Synthèse Cours Culture

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Thème 1 : Cultures et sociétés

Chapitre 1 : Culture et cultures

I-) PRATIQUES CULTURELLES ET HIÉRARCHIE SOCIALE

Pratiques culturelles différenciées selon le milieu social, et donc hiérarchisées.

a-) Les pratiques culturelles comme marqueurs sociaux et instruments de distinction

1. Deux précurseurs : Veblen et Goblot

• Théorie de la classe de loisir, Thorstein Veblen, 1899 :


Distingue les stratégies de distinction des classes dominantes dans les sociétés tradi et
modernes :

- tradi = loisir ostentatoire (croisière)


- moderne = conso ostentatoire (tableaux) : « rien ne sert de posséder, il faut montrer que l’on
possède »

La classe dominante, ayant été légitimée, détermine le goût noble

• La barrière et le niveau, étude sociologique sur la bourgeoisie française moderne, Goblot,


1925 :

« L’opposé de distingué est « commun » : est commun ce qui ne distingue pas, vulgaire ce qui
distingue en mal et trahit une infériorité. » (cf À la recherche du temps perdu)

La distinction de la bourgeoisie repose une séparation matérielle (biens) ainsi que sur des attributs
et pratiques spéci ques (goût)
Ainsi, pour cette classe sociale, les moyens culturelles permettent de se distinguer et de se
reconnaître

2. Domination et légitimité culturelle selon Bourdieu


Démontre que les pratiques culturelles font apparaître des différences culturelles entre groupes
sociaux
• L’amour de l’art, Bourdieu et Darbel, 1969 :
Variables sociales à l’origine de la formation du goût
Fréquentation des musées : 55 % de diplômés, vs 9 % de non diplômés
Après la catégorie socio-professionelle, le niveau d’instruction reste le + déterminant = pratique
familiale

Ces inégalités de pratiques culturelles relèvent de qst de compétence et de sentiment de


compétence : classes aisées cherchent des qualités intrinsèques à l’objet (couleurs, émotions), et
classes pop des qualités extrinsèques (fonction, courant)

Sentiment d’auto-exclusion : « refuser le refusé » = habitus


CCL : le fonctionnement des musées tend principalement à exclure, d’où la culture peut
avoir une dimension excluante

• La Distinction, 1979 :

Pratiques culturelles remplissent une fonction de marqueurs de classe sociale ainsi que de
légitimation de ces classes sociales
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Il y a une lutte des classes, culturelle et symbolique, reposant sur des jugements moraux et
esthétiques : « Les individus se distinguent par leur distinction », « le goût classe, mais s’il classe
celui qui classe »
Distingue 3 catégories de goût :
- Goût légitime/noble : classes dominantes, capital culturel élevé
- Goût moyen dans une logique d’imitation des classes supérieures : classes petites bourgeoises
- Goût populaire : divertissement pur, dans une idée d’homologie structurale

Modèle Bourdieusien critiqué :


- écarts de classe excessivement considérés
- lecture domino-centrée des pratiques culturelles : tendance à misérabiliser
- analyse datée, correspond à une société très strati ée de 1960 : or, industries culturelles se sont
dvlp, entraînant une massi cation culturelle

b-) De nouveaux clivages ?


1. De nouveaux facteurs de différenciation
Pas tjr de corrélation entre goût culturel et position sociale :
- effet d’âge ou de génération
- effet de sexe (lecture : variable du sexe + signi cative que la position sociale)
• Olivier Donnant, (2005). Développement culturel : La féminisation des pratiques
culturelles.
On observe des pratiques culturelles plus légitimes chez les F que les G : peut s’expliquer par la
massi cation scolaire des années 1950-1960, et par le rôle familial
CCL : pratiques culturelles pas tjr réductibles aux posititons sociales, le facteur bio-social
peut avoir son importance

2. Le modèle univore-omnivore
• Peterson, Richard A, « Le passage à des goûts omnivores : notions, faits et
perspectives. », 1992
Nuance modèle de Bourdieu. Les pratiques les plus élitistes ne concernent qu’une minorité des
classes dominantes. Ces classes se caractérisent par leur éclectisme culturel.

D’après Coulangeon, ce modèle opère une nouvelle ligne de distinction entre omnivore et univore :
remise en qst de la pertinence du modèle Bourdieusien.

• Cependant, la thèse de Coulangeon est remise en cause par Lahire dans Dissonance
culturelle et distinction de soi (2004) :
Ce modèle reposerait sur des hiérarchies culturelles non-hiérarchisées (paradoxe)
Et il surestimerait les pratiques culturelles des + aisés

c-) De nouveaux regards

1. Dissonnances culturelles et distinction de soi

Dans les sociétés modernes, les individus sont-ils caractérisés par leur appartenance à une
multiplicité de mondes ?

• Selon Bernard Lahire, oui : Dissonnances culturelles et distinction de soi : La culture des
individus, (2004)
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Se doivent d’être considérés les écarts à l’intérieur même des groupes sociaux
Ces dissonnances s’opèrent principalement au seins des classes moyennes/hautes, légitimes et
illégitimes à la fois.

Elles s’expliquent selon 3 facteurs :

- affaiblissement de la culture classique : les frontières entre culture et divertissement se brouillent


- L’individu est ajd en contact avec une pluralité d’instances socialisatrices (en lien avec
transformations sociales, massification scolaire etc)
- les individus ont des pratiques différentes en fonction du contexte qui se présente

2. La prise en compte des modalités de la pratique

Lahir explique que les pratiques culturelles dépendent des modalités concrètes dans lesquelles
elles s’opèrent : elles sont propres d’un individu à un autre.

• Le temps donné aux tableaux, Passeron et Pedler, 1991

étudient temps passé musée aix


ce ne sont pas les plus aisés qui restent le plus longtemps, mais les prof
les plus aisés sont cependant ceux qui s’y rendent le plus souvent
il est alors question d’une diversité de l’expérience vécue, plutôt qu’une pratique propre à une
classe sociale
II-) UNE MASSIFICATION DE LA CULTURE ?

a-) La culture de masse (=culture produite par médias de masse) saisie par ses publics

1. Apparition de la culture de masse et craintes (pas important)

• Def Edgar Morin, dans La Rumeur d’Orléans, 1962 : « C’est une culture produite en fonction de
sa di usion massive et sa tendance à s’adresser à une masse humaine (…) considéré comme
en dehors de leur appartenance sociale ou professionnelle »

Réalité de la culture de masse antérieure au dvlp des masse-médias sur le plan historique

• D.Kalifa, La culture de masse en France, 2001 :


Se di use avant la 1ère GM, au XIX ème siècle notamment, car dvlp de la presse pop (roman
feuilleton) : on parle alors de culture industrielle

Pr conservateurs, risquerait d’abaisser le niv culturel


Pr progressistes, instrument de contrôle social : risque d’aliénation culturel

Or, après 1945, e ets des cultures de masse relativisés par cultural studies/Lazarsfeld
Production uniformisée, ok : mais n’implique pas une uniformisation de sa réception

2. La culture de masse : aliénation ou démocratisation ?

Logique de l’aliénation :

• La société de consommation, Jean Baudrillard, 1970 :

Par travaux de l’école de Francfort (Horkheimer, Adorno …)


Consommation passive de produits super ciels, plaisir court terme, société unidimensionnelle sur
long terme
Dissimulation de la réalité de l’exploitation capitaliste, en favorisant idéologie individualiste

Logique de la démocratisation :

• L’esprit du temps, Edgar Morin, 1962

Culture de masse : « Première culturelle universelle de l’histoire de l’humanité »

Nouvelle culture, première culture universalle di usée en dehors des institutions que représentent
l’Etat ou la religion, permet la communication entre les di érentes classes sociales

Essor durant les 30 Glorieuses (45-75) car augmentation éco/démographique, phénomène de


moyennisation, démocratisation des biens de consommation entrainant une convergence des
praitques de consommation

l’homogénisation de la société ne s’explique pas seulement par la hausse des salaires, mais aussi
par la di usion de grandes valeurs communes

3. Des publics producteurs de sens

Thèse : Ces travaux se développent dans les années 50 : pas de réception mécanique du
message, mais négociation/critique de celui.
Les médias n’ont pas la force qu’on leur prête en tant qu’il existe des ltres de réception du
message (Lazars ed)
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• Richard Hoggart, La culture du pauvre, 1957 : (DISSOCIATION EMISSION MESSAGE ET
RECEPTION)
Interroge le rôle de la presse populaire de masse et son in uence sur la culture populaire
Esprit contestateur se dresse à l’égard des médias de masse ; contenu pas intégré sans recul
« attention oblique » ou « consommation nonchalante »

• Stuart Hall, Codage/Décodage, 1977 :


3 modes de réception du contenu des médias :
- Mode hégémonique
- Mode négocié
- Mode oppositionnel

PREMIER À MONTRER QUE DES INDIVIDUS AYANT PEU DE RESSOURCES PEUVENT PUISER
DANS LEURS RESSOURCES. CULTURELLES POUR CRITIQUER LE CONTENU

• Lazarsfeld, Berelson, Gaudet, The People Choice (1944) :

La campagne électorale passant par les médias, in uence-t-elle le vote ?


Démontrent que les e ets des médias ne sont pas unilatéraux et puissants

Les récepteurs ltrent le message porté par les médias à 3 niveaux distincts :
- exposition sélective aux msg (sélection du médias)
- réception sélective (sélection des infos)
- perception sélective (retient uniquement les infos qui confortent son opinion)

Thèse : Années 1980-1990 : Les publics ne se limitent pas à réceptionner un message : ils
le transforment

• Dominique Pasquier, La culture des sentiments, (1999) :

étude de la série « hélène et les garçons » et de sa réception par près de 70 000 collégiens
Contenu peformatif : notamment en ce qui concerne les rapports lles/garçons

Pratiques culturelles peuvent façonner les rapports sociaux, ainsi que les normes et valeurs des
individus (clivages sexuels)

b-) Limites à la massi cation de la culture : les cultures de groupe

1. Culture, sous culture, contre culture

• Années 70 : concepts de « sous culture » et « contre-culture » utilisés


Sous-culture = propre à un groupe mais traits communs avec la culture de la société
Contre-culture = en opposition à la culture de la société + but = instauration de nvl valeurs

• Existe-t-il une culture de la pauvreté ?

Thèse culturaliste : La culture de la pauvreté existe


• Oscar Lewis, Les enfants de Sánchez, 1961 :
mdv particulier, se transmettant de génération en génération
Faible intégration au sein des institutions, marginalité (valorisation de l’économie de la débrouille)
etc

Thèse contraire : La pauvreté n’est que la conséquence d’un déterminisme social


• Jean Labbens, La sociologie de la pauvreté, 1978
Ce sont des facteurs sociaux qui compromettent leurs chances d’intégration
« Le mdv du pauvre n’est pas assimilable à une expression culturelle »
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2. Culture de masse et « culture jeune » : des liens

Comment les jeunes se réapproprient-ils la culture de masse ?

Existence d’une culture jeune :

• Talcott Parsons, Âge et sexe dans la structure sociale aux E.U, 1952

dvlp de la scolarisation dans les lycées = autonomisation de cet âge de la vie / adoption de
pratiques communes :
- opposition morphologique et culturelle à l’âge adulte : « la culture de l’irresponsabilité »
- Di érenciation rôle masculin/féminin
• E. Morin, Culture adolescente et révolte étudiante, 1969

Culture étudiante apparaît plus tardivement, parallèlement à la culture de masse


Marché de la jeunesse : « culture yéyé »

Elle est accompagnée à cette époque d’une détériorisation (phénomène d’effritement des
solidarités villageoises).
Des solidarités urbaines se développent (solidarité organique, dans une logique d’inter-
dépendence, avec la DDT notamment, selon Durkheim)

Critiques de l’existence d’une culture jeune :

• Bourdieu, « La jeunesse n’est qu’un mot », Question de sociologie, (1981)


Parler de jeunesse = abus de langage :
- catégorie pas clairement délimitée
- prolongation du tps scolaire a brouillé les frontières entre les jeunesses des catégories
populaires / aisées : mais existent-ils réellement des pt communs entre héritiers et
ouvriers ?

Réponse à cela :

• Olivier Galland, Sociologie de la jeunesse, 1991 :

Certes, la jeunesse ne constitue pas un groupe : CEPENDANT, elle a un SENS car elle renvoie à
une forme d’expérience (a ranchissement / acquisition d’une autonomie complète)

…Cependant, ces 3 formes d’autonomie (résidentielle, conjugale, professionnelle) se sont


désynchronisées : la jeunesse a-t-elle alors tjs un sens ?
(Génération covid)

Il existe en tout cas une cultre commune entre collégiens et lycéens, caractérisée par sa
tyrannie

• Lahire, La culture des individus : dissonnances culturelles et distinction de soi, 2004 :

Les jeunes, par mécanismes de frottements, s’imitent : le poids du statut social est moindre
(mécanismes = mimétisme, injonction, interaction
injonction particulièrement forte chez eux, cf Cultures lycéennes : la tyrannie de la majorité,
Dominique Pasquier (2005). Etude portant sur les e ets des NTICA sur la jeunesse)

CCL : di usion de la culture horizontalement et non plus verticalement comme avant :


modèle inversé possible
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III-) DYNAMIQUES DE LA CULTURE

a-) Massi cations et classes sociales

La culture de masse marque-t-elle la n des classes sociales et de leurs pratiques de


distinction ?

• Une culture de masse permise par une massi cation scolaire ?

Massi cation (quantitatif) =/= démocratisation (qualitatif) :

Si l’on admet qu’il a été question davantage d’une démocratisation ségrégative (Pierre Merli),
alors les classes sociales ne sont pas prêtes d’être renversées. Elles sont au contraire renforcées
par le système scolaire (culture bourgeoise = culture scolaire)

• Une homogénisation de la société ?

Non, selon Coulangeon, Culture de masse et société de classes, 2021 :

La classe culture existe tjrs, elle s’est simplement recomposée


La logique de distinction traditionnelle (qui repose sur la domination légitime) a été remplacée par
une logique omnivore : L’ouverture à di érentes formes de culture est maintenant ce qui
permet de distinguer les classes dominantes

Recomposition de l’ordre sociétal :


- Pro l populaire établi
- Pro l légitime établi
- Pro l populaire émergeant
- Pro l légitime émergeant
L’opposition entre omnivore et univore peut générer des clivages politiques. Di érentes idéologies
s’a rontent : libéralisme culturel, cosmopolitisme vs conservatisme

b-) Culture et mondialisation

1. Une uniformisation culturelle ?

• L’internalisation nous mènera-t-elle à une uniformisation culturelle ? Mondialisation de la


culture et acculturation ;
(Internalisation = existence d’une multitude de ux contribuant à faire de la planète un « village
global » (Mc Luhan))

• Serge Latouche, L’Occidentalisation du monde, 1989 :

Dénonce les csq de la mondialisation sur le domaine culturel, sous l’e et de l’expansion du
marché.
Disparition des spéci cités culturelles/locales
Occidentalisation = impérialisme culturel entrainant une déculturation, « vide tragique »
Via consommation de biens/services standardisés, produits à très grande échelle, avec un
impératif de rentabilité, et à évocation culturel

2. Des spéci cités culturelles qui se maintiennent : l’uniformisation doit être nuancée

- Minorité d’individus concernés par mondialisation culture


- Firmes transnationales tendent à présent à adopter un positionnement local stratégique
(concept de mcdonaldisation)
- Des foyers de production culturelle multiples (Inde avec Bolywood)
- Principe de l’exception culturelle (implique des quotas de lms nationaux
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c-) La gestion de la diversité culturelle

1. Le retour de la diversité culturelle

• Nouvelle approche culturaliste émerge et vise à remettre en cause la conception


universaliste de la culture : approche multiculturaliste (salad bowl après melting-pot)

Émerge dans les années 60 : diversité culturelle croissante des immigrés

• L’édi cation économique et politique des sociétés modernes contre les particularismes :

- Éco avec DDTS


- Politique avec la création d’un espace public neutre et laïc (sphère pv =/= sphère publique)
Se créer alors, via ces leviers pol et éco, une synthèse entre société et communauté

• Le retour des di érences dans les sociétés post-modernes :

Années 60, avecc NMS, qui surplantent le mvmt ouvrier : il n’est plus qst de revendications
matérialistes, mais d’a rmation d’un droit à la di érence

• Les exemples américains et français :

- A rmative Action, USA, 1965


- Réactions identitaires suite à l’interdiction du port du voile à l’école, 15 mars 2004

2. Le multiculturalisme : solution ou formulation d’un problème ?

Apparaît années 70, au Canada, avec immigration

• Charles TAYLOR (reconnaissance) et Will Kymlicka (droit des minorités)

- Espace public n’existe pas : impossible de détacher l’individu de son identité pv


- Intégration à la condition de la reconnaissance spéci que au sein de l’espace public

• Charles TAYLOR, Multiculturalisme, 1992 : neutralité de statut = déni de reconnaissance

• Kymlicka : Etats invisibilisent les pop régionales


(concilie approche universalite / reconnaissance du droit des minorités culturelles à vivre
librement)
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