55,42 1.
1 franquet = 27,72 1.
1 boisseau = 13,85 1.
1 pinte = 3,46 1
1 muid = 16 mencauds = 886,72 1
1 rasière = 1 mencaud + 1 franquet = 1,5 mencaud = 83,13 1
L’étalon du mencaud est décrit (p. 34) ainsi qu’il suit : « Le mencaud est
d’une forme cylindrique dont le diamètre intérieur est de 17 pouces, 8 lignes
et la hauteur aussi intérieure de neuf pouces 8 lignes ; l’une et l’autre mesure
de Roy. Conséquemment sa capacité ou contenance est de 2 370 pouces et 5 /9 . »
Pour les liquides : la velte = 4 pots ou 8 pintes = 7,2 1. A Paris, la velte
toujours de 8 pintes, valait 7,448 1.
Mesure pour la chaux. Elle est désignée sous le nom de « Manne ». Elle a la
« ... forme cylindrique et pour diamètre intérieur de sa base 13 pouces de
Roy et pour la hauteur 14 pouces 6 lignes. Conséquemment un pied cube
pour la capacité et peu de chose au-delà. » (op. cit., p. 36). La manne avait
donc une contenance d’environ 34,277 litres.
Mesure pour le charbon de bois. Le charbon de bois se mesurait à la rasière ;
2 rasières formaient un sac.
« Cette rasière est un cône tronqué renversé qui a pour diamètre de sa
grande base dix-huit pouces 8 lignes, et pour hauteur ou profondeur 18 pouces
8 lignes, le tout mesure du Roy. De sorte que la contenance ou la capacité du
sac de charbon est d’environ cinq pieds cubes un quart. » (op. cit., p. 36), soit
182,5 litres.
D 12. — Châlons-sur-Marne.
Bourquelot op. cit., p. 82.
D 13. —- Chalon-sur-Saône.
Cf. notre travail, chapitre II, page 228.
— 278 —
D 14. — Chartres. — Châteaudun.
D 15. — Cognac.
D 16. — Corbie.
— 279
D 16 bis. — Dijon.
Cf. dans le chapitre II, pages 192 et suivantes, l’étude des étalons conservés
à Dijon.
D 18. — Epinal.
Grivel (op. cit.) signale dans son ouvrage, page 28, un document de 1566,
faisant état de 4 simaires de vin de chacun 3 pintes, soit 12 pintes qui équiva-
laient à six quartes.
D 19. — Etampes.
D’après une équivalence fournie par les archives municipales de Châ-
teaudun, HH 1, 1583, le muid d’Etampes se serait composé de 12 setiers de
Châteaudun plus un boisseau de cette ville.
Le setier de Châteaudun étant composé de 8 boisseau (cf. Châteaudun -
A. M., HH 2 ), le muid d’Etampes équivaudrait à 1 164 1, ce qui met le setier
d’Etampes à 97 1 et la mine à 48,5 1.
Or, en 1330, le muid de blé d’Etampes valait environ 876 1, le setier et la
mine équivalaient respectivement à 73 1 et 36,5 1 (d’après Du Cange, au mot
« modius », col. 859 et 860).
A en croire l’équivalence donnée aux archives de Châteaudun, les mesures
d’Etampes se seraient accrues d’un tiers de 1330 à 1583. Nous ne disposons
pas actuellement d’éléments documentaires suffisants pour consolider ou infir-
mer l’équivalence de la série HII 1.
D 20. - Figeac.
D’ après les tables constituées par Duc-Lachapelle (op. cit., p. 352), les
mesures de liquides en usage à Figeac avaient, entre elles, les rapports ci-après :
1 charge = 2 comportes = 80 pintes = 130,03 1
1 pinte = 2 demi-quarts = 4 pauques = 1,63 1
L’étalon de la comporte était conservé à l’Hôtel de Ville.
« Cet étalon — dit Duc-Lachapelle — est un vase de cuivre, dont la forme est
celle d’un cône tronqué, avec un fond concave et sphérique. La base de cet
— 280 —
étalon est un cercle qui a 1 pied 6 pouces 11 lignes de diamètre, sa profon-
deur est de 1 pied 1 pouce 7 lignes, et l’axe de la calotte est de 1 pouce 2 lignes
à peu près. L’étalon de la Demi-pinte ayant été déclaré exact, sa capacité a
été reconnue de 0,8127 1. »
D 21. — Gaillac.
Les valeurs indiquées sont extraites de l’ouvrage d’Isidore Bousquet inti-
tulé « Tables de conversion des anciennes mesures en nouvelles précédées de
l’ancien et du nouveau système des mesures, des poids et des monnaies » (in-16,
s. d. - certainement postérieur à 1839 -).
A Gaillac : 1 setier = 8 rases = 32 boisseaux = 64 pennes = 126 1 (tableau
n° 172).
Pour les liquides :
Vin : 1 barrique = 120 pintes = 203,9 1
1 pinte = 2 quarts = 4 uchaux = 1,70 1
Huile et eau-de-vie : 1 livre = 0,83 1
D 22. — Genouillac.
Nous avons porté au tableau les indications déjà données dans notre tra-
vail, page 223 sq. ; les valeurs produites dans la colonne « Tables », sont
celles fournies par Duc-Lachapelle, page 289 :
1 quarton = 5 pugnères — 17,5 1
D 23 — La Fère.
D’après Bourquelot (op. cit. p. 83 ), Delamare (op. cit.) fixe à 76 livres
le poids du setier en usage à La Fère. Puisque le boisseau de Paris de 13 1
est réputé peser 20 livres, le setier de La Fère s’établit à 49,4 1.
D 24. — Lagny.
Bourquelot (op. cit. - p. 83), d’après Delamare (op. cit., tome II p. 96)
donne les équivalences suivantes :
1 setier = 4 minots
5 minots de Lagny = 1 setier de Paris pour le blé et le double pour l ’avoine.
D’où il résulte :
156
1 minot de Lagny — ------- = 31,2 1
5
1 setier de Lagny = 124,8 1
1 minot pour l’avoine = 62,4 1
1 setier pour l’avoine = 249,6 1
— 281
D 25. — Lille.
D’après Derode (Des poids et mesures en Flandres, op. cit. dans notre
travail, chapitre II. p. 144, note 3 ), la rasière à blé en usage à Lille était
formée de 4 havots et pesait 114 livres poids de marc de grains (p. 72) ;
ce qui répond à une contenance de l’ordre de 74,10 1.
Dans cette même page 72, Derode indique que les capacités respectives
de la rasière et du Havot étaient de 70,14 1 et 17,53 1. Nous supposons qu’il
s’agit d’une inversion de chiffres et qu’il y a lieu de lire 74,10 1 au lieu de
70,14 et le quart de 74,10 pour le havot, soit 18,52 1 au lieu de 17,53 1.
Paucton donne une valeur légèrement inférieure à la rasière (111 livres),
ce qui la fixe à 72,67 1 ; d’où le havot de 18,17 1.
Pour les liquides, les valeurs indiquées sont celles que nous avons dé-
duites du mesurage des étalons conservés à Lille (cf. plus haut, pp. 207
à 209).
D 26. — Lorraine.
Mesures de liquides.
Dans la colonne « Divers », nous avons porté la valeur de chacun des
étalons étudiés au musée Lorrain à Nancy ; la colonne « Tables » reproduit
les valeurs données par Grivel (op. cit.)
L’échelle des mesures de liquides était la suivante :
1 muid (ou virli = 7 mesures = 308,49 1
donc 1 mesure = 44,07 1
1 mesure = 18 pots = 36 pintes = 72 chopines (ou gallons) = 144 demi-
setiers ou demi-gallons
1 pot = 2,45 1
1 pinte = 1,224 1
1 chope = 0,612 1
1/2 gallon ou 1/2 setier = 0,306 1
1 /4 gallon = 0,153 1
Mais Grivel signale (p. 29) que la valeur du virli était variable et qu’on
le trouve équivalent à 8 mesures et parfois à 11 et 12 mesures.
_ 282 —
D 27. — Martel (L ot ).
Les équivalences ci-après sont données dans les tables de Duc-Laehapelle
(pp. 376-377) :
1 pagelle = 2 demies = 4 quarts = 36 pintes = 62,30 1
1 pinte = 1,73 1 = 2 bouteilles = 4 pauques
1 bouteille = 0,87 1
1 pauque = 0,43 1
« Les étalons pour la pinte, la bouteille et la pauque sont des vases de
fer-blanc dont la forme est celle d’un cône tronqué. »
« On n’a pas trouvé d’étalon pour la pagelle, qui étoit toujours cons-
truite en bois. »
D 28. — Meaux.
Bourquelot (op. cit., pp. 83-84) rapporte, d’après Delamare, que « ...la
division du setier (de Meaux) et son rapport avec celui de Paris sont les
mêmes qu’à Lagny » (Delamare, Tome II, p. 96).
Nous avons donné précédemment (cf. D 24) les valeurs en question,
par conséquent, à Meaux :
1 minot à blé = 31,20 1
1 minot d’avoine = 62,40 1
1 setier de blé = 124,8 1
1 setier d’avoine = 249,6 1
Paucton estime que le setier de blé pèse 200 livres, ce qui met ce setier
à 13 X 10 = 130 1. Son évaluation est un peu forte ( + 5,2 litres) soit
4 % , par rapport à celle établie par Delamare dans le Tome II du « Traité
de la Police » publié en 1710.
D 29. — Melun.
L’équivalence donnée dans les documents de la Chambre des Comptes
(cf. Du Cange, au mot « modius » col. 858), entre le muid de blé de Paris
et la mesure de Melun, se traduit comme il suit :
1 muid de Paris = 205 boisseaux de Melun = 1 561 1
D’où 1 boisseau de Melun = 7,65 1
1 minot de 4 boisseaux = 30,44 1
1 setier de 16 boisseaux = 121,76 1
Les tables de la fin du X V IIIe siècle fixent le poids du setier de Melun
à 200 livres, ce qui, théoriquement, correspond à une contenance de 130
litres, qui est précisément celle du setier de Paris avant la réforme de 1671.
— 283 —
19
D’ailleurs Guilhiermoz (De l’équivalence... op. cit., p. 92) montre que
le minot de Melun, à la fin du X V IIIe siècle, avait une capacité de l’ordre de
32,34 1, ce qui met le selier à 129,36 1.
D 30 .— Montauban.
Les valeurs indiquées dans la colonne « Divers » correspondent à la
contenance des étalons conservés au musée ; dans la colonne « Tables »,
nous avons reproduit les valeurs données par Duc-Lacliapelle : pour les
mesures de grains, page 250 ; pour les mesures de liquides, page 326 et pour
l’huile, page 392.
Paucton donne une valeur de la coupe — ou boisseau — en bon accord
avec l’étalon (3,39 1), mais en désaccord avec les Tables. Il a dû ignorer que
la coutume voulait que la contenance de l’étalon de la coupe, ou boisseau,
soit majorée de 1/3 2 e + 1/ 256e. Ce qui porte le boisseau à 3,50 1 environ
et par conséquent 1 rase ou 8 boisseaux à 28 1, et 8 rases, ou deux sacs, ou
un setier à 224 1 (très exactement dans les tables : 224,22 1).
C’est pourquoi la valeur déduite de l’équation de Paucton : 1 setier de
Montauban = 16,8 boisseaux de Paris = 218,4 1 est inférieure d’environ
2,5 % à la valeur officielle.
D 31. — Montereau.
Bourquelot (op. cit. — pp. 13 et 16) donne, d’ après Delamare, les indica-
tions suivantes :
A Montereau, 2 bichets de blé = 3 boisseaux de Bray pour le blé et 2,25
boisseaux pour l’avoine.
Nous avons vu plus haut (cf. D 9) que le boisseau de Bray valait 17,33 1,
donc :
1 bichet de blé de Montereau = 25,99 arrondi à 2 j litres
1 bichet d’avoine de Montereau = 23,11 1
Par ailleurs, Delamare précise que le bichet de froment de Montereau
pèse 40 livres, ce qui équivaut à une contenance de 26 litres, en parfaite
concordance avec les précédentes évaluations.
D’ autre part, le setier de Montereau se compose de 8 bichets et mesure
ainsi 208 1, c’est-à-dire 16 boisseaux de Paris (16 X 13 = 208 1) ; le muid
de Montereau est formé de 12 setiers ou 96 bichets. « Ils y ajoutent — dit
Delamare — quatre bichets pour faire le compte juste de cent bichets ; ainsi
le muid de Montereau monte à seize setiers huit boisseaux de Paris ». En
effet, 100 bichets de Montereau valent 2 600 litres et 16 setiers + 8 bois-
seaux de Paris équivalent à 200 boisseaux de 13 1, soit 2 600 litres.
— 284 —
Paueton donne une valeur exacte au biehet, en partant d’une équi-
valence fausse. Il dit :
1 setier de Montereau = 6 bichets = 12 boisseaux de Paris, soit 156 litres.
Donc 1 biehet = 2 boisseaux de Paris, soit 26 litres.
Paueton est donc dans l ’erreur en ce qui concerne la contenance du setier
de Montereau, composé, ainsi que nous l’avons dit plus haut, de 8 boisseaux
et non de 6.
D 32. — Montpellier.
A Montpellier, les mesures pour les grains formaient l ’échelle reproduite
ci-dessous, d’après les Tables publiées par Fort en l’an XIII :
1 setier = 4 quartes = 12 pugnères = 48,92 1
1 quarte = 22,23 1
1 pugnère = 4,08 1
Pratiquement, la valeur du setier de Montpellier est restée constante du
xive à la fin du x v m e siècle, puisque Pegolotti la fixe à 49,6 1.
Pour les liquides, les mêmes tables donnent :
1 muid = 18 setiers ou barrais = 576 pots ou pichets = 692,41 1
donc 1 setier ou barrai = 38,47 1 = 32 pots
1 pot = 1,202 1
Enfin la feuillette, ou demi-pot, valait 0,601 1
Paueton a donc donné une valeur un peu trop forte au pichet de Mont-
pellier : 1,4 1 au lieu de 1,202. D’autre part, il attribue au setier de grains
une contenance de 52 litres, en s’appuyant sur le poids de ce setier qu’il dit
être de 80 livres, c’est-à-dire celui de 4 boisseaux de Paris (13 X 4 = 52
litres). Ce qui prouve que les estimations basées exclusivement sur le poids
théorique du grain ne doivent être formulées qu’avec prudence.
En ce qui concerne le mesurage de l ’huile, les tables produisent les équi-
valences ci-dessous :
1 quarte = 8 pots = 16 feuillettes.
Le pot mesurant 1,202 1, on en déduit :
1 quarte = 9,616 1
1 feuillette = 0,601 1
Ajoutons que la feuillette se divisait en 2 truquettes (Fort, op. cit., p. 110).
Enfin, dans de nombreuses communes, les mesures de capacité pour l ’huile
se composaient de la charge, divisée en mesures, la mesure étant divisée en
fioles (ce fut le cas à Magalas, Béziers, Florensac, etc...).
— 285 —
A Agde, par exemple, la charge de 182,249 1 se composait de 7 mesures :
la mesure étant divisée en 3 quartals et le quartal en 21 fioles.
A Lunel on employait la canne de 11,36 1, divisée en 32 cartairons ou
fioles.
D 33. — Nangis.
Bourquelot (op. cit., p. 84) donne, d’après Delamare, l’équivalence
ci-après :
1 boisseau de Nangis pèse 40 livres ; les six font le setier de Paris.
156
D’où il résulte que : 1 boisseau de Nangis = ------- = 26 1
6
Mais il dit aussi qu’un boisseau de Nangis = 12 pintes de Paris ce qui
mettrait le boisseau à 11,17 1; il faut donc, à notre avis, lire 28 pintes (soit
26,06 1) de Paris et non 12.
D’ailleurs Paucton donne exactement la même valeur au boisseau de
Nangis, qu’il appelle bichet avec quelque raison, le boisseau en étant la
moitié, soit 13 litres ; c’est pourquoi il donne au setier de Nangis, composé
de 6 bichets ou 12 boisseaux, une valeur qui est identique au setier de Paris.
La date 1759 portée dans la colonne « Etalons » n’est pas celle d’un étalon
déterminé, mais bien la date d’un document du 1er mars 1759 (cf. plus haut,
chapitre II, p. 233), spécifiant que la capacité du boisseau nantais est de
446 pouces cubiques.
Le dernier étalon du boisseau nantais fut fabriqué en application d’un
règlement du 30 juillet 1767 (cf. plus haut, chapitre II, p. 232).
Sa valeur était très sensiblement identique au précédent boisseau, puisque
Paucton attribue au boisseau de Nantes une contenance de 8,88 1. Ce qui met
le setier de Nantes de 16 boisseaux à 142 1 et le tonneau de grains de 10
setiers à 1 422 1.
Pour la mesure du charbon, la barrique se composait de 28 boisseaux
emplis combles. Nous avons signalé précédemment (chapitre II, p. 233,
note 1 ), que le boisseau de charbon étalon mesurait 13,22 1 ; il devait équi-
valoir à un boisseau et demi de Nantes, soit 13,3 1 ; pratiquement, les deux
valeurs sont identiques.
Pour les liquides, Paucton donne la chaîne d’équivalences ci-après :
— 286
1 tonneau = 2 pipes = 4 barriques = 480 pots = 840 pintes de Paris
1 pipe = 391 1
1 barrique = 195,5 1
1 pot = 1,63 1 environ (1,629 1)
Des lettres patentes en date du 26 mai 1578 données par le Roi (Nantes,
A.M. FF 141) permettaient de réduire l ’ancienne jauge nantaise qui était
de 250 pots par pipe, à 232 pots comme celle de Saumur.
D 35, — Péronne.
D’après PIC, on a :
a) 1 setier de Péronne = 3 piquets d’Amiens = 1 setier d’Amiens
d’où 1 setier de Péronne = 60,64 1
b) 1 muid = 8 setiers de Péronne = 14 setiers d’Amiens = 485,12 1
D 36. — Provins.
Bourquelot (op. cit., pp. 85-86) donne, d’après Delamare, les équivalences
énumérées ci-après :
1 boisseau de marché dit de ménage pèse 24 livres, soit 15,6 1
10 boisseaux de marché dit de ménage = 1 setier = 156 1
120 boisseaux de marché dit de ménage = 1 muid de Paris
ce qui est faux puisque 120 boisseaux de 15,6 1 = 1 872 1 et non 1 560 1,
valeur du muid de Paris à 1 litre près.
Par contre 100 boisseaux de ménage = 1 560 1
Toujours d’après la même source, Provins employait, en outre, un bois-
seau « de grenier ». Sa contenance était équivalente à celle du boisseau de
ménage moins un seizième.
15,6
1 boisseau de grenier = 15,6 = ------- = 14,62 1
16
D 37. — La Rochelle.
— 287 —
1 tonneau = 9 setiers de Paris — 10,5 setiers d’Abbeville
9 setiers de Paris = 1 404 1
10,5 setiers d’Abbeville = 1 394,4 1
A 10 litres près, soit environ 7 /1 000 la concordance est satisfaisante.
Paucton écrit que le tonneau de La Rochelle pour les grains pèse 2 160
livres, ce qui correspond à 108 boisseaux de Paris ou 1 404 litres, valeur en
parfaite concordance avec l’équivalence PIC, en ce qui concerne Paris, et
qui ne diffère que de 7 /1 000 en ce qui concerne Abbeville.
D. 38. — Rouen.
Guilhiermoz (Remarques... op. cit., p. 85) rapporte un texte de Philippe
de Valois décidant que « ...Le muid de Rouen fait 16 setiers de Paris... »
pour les grains, ce qui mettrait le muid de Rouen à 2 080 1, probablement
la mine à 2 080 : 24 = 86,64 1 et le boisseau à 86,64 : 4 = 21,66 1
Par ailleurs, Pillet, in « L’aître St-Maclou... » (op. cit. plus haut, chapitre
II, p. 144, note 4 ) dit, page 158, qu’en 1337 « ...on comptait 4 boisseaux à
la mine et 24 mines au muid... », ce qui met le muid à 96 boisseaux.
Paucton donne la même composition en 1780 : 1 mine = 4 boisseaux
1 setier = 2 mines ; 1 muid ou tonneau = 12 setiers. Donc 1 muid = 96
boisseaux.
En 1376 (d’après Pillet, op. cit., p. 158) « ...les moulins de Rouen furent
astreints par ordonnance à remplacer les boisseaux cisterciens par la mesure
royale de 24 mines au muide... En 1390, le muid de Rouen ne valoit plus que
17 setiers et 1 minot de Paris... ».
Cette dernière équivalence répond à 2 242 litres ; ce qui met le boisseau
de Rouen, dont 96 font un muid, à 2 242 : 96 = 23,35 1 ; la mine à 93,4 1
et le setier à 186,8 1
En 1780, Paucton donne les valeurs ci-après :
1 mine = 4 boisseaux = 7,030 boisseaux de Paris = 91,39 1
Ce qui met le boisseau rouennais à 22,85 1
1 setier = 2 mines, pèse 280 livres = 14,06 boisseaux de Paris = 182,78 1
1 muid ou tonneau = 12 setiers = 182,78 X 12 = 2 193,3 1
Ainsi, nous sommes amené à constater que la variation du boisseau de
Rouen, entre le X IV e siècle et la fin du x vm e, est insignifiante (0,5 1) et que
pratiquement ce boisseau n’a pas dû être modifié au cours de ce laps de temps ;
les équivalences sont légèrement erronées (ici environ 2 % ) , ce qui arrive
fréquemment.
En voici d’ailleurs un exemple que nous recueillons dans les documents
PIC.
288 —
En ce qui concerne les mesures à grains en usage à Rouen, PIC établit
la chaîne d’équivalences suivantes :
1 muid = 24 mines = 14 setiers de Paris
Ce sont des setiers postérieurs à la réforme de 1671, donc :
1 muid = 24 mines = 156 X 14 = 2 184 1
d’où 1 mine = 91 1
1 setier = 182 1
1 boisseau = 22,75 1
Ces diverses valeurs ne s’écartent pas sensiblement les unes des autres ; l’ordre
de grandeur des évaluations reste le même, ce qui confirme la stabilité du
boisseau en question. Au surplus, les tables de comparaison lui donnent
l’équivalence suivante : 1 boisseau de Rouen = 12 7 /8 pots d’Arques, évalué
dans ces tables à 1,823 1 (nous lui avons trouvé 1,836 1 - cf. plus haut chapitre
II, p. 183), ce qui met le boisseau à 1,823 X 12,87 = 23,46 1
Pour les mesures de liquides, le pot et de demi-pot d’Arques, nous avons
donné la contenance de ces récipients, déduite de nos propres étalonnages
dans le chapitre II, page 183.
D 39. — Saint-Denis.
La valeur de la pinte de Saint-Denis était assez considérable, 1,449 1 (soit
les 14/9e de la pinte de Paris). Les mesures de Saint-Denis étaient autrefois
réputées pour leur grande capacité, ce qui donna naissance à des anecdotes,
parfois curieuses. M. le Dr Wickersheimer rapporte l ’une d’elles dans le
« Bulletin de la Société française d’Histoire de la Médecine » (Paris 1910, IX,
n° 5, p. 197) : « A propos de la chopine de Saint-Denis ».
D 41. — Saint-Omer.
Rappelons (cf. plus haut chapitre II, p. 150) qu’à Saint-Omer l’échelle
des mesures de grains était la suivante :
1 rasière = 4 quartiers = 16 biquets = 64 lots = 256 pintes = 133,33 1
La contenance de ch acu n e de ces m esures, à la fin du X V IIIe siècle, est
portée au ta b le a u .
— 289
livres ainsi que l’indique notre auteur. La rasière de Saint-Omer avait une
contenance toute proche de celle de l’ancien setier de Paris (130 1).
En ce qui concerne les mesures de liquides (cf. plus haut chapitre II,
p. 165), les valeurs portées au tableau répondent à la contenance de ces me-
sures à la fin du x vm e siècle.
D’après Pagart d’Hermansart (op. cit. plus haut, chapitre II, p. 142, note
4 ), la capacité de divers tonneaux était la suivante (p. 178) : le tonneau pour
le miel était formé de 24 à 25 lots (environ 51,6 1) ; le tonneau pour 1 huile
était formé de 50 à 51 lots (environ 106,5 1) ; le tonneau pour le vin valait
3 muids ou 1 368 pintes, ce qui met le muid à 456 pintes de Saint-Omer ou 237
litres et le tonneau à 711 litres.
D. 42. — Saint-Quentin.
D’après PIC, les mesures de Saint-Quentin pour les grains étaient iden-
tiques aux mesures de Corbie (cf. plus haut D 16).
Donc 1 setier = 43,32 1
1 muid = 519,84 1
Au xive siècle, les documents de la Chambre des Comptes de 1330 (cf. Du
Cange au mot Modius, col. 862) donnent l’équivalence ci-après, s’appliquant
aux mesures de Saint-Quentin pour le blé :
1 muid de Paris = 4 muids + 2 setiers + 1 maincot + 1 boisseau, mesures de
Saint-Quentin.
8 boisseaux de Saint-Quentin = 1 setier
2 maincots = 1 setier
8 setiers = 1 muid
d’où l’on tire (le muid de Paris était égal à cette époque à 1 561 1)
1 boisseau = 5,63 1
1 maincot = 22,52 1
1 setier = 45,04 1
1 muid = 360,32 1
Or, d’après PIC, 1 setier = 43,32 1 ; ce qui mettrait le boisseau, à raison de 8
au setier, à 43,32 : 8 = 5,414 1, valeur voisine de celle du boisseau du Moyen
Age.
La composition du muid a probablement été modifiée au cours du tempsi
puisqu’elle passe de 8 à 12 setiers et, par conséquent, de 64 à 96 boisseaux.
D 43. — Saint-Valéry.
D’après PIC « ... Le setier de Paris était moins fort d’environ 4 % et faisait
à peu près 19 boisseaux d’Abbeville... »
— 290 —
Ce qui met le setier de Saint-Valéry à 162,5 1 et le boisseau d’Abbeville à 8,3 1,
valeur déjà indiquée à D 1.
D 45. ■
— Sens.
D ’après Paucton, 1 setier pèse 274 livres, ce qui met le setier à 178,1 1.
Au xive siècle, d’après les documents de la Chambre des Comptes de 1330
(cf. Du Cange au mot « modius » col. 858), nous avons les équivalences : me-
sure du blé : 1 muid de Paris = 9 setiers + 3 minots (de Sens)
12 setiers (de Sens) = 1 muid
4 minots (de Sens) = 1 setier
2 bichez (de Sens) = 1 minot.
Il en résulte qu’à cette époque :
1 muid de Sens = 1 920 1
1 setier de Sens = 160 1
1 minot de Sens = 40 1
1 bichez de Sens = 20 1.
D 46. — Toulouse.
La valeur du demi-pega, indiquée dans la colonne « Divers », est celle de
l’étalon mesuré par les Commissaires désignés par l’Académie de Toulouse en
1754 (cf. plus haut chapitre II, p. 209 sq). La contenance du pega, donnée
par Paucton, est un peu faible.
La pièce était composée de 100 pegas de 3,166 1, soit 316,6 litres.
D après les tables de l’ an X, la barrique était composée de 60 pegas et
contenait, à la mesure de Toulouse ou de Gaillac, 190,096 1, soit 3,168 1 pour
le pega. La pipe valait 2 barriques.
En ce qui concerne le pega Comte Raymond, nous renvoyons à l ’étude que
nous avons faite dans le document D 3.
Mesures de grains.
Les tables de l’an X donnent les équivalences classiques :
1 carton = 4 émines ou setiers = 16 pugnères
1 setier = 4 pugnères = 93,26 1
1 pugnère = 23,31 1
1 carton = 373,04 1
— 291 —
Paucton produit les équivalences ci-après :
1 setier = 4 pugnères = 32 boisseaux
Le setier pèse de 172 à 175 livres et mesure 8,673 X 13 = 112,8 1.
Cette dernière estimation du setier par Paucton est beaucoup plus forte
que celle que donnent les tables de l ’an X. Ce qui s’explique facilement. Paucton,
en effet, n’a pas su ou n’a pas précisé qu’il s’agissait du setier d’avoine et non
du setier de blé. Les tables donnent au setier d’avoine une contenance de
111,23 1, qui est très voisine de celle que donne Paucton.
D 47. — Troyes.
Bourquelot (op. cit., pp. 87,88) dit que le muid (pour les grains) =
12 setiers = 24 mines = 96 bichets = 192 boisseaux.
En 1780. Paucton donne au setier de Troyes une contenance identique à
celle du setier de Paris, soit 156 litres, ce qui met le bichet à 26 litres et le
boisseau à 13 litres.
— 292 —
Ch a p i t r e III
(1) Au xvill' siècle, des appareils à ressort, appelés pesons, furent mis en circulation.
Employés par les fourriers, les étapiers, etc..., ils laissèrent pratiquement intacte la supré-
matie des instruments classiques.
— 293 —
Elle offre en outre, sous certaines conditions, la possibilité d’évaluer le
degré de précision des balances qui furent employées pour étalonner les poids
— bien que ces instruments nous échappent — et d’apprécier la qualité des
méthodes d’étalonnage.
Avant d’aborder ces questions, nous donnons ci-après un bref aperçu de
la Terminologie du pesage.
*
**
TERMINOLOGIE.
*
* *
294
ceau de fer en forme de crochet... ». C’est donc bien le peson ou « contrepo'ds »
de la romaine.
Pour abréger, on devait dire une romane (ou une romaine), ainsi que 1 in"
dique l ’inventaire précité de 1508, où il est question d’une autre « ...roinane
que porte sieys quintalz trente cinq livres per pezar... » (1 ).
A Aix-en-Provence, un document du 12 juillet 1599 fait état d’une « Pro"
testation des détaillants contre l’interdiction que leur avait faite le lieutenant
général de se servir de « romaines » avec obligation de se servir de balances
à poids » (2 ).
La distinction entre les deux variétés de balances est donc nettement f ° r‘
mulée.
A Nîmes, au xive siècle, il est question de l’achat « ...d’une romaine j ,our
le poids de la farine... » (3 ).
De même, l ’inventaire de l ’outillage du potier d’étain albigeois / ean
Granier, dressé en 1584, mentionne parmi les objets recensés une « ...ron#ane
de Montpellier se peysant du grand pois cinquante livres et du petit Dnze
livres... » (4 ).
Cet instrument est une balance romaine à deux côtés, c’est-à-dire de d eux
portées différentes; on pouvait peser, sur le côté « faible », jusqu’à 11 liVres
et, sur le côté « fort », jusqu’à 50 livres.
Le terme trôna et les variantes : troneau, trosniel, traineau (5 ), ont af*ssi
désigné la balance romaine.
Par ailleurs, des peseurs publics, utilisant non pas des romaines mais des
balances à bras égaux, ont porté le nom de « tronator ».
En effet, M. Skinner, Directeur du Science Muséum à Londres, écrit d^*ns
un récent article, qu’en Angleterre les «...tronators se rendaient sur les m arcf1®8
de la laine pour peser la laine peignée sur « la grande balance royale* ®
conservée dans chaque ville sous la garde du clerc du marché. Ils transp or‘
taient à cet effet, des séries de poids de bronze en forme d’écu aux armes du
souverain régnant, séries qui furent fabriquées tout au long des règnes de
Henri VIII à Georges III... » (c’est-à-dire de 1485 à 1820) (6 ). 1*
6
5
4
3
2
— 295 —
Ces balances publiques n’étaient donc pas des balances romaines sinon
les « Tronators » n’auraient pas eu recours aux poids.
Les échanges commerciaux entre l ’Angleterre et les Flandres n’ont peut
être pas été étrangers à la diffusion des termes trôna, trône, troneau, etc..., des
deux côtés du détroit.
Godefroy établit que le terme trône était synonyme de poids (et non de
balance) en citant à l’appui le texte suivant : « Et li trônes dont ils peserunt
deit estre de X X II clous » (1 ).
Le traineau désigne expressément la balance romaine dans les œuvres de
Cardan publiées en 1556 (2 ) ; à Saint-Omer, vers la fin du X V I e siècle, car « . . . l e
lin s’était longtemps pesé au traineau ou à la romaine et il y avait un peseur
juré pour cette marchandise » (3 ).
La balance romaine a été aussi appelée croc, ou crochet, sans doute parce
qu’elle est munie de crochets auxquels sont suspendues les charges à peser :
« La balance à croc (statera) est une balance portable de drappiers sans bacins,
n’ayant d’un côté qu’un crochet et de l ’autre le poids... (1640) » (4 ).
Le terme verge (virga) a désigné fréquemment la queue de la romaine,
c’est-à-dire la tige de métal graduée, plus ou moins longue, le long de laquelle
se déplace le contrepoids.
Les expressions flayau, flayel, trabeau, traversin, banq, etc... désignaient
le fléau de la balance à bras égaux (5 ).
Dans cette variété d’appareils, les instruments destinés au pesage de très
faibles quantités de matières portaient le nom de trébuchet. Une bonne défi-
nition en a été donnée par Savary, qui s’exprime de la manière suivante :
« Les balances fines appelées autrement trébuchets sont de petites balances
dont on se sert pour peser les monnoies d’or et d’argent, les matières et choses
précieuses qui sont en petite quantité. Les trébuchets dont on se sert ordinai-
rement en France se font à Paris, à Lyon et en Forest; mais ceux de Paris
sont les plus estimés... » (6 ). 1
6
5
4
3
2
— 296
Dans les collections muséographiques, nous avons découvert un certain
nombre de trébuchets, destinés au pesage des monnaies. La plupart de ces
appareils ont été fabriqués dans les ateliers des balanciers parisiens et lyonnais.
Le terme biquet s’appliquait aux balances fines (1 ) de même nature que
le trébuchet.
Les instruments utilisés au pesage public, sur les foires, balles et marchés,
dans les moulins, etc..., sont fréquemment désignés par les expresssions « poids
publics », « poids de la farine », etc..., dont le sens marque nettement la des-
tination de ces appareils. Voici quelques exemples typiques.
A Albi il existait, dès 1285, un local dit « maison du poids public » où
était installée la balance affectée au pesage public. Ce poids fut transféré plus
tard sur la place de la cathédrale, dans la maison dite de la « pile », où
étaient déjà groupées les mesures de pierre et les mesures pour les liquides (2 ).
Le Sénéchal des villes de Beaucaire et de Nîmes permit, en 1258, aux
Consuls de Nîmes, d’établir dans la ville un « poids de la farine » (3 ) ; en
1350, le roi décide que la municipalité pourra percevoir un denier par quintal;
enfin, entre 1357 et 1367, il est question de l’achat d’une romaine pour le
poids de la farine (4 ).
A Cuxac-d’Aude, en 1665, « Le poids communal ayant été perdu depuis
trois ou quatre ans, le Conseil autorise les Consuls à acheter un nouveau poids
avec balances et romaines afin de vérifier que ceux qui vendent de la viande,
du poisson ou autres objets font bon et loyal poids » (5 ).
De ce texte il semble ressortir que l’ensemble des instruments utilisés pour
le service de la commune portait le nom de « poids ».
En 1464, la municipalité de Cordes (Tarn) cède à bail le « poids de
safran » et « ...la boutique de noble Jean de Salles « per pezar »... » (6 ).
Dans cette ville, des documents signalent que le poids « ...tant del saffra,
lannas... que autres marchandises... » était affermé, notamment en 1536, 1667,
etc... (7 ).
A Saint-Omer, le bureau du poids public, longtemps appelé « le poids
du seigneur », faisait partie du domaine royal ; la ville en était simplement
engagiste et l ’avait affermé (8 ). 1
297
Dans les villes disposant de poids publics, les règlements interdisaient fré-
quemment aux habitants de peser chez eux les marchandises, au-delà d’un
poids déterminé.
A Saint-Omer, ce poids était fixé à 60 livres et il était « ...défendu aux
habitants d’avoir chez eux des balances pouvant peser d’un seul trait un poids
de cette importance (environ 26 kg)... » (1 ).
En 1552, à Boulogne-sur-Mer, il est fait « Défense aux marchands d’ avoir
dans leurs maisons des poids de plus de 20 livres et ordre de peser au poids
de la ville... » (2 ).
L’ordonnance de 1415, portant statut des Balanciers de Rouen, ne permet-
tait pas de peser chez soi au-delà de 12 livres. Cette décision avait été dictée
par le souci de mettre un frein aux pratiques des marchands qui, pour éviter
le paiement des taxes de pesage, pesaient chez eux et non au poids de la
Vicomté. Le poids de la Vicomté, appartenant au Roi, se nommait « poys du
Roy » (3 ).
L’existence du poids le Roi, ou du poids du Roi, est très ancienne, puisque à
Paris des textes la signalent en 1169 (1 ). Après diverses cessions, le Roi ra-
cheta son poids au chapitre en 1691 et, conjointement, fit défense aux mar-
chands d’employer des fléaux et balances « ...en leurs maisons au-dessus de
25 livres à la réserve seulement des épiciers et merciers » (5 ). Cette décision
fut si mal accueillie qu’elle dut être abrogée en 1693 (6 ).
L’ordonnance de Charles IV, prise en 1321 et concernant entre autres
choses la vente au poids des épiceries et autres marchandises, mentionne le
poix-le-Roi expressément « ...selon l’accord fait entre les dits marchands
bourgeois de Paris d’une part, et les tenans du poix, qu’on appelle le poix le
Roy d’autre part... » (7 ).
Deux expressions, qui ont le même sens, doivent être signalées, puisqu’elles
furent autrefois assez répandues. L’une d’elles est d’ailleurs encore employée
en Angleterre. Il s’ agit des termes « avoir de poids et « œuvre de poids ».
A ce sujet, Bourquelot a constaté que « ...les marchandises avoir de poids
figurent à part des autres marchandises, qui se vendaient au poids dans les
tarifs de tonlieue dressés pour les foires de Champagne et l’on y trouve compris1
(1 ) I d „ p. 172.
(2 ) A. M. Boulogne-sur-mer, n° 1013, p. 134, col. n° 2.
(3) M a c h a b e y (A .). Op. cit., p. 51.
(4 ) M a c h a b e y (A .). Op. cit., p. 75.
(5 ) I d „ p. 75.
(6) I d ., p. 75.
(7 ) P r e v e t (J.). Statuts et règlements des Apothicaires. Paris 1950, p. 17.
— 298
le fil, la laine, la soie, les étoffes précieuses et toutes les épices qui venaient
d’Orient par l’Italie... » (1 ).
En 1258 « ...il fut convenu que les marchands de Rouen s’ils vendaient
à Provins des « avoir de poids », devraient au prieur de Saint Ayoul le poids
et le tonlieu. Sauf pour les draps de laine... » (2 ).
Dans les comptes de 1340-1341, « ...Le poids des « avoir-de-poids », le
loyer d’une loge pour peser, forment des articles à part » (3 ).
Une ordonnance de Philippe-le-Bel, datée de 1307, stipule : « ...que nul
marchand d’avoir de poids ne puisse vendre à autre livre que a la nostre... » (4 ).
Dans une ordonnance de 1312, Philippe IV s’exprime ainsi : « ...Les mar-
chands d’avoir de poids devront dans chaque bonne ville élire quatre
gardes... » (5 ).
En 1322, le Prévôt de Paris, Haquin, fait justifier et ajuster « ...tous
les pois aus quiex ou poise avoir de pois... » de « ...l’assentement et accord
des marchans de avoir de pois et espiciers » (6 ).
L’article 7 du statut des balanciers de Rouen, de 1415, précise « ...à la
ferme du grand poys et du petit appartient à peser quel Avoir que ce soit
dedans la Banlieue et aussi que aucun ne peut peser aucun Avoir de poys
ne autre chose fors au poys du Roi... » ( 7 ) .
Dans une ordonnance de 1353 du roi d’Angleterre Edouard III, qui ins-
titua la livre avoir de poids pour le commerce de la laine, il est dit « ...et
tout maner de avoir du poids soient poises par balaunces... » (8 ).
L’expression « œuvre-de-poids » a une signification identique à celle
d’avoir du poids. Nous trouvons ces termes, par exemple dans un arrêt de
la cour du Parlement de juillet 1570, disant « ...d’ascheter toutes sortes de
marchandises, espiceries, drogueries et œuvre de poix » (9 ). 1
20
Des lettres patentes de Louis XIII, en date du 28 novembre 1638, portant
nouveaux statuts des apothicaires-épiciers, font état à l’article 20 « ...des
marchandises d’œuvres de pois et autres, de l’art d’apothicarrerie et phar-
macie et de la marchandise d’épiceries... » (1 ).
Passons à présent aux termes désignant les mesures de masse proprement
dites.
La « livre » est le terme constamment employé. Cependant, sur le plan
métrologique, ce mot eut plusieurs acceptions qu’il convient de distinguer.
Dans la partie méridionale du pays, des « livres » de valeurs différentes
coexistaient fréquemment en un même lieu ou à l’intérieur d’une même
région. La distinction entre ces livres de masse variable était facile, car le
mot livre était complété par un qualificatif :
— livre grosse, composée d’un plus grand nombre d’onces que la
— livre subtile ou petite livre, ou livre légère ;
— livre poids de ville ou poids de table, ou livre prime ;
— livre de boucherie ou livre carnassière ;
— livre poids de soie, etc...
Les expressions « livre grosse » et « livre subtile » circulèrent au nord
du pays, à Paris et aux foires de Champagne, qui furent peut-être leur centre
de propagation, ayant été introduites dans ces régions, notamment par les
marchands du Languedoc, de la Provence et de l’Italie.
Dans un document de 1311, portant règlement pour le métier des épi-
ciers, le prévôt de Paris Jean Plebenc précise : « ...Item, que nuis ne livrera a
la livre soutive les choses qui doivent estre livrées et vendues a la livre grosse,
ne achetront denrees nulles d’avoir de pois san convenances que il ne puisse
ou doie rebatre de la tare autant comme elle pesera... » (2 ).
En 1312, une ordonnance de Philippe IV étend les directives de Plebenc
à tout le royaume : ce ...Premièrement. Nous abatons et ostons du tout la
livre soutive... ». Seul les « ...phisiciens et surgiens... » peuvent l’employer
pour la composition des produits médicinaux (3 ).
Nouvelle intervention de Charles IV en 1321. Dans une ordonnance visant
« ...la vente en détail et au poids des épiceries et autres marchandises... » le
roi décide, dans l’article 6 « ...que nuis... ne vendra, ne fera vendre, peser,
livrer aucune marchandise a livre soutive, qui doit estre livres et pesée à la
livre grosse... » (4 ). 1
— 301 —
A Albi en 1617, un inventaire énumère » ...un poids de marc poids de table
de demy livre ; et autre marc poids de table pesant quatre livres douze
onces... » (1 ).
Dans le manuscrit n° 1194 de la bibliothèque municipale de Carpentras se
trouve un « Tableau comparatif du poids décimal ou nouveau avec lanciens
(sic) en usage dans différentes villes ».
Au f° 147, les précisions suivantes sont données : « ... Il y avait trois sortes
de poids à savoir, poids de marc, poids de table ou balance et poids de ro-
maine... ».
« ... Le poids de table est celui dont on se sert en Provence, au Comtat Ve-
naissin, Languedoc, Dauphiné, et il est un peu plus legé que celui du marc
d’environ 22 Lb par cent et depuis 16 jusqu’à 25 de différence pour 100 suivant
les endroits... »
f° 148 : « ...Le poids de la romaine appellé communément « peson ». C’est
une sorte d’instrument qu’on appelle aussi balance romaine et avec quoi on
pese. Sert pour les marchandises de grand poids, dans les ports il est avanta-
geux pour le commerçant attendu qu’il vend ordinairement 104 ou 105 livres
au lieu de 100... » Il s’agit en réalité de la vente au quintal qui comprenait 100
à 105 livres et parfois davantage.
Les expressions livre de ville (ou poids de ville) et livre poids de table eurent
une signification analogue. La zone d’emploi de la livre poids-de-ville se
situait pratiquement au-delà de la zone méridionale où circulait la livre poids
de table.
Ainsi, de nombreuses villes du nord (Aire-sur-la-Lys, Ilesdin, Saint-Omer,
etc...) ont employé une livre de 14 onces (428 g environ) comme livre de com-
merce courant. Il en fut de même à Lyon, Tours, etc...
Mais dans de nombreux cas, au nord et au sud, plusieurs livres coexistaient
en un même lieu : livre poids de table, livre subtile, livre poids de soie, qui à
Lyon valait 15 onces (2 ) du marc de France (460 g environ), livre poids de
marc, composée de 16 onces du dit marc, etc...
L’expression livre poids de marc paraît avoir acquis droit de cité lorsque
la livre de commerce fut légalement composée de deux marcs de Paris ou 16
onces, c’est-à-dire vraisemblablement vers la fin du X IV e siècle ou au début du
xve siècle (3 ). 1
(1 ) V i d a l (Auguste). Op. cit., p. 243, aux mots « Poids de table », sous la rubrique
« Mesures ».
( 2 ) Sa var y . Op. cit., pp. 246-247, au mot « Poids ».
(3) G u i l h i e r m o z . Remarques... Op. cit., p. 8 : L’auteur rapporte une ordonnance de 1389
aux termes de laquelle Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, prescrit l’emploi exclusif de la
livre de 16 onces (à l’exception des produits médicinaux), composée de 2 marcs.
Une ordonnance royale de 1540, concernant les balanciers, se réfère no-
tamment à l’échelle pondérale déjà classique, puisqu’il y est dit « ...qu’à com-
mencer au quintal pris pour cent livres valant 200 marcs et en descendant et
en diminuant jusqu’à un grain de poids, selon la computation accoutumée en
poids de marc... » (1 ).
Les livres en usage dans les villes et composées d’un certain nombre d’onces
du marc de Paris, ne portaient pas, à notre connaissance, le nom de livre poids-
de-marc, expression qui semble avoir été spécialement réservée à la livre de
deux marcs ou seize onces (2 ).
La livre de 16 onces poids de marc était composée de 2 marcs, le marc de
8 onces, l ’once de 8 gros, le gros de 3 deniers et le denier de 24 grains. Cette
échelle est produite explicitement dans l ’édit de Henri II d’octohre 1557.
Mais dans la pratique commerciale, la livre se divisait en demie, quart ou
quarteron, demi-quarteron ; puis en onces, gros et grains. Cette division bi-
naire était courante autrefois.
Des exemples précis en sont fournis par les poids inscrits, à commencer par
les plus anciens, émis à Toulouse en 1239; leurs calibres respectifs, dans une
série décroissante, s’échelonnant de la livre aux subdivisions de l’once, sont dé-
signés par les termes livra, meia livra (demi-livre), cartaro de livra (quart de
livre), meig cartaro (demi-quart), onsa, meia onsa, cartaro d’onsa et uchau, ce
dernier terme signifiant un huitième d’once.
Ces subdivisions de la livre sont confirmées par les poids conservés dans les
collections muséographiques, quelles que soient les villes où ils étaient em-
ployés.
Dans le Midi, le tarnal équivalait au gros, ou huitième d’once. En Bour-
gogne, le trezel équivalait au gros (3 ).
Ainsi, le manuscrit 1194 de la bibliothèque de Carpentras dans lequel figu-
rent des tableaux d’équivalences entre les anciennes unités et les unités mé-
triques, rapporte que « ...la livre se divise en 16 onces, l’once en 8 Tarnauds
ou 8 gros, le tarnaud en 3 deniers... ».
La livre des apothicaires était destinée exclusivement aux préparations des
produits médicaux, ce qui explique que cette livre soutive ait été appelée livre
médicinale. Elle était divisée en 12 onces, l’once en 8 drachmes (au lieu de1
— 303 —
gros), la drachme en 3 scrupules (au lieu de deniers) et le scrupule en un
certain nombre de grains.
A Perpignan, une ordonnance de 1381 prescrit notamment « ...que personne
ne puisse vendre aucune choses qui dans le métier d’apothicaire sont nécessaires
aux malades au poids médicinal... » (1 ).
Les multiples de la livre se composaient, en principe, de poids de 2 livres
et de 4 livres, s’agissant du commerce de détail. Cependant, des poids de 3 livres
furent employés, notamment dans le Midi, pour peser la viande de boucherie,
car la livre carnassière était composée de 3 livres poids de table (2 ). Il existe
plusieurs exemplaires de poids de 3 livres dans l ’importante collection des
poids méridionaux conservée au musée de Toulouse.
A Toulouse, précisément, dans le règlement de 1279, le terme mesalhal
désigne le poids de 4 livres (3 ).
Au-delà de 4 livres, on accède à la série des poids massifs, composant les
subdivisions du quintal.
Le terme quintal figure dans un règlement toulousain sur les poids et me-
sures daté de 1279 (4 ) et dans une ordonnance du x m e siècle fixant, à Albi, le
poids de la viande fraîche : « ...a donai VIII livras per quintal davantage... » (5).
Guilhiermoz signale un avis du Conseil privé, daté du 8 mai 1540, d’où
résulte l ’équivalence « ...treize cens qui sont treize quintaux ou environ... » (6).
Un manuscrit du xive siècle (Le Leudaire de Montréal d’Aude) cite le
quintal, le cartairo (de quintal) 25 livres ; le mieg-cartairo ou huitième de
quintal (12,5 livres) et le pogesal ou seizième de quintal, ou quart de car-
tairo (7 ).
Le quintal était souvent composé de plus de cent livres : 104 à Toulouse
vers la fin du x m e siècle, mais en 1783, le quintal de farine se compose de
105 livres et celui des huiles de 110 livres (8 ). 1
— 304 —
A Nîmes, le quintal est de 100 livres poids de table en 1608 (1 ) et à Cordes
de 100 livres puis, en 1633, le fermier du poids public se fait rappeler à l’ordre
par le Consulat pour avoir, sans autorisation, porté le quintal jusqu’à 105 livres
au lieu de 100 (2 ).
Le terme millier est employé pour désigner 1 000 livres. « Il faut remarquer
— dit Surirey de Saint-Remy (3 ) — que l’on compte par quintaux en Provence,
Roussillon et Languedoc, et non par cent ni par milliers comme on le fait en
France et que 1 quintal = 100 livres.
10 quintaux = un millier de livres. »
L’assortiment du matériel de pesage, dont les marchands devaient se munir,
n’était pas toujours laissé à leur libre choix. Ainsi, au cours d’une délibération,
le Conseil de la Communauté de Castres décida, le 2 janvier 1585, que « ...Les
poids et mesures dont les marchands doivent être munis sont : une romaine,
une grande balance... plus un poids de métal de quatre livres ; un de trois livres ;
deux de une livre chacun ; deux poids de demi-livre, un cart, demi-cart, une
once et deux onces... » (4 ).
A Nantes, un arrêt du Parlement de Rennes, du 14 mars 1631, prescrit
aux maîtres boulangers d’avoir « ...sur leurs estaux ouvroirs et boutiques, à la
veüe de tout le peuple... une balance et pille de cuivre et poids de marc bien
ajustés... » (5 ).
*
**
— 305 —
En 1322, lorsque les poids des marchands de Paris sont étalonnés à la
Chambre des Monnaies, Gilles Haquin, Prévôt de Paris, précise que « ...Les quiex
pois ainsi justefiez nous avons ordonné... que il en demoura certain patron par-
devers nous au Chastellet de Paris, pour le Roy, et un autre pardevers les
mestres des espiciers de Paris... et un autre semblable à yceux pardevers les te-
nans que on dit le pois le Roy à Paris... » (1 );
Dans une sentence relative aux poids, du 11 août 1655, qui confirme les
gardes des « épiciers-apothicaires » dans leur droit de visite des poids sur
toutes sortes d’Arts, il est rappelé qu’ils sont « ...gardes des Poids et Estallon
Royal... », institution fort ancienne « ...qui se justifie dans une concession
faite du temps de Saint-Louis... Lecture faite de l’Acte de don fait ausdits
Maistres et Gardes de l ’Egallon du Poids en l ’année onze cent soixante
neuf.... » (2 ).
A Cliinon, selon les statuts des apothicaires (13-3-1628), les maîtres jurés
de cette corporation « ...auront la garde de l’estalon desdictz poidz... » (3).
Les lettres patentes de François II, de juillet-novembre 1560, homologuant
un nouveau texte concernant les apothicaires de Paris, précisent « ...14. Item
que lesdits appoticaires et espiciers, esquelz de toute ancienneté leur a esté baillé
l’estallon du poix, pour aller visiter sur tous les marchands vendans et débi-
tans marchandises à poix, dedans la ville et faulxbourg de Paris... » (4 ).
Le mot « estelon » est employé dans le texte d’une ordonnance nantaise pu-
bliée par ban le 28 mai 1566, aux termes de laquelle « ...il est faict comman-
dement à toutes personnes de peser au poix de marc, et de ne user de petit poix,
sur payne de confiscation de la marchandise y pezée et de l’amande ; et ceulx
qui vouldront ajuster des poix qui le randent à la maison de ville, ou sont les
estelons desdits poix... » (5 ).
Dans l ’Indre, le terme souche désignait l’étalon des poids, comme ceux
des mesures.
Ainsi, à Châteauroux, il fut décidé, le 14 mars 1725, qu’il serait fourni au
fermier du poids du roi, qui ne disposait que d’un poids de 50 livres et se trou-
vait dans l’obligation « ...d’emprunter les autres à des particuliers... », « ...des
poids marqués aux armes du Roi de une, deux, trois, quatre, cinq, dix quinze
et vingt cinq livres, lesquels serviront de souche pour étalonner les poids des
marchands et des particuliers... » (6 ). 1
306 —
Le terme matrice désignant l ’étalon, figure dans des textes, mais, ce qui est
aussi probant, il est gravé sur des poids. Par exemple, il existe deux poids de la
collection métrologique conservée au musée de Toulouse qui portent respective-
ment les inscriptions :
LIVRE DE MONTPELLIER SERVANT DE MATRICE 1604 (1)
et : DEMI-LIVR SERVANT DE MATRICE 1680 (1 ).
A Lyon, les termes échantils, matricules et matrices, s’appliquaient aux
étalons des poids et des mesures.
Dans un texte de 1610, il est dit que « ...sans préjudice des Droits des
Parties, les échantils des poids et mesures seroient visités par gens à ce con-
noissans... » (2 ).
D’autre part, il est question d’une « Copie non signée d’une description
faite le 18 mai 1623 des matricules des Poids, Mesures et Echantils, mis en sé-
questre... » dans un document de la même date (3 ).
En 1647, un édit de Louis XIV décide qu’aucune « ...marchandise ni denrée
sujette à la mesure et au poids... » ne sera vendue ni achetée « ...qu’elle ne soit
mesurée ou pesée avec des poids et mesures ajustés et étalonnés sur les Matrices
et originaux... » (4 ).
Dans le Nord du pays, les étalons primaires, ou prototypes, toujours soi-
gneusement conservés et auxquels on recourait en dernier ressort, portaient le
nom de « dormant » (5 ). Ainsi, l ’étalon du marc conservé à la Chambre des
Comptes de Bruxelles était désigné sous les termes de « Dormant du véritable
poids de Troyes ». C’est une copie de cet étalon qui fut envoyée à Tillet en
1766 (6 ).
A Dunkerque, le statut des apothicaires (17-4-1693) décide qu’ « ...Il y aura
un poids dormant bien juste chez le Doyen en cas de besoin vérifier et rectifier
les autres... » (7 ). 1
307 —
Paucton, dans sa Métrologie, rapporte qu’un sieur Chassebras fut envoyé
en 1686, par Louis XIV, après la conquête des pays du Nord, pour y imposer
l’emploi du poids de marc. « ...Les anciens étalons, qu’on nommoit poids dor-
mans... furent brisés et les nouveaux étalons poinçonnés et marqués... de
L couronnée de la Couronne impériale de France et continuent d’y être appelés
pois dormans... » (1 ).
Apatronner, alivrer, étalonner, affiner, échantiller, sont des termes dési-
gnant les opérations d’étalonnage proprement dites.
A Bordeaux, il est question, au xvie siècle, d’établir un étalon de la livre
carnassière pour « ...y apatroner tous les poids et les livres canassières des
maîtres bouchers et ensuite les faire marnuer de la marque de la ville... Cela
fut exécuté le 25 août 1559... » (2 ).
Un texte de 1554 relate que les Consuls de Montpellier ont le droit « ...de
visiter, alivrer et prendre tous et un chacun les poids, mesures, romaines et
autres... » (3 ).
Le terme affiner figure, entre autres choses, dans le règlement des poids
et mesures d’Albi au x m e siècle. Ce document fixe le montant des taxes perçues
par l’ affineur de la ville, notamment à l’occasion de l’ajustement des poids
de marc : « ...Prima per affinai- lo pes del marc et tôt lo marc, pren lodic
affinayre et per lo poncho sive merca de la merca et senhal de la vila, quatre
denier per cescuna pessa deldich pes de marc sio granda ho petita... » (4).
Premièrement pour afiner le poids de marc et tout le marc, ledit affineur prend
ainsi que pour le poinçon ou marque de la marque et sceau de la ville, quatre
deniers pour chaque pièce dudit poids de marc, grande ou petite.
Les commis nommés par les municipalités aux fonctions d’étalonneurs pu-
blics étaient des échantilleurs, ou écliantillonneurs, vérificateurs, marqueurs,
affineurs, allieleurs, balanciers, etc...
A Lyon, Etienne Chatel est commis à l ’exercice et continuation de la charge
d’échantilleur et marqueur des poids et mesures, par une ordonnance du 24
août 1563 (5 ).
A Castres, un document du 24 septembre 1782 signale la nomination d’un
échantillonneur (6 ). 1
308 —
Un arrêt du Parlement du 19 décembre 1643 autorise les Consuls d’Aix-
en-Provence à nommer des alliéleurs pour la vérification des poids et me-
sures (1 ).
Déjà en 1553, à Aix, un texte mentionne les alliéleurs chargés de faire les
mesures pour l’huile (2 ).
En 1545, Pierre Rassat succède à son père au titre de marqueur des poids
dans le « ...Comté de Genevois et baronie de Faucigny... » (3 ).
Les termes marqueurs et échantilleurs sont employés couramment en Savoie
pour désigner les contrôleurs et poinçonneurs des poids et des mesures (4 ).
L’orthographe du mot poids est sujette à des variations, telles que pes,
pezes, pois, poix, poi, poys.
Un peu plus haut, nous avons vu qu’à Albi les mots « ...pes del mare... »
désignaient le poids de marc. Sur des poids inscrits, émis dans cette ville en
1557, 1581 et 1673, le mot poids est orthographié poix ou pois :
« POIX DE 3 LIVRES DE LA C. DALB1 » et
« POIS DUNE LIVRE DE LA CITE DBI » (5 ).
A Carcassonne, « poix » est inscrit sur des poids de l ’émission de 1607 (6 ).
et à Narbonne, sur des spécimens du xvn e siècle (7 ) ; d’autres objets portent
l’inscription « pois » (8 ) ; « poi » est inscrit sur les poids émis à Toulouse en
1560 (9 ). Les mots « le poys » apparaissent sur deux poids inscrits émis à
Nîmes en 1577 (10).
A Montpellier, le terme pezes est, dans l’inventaire de 1508, maintes fois
mentionné : « ...Item, ung autre libre long couvert de parguemin inscript en
papier, là ont s’escripven toutz los ans los pezes, mezares et balances de la
ville fachas par messieurs los consulz... » (11).
— 309 —
Dans ce même inventaire il est question d’ « ...unes grandes balances ou
ont peze lo pan dels formiers et pasteresses ...Item un grant marc de pes de sede
(marc du poids de soie) que peze IX Lh IX onces pes de livre... » (1 ).
Les poids étaient généralement de métal, mais au Moyen Age (et même
postérieurement) la pierre fut employée à la confection de poids massifs au
même titre qu’ à la confection des mesures.
Il s’en suit que des textes parlent de « pierres », bien que les poids soient
de métal. Voici un exemple qui nous est fourni par les statuts du x m e siècle
de la commune de Saint-Omer : « ...On a commandé Ke chil Ki vendent laines
par pois et par pierres, Kil aient droit pois enseignié del enseigne de la ville,
et Ke leur pois soit tout de cuevre sous L X s... » (2 ).
Dans cette ville, le fromage se vendait à la poise : « ...La poise de fromage
valait 20 pierres de 6 livres (environ 51 kg) et la poise du beurre ou de la laine
en comptait 30 (environ 77 kg)... » (3 ).
De même à Cambrai, au X I I I e siècle, Godefroy dans son Dictionnaire
signale au mot trosnel « ...ly pesons de la laine de fillet... ly poise de la laine
trosnée... »
Le peson (tout de même que la poise) équivalait à un poids déterminé ;
en voici un exemple tiré des règlements de la Draperie de Châlons-sur-Marne,
datés de 1243 et 1247, rapportés par Bourquelot, où il est dit :
« ...Li pesons de VI en la pierre est de XIV onces ;
Li pesons de VIII en la pierre est de X X II onces et 1 trezel ;
Li pesons de X en la pierre est de X X V I onces, le tiers d’une once
en moins » (4 ).
Par conséquent, le peson dont 6 forment une pierre pèse XIV onces, et
ainsi de suite.
La laine se pesait à la pierre et au sac. A Londres, lorsque le roi Edouard
instaura et rendit obligatoire, en 1342 et 1352, la livre avoir-du-poids pour
le pesage de la laine, il décida que le sac de laine pèserait 26 stones (pierres)
et que chaque stone pèserait 14 livres avoir du poids (5 ).
Le lin fut longtemps pesé au traineau, c’est-à-dire à la romaine ; à Saint-
Omer, un règlement du 22 novembre 1706 décida qu’il devrait être « ...pesé1
310 —
dans les balances et non au traineau et avec des poids d’une pierre faisant
4 livres 1 /2 poids de la ville (environ 1 928 g ), d’un autre de 31ivres 1 /4 et
demi ce qui fait ordinairement une botte, et d’une autre de 2 livres 1 /4 qui
est la demi-pierre. Ces poids seront de cœurs (cuivre) et seront inscrits :
poids de lin... » (1 ).
Ce dernier exemple montre que, même au XVIIIe siècle, la tradition vou-
lait que certains poids fussent encore désignés par le terme « pierre », bien
qu’en réalité ces objets fussent de métal. D’ailleurs, cette expression pierre
s’est maintenue jusqu’à nos jours dans le nord de la France.
Certains poids étaient appelés piles (2 ). Nous les décrivons plus loin (sec-
tion poids). Disons brièvement qu’une pile était composée de godets en forme
de cône tronqué, s’emboîtant les uns aux autres ; leur ensemble était contenu
dans un dernier godet, le plus volumineux, appelé boîte parce qu’il était muni
d’un couvercle et d’un fermoir.
Certains documents donnent à cette boîte le nom de poche, ou de nave.
Ainsi, un inventaire des étalons de la ville de Dijon, établi en 1705, men-
tionne entre autres choses une « ...nave de cuivre pesant 16 livres, garnie de
poids jusques au demy-trezeau... » C’est précisément la pile de 32 marcs,
datée de 1678, actuellement conservée aux archives municipales de la ville.
Par ailleurs, en 1494 eut lieu à la Cour des Monnaies de Paris l ’étalonnage
d’une pile de 32 marcs, destinée à la Prévôté du Châtelet. Le procès-verbal des
opérations rapporte expressément : « ...le petit poids de lad. pille... » et la
« ...poche de X X X II m... », c’est-à-dire la boîte dont le couvercle porte l ’ins-
cription 32 m (32 marcs), poids total de l’ensemble des godets et de la boîte.
Cette dernière ne pesant que la moitié ou 16 marcs (3 ).
Dans cet aperçu sur la terminologie du pesage, nous avons essayé de grouper
un certain nombre d’expressions qui, autrefois, paraissent avoir été assez fré-
quemment employées ; c’est pourquoi cette énumération ne prétend aucune-
ment être complète.
311
QUELQUES ASPECTS DU PESAGE
LES INSTRUMENTS
Autrefois, les produits faisant l’objet d’échanges au poids étaient pesés sur
des balances dont la portée variait, comme aujourd’hui, avec l’importance des
charges.
Dans des limites assez larges, il est possible de classer ces appareils dans
les trois catégories énumérées ci-après :
— 313 —
Les instruments classés dans les seconde et troisième catégories — moyenne
et forte portée — se composent de balances à fléaux et de romaines. En ce
qui concerne leur étude expérimentale, les observations formulées plus haut,
au sujet des balances fines, s’appliquent identiquement aux appareils des deux
autres catégories.
Dans la majorité des cas, les balances sont de métal. Il existe pourtant des
balances à fléaux et surtout des balances romaines, entièrement en bois, excep-
tion faite de certains accessoires de métal (crochet de suspension, axe d’oscilla-
tion, contrepoids des romaines).
Quelques appréciations ont été formulées sur les balances à fléaux par
Surirey de Saint-Rémy, dans ses « Mémoires d’Artillerie » parus en 1707.
Il écrit : « ...Il y a de petites balances de cuivre, ce sont deux petits bassins
soutenus par un petit fléau ou une petite verge de fer... elles servent pour les
petites distributions dans les magasins » (1 ).
« ...Le fléau d’une balance à peser par exemple jusqu’à 25 livres ne doit
avoir que 12 à 15 livres de fer... » (2 ).
Et il ajoute, en comparant les romaines aux autres balances : « ...Les pla-
teaux avec les fléaux de fer sont beaucoup plus certains... »
A l ’époque où écrivait Surirey de Saint-Rémy, la balancerie produisait
des instruments de bonnes qualités métrologiques. Mais il avait fallu un certain
temps pour obtenir de tels résultats. Il suffit, pous s’en convaincre, de se
reporter aux diverses ordonnances des rois de France, relatives aux poids et
aux instruments de pesage.
Ainsi l’ordonnance de Henri II, datée de 1557, dispose que, dans la ville
de Paris et sa banlieue, les marchandises se pèseront « ...a balance et fléaus a
clou quarré et non à fléaus allans et venans percés près de la languette, ne
pareillement à fléaus tombans. Nous ordonnons être cassez et rompuz ou
réduict audit clou quarré. Faisant défence à tous Balanciers d’en faire autre
que audit clou quarré... » (3 ).
Le clou était l’axe chef du fléau, dénommé couteau parce que sa forme
est prismatique et qu’il repose, par une arête vive, sur un coussinet.
Autrefois, ce clou, ou pivot, fut longtemps cylindrique (4 ). Il reposait
directement sur les fourchettes de suspension constituant la chape, celle-ci1
(1 ) Su r i r e y de Sa i n t -R é m y . O p. cit., 389.
(2) I d ., p. 388.
(3 ) M a c h a b e y (A .). Op. cit., p. 62.
(4 ) Toutefois, le statut des balanciers de Rouen (1415) dispose, en son article V que
« ...Tous les balanciers qui ouvreront du dit mestier feront bonnes et justes balances qui seront
...à clou rond ou carré... ».
314 —
étant terminée à sa partie supérieure par un anneau permettant de suspendre
la balance ou de la tenir à la main.
A la partie inférieure de la chape, une pièce appelée brayais reliait les
extrémités des fourchettes de suspension, ce qui évitait la chute éventuelle du
fléau.
Les pivots des extrémités de ce fléau épousaient la forme d’un anneau, ou
étaient simplement réduits à un trou percé dans le métal.
C’est à ces parties terminales, à ces pivots, que les cordelettes (cordes,
chaînes ou chaînettes), attachées aux plateaux de la balance, étaient suspendues
par l’intermédiaire d’anneaux.
Nous ignorons à partir de quelle époque exactement ces pivots furent
constitués par des couteaux prismatiques, dont l’arête vive était dirigée vers
le haut (tandis que celle du couteau central est dirigée vers le bas), de façon
à recevoir les esses ou étriers auxquels se suspendent les bassins.
Cependant, un fléau mesurant 1,80 m et portant la date de 1689 est conservé
au musée Ingres à Montauban. Son examen nous a permis de constater que les
trois pivots sont prismatiques et que les étriers reposent, comme indiqué
ci-dessus, sur les pivots terminaux.
Le grand fléau conservé au musée des Ducs de Bretagne à Nantes, ne diffère
pas sensiblement — à l’exception des enjolivements remarquables qui parent
cette balance — de celui de Montauban, mais cet appareil ne paraît pas
remonter au-delà du x vm e siècle (1 ).
Par ailleurs, un fléau en bon état de conservation, à peu près identique à
celui de Montauban (couteaux prismatiques), est conservé au musée Ernest
Turpin à Brive.
Antérieurement au xvn e siècle, signalons une petite balance romaine, du
musée Crozatier au Puy et portant la date 1576 ; puis une balance à bras
égaux conservée au musée Saint-Jean d’Angers, qui pourrait peut-être remonter
au moins au X V e siècle.
Les bras de ce fléau offrent la particularité de pouvoir se replier de chaque
côté de la chape, comme les branches d’un compas. L’axe central est rond ;
il est donc du type à clou rond décrié par l’ordonnance de 1557, ce qui peut
laisser supposer que cet appareil est antérieur à cette date.
Viollet-le-Duc a d’ailleurs signalé, au musée du château de Pierrefonds.
une balance du même type, paraissant remonter au X I V e siècle. Lorsque les
bras du fléau sont déployés, ils ne sont pas exactement dans le prolongement1
— 315 —
21
l’un de l’autre, et la balance a la forme d’un V très ouvert (1 ). Cette cons-
tation permet de penser que, peut-être, les lettres de Jean Plebenc, Prévôt
de Paris en 1311 et les ordonnances royales de 1312 et 1321 visaient notam-
ment ce genre d’appareil.
En effet, Jean Plebenc en 1311 décide que « ...chascun desditz marchanz
et espiciers qui marchanderont d’avoir des pois... auront bones balances per-
ciées entre le bras et la largiée, sans estre en archief » (2 ).
En 1312, Philippe le Bel étend ces prescriptions au royaume et stipule que
« ...chacun marchand d’espicerie, et d’ autres avoirs de pois... ait bonnes ba-
lances perciées entre le bras et la langue sans estre enarchiées... » (3 ).
Puis Charles IV, en 1321, renouvelle les précédentes dispositions pour les
marchands parisiens « ...et aura bonnes balances, et justes, perciées entre le
bras et la langue sans estre enarchiées... » (4 ).
Une ordonnance, prise par Charles VI en 1403, confirmant les statuts des
Chandeliers de la ville de Rouen, dispose « ...que nul ne pourra peser chan-
delle, si ce n’est en bellance perchiée entre banq et langue ; et cellui sur qui
l’on trouvera bellance au contraire qui seront perchiez parmy banq, ou qui
ne revendront à juste poiz, elles seront portées à Justice par lesdis gardes
et depeciees en la présence desdiz gardes... » (5 ).
Ces textes ne donnent que des indications techniques très succintes et
laissent vraisemblablement le soin et la responsabilité aux balanciers de
trouver les procédés leur permettant de fabriquer des balances répondant aux
prescriptions officielles.
Par suite de la raréfaction des instruments au-delà du xvne siècle, il
est indispensable, si l ’on désire se former une opinion, toute relative d’ ailleurs,
sur les aspects généraux des balances en usage au cours des siècles pré-
cédents, de recourir aux documents iconographiques, aux sculptures, manus-
crits à peinture, vitraux, peintures murales, etc...
L’examen des figurations d’appareils de pesage, découvertes dans ces sources
documentaires, permet de recueillir quelques indications techniques, étant admis
par hypothèse que les artistes représentaient les instruments en circulation de
leur temps.
La balance du tympan de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun (second quart
du X I I e siècle) est munie d’un index très apparent et d’une chape de suspen-
sion massive.1
— 316 —
Les bassins, en forme de calebasse, sont suspendus par trois cordes à cha-
cune des extrémités du fléau, sans qu’il soit possible de distinguer nettement
le mode de suspension.
La peinture murale du Jugement dernier de l’église de Lutz-en-Dunois,
débutd u X I I I e siècle, présente un grand fléau et des bassins sensiblement de
le mode de suspension des bassins profonds. Chacun d’eux est relié par quatre
cordelettes, attachées, par groupe de deux, à deux anneaux suspendus à l’ex-
trémité du fléau, extrémité de forme annulaire, et munie d’un axe ou clou.
La chape est composée de deux anneaux supportant le couteau chef et so-
lidaires d’une tige, elle-même terminée par un anneau de suspension ; le
brayais n’apparaît pas. Le fléau ne comporte aucun index.
Cette balance figurée est à rapprocher de l’instrument conservé au musée
d’Angers, précédemment signalé. On constate que les parties terminales des
b r a s du fléau sont pratiquement identiques à celles de la balance de Bourges.
Mais il serait bien audacieux d’en conclure que la balance conservée au musée
d’Angers remonte à la fin du x m e siècle. Toutefois, il est peut-être permis de
penser que ce mode de suspension des plateaux était connu et mis en applica-
tion a u moins à cette époque.
Une grande balance est représentée sur une peinture murale de la crypte
de l’église de Polignac, peinture datée du X V e siècle. L’axe du fléau est toujours
cylindrique — c’est le clou rond — ; mais, par sa forme, l ’index est à peu
près identique à celui des appareils qui, plus tard, deviendront classiques.
Les plateaux, bien que moins profonds, sont semblables à ceux qui appa-
raissent sur la peinture murale contemporaine de l’église de Saint-Bonnet-le-
Château (Haute-Loire) : ce sont des bassins, dont le tour a la forme d’une
collerette et qui portent trois ergots latéraux auxquels les organes de sus-
pension sont attachés.
Enfin, dans un zodiaque d’une des miniatures des « Riches heures du duc
de Berry », le signe de la balance est concrétisé par un instrument extrême-
ment soigné. Il porte le témoignage, du moins à cette époque, que les balan-
ciers réussissaient à donner à leurs appareils une réelle facture artistique.
Peut-être faut-il voir, parallèlement à cette manifestation dy bon goût et du
travail méticuleux des artisans balanciers, une évolution des procédés de
fabrication se traduisant par une amélioration des qualités métrologiques
des appareils (1 ).
Un peu plus haut nous avons mentionné l’existence de fléaux et de romaines
en bois.
Dans les collections se trouvent, en effet, des instruments de bois et plus
particulièrement des romaines. Il semble que leurs qualités n’aient pas été
brillantes. L’un des vices de ces balances réside dans la graduation de la
queue de la romaine. Les divisions étaient marquées par des encoches plus
ou moins régulières, plus ou moins évasées et profondes, ou bien par de
petits clous de laiton, arasés, ce qui ne permettait pas d’obtenir une préci-
sion convenable.
Les balances en bois furent interdites par une ordonnance de la Cour
des Monnaies de Lyon, prise sur l’ordre du Procureur du Roi, en 1781.
Dans l’exposé des motifs, le Procureur dit avoir été informé qu’il s’est ré-
pandu dans cette ville et « ...même dans les provinces voisines... » un grand
nombre de poids de marc défectueux et « ...qu’il était même instruit, qu’au
mépris de toutes les loix et de tous les Règlements, les maîtres Tourneurs
exposoient en vente et vendoient des balances de bois lesquelles ne pouvoient
jamais acquérir un certain degré de justesse ».
Il ordonne en conséquence que tous les édits concernant l’étalonnage et
l’ajustage des balances et poids de marc (depuis celui de 1540 jusqu’aux
arrêts de 1776 — il en cite dix — ) « ...seront exécutés sous leur forme et
teneur... qu’itératives défenses sont faites... à tous maîtres et marchans Tour-
neurs, de fabriquer et vendre des balances en bois sous telle peine qu’il ap-
partiendra... » (2 ).
Bien avant 1781, les balances romaines, en bois ou en métal, avaient été
décriées. En 1490, l’évêque de la cité de Rodez demandait aux Consids de
défendre l’usage de la romaine car, disait-il, le pesage avec cet instrument
n’est que fraude (3 ). 1
(1) Dans un ms. latin du xiv” siècle (B. N. 7330) de G a s p a r i (Georges), intitulé « Liber
astrologica », six balances sont présentées au folio 52 V" soit au sein de miniatures, soit sous
forme de dessins de couleur ocre. Toutes ces balances sont inunies d’une chape de suspension;
mais une seule vignette fait apparaître un instrument et son index. Les bassins sont suspendus
par trois cordelettes qui paraissent attachées à un anneau fixé à l’extrémité du fléau.
(2 ) Lyon. — A. M., Série HH non inventoriée. Ordonnance de la Cour des Monnoies de
Lyon. 4 août 1781.
(3 ) A f f r e (H .). Op. cit., p. 6.
— 320 —
En 1599, à Aix-en-Provence, le Lieutenant général interdisait le
pesage à la romaine et obligeait les marchands à recourir exclusivement aux
« balances à poids » (1 ).
Le 10 avril 1673, le balancier parisien Antoine Prévost s’ adresse à de La
Reynie, Conseiller du Roi, pour lui faire connaître qu’il « ...a saisi à Ver-
sailles une romaine marquant au public vingt-cinq livres et n’en faisant que
quinze... » (2 ).
La balance romaine eut une très grande vogue dans le midi ; dans le nord,
au contraire, les balances à fléaux furent les plus couramment utilisées.
Bien que les instruments de bois aient été interdits à la fin du X V I I I e siècle,
leur emploi n’est pas douteux à une époque plus ancienne. En voici des
exemples.
En 1672, le poids public de Tonneins (Lot-et-Garonne) consistait ainsi que
l’indique un document du temps, « ...en balances de bois de noyer suspendues
au moyen de cordes à un... timon de fer... plus douze quintaux de plomb
avec leurs anneaux en fer savoir : 10 quintaux entiers et deux quintaux et
demi-quarteron et autres menues pièces... » (3 ).
La portée de cet instrument atteignait donc 1 200 livres (environ 600 kg).
La balance du poids public de la Ferté-Bernard consistait, en 1407, en un
fléau de bois (4 ).
Il ne s’agit probablement pas de cas exceptionnels, puisqu’un membre du
Conseil municipal de Bordeaux fit, le 4 juillet 1795, un rapport sur la question
de savoir si les fléaux en bois étaient meilleurs que les fléaux de fer. [Bordeaux.
Inv. Sommaire A.M. (R évolu tion ); T. IL D. 114].
Ces poids publics entrent dans la catégorie des instruments de forte portée,
qu’il s’agisse de balances à fléaux ou de balances romaines.
Il existe par exemple, au musée de Carpentras, une ancienne balance ro-
maine, à deux côtés, dont les encoches furent retaillées après l’institution du
système métrique, pour adapter l ’appareil au nouveau système d’unités. Cette
balance mesure 2,48 m et sa portée est de 900 kg, soit un peu moins de 2 000
livres poids de marc, ou 20 quintaux.1
322 —
Dans les arsenaux, la portée des balances et des romaines utilisées pour
peser les pièces de canons, était beaucoup plus élevée et pouvait atteindre 5
à 6 000 livres (environ 2,5 à 3 tonnes).
En 1508, on employait, à Montpellier, à l’hôtel du poids de la farine « ...une
romane que porte sieys quintals trente cinq livres... ». La portée de cette ba-
lance était donc de 635 livres (1 ).
Ces poids publics furent autrefois très répandus. Rouen avait un « Bu-
reau de la Romaine » qui est signalé en 1707 ( 2 ) ; à Caen, en 1710, un sieur
Auvra était « Contrôleur de la romaine » (2 ) ; au Havre, le « Receveur de
la Romaine » est mentionné dans un texte de 1748 (2 ).
En 1541, à Pernes, le fermier des poids, balances et mesures à grains de
la ville perçoit « ...pour le pesage deux deniers de chacun cent... » (3 ).
Le poids de la ville de Pézenas est signalé en 1415 ( 4 ) ; il s’agissait cer-
tainement d’une romaine, car elle est citée en 1448 (5 ).
Dans cette ville, un tarif de 1467 fixe les droits dus au Poids-le-Roy, par
quintal de marchandises soumises au pesage obligatoire à ce poids. Ce tarif
donne une idée de la variété des produites en circulation : « ...gingembre,
saffran, canele, poivre long, noix, muscades, alun, soufre, corde, plume, chanvre,
miel, charbon de bois ou de pierre, etc... » (6 ).
A Toulouse, les Consuls inféodèrent la maison du « poids du blé » en
1340 (7 ). En 1388, le chancelier d’Auvergne dut intervenir pour interdire la
destruction du local où était installé le « poids du blé » à Riom (8 ).
En 1701, la ville de Castres fait établir des balances publiques « ...pour
la vérification du poids des marchandises achetées par les habitants » ( 9 ) ;
en 1786, la municipalité décide la construction « ...d’un poids public avec
romaine à Villegoudou pour peser la paille, le foin, le charbon... » (10).
A Limoges, un règlement pour l ’office de peseur des draps intervient en
1247-1248 ( 1 1 ); le « Poids-du-Roy » est encore mentionné dans un document
faisant état de son aliénation par la ville en 1700 (12). 1
— 323 —
D’après les privilèges accordés par Louis XI en 1474 à la ville de Ville-
dieu-les-Poëles, le Commandeur « ...a le droit de poids de toutes les mar-
chandises exposées en vente dans ce lieu (les H alles); ce poids est placé
en haut des Halles, sous le siège de justice. Tous les bourgeois sont obligés d’y
aller peser leurs marchandises au-dessus de 25 livres, car il peuvent peser
chez eux, jusqu’ à ce nombre, ce qu’ils vendent ou achètent de bourgeois a
bourgeois... » (1 ).
Le poids pour peser le lin et le chanvre à Amiens se trouvait, en 1542, dans
un local particulier ( 2 ) ; une ordonnance de 1404 signale l ’existence d’un
poids public dans la halle (3 ), dont il est encore question en 1550 (4 ) et en
1551 (5 ).
A Cambrai, le poids de fer est mentionné explicitement en 1366-1367 (6 );
dans un document de 1588-1589, il est question du fermier du « poids-de-fer »
de la ville, qui a pesé «...le nombre de vingt trois mil livres de metalle livrez
au fondeur d’artillerye... » ( 7 ) ; la maison du poids de fer est citée en
1602 (8 ).
Entre 1771 et 1781, une lettre du greffier de Boulogne-sur-Mer révèle que
le poids du roi « ...est un patrimoine inhérent à l’hôpital de cette ville et qui
lui a appartenu de temps immémorial, puisque l’on voit dans les Comptes
rendus de l’an 1400 que Ton y parle de ses revenus... » (9 ).
Enfin, aux foires de Troyes, où le pesage jouait un rôle assez important,
Bourquelot rapporte l ’existence, à Lagny, d’un poids commun, d’un poids aux
Provençaux (10) et d’un poids aux Lombards; à Troyes (11), le poids est si-
gnalé dans une charte de 1185; le poids de Provins est mentionné dès 1161
(12) et celui de Bar dans un texte de 1226 (13).
Selon le même auteur, il devait y avoir à Provins, d’après une charte de
1270, neuf maisons où peser la laine et elle ne pouvait être pesée en dehors
de ces neuf maisons (14). 1
— 324
Tournai. — LE POIDS PUBLIC
d’après un vitrail de la Cathédrale (xv° siècle).
— 325 —
Ce rapide exposé sur les instruments de pesage utilisés autrefois a eu pour
objet de donner une vue très générale sur ces appareils, ainsi que sur leur
rôle.
Par ailleurs, sur. le plan technique, il convenait de souligner les conditions
défavorables, qui ne facilitent pas ou s’opposent à la recherche des qualités
métrologiques des balances, par suite du nombre restreint de spécimens ou
de leur état de conservation défectueux.
De même, il n’était pas inutile de mettre en évidence le peu de crédit ac-
cordé aux balances romaines, ce qui nous conduit tout naturellement à aborder
l’examen des poids, compléments indispensables des balances à fléaux.
*
**
LES POIDS.
(1 ) Ces poids de marchandises ne sont pas à confondre avec les poids « monétaires » dont
l’étude relève plus spécialement de la science numismatique.
— 326 —
c ) piles ou poids à godets, quelle que soit leur masse. A elles seules,
ces piles justifient un classement à part, parce qu’elles constituent
un ensemble aussi homogène que celui des poids monétiformes (1).
Dans cette seconde catégorie, nous désignons, en suivant la tradition, par
les termes « poids anépigraphes », non seulement les spécimens dépourvus de
toute inscription, mais en outre les objets qui portent des attributs héraldiques,
des indications graphiques — marques de fabricants, de contrôles, dates,
etc... — procurant parfois le moyen de les identifier. L’expérience révèle que,
sous cette forme conventionnelle, la définition du « poids anépigraphe » ne
prête pas à confusion avec celle du « poids monétiforme ».
Nous examinerons brièvement les caractéristiques essentielles de ces deux
catégories de poids en nous appuyons, notamment, sur les trois mille spé-
cimens que nous avons étudiés jusqu’ici.
Poids monétiformes.
Ces objets, en bronze et de forme discoïdale, portent, adossées à l’avers et
au revers, des armoiries municipales, seigneuriales, etc..., entourées de légendes
indiquant leur calibre, ainsi que la ville où ils furent émis et la date d’émis-
sion (2 ).
Le diamètre et l’épaisseur des poids varient évidemment avec leur masse;
par exemple, un poids de 4 livres de Toulouse, émis en 1239 et pesant actuel-
lement 1 568 g, a un diamètre de 112 mm et une épaisseur de 19 mm en-
viron (C.P.M.L., n° 1).
Un. poids d’une livre île la même émission et pesant actuellement 394 g
a un diamètre de 66 mm et une épaisseur de 13 mm environ (C.P.M.L., n° 6).
Un poids d’une once pesant actuellement 25,9 g, un diamètre de 28 mm
et une épaisseur de 5,5 mm environ (C.P.M.L., n° 64).
Les caractéristiques générales indiquées plus haut souffrent des exceptions.
Celles-ci s’expliquent dans de nombreux cas, notamment celui des poids de
faibles calibres, par l’exiguïté de leur surface, qui ne permettait pas aux fa-
bricants de graver intégralement les inscriptions. Les fondeurs eurent alors
recours à des abréviations, en principe suffisamment explicites, pour éviter
toute ambiguïté sur l’origine des objets.
Prenons par exemple des poids de Carcassonne émis en 1667 : un poids
de 3 livres (pesant actuellement 1 238,7 g) mesure 100 mm de diamètre et
20 mm d’épaisseur (C.P.M.L., n° 277). 11 porte d’un côté l’inscription :1
— 328 —
Collection du Musée P. Dupuy, à Toulouse
POIDS : TYPE MONETIFORME
+ MEIA : LIVRA :
DE TOLOZA
Avers
y
Revers
h : AN : M : CC :
XXX : VIIII :
L XIV (1 ). 3 . LIVRES POIX DE CARCASSONNE et de l’autre côté :
P.CASTEL.M.L.MARCHAND.F.COVTAND.I.FOURNIE (2 ). Par contre, un
poids de l’émission de 1675, d un quart de livre (pesant 98,5 g) mesure 45 mm
de diamètre et 8 mm d’épaisseur (C.P.M.L., n° 295). D un côté il porte l’ins-
cription : CVART.P.D.CA. et de l’autre côté : V.T.V.B.1675
La première inscription a évidemment pour sens : Quart poids de Car-
cassonne; la seconde inscription donne la date de fabrication — 1675 —
et groupe des initiales des Consuls en exercice, dont les noms ne pouvaient
pas être gravés en entier sur le pourtour du poids, à savoir : Vidal, Tremoilhe,
Vidal, Baharon.
Ces noms sont au contraire, reproduits sur des poids de deux livres et
d’une livre de l ’émission de 1675, parce que la surface disponible était moins
exiguë (C.P.M.L., n os 290 et 291).
Dans les collections que nous avons étudiées, le calibre des poids moné-
tiformes n’excède pas 4 livres. Cette constatation paraît confirmer un règle-
ment du x m e siècle, sur les poids et mesures de Toulouse, prescrivant qu’en
dessous de six livres et demie, les poids doivent être obligatoirement de métal,
à savoir : mesalhal de quatre livres, poids de deux livres, d’une livre, d’une
demi-livre, d’un quart de livre, de deux onces (ou huitième de livre, ou demi-
quart de livre), d’une once, de demi-once, du quart de l’once et du huitième
de l’once ou ucliau (3 ).
Ces multiples et sous-multiples de la livre sont représentés par des mo-
dèles qui subsistent dans des collections, par exemple les poids de l’émission
toulousaine de 1239, qui a laissé d’assez nombreux témoins.
De même, le règlement du x m e siècle concernant les poids et mesures d’Albi
(4 ), énumère les subdivisions de la livre. L’échelle pondérale d’Albi obéit,
comme celle de Toulouse, à la règle de dimidiation ; ici, la plus petite subdi-
vision équivaut au seizième (1 /1 6 ) de l’ once, ou demi-ucliau.
Un certain nombre de poids des émissions albigeoises, qui eurent lieu par
intermittence de 1336 à 1673, confirme le règlement précité.
En fait, l’once équivalait au seizième de la livre dans la plupart des villes
méridionales, ainsi qu’en témoignent, d’une façon incontestable, les objets
des collections.
— 331 —
22
de boucherie » ou « livre carnassière ». Cette livre lourde devait équivaloir
à trois des livres en usage dans le commerce de détail. Nous reviendrons d’ail-
leurs sur ce point ultérieurement.
Mais il convenait de signaler, dès à présent, ces poids de trois livres, qui
ne s’insèrent pas dans l’échelle pondérale normale.
— 332
P O ID S DE F A IB L E C A L IB R E
— 333
Autre exemple : un poids de Bordeaux en plomb, a la forme d’un tronc de
cône renversé. La grande base a 73 mm de diamètre et la petite base 63 mm;
l’épaisseur du poids est de 40 mm. Cet objet qui pèse 1 470,8 g équivaut à
3 livres poids de marc (1 468,5 g ). Il porte, avec les armes de la ville, la
marque du balancier juré de la ville, Etienne Soulignac, agréé en 1775, qui
fondit cet objet (1 ).
Prenons à présent des spécimens de forme non géométrique.
Un poids de Béziers ressemble à une amphore et porte, le long du galbe,
l’inscription ci-après : 1687 MATRISSE DE BEZIERS TROIS LIVRE. Avec
l ’anse, dont il est actuellement dépourvu, cet étalon devait peser 1 243 g en-
viron (C.P.M.L., n° 625).
La collection de Toulouse offre des modèles de poids pleins, fabriqués à
Rodez, ayant la forme d’une cloche, munis d’une poignée et coulés vers la
fin du x vm e siècle (quelques-uns d’entre eux portent la date 1776). Le nom du
fondeur et le calibre du poids sont gravés sur la surface latérale, qui supporte
un écu aux armes de la ville.
Ainsi, sur le poids n° 1165 (C.P.M.L.), on lit l ’inscription : LACOMBE.A.
RODES.V (V indiquant le calibre du poids, cinq livres (2 ).
En ce qui concerne les poids de forme géométrique décrits ci-dessus et plus
particulièrement les objets fabriqués en Languedoc, il semble, sauf découvertes
nouvelles, que les spécimens émis au xvil e siècle et antérieurement aient
laissé peu de traces.
Cependant, il est certain que des poids de cette variété furent en circulation
dans les régions méridionales, au moins au X V I I e siècle, puisqu’il en existe
quelques témoins dans les collections.
La rareté de ces objets pourrait peut-être s’expliquer de la manière sui-
vante. Autrefois, il arrivait fréquemment, à l’occasion d’une nouvelle émission
de poids, que les anciens soient récupérés et refondus.
Un document audomarois fournit à cet égard un témoignage précis. Il s’agit
d’une ordonnance municipale du 23 juillet 1732, prescrivant la refonte des
poids de la ville et portant défense « ...de se servir et d’en garder d’autres
que ceux de 14 onces... à peine de 50 livres et de confiscation, ordre de rap-
porter les vieux à la ville et d’en prendre de nouveaux qu’on donnera poids
pour poids... » (3 ).
On doit noter qu’une refonte des poids avait eu lieu en 1652 (4 ). Et
c’est peut-être parce que les poids de Saint-Omer, émis au X V I I e siècle et avant,1
— 334
EXEM PLES DE P O ID S M E D IC IN A U X
(Collection Musée P. Dupuy, à Toulouse)
once médicinale = 480 grains du Marc = 5/6 de l’once du Marc = 25,5
(1 grain = 0,053 g)
BÂliODIEÇUE
du X V IIIe s iè c le .
Il n’est donc pas exclu de penser, que dans d’autres lieux les mêmes erre-
ments furent suivis ; ce qui tendrait à expliquer la rareté des poids anépi-
graplies antérieurs au x vm e siècle, conservés dans les collections de poids mé-
ridionaux.
Dans la variété considérée, nous intégrons des poids ayant sensiblement
la forme d’une petite bouteille, d’une clochette ou d’un segment sphérique.
Une série de dix poids, en forme de bouteille, est conservée au musée de Tou-
louse.
Il s’agit de poids médicinaux, employés autrefois par les apothicaires. Cha-
cun des éléments de la série correspond, avec une grande précision, à une sub-
division de la livre médicinale. Celle-ci pèse 306 g et la plus petite subdivi-
sion pesait 2,25 g (48 grains), soit le cent vingtième (1 /1 2 0 ) de la livre (1 ).
A titre indicatif, précisons que l’objet qui représente cette livre a un dia-
mètre de base de 36,5 mm et une hauteur de 61,5 mm ; le plus petit élément
de la série pesant 2,55 g a un diamètre de base de 10,3 mm et une hauteur
de 9,5 mm.
Dans la collection métrologique conservée à Morlaas (Béarn), il existe
notamment trois poids de bronze, qui sont des multiples de la livre précédente
et portent les armes de la ville.
L’un d’eux a la forme d’une clochette ; il est muni d’une bélière et d’un
anneau et pèse 1,223 kg, soit 4 livres de 305,75 g ; sa base s’inscrit dans un
heptagone de 55 mm de côté et sa hauteur est de 90 mm.
Le second et le troisième poids, de forme géométrique, pèsent respective-
ment 2 livres (610 g ) et une livre (305 g ) ; ces valeurs sont donc identiques à
la livre médicinale précitée.
Les poids en forme de segment sphérique sont assortis d’un bouton de pré-
hension. L’un des trois spécimens est conservé au musée de Toulouse (n° 1730)
et les deux autres le sont au musée des Beaux-Arts à Lille.
Sur leur surface latérale, ils portent l’inscription LIBR.MEDICI.I : ou bien
LIBR.MEDIC.I. (poids de L ille) ou encore LIBRA.MEDIC. (poids de Tou-
louse). Il s’agit donc d’une livre médicinale.
Ces objets pèsent respectivement 374,3 g — 374,9 g et 375,2 g. Ils pa-
raissent avoir été ajustés — à peu près — à la livre troy anglaise de douze
onces de 31,10 g et pesant 373,24 g. On sait que cette livre troy était plus spé-
cialement employée par les apothicaires et pour le pesage des métaux précieux.1
(1 ) G u i l h ie r m o z (P-). Note sur les poids du Moyen-Age (an. 1906), pp. 408 sq.
336 —
A titre indicatif, le diamètre de base et la flèche de la calotte des poids en
question mesurent respectivement : diamètre = 56 mm, 55,5 mm et 51 mm ;
flèche = 28 mm, 26 mm et 31 mm.
Enfin, nous classons, dans la variété considérée, les poids en lamelle, qui
sont à peu près identiques à ceux qui sont utilisés de nos jours. De minces pla-
quettes de métal étalonnées forment les plus petites subdivisions de l’unité de
mesure de masse (dans le système métrique : décigramme, centigramme, mil-
ligramme); autrefois, un grain (0,053 g ), deux grains, etc..., jusqu’au dernier
ou gros (3,82 g ). Le nombre de grains est figuré sur la plaquette par des an-
nelets, ou des globules, gravés dans le métal, ou bien par des chiffres romains
suivis d’annelets, par exemple X oo, signifiant 12 grains. Ces lamelles, de forme
géométrique (ronde, carrée, hexagonale), mesurent environ 1 à 2 cm de côté.
B. — Poids massifs.
Nous intégrons dans cette variété les poids inscrits ou non inscrits, dont
le calibre varie entre 3 à 6 livres et 1 quintal (environ 2 kg à environ 50 kg).
Ils sont de pierre ou de métal ; mais, dans les collections, les plus nombreux
sont de bronze et de laiton, de fer, de plomb, etc...
En principe, ils portent un organe de préhension : bouton, poignée faisant
corps avec l’objet ou poignée amovible solidaire du poids par l ’intermédiaire
d’une bélière.
Leur forme est celle d’un cylindre, d’un tronc de cône ou d’un tronc de py-
ramide, d’une cloche, etc...
Ces poids sont généralement pleins. Cependant, divers spécimens offrent
de grandes analogies avec les poids de fonte actuels, à cavité intérieure plus ou
moins prononcée, destinée à recevoir le plomb d’ ajustage à l’intérieur duquel
est noyé le lacet maintenant le système de suspension.
Tel est le cas, par exemple, de plusieurs poids de Cambrai des xvne ou
XVIIIe siècles, conservés au musée des Beaux-Arts à Lille. Leur forme est celle
d’une pyramide tronquée. Ils sont munis d’un anneau rond solidaire d’une
bélière. Dans la cavité interne subsiste le plomb d’ajustage portant une marque
aux armes de la ville (1 ).
Toujours au musée de Lille, des poids de fer, sensiblement cylindriques,
fabriqués à Cambrai (mais en très mauvais état), de 50 et 20 livres (d’ après
les inscriptions gravées sur ces objets) et paraissant plus anciens que les pré-
cédents, fournissent un exemple d’objets massifs de facture sensiblement ana-1
(1) Musée des Beaux-Arts à Lille. Poids de fonte de 2,850 kg (6 livres de 475 g ) ; de
1,850 kg; de 1,900 kg (4 livres).
— 337 — •i.
logue à celle des poids représentés sur un vitrail de Tournai, daté du XVe
siècle.
La technique d’étalonnage des poids était différente suivant qu’il s’agissait
de poids pleins ou de poids à cavité.
Les balanciers limaient le revers des premiers jusqu’à ce qu’ils aient réussi
à les ajuster à leur valeur légale.
L’ ajustement des autres poids s’obtenait en coulant, dans la cavité, la
quantité de plomb nécessaire préalablement pesée.
Voici à présent quelques exemples de poids pleins. Des étalons lillois de
50, 25, 20 et 10 livres, dont la forme rappelle celle d’une cloche, sont pourvus
d’une poignée assez large, faisant corps avec l’objet (1 ). La masse de chacun
d’eux est gravée en chiffres romains sur l’ anse (X X V signifiant 25 livres, etc...).
La date d’émission : 1668 est gravée en grands caractères sur la surface latérale
des poids, ainsi que l’écu des armoiries municipales.
Au musée Ingres, à Montauban, deux séries d’étalons sont conservées en
parfait état.
La première série se compose de poids cylindriques, arrondis vers le
sommet, munis d'une poignée amovible de forme elliptique. Elle matérialise
le quintal de 100 livres poids de marc (48,950 kg) et ses subdivisions : 50,
25, 10 et 5 livres (24,475 kg à 2,450 kg) (2 ).
Des matrices portent une inscription gravée en creux autour du corps cy-
lindrique, libellée comme suit, par exemple, sur le poids de 25 livres : « Poids
de 25 livres ou 50 marcs étalonné à la Cour des Monnoyes de Paris suivant le
Procès-verbal du 15 mai 1779. Ajusté par Chemin Balancier rue de la Feron-
nerie au Q couronné à Paris » (3 ).
La seconde série, plus ancienne que la précédente (probablement du XVIIe
siècle, sinon antérieure), comprend quatre étalons massifs, en bronze, munis
d’un anneau rond amovible, dont la forme rappelle sensiblement celle d’une
cloche.
Ces objets représentent le quintal de Montauban et ses subdivisions, soit
104, 52, 26, 13 (ce poids manque dans la série) et 6,5 livres. Telle fut en effet
la composition de ce quintal prescrite en 1329 (4 ). *2
6
(1) Musée des Beaux-Arts à Lille. Poids numéros 30 (21,647 kg), 25 (10,920 kg),
26 (8,680 kg) et 27 (4,325 kg).
(2 ) Poids numéros 1 à 5 de la collection métrologique conservée dans ce musée.
(3 ) Ce balancier avait sont atelier au n° 177 « Bâtiment du charnier des Innocents, la
septième Boutique, à droite en entrant par la rue S Denis... » (d’après une étiquette imprimée,
collée à l’intérieur d’une boîte de changeur fabriquée dans cet atelier, n° 17190 du catalogue
du musée du C. A. M., section K, p. K-47.).
(4 ) Cf. plus haut, p. 34, note 2.
338 —
Collection du Musée Ingres, à Montauban
(Tam-et-Garonne )
POIDS MASSIFS
Montauban
26 livres
(1 /4 de Quintal) (11,277 kg)
XVIe-XVIIe s.
(Musée Ingres)
XyuaviK
(rAifinHEUUE)
V% a x . # /
Montauban
ETALON
de 25 livres (12,280 kg)
poids de marc
(1779)
Musée Ingres
Photos JAUBERT
Place Saint-Jacques
Montauban
— 339 —
Chaque poids porte, gravées sur la surface latérale, les armoiries munici-
pales et une inscriptions précisant son calibre, par exemple « Quintal de
104 Lb de Montauban », ou bien « 6 Lb 1/2 » (1 ).
Signalons enfin deux poids inscrits, conservés au musée des Antiquités dé-
partementales de la Seine-inférieure à Rouen. Ces étalons de bronze de 25 et
50 livres, dont la forme rappelle quelque peu celle d’un ove, sont munis d’un
anneau et d’une bélière. Ce sont de précieux témoins de la qualité du travail
des fondeurs et des balanciers qui, probablement vers le xvie siècle, les auraient
coulés et ajustés.
Ils portent une inscription en caractères gothiques, indiquant leur calibre et,
fait important, l’unité de mesure de masse à laquelle ils furent ajustés (nous
y reviendrons ultérieurement).
Par exemple, sur le poids de 25 livres :
Estallon pesant X X V .I. au Mar de troye.
Cette inscription est gravée entre deux écus aux armes de la France (2 ).
Dans les régions qui s’étendent de la Normandie aux Flandres, les tech-
niques de fabrication des poids, et notamment des poids massifs, ne paraissent
pas avoir différé très sensiblement entre elles. Ainsi, les étalons de la livre
« avoir-du-poids », fabriqués sous le règne d’Elisabeth, en 1588, et conservés
au Science Muséum de Eondres, sont en forme de cloche.
Dans cette seconde variété de poids, mentionnons pour terminer les poids
de pierre, conservés au musée de Toulouse et qui sont contemporains de la
première émission connue de poids monétiforme (1239).
Nous avons décrit ces poids de pierre dans le C.P.M.L., page 30 (nos 154
à 160). Rappelons qu’ils ont une forme cylindrique ou qu’ils épousent très légè-
rement celle d’un cône tronqué et qu’ils sont arrondis vers le sommet ; à l’ex-
ception de deux d’entre eux, tous les autres sont munis d’un anneau.
Quelques-uns portent, à la partie supérieure, une ou deux petites estam-
pilles en bronze, d’environ 25 à 30 mm de diamètre, incrustées dans la pierre.
Elles sont revêtues des attributs héraldiques de Toulouse, entourés d’inscrip-
tions difficilement déchiffrables, indiquant la date (d’émission ? ) et le calibre
du poids.
Ces poids de pierre, dont trois au moins paraissent remonter a u X I I I e siècle
à en croire les inscriptions précitées, équivalaient vraisemblablement au quintal
de 104 livres en usage à Toulouse et à ses subdivisions, jusqu’ au poids de 131
(1) Poids n° 6 (quintal 104 livres 45,270 kg), n° 7 (52 livres 22,590 kg), n" 8 (26 livres
11,277 kg) et n" 10 (6,5 livres 2,817 kg).
(2 ) Cet étalon pèse 12,255 kg, ce qui met la livre à 490 g ; la livre du poids de marc étant de
489,5 g. La concordance est excellente.
— 340
livres. La fragilité de la pierre et son usure au cours d’un si grand laps de temps
ont sans doute altéré les caractéristiques métrologiques initiales de ces poids.
Il n’en reste pas moins que leur présence dans la collection de Toulouse
constitue un élément documentaire d’une valeur indiscutable, par suite de la
rareté de ces objets et de leur état de conservation satisfaisant.
Nous ne saurions en dire autant des poids de pierre conservés au musée du
Donjon à Niort, qui paraissent avoir été adaptés aux unités métriques et, de
ce fait, perdent à peu près tout intérêt pour la recherche des anciennes unités.
Cette transformation n’est pas autrement surprenante, puisque nous avons
constaté un fait analogue en ce qui concerne les mesures en pierre de Cordes
(Tarn) (1 ).
342 —
ou moins profondément, et quelquefois en plusieurs endroits, la face externe
du fond des godets.
Dans la majorité des cas, ces piles servirent d’étalons. Le balancier les
ajustait par comparaison à son propre étalon. (Celui-ci était une copie du
« patron » conservé à la jurande de la corporation; enfin, ce patron était lui-
même une réplique de la matrice conservée à la Cour ou à la Juridiction des
Monnaies.) La pile ainsi ajustée devait être ensuite vérifiée par le maître ba-
lancier de la Cour ou de la Juridiction des Monnaies dont dépendait l’ajus-
teur. Si les résultats de ce contrôle se révélaient satisfaisants, la pile était
poinçonnée à la marque de la Monnaie (une lettre surmontée d’une fleur de
lis).
Par ailleurs, le balancier devait, de son côté, graver sa marque de fabrique
sur la pile.
Enfin, le statut des fondeurs nurembergeois, daté de 1538, fit obligation aux
fabricants de poids, de graver leur marque sur ces objets, ainsi que la lettre N,
à laquelle furent substituées, beaucoup plus tard, les armes de la ville (1).
Le calibre de la pile est gravé sur le couvercle de la boîte et celui de
chacun des éléments sur le bord supérieur des godets; parfois, la masse des
petites divisions est indiquée par des points ou des annelets : quatre annelets
signifiant quatre onces, ou deux points deux onces, etc... Il s’agit de règles
très générales, qui souffrent évidemment des exceptions.
La masse des piles est variable et couvre un vaste éventail : piles de
4 onces, de 8 onces, d’une livre, de 2 livres, etc..., voire de 32 livres (pile n°
514/3453 du musée de Cluny) (poids théorique 15,664 kg) et davantage.
Toutefois, les piles de très fort calibre paraissent constituer une minorité.
Il semble que les objets couramment utilisés n’aient guère dépassé la valeur
de 16 livres 7,832 k g).
Les piles jouirent d’une grande vogue internationale, au moins du xvie
siècle jusqu’à la fin du x v m e, leur déclin étant manifeste au XIXe siècle.
Cependant, leur existence, antérieurement au XVIe siècle, ne fait aucun
doute. Citons, à titre d’exemple, l’étalon du Portugal établi sur l’ordre de
Dom Manuel 1er ; c’est une superbe pile aux armes du Roi, portant la date
1499 ; elle est actuellement conservée au musée du Service des Poids et Me-
sures portugais (2 ). 1
(1) Borssum B u i s m a n (G. A. Van). Pijl oj Sluitgewichten (II) in « Jaarboek voor munt
en Penningkunde. » (1952), pp. 72-73 (Cette publication est hollandaise).
(2 ) Republica portuguesa, Annuario de Pesos E Medidas. 1940, p. 25 et pl. Il s’agit d’un
poids d’une demi-arrobe ou de 16 livres du Portugal « Marco de meia arroba ».
— 344 —
Rappelons que Gay, dans son « Glossaire archéologique du Moyen Age et
de la Renaissance », mentionne au mot « Pile » l'inventaire d’Olivier de
Clisson, de 1407, où il est question d’une « balance avec la pille ».
Des peintres ont représenté l’orfèvre ou le changeur avec leur pile. Témoins
les tableaux de Peter Cristus « H. Eligius » daté de 1449 (New-York) (1) et
du Changeur de Quantin Metsiis, daté de 1514 (au Louvre).
Enfin, rappelons le règlement sur les poids et mesures d’Albi (2 ) qui,
au X I I I e siècle, désigne expressément le poids de marc et laisse clairement en-
tendre qu’il est formé d’éléments « ...Primo per afinar lo pes del marc et tôt lo
marc, pren ladie affinavre... quatre denier per cescuna pessa deldich pes de
marc sio grand ho petita... » (2 ).
Le principe de la dimidiation s’applique à la détermination des masses
respectives de chacun des éléments, sauf certaines exceptions.
Par exemple, une pile de 2 livres poids de marc (979 g ), c’est-à-dire de
4 marcs, est composée en principe :
1° de la boîte pesant 1 livre, soit 2 m a r c s .............................................489,5 g
2° d’un godet pesant ............... 1 marc 244,75 g
3° d’un godetpesant ................................. 4 onces 122,375 g
4° d’ungodetpesant ................................. 2 onces 61,187 g
5° d’un godetpesant ................................. 1 once 30,593 g
6° d’un godetpesant ................................................... 4 gros 15,296 g
7° d’un godetpesant ................................................... 2 gros 7,648 g
8° d’un godetpesant ....................... 1 gros 3,824 g
9° d un godet pesant .................................................. 1/2 gros creux 1,912 g
10° d’un godet pesant ................................................ 1/2 gros plein 1,912 g
ou 4 marcs = 979 g
Ici, la boîte pèse 1 livre, c’est-à-dire le même poids que les neufs autres
godets réunis.
Mais il n’en est pas toujours ainsi. L’étalon de France de 50 marcs se com-
pose de la boîte pesant 20 marcs et de treize autres godets pesant 30 marcs.
— 345 —
Les petits éléments, notamment les gros et demi-gros plein et creux, voire
les poids de 2 gros, 4 gros, 1 once, manquent fréquemment dans les objets
de collection. Ceci est regrettable en ce sens que l ’étude métrologique de ces
petites subdivisions contribue à la recherche des qualités métrologiques des
appareils utilisés par les balanciers pour ajuster ces poids et permet de se
former une opinion sur les méthodes d’étalonnages mises en œuvre à cet effet.
Ainsi que nous l’avons fait remarquer à plusieurs reprises, les difficultés
d’étalonnage ne cessent de s’accroître au fur et à mesure que la masse des poids
diminue.
C’est pourquoi il est utile d’étudier notamment les éléments de faible masse
et de les comparer entre eux.
Ajoutons que cette étude pourrait être encore beaucoup plus féconde, s’il
était possible (ce qui est rarement le cas) de procéder à l ’étude comparée des
piles issues du même atelier et ajustées par le même balancier, au cours d’une
période déterminée.
Si ces objets étaient en assez bon état de conservation, les informations ainsi
obtenues permettraient d’apprécier le niveau technique des méthodes et des
moyens mis en œuvre par l’ajusteur.
Pour l’histoire des techniques, ces résultats auraient un certain prix.
*
* *
— 346 —
communiquer!I entre elles et le haut de la matrice par des rigoles destinées au
coulage du métal... » (1 ).
Cet objet, d’un réel intérêt, se trouvait autrefois au musée des Augustins,
mais n’a pas été retrouvé. Les dimensions données par Rachou correspondent
approximativement aux diamètres respectifs des poids de Toulouse de 2 livres
à 1/2 once. Les empreintes pouvaient donc correspondre vraisemblablement
aux poids de la série : 2 livres, 1 livre, 1/2 livre, quart, demi-quart, once et
demi-once.
A Albi, les étalons des poids et des mesures étaient conservés dans un éta-
blissement dénommé « pile », sis place de la Cathédrale. C’est là que se trou-
vaient, avec les mesures en pierre, « ...les poids matrices et les moules que les
Consuls confiaient chaque année à des échantillonneurs assermentés, chargés
de la vérification des poids chez les habitants, de la refonte des poids usés et
de la fourniture des poids neufs. Il y a des procès-verbaux de prestation de
serment de ces échantillonneurs qui remontent au X I V e siècle... » (2 ).
Une indication sur ces moules est donnée par une pièce des archives d’Albi
relatant la « Prise en charge des poids matrices, des mesures et des moules en
bronze, armés de tenailles de fer, par le vérificateur chargé... de raffiner, échan-
tiller et marquer des armes de la ville d’un côté, et d’un B de l’ autre, les poids
des marchands... » (3 ).
La ville avait passé, avec un ajusteur du nom de Pierre Mabille, qui
exerçait certainement ses fonctions en 1673, un « Traité... pour la vérification
des poids qu’il marquera d’un P et d’un M... » (4 ).
La plupart des poids monétiformes, émis en 1673 à Albi, portent effecti-
vement les deux lettres P M, accostant le grand B à Paver des poids (5 ).
A Cahors, en 1320, les Consuls et le grand conseil de la ville ordonnent,
que dorénavant, toutes les marchandises seront pesées « ...aux poids nouvelle-
ment faits par Saintoul de Saintoul, daurelier, du mandement des Consuls,
lesquels poids seront marqués des deux côtés du sceau du Consulat et lettre
par-dessus. Un exemplaire de chaque poids doit être laissé au Consulat et tous
les autres menus poids de pierre et de plomb doivent être rompus... » (6 ). 1
(1) D’après Rachou, cette matrice avait été remise au musée au titre de « Don de M.
Virebent, directeur de l'école des Arts. Provenance : fondation du Couvent des religieuses de
Saint-Semin. »
(2) Albi. — A. M., p. 55.
(3) Albi. — A. M., série DD 3,
(4) Albi. — A. M., Série AA 11, 1535-1679.
(5) C. P. M. L., nos 208 à 220 (sauf le n° 213). Deux poids de la même émission sont conser-
vés au musée des Antiquités et Armures de Bruxelles et portent les lettres P.M. (nos 47 et 48 du
Catalogue).
(6) C o m b e s (A .). Op. cit., p. 8.
Nous n’avons pas jusqu’ici découvert, aux musées de Toulouse et de Caliors
(et dans d’autres musées), de spécimens de poids émis à Caliors au X I V e siècle.
Les seuls poids monétiformes datés, que nous ayons recensés, sont de 1500,
ce qui ne signifie pas que des exemplaires des émissions du X I V e siècle ne
subsistent plus.
Jusqu’à plus ample informé, Pamiers reste la première ville qui (immé-
diatement après la cité mondine et suivant son exemple), sur l ’ordre de son
abbé Maurin II, émit des poids de bronze du type monétiforme, datés de
1240 (1 ). Cette émission est attestée par divers spécimens conservés notam-
ment aux musées de Toulouse, de Cluny et de Bruxelles.
A Rabastens d’Albigeois (Tarn), les Consuls furent autorisés par une charte
de Philippe-le-Bel, en date de 1288, « ...à faire fondre des poids et des marcs
en airain du levant sur lesquels seraient représentées les armes de la ville :
une Rave... » (2 ). La municipalité ne tarda pas à mettre en application
les dispositions de cette charte, ainsi que le confirme l’émission de 1289, dont
plusieurs exemplaires subsistent dans diverses collections, notamment celles
de Toulouse et de Cluny (C. P. M. L. n os 476 et 477 ; n° 260) (3 ).
L’emploi des moules est nettement indiqué à Castres, grâce à la mention,
dans un Registre des Délibérations Consulaires, d’un fondeur castrais du X IV e
siècle : « LAN. M.CCCLXXIV — X X I ABRIAL — Item — sobre aquo que
demanda Me Bernat Siret to senhoier als senhors cossols per los molles del
metalli dels pezes de la vila... (4 ).
Il est possible que des poids aient été émis en 1374. Cependant, nous n’en
connaissons aucun spécimen. Par contre, il existe un poids de 1376 dans la
collection de Toulouse (C.P.M.L., n° 356).
Enfin, à Rodez, le 14 juin 1527, Etienne Gransathé est chargé de l’office
de vérificateur. Il reçoit les étalons des mesures et des poids et notamment
« ...Trois moules en métal. Dans l ’un on doit fondre et former le poids d’une
livre ; dans un autre d’une demi-livre ; dans le troisième le poids du quarteron
et du demi-quarteron ; ces moules sont également poinçonnés des armes sus-
dites, c’est-à-dire d’une crosse » (5 ).
— 348 —
A
Il s’agit effectivement des poids monétiformes de Rodez, qui ont laissé
d’assez nombreux exemplaires entre 1358 et 1776.
D’ailleurs, les émissions de 1722 et 1776 portent le nom de l ’artisan qui
coula les poids et sa profession :
— En 1722 : DVBOIS FONDEUR 1772 ( 1 ) ;
— en 1776 : LACOMBES A RODES (2 ).
C’est encore Lacombe qui inscrit son nom sur le poids de cinq livres en
forme de cloche, daté de 1776, que nous avons déjà mentionné plus haut, au
cours de l’étude des poids de la seconde catégorie.
Il paraît intéressant de reproduire ici la « Note sur la fonte du cuivre
pendant le Moyen Age et la Renaissance », qui fait suite à 1’ « Etude des poids
inscrits de Castres et du département du Tarn », publiée par Tailhadès en
1887, auteur que nous venons de citer.
M. Tailhadès était bien placé pour traiter cette question (3 ), puisqu’il
était fondeur de profession : « ...Nos recherches à ce sujet nous permettent
d’affirmer que les métaux qui fondent à une température élevée : le cuivre,
le bronze, etc..., étaient coulés dans des moules de terre glaise préparée comme
la préparent de nos jours les fondeurs de cloche... ».
« Ceux qui fondent à une faible température : l’étain, le plomb, le zinc,
etc... étaient coulés comme aujourd’hui, dans des moules en métal. Le premier
procédé avait le désavantage de forcer le fondeur à faire un moule pour chaque
pièce (4 ). Les second devait être très rarement employé pour le cuivre, parce
qu’il avait plusieurs inconvénients graves :
1° les moules s’oxydaient à la longue et les empreintes délicates se défor-
maient ;
2° ils étaient certainement chauffés avant d’y couler le cuivre; néanmoins
ils finissaient par adhérer ensemble et alors, il était bien difficile de les sé-
parer ;
3° ils se refroidissaient trop promptement et devaient solidifier le cuivre
avec une très grande rapidité et lui communiquer, en conséquence, une dureté
qui altérait toujours la qualité de la matière et la rendait plus cassante. Tant
de défauts, inhérents au coulage du cuivre dans des moules en métal, firent
évidemment abandonner ce procédé... ».1
— 349 —
Pourtant, nous avons signalé un peu plus haut qu’à Albi, à Rodez et à
Castres, les moules étaient de métal. Ce sont là, évidemment, des cas isolés et
seules de patientes recherches, dans les anciens documents, offriraient la pos-
sibilité d’élargir notre connaissance de ces techniques de la fonte des poids
monétiformes.
La fabrication des poids de la seconde catégorie relève, sans doute, de pro-
cédés de fonderie qui s’apparentent aux précédents. Toutefois, en ce qui
concerne les objets relativement plats, en usage dans le Languedoc et dans di-
verses villes (Lyon, Dijon, Saint-Omer, etc...), il convient de souligner une
simplification, qui résulte de la suppression des inscriptions sur les deux faces.
Il semble que les poids anépigraphes aient été substitués progressivement
aux poids monétiformes. Pendant un certain temps, les deux types d’objets
coexistèrent jusqu’au jour où le dernier venu vint à supplanter son lointain
prédécesseur.
Dans diverses villes, les poids monétiformes subsistèrent cependant, jus-
qu’à l ’institution du système métrique.
Les exemples suivants illustrent ces faits.
A Montpellier, sauf découverte nouvelle, la plus récente émission de poids
monétiformes est datée de 1680.
Il s’agit d’un poids portant l’inscription :
DEMI LIVR MONTPELLIER SERVANT DE MATRICE 1680 (1 ).
Or, plusieurs poids anépigraphes, aux armes de cette ville, sont inscrits
H IIII (Henri IV ) (2 ).
Par conséquent, ils furent émis entre la fin du X V Ie siècle et le début du
siècle.
X V IIe
(1 ) C. P. M. L., n° 502.
(2 ) C. P. M. L., n °’ 515, 517 et 518. Ajoutons qu’il existe, dans la collection du musée
de Narbonne, un poids anépigraphe marqué H IIII, sous le n° 60047.
(3 ) C. P. M. L., n° 511.
(4 ) C. P. M. L., n° 501.
350 —
Le troisième et dernier poids monétiforme, conservé dans la collection, est
de 1559 (1 ) et marque l'alliance de deux villes (2 ), ainsi que l'indique l ’ins-
cription : PEZENAS x 1559 x x MONTPELLIER x 9 .
En résumé, à Montpellier entre 1559 et 1680, nous ne trouvons que trois
poids monétiformes de choix. Cette constatation ne permet pas d’exclure l’exis-
tence d’autres poids du même type, antérieurs ou postérieurs à cette période,
bien qu’aucun spécimen — jusqu’à preuve du contraire -— ne nous permette
de contrôler cette hypothèse.
Par contre, la circulation des poids anépigraphes, dès le début du X V I I e
siècle, sinon antérieurement, est certaine. Nous venons de le montrer ; elle fut
ensuite très intense à en juger par le nombre de modèles conservés dans la
collection de Toulouse (soixante-dix objets).
A Nîmes, nous signalerons trois spécimens de poids monétiformes datés
de 1577 : un poids d’une demi-livre inscrit (3 ) :
: DEMY : LIVRE : DE NYMES 1577 : LE : POYS : ... FAITE
et deux poids d’un quart de livre portant l ’inscription (4 ) :
CARTERON : DE NYMES 1577 LE : POYS : FAITES.
La collection de Toulouse comprend de nombreux poids anépigraphes
émis à Nîmes. Nous y remarquons un poids daté 164( ? ), qui porte au revers
la date 1774 (5 ).
Il existe un autre objet au musée de Bordeaux, poinçonné aux dates 1671
et 1785 (6).
On voit qu’entre 1577, date du dernier exemplaire de poids monétiforme
que nous ayons trouvé, jusqu’à plus ample informé, et 164(?), le hiatus est
assez important.
Or, en 1596, « ...Les consuls chargent le sieur Jehan Gros, fondeur d’Arles,
de fondre des poids pour la ville sur le modèle qui lui sera donné... » (7 ). Nous
ne connaissons malheureusement pas ce modèle.1
— 351 —
En 1696, il est question du « ...Chargement des nouveaux poids de bronze
fondus par Dagnac pour les Consuls et aux armes de la ville » (1 ). Le terme
et nouveaux » pourrait laisser supposer, soit une refonte des anciens poids —
comme cela avait eu lieu à Saint-Omer — soit au contraire la fabrication de
poids d’un nouveau type. Il semble que cette interprétation ne puisse être
retenue, puisqu’il existe des poids anépigraphes datés de 164(?) et 1671, donc
antérieurs à l’année 1696.
Quant aux poinçons au millésime de l'année du contrôle, des documents
du xvm e siècle donnent cette indication : « ...Payé au sieur La Foux, graveur,
4 livres pour avoir gravé les armes de la ville et le millésime de la présente
année pour servir à la marque des poids et mesures (1725)... » (2 ).
La ville d’Agde (Hérault) n’offre que des séries de poids anépigraphes
qu’elle employait au moins vers la fin du xvne siècle. En effet, deux spécimens
datés de 1680 et 1686 sont conservés dans la collection de Toulouse (3 ). Un
autre exemplaire daté de 1684 se trouve au musée de Narbonne.
Même situation à Saint-Pons : des poids anépigraphes, conservés à Tou-
louse, portent les dates 1697 et 1732 (4 ) et six poids identiques datés de 1687
et 1696 sont conservés au musée de Narbonne (5 ).
Nous pourrions, sans difficultés, produire d’autres exemples (Pézenas,
Béziers, etc...), qui intéressent plus particulièrement les villes du Bas-Lan-
guedoc ou situées dans le voisinage.
Dans cette région, où de nombreuses cités utilisaient des poids ajustées
sur les prototypes conservés à Montpellier, il semble, sous les réserves qui
s’imposent en pareille matière, que les poids anépigraphes aient commencé
à s’implanter dans le courant du X V I e siècle. Voici quelques indications com-
— 352
tournés et unis et bien poli, et par ledit Guiard marqués, au milieu, des deux
costés de la marque desdits seigneurs du Chapitre de Brioude, qui luy sera
donnée pour ce faire ; et six desdicts pois : de 2 livres, de 1 livre, de 1/2
livre, de 1 /4 et de 2 onces, seront gravés des armes de la Comté dudit chapitre
qui sont une croix et, à chaque quartier, trois fleurs de lys ; et au-dessus la
couronne du Comte ; et encore fera ledict preneur six pois de 2 livres, 1 livre,
de 1/2 livre, de 1/4 et de 2 onces, de 1 once, de 1/2 once et de 1/4 d’once
et de 16 onces à la livre, dont les cinq premiers seront gravés comme les autres ;
et les autres estans pareillement marqués de la marque dudict seigneur du
chapitre, le tout lethon jaune, comme a été dict et accordé, à raison de 16 sols
à la livre... » (1 ).
Ce marché fut conclu au Puy le 7 juin 1663 ; malheureusement, ainsi que
le dit M. Rouchon, il est « ...impossible de juger de la valeur artistique de
l’œuvre exécutée ; car il n’en est resté aucun souvenir que la convention... », ci-
dessus rapportée.
Il est regrettable qu’aucun objet ne soit venu illustrer ce document si précis.
A Aix-en-Provence, un texte confirme la fonte de poids en 1594-1595 :
« ...Interdiction de se servir de mesures et poids autres que ceux fabriqués par
les frères Suchet, fondeurs, établis à Aix depuis une dizaine d’années et qui
avaient rendu service à la ville en manœuvrant un canon pendant le siège
de l’Epernon... » (2 ).
Dans cette ville, un certain Jean Pichon est chargé, en 1581, de réparer
les balances et les poids qui lui ont été remis et de mettre la livre à 13 onces (3 ).
Notons cette dernière et importante précision. Il s’agit en effet de la livre
composée de 13 onces du marc de France et pesant 397,67 g, valeur en ex-
cellente concordance avec les évaluations obtenues par d’autres sources d’in-
formations auxquelles nous ferons appel le moment venu.
En 1635, la commune de Lyon passe un marché avec le sieur Boutavau
Eward, maître fondeur de la ville, pour faire des matricules, c’est-à-dire des
matrices des poids et des mesures. En ce qui concerne les poids, il est convenu
que Boutavau en fera de 10, 5, 4, 3 et 2 livres ainsi qu’un poids d’une demi-
livre.1
— 353 —
A cette époque, la ville de Lyon comptait un certain nombre de balanciers
groupés dans une corporation qui n’avait pas encore son statut. Celui-ci fut
promulgué et « ...Fait en l’Hôtel et Siège de la Monnoye de Lyon ledit jour
quatorzième de mars 1668 ».
Quinze maîtres et jurés balanciers sont cités dans ce document, dont le
X V IIIe article fait défense ce ...a toutes personnes qui ne sont de ladite Pro-
fession de s’y immiscer, ni de fabriquer, faire fabriquer, vendre ou débiter
aucunes balances, poids ni Trébuchets, fondre ni forger des fléaux... que de
ceux marqués de la marque desdits Balanciers et contremarques du Poinçon
de fleur de lys à peine de confiscation... » (1 ).
Ainsi, les balanciers lyonnais, comme leurs collègues parisiens, rouennais,
Orléanais, tourangeaux, limousins, bordelais, albigeois, etc... gravaient leurs
marques sur les instruments fabriqués dans leurs ateliers, notamment sur les
piles et les poids, sur les bassins des balances et sur les boîtes de changeurs où,
en guise de marque, on trouve fréquemment l ’adresse complète de l ’ajusteur
écrite à l’encre, à l’intérieur du couvercle, accompagnés parfois d’une éti-
quette imprimée ayant un caractère publicitaire.
Grâce aux spécimens conservés dans les collections, il est parfois possible,
soit par recoupements avec les documents, soit directement, d’identifier un
objet et corrélativement de le situer dans le temps et de localiser l’atelier où
il fut fabriqué.
Ces artisans, entraînés au méticuleux travail de la fabrication et de l’ajus-
tement des balances et des poids, se montraient particulièrement susceptibles
quant à leurs prérogatives, qu’ils défendaient avec acharnement lorsque des
artisans d’une corporation voisine (fondeurs par exemple) manifestaient un
peu trop vivement le désir de s’intéresser à la balancerie.
Les fondeurs tentèrent, en général sans succès marqués, de concurrencer
les balanciers, sans doute parce qu’ils fabriquaient depuis longtemps les poids
bruts et forgeaient les fléaux des balances ; de leur côté, les serruriers n’étaient
pas restés étrangers à ces activités et ils sont cités de temps à autre comme
réparateurs de poids et de balances.
Les statuts des corporations de balanciers sont intervenus à diverses
époques : X I V e siècle à Paris ; X V e siècle à Rouen ; X V I e siècle à Limoges et Or-
léans ; xvne siècle à Lyon, etc... Par ailleurs, des documents fournissent quel-
ques indications sur les artisans qui s’occupaient des poids et des balances.
A Dijon, il est question du fondeur de cuivre Pierre Bourbet qui fit, pour
le compte de la ville, en fournissant le métal, des mesures de liquides (citées
— 354 —
plus haut, chap. II), « ...plus une paire de poids à peser le pain... » ( 1 ) ; et
de Jean Buquet « ...faiseur de bellance... » vers 1438 (2 ). Etienne Quarrey,
fondeur de cloche et potier de cuivre en 1455 fait un compte rendu à la muni-
cipalité du travail entrepris pour la nouvelle fonte des poids et mesures
publics (2 ).
A Cambrai, en 1559-1570, « ...Marsial Roseil, orphèvre... » avait « ...gravé
sur fer les armes de la ville, pour marcquier les poix des eschoppiers et autres
au renouvellement et justification d’iceulx... » (3 ).
A la même date, Adrien Legier, estaingnier a « ...justifyé les poix de la
ville et employé à rechergier aucuns d’iceulx le nombre de seize libvres trois
quarts de plomb... » ; et « ...pour petitz poix par lui faitz et livrez tout de
nouveaux... et à iceulx mis des aigneaux de fer... » (3 ).
En 1601-1602, « ...François de Poudre, orphèvre... » perçoit une certaine
somme « ...pour avoir racoustré les balances des missiers et pour avoir gravé
trois marques d’acier pour marquer les poids et mesures... » (4 ).
C’est encore le même de Poudre qui, en 1597-1598 « ...a gravé ung petit
aigle sur une marcque d’acier pour marquer les poix... » (5 ).
Nous ne reviendrons pas à Saint-Omer où « ...Jehan Juvenel... » fondeur
de cuivre et de métal a fait, en 1432-1433 « ...de semblable matière les étalons
des pois et mesures de la ville... » (6 ).
Les documents que nous avons rapportés mettent en relief le fait que les
procédés de fabrication des poids ne devaient pas différer sensiblement d’une
région à une autre, puisque ces objets furent pratiquement coulés par les
fondeurs, maîtres de leur technique de longue date, à charge par les balan-
ciers de les ajuster à leur valeur légale et de les faire contrôler, avant leur
mise en service, par l’échantilleur agréé de la municipalité ou de la juri-
diction des Monnaies.
Il n’en reste pas moins que le midi, beaucoup moins industrialisé que les
pays du nord, reste attaché, parfois jusqu’à l’instauration du système métrique,
à ses poids monétiformes.
Au moment où les poids anépigraphes plats, de forme quadrangulaire
ou polygonale, circulent abondamment dans le Languedoc, la ville de Cas-
telnaudary émet des poids du type monétiforme, qui ne portent plus, il est1
— 355 —
vrai, aucune inscription à l’exception de la date (1763, 1765, 1767) et d’une
marque ; toutefois, les attributs héraldiques sont gravés à l ’avers et au revers
de ces objets (C.P.M.L., n os 325 à 338).
De même, la ville de Rodez continue à émettre des poids monétiformes,
précédemment signalés, au x vm e siècle [1722 (1 ), 1776 (1 ) et 1736 (2 )].
Ajoutons que, dans les collections que nous avons étudiées, les derniers
spécimens de poids monétiformes sont datés 1580 à Toulouse ( 3 ) ; 1673 a
Albi ( 4 ) ; 1693 à Carcassonne ( 5 ) ; 1679 à Narbonne ( 6 ) ; 1654 à Montauban
( 7 ) ; 1776 à Rodez, pour ne citer que ces quelques exemples.
Ces dates ne marquent peut-être pas les limites au-delà desquelles les poids
anépigraphes remplacèrent définitivement les poids monétiformes dans les
villes considérées, puisque la découverte d’une émission jusqu’ici inconnue
est toujours possible.
Cependant, il semble qu’il soit permis, dans bien des cas, de considérer
le xvne siècle comme un siècle de transition entre l’usage du poids rnoné-
tiforme et celui du poids de table anépigraphe, appelé à le supplanter.
*
**
❖
* *1
— 356 —
LES UNITES DE MESURE DE MASSE.
Les tables de conversion des anciennes mesures en unités métriques,
publiées vers la fin du x vm e siècle et ultérieurement, fournissent d’utiles in-
formations sur la valeur des mesures à cette époque.
Toutefois, il n’est pas possible, a priori, de considérer ces équivalences
comme applicables aux périodes antérieures.
En effet, en remontant le cours du temps, les renseignements fournis par
les documents et l’étude métrologique des objets révèlent parfois des chan-
gements d’unités.
A contrario, les mêmes sources permettent de constater la stabilité d’une
mesure dans le temps et dans l’espace.
L’expérience prouve que, dans ce domaine, les recherches sont très dé-
licates. En particulier, les problèmes techniques présentent fréquemment une
telle complexité, que leur résolution s’avère extrêmement difficile; dans bien
des cas, les solutions sont aléatoires.
Nous examinerons quelques-unes de ces questions et leurs aspects essentiels,
en nous efforçant de mettre en relief les principes généraux de nos méthodes
d’investigation.
Il est indispensable, avant d’aborder ces recherches, de disposer d’une
unité de mesure suffisamment stable dans le temps (ici du X I I I e à la fin du
X V I I I e siècle), qui puisse servir d’élément de référence permanent.
- - 357 —
Chaque cour ou juridiction des Monnaies disposait d’une copie du proto-
type du marc de Paris. Etalon monétaire sans doute, ce marc devint pourtant
l’étalon des poids du commerce.
Il était identique au marc célèbre en usage aux foires de Champagne, dit
« marc de Troyes ». Deux témoignages sérieux fournissent la preuve de cette
identité. L’un d’eux est apporté par Pegolotti dans sa « Pratica », lorsqu’il
donne les deux équivalences ci-après (1 ) :
« Marchi 21 d’argento al peso di Bruggia fanno in Parigi Marchi 16
Marchi 21 di Bruggia al peso d’argento fanno in fiera Marchi 16 »
Donc : 21 marcs de Bruges = 16 marcs de Paris = 1 6 marcs aux foires.
D’où 1 marc de Paris = 1 marc des foires.
L’autre témoignage ressort d’un document de la Chambre des Comptes,
que les érudits datent des environ de 1329. Il a été signalé et reproduit à
plusieurs reprises, notamment par Paucton dans sa « Métrologie » en 1780
et Guilhiermoz en 1906. Nous citons l’extrait concernant essentiellement notre
sujet : «. Se comme se l’en disoit mailles petites tournoises a XV II s VI d. au
marc de Troyes, qui est de Paris, et le dit marc est plus grant de cellui de
la Rochelle de X esterlins... » (2 ).
Ajoutons que ce document apporte la preuve que le marc de la Rochelle
et le marc d’Angleterre étaient identiques : « ...et le marc de la Rochelle, dit
d’Angleterre... » (3 ). Cette information nous rendra bientôt un précieux
service.
L’annuaire du Bureau des Longitudes pour l’année 1956 donne, page 350,
la valeur du marc de France, soit 244,7529 g qui, ramenée à 244,75 g, nous
suffira largement.
Cette estimation résulte des expériences effectuées à la demande de l’Ins-
titut, par Lefèvre-Gineau (4 ), en vue de déterminer le kilogramme étalon
défini comme étant le poids d’un décimètre cube d’eau distillée, prise à
son maximum de densité.
Le savant trouva que le kilogramme équivalait à 18 827,15 grains du marc
de la Monnaie, en prenant comme unité le marc moyen déduit de la pile prise
dans son ensemble.
La livre poids-de-marc, formée de 2 marcs, se décomposait en 16 onces,
ou 128 gros, ou 384 deniers, ou 9 216 grains, ainsi que le montre le tableau
ci-contre :1
— 358 —
livre 1 489,5 g
marc 2 1 244,75 g
onces 16 8 1 .. 30,59 g
gros 128 64 8 1 3,823 g
deniers 384 192 24 3 1 . 1,274 g
grains 9216 4608 576 72 24 1 0,0531 g
(1) T i l l e t (M .). Essai sur le rapport des poids étrangers avec le marc de France lu
à l’Assemblée publique de l’Académie royale des Sciences le 9 avril 1767. (Mémoires de
l’académie des sciences, 1767, p. 350 sq.)
(2) M. Sk i n n e r est Conservateur de la section d’histoire des sciences au British Muséum à
Londres.
(3) Sk i n n e r (F. G .). The history of the Impirial pound avoirdupoids. in The Monthly
Review, volume 61, n° 1, janvier 1953 — Birmingham.
— 359 —
furent comparés en 1927 à la livre a.v.d.p. Impériale, dont l’étalon est de
1844, livre composée de 7 000 grains troy et pesant 453,59 g.
Il ressort de cette comparaison, que la livre a.v.d.p. de 1340 était à peine
plus légère que la livre de 1844; la différence en moins étant de 8 grains troy,
soit 0,518 g.
Dans ces conditions, la livre a.v.d.p. d’Edouard III pesait environ 453,07 g
au lieu de 453,59 g (environ — 1/1 000).
Cette différence très faible s’explique. Elle résulte du fait que la masse
de la livre Impériale de 1844 est identique à celle de la livre a.v.d.p. créée
sous le règne d’Elisabeth, en 1588. A cette époque, la livre a.v.d.p. fut com-
posée de 7 000 grains troy. La preuve en fut fournie par la comparaison, en
1873, à la livre Impériale, des étalons de la livre a.v.d.p. constitués en 1588.
(Ces étalons sont conservés à Londres au Sciences Muséum.)
Par conséquent, Tillet eut à sa disposition, non pas une copie de la livre
a.v.d.p. de 1340, mais bien une réplique de la livre a.v.d.p. de 1588, formée
de 7 000 grains troy.
La valeur donnée par Tillet (453,52 g ) concorde parfaitement avec celle
de la livre anglaise (453,59 g ), à moins de 1/7 000 près.
Par ailleurs, en 1497, Henri VII adopta la livre troy pour le monnayage,
déjà employée de longue date par les orfèvres. Cette livre se composait de
12 onces, de chacune 480 grains troy; elle pesait au total 5 670 grains troy,
soit 373,241 g — le grain troy pesant 0,0648 g, valeur officielle donnée par
le Bureau des Longitudes en 1956.
Tillet établit l’équivalence ci-après :
1 livre troy = 0,7618 livre de France ou 373,9 g, soit à un millième près en
moins (— 1/1 000) la valeur théorique de la livre troy.
De son côté, Eisenschmid (1 ) estime que l ’once anglaise équivaut à
585 1 /7 grains du marc de France. Il s’en suit que la livre troy pèse 372,86 g.
Le résultat obtenu par cet auteur ne diffère que d’un millième (1/1 000)
de la valeur de la livre troy et d’un-millième (1/10 000) de la valeur pro-
duite par Tillet.
Par conséquent, les équivalences fournies par Tillet, en 1767, et par Eisen-
schmid en 1708 peuvent être considérées comme étant pratiquement concor-
dantes. Il est donc possible d’admettre, sans risque d’erreur, que le marc de
France ne varia pas sensiblement au cours du x v m ' siècle.1
360 —
Passons au X V IIe siècle et prenons, comme élément de comparaison, le
marc de Cologne. Tillet obtient l’équivalence ci-après :
1 marc de Cologne = 0,4777 marc de France, ce qui met le marc de Cologne
à 233,83 g.
Par ailleurs, Eisenschmid indique, en 1708, le rapport suivant :
1 marc de Cologne 2201
-------------------------------- = ------- ; il ajoute qu’une once du marc de Cologne
1 marc de Paris 2304
pèse 550,25 grains du marc de Paris (1 ). Ce qui porte le marc de Cologne à
233,74 g.
Enfin, vers 1625, Pierre Petit, Ingénieur du Roi et l’un des meilleurs mé-
trologistes français de son époque, pose l’équation :
65,14 livres de Cologne = 62 livres de Paris (poids de marc) (2 ) d’où nous
tirons : 1 livre de Cologne = 467,50 g
1 marc de Cologne = 233,75 g.
Le même auteur signale que « ...La livre d’Allemagne ou de Coulongne dont
on se sert à l’Empire, au poids et taille des monnoyes contenait 2 marcs, le
marc de 8 onces..., pèse 15 onces 2 gros 1 denier de France... ».
Ce qui met la livre de Cologne à 467,93 g et son marc à 233,96 g. Or, le
marc de Cologne ancien ne pesait pas 233,75 g à 234 g environ. Sa masse
était de 229,45 g environ.
Pegolotti précise, en effet, que le marc de la monnaie, employé à la Tour
de Londres, est semblable au marc de Cologne (3 ).
Or, la livre de monnayage anglaise, composée de 12 onces, pesait 344,16 g,
ce qui met l’once à 28,(.8 g et le marc de 8 onces à 229,44 g. (Nous apportons,
un peu plus loin, des justifications à l’appui de ces évaluations.)
La livre de Cologne de 2 marcs pèse donc 229,44 X 2 = 458,88 g, qui
équivalent à 15 onces du mare de Troyes (458,85 g).
La valeur de cet ancien marc de Cologne est confirmée par des séries de
poids portugais, conservés à Lisbonne au musée du Service des Poids et Me-
sures, et notamment la pile royale (et une copie contemporaine) établie sous
le règne de D. Manuel et datée 1499 (4 ). 1
— 361 —
Au Portugal, le marc de Cologne, adopté comme étalon des poids, au
moins dès 1261 sous Alphonse III (1 ), (rappelons que ce marc était aussi
en usage en Espagne) subsista jusqu’à l’institution du système métrique dans
cet état (1852).
Les plus récentes pesées des anciens étalons et poids conservés au musée
précité prouvent que la masse du marc de Cologne était de l’ordre de 229,3 g
à 229,382 g (2 ), ce qui corrobore les évaluations que nous avons produites
plus haut.
Tillet avait constaté que le marc de Lisbonne était plus léger de 85 grains
du marc de France (4,5 g ) , que le marc de Cologne en usage au X V I I I e siècle,
dont il avait d’ailleurs déterminé la masse, soit 233,83 g. Il en résulte que
le marc du Portugal s’établissait, à cette époque, à : 233,83 — 4,5 g =
229,33 g, ce qui est en complet accord avec les indications fournies par la pesée
des anciens étalons du Portugal.
Ainsi, entre 1499 et le début du xvne siècle, c’est-à-dire à l’époque où Petit
effectuait ses comparaisons, le marc de Cologne s’était alourdi.
D’après M. Berck, le congrès international sur les monnaies, qui se tint
à Cologne en 1566, eut l’occasion de constater cette variation. On compara
l’étalon du marc de Cologne (poids d’une once, de forme carrée) au poids
de troy du Brabant qu’avait apporté le représentant du roi d’Espagne. On
trouva que 20 onces de Cologne équivalaient à 19 onces du poids troy de
Brabant (3 ).
Si l ’on admet, dit M. Berck, que l ’once de Brabant valait 30,755 g (le
seizième de la livre de 492,15 g ), la valeur du marc de Cologne eut été de
233,72 g.
Suivant Petit, la livre des Flandres (et celle des « Estats de Hollande »)
pesait 1 livre et 2 deniers de France, soit 492,05 g (sur la base du marc de
244,75 g ). Ce qui met l ’once de cette livre à 30,75 g.
En supposant que cette livre n’ait pas subi de modifications entre 1566
et le début du X V I I e siècle — nous verrons incessamment que ce fut le cas —
le marc de Cologne aurait équivalu en 1566 à 233,69 g.
Au surplus, l’étude métrologique d’un étalon de 2 livres d’Anvers en ex-
cellent état, conservé au musée des Beaux-Arts de Lille, nous permet de jus-
tifier cette valeur du marc de Cologne, au moins dès le début du X V I I e siècle.
Il s’agit d’une pile inscrite : POIS DE II LIVRES DANVERS 1614 .
La pile pèse 936,4 g, ce qui met la livre à 468,2 g et le marc moyen à
234,1 g. Le marc creux pèse 234,2 g, soit une différence relative de moins de
— 362 —
un deux millième (1 /2 000) par rapport à la valeur moyenne du marc de
cet étalon.
La valeur du marc, représenté par cet objet, est un peu supérieure aux esti-
mations précédentes. Mais il n’y a pas lieu de s’en étonner, si l’on se réfère
aux équivalences établies par Tillet, pour un certain nombre de villes alle-
mandes ; par exemple, le marc de Cologne valait à :
— Cologne 233,82 g
— Bonn 233,595 g
— Stuggart 233,86 g
— Berlin 234,08 a.
Dans le tableau ci-après, nous avons groupé les résultats de cette étude.
Leur examen met en évidence le fait que le marc de France, d’où sont déduites
les équivalences, ne subit aucun changement particulier au cours du X V I I e
siècle.
Aux x v i e, x v e et X IV e siècles, il est possible de confirmer l’invariance du
marc de France, en se basant sur un petit nombre d’éléments de référence, qui
sont suffisamment probants.
Dans la collection métrologique conservée au musée des antiquités départe-
mentales de Rouen, il existe notamment deux poids étalons, massifs, en forme
d’ove munis d’un anneau, revêtus des armes royales (1 ) et portant respective-
ment les inscriptions suivantes, en caractères gothiques :
Etalon de 25 livres : « Estallon pesant X X V . 1 . au mar d troy »
Etalon de 50 livres : « Estallon pesant 1 . 1 . au marc d . troye ».
Ces poids sont considérés par les spécialistes en héraldique, comme appar-
tenant vraisemblablement au xvie siècle (1 ).
Ces objets sont en très bon état de conservation et leur pesée nous a permis
de constater qu’ils furent ajustés autrefois au marc de France avec un soin
tout particulier, puisqu’elle fait ressortir la livre à 490 g à un millième
près (1 /1 000).
Il s’agit évidemment de la livre poids de marc de 16 onces, et cette seule
constatation, indépendamment de toutes considérations d’ordre héraldique,
prouve que ces poids ne sont pas antérieurs au XVe siècle.
D’après un document de cette époque, un marc de Paris équivalait à un
marc de Venise plus 27,5 carats de Venise (2 ). L’once vénitienne se divisait
en 24 deniers, 576 grains et 144 carats (3 ). 1
— 363 —
24
Sur la base du marc de France à 244,75 g, le marc de Venise s’établit
à 239 g.
Or, au X I V e siècle, Pegolotti donne l’équivalence :
1 marc des foires = 8 onces 5 deniers de Venise (cf. p. 363, note 2 ). Ce qui
met le marc de Venise à 238,53 g, en supposant le marc de Troyes à 244,75 g.
La différence relative entre ces deux estimations atteint à peine deux pour
mille (2 /1 000), ce qui prouve tout simplement que ces équivalences furent
établies avec beaucoup de soin, aussi bien au xive siècle qu’au X V e siècle. Cette
constatation est d’ailleurs confirmée par les évaluations ci-après :
1° Tillet a trouvé, en 1767, que le marc de Venise pesait 238,76 g (4 496,5
grains du marc de P aris);
2° Einsenschmid attribue à l’once de Venise 562,5 grains du marc de Paris, ce
qui porte l ’once à 29,868 g et le marc de 8 onces à 238,94 g (1 ).
Enfin, nous vérifierons bientôt que le marc de Venise était, dès le x m e
siècle, identique (à 1 g près) à ceux de Nîmes, Montpellier, Avignon, Mar-
seille, etc...
Il est donc très probable que le marc de Paris ne varia pas sensiblement
au cours des x i v e, x v e e t X V I e siècles.
C’est d’ailleurs sur la base de ce marc qu’une pile de 32 marcs, destinée à
la Prévôté du Châtelet, fut étalonné en 1486, dans les conditions suivantes.
Le Prévôt de Paris ayant constaté que les poids de marc employés par les
orfèvres, les apothicaires, les changeurs, etc..., différaient plus ou moins entre
eux, décida, aux termes d’une ordonnance du 14 janvier 1485, de mettre fin
à cet état de chose et prescrivit le dépôt à « perpétuité » au Châtelet « ...d’une
pille de cuivre de 32 marcs... » qui fut ajustée à la Chambre des Monnaies (2 ).
Le 27 mai 1494 un nouvel « Estallonement du patron du Chastelet » sur
celui de la Cour des Monnaies eut lieu en présence de « ...Millet Jehan
et Jean Froissant, Maistres Jurez Ballanciers de ceste ville de Paris... ». Le
procès-verbal de cet étalonnage donne quelques renseignements techniques,
que nous analysons un peu plus loin (3 ).
Enfin, le 1er octobre de ladite année, nouvelle confrontation à laquelle
prennent part deux maîtres jurés balanciers, l’examinateur du poids du Roi,
l’un des généraux de la Cour des Monnaies, etc... Un procès-verbal des opéra-
tions est dressé et relate qu’on « ...a trouvé lesdits étalions estre semblables
et bien justifiez et adjoustés l’un à l’autre... » (4 ). A la suite de quoi paraît1
— 365 —
un édit royal prescrivant aux orfèvres, changeurs, marchands et autres, d’avoir
des poids conformes à l’étalon du Châtelet (1 ).
Revenons au procès-verbal de l’étalonnage effectué le 27 mai 1494. Il
met en lumière le fait que le marc de la monnaie est bien composé de 8 onces,
l ’once de 24 deniers et le denier de 24 grains.
Ce document signale qu’on dut recourir à l’emploi de quatre balances de
portées différentes, pour exécuter ces opérations ; à savoir : un trébuchet
employé pour l’ ajustement des poids de faible masse : « ...le premier fut un
grain, le second deux grains, le troisième trois grains, le quatrième six grains,
le cinquième 12 grains, le sixième un denier de X X IIII grains, le septième
encore d’un denier de X X IIII grains, le huitième de trois deniers, le neuvième
de six deniers qui vallent un quart d’once, le dixième de demi-once... Puis aux
ballances de deux marcs : furent pesez et estallonner les pois qui s’ensuyvent :
once ; 2 onces ; 4 onces ; ung marc, deux marcs...
Puis es ballances de huit marcs : les poids de 4 marcs et 8 marcs.
A la balance de 16 marcs la « poche » de 16 marcs... » (2 ).
Ces indications permettent de dresser le tableau ci-dessous :
31 ■ 7,5 ii 24
J
Total . . . . 32 marcs
ou 16 livres1
— 366 —
Par conséquent, la composition du marc (8 onces, 192 deniers, 4 608 grains)
est identique à celle que nous avons trouvée précédemment.
*
**
— 367 —
Remarquons qu’il n’est ici question que de la livre et non de marc.
Si les délais d’application de la décision prise par Philippe-Auguste, en
1222, ne furent pas trop longs, nous pourrions conjecturer que Guillaume
avait exécuté ses opérations d’étalonnage avant 1222.
L’intérêt des deux documents précités réside dans le fait qu’ils établissent
l’identité entre la livre de Paris et la livre de Rouen aux environs de 1222 et
nous informent que l’étalon de Paris — celui de la livre — était conservé
au Temple.
Mais ce prototype devait se trouver vraisemblablement à la Prévôté de
Paris, au moins dès la seconde moitié du X I I I e siècle, car Etienne Boileau,
dans son « Histoire des Corporations parisiennes », rapporte que les Apothi-
caires avaient adopté, avant l ’année 1268, l’étalon du Temple alors « ...dé-
posé entre les mains du Prévost de Paris... » (1 ).
Plusieurs ordonnances royales, remontant au début du xive siècle et concer-
nant les balances et les poids, font état des fraudes quantitatives et des plaintes
qu’elles soulevaient.
Ces fraudes pouvaient être commises sans grandes difficultés, par suite
de la coexistence de deux livres de valeurs différentes. L’une d’elles, dite livre
soutive (c’est-à-dire légère ou subtile) était composée de 12 onces; c’était en
principe la livre des apothicaires.
La seconde livre, dite grosse, était composée d’un nombre d’onces ou fraction
d’once supérieur à 12, fixé à 15 par une ordonnance de Philippe le Bel, datée
de 1307 (2 ). Elle devait être employée dans le commerce de tous les produits
vendus par les épiciers et apothicaires, autres que ceux de nature médicinale
pesés à la livre de 12 onces.
Dans une lettre du 30 juin 1311, Jean Plebenc, alors Prévôt de Paris, ré-
glementa le métier des épiciers, interdit de vendre à la livre soutive les
choses qui doivent l’être à la livre grosse et rappelle aux épiciers-apothicaires,
qu’ils devront avoir « ...bons poids et leal adjousté au patron de leur mes-
tier... » (3 ).
En 1312, Philippe le Bel reprend à son compte, dans une ordonnance ap-
plicable au Royaume, les prescriptions de Plebenc (4 ).
La livre soutive ne pourra être employée que par « ...les phiciciens et sur-
giens tant seulement, et en cas et non autres, ou il en auroient a faire par1
368 —
leurs médecines et sirurgiees estimees et ajustées par les escriptures anciennes
au poids de cette livre soutive... ».
Il y aura un étalon ou « ...patron dou mestier... » sur lequel seront ajustés
les poids des marchands et ...d’espiceries et autres avoir du pois... ».
Nouvelle ordonnance de Charles IV en 1321, prise toujours dans le dessein
de mettre un terme aux fraudes, dont se plaint « ...le coummun peuple... ». Il
est convenu que les marchands bourgeois de Paris auront « ...bons pois et
loyal justifié à l’étalon déposé entre les mains du prévôt de Paris au Chas-
telet... » (1 ).
Il s’agit probablement de l’étalon du Temple adopté vers 1268 par les
apothicaires.
Ces derniers sont d’ailleurs visés directement par une ordonnance de la
Faculté de médecine qui, en 1322, leur impose d’avoir « leurs pois vrais et
justes tous semblans selon le pois des foires et des chités renommées et auront
leur pois de cuivre de livre jusques au scrupule et approuvés aussi comme
li orfèvre ont le leur... » (2 ).
Enfin, Gilles Haquin, prévôt de Paris, relate dans une lettre du mois de
février 1322, que sur l ’ordre du Parlement il fit ajuster les poids des mar-
chands d’avoir-de-poids et épiciers « ...en l ’hostel desdits mestres de la Mon-
noie le Roy à Paris par lesdits mestres, les quiez les ont justifiez parmi XV
onces du marc de la monnoie du Roi... » (3 ).
Ce texte est assez important, car il met en évidence l ’intervention des ajus-
teurs de la monnaie, dépositaires d’un étalon du marc de Paris et le fait que
la livre du commerce était effectivement composés de 15 onces, ainsi que
Philippe le Bel l’avait prescrit en 1307.
Il signale en outre la création de trois étalons (4 ). L’un d’eux doit être
déposé à la Prévôté du Châtelet (ce n’était donc plus l’étalon auquel faisait
allusion l ’ordonnance de 1321 et encore moins celui de 1268). Le second
fut remis à la jurande des maîtres-épiciers ; enfin, le troisième étalon fut
confié aux peseurs-jurés du poids-le-Roi.1
369 —
Gilles Haquin précise dans sa lettre « ...Et fu trouvez lors que l’ancien
patron que les diz tenans du Poids le Roy avoient par devers eulz estoit justes
et souffisant... ».
Les documents qui viennent d’être passés en revue ont permis de marquer,
dans une perspective ouverte sur le passé, quelques étapes du cheminement
du prototype fondamental qui représentait le marc de Troyes ou celui de
Paris.
Ajoutons que les numismates sont parvenus à déterminer la valeur ap-
prochée dudit marc au x m e siècle, grâce à l ’étude des sous tournois émis en
1266 à raison de 58 pièces taillées au marc.
L’examen des spécimens conservés les a conduit à fixer le poids moyen de
ces pièces aux environs de 4,22 g, ce qui met le marc à 4,22 X 58 = 244,76 g.
Paucton, dans sa « Métrologie » (p. 647), avait déjà rapporté, en 1780,
que le sou tournois pesait environ 79,5 grains, soit 4,221 g, ce qui porte le
marc à 244,82 g.
Ces deux résultats sont donc en très bonne concordance.
Ainsi, du point de départ de notre étude — X V I I I e siècle — au point
d’arrivée — X I I I e siècle — les oscillations du marc de France paraissent avoir
été de faible amplitude. En admettant que cette dernière ait atteint ± 0,25 g
autour de la valeur moyenne — 244,75 g — les variations relatives seraient
de ± un millième ( ± 1/1 000).
Cette marge de sécurité semble suffisante, ainsi que le justifieront divers
exemples produits dans les pages qui vont suivre.
Précédemment, nous avons souligné le fait qu’au X I I I e siècle, il n’est pas
question du marc, lorsque Guillaume le peseur demande l ’étalon au Temple,
mais bien de la livre. C’est encore la livre (et non le marc) qui est citée dans
l’ordonnance de 1307, fixant sa composition à 15 onces.
C’est en 1322 seulement (sauf découvertes nouvelles), que l ’ajustement des
poids des marchands est nettement précisé : 15 onces au marc de la Monnaie.
Est-ce à dire qu’antérieurement à cette date les livres en usage étaient in-
dépendantes du marc ? Nous ne le croyons pas.
En effet, un document cité par Bourquelot, que nous avons rapporté par-
tiellement dans la section « Terminologie » (1 ), met en évidence le fait que,
dans la première moitié du X I I I e siècle, l’ajustement des poids se faisait
d’après le marc.il)
il) Bo u r q u e l o t . Op. cit., pp. 93-94 ; et plus haut dans le présent travail, p. 310.
— 370
Il s’agit, en l’occurrence, des « Règlements de la draperie de Châlons-sur-
Marne, donnés en 1243 et 1247 », où il est dit notamment :
— « Li pesons de VI en la pierre est de X IV onces
— « Li pesons de VIII en la pierre, est de X X II onces et 1 trezel
— « Li pesons de X en la pierre, est de X XV I onces, le tiers d’une once en
moins.
Nous avons des pierres de X III livres et 1 quarteron, de X V onces et ces
pesons et les pierres les dreçons par les livres et par les marcs des changeurs
des foires... » (1 ).
Cet exemple précis n’est probablement pas le seul qui pourrait être
produit. Toutefois, sans chercher à extrapoler, il ne semble pas illogique de
penser que les éléments auxquels on se référait pour ajuster les poids, étaient
le marc ou la livre en cours, cette livre étant elle-même composée d’un certain
nombre d’onces du marc.
*
* *
Les évaluations qui vont suivre sont basées, pour une large part, sur les
équivalences établies par Pegolotti, le marc de France de 244,75 g étant pris
comme élément de référence.
Chaque exemple est numéroté en chiffres romains.
(1 ) B o u r q u e l ot . Op. cit., pp. 93-94 ; et plus haut dans lie présent travail, p. 310.
(2 ) P e g o l o t t i. Op. cit., (Ed. Allans Ewans) p. 246 : « Marchio 1 del oro di Bruggia fa in
fiero marco 1 ».
(3 ) I d ., p. 245 : « M archio I di Bruggia al peso d ’ oro fanno in Parigi m archio 1 » ; et
p. 237 : « Li marco dell oro di Bruggia c di tutta Fiandra si e once 8 a peso d ’ oro, e de
tuttuno peso sol mareo di Parigi ».
(4 ) P e g o l o t t i . Op. cit., p. 237 : « In Bruggia si a pure uno cicè libbra e oncia,
a la libbra si e once 14, a le libbre 400 sono carica in Bruggia.
— 371 —
IV. — A Nîmes et Montpellier, il y a deux poids, la livre grosse et la livre sub-
tile ; et 100 livres grosses équivalent à 128 livres subtiles, et 128 livres sub-
tiles forment 1 cantar (quintal) et trois cantars forment une charge (1).
(1) I d ., pp. 224-225 : « In Nimissi e in Monpolieri si e due pesi, cice una libbra grossa
e una libbra sottile et libbre 100 grosso sono libbre 128 sottile, e libbre 128 sottile son 1
cantare, e cantare 3 sono 1 carica... ».
(2 ) I d ., p. 246 : « Con Nimissi e con Monopolieri. La carica di detti luoghi, che è cantara
3, fa in Bruggia di cosa che non manchi libbre 288 ».
(3 ) I d ., p. 246 : « Con Nimissi e con Monpolieri : E cantara 4 e libbre 16 de detti luoghi
fanno 1 carica de Bruggia ».
(4 ) P e g o l o t t i . O p . eit., p . 224 : « ...e la lib b r a sottile si è o n ce 12, e a lib b r a grossa
si è o n ce 15 1/2 ».
(5 ) I d ., p. 227 : « Marchio 1 d’argento al peso di fiera fa in Nimissi once 8 1/4 ».
(6 ) I d ., p. 228 : « Marchio 1 di Parigi fa in Nimissi once 8, denari 8, di denari 24 pesi per
1 oncia, e d’once 8 per 1 marco ».
Le marc de Paris fait à Nîmes 8 onces 8 deniers, le denier de 24 à l’once et l’once de
8 pour 1 marc.
— 372 —
L’équivalence donnée dans la note « 3 » (c’est-à-dire 1 marc de Paris équi-
vaut à 1 marc de Nîmes (8 onces) plus 8 deniers) est moins précise que V III;
c’est pourquoi nous nous référons plus volontiers à cette dernière.
Nous venons de constater que l’once subt ile de Nîmes et Montpellier pesait
26,52 (V II). Neuf de ces onces subtiles équivalent à 238,68 g, c’est-à-dire
pratiquement au marc de Nîmes et Montpellier.
La livre de 12 onces subtiles, pesant 318,24 g, est en fait identique à la
livre de Constantinople, dont Tillet a donné la valeur en 1767, soit 6 004 grains
de Paris, ou 318,9 g.
IX. — Suivant des actes du xive siècle (1309-1338) (1 ), des rois d’Aragon et
de Majorque, le marc de Troyes et celui de Montpellier étaient dans le
rapport 87/85 ; sur la base du marc de Troyes à 244,75 g, le marc de Mont-
pellier s’établit à 239,12 g et l’once à 26,56 g.
Ainsi que l'a montré Guilhiermoz (2 ), d’après Pegolotti le marc de Mont-
pellier fut en usage au X IIIe siècle et postérieurement à Nîmes, Avignon, Mar-
seille, Barcelone, Perpignan, Majorque, en Sardaigne et en Aragon.
Au surplus, Pegolotti donne les équivalences ci-après :
— 373 — ■i.
Les marcs de Marseille et d’Avignon étaient quasiment semblables à ceux
du groupe Nîmes-Montpellier.
En effet, d’après Pegolotti :
XIII. — Le marc d’argent au poids de Nîmes est plus fort d’un sterlin que
celui de Marseille et d’Avignon (1 ).
Comme le sterlin équivalait au vingtième de l’once, on voit que la dii
férence est de l’ordre de 1,32 g entre les marcs de chacun des deux groupes
de villes : 238,68 — 1,32 = 237,36 g.
XIV . -— 1 marc d’argent au poids d’Avignon est plus grand que celui de la
Cour de 7,5 sterlins (2 ).
Or, un marc d’Avignon = 1 marc de Nîmes — 1 sterlin = 237,36 g
( X I I I ) ; donc 1 marc de la Cour = 237,36 — 7,5 sterlins d’Avignon
= 237,36 — 11 g = 226,36 g.
1 once 4
1 denier = ---------- = 1,106 g : 9 o n c e s --------- denier = 238,95 — 1,47
24 3
= 237,48, valeur en parfaite concordance avec celle du marc d’Avignon in-
diqué plus haut (X III), soit 237,36 g.1
— 374 —
XVII. — Florence. 1 marc de Bruges au poids de l’or fait à Florence 8 onces
15 deniers (1 ).
D’où nous tirons :
1 once de Florence = 28,37 g
le marc de 8 onces = 226,96 g
la livre de 12 onces = 340,4 g
la livre de 16 onces = 453,92 g.
XVIII. -— 1 marc d’ argent au poids de Bruges fait à Venise 6 onces et 5 deniers
trois quarts (5 3 /4 ) de Venise (2 ).
Etant donné que :
XIX. — 21 marcs au poids d’argent équivalent à Bruges à 16 marcs au
poids de l’or (3 ), qui eux-mêmes sont identiques au marc de Troyes (4 ),
nous déduisons de X V III et X IX :
1 once de Venise = 29,88 g
1 marc de Venise de 8 onces = 239,04 g
1 livre grosse de Venise de 2 marcs = 478 g.
X X. — 1 livre subtile de La Rochelle fait à Nîmes 1 livre et 1 once (5 ).
Donc 1 livre subtile de La Rochelle = 318,24 + 26,52 = 344,76 g.
Or, un texte du X I I I e siècle reproduit par divers auteurs et notamment par
Du Cange et Paucton (6 ), donne les renseignements suivants :
XXI. — Au Royaume soûlait avoir quatre poids de marc : sçavoir le marc
de Troyes qui poise quatorze sols deux deniers esterlins de poix. Le marc
de Limoges, qui poise treize sols trois oboles esterlins de poix. Le marc de
Tours, qui poise douze sols onze deniers obole esterlins de p oix ; et le marc
de la Rochelle, dit d’Angleterre, qui poise 13 sols 4 deniers esterlins de
poix... ».
Sur la base du marc de Troyes de 244,75, Blancard en a déduit les équi-
valences suivantes (7 ) :
(1 ) P e g o i .ot t i . Op. cit., p. 246 : Con Firenze. E marco 1 di Bruggia a peso d’oro fa in
Firenze once 8, denari 15 ».
(2 ) I d ., Op. cit, p. 248 : « Marchio 1 d’argento al peso di Bruggia fa in Venegia once 6,
denari 5 e 3/4, di denari 24 per 1 oneia ».
(3) I d ., p. 237 : « Li marco d’argento a peso di Brugia e di tutta Fiandra si è once 6 a
peso du Bruggia, e marchi 21 a peso d’argento fanno in Bruggia marchi 16 a peso d’oro ».
(4) Cf. équivalence I.
(5 ) P e g o l o t t i . Op. cit., p. 228 : « Libre sottile délia Roccella fa in Nimissi libra 1 e
once 1 ».
(6) P a u c t o n . Op. cit., p. 639. Registre Noster de la Chambre des Comptes vers 1329.
(7) B l a n c a r d (Louis). Rapport sur une notice de M. Hucher concernant le Trésor de
Vallon., suivi de la détermination de poids des marcs de Normandie, de Guingamp, d’Angers
...Tirée d’une ordonnance fiscale de 1204. B. N. Lj 31 244 (in-8° 14 p. Non daté mais postérieur
à l’article de M. Hucher qui est de 1876.)
— 375 -
Marc de Limoges = 226,28 g
Marc de Tours = 223,39 g
Marc de La Rochelle = 229,85 g
Or, X X I met en relief le fait que le marc de La Rochelle n’est autre que
celui de Londres pour le monnayage, c’est-à-dire un marc de 8 onces, dont 12
3
font une livre de — X 229,85 = 344,77 g, soit la livre subtile de La Rochelle
2
annoncée par Pegolotti (cf. X X ).
Ainsi que nous l’ avons déjà signalé plus haut (p. 361), la livre d’Angleterre,
pour la taille des monnaies, pesait vraisemblablement 344,16 g environ au début
du X IIIe siècle, ce qui correspondant à un marc de 229,45 g (1 ).
On voit immédiatement que ce marc n’est autre que celui de la Rochelle (ce
dernier légèrement plus fort de 0,4 dg).
Or, le marc de la Tour de Londres est semblable au marc de Cologne, ainsi
que le dit Pegolotti (2 ). La valeur du marc de Cologne a déjà été donnée d’ après
les étalons conservés au musée des Poids et Mesures de Lisbonne (3 ). Elle se
situe aux environs de 229,4 g.
Deux marcs de Cologne, ou une livre, équivalent donc à 458,8 g environ,
c’est-à-dire pratiquement à 15 onces du marc de Troyes (458,85 g ). Sur cette
dernière base théorique, le marc de Cologne s’établit à 229,42 g et l’once à
28,69 g environ.
Pegoletti donne l’équation ci-après :
— 376
D’après X V III et X IX , le marc de Venise est de 239,0 g. Nous allons vérifier
qu’il était employé à Londres par les orfèvres.
En effet, Pegolotti, après avoir précisé que le marc de monnayage de la
Tour de Londres est semblable à celui de Cologne (cf. note 4 p. 376) ajoute :
« ...et l ’autre (m arc) est celui des orfèvres de Londres, qui est plus fort et plus
grand que celui de la Tour de 5 sterlins et un tiers, à raison de 20 sterlins à
l’once et de 8 onces au marc... » (1 ).
Par conséquent :
X X III. — 1 mars des orfèvres de Londres
= 1 marc de la Tour + (5 + 1/3 sterlins) = 229,45 + 7,65 = 237,1 g
Il y a donc peu de différence entre ce marc et celui de Nîmes et Montpellier
(238,68 g ) et celui de Venise (239 g).
Ricard, dans son « Traité général du Commerce », publié au xvine siècle, dit
expressément : « ...L’on se sert, à Londres, de trois sortes de poids... ; le troi-
sième poids... est celui qu’on nomme poids de Venise, avec lequel l’on pèse
l’argent... » (2 ).
Nous groupons, dans le tableau ci-après, les résultats de cette analyse.
Etudions à présent les livres en usage à Paris et dans divers centres commer-
ciaux particulièrement importants.
Rappelons au préalable que :
1° La livre grosse de Nîmes-Montpellier = 411,13 g (V ).
2° Le cantar de Nîmes-Montpellier = 1 0 0 livres grosses = 41,113 kg (V ).
3° La charge de Nîmes-Montpellier = 3 cantars = 123,339 kg (V ).
XXIV. — Et ajoutons que :
1° A Nîmes et Montpellier la soie écrue se vend à la livre grosse : 411,13 g (3 ) ;
2° A Nîmes et Montpellier la soie teinte se vend à la livre subtile : 318,24 g (3 ).
XXV. — Paris. 1,5 livre subtile de Nîmes fait à Paris 1 livre grosse moins
2 % (4 ).
150
Donc 1 livre grosse de Paris = -----— livres subtiles de Nîmes = 486,87 g.
98
C’est une livre de 16 onces du marc de Paris (489,5 g). 1
(1 ) P e g o l o t t i . Op. cit., p. 225 : « ...e l’altro si e il marchio degli orfevori cioè degli orafi
di Londra, ch’e più forte e più grande marco che quello délia Torre sterlini 5 e 1/2, di
sterlini 20 per 1 oncia e d’once 8 per 1 marco ».
(2) R i car d (Samuel). Traité général du Commerce... (Amsterdam, 1700. in-4“ ), p. 62.
(3) I d ., p. 224 : « Nimissi e Monpolieri : A likbra sottile si vendono ...seta teinta ...A
libbra grossa si vendono seta cruda ».
(4) I d ., p. 227 : « Libbra 1 1/2 sottile di Nimissi fanno in Parigi libbra 1 grossa meno
2 per centinaio ».
— 377 —
V a le u r de divers m a rcs et de certain es liv res au d éb u t du x iv siècle
Paris-Troyes 244,75 g
Bruges (or) i 244,75
ni 14 onces = 428,26 g
VI 14 onces = 427,57
— 378 —
XXVI. — A Paris, il y a deux charges, l’une de 300 livres et l’autre de 350
livres ; à celle de 300 livres se vend le grain, et à l’autre de 350 livres se vendent
les autres marchandises (1 ) ; et Pegolotti ajoute ici : « ...la livre est de 15 onces
de Paris... ».
XXVIII. — 1 livre de soie au poids de Nîmes fait à Paris 1 livre et une demi-
once (3 ).
Nous avons vu plus haut (X X IV ) que la soie écrue se vend à Nîmes à la
livre grosse de 411,13 g.
Puisque la livre de Paris est de 15,5 onces du marc de Paris, donc de 474,15 g
(valeur théorique) (cf. X X V II), on voit que la différence, entre la livre grosse
de Nîmes et cette livre, est de 63 g, soit à peu près deux onces du marc de
Paris (30,59 X 2 = 61,18 g).
Par rapport à la livre grosse de Paris (cf. X X V ) de 486,87 g cette diffé-
rence est de 486,87 — 411,13 = 75,74 g, c’est-à-dire presque 2,5 onces du dit
marc (30,59 + 30,59 + 15,30 = 76,48 g).
Dans ces conditions, l’équivalence X X V III parait devoir être corrigée ; il
conviendrait de lire : « ...fait à Paris 1 livre moins 2 onces... » ou bien « ... 1 livre
moins 2,5 onces... ».
XXIX. — La charge de Paris, qui est de 350 livres de Paris, fait aux foires 364
à 367,5 livres et à Anvers 364 livres (4 ). 1
(1 ) P e g o l o t t i . Op. cit., p. 236 : « In Parigi si a due cariche,, l’una si e libbre 300 e l’altra
è libbre 350 ; e a quella cb’ene libbre 300 si vende grana, e all’altra di libbre 350 si vende
ogni mercantia ; e a libbra si e once 15 di Parigi ».
(2) I d ., p. 227 : « La carica di Nimissi fa in Parigi libbre 260, di libbre 350 di Parigi
per 1 carica di Parigi ».
(3) I d ., p. 227 : « Libbra 1 di seta al peso di Nimissi fa in Paragi libbre 1 e once 1/2 ».
(4) I d ., p. 236 : « La carica di Parigi, ché in Parigi libbre 350, fa in fiera libbre 364 in
367 1/2, e in Anguersa 364 ».
— 379 —
25
Puisque la livre de Paris (de la charge) pèse 474,3 g, on a : 1 livre d’An-
474,3 X 350
vers = --------------------- = 456 g.
364
C’est donc la livre de 16 onces de Cologne, composée de 15 onces du marc
de Troyes (458,85 g).
X X X III. — La soie écrue se vend à Londres à la livre de 18 onces par livre. (3).
En admettant que cette once soit celle du marc de Cologne, la livre de soie
pèserait 516,38 g.
Par conséquent, d’après X X X II, la livre de soie de Paris équivaudrait à
3 /4 X 516,38 = 327,28 g. Cette livre de soie de Paris aurait donc été composée
238,68 X 13
de 13 onces grosses du marc de Nîmes-Montpellier (--------------------- = 387,85 g).
8
- 3ao —
XXXV. — Or, 100 livres de Londres font 115 livres à Nîmes, de la livre à cent
pour un cantar (1 ).
Il s’agit ainsi de la livre grosse de Nîmes de 411,13 g ; donc :
100 livres de Londres = 411,13 X 115 = 47,279 kg.
1 livre de Londres = 472, 8 g en chiffres ronds.
Par conséquent, la valeur à retenir dans l’exemple X X X IV est la première,
474,3 g qui correspond à 15,5 onces du marc de Troyes (ou 16,5 onces du marc
de Cologne) et qui est identique à la livre de Paris (cf. X X X I).
FOIRES DE CHAMPAGNE
Bien que Pegolotti laisse entendre parfois que deux livres étaient en usage
aux foires, certaines équivalences données par le Florentin mettent en lumière
le fait que quatre livres au moins circulaient dans cette vaste plateforme du
commerce international.
XXXVII. — La charge de Paris, qui est de 350 livres de Paris, fait 364 à 367,5
livres aux foires et, à Anvers, 364 livres (cf. X X IX , note 4 ).
D’après X X IX , la livre d’Anvers de 16 onces de Cologne (théoriquement
459 g) pèse 456 g environ.
L’équivalence X X X V II laisse supposer que la livre en usage aux foires a une
valeur voisine de celle de la livre de Cologne. D’ailleurs, sur la base de 367,5
livres, la livre aux foires s’établit à 451,7 g.
Par conséquent, sa valeur oscille entre 451,7 g et 456 g environ ; elle est
donc très voisine de celle de la livre de Cologne (459 g ), composée, rappelons-le,
de 15 onces du marc de Troyes. C’est, très vraisemblablement, une livre de
15 onces de Troyes.1
(1) P egolo tti . Op. cit., p. 228 : Libbra 100 di Londra fanno in Nimissi libbra 115, di
libbre 100 per 1 cantare ».
(2) I d ., p. 256 : « Libbre 78 di seta al peso di Londra fa in Anguersa libbre 100 ».
— 381
X X X V III. — Aux foires de Champagne, il y a deux livres : la livre grosse et
la livre subtile ; et 350 livres grosses aux foires font une charge des foires (1 ).
A la livre grosse se vendent aux foires toutes les épices légères et à la livre
subtile se vendent la soie et le zendali et aucune autre marchandise (1 ).
XL. — 100 livres de Bruges font 93 livres aux Foires (4 ), ce qui met cette livre
428,26 X 100
à --------------------- r= 460,4 g, c’est-à-dire précisément une livre de Cologne
93
de 16 onces, ou bien la livre de 15 onces de Troyes.
(1 ) P e g o l o t t i . Op. cit., p. 235 : « Fierre di Campagna. Del reame di Francia. ...E nelle
fiere si a due libbre, cioè libra grossa et libra sottile e libbre 350 grosse sono 1 carica in
fieri, ed è a la libbra grossa once 16 1/3 sottile ».
« A libbra grossa si vende in fiera tutte spezierie sottile e a libbra sottile vi si vende
in fiera seta e zendali et non altra mercantienta ».
(2 ) I d ., p. 227 : « Colle fiera di Campagna del reame di Francia : Libbra 1 1/2 a cbe
si vende la speziaria minuta in Nimissi, ch’è libbre sottile, fa in Campagna libbra 1 grossa ».
(3 ) I d ., p. 227 : « Colle fiera di Campagna del reame di Francia : E libbra 1 grossa
di Nimissi fa in Campagna libbra 1 sottile ».
(4 ) I d ., p. 246 : « Colle fiere di Campagna : Libbre 100 di Bruggia fano in fiere libbre 93 ».
(5 ) I d ., p. 227 : « Cantar 4 di Nimissi fanno in fiera carica 1 ».
— 382 —
Il s’en faut donc de 100 onces subtiles, ou environ 6,5 livres grosses pour
que l’identité XLI soit conforme à l’identité X X X IX .
Peut-être pourrions-nous conjecturer qu’il s’agit d’une erreur de calcul dans
l’évaluation de Pegolotti, qui n’est d’ailleurs pas très élevée, puisqu’elle est de
l’ordre de 1,5 °/o.
XLIII. — La Rochelle.
Nous avons indiqué plus haut (X X , p. 415), que la livre subtile de La Ro-
chelle pesait 344,76 g et qu’elle était identique à la livre anglaise composée de
12 onces du marc de Londres, ou marc de Cologne (cf. X X I).
Pegolotti donne l’équivalence : « A La Rochelle les épices se vendent... à
la livre de 14 onces de La Rochelle » (2 ).
Par conséquent, cette livre des épices pesait 14/12 de la livre subtile de
La Rochelle, soit 401,52 g ; elle était donc identique à la livre d’Anvers.
— 383 —
La livre de Bruges pesant 428,26 g (14 onces de Troyes), nous obtenons :
400 X 428,26 = 171,304 kg = 416 livres de Nîmes, ce qui met la livre de
Nîmes à 171,304 : 416 = 411,7 g, valeur à peine différente de celle résultant
de nos équivalences de départ (cf. V, p. 371), soit 411,13 g.
A quelques décigrammes près (pour les raisons que nous avons exposées pré-
cédemment, cf. p. 361) — elle pèse aujourd’hui 453,59 g — c’est toujours la
même livre qu’au XIVe siècle, mais représentée par son étalon en platine, 1’ « Im-
périal Standard Pound ».
Citons encore le marc de Cologne, qui circule non seulement aux foires, mais
au Portugal, en Espagne, dans certaines régions de France (Agenais, Béarn,
etc...), dans le Brabant, etc...
Tel est l’un des aspects de la métrologie au Moyen Age, aspect à notre avis
assez intéressant du point de vue sociologique, puisqu’il reflète une tendance
à la normalisation des unités de mesure dans le dessein de simplifier, d’assouplir
et de faciliter les relations commerciales, à une époque où les unités ne man-
quaient pas de variété.
Enfin, il y a lieu de noter que, dans bien des cas, la valeur des unités n’a pas
sensiblement varié entre les x m e-xive siècles et les xvne-xvm e siècles, ainsi qu’il
ressort du tableau ci-contre (p. 387), où les valeurs numériques sont déduites
d’équivalences fournies par Pierre Petit et d’autres auteurs. (1 ).
Dans l ’ensemble, ces équivalences sont assez cohérentes et, si l’on relève
parfois certaines anomalies, on ne saurait en conclure, a priori, que le marchand
florentin en est responsable. Des fautes de copie dans le déchiffrement de ses
notes ont pu intervenir, mais surtout, il convient d’insister sur un point essen-
tiel : autrefois, il était traditionnel de délivrer les marchandises échangées au
poids avec une bonification (pondérale).
(1 ) Pierre P e t it . O p. cit.
— 385 —
Mais parfois un résultat numérique semble illogique ; peut-être faut-il voir
l’origine de l’anomalie apparente dans l’absence d’indications précises sur la
« composition » de la mesure en cause.
Dans la pratique, il semble qu’il soit suffisant (exception faite des cas spé-
ciaux) d’entourer d’une fourchette de sécurité de ± 0,5 à 1 % les valeurs numé-
riques déduites précédemment des équations posées par Pegolotti.
Dans les tableaux annexés, nous rassemblons, à titre d’exemples, quelques
équivalences. Les équivalences précédées des lettres « Pe » ont été établies au
début du xvne siècle par Petit, dans son ouvrage déjà maintes fois cité.
Enfin, nous avons signalé plus haut (p. 362), que la valeur du marc de
Cologne avait changé au cours du temps, et qu’elle était passée de 229,5 g
environ à 233,7 g environ. Dans le dessein d’éviter toute ambiguïté sur ce
point, nous désignons le marc original de Cologne de 229,5 g, sous les termes
de marc ancien ; et le marc de Cologne de 233,7 g environ, sous les termes de
marc nouveau.
Toutes les évaluations et comparaisons portées dans ces tableaux reposent
sur le marc de France de 244,75 g en moyenne.1
386 —
TABLEAUX DES VALEURS DE CERTAINES MESURES DE MASSE
EN USAGE DU X IV e A LA FIN DU X V IIIe SIECLE
(Valeurs exprimées en grammes)
— 387 —
Lieu Equivalence Valeur Observations
— 389
Lieu Equivalence Valeur Observations
— 300
Lieu Equivalence Valeur Observations
Venise Pe. 100 303,49 C’est une livre subtile d’environ 10 onces
grosses du marc de Montpellier = 298 g
environ.
L donne p. 337 ï 301,23 En 1767, Tillet trouve : 301,30 g.
Livre sottile En 1540 Bartholomeo di Pasi a donné
l’équivalence : 1 000 livres grosses de
Venise = 1 580 livres subtiles (d’après
Petit).
Ce qui donne, sur la base Pe (303,49 g) :
479,53 g ; sur la base Tillet (301,39 g) :
476,19 g.
Ces valeurs équivalent à 2 marcs de Mont-
pellier du xive siècle.
Paucton établit :
L done p. 337 : 477,05 1 livre grosse (peso-grosso ) = 477,65 g
Peso grosso 1 livre légère (soie et drogues) = 301,48 g
1 livre pour les gallons = 325,36 g.
Livre pour la 307,44 Il s’agit de la livre d’or filé de Venise
soie que Tillet a trouvée égale à 326 g, qui
équivaut à 11 onces grosses du marc de
Montpellier (327,25 g).
Il y a lieu de noter que le marc de
Cologne était en usage à Venise, au moins
au début du XIIIe siècle, ainsi qu’il
ressort « De la convention que le Doge
Henri Dandolo conclut en 1201 avec les
Comtes de Flandres, de Champagne et
de Blois pour leur passage en Terre
Sainte où il est dit « ...marcharum
puri argenti ad pondus Colonie quo
utitur terra nostra... » (Guilhiermoz.
Note s... op. cit., p. 113 note 5 — d’ après
Murratoris, Rerum Italicarum Scriptores,
t. XII col. 323-325 note).
— 391 —
Nous abordons à présent l ’étude d’un certain nombre d’étalons et de poids
du commerce, conservés dans diverses collections des musées de province, que
nous avons soumis à une étude métrologique systématique.
— 392 —
TABLEAU « A » — Base : TABLEAU « B » - - Base :
Poids Poids
Différence Différence
Eléments relative relative
théo- théo-
actuel actuel
rique rique
Boîte de
16 marcs 3 924 g 3 925 g + 0,25 7oo 3 916 g 3 925 g + 2,25 7oo
8 marcs 1 962 1 961,5 — 0,25 °/oo 1 958 1 961,5 + 1,75 %
4 marcs 981 981 979 981 + 2 °/oo
2 marcs 490,5 490,5 489,5 490,5 + 2 7oo
1 marc 245,25 245,2 — 0,2 °/oo 244,75 245,2 4- 1,8 0/uo
4 onces 122,62 122,4 — 1,7 % , 122,375 122,4 + 0,2 %
2 onces 61.31 61,28 — 0,5 % o 61,187 61,28 + 1,5 7 „
1 once 30,65 30,65 30,593 30,65 + 1,9 7oo
4 gros 15.32 15,3 — 1,4 7 = 15,296 15,3 + 0,3 7»o
— 393 —
Ces résultats permettent de constater que la valeur moyenne du marc, pour
l’ensemble considéré, est de : 245,1 g.
b ) un poids (non antérieur au X V I I e siècle), de forme sensiblement tronconique,
portant à la partie supérieure l’inscription « 12 marcs ». Cet objet pèse
actuellement 2 945 g, ce qui met le marc à 245,4 g ;
c ) enfin, deux poids de fonte, en bon état, en forme de pyramide tronquée,
pèsent respectivement :
poids de 4 livres : 1 962 g, correspondant à un marc de 245,25 g ;
poids de 1/2 livre : 245 g (valeur du marc évidemment).
Ces exemples ne font que confirmer l’existence d’étalons à Rouen, de masse
un peu plus élevée que celle du prototype de Paris (en valeur relative ± 1
à 2/1 000).
Cette constatation n’est d’ailleurs pas particulière à l’objet en question ; il
semble, en effet, que les étalons et les poids du commerce aient été généra-
lement ajustés au-dessus de leur valeur nominale (ce qui est une sage précau-
tion, puisque l’emploi répété de ces objets provoque leur usure et entraîne une
diminution inévitable de leur masse).
Mais elle ne contredit pas les résultats de notre étude relative à la stabilité
du marc de France, puisque nous avons entouré sa valeur d’une fourchette de
sécurité de ± 1/1 000 (un millième) (245 g - 244,5 g) et que, d’autre part, une
ordonnance de François 1er, datée de 1540, a fixé les tolérances « en plus »,
autorisées sur les poids de marc (1 ), à savoir
Poids de 25 marcs : 1,5 esterlin = + 2,30 g (2 )
Poids de 8 marcs : 3 félins = + 1,15 g (2)
Poids de 4 marcs : 0,5 esterlin = + 0,76 g
Poids de 2 marcs : 1 félin = + 0,38 g
Poids de 1 marc : 0,5 félin = + 0,19 g
Aucune tolérance n’est prévue dans ce document pour les autres subdivisions.
Dans ces conditions, en partant de notre fourchette de sécurité à + 1/1 000,
ce qui correspond à un marc de 245 g, et en ajoutant la tolérance légale 0,19 g,
le marc se fixe à 245,19 g, valeur toute proche de celles qui sont portées au
tableau A : 245,2 g s’agissant de l’élément représentant le marc creux de la pile ;
245,25 g en ce qui concerne la valeur du marc moyen de la pile.*1
(1 ) P a u c t o n . Op. cit., p. 645 : Le marc étant divisé en 160 esterlins et 640 félins, ce qui
met l’esterlin à 1,53 g et le félin à 0,38 g.
(2 ) Id .
1 félin = 7,2 grains = 0,30 denier
1 esterlin = 4 félins = 28,8 grains.
— 394
En conclusion, il semble qu’ on puisse admettre, sans erreur grossière, que
l’étalonnage des divers éléments composant l’étalon royal de Rouen, pesant « 16
livres en son entier au marc de Troyes », fut réalisé avec une précision au moins
de l’ordre du millième (1 /1 000), sinon supérieure.
Nous allons d’ailleurs pousser davantage cette étude en abordant l’examen
d’une autre pile en provenance des Flandres.
T o t a l ................... 936,355 g
— 395 —
26
est en moyenne de l ’ordre de un vingt-millième (1/20 000), car les instruments,
dont nous disposions, ne nous permettaient pas d’atteindre avec certitude une
précision plus élevée. Elle est d’ailleurs largement suffisante pour l ’étude des
poids de cette époque, ainsi que nous allons le constater.
Nous avons indiqué précédemment, que le marc du Brabant différait peu
du marc de Cologne pesant 233,8 g environ. Or, l’équivalence établie par Pauc-
ton, entre la livre de Paris et la livre d’Anvers, fait ressortir cette dernière à
467,86 g (0,9558 de la livre de France).
Ce qui met le marc à 233,94 g, valeur proche de celle qui a été déduite de
la pile de 1614.
En prenant comme base de référence la valeur du marc moyen de cet étalon
— 234,1 g — nous dresserons le tableau D ci-contre :Il
TABLEAU D
1
Eléments Valeur Différence
relative
(3) (4)
U) (2)
— 396 —
objet a pu l’affecter davantage que ne le furent les autres éléments qu’elle
renferme.
— 397
N° 12. — Différence relative de ces poids par rapport à leur valeur théo-
rique (cf. tableau D ).
(1 ) Les prototypes du mètre et du kilogramme furent présentés aux Conseils des Anciens
et des Cinq Cents le 22 juin 1799.
— 398 —
2° Sous le règne de François 1er et au moins à Paris, le degré de précision de
l’étalonnage des piles (généralement des poids étalons apparemment beau-
coup moins employés dans le commerce courant que les poids ordinaires),
d’un marc à 25 marcs (250 g environ à 5 kg environ), pouvait osciller entre
huit dix-millièmes (8/10 000) et 3,5 dix-millièmes (3,5/10 000). Autrement
dit, le millième paraît vraisemblablement avoir été atteint, voire même le
dix-millième (1/10 000).
Sur ce point, la pile de 1614 d’Anvers-Lille apporte un témoignage sérieux.
Ainsi que le font apparaître les tableaux D et E, la plupart des éléments furent
certainement ajustés au millième près (1 /1 000) et l ’approximation obtenue
paraît se rapprocher de celle qu’avait fixée l ’ordonnance de 1839 (cf. tableau E,
col. 3 ).
Quant à la pile de Rouen, si l’on admet notre hypothèse concrétisée dans
le tableau A, on arrive à la conclusion que l’étalonnage de ce poids a dû at-
teindre une précision assez proche de celle qui était imposée en 1839, mais
qu’il n’existe pas entre les éléments de la pile une homogénéité aussi rigoureuse
qu’entre ceux de l’étalon de 1614.
En ce qui concerne les petites divisions du marc, telles que celles de deux
gros, un gros, demi-gros creux et demi-gros plein, dont la masse varie de 7 g
à 2 g, les difficultés d’étalonnage devaient grandir au fur et à mesure que la
masse des poids diminuait.
Prenons par exemple les deux éléments d’un demi-gros de la pile de 1614.
Ils diffèrent entre eux de 1,830 — 1,825 = 0,005 g, soit en valeur relative
2,5 millièmes (2,5/1 000).
Leur valeur moyenne étant de 1,829 g, ou 34,5 grains, on voit que pour
atteindre un degré de précision de l ’ordre du millième (1/1 000), le poids
du demi-gros devrait être ajusté à ± 0,034 grain près, c’est-à-dire à un trentième
de grain.
Une telle précision devait être certainement délicate à obtenir, puisque
les balances de la Cour des Monnaies, employées par P. Petit, étaient « ...si
parfaictes qu’un seizième de grain faisait tomber l’un des bassins au lieu qu’à
peine les ordinaires se mevent par un grain entier » (1 ). Dans les deux cas nous
n’atteignons pas le trentième du grain.
C’est pourquoi nous pensons qu’il est prudent, lorsque l ’étude métrolo-
gique s’ applique plus spécialement aux poids anciens de faible masse de ne
pas porter un intérêt exagéré aux décimales qui suivent l ’unité, à l’exception
des deux ou trois premières lorsqu’il s’agit d’étalons et des deux premières,
sinon de la première, en ce qui concerne les poids du commerce.1
- 400
En effet, pour formuler un jugement acceptable sur les possibilités tech-
niques d un atelier à une époque déterminée, il n’est pas nécessaire de se baser
sur des résultats de mesures d’une précision supérieure à celle qui était ac-
cessible aux artisans d’autrefois. Or, l’approximation obtenue avec les appa-
reils modernes peut atteindre aisément le vingt-millième (1/20 000), pour des
poids de l’ordre de quelques grammes ; elle dépasse donc largement le degré
de précision des instruments anciens, beaucoup plus modeste, ainsi que nous
venons de le voir.
Nous croyons pouvoir conclure, de l’étude critique à laquelle nous venons
de procéder :
1° qu’au X V I e siècle, et certainement au début du X V I I e siècle, les artisans ba-
lanciers de Paris et du Nord disposaient de balances, dont les qualités mé-
trologiques étaient déjà assez remarquables et suffisantes pour atteindre,
dans les étalonnages, une approximation moyenne de l’ordre de un mil-
lième (1/1 000) et pouvant s’élever peut-être à un dix-millième (1/10 0 0 0 );
2° que les opérateurs chargés d’effectuer les étalonnages connaissaient fort
bien les méthodes à employer à cet égard et les précautions indispensables
à prendre pour aboutir à des résultats aussi précis que possible. En outre, ils
devaient disposer, non seulement de balances de bonne qualité, mais
d’étalons de travail bien ajustés, de telle manière que les erreurs inhérentes
à toute opération de mesure ne s’accumulent pas ;
3° qu’il convient de soumettre les résultats obtenus à une critique aussi ri-
goureuse que peuvent le permettre les éléments d’information disponibles;
4° que l’Etat, en la personne de François 1er, avait, dès 1540, promulgué di-
verses règles en matière de pesage et fixé les tolérances sur les poids de
marcs. Ces dispositions d’ordre technique, annoncent en quelque sorte une
tendance à la normalisation dans la métrologie.
*
**
Les poids de Dijon. Pile étalon de 32 onces conservée aux archives municipales
de Dijon.
Cette pile porte, sur le couvercle de la boîte, l’inscription suivante : « X X X II
16 MARCS L F ROGON A LYON 1678 TOUT F ».
L’inscription X X X II 16 marcs signifie que la pile pesait 32 marcs, la boîte
en pesant 16.
Entre les lettres L F et le mot ROGON, est gravée la marque du fondeur
nürembourgeois du X V I I e siècle ayant fabriqué cet objet ( 1 ) . 1
(1) La marque composée d’une épée et d’une clé croisées, est celle d’un fondeur de
INuremberg, du x v i i ' siècle, d’après Z e v e n b o o m (K. M. C.) et Dr. D. A. W i t t o p K o n i n g , in
« Néderlandse gewichten » op. cit., pp. 192-193 et Borssum B u i s m a n n (G. A .). Op. cit., p. 80.
— 401 —
Les lettres L F, P R couronnées, ainsi que trois fleurs de lys sont gravées
au fond de la boîte (face intérieure).
Ces lettres L F sont la marque de fabrique du balancier lyonnais André
Le Franc, dont l ’atelier est connu au X V I I e siècle. Son nom, André Le Franc
rue Tupin (à Lyon) est inscrit sur une boîte de changeur conservée au musée
de Lyon et portant la date : 1647. Sa marque est associée à celle de l’un
de ses confrères Louis Rogon, notamment sur une boîte de changeur conservée
au musée de Cluny (n° E 8960-7085) portant, inscrite à l’encre à l’intérieur du
couvercle, l’inscription : « P. ROGON ANDRE le franc, Rue Tupin à
lion 1674 ».
Au centre des plateaux du trébuchet contenu dans cette boîte, les lettres
L F ont été gravées et sont entourées de l’inscription : LEFRAN (1 ).
Pierre Louis Rogon participa à l ’élaboration du statut de la corporation
des balanciers lyonnais, en 1668-1669 (2 ). Son nom revient fréquemment
dans les documents des archives départementales de Lyon. C’est ainsi qu’il
est mentionné au titre de maître-balancier de la ville dans des actes de 1669
(3 ), du 16 octobre 1670, de 1671, de février 1672 et de 1678-1693 (4 ).
La boîte de cette pile a pour dimensions : hauteur = 103 m m ; diamètre
du couvercle = 127 m m ; diamètre de la base = 90 mm.
Seule avec la boîte, les trois premiers éléments (8 marcs, 4 marcs et 2 marcs)
appartiennent authentiquement à la pile. Les autres pièces (depuis le godet
d’un marc jusqu’à celui du 1 /2 gros creux (le 1 /2 gros plein manque) furent
probablement substituées aux éléments originaux postérieurement à 1678.
Du point de vue métrologique, les résultats se présentent comme suit :
Valeur
Différence
Calibre relative
théorique actuelle
402 —
La valeur moyenne du marc déduite de la masse totale des quatre élé-
ments est de 244,73 g, soit, à moins d’un dix-millième près (1/10 000), la valeur
du marc de France (244,75 g ).
L’étalonnage de ces objets fut donc réalisé, à l’origine, avec une précision
voisine de un dix-millième (1/10 000).
Il est intéressant d’examiner à présent une série de poids de Dijon, qui
furent peut-être étalonnés sur cette pile ou sur une copie.
Il s’agit, en l ’occurrence, de poids plats anépigraphes, de forme prisma-
tique à base hexagonale. Ils portent, sur l’une des faces, l’empreinte des armes
de la ville et des marques de contrôles ou de fabricants.
Ces objets ne sont répertoriés dans aucun catalogue ; cinq d’entre eux sont
conservés aux archives municipales de Dijon et trois autres se trouvent au
musée Paul Dupuy à Toulouse.
Dans le tableau ci-dessous sont groupés les résultats de l’étude de ces poids
(nous avons indiqué, en note, pour fixer les idées, les dimensions de quatre
de ces poids). Ajoutons que la lettre T suivie d’un numéro signifie qu’il s’agit
du musée de Toulouse.
Différence relative
Valeur
par rapport à
Numéro Calibre
théo-
Pile 1 678 réelle 4 3
rique
(1) La base s’inscrit dans un cercle de 114 inm de diamètre; épaisseur = 33 mm ; muni
d’un bouton.
(2 ) La base s’inscrit dans un cercle de 93 mm de diamètre ; épaisseur = 42.
(3) La base s’inscrit dans un cercle de 70 mm de diamètre; épaisseur = 32.
(4 ) La base s’inscrit dans un cercle de 33,5 mm de diamètre; épaisseur = 10.
— 403 —
question. Cette constatation permet de conjecturer que ces objets apparte-
naient à une série d’étalons de travail utilisée par la municipalité, ou par un
fabricant.
En effet, les poids employés dans le commerce subissent une usure iné-
vitable et leurs qualités métrologiques initiales ne cessent de se dégrader au
cours du temps.
En voici un exemple à Dijon précisément, qui est fourni par une série
de poids anépigraphes d’un type identique au précédent, conservés aux ar-
chives de la ville, mais qui ne portent actuellement aucun numéro de classe-
ment. Selon toute vraisemblance, ces spécimens furent employés dans le com-
merce.
Masse
Calibre
théorique actuelle
Les variations de masse, mises en évidence par ce tableau, sont par rapport
aux valeurs théoriques de l’ordre de 2 % à 4 %. La comparaison de ces résul-
tats à ceux que nous avons obtenus précédemment en étudiant la première
série de poids anépigraphes, met en lumière le fait que ces deux groupes
d’objets eurent vraisemblablement des destinations différentes et que ceux
du second groupe ont été affectés par l’usure, d’une manière très sensible,
ce qui suppose un emploi prolongé. Ce fait est d’ailleurs constant et il est
facile de le mettre en évidence par l ’étude d’autres séries d’objets.
Par exemple, les poids de Saint-Omer apportent, à cet égard, les justifica-
tions recherchées.
Poids de Saint-Omer.
Les objets qui vont servir d’éléments d’information sont conservés au
musée Paul Dupuy à Toulouse, au musée des Beaux-Arts à Lille, au musée de
Cluny à Paris et au musée des Antiquités et armures de Bruxelles.1
(1 ) Les marques aux armes de la ville, gravées sur ees poids, sont généralement très
indistinctes, par suite de l’usure des objets.
— 404 —
Rappelons, que d’après les indications données par Pagard d’Hermansart,
la livre ancienne de Saint-Omer se composait de 14 onces du marc et que
l’usage en fut maintenu lorsque les poids furent refondus, en vertu d’une or-
donnance du 23 juillet 1732 (1 ).
A noter qu’une refonte des poids avait déjà eu lieu en 1652 (2 ).
Enfin, le règlement du 24 janvier 1736, concernant les boulangers, pré-
cise « ...que la livre de cette ville est de quatorze onces » (3 ).
Au musée des Beaux-Arts à Lille, la collection de poids andomarois se
compose de plusieurs types d’objets :
Masse
Calibre Différence
Numéro
des poids relative
théorique actuelle
(1)
L. 80 10 livres 4 282,6 g 4 312 g + 7/1000
L. 81 2 livres 856,52 858,7 + 3/1000
L. 82 1 livre 428,26 428,1 — 0,4/1000
L. 83 1/2 livre 214,13 213,3 — 4/1000
405 —
POIDS ANEPIGRAPHES
Collection du Musée Paul Dupuy, à Toulouse
(BIBtlO'lUEyuE)
(1) P e g o l o t t i Op. cit., p. 237 : « Lana si vende in Bruggia a sacco, e dessi per 1 sacco
intero 60 chiovi e ogni chiovo si e Iibbre 6... ».
(2) I d ., p. 244 : « Lo sacco delta lana al peso di Bruggia fa (in ) Sant-Omieri chiovi 90, e
chiovi 90 sono in Sant-Omieri 1 sacco... ».
(3) P a g a r d d ’ IlERMANSAKT. Op. cit., p. 174.
(4 ) Signalons deux poids de cuivre de forme discoïdale, à la double croix ; l’un d’eux
portant, dans qn médaillon, un profil d’évêque. Ils ont été découverts à Therouanne, près
de Saint-Omer, et pèsent chacun 1/2 livre ou 7 onces. Ils furent trouvés par L e g r an d Albert, qui
les a signalés dans le « Bulletin historique de la Société des Antiquaires de la Morinis ».
l re livraison, 1852, pp. 15-16 ; B. N. Le 19 12 ter.
Le second poids au moins pourrait remonter à une époque assez lointaine,
mais un seul spécimen ne suffit pas pour justifier l’existence d’une unité de mesure déterminée.
— 407 —
Nous les avons groupés dans le tableau ci-après, en les faisant précéder
de la lettre B, C, L ou T, suivant le lieu de leur actuelle conservation (Bruxelles,
Cluny, Lille ou Toulouse).
Ma ïse
Calibre Différence
Numéro relative (1 )
en livre
théorique actuelle
— 408 —
Valeur Moyenne Différence
Calibre
théorique actuelle relative
Ma sse
Différence
Numéro Calibre
relative
théorique actuelle
— 409 —
Dans le tableau précédent, le poids de 2 livres (B. 22) paraît avoir une
valeur anormale. La description de cet objet, fournie par Serrure en 1883, ne
faisant aucune allusion à son état de conservation, nous nous abstiendrons
de formuler un jugement.
Les nombres gravés sur ces poids justifiant les contrôles, laissent supposer
que les spécimens de cette série ont servi pendant des périodes de durée va-
riable, parfois assez longues.
En voici quelques exemples :
— les poids d’une livre L. 100 et T. 1603 portent, respectivement, les marques
62, 63, 64, 65, 70, 71, 72, 74, 75, 76, 78, 89 ; et : 44, 62, 64, 69, 70, 72,
73, 75, 76, 89.
Par contre, les numéros L. 111 (quart de livre) et L. 106 (demi-livre) ne
portent, respectivement, que les dates 94 et 96 (1 ).
Pour chaque calibre, la moyenne statistique est la suivante.
Valeur
Différence
Calibre
relative
théorique actuelle
— 410
Ces différences relatives sont inférieures à celles qui résultaient de l’exa-
men des poids de la seconde série. En revanche, les variations constatées dans
divers calibres sont plus élevées :
2e série 3e série
+ 5,3/1 000 à — 3,7/100 Demi-livre + 8,8/1 000 à — 4,6/100
+ 6,6/1 000 à — 1,9/100 Quart + 3,4/1 000 à — 5 /100
— 2,6/1 000 à -— 2,8/100 Huitième — 6,5 1/1 000
Poids de Lille.
— 411 —
27
Enfin, d’après les tables de correspondances établies à la fin du XVIIIe siècle,
la livre de Lille équivaut à 431,317 g (1 ).
L’étude d’une seconde série de poids, de forme cylindrique, non datés et pa-
raissant du X V I I I e siècle (sinon de la fin du X V I I e siècle), donne les résultats
suivants :
— n° L. 31 : 5 livres = 2 160 g, soit une livre de 432 g ;
— n° L. 33 : 3 livres = 1 293 g, soit une livre de 431 g ;
— n° L. 34 : 1 /4 livre; 108,5 g, soit une livre de 434 g ;
— n° L. 35 : 1/4 livre = 107,5 g, soit une livre de 430 g.
Pour plus de certitude, nous avons adjoint aux séries précédentes un certain
nombre de poids émis à Lille et conservés aux Musées de Toulouse et de
Bruxelles. Les résultats sont groupés dans le tableau ci-après (tous ces poids
sont de plomb et leur forme est celle d’un cône tronqué ou d’un cylindre).1
— 412 —
I
Valeur de Différence
relative
la livre à la Valeur
Numéro Calibre moyenne
fin du xvm e actuelle
siècle pour chaque
calibre
Ces poids, qui furent employés dans le commerce, ont plus ou moins
souffert de l ’usure. La diminution de leur masse initiale théorique serait au
moins de l ’ordre de 1 % en moyenne, ainsi qu’il ressort du tableau précédent
et du tableau ci-après.
Val eur
Différence
relative
Calibre
théorique actuelle (moyenne par
(livre de la fin dans chaque calibre )
du XVIIIe s.) calibre
Ainsi, nous pourrions conjecturer que ces poids furent ajustés à une livre
(et à ses subdivisions) pesant au moins 431,31 g. Toutefois, si nous tenons
413 —
compte de la valeur de la livre déduite des deux premières séries — 432,90 g
— la livre s’établirait en moyenne à 432,37 g (1 ) : et surpasserait de 1 %
environ la livre de 14 onces du marc de France (428,26 g ).
Il existe au musée de Lille une pile de 32 marcs (L. 39), dont la boîte
seule subsiste. Celle-ci porte, sur le couvercle, la lettre de la Monnaie de
Lille : W couronné; une fleur de lis et le nombre 16, signifiant 16 marcs.
Elle pèse actuellement 3 905 g, ce qui met la livre à 488,12 g, valeur infé-
rieure de 2,8/1 000 à la livre poids de marc (489,5 g ). En supposant que
chacun des éléments de la pile ait subi ce léger décalage, une livre de 14 onces
ajustée d’après cet étalon aurait pesé 427 g (aux erreurs d’étalonnage près
bien entendu) et non 431 ou 432 g.
En conclusion de cette étude, nous devons admettre que la livre de Lille
fut un peu plus lourde que la livre de 14 onces ( + 4 g environ), les preuves
étant fournies par les objets eux-mêmes.
Nous avons constaté que les poids de Lille paraissent avoir été ajustés
au moins depuis le xvne siècle — à une livre d’une valeur supérieure de 1 %
à la livre de 14 onces du marc de Troyes.
A Montauban, nous retrouvons la livre de 14 onces dès le début du xive
siècle. En effet, aux termes d’un règlement du mois de juillet 1329, les
Consuls de la ville décidèrent d’adopter le marc de Troyes et la livre com-
posée de 14 onces de ce marc.
Il fut en outre décrété que le quintal serait formé de 104 deniers et le
denier à 24 grains (2 ).
L’once du marc de Troyes étant composée de 576 grains (24 deniers), la
livre de 14 onces équivaut à 8 064 grains (428,26 g ). Or, 27 sols 9 deniers =
333 deniers = 7 992 grains.
Puisque le grain pèse 0,0531 g, la livre de Montauban, définie par le règle-
ment de 1329, devait peser 7 992 X 0,0531 = 424,37 g, valeur inférieure de
0,9 % environ à la véritable livre de 14 onces.
Mais cette livre de 424,37 g équivalait à la livre de 16 onces subtiles de
Montpellier (424,32 g environ) et cette coïncidence ne paraît pas fortuite.*1
— 414 —
La permanence de la livre de Montauban au cours du temps est révélée
grâce aux poids monétiformes émis par cette ville, entre 1307 et 1654. Nous
en avons étudié une quarantaine de spécimens conservés dans les musées de
Toulouse, de Montauban (musée Ingres) et de Cluny à Paris.
Les résultats de cette étude sont consignés dans les tableaux ci-après, où
figurent :
1° les poids monétiformes;
2° les poids anépigraphes ;
3° les poids de la série du quintal.
(La lettre M signifie : musée de Montauban ; les poids ne portent pas de
numéro ).
De ce tableau, il ressort, en ce qui concerne les poids monétiformes, que
les poids de 4 livres et de 3 livres diffèrent respectivement de —- 1 % et
— 3 % de leur valeur théorique.
Pour les poids des autres calibres, la moyenne des variations se fixe à
— poids de 2 livres 0,9 % de leur valeur théorique ;
— poids d’une livre — 0,65 % d°
— poids d’une demi-livre — 0,65 % d°
— poids d’un quart de livre — 1,4 % d°
:— poids d’un huitième de livre — 3,3 % d°
Quant aux variations dans chaque calibre, elles s’ inscrivent à l’intérieur
des fourchettes suivantes :
2 livres 3.2 % + 1,3 % ;
1 livre 2.5 % + 1 % ;
1/2 livre 3.3 % + 2,1 % ;
1/4 de livre 3.5 % + 0,6 % ;
1/8 de livre 9,7 % + 3,3 % .
En valeur absolue, les moyennes sont les suivantes
— poids de 2 livres : 841,6
g valeur théorique : 848,7 g ;
— poids de 1 livre : 421,76
g d° 424,37 g ;
— poids de 1 /2 livre : 210,87
g d° 212,18 g ;
— poids de 1 /4 de livre : 104,72
g d° 106,09 g ;
— poids du 1 /8 de livre : 51,4
g d° 53,05 g.
Si l’on considère que l ’âge de ces objets oscille entre trois cents et six cents
ans au moins ; qu’il furent plus ou moins affectés par l ’usure consécutive à leur
emploi dans le commerce et peut-être aggravés au cours des cheminements
divers qui les conduisirent dans les musées, on doit reconnaître que les varia-
tions moyennes révélées par leur étude sont relativement peu élevées.
415 —
Valeur Différence relative
Epo- Cali- Calibres
j Numéro théori-
que bre
que réelle
4 L 3 L 2 L 1 L 1/2 L 1/4 L 1/8 L
M. 1 L 424,37 433,7 + 2 ,3 %
M. 1/2 L 212,18 217,4 + 2,6 %
M. 1/4 L 106,09 108 + 1 ,9 %
T. 1047 1/4 L 106,09 107,4 + 1 ,3 %
T. 1048 1/4 L 106,09 105,8 — 0,3 %
M. 1/8 L 53,05 52,8 — 0,5 %
T. 1 049 1/8 L 53,05 53,2 + 0,3 %
(1 ) D o c L a C h a p e l l e . O p . cit., p . 422.
(2 ) C o m b e s (A .). Op. cit., p. 20.
(3 ) C o m b e s (A .). Op. cit., p. 20.
( 4 ) D e v a l s Aîné. Les anciens poids et mesures en usage dans la ville de Montauban, in
« Etudes historiques et archéologiques sur le département du Tarn-et-Garonne » (Caen, 1866 •
in-8° ), pp. 115-131.
(5 ) C o m b e s (A .). Op. cil., p. 21.
— 418 —
Il est probable que Devais dut peser les poids massifs du quintal et de
ses subdivisions conservés actuellement au musée Ingres.
Ce objets, dont la forme rappelle quelque peu celle d’une cloche, forment
une série composée de cinq poids portant, gravées en relief sur leur surface
latérale, les armoiries de la ville et une fleur de lis. Ils sont tous munis d’un
anneau de préhension.
Les trois premiers poids portent respectivement les inscriptions :
— Qvintal de 104 Lb ou livres de Montauban poids actuel : 45 270 g ;
— Demi Qvintal de 52 Lb ou livres de Montaubarpoids actuel : 22 590 g ;
— Qvart de Qvintal de 26 Lb ou DE Montauban poids actuel : 11 277 g.
— 419
chéologue n’ait pas disposé d’instruments de pesage d’une précision suffisante,
ce qui expliquerait la faible différence.
Ainsi qu’il ressort du tableau de la page 417 (série du quintal), la valeur
de la livre, qui aurait servi d’étalon de référence, surpasse de 2,2 % en
moyenne la livre de 1329 et de 1,4 % environ la livre de 14 onces de Troyes.
Par ailleurs, l’étude des poids anépigraplies — malheureusement peu nom-
breux — met en lumière le fait que la livre, la demi-livre et le quart de livre
ont respectivement une valeur supérieure de 2,3 % , 2,6 % et 1 % à celle qui
se déduit de la livre de 424,37 g ; seuls, les deux poids du huitième de livre
sont, en moyenne, équivalents à leur valeur théorique.
Ainsi, sur la base des poids anépigraphes :
— la livre p è s e ............................................ 433,7 g;
— la demi-livre pèse .................................. 217,4 g soit une livre de 434,8 g;
— le quart de livre pèse, en moyenne . . 107,06 g soit une livre de 428,24 g;
— le huitième de livre pèse, en moyenne. 53 g soit une livre de 424 g.
Il paraît donc assez curieux que Duc-Lachapelle ait attribué 425,65 g à
la livre poids de table de Montauban, sur laquelle il ne donne d’ailleurs au-
cune précision dans son ouvrage, exception faite de l’équivalence ci-après :
« ...Le quintal marc donnoit 115 livres poids de table, et par conséquent, les
100 livres poids de table, valoient poids de marc 86 liv. 15 onc. 2 gros 10
vingt-troisiè... » (1 ). La livre poids de table, déduite de ce rapport, est bien
de 425,65 g.
Duc-Lachapelle ne fait pas allusion au quintal. Or, l’emploi du quintal
poids de marc à Montauban ne semble pas exclu au xvm e siècle. A l’appui de
cette hypothèse, citons la série d’étalons de 100 livres, 50 livres, 25 livres, 10
livres et 5 livres poids de marc, conservée au musée Ingres.
Ces poids sont cylindriques, munis d’une poignée de forme elliptique et
portent chacun, sur la surface latérale, l’inscription ci-après (seule, l’indica-
tion du calibre varie avec l ’étalon) :
<c Poids de 100 livres ou 200 marcs étalonné en La Cour des Monnoyes
« de Paris suivant le Procès-verbal du 15 mai 1779 — (ici, écu aux armes de
« Montauban) — AJUSTE par Chemin. Balancier Rue de la Ferronnerie AU
« Q Couronné à Paris. »
Sur le bord de la surface supérieure sont gravées : l’indication du calibre
et la couronne royale entre deux petites fleurs de lis, ainsi que les armes de
la ville.1
— 420 —
Ces étalons pèsent respectivement :
— étalon de 100 livres : 49 050 g, soit une livre de : 490,5 g ;
— étalon de 50 livres : 24 520 g, soit une livre de : 490,4 g ;
— étalon de 25 livres : 12 280 g, soit une livre de : 491,2 g ;
— étalon de 10 livres : 4 900 g, soit une livre de : 490 g;
— étalon de 5 livres : 2 450 g, soit une livre de : 490 g.
La livre poids de marc pesant 489,5 g, on voit que ces matrices furent ajus-
tées au prototype avec un très grand soin. La ville de Montauban disposait
ainsi, vers la fin du x vm e siècle, d’une série d’étalons basés exclusivement sur
le marc de France et c’est probablement, en partant de ces derniers, que furent
effectuées les comparaisons à la livre poids de marc des étalons en usage
dans le département du Tarn-et-Garonne, lors de l’établissement des tables de
correspondance entre les unités du système métrique et les anciennes mesures.
En conclusion de cette étude, nous constatons que :
1° depuis 1329 au moins jusqu’en 1654 (et sans doute postérieurement, bien
qu’aucun spécimen de poids ne nous apporte actuellement les éléments
d’information indispensables), la livre de Montauban n’a pas sensible-
ment varié; elle équivaut à 16 onces subtiles du marc de Montpellier et
pèse 424,37 g environ ;
2° la valeur des étalons composant la série du quintal de 104 livres ne répond
pas à la définition qui en fut donnée en 1329 ( 1 ) ; elle n’est pas davantage
conforme à la livre donnée par Duc-Lachapelle : 425,65 g ;
3° l ’absence de poids en nombre suffisant, postérieurs à 1654, laisse planer
un doute sur la valeur de la livre de Montauban au xvnie siècle, d’autant
plus que les poids anépigraphes, groupés dans le précédent tableau, pa-
raissent avoir été ajustés sur trois livres différentes : les poids du hui-
tième de livre sur la livre de 424 g ; ceux du quart de livre sur la livre de
14 onces de Troyes; enfin, ceux d’une livre et d’une demi-livre sur une livre
forte de 434 g environ.
Il est possible que des recherches entreprises dans les documents d’archives
apportent quelque lumière sur ces apparentes anomalies. Pour l ’instant, en
s’appuyant strictement sur les informations fournies par les objets, la livre
de Montauban ressort à 424,37 g environ, du moins jusqu'en 1654, voire jus-
qu'à la fin du x vm e siècle, bien que ce dernier point ne soit pas rigoureuse-
ment confirmé par l’examen des spécimens.
(1 ) Ce qui prouve que ces objets furent fabriqués beaucoup plus tard, peut-être au
x v ii' siècle, sinon vers la fin du xvie siècle.
— 421
Cette étude met en relief les écueils auxquels se heurtent de telles re-
cherches et la complexité des problèmes qu’elle soulève. Mais elle fait appa-
raître, en même temps, l’importante contribution apportée à la résolution,
même partielle de ces questions, par l ’étude métrologique des poids.
*
**
___ 4 2 2 ___
C o lle ctio n du M usée P au l D u p u y , à T o u lo u se
»i»UOTH£ÿlsI
(1 ) Le seul poids lyonnais, conservé au musée de Toulouse sous le numéro T 1299, est un
poids anépigraphe de forme octogonale, pesant 103,2 g, ce qui correspond à une livre de
412,8 g.
(2 ) Lyon. — A. M., Inventaire Chappe, Tome V, pp. 306-307.
(3) Ordonnances des Rois de France. T. VII, p. 159 : « Nostre volonté et ententions est
que tout l’or et l’argent qui se recevra en nosdites inonnoyes de Dauphiné soit d’ores en avant
peser tout à un pareil poids, c’est a sçavoir au dit marc de Paris, et pour ce que iceluy marc
est plus fort que n’est celuy de nostre Dauphiné, la trandeuxième pièce du marc de
Grenoble. ».
— 424
L’ancien marc de Grenoble pesait donc 237,3 g, valeur extrêmement voi-
sine de celle du marc de Montpellier. C’est pourquoi il est habituel de consi-
dérer que ces deux marcs furent identiques jusqu’en 1386.
— 425
Par exemple, la livre pèse : à Arles 391,2 g ; à Marseille 407,93 g ; à
Tarascon 407,51 g ; à Salon 395,46 g ; etc...
Nous avons souligné plus haut le fait que le quintal d’Aix (39,812 kg) se
compose de 105 petites livres, pesant 379,16 g. Mais, au « poids de romaine »,
le quintal est compté pour cent livres, pesant 398,12 g. Ces valeurs furent
constatées en l’an X par les Commissaires chargés de l’établissement des tables
d’équivalences pour le département des Bouches-du-Rhône.
Cet exemple met en relief le caractère assez curieux des méthodes autre-
fois en usage dans les régions méridionales, lorsqu’il s’agissait des marchan-
dises lourdes pesées à la romaine.
Si le quintal était bonifié, c’est-à-dire composé d’un nombre de livres de
commerce supérieur à 100 (généralement 104 à 106 livres), on divisait par
100 le quintal bonifié, qui se trouvait ainsi formé de 100 nouvelles livres évi-
demment plus lourdes que la livre courante.
Il ne s’agit pas, en l ’occurrence, d’une innovation relativement récente,
mais des prolongements d’une tradition lointaine, dont nous avons constaté
les manifestations au début du xive siècle avec Pegolotti, lorsqu’il
donne des équivalences telles que : 100 livres grosses de Nîmes (soit un cantar
ou quintal) équivalent à 128 livres subtiles de 12 onces.
- 426 —
1° « 100 kilogrammes rendent 313 livres 3 onces poids de 12 onces (en usage
à Avignon pour les soies). » Ce qui met la livre de 12 onces à 319,2 g.
Nous sommes donc en présence de la livre composée de 12 onces subtiles
du marc de Montpellier (318,24 g ) en circulation au début du X I V e siècle,
ainsi que nous l’avons constaté plus haut.
2° « 40 kilogrammes 8 hectogrammes 6 décagrammes, rendent
100 livres Poids de Bouillon jaune
128 livres Poids de 12 onces d’Avignon. »
D’où nous tirons :
a) 1 livre poids de Bouillon = 408,6 g ; c’est précisément la livre grosse
(407,9 g) ou livre « Poids de Romaine » indiquée ci-dessus. Cette livre est,
à 3 g près, identique à la livre grosse de Nîmes-Montpellier en usage au
xive siècle (411,13 g ).
Nous retrouvons l’ancienne formule du X I V e siècle : 128 livres subtiles
= 100 livres grosses qui, décidément, s’est établie pour des siècles dans
la région.
b ) Poids de 12 onces d’Avignon = 319,2 g (12 onces subtiles du Marc de
Montpellier).
3° « 41 kilogrammes 5 hectogrammes 0 décagramme, rendent
100 livres Poids de E-eaucaire
130 livres Poids de 12 onces d’Avignon. »
D’où nous déduisons :
a) livre poids de Beaucaire = 415 g (c’est une livre de table);
b ) poids d’Avignon = 319 g (12 onces subtiles du marc de Mont-
pellier).
Toutefois, la livre poids de table et la livre de 12 onces subtiles du marc
de Montpellier ne furent sans doute pas les seules à être employées à Avignon.
En effet, l’étude d’une série de poids conservés au musée de Toulouse, dont
les résultats sont groupés ci-après, fait ressortir l’existence possible d’une autre
livre et de ses subdivisions, basées sur l'once subtile (du marc de Montpellier) ;
Valeur
Différence
Numéro Calibre relative
théorique actuelle
T 1 256 1 livre de 14
onces subtiles 371,28 g 372,1 g + 2,5/1000
T 1257 1/2 livre 185,64 187,3 + 9/1 000
T 1 258 1/4 livre 92,82 93,5 + 7,5/1000
T 1259 2 onces subtiles 53,04 53 — 0,8/1 000
— 427
Ces poids ne semblent pas antérieurs au X V IIe siècle et le dernier, n° T 1259,
se situe entre 1740 et 1758 (1 ).
Nous pourrions évidemment conjecturer que ces objets furent ajustés, non
pas au marc de Montpellier, mais à celui de la Cour des Papes, pesant autre-
fois 226,56 g, ce qui met l’once à 28,32 g (c’est l’once de Florence rappelons-
l e ) ; dans cette hypothèse, nous aurions :
Valeur
Différence
Numéro Calibre
relative
théorique actuelle
T 1 256 1 livre de
13 onces (2) 368,16 g 372,1 g + 1 % env.
T 1 257 1/2 livre 184,08 187,3 + 1 ,8 %
T 1258 1/4 livre 92,04 93,5 + 1 ,6 %
T 1 259 2 onces 56,64 53 — 7,2 %
— 428 —
En ce qui concerne la ville de Marseille, nous ne disposons que de deux
poids en plomb, T 1215 et T 1216, qui pourraient représenter le tiers et le
cinquième de la livre de 14 onces subtiles du marc de Montpellier; nous leur
adjoindrons deux poids de Seyne (V ar) des X V I I e ou X V I I I e siècles, sensible-
ment ajustés à cette livre de 14 onces.
V aleur
Différence
Ville Numéro Calibre
relative
théorie actuelle
— 429 —
I. — ARLES.
Valeur
Différence
Numéro Calibre relative
théorique actuelle
A. — Série parais sant basée sur la livre de 12 onces grosses (poids à ba se octogonale).
B. — Série para issant basée sur la livre de 13 onc es grosses de Montpellier (poids à
base carré e).
— 430 —
Collection du Musée Paul Dupuy, à Toulouse
(T. 1.208) Arles
rles (T. 1159) Rodez
1 Livre (360,2 &)
g) « Dvbois Fondevr 1722
(Avers ) 1/2 Livre (200,2 g)
(Revers)
sur cette question). Sa valeur théorique est proche de celle qui est fournie
par les tables, soit 391,26 g, ainsi que nous l’avons déjà indiqué. On constate
que 105 livres d’Arles de 391,26 g, pesant 41,082 kg, équivalent au quintal
d’Arles (41,082 kg = valeur donnée par les tables de l ’an X ). Aurement dit,
même phénomène à Arles, Marseille et Aix : le quintal de 100 livres est com-
posé en réalité de 105 livres moins fortes.
Au surplus, nous sommes en présence d’une livre (il s’agit de la livre de
13 onces grosses de Montpellier) qui fut en usage pendant des siècles et sans
doute dès le x m e siècle au moins. Nous trouverons en effet des traces de son
emploi probable à Toulouse, aux alentours de 1239.
Pierre Petit fait d’ailleurs allusion à cette livre lorsqu’il écrit : « ...La livre
ancienne de Toulouse pèse 12 onces 5 gros et 10 grains poids de marc... », soit
386,73 g, soit à 1 gramme près la livre de 387,8 g. Et Petit ne dit pas que cette
livre n’est plus employée, ce qui peut laisser entendre qu’elle circulait à Tou-
louse au début du X V I I e siècle.
En résumé, aux xvne et xvm e siècles (sinon antérieurement), trois livres
circulaient à Arles, peut-être :
1° la livre médicinale de 12 onces grosses des marcs Montpellier-Venise :
357,96 g ;
2° la livre de 13 onces grosses du marc de Montpellier : 387,8 g théorique-
ment, que les tables fixent à 391,26 g ;
3° la livre (poids de table), ou centième du quintal, pesant 410,8 g.1
— 432
II. — ORANGE.
Nous ne disposons que d’un nombre très limité de poids émis à Orange,
actuellement conservés aux musées de Toulouse, Avignon (musée Calvet) et
de Cluny (Paris).
Les tableaux A et B ci-dessous révèlent (sous les réserves d’usage) que deux
livres paraissent représentées par ces objets : la livre médicinale de 12 onces
grosses du marc de Montpellier et la livre de 14 onces subtiles du dit marc.
1
Valeur
Différence
Numéro Calibre
relative
théorique actuelle
F
issant basée sur la livre de 12 once grossses de Mon tpellier.
B. — Série parais sant basée sur la 1ivre de 14 onces subtiles de Montp ellier.
(1 ) AV signifie Avignon.
— 433 —
Jusqu’ici, la seule collection de poids de Carpentras que nous ayons trouvée
est celle qui est conservée au musée Inguimbert de cette ville.
Les résultats de leur étude font l’objet du tableau « A » ci-dessous.
La livre de Carpentras, déduite de l’équivalence donnée au F° 140, ne
correspond pas à un nombre entier d’onces subtiles ou grosses du marc de
Montpellier ; c’est ce qui explique que nous prenions pour base « théorique »
la valeur donnée au « poids de balance » : 383,2 g.
T a bl e a u A
i Valeur
Numéro Calibre Différence
théorique actuelle relative
(1 ) La date 1679 peut être celle de la fabrication; 1680 étant la date du contrôle.
Sinon, il conviendrait de supposer que le poids remonte à 1580, ce qui, d’après son aspect
général, ne paraît guère plausible.
— 434 —
La livre de 389 g n’est autre que la livre de 14 onces grosses du marc de
Montpellier (387,8 g ), la livre de 400 g figure précisément dans les tables.
En prenant pour élément de référence la livre grosse de Montpellier, le
nouveau tableau « B » de comparaison se présente ainsi qu’il suit :
T a bl e a u B
Valeur
Numéro Calibre Différence
théorique actuelle relative
— 435 —
En ce qui concerne les poids anépigraphes émis à Nîmes (et dans certaines
villes où nous les examinerons un peu plus loin ), il est possible, sous les ré-
serves énumérées ci-après, d’appliquer les méthodes statistiques aux résultats
de leur étude métrologique et d’en tirer des observations techniques intéres-
santes.
Par ailleurs, le degré d’usure des poids employés dans le commerce durant
une période indéterminée, ne peut être évalué a priori. Seul leur état de
conservation constitue un indice positif, en ce sens qu’il permet d’éliminer
systématiquement les spécimens abîmés, réparés, ébréchés, éprouvés par l’âge,
ou dont la masse actuelle s’écarte par trop de la valeur moyenne d’une série
(ici, nous adoptons en principe une large tolérance de 1 à 3 ou 4 % suivant
le calibre des objets; les poids de faible calibre, 1/8 et 1 /4 de livre, qui ont
généralement été soumis à un usage plus intense que ceux d’une, deux ou
trois livres, sont affectés du pourcentage le plus élevé.)
Ces faits, bien que défavorables à un examen statistique correct, ne semblent
pas perturber profondément l’ allure générale des courbes de répartition théo-
riques (courbe en cloche de Gauss), construites à partir des données expéri-
mentales.
— 4 36 —
les poids sont répartis dans chacun des quatre calibres habituels : livre, demi,
quart et huitième de livre.
Les poids pris en compte dans les statistiques et classés par calibre, sont
conservés dans les collections des musées de Bordeaux (B or), Tarbes (Tar),
Toulouse (T ), Narbonne (N ar), Cluny (C l), Bruxelles (B ).
(1 ) Il s’ agit du recensement que nous avons fait. Nous signalerons, à ce sujet, qu’un nombre
important de poids de Montpellier et des villes méridionales (de l’ordre de plusieurs centaines)
est conservé au musée de la Société archéologique de Montpellier. Grâce aux bienveillants
offices de M .C l a p a r è d e , Conservateur du musée Fabre, nous avons pu avoir, quelques courts
instants, cette collection en 1955, et malgré notre désir d’en faire une étude générale, il n’ a
pas été encore possible de l’entreprendre.
437 —
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H H H Z H H H H Z H fflH H H Z H H H Z n Z H Z Z
Pour chacun des calibres, les calculs donnent les résultats ci-après :
Ce qui signifie qu’en moyenne le rapport des variations de masse subies par
les poids de chaque calibre, à la valeur théorique de ces poids, est à peu près
constant, quel que soit le calibre. C’est ce que confirme le tableau ci-après où
la livre de Montpellier, pesant 414,65 g (d’après les tables), a été prise comme
élément de référence.
Valeur
Calibre Différence
théorique actuelle relative
Signalons que, dans cette statistique, sont inclus deux poids d’une demi-
livre, émis sous le règne de Henri IV (N° T .517 et T.518, portant gravée sur
le dessus l’inscription H IIII). Ces rares spécimens pèsent respectivement 203,4 g
et 201,9 g. Leur état de conservation étant satisfaisant, on peut supposer que les
étalons auxquels ils furent comparés ne s’écartaient pas trop des matrices em-
ployées au xvm e siècle.
— 439 —
442 —
443 —
A cet égard, il ne paraît d’ ailleurs pas inutile d’analyser plusieurs étalons
et poids de commerce de Montpellier.
1° Un poids monétiforme daté 1604 (n° T .501), portant l’inscription « Livre
de Montpellier servant de Matrice », pesant 408,2 g. C’est peut-être d’après
cette matrice, ou une copie, que les poids marqués H IIII furent ajustés.
2° Trois étalons de laiton (T .503 à 505), en forme d’amphore, munis d’une
anse, contremarqués aux armes de Montpellier et de France, portant gravés
sur leur galbe un nombre de petites empreintes rectangulaires égal au
nombre de livres représentées par la matrice. Ces étalons, en excelllent état,
pèsent respectivement :
T .503 : 1657,5 g (4 livres), soit une livre de 414,4 g ;
T .504 : 1244 g (3 livres), soit une livre de 414,5 g;
T .505 : 829,3 g (2 livres), soit une livre de 414,6 g.
Les trois valeurs obtenues concordent parfaitement avec les équivalences
données par les tables de correspondance entre les unités métriques et les an-
ciennes unités.
En outre, elles concordent avec plusieurs poids anépigraphes datés, émis
par les villes d’Agde et de Saint-Pons, qui employaient des mesures de Mont-
pellier :
Valeur
Numéro Date Calibre de la livre
actuelle
correspondante
Agde
Nar. (1) 1684 1/2 livre 207 g 414 g
Nar. (1) 1680 1 once 26 416
T. 598 1680 1/4 livre 103,2 409,2
T. 600 1686 1/8 livre 48,5 388
Saint-Pons
T. 840 1697 1 livre 415,6 415,6
T. 841 1732 1 livre 414 414
T. 842 XVIIIe 1/2 livre 208,4 416,8
Nar. 60396 1687 3 livres 1229 409,6
Nar. 60397 1687 2 livres 819 409,5
Nar. 60400 1687 1/2 livre 199 398
Nar. 60398 1697 1 livre 415 415
Nar. 60399 1697 1 livre 413 413
Nar. 60401 1697 1/2 livre 206 412
Dans l’ensemble, sur les treize poids datés d’Agde et de Saint-Pons, deux
d’entre eux seulement sont inférieurs à leur valeur normale : Agde (T.600),
444 —
48;5 g soit : — 6,5 % de 414,6 : 8 = 51,83 g et Saint-Pons (Nar. 60400),
199 g soit : — 4 % de 414,65 : 2 = 207,3 g.
La moyenne des onze autres poids, réduits à la livre, se fixe à 413,15 g soit
à moins de 1,5 g de la valeur de la livre de Montpellier.
Si l ’on considère uniquement les poids émis de 1680 à 1697 (1) (9 objets),
la moyenne passe à 412,9 g. Elle est donc supérieure, dans les deux cas, à la
moyenne de 410,2 g fournie par la statistique des poids de Montpellier. Cette
constatation permet de formuler les remarques qui suivent :
2° Ces poids auraient été moins affectés par le frai que les poids en circulation
à Montpellier ;
3° Le glissement des moyennes, constaté dans chacun des calibres des poids
portés dans la statistique (— 1 % à — 1,6 % des valeurs normales de ces
calibres) est dû, pour une large part, à l’usure de ces objets.
A l’origine, il est probable qu’ils furent ajustés aux matrices de la ville
avec une précision du même ordre que les poids d’Agde et de Saint-Pons, c’est-
à-dire au moins à ± 0,5 % près. (Rappelons qu’autrefois les poids étaient gé-
néralement ajustés sur le fort, donc au-delà de leur valeur nominale.)
Telles sont les observations essentielles qui nous ont paru susceptibles d’être
formulées, en prenant comme point d’appui l’exploitation statistique des ré-
sultats obtenus par l ’étude métrologique des poids, lorsque leur nombre n’est
pas trop dérisoire.
— 446 —
1
447
Pour chacun des calibres, les calculs fournissent les résultats ci-après :
— 449 —
Au surplus, les courbes de Gauss de répartition théorique des poids de
demi et quart de livre, émis à Montpellier et à Narbonne, présentent les plus
grandes analogies.
Ajoutons que la ville de Narbonne a émis des poids monétiformes jusqu’à
la fin du X V I I e siècle, si l’on en juge par les objets actuellement conservés aux
musées de Toulouse et de Narbonne.
A Toulouse, le spécimen le plus récent porte la date 1675 (T. 690, 1 /4 de
livre de 102,5 g) ; à Narbonne, l’émission la plus proche est de 1679 (Nar. 60513,
poids de 2 livres pesant 810 g) :
Voici d’ailleurs la liste d’un certain nombre d’objets émis entre 1601 et
1679.
— 450
— 451 —
30
— 452 —
Enfin, signalons que les poids anépigraphes de Narbonne portent parfois
des dates et des lettres (de contrôle), gravées au revers.
Les dates sont relativement récentes, du moins sur les spécimens qui sont
groupés dans cette étude. Voici quelques exemples :
— 1775 (Nar. 60250 et 60299) poids d’une livre chacun pesant 417 et 413 g;
(T. 707), demi-livre de 205,7 g ; (Nar. 60283) demi-livre de 207 g;
(Nar. 60533) huitième de livre de 50 g ; (Nar. 60237) livre de 415 g;
— 1778 (T. 710) ce poids d’une livre — 413,6 g — porte au revers l’ins-
cription Poids de CVXAC et fut peut-être utilisé à Cuxac d’Aude ;
— 1757 (T. 723) quart de livre de 101 g ; (Nar. 60226) livre de 406 g ;
De cet examen il ressort que, sauf découvertes nouvelles, les poids anépi-
graphes furent probablement substitués définitivement aux poids monétiformes,
du moins à Narbonne vers la fin du X V I I e siècle ou au début du x vm e siècle.
Nous avons indiqué plus haut (p. 435) que la livre de Nîmes pesait 412,86 g
(ms. d’Avignon) ou 414,28 g (tables). De ces deux déterminations, la seconde
est celle qui est la plus voisine de la valeur des spécimens conservés dans les
musées ; c ’est pourquoi nous nous y référons.
Le nombre d’objets dont nous disposons est très peu élevé ; cinquante-quatre
poids se répartissant de la manière suivante entre les quatre calibres : 19, 13,
12 , 10 .
L’expérience tentée sur les poids des deux premiers calibres a donné des
résultats positifs, mais le nombre insuffisant de spécimens des deux autres ca-
libres ne permet pas d’entreprendre une étude sérieuse.
— 453 —
— 456 —
La comparaison des courbes expérimentales aux courbes de répartition théo-
rique ne fait pas apparaître des disparités sensibles, mais il est certain que
si nous disposions d’un plus grand nombre d’éléments, la corrélation entre
ces courbes serait encore plus étroite.
Dans ces conditions, il eut été normal (sauf circonstances particulières) que
les poids de Nîmes ne fussent pas en harmonie avec ceux qui circulaient dans
les autres villes de la généralité.
457 —
On voit que, dans ces deux villes, la livre poids de table ne varia prati-
quement pas durant quatre à cinq siècles.
Il ressort de ces études statistiques, qu’au X V I I e siècle, et en tout état
de cause certainement au x v i i i 6 siècle, la mesure des masses atteignait un
niveau technique assez élevé, à peu près identique dans les villes de la géné-
ralité de Montpellier. Ce qui suppose la diffusion d’appareils de pesage de
bonnes qualités métrologiques, l’emploi d’étalons de travail ajustés avec min,
très probablement par comparaison aux étalons conservés à Montpellier, la
mise en œuvre de méthodes d’étalonnage bien étudiées, par des opérateurs
particulièrement soigneux et habiles.
Si les exemplaires des anciens poids en usage dans les principales villes
de cette région étaient plus nombreux, nous aurions pu étendre le champ de
notre enquête. Toutefois, l ’application des méthodes statistiques aux seuls
éléments qui viennent d’être examinés, prouve qu’en l’absence de tout autre
moyen d’information, nous avons pu nous former une opinion raisonnable sur le
niveau et la valeur des techniques du pesage, au moins au xvm e siècle et
constater leur diffusion dans une région déterminée.
Ces informations sont particulièrement intéressantes pour l ’histoire des
sciences et des techniques, là précisément où les moyens d’ appréciations directs
sont les plus rares.
Poids de Toulouse.
(1 ) Un seul exemplaire, daté 1580, est conservé au musée de Vienne (Isère). Il est possible
que des objets de cette date se trouvent dans des musées.
458
C o lle c tio n du M usée P au l D u p u y , à T o u lo u se
Fait curieux, les poids les plus anciens, en l’occurrence les objets datés
1239, sont les plus répandus : 153 exemplaires au musée de Toulouse (sans
compter sept poids de pierre). En ajoutant les poids conservés dans certains
musées (notamment à Morlaas, Bordeaux, Narbonne, Carpentras, Avignon,
Lille, Niort, etc...), on arrive à un total de deux cents exemplaires environ ;
cent quarante-quatre d’entre eux interviennent dans notre étude et sont groupés
dans le tableau ci-après (Tableau n° 1).
Nous distinguons deux catégories de poids, que nous désignons par les
lettres Cl et C2. Les poids classés dans Cl sont tels que leur masse, suivant
leur calibre, est inférieure à une livre de 400 g et à ses subdivisions.
Au contraire, les poids classés dans C2 ont une masse comprise entre 400 g
et 408 g (les subdivisions à proportion évidemment).
— 460 —
TABLEAU N
461
TABLEAU N" 1 (s u ite )
Numéro Livre Numéro 1/2 livre Numéro 1/4 livre Numéro 1/8 livre
CATEGORIES C l + C2
Moyenne 395 g Moyenne : 194,9 g Moyenne 97,3 g Moyenne : 48,53 g
► f*.
Os
i\3
Moyenne : 97,5 g
Numéro Livre Numéro 1/2 livre Numéro 1/4 livre Numéro 1/8 livre
TABLEAU 1 bis
Nombre de poids
Emissions
liv re 1/2 livre 1/4 livre 1/8 livre
l
a ) 1239 — Cl 12 16 25 24
C2 3 2 6 6
Cl + C2 15 18 31 30
b ) 1400-1550 Cl 5 10 15 9
C2 3 4 3 1
Cl + C2 8 14 18 10
\
33
0
c ) 1239-1550 Cl 17 26 40
C2 6 6 9 7
Cl + C2 23 32 49 40
Total a + b + c 144
TABLEAU II
Cl C2 C l + C2 Cl C2 C l + C2 Cl C2 C l + C2
Livre 392,1 g 406,2 g 395 g 391,4 g 404 g 396,1 g 391,9 g 405.1 395,4
1/2 — 194 201,9 194,9 193 200,9 195,3 193,7 201.2 195,2
1/4 — 96,9 100,6 97,3 97,5 101,3 98.1 96,9 100,8 97,6
1/8 — 48,1 50,3 48,5 47,9 50,1 48.2 48 50,3 48,4
Tableau III
Numéro Livre Numéro 1/2 livre Numéro 1/4 livre Numéro 1/8 livre
Moyenne : 405 g
CATEGORIES Cl + C2
Moyenne : 401,8 g Moyenne 199,6 g Moyenne : 99,8 g Moyenne : 49,6 g
(1 ) Sans numéro.
L’examen des sections 1, 2 et 3 du tableau II (p. 464) fait ressortir que la
valeur moyenne de chacun des quatre calibres, dans chacune des catégories C l,
C2 et Cl + C2, n’a pas varié notablement au cours du temps, qu’il s’agisse
des émissions de 1239 ou des émissions ultérieures.
Parmi les 144 objets pris en compte dans la statistique (tableau I bis,
p. 464), 28 poids (20 °/o) se classent dans la catégorie C2 et, en ce qui concerne
les émissions de 1239, 17 poids seulement sur 94 (18 % ) s’y inscrivent.
Par ailleurs, la plus récente émission (celle de 1550) n’offre que deux
spécimens — T. 140 et T. 142 — pesant respectivement 404 g et 201,2 g;
pour la période de 150 années, s’étendant de 1400 à 1550, nous n’avons pu
réunir que onze poids appartenant au groupe C2.
Les poids monétiformes émis à Albi, de 1557 à 1673, auxquels nous aurons
bientôt recours, se répartissent entre les quatre calibres et les catégories Cl
et C2, conformément aux tableaux, numéros III (p. 465) et IV ; leur nombre,
dans chaque calibre et catégorie, est le suivant :
19 9 13 4
Calibres
Cl C2 Cl + C2
Le tableau III — C2 (p. 465) fait apparaître que 27 poids, sur les 45 pris en
compte dans la statistique (tableau III (C l -f- C 2), soit 60 % , appartiennent
à la catégorie C2, ce qui semble constituer un indice favorable à l’ hypothèse
— 466
de l ’e m p lo i , au m o in s aux xvie et X V IIe s iè c le s , de la liv r e de 408 g e n v ir o n
à Albi.
Comparons à présent, dans le tableau V ci-dessous, les valeurs moyennes
de l’ensemble des émissions toulousaines de 1239, puis de 1400-1550, aux
valeurs moyennes de l ’ensemble des émissions albigeoises des xvie et X V I I e siècles.
T a bl e a u V
TOULOUSE Cl + C2
Albi
Calibre
C l + C2
1239 1400 — 1550
Le tableau Y révèle que les poids toulousains, émis en 1239, puis de 1400
à 1550, ont en moyenne une masse inférieure d’environ 1,4 % à 3 % , à celle
des poids des calibres correspondants émis à Albi.
Dans ces conditions, si nous supposons que les deux villes employèrent,
aux x v e et X V Ie siècles (et ultérieurement) une livre commune pesant environ
408 g, nous sommes conduit à formuler diverses hypothèses :
1° Les poids toulousains subirent une plus grande usure que ceux d’A lb i;
2° L’étalonnage des poids de Toulouse n’aurait pas été effectué dans les
mêmes conditions qu’à Albi.
Cette hypothèse n’est peut-être pas entièrement à exclure puisque, jus-
qu’ici nous n’avons pas remarqué, sur les poids toulousains, l ’existence de
marques de contrôle ou d’estampilles de fabricants.
A Albi, la situation est toute différente. Les archives de la ville mettent
en lumière l’existence, depuis le X I V e siècle au moins, d’ « échantilleurs »
publics, officiellement désignés par les Consuls, qui leur confiaient les éta-
lons et les moules pour la confection des poids.
C’est ainsi que, dans la seconde moitié du X V I I e siècle, la commune passe
un traité avec Pierre Mabille, alors chargé de la vérification des poids, qu’il
— 467 —
31
doit marquer d’un P et d’un M, initiales qui sont effectivement gravées sur
divers poids de l’émission de 1673 ( 1 ) ;
Sur ce point, un document nous instruit ; toutefois, nous n’en avons pas
trouvé de confirmation formelle du moins jusqu’à présent. Il s’agit d’une
note de Pierre Petit, qui signale l’existence de deux livres à Toulouse (outre
la livre poids de m arc), déduites des équivalences ci-après :
Ce qui met cette livre à 408,7 g (nous avons constaté qu’à Montpellier
sa valeur était un peu plus élevée : 414,65 g ).
— 469
T a b l e a u V II
Toulouse :
poids de
Valeur 1239 caté-
Calibre théorique gorie Cl %
Valeur
actuelle
1 /8 - 51 48,1 — 6,2 %
T a b l e a u VIII
Livre 408 g (Bor. 88) 393,5 g 408,8 g (T. 201) — 3,8 % + 0,2 %
1/4 — 102 (Cl. 9 ) 95,7 104,3 (T. 213) — 6,3 °/o + 2,3 %
(1 ) Sans numéro.
Il ressort de l’examen de ce tableau, que l’emploi d’une livre de 387,8 g
à Albi, aux X V I e et xvue siècles, ne sauraient être envisagé.
Dans ces conditions, reportons-nous aux valeurs moyennes inscrites au
tableau IV, dans le dessein de comparer à la livre de 408 g les poids d’Albi
émis aux x v i e et X V I I e siècles, des divers catégories et calibres. Ces comparaisons
font l’objet du tableau IX ci-après.
— 470 —
En suivant le même processus avec les poids de Toulouse émis de 1400 à
1550, et en se référant au tableau II, on obtient les résultats consignés dans
le tableau X ci-contre :
La comparaison des colonnes (7 ) de chacun des deux tableaux IX et X
met en lumière le fait que les pourcentages moyens concernant les poids tou-
lousains sont à peu près doubles de ceux qui s’appliquent aux poids d’Albi.
Cette constatation expérimentale présente un intérêt d’une certaine im-
portance, puisqu’elle fait ressortir que les poids de Toulouse, émis de 1400
à 1550, à supposer qu’ils aient été étalonnés sur la livre de 408 g, auraient
subi une variation de masse double de celle qui affecte les poids d’Albi.
Poussons plus loin nos investigations et comparons, à la livre de 408 g,
les émissions toulousaines de 1239, en groupant les catégories Cl et C2. On
obtient les résultats indiqués dans le tableau XI ci-après (p. 474).
La comparaison des pourcentages portés dans les colonnes 4, 5 et 6, à
ceux qui leur correspondent dans la colonne 3, révèle :
1° Que ces pourcentages sont sensiblement constants dans chaque groupe
de poids toulousains, à calibre égal ;
2° Qu’ils sont à peu près doubles de ceux qui s’appliquent aux émissions
albigeoises, même lorsqu’ils affectent les séries toulousaines datées 1239.
Il ne semble pas que de telles coïncidences soient uniquement imputables
à l ’usure des poids et au hasard. Il serait, en effet, assez surprenant que la
diminution de masse des poids de Toulouse, résultant de leur usure, ait pu
atteindre le double environ de la réduction subie par les poids d’Albi
émis aux xvie et xvne siècles, tandis que, bien antérieurement, les séries de
Toulouse datées 1239 confirment expérimentalement ce fait.
Observons que le poids moyen actuel de 60 % des spécimens fabriqués à
Albi, intervenus dans cette étude, est inférieur de 2 % à leur valeur théorique.
Dès lors, si ces objets furent ajustés à une livre (et à ses subdivisions) de
408 g, la diminution de leur masse pourrait être imputable au frai, aux opéra-
tions d’étalonnages, ou encore à l’emploi d’étalons ou d’appareils de pesage
inexacts.
Le poids moyen actuel des spécimens toulousains (contemporains des émis-
sion d’A lb i) est inférieur de 3 à 4 % à leur valeur théorique, en supposant
bien entendu que celle-ci ait été déterminée par la livre de 408 g et ses sub-
divisions.
Or, le degré d’usure de ces spécimens ne devrait pas être, logiquement,
beaucoup plus élevé que celui qui affecte les poids d’Albi émis aux X V I e
et X V I I e siècles. D’autant plus que l ’étude des plus anciens poids de Toulouse,
c’est-à-dire les objets datés de 1239, révèle une réduction moyenne de leur
— 473 —
masse qui est du même ordre de grandeur que la réduction constatée après
examen des poids émis aux X V e et X V I e siècles.
C’est pourquoi nous sommes amené à supposer, sous les plus expresses
réserves qui s’imposent dans une matière aussi délicate, qu’il n’est pas impos-
sible que les poids de Toulouse aient été ajustés à une livre dont la valeur se
situerait aux environs de 400 g.
Dans cette conjecture, trois livres au moins pourraient être envisagées :
— 475 —
Or, à cette époque, la valeur théorique du marc de Cologne étant de 229,5 g
(8 onces), 14 onces de ce marc pesaient 401,66 g, cette valeur est donc très
voisine de celle que nous venons d’obtenir : 399,42 g (3 ).
Ajoutons qu’il ne semble pas que le marc de France ait été visé par le
règlement albigeois sur les poids et mesures ; en effet, l’équivalence précé-
dente conduirait, dans ce cas, à une livre de 437,4 g. Jusqu’ici, aucun spécimen
ne s’est offert à nous, justifiant l’existence d’une telle livre à Albi.
Dans cette ville, l’émission de poids monétiformes la plus ancienne date
de 1336 ; la livre et quelques subdivisions représentées par plusieurs spéci-
mens pèsent respectivement : 393,5 g (T. 1 7 5 ); demi-livre : 199,5 g (T. 1 7 6 );
quart de livre : 98,7 g (T. 177) : demi-quart- : 50,2 g (T. 1 7 8 ); il n’y a donc
aucun rapport entre ces valeurs et une livre de 437,4 g.
Enfin, en supposant que le marc toulousain ait été basé sur l’once subtile
de Montpellier, nous obtiendrions à Albi une livre de 379,2 g. Or, cette troi-
sième hypothèse, qui ne s’accorde pas avec les résultats de l’étude métrologique
des poids d’Albi, nous paraît devoir être écartée sous réserve d’informations
nouvelles.
C’est pourquoi la solution, en apparence la moins irrationnelle, est celle
qui s’appuie, d’une part sur l’équivalence fournie par le règlement précité
sur les poids et mesures d’Albi et, d’autre part, sur l’éventuel emploi à Tou-
louse d’un marc de monnayage identique à celui de Cologne.
Ajoutons que l’étude statistique des poids de Toulouse, émis de 1239 à
1550, nous a permis de dresser les courbes ci-contre pour trois des quatres ca-
libres : demi-livre, quart et demi-quart de livre ; en ce qui concerne le pre-
mier calibre (livre), le nombre insuffisant de spécimens susceptibles d’être
pris en compte a exclu toute possibilité de les traiter par les méthodes sta-
tistiques.
Il n’en reste pas moins que les courbes obtenues — théoriques et expéri-
mentales — pour les séries des trois calibres inférieurs étant en bonne concor-
dance, la répartition gaussienne de ces poids se trouve mise en relief.
Puisque cette répartition s’applique à un ensemble de poids émis pendant
plus de trois siècles (1239-1550), il s’en suit que la valeur de la livre de
Toulouse (et de ses subdivision) a de sérieuses chances d’être restée stable
durant ce laps de temps.
Précisons, que pour chacun des calibres, les caractéristiques de l étude sta-
tistique, qui s’ applique à l’ensemble des émissions, sans distinction de caté-
gories, sont les suivantes :
— 476 —
Poids de Toulouse émis de 1239 à 1550
Ces deux étalons toulousains, qui furent peut-être employés par la muni-
cipalité ( ? ) , ou par un fabricant de poids ( ? ) , ou par tout autre artisan ou
particulier, représentent d’une manière imparfaite la livre poids de table
(présumée de 408 g) et ses subdivisions (1 /2 , 1/4, 1 /8 et 1/16 ou once). Ces
piles furent peut-être soumises à un usage plus ou moins intensif, prolongé,
etc..., ce qui expliquerait la diminution de poids d’environ 1 °/o accusée par
chacun des éléments de l’objet apparemment le plus ancien (T. 1333).
Il n’en reste pas moins que les poids destinés aux besoins du commerce qui,
éventuellement, auraient été étalonnés par comparaison aux éléments de cette
pile, devaient peser à l’état neuf 1 % de moins que leur valeur théorique. Nous
ne disposons malheureusement d’aucun moyen de contrôle par suite de
l’absence de spécimens toulousains des xvne et X V I I I e siècles.
Ajoutons que l ’équivalence fournie par l ’Almanach de Toulouse : 100 livres
poids de marc = 120 livres poids de table, est déjà produite dans un texte
de 1682, précisant que 2 387 livres poids de ville (de Marseille) sont comptées
comme équivalent à 1 990 livres de marc (2 ), ce qui revient à l’égalité
précitée.
En réalité, les étalons des villes n’étaient pas toujours conformes à la
livre poids de table — de 407,92 g — là où celle-ci était réputée en usage.
Nous venons précisément de produire deux exemples typiques qu’illustrent les
piles toulousaines, T. 1325 et T. 1333.
— 481 —
Par ailleurs, l’équivalence entre les livres « poids de table » et « poids
de marc », n’est pas nécessairement déterminée par l’équation : 120 livres
poids de table = 100 livres poids de marc.
Ainsi, Surirey de Saint-Rémy (1 ) dit expressément, sous le titre « poids
de tables » : « ...Souvent on voit des contestations entre les Officiers sur la
différence qui se trouve entre le poids de marc et le poids de table qui est
en usage en plusieurs endroits du Royaume et particulièrement en Provence,
en Languedoc et en Roussillon, et la plupart des Gardes n’ayant point de
poids de marc dans leurs magasins sont obligés de faire leurs délivrances sur
le pied du poids de table, ce qui est un abus et ne doit pas être souffert... ».
« La livre poids de table est de 16 onces comme la livre poids de marc,
mais les onces poids de table plus légères :
une livre poids de table = 13 onces 1 /2 poids de marc... »soit 412,96 g (2 ).
« Le quintal poids de table = 100 livres = 84 livres 6 oncespoids de
marc... ».
L’équivalence donnée par l’Almanach toulousain de 1783, ou par le do-
cument précité de Marseille (1682) revient à :
Ces variations de la livre poids de table, qu’il est aisé de relever en dif-
férents lieux, firent l’objet, notamment en 1697, d’une « Tentative pour établir
l ’unité de poids au Languedoc », que rapporte un procès-verbal des Etals du
Languedoc dans leur séance du 17 décembre 1697 reproduit ci-dessous (3 ).
« ...Le Sieur de Joubert, syndic général, a dit qu’ayant été informé que
les balances, les romaines et les poids dont les marchands se servaient dans la
ville de Nîmes ne sont pas semblables à ceux des villes du voisinage, les unes
faisant le poids de table plus faible et les autres plus fort, il a voulu vérifier
si le poids de table est uniforme dans les autres villes de la Province et qu’il
a trouvé que le même désordre s’y est introduit, y ayant une grande diffé-
rence du poids de table d’une ville à celuy d’un autre lieu, ce qu’il croit
pouvoir favoriser les fraudes et être par conséquent préjudiciable au cont-
— 483 —
32
merce en ce que chaque marchand pourroit, si cela avait lieu, excuser la lé-
gèreté de ses poids sur l’usage particulier de la ville où il est ; que le poids
de marc étant uniforme dans tout le royaume, il y a apparence qu’originai-
rement le poids de table l’était aussi et qu’il croit que les Etats pourraient re-
médier à l’inconvénient de la diversité de ces usages en faisant ordonner qu’il
sera fait des poids étalonnés pour être conservés dans les Hôtels de Ville des
lieux plus considérables de la Province, et servir de matrices auxquelles on
pourra avoir recours en cas de soupçon de fraude ;
« Sur quoy les états ayant trouvé à propos d’ouyr sur cela des marchands,
ont délibéré que cette proposition sera examinée par Messieurs les Com-
missaires qui seront nommés pour faire le rapport à cette Assemblée de l ’état
des manufactures de la Province... ».
Nous ne serons donc pas surpris, après lecture de ce document, de cons-
tater que les émissions de poids toulousains, datés de 1239, ainsi que les fa-
brications postérieures, ne représentent pas, semble-t-il, la livre poids de table
en circulation au x vm e siècle, livre qui, également à cette époque, n’avait
pas une valeur stable.
Aussi bien est-il aisé de trouver un certain nombre de villes méridionales
utilisant une livre poids de table, de valeur différente dans chacune d’entre
elles et oscillant entre 392 g (M ontcucq) et 429 g (Moissac).
Au surplus, des changements d’unité durent parfois intervenir au cours du
temps. En voici un exemple.
A Cahors, dans une ordonnance du 31 mars 1502, les Consuls évaluent la
livre de la ville à 13 onces 15 deniers du marc d’argent, soit 416,78 g (c’est-à-
dire 14 onces grosses de M ontpellier). Ils décident la création d’étalons de
métal de 10, 5, 3 et 2 livres, puis d’une série de poids composée de la livre et
de ses subdivisions (1 /2 , 1/4, 1 /8 , once et 1/2 once) (1 ).
Nous n’avons trouvé, au musée Paul Dupuy à Toulouse et au musée de
Cahors, que de rares vestiges des poids anciens émis autrefois à Cahors. Cer-
tains d’entre eux portent la date 1500 et ne sont pas conformes aux prototypes
annoncés dans l’ordonnance : à savoir : livre = 416,78 g ; demi-livre =
208,39 g ; 1 /4 livre = 104,20 g ; 1 /8 de livre = 52,10 g ; en fait, les spéci-
mens pèsent respectivement : T. 1060 : 1 /4 de livre = 97,9 g ; T. 1061 :
quart de livre = 95,8 g ; T. 1062 : 1/8 de livre = 49 g.
A l’exception de deux poids non datés — remontant peut-être au X V I e siècle !
— dont la valeur se rapproche de la livre définie en 1502 (T. 1066 : 1/4 de
livre = 103,3 g et T. 1069 : 1/8 de livre = 51,7 g ), deux autres séries (en
— 484 —
tout neuf poids) ne concordent, ni avec la livre de 416,8 g, ni avec la livre
de 408 g.
Pourtant, vers la fin de la première moitié du X V I I I e siècle, on sait que
dans le Quercy trois livres circulaient : la livre de Montauban, celle de Cahors
et celle de Montpellier (1 ).
Le quintal, poids de marc, donnait 115 livres poids de table à Montau-
ban, 120 livres au poids de table de Cahors et 121 livres à celui de Mont-
pellier ( 1 ) ; le poids de Toulouse était en usage dans différentes villes du
Quercy et notamment à Cahors, Gourdon, etc... (2 ).
(Nous noterons, en passant, que l’équivalence donnée à la livre de Mont-
pellier est évidemment erronée, puisqu’elle aboutit à lui attribuer un poids
de 404,5 g ; or, nous avons constaté plus haut que cette livre pesait 414,65 g,
c’est-à-dire que 118 livres de Montpellier équivalent à 100 livres poids de
marc.)
Ainsi à Cahors, au xvm e siècle, la livre aurait équivalu à celle qui circulait
à Toulouse et pesait probablement 408 g et non 416,8 g (valeur déduite de
l’ordonnance de 1502). Ce qui signifie, selon toute vraisemblance, qu’entre-
temps, à l’unité de mesure de masse employée à Cahors et de valeur très voi-
sine de la livre de Montpellier (3 ), fut substituée une nouvelle unité fondée
sur la livre de Toulouse.
*
* *
485 —
On constate d’ailleurs que la moyenne des poids du demi-quart soit M =
48,4 g, s’écarte notablement de la valeur moyenne de ce calibre déduite théo-
riquement, soit d’une livre de 14 onces de Colongne (50,2 g ), soit de la moyenne
des poids d’une livre (49,4 g).
Nous trouvons ici, au moins partiellement, la justification du fait que
l’ajustement des poids de faible masse — quart, once, etc... — se révèle moins
précis que celui des poids des calibres supérieurs ; d’autre part, à cette cause
possible, mais non pas systématique, de la réduction de la masse nominale
de certains poids, vient s’ajouter le phénomène de l’usure. A Toulouse notam-
ment, nous aurions quelque tendance à penser que les poids du demi-quart
furent soumis à un usage prolongé.
Enfin, il est particulièrement remarquable de constater que les courbes
de répartition statistique des poids de la cité mondine apportent un appui
important à l’hypothèse d’une certaine stabilité de la livre, du X I I I e au X V I e
siècle, même si son poids réel ne correspondait pas à sa valeur théorique.
Ce qui suppose, non seulement l’absence de variations importantes des éta-
lons, mais en outre une continuité dans les méthodes de fabrication et d’éta-
lonnage.
Il est r e g r e tta b le que nous ne d is p o s io n s pas d ’é lé m e n t s d o c u m e n t a ir e s tou -
lo u s a in (p o id s de com m erce, é ta lo n s , in s tr u m e n ts ) d ’é p o q u e p o s té r ie u r e au
X V Ie s i è c l e .
*
* *
— 486 —
Conclusion
— 487 —
Ce qui expliquerait sans doute, que dans le dessein de faciliter les échanges
au poids et à la mesure, des unités de mesure devinrent communes à des villes
souvent très distantes, mais que des liens commerciaux rendaient étroitement
solidaires. Ainsi, l’once de la livre anglaise (pound) Avoir-du-poids (pour la
laine) était identique à l ’once de Florence ; le marc de Montpellier avait la même
valeur que ceux de Venise, Gênes, Avignon, Nîmes, etc...
Cette internationalisation partielle des mesures préludait, quoique de fort
loin, à l’unification réalisée aux x i x e et X X e siècles par les Etats adhérents à
la Convention du Mètre (1 ).
D’autre part, la quasi-stahilité, au cours du temps, de certaines unités de
mesure est un fait digne d’intérêt. Le « carat » de Venise et la livre anglaise
Avoir-du-poids sont toujours en usage; les marcs de Paris et de Venise, la
livre de 14 onces du marc de Paris, employée dans diverses villes du nord, la
brasse de Florence pour la laine, le pied de Bourgogne, etc... circulèrent jus-
qu’à l ’institution du Système Métrique Décimal. Grâce à cette stabilité, nous
disposons de quelques jalons indispensables à la recherche.
Par contre, d’autres unités subirent des variations. Les raisons de ces trans-
formations furent généralement d’ordre politique et économique. Le marc de
Grenoble (identique à celui de Montpellier) est remplacé par le marc de
Paris en 1386. Aux abords du X V e siècle, la livre de Paris passe de 15 à 16
onces. Au X V I I I e siècle (1612), en Piémont, un nouveau pied, équivalant à la
coudée du pied lyonnais, est substitué au vieux pied Liprand. En 1667-1668,
la nouvelle toise étalon de Paris est plus courte d’un centimètre que l’ancien
prototype.
En ce qui concerne les qualités métrologiques des instruments de mesure,
leur amélioration, déjà sensible vers la fin du X V IIe siècle, s’accentue par la
suite.
Cette évolution technique est due, pour une large part, au développement
de ce qu’on peut déjà appeler la « recherche scientifique ». Les savants, cons-
cients de l’importance du mesurage dans la science expérimentale, s’efforcent
d’en accroître la précision. Sur leurs conseils, les artisans perfectionnent les
appareils et cette collaboration, qui s’instaure entre le savant et le fabricant,
se révèle féconde.
Ainsi, la toise du Pérou, construite en 1735 par l’ingénieur Langlois, sous
la direction de l ’astronome Godin, est un petit chef-d’œuvre de la technique.
Elle servit de base de comparaison au prototype du Mètre, comparaison
réalisée avec le comparateur de Lenoir, à 0,02 mm près, c’est-à-dire avec une
précision remarquable à la fin du x v i i i 6 siècle.
— 488 —
Dans le même ordre d’idées, les balances utilisées par Lavoisier au cours
de ses travaux de chimie, atteignent un degré de précision élevé, de l’ordre du
cent-millième (1/100 000) et même davantage.
Il est vrai qu’ici nous abordons le domaine de la Métrologie scientifique
(celui des mesures fines) en voie d’élaboration depuis le X V I I e siècle.
La métrologie pratique restait encore, au début du X V I I I e siècle, beau-
coup moins exigeante sur la précision des mesures ; nous avons observé que,
du X I I I e au X V I I I e siècle, elle se contenta d’unités mal définies, d’étalons peu
précis et fréquemment exposés aux injures du temps.
Une exception pourtant : les prototypes des mesures de masse jouirent de
plus grands égards, sans doute parce qu’ils jouaient un rôle déterminant dans
les ateliers monétaires.
Enfin, rappelons la variété et la complexité des anciens procédés de me-
surage.
La réforme des mesures de 1669-1671, en faisant intervenir la trémie
(normalisée en 1669), transforme ces méthodes empiriques et fait entrer les
opérations de mesurage dans la technique.
Dans la seconde moitié du X V I I e siècle, l’évolution scientifique et technique
s’accentue et réagit sur l’orientation de la Métrologie pratique. La refonte en
1771 des mesures de capacité lyonnaises en offre un bon exemple. De même
la haute précision des étalons de mesure de masse, datés de 1779 et conservés
au musée de Montauban, est très caractéristique.
Enfin, le courant qui avait pris naissance dans les cercles savants du X V I I e
siècle en faveur d’une unification générale des mesures, basée sur une unité
de mesure naturelle et universelle — longueur du pendule battant la seconde,
ou fraction d’un arc de méridien — s’accuse au X V I I I e siècle.
De cette conception audacieuse (bien que scientifiquement discutable (1 ), est
né le « Système Métrique Décimal ». Par le rattachement du « Mètre » au
méridien, l ’unité fondamentale de mesure était bien d’essence cosmogonique.
Cette brillante et féconde création française mit un terme à la complexité
des mesures, dont notre étude, bien que limitée dans le temps et dans l’espace,
offre cependant un assez vaste panorama.
La diffusion mondiale du Système Métrique Décimal a contribué à l ’ex-
pansion des sciences, ainsi qu’au développement industriel et commercial qui
(1 ) Les variations du pendule furent constatées par Richer en 167?, lors de son expédition
à Cayenne. Par ailleurs, les savants n’ignoraient pas que l’accroissement de la précision des
mesures géodésiques remettrait en cause la stabilité de l’unité rattachée au méridien.
— 490 —
m arqu e le s X IX e e t X X e s iè c le s , e n c o n d u is a n t à une u n ific a t io n p r o g r e s s iv e in -
— 491
INDEX ALPHABETIQUE DES PRINCIPAUX TERMES
TE RM IN O LO G IE BRÈVE
I. — MESURES DIMENSIONNELLES
Voir tableau général pp. 127 à 132
(Lg signifie mesure de longueur)
Pages
Aune (pouce devant l'aune, coutume parisienne) (Lg.) ....................................... 76
Aulner (auner, mesurer à l’aune) (Lg.) ........................................................................ 70
Aulneur (pour auneur) (Lg.) ................................................................................. 70
Aune de Bruges (Lg.) ......................................................................................................... 56
Aune de Cambrai (Lg. ) ..................................................................................................... 84
Aune d’Autun (Saône-et-Loire) (Lg.) ............................................................................. 92
Aune des Foires de Bourgogne (Lg.) ........................................................................... 74, 89 sq.
Aune carrée des Flandres de 16 bâtons carrés (Lg.) ................................................. 72
Aune des Foires de Champagne (Lg.) ......................................................................... 74, 90 sq.
Aune de Provins (ou des Foires) (Lg.) .......................................................................... 55
Aune des merciers de Lyon (Lg.) ................................................................................... 121
Aune des merciers de Paris (Lg.) ................................................................................... 34 sq.
Aune de Nantes (Lg.) ......................................................................................................... 121
Aune de Paris (Lg.) ........................................................................................................... 9,87,88
Aune carrée de France de 48 bâtons carrés (Lg.) .................................................... 72
Braccio de Florence (laine) (Lg.) ................................................................................... 26
Brassas ou brassade (Lg.) ................................................................................................... 25
Brasse de Milan (Lg.) ........................................................................................................... 90
Brasse de Rome (Lg.) .......................................................................................................... 80
Canner - mesurer à la canne (Lg.) ................................................................................... 70
Canne (Lg.) ............................................................................................................................ 24, 26 sq.
Canne d’Arles (Lg. ) 107
Canne d’Avignon (Lg.) ....................................................................................................... 107
Canne de Bruges (Lg.) .................................................................... ................................. 84
Canne de Florence (Lg.) ................................................................................................. 80
Canne de Gènes (Grande) (Lg.) .................................................................................... 90
Canne de Gènes (laine) (Lg.) .......................................................................................... 81
Canne de Nîmes (toile) (Lg.) .......................................................................................... 81-90
Canne mercantile de Rome (Lg.) ..................................................................................... 80
Canne de Montpellier (Lg.) ............................................................................................. 81
Canne de Toulouse (Lg.) ................................................................................................... 102
Pied de Lyon (Lg.) ............................................................................................................. 111
Pied de Montbéliard (Lg.) 96
Pied de Paris ancien et nouveau (Lg.) 31 sq.
Pied de 15 doigts néo-romains et romains (Lg.) 54 sq.
Pied de Roi (voir pied de Paris) (Lg.) ........................................................................ 31 sq.
Pied des maçons de Paris (Lg.) 31 sq.
Pied de Terre de Bordeaux (Lg.) ................................................................................... 65
Pied de Terre ou d’ arpentage d’Agen (Lg.) ................................................................ 65
Pied de verrier (Lg.) 112
Pied Espagnol (Lg.) 54
Pied Le Comte (Bourgogne) (Lg.) ................................................................................. 65
Pied Liprand (Lg.) ......................................... 116
Pied Lombard ou Liprand (Lg.) ..................................................................................... 116
Pieds manuels (Lg.) 64
Pied néo-romain (Lg.) 61
— 493 —
Pied Rhinlandique (Lg.) ................................................................................................... 58
Pied Romain (Lg.) .............................................................................................................. 61
Pied Royal ou pied de Paris (Lg.) 31
Piet pour pied
Piez pour pied
Pouce douzième du pied (v. pouce)
Talon (d’un étalon) (Lg.) ................................................................................................. 105
Toisé (Lg.) ............................................................................................................................ 112 et 65
Toise de Bessel (Lg.) ......................................................................................................... 120
Toise de France dite du Pérou, ou de l’Académie des Sciences .......................... 120
Toise de l’Escritoire (Lg.) ................................................................................................. 32
Toise des maçons (Lg.) ..................................................................................................... 32
Toise de Toulouse (Lg. ) ..................................................................................................... 102
Toise du Châtelet (Lg.) ..................................................................................................... 32-34
Tuiles (dimensions) (tuile du grand moule) (Lg.) .................................................... 105-106
Tuile du moule batard (Lg.) 106
Tuile du petit moule (Lg.) ............................................................................................... 106
Verge (Lg.) ............................................................................................................................ 26
Virga (pour verge) (Lg.)
Yard (Lg.) .............................................................................................................................. 74
Corde (Lg.) ............................................................................................................................ 28
Cordel de la Corte (Lg.) ................................................................................................. 54
Coudée (Lg. ) ............................................................................................................................... 58
Dextre (pour l’arpentage - régions méridionales) (Lg.) ........................................... 112
Escat (aire d’un carré d’une « Latte » de côté - utilisée en Gascogne) (Lg.) . . 112
Doigt (Lg.) ............................................................................................................................ 43 et 45
Doigt romain (Lg.) ............................................................................................................... 43
Empan (v. palme) (L g.)
Moulle (mesure du bois de) (en Bourgogne) (Lg.) .................................................. 98-100
Once (division du pied en dix onces) (Lg.) ............................................................ 58
Pagelle (Lg.) mesure du bois ........................................................................................... 103
Perche de N.-D. de Chartres (Lg.) ............................................................................... 64
Perche de Toulouse (Lg.) 102
Perche manuelle (Lg. )
Perche rhinlandique (Lg.) ...................................................................................................... 60
Perche romaine (Lg. )
Perche royale des Eaux et Forêts (Lg.) ........................................................................ 62
Perche carrée (Lg.) 112
Pic ou Picchi de Constantinople (Lg.) .......................................................................... 78
Palme (Lg.) ................................................................................................................................. 25
Palme génois (Lg.) ................................................................................................................. 81
Palme mercantile (Lg.) ........................................................................................................... 80
Palmo architettonico (Lg.) ..................................................................................................... 61
Pan (Lg.)
Pan de Paris (v. Pan grand) (Lg.)
Pan grand (1/4 de l’aune de Paris) (Lg.) .................................................................. 71
Pantographe (Lg. ) ................................................................................................................ 15
Pas (Lg.) ..................................................................................................................................... 64
Partie (pied divisé en 1 440 parties) (Lg.) ................................................................ 23-24
Pied (cf. groupe de classement des mesures) (Lg.) .................................................. 47 sq.
Pié le Comte en Bourgogne (Lg. ) ..................................................................................
Pié du Chastellet ou pied de Paris (Lg.) .................................................................... 31 sq.
Pied Bordelais (Lg.) 104
Pied de Carrier (Lg.) 112
Pied de 18 doigts romains (Lg.) .......................................................................................... 48
Pied de Gènes (Lg.)
Pied de l ’Escritoire (Paris) (Lg.) ..................................................... 31
Pied de Leyde (Lg.)
Pied de Lorraine (Lg.) ........................................................................................................... 94
— 494 —
II. — MESURES DE CAPACITE
Voir tableau, notamment pp. 267 à 272, pp. 273 à 292
Les mesures de liquides et plus généralement pour les matières sèches sont précédées de la
lettre (L ).
— 495 —
Bouexaulx (G .) ............................................. 145
Bouteille - mesure (L.) ....................................... 154
Boysel (G .) ............................................................ 139
Broc (L .) .................... ........................................... 150
Buce (L .) . . ............................................................ 158
Bussard (L .) ............................................................ 159
Buttel (G .) ............................................................ 143
Carafon (L .) ............................................................ v. bouteille (mesure)
Cartairon (L. ) ........................................................ 159
Cartal (L.) ............................................................ 161
Cartaria ( G . ) ............................................................ 148
Carteranche (G .) .................................................... (cf. quarthéranche)
Cartière (G .) ........................................................ (cf. quartière)
Carton (L.) ............................................................ (v. quart)
Carton (G .) ............................................................ (v. quart)
Cens .......................................................................... (v. cent)
Cent livres pour un quintal ................................. 304
Centenaio (cenétlivres) ....................................... 385
Channe (ou Chasnes) ..................... .................. 153
Charge (L .) ............................................................ 151 (huile)
Chauveau (L .) ........................................................ 153 (vin, lait, etc...)
Chevalet (G .) ............................. .......................... 236 (emploi des mesures de pierre)
Chopine (L .) ........................................................ 136
Coe de vin (L .) ....................................................
Colette (L.) ............................................................ 154
Comble (G .) ........................................................ 162 (mesure emplie à comble, ou comble)
Comporte (L .) ................................................. 281
Conque (G .) ........................................................ 276
Conquere (ou Faulque) (G .) ............................... 276
Cope (G .) ................................................................ v. coupe
Coppa (G .) ............................................................ 148
Coppo (ou Coupe) (G .) ........................................ 140
Copponage (G .) ................................................. 140
Coppons (G .) ........................................................ 238
Coquesse (L .) ........................................................ 153
Corbillon (L .) ........................................................ 141
Coup (G .) ................................................................ v. coupe
Coupe et Subdivisions (G .) ............................... 140
Cruchot (L .) ............................................................ 159
Cup (Tasse) (L .) ................................................. 342
Demeau (G .) ............................................................ 143
Demiard (L.) ........................................................ 157
Demion (L. ) ............................................................ 157
Demoiselle (L .) .................................................. 157
Denade (L .) ............................................................ (cf. 269)
Douzaine (Sa.) ...................................................... 147 (pour 12 boisseaux d’avoine)
Ecuellée (L. et G .) ............................................. 147 (écuellée)
Emine (ou Emyne) (G .) .................................... 147
Eminal (L .) ............................................................ pour Emine
Emynal (G ) ............................................................ 138-139 (cf. Yminal)
Escarli (G .) ............................................................ 148 (quart de Setier)
Eseuelle ..................................................................... 139
Estaignier ................................................................ Potier d’étain
Faulque (G .) ................... ..................................... 276
Feuillette (L .) ........................................................ 136
Filhette (L .) ............................................................ (cf. feuillette)
Fiole (L .) ................................................................ 151
Fourniture ( G . ) ........................................................ 146 (charbon)
Franquet (G .) ........................................................ 142
Futaille (L .) ............................................................ 154
— 496 —
Gabarit (G .) ...................................................... 186
Galon (L .) ............................................................ 153
Garnison (G .) ...................................................... 140
Garniture (G .) ...................................................... 146
Grains sur bord (G .) .......................................... 162 (mesures pour les grains)
Gueniel (G .) .......................................................... , 143
Havot et demi Havot (G .) .............................. 143
Hemina ..................................................................... v. Emine (147)
Jalais ou Jalet (L .) ............................................ 158
Jauge (L .) ............................................................ 101
Jaugeur .................................................................... 169 (celui qui jauge et épale)
Juste (le) .................................................................. 159
Lairan (L .) ............................................................ 151
Liai (L.) .................................................................... 160 (pour l’huile)
Litron et subdivisions ......................................... 136 (Paris)
Lot (L .) .................................................................... 154
Lot (G .) .................................................................... 142
Maincot (G .) ............................................................ 290
Manne ( G . ) ................................................................ 278 (mesure de la chaux)
Mégère (L e) (G .) .................................................... 149
Meneau (G .) ............................................................ 142
Mequart (L.) .......................................................... 268
Mères-mesures (L .) ................................................ 152 (pour le mesurage de l’huile à D ijon)
Mesure au Comte Raymond ............................. 212
Mesureur .................................................................. 146
Mesurotte à l’huile (L .) ..................................... 152
Mèze et demi-mèze ............................................ 143 (petits tonneaux contenant 1 000 à 500
poissons « harengs » )
Mina (G .) ................................................................ v. Mine
Mine (G .) .................................................................. 137
Minot (G .) .............................................................. 136
Modius (G .) ............................... ; ........................... 158
Modius (L .) ............................................................ cf. muid
Moyson des tonneaux de vin (L .) ..................... 169 (jauge des tonneaux au moyen âge)
Moyton (L.) ............................................................ cf. muid
Mueis (L .) ................................................................ cf. muid
Muiage (L .) ............................................................ 142 (droit de vendre par muid )
Muid et mesurage des liquides (G .) .................. 136
Muid et mesurage de matières sèches* (G .) 136
L’œuvre pour la vigne (marque de) ................ 105
Orgéol (L.) .............................................................. 151
Pagelle (L .) ............................................................ 151
Paumée (mesure du sel) (G .) ....................... 147
Pauque (de vin) (L .) ........................................ 160
Pichier (L.) ............................................................ 150
Pega (L .) .................................................................. 159
Pega Comte Ramond (L.) ..................................... 211
Pegal (cf Peguar) (L .) .........................................
Pegau (cf Peguar) (L .) .........................................
Peguar (L .) ............................................................ 160 (mesurage de l’huile)
Peinte (v. Pinte) ....................................................
Pénal (G .) .................................................. ......... .. 141
Penne (G .) ............................................................ 267 sq.
Penot (G .) .............................................................. v. Pénal
Pechier (L .) ............................................................ 151 (pour Pichet)
Pichez (L .) .............................................................. 151 (pour Pichet)
Picholelte (L.) ........................................................ 152
Pichotte (L.) .......................................................... 151
Picotin (G .) ............................................................ 134
Pipe (tonneau de 2 pipes (L .) .......................... 157
— 497 —
Pipot (L .) ............................... 150
Poignée (G .) ........................... 145
Pochon ou Coupe (G .) ........ 141
Poinçon (L .) ........................... 159
Poinçon (chaîne de) (L .) . . . 158
Polquin (G ) ........................... 143
Ponière (G .) ......................... cf. pugnère
Posson (L. ) ............................. 136
Pot (L .) ................................... 136
Pot Comte Ramond (L .) . . . 212
Potée (L.) ............................... 154
Potier de cuivre ................... 192
Potier d’étain ......................... 212
Pouchon (L .) ...................... 159
Prévendier (G .) ................... 146
Probendier (G .) ................... 147
Punhière (G .) ....................... v. pugnère
Pugnère (G .) .........................
QuareL (G .) ........................... 144
Quargnon (G .) ....................... 143
Quarril (L.) ........................... 153
Quart huitain (le petit) (G .) 147 (utilisé pour la mesure du sel )
Quartal (L.) ........................... 141
Quartau (L.) ......................... 136
Quarte (vin) (L .) ................ 154
Quarteau (L .) ....................... v. quartau
Quartelette (L .) ................... 154
Quarteron (de livre) (G .) 141
Quartheranche (G. ) .............. 141
Quarthon (L.) ....................... v. quarton
Quartier (G .) ....................... 138
Quartière (G .) ....................... 138
Quarton ou carton (L. ) ........ 149 (carton, demi-quarton ; car de carton
demi-quart de carton)
Quarton (G .) ........................... 148 (pour le sel)
Queue (L. ) ............................... 150, 153 (queue de Vesoul)
Quinton de livre (L .) ............ 160 (huile)
Raclé (G .) ............................... 162
Racloire ................................... v. radoire
Radoire (G .) ........................... 139
Ras (G .) ................................... 162 (mesure rase)
Ras (mesuré) (G .) ................ 162 (mesure rase)
Ras au fût (G .) .................... 163 (v. ras)
Ras-bord (G. ) ....................... v. ras
Rase (mesurée) (G .) .............. v. ras
Raseaulx de blé (G .) ............ 146
Rasé sur bord (G .) ........... v. ras
Rasours (G .) ........................... 253 note, lire « raseurs »
Rasière (G .) ........................... 142
Rasoir (G .) ............................. 139 (pour radoire)
Rasora (G .) ........................... 139
Rasoyra (G .) ........................... 139 (v. radoire)
Voir tableaux, notamment pp. 378, 387 à 391 sq.
abréviation : M. = Masse
— 499 —
33
Godets (Poids à) ou Piles ................................. 328
Graduation d’une romaine ................................... 320 sq.
Grain (M .) ................................................................ 358 (0,053 g)
Grain Troy (anglais) ............................................. 360 (0,0648 g)
Gros ............................................................................ 394 (3,82 g)
Impérial standard pound ..................................... 390
Index d’une balance ............................................... 316
Lacet d’un poids noyé dans le plomb d’ajustage 337
Lamelles (poids en) (M .) ..................................... 337
Langue (balance) (M .) ......................................... 316
Libra (balance) (M .) ............................................. (balance à bras égaux - termes latins)
Livres diverses ........................................................ cf. tableaux pp. 429 à 435 et études qui
les suivent
Livre anglaise (Troy-pound) (M .) ..................... 336
Livre impériale « avoir du poids » (M .) ou
Pound aver de poids ................................. 360
Livre carnassière ou de boucherie ..................... 300 (principalement dans le midi de la
France)
Livre coulante (h u il e ) ............................................. 226
Livre des apothicaires ........................................... 304 (cf. livre médicinale)
Livre poids de ville ou poids de table ou livre
prime ............................................................ 300-301
Livre grosse .............................................................. 300
Livre légère ou « subtile » ou petite livre . . 300
Livre médicinale .................................................. 303 sq.
Livre poids de balance ......................................... 422
Livre poids de romaine ....................................... 424
Livre poids de marc (ou de Troyes ou de Paris)
(M .) ................................................................ 302
Livre du trésor du Tample de Paris .................. 367
Livre poids de soie ................................................. 300
Livre soutive (pour subtile, légère) (M .) . . . . v. livre subtile
Lot (1/2 once) (M .) ............................................. 432
Maison de la Pile (Albi Tarn) ........................... 297 (on y conservait les poids et mesures
de la Cité)
Mar pour Marc ...................................................... 358
Voir pour les différents marcs les tableaux pp. 387-391
Marqueur .................................................................. cf. étalonneur, ou contrôleur des poids et
mesures
Matrice .................................................................... étalon
Matricule .................................................................. étalon
Meia (dem i) ........................................................... 303 (demi-livre, once, etc...)
Meig (dem i) ..........................................................
Mesalhal .................................................................... 304 (poids de 4 livres)
Mieg ......................................................................... v. méia
Millier (1 000 livres) ............................................. 305
M in a ................... ........................................................ v. mine
Nave (M .) ................................................................ 311 poids à godets
Once anglaise (ounce) (M .) ............................. 360 (cf. tableaux 387-391)
Œuvre de poids (M .) ............................................. 299
Onsa (M .) ......................................................... cf. once
Pes, pesés (M .) ......................................................... synonymes de « poids »
Peseur ........................................................................ 295 sq.
Peson (M .) .............................................................. 310 synonyme de poids
Peson à ressort (M .) ............................................. 293
Peson de balance romaine (M .) ......................... cf. contrepoids
Peyrolier .................................................................. fondeur
Pile ou pille ( M . ) ..................................................... 311 (cf. poids à godets)
Pile dite de Charlemagne (M .) ....................... 359 (ancien étalon poids de marc du royau-
me de France)
— 500 —
Plateau de balance (M .) 314
Plet (M .) ....................... pour poids
Poche pour p i l e ............ 311
Poinçonneur (M .) ........ contrôleur, étalonneur, etc...
Poix (M .) ....................... (pour poids)
— 501
Trosnel ou Trosniel. (M .) 295
Uchau (M .) ....................... 303 (huitième d’once dans le m idi)
Verge (M .) ....................... (v. queue de romaine et fléau)
Termes complémentaires
Adjouster des poids ............................................ les rendre conformes aux étalons aux to-
lérances près...
Affineur .................................................................... cf. 308
Allicleur .................................................................. celui qui fond lesmétaux et étalonne les
mesures
Balancier .................................................................. technicien quifabrique lesinstruments de
pesage et ajuste les poids
Marqueur .................................................................. celui qui est chargé du contrôle des poids
notamment
— 502 —
B IB L IO G R A PH IE
I. — MUSEES.
Les spécimens d’instruments de mesure, intervenant dans notre étude, appartiennent aux
collections métrologiques conservées à :
Amiens Musée de Picardie Narbonne Musée des Beaux-Arts
Angers Musée Saint-Jean Perpignan Musée des Beaux-Arts
Annecy Mesures publiques Niort Musée du Pilori et
classées musée du Donjon
Bordeaux Musée Poligny Mesures anciennes (toise
Brive Musée Ernest Rupin et aune)
Cahors Musée Rouen Musée des Antiquités
départementales
Carpentras Musée Inguimbert
Saint-Emilion Musée
Chalon-sur-Saône Musée
Senlis Musée
Chartres Musée
Tarbes Musée du Jardin Massey
Châteauroux Musée Bertrand
Toulouse Musée Paul Dupuy et
Dijon Musée de la Biblio-
musée Saint-Raymond
thèque municipale
Vienne Musée Archéologique
Dole Musée Feuvrier
Guéret Musée de la Société ar-
chéologique
Le Puy Musée Crozatier MUSEES ETRANGERS
Lille Musée des Beaux-Arts
Lyon Musée Gadagne Angleterre British muséum et
Montauban Musée Ingres Westgate muséum
Montbéliard Musée Beurnier Belgique :
Bruxelles Musée Royal d’Antiqui-
Morlaas Mairie et mesures pu- tés et d’Armures
bliques classées
Portugal :
Nancy Musée Lorrain Lisbonne Musée du Service des
Nantes Musée Dobré et musée Poids et Mesures por-
des Ducs de Bretagne tugais.
IL — MANUSCRITS et ARCHIVES.
— 503 —
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WOLFF (Philippe). Commerce et marchands de Toulouse, vers 1350 — vers 1450. (Paris,
Plon, in-8°, 1954, XXXII-711 p. pl. cartes; B.N. 8° LK 7 55754).
ZEVENBOOM (K.M.C.) et W ITTOP KONING (Dr D .A.). Nederlandse Gewichten. (Leiden,
1953, in-8°, 244 p „ 16 pl.).
TABLE des PLANCHES
Pages
7 Les quatre fonctions du Capitoulat toulousain (peinture anonyme provenant du
Capitole, fin du xvie siècle).
38 Le pied du Roy (Extrait de « La Vérité des Sciences » de Mersenne).
41 1/3 du pied de Roy (Extrait de « L’usage ou le moyen de pratiquer par une
règle... » de Pierre Petit - 1634).
49 Etalon de l'aune de Dole (Jura), dite aune de Provins (musée Julien-Feuvrier à D ole).
51 Etalon du pied de Liège, dit de Saint-Hubert (musée de la vie Wallonne).
69 Etablissement de la Feldrute (perche) de 16 pieds, X V Ie siècle. (Extrait de « Geo-
metrey » de Kobel Jacob - Francfort am Main, 1584, 4° - B.N. V.7125 (2), p. 4 V °).
91 Cathédrale de Reims. Bas-Relief des « Marchands drapiers » : l’auneur.
99 Dijon. Etalons de mesures de longueur :
— perche de Bourgogne, Toise de Roy, Toise de Bourgogne, Aune de Paris usitée
en Bourgogne.
117 La toise, dite du Pérou ou de l’Académie : extrémité.
119 La toise, dite du Pérou ou de l’Académie : ensemble.
135 Billom (Puy-de-Dôme) : les mesures de pierre encastrées dans le parapet du pont.
155 Mesures de capacité pour liquides de Lille et de Thielt.
Etalons de mesures de capacité pour liquides ou matières sèches, du xvie-xvne siècle.
195 Pinte au vin.
197 Chauveau au vin.
199 Demi-chauveau au lait.
201 Pinte à huile.
203 Demi-inesurotte à huile et chauvcau à huile.
205 Trois « coupes » pour le mesurage des céréales.
221 Montauban : étalon de mesure pour matières sèches : « le coup ».
221 Razièges : étalon de mesure pour matières sèches : « la coupe ».
243 Le Puy : deux mesures de capacité de pierre.
245 Carte indiquant la répartition géographique en France de diverses mesures de
capacité de pierre.
247 Deux mesures de capacité en verre (musée Paul-Dupuy à Toulouse).
317 Deux spécimens de balances pliantes.
Iconographie :
319 Autun : cathédrale Saint-Lazare (tympan) : balance du jugement dernier.
321 Bourges : cathédrale (tympan) : balance du jugement dernier.
325 Tournai : cathédrale (vitrail), poids public de Tournai (xve siècle).
327 Exemple de poids de divers calibres et de diverses formes : Lille, Thielt, Saint-Omer.
329 Spécimen type de poids monétiforme : Toulouse, émission de 1239 (1/2 livre),
avers et revers.
333 Plxemples de poids de faible calibre (inférieurs à 4 kg) :
— étalons de Montpellier (4, 3 et 2 livres) ;
— étalon de Béziers (3 livres) ;
— poids de Rodez et Aurillac (2 livres).
335 Exemples de poids médicinaux :
—- poids en forme de bouteille : 12 onces, 6 onces, 2 onces, 96 grains ;
— poids en forme de segment sphérique à bouton.
339 Exemples de poids massifs. Etalons de Montauban :
— quart de quintal, 26 livres (xvie-xvne siècles) ;
— quart de quintal poids de marc, 25 livres (1779).
341 Toulouse. Poids de pierre, quintal de 104 livres (1239).
343 Exemples de piles :
— Pile-étalon de la Cour des Monnaies de Paris, de 50 marcs.
— Pile fermée et ouverte, du centre hospitalier du Mans, de 64 marcs.
Poids de diverses villes :
406 Dijon (2 livres) ; Saint-Omer (1 livre et 2 livres).
423 Béziers (1/8 livre) ; Lyon (1/4 livre) ; Agde (1 livre) ; Orange (1/4 livre) ;Marseille,
Saint-Pons (1 livre) ; Nîmes avers et revers (1/8 livre).
431 Poids d’Arles : 1 livre (avers) ; 1 livre (revers) : exemples de marques de contrôle.
Poids de Rodez au nom du fondeur Dubois (xviiP siècle - 1/2 livre).
445 Montpellier : 1/2 livre (marqué H. IIII. - Henri IV ). Matrice de 1604 (1 livre).
459 Narbonne, 1 once ; Carcassonne, 1 livre (1693) ; Albi, 1/2 livre (1673) ; poids
portant la marque P M (de l’échantilleurPierre Mabille ).
489 Balances de Nantes (musée des Ducs de Bretagne).