Et Securite Au Tramail: Politique Québécoise

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ET SECURITE Politique

québécoise
de la santé et

AU TRAMAIL de la sécurité
des travailleurs

Gouvernement
du Québec
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Kahle/Austin Foundation

https://archive.org/details/santeetsecuritea0000queb
SANTE
ET SECURITE
AU TRAMAIL
SANTE L
ET SECURITE Politique
québécoise

AU TRAMIL
de la santé et
de la sécurité
des travailleurs

Le ministre d’État
au développement social
Illustration de la couverture:
Heather Price

© Éditeur officiel du Québec, 1978


Tous droits de traduction et d'adaptation, en totalité ou en
partie, réservés pour tous pays. Toute reproduction pour
fins commerciales, par procédé mécanique ou électronique,
y compris la microreproduction, est interdite sans l’autori-
sation écrite de l'Editeur officiel du Québec.
Dépôt légal — 3e trimestre 1978
Bibliothèque nationale du Québec
ISBN 0-7754-3234-2
« l’économie qui prétendrait encore faire passer l’homme après les
machines serait vouée à l'échec ».
René Lévesque
Premier ministre du Québec
8 mars 1977
Présentation

Une politique de développement social doit comporter l'ambition


légitime de créer les conditions qui permettront que soient reconnues la
valeur et la dignité fondamentale de l’être humain sous tous les aspects
de son existence et dans tous les lieux de son activité. De façon
privilégiée, une telle reconnaissance doit être garantie là où la majorité
des citoyens passent une grande partie de leur vie, c’est-à-dire au
travail. Même si le poids de certaines théories économiques et sociales a
souvent eu pour effet de réduire l’homme et la femme au travail au rang
de simples facteurs de production, dont le rendement ne pouvait appeler
qu'une compensation monétaire, il n’est plus accepté aujourd’hui
qu'on affiche une conception aussi étroite du « capital » humain. C’est
cette idée que véhiculait l'affirmation contenue dans le message inaugu-
ral prononcé par le Premier ministre du Québec, le 8 mars 1977:
« l'économie qui prétendrait encore faire passer l’homme après les
machines serait vouée à l'échec ».

Fidèle à ses engagements, le gouvernement du Québec a déjà


manifesté concrètement sa volonté de valoriser la contribution de tous
les travailleurs au bien-être et au fonctionnement de la société. Men-
tionnons, à titre d'exemples, la hausse et l'indexation du salaire mini-
mum et les améliorations apportées à la Loi des accidents du travail.

Parallèlement, le gouvernement s’est mis à l’oeuvre dans le but


d'élaborer une réforme de toute la politique québécoise en matière de
santé et de sécurité au travail. Il s’agit là en effet d’un domaine où l’on a
déjà trop tardé à agir. Employeurs, travailleurs et experts oeuvrant dans
le milieu sont unanimes à réclamer des changements en profondeur, et il
ne se passe pas de semaine sans que soient portés à l’attention de
l’ensemble des citoyens des faits qui mettent en évidence la gravité des
risques et des dangers auxquels s’exposent régulièrement un grand
nombre de travailleurs, les insuffisances du système et son impuissance
à solutionner les véritables problèmes.
VI

C’est pourquoi le gouvernement a voulu entreprendre et mener à


terme le travail de redéfinition du régime actuel. Tout au long de sa
démarche, et conformément à des engagements pris en ce sens, il a tenu
à consulter et à associer le plus étroitement possible à l'élaboration
même de la réforme les groupes, les organismes et les associations
concernés. La réponse et la qualité des témoignages reçus ont constitué
un apport déterminant et nous sommes particulièrement fiers de le
souligner.

Le Livre Blanc sur la santé et la sécurité au travail comprend deux


grandes parties. La première présente la description la plus complète
et la plus objective possible de la situation actuelle. Même si plusieurs
aspects de la réalité décrite ont déjà fait l’objet d’études et de rapports
rendus publics, c’est la première fois qu’une telle synthèse est présen-
tée. L'objectif n’est certainement pas la recherche et l'identification de
coupables. A bien des égards, en effet, toute la société est coupable etil
serait incorrect et surtout stérile de vouloir pointer quiconque du doigt.
Cette description doit plutôt servir à faire prendre conscience à la fois
des problèmes et des mécanismes et efforts actuels de solution. C'est de
là qu'il faut partir si l’on veut asseoir la réforme sur des bases solides.

La seconde partie du Livre explique à grands traits la réforme


proposée. Il nous paraît important d’en souligner ici les principaux
éléments.

La définition de ce nouveau régime est fondée sur la conviction


que seule une participation active et volontaire du milieu de travail
lui-même va permettre de faire face aux problèmes sérieusement.
Aucun pouvoir institutionnel ne peut suppléer à la connaissance du
milieu et de ses caractéristiques que peuvent développer les hommes et
les femmes qui y travaillent et y vivent. Aucun service d'inspection ne
pourra jamais non plus se substituer à la surveillance préventive que
seules ces mêmes personnes peuvent faire sérieusement. Employeurs et
travailleurs ont donc des responsabilités à assumer en même temps
que des droits à exercer. D'autre part, cette prise en charge doit être
assumée conjointement par les parties en présence. Il est vrai, comme
on se plaît à le répéter dans divers milieux, que la santé et la sécurité,
pour l’essentiel, ne se négocient pas. Il faut donc reconnaître la nécessité
que les gens travaillent ensemble à l'amélioration de la situation.
VII

L'État ne voit pas pour autant ses responsabilités et ses tâches


diminuer, au contraire. Son intervention sera cependant orientée dans
un sens bien particulier. Plutôt que de prétendre régler les problèmes à
la place des citoyens impliqués, il s’emploiera à mettre à la disposition
de ces derniers les outils et les moyens leur permettant de trouver
eux-mêmes les solutions. Il lui faudra bien sûr fixer et ajuster au besoin
les règles du jeu, assurer la reconnaissance des droits et des devoirs de
chacun et établir des normes. Il faudra aussi quelquefois animer le jeu,
mettre de l'huile dans le système, stimuler la prise en charge. Mais, à
cette fin, il n’est aucunement besoin de faire surgir quelque super-
machine bureaucratique investie du pouvoir tout-puissant de décider à
la place des gens. Les fonctions à créer sont essentiellement des services
de soutien à l’action du milieu, services qui doivent être accessibles au
plus grand nombre et à la plus grande variété possibles d'agents et
d'intervenants.

Parmi ces services, la formation et l'information méritent une


attention toute particulière. À nos yeux, c’est la clé du mécanisme, la
condition par excellence de la prise en charge. C’est pourquoi une
insistance prioritaire et des efforts majeurs sont à prévoir à ce chapitre,
dès la mise en place du système.

Notre objectif ultime, le seul qui convienne, c’est l'élimination des


causes d'accident et de maladie. Nous sommes convaincus du reste
qu'il y va de l'intérêt de tous que les efforts tendent vers ce seul et unique
but. Il nous faut néanmoins convenir tous ensemble de la nécessité
d’être réalistes dans notre démarche et accepter qu'il y ait des étapes à
franchir.

À bien des points de vue, la réforme dans laquelle nous nous


engageons constitue un défi pour toute la société québécoise et c’est
pourquoi le Livre Blanc sur la santé et la sécurité au travail doit être
considéré d’abord comme un appel à la responsabilité, à la maturité et à
l’action.

CAVE
Octobre 1978 PIERRE MAROIS
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IX

Sommaire

Présentation

Première partie:
LA SITUATION ACTUELLE

Chapitre I:
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 5

Chapitre Il:
Le cadre juridique etadministratif 51

Chapitre III:
Les mécanismes de contrôle et de prévention 93

Chapitre IV:
Le régime d'indemnisation et de réadaptation 165

Chapitre V:
Les coûts reliés à la santé et à la sécurité autravail 179

Deuxième partie:
LE RÉGIME PROPOSÉ

Introduction

Chapitre VI:
La participation des travailleurs et des employeurs 199

Chapitre VII:
L'organisation et la définition des services mis à la disposition des
travailleurs et des employeurs 219
Chapitre VIII:
Le cadre législatif 255

Chapitre IX:
Les coûts et les modes de financement 265

CONCLUSION GÉNÉRALE 277

Table des matières 281


Première partie
La situation actuelle
Chapitre 1
Les accidents du travail et
les maladies professionnelles
MD
ve Deveat ob instant en
enllonrotrastérg esibalent est
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 5

Chapitre 1
Les accidents du travail et
les maladies professionnelles

Introduction
Quels sont les risques auxquels s’exposent les travailleurs québé-
cois dans l'exercice de leurs fonctions? À quelle fréquence les accidents,
les maladies et les décès occasionnés par le travail surviennent-ils
chaque année au Québec? Telles sont les questions auxquelles ce
chapitre essaie d’apporter des réponses. Si ces questions sont faciles à
poser et s'imposent à l'évidence comme fondamentales, les réponses
qu'on peut y apporter sont loin d’être toujours satisfaisantes et témoi-
gnent, à leur façon, du peu d’attention qu’on accordait à ces questions
jusqu’à tout récemment au Québec.

La première section du chapitre dresse d’abord un tableau des


principaux risques connus à la santé et à la sécurité que représente
l'exposition à des agents chimiques, biologiques, physiques, psycho-
sociaux et mécaniques. Nous essayons ensuite de faire la liste des
principaux agents qui sont présents dans les milieux de travail québé-
cois et d'évaluer le nombre de travailleurs qui y sont exposés.

La deuxième section présente les statistiques d’accidents du


travail, de maladies industrielles et de mortalités survenus au Québec
depuis 1973, à partir des dossiers de la Commission des accidents du
travail. Ces données sont analysées en fonction des principaux secteurs
d'activité économique, de l’âge des travailleurs et de la gravité des
accidents et des maladies. Dans la mesure où les données le permet-
taient, nous avons également tenté de cerner l’évolution quantitative
des accidents du travail et des maladies professionnelles au cours des
cinq dernières années.
6 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Les risques à la santé et à la sécurité


en milieu de travail

Problématique
La problématique qui régit l’analyse des risques d'accidents
industriels s'inscrit à l’intérieur d’une approche assez différente de celle
qui régit l’analyse des risques de maladies industrielles. Bien que les
effets soient souvent les mêmes pour le travailleur (perte d’intégrité
physique, handicap passager ou permanent, diminution des bénéfices
monétaires, parfois même la mort), les maladies et les accidents indus-
triels relèvent de causes souvent différentes, dont la connaissance est
loin d’être aussi étendue dans un cas comme dans l’autre. De plus, leurs
manifestations mêmes les distinguent. Leur intégration, dans un cadre
d'analyse propre à chacun, permet donc une meilleure compréhension
de ces deux phénomènes.

Problématique des accidents du travail


Les accidents du travail désignent habituellement des événements
violents et imprévus reliés à l’environnement, à l'équipement ou à
l'individu, et qui provoquent des brûlures, coupures, chocs électriques
ou fractures pouvant entraîner la mort. Contrairement aux maladies
professionnelles, dont les causes sont parfois indéterminées ou impréci-
ses et les manifestations insidieuses, les accidents du travail s’impo-
sent en quelque sorte à l'évidence par leur soudaineté, leurs effets
parfois violents et leurs conséquences souvent permanentes. Ils consti-
tuent la cause la plus fréquente de mortalité et d'invalidité au travail’.

À cause de leur importance numérique et de leur impact social et


économique, les accidents du travail ont donné lieu à des études et à des
recherches dont certaines avaient pour but de déterminer lequel, parmi
les nombreux agents causals impliqués, était le facteur principal d’acci-
dent. À ce sujet, deux approches largement discutées se sont déve-
loppées.

1 Suzette Gauvin et S.A. Hall, « Occupational Safety and Accident Preventions », Occupatio-
nal Health Practice, R.S.F. Schilling, Butterworths, 1973.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles V4

La première approche est fondée sur l'identification de la cause


principale ou unique de l'accident. Elle débouche le plus souvent sur une
cause humaine (erreur de jugement, distraction, fatigue, etc.) parce
que celle-ci est la plus immédiate et la plus facilement remarquable. Elle
vise à identifier et à prévenir les actes dangereux et à repérer les
travailleurs qui sont plus prédisposés que d’autres aux accidents. C’est
surtout H.W. Henrich qui a soutenu cette approche en évaluant à 88%
les accidents industriels qui auraient comme agent causal principal des
actes personnels dangereux!.

La seconde approche affirme que les causes des accidents indus-


triels sont multiples, interdépendantes et reliées à la fois à la personne et
à son environnement: individu, tâche, moment, lieu, équipement, orga-
nisation, etc.?

Dans ce contexte, l'accident n’est plus la conséquence d’une


action dangereuse, mais se produit à la suite d’un acte accompli dans
une situation plus ou moins anormale et pour lequel il n’y a pas de
cause unique. Cette approche souligne l'importance du facteur organi-
sationnel, entendu au sens de gestion de l’entreprise, et présente donc
l'accident du travail comme un phénomène complexe aux causes quasi
infinies puisque reliées à des éléments techniques et humains.

Ces approches ont donné lieu à de nombreux débats. Ainsi,


l'évaluation de l'importance des actes dangereux des travailleurs dans
la causalité d’un accident varie de 10% à 90% selon les études.
Cependant, de plus en plus, on tend à se rallier à la seconde approche et
à admettre que le facteur principal est d'ordre organisationnel plutôt
qu'humain*. Cette approche, que l’on qualifie habituellement de psy-
cho-sociologique, a l’avantage de mettre en lumière tous les facteurs
causals impliqués, même ceux qui, de prime abord, semblent les moins
déterminants. Quoi qu’il en soit, et quelle que puisse être la responsabi-
lité humaine par rapport aux facteurs organisationnels, il n’en demeure
pas moins qu'on ne peut attendre du travailleur, pas plus que du

1 HW. Henrich, cité par Bernard Boucher, « La sécurité et la prévention des accidents »,
Québec-Travail, septembre 1973, p. 12.
2 Bernard Boucher, De l’enquête à la prévention des accidents du travail, ministère du Travail
et de la Main-d’oeuvre, Service d'inspection du travail, novembre 1975.
3 Cf. Gérard Hébert, « Accidents du travail: responsabilité des cadres », Relations industriel-
les, vol. 31, no 1, 1976.
8 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

gestionnaire ou de l’homme d’affaires, qu’il ait un jugement sans faille.


Dans ce contexte, il faut admettre le droit à une certaine faillibilité et
prévoir des mécanismes qui empêcheront ces erreurs de se transformer
en tragédie pour le travailleur.

Problématique des maladies professionnelles


Le problème des maladies professionnelles se pose différemment.
La connaissance des risques à la santé auxquels sont exposés les
travailleurs dans l’exercice de leurs fonctions est très incomplète. Bien
que certaines maladies d’origine industrielle comme le saturnisme,
l’hydrargyrisme et les pneumoconioses soient connues depuis l’Anti-
quité, on peut dire de façon générale que la médecine, jusqu’à tout
récemment, s’est peu préoccupée des effets sur la santé que pouvaient
avoir certaines conditions de travail. On s’est peu préoccupé particu-
lièrement des groupes de travailleurs qui peuvent présenter une sus-
ceptibilité accrue à des maladies industrielles, à cause de conditions
personnelles qui ne constituent pourtant pas des états anormaux.
Ainsi, on a peu tenu compte de l'effet de l’âge sur la résistance physique
et sur la capacité d'adaptation à diverses conditions de travail. Il en est
de même pour la femme enceinte, qui est pourtant physiologiquement
plus exposée à certains risques et qui peut s’exposer à des agents
agresseurs qui constituent aussi un risque pour le foetus. Un article
paru dans Le médecin du Québec donne une illustration particulière-
ment éloquente du caractère récent de cette préoccupation:

« J'ai l'habitude de poser aux étudiants’ (...) une


question qui illustre bien la nécessité pour un médecin
de tenir compte du type de travail de son patient:
« Quelle est votre attitude lorsqu'une femme se pré-
sente à votre bureau parce qu'elle croit être enceinte?
On me répond qu'on va faire un test de grossesse,
visant à confirmer le diagnostic (...) et que, si tout est
normal, lui recommander de revenir tous les deux
mois au début de sa grossesse, puis tous les mois (....).
Lorsque j'indique à un étudiant que la femme (...)
travaille, ilme répond fréquemment qu'il lui prescrira

1 Étudiants de 4e année de médecine en semaine de formation en médecine du travail.


Les accidents du travail et les maladies professionnelles 9

un congé de deux mois à la fin de sa grossesse. Il est


très rare qu'un étudiant me demande quel genre de
travail cette femme effectue. Mais lorsque cela se
produit, je lui indique qu’elle travaille dans une usine
où l’on fabrique des fluorescents (...)où il y a des gaz
inertes et du mercure. Lorsque le mot mercure est
mentionné, il s'ensuit une discussion (...) sur la
tératogénité de cette substance ».

Mais les médecins ne sont évidemment pas les uniques respon-


sables de cette situation. L'arrivée annuelle sur le marché de centaines
de nouveaux produits chimiques, dont la toxicité n’a pas été établie et
pour lesquels il n’existe pas de normes biologiques ou ambiantes, de
même que la fabrication de machineries toujours plus complexes et de
chaînes de production plus rapides, rendent quasi impossible le recen-
sement complet de tous les effets potentiels de ces procédés sur la santé
ou la sécurité des travailleurs qui leur sont exposés.

Il est permis de croire que l’on n’a pas encore décelé bon nombre
de relations entre l'exposition à certains produits et l’apparition de
maladies. C’est le cas particulièrement des cancers. Dans d’autres cas,
on sait que certains types de travail présentent des risques particuliers à
la santé, mais on n’a pu encore isoler l’agent causal.

En ce sens, les risques de maladies industrielles sont fort diffé-


rents des risques de sécurité, puisque loin d’être soudains et imprévus
comme ces derniers, les risques à la santé sont difficiles à identifier,
possèdent une longue latence et agissent insidieusement. Ils peuvent,
lorsque combinés à d’autres agents agresseurs industriels (chaleur et
oxyde de carbone) ou non industriels (cigarettes et fibres d'amiante)
avoir des effets synergiques difficilement prévisibles ou mesurables.

Dans d’autres cas, les atteintes à la santé se manifestent au


moment de la retraite ou après un changement d'emploi, rendant
difficile la relation causale avec le travail ou l'identification de l’agent
agresseur.

Cette méconnaissance des effets nocifs du travail sur la santé a


des conséquences importantes au niveau social. Ces conséquences
n’ont pas été bien explorées jusqu’à maintenant, comme le démontre
10 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

une étude effectuée par le Centre des services sociaux du Montréal


métropolitain’.

Les auteurs constatent que les chômeurs et les assistés sociaux


avaient subi, au moment où ils travaillaient, des conditions de travail
plus pénibles que celles des travailleurs qui ont un emploi régulier. Ces
conditions de travail insalubres ou dangereuses ont provoqué une usure
accélérée de leur force de travail. Or, beaucoup de salariés n’obtiennent
du travail qu’à cause de leur force physique. Lorsque celle-ci diminue ou
disparait, suite à des agressions subies sur les lieux du travail, il leur
devient très difficile ou impossible de trouver un emploi, ce qui explique
qu'ils se retrouvent dans le groupe des chômeurs et des assistés sociaux.

Dans ce contexte, on comprend l'importance de mieux connaître


les risques auxquels sont exposés les travailleurs afin d'établir de
meilleurs mécanismes de contrôle.

Classification des risques à la santé et


à la sécurité en milieu de travail

Le but de cette section est d'identifier et de décrire très brièvement


les risques auxquels sont exposés les travailleurs et les effets potentiels
de ces risques sur leur santé et leur sécurité:.

On regroupe habituellement les risques en cinq catégories: les


agents chimiques, les agents biologiques, les agents physiques, les

1 Astrid Lefebvre-Girouard et Nicole Gauthier, L'appauvrissement des petits salariés, Centre


des services sociaux du Montréal métropolitain, décembre 1977.
2 De nombreux volumes ont été écrits sur ce sujet. Les informations contenues dans ce chapitre
constituent donc une ébauche fort rudimentaire des connaissances dans ce secteur. Nos
principales sources de référence ont été:
L'Encyclopédie de médecine, d'hygiène et de sécurité au travail, Bureau international du
travail, Genève 1973.
R.S.F. Schilling & S.A. Hall, Occupational Health Practice, Butterworths, 1973.
Pierre Andlauer, L'exercice de la médecine du travail, Flammarion, Paris 1975.
Gilles Thériault, La médecine du travail, document à l’usage des étudiants en stage
d’externat.
Jeanne Stellman et Susan Daum, Work is dangerous to your health, Vintage Books, New
York, 1973.
Nicolas Ashford, Crisis in the Workplace: Occupational Disease and Injury, M.I.T. Press,
Cambridge, Mass., 1976.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 11

agents psycho-sociaux et les agents mécaniques. Les trois premières


catégories agissent surtout sur la santé; les agents psycho-sociaux
touchent autant la sécurité que la santé du travailleur et les agents
mécaniques sont surtout facteurs d'accidents. Cette classification n’est
pas toujours aussi étanche dans la réalité. Cependant, pour faciliter la
compréhension de ce chapitre et parce qu'il existe suffisamment de
distinctions opérationnelles entre les risques à la santé et les risques à la
sécurité, nous avons choisi de respecter la classification décrite plus
haut.

Les risques à la santé

Les agents chimiques


Les agents chimiques sont parmi les produits agresseurs les plus
fréquemment utilisés en industrie et les plus anciennement connus. A
cause de leur diversité, des usages multiples auxquels ils se prêtent, de
la variété des procédés industriels dans lesquels ils sont utilisés, on peut
présumer qu'ils constituent le groupe d'agents agresseurs le plus
redoutable pour les travailleurs. On divise habituellement les agents
chimiques en six classes, telles que définies dans le Tableau 1. Les
éléments contenus dans ce tableau représentent des agents agresseurs
connus depuis longtemps et généralement bien documentés. À ceux-ci,
devraient être ajoutées un grand nombre de substances nouvelles,
surtout chimiques, pour lesquelles on découvre de plus en plus d’effets
toxiques.

Les agents chimiques sont particulièrement dangereux parce


qu'ils s’attaquent à presque toutes les fonctions vitales de l’organisme.
Les travailleurs en contact avec ces substances sont exposés à quasi-
ment tous les types de maladie professionnelle, allant des dermatoses
bénignes aux cancers mortels.

L'exposition aux poussières organiques ou minérales constitue un


danger particulièrement fréquent. La nocivité de ces poussières dépend
de plusieurs facteurs, entre autres leur taille, leur composition et leur
concentration dans l’air ambiant. Certaines ne provoquent pas de
maladies en tant que telles mais, par leur accumulation dans les
poumons, apportent soit des réactions allergiques, soit une gêne respi-
12 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Tableau 1
Les agents chimiques
Agents’ Risques à la santé’
1. Produits Coton Byssinose
organiques Foin, paille, céréale Poumon de fermier
Blé Asthme, bronchite
Toluène di-isocyanate Asthme
2. Poussières Silice Silicose
minérales Amiante Amiantose, cancer bronchique
Vapeurs de bauxite Maladie de Shaver
Charbon Anthrarco-silicose
Talc Talcose
3. Poussières Plomb Saturnisme
métalliques Arsenic Dermatose, atteinte du
et fumées système nerveux,
cancer cutané
Béryllium Bérylliose, dermatose
Cadmium Dermatose, atteinte rénale
Chrome Dermatose, pneumonie
Manganèse Troubles neurologiques,
atteinte pulmonaire
Mercure Hydrargyrisme
Nickel Dermatose, cancer des
voies respiratoires
Fer Sidérose
4. Solvants Hydrocarbures aromatiques Anémie, leucémie
(benzène, toluène, xylène)
Hydrocarbures aliphatiques Dermatose, atteinte rénale
(gazoline, naphta,
térébentine)
Hydrocarbures chlorés Dermatose
(trichlorethylène)
Alcool, cétone Ataxie
Chlorure de vinyle Cancers
Bis Chloromethyl ether Cancers
5\Gaz Monoxyde de carbone Anoxie
Arsine Hémolyse massive
Ammoniaque Irritation de l'appareil
respiratoire
Chlore Oedème pulmonaire
6. Poisons Insecticides
économiques * Fungicides Variété de risques
Rodenticides quasi infinie
Herbicides
1. Pour chacune de ces catégories, les éléments cités ne sont pas exhaustifs.
2. « Les insecticides, les fungicides, les rodenticides et les herbicides sont des poisons »,
c'est-à-dire « des substances qui détruisent ou altèrent les fonctions vitales » (Larousse).
Mais comme ces substances ont été développées en grande partie afin d'améliorer le
rendement des récoltes et par la même occasion stimuler l’économie des pays, on les
surnomme « poisons économiques ». La médecine du travail, Gilles Thériault, document à
l'usage des étudiants en stage d’externat.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 13

ratoire parfois importante (ex.: poussière de coton). D’autres sont


véritablement nocives parce qu’elles déclenchent un processus de fibro-
ses qui peut évoluer, même après l’arrêt de l'exposition. La silicose et
l’amiantose comptent parmi ces dernières. Dans certains cas, l’incapa-
cité qui en résulte est totale et permanente, justifiant facilement la
nécessité de tenter d'éliminer complètement ces risques.

Les poussières métalliques, les solvants et les gaz comptent aussi


parmi les agents chimiques les plus dangereux à cause de la variété et de
la gravité des risques potentiels qui s’y rattachent, du caractère parfois
sournois de ces risques et de la fréquence de leur utilisation en industrie.
De plus, on découvre graduellement qu’une grande quantité d’entre eux
ont un caractère cancérigène.

Quant aux poisons économiques, leur danger tient aussi bien à la


quantité de substances chimiques qui entrent dans leur composition
qu’au nombre de personnes susceptibles d’y être exposées: les chimis-
tes et les travailleurs qui les fabriquent, les travailleurs agricoles quiles
utilisent, les agents commerciaux qui les vendent et les consommateurs
privés qui s’en servent. Ces substances présentent donc un risque à la
santé pour la population en général.

Les agents biologiques


Cette catégorie d’agents agresseurs entraîne un certain nombre de
maladies qui peuvent être contractées aussi bien au cours d'activités
hors du travail que pendant une occupation professionnelle. Le Tableau
2 dresse la liste des maladies généralement reliées à cette catégorie
d'agents.

Les maladies provoquées par les agents biologiques sont, pour la


plupart, des maladies contagieuses causées par des bactéries, des virus,
des champignons et des protozoaires. Certaines sont communes à
l’homme et aux animaux et sont transmises par ces derniers (brucellose,
dermatophyties); d’autres sont contractées directement par l’homme
(tétanos, hépatites virales).

Mis à part les travailleurs de l’industrie des aliments et des


boissons, peu de travailleurs du secteur industriel sont exposés à ce type
de maladies. Les individus les plus touchés sont les agriculteurs (bru-
14 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Tableau 2
Les agents biologiques
Agents’ Nature de la maladie et risques à la santé’
Bactérie présente chez de Anthrax
le mouton a) Anthrax cutané
Maladie habituellement bénigne
Possibilité de complications nerveuses
Poussières de laine b) Charbon pulmonaire
infectées Habituellement bénigne, avec possibilité
d’oedème ou de complications nerveuses
Parasite humain . Ankylostomiase
Anémie plus ou moins sévère
Microbe transmis par les . Brucellose
bovins ou les porcs Maladie généralement bénigne mais avec
possibilité d’une longue évolution et de
complications infectieuses
Bacille . Érysipèle de Rosenbach
Infection des doigts et des mains
Virus transmis par l’homme 9: Hépatite virale
Atteinte du foie, grave ou bénigne
Parfois cirrhose
Champignons microscopiques 6. Dermatophyties
transmis par des Lésions sur la peau
animaux malades
Sécrétions nasales . Morve
d'animaux affectés Sous sa forme habituelle, la morve est une
maladie aiguë entraînant la mort
Observable aussi sous une forme chronique:
lésions et ulcères
Virus transmis par les . Psittacoses ou ornithoses
oiseaux Pneumonie atypique légère
Virus transmis par les . Rage
animaux Sous sa forme aiguë ou spastique: mortelle
Sous sa forme paplytique: paralysie pouvant
entraîner la mort
Bacille . Tétanos
Maladie grave pouvant entraîner la mort
Maladie infectieuse . Tularémie
transmise par les animaux Ulcération, rougeur, oedème
Micro-organisme transmis 12° Maladie de Weil
par le rat Rarement mortelle
1 Pour chacune de ces catégories, les éléments cités ne sont pas exhaustifs.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 15

cellose, mycose), les personnes travaillant en contact avec les animaux,


vivants ou morts, et les travailleurs oeuvrant en milieu hospitalier
(hépatite infectieuse).

Les agents physiques


Les risques à la santé causés par ce groupe d'agents agresseurs
ont pris beaucoup d'importance au cours des dernières années, en
grande partie à cause du développement accéléré de nouvelles techni-
ques industrielles. Les agents habituellement inclus dans cette catégo-
rie sont mentionnés au Tableau 3.

Les agents physiques touchent de façon générale aux conditions


ambiantes du milieu. Les éléments compris dans cette classe possèdent
les caractéristiques suivantes: les trois premiers éléments (air compri-

Tableau 3
Les agents physiques
Agents’ Risques à la santé’
1. Air comprimé Narcose à l’azote
Intoxication à l'oxygène
Barotraumatisme
Maladie des caissons
Anoxie
2. Vibrations Tenosynovite, bursite
Phénomène de Raynaud
Crampes
3. Radiations
— non-ionisantes Conjonctivite
(ultraviolette, laser, infra-rouge) Leucémie
— jonisantes Tumeurs
(rayons-X, rayons gamma) Cancer bronchique
Cataracte
4. Température Crampes de chaleur
(chaleur et froid) Épuisement
Coup de chaleur
Engelures
5. Éclairage Fatigue et maux de tête
Nystagmus
6. Bruit Surdité
Fatigue
Risque plus élevé d'accidents
Possibilité de désordres physiologiques
1 Pour chacune de ces catégories, les éléments cités ne sont pas exhaustifs.
16 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

mé, vibrations, radiations) se retrouvent encore peu fréquemment en


industrie, quoique leur emploi trouve des applications de plus en plus
nombreuses. Cependant, dans des conditions extrêmes ou lors d’expo-
sitions à des doses élevées, leurs effets sur la santé sont rarement
bénins. Cette caractéristique en fait des agents agresseurs particulière-
ment dangereux.

Au contraire des éléments précédents, les risques entraînés par de


mauvaises conditions de température, d'éclairage et de bruit sont
particulièrement fréquents en industrie. D'autre part, on reconnaît de
façon générale que les effets nocifs de ces agents peuvent affecter non
seulement la santé des travailleurs mais aussi leur sécurité.

Les risques à la santé et à la sécurité

Les agents psycho-sociaux


Certaines agressions n’entrent pas dans les catégories précéden-
tes parce qu’elles se rapportent davantage aux interrelations entre
l’homme et la gestion du travail. Ces agents agresseurs englobent
l’organisation même du système de travail, entendue au sens de caden-
ce, posture, horaire et nature du travail ainsi que des facteurs psycho-
sociaux susceptibles d’affecter le bien-être général du travailleur et son
rendement.

Ainsi, certains types de tâches, leur répétition, certaines cadences


de travail, des horaires irréguliers et le travail de nuit peuvent consti-
tuer, à court ou à moyen terme, des risques à la santé et à la sécurité des
travailleurs. Le climat même du travail, les attitudes et les comporte-
ments des supérieurs hiérarchiques, la surveillance qu'ils exercent sur
les travailleurs et le degré de hiérarchisation de l’autorité sont d’autres
facteurs stressants qui peuvent exercer une influence sur le bien-être
général du travailleur.

À plus long terme, ces contraintes risquent de laisser des traces


sur la santé, traces qui se traduisent par des modifications de comporte-
ment (anxiété, agressivité, fatigue, perte de motivation, absentéisme) et
des troubles psychologiques ou moteurs (névrose, alcoolisme ou abus
de drogues). Par ailleurs, les habitudes de vie personnelle, familiale et
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 17

sociale des travailleurs peuvent aussi engendrer des problèmes d’adap-


tation et de comportement qui ont un effet de synergie avec les
problèmes inhérents au milieu du travail. Si celui-ci ne peut être un
milieu thérapeutique, on peut pour le moins souhaiter qu’il ne constitue
pas un facteur d’aggravation.

Les risques à la sécurité

Les agents mécaniques


De façon générale, une grande partie de la recherche, des pro-
grammes mis en place en industrie et des statistiques recueillies portent
sur les accidents du travail, parce qu'ils sont observés depuis longtemps
et que leurs effets sont coûteux économiquement.

Les risques à la sécurité peuvent être divisés selon la forme


d'énergie impliquée, comme le montre le Tableau 4.

Tableau 4
Risques relatifs à la sécurité
Agents’ Effets’
I
1. Energie mécanique Revêtent diverses formes: fractures,
(i.e. être frappé, heurté, coincé coupures, irritations, amputations, etc.
par un objet; glisser ou chuter, etc.)

2. Énergie thermique Brülures

3. Énergie électrique Chocs, électrocutions

4. Énergie chimique Intoxication aiguë ou brûlures causées


par des produits chimiques
1 Pour chacune de ces catégories, les éléments cités ne sont pas exhaustifs.

On ne saurait déterminer aisément tous les facteurs qui influent


sur la sécurité des travailleurs. Une bonne partie est reliée à de
l'équipement en mauvais état (machineries non protégées, corridors
encombrés, appareils électriques mal isolés, etc.).

À ces facteurs, peut s'ajouter un milieu de travail généralement


défavorable qui génère de la fatigue et provoque un relâchement de
18 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

l’attention, amplifiant ainsi les risques d’accidents déjà


J présents. De
plus, de mauvaises méthodes de travail et un manque de formation et
d’information des travailleurs accroissent encore les risques
q d’ac-
cidents.

Les risques à la santé dans l’industrie:


situation québécoise
Il est incontestable que la situation québécoise en matière de
risques industriels demeure largement inexplorée. Il n'existe aucune
étude d'envergure axée sur la quantification des risques auxquels
s’exposent les travailleurs québécois dans l'exercice de leurs fonctions.
D'autre part, comme l’industrie n’est d'aucune façon astreinte à décla-
rer la présence de ces risques, la détermination du profil d'exposition du
travailleur québécois demeure plutôt floue.

Sur ce point bien précis, il semblerait que le Québec accuse un


certain recul sur son passé. En effet, en 1938-1939, la Division de
l'hygiène industrielle du ministère de la Santé avait effectué une
enquête dans 3,000 établissements employant 146,000 travailleurs afin
« d'obtenir une image représentative des conditions de travail (...), de
s’enquérir des dangers pour la santé qui pouvaient exister dans chaque
occupation (...), d'orienter les efforts de la Division en lui faisant
découvrir les problèmes les plus urgents (...), et d'établir un program-
me efficace de prévention des maladies du travail »'.

Cette enquête dont le docteur Tourangeau, alors directeur de la


Division de l'hygiène industrielle, décrivit les résultats dans un article
toujours d’actualité, indiquait que 22,000 ouvriers étaient exposés à un
bruit excessif, 11,000 à la chaleur sèche ou rayonnante, 50,000 à des
poussières diverses (dont plus de 6,000 à des poussières de silice? et
2,000 aux poussières d'amiante), 16,000 à des affections de la peau, plus
de 7,000 au plomb, 6,000 au benzol et 2,500 au mercure.

1 F.J. Tourangeau, « La Division de l'hygiène industrielle », Bulletin sanitaire, vol. 47, no 2,


mars-avril 1947.
2 Le docteur Tourangeau mentionne que ce chiffre est bien inférieur à la réalité.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 19

On chercherait vainement aujourd’hui des statistiques aussi pré-


cises et détaillées. Décrire la situation actuelle relève du lieu commun
tant les sources de statistiques sont rares. Articles de journaux, revues
scientifiques, entrevues et études diverses renvoient invariablement aux
chiffres d’un rapport des Services de protection de l’environnement,
qui décrit ainsi la situation actuelle:

1. Environ 8,000 établissements industriels manipulent des subs-


tances dangereuses à une étape quelconque ou tout au long de leur
processus de production.

2. Dans 4,000 établissements industriels, le bruit dépasse les nor-


mes prescrites par la loi (90 décibels), exposant ainsi 120,000
travailleurs à la surdité industrielle.

3. Environ 70,000 travailleurs sont en contact avec des substances


pouvant provoquer des maladies pulmonaires.

4. Environ 1,000 cas d'intoxication sont causés chaque année par


l'exposition à des gaz, à la fumée, ou aux poisons liquides et
solides.

A ces chiffres, ajoutons 12,000 travailleurs exposés aux rayonne-


ments ionisants? et nous avons brossé une évaluation sommaire de la
situation québécoise.

C'est bien peu pour décrire l’ampleur des risques auxquels les
travailleurs québécois sont exposés, d'autant plus que ces statistiques
ne touchent que des risques professionnels bien déterminés, sur les-
quels on dispose d’une somme importante de connaissances scientifi-
ques. Sont exclues de cette analyse toutes les maladies (cardio-
vasculaires, cancers, bronchites chroniques, stress) dont on présume
qu’elles peuvent être d’origine industrielle ou aggravées par le milieu de

1 R. Moisan, J.A. Roy, Mémoire au comité interministériel de l'hygiène et de la sécurité du


travail sur l’organisation, les méthodes, solutions, initiatives et besoins, concernant l’applica-
tion de la Loi de la qualité de l’environnement, Services de protection de l’environnement,
août 1974.
2 Jean-Claude Dionne, Projet de programme de surveillance médicale des travailleurs exposés
aux rayonnements ionisants, ministère des Affaires sociales, 1975.
20 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

travail mais pour lesquelles on ne possède pas de connaissances


scientifiques suffisamment étayées.

À défaut de statistiques québécoises, l’état des données américai-


nes permet d’entrevoir l’ampleur du problème.

Pour les seuls risques causés par l'exposition aux produits chimi-
ques:

«un demi-million de produits chimiques environ


sont produits et utilisés dans ce pays, 12,000 d’entre
eux sont d’un usage très répandu en milieu industriel.
De plus, on évalue à 3,000 le nombre de nouveaux
produits chimiques qui sont synthétisés chaque an-
née, dont 500 trouvent une utilisation industrielle »*.

Il existe des normes d’hygiène industrielle pour 650 produits


chimiques seulement.’

D'autre part, une étude effectuée dans les états de l’Orégon et de


Washington, auprès de 140 petites entreprises à risques élevés (de 8 à
150 employés), y compris les industries agricoles, a permis de déceler
11,873 expositions éventuellement dangereuses pour les 3,693 travail-
leurs, soit en moyenne 3.2 expositions par travailleur. Le contrôle de
72% de ces expositions a été jugé « satisfaisant ». Les principaux
risques auxquels étaient exposés les travailleurs comprenaient le bruit,
les solvants, les plastiques, les poussières abrasives, les huiles et les
graisses, la chaleur et les vibrations?.

Toujours selon des études américaines*, 65% des travailleurs


industriels seraient exposés à des produits toxiques ou à des agents
physiques, tels le bruit et les vibrations. De ce nombre, 25% seraient
bien protégés. Les autres n'auraient aucune protection.

1 Nicolas Ashford, 1973 Priority list, cité dans Crisis in the Workplace :Occupational Disease
and Injury, the M.LT. Press, Cambridge, Mass., 1976, p. 88.
2 Discher, D., Kleiman G. et Foster, F., Pilot Study for Development of an Occupational
Disease Surveillance Method. HEW Publication, NIOSH, mai 1976, cité dans Hygiène du
travail au Canada. Situation Présente, ministère de la Santé nationale et du Bien-être social,
Ottawa, juin 1977.
3 N. Ashford, Crisis in the Workplace: Occupational Disease and Injury, op. cit. p. 86.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 21

Finalement, une étude effectuée par l’Université de Washington


conclut que 31% des problèmes de santé (anémie, surdité, maladies
respiratoires, dermatoses, etc. ) rencontrés chez 908 travailleurs sont
fort probablement reliés au travail!.

Rien ne nous permet d'affirmer que la situation est aussi critique


au Québec; mais rien, d'autre part, ne nous indique qu’elle serait
meilleure. Dans la mesure où la réalité américaine aurait une certaine
correspondance avec celle du Québec, les chiffres officiels québécois
seraient loin de refléter la situation véritable.

L'absence d’un profil d'exposition des travailleurs québécois aux


risques industriels ne tient pas tant à la pénurie de données qu’à
l'impossibilité de les regrouper en unités comparables, tellement elles
sont disparates et dispersées dans des organismes divers: universités,
services d'inspection des ministères, Commission des accidents du
travail, départements de santé communautaire, etc. La nécessité d’un
centre de collecte et d'analyse des données est réelle et urgente. Quelle
preuve illustre mieux cette nécessité que le cas des travailleurs exposés
au chlorure de vinyle, chez qui on a découvert récemment qu'ils peuvent
développer des angiosarcomes du foie? S'il nous est possible d'exercer
sur les travailleurs exposés actuellement à ce toxique une surveillance
médicale axée sur le dépistage précoce d’atteintes au foie, nous demeu-
rons impuissants face aux travailleurs qui ont quitté les compagnies
concernées, faute de pouvoir retracer leur identité sans la collaboration
des anciens employeurs.

Malgré les lacunes des données québécoises, les statistiques que


nous possédons dénombrent suffisamment de problèmes actuels et
potentiels pour justifier des interventions vigoureuses. D'autre part, le
progrès technique et les inventions industrielles, qui ont permis
l’accroissement de la productivité et l'augmentation des bénéfices,
peuvent certainement intervenir dans la solution des problèmes de
santé et de sécurité. De ce côté, nous sommes loin d’être démunis.

1 Discher, D., Pilot Study for Development of an Occupational Disease Surveillance Method,
op. cit., cité dans Ashford, Crisis in the Workplace, p. 96.
22 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Statistiques sur les accidents du travail


et les maladies professionnelles
au Québec (1973-1977)
Comme on vient de le souligner, nous ne possédons guère de
données sur la distribution des facteurs de risques auxquels est exposée
la main-d'oeuvre québécoise. C’est uniquement au moment où les
facteurs de risque deviennent des faits concrets (des accidents ou des
maladies) qu'il est possible, dans la situation actuelle, d’en faire un
examen précis et documenté. Entre autres, nous pouvons maintenant
discerner les secteurs d'activité économique où les risques de subir un
accident ou une maladie professionnelle sont les plus élevés et voir, à
l’intérieur même de ces secteurs, le type d’accident ou de maladie qui
survient. Nous sommes aussi en mesure d'analyser les accidents et les
maladies par rapport à l’âge des travailleurs.

L'analyse des accidents du travail et des maladies professionnel-


les que nous présentons dans cette section a été réalisée à partir du
rapport statistique 1978 de la Commission des accidents du travail du
Québec!.

Une remarque générale s'impose au sujet des données contenues


dans ce document: elles ne représentent pas la totalité des accidents et
des maladies du travail survenus au Québec, et ce, pour trois raisons.
D'abord, la juridiction de la Commission des accidents du travail, telle
que définie par la Loi des accidents du travail, ne s'étend pas aux
secteurs de l’agriculture traditionnelle et des services domestiques. La
Commission ne peut donc fournir de données précises pour ces sec-
teurs. Deuxièmement, les employeurs, les administrateurs d’une corpo-
ration et les travailleurs indépendants ne sont pas dans l'obligation de
s'inscrire à la Commission. Celle-ci estime que environ 55% de ces
derniers s’assurent auprès d’elle?. Il est donc clair qu’un grand nombre
d'accidents et de maladies survenant à ces personnes ne sont pas
connus de la Commission. Enfin, on sait par expérience qu’un certain

1 Statistiques sur les accidents du travail 1973-1977, septembre 1978, Québec, Commission
des accidents du travail, Service de la statistique.
2 Ce pourcentage est cependant beaucoup plus élevé dans certains cas. Entre autres, les
camionneurs artisans et les travailleurs forestiers indépendants sont souvent obligés de
s'inscrire à la Commission des accidents du travail par les employeurs qui les embauchent.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 23

nombre d'accidents ou de maladies qui surviennent dans des entrepri-


ses pourtant couvertes par la Commission ne sont pas rapportés à
celle-ci.

Malgré tout, les données de la Commission des accidents du


travail sont suffisamment complètes pour permettre de tracer un por-
trait d'ensemble éminemment valable de la fréquence et de la gravité
des accidents du travail et des maladies professionnelles.

Fréquence des accidents du travail et


des maladies professionnelles

La répartition des accidents du travail et


des maladies professionnelles
selon les secteurs d’activité économique
La lecture des tableaux de cette section nous montre l’évolution
des accidents du travail et des maladies professionnelles au cours des
années 1973 à 1977, et nous permet de dégager les différents secteurs
d'activité économique qui se caractérisent soit par un grand nombre
d'accidents du travail ou de maladies professionnelles, soit par un
grand nombre d’accidents et de maladies par 100 travailleurs.

L'examen du Tableau 5 révèle qu’il s’est produit au Québec


plus de 265,000 accidents du travail en 1977. Près de 60% d’entre eux
(155,585) obligèrent les accidentés à s’absenter du travail durant une
période excédant la journée de l'accident.

En analysant l’évolution des accidents du travail au cours des


années 1973 à 1977, on remarque que le nombre d'accidents ne requé-
rant que des soins médicaux tend à diminuer depuis 1976, tandis que le
nombre des accidents qui entraînent une absence au travail’ augmente
considérablement depuis cette même date. Cette remarque nous incite à
croire que, depuis 1976, les accidents du travail ont des conséquences de
plus en plus graves.
Parmi les secteurs d’activité économique, cinq secteurs regrou-
pent à eux seuls 60% des accidents du travail. Ces secteurs sont les
suivants:

1 Dans ce texte, l'expression « accident entraînant une absence au travail » fera toujours
référence aux accidents empêchant le travailleur de poursuivre son travail au-delà de la
journée au cours de laquelle il a été victime d’un accident.
Îles

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Les accidents du travail et les maladies prof, essionne Îles
25
26 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Services socio-culturels, commerciaux et personnels


Bâtiments et travaux publics
Commerce
Administration publique
ES
Transport, communications et autres services publics

A l'exception du secteur de l’administration publique, tous ces


secteurs ont connu, en 1977, une hausse dans leur nombre d’accidents
entraînant une absence au travail.
En ce qui a trait maintenant aux maladies professionnelles, le
Tableau 7 donne leur répartition par secteur d’activité économique.
Avant d'en analyser le contenu, mentionnons tout d’abord que la
Commission des accidents du travail a enregistré 6,364 demandes
d'indemnisation pour des maladies professionnelles en 1977 dont la
répartition par nature est présentée au Tableau 6.

Tableau 6
Nature de la maladie professionnelle et nombre de cas (1977):

Surdités 1,693
Maladies infectieuses ou parasitaires 1,390
Dermatoses 1,165
Intoxications, incommodations 962
Pneumoconioses 380
Maladies musculo-squelettiques 335
Allergies respiratoires 26
Autres 413

Total 6,364

1 Deux remarques s'imposent. D'une part, les nombres figurant à ce tableau excluent les
demandes provenant des secteurs « Agriculture », « Chasse et Pêche » et « Activités
indéterminées et imprévues ». Si l’on avait inclus ces secteurs dans nos calculs, le nombre
total de demandes reçues à la Commission des accidents du travail serait de 6,604 en 1977 au
lieu de 6,364.
D'autre part, il s’agit ici de dossiers ouverts et, pour les maladies évolutives en particulier,
cela ne correspond pas nécessairement au nombre qui sera effectivement reconnu et accepté.
Par exemple, en 1977, 15% des demandes d'indemnisation étudiées pour des pneumoconio-
ses ont été reconnues et 63% des demandes d'indemnisation étudiées pour surdité ont été
reconnues.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 27

On remarque, dans ce tableau, que près de 67% des demandes


d'indemnisation pour des maladies professionnelles enregistrées en
1977 sont constituées par des dermatites, des maladies infectieuses ou
parasitaires et des problèmes de surdité.

En considérant la répartition des maladies professionnelles par


secteur d'activité économique, il ressort du Tableau 7 que six secteurs
totalisent à eux seuls 70% des cas de maladies professionnelles, bien
que ces secteurs ne regroupent que 45 % des salariés du Québec. Ces six
secteurs sont, par ordre décroissant (en 1977):

1. Services socio-culturels, commerciaux et personnels 1,687


2. Mines et carrières 1,098:
3. Administration publique 738
4. Bâtiments et travaux publics 486
5. Fabrication d'équipement de transport 276
6. Fabrication de produits en métal 225

Quant aux demandes qui, jusqu’à présent, ont entraîné une


absence au travail et/ou une incapacité permanente, les cinq premiers
secteurs se retrouvent à nouveau en tête de liste; toutefois, un autre
secteur s’y ajoute, celui des aliments et boissons qui précède le secteur
de la fabrication d'équipement de transport.

Il est à remarquer que le nombre total de demandes d’indemnisa-


tion pour maladies professionnelles ne cesse de s’accroître depuis 1974.
C'est le secteur des services qui, depuis cette date, connaît le plus fort
accroissement dans le nombre de réclamations présentées à la Commis-
sion des accidents du travail.

Maintenant, si l’on établit une relation entre l’emploi des secteurs


d'activité économique et le nombre d'accidents et de maladies qui, dans
ces secteurs, ont entraîné une absence au travail, nous serons en mesure

1. Nous tenons ici à souligner que le secteur des mines regroupe toutes les unités qui
constituent le secteur d'activité économique « Mines et carrières » de la classification des
activités économiques du Bureau de la statistique du Québec.
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Les accidents du travail et les maladies

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Les accidents du travail et les maladies professionnelles

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29
30 : Les accidents du travail et les maladies professionnelles

de déterminer les secteurs où le nombre d'accidents et de maladies par


100 travailleurs est le plus élevé’.

Tout d’abord, le Tableau 8 révèle que, pour l’ensemble des


secteurs d'activité économique, il s’est produit au Québec une moyen-
ne de 7 accidents et maladies par 100 travailleurs durant les cinq
dernières années.

Actuellement, nous pouvons dire qu'environ un travailleur sur


13, annuellement, subit un accident du travail ou une maladie profes-
sionnelle qui l’oblige à s’absenter de son travail. Quant au nombre
d'accidents et de maladies par 100 travailleurs, on note que celui-ci a
connu une baisse en 1975 mais, par la suite, il a continuellement
augmenté, passant de 6.99 en 1975 à 7.41 en 1977.

Les cinq secteurs d'activité économique qui connaissent, depuis


ces dernières années, le plus grand nombre d'accidents et de maladies
par 100 travailleurs sont, par ordre décroissant:

1975 1977
1. Forêt 29.38 33.40
2. Fabrication de produits en métal 26.61 31.82
3. Industrie du bois 1822021721
4. Bâtiments et travaux publics 15.31 20:03
5. Fabrication d'équipement de transport 14.26 18.80

Il se produit dans ces cinq secteurs et dans celui des aliments et


boissons au moins deux fois plus d’accidents et de maladies par 100
travailleurs qu’il en arrive, en moyenne, pour l’ensemble des secteurs.
Depuis 1976, le secteur des mines et carrières et celui du meuble sont
eux aussi très près du double.

Parmi les secteurs d'activité économique précités, seuls les sec-


teurs du bâtiment et des travaux publics, des mines et du meuble ont

1 À moins d'avis contraire, lorsqu'on parlera dans ce texte du nombre d'accidents et de


maladies par 100 travailleurs, on fera toujours référence aux accidents et aux maladies qui
ont entraîné une absence de travail. Par ailleurs, pour calculer le nombre de travailleurs par
secteurs d'activité économique, on a retenu le concept de « salarié » de Statistique Canada.
Ce concept n'inclut ni les travailleurs indépendants ni les chômeurs. Ce concept est donc un
bon estimateur de la clientèle de la Commission des accidents du travail.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 31

connu une baisse en 1977, par rapport à 1976, dans le nombre d’acci-
dents et de maladies par 100 travailleurs.

Enfin, mentionnons que si nous avions tenu compte des accidents


et des maladies n'ayant requis que des soins médicaux, dans le calcul du
nombre d'accidents et maladies par 100 travailleurs, l’ensemble des
secteurs d'activité économique aurait connu une moyenne de 13 acci-
dents et maladies par 100 travailleurs (nous en avons calculé 12.44 en
1973, 13.74 en 1974, 13.58 en 1975, 13.46 en 1976 et 12.86 en 1977).

On note par ces derniers chiffres qu’en considérant tous les


accidents du travail et les maladies professionnelles, le nombre d’acci-
dents et maladies par 100 travailleurs diminue depuis 1975. Par contre,
en ce qui concerne les accidents et les maladies qui entraînent une
absence au travail, leur nombre par 100 travailleurs augmente depuis
1976 (cf. Tableau 8). Cette situation nous fait à nouveau prendre
conscience que, sur l’ensemble des accidents et des maladies qui sur-
viennent au Québec depuis 1976, il y a de plus en plus d’accidents et de
maladies qui entraînent, au minimum, une absence au travail.

Pour résumer ce qui s’est dit, jusqu’à présent, sur les statistiques
des accidents et des maladies du travail, nous indiquerons ci-dessous
les secteurs d'activité économique qui se sont le plus caractérisés au
cours des cinq dernières années.

Les secteurs regroupant le plus grand nombre:

a) d'accidents du travail:
. Services socio-culturels
. Bâtiments et travaux publics
Commerce
. Administration publique
mn
ND
»&u . Transport, communications

b) de maladies professionnelles:
1. Services socio-culturels
2. Mines et carrières
3. Administration publique
4. Bâtiments et travaux publics
a]2 « Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Tableau 8
Nombre d'accidents du travail et de maladies professionnelles
par 100 travailleurs selon les secteurs d'activité économique"
Nombre d’accidents et de maladies par
Secteurs d'activité économique 100 travailleurs
1973 1974 1975 1976 1977
FORÊT: 29.38 31.11 30.62 31.96 33.40
MINES ET CARRIÈRES 9:50 1278 12.75 14:52 14.02
INDUSTRIES MANUFACTURIERES:
- aliments et boissons 13.40 15.77 14.95 15.47 16.82
- industrie du tabac 4.96,05.51% «5,50 25.49205.78
- caoutchouc et produits en
matière plastique 413.0 567 ./5582 5,900 6:50
- industrie du cuir 7.13 8.28 6.38 6.81 7.08
- industrie textile 6:742.:7.622 «6.96... 18:15, 7.58
- bonneterie et habillement 283 329 294. 332 1.328
- industrie du bois 18.320 2140 18.312096" "2171
- industrie du meuble 13.37 15.26 12.46 14.50 13.78
- papier et activités connexes 4.99 5.79 5.12 5.83 6.09
- imprimerie et édition 4.99 5.78 5.25 6.50 6.65
- transformation des métaux 7.37 009080 10.29% 5.58 0017:52
- fabrication des produits en métal 26.61 30.68. 27.93% 31.33 131.82
- fabrication de machines 7,70 110,329 V943 1931 e817
- fabrication d'équipements
de transport ADO O2 MONTE 201860
- fabrication de produits
électriques 4.46 9.39 4.98 D'T7 526
- fabrication de produits minéraux
non métalliques 13.25. 15.00111520 12.564 1165
- produits du pétrole et du charbon 0.35 0:33 0.11 0.52 "031
- industrie chimique 5.06 15.77." 6.07. 6.27 0016.63
- industries manufacturières diverses 8.00 10.01 10.58 11.35 12.69
TOTAL: industries manufacturières 9.20 10.80 10.30 10.74 10.93
BÂTIMENT ET TRAVAUX PUBLICS 15.31 17.62 19.28 20.69 20.03
TRANSPORT, COMMUNICATIONS
ET AUTRES SERVICES PUBLICS 512 5.99 5.87 6.07 6.30
COMMERCE 4.47 5,22 5.16 5.80 5.80

FINANCE, ASSURANCES,
IMMEUBLES 0.53 0.62 0.64 071 O7

SERVICES SOCIO-CULTURELS,
COMM. ET PERSONNEL 2.52 2.80 2.93 3.13 3.31
ADMINISTRATION PUBLIQUE 8.81 10.30 9.97 11.15 10.79

Ensemble des secteurs 6.29 7.28 6.99 7.36 7.41


1 Le nombre d'accidents et de maladies par 100 travailleurs ne fait référence qu'aux accidents et
aux maladies ayant entraîné une absence au travail.
2 Le nombre d'accidents et de maladies par 100 travailleurs dans le secteur de la « Forêt » est
légèrement surestimé, étant donné que le concept « salariés » sous-estime quelque peu la
clientèle réellement couverte par la Commission des accidents du travail dans ce secteur.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 33

5. Fabrication de produits en métal


6. Fabrication d'équipement de transport

c) d'accidents et de maladies par 100 travailleurs:


Forêt
Fabrication de produits en métal
Industrie du bois
Bâtiments et travaux publics
Es
à;
at Fabrication d'équipement de transport

Parmi tous les secteurs d'activité économique, on remarque qu'il


y en a dix qui possèdent au moins une des trois caractéristiques. Le
secteur du bâtiment et des travaux publics se retrouve sous les trois
caractéristiques. Trois autres secteurs se retrouvent sous deux caracté-
ristiques: les services socio-culturels, l’administration publique et la
fabrication de produits en métal.

En ce qui a trait à la nature des accidents du travail qui survien-


nent dans ces secteurs d'activité économique, on y retrouve beaucoup
d’entorses, de contusions, d’écorchures et de coupures. Les blessures se
produisent surtout aux membres supérieurs et inférieurs, au dos et à
l'oeil.

Les accidents sont le plus fréquemment provoqués par des heurts,


des efforts excessifs, des chutes et par frottement. Finalement, souli-
gnons que les principales causes des accidents du travail sont: les
articles de métal, les surfaces de travail, les mouvements du corps, les
véhicules, les contenants et les machines.

Nous décrivons dans les Tableaux 9a et 9b la nature principale


des maladies professionnelles propres aux six secteurs économiques les
plus touchés et le nombre de maladies professionnelles par 100 travail-
leurs, selon les secteurs d'activité économique.

Enfin, il est intéressant de remarquer que le pourcentage de


salariés ayant rapporté à la Commission une maladie professionnelle
est inférieur à 1% de l’ensemble des salariés de chaque secteur d’activi-
té économique. La seule exception est le secteur des mines où le nombre
de demandes d'indemnisation pour des maladies professionnelles a été
de 4.39 pour 100 travailleurs en 1977. D'ailleurs, ce secteur, qui ne
34 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Tableau 9a
Nombre et nature des maladies professionnelles
pour les secteurs les plus touchés
Nombre total
Secteur d'activité des maladies Description
professionnelles’
RS ee
1. Services socio-culturels, 1,687 74% de ces maladies étaient
communautaires ou personnels des maladies infectieuses ou
parasitaires
2. Mines et carrières 1,098 91% de ces maladies étaient
des cas de surdité (70%) et
des pneumoconioses (21%)
3. Administration publique 738 74% de ces maladies étaient
des intoxications ou des
incommodations (41%) et
des dermatoses (33%)
4. Bâtiments et travaux publics 486 55% de ces maladies étaient
des dermatoses (35%) et
des cas de surdité (20%)
5. Fabrication d'équipement 276 62% de ces maladies étaient
de transport des cas de surdité (43%) et
des dermatoses (19%)
6. Fabrication de produits 225 50% de ces maladies étaient
en métal des cas de surdité (31%) et
des dermatoses (19%)

1 À remarquer qu'il s’agit ici de demandes d'indemnisation reçues à la Commission des


accidents du travail. Donc, ce n’est pas nécessairement le nombre de maladies qui sera
reconnu. Voir note 1 du Tableau 6.

regroupe que 1.2% des travailleurs du Québec, totalise 56% des cas de
pneumoconiose et 42% des cas de surdité ayant été soumis à la
Commission des accidents du travail en 1977.

La répartition des accidents du travail et des maladies


professionnelles selon l’âge du travailleur
Le Tableau 10 révèle que le nombre d'accidents par 100 travail-
leurs décroît avec l’âge, ce qui signifie que les accidents du travail sont
plus fréquents chez les jeunes travailleurs que chez les plus âgés.
Cependant, on constate, à la lecture du Tableau 11, que les accidents du
travail subis par les travailleurs âgés sont généralement plus graves. En
effet, il ressort de ce tableau que:
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 35

Tableau 9b
Nombre de maladies professionnelles par 100 travailleurs
selon les secteurs d'activité économique
Maladies professionnelles par
Secteur d'activité économique 100 travailleurs
1974 1975 1976 1977
Forêt OL 0.34 0.49 0.55
Mines et carrières 1.24 7.19 6.55 4.39
Industries manufacturières 0.10 0.39 0.32 0.35
Bâtiment et travaux publics 0.08 0.27 0.37 0.48
Transport, communications
et autres services publics 0.05 0.06 0.09 0.10
Commerce 0.01 0.04 0.06 0.07
Finances, assurances, immeubles — 0.01 0.01 0.01
Services socio-culturels,
commerciaux et personnels 0.04 0.09 0.14 0.27
Administration publique 0.16 0.24 0.41 0.51
Totaux 0.08 0.25 0.27 0.30
SR Or dePoe tn
1 Le nombre de maladies professionnelles représente le nombre total de demandes d’indemni-
sation reçues à la Commission des accidents du travail.

1. le nombre moyen de jours indemnisés par accident est plus élevé


chez le travailleur âgé que chez le jeune travailleur; cela signifie
que la période de convalescence est plus longue chez le travailleur
âgé;

2. le pourcentage des accidents se traduisant par une fracture est


plus élevé chez le travailleur âgé tandis que le pourcentage des
accidents se traduisant par une égratignure est plus élevé chez le
jeune travailleur.

Quant au nombre d'accidents par 100 travailleurs, on remarque


qu'il tend à croître depuis les cinq dernières années pour les groupes
d'âge variant entre 20 et 65 ans (cf. Tableau 10).

En ce qui concerne les maladies professionnelles, on note que,


contrairement aux accidents du travail, le nombre de maladies par 1,000
travailleurs croît avec l’âge. De plus, depuis 1974, ce nombre augmente
de façon continue pour les groupes d’âge variant entre 20 et 44 ans et
A
36 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

pour celui des 65 ans et plus. Par contre, en ce qui a trait aux travailleurs
âgés de 45 à 64 ans, il y a eu une baisse en 1977 dans le nombre de
maladies déclarées par 1,000 travailleurs. Finalement, le Tableau 12,
montrant la répartition des maladies professionnelles selon l’âge des
travailleurs, révèle qu'il n’y a que les pneumoconioses et les cas de
surdité qui augmentent avec l’âge. En fait, chez les jeunes travailleurs
on rencontre surtout des dermatoses, des intoxications ou incommoda-
tions et des maladies infectieuses ou parasitaires, tandis que chez les
travailleurs plus âgés on retrouve beaucoup de cas de surdité et de
pneumoconiose.

Tableau 10
Nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles
selon l’âge des travailleurs (1973-1977)
Accidents par 100 travailleurs’ Maladies par 1,000 travailleurs?
Groupe d'âge
1973% 1974 1975 1976 1977 1974 1975 1976 1977

Moins de
20 ans 8.46 10.00 8.69 9.53 9.14 0.69 1.39 IN ZE 1.66

20-24 6.88 7.96268;0200 879936 0.66 172 1.99 2.86

25-34 577 6.84 6.77 7.10 7.64 0.61 1.45 1.88 2.46

35-44 5.56 6.35 6.28 6.64 6.91 0.63 2 25: 2.70

45-54 4.39 9,225 260005 59619 0.74 30 3.78 3.58

55-64 3.80 4.34 4.63 5.00 5.45 0.91 4.52 5.48 5.29

65 et plus 1.30 L'OOMAC7R L2 NIE EI 0.90 4.82 5.47 5.89

1 Il ne s’agit ici que des accidents du travail ayant entraîné une absence au travail.
2 Pour le nombre de maladies professionnelles, nous avons préféré prendre le nombre total des
demandes reçues à la CAT plutôt que seulement les demandes qui ont entraîné une absence
au travail et/ou une incapacité permanente, car plusieurs cas de maladies professionnelles
sont encore à l'étude et nous n’en connaissons pas les résultats (ceci vaut particulièrement
pour les années récentes).
3 En 1973, il n’a pas été possible de distinguer les maladies professionnelles des accidents du
travail. Donc, le nombre d'accidents par 100 travailleurs fait référence, en 1973, au nombre
d'accidents et de maladies par 100 travailleurs.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 37

Tableau 11
Nombre d’accidents du travail, nombre moyen de jours
indemnisés par accident, nombre et proportion des fractures
et des égratignures selon l’âge des travailleurs (1977)
Nombre Nombre moyen de Fractures Égratignures
Groupes d’âge d'accidentsÆ jours indemnisés
à : 2"
du travail par accidents Nombre Prop. Nombre Prop.
%° %°

Moins de
20 ans 17,411 9.1 789 4.53 2,544 14.61

20-24 31,901 10.8 1,384 4.34 4,252 15733

25-29 25,229 13.0 1,323 5.24 3,023 11.98

30-34 20,036 16.0 1181 5.89 2,275 PS5

35-39 15,484 19.4 1,023 6.61 1,679 10.84

40-44 13,306 2172 962 7223 1,306 9.82

45-49 11,972 21.6 905 756 1,104 9.22

50-54 9,644 227 882 9.15 819 8.49

55-59 6,674 22.6 654 9.80 570 8.54

60-64 3,714 239 408 10.99 280 7.54

65 et plus 578 24.7 75 12.98 47 815


ERREUR ne A PS EE D DR Se Pre von
1 Le nombre d'accidents du travail ne représente que les accidents qui ont entraîné une absence
au travail.
2 Les jours indemnisés représentent les jours de convalescence pour lesquels la CAT compense
le manque à gagner du travailleur.
3 La proportion représente le pourcentage des fractures ou des égratignures par rapport au
total des accidents de chacun des groupes d’âge (ex.: pour les moins de 20 ans, 4.53% des
accidents sont des fractures et 14.61% des accidents sont des égratignures).

Gravité des accidents du travail et


des maladies professionnelles
Alors que la partie précédente met en évidence la fréquence des
accidents du travail et des maladies professionnelles, nous tenterons
maintenant de rendre compte de leur gravité en utilisant les trois
38 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Tableau 12
Répartition des principales maladies professionnelles
selon l’âge des travailleurs (1977)
Intoxica- Maladies | Maladies
Groupes
d'âge Dermatoses , ins.
indisposi- infectieuses Pneumo- Surdité Musculo-
ou conioses sauéloillides
tions parasitaires q 4

Moins de
20 ans 152 71 59 il E 14

20-24 257. 174 401 1 20 54

25-29 172 148 315 2 38 46

30-34 151 146 176 15 83 42

35-39 87 125 124 15 126 30

40-44 81 86 100 38 177 49

45-49 92 76 83 62 253 46

50-54 76 56 45 83 273 26

55-59 51 41 44 76 303 20

60-64 31 18 14 43 304 6

65 et plus 4 1 1 31 172 1

indicateurs suivants: les jours indemnisés, les décès et les incapacités


permanentes.

Jours indemnisés à cause des accidents du travail et


des maladies professionnelles
Nous introduisons ici la notion de jours indemnisés qui, rappe-
lons-le, signifie les jours de convalescence pour lesquels la Commission
des accidents du travail compense le manque à gagner du travailleur. Le
Tableau 13 indique que les accidents du travail et les maladies
professionnelles entraînent annuellement plus de deux millions et
demi de jours de convalescence pour les travailleurs québécois. Le
secteur du bâtiment et des travaux publics en occasionne à lui seul près
d’un demi-million. Par ailleurs, il faut bien préciser que les jours
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 39

indemnisés ne représentent qu’une partie des jours de travail réellement


perdus par la main-d'oeuvre québécoise à cause d’accidents ou de
maladies du travail. En effet, plusieurs travailleurs, même après leur
période de convalescence terminée, ne peuvent réintégrer leur emploi;
nous n'avons qu’à songer au travailleur qui, à la suite d’un accident, se
retrouve avec une incapacité permanente qui l’empêche d'occuper le
même emploi qu'auparavant.

Ainsi, pour estimer de façon beaucoup plus juste la gravité des


accidents et des maladies, nous nous sommes inspirés de la méthode
Z.16.1 pour calculer le nombre de « jours perdus » suite aux accidents
et maladies du travail’. Selon cette méthode, le nombre de jours
perdus à cause des accidents du travail et des maladies profession-
nelles survenus en 1976 serait de l’ordre de 7,782,000 jours. Il faut
bien comprendre que ce nombre n’est pas le nombre de jours qui fut
perdu en 1976. En effet, une certaine partie des jours perdus doit plutôt
être étalée sur plusieurs années. Si l’on prend l'exemple d’un travailleur
qui décède sur un lieu de travail, ce dernier perd des jours de travail non
seulement durant l’année au cours de laquelle il est mort, mais il perd
aussi tous les jours de travail qu’il aurait accomplis au cours de sa vie.

Maintenant, si l’on regarde le nombre moyen de jours indemnisés


par accident pour l’ensemble des secteurs d'activité économique, on
remarque que ce nombre diminue depuis 1973 (il est passé de 21.7 en
1973 à 18.5 en 1976). Toutefois, il faut être très prudent dans l’interpré-
tation de ces données, car nous ne pouvons pas affirmer que la gravité
des accidents diminue depuis 1973, puisqu'il y a d’autres facteurs qui
influencent beaucoup la période de convalescence des accidentés et des
malades; entre autres, il y a l'amélioration des techniques médicales, la
spécialisation des médecins et l’amélioration de tout le processus de
réparation de la Commission des accidents du travail. Aussi, l’analyse
du Tableau 13 doit plutôt s'orienter vers l'identification des secteurs
d'activité économique où les accidents et les maladies apparaissent les
plus graves.

1 United States of America Standards Institute, Method of recording and measuring work
injury, 27 décembre 1967. (Z.16.1)
La méthode décrite dans le Z.16.1 pour calculer les « jours perdus » consiste à multiplier les
pourcentages d'incapacité permanente des accidents et des maladies par 6,000 jours et
d'ajouter ce résultat au nombre de jours indemnisés.
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Les accidents du travail et les maladies

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Les accidents du travail et les maladies

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42 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

En ce sens, on remarque dans le Tableau 13 qu’il y a cinq secteurs


d'activité économique qui ont connu chaque année, depuis 1973, un
« nombre moyen de jours indemnisés par accident » supérieur à celui
de la moyenne des secteurs. Ces cinq secteurs sont les suivants:

1973 1976
1. Forêt SFA | 29.3
2. Mines et carrières 35.3 26.5
3. Bâtiments et travaux publics 15 25.9
4. Transport, communications et
autres services publics 26.0 24.8
5. Papier et activités connexes 25.4 21.2

De plus, il est à souligner que trois autres secteurs ont presque


toujours eu un nombre moyen de jours indemnisés par accident supé-
rieur à la moyenne. Il s’agit des secteurs de la transformation des
métaux, de la fabrication de produits minéraux non métalliques et du
secteur des finances, assurances et affaires immobilières. Toutefois, ce
dernier secteur est celui dont la fréquence des accidents et des maladies
par 100 travailleurs est la moins élevée de tous les secteurs d’activité
économique (cf. Tableau 8).

Les décès
De façon générale, les accidents du travail et les maladies profes-
sionnelles provoquent, chaque année, le décès d’un salarié sur 10,000.
Pour 1975 et 1976, les deux années pour lesquelles la Commission des
accidents du travail a été en mesure de procéder à une révision systéma-
tique de ses dossiers sur les décès, le nombre de mortalités fut respecti-
vement de 280 et 245. Pour 1977, l'analyse de dossiers sur les décès n’est
pas encore terminée. Cependant, on peut affirmer qu’au 30 juin 1978
168 cas de mortalité de 1977 avaient été étudiés et acceptés par la
Commission des accidents du travail et 32 autres étaient encore sous
étude. Ces chiffres laissent donc entrevoir une diminution, depuis 1975,
des décès dus à un accident du travail ou à une maladie professionnelle.

On voit au Tableau 14 que les secteurs de la forêt et des mines et


carrières sont les plus susceptibles de causer des accidents mortels.
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 43

Tableau 14
Nombre de décès et taux de mortalité par secteur
d'activité économique
1975-1976:

1975 1976

Décès Nombre de Décès Nombre de


Secteur d'activité économique décès par 1,000 décès par 1,000
travailleurs travailleurs

FORÊT 17 115 14 1.03

MINES ET CARRIÈRES 21 0.89 19 0.76

INDUSTRIES MANUFACTURIÈRES 58 0.11 53 0.10

BÂTIMENT ET TRAVAUX PUBLICS 63 0.58 53 0.55

TRANSPORT, COMMUNICATIONS
ET AUTRES SERVICES PUBLICS 39 0.20 42 0.21

COMMERCE 23 0.07 16 0.05

FINANCES, ASSURANCES,
IMMEUBLES Al 0.01 2 0.02

SERVICES SOCIO-CULTURELS,
COMMERCIAUX ET PERSONNELS 27 0.05 18 0.03

ADMINISTRATION PUBLIQUE 29 0.21 25 0.18

AUTRES 2 == 3 =

TOTAL 280 0.14 245 0.12

1 Il importe ici d'apporter certaines précisions quant à la répartition des décès par secteur
d'activité économique. Tout d’abord, chaque décès a été identifié à un employeur, lequel a été,
par la suite, identifié à une activité économique. Ainsi, concernant les gros employeurs qui
n’ont qu’un seul dossier à la Commission des accidents du travail, tous les décès qui leur sont
imputés se retrouvent alors classifiés sous l’activité économique qui leur est attribuée.
Exemple: si l'employeur Iron Ore, en plus d'exploiter des mines, exploite aussi des chemins
de fer et des ports et qu’il ne possède à la Commission des accidents du travail qu’un dossier
et un même taux de cotisation pour toutes ses activités, tous les décès survenant chez
l'employeur Iron Ore seront alors enregistrés dans le secteur des « Mines et carrières »,
puisque l’activité principale de cette entreprise est l'exploitation minière. Cette remarque
s’applique à l’ensemble des tableaux par secteur d'activité économique.
44 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Dans le secteur de la forêt, environ un travailleur sur 1,000 décède à


cause de son travail et, dans le secteur des mines et carrières ,environ un
travailleur sur 1,200.

Le secteur du bâtiment et des travaux publics occupe le troisième


rang au niveau du nombre de décès par 1,000 travailleurs bien qu'il soit
celui qui, en nombre absolu, a connu le plus grand nombre de mortalités
de 1975 à 1976 (116 décès au total).

Enfin, l'administration publique et le secteur du transport,


communications et autres services publics sont les deux autres secteurs
à connaître un taux de mortalité supérieur à celui de l’ensemble des
secteurs.

Les incapacités permanentes


Les cas d’incapacités permanentes ne seront étudiés que pour les
années où les données de la Commission des accidents du travail sont
relativement complètes à ce sujet, soit pour les années 1973 à 1976. En
effet, on peut affirmer que la quasi totalité des accidents du travail
survenus durant ces années sont maintenant réglés.

Le Tableau 15 révèle que, d’une année à l’autre, il y a augmenta-


tion du nombre de cas d’incapacités permanentes; ce nombre est
passé de 7,706 en 1973 à 8,552 en 1976. Par ailleurs, on remarque que le
pourcentage de travailleurs atteints d’une incapacité permanente est
relativement constant depuis 1974. En fait, depuis cette date, on compte
environ 4.1 cas d'incapacité permanente par 1,000 travailleurs. On
dénote toutefois une légère augmentation en 1976.

Le secteur d'activité économique qui occasionne, en nombre


absolu, le plus d’incapacités permanentes au cours d’une année est celui
du bâtiment et des travaux publics. On y rencontre environ 1,500 cas
d'incapacités permanentes par année.

En ce qui concerne les secteurs où les travailleurs sont le plus


fréquemment atteints d’une incapacité permanente, on retrouve en tête
de liste plusieurs des secteurs qui s'étaient déjà caractérisés par leur
grand nombre d'accidents et de maladies par 100 travailleurs, soit les
secteurs:
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 45

Nombre d'incapacités
permanentes par 1,000
travailleurs en 1976

1. Forêt 37.4
2. Industrie du bois 15.7
3. Fabrication de produits en métal 15:0
4. Bâtiment et travaux publics 157

Un secteur s’y ajoute, celui des « Mines et carrières » (14.5


incapacités permanentes par 1,000 travailleurs). Notons que l’écart qui
sépare le secteur de la forêt des autres secteurs est très prononcé.

Pour illustrer la fréquence des cas d’incapacités permanentes par


rapport à l’ensemble des accidents du travail qui surviennent au
Québec, nous pouvons dire que, d’une façon générale, à tous les 33
accidents correspond un accident qui entraîne une incapacité perma-
nente. D’autres données de la Commission des accidents du travail
reproduites dans son rapport statistique nous permettent également de
confirmer la relation déjà observée au Tableau 11: la gravité des
blessures augmente avec l’âge. En effet, la répartition des cas d’incapa-
cités permanentes selon l’âge indique qu'il y a une plus grande propor-
tion de travailleurs âgés que de jeunes qui sont victimes d’une incapaci-
té permanente.

Par ailleurs, le Tableau 16 indique la répartition de cas d’incapa-


cités permanentes selon les pourcentages d'incapacité reconnus. Les
données font référence aux dossiers fermés en 1975 et englobent les
accidents du travail et les maladies professionnelles. Ce tableau
montre que la très grande majorité des cas d’incapacités permanen-
tes (83.8%) se situent entre 0.1 et 10%. Il est également intéressant
de noter que la strate 91-100% se démarque nettement des strates qui
la précèdent immédiatement.
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Les accidents du travail et les maladies

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professionnelles
48 Les accidents du travail et les maladies professionnelles

Tableau 16
Répartition des cas d’incapacités permanentes
selon les pourcentages d'incapacité reconnus
pour les dossiers fermés en 1975
Pourcentage d'incapacité Nombre de cas' %

OL —"10 7,823 83.8


11 — 20 1,093 1107
2180 228 2.4
31 — 40 55 0.6
41 — 50 33 0.4
51 — 60 20 02
61 — 70 5 0.05
71 — 80 8 0.09
81 — 90 4 0.04
JIM00 70 0.7

1 Ce tableau faisant référence au nombre de dossiers fermés en 1975, le total des cas ne
correspond pas à celui du Tableau 16. En fait, le Tableau 16 fait plutôt référence au nombre
d'accidents survenus en 1975 et qui ont entraîné une incapacité permanente.

Résumé
Plus de 265,000 accidents du travail se sont produits au Québec
en 1977, dont près de 60% ont obligé les travailleurs à s’absenter de leur
travail pour une période excédant la journée de leur accident. En
moyenne, chaque année, 1 travailleur sur 8 subit un accident du travail
et, pour 1 travailleur sur 13, cet accident entraîne une absence au travail.
De plus, le pourcentage des accidents occasionnant une perte de temps
tend à croître depuis 1976, ce qui laisse entrevoir une aggravation dans
les conséquences des accidents du travail.

En ce qui a trait aux maladies professionnelles, la Commission


des accidents du travail a reçu quelque 6,600 demandes d’indemnisa-
tion en 1977. La Commission n’a pas terminé l'étude de ces demandes.
Déjà, cependant, 25% d’entre elles ont entraîné soit une absence au
travail, soit une incapacité permanente ou les deux à la fois.

Même si c’est dans le secteur des services socio-culturels,


commerciaux et personnels que l’on rencontre, en chiffres absolus, le
plus grand nombre d’accidents du travail et de maladies professionnel-
les, ce n’est pas dans ce secteur que le taux d'accidents et maladies par
100 travailleurs est le plus élevé. Les secteurs d'activité économique qui
ont les taux d'accidents et maladies les plus élevés sont, dans l’ordre: la
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 49

forêt, la fabrication de produits en métal, l’industrie du bois, le bâtiment


et les travaux publics et, enfin, la fabrication d'équipement de trans-
port. Dans le secteur de la forêt et de la fabrication de produits en métal,
environ 1 travailleur sur 3 subit annuellement un accident qui entraîne
une absence au travail. Le secteur des mines et carrières occupe, quant à
lui, le premier rang pour la fréquence des maladies professionnelles.
Dans ce secteur, 1 travailleur sur 23 a fait parvenir, en 1977, une
demande d'indemnisation pour maladie professionnelle à la Commis-
sion des accidents du travail.

Quant à la gravité des accidents et maladies du travail, trois des


secteurs déjà mentionnés se dégagent nettement des autres, soit: forêt,
mines et carrières, bâtiment et travaux publics. Dans ces trois secteurs,
on retrouve un grand nombre de jours indemnisés par accident et un
nombre élevé de décès et d’incapacités permanentes par 1,000 travail-
leurs. Il est à noter que le secteur de la forêt figure en tête de liste pour
chacune de ces caractéristiques avec, en moyenne, près de 30 jours
indemnisés par accident et environ un décès et 40 cas d’incapacités
permanentes par 1,000 travailleurs. Par ailleurs, quatre autres secteurs
possèdent à un haut degré l’une ou l’autre de ces caractéristiques. Le
secteur du transport, communications et autres services publics et celui
du papier et activités connexes occasionnent respectivement 25 et 21
jours indemnisés en moyenne par accident. Le secteur de l’industrie du
bois et celui de la fabrication de produits en métal engendrent respecti-
vement 16 et 15 cas d’incapacités permanentes par 1,000 travailleurs.

Enfin, il importe de souligner que la fréquence des accidents du


travail décroît avec l’âge des travailleurs tandis que celle des maladies
professionnelles, elle, croît avec l’âge. Quant à la gravité des accidents
et maladies, elle croît avec l’âge des travailleurs.
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Chapitre 2
Le cadre juridique et
administratif
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13 su pfhtref * &
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Le cadre juridique et administratif 53

Chapitre 2
Le cadre juridique et
administratif

Introduction
_ Pour assurer la sécurité des travailleurs et protéger leur santé,
l'État québécois dispose d’un grand nombre de lois et de règlements
dont l’administration est confiée à plusieurs ministères et organismes.
L'objet de ce chapitre est de décrire et d’évaluer ce cadre juridique et
administratif.

La première section présente à grand traits l’évolution historique


de l'intervention de l’État dans le domaine de la santé et de la sécurité au
travail. La deuxième section s'attache à décrire le cadre juridique et
administratif actuel, aussi bien dans le domaine de la prévention que
dans celui de l’indemnisation et de la réadaptation. Nous ne sommes
pas en présence d’un ensemble structuré en fonction d’une politique
globale de la santé et de la sécurité au travail, mais devant une série de
dispositions particulières, résultat d'interventions gouvernementales
« ad hoc » réalisées au cours des années. La dernière section précise le
champ d’application des différentes législations actuelles et permet
d'identifier le nombre et les catégories de travailleurs qui ne sont pas
couverts par ces législations.

Aperçu historique de l'implication de


l’État en matière de santé et de sécurité
au travail
Nous avons choisi de diviser en deux grandes périodes l’histoire
du rôle joué par l’État québécois dans le domaine de la santé et de la
sécurité au travail, l’année 1970 constituant le point de démarcation
entre ces deux périodes. Deux raisons ont motivé ce choix. D'une part,
on assiste, au cours des années 1970, à une intensification générale des
54 Le cadre juridique et administratif

préoccupations en santé et en sécurité au travail, aussi bien en dehors


du Québec qu’au Québec même. Nous croyons, d'autre part, qu’un
traitement particulier des interventions gouvernementales qui sont plus
proches de nous dans le temps permet de mieux saisir le contexte dans
lequel s'inscrit la réforme proposée dans ce Livre.

Jalons de l'intervention du gouvernement


du Québec de 1885 à 1970
La transition du Québec, d’une société agraire vers une société
industrielle, s’est amorçée de façon perceptible au cours de la seconde
moitié du XIXe siècle. La guerre civile américaine, le tarif protection-
niste de 1879, le développement des moyens de transport (canalisation,
voies ferrées), la présence d’un vaste réservoir de main-d'oeuvre peu
exigeant et peu organisé, voilà autant de facteurs qui ont contribué à
engager le Québec sur la voie de l’industrialisation.

Quelques statistiques illustrent la portée de cette transformation


économique. La valeur de la production du secteur secondaire québé-
cois, qui était de $2 millions en 1851, totalisait $153 millions en 1896, ce
qui lui permettait de devancer le secteur primaire. De même, en l’espace
de trente ans (1871-1901), la proportion de la population rurale parmi la
population du Québec a fléchi de 77 à 60%.

L'industrialisation du Québec était fondée sur une utilisation


intensive de la main-d'oeuvre. Non seulement avait-on besoin de
beaucoup de travailleurs pour produire, mais encore ceux-ci devaient
travailler dix, onze, parfois treize heures, à raison de six jours par
semaine. Parallèlement, certains secteurs industriels employaient un
nombre considérable de femmes et d'enfants.

Cette situation entraîna l'apparition de problèmes de santé et de


sécurité au travail qui forcèrent l’attention des gouvernements. Au
Canada, cet intérêt s’est concrétisé par la mise sur pied, en 1886, de la
Commission royale sur les relations du Travail avec le Capital au

1 Ces statistiques sont tirées de Jean HAMELIN et Yves ROBY, Histoire économique du
Québec, 1851-1896, Fides, Montréal 1971, pp. 262 et 53.
Le cadre juridique et administratif 55

Canada. Le rapport de cette commission, paru en 1889, est un document


très évocateur de la façon dont le problème était alors perçu et vécu. Il
n’est pas sans intérêt d’en rappeler les principales conclusions.

Le problème majeur de santé et de sécurité au travail mis en relief


par cette commission fut celui du trop grand nombre d’heures de
travail imposé aux ouvriers et de ses conséquences sur la santé des
gens: usure prématurée et propension à recourir à des stimulants,
comme l'alcool, qui affaiblissent encore davantage l'organisme. Ce
problème fut d’ailleurs perçu comme étant plus aigu au Québec. Pour y
remédier, la commission choisit de s'attaquer au plus pressant et
proposa la mise en place de normes maximales d’heures de travail pour
les femmes et les enfants.

Également, les commissaires recommandèrent l'adoption de lois


de compensation respectant la « théorie du risque professionnel ».
Cette théorie juridique voulait que l'employeur soit considéré comme
responsable des accidents du travail, à moins qu'il ne puisse faire la
preuve que l’accident était imputable à la négligence du travailleur.

C'est sur cette toile de fond que s’est ébauchée l'intervention du


gouvernement du Québec. Déjà, à l’époque des travaux de la commis-
sion, le Québec s'était doté d’une loi traitant de la protection des
ouvriers, l’Acte des manufactures, santionné en 1885. Cette loi, qui
s'appliquait à tous les établissements industriels, sauf aux petites
entreprises familiales, comprenait des dispositions générales sur la
nécessité de protéger la vie et la santé des ouvriers, de même que des
dispositions particulières sur le travail des femmes et des enfants”.

Toutefois, il fallut attendre le passage à Montréal de la Commis-


sion fédérale en 1887, qui reprocha au gouvernement du Québec de
laisser cette loi inopérante, pour que le gouvernement nomme en 1888
les trois premiers inspecteurs chargés de faire appliquer l’Acte des
manufactures. Le Service d'inspection du travail était créé et confié à
l'autorité du Commissaire à la colonisation et l’agriculture. En même
temps, les Règlements des manufactures du Québec qui venaient
compléter la loi furent adoptés.

1 Voir Roger Chartier, « L'inspection des établissements industriels et des édifices publics
(1885-1900) », Revue des Relations industrielles, volume 17, no 1, janvier 1962, p. 44.
56 Le cadre juridique et administratif

L'Acte des manufactures fut remplacé en 1894 par la Loi des


établissements industriels. Celle-ci couvrait tous les établissements
industriels, sauf les mines. De nouveaux règlements furent édictés. À ce
titre, soulignons les Règlements concernant l'inspection des chau-
dières à vapeur, soupapes de sûreté, manomètres, etc., qui amenèrent
la création d’une unité d'inspection spéciale. Entre-temps, le Service
d'inspection du travail était passé sous l'égide du ministère des Travaux
publics (1891) qui deviendra, en 1906, le ministère des Travaux publics
et du Travail.

Après ces premières mesures dans le domaine de la prévention, le


gouvernement dirigea son attention vers l'indemnisation. La Loi
concernant les responsabilités des accidents dont les ouvriers sont
victimes dans leur travail et la réparation des dommages qui en
résultent était adoptée en 1909. Par cette loi, le Québec adhérait à la
« théorie du risque professionnel »'. Cette loi répondait à la recomman-
dation d’une commission d'enquête formée par le gouvernement québé-
cois en 1907, la Commission sur les accidents du travail.

En 1923, le gouvernement mit sur pied une Commission d'étude


sur la réparation des accidents du travail, pour faire le point sur les
difficultés d'application que suscitait la loi de 1909 portant sur les
accidents du travail. Suite aux travaux de cette commission, le gouver-
nement abrogea, en 1928, la loi de 1909 et, en retour, adopta deux
nouvelles lois. La Loi relative aux accidents du travail élargit le champ
d'application du régime d'indemnisation et la Loi concernant la
Commission des accidents du travail créa un organisme chargé
d'arbitrer tous les différends relatifs aux accidents du travail, se
subtituant en cela aux tribunaux courants.

Insatisfait cependant, parce que la nouvelle loi n’instaurait pas un


régime de responsabilité collective des employeurs, comme cela était le
cas en Ontario depuis 1914, le mouvement ouvrier réclama des change-
ments. Suite à ces pressions, une nouvelle Loi des accidents du travail
fut adoptée en 1931 qui, pour la première fois au Québec, rendait les
employeurs collectivement responsables des accidents’.
1 Voir J.H. Gagné et G. Trudel, La législation du travail dans la province de Québec,
1900-1953, Annexe no 6 de la Commission royale d'enquête sur les problèmes constitution-
nels, Québec, 1955, p. 44.
2 Voir Gérard Hébert, « Management et prévention des accidents du travail », Revue des
Relations industrielles, volume 31, no 1, janvier 1976, pp. 8-9.
Le cadre juridique et administratif 57

Cette loi donnait un nouveau mandat à la Commission des


accidents du travail, celui de gérer un fonds d'indemnisation auquel
devraient contribuer les employeurs. Egalement, la Loi des accidents du
travail reconnaissait le droit à l'indemnisation pour les victimes de
maladies industrielles.

Cette dernière innovation dans la loi résultait de la première


recommandation officielle de la Commission des assurances sociales
adressée au gouvernement. Cette commission, présidée par Édouard
Montpetit, avait été crée en octobre 1930 et répondait au besoin que le
gouvernement ressentait, avec l’arrivée de la sévère dépression écono-
mique des années 1930, de revoir tout son système de sécurité sociale.
L'un des trois mandats spécifiques de cette commission était d'étudier
l’état de l'hygiène industrielle au Québec. La commission fit état de la
pauvreté des mesures gouvernementales pour protéger la santé des
ouvriers. Elle recommanda, en conséquence, de créer une Division de
l'hygiène industrielle au ministère de la Santé et de doubler le nombre
des inspecteurs au ministère du Travail.

Stimulé par les travaux de cette commission, le gouvernement


entreprit, durant les années 1930, plusieurs réaménagements dans le
domaine de la santé et de la sécurité au travail. La même année où fut
adoptée la Loi des accidents du travail, le ministère des Travaux
publics et du Travail fut fractionné, et le Service d'inspection du travail,
composé alors de 16 inspecteurs, fut placé sous la responsabilité
exclusive du ministère du Travail. En 1934, la juridiction de ce Service
d'inspection fut élargie pour couvrir l'inspection des établissements
commerciaux. C’est alors que la loi chapeautant l’action du Service
d'inspection du travail prit son appellation actuelle: la Loi des établis-
sements industriels et commerciaux.

En 1936, conformément à une recommandation de la Commission


Montpetit, une Division de l'hygiène industrielle fut créée. Oeuvrant en
vertu du mandat de protéger la santé des ouvriers conféré au ministre
de la Santé par la Loi de l’hygiène publique, la Division de l'hygiène
industrielle était composée d’un groupe restreint de professionnels
(médecins, ingénieurs, chimistes). ]Jusqu’aux années 1970, ce groupe ne
devait pas dépasser le nombre de dix personnes. La Division veillait à
l'administration du chapitre XI des Règlements provinciaux d’hygiè-
ne (« les établissements industriels »). La Division d'hygiène indus-
58 | Le cadre juridique et administratif

trielle sera fusionnée, en 1965, à la Division du génie sanitaire et


rebaptisée Direction générale d'hygiène du milieu.

En 1938, un Service d'inspection des camps forestiers fut mis sur


pied. En 1950, le gouvernement adopta le chapitre XII des Règlements
provinciaux d'hygiène (« les campements industriels ou autres ») et
son application fut confiée à ce Service d'inspection. À son apogée, vers
1955, il comptait 27 inspecteurs.

Enfin, c’est en 1939 que le ministère responsable des mines fit


adopter un premier règlement général traitant de la santé et de la
sécurité au travail dans les mines, les Règlements concernant la
salubrité et la sécurité du travail dans les mines et les carrières, dont
l'application allait relever du Service d'inspection des mines.

Malgré la prise de conscience de certains problèmes aigus durant


les années 1940, dont les plus marquants furent certes la silicose à
Saint-Rémi d’Amherst et l’amiantose dans les Cantons de l’Est, il fallut
attendre une trentaine d’années pour que le gouvernement pose de
nouveaux gestes significatifs en santé et en sécurité au travail.

En avril 1965, un Comité interministériel d'étude des lois et


règlements concernant la santé publique et la sécurité des travailleurs
fut créé. Le travail de comité, qui a fonctionné jusqu'en 1969, n'a
cependant guère débouché sur des actions concrètes.
De plus, suite à de graves accidents du travail qui agitèrent
l'opinion publique, tel celui de l'échangeur Turcot en 1967, le gouverne-
ment adopta un certain nombre de nouveaux règlements:
— le Règlement relatif à la protection des ouvriers travaillant
dans l'air comprimé (1966);

— le Règlement relatif au travail près des lignes électriques


(1966);

— le Règlement relatif à l’étaiement des coffrages à béton (1967).


Le cadre juridique et administratif 59

Intensification des préoccupations


et des interventions durant
les années 1970

Au Québec
Les premières manifestations du besoin d’un renouveau en santé
et en sécurité au travail au Québec ont été les refontes successives des
Règlements concernant la salubrité et la sécurité du travail dans les
mines (décembre 1971) et des Règlements concernant les établisse-
ments industriels et commerciaux (décembre 1972), refontes rendues
nécessaires par le caractère désuet de nombreux articles des versions
antérieures de ces règlements.

En 1971, la Direction générale de l'hygiène du milieu fut transfé-


rée du ministère des Affaires sociales au ministère des Affaires munici-
pales. Partie intégrante des Services de protection de l’environnement
dès leur création, la Direction est alors devenue la Direction générale de
l’environnement industriel. Elle a, depuis, affermi sa présence dans le
domaine de la santé et de l'hygiène au travail. Le Service d'inspection
des camps forestiers, qui ne comptait plus que cinq inspecteurs, fut
également récupéré par les Services de protection de l’environnement et
intégré à la section du Service en territoire.

Par la suite, il y eut l'apparition de nombreuses études et interven-


tions gouvernementales en santé et en sécurité au travail. Rappelonsici
les principales:

— En avril 1974, le ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre


prend l'initiative de former un Comité d'hygiène et de sécurité au
travail. Ce comité s’est particulièrement penché sur le problème
de la dispersion des juridictions en santé et en sécurité au travail.
Il a rédigé un avant-projet de loi cadre en la matière et a travaillé à
une reformulation et à une répartition mieux ordonnée des règle-
ments entre les Services de protection de l’environnement, le
ministère des Affaires sociales, le ministère du Travail et de la
Main-d’oeuvre et le ministère des Richesses naturelles.

— En mai 1974, le ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre fait


adopter le Code de sécurité pour les travaux de construction, qui
60 Le cadre juridique et administratif

unifie dans un même texte toutes les mesures réglementaires


touchant la construction. L'application de ce règlement deviendra
l’une des fonctions principales de l'Office de la construction du
Québec, dès la création de cet organisme en 1975.

— En mai 1974, la Commission des accidents du travail forme un


Groupe de travail sur les objectifs et les structures de la CAT du
Québec. La mise sur pied et l'orientation des travaux de cette
commission ont préfiguré en quelque sorte certaines des orienta-
tions que devait prendre la Commission des accidents du travail
en 1977. Celle-ci a alors procédé à la décentralisaton de ses
services aux accidentés, sur la basede douze régions découpant
l’ensemble du territoire québécois. Egalement, certains amende-
ments notables furent apportés à la Loi des accidents du travail”.
Ainsi, un mécanisme d'ajustement annuel du maximum du salai-
re assurable auprès de la Commission des accidents du travail a
été introduit, ce qui empêchera que se reproduisent des écarts trop
étendus entre le niveau général des salaires et le maximum
permissible de compensation de revenus par la Commission des
accidents du travail.

— En juillet 1974, le ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre


commande une étude sur les fonctions d'inspection dans les
domaines de la sécurité et de l'hygiène à une firme de consultants.

— À l'été 1975, au cours d’une grève qui sévissait depuis plusieurs


semaines dans la majorité des entreprises québécoises d’extrac-
tion minière de l’amiante, et durant laquelle les problèmes de
santé encourus par ces mineurs furent abondamment discutés, la
Loi sur l’indemnisation des victimes d’amiantose ou de silico-
se dans les mines et les carrières fut adoptée. Alors que la Loi
des accidents du travail ne compense la perte d’intégrité physi-
que qu’en autant qu’elle entraîne l'incapacité de poursuivre un
emploi, cette loi particulière permet aux mineurs atteints d’a-
miantose ou de silocose d’être compensés pour la perte d’intégri-
té physique en soi (par le versement d’un montant forfaitaire
déterminé en fonction de l’âge et du pourcentage d'incapacité

1 Cf. Loi modifiant la Loi des accidents du travail et la Loi sur l'indemnisation des victimes
d’amiantose ou de silicose dans les mines et les carrières et modifiant de nouveau la Loi de la
Commission des Affaires sociales.
Le cadre juridique et administratif 61

permanente) de même que pour la perte de revenus qu'ils subis-


sent lorsqu'ils doivent quitter leur emploi.

— Au mois d'octobre 1975, les chefs de départements de santé


communautaire sont nommés médecins hygiénistes au sens de
l’article 21 de la Loi des établissements industriels et commer-
ciaux.

— Durant cette même période, le gouvernement mit sur pied le


Comité d'étude sur la salubrité dans l’industrie de l'amiante.
Après avoir répondu à ses mandats originaux, qui devaient
éventuellement déboucher sur l’adoption, en juin 1977, de normes
d’empoussiérage détaillées concernant l’industrie minière de l’a-
miante!, ce comité a recommandé une réforme en profondeur de
l’action gouvernementale en santé au travail, allant même jusqu’à
formuler les grandes lignes d’un projet de loi à cet effet’.

À l'extérieur du Québec
Nul doute que l’intensification des préoccupations et des inter-
ventions gouvernementales, depuis 1970, a été stimulée en bonne partie
par certains événements survenus dans d’autres pays ou d’autres
provinces. Au premier chef, il convient de souligner l'apport des
États-Unis qui, dès 1970, jetaient les bases d’un système réformé par
l’adoption de l’'Occupational Safety and Health Act. Placée sous la
responsabilité de deux ministères fédéraux (Labour; Health, Education
and Welfare), cette loi vise à promouvoir le bien-être des travailleurs en
se basant sur une philosophie très interventionniste.

Pour administrer cette loi, ces deux ministères ont chacun créé un
organisme spécial. Le Departement of Health, Education & Welfare a
établi la National Institute for Occupational Safety and Health dont le
mandat est de développer des normes, de se documenter sur tous les
agents de risque connus ou probables et de fournir des moyens
d'éducation aux employés. Cependant, la véritable artillerie pour met-
tre de l'avant l'esprit et le contenu de la loi se retrouve dans le

1 Cf. Règlement modifiant les Règlements concernant la salubrité et la sécurité du travail dans
les mines et les carrières, arrêté en conseil no 1973, 15 juin 1977.
2 Voir Québec, Comité d'étude sur la salubrité dans l’industrie de l’amiante, R. Beaudry,
président, Rapport final, vol. 3, octobre 1976, pp. 76-102.
62 Le cadre juridique et administratif

Occupational Safety and Health Administration mis sur pied par le


Department of Labour. C'est là que réside la force d'inspection et la
force d'intervention légale.

Presque en même temps (mai 1970), l'Angleterre instituait le


Committee on Health and Safety at Work, présidé par Lord Robens. Le
rapport Robens, paru en 1972, prônait un système assoupli de santé et
de sécurité au travail en tentant de maximiser l’auto-régulation au sein
des entreprises mêmes. Les inspecteurs devaient être appelés à se
limiter à une fonction conseil. En 1974, une loi fut adoptée par le
Parlement britannique qui consacrait plusieurs des recommandations
du rapport Robens. Notamment, on créa une Commission d'hygiène et
de sécurité.

Au Canada même, plusieurs événements importants marquent le


cours des années 1970 en matière de santé et de sécurité au travail. À
l'heure actuelle, six provinces ont révisé leur système de santé et de
sécurité au travail et ont légiféré à cet effet: la Saskatchewan (1972),
l'Alberta (1976) le Manitoba (1976), l'Ontario (1976), le Nouveau-
Brunswick (1976) et Terre-Neuve (1978). De façon générale, les légis-
lations regroupèrent les activités de prévention et d'inspection au sein
d’un même organisme créé à cette fin, et établirent des mécanismes de
création de comités paritaires spécialement affectés aux questions de
santé et de sécurité au sein des entreprises. En 1977, la Saskatchewan a
remplacé sa loi de 1972 par une nouvelle loi où ont été retravaillées
certaines pièces importantes, telles que le droit d'arrêter de travailleren
cas de danger et la marge d’immunité à accorder au travailleur utilisant
ce droit. L'Ontario étudie actuellement un projet de loi qui viendra
compléter la loi de 1976. Quant au gouvernement canadien, il a égale-
ment amendé, en avril 1978, le Code canadien du travail de façon à
créer, pour les entreprises et les établissements sous sa juridiction, des
droits et des mécanismes de participation semblables à ceux qui ont
déjà cours dans les six provinces mentionnées plus haut.

Conclusion
Les assises du système actuel de santé et de sécurité au travail
remontent aux années 1930. Peu de modifications importantes y furent
apportées par la suite. Au cours des dernières années, nous avons
assisté à une certaine reprise en main du dossier, à la faveur d’une prise
Le cadre juridique et administratif 63

de conscience par tous les milieux concernés de l’inadéquation entre les


moyens investis et les besoins réels des milieux de travail.

L'examen du système actuel nous montre également que la


« santé au travail » a continuellement tiré de l’arrière par rapport à la
« sécurité au travail ». N’est-il pas révélateur de constater qu'à quaran-
te ans d'intervalle, deux commissions d'enquête (Montpetit et Beaudry)
ont jeté un même cri d'alarme au sujet de la négligence entretenue à
l'égard de la santé au travail?

Enfin, le projet actuel de réforme en santé et sécurité au travail au


Québec s'inscrit dans la logique d’un mouvement qui est enclenché à
l'échelle internationale depuis quelques années déjà. La connaissance
de ces diverses expériences ne peut que nous être profitable.

Le cadre juridique et administratif actuel


Dans la première section de ce chapitre, nous avons vu comment
s’est développée progressivement l'intervention de l’État dans le domai-
ne de la santé et de la sécurité au travail. Au fur et à mesure de
l'émergence des problèmes et, aussi, selon l'importance que le public
leur accordait, l’État a été amené à créer ou à modifier des lois et des
règlements dont elle confiait l’administration à divers ministères et
organismes spécialisés.

À l'heure actuelle, six administrations distinctes ont une respon-


sabilité reconnue en santé et en sécurité au travail. Il s’agit du ministère
des Affaires sociales, du ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre,
du ministère des Richesses naturelles, de la Commission des accidents
du travail, des Services de protection de l’environnement et de l'Office
de la construction du Québec. Par ailleurs, 7 lois et 20 règlements
constituent l'essentiel du cadre juridique d'intervention de ces ad-
ministrations (cf. Tableau 18). Il ne s’agit là que des lois et règlements
qui concernent directement la santé et la sécurité des travailleurs; nous
avons volontairement omis d'inclure dans cette liste les lois et règle-
ments qui s'adressent à la santé et à la sécurité publiques, même si
64 Le cadre juridique et administrati

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Le cadre juridique et administratif 67

ceux-ci peuvent contenir, à l’occasion, des dispositions qui touchent la


santé et la sécurité des travailleurs’.

Les lois actuelles peuvent être divisées en deux grandes catégo-


ries: celles qui concernent la prévention, c’est-à-dire l’ensemble des
mesures et des normes édictées en vue de protéger les travailleurs contre
les dangers d'accidents ou de maladies, et celles qui concernent la
compensation financière et la réadaptation des travailleurs qui sont
victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles.

La législation préventive
C'est dans cette catégorie de législation que l’on retrouve le plus
grand nombre de lois et de règlements et le plus grand nombre
d'organismes ayant des juridictions. En effet, cinq des sept lois et
dix-huit des vingt règlements mentionnés au Tableau 18 appartiennent
à cette catégorie. De plus, des six organismes qui ont une compétence
reconnue en santé et en sécurité du travail, seule la Commission des
accidents du travail n’est pas centrée sur l’application de lois de type
préventif, encore que des dispositions de sa loi constitutive lui permet-
tent d'intervenir dans le domaine de la prévention.

Les lois centrées sur la prévention établissent des juridictions


distinctes sur les deux grands secteurs d'intervention de l'Etat en
matière de santé et de sécurité au travail: d’une part, le secteur des
mines et des carrières et, d'autre part, tous les établissements indus-
triels et commerciaux à l’exclusion des mines et des carrières”.

1 À titre d'exemple, la Loi de la sécurité dans les édifices publics permet de formuler des
prescriptions se rapportant à la santé et à la sécurité des gardiens, ouvriers, commis ou
autres personnes employés dans les édifices publics (art. 39c). Nous rangeons dans cette
catégorie des lois de santé et de sécurité publiques, non incluses dans notre analyse, la Loi de
la sécurité dans les édifices publics, la Loi des appareils sous pression, la Loi des électriciens
et des installations électriques, la Loi des mécaniciens de machines fixes, la Loi de
l'inspection des échafaudages, etc.
2 Les « ateliers de famille » et les exploitations agricoles traditionnelles ne sont pas inclus dans
le secteur des établissements industriels et commerciaux.
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Le cadre juridique et administrati

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Le cadre juridique et administrati
Le cadre juridique et administratif 71

Les établissements industriels et


commerciaux autres que les mines
La Loi des établissements industriels et commerciaux est la loi
la plus générale qui régit ce secteur d'activités économiques. Elle est
munie de dispositions générales affirmant que « les établissements
industriels et commerciaux... doivent être construits et tenus de maniè-
re à assurer la sécurité du personnel... (et)... offrir... toutes les
conditions de salubrité nécessaires à la santé du personnel... » (art. 4).

Dans sa forme actuelle, cette loi date de 1934. Bien que fréquem-
ment amendée depuis, elle comporte des dispositions qui paraissent
aujourd’hui dépassées ou, à tout le moins, d’une importance secondaire.
Nous pensons en particulier à toute la section IV concernant la durée
des conditions de travail du personnel de moins de dix-huit ans’. Les
dispositions importantes et plus spécifiques de la loi sont celles qui
définissent les devoirs des chefs d'établissement (art. 19 et 20) et les
pouvoirs des inspecteurs (art. 25 et 26). Entre autres devoirs, les chefs
d'établissement sont tenus de soumettre aux inspecteurs les plans et
devis de constructions nouvelles ou de modifications à leur établisse-
ment, de leur transmettre un avis suite à tout accident grave ou mortel,
de leur fournir un certificat de salubrité préparé par un officier d’hygiè-
ne; enfin ils sont tenus d'élaborer un programme de prévention des
accidents du travail et des maladies professionnelles. Les inspecteurs
sont dotés de pouvoirs plutôt étendus, allant du droit d’entrée « à toute
heure raisonnable de jour ou de nuit » (art. 25.1) jusqu’au pouvoir de
faire des enquêtes « et, à cette fin, interroger toute personne employée
dans l'établissement, assigner les témoins, faire prêter serment » (art.
25.5), sans oublier le pouvoir « d’ordonner la suspension des travaux
dans un établissement dans les cas où il juge qu'il y a danger immédiat
d'accident » (art. 25.8).

Au cours des ans, la loi a été complétée par l'adoption d’une


douzaine de règlements (cf. Tableau 18) qui sont venus en spécifier les
dispositions générales. Parmi les plus importants, il faut mentionner le
Règlement concernant les établissements industriels et commer-
ciaux (A.C. 3787-72) et le Code de sécurité pour les travaux de

1 À titre d'exemple, l’article 9 de la section IV prohibe « à tout garçon ou fille, âgés de moins de
seize ans, de vendre des journaux ou d'exercer aucune industrie dans les rues ou sur les places
publiques, à moins qu'ils ne sachent lire et écrire couramment ».
72 Le cadre juridique et administratif

construction (A.C. 1576-74). Ces deux règlements constituent un


effort sérieux de révision et d’unification de plusieurs règlements
adoptés depuis 1935.

Le Règlement concernant les établissements industriels et


commerciaux est le règlement de base de la loi. (Nous reviendrons plus
loin sur le Code de sécurité pour les travaux de construction). Il définit
plusieurs ensembles de normes concernant la sécurité et la santé des
travailleurs. Au chapitre de la sécurité, le règlement comporte des
dispositions sur l’état des lieux, les machines et outillages, le transport
du matériel et des travailleurs, les travaux d'entretien et de réparation,
les travaux dangereux, l'équipement de protection individuelle, les
moyens d'évacuation et de protection contre l'incendie. Au chapitre de
la santé, le règlement établit des normes concernant l’environnement
(ventilation, éclairage, bruits et vibrations), le contrôle des substances
et des radiations dangereuses (poussières, fumées, brouillards, va-
peurs, gaz, etc.) et l'hygiène et le bien-être (eau potable, douches,
réfectoires, etc.).

Le Règlement concernant les établissements industriels et


commerciaux comporte également des dispositions générales impor-
tantes. Nous voulons en souligner deux touchant les obligations qui
sont faites à l'employeur. L'une établit que l’employeur doit s'assurer
que tout travailleur « est informé des risques inhérents à son travail et
n'exécute aucun travail qu'il juge dangereux pour sa sécurité » (art.
2.2.2 d)). Il s’agit là, implicitement, d’une reconnaissance du droit du
travailleur de ne pas exécuter un travail jugé dangereux. L'autre établit
l'obligation pour le chef d’un établissement industriel d'établir un
comité de sécurité, s’il a un effectif global de plus de 20 travailleurs et
une fréquence de plus de 25 accidents par million d’heures de travail
Grt 1431).

Il est à noter que le Règlement sur les établissements indust-


riels et commerciaux ne s'applique qu’à un nouvel établissement, ou à
une modification ou changement de destination d’un établissement
existant, ou à toute installation et équipement nouveau dans un établis-
sement existant (art. 2.3.1). Pour les bâtiments et équipements où ne

1 Il s’agit là de la fréquence moyenne d'accidents qui surviennent dans les établissements


industriels.
Le cadre juridique et administratif 73

s'applique pas le règlement parce qu'ils n’existaient pas avant son


entrée en vigueur (1* janvier 1973), on précise qu'il faut prendre « des
mesures appropriées pour assurer une sécurité et un bien-être équiva-
lents aux prescriptions du présent règlement (art. 2.3.2). Il y a là source
de confusions, notamment en ce qui concerne l'obligation faite à
l'employeur d'établir un comité de sécurité, lorsque son établissement
est antérieur à 1973.

La Loi des établissements industriels et commerciaux et la


plupart des règlements qui en découlent sont sous le contrôle général du
ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre. Cependant, le ministère de
la Santé (devenu depuis le ministère des Affaires sociales) se voit
confier l'important mandat de contrôler les conditions de salubrité des
établissements industriels et commerciaux et de nommer, à cette fin,
des médecins hygiénistes (art. 21).

Ceux-ci sont investis de tous les pouvoirs réservés aux inspec-


teurs par la loi, sauf pour ce qui est des pouvoirs d'enquête et de
suspension des travaux (art. 25). Leur rôle est de surveiller les condi-
tions de salubrité des établissements industriels et commerciaux et de
voir à l'exécution des règlements sanitaires autorisés par le lieutenant-
gouverneur en conseil.

Par l'arrêté en conseil 4453 du 1* octobre 1975, le ministère des


Affaires sociales a fait de tous les chefs de départements de santé
communautaire des médecins hygiénistes au sens de l’article 21 de la
Loi des établissements industriels et commerciaux.

Le pouvoir d'intervention du ministère des Affaires sociales ne lui


vient pas, cependant, de cette seule loi. En 1975, la Loi de la protection
de la santé publique fut amendée de façon à lui donner le pouvoir de
réglementer les mesures de prévention que doivent appliquer les em-
ployeurs, les services de santé et d’information médicales que ceux-ci
doivent rendre accessibles et le contenu des dossiers de santé qu'ils
doivent tenir à jour (art. 50, par.o),p), q),r)).Ilest à noter, cependant,
qu'aucun règlement n’a encore été édicté en vertu de cette loi.

À la double intervention du ministère du Travail et de la Main-


d’oeuve et du ministère des Affaires sociales dans le secteur des
74 Le cadre juridique et administratif

établissements industriels et commerciaux, il faut ajouter celle des


Services de protection de l’environnement. Ceux-ci possèdent, en effet,
en vertu de la Loi de la qualité de l’environnement (1972), le pouvoir
de contrôler et de réglementer la qualité de l’environnement non
seulement à l'extérieur des établissements mais également à l’intérieur.

La Loi de la qualité de l’environnement a une portée très


étendue, couvrant tous les secteurs qui peuvent contribuer à la protec-
tion de l’environnement tels que « la qualité de l’eau et la gestion des
eaux usées », « l'assainissement de l'atmosphère », « la gestion des
déchets », « la salubrité des immeubles et des lieux publics », «la
protection contre les rayonnements et les autres agents vecteurs d’éner-
gie » et « le bruit ».

Les trois derniers points de cette énumération constituent les


secteurs de la loi qui permettent aux Services de protection de l’environ-
nement d'intervenir en santé et en sécurité au travail. D'ailleurs, c’esten
vertu du mandat défini par les articles de la section sur « la salubrité des
immeubles et des lieux publics »’ que les deux règlements de santé et de
sécurité au travail, adoptés jadis en vertu de la Loi de l'hygiène
publique, devinrent des règlements adoptés en vertu de la Loi de la
qualité de l’environnement et partant, placés sous la juridiction des
Services de protection de l’environnement. Ces règlements, qui datent
de 1944, sont les seuls dont disposent actuellement les Services de
protection de l’environnement en santé et en sécurité au travail. Un
projet de règlement: relatif à la qualité du milieu de travail fut présenté
en 1974 en vertu de la Loi de la qualité de l’environnement mais n’a
pas encore été adopté.

Cette loi requiert qu’un certificat d'autorisation (art. 22) ou une


approbation (art. 73) soit obtenu du Directeur avant de procéder à la
construction ou à la modification d’une industrie quelconque. Les
pouvoirs contenus dans la loi et ses règlements permettent aussi de
procéder à des études et à des enquêtes dans les industries, portant

1 Au sens de la loi, le terme « immeuble » inclut les établissements industriels et commerciaux.


2 Ce projet de règlement comprend des normes de qualité de milieu de travail telles que des
normes sur la qualité de l’air et les équipements de protection personnelle, des normes sur la
ventilation, le chauffage, les contraintes thermiques, l'éclairage, le bruit et les facilités
sanitaires.
Le cadre juridique et administratif 75

particulièrement sur la qualité de l’air (poussière, gaz et vapeur), sur le


bruit, sur les contraintes thermiques, sur la ventilation et sur l’éclaira-
ge.

Dans le secteur de la construction apparaît un quatrième interve-


nant, l'Office de la construction du Québec, à qui on a confié l’adminis-
tration du Code de sécurité pour les travaux de construction adopté en
1974 en vertu de la Loi sur les établissements industriels et commer-
ciaux. C’est la Loi sur les relations de travail dans l’industrie de la
construction qui attribue à l'Office « la mise en application de toute
disposition législative ou réglementaire concernant la sécurité des
salariés de la construction ». (art. 32 a).

Au même titre que l’ensemble des établissements industriels et


commerciaux, l’industrie de la construction est tributaire de la Loi des
établissements industriels et commerciaux en ce qui a trait à la
définition globale de son cadre législatif pour la prévention de la santé et
de la sécurité au travail. Là cependant s'arrêtent les ressemblances
puisqu’aucun des règlements adoptés en vertu de la Loi des établisse-
ments industriels et commerciaux ne s'applique au secteur de la
construction, sauf évidemment le Code de sécurité pour les travaux de
construction. Ce règlement n’est, dans une large mesure, que la
synthèse de tout ce que les autres règlements découlant de cette loi
comportaient comme mesures spécifiques à l’industrie de la construc-
tion. En plus d’un ensemble détaillé de normes concernant la sécurité au
travail, ce code contient également des normes de sécurité publique: de
même que des normes de santé et de salubrité des lieux de travail’.

On peut mentionner en terminant que le gouvernement a sanc-


tionné en 1970 la Loi concernant les explosifs; la pièce majeure
complétant cette loi est le Règlement numéro 4 relatif à la Loi
concernant les explosifs. L'examen de cette loi nous révèle cependant
que le mandat confié à la Sûreté du Québec est essentiellement orienté
en fonction de la sécurité publique. Le but de la loi est de contrôler
certains aléas tels le transport, l’entreposage, la garde des explosifs,

1 Voir, par exemple, les articles 2.7.1 et 2.7.2 qui définissent ce qui doit être fait lorsqu'un
trottoir ou une autre voie publique est affectée par un chantier de construction.
2 Consulter les articles 2.10.7 au sujet du bruit et des vibrations, les articles 2.10.9 et 2.10.10 au
sujet de la protection des voies respiratoires, et les articles 8.3.1 à 8.3.12 concernant la
ventilation et la qualité de l'air dans les chantiers souterrains, etc.
76 Le cadre juridique et administratif

l'émission de permis aux utilisateurs généraux, etc. Quant à la sécurité


des travailleurs, elle est essentiellement régie par le Règlement relatif à
l'usage et à la manutention des explosifs adopté en vertu de la Loi des
établissements industriels et commerciaux. Le Code de sécurité pour
les travaux de construction et le Règlement concernant la salubrité et
la sécurité du travail dans les mines et carrières contiennent égale-
ment des dispositions similaires.

Le secteur des mines’


Les mines sont sous la responsabilité du ministère des Richesses
naturelles et la Loi des mines est l'instrument général de ce ministère
pour régir l’activité minière (réserve des droits de mines, permis de
prospection, réglementation des concessions minières et claims, permis
de mise en valeur, etc.). C’est en vertu des articles 256 à 267 de cette loi
que le ministère des Richesses naturelles possède des responsabilités en
matière de santé et de sécurité au travail. Il a le pouvoir de « faire les
règlements qu'il juge nécessaires concernant la sécurité et la salubrité
dans les mines » (art. 261.1). Ses inspecteurs ont le mandat de veiller à
l'application des règlements ainsi adoptés (art. 265).

Deux règlements ont été adoptés en vertu de cette loi. Le premier


et de loin le plus important s'intitule Règlement concernant la sécurité
et la salubrité du travail dans les mines et les carrières. Il est
l'équivalent, dans le secteur des mines, du Code de sécurité pour les
travaux de la construction.

I] définit nombre de dispositions et exigences en ce qui a trait au


quotidien de l’activité minière: échafaudages, électricité, machines,
moteurs, explosifs, etc. Ces dispositions de nature « sécuritaire » sont
également complétées par des dispositions de nature « sanitaire » qui
concernent l’aérage, le contrôle des poussières, le bruit, etc.

L'autre règlement, de portée beaucoup plus restreinte, est le


Règlement d'application de la Loi des mines concernant le certificat
médical des ouvriers (A.C. 1787-75). Ce règlement spécifie que chaque

1 Dans cet exposé, l'expression « mines » a la même signification générale que dans la Loi des
mines et se dit de tout lieu où un produit quelconque est extrait à même le sol. Il inclut donc, en
plus des mines proprement dites, les carrières, tourbières, sablières, gravières et glaisières.
Le cadre juridique et administratif FAPA

ouvrier d’une mine ou d’une carrière doit subir un examen médical


annuel complet, y compris une radiographie des poumons. C'est,
cependant, la Commission des accidents du travail qui établit les
normes de l’examen médical et qui émet le certificat médical requis par
le ministère des Richesses naturelles.

À quelques exceptions près, comme celui de la Commission des


accidents du travail que nous venons de signaler, le ministère des
Richesses naturelles est le seul intervenant dans le secteur des mines. La
situation y est donc beaucoup moins complexe et confuse que dans les
autres secteurs industriels et commerciaux. D'un strict point de vue
juridique, cependant, des ambiguïtés existent quant aux compétences
possibles d’autres ministères. Ainsi, la Loi de la protection de la santé
publique n’exclut pas les mines de son champ d'application. La Loi de
la qualité de l’environnement concède à la Loi des mines une priorité
d'application (art. 72). Les Services de protection de l’environnement
pourraient donc, à condition de respecter cette priorité, faire des
interventions dans le secteur des mines. Enfin, la Loi des établisse-
ments industriels et commerciaux comporte un article (25.4) qui,
selon certaines interprétations, donnerait le pouvoir aux inspecteurs et
aux médecins hygiénistes d'intervenir, au même titre que l'inspecteur
des mines, pour faire respecter les lois et les règlements pertinents au
secteur minier’.

La législation de l'indemnisation et
de la réadaptation
Cette législation comporte beaucoup moins de lois et de règle-
ments que la législation préventive. Elle comporte deux lois et trois
règlements mais, en pratique, elle est dominée par une seule loi, la Loi
des accidents du travail: l’autre, la Loi sur l’indemnisation des
victimes d’amiantose ou de silicose dans les mines et les carrières,
est strictement sectorielle et spécialisée; quant aux règlements, on peut
dire qu'ils sont très accessoires.

1 Au sujet de ces ambiguïtés, voir l'étude réalisée pour le Comité d'étude sur la salubrité dans
l'industrie de l'amiante par André Côté et Guy Lord, Validité et application des règlements
concernant la salubrité et la sécurité du travail dans les mines et les carrières, Document 3,
pp. 85-101.
78 Le cadre juridique et administratif

La Loi sur les accidents du travail assure tout travailleur salarié


du Québec, excepté celui des exploitations agricoles traditionnelles et
celui des services domestiques, qu'il recevra réparation s’il est victime
d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle. Il n’est pas
obligé de faire intervenir un tribunal pour départager la responsabilité
des personnes en cause. Les employeurs, quant à eux, sont contraints de
participer, proportionnellement aux risques qu’ils engendrent, au fi-
nancement des prestations versées.

Bien que la Loi des accidents du travail soit centrée essentielle-


ment sur l'indemnisation, trois articles de cette loi permettent à la
Commission des accidents du travail d'intervenir dans le domaine dela
prévention. L'article 48 permet à la Commission d’ordonner à un
employeur le maintien d’un service de premiers secours et de contribuer
à son financement (art. 48.10). L'article 109 donne le pouvoir à la
Commission d'établir ou de subventionner des cliniques et de soumettre
à des examens médicaux les ouvriers exposés à l’inhalation de poussiè-
res silicieuses. Enfin, l’article 110 permet à la Commission des accidents
du travail d'accorder des octrois à des associations d'employeurs pour
la prévention et d'approuver et de rendre obligatoires les règlements
que peuvent établir ces associations. Soulignons que la loi ne prévoit
pas la possibilité pour la Commission d’accorder des octrois à des
associations de prévention que pourraient former des travailleurs. Elle
ne prévoit pas non plus la participation des travailleurs à une associa-
tion de prévention formée par les employeurs d’une classe d'industries,
même si l’article 110 demande à la Commission des accidents du travail
de s'assurer que cette association d'employeurs « représente suffisam-
ment les employeurs et les ouvriers dans les industries de cette classe »
(art. 110.2).

De la cinquantaine de règlements qui furent adoptés en vertu de la


Loi des accidents du travail, trois concernent particulièrement la santé
et la sécurité des travailleurs. Le Règlement numéro 33 (1978) spécifie
les types de services de premiers secours que doivent posséder les
entreprises. Le Règlement numéro 54 (1974) établit les normes de
cotisation pour les employeurs et détermine les conditions d’admissibi-
lité au mérite ou au démérite. Enfin, le Règlement numéro 56 (1974)
précise la portée de l’article 22 de la loi concernant l'examen médical
que peut exiger l'employeur d’un ouvrier qui réclame une compensa-
tion.
Le cadre juridique et administratif 79

Une loi spéciale d'indemnisation pour les victimes d’amiantose ou


de silicose existe au Québec depuis 1975. Elle s'applique aux seuls
ouvriers, personnel de cadre ou de soutien inclus’, qui travaillent dans
les mines et les carrières’. La Loi sur l’indemnisation des victimes
d’amiantose ou de silicose dans les mines et les carrières crée un
régime de compensation financière différent et plus avantageux que ce
que la Loi des accidents du travail prévoyait pour ce genre de maladies.

Les principaux problèmes découlant du


cadre juridique
Nous venons de présenter l’ensemble des lois et des règlements
qui régissent actuellement la santé et la sécurité au travail. Nous ne
sommes pas en face d’un ensemble structuré et cohérent, répondant aux
impératifs d’une politique globale. Il s’agit plutôt d’un ensemble de
dispositions particulières qui se sont développées au cours des années
en réponse à des besoins immédiats.

Cette situation crée des problèmes dont l'évidence est de plus en


plus grande au fur et à mesure que la société québécoise devient
davantage préoccupée de santé et de sécurité au travail. D'abord, le
morcellement des responsabilités entre plusieurs organismes n’a pas
permis le développement d’un ensemble de mesures fondamentales de
prévention communes à tous les employeurs et travailleurs québécois,
quels que soient leurs secteurs d’activités.

Parallèlement, et aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce


morcellement n’a pas empêché que se développent des juxtapositions de
juridiction. Deux ou trois organismes peuvent légitimement intervenir
dans un même établissement pour exactement les mêmes fins.

Enfin, une lacune fondamentale du cadre juridique est l’absence


quasi totale de droits et de pouvoirs clairement définis pour les premiers
intéressés, les travailleurs eux-mêmes. Nous allons tâcher d’expliciter
quelque peu chacun de ces problèmes.

1 Un étudiant travaillant dans une mine n’est pas considéré comme un ouvrier.
2 Elle ne s’applique donc pas aux travailleurs des usines de transformation de l’amiante ou du
silice.
80 Le cadre juridique et administrati

Le morcellement des juridictions


Le morcellement des juridictions en santé et en sécurité au travail
a fait en sorte que se développent, dans des législations parallèles, des
politiques de prévention spécifiques au secteur des mines et au secteur
de l’ensemble des autres établissements industriels et commercieux. De
telles spécificités sont nécessaires lorsqu'elles sont commandées par
des particularités propres à ces milieux de travail. Il faut quand même
relever plusieurs différences fondamentales que ne justifient pas de
telles particularités et qui ne sont le fait que du cloisonnement des
juridictions.

Ainsi en est-il des comités de sécurité. Bien que presque toutes les
mines en soient dotées, la Loi des mines ne fait aucune obligation à
l'employeur de mettre sur pied de tels comités de sécurité. Par ailleurs,
le Règlement concernant les établissements industriels et commer-
ciaux (art. 14.3.1) et le Code de sécurité pour les travaux de construc-
tion (art. 2.5.1) obligent les employeurs qui remplissent certaines
conditions précises à établir des comités de sécurité. Rien ne justifie, à
nos yeux, cette différence légale de traitement qui est ainsi réservée aux
employeurs et aux travailleurs du secteur des mines.

De même, la Loi des établissements industriels et commer-


ciaux fait une obligation à l'employeur d'élaborer un programme de
prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
(art. 19.9). Les employeurs du secteur des mines ne sont pas soumis à
une telle obligation.

Le Règlement concernant les établissements industriels et


commerciaux fait une obligation générale à l'employeur de s'assurer
que tout travailleur « est informé des risques inhérents à son travail et
n'exécute aucun travail qu'il juge dangereux pour sa sécurité » (art.
2.2.2d) et qu’il « connaisse toute manoeuvre pour assurer le bon
fonctionnement des appareils et des machines sous sa responsabili-
té... » (art. 2.2.2e). Cette obligation fondamentale n’est pas faite aux
employeurs du secteur des mines. Une telle exclusion ne trouve certai-
nement pas sa justification dans les particularités du secteur des mines.

Par ailleurs, la Loi des mines oblige les employeurs à transmettre


un avis écrit d'accident spécifiant la nature de l'accident, le nombre et
les noms des personnes tuées ou blessées, non seulement au ministre et
Le cadre juridique et administratif 81

à l'inspecteur, mais également à l’association de salariés accréditée si


l'accident touche des employés qui sont membres de cette association
(art. 260). Aucune obligation n’est faite aux employeurs des autres
secteurs industriels et commerciaux de donner un avis écrit à une
association de salariés.

Au chapitre des sanctions prévues pour contraventions à la loiou


aux règlements, il existe des différences nombreuses et considérables
entre la Loi des mines et les lois qui régissent les autres secteurs
industriels et commerciaux. Qu'il suffise de mentionner que la Loi des
mines prévoit une amende maximum de $25 par jour d'infraction
(art. 273). Cette sanction est extrêmement légère si on la compare aux
amendes prévues dans la Loi des établissements industriels et
commerciaux qui peuvent aller jusqu’à $20,000 pour une corporation,
lorsque l'infraction est « de nature à mettre directement en danger la vie
ou la santé du personnel d’un établissement industriel ou commercial »
(art. 36a).

Il ne s’agit là que de quelques exemples. Ils suffisent, nous


semble-t-il, à montrer que la multiplicité des lois et le morcellement des
juridictions ont permis que se développent des incohérences difficile-
ment acceptables. Non seulement cette situation entraîne-t-elle des
inégalités de traitement entre différents secteurs d'activité économique
mais elle sème la confusion chez les employeurs. Même à l'intérieur
d'un seul secteur industriel, les employeurs sont souvent obligés de se
référer à plusieurs lois et règlements pour connaître l’ensemble des
obligations qui les concernent. A titre d'exemple, un employeur autre
qu'un employeur minier qui veut connaître ses obligations en matière
de prévention des maladies industrielles, doit consulter attentivement
au moins 2 lois et 2 règlements. La Loi des établissements industriels
et commerciaux lui enjoint de fournir à l'inspecteur un certificat de
salubrité émis par « l'officier d'hygiène » (art. 19.6) et, d'autre part,
d'élaborer un programme de prévention des accidents du travail et des
maladies professionnelles (art. 19.9).

En consultant le Règlement des établissements industriels et


commerciaux (art. 14.2.2), il se rendra compte qu'il n’est pas tenu de
faire passer des examens médicaux à ses employés, à moins que le
Service d'inspection ne l’exige explicitement. Il devra cependant ne pas
négliger de consulter le Règlement sur les établissements industriels
82 Le cadre juridique et administrati

de la Loi sur la protection de l’environnement (art. 32). Celui-ci, en


effet, exige qu’il soumette à un examen physique annuel les travailleurs
exposés à des poussières dangereuses. Et ainsi de suite pour l’ensemble
de ses obligations.

La juxtaposition des juridictions


Mais il n’y a pas que le morcellement des juridictions, il y a aussi
leurs juxtapositions et leurs enchevêtrements qui entraînent soit des
paralysies soit des dédoublements inutiles et coûteux. Ce problème est
particulièrement aigu en dehors du secteur des mines. Un cas souvent
mentionné est celui de la salubrité des établissements industriels.
Même si le ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre, les Services de
protection de l’environnement et le ministère des Affaires sociales
essaient d'éviter de se retrouver dans une situation où chacun marche
sur les pieds de l’autre, en concluant des ententes qui tentent de définir
un tracé rationnel à chacun d’entre eux (c’est-à-dire, la sécurité au
ministère du Travail, la santé des travailleurs au ministère des Affaires
sociales, le milieu ambiant aux Services de protection de l’environne-
ment), il n’en reste pas moins que, juridiquement, chacun est autorisé à
s'occuper des questions de salubrité et, en fait, il appert que certains
établissements ont dû recevoir les agents de ces trois ministères à tour
de rôle pour discuter du même problème.

Voyons maintenant, à l’aide d’un exemple précis, le cas de


l’empoussiérage des lieux de travail par certaines substances délétères,
comment les lois rendent possible un tel état de fait. Nul doute que la
Loi de la protection de la santé publique autorise les chefs de
départements de santé communautaire à intervenir sur un tel problème.
L'article 50 de la loi invite ces derniers à « indiquer les mesures... pour
prévenir et enrayer les problèmes de santé reliés aux personnes dans
leur milieu de travail ».

La Loi de la qualité de l’environnement ne laisse également


guère de place à l’équivoque. L'article 87 spécifie que: « Le lieutenant-
gouverneur en conseil peut adopter des règlements: a) pour prescrire
les normes de salubrité et d'hygiène applicables à toute catégorie
d'immeubles déjà occupés ou devant l'être à des fins résidentielles,
récréatives, artistiques, religieuses, professionnelles, commerciales,
industrielles, agricoles, municipales ou scolaires de même qu’à l'usage
Le cadre juridique et administratif 83

de tout appareil, instrument ou véhicule destiné à l’une de ces fins ». Or,


les articles 24 et 25, entre autres, du Règlement concernant les
établissements industriels élaborent la notion de « salubrité de l’éta-
blissement » et définissent des limites de concentration de certains
produits dans l’air. Les Services de protection de l’environnement sont
donc justifiés d'intervenir.

À priori, l’on pourrait croire que le ministère du Travail et de la


Main-d’oeuvre n’est pas concerné en raison de la reconnaissance qui est
faite dans la Loi des établissements industriels et commerciaux au
rôle que doit jouer le ministère de la Santé en matière de salubrité.
Cependant, l’article 5 de la loi laisse entendre que le ministère jouit
aussi d’une compétence dans ce domaine. Cet article précise que des
règlements peuvent être faits par le lieutenant-gouverneur en conseil
pour protéger la santé des travailleurs. Le Règlement concernant les
établissements industriels et commerciaux fait d’ailleurs usage de ces
dispositions puisque l’article 5.1.5 du règlement définit les normes
d’empoussiérage auxquelles les entreprises doivent se soumettre.

L'absence des travailleurs


Nous tenons à souligner le peu d'importance accordée au travail-
leur dans l’ensemble des législations qui concernent la protection de sa
santé et de sa sécurité. Les lois et règlements définissent longuement les
obligations des employeurs et les pouvoirs des inspecteurs; c’est à
l'intérieur de ces définitions que sont évoquées les obligations ou les
droits des travailleurs. Ainsi, le Règlement concernant les établisse-
ments industriels et commerciaux fait une obligation au chef d’éta-
blissement de s'assurer que tout travailleur « utilise correctement tout
dispositif ou appareil protecteur mis à sa disposition », « ne selivre pas
à des jeux ou compétitions lorsqu'il est au travail », « n'effectue aucun
travail lorsque ses facultés sont affaiblies par l’alcool, la drogue ou toute
autre substance pouvant mettre en danger sa sécurité ou celle de ses
compagnons de travail », etc. (art. 2.2.2).

/ De même, c’est à l’occasion de l'obligation faite à l'employeur de


constituer un comité de sécurité paritaire et de l'obligation faite à
l'inspecteur des mines de se faire accompagner d’un représentant
syndical, que l’on découvre que le travailleur peut avoir un rôle à jouer
dans la protection de sa santé.
84 Le cadre juridique et administrati

Il nous semble que ce n’est pas par l'effet du simple hasard que
l'attention des législateurs soit concentrée à peu près exclusivement sur
les employeurs et les inspecteurs. La législation est faite comme si l'on
croyait que la santé et la sécurité des travailleurs était d’abord et avant
tout l'affaire du gouvernement et des employeurs, le rôle des travail-
leurs se bornant essentiellement à se conformer aux directives qui leur
sont données. Il s’agit là, peut-être, de la lacune la plus importante de
notre législation en santé et en sécurité au travail.

Une réglementation inadéquate en santé au travail


Il nous semble important de rappeler enfin la pauvreté de la
réglementation actuelle dans le domaine de la santé au travail. Sauf
pour de très rares exceptions, comme l'établissement de nouveaux
seuils de tolérance de poussières d'amiante et de silice cristalline dans
les mines et les carrières (A.C. 1973-77), ou l'obligation qui est faite à
chaque ouvrier d’une mine ou d’une carrière de subir annuellement un
examen médical complet (A.C. 1787-75), les règlements qui concernent
la santé des travailleurs et la salubrité des lieux de travail sont anciens et
désuets. Ils remontent, pour la plupart, à la Loi de l’hygiène publique.
Il est urgent qu'ils soient revus et mis à jour.

Le champ d’application
La section précédente a présenté le cadre juridique d'intervention
de l’État en santé et en sécurité au travail. L'objet de cette section est de
cerner de façon plus précise le champ d'application de ces différentes
législations, de façon à pouvoir identifier clairement le nombre et les
catégories de travailleurs qui sont protégés par ces législations et le
nombre et les catégories de ceux qui ne le sont pas.

L'examen des champs d'application de ces lois est réparti selon les
fonctions du régime actuel, à savoir l'indemnisation, la réadaptation
sociale et professionnelle des victimes d'accidents et la prévention,
c'est-à-dire l’application des mesures de protection contre les dangers
d'accidents du travail ou de maladies professionnelles.
Le cadre juridique et administratif 85

Le champ d’application des lois relatives


à l'indemnisation et la réadaptation
La main-d'oeuvre active du Québec est protégée, en ce qui a trait à
l'indemnisation, par trois lois, dont deux de juridiction québécoise, la
Loi des accidents du travail et la Loi sur l'indemnisation des victimes
d’amiantose ou de silicose dans les mines et les carrières, et une de
juridiction canadienne, la Loi de l’indemnisation des employés de
l'Etat, dont l'application est confiée à la Commission des accidents du
travail.

Les catégories suivantes de la main-d'oeuvre ne sont pas proté-


gées pour l'indemnisation et la réadaptation des accidents du travail et
des maladies professionnelles:
i) les travailleurs nommément exclus par la Loi des accidents du
travail, soit les agriculteurs autonomes et les employés des
services domestiques;

ii) les propriétaires d'entreprises, les professionnels (non-salariés)


et les travailleurs indépendants qui, volontairement, n’adhèrent
pas au régime.

Pour évaluer le nombre de ceux qui ne sont pas protégés, nous


nous sommes inspirés de deux concepts utilisés par Statistique Canada,
celui de « population active » et celui de « salariés ». Tout d’abord,
pour estimer le nombre total de gens occupés dans chacun des secteurs
d'activité économique, nous nous sommes servis de l'enquête sur la
« population active » qui présente l'emploi par secteur d'activité écono-
mique. Deuxièmement, pour évaluer le nombre de travailleurs qui sont
présentement protégés, nous avons utilisé le concept de « salariés »,
lequel exclut tous les travailleurs indépendants. Ainsi, en soustrayant
les données concernant les salariés des données de l'emploi, nous
obtenons un estimé assez juste des travailleurs non protégés par les lois
d'indemnisation. On notera que pour certains secteurs (entre autres le
secteur du transport, communications et autres services publics et celui
de l’administration publique), le nombre d'employés non protégés
semble être sous-estimé ou surestimé selon le cas. Cette situation
s'explique par le fait que Statistique Canada utilise deux méthodologies
bien distinctes pour compiler les données statistiques relatives aux deux
concepts, ce qui a une influence directe sur les résultats par secteur
d'activité économique.
86 Le cadre juridique et administratif

Le Tableau 19 indique que 15.3% des personnes ayant occupé un


emploi en 1977 n'étaient pas protégés par la législation d'indemnisation
et de réadaptation. Ce total ne tient évidemment pas compte des
chômeurs, des assistés sociaux, des étudiants adultes à temps plein et
des ménagères. Exception faite des mines, c’est dans l’industrie primai-
re qu'on retrouve les plus hauts pourcentages de travailleurs non pro-
tégés: agriculture (93%), chasse et pêche (60%) et forêt (25.5%).

Le champ d’application des lois relatives


à la prévention
Dans cette section, nous traiterons uniquement des lois qui
composent la juridiction du gouvernement du Québec. Cela exclut donc
les lois fédérales et, conséquemment, les personnes travaillant au
Québec dans des secteurs d'activité économique régis par le gouverne-
ment fédéral, tels que les télécommunications, le transport aérien, naval
et ferroviaire, l'administration publique fédérale, etc.

Comme nous l’avons vu précédemment, le Québec compte cinq


lois principales touchant la prévention en matière de santé et de sécurité
au travail:
— la Loi des établissements industriels et commerciaux;

— la Loi de la qualité de l’environnement;

— la Loi de la protection de la santé publique;

— la Loi des mines;

— Ja Loi sur les relations du travail dans l’industrie de la cons-


truction.

Nous allons procéder à l’examen de chacune de ces lois, en


dégageant leur champ d'application respectif, de façon à identifier
clairement les catégories de travailleurs qui ne sont pas protégés.
Le cadre juridique et administratif 87

Tableau 19
Estimation du nombre des travailleurs non protégés
par la législation d'indemnisation et de réadaptation

Secteurs Travailleurs non protégés


économiques Emplois Salariés?
Nombre Taux (%)

Agriculture 72,000 5,000° 67,000 93.0


Forêt 20,000 14,900 5,100 2575
Chasse et pêche 1,000 400“ 600 60.0
Mines 28,000 25,000 3,000 10.7
Industries
manufacturières 566,000 522,700 43,300 Ta
Bâtiments et
travaux publics 144,000 102,200 41,800 29.0
Transport,
communications et
autres services
publics 206,000 205,200 800 0.4
Commerce 433,000 348,900 84,100 19.4

Finances,
assurances,
immeubles 135,000 119,000 16,000 1)

Services,
socio-culturels,
commerciaux et
personnels 714,000 633,100 80,900 11.3

Administration
publique 184,000 144,600 39,400 21.4

Totaux 2,503,000 2,121,000 382,000 1572

1 Tiré du catalogue 71-001 de Statistique Canada, décembre 1977, La population active.


2 Tiré des catalogues 72-008 et 72-514 de Statistique Canada, Estimation du nombre de
salariés par province et par industrie.
3 Données non publiées du Bureau de la statistique du Québec. Certaines activités appartenant
au secteur de l’agriculture sont assujetties à la Loi des accidents du travail depuis 1968. Un
règlement assujettit l'élevage et le commerce d'animaux, lorsque ces activités constituent une
spécialité. De plus, les employés embauchés par des entreprises spécialisées dans les services
agricoles, comme l’épandage d'engrais ou d'insecticides, la cueillette, les semis et les récoltes,
l’insémination artificielle, les encans, etc., sont également protégés par la loi. Enfin, les
agriculteurs qui produisent du bois sur une grande échelle (ex.: 500 cordes par année) et
d’une façon distincte de leurs occupations proprement agricoles, voient leurs employés
couverts par la loi. Le nombre de 5,000 salariés, apparaissant au tableau, représente près du
tiers des salariés du secteur de l’agriculture.
4 Il s’agit ici d’une approximation qui ne figure pas dans les données de Statistique Canada.
88 Le cadre juridique et administratif

La Loi des établissements industriels et commerciaux


Le champ d'application de cette loi est général. De façon explicite,
la loi ne comporte que deux exemptions à son champ d’application, les
mines et les ateliers de famille’. La loi prévoit cependant certaines
façons d’obvier à ces exemptions. Ainsi, sur prescription formelle, les
mines peuvent être assujetties à la Loi des établissements industriels
et commerciaux (art. 3, 1” alinéa). Il en est de même pour les ateliers de
famille, si le lieutenant-gouverneur en conseil décide d’en classer
certains comme insalubres, dangereux ou incommodes ou si le travail
s”y fait « à l’aide de chaudières à vapeur ou autres moteurs » (art. 3, 2°
alinéa). Toutefois, ces restrictions n'ont pas été utilisées. En pratique,
donc, cette loi ne couvre pas les travailleurs des mines et des ateliers de
famille.

De façon implicite, cependant, la loi ne s'applique pas à la


Couronne et à ses agents. En effet, en vertu de l’article 42 de la Loi
d'interprétation (1964, S.R.Q. c. 1), « nul statut n’a d’effet sur les
droits de la Couronne, à moins qu'ils n’y soient expressément
compris ». Or, la Loi des établissements industriels et commerciaux
ne comporte aucune disposition à cet effet.

En raison du sens donné par la loi à « établissement industriel » et


à « établissement commercial », d’autres secteurs sont également sous-
traits au champ d’application de cette loi:

— Le transport: La principale composante de ce secteur d'activité


économique, sous juridiction provinciale, est le transport routier.
Comme les travailleurs de ce secteur n’oeuvrent pas dans des
établissements, mais dans des véhicules ou autres instruments de
locomotion, la loi ne peut s'appliquer à eux, säuf lorsqu'ils se
trouvent sur le site d’un établissement lui-même régi par la loi. Le
véhicule est alors compris sous la juridiction de la loi, non pas à
titre d'établissement, mais comme objet se trouvant sur le site
d'un établissement.

— Les services para-gouvernementaux: Ce ne sont pas des services


dont les activités peuvent être qualifiées d’industrielles ou de

1 Les ateliers de famille comprennent principalement les agriculteurs autonomes et tous les
travailleurs indépendants (« self-employed ») des autres secteurs d'activité économique.
Le cadre juridique et administratif 89

commerciales. Seuls les ateliers d'entretien ou de réparation si-


tués à l’intérieur d’un établissement hospitalier sont considérés à
ce titre.

BILAN
Sont exclus du champ d'application de la loi:
Agriculteurs autonomes 56,000
Travailleurs indépendants de la forêt 5,100
Travailleurs indépendants de la chasse et de la pêche 600
Travailleurs des mines 28,000
Travailleurs indépendants du transport,
des communications et d’autres services publics 800
Personnel des services de santé 81,000!
Personnel de l'éducation 127,000!
Personnel des services sociaux 23,000!
Administration publique du Québec et des
municipalités 136,000
457,500

Par rapport au total de l'emploi, 20% des travailleurs ne sont pas


protégés par cette loi’.

La Loi de la qualité de l’environnement


L'article 87 décrit ainsi le champ d'application de cette loien santéeten
sécurité au travail:

« le lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter


des règlements pour prescrire les normes de salubrité
et d'hygiène à toutes catégories d'immeubles déjà
occupés ou devant l'être à des fins résidentielles,
récréatives, artistiques, religieuses, professionnelles,
commerciales, industrielles, agricoles, municipales

1 Données fournies par le Bureau de la statistique du Québec.


2 Nous avons calculé ce pourcentage sur la base d’un total inférieur de 224,000 au total de
l'emploi pour 1977 (2,503,000). Nous en avons en effet retranché le nombre des fonctionnai-
res fédéraux travaillant au Québec (48,000) et celui des employés du secteur « transport et
communications » régis par le gouvernement fédéral (176,000).
90 Le cadre juridique et administratif

ou scolaires, de même que l'usage de tous appareils,


instruments, équipements ou véhicules destinés à
l’une de ces fins; »

Le champ d'application de cette loi est donc très vaste. Dès qu'il y
a « immeuble » la loi s'applique et, dès lors, elle s’applique également à
tout appareil, instrument, équipement ou véhicule permettant à cet
immeuble d’être en activité. La seule restriction à l’application de cette
loi est le « sous réserve de l’article 72 de la Loi des mines ».Sila Loi des
mines contient des dispositions sur un point particulier, celles-ci ont
préséance sur ce que pourrait stipuler la Loi de la qualité de l’environ-
nement à cet effet. Sauf pour cette réserve, la Loi s'applique à la totalité
de la main-d'oeuvre québécoise.

La Loi de la protection de la santé publique


C'est là une loi à champ d'application général. Cependant, les
dispositions de l’article 50 qui traitent de santé et de sécurité au travail
comportent une limitation. Elles s'adressent uniquement à ceux qui
agissent comme employeurs et à leurs employés. Les agriculteurs
autonomes et les travailleurs indépendants ne peuvent donc faire partie
du champ d'application de la loi.

BILAN
Sont exclus du champ d'application de la loi:
Agriculteurs autonomes 56,000
Travailleurs indépendants (forêt, chasse et pêche,
mines et transport) 9,500
65,500

La Loi des mines


C’est une loi à champ d'application restreint. Elle ne concerne que
les travailleurs des mines’, mais ne prévoit aucune exclusion au sein de
cette catégorie de travailleurs.

1 « Mines » doit être compris dans le sens général que lui prête la loi et qui inclut: mines,
carrières, sablières, gravières, tourbières et glaisières.
Le cadre juridique et administratif 91

La Loi sur les relations de travail dans


l’industrie de la construction
Le seul rôle véritable de cette loi, dans le domaine de la santé et de
la sécurité au travail, est de confier un pouvoir de surveillance à l'Office
de la construction du Québec (article 32a). Cependant, l’article 2 de la
loi, qui traite du champ d'application, implique que certains salariés de
la construction ne seront pas soumis à ce pouvoir de surveillance. Il
s’agit de ceux qui effectuent des travaux de construction sur le site
d'exploitations agricoles et de ceux qui travaillent pour des employeurs
non professionnels. Il ne nous est pas possible d'évaluer le nombre des
salariés de la construction à qui s'applique l’une ou l’autre de ces
situations, mais il est permis de croire qu'il est minime.

Conclusion
Il n’est pas utile d’établir un pourcentage global des travailleurs
qui sont protégés par les lois de prévention. D'une part, certains
travailleurs peuvent être touchés par l’ensemble des lois alors que
d’autres ne le sont que par l’une ou l’autre. D'autre part, il y a de telles
différences dans la portée pratique de chacune des lois que l'addition
pure et simple des travailleurs qui y sont soumis ne porte aucune
signification.

En revanche, l’examen des champs d'application des lois de


prévention et d'indemnisation a permis de dégager deux données
importantes sur lesquelles nous voulons attirer l'attention. Première-
ment, les employés du transport, de l'administration publique et des
services para-gouvernementaux ne sont soumis à aucune loi de préven-
tion dans le domaine de la sécurité au travail. Ils bénéficient, néan-
moins, en cas d'accident, des mêmes services d'indemnisation que les
autres travailleurs. Deuxièmement, les agriculteurs et les travailleurs
indépendants sont, à toutes fins pratiques, totalement absents des
législations de prévention et d'indemnisation.
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Chapitre 3
Les mécanismes
de contrôle et de prévention
Les mécanismes de contrôle et de prévention 95

Chapitre 3
Les mécanismes
de contrôle et de prévention

Introduction
En plus du cadre juridique et administratif décrit précédemment,
la société québécoise dispose d'instruments de contrôle et de promotion
de la santé et de la sécurité des travailleurs. Certains de ces instruments
découlent directement de l’ensemble des lois et des règlements. C'est le
cas tout particulièrement des services d'inspection. D’autres, cepen-
dant, relèvent d'initiatives du milieu et constituent des tentatives de
réponses aux problèmes concrets de santé et de sécurité auxquels
celui-ci est confronté. Nous songeons aux activités des associations
d'employeurs et de travailleurs et aux travaux de quelques comités
conjoints de sécurité au niveau des entreprises. Nous avons attaché
beaucoup d'importance à ce genre d'initiatives parce qu'elles consti-
tuent, selon nous, des points d'appui fondamentaux au nouveau
régime de santé et de sécurité au travail qui sera mis en place.

Nous abordons ensuite la situation des services de santé au


travail et consacrons la dernière section du chapitre aux activités de
recherche.

Ressources et activités des services


d'inspection
La Loi des établissements industriels et commerciaux prévoit
que: « Pour assurer l'exécution de la présente loi et des règlements
établis sous son empire, des inspecteurs, parmi lesquels un inspecteur-
chef, sont nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil ». De son
côté, la Loi des mines déclare: « Il est du devoir des inspecteurs des
mines de faire, dans la région qui leur est assignée par le ministre, les
96 Les mécanismes de contrôle et de prévention

inspections nécessaires à l’observance des règlements dans les mines ».


Par la suite, d’autres articles de ces lois viennent préciser les pouvoirs et
les devoirs des inspecteurs, comme le droit d'accès en tout temps à un
établissement, le droit de consulter les registres, etc.

C’est probablement en tentant de dégager l'intention qu'avait le


législateur québécois qu’un rapport récent proposait la définition
suivante de l'inspection: « La fonction d'inspection, en matière de
sécurité et d'hygiène, est l’ensemble des mesures de contrôle décrétées
par le législateur dans ses lois et règlements qui permettent d'en
assurer l'application »'.

Les principales activités reliées à cette fonction sont les suivantes:


— procéder à l'évaluation de la qualité du milieu;
— émettre des permis ou des certificats;
— approuver des plans;
— _inspecter des installations, bâtiments, lieux et équipements;
— suggérer des modifications ou des correctifs;
— enquêter à la suite de plaintes ou d’accidents;
— ordonner la suspension des travaux et, si nécessaire, apposer des
scellés ;
— proposer des normes d’hygiène et de sécurité dans la fabrication
ou l'installation d'équipements;
— informer les employeurs et les travailleurs de leurs devoirs et
responsabilités;
— _s’assurer de la mise en place de programmes de prévention et de
comités de sécurité.

Les principaux services d'inspection


L'inspection relative à la sécurité et à l'hygiène en milieu de travail
est assurée principalement par quatre organismes: le ministère du

1 Rapport Mineau, Allard et Associés, Document de travail sur les fonctions d'inspection dans
les domaines de la sécurité et de l'hygiène, 1975, p. 12.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 97

Travail et de la Main-d’oeuvre, les Services de protection de l’environ-


nement, le ministère des Richesses naturelles et l'Office de la construc-
tion du Québec.

Le ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre


Les activités d'inspection de ce ministère sont réalisées par la
Direction générale de l'inspection qui regroupe plusieurs services dont
le Service d'inspection du travail et des lieux publics, le Service d'appro-
bation des plans et le Bureau d’études et conseils.

Le Service d'inspection du travail et des lieux publics s'occupe à la


fois du domaine de la santé et de la sécurité au travail et de la sécurité du
public. Sa principale fonction en santé et en sécurité au travail est
d’inspecter les établissements industriels et commerciaux présentant
des risques élevés afin de faire corriger, au besoin, les conditions et les
méthodes de travail. De plus, le Service enquête à la suite de plaintes
des travailleurs ou à la suite d'accidents causant la mort ou des
blessures graves. Il s'assure également de la mise en place de program-
mes de prévention des accidents du travail et des maladies profession-
nelles et de l'implantation de comités de sécurité.

Le Service d'approbation des plans a pour objectif d'assurer la


sécurité du public, la protection des biens et la sécurité des travailleurs.
Pour ce faire, il examine les plans des édifices publics et des établisse-
ments industriels et commerciaux ainsi que les plans des installations
techniques, et s'assure de leur conformité à la loi et aux règlements.

Le Bureau d’études et conseils a pour fonctions l'élaboration de


projets, de règlements et de normes et aussi la conduite d'études et
d'enquêtes techniques spéciales.

Les Services de protection de l’environnement


Aux Services de protection de l’environnement, la Direction
générale de l’environnement industriel s'occupe des conditions d’envi-
ronnement et de salubrité en milieu de travail. Elle étudie et approuve
les plans et devis lors de la construction ou de la modification d’établis-
sements industriels et émet des certificats de conformité, dans un but de
98 Les mécanismes de contrôle et de prévention

contrôle des substances nuisibles. Elle fait aussi des visites d'inspection
des installations où il y a des sources radioactives.

De plus, elle initie des études dans des industries à niveau élevé de
risques (fonderies, usines où l’on utilise du plomb, de l’amiante, etc.) et
procède à des études et à des analyses pour des organismes qui lui en
font la demande.

La Direction générale de l’environnement industriel se considère


davantage comme un organisme conseil que comme un organisme
d'inspection au sens strict.

Le ministère des Richesses naturelles


Ce ministère a un mandat global à l’intérieur d’un secteur indus-
triel bien défini, celui des mines. C’est la Direction générale des mines,
par la voie de son Service d'inspection, qui voit à la sécurité et à la
salubrité des lieux de travail. Celui-ci visite les mines et les ateliers,
approuve les systèmes mécaniques et électriques, examine les registres
d'utilisation de certains équipements et installations et fait enquête
dans les cas d'accidents mortels ou graves. Enfin, le Service donne des
cours de sauvetage aux mineurs et les initie à l’usage et à l’entretien des
appareils de sauvetage.

L'Office de la Construction du Québec


L'un des mandats de l'Office de la construction du Québec est de
surveiller la sécurité sur les chantiers de construction. Il a pour fonction
de vérifier si les dispositions législatives ou réglementaires concernant
la sécurité des salariés de la construction sont respectées. Il a aussi
certaines activités de formation dans le domaine de la sécurité.

Les ressources des services d'inspection


Les quatre organismes d'inspection ont un budget global qui
dépasse, pour l’année 1977-78, les $8 millions.Ils se répartissent ainsi:
Les mécanismes de contrôle et de prévention 99

— Je ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre $3,340,000


— Je ministère des Richesses naturelles 940,000
— les Services de protection de l’environnement 764,000
— l'Office de la construction du Québec 3,000,000
Total $8,044,000

Les services gouvernementaux d'inspection emploient actuelle-


ment 196 personnes (sans compter le personnel de soutien administra-
tif):
— Je ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre 145
— Je ministère des Richesses naturelles 23
— les Services de protection de l’environnement 28
Total 196

Quant à l'Office de la construction du Québec, ses effectifs sont


d'environ 170 personnes. Celles-ci, cependant, partagent leur temps
entre l’application du décret et l'inspection relative à la sécurité.

Au ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre, les ressources


humaines en inspection se composent de 110 inspecteurs et d'environ 35
personnes formant le personnel d'encadrement.
Le recrutement des inspecteurs est fait selon le critère de l’expé-
rience pratique des candidats dans l’industrie, à titre de contremaîtres,
d'agents de sécurité industrielle, de surveillants des travaux de cons-
truction, etc. Dès leur entrée en fonction, les inspecteurs sont inscrits à
un programme de formation.

Quant au personnel d'encadrement, il est constitué d'ingénieurs,


d'agents de mel SR de techniciens et d’agents de maîtrise. Leur
fonction est d'appuyer le travail des inspecteurs et de fournir l'expertise
requise. Ils ont cependant les mêmes pouvoirs que les inspecteurs
lorsqu'ils visitent un établissement. Ils suivent aussi un programme de
formation après leur entrée en service.

Au ministère des Richesses naturelles l’inspectorat est formé de


14 ingénieurs et de 9 techniciens. Certains ingénieurs sont inspecteurs
en sécurité générale; d’autres sont spécialisés dans l’une des disciplines
suivantes: mécanique, électricité, bruit, ventilation.

Les inspecteurs doivent suivre des cours de perfectionnement et


assister à des colloques et à des conférences afin de se familiariser avec
les nouvelles méthodes d'exploitation et les nouveaux dangers. Ils
100 Les mécanismes de contrôle et de prévention

doivent aussi apprendre à utiliser de nouveaux instruments et des


méthodes d’échantillonnage correspondantes.

Aux Services de protection de l'Environnement, le personnel


d'inspection affecté à la qualité du milieu de travail comprend 15
ingénieurs et 13 techniciens. Il participe à des programmes de perfec-
tionnement prévus dans un plan annuel de développement des ressour-
ces humaines. La plupart de ces programmes ont lieu aux Etats-Unis,
faute de cours structurés au Québec.

À l'Office de la construction du Québec, le personnel affecté à la


sécurité du travail se compose d'environ 150 inspecteurs de chantier et
d’un personnel d'encadrement de 20 personnes. Les inspecteurs ne
s'occupent pas seulement de sécurité mais voient aussi à l’application
du décret et vérifient la qualification de la main-d'oeuvre.

Le principal critère d'embauchage des inspecteurs est leur expé-


rience dans l’industrie de la construction. Chaque nouvel inspecteur
doit suivre des sessions de formation avant d'aller sur le terrain.

Quant au personnel d'encadrement regroupé au sein de la Divi-


sion de la sécurité, il se compose de professionnels, de techniciens et de
moniteurs, ces derniers étant chargés des sessions de formation et
d’information.

Les priorités des services d'inspection

Nombre d'établissements et de travailleurs protégés


Le nombre d'établissements et de travailleurs assujettis aux
différents services d'inspection est relativement élevé par rapport aux
ressources humaines.

Ainsi, le ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre surveille


environ 100,000 établissements qui emploient près de 2,000,000 de
travailleurs.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 101

D'autre part, les Services de protection de l’environnement sur-


veillent, en pratique, environ 10,000 établissements regroupant 520,000
travailleurs, même si leur juridiction théorique est universelle.

Le ministère des Richesses naturelles s'occupe d'environ 800


établissements qui regroupent 28,000 travailleurs. Cependant, 46 mi-
nes emploient à elles seules près de 20,000 de ces travailleurs. Les autres
établissements sont les nombreuses carrières, tourbières, sablières et
glaisières qui n’emploient chacune, en moyenne, qu’une dizaine de
travailleurs.

Enfin, le secteur confié à l'Office de la construction du Québec


comprend plus de 20,000 chantiers etenviron 144,000 travailleurs, dont
100,000 en moyenne sont au travail à un même moment.

Détermination des priorités


Lorsque l’on dit que le rapport entre le nombre d’inspecteurs et le
nombre d'établissements est relativement faible, il faut ajouter que tous
les établissements ne présentent pas les mêmes risques à la santé et à la
sécurité. Les services d'inspection ne les visitent donc pas tous à la
même fréquence. Des priorités sont établies.

Au ministère des Richesses naturelles, toutes les mines et les


carrières sont visitées au moins une fois et, pour la plupart, plusieurs
fois par année, selon la disponibilité des ressources. Quant aux tourbiè-
res, sablières et glaisières, elles sont visitées de façon irrégulière étant
donné que ces exploitations sont en opération de façon intermittente.

Aux Services de protection de l’environnement, la majorité des


interventions sont déclenchées suite aux demandes qui viennent de
différents organismes. Certaines études sontinitiées par les Services de
protection de l’environnement eux-mêmes lorsque la gravité des ris-
ques appréhendés ou perçus l'exige.

Cependant, les ressources sont de moins en moins nombreuses


pour de telles études, étant donné l'importance grandissante prise par
les études commandées.
102 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Au ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre, on tente de


systématiser la procédure du choix des priorités. L'ordre de priorité
actuellement retenu est le suivant:

— l'enquête sur risque d’accident signalé;


us li . d # bli . 0 0 k,
inspection des établissements prioritaires ;

— l'enquête sur accident;


/ A .

— l'inspection des autres établissements.

À l'Office de la construction du Québec, c’est la gravité des


accidents reliés à certains types de travaux ou de chantiers qui détermi-
ne les priorités d'inspection. Ainsi, on attache une plus grande attention
aux travaux de tranchées et d’excavations, aux travaux près des lignes
électriques, aux travaux souterrains et aux travaux en hauteur.

Activités des services d'inspection

Le ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre


On peut diviser les activités du ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre relatives à la sécurité des travailleurs en quatre catégo-
ries: l'inspection, l'enquête, l'information et les activités normatives
comme l’approbation de plans, l'émission de permis, la prescription de
normes et l'élaboration de règlements.

L'inspection

Le processus régulier

Le processus régulier est le programme d'inspection sectorielle


appelé « opération ». Pour le Service d'inspection du travail et des lieux
publics, une opération est un ensemble d’inspections programmées
pour plusieurs entreprises d’un même secteur. Elle comprend différen-
tes étapes:

1 Un établissement est considéré prioritaire en fonction des critères suivants: la fréquence des
blessures compensables; la gravité globale des blessures; le nombre total des blessures; les
maladies industrielles ou les intoxications possibles; l’irréversibilité et la permanence des
conséquences (décès, incapacité totale permanente, incapacité partielle permanente)
Les mécanismes de contrôle et de prévention 103

problématique, stratégie, organisation, exécution, relance, évaluation,


rapport global.

Un deuxième processus d'inspection existe, c’est l'inspection par


cas spéciaux. Cette fois, au lieu de viser des secteurs industriels, on vise
des établissements particuliers; l’inspection devient davantage person-
nalisée, sélective et spécifique. On peut alors parler d'approche globale
vis-à-vis l’établissement en question.

L'un des processus n'exclut pas l’autre. Si le deuxième permet de


répondre avec plus de précision aux besoins et d'identifier les problèmes
propres à une entreprise, le premier permet de s'assurer que la majorité
des travailleurs d’un secteur ont pu bénéficier d’une inspection orientée
vers les problèmes communs à ce secteur.

Les chiffres suivants pour 1976-77 donnent une idée du volume


d'activité du ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre dans le secteur
de l'inspection. Au cours de cette année, 3,238 inspections ont été
effectuées. Si l’on ajoute 6,750 autres activités, telles entrevues et
contre-visites (visites de vérification), l’on en arrive à tout près de
10,000 visites dans les établissements industriels et commerciaux de la
province’.

L'enquête
Le Service d'inspection du travail a aussi comme activité fonda-
mentale de faire des enquêtes suite à des plaintes ou à des accidents.
Dans l'exercice de cette activité, les inspecteurs peuvent interroger
toute personne employée dans l'établissement concerné, assigner des
témoins, faire prêter serment et exercer tout autre pouvoir jugé néces-
saire dans le cadre de la loi.

En 1976-77, le Service a fait enquête dans le cas de 164 accidents


et à la suite de 531 plaintes. L'examen des plaintes a amené 450
recommandations de corrections reliées soit aux risques d’accident, soit
aux conditions ambiantes de travail.

re Ces inspections ont amené:


— 51,722 corrections de défectuosités
— 134 arrêts de travaux reliés à des dangers immédiats d'accidents
— 151 avis d'infraction
— 17 poursuites judiciaires
104 Les mécanismes de contrôle et de prévention

L'information
Le Service diffuse aussi des informations afin de permettre aux
employeurs et aux travailleurs de mieux connaître leurs droits et leurs
obligations et de profiter de l'expertise du Service en matière de
prévention. Ainsi, il a distribué 800 copies du « Guide pour l’implanta-
tion d’un programme de conservation de l’ouïe dans l’industrie ». Une
brochure intitulée « Technique d'enquête en bref » a été distribuée dans
l'industrie par l'entremise des inspecteurs. En 1976-77, la section
« forêt » a organisé 35 sessions d’information impliquant environ 800
travailleurs et 200 membres de la partie patronale. Le Service distribue
également de nombreuses affiches, dépliants et brochures de même que
des exemplaires de la loi et des règlements.

Activités connexes

Approbation de plans
Le Service d'approbation des plans a pour rôle de s’assurer, avant
l'exécution des travaux, de la conformité de tous les plans aux lois et
aux règlements relatifs à la sécurité des travailleurs et du public. Ainsi,
en 1976-77, ce Service a vérifié 17,339 plans dont 2,165 (12.5%) ont été
refusés et ont dû être soumis à nouveau après correction.

Élaboration de règlements et prescription de normes


Au niveau de la réglementation, le Bureau d’études et conseils
procède à la préparation de nouveaux règlements et à la modification
des règlements existants.

De plus, il participe aux activités des organismes et des comités


de normalisation. Ceci se justifie par le fait que la réglementation en
vigueur réfère à des codes techniques. Ainsi, pas moins de 27 normes
techniques ont été adoptées par référence à la réglementation existante.
Ces normes concernent différents domaines, tels l'équipement de pro-
tection individuelle, les cadres de protection en cas de retournement, les
appareils de levage, les systèmes de protection contre les incendies, etc.

Mentionnons, enfin, que les ingénieurs du Bureau d’études et


conseils ont collaboré à des études techniques dans le domaine de la
Les mécanismes de contrôle et de prévention 105

sécurité (études sur les monte-charges, les chargeuses mécaniques,


etc.)

Les Services de protection de l’environnement


Les activités des Services de protection de l’environnement peu-
vent être divisées en quatre catégories: études entreprises à leurinitiati-
ve, études demandées, information et activités connexes.

Etudes entreprises à l'initiative des Services de


protection de l’environnement
Les études entreprises à l'initiative des Services de protection de
l’environnement concernent des polluants spécifiques ou des groupes
d'industries spécifiques: études sur l’amiante, le plomb, le mercure, les
peintures, l’air comprimé, les fonderies, le textile, etc. Les Services de
protection de l’environnement considèrent que ce genre d’études devrait
être intensifié, afin de renseigner les organismes concernés sur la nature
et l’envergure des problèmes et de guider les autres services d’inspec-
tion sur les correctifs à apporter.

Etudes demandées

Ces études regroupent les demandes de la clientèle et représentent


des cas d’étude particulière où il faut fournir l'expertise nécessaire à
l'évaluation des conditions d’hygiène.

Dans cette clientèle, on retrouve principalement:


— les Départements de santé communautaire;
— le Service d'inspection du travail;
— la Commission des accidents du travail;
— la Communauté urbaine de Montréal;
— les centrales syndicales et les syndicats.

Le nombre de dossiers traités par les Services de protection de


l’environnement s'accroît à un rythme d’environ 10% par année. Ainsi,
en 1977-78, on prévoit près de 450 demandes d'étude impliquant autant
d'établissements visités au cours de l’année.
106 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Le processus d'inspection est le même pour les études entreprises


à l'initiative des Services de protection de l’environnement que pour les
études qui leur sont demandées. Après avoir préparé une feuille de route
qui fixe l’échéancier de l'étude et le type de travail à effectuer, le
personnel technique se rend sur les lieux évaluer les polluants présents.
Une fois les échantillons prélevés, ceux-ci sont analysés en laboratoire’.
On rédige ensuite un rapport technique qui décrit la situation et
contient des recommandations et un échéancier. Ce rapport est trans-
mis au chef d'établissement et au représentant des travailleurs. Par la
suite, il arrive souvent que des rencontres soient nécessaires pour
discuter des recommandations. Si le chef d’établissement ne donne pas
suite au rapport, il s'expose à des procédures judiciaires. Cependant, il
s’agit là d’un moyen fort peu utilisé puisqu'une seule poursuite a été
intentée en 1977.

L'information
Les activités d’information aux Services de protection de l’envi-
ronnement sont limitées, faute de ressources. Malgré tout,en 1977,on a
donné une dizaine de conférences techniques sur le bruit, l'hygiène
industrielle, etc. et on a participé à des sessions de formation organi-
sées par des centrales syndicales.

Activités connexes

Le personnel technique a étudié, en 1977, près de 250 projets de


nouvelles usines ou de modifications à des usines existantes, et des
certificats d'autorisation ont été émis au chef d'établissement.

Comme les normes réglementaires dont disposent les Services de


protection de l’environnement sont anciennes et désuètes, ceux-ci utili-
sent, en pratique, les normes américaines les plus récentes. Ils prépa-
rent actuellement un important projet de règlement relatif à la qualité
du milieu de travail qui touche, de façon plus spécifique, à l'hygiène
industrielle.

1 Les Services de protection de l’environnement possèdent leur propre laboratoire qui sert aussi
bien aux fins de l'hygiène industrielle que de l’assainissement de l’air ambiant. Il permet de
procéder à des analyses de gaz, vapeurs, poussières et solvants. Le ministère des Richesses
naturelles possède également un laboratoire pour l'analyse des poussières de silice et
d'amiante.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 107

Le ministère des Richesses naturelles


Les activités du Service d'inspection des mines comprennent
l'inspection, l'enquête et les activités connexes.

L'inspection
Toutes les mines et les carrières sont visitées au moins une fois
par année et généralement plus. Les tourbières sont visitées annuelle-
ment. Quant aux sablières et glaisières, seules les plus importantes sont
inspectées, celles où il y a du matériel lourd.

Nous n'avons cependant pas de statistiques concernant le nom-


bre de défectuosités corrigées et les arrêts de travail. Quant aux
poursuites, signalons que la juridiction du Service d'inspection des
mines se limite à faire des recommandations à cet effet au ministère de
la Justice qui détermine s’il y a lieu d’y donner suite. Au cours des
dernières années, en moyenne, six recommandations de poursuites par
an ont été faites.

En 1977, le Service d'inspection des mines a fait environ 1,695


inspections qu’on peut classifier de la façon suivante:
— sécurité générale 838
— électricité 105
— mécanique 88
— aération 238
— bruit 143
— autres visites 283

L'enquête
Le Service d'inspection des mines peut faire des enquêtes à la
suite de plaintes ou relativement à des accidents. En 1977, il y a eu 63
enquêtes; 13 d’entre elles concernaient des accidents mortels. On se
limite, lors de ces enquêtes, à émettre des avis de correction.

Activités connexes

Le Service d'inspection des mines procède à l'émission de permis


d'achat et d'entreposage d’explosifs pour les mines et les carrières.
108 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Il donne aussi des approbations concernant différents sujets


techniques comme, par exemple, l’utilisation de moteurs diesel au fond
d’une mine, l’emplacement et l'installation de chaudières à vapeur,
l’utilisation d’une tension supérieure à 750 volts, etc. On ne tient aucune
statistique concernant ces autorisations.

Le Service vérifie également si les installations proposées sont


conformes aux règlements. Il doit donc examiner les plans relativement
aux installations électriques et mécaniques, aux barrages ou cloisons
étanches dans les mines souterraines, aux installations de chauffage, de
l’air, etc.

En outre, le Service reçoit annuellement, de toutes les mines


souterraines qui sont actives, une copie des plans montrant les ouvrages
au fond et leur aérage ainsi que l'emplacement des bâtiments au jour.

En ce qui concerne la prescription de normes, on se réfère aux


normes américaines (ACGIH), mais celles-ci n’ont pas de valeur
réglementaire. Une norme a été adoptée par arrêté en conseil pour
l'amiante et la silice. C’est la seule actuellement en vigueur.

L'Office de la construction du Québec


Les activités relatives à l'inspection, à l'Office de la Construction
du Québec, se regroupent en trois catégories: l'inspection, l'enquête et
l'approbation des plans.

L'inspection'
En 1976, il y a eu 74,259 visites de chantiers, soit un nombre
moyen de 4 visites par chantier pour l’année. Suite à ces inspections,
plus de 12,500 infractions à la sécurité ont été relevées. De ce nombre,
4,600 ont donné lieu à de simples avertissements, les dangers provoqués
par ces infractions n'étant jugés ni imminents ni graves. Les quelque
8,000 autres infractions ont nécessité des recommandations de poursui-
tes de la part des inspecteurs. Dans plus de 6,500 cas, les recommanda-

1 Les données contenues dans cette section sont tirées de Louis Larochelle, Rapport statistique
sur la sécurité dans l’industrie de la construction, Office de la construction du Québec,
novembre 1977.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 109

tions de poursuites concernaient des récidives de la part des em-


ployeurs; dans 1,178 cas, les recommandations de poursuites étaient
faites suite à des ordres de l’inspecteur d'arrêter les travaux à cause de
la présence de dangers imminents et graves; dans 232 cas, il s'agissait
de refus de la part de l'employeur de se conformer aux directives de
l'inspecteur.

Seulement 1,400 de ces 8,000 demandes de poursuites, soit 18%,


ont donné lieu effectivement à des poursuites judiciaires. Dans la
majorité des cas, ces poursuites n’ont été que des avis préalables, soit
des amendes de $200. Dans 90% des 6,500 cas de récidives (le même
employeur commet trop souvent le même type d'infraction), les deman-
des de poursuites faites par l'inspecteur n’ont pas donné lieu à des
poursuites effectives.

Les statistiques de l'Office révèlent que les infractions les plus


fréquentes concernent les situations ou les objets suivants:
— la tenue des lieux 18%
— Jes installations électriques 13%
— Jes équipements de protection individuelle 12%
— Jes rampes, plates-formes, garde-corps 9%
— les équipements de construction 8%
— les échafaudages 7%

L'enquête
L'Office enquête à la suite des plaintes qui lui sont adressées par
des salariés, des syndicats ou des employeurs. Celles-ci peuvent con-
cerner aussi bien le non-respect du décret et des normes de qualification
que des règlements de sécurité sur les chantiers. Au total, en 1976, 3,479
plaintes’ ont été adressées aux inspecteurs dont, cependant, 58% se
sont avérées non fondées. Suite à l’ensemble de ces plaintes, 521
infractions à la sécurité ont été enregistrées.

Les enquêtes sur les accidents sont menées par le Service d’ins-
pection du ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre. Les inspecteurs

1 Les statistiques de l'Office ne permettent pas de distinguer les plaintes à la sécurité des autres
types de plaintes.
110 Les mécanismes de contrôle et de prévention

de l'Office préparent un rapport pour usage interne, dans lequel on ne


fait que relater les circonstances de l’accident et décrire l’état du
chantier. En 1976, il y a eu 53 décès dans le secteur de la construction,
soit 21.6% du total des décès causés par un accident du travail’.

L'approbation des plans


Les entrepreneurs qui effectuent des travaux de construction
doivent déposer à l’Office de la construction du Québec, avant le début
de certains travaux, les plans et devis des structures temporaires ainsi
que les méthodes de travail qu'ils utilisent.

Le Service d'approbation des plans doit aussi accorder des autori-


sations spéciales, lors de demandes d’équivalences pour l’utilisation
d'appareils pour lesquels il n'existe pas de normes connues, ou pour
l'organisation de méthodes de travail différentes de celles prévues dans
la réglementation.

En 1977, plus de 4,500 plans, procédés et demandes d’équivalen-


ces ont été acheminés à ce Service.

Conclusion
Le cadre juridique actuel est à l’origine de plusieurs des problè-
mes rencontrés par les services d'inspection, comme il en a été fait
mention antérieurement. Qu'il suffise de mentionner ici quelques faits:

« les responsabilités des différents services d'inspection sont mal


définies et mal partagées;

e il y a un manque de synchronisme dans les modes de fonctionne-


ment des divers services, en dépit de certaines tentatives de
coordination;

2 Statistiques du secteur d'activités économiques « bâtiments et travaux publics » tel que


défini dans la Classification des activités économiques du Bureau de la statistique du
Québec.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 111

les lois et les règlements ne tiennent pas compte de l’évolution


technologique et des approches nouvelles à la prévention;

e les pouvoirs coercitifs sont insuffisants.

Par ailleurs, il est très difficile d'évaluer l'efficacité des services


d'inspection. Ceci tient en partie au fait que, jusqu’à tout récemment,
aucune donnée ne permettait de mesurer de façon précise l’évolution des
accidents du travail et des maladies professionnelles. Même si nous
commençons à être en possession de certaines statistiques qui permet-
tent de mieux cerner le phénomène, grâce aux travaux entrepris par la
Commission des accidents du travail, celles-ci ne permettent pas
d'isoler l'inspection de toutes les variables qui peuvent influencer les
performances des entreprises au niveau de la santé et de la sécurité des
travailleurs.

Les services d'inspection eux-mêmes sont dans l'incapacité


d'évaluer les résultats de leurs activités. Ils ne colligent aucune infor-
mation de façon systématique et facilement traitable.

C'est pourquoi, sans vouloir minimiser les problèmes constam-


ment évoqués du manque d’inspecteurs et de leur dispersion, le gouver-
nement croit que le problème fondamental réside dans la difficulté où se
retrouvent les services d'inspection, en l’absence de données suffisam-
ment précises, de faire porter leurs efforts là où les situations les plus
graves l’exigent.

Un autre problème d’envergure qui confronte les services d’ins-


pection est l’écart considérable qui existe entre le nombre de demandes
de poursuites formulées par les inspecteurs et le nombre de poursuites
réellement intentées par la justice. Ce problème est apparu particulière-
ment évident, à l’analyse des statistiques compilées par l'Office de la
construction du Québec qui révèlent que 82% des demandes de
poursuites préparées par les inspecteurs de l'Office ne donnent lieu à
aucune poursuite par le ministère de la Justice.
112 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Les associations patronales et la


prévention

Les associations et le partage des responsabilités


L'existence d’une association patronale directement vouée à la
prévention des accidents du travail remonte à l’année 1931, alors
qu'était fondée l'Association de prévention des accidents industriels du
Québec. Cette fondation faisait suite aux dispositions de la Loi des
accidents du travail permettant à la Commission des accidents du
travail d'accorder des octrois à des associations d'employeurs pour la
prévention des accidents. Il y a eu, depuis, la mise sur pied d’autres
associations. La dernière fut créée en 1975; il s’agit du Service de
prévention et de l’environnement de l’Association des hôpitaux de la
province de Québec.

Au total, les activités du monde patronal pour la santé et la


sécurité au travail sont sous la responsabilité de six associations sans
but lucratif. On en trouvera la liste au Tableau 20, de même que les
types et le nombre d'établissements que chacune représente.

Le but de ces associations est de promouvoir la prévention des


accidents du travail et des maladies professionnelles en fournissant
aux entreprises membres des programmes d’information, de formation
et de consultation, principalement en matière de sécurité au travail.

L'Association de prévention des accidents industriels est la plus


importante de ces associations. Elle regroupe 97,000 établissements
dans 26 classes d'employeurs. À l'encontre des autres associations qui
regroupent des employeurs de secteurs économiques bien particulari-
sés, l'Association de prévention des accidents industriels regroupe des
employeurs oeuvrant dans une multitude de secteurs différents.

Cinq associations reçoivent leur financement en vertu de l’article


110 de la Loi des accidents du travail. Il faut remarquer que le Comité
de prévention de l’Association des mines de métaux du Québec et le
Service de prévention et de l’environnement de l’Association des hôpi-
taux de la province de Québec sont des entités administratives relevant
Les mécanismes de contrôle et de prévention 113

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114 Les mécanismes de contrôle et de prévention

directement de leurs associations patronales qui assument bien d’au-


tres responsabilités que celle de la prévention des accidents du travail.

Par ailleurs, l'Association de sécurité des pâtes et papiers et


l'Association des exploitations forestières ont le même directeur géné-
ral et partagent les mêmes services de soutien administratif.

Il est important de noter que, depuis deux ans, l’Association des


mines de métaux est la seule qui assure, à titre consultatif, une partici-
pation des travailleurs à l'élaboration et à la réalisation du programme
annuel de prévention. Le Syndicat des métallos et l’Association ont
signé un accord volontaire à cet effet.

Plusieurs associations, comme les chambres de commerce et le


Centre des dirigeants d'entreprise, défendent les intérêts de leurs
membres en matière de santé et de sécurité, mais le principal porte-
parole des employeurs auprès du gouvernement est le Conseil du
patronat du Québec. Celui-ci, en coopération avec ses associations
membres, élabore les positions patronales et assure leur représentation
de façon régulière auprès des organismes gouvernementaux, comme le
Conseil consultatif de la Commission des accidents du travail et le
Conseil consultatif du Travail et de la Main-d'oeuvre.

Les Associations et l'information


Les données du Tableau 21 ont été colligées à partir des informa-
tions que nous avons recueillies auprès de chacune des associations.
Elles doivent être interprétées comme étant représentatives des activités
des associations et non comme une description exhaustive de toutes
leurs activités.

L'information est une activité importante des associations. L'As-


sociation de prévention des accidents industriels et l'Association des
hôpitaux de la province de Québec ont un service qui leur permet de
publier une revue mensuelle sur la prévention.

Trois associations spécialisées, celles des pâtes et papiers, des


exploitations forestières et des mines, accordent beaucoup d'importan-
ce à l'information statistique et aux accidents mortels. Elles compilent
leurs propres statistiques d'accidents pour toutes les entreprises et
Les mécanismes de contrôle et de prévention 115

publient des rapports mensuels permettant aux compagnies de compa-


rer leurs taux de fréquence et de gravité. Une description des accidents
mortels, de même que des conseils sur la façon dont ils auraient pu être
évités, sont également fournis aux employeurs. Toutes les associations
ont une documentation valable et quelques-unes, des cinémathèques
bien garnies.

Chacune des associations organise des assemblées, des collo-


ques et des congrès permettant de transmettre de l'information. Ces
différentes activités ont touché approximativement 17,000 participants
En 1977.

Il faut constater que la presque totalité de l'information écrite


s'adresse aux dirigeants d'entreprises et aux spécialistes de la préven-
tion.

Il en est de même pour les conférences et colloques, à l’exception


des visionnements de diaporamas de l’Association de prévention des
accidents industriels et des réunions d’information pour les employés
des industries forestières. Suite à l’entente conclue entre l’Association
des mines de métaux et le Syndicat des métallos, les représentants des
employés des mines de métaux participent aux assemblées régionales
de l'Association.

Toutes les associations, à l'exception du Service de prévention et


de l’environnement de l’Association des hôpitaux de la province de
Québec, ont un système de récompenses pour promouvoir la sécurité au
travail. Ces systèmes prévoient la remise de trophées, de plaques, etc.
aux employés ou aux établissements qui n’ont pas eu d'accidents
compensables sur une longue période de temps. À titre d'exemple,
l'Association de la prévention des accidents industriels décerne aux
employés un certificat « SEMPER SECURITAS », « pour s’être proté-
gés contre un grave danger, en portant l'appareil de sécurité qu'exigeait
le travail », et un certificat « CLUB DES MILLIONNAIRES EN SE-
CURITÉ » aux entreprises qui ont « accompli un million d'heures de
travail consécutives sans accident à perte de temps ».
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118 | Les mécanismes de contrôle et de prévention

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Les mécanismes de contrôle et de prévention 119

La formation
La formation est l'outil privilégié des associations pour promou-
voir la prévention des accidents dans les milieux de travail.Il suffit, pour
s'en convaincre, d'examiner le Tableau 22 qui présente un sommaire
des sessions de formation dispensées par les associations en 1977.

Presque toutes les sessions s'adressent aux responsables de la


gérance. Il faut constater l'importance accordée à la formation des
contremaîtres. Douze sessions différentes sont organisées à leur inten-
tion par quatre associations.

En ce qui concerne les employés, il y a deux sessions à leur


intention. L'une concerne la conduite préventive des charriots éléva-
teurs, l’autre, dispensée par l'Association de sécurité des pâtes et
papiers et intitulée « la méthode de sécurité en 5 points », regroupe tous
les employés d’une même usine dans un programme de prévention de
masee qui substitue, à la conception abstraite de la prévention des
accidents, des moyens concrets pour prévenir les accidents dans la
pratique.’ L'Association des mines offre une session conjointe pour les
membres patronaux et syndicaux des comités de sécurité.

Depuis quelques années, l’Association de prévention des acci-


dents industriels et l'Association de sécurité des pâtes et papiers du
Québec ont développé des sessions de 4 ou 5 jours sur le contrôle des
pertes et sur la gestion planifiée de la prévention, au niveau de la
gérance et des cadres d’entreprise. Ces sessions ont pour principal
objectif d'évaluer les coûts réels des accidents et d’implanter des
programmes de prévention et de contrôle qui permettront de diminuer
ces coûts.

La plus récente association patronale, le Service de prévention et


de l’environnement de l’Association des hôpitaux de la province de
Québec, a limité ses activités de formation aux responsables de la
prévention et aux cadres du milieu de la santé.

Certaines associations offrent de la formation sur une base


régionale. Ainsi, l'Association de la prévention des accidents indus-
triels utilise une unité mobile qui dessert une clientèle d’une même
entreprise, ou une clientèle venant de plusieurs entreprises. D’autres
associations dispensent aussi des sessions dans les différentes régions,
selon la concentration des entreprises de leur secteur.

Les activités-conseils des associations


Le Tableau 23 présente une description sommaire des activités-
conseils des associations ainsi que certains résultats obtenus en 1977.
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124 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Chacune des associations offre, selon ses caractéristiques et ses


priorités, des services aux diverses entreprises membres.

Certaines associations, comme l’Association de prévention des


accidents industriels et l’Association des hôpitaux de la province de
Québec, se soucient particulièrement de conseiller les entreprises sur
l'implantation de comités de sécurité et le développement de politiques
et de programmes de prévention des accidents.

Les trois associations reliées aux pâtes et papiers et à l’exploita-


tion forestière privilégient les services de compilations statistiques et
d'enquêtes sur les accidents mortels.

L'Association des mines de métaux assure un service d'inspection


de chaque mine au moins 1 fois par année et présente un rapport à la
direction. De plus, on assure un service de vérification des systèmes de
ventilation des mines et de dépoussiérage des ateliers de surface. Ce
dernier service doit évidemment être assuré par un ingénieur qualifié.

Il faut noter une grande préoccupation, quoique récente, des 5


associations du secteur industriel pour les études sur le bruit. En effet,
466 études sur ce sujet ont été réalisées en 1977 (cf. Tableau 23).

Toutes les associations, à l'exception de l'Association des hôpi-


taux de la province de Québec, procèdent à des inspections des lieux de
travail. Les observations et les recommandations des conseillers sont
colligées dans un rapport destiné au chef d'établissement, qui a l’auto-
nomie décisionnelle d'appliquer ou non les recommandations suggé-
rées.

Le Service de prévention et de l’environnement de l’Association


des hôpitaux de la province de Québec a préféré, pour le moment, ne pas
élaborer un programme de consultation auprès des établissements de
santé. Il a décidé plutôt de lancer un projet pilote d'identification des
risques d'accidents du travail et de maladies professionnelles dans un
centre hospitalier. Les résultats de ce projet devraient permettre de
développer et d’implanter un programme de consultation répondant
aux besoins des établissements de santé.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 125

Les ressources humaines et financières


(cf. Tableau 24)
Pour assurer les activités d’information, de formation et de
consultation en matière de sécurité et de santé, les associations ont 114
employés et un budget global de $3 millions, dont $2.8 millions sont
fournis par des octrois de la Commission des accidents du travail, à cinq
associations. La sixième, l'Association des mines de métaux, obtient
son financement par la cotisation directe des entreprises membres.

Les associations des pâtes et papiers et d'exploitations forestières


sont sous la direction d’un même directeur général, et les ressources
humaines assignées à la formation et à l’administration partagent
également leur temps de travail entre les deux associations.

Les cadres de la plupart des associations sont des professionnels


ayant un diplôme universitaire et possédant plusieurs années d’expé-
rience de travail dans le secteur de l’industrie.

Conclusion
À l'intérieur du monde patronal, la prévention des accidents du
travail au Québec est sous la responsabilité de six associations. Cinq
d’entre elles représentent des entreprises appartenant à des secteurs
d'activités homogènes. La sixième, l'Association de prévention des
accidents industriels, regroupe 97,000 entreprises très diversifiées dont
seulement 22,000 ont plus de 10 employés.

Il faut souligner l’absence d’une association pour le secteur de la


construction. Ce secteur est parmi ceux dont la fréquence d'accidents
est la plus élevée. Par ailleurs, l'Office de la construction du Québec
offre un cours de sécurité à l'intention des travailleurs de la cons-
truction.

On a tenté, depuis février 1977, une expérience de participation


conjointe (patronale-syndicale), dans le secteur des mines, par la signa-
ture volontaire d’un accord entre le Syndicat des métallos et l’Associa-
tion des mines de métaux du Québec. Cette expérience est considérée
comme fructueuse par les deux parties impliquées. Les activités d’infor-
mation et de formation des associations patronales visent une clientèle
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Les mécanismes de contrôle et de prévention 127

composée presqu'exclusivement de dirigeants, de contremaîtres et de


spécialistes en prévention des accidents; peu d'activités sont destinées à
informer et à former le travailleur dans son milieu de travail.

L'inspection des lieux de travail par les conseillers des associa-


tions est suivie par la présentation d’un rapport contenant des observa-
tions et des recommandations. Cependant, le chef d'établissement n’est
pas obligé d’y donner suite.

Le système de remise de trophées ou de certificats contribue à


créer une émulation pour la sécurité au travail, mais il comporte le
danger d'inciter les dirigeants et même les employés à camoufler les
accidents dans le but d'obtenir ces récompenses et le prestige qui les
accompagne.

La nature des activités et La clientèle visée par les associations


patronales de prévention laissent voir une tendance à favoriser un:
adaptation du travailleur au milieu et à l’organisation du travail exis-
tants, plutôt qu’à promouvoir une transformation de ce milieu et de
cette organisation afin de les rendre plus conformes aux besoins de la
santé et de la sécurité des travailleurs. Cette tendance nous semble
clairement confirmée par ce texte du président de l'Association de
prévention des accidents industriels:
« Nous serons tous affectés par les nouvelles lois et
règlements sur la sécurité et la santé. Notre rôle,
comme employeur, est de faire en sorte que ces lois et
règlements soient raisonnables, et nous ne devons pas
les considérer comme des contraintes mais comme un
moyen de réduire la fréquence des accidents. Rappe-
lons-nous toutefois, que moins de 20% des accidents
sont dus à des conditions dangereuses et toute cette
réglementation qu’on nous impose n'aidera pratique-
ment pas à réduire la plupart des accidents, c'est-à-
dire ceux causés par des actes imprudents. À mon
sens, il n’y a qu'une façon de réduire sensiblement la
fréquence des accidents de travail et cette façon est le
changement d'attitude des employeurs et des em-
ployés vis-à-vis la SANTE des travailleurs »'

1 Extrait du Rapport annuel — 1976, de M. Marc Ruel, président de l'Association de


prévention des accidents industriels (p. 4).
128 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Les activités des associations


de travailleurs

Introduction
Les centrales syndicales se sont toujours préoccupées de l’amélio-
ration des conditions de travail de leurs membres mais, depuis une
dizaine d'années, on remarque un intérêt accru et une intensification
des revendications dans le domaine de la santé et de la sécurité au
travail. Il faut peut-être associer ce phénomène aux préoccupations
grandissantes de la population vis-à-vis de la protection de l’environne-
ment, de même qu’au caractère mieux structuré et à une diffusion plus
large de dossiers sur la prévention des accidents du travail et, surtout,
des maladies professionnelles. Dans le passé, les centrales s'étaient
occupées davantage des questions de sécurité, d'indemnisation et de
réadaptation. Plusieurs grands syndicats fournissaient une assistance
aux travailleurs pour la défense de leurs cas auprès de la Commission
des accidents du travail.

Récemment, les grandes centrales ont préparé et soumis à leurs


instances décisionnelles des positions à la fois théoriques: et pratiques
leur permettant de prendre position sur les réformes envisagées en
matière de santé et de sécurité et de négocier des clauses de convention
collective plus avantageuses.

Ainsi, dans la plupart des récentes conventions négociées pour les


entreprises du milieu industriel, on trouve une clause permettant de
refuser de poursuivre un travail dangereux. De plus, les pouvoirs et les
devoirs des comités paritaires de sécurité sont précisés plus minutieuse-
ment. La définition du comité de sécurité est élargie pour englober la
santé et la notion d’accidents inclut les incidents sans blessure.

1 Les positions de principe de trois centrales ayant des membres dans les secteurs industriels
sont décrites principalement dans les documents suivants:
— Confédération des syndicats nationaux: « Projet de clause type en sécurité-santé »,
janvier 1978; « Non au travail qui tue », 49° congrès, juin 1978.
— Centrale des syndicats démocratiques: « La base sociale — La Sécurité », novembre 1977.
— Fédération des travailleurs du Québec: « Le contrôle des travailleurs sur leur santé »,
décembre 1975.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 129

Il y a évidemment avantage pour les syndicats à insérer ces


clauses dans une convention collective. Le fonctionnement du comité de
sécurité se trouve ainsi intégré au fonctionnement du syndicat et les
mésententes relatives à ces clauses sont sujettes aux mécanismes nor-
maux d'arbitrage prévus par la convention.

Les représentants des centrales assument aussi un rôle de repré-


sentation auprès des organismes publics. Des représentants de la
Confédération des syndicats nationaux et de la Fédération des travail-
leurs du Québec ont siégé de façon régulière, entre 1970 et 1973, au
Conseil consultatif de la Commission des accidents du travail. Depuis
1970, les mêmes représentants siègent sur le Comité no 24 du Conseil
consultatif du Travail et de la Main-d’oeuvre. Ce comité est consulté sur
les projets de règlements relatifs à la sécurité au travail.

Jusqu'ici, nous avons décrit les activités syndicales de portée


générale, en matière de santé et de sécurité. Dans les pages suivantes,
nous allons présenter, sous forme de tableaux, un sommaire des activi-
tés de formation, d’information et de consultation des trois centrales
syndicales ayant des syndicats dans le milieu industriel. Ces tableaux
sont indicatifs des activités réalisées et non une description exhaustive
de toutes les activités dans leurs moindres détails.

Rôle d’information
L'information fournie par les centrales syndicales sert à faire
connaître à leurs membres, principalement aux militants’ syndicaux,
leur position respective en matière de santé et de sécurité. Elle permet
également de préparer des dossiers spécifiques sur le fonctionnement
des comités de sécurité, les clauses de convention collective, l'hygiène
industrielle, etc.

Depuis 1975, les syndicats organisent des colloques sectoriels ou


régionaux qui ont atteint plus de 1,800 participants. De plus, chaque
centrale a recueilli une documentation de portée générale et technique
sur les normes et l’utilisation des produits.

1 Le mot militants réfère aux membres des éxécutifs ou des comités syndicaux ainsi qu'aux
permanents syndicaux.
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Les mécanismes de contrôle et de
prévention
Les mécanismes de contrôle et de prévention 131

Les trois centrales préparent des dossiers spécifiques au sujet de


la santé et de la sécurité au travail. L'élaboration de ces dossiers
est faite, à l’occasion, par l’Institut de recherches appliquées sur le
travail”, qui vulgarise les notions scientifiques pour les militants syndi-
caux. L'Institut de recherches appliquées sur le travail est aidé dans ses
travaux par des chercheurs de diverses universités québécoises. Cet
institut prépare actuellement un dossier sur les effets du bruit.

De plus, les centrales préparent des dossiers, avec l’aide de


travailleurs, les impliquant non seulement dans la cueillette d’informa-
tions, mais aussi dans la recherche des moyens d’éliminer les risques à
la santé et à la sécurité. Le Tableau 25 présente, sous forme de résumé,
les activités d’information des centrales syndicales en matière de santé
et de sécurité.

Rôle de formation
La formation syndicale a pour but de dispenser des connaissances
et de développer des habiletés, afin de rendre les militants syndicaux
capables de travailler efficacement au sein des comités paritaires ou
syndicaux de sécurité au travail, et capables de négocier l'inclusion
dans les conventions collectives de clauses autres que monétaires sur la
santé et la sécurité.

Le Tableau 26 présente un sommaire des activités de formation


des centrales syndicales pour l’année 1977. Etant donné l'intérêt récent
des centrales pour la santé et la sécurité, les sessions privilégient pour le
moment une clientèle de militants syndicaux.

Chacune des centrales syndicales a développé des sessions de


formation adaptées à ses propres besoins. Il est intéressant de constater
que la Fédération des travailleurs du Québec a élaboré, avec l’aide de
l’Institut de recherches appliquées sur le travail, une session d’éduca-
tion de formateurs, d’une durée de 5 jours, qui a un effet multiplicateur
sur l'entraînement des membres de ses unions affiliées.

1 Florian Ouellet. La santé et la sécurité au travail. Pour une action sur les lieux de travail.
Institut de recherches appliquées sur le travail, Brochure no 5, sept. 1975.
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Les mécanismes de contrôle et de prévention 133

En 1977, les trois centrales ont organisé 113 sessions de formation


qui ont atteint plus de 1,215 militants ou représentants syndicaux.

Rôle-conseil
Les trois centrales syndicales jouent de diverses façons un rôle-
conseil auprès de leurs syndicats membres.

Depuis 1963, la Fédération des travailleurs du Québec a toujours


eu un permanent plein temps pour s'occuper des questions de santé et
de sécurité au travail. Ce permanent s’occupait surtout d’aider les
travailleurs accidentés dans leurs démarches auprès de la Commission
des accidents du travail. Cette fonction est maintenant assumée par le
Service de santé et de sécurité au travail que vient de créer la Fédération
des travailleurs du Québec. Ce service a également pour fonctions de
conseiller les syndicats lors des négociations, d'organiser des colloques
et des sessions de formation pour les militants syndicaux et d'assurer la
représentation de la fédération auprès des organismes publics.

Le Service du génie industriel de la Confédération des syndicats


nationaux, sur demande des syndicats qui ont obtenu ce droit par
négociation, a procédé à 50 inspections de sécurité en 1977. Pour ce
faire, la Confédération des syndicats nationaux utilise des questionnai-
res sur la santé, ainsi que des instruments et des appareils de mesure
pour le gaz, le bruit, la poussière, etc. Un rapport est soumis aux
syndicats qui négocient avec l’entreprise l'implantation des recom-
mandations. A l’occasion, on prête aux syndicats membres les instru-
ments de mesure, afin que ceux-ci procèdent à leurs propres enquêtes
dans leur milieu de travail. En 1974, la Confédération des syndicats
nationaux a fait une enquête auprès de 15 buanderies d’hôpitaux de la
province de Québec. De plus, la Confédération des syndicats nationaux
conseille ses syndicats affiliés sur leurs négociations de clauses relati-
ves à la santé et à la sécurité au travail.

La Centrale des syndicats démocratiques conseille également ses


syndicats affilés sur la négociation de clauses de convention relatives à
la santé et à la sécurité au travail. Pour la recherche, elle utilise une
stratégie basée sur l'implication des travailleurs. Pour la cueillette
d'informations sur les conditions de travail et pour l'identification
d’études plus précises, on utilise des méthodes d'animation.
Be34 Les mécanismes de contrôle et de prévention

La Centrale des syndicats démocratiques fait ensuite appel à des


experts gouvernementaux ou privés pour aider les travailleurs à trou-
ver des moyens de diminuer les risques d’accidents du travail et de
maladies professionnelles.

Ressources humaines et financières


Les ressources humaines consacrées au domaine de la santé et de
la sécurité sont minimes. Le financement des ressources humaines
assignées aux différents dossiers est fait à même les cotisations
syndicales perçues auprès des membres. Le Tableau 27 fait état des
ressources humaines des trois centrales syndicales qui étaient affectées
au domaine de la santé et de la sécurité en 1977. Il ne tient pas compte,
parce que difficilement quantifiables, des journées des différents mili-
tants ou délégués syndicaux consacrées à des négociations ou à des
activités des comités de sécurité.

Depuis octobre 1977, les centrales syndicales reçoivent des sub-


ventions du gouvernement fédéral pour la formation des militants
syndicaux. Bien que ces subventions ne concernent pas spécifiquement
la formation dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail, elles
peuvent être utilisées à cette fin en partie.

Tableau 27
Les ressources humaines des trois centrales syndicales
pour 1977

Centrale Ressources humaines

FTO 1 responsable santé et sécurité


1 responsable réclamation à la CAT

CSN Service du Génie industriel 2.5h./année


8 représentants syndicaux dans les régions attitrées exclusivement
à la santé et à la sécurité

CSD Responsabilité du service de recherche et de formation équivalent


à 0.5 h./année
Dans les régions, les services sont assurés par les 9 militants
en sécurité sociale qui assument d’autres fonctions
Les mécanismes de contrôle et de prévention 135

De plus, depuis le 5 octobre 1977, la Commission des accidents du


travail, en vertu d’un règlement interne,’ accorde aux associations de
salariés une subvention de $50. par personne qui assiste aux sessions de
formation à la prévention, lorsque ces sessions sont organisées par
l'association de salariés, et ceci pour chacun des jours de la session.
Cette subvention compense le salaire perdu par le travailleur qui
bénéficie de cette formation. Il n’y a pas de doute qu’un tel programme
de subvention aidera considérablement les centrales syndicales dans
leur effort de formation des travailleurs.

Les activités d’autres associations de travailleurs


La Centrale de l’enseignement du Québec, composée principale-
ment des enseignants des niveaux primaire et secondaire et des profes-
sionnels non-enseignants, s'intéresse depuis peu aux questions relati-
ves à la santé et à la sécurité. En effet, dans le cadre de la préparation de
la négociation de la prochaine convention collective, la Centrale de
l'enseignement du Québec a entrepris une recherche sur le stress et la
qualité de vie au travail des enseignants. Cette préoccupation fait suite,
semble-t-il, à une augmentation du nombre d'enseignants atteints de
dépression nerveuse, de maladies du larynx et des voies respiratoires.
Les résultats de cette recherche permettront à la Centrale de l’enseigne-
ment du Québec d'orienter ses revendications en matière de santé et de
sécurité au travail lors de la prochaine négociation.

Les agriculteurs, membres de l’Union des producteurs agricoles,


sont à 85% des exploitants industriels. À cause de la dispersion de ses
membres et de la grande diversité de leurs occupations, l’action de
l'Union des producteurs agricoles en matière de santé et de sécurité se
résume à diffuser une fois par année, dans le journal La terre de
chez-nous, des articles rappelant les risques d’accidents reliés à l’utili-
sation des instruments aratoires. Récemment, l’Union des producteurs
agricoles a revendiqué, auprès de la Commission des accidents du
travail, le droit pour ses membres d’être protégés sur demande par la
Loi des accidents du travail.

1 Règlement no À 927-77.
136 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Quoique la très grande majorité des travailleurs syndiqués des


secteurs industriels appartiennent à des syndicats affiliés aux principa-
les centrales syndicales, Centrale des syndicats démocratiques, Confé-
dération des syndicats nationaux, Fédération des travailleurs du Qué-
bec, il y a d'importants groupes de travailleurs qui sont membres de
syndicats autonomes ou de syndicats regroupés dans une même fédéra-
tion. De façon générale, ces syndicats ou ces fédérations ne fournissent
pas de services d’information, de formation ou de consultation à leurs
membres. Cependant, à l’occasion, ils entreprennent des recherches
dans le domaine de la santé et de la sécurité. Entre autres, c’est le cas de
la Fédération des syndicats du secteur de l’aluminium. Celle-ci négocie
présentement avec l'employeur et la Commission des accidents du
travail un protocole de surveillance de la santé pour les travailleurs du
secteur de l'aluminium. Ce protocole se traduira par la réalisation d’une
étude épidémiologique, dans le but de détecter les principales maladies
professionnelles dont sont victimes les travailleurs de l’aluminium.

Conclusion
Il faut souligner l’évolution rapide des préoccupations et des
interventions des centrales syndicales en matière de santé et de sécurité
au travail. Cette évolution s’est traduite, au cours des dernières années,
par une intensification des activités de négociation de clauses de
convention collective, d’information et de formation de militants syndi-
caux et de préparation de dossiers spécifiques. Il n’y a aucun doute que
ces activités, quoique encore modestes, ont contribué largement à l'éveil
du monde syndical.

Cependant, il faut constater que l'information et la formation ont


été limitées à une clientèle de militants et ont peu contribué à donner à
l’ensemble des travailleurs des connaissances et des habiletés leur
permettant de reconnaître les risques d'accidents et d'utiliser des
méthodes de travail sécuritaires.

Les interventions syndicales dans le domaine, au niveau de


l’entreprise, sont orientées vers l’utilisation de la structure syndicale et
vers la correction à la source des conditions dangereuses.

On doit toutefois observer que de telles mesures sont encore


inexistantes chez les travailleurs non syndiqués, qui constituent pour-
tant 63% de l’ensemble des travailleurs du Québec.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 137

Les comités conjoints de sécurité


au travail

Composition et pouvoirs des comités


conjoints de sécurité
Les comités conjoints de sécurité au travail doivent leur existence
à l'application de deux règlements de la Loi des établissements
industriels et commerciaux ou à la conclusion d’ententes spécifiques
dans le cadre des conventions collectives.

Les comités de sécurité sont obligatoires dans les établissements


industriels dont l'effectif global est de plus de 20 travailleurs et où la
fréquence des accidents excède 25 par million d’heures travaillées’.
Cependant, cette obligation ne s’applique pas aux établissements
commerciaux, puisqu'il appartient au chef d’établissement industriel
d'établir le comité de sécurité et que la définition d’« établissement
industriel », dans la Loi, n’inclut pas l'établissement commercial.
Dans le secteur de la construction, les comités de chantier sont obliga-
toires pour tout chantier dont l'effectif est de 25 travailleurs ou plus, à
un moment quelconque des travaux.

Le taux de fréquence de 25, qui oblige le chef d'établissement


industriel à établir un comité conjoint de sécurité, a été choisi en 1973,
car ce taux représentait alors la fréquence moyenne pour l’ensemble
des établissements assujettis à la Loi des accidents du travail.

Quoique la Loi des mines ne rende pas obligatoire l'existence de


comités conjoints de sécurité, la grande majorité des mines de métaux et
d'amiante ont un comité de sécurité dont l'existence est prévue par la

FES Le taux de fréquence représente le nombre d’accidents par million d’heures de travail:
nombre d'accidents x 1,000,000
fréquence =
nombre d’heures travaillées
2 L'expression « établissement industriel » comprend les manufactures, fabriques, usines,
chantiers et ateliers de tous genres, ainsi que les dépendances de chacun de ces établisse-
ments. Dans les chantiers, sont inclus les chantiers de construction et de démolition et les
chantiers forestiers. Un baraquement est une dépendance. Une propriété ou un lieu quelcon-
que n'est pas exclu de la définition, ci-dessus donnée, d’un établissement industriel, pour la
seule raison que cette propriété, ou ce lieu est en plein air.
3 Arrêté en Conseil 1575-74, 1 mai 1974, article 2.5.
138 Les mécanismes de contrôle et de prévention

convention collective de travail. Depuis environ un an, ilexiste aussiun


comité paritaire consultatif sectoriel dans le secteur des mines de
métaux. Ce comité fait suite à la signature d’un accord volontaire entre
l'Association des mines de métaux du Québec et le Syndicat des
métallos de la Fédération des travailleurs du Québec.

Depuis quelques années, on constate que les syndicats, principa-


lement ceux des secteurs de la fabrication, de la métallurgie ou du
traitement du minerai, négocient de plus en plus de clauses de conven-
tion collective régissant le fonctionnement du comité paritaire de sécuri-
té et de santé au travail.

La section précédente, sur les associations de travailleurs, décrit


l'évolution des clauses de convention collective sur la santé et la sécurité
au travail. Généralement, le but recherché par les syndicats est de
préciser les pouvoirs et les devoirs du comité et aussi d’assujettir le
fonctionnement du comité à la procédure de grief en cas de mésenten-
te”.

1 Voici, à titre d'exemple, la liste des pouvoirs et des devoirs du comité de santé et de sécurité
inscrits dans une convention collective récente:
Pouvoirs Devoirs
- enquêter sur des accidents de travailet — se réunir 2 fois par mois ou sur demande
des incidents pouvant résulter en bles- d’un membre du comité en cas d'urgence;
sures, maladies ou dommages maté- - tenir des procès-verbaux de ses réunions;
riels ; - faire la tournée d'inspection, 2 fois par
- veiller à l’observance des lois et des
Fi > 4 H
mois, accompagné du directeur de la pré-
. La . +

règlements de santé et de sécurité; vention ou de son délégué;


- participer au choix des équipements et _ se réunir au cours des heures de travail
des accessoires nécessaires à la protec- sans perte de traitement.
tion des employés;
obtenir de la compagnie la documenta-
tion et les statistiques nécessaires à ses
activités;
- requérir les services de conseillers
et/ou de spécialistes extérieurs en ma-
tière de santé et de sécurité;
chacun des membres peut s’absenter 5
jours par année, sans perte de traite-
ment, pour suivre des cours sur la santé
et la sécurité qui sont reconnus et ac-
cepté par le comité;
- participer au choix et à la préparation
des cours sur la formation des em-
ployés au travail, relativement à la san-
té et à la sécurité;
Les mécanismes de contrôle et de prévention 139

Le Tableau 28 présente, de façon synthétique, la composition et le


rôle des comités conjoints de sécurité.

Le nombre de comités conjoints de sécurité en vertu


des conventions collectives
Une étude récente du Service de l’analyse des conventions collec-
tives de l’Université McGill, commanditée par la Direction générale de
la recherche du ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre, donne un
aperçu du dégré d'implantation des comités conjoints de sécurité. Sous
réserve de la méthodologie utilisée, l'étude révèle que dans l’ensemble
des secteurs primaire, secondaire et tertiaire, 37% des 525 conventions?
retenues comprennent une disposition relative au comité conjoint de
sécurité et protègent 39% des employés touchés.

En y regardant de plus près, on constate que dans le secteur


primaire, 49% des conventions retenues comprennent des dispositions
relatives à un comité conjoint sur la santé et la sécurité au travail et
protègent 12,152 des 20,837 travailleurs concernés, soit 58%. Dans le
secteur secondaire, 38% des conventions ont des clauses relatives au
comité de santé et de sécurité; elles touchent 40% des travailleurs
couverts par l’analyse, soit 55,955 des 138,715. Enfin, dans le secteur
tertiaire, 10% des conventions retenues comprennent des clauses
concernant le comité conjoint, et 4,680 travailleurs sont protégés, des
24,615 touchés, soit 19%. Il faut souligner cependant que dans le
secteur tertiaire, on n’a pas tenu compte des conventions collectives des
secteurs public et para-public.

- avoir en sa possession les appareils né-


cessaires aux inspections;
- participer aux inspections effectuées
par les représentants autorisés du mi-
nistère du Travail:
- demander à la compagnie des correc-
tions de situations et préciser les délais
à respecter.
2 Les conventions collectives retenues pour fins d'analyse ont été choisies par l'Université
McGill, de manière à rejoindre le tiers de la main-d'oeuvre syndiquée dans chacun des
secteurs. Il ne s’agit pas d’un échantillon établi scientifiquement, mais bien d'un groupe de
525 conventions collectives qui ne saurait prétendre à une représentativité objective de la
situation québécoise et sectorielle du point de vue des conditions de travail négociées.
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142 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Le nombre de comités de sécurité en vertu de


la réglementation
Même s'il n’y a que peu ou pas de données quantitatives sur
l'existence des comités de sécurité en vertu de la réglementation, nous
croyons utile de présenter, par secteur d'activités économiques, les
données et les commentaires recueillis auprès des services gouverne-
mentaux, patronaux et syndicaux à ce sujet.

Agriculture
Il n'existe aucun comité de sécurité dans ce secteur. La sécurité se
limite à la réalisation d’une semaine de sécurité agricole, généralement
au mois d'août. Cette activité est organisée par le Conseil canadien de
sécurité et est diffusée au Québec par la Ligue de sécurité du Québec.

Exploitation forestière
Selon l’Association de sécurité des exploitations forestières du
Québec, la grande majorité des entreprises de ce secteur ont des comités
de sécurité. Tous les chantiers importants de coupe de bois ont un
comité de chantier responsable de la prévention des accidents, et des
comités de sécurité propres à chaque catégorie d'employés: opérateurs,
bûcherons, débusqueurs, mécaniciens, etc. Le nombre élevé de
comités dans ce secteur est aussi attribuable à l'existence de deux
associations de prévention distinctes, celle des exploitations forestières
qui produisent du bois de pulpe pour les moulins à papier et celle des
industriels forestiers qui produisent du bois de sciage et du bois de
pulpe.

Chasse et pêche
Il y a environ quatre cents pêcheurs salariés couverts par le Code
canadien du travail, principalement localisés aux Iles-de-la-Madeleine.
Cependant, il n’y aurait, à toutes fins pratiques, aucun comité de
sécurité relié à ces activités de pêche.

Mines et carrières

Vingt-trois des 26 mines de métaux du Québec ont un comité de


sécurité. En incluant les comités des 7 mines d'amiante et des 13 mines
de fer, nous trouvons 43 comités pour 46 mines.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 143

Il existe de 200 à 300 carrières en opération de façon saisonnière.


Plusieurs sont petites et n’opèrent même pas chaque année, dépendant
des contrats obtenus et de leur importance. Il y aurait environ 15
carrières, surtout celles des cimenteries et celles utilisées pour la
construction de barrages, qui auraient des comités de sécurité. Il existe,
selon les années, entre 8,000 et 10,000 sablières ayant un caractère
artisanal ou quasi familial. Ces sablières sont généralement situées le
long des routes et leur faible dimension ne permet pas l'existence de
comités de sécurité. Il en serait de même pour la plupart des 60
tourbières en opération au Québec.

Construction

L'Office de la construction du Québec faisait état, en janvier


1978, de 1,350 chantiers en opération dont 10% environ avaient un
comité de sécurité, soit 135. Durant l’été, ce nombre peut atteindre 1,800
mais on peut estimer que le pourcentage de ceux qui ont un comité de
sécurité demeure le même. 90% des chantiers n’ont pas de comité de
sécurité parce qu'ils comptent moins de 25 travailleurs. Environ 20%
des 144,000 travailleurs annuels de la construction, soit 29,000, travail-
lent dans des endroits où il y a un comité de chantier.

Manufactures
D'après l'Association de prévention des accidents industriels, il y
avait, en 1977, 991 comités de sécurité dans le secteur manufacturier,
dont 42% étaient considérés comme actifs, faisant parvenir leurs pro-
cès-verbaux à l'Association. À ce total, il faut ajouter les comités de
sécurité des membres de l’Association de sécurité des pâtes et papiers
du Québec. Les établissements manufacturiers ayant un comité de
sécurité représentent environ 10% de l’ensemble des établissements du
secteur (cf. Tableau 29).

Commerce, Services et Finances


Comme nous l’avons vu, les établissements de ces secteurs ne
sont pas obligés d’avoir un comité de sécurité. Cependant, d’après
l'Association de prévention des accidents industriels, il y aurait quand
même 196 comités de sécurité (cf. Tableau 30).
144 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Tableau 29
Nombre de comités de sécurité par secteur manufacturier
en 1977

Nombre
Classe’ Définition de la classe de comités

03 Fabrication de meubles 86

04 Fabrication d'articles de bois 100

05 Traitement de minerai d'aluminium 16

06 Extraction de sable ciment 61

07 Laminoir — Aciérie 2

08 Fonderie 19

09 Fabrication de métal-construction 83

10 Fabrication de machines légères 183

LE Fabrication de véhicules de transport 38

12 Fabrication de produits pétroliers et de peinture 106

13 Minoterie 14

14 Abattoirs, engrais chimiques et commerces d'animaux 40

15 Fabrication de produits alimentaires 86

16 Tannerie et caoutchouc 34

17 Matériel textile 40

18 Confection de vêtements 27

19 Imprimerie et boîtes de carton 56


ne
SP Vi nr
Total 991

1 Telle que définie par la Commission des accidents du travail


Les mécanismes de contrôle et de prévention 145

Tableau 30
Nombre de comités de sécurité pour les secteurs commerce,
services et finances en 1977.
Nombre
Classe’ Définition de la classe de comités

20 Camionnage et transport par autobus, etc. 38

21 Services d'ingénieurs et d’arpenteurs, paysagistes et parcs


d'amusement 6

22 Exploitation de la radiodiffusion 2

23 Corporations municipales, scolaires et exploitation d’édifices 67

27 Hôtellerie — Restauration 23

28 Associations de Protection de la Forêt et clubs sportifs 2

29 Commerce de gros et de détail 58

Total 196
1 Telle que définie par la Commission des accidents du travail

Transports et communications

Plusieurs entreprises de ce secteur relèvent de la compétence du


gouvernement fédéral; elles sont soumises au Code canadien du travail
qui n’imposait à aucun employeur l'obligation d'établir un comité de
sécurité, jusqu’à l’adoption du Bill C-8, le 7 avril 1978.

Administration publique
Dans le domaine de l'administration municipale, des comités de
sécurité existent dans les grandes municipalités, particulièrement dans
les divisions d'entretien mécanique, d’incinérateurs, de buanderie, etc.

En ce qui concerne l'administration provinciale, la convention


collective des fonctionnaires provinciaux prévoit l'existence d’un comité
paritaire d'hygiène et de sécurité. Le seul rôle de ce comité, cependant,
est d'étudier les griefs des employés. Globalement, il n’y a aucune
politique de prévention pour la santé et la sécurité des employés de la
146 Les mécanismes de contrôle et de prévention

fonction publique du Québec. La seule activité prévue est l’organisation


d’un service de soins infirmiers par groupe d’environ 2,000 employés.

Evaluation des comités paritaires de sécurité


Les nombreux témoignages que nous avons recueillis sur la
formule du comité paritaire de sécurité nous ont permis de constater
qu'un grand nombre de chefs d'établissements et de responsables
syndicaux reconnaissent l'utilité et même la nécessité d’une telle
formule pour la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles. Les critiques n’en sont pas moins extrêmement nom-
breuses et sévères, lorsqu'il s’agit d'évaluer le fonctionnement concret
des comités existants. Ces critiques émanent aussi bien de la partie
patronale que de la partie syndicale, même si elles reposent sur des
perceptions souvent très différentes.

Pour la partie patronale, les difficultés de fonctionnement du


comité paritaire tiennent essentiellement aux attitudes prises par les
travailleurs et à leur manque de formation. Ainsi, plusieurs employeurs
affirment que les travailleurs:

e participent aux travaux du comité dans un esprit de confronta-


tion ou de règlement de griefs plutôt qu’avec le désir de coopérer
à la solution des problèmes;

< exigent des corrections aux procédés et aux équipements dans des
délais irréalistes et sans tenir compte des coûts impliqués;

« refusent de s'impliquer dans l'identification des gestes ou des


attitudes dangereuses de leurs confrères de travail;

. refusent d’entériner les règlements de sécurité, particulièrement


ceux qui exigent l’usage de moyens de protection individuelle;

«ne semblent pas intéressés à l'information et à la formation


comme moyens de prévention;

- manquent de connaissances en matière de sécurité.

Pour la partie syndicale, les problèmes de fonctionnement du


comité paritaire proviennent à la fois de la formule même du comité, des
Les mécanismes de contrôle et de prévention 147

attitudes des employeurs et du peu d’information dont peuvent disposer


les travailleurs. Ainsi, on affirme que:

+ le mécanisme du comité de sécurité n’est pas intégré au mode


normal de revendication syndicale et il lui manque un pouvoir
coercitif pour obliger l'employeur à respecter les lois et les
règlements de santé et de sécurité;

e la direction de l'établissement s'attend à ce que les représentants


des travailleurs prennent la défense des intérêts des employeurs;

e la direction ne veut apporter que des corrections mineures aux


procédés et aux équipements et préfère obliger les travailleurs à
porter des moyens de protection individuelle; de plus, la décision
de faire des transformations n’est prise que dans l'espoir d’un
meilleur rendement des investissements, ou d’une diminution des
cotisations à verser à la Commission des accidents du travail;

e les représentants des travailleurs ne disposent pas de toutes les


informations nécessaires et manquent de connaissances techni-
ques en matière de sécurité et de santé au travail.

Il semble néanmoins que quelques moyennes et grandes entrepri-


ses aient réussi à surmonter ces difficultés et à faire du comité de
sécurité un instrument efficace de prévention des accidents du travail et
des maladies professionnelles. Tous ces cas présentent, au dire des
témoignages reçus, un certain nombre de caractéristiques communes
qu'il est important de souligner:

e la haute gérance accorde une importance aussi grande à la


sécurité au travail qu’à la production; cette préoccupation fait
partie de la philosophie de gestion de l’entreprise;

+ le comitéest présidé par un membre dela haute direction mandaté


pour prendre des décisions;

e le chef d'établissement donne suite rapidement aux recommanda-


tions du comité;
148 Les mécanismes de contrôle et de prévention

les représentants des travailleurs s’impliquent pleinement dans la


solution des problèmes de sécurité et font preuve d’une attitude
positive vis-à-vis du comité;

e les membres du comité sont informés des risques d’accidents du


travail et des maladies professionnelles propres à leur établis-
sement;

e les membres du comité sont formés en matière de sécurité et de


santé et sont appuyés par un support d'expertise lorsque néces-
saire;

e le comité développe les modes de fonctionnement, les méthodes de


travail et les sous-comités nécessaires à ses propres besoins;

e le comité, sous aucune considération, n’est utilisé comme méca-


nisme d'arbitrage ou comme instrument de mesure disciplinaire
vis-à-vis des employés.

Plusieurs de ces caractéristiques sont reliées aux attitudes et aux


comportements des travailleurs et des employeurs. On peut être amené
à conclure, étant donné le petit nombre de comités qui ont réussi à
fonctionner de façon satisfaisante, que le climat des relations entre
travailleurs et employeurs, dans le domaine de la santé et de la sécurité
au travail, n’est pas propice au fonctionnement de comités paritaires.

Nous pensons plutôt qu’une grande part des attitudes négatives


exprimées aussi bien par les travailleurs que par les employeurs tient
aux insuffisances mêmes de la formule actuelle des comités paritaires et
aux manques de ressources mises à leur disposition.

Ainsi, les deux parties s'entendent pour déplorer le manque


d'information et de formation des travailleurs qui siègent sur les
comités. Ceux-ci ont été créés sans qu’on ait prévu en même temps tout
un ensemble d'activités de formation et d’information, principalement à
l'endroit des travailleurs. Privés de l’accès aux sources d’information
les plus élémentaires, les travailleurs peuvent difficilement apporter
une contribution significative à la solution des problèmes qu’ils vivent
pourtant quotidiennement. Alors, ou bien ils se désintéressent du
comité, ou bien ils proposent des solutions que la partie patronale a tôt
fait de qualifier d’« irréalistes ».
Les mécanismes de contrôle et de prévention 149

Si l’on considère le caractère obligatoire du comité et la nature très


limitée de ses fonctions, uniquement consultatives, il ressort des criti-
ques faites de part et d'autre que l’ensemble de la situation amène
généralement l'employeur à se conformer à cette obligation de façon
purement formelle et les travailleurs à se méfier du comité, voire même à
refuser de s'associer sérieusement à ses travaux.

Trop souvent, l'employeur créera un comité de sécurité mais n’y


déléguera pas de représentants investis de réels pouvoirs de décisionet,
surtout, accordera peu d’attention à ses recommandations. Dans un tel
contexte, les travailleurs consacreront peu de temps et d'énergie aux
travaux du comité et celui-ci cessera vite de fonctionner de façon
efficace.

Bien sûr, il n'existe pas de formule miracle capable d'éliminer


d’un coup toutes les méfiances et les attitudes négatives. Le gouverne-
ment est cependant convaincu qu'il est possible de conférer au comité
paritaire un statut et un rôle qui le fassent prendre au sérieux tant par
les employeurs que par les travailleurs et qui les amènent à coopérer
franchement à la recherche de solutions à leurs problèmes de santé et de
sécurité.

Les services de santé au travail

Les services de santé au travail dans les entreprises


Les activités des services de santé au travail oeuvrant dans les
entreprises sont difficiles à dépeindre dans un tableau d’ensemble.
L'abondante littérature publiée, soit par les entreprises elles-mêmes,
soit par leurs associations de prévention, concerne presque exclusive-
ment des programmes de prévention des accidents industriels et ne
touche que de façon incidente aux programmes de protection de la santé
des travailleurs. L'information relative aux effectifs et à l’organisation
des services de santé est dispersée dans de multiples sources. Aucun
groupe ou organisme, de quelque niveau qu'il soit, ne possède une
connaissance globale de la situation, chacun étant limité par les con-
traintes de son mandat ou de ses activités. Finalement, alors que des
enquêtes ou des recherches ont touché bien des aspects du système de
150 Les mécanismes de contrôle et de prévention

santé québécois, aucune analyse systématique n’a été faite jusqu’à


maintenant au sujet des services de santé offerts par l’industrie pour
protéger la santé et l'intégrité physique de ses travailleurs.

Ces remarques expliquent facilement pourquoi la description des


activités des services de santé dans les entreprises ne pourra être que
partielle et fragmentaire. Elle constitue, cependant, le portrait le plus
complet et le plus objectif que nous avons pu tracer avec les données
disponibles.

Cette analyse de la situation actuelle dans les services de santé au


travail s'articule autour de trois points: d’abord, la définition d’un
service de santé au travail telle que retenue dans ce chapitre, ensuite une
évaluation quantitative du personnel travaillant dans ces services et,
finalement, une description sommaire des activités de ce personnel.

Définition d’un service de santé au travail


dans l’entreprise
Par service de santé au travail, nous entendons un service dispo-
sant de personnel médical ou para-médical localisé à l’intérieur ou hors
de l’entreprise, et responsable de la mise sur pied de programmes de
dépistage des maladies industrielles et de l’application des différentes
mesures de premiers secours, de prévention, de classement, de reclasse-
ment’ ou de réinsertion au travail des personnes handicapées. Il est
essentiel de bien distinguer ici entre les simples unités de premiers
secours — obligatoires dans toutes les industries? — et Les véritables
services de santé au travail axés non seulement sur la distribution des
premiers secours mais surtout sur la prévention des maladies indus-
trielles. C’est dans cette dernière acception que le terme service de santé
sera utilisé ici.

1 Entendu au sens d'adaptation de la tâche aux besoins, aptitudes et faiblesses physiques et


psychologiques de chaque travailleur.
2 Par unité de secours, nous entendons ici le maintien et la présence sur les lieux du travail d’un
ou de plusieurs préposés qualifiés en secourisme, détenteurs d’un certificat valide d’un
organisme reconnu compétent par la Commission des accidents du travail. (Règlement
numéro 33 (1978) concernant les services de premiers secours, Loi des accidents du travail).
Les mécanismes de contrôle et de prévention 151

Ressources humaines consacrées aux services


de santé au travail
Nous aurions aimé connaître avec précision le nombre d’indus-
tries possédant un service de santé au travail et la proportion des
travailleurs touchés par ces services. Cependant, aucun recensement
complet des industries possédant un tel service n’a encore été effectué
au Québec, si bien que cette information n’est pas disponible directe-
ment. Pour obtenir une estimation à ce sujet, nous avons dû recourir à
différents indicateurs.

Nombre d’entreprises recevant une allocation monétaire


de la Commission des accidents du travail
pour un service de santé
Afin d'encourager la mise sur pied de services de santé, la
Commission des accidents du travail accorde une allocation monétaire
servant à défrayer une partie du salaire du médecin à toute entreprise
de 100 travailleurs et plus, employant un médecin au moins cing heures
par semaine. Entre les mois d'octobre 1976 et 1977,166 entreprises ont
bénéficié de ces allocations, entraînant des déboursés de $278,843 à la
Commission des accidents du travail. Il faut remarquer cependant que
ce chiffre n’inclut pas les entreprises ne répondant pas aux critères
d'allocation (employant moins de 100 travailleurs), ni celles qui, volon-
tairement ou par manque d'information, n'ont pas transmis à la
Commission des accidents du travail une demande d'allocation pour
services médicaux.

Parmi les 166 entreprises recevant une allocation, 118 étaient des
établissements industriels’ qui employaïient, en 1977, 108,180 travail-
leurs”, soit 19% de la main-d'oeuvre du secteur industriel manufactu-
rier“.

1 Résolution (A-203-77). Allocation pour services médicaux, Commission des accidents du


travail.
2 Les autres entreprises appartenaient au secteur tertiaire: administration publique, centres
hospitaliers et institutions d'enseignement.
3 Source: Direction générale de la prévention, Service d'évaluation et de planification,
Commission des accidents du travail.
4 Source: Compilation spéciale, Enquête de la population active, Statistique Canada, 1977.
152 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Nombre de médecins pratiquant la médecine du travail


Dans un document du ministère des Affaires sociales, qui analyse
les résultats de deux enquêtes effectuées auprès des médecins', on
estime le nombre de médecins omnipraticiens et de spécialistes en
industrie?, en équivalent à plein temps, à respectivement 100 et 36.

Le questionnaire annuel de la Corporation professionnelle des


médecins révèle que cette année, 417 omnipraticiens et 138 spécialistes
signalaient une « participation quelconque » à la médecine du travail.
De ce nombre, 79 omnipraticiens (19%) et 31 spécialistes (22%)
déclaraient consacrer la majeure partie de leur temps à cette activité.

Sans prétendre orienter leur pratique vers l'exercice de la médeci-


ne du travail, la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec
rapporte que 416 médecins font des examens (pré-emploi ou annuel) à
la demande d’un employeur. La majorité de ces médecins (62%)
exercent cette pratique à leur cabinet, alors que 38% font ces examens à
l’entreprise même qui les emploie*.

Quant à l'Association de médecine industrielle du Québec, elle


regroupait en 1976 environ 225 médecins, dont 75 pratiquaient la
médecine du travail“ à plein temps.

L'évolution des dernières années dans l’organisation de la prati-


que médicale a donné naissance à des expériences prometteuses pour la
santé et la sécurité des travailleurs. Ainsi, le regroupement des méde-
cins en polycliniques multidisciplinaires permet d'offrir des services de
dépistage, de diagnostic et de traitement plus complets et plus efficaces
que ne peut le faire un médecin isolé. Certains groupes de médecins ont
même intégré des objectifs d'évaluation et de recherche au sein de leur
organisation.

1 Prévision des coûts du régime de santé au travail: les services de santé. Janvier 1978,
ministère des Affaires sociales.
2 La Corporation professionnelle des médecins et la Fédération des médecins omnipraticiens
du Québec ont effectué ces enquêtes auprès de leurs membres.
3 Seulement 25% des omnipraticiens ont répondu à ce questionnaire, ce qui réduit la fiabilité de
ces données.
4 Source: Association de médecine industrielle, document non publié.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 153

Nombre d'infirmières exerçant leur pratique dans l’industrie


On estime généralement à 600 le nombre d’infirmières travaillant
dans l’industrie’. Cette affirmation est confirmée par l'Ordre des
infirmières et infirmiers qui, dans un document du mois d'août 1977,
recensait 338 entreprises employant au moins une infirmière. Selon
l'Ordre, ce chiffre est un minimum puisque le document n'est plus à
jour et n’inclut pas tous les établissements bénéficiant des services d’un
de leurs membres. D'autre part, les responsables de la toute récente
Association des infirmières en santé au travail du Québec? évaluent
elles aussi à 600 le nombre de leurs membres potentiels*.

Nous pouvons résumer cette section de la façon suivante: environ


100 omnipraticiens, 36 médecins spécialistes et 600 infirmières travail-
lent en médecine du travail à temps plein.

Il nous est cependant impossible d'évaluer le nombre d'industries


desservies par ce personnel puisque celui-ci peut participer quelques
heures par semaine aux activités de santé de plusieurs entreprises ou,
au contraire, consacrer la totalité de son temps à une seule.

D'autre part, presque 20% de la main-d'oeuvre du secteur indus-


triel profite de la présence d’un médecin sur les lieux de travail au moins
cinq heures par semaine.

Les activités de ce personnel sont caractérisées par leur hétérogé-


néité et leur diversité. Certains participent véritablement à des activités
de prévention des maladies professionnelles et des accidents du travail;
d’autres n’exécutent que des examens médicaux, pas toujours reliés aux
problèmes de santé au travail. Cependant, la diversité des activités de ce
personnel n’est pas si vaste qu’elle ne puisse nous permettre de retracer
certaines constantes et de reproduire l’image des activités des services
de santé au travail. C’est ce que nous présentons dans les paragraphes
qui suivent.

1 Prévision des coûts du régime de santé au travail: les services de santé. Ministère des Affaires
sociales, janvier 1978.
2 La première réunion de cette association a eu lieu le 24 février 1978, au Château Champlain.
3 Le Devoir, 28 février 1978.
154 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Activités des services de santé au travail


De façon générale, on peut affirmer que la taille d’une entreprise
est un des facteurs déterminants de la présence ou de l'absence d’un
service de santé au travail et du type de pratique médicale qui s’y exerce.

Ainsi, une bonne partie des très grosses entreprises! disposent


d'une service de santé généralement bien structuré, composé d’un
personnel médical et para-médical, ayant des activités régulières en
matière de santé au travail et de prévention des accidents. Les travail-
leurs de ces industries bénéficient généralement d'examens de pré-
embauche ou périodiques et, parfois, d'examens de dépistage, axés sur
des problèmes spécifiques (exposition aux poussières, au bruit, aux
toxiques). La présence d’un hygiéniste industriel dans certaines indus-
tries facilite la connaissance du milieu de travail et des risques aux-
quels sont exposés les employés dans chacune des zones de production.
Dans ce contexte, le médecin peut élaborer des programmes de surveil-
lance spécifiques aux risques encourus, bien que cette pratique ne soit
pas nécessairement courante ou généralement répandue. Au Québec,
cette catégorie d'industrie comprend 151 établissements regroupant
26.5% de la main-d'oeuvre de ce secteur industriel. Cependant, on ne
peut connaître la proportion exacte des travailleurs de ces industries qui
bénéficient effectivement de services de santé aussi complets.

Dans la grosse entreprise (200 à 499 employés), où on retrouve


22.5% de la main-d’oeuvre, l'existence d’un service de santé est aléatoi-
re. Lorsqu'il existe, il comprend généralement une infirmière ou un
médecin, le plus souvent à temps partiel ou à contrat. Ce service
administre les soins d'urgence; on lui demande parfois d'effectuer des
examens d'embauche, ou de contrôler les absences ou les certificats
médicaux des travailleurs. Dans certains cas d'exposition à des risques
spécifiques (plomb, mercure, bruit, poussières), des examens périodi-
ques de dépistages peuvent être effectués.

1 Nous utilisons dans ce texte les catégories du ministère de l'Industrie et du Commerce:


0-4 employés: entreprise artisanale
5-49 employés: petite entreprise
50-199 employés: moyenne entreprise
200-499 employés: grosse entreprise
500 employés et plus: très grosse entreprise
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155
156 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Dans l’entreprise de taille moyenne (50-199 employés), l’existen-


ce d’un véritable service de santé est assez rare et dépend de facteurs
multiples et largement indéterminés. Les activités de ces services sont
difficiles à décrire, mais se rapprochent probablement davantage de la
pratique médicale générale que de la véritable médecine du travail.

Finalement, la petite entreprise ou l’entreprise artisanale n'offre


généralement pas de services de santé à ses travailleurs. Un service de
premiers soins peut exister, dispensé par du personnel de l’industrie
ayant suivi des cours de secourisme. Un peu moins de 20% des
travailleurs du secteur industriel se retrouvent dans ce type d’entrepri-
ses.

Ces données sur la présence d’un service de santé en industrie


sont confirmées par celles de la Commission des accidents du travail
relatives aux entreprises bénéficiant d’un allocation monétaire pour un
service de santé au travail (engagement d’un médecin au moins 5
heures/semaine):.

L'analyse de ces données démontre qu’un peu plus de 50% des


très grosses entreprises (plus de 500 employés) auraient un service de
santé. Cette proportion descendrait à 9% pour les grosses entreprises
et à moins de 1% pour les entreprises de taille moyenne. Au total, un
peu moins de 6% des entreprises manufacturières québécoises em-
ployant plus de 50 travailleurs disposeraient d’un médecin au moins 5
heures par semaine (cf. Tableau 31).

Les chiffres de ce tableau ne tiennent compte que des industries


recevant une allocation de la Commission des accidents du travail.
Nous avons déjà mentionné les limites de ces statistiques. Elles excluent
les industries qui ne sont pas éligibles ou qui n’ont pas fait de demande
d'allocation, ce qui peut diminuer légèrement l’évaluation du nombre
des entreprises ayant un service de santé.

Malgré ces limites, nous observons qu'à peine 6% des entreprises


manufacturières québécoises de plus de 50 travailleurs offrent un
service de santé à leurs employés.

1 Les statistiques concernant le secteur industriel sont tirées des Catalogues 31-203 et 31-210
de Statistique Canada.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 157

Structures et activités gouvernementales dans le


domaine de la santé au travail
En plus des services de santé au travail dans les entreprises, des
organismes gouvernementaux ou para-gouvernementaux ont comme
fonction principale de s’assurer que la santé des travailleurs est proté-
gée par des programmes de surveillance médicale ou technique. Ces
organismes ont pour fonction d’initier, de coordonner ou d'exécuter, sur
une base provinciale ou régionale, des activités dans le secteur de la
santé au travail.

Nous avons vu au chapitre 2 que l'implication du gouvernement


québécois dans le secteur de la santé et de la sécurité au travail remonte
à 1885, année de l’adoption de l’Acte des manufactures.

Les mesures prévues dans cet Acte touchaient surtout la salubri-


té, entendue au sens de mesures générales d'hygiène: eau potable,
propreté, éclairage, aération, etc. Cet accent mis sur la salubrité subsis-
tera jusqu'au début du vingtième siècle.

L'année 1931, par la Loi des Accidents du travail qui reconnais-


sait le principe de la responsabilité collective des employeurs et le droit à
l'indemnisation pour des accidents du travail et des maladies indus-
trielles, marque le début de la médecine du travail au Québec. Afin de
protéger les travailleurs contre certains risques industriels et de dimi-
nuer les réclamations qui en découlent, des médecins sont engagés par
les compagnies et commencent à s'intéresser à ce secteur. En 1936, la
Division de l’hygiène industrielle est créée au ministère de la Santé.
Ainsi se concrétise la volonté du gouvernement de protéger la santé et le
bien-être des travailleurs.

Toute l’évolution de la médecine du travail au Québec est caracté-


risée par le décalage constant entre les mesures de sécurité et d'hygiène
du milieu et les mesures de prévention et de dépistage des maladies
professionnelles avec, de façon générale, une nette prépondérance des
premières sur les deuxièmes. Cette situation a eu comme conséquence
de donner aux mesures de protection de la santé des travailleurs un
caractère plutôt technique, qui les rapprochaïit davantage de l'hygiène
industrielle (évaluation de l’environnement) que de la médecine du
travail (programmes de surveillance médicale).
158 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Depuis 1973, notamment avec l’arrivée au ministère des Affaires


sociales d’un spécialiste en médecine du travail, cette discipline a connu
un nouvel essor. Un Service de santé au travail a été créé dans ce
ministère pour assurer la coordination des activités des départements
de santé communautaire dans ce secteur, déterminer les priorités
provinciales, élaborer des programmes-cadres de surveillance médicale
et assumer, auprès des départements de santé communautaire, une
fonction de support.

En 1975, les chefs des départements de santé communautaire se


voyaient accorder des pouvoirs spécifiques dans le secteur de la santé
au travail. Par l’arrêté en conseil 4453, ils étaient nommés médecins
hygiénistes en vertu de la Loi des établissements industriels et
commerciaux et investis des pouvoirs et des devoirs prévus dans cette
loi et ses règlements et de ceux du chapitre XI des règlements de la Loi
de l'hygiène publique. Cette initiative marque le début de l'implication
des départements de santé communautaire dans le secteur de la santé
au travail.

Les départements de santé communautaire sont des organismes


nés de la réforme du secteur de la santé. Créés en vertu des règlements
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux (L.Q. 1971,
ch. 48), ils représentent la formule d'intégration du modèle de santé
communautaire dans la structure régionale de la santé.

Héritiers d’une tradition de pratique de santé publique à l’inté-


rieur des unités sanitaires, les départements de santé communautaire
ont commencé, dès leur mise sur pied, en 1973, à intégrer les program-
mes existants dans ces organismes: alimentation, maladies infectieu-
ses, hygiène maternelle, hygiène dentaire, santé en milieu scolaire,
etc., en leur appliquant les principes de l’épidémiologie et de la santé
publique.

Depuis 1975, les fonctions des 32 départements de santé commu-


nautaire, implantés dans autant de centres hospitaliers, incluent l’in-
ventaire des établissements industriels et l'identification des risques
possibles à la santé, l'établissement de certaines priorités régionales, le
recensement des ressources techniques, médicales ou spécialisées dis-
ponibles, l'élaboration ou la réalisation de programmes de surveillance
médicale pour les travailleurs exposés à certaines substances toxiques,
Les mécanismes de contrôle et de prévention 159

aux poussières ou au bruit et l'évaluation des programmes de préven-


tion des maladies professionnelles mis sur pied par les entreprises.

L'implication des départements de santé communautaire dans ce


secteur remonte à peine à deux ans, ce qui rend difficile l'évaluation de
leurs activités. L’ampleur du mandat, les carences de formation du
personnel en place et l’imprécision de la réglementation actuelle ont
favorisé dans certains cas une attitude d’attentisme qui n’a certes pas
fait avancer ce dossier. Dans d’autres cas, l'implication des départe-
ments de santé communautaire en santé au travail est plus marquée et
englobe des activités beaucoup plus diverses et complexes que celles
mentionnées plus haut.

Avant le mois d'avril 1976, les départements de santé communau-


taire ne bénéficiaient d'aucun personnel spécifiquement affecté à la
médecine du travail. Depuis cette date, une vingtaine d’entre eux ont
reçu des postes, soit 16 coordonnateurs en médecine du travail dont la
responsabilité est de planifier, de coordonner et d'animer les activités
des départements de santé communautaire en médecine du travail, 4
audiologistes pour les programmes de lutte contre la surdité industrielle
et 4 médecins.

De plus, les chefs des départements de santé communautaire, en


vertu des pouvoirs qui leur sont conférés par leur nomination comme
médecins hygiénistes, peuvent prescrire aux employés des établisse-
ments industriels et commerciaux des examens d'emploi ou en cours
d'emploi. Le coût de ces examens est défrayé par la Régie de l’assuran-
ce-maladie du Québec. D'autre part, en vertu d’une entente entre la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, la Fédération des
médecins spécialistes du Québec et le ministère des Affaires sociales, le
département de santé communautaire peut engager à vacation, ou à
contrat, le nombre de médecins qu'il juge nécessaire pour assurer le bon
fonctionnement de ses programmes de santé au travail. La Régie de
l’assurance-maladie absorbe le coût des salaires de ces médecins.

Dans l’accomplissement de leur mandat, les départements de


santé communautaire peuvent compter sur d’autres organismes du
réseau, notamment les Centres locaux de services communautaires et le
Centre régional de toxicologie qui est rattaché au Centre hospitalier de
l’Université Laval. Les Centres locaux de services communautaires ont,
160 Les mécanismes de contrôle et de prévention

comme les départements de santé communautaire, un rôle de préven-


tion et de promotion de la santé. Cette fonction s’accomplit principale-
ment par la distribution de soins de première ligne, sur une base
externe. Disposant d'équipements médicaux et de personnel multidis-
ciplinaire, les CLSC développent et exécutent, en collaboration avec les
départements de santé communautaire, des programmes spécifiques à
l'intention de groupes-cibles: mise sur pied de programmes d’éduca-
tion et de sensibilisation des travailleurs, inventaire des risques à la
santé dans les industries de leur territoire et exécution de certains
examens reliés aux risques du travail.

Le Centre régional de toxicologie du Centre hospitalier de l’Uni-


versité Laval offre aux départements de santé communautaire un autre
type de support. Le ministère des Affaires sociales l’a identifié comme le
maître d'oeuvre de la toxicologie industrielle au Québec et lui a confié
des mandats importants dans ce secteur, entre autres, la mise sur pied
d’un centre de documentation, la définition des normes et des critères de
surveillance des travailleurs exposés à certains toxiques, l'élaboration
de programmes de surveillance médicale et la mise au point et l’exécu-
tion d'analyses en milieu biologique. Le Centre régional de toxicologie
offre donc aux départements de santé communautaire une compétence
et un support technique fort précieux dans leurs efforts pour protéger la
santé des travailleurs contre les intoxications industrielles.

La protection de la santé des travailleurs ne peut être assurée


uniquement par des programmes de soins et de surveillance médicale,
aussi adéquats soient-ils, et se trouve largement conditionnée par
l’organisation même du système du travail. Dans l'exercice de leurs
fonctions, les départements de santé communautaire ont donc aussi
besoin de compétences dans un secteur connexe à la médecine du
travail, celui de l'hygiène industrielle. Ces deux disciplines, quoique
bien distinctes, ont un rôle complémentaire. L’hygiène industrielle
évalue le milieu de travail et recommande les changements nécessaires;
la médecine du travail surveille et contrôle la santé des travailleurs et
tente de prévenir l'apparition des maladies professionnelles.

Ces responsabilités du contrôle de l’environnement du travailleur


et de l'établissement d’un milieu de travail sécuritaire sont assumées
par d’autres ministères, avec lesquels les départements de santé
communautaire tendent de plus en plus à établir des relations privilé-
giées à cause de l’importance que revêtent ces fonctions.
Les mécanismes de contrôle et de prévention 161

La recherche
Il est très difficile de décrire la situation actuelle de la recherche
dans le domaine de la santé et de la sécurité des travailleurs. D'une part,
il semble exister plusieurs activités de recherche directement, ou le plus
souvent indirectement, reliées à la santé ou à la sécurité des travailleurs.
D'autre part, l'application des résultats de la recherche semble très
aléatoire et irrégulière, selon les types de recherche et les secteurs
industriels concernés. De façon générale, les informations sont inexis-
tantes ou incomplètes.

Compte tenu de ces contraintes, nous tenterons de dresser un


tableau de la situation actuelle sous trois titres: l’organisation, le
financement de la recherche et les types de recherche en cours.

L'organisation de la recherche
Il n'existe aucun mécanisme pour établir les priorités de recherche
et stimuler et coordonner les efforts des chercheurs dans le domaine de
la santé et de la sécurité au travail. Depuis environ un an, le Comité des
priorités du Conseil de la recherche en santé du Québec s’est intéressé à
cette question. Un rapport doit être produit au cours de l’année 1978.

Même si on ne possède pas d'inventaire précis de la recherche en


cours, un certain nombre de projets sont réalisés dans les universités du
Québec et par quelques organismes privés ou publics. Au sein des
universités, ce sont surtout les départements de Pharmacologie, de
Relations industrielles et de Médecine sociale et préventive qui sont
impliqués dans des recherches en rapport avec la santé et la sécurité au
travail.

Parmi les autres organismes impliqués à des degrés divers, on


retrouve l’Institut du cancer de Montréal, l’INRS Santé et l’Institut de
recherche pour l’industrie minière. D’autres organismes, comme l’Ins-
titut de recherches appliquées sur le travail et le Centre régional de
toxicologie du Centre hospitalier de l’Université Laval, consacrent une
partie de leurs activités à des enquêtes sur la santé ou la sécurité des
travailleurs.

De plus, les ministères des Affaires sociales, du Travail et de la


Main-d’oeuvre et de l’Industrie et du Commerce et les Services de
162 Les mécanismes de contrôle et de prévention

protection de l’environnement possèdent des services de recherche. Le


service de recherche épidémiologique du ministère des Affaires sociales
ne s’est pas engagé, jusqu'à présent, dans les activités de recherche
spécifiquement reliées à la santé des travailleurs. Au ministère de
l'Industrie et du Commerce, le Centre de recherche industrielle du
Québec n’a pas de mandat spécifique dans le domaine de la santé et de
la sécurité, mais répond occasionnellement à des demandes qui lui sont
faites à ce sujet. Par ailleurs, le Bureau de normalisation du Québec
incorpore des normes de sécurité à ses normes de fabrication. Les
Services de protection de l’environnement participent également à des
recherches sur la salubrité, à la Division recherche et développement.
La Direction de la recherche du ministère du Travail et de la Main-
d'oeuvre n’a pas réalisé elle-même de recherche sur la santé et la
sécurité, mais contribue au financement de budgets de recherche. Par
ailleurs, la Direction générale de l'Inspection de ce ministère procède
régulièrement à de la recherche appliquée pour établir des normes ou
des règlements relatifs à la sécurité et à la salubrité des lieux. De plus,
cette direction est représentée auprès d’un certain nombre d’organis-
mes de normalisation, tels que l'ACNOR (Association canadienne de
normalisation) et l’'ULC (Underwriters Laboratories of Canada). Elle
participe aussi aux travaux de plus de vingt comités de l'ACNOR sur
des sujets aussi diversifiés que les chaussures de sécurité, les pistolets
de scellement, etc. Les Services de protection de l’environnement et le
Service d'inspection des mines participent également aux travaux
d'organismes de normalisation.

Le financement de la recherche
Le financement de la recherche dans le domaine de la santé et de la
sécurité des travailleurs provient de sources diverses tant privées que
publiques. Chaque source de financement privilégie un aspect limité
selon la nature de ses principaux intérêts.

Au niveau fédéral, on estime à moins d’un million les sommes


octroyées par le gouvernement chaque année pour la recherche sur la
santé et la sécurité des travailleurs au niveau de l’ensemble du Canada’.

1 Ministère de la santé nationale et du Bien-être social, L’hygiène du travail au Canada,


situation présente, juin 1977, p. 48
Les mécanismes de contrôle et de prévention 163

Pour le Québec, on ne possède pas d’estimé des sommes d'argent


consacrées à ce domaine. Parmi les ministères et les organismes
publics concernés, seuls le ministère des Affaires sociales, le ministère
du Travail et de la Main-d’oeuvre et la Commission des accidents du
travail semblent supporter des activités de recherche extra-muros. Pour
1977, on peut estimer à environ $200,000 respectivement les montants
consacrés à cette fin par le ministère des Affaires sociales et par la
Commission des accidents du travail’. La Direction de la recherche du
ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre a affecté $135,000, au cours
des trois dernières années, au financement de projets de recherche sur la
santé et la sécurité des travailleurs, soit une moyenne annuelle d’envi-
ron $45,000.

Il est impossible de se faire une idée d'ensemble des sommes


consacrées à la recherche par les industries et par les organismes privés,
aucun organisme ne recueillant un tel type d’information.

La plupart des recherches sont financées sur une base contrac-


tuelle et il n'existe pas d'organisme responsable de l'évaluation des
projets de recherche. Cependant, le Conseil de la recherche en santé du
Québec qui peut subventionner des projets de recherche depuis 1978,
grâce à un soutien financier de la Commission des accidents du travail,
vient d'établir un mécanisme d'évaluation des projets de recherche qui
lui sont soumis.

Types de recherche
Les recherches en cours sont très variées quant à leur sujet et à
leur importance. Les choix dépendent de l'intérêt des sources de finan-
cement et de l'initiative des chercheurs. Une enquête du Conseil de la
recherche en santé du Québec complétée au cours de l'été 1977, auprès
de 35 chercheurs, a permis de dénombrer 57 projets en cours. Un grand
nombre de sujets de recherche sont touchés. Signalons que la majorité
des travaux portent sur les cancers, les maladies pulmonaires, les effets
de certaines substances toxiques et les répercussions psychologiques de
certains types de travaux.

1 Pour 1978, la Commission des accidents du travail a attribué un montant de $200,000 au


Conseil de la recherche en santé du Québec.
164 Les mécanismes de contrôle et de prévention

Conclusion
Il faut signaler l’absence de politique de recherche dans le domai-
ne de la santé et de la sécurité des travailleurs. Il n'existe pas de
mécanismes pour établir les priorités, coordonner le financement des
activités, stimuler la formation de chercheurs et d'équipes et évaluer la
diffusion et l'application des résultats.

Il n'existe pas non plus de mécanisme central de collecte et


d'analyse de données sur les facteurs de risques de même que sur les
accidents du travail et les maladies professionnelles.

Les quelques recherches existantes ne sont pas suffisamment


reliées aux organismes responsables de l'élaboration et du contrôle de
l'application des normes de sécurité, de la surveillance épidémiologi-
que de l’état de santé des travailleurs, de l’application et de l’évalua-
tion des programmes de santé.
Chapitre 4
Le régime d'indemnisation et de
réadaptation
7 t |
AE
Le régime d'indemnisation et de réadaptation 167

Chapitre 4
Le régime d'indemnisation et de
réadaptation

Dans la section décrivant le cadre juridique des programmes


actuels de prévention, d'indemnisation et de réadaptation, nous avons
précisé que deux lois de juridiction québécoise assurent aux travail-
leurs la réparation des conséquences médicales et économiques indivi-
duelles d’accidents du travail ou de maladies professionnelles, la Loi
des accidents du travail (1964, S.R.Q., c. 159) et la Loi sur l’indemni-
sation des victimes d’amiantose ou de silicose dans les mines et les
carrières (1975, c. 55), communément appelée « Loi 52 » selon le
numéro porté par le projet de loi dont elle origine. La Commission des
accidents du travail, créée par la Loi des accidents du travail, a le
mandat d’administrer l’une et l’autre de ces lois.

Par des moyens différents, ces lois garantissent au travailleur, de


plein droit et sans égard à la faute civile, non seulement l'assistance
médicale et la réadaptation sociale dont il peut avoir besoin, mais aussi
une certaine protection financière contre les pertes de revenu présentes
et futures susceptibles de résulter d’une incapacité partielle ou totale de
travailler. Cette protection financière s'étend aussi aux personnes à
charge du travailleur, lorsque l’accident ou la maladie entraîne le décès
de ce dernier.

Le champ d'application de la Loi des accidents du travail s'étend


à tous les salariés’ qui travaillent soit au Québec soit ailleurs, mais dans
le prolongement d’un emploi généralement exercé au Québec. Il ne
s'étend cependant pas aux secteurs de l’industrie agricole traditionnelle
et aux services domestiques. Les employeurs et les administrateurs de
corporation peuvent aussi obtenir la protection de cette loi par inscrip-
tion volontaire.

1 Depuis le 1“ septembre 1977, l'étudiant qui effectue un stage non rémunéré en milieu de
travail bénéficie aussi de la protection de la Loi des accidents du travail.
168 Le régime d'indemnisation et de réadaptation

De son côté, la Loi sur l'indemnisation des victimes d’amianto-


se ou de silicose dans les mines et les carrières ne s’applique qu'aux
ouvriers de mines ou de carrières atteints d’amiantose ou de silicose,
comme son nom l'indique d’ailleurs.

La Loi des accidents du travail


À l'instar d’un véritable système d’assurance, cette loi se fonde
sur le principe d’une répartition de responsabilité parmi un nombre plus
ou moins étendu de personnes. Ainsi, au lieu d'exiger que chaque
employeur soit appelé à assumer seul la responsabilité des conséquen-
ces financières d'accidents pouvant survenir dans son entreprise, la loi
prévoit la création de groupes d'employeurs parmi lesquels sont répar-
tis les coûts d'accidents ou de maladies pouvant survenir à leurs
travailleurs.

L'indemnité et les bénéfices accordés au travailleur ou à ses


personnes à charge, en vertu de cette loi, tiendront lieu dès lors du droit
d'action qu'ils auraient pu exercer normalement contre l’'employeur,en
vertu des règles normales de la responsabilité civile, ou contre l’un de
ses employés dans l'exercice de ses fonctions. Cependant, si l'accident
ou la maladie sont attribuables à la faute d’une personne ne relevant pas
de l’autorité de l'employeur du travailleur, ce dernier ou, en cas de
décès, ses personnes à charge peuvent, à leur choix, exercer une
poursuite civile contre ce tiers responsable ou soumettre leur réclama-
tion à la Commission des accidents du travail. S'ils s'adressent à la
Commission, celle-ci peut alors réclamer du tiers le remboursement des
indemnités versées’.

La Commission des accidents du travail est une corporation créée


par la Loi des accidents du travail, composée de cinq membres dont un
président, tous nommés par le gouvernement. Les fonctionnaires de la
Commission, au nombre de 1,863 en 1977, sont pour leur part nommés
en vertu de la Loi de la fonction publique (1965, L.Q. c. 14). Elle
dispense ses services à partir de son siège social de Québec et de onze

1 Depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur l'assurance automobile, qui prohibe le recours contre
un tiers à la suite d’un accident d'automobile, les poursuites civiles contre un tiers deviennent
de plus en plus rares.
Le régime d'indemnisation et de réadaptation 169

bureaux régionaux mis sur pied dans chacune des capitales administra-
tives du Québec et dans les villes de Laval et de Longueuil.

Cette Commission administre un fonds alimenté par les contribu-


tions annuelles des employeurs assujettis à la loi. En 1977, les contribu-
tions des employeurs ont atteint les $335.3 millions sur la base d’une
masse salariale cotisable de $20.1 milliards. C’est à même ce fonds
qu'elle assure l’administration de la loi, dispense des services aux
accidentés et verse des indemnités aux bénéficiaires. Les travailleurs ne
contribuent ni directement ni indirectement à ce fonds. Quant à l'État, il
y contribue indirectement par la non-imposabilité des compensations
versées aux accidentés ou à leurs personnes à charge, ainsi que par les
exemptions fiscales accordées aux employeurs pour leurs cotisations à
la Commission.

L'État québécois est soumis à la Loi des accidents du travail à


titre d'employeur tenu de payer personnellement les compensations
dues à ses employés et déterminées par la Commission des accidents du
travail. Bien qu’à l'origine, les employeurs tenus personnellement
d'assurer les bénéfices de la loi à leurs employés, (communément
appelés « employeurs de la cédule II » de La loi) aient été plus nom-
breux, ils ne comprennent maintenant que les services gouvernemen-
taux, les sociétés d'Etat et certaines entreprises dont les activités
concernent le transport ou les communications. Le Gouvernement du
Canada fait aussi partie de ce groupe en vertu de la Loi sur l’indemni-
sation des employés de l'Etat (1970, S.R.C. c. G-8).

La grande majorité des entreprises exerçant leurs activités au


Québec sont donc assujetties à contribuer au fonds d'accidents. Au 31
décembre 1977, 125,920 employeurs étaient enregistrés au fichier actif
de la Commission des accidents du travail. Les entreprises sont regrou-
pées en 27 classes et 81 sous-classes, selon les risques d'accidents
inhérents à leurs activités, et chaque classe est responsable du coût des
accidents survenus chez les employeurs qui s'y retrouvent. En principe,
les cotisations perçues au cours d’une année doivent permettre de
financer tous les coûts des accidents survenus au cours de cette même
année.

Il est à souligner que, pour la détermination de cotisations


imposées aux employeurs assujettis à la loi, la Commission a prévu
170 Le régime d'indemnisation et de réadaptation

l'application de systèmes’ qui permettent de tenir compte de la fréquen-


ce des accidents ou des maladies survenus dans son entreprise.

Un premier système vise environ 2,400 employeurs engagés dans


l'exploitation forestière, les pâtes et papiers, la fabrication du contre-
plaqué, ou l'exploitation de mines de métaux ou d'amiante. Pour ces
employeurs, le taux de cotisation applicable pour une année est formé
d’un taux de mutualité uniforme, auquel s'ajoute un taux individualisé
qui tient compte du coût des accidents inscrits à son dossier pour
l’année cotisée. Un second système s'applique à toutes les autres
industries, en vertu duquel, selon certains critères déterminés par
règlement, un dégrèvement ou une augmentation peut affecter la
cotisation régulière normalement due par un employeur, en fonction de
la fréquence et du coût des accidents apparaissant à son dossier. En
1977, la Commission des accidents du travail a accordé des dégrève-
ments de cotisation de l’ordre de $16 millions à 41,678 employeurs alors
que 1,291 employeurs ont dû débourser $5.4 millions en cotisations
additionnelles.

Sous réserve des pouvoirs de la Cour supérieure d’homologuer


ses décisions ou de la Commission des affaires sociales de réviser les
décisions concernant le droit à une compensation, le quantum de cette
compensation ou le taux de diminution de capacité de travail d’un
travailleur, la Commission des accidents du travail a juridiction exclusi-
ve dans l'exercice de tous les pouvoirs qui lui sont conférés par la loi.
Elle peut cependant déléguer certains de ses pouvoirs à ses fonctionnai-
res, dans les matières où il est prévu qu'un appel peut être interjeté à la
Commission des affaires sociales.

Ainsi, c’est la Commission des accidents du travail qui détermine


et perçoit les cotisations dues par les employeurs, qui décide du droit
des personnes qui lui soumettent leur réclamation, qui leur verse des
indemnités et qui leur assure les divers services d'assistance médicale et
de réadaptation prévus par la loi. C’est aussi dans l’exercice de cette
même autorité qu'elle rend des ordonnances obligeant les employeurs
tenus personnellement de payer les compensations à verser à leurs

1 Règlement no 54 (1973) établissant les normes de cotisation pour les employeurs dont les
industries sont mentionnées dans la cédule I de la Loi des accidents du travail (A.C.4743-73).
Le régime d'indemnisation et de réadaptation 171

employés ou, en cas de décès, à leurs personnes à charge, les avantages


que leur reconnaît la Loi des accidents du travail.

Les compensations payables à un travailleur accidenté ou atteint


d’une maladie industrielle sont basées sur 75% de son revenu brut
annuel dans l'emploi qu’il occupe au moment de l'accident ou du
diagnostic de la maladie, jusqu’à concurrence d’un maximum de reve-
nus établi, pour l’année 1978, à $18,000.Ce maximum est modifié au 1*
janvier de chaque année pour équivaloir, à compter de 1979, à 150% du
salaire moyen de l’ensemble des travailleurs du Québec. Selon le
maximum de gains assurables en vigueur en 1978, la compensation
hebdomadaire maximum versée s'élève à $259.62, soit une compensa-
tion quotidienne de $51.92 ou de $43.27 selon qu'il s’agit d’une semaine
normale de travail de cinq ou de six jours. La loi établit à $35 le montant
minimum de la compensation hebdomadaire payable à un travailleur
atteint d'incapacité totale, à moins que le salaire hebdomadaire de ce
travailleur soit inférieur à ce minimum, auquel cas la compensation doit
alors être égale au salaire.

Les compensations accordées au travailleur sont proportionnelles


au taux de diminution de capacité de travail dont il est atteint par suite
de l’accident du travail ou de la maladie professionnelle dont il a été
victime. Le taux de diminution de capacité de travail est déterminé par
des médecins-évaluateurs indépendants, selon un barème de déficits
anatomo-physiologiques adopté par la Commission.

Pendant tout le temps où l'incapacité de travail du travailleur est


totale, il a droit au maximum de la compensation applicable en fonction
de son salaire, à l’époque de l’accident ou du diagnostic de la maladie. Si
la diminution de capacité de travail du travailleur présente un caractère
permanent, en totalité ou en partie, la compensation devient une rente
viagère calculée sur la même base, mais en fonction du taux de
l'incapacité. Cependant, si le taux de diminution de capacité du travail-
leur n'excède pas 10%, cette rente viagère est convertie en un capital
immédiatement versé au travailleur.

Il est à noter que le travailleur n’a droit à ces compensations que si


l'accident l’a rendu incapable, au-delà de la journée au cours de laquelle
l’accident s’est produit, de gagner son salaire intégral au poste auquelil
était employé. À compter du moment où la Commission reconnaît
172 Le régime d'indemnisation et de réadaptation

qu’un travailleur a été victime d’un accident du travail ou d’une maladie


professionnelle, ce travailleur a droit à un réajustement de bénéfices lors
de toute rechute ou aggravation de son état physique ou mental
attribuable à cet accident ou à cette maladie.

Que le travailleur soit éligible ou non aux compensations dont


nous venons de traiter, il a droit, gratuitement et selon son choix, à un
professionnel de la santé et à tous les soins médicaux et hospitaliers que
requiert son état à la suite d’un accident de travail ou d’une maladie
professionnelle. Ces soins sont normalement dispensés à l’intérieur du
réseau hospitalier québécois. La Commission en assume tous les coûts
et elle rémunère elle-même les professionnels de la santé appelés à
fournir leurs services aux bénéficiaires de la loi. La Commission assume
en outre tous les frais associés à l’obtention de ces soins, ainsi que le
coût des médicaments et des appareils d’orthèse ou de prothèse dont
l'usage peut être reconnu nécessaire. La Commission facilite enfin la
disponibilité des soins médicaux dans l’entreprise même, en accordant
certaines allocations aux employeurs tenus de contribuer au fonds
d'accidents, qui mettent à la disposition de leurs employés un service
médical approuvé par la Commission.

En outre des dispositions visant la réadaptation clinique des


travailleurs victimes d’accidents du travail ou de maladies profession-
nelles, la Loi des accidents du travail permet à la Commission de
prendre les mesures nécessaires et d'effectuer les dépenses appropriées,
afin de faciliter à ces travailleurs la reprise du travail, de contribuer à
leur réadaptation et d’atténuer ou de faire disparaître toute incapacité
résultant de leurs lésions. À ces fins, la Commission, particulièrement
au cours des dernières années, à adopté certaines politiques autorisant
le versement d'allocations de réinsertion au travail et de formation ou de
rééducation professionnelle. De plus, elle assume les frais d'adaptation
de résidences ou de postes de travail, de mobilité professionnelle, sans
compter les honoraires de praticien ou de spécialiste, lorsque les
circonstances l’exigent. Au cours de l’année 1977, les agents de réadap-
tation sociale sont intervenus dans 6,736 cas de travailleurs en difficul-
té, dont près de 900 handicapés atteints d'incapacité totale permanente
à la suite d’accidents ou de maladies survenus au cours de l’année ou
des années antérieures. Dans 1,331 cas, les travailleurs ont pu être
réinsérés sur le marché du travail. De plus, la Commission des acciden-
ts du travail a versé au-delà de $2 millions, à titre d'allocations de
Le régime d'indemnisation et de réadaptation 173

réinsertion au travail, à 796 travailleurs qui éprouvaient des difficultés à


effectuer un retour au travail ou qui étaient contraints, par leur diminu-
tion d’aptitudes, à exercer un emploi moins rémunérateur.

Les accidents du travail et les maladies professionnelles n’entraî-


nent malheureusement pas uniquement des incapacités plus ou moins
graves pour les travailleurs. Au cours des quatre dernières années, 945
travailleurs, exerçant leur occupation dans des industries visées par la
Loi des accidents du travail, ont trouvé la mort à la suite de tels
accidents ou maladies.

Dans ces cas, la Commission rembourse à celui qui les a acquit-


tés, les frais funéraires jusqu’à concurrence d’un maximum de $600 et
les frais de transport du défunt, jusqu’à concurrence de la somme de
$150.

La Loi des accidents du travail prévoit aussi le paiement de


certaines compensations en faveur des personnes à charge du travail-
leur décédé. La veuve, pour sa part, a droit à une allocation spéciale
forfaitaire de $500 en plus d’une rente mensuelle viagère établie, en
1978 à $227.24. Cette rente cesse cependant de lui être versée en cas
de remariage; elle a alors droit à un montant équivalant à deux ans de
rente. Pour sa part, le veuf n’a pas droit à une telle rente s’il est
mentalement ou physiquement incapable de gagner un salaire. Il peut
cependant lui être accordée, à lui comme à tout autre adulte à charge du
défunt, une somme que la Commission doit déterminer en fonction de la
perte pécuniaire subie. Dans le cas où le travailleur ne laisse pas de
veuve, ou lorsque celle-ci décède subséquemment, la rente de veuve
peut être versée à la personne qui s’est constituée la mère adoptive des
enfants.

Lorsque le travailleur décédé laisse des enfants, une rente men-


suelle de $59.10 est payable, pour chacun d’eux, à leur mère ou à la
personne qui en prend soin. Lorsqu'il n'existe aucun bénéficiaire de la
rente de veuve, l’enfant a droit à une rente mensuelle de $92.87. Ces
rentes sont versées aux enfants jusqu’à leur majorité, à moins qu'ils ne
soient encore aux études ou qu'ils soient invalides à ce moment; dans
ces derniers cas, le versement de la rente se prolonge aussi longtemps
que dure la situation d'exception.
174 ’ Le régime d'indemnisation et de réadaptation

Notons enfin, que toutes les rentes versées à des bénéficiaires par
la Commission des accidents du travail sont revalorisées au 1* janvier
de chaque année, conformément à l’article 130 de la Loi du Régime de
rentes du Québec (1965, L.Q. c. 24), en fonction de la moyenne
annuelle de la hausse réelle de l’indice du coût de la vie. De plus, toutes
les compensations payées en vertu de la Loi des accidents du travail ne
peuvent faire l’objet de cession et sont insaisissables et non imposables.

Au cours de l’année 1977, la Commission des accidents du travail


a reçu 276,222 réclamations, à la suite d'accidents du travail, dont
159,227 justifiaient le paiement de compensations et 116,995 ne nécessi-
taient que le paiement de soins médicaux ou hospitaliers.

La loi sur l'indemnisation des victimes


d’amiantose ou de silicose
dans les mines et les carrières
Tout en faisant appel aux dispositions compatibles de la Loi des
accidents du travail, cette loi d'exception, adoptée en juin 1975, intro-
duisait en matière d'indemnisation d’accidents un nouveau concept
visant à résoudre le problème particulier des travailleurs des mines et
des carrières atteints d’amiantose ou de silicose et, par conséquent,
contraints de s'éloigner d’un milieu de travail où les poussières d’a-
miante ou de silice s'étaient révélées néfastes à leur état. La reconnais-
sance d’un taux d'incapacité partielle permanente chez ces travailleurs
ne permettait, en vertu de la Loi des accidents du travail, que le
versement d’une compensation en fonction de ce taux, sans égard au fait
que ces travailleurs spécialisés ne pourraient plus exercer leur métier.
En effet, un règlement (A.C. 1787-75) adopté en vertu de la Loi des
mines (1964, S.R.Q. c. 89) prohibe l'emploi, dans une mine ou une
carrière, d’un travailleur qui ne peut attester de son aptitude médicale à
s’exposer à l’inhalation de poussières d'amiante ou de silice.

La Loi sur l’indemnisation des victimes d’amiantose ou de


silicose dans les mines et les carrières permet donc à la Commission
des accidents du travail de verser à l’ouvrier atteint d’une incapacité
permanente résultant de l’amiantose ou de la silicose, d’une part, une
indemnité forfaitaire en fonction du taux de son incapacité et de son âge
Le régime d'indemnisation et de réadaptation 175

et, d'autre part, lorsqu'il perd ainsi son emploi, une indemnité complé-
mentaire de remplacement de revenu équivalant à 90% de son revenu
annuel net au moment du diagnostic de la maladie. Cette indemnité
complémentaire, payée sous forme de rente indexée annuellement,
s'éteint lorsque le travailleur atteint 65 ans; une indemnité spéciale peut
alors lui être versée si, en raison de son état au cours des années
antérieures, il n’est plus éligible au montant de rente auquel il aurait
normalement eu droit en vertu du régime de rentes du Québec. Si,
pendant qu’il bénéficie d’une indemnité complémentaire, le travailleur
occupe un autre emploi, les revenus nets tirés de cetemploi sont déduits
de l’indemnité dans une proportion qui maintient une incitation au
travail.

Evaluation du système d'indemnisation


et de réadaptation applicable
aux victimes d'accidents du travail
ou de maladies professionnelles

Toutes les provinces du Canada ainsi que les Territoires du


Nord-Ouest et le Yukon ont adopté, au cours des années, un système
d'indemnisation et de réadaptation des accidents du travail ou des
maladies professionnelles plus ou moins analogue à celui que nous
avons décrit plus haut. S’inspirant les uns des autres et pratiquement
immobilisés les uns par les autres dans leur évolution, ces systèmes font
aujourd’hui l’objet de critiques en plusieurs coins du Canada. Notre
propre système n’y échappe pas. Malgré les progrès industriels et
surtout l’évolution constante de la conscience sociale, la Loi des acci-
dents du travail, bientôt cinquantenaire, n’a subi que peu de modifica-
tions majeures au cours des années. Les lacunes suivantes nous sont
apparues particulièrement importantes:

— Notre système d'indemnisation et de réadaptation pèche d’abord


parce qu’il est double. Si la Loi de l’indemnisation des victimes
d’amiantose ou de silicose dans les mines et les carrières peut,
sur certains points, avoir sa justification lorsque l’on considère la
situation des ouvriers des mines et des carrières, il est cependant
difficilement justifiable de considérer que les principes d’indem-
nisation qu’elle véhicule ne puissent bénéficier à tous les autres
176 Le régime d'indemnisation et de réadaptation

travailleurs qui sont régis par la loi générale, dont les dispositions
fondamentales sont nettement dépassées.

— La Loi des accidents du travail n'offre pas la possibilité de


procéder à une véritable indemnisation des dommages subis par
l'individu. D'une part, elle n'autorise pas l'octroi de compensa-
tions pour les pertes non économiques généralement reconnues
par les tribunaux civils: les souffrances et la diminution de
jouissance de la vie, ou le préjudice esthétique subi. De plus, le
travailleur atteint d’une incapacité partielle permanente de 30%,
par exemple, reçoit compensation sous forme d’une rente viagère
équivalant annuellement à 30% des trois quarts (75%) de ses
revenus bruts. Alors que cette rente non imposable et indexée
annuellement s’ajoute aux revenus du travailleur qui a la possibi-
lité de reprendre son emploi, elle est dérisoire pour le travailleur
désormais inapte à exercer le sien. Pour l’un il y a une certaine
surcompensation, alors que pour l’autre il y a non seulement
sous-compensation mais injustice.

En outre, comme la compensation est basée sur 75% du revenu


brut, elle varie en plus ou en moins par rapport au salaire net
normal de chaque individu. Au surplus, par suite de l’augmenta-
tion automatique du maximum des gains assurables, il arrivera
de plus en plus fréquemment que des travailleurs, au lendemain
de leur accident, recevront une compensation supérieure au salai-
re qu'ils tiraient de leur travail.

Si l’on considère maintenant les compensations payables aux


” personnes à charge en cas de décès du travailleur, on constate
d’abord qu’elles sont discriminatoires à l’endroit du veuf lorsque
c’est l'épouse qui est décédée, et qu’elles sont préfixées par la loi
en ne tenant aucunement compte du revenu du travailleur décédé.
Ainsi, par exemple, la veuve avec deux enfants reçoit en 1978 une
rente mensuelle de $345.44, soit $4,145.28 annuellement, sans
égard au fait que son époux décédé ait eu des revenus bruts de
$8,000 ou de $18,000. De plus, il est étonnant de constater que
pendant l’année 1967, alors que le maximum des gains admissib-
les était de $6,000, cette même veuve aurait reçu une rente
mensuelle de $217.08.
— Bien que le champ d'application de la Loi des accidents du travail
ait été considérablement élargi depuis son adoption, il n’inclut
Le régime d'indemnisation et de réadaptation 77

pas encore tous les travailleurs. Nous songeons tout particulière-


ment ici aux travailleurs agricoles; dans le secteur de l’agricultu-
re, la mécanisation des travaux et l’utilisation de plus en plus
fréquente de substances chimiques sont l’occasion et la cause
d'un grand nombre d’accidents et de maladies. Il en résulte,
malgré l'existence d'assurances privées, que de nombreux tra-
vailleurs demeurent privés de compensations et doivent faire
appel aux mesures d’aide sociale.

— Même si la Commission des accidents du travail accorde le


bénéfice du doute au travailleur qui lui soumet une réclamation, il
n'en reste pas moins que, dans chaque cas, une certaine preuve
doit démontrer qu'il s’agit bien d’un accident du travail ou d’une
maladie professionnelle. Or, particulièrement en matière de ma-
ladies professionnelles, à cause de l’état plus ou moins avancé des
connaissances médicales sur les causes véritables des maladies, il
arrive fréquemment que des travailleurs malades ne parviennent
pas à démontrer le lien de cause à effet entre leurs conditions de
travail et la maladie dont ils sont atteints, et dont la fréquence est
souvent notoire dans leur secteur d’activité. L'approche législati-
ve et médicale en ce domaine gagnerait donc à être assouplie sinon
particularisée.

— La Loi des accidents du travail fait peu de place à la réadaptation


sociale des victimes d'accidents du travail ou de maladies profes-
sionnelles. C’est sans doute la raison principale pour laquelle ce
secteur d'activité ne s’est développé qu'avec hésitations au cours
des dernières années. Les accidentés atteints d'incapacité totale
ou partielle permanente ne reçoivent donc pas toute l’aide dont ils
seraient en droit de bénéficier dans l’optique d’une réadaptation
juste et complète.

— La classification des employeurs dans les cédules de la Loi des


accidents du travail n’a pas été révisée en profondeur depuis son
adoption en 1931. Au fur et à mesure de l’apparition ou de
l’assujettissement de nouvelles industries, on s’est contenté de
les joindre à une classe d'industries déjà existante. L'expérience
devait démontrer qu’une telle solution engendre des iniquités,
particulièrement pour certaines entreprises dont le taux de cotisa-
tion est injustement affecté par la mauvaise expérience d’autres
178 Le régime d'indemnisation et de réadaptation

industries parmi lesquelles elles ont été regroupées. La Commis-


sion des accidents du travail procède actuellement à une réorgani-
sation majeure de cette classification.

Ces diverses lacunes de la loi, ajoutées aux difficultés particuliè-


res inhérentes à tout système d'indemnisation et de réadaptation axé
sur la détermination médicale d’incapacités plus ou moins relatives,
sont certes à l’origine de la majeure partie des critiques formulées par le
monde du travail à l'endroit de la Commission des accidents du travail.
La décentralisation que s’est imposée la Commission au cours de la
dernière année constitue certes une première étape essentielle pour
mieux servir sa clientèle. Il nous appartient maintenant de procéder à
une révision en profondeur du système actuel afin de lui donner des
moyens justes et modernes de remplir sa mission.
Chapitre 5
Les coûts reliés à la santé et
à la sécurité au travail
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Les coûts reliés à la santé et à la sécurité au travail 181

Chapitre 5
Les coûts reliés à la santé et
à la sécurité au travail

Les accidents et les maladies du travail entraînent des coûts


économiques qu'il importe d'identifier, à défaut de pouvoir les mesurer
avec exactitude. Au niveau global, pour la société dans son ensemble, le
coût des accidents et des maladies du travail comprend trois composan-
tes: la diminution de la production consécutive aux accidents et aux
maladies du travail, les ressources physiques et humaines consacrées à
la prévention, au traitement et à la réadaptation et, finalement,
les coûts
psychiques supportés par les travailleurs et leurs familles. Ces coûts
sont subis différemment par les entreprises et les travailleurs.

Les travailleurs subissent les accidents et les maladies du travail


dans leur chair. Eux et leurs proches sont donc touchés par les coûts
psychiques de la crainte d’un éventuel accident, ainsi que par les
dommages psychologiques associés à la souffrance, par les pertes de
jouissance de la vie, etc. Par surcroît, les travailleurs et leurs proches
subissent une diminution de leurs revenus et, partant, de leur consom-
mation de biens et services. Cette diminution résulte de la perte de leur
emploi (si la compensation reçue ne couvre pas la totalité du revenu), de
la perte de revenus d'appoint, de coûts de déplacement des proches pour
visiter l’accidenté en traitement, etc.

Les entreprises, pour leur part, subissent des réductions de profits


occasionnées par la perte de production, la baisse de rendement, les
dégâts matériels et par certaines dépenses qu’entraînent les accidents et
les maladies du travail. De plus, elles doivent défrayer une part des frais
encourus pour la formation et l'information des travailleurs et des
responsables patronaux, la recherche, l'inspection des lieux de travail et
la surveillance de la santé au travail; elles doivent verser des cotisations
à la Commission des accidents du travail, parfois payer des primes
d'assurance pour couvrir les dommages au matériel, à l'équipement et à
l'outillage attribuables aux accidents du travail, verser des indemnités à
182 Les coûts reliés à la santé et à la sécurité au travail

la suite d’un accident ou d’un dommage quelconque, non couvert par les
assurances et la Commission des accidents du travail. D’autres débour-
sés peuvent être effectués pour rencontrer les exigences des normes de
prévention; c’est le cas par exemple des déboursés effectués pour
adapter les moyens de production, les conditions de travail ou les
produits fabriqués aux normes de prévention. Ces mesures toutefois,
peuvent également servir à améliorer la productivité.

Le coût global des accidents et des maladies du travail pour la


société est souvent évalué en calculant le coût indirect par rapport au
coût direct. Le coût indirect représente la partie du coût global qui est
plus difficile à comptabiliser, comme la perte de production, la baisse de
rendement, etc; le coût direct se rapporte à la partie de l’ensemble qui
est la mieux connue, c’est-à-dire l’assistance médicale et l’indemnisa-
tion. Selon une étude’ récente effectuée en France, le coût indirect serait
quatre fois plus élevé que le coût direct. Appliquée au Québec, cette
règle d'estimation permet d'évaluer que le coût global des accidents et
des maladies du travail s’élevait à environ $1.9 milliard en 1977, soit
3,7% du produit intérieur brut du Québec.

Le coût global est difficile à désagréger; néanmoins, il a été


possible d’en colliger une partie, sous forme de déboursés encourus par
divers organismes pour la prévention des accidents et des maladies du
travail, ainsi que de déboursés effectués pour l'indemnisation et la
réadaptation.

_ Les déboursés encourus pour


la prévention
Les déboursés encourus pour la prévention des accidents et des
maladies du travail, c’est-à-dire ceux pour lesquels nous avons des
données pour l’ensemble du Québec, comprennent les déboursés en-
courus pour la formation et l'information des travailleurs et des respon-

1 Michel Le Net, Le prix de la vie humaine, Notes et études documentaires, La documentation


française no 4495, 9 février 1978. Voir également le document du Bureau international du
travail, La prévention des accidents, Cours d'éducation ouvrière, BIT 1961. Ces deux
ouvrages présentent des résultats semblables eu égard au rapport entre le coût indirect et le
coût direct. Par ailleurs, le coût des accidents et des maladies du travail en France, en 1975,
atteignait 4,5% du produit intérieur brut.
Les coûts reliés à la santé et à la sécurité au travail 183

sables patronaux, pour la recherche, l'inspection des lieux de travail et


la surveillance de la santé au travail.

Le Tableau 32 présente le détail des montants déboursés au


Québec en 1977 pour ces diverses activités de prévention. On peut y
voir que ces déboursés ont atteint $4.2 millions pour la formation et
l'information, $729,000 pour la recherche, $8 millions pour l'inspection
des lieux de travail et $28.7 millions pour la surveillance de la santé. Le
total de ces déboursés effectués pour la prévention des accidents et des

Tableau 32
Déboursés effectués au Québec en 1977, pour la prévention
des accidents et des maladies du travail
($000)
Formation et information
Associations de prévention (CAT) $ 3,008
Sauvetage dans les mines 195
Ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre 374
Association des mines de métaux 159
Cours de premiers soins (CAT) 335
Centrales syndicales 132
Total $ 4,203
Recherche
Ministère des Affaires sociales $ 200
Commission des accidents du travail 200
Conseil de la recherche en santé du Québec 114
IRAT 140
Association des mines de métaux 30
Ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre 45
Totai $ 729
Inspection
Ministère du Travail et de la Main-d’oeuvre $ 3,340
Inspection des mines, MRN 940
Qualité de l'hygiène industrielle 764
Office de la construction du Québec 3,000
Total $ 8,044
Surveillance de la santé
Médecine de travail-fonctionnaire $ 709
Départements de santé communautaire 900
Centre de toxicologie 257
Services de santé des entreprises 26,348
Allocations pour services de santé (CAT) 211
Santé au travail MAS 250
Total $28,675
Total des déboursés effectués pour la prévention $41,651
NOTE: Les déboursés effectués par les entreprises, principalement en recherche et en inspec-
tion, ne sont pas connus.
184 Les coûts reliés à la santé et à la sécurité au travail

maladies du travail en 1977 s'élève à $41.6 millions. Ce montant n'inclut


pas les montants non connus, comme par exemple ceux consacrés à la
recherche par les entreprises.

Les déboursés effectués pour


l'indemnisation et la réadaptation
Les déboursés effectués pour l'indemnisation et la réadaptation
des accidents et des maladies du travail comprennent toutes les dépen-
ses encourues par la Commission des accidents du travail du Québec.

Les données du Tableau 33, tirées du rapport annuel de 1977 dela


Commission des accidents du travail, présentent le détail des montants
déboursés par la Commission en 1976 et en 1977 pour l'indemnisation et
la réadaptation. On peut y voir que les dépenses de la Commission des
accicdents du travail pour fins d'indemnisation, de réadaptation et
d'administration ont atteint le montant de $383 millions en 1977.

Ce total des déboursés de la Commission des accidents du travail


est entièrement facturé aux employeurs de ce qu’il est convenu d’appe-
ler la cédule I. Il faut y ajouter les déboursés que les employeurs de la
cédule II assument par eux-mêmes.

La cédule I comprend l’ensemble des employeurs qui utilisent la


Commission des accidents du travail comme administrateur et fiduciai-
re des sommes que celle-ci juge nécessaires pour l’idemnisation et la
réadaptation. Ces employeurs versent des cotisations annuelles à la
Commission des accidents du travail et celle-ci verse aux employés
accidentés les indemnités qui leur sont dues. Sont compris dans la
cédule I la quasi-totalité des employeurs privés et l’ensemble des
municipalités et des commissions scolaires. Au 31 décembre 1977, on y
comptait 125,917 employeurs. La cédule II est l’ensemble des em-
ployeurs qui ne cotisent pas à la Commission des accidents du travail,
mais versent eux-mêmes à leurs employés victimes d'accidents et de
maladies du travail les sommes que la Commission des accidents du
travail estime leur être dues. Au 31 décembre, on y comptait 103
employeurs: 38 d’entre eux confient à la Commission des accidents du
travail un dépôt renouvelé annuellement, et lui demandent de verser en
leur nom les sommes dues aux travailleurs.
Les coûts reliés à la santé et à la sécurité au travail 185

À partir des données sur les accidents et des dépôts que les 38
employeurs de la cédule II lui confient, la Commission des accidents du
travail estime que les coûts totaux de l'indemnisation et de la réadapta-
tion des accidents de la cédule IT représentent entre 7 et 10% du total des
déboursés de la cédule I, soit un montant approximatif de $30 millions.

Tableau 33
Dépenses de la Commission des accidents du travail
du Québec pour les exercices terminés le 31 décembre 1977
et le 31 décembre 1976
($000) :
1977 1976
Provision de l'exercice portée à la réserve
mathématique du fonds d’accident

Provision à l'égard des coûts des accidents


Assistance médicale 46,857? 44,548
Incapacité temporaire 113,383 94,078
Incapacité permanente (rentes) 78,761 90,580
Incapacité permanente (paiements forfaitaires) 22,451 21,569
Décès 7,347 9,278
268,799 260,053

Provision à titre d'intérêts


Valeur capitalisée des rentes 46,182 40,031
Réclamations en cours de règlement ou non rapportées 28,977 26,565
343,958 326,649

Administration 35,083 30,109

Autres dépenses* 4,445 3,986


Total 383,486 360,744
1 Source: Rapport annuel 1977 de la CAT
2 La majeure partie des dépenses d'assistance médicale sont allées aux hôpitaux (environ $30
millions) et aux professionnels de la santé (environ $10 millions)
3 Autres dépenses:
1977 1976
(5000) ($000)
Amortissement du coût reporté de l’augmentation
de la réserve mathématique du fonds d’accident
résultant du changement de la base d'évaluation en 1975 2,901 2,686
Augmentation de la réserve pour fonds spécial de désastre 1,344 1,300
Intérêts sur le solde dû au Régime de retraite
des fonctionnaires pour services courants 200 —
4,445 3,986
186 Les coûts reliés à la santé et à la sécurité au travail

Le total des déboursés effectués par la Commission des accidents


du travail et par les employeurs de la cédule II aurait donc atteint
approximativement $415 millions, en 1977.
Conclusion 187

Conclusion

Nous avons analysé longuement l’ensemble des éléments qui


constituent le régime actuel de santé et de sécurité au travail. Cet
exercice nous semblait nécessaire en raison de l'extrême complexité à la
fois technique, juridique et administrative de ce régime et en raison
également de l'option que nous avions prise, dès le début de nos
travaux, de ne pas faire table rase de tout ce qui existe déjà, mais plutôt
de proposer l’utilisation maximale de toutes les ressources et de tous les
dynamismes actuellement à l’oeuvre.

Il nous semble maintenant important, au terme de cet inventaire,


de présenter succintement les conclusions auxquelles nous sommes
parvenus en tentant de dégager les principaux problèmes auxquels
devra s'attaquer le nouveau régime de santé et de sécurité proposé.

Un problème majeur ressort de l’analyse, c’est la multiplicité des


lois et des règlements et la fragmentation des responsabilités adminis-
tratives. Nous avons vu que le domaine de la santé et de la sécurité au
travail est actuellement régi par sept lois et vingt règlements, dont
l'application est confiée à six administrations distinctes.

Un autre problème réside dans le fait que le régime actuel favorise


très peu la participation des employeurs et des travailleurs. Ceux-ci
sont à peu près totalement absents des mécanismes d'élaboration
des règlements et de leur application.

L'obligation de constituer des comités paritaires de sécurité au


sein des entreprises aurait dû constituer une mesure susceptible de
favoriser la participation. Mais les parties représentées sur ces comités,
et plus particulièrement les travailleurs, ne disposent pas de services
d’information, de formation et de consultation qui leur auraient permis
d'y jouer un rôle significatif, ce qui explique en bonne partie, le peu de
résultats que cette formule a donnés jusqu'ici.
188 Conclusion

Il faut également déplorer l’absence de cueillette systématique


d'information. Les services d'inspection ne possèdent à peu près
aucune donnée permettant d'évaluer l'efficacité de leurs interventions et
la Commission des accidents du travail commence à peine à produire
des statistiques significatives sur les accidents et les maladies du
travail. Il n'existe pas non plus de tableau d'ensemble des facteurs de
risque auxquels sont exposés les travailleurs du Québec. Il s’agit là de
lacunes importantes dans la mesure où de telles informations sont
indispensables aux prises de décision. Nul doute que l’éparpillement
actuel des responsabilités entre plusieurs organismes rend difficile la
mise sur pied d’un tel système d’information.

L'insuffisance des services de santé à la disposition du milieu


de travail est un autre problème aigu. Bien qu'aucun organisme ne
puisse tracer un portrait complet de la situation, il est évident que les
ressources existantes sont loin de suffire aux besoins de plus en plus
grands et que tous les travailleurs ne bénéficient pas de services de
même qualité.

Il ressort également de notre analyse que les préoccupations et


les efforts consentis à l'indemnisation des victimes d'accidents du
travail dépassent largement ceux que l’on a consacrés à leur préven-
tion. Alors que le régime d'indemnisation dispose de budgets et
d'effectifs considérables, centralisés au sein d’un même organisme, la
prévention voit ses minces effectifs dispersés entre plusieurs organis-
mes. Il y a là un déséquilibre qu'il est urgent de redresser.

Notons, enfin, quelques problèmes particuliers à notre système


d'indemnisation et de réadaptation. Celui-ci prévoit, d’une part, deux
méthodes différentes d'indemnisation, selon qu'il s’agisse des travail-
leurs de certaines mines et carrières ou de tous les autres travailleurs.
D'autre part, depuis l’adoption de la Loi sur l’assurance-automobile,
les accidentés de la route jouissent d’un mode d'indemnisation différent
des deux premiers. Il nous est apparu également que les efforts
consentis au domaine de la réadaptation sociale étaient nettement
insuffisants.

Ce sont là, à nos yeux, les plus grandes faiblesses du régime


actuel de santé et de sécurité au travail.
Conclusion 189

Les statistiques contenues dans les premières pages du présent


document font prendre conscience de la gravité de la situation et de
l’urgente nécessité de s'attaquer aux problèmes d’une manière plus
efficace. Si on ne peut espérer éliminer tous les accidents et toutes les
maladies du jour au lendemain, il faut se donner comme objectif
immédiat de provoquer une diminution sérieuse du nombre actuelle-
ment inacceptable de travailleurs accidentés ou atteints chaque année
d'une maladie industrielle, et mettre tout en oeuvre pour améliorer de
façon tangible la situation des travailleurs les plus menacés de perdre
leur santé. C'est dans cette perspective qu’il faut examiner les éléments
du nouveau régime proposé par le gouvernement.
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Deuxième partie
Le régime proposé
Introduction 193

Introduction

Les chapitres qui suivent présentent un ensemble de propositions


visant à amener la société québécoise à mieux assumer ses responsabili-
tés à l'égard de la santé et de la sécurité des travailleurs.

Ces propositions ont été dictées par la nature des problèmes


auxquels l’actuel régime de la santé et de la sécurité au travail est
confronté. Plutôt que de se limiter à n’apporter que des réponses
ponctuelles à ces problèmes, le gouvernement tient à situer ses solutions
à l’intérieur d’une approche globale qui assure leur cohérence et per-
mette d’en saisir la pertinence. Il est donc important, avant d’entrer
dans l'examen détaillé de chacune des recommandations, de revenir sur
les objectifs de la réforme, de préciser l’approche privilégiée et de
dégager les grandes articulations du régime proposé.

Les objectifs de la réforme


Comme il a déjà été dit, le but ultime de tout programme global
d'intervention dans le secteur de la santé et de la sécurité au travail est
l'élimination des accidents du travail et des maladies professionnelles.
C’est d’ailleurs à partir des résultats obtenus en fonction de cet objectif
que le régime devra être évalué.

Pour atteindre le but poursuivi, il faut s’attaquer à l’ensemble des


risques qui existent sur les lieux de travail. Si, en matière de sécurité, un
bon bout de chemin a déjà été parcouru, tout le domaine de la santé est
encore peu et mal connu. Mais dans l’un comme dans l’autre cas, il y a
des défis considérablesà relever. À cette fin, le gouvernement entend
proposer, en même temps qu’une politique d'ensemble, des priorités et
des étapes qui permettront de faire face d’abord aux problèmes les plus
graves et les plus urgents, tout en tenant compte des ressources
disponibles à court terme.
194 Introduction

Une chose est certaine, l'ampleur et la complexité des problèmes à


résoudre ne sauraient trouver de réponse valable dans la seule contri-
bution de l’État et de ses organismes. L'expérience a démontré claire-
ment que le « moteur » gouvernemental a ses faiblesses et ses limites et
qu’il est incapable à lui seul de créer les conditions propices à une
amélioration sérieuse de la situation. Il lui faut donc compter sur une
mobilisation et des initiatives de tous les groupes concernés. Cette
préoccupation a conduit le gouvernement à privilégier, dans la poursui-
te de ses objectifs, une approche de participation et de coopération.

Une approche fondée sur la participation


des travailleurs et des employeurs
La responsabilité de la santé et de la sécurité des travailleurs n’est
pas d’abord celle des professionnels de la santé et de la sécurité. Il faut
donc éviter de monter un super-système bureaucratique chargé de
« s'occuper » de la santé et de la sécurité des travailleurs en dictant les
mesures à prendre et les comportements à éviter. Le gouvernement
québécois vise plutôt à créer un ensemble de conditions qui feront que
le monde du travail sera en mesure d'assumer lui-même la responsabili-
té première des mesures de santé et de sécurité qui lui sont nécessaires.

Cette approche ne signifie pas que l’État doit désormais se laver


les mains de toute responsabilité en se disant que c’est maintenant la
seule affaire des travailleurs et des employeurs. Ce serait tomber dans
une erreur certainement pire que celle que l’on veut éviter. L'approche
proposée, loin de réduire la responsabilité de l’État, la situe dans une
perspective très différente de celle à laquelle les citoyens ont été
habitués jusqu'ici. Cette action comporte deux grands volets.

Le premier, et le plus important peut-être, est celui que nous


venons tout juste d'évoquer, c’est-à-dire l'établissement des conditions
qui vont permettre une réelle prise en charge de ses responsabilités par
le milieu de travail. Le deuxième volet concerne l'élaboration d’un cadre
législatif unifié et plus accessible aux employeurs et aux travailleurs.

Les conditions de prise en charge par les milieux


de travail
Créer les conditions qui permettent une prise en charge de la santé
et de la sécurité au travail par le milieu du travail lui-même suppose que
Introduction me
195
mo

soient clairement établis, dès le départ, les droits et les obligations


respectifs des travailleurs et des employeurs. Il s’agit, en somme, de
fixer le cadre à l’intérieur duquel pourra se développer la participation
des travailleurs et des employeurs.

La législation actuelle est à peu près totalement muette en ce qui


concerne les droits des travailleurs. Le gouvernement affirme donc
clairement leur droit de participer activement à la recherche, à l’élabora-
tion et au contrôle des voies et des moyens de prévention appropriés à
leur milieu de travail. De façon plus spécifique, il sera reconnu à tout
travailleur le droit de cesser d'exécuter une tâche ou d'occuper un poste
de travail qu’il estime, pour des motifs raisonnables, constituer un
danger imminent pour sa santé et sa sécurité ou pour celle de ses
compagnons de travail. Un mécanisme précis d'application de ce droit
sera également proposé.

L'amélioration de la santé et de la sécurité au travail exige


toutefois que, au-delà de l'exercice de leurs droits respectifs, travail-
leurs et employeurs acceptent de joindre leurs efforts. Il semble inutile
et contraire à l'orientation fondamentale du nouveau régime d'imposer
toutes les formes que devrait prendre cette coopération. Le milieu de
travail est à même de juger des mécanismes appropriés, compte tenu
des expériences déjà entreprises en ce domaine et de la présence, à
différents niveaux, d'associations syndicales et patronales. Pour éviter
cependant que la mise en place d'instruments concrets de coopération
soit indéfiniment mise en veilleuse dans certains cas, il paraît utile de
reconnaître à chacune des parties en présence le droit d'exiger la mise
sur pied d’un comité paritaire de prévention au niveau de l’entreprise.
De même, l’on favorisera l'émergence d'associations sectorielles de
prévention sur une base paritaire.

Pour que ces mécanismes de prise en charge puissent s’actualiser


pleinement, il est nécessaire de prévoir des activités de formation,
d’information et de recherche. L'élaboration, par le milieu de travail, de
mesures d'hygiène et de sécurité ainsi que le développement d'attitu-
des et de comportements sécuritaires exigent que les employeurs etles
travailleurs connaissent la nature des dangers encourus dans leurs
milieux de travail et les moyens de les enrayer ou de s’en protéger. Il
faut donc attacher une importance primordiale à la mise sur pied
d'activités et de programmes de formation et d’information adéquats et
196 Introduction

mettre à contribution à cette fin aussi bien les comités de prévention


que les associations patronales et syndicales, les associations sectoriel-
les, les services de santé au travail et l'organisme central.

Mais nos connaissances sont limitées et fragmentaires à l’heure


actuelle au Québec, particulièrement dans le secteur des maladies
industrielles. Il est donc nécessaire d’intensifier et de mieux orienter les
travaux de recherches relatifs à la santé et à la sécurité au travail. Les
mécanismes d'établissement de priorités et d'élaboration de pro-
grammes de recherche devront permettre eux aussi la participation des
milieux de travail. De plus, comme il ne peut être question de centraliser
dans les organismes gouvernementaux toute initiative de recherche et
d’information en ce domaine, le gouvernement encouragera les initiati-
ves venant des milieux universitaires et des centres actuels de recher-
che.

Le cadre juridique
Que l’État doive légiférer en matière de sécurité, nul n’en contes-
tera la nécessité. Au contraire, tous les milieux du monde du travail
réclament depuis longtemps l’unification et la clarification des lois et
des règlements régissant la santé et la sécurité. Il paraît hors de tout
doute que l’État doive établir des normes de santé et de sécurité au
travail qui s'imposent de façon impérative à tout employeur et à tout
travailleur et rendent nul et sans valeur tout accord ou compromis
susceptible d'en limiter ou d’en suspendre de quelque façon la portée
pratique. L'État, lorsqu'il agit comme employeur, devra se soumettre
aux mêmes normes. Ces normes, de même que les moyens de contrôle
qui s’y rattachent, devront cependant être conçues en fonction des
principaux intéressés et avoir pour premier objectif d'appuyer et d’as-
sister ces derniers dans l'élaboration et le contrôle de leurs propres
programmes de prévention. Il est important que ces règles soient
facilement compréhensibles et accessibles. Elles seront donc intégrées
et unifiées à l’intérieur d’un même cadre juridique comportant une loi
générale et des règlements sectoriels. Une telle approche, en plus de
fournir aux milieux de travail un instrument utile à leur propre gouver-
ne, aura la souplesse requise pour s'adapter à l’évolution technologique
et une stabilité suffisante pour assurer la sécurité juridique des em-
ployeurs et des travailleurs.
Introduction 197

Il est utile enfin de souligner qu’un tel cadre juridique ne devra


pas faire obstacle à l'élaboration de codes de pratique émanant des
milieux de travail au niveau local, régional ou sectoriel, lesquels devront
compléter de manière efficace les minima édictés par la loi et les
règlements.

L'indemnisation et la réadaptation
L'analyse du régime actuel de santé et de sécurité au travail a
permis de constater que les préoccupations liées à la compensation des
accidents et des maladies prédominaient sur celles de la prévention.

S'il faut renverser cet ordre de priorités, cela ne veut pas dire que
l'importance qu’il faut accorder à tout le domaine de l'indemnisation et
de la réadaptation sera minimisée . Des travailleurs sont et continueront
encore longtemps d’être victimes d'accidents du travail et de maladies
professionnelles qui exigeront la compensation la plus humaine et la
plus juste possible. Mais la pierre d’angle d’une politique de santé et de
sécurité est la prévention. L'indemnisation et la réadaptation doivent
être considérées comme l'indice, humainement et financièrement très
coûteux, des lacunes du régime de prévention et de la nécessité de
persévérer dans les efforts entrepris pour le parfaire.
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Chapitre 6
La participation des travailleurs
et des employeurs
La participation des travailleurs et des employeurs 201

Chapitre 6
La participation des travailleurs
et des employeurs

Les droits et les obligations


des travailleurs et des employeurs
Les facteurs de risques sont si nombreux et tellement interreliés
qu'ils exigent, pour être contrôlés efficacement, des actions communes
et cohérentes de la part de tous les acteurs en cause.

Ceci dit, il est également important d'affirmer que la coopération


envisagée serait utopique si elle prétendait faire abstraction des diver-
gences d'intérêt qui opposent souvent travailleurs et employeurs. Il est
donc essentiel d'établir clairement au départ les droits et les obligations
respectifs des travailleurs et des employeurs. Le respect intégral par
chacun des droits et obligations de l’autre peut seul permettre d'espérer
que se construira progressivement cette coopération nécessaire entre
travailleurs et employeurs.

Comme l'objectif du gouvernement est d’assurer la santé et la


sécurité des travailleurs, on ne s’étonnera pas si l’on attache beaucoup
d'importance à la définition des droits des travailleurs. On ne s’étonne-
ra pas non plus que les employeurs semblent astreints davantage à des
obligations que bénéficiaires de droits. En fait, leurs obligations, dans le
domaine de la santé et de la sécurité au travail, résultent des droits qu'ils
possèdent, au point de départ, sur l’organisation et l'aménagement des
lieux de travail en tant que propriétaires et gestionnaires de leurs
entreprises.

Droits et obligations des travailleurs


Notre Charte des droits et libertés de la personne affirme le droit
fondamental de tout être humain « à la vie, à la sûreté et à l'intégrité
physique » (art. 1). Elle reconnaît aussi aux travailleurs le droit « à des
202 La participation des travailleurs et des employeurs

conditions de travail justes et raisonnables » (art. 46). Bien que ces


droits contiennent implicitement le droit général des travailleurs à des
conditions de vie au travail qui respectent leur santé et leur intégrité
physique, celui-ci est à ce point fondamental que le gouvernement
entend l’inscrire explicitement dans la Charte des droits et libertés de la
personne.

C'est ce droit inaliénable des travailleurs qui constitue,en effet, le


fondement de l’ensemble des droits et des obligations plus spécifiques
que le gouvernement entend leur reconnaître. Ceux-ci viennent préciser
les conditions d'exercice réel et les conséquences de ce droit, qu'il
s'agisse de services sur lesquels les travailleurs doivent pouvoir comp-
ter, ou d'outils dont ils doivent pouvoir disposer pour assurer leur santé
ou leur intégrité physique ou pour les recouvrer à la suite d'accidents du
travail ou de maladies professionnelles.

Le droit fondamental à des conditions de vie au travail qui


respectent la santé et l'intégrité physique des travailleurs ne peut pas
se limiter à la seule présence de services et de garanties favorables mais,
en quelque sorte, externes aux travailleurs eux-mêmes. Il implique que
les travailleurs aient le droit et même l'obligation de voir eux aussi à la
sauvegarde de leur santé et de leur sécurité et qu'ils doivent pouvoir
disposer des instruments nécessaires à cette prise en charge.

Dans cette optique, il faut reconnaître à tout travailleur le droit


de cesser, sans être pénalisé, d'exécuter une tâche ou d'occuper un poste
de travail qu’il estime, pour des motifs raisonnables et compte tenu des
circonstances, constituer un danger imminent pour sa santé ou sa
sécurité ou pour celle de ses compagnons de travail.

Compte tenu des risques particuliers que comporte l'état de


grossesse pour la femme, il convient de reconnaître à cette dernière le
droit d'exiger, sur avis médical, d’être affectée à d’autres tâches pour la
durée de la grossesse, si ses conditions de travail représentent un
danger pour elle-même ou pour l'enfant à naître. Si une telle affectation

1 Charte des droits et libertés de la personne, Lois du Québec, 1976, chapitre 6.


La participation des travailleurs et des employeurs 203

s'avère impossible, la femme enceinte peut, dès ce moment, bénéficier


du congé de maternité qui est alors prolongé en conséquence.

Il faut aussi reconnaître aux travailleurs le droit de participer


activement, individuellement et collectivement, à l'élaboration et au
contrôle des moyens de prévention appropriés à leur milieu de travail.
De même, ils ont le droit de participer à l'élaboration des normes et des
règlements et à celle des programmes de recherche sur la santé et la
sécurité au travail.

L'exercice de ce droit de participation suppose qu'on reconnaisse


aussi à un ou à des représentants désignés par les travailleurs, ou leur
syndicat, le droit de s’absenter de leur poste de travail et que le temps
ainsi consacré aux fins de santé et de sécurité soit considéré comme du
temps de travail et rémunéré à ce titre. Les modalités d'exercice de ce
droit seront précisées par règlement et devront tenir compte des carac-
téristiques propres aux diverses entreprises.

Il serait cependant illusoire de croire que les travailleurs pourront


s'occuper activement de leur propre santé et sécurité s'ils ne connais-
sent pas la nature des dangers qu’ils encourent à l’occasion de leur
travail et les moyens qui peuvent leur permettre de s’en protéger. Il est
donc important, dans la perspective du droit à la prise en charge, de
reconnaître aux travailleurs le droit à l'information, à la formation et à la
consultation et, de façon plus active, celui d’initier des propositions.

Il faut aussi reconnaître à tout travailleur le droit de bénéficier de


services de santé qui soient adaptés à sa situation de travail et qui
accordent une importance majeure à la prévention. Ce droit implique
que l'accès à l'information relative à son état de santé soit garanti au
travailleur.

L'exercice de ces droits est susceptible de permettre aux travail-


leurs de se protéger contre les risques à leur santé et à leur sécurité. Le
simple réalisme nous impose de reconnaître, cependant, que des travail-
leurs continueront d’être victimes d'accidents du travail ou de maladies
professionnelles dans l'exercice de leurs tâches. Il est donc important
d'affirmer clairement les droits des travailleurs ainsi lésés dans leur
santé ou leur intégrité physique.
204 La participation des travailleurs et des employeurs

Ainsi, il faut reconnaître à toute victime d’un accident du travail


meil-
ou d’une maladie professionnelle le droit de bénéficier, dans les
leurs délais, de services de son choix permettant, dans toute la mesure
du possible, sa réadaptation physique, sociale et professionnelle et le
recouvrement de son autonomie personnelle.

De même, toute victime d'accident du travail ou de maladie


professionnelle a droit, en raison de l'atteinte à son intégrité, à une
compensation adéquate qui tienne compte de cette perte d’intégrité et de
la perte de revenu provenant de son incapacité professionnelle.

Nous reconnaissons également à toute victime d'accident du


son
travail ou de maladie professionnelle le droit de réintégrer, dès
rétablissement reconnu, son poste de travail ou, compte tenu de sa
capacité professionnelle d'alors, un poste approprié et disponible dans
la même entreprise.

Enfin, il faut reconnaître aux travailleurs le droit d’être protégés


contre toutes mesures de représailles qui pourraient être prises à cause
de l'exercice des droits qui leur sont reconnus.

La présentation de l’ensemble des droits à reconnaître aux travail-


leurs serait incomplète si elle ne dégageait pas clairement les obliga-
tions qui sont concomitantes à ces droits. En effet, la poursuite du droit
des travailleurs à la santé et à l'intégrité physique ne peut être dissociée
de l'obligation première où se trouve tout être humain de protéger et de
développer sa santé. Seule l'acceptation de plus en plus généralisée et
quasi instinctive de cette obligation, dans les attitudes et les comporte-
ments quotidiens des travailleurs, est susceptible de créer la pression
sociale nécessaire au développement d’un régime efficace et dynami-
que visant à améliorer constamment les conditions de santé et de
sécurité au travail.

Il faut donc poser clairement l'obligation où se trouve tout


travailleur d'adopter des comportements et des attitudes qui ne consti-
tuent pas un danger pour sa propre santé et sécurité ou pour celle de ses
compagnons de travail et de respecter les normes de sécurité qui
s'appliquent dans son entreprise.
La participation des travailleurs et des employeurs 205

De même, le travailleur est dans l'obligation d'utiliser tous les


moyens et les équipements mis à sa disposition pour protéger sa santé
et sa sécurité lorsque ceux-ci sont conformes aux normes réglementai-
res et lorsqu'ils s'avèrent indispensables, compte tenu de la nature de
certains travaux ou métiers et de l'impossibilité technique ou financière
d'éliminer le danger à la source.

Le travailleur est également tenu de coopérer avec le comité de


santé et sécurité et avec tout autre agent responsable de l’applica-
tion de la loi.

Droits et obligations des employeurs


Il appartient aux employeurs de s'assurer que l'aménagement des
lieux de travail, l’organisation du travail, l'équipement, les produits, le
matériel et les procédés d'utilisation respectent la santé et la sécurité
des travailleurs à leur emploi.

Les employeurs ont l'obligation de s'assurer de l'existence d’un


programme de prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles dans leurs établissements. Par voie de conséquence,
ils ont le droit de prendre les mesures appropriées pour qu'un tel
programme soit appliqué.

Ils sont dans l'obligation d'informer les travailleurs des dangers à


la santé et à la sécurité qui peuvent résulter des tâches qui leur sont
dévolues et des moyens utiles de les éviter ou de les écarter; il doit
également en être ainsi à l’occasion de mutations ou de modifications du
contenu des tâches résultant de l’usage de nouveaux procédés, équipe-
ments, produits ou matériels. Ils doivent accorder, à cette fin, une
attention toute particulière à la formation et à l'information des respon-
sables de la gérance et en particulier des contremaîtres.

Ils doivent s'assurer que les travailleurs ont la formation et


l’habileté requises pour accomplir de façon sécuritaire les tâches qui
leur sont confiées .

L'employeur doit permettre aux travailleurs d'exercer leurs


droits dans le domaine de la prévention des accidents et porter une
206 La participation des travailleurs et des employeurs

attention sérieuse à toute démarche de leur part visant à améliorer les


conditions de santé et de sécurité au travail.

L'employeur doit s'assurer que les travailleurs bénéficient de


services de santé préventifs et de services de premiers secours.

L'employeur est tenu de coopérer avec le comité de santé et de


sécurité et avec tout autre agent responsable de l'application de la loi.

L'employeur doit respecter les normes réglementaires de sécurité


et de salubrité et apporter les corrections qui s'imposent dans les délais
requis. Cette obligation lie non seulement le propriétaire de l’entreprise,
mais également les responsables hiérarchiques et, au premier chef, le
membre de la direction que l'employeur aura identifié comme responsa-
ble ultime de la sécurité.

Il est important de reconnaître aux employeurs le droit à des


services de formation, d’information et de conseil qui leur permettent de
s'acquitter de leurs obligations.

Nous reconnaissons aux employeurs le droit de participer indivi-


duellement et collectivement à l'élaboration des normes et des règle-
ments et à celle des programmes de recherche sur la santé et la sécurité
au travail.

Il faut également reconnaître à l'employeur le droit d'être infor-


mé, dans des délais raisonnables, des obligations qui lui sont faites par
règlement.

Le droit de cesser un travail dangereux


Parmi les droits reconnus au travailleur, il en est un qui mérite une
attention toute particulière, celui de cesser, sans être pénalisé, d'exécu-
ter une tâche ou d'occuper un poste de travail qu'il estime, pour des
motifs raisonnables et compte tenu des circonstances, constituer un
danger imminent pour sa santé ou sa sécurité ou pour celle de ses
compagnons de travail. |
La participation des travailleurs et des employeurs 207

L'exercice réel de ce droit exige que le travailleur soit efficacement


protégé contre toutes mesures de représailles et que des mécanismes
précis de règlements de litiges soient prévus.

La loi établira donc des mécanismes destinés à régler au niveau de


l'établissement le plus grand nombre possible de mésententes relatives
à l'existence d’un tel danger imminent. À cette fin, les ressources du
milieu devront être mises à contribution, le supérieur immédiat dans un
premier temps et, si nécessaire, le comité paritaire de santé et de
sécurité.

À défaut d'entente à ce niveau, on devra faire appel à l'inspecteur.


L'intervention de ce dernier, qui devra être rapide, consistera à établir, à
l’aide de normes et de directives, s’il existe ou non un danger imminent
et, le cas échéant, à exiger des correctifs. La décision de l'inspecteur
pourra être révisée à la demande d’une des parties par une personne
désignée par le ministre responsable.

Le travailleur ne doit pas être pénalisé pour avoir exercé de bonne


foi son droit de cesser de travailler. Lorsqu'il y a contestation de sa
décision par l'employeur, le travailleur, qu’il soit ou non temporaire-
ment affecté à d’autres tâches, est rémunéré au taux de salaire de son
emploi régulier. Si l'employeur prend des mesures disciplinaires à
l'endroit du travailleur qui a exercé son droit de refus ou tout autre droit
reconnu en matière de santé et de sécurité au travail, celui-ci peut faire
valoir ses droits auprès d’un commissaire du travail nommé en vertu du
Code du travail. Il existe alors une présomption en faveur du travailleur
et le fardeau de la preuve appartient à l'employeur.

Enfin, il importe d'apporter certaines précisions relatives à la


notion d’« imminence » appliquée au danger. Ainsi, ne constituera pas
un danger imminent pour la santé ou la sécurité d’un travailleur
l’utilisation par celui-ci d’une machine, d’un dispositif ou d’une chose,
ou sa présence dans un lieu dans certaines circonstances ou d’une façon
qui sont normales dans ce genre de travail ou de métier. Par ailleurs,
sera considérée comme un danger imminent à la santé du travailleur
toute exposition à des substances toxiques, gaz, radiations, etc. qui
peut, en raison de son intensité, constituer une atteinte immédiate et
irréversible à la santé.
208 La participation des travailleurs et des employeurs

Conclusion
Ces droits et ces obligations des travailleurs et des employeurs
un
constituent, en quelque sorte, les règles du jeu qui permettront
développement progressif d’une réelle prise en charge conjointe de la
sécurité et de la salubrité des lieux de travail. Cependant, ils ne
constituent pas à eux seuls une garantie suffisante. Ilest nécessaire que
des mécanismes concrets d'actualisation de ces droits et de ces obliga-
tions soient prévus, ainsi que des moyens de coopération entre em-
ployeurs et travailleurs.

Mécanismes de participation et de prise


en charge par les travailleurs et
les employeurs
Les chapitres précédents ont mis en évidence l'importance que le
gouvernement attache à la participation conjointe des travailleurs et des
employeurs. On trouvera donc ici l'explication des principaux méca-
nismes qui permettront d’actualiser une telle orientation: le comité
paritaire de santé et de sécurité au travail et l'association sectorielle
paritaire de santé et de sécurité au travail.

Le comité paritaire de santé et de sécurité au travail


C’est sur les lieux mêmes du travail que surviennent les accidents
du travail et les maladies professionnelles. Des gestes posés et des
attitudes adoptées par les hommes et les femmes qui y sont présents,
employeurs ou travailleurs, dépend en grande partie le succès ou l'échec
de toute politique de santé et de sécurité au travail. C'est donc là tout
d’abord que doit s’incarner la participation et la coopération des
travailleurs et des employeurs.

Aussi le gouvernement propose-t-il qu'un comité paritaire de


santé et de sécurité soit formé, dans chaque établissement de plus de 10
travailleurs, à la demande du syndicat ou de l'employeur, ou d’une
majorité des travailleurs là où il n’y a pas de syndicat.

L'évaluation du fonctionnement des comités paritaires créés en


vertu du Règlement concernant les établissements industriels et
commerciaux a permis de constater que la formule des comités
La participation des travailleurs et des employeurs 209

paritaires obligatoires donnait peu de résultats si elle ne correspondait


pas à un besoin ressenti par les travailleurs ou les employeurs. Le
comité doit donc être le résultat d’uneinitiative prise par l’une ou l’autre
des deux parties, sinon par les deux. Il faut néanmoins prévoir que la
Commission de la santé et de la sécurité au travail’ puisse exiger la
création d’un comité paritaire dans un établissement, même si aucune
des parties n’en fait la demande, lorsque les conditions de salubrité et de
sécurité de cet établissement seront jugées inacceptables.

Par ailleurs, bien que le mécanisme de création de comités


paritaires s'applique en principe à l’ensemble des établissements qui
emploient plus de 10 travailleurs, son application concrète devra être
étalée dans le temps, pour tenir compte des disponibilités humaines et
financières de la société québécoise et afin de permettre aux comités
d'établissements où existent les plus nombreux et les plus graves
dangers à la santé et à la sécurité de bénéficier d’abord des ressources
du régime. En effet, il est indispensable au bon fonctionnement des
comités paritaires que ceux-ci puissent disposer le plus rapidement
possible des services d’information et de formation du régime de santé
et de sécurité au travail.

La Commission de la santé et de la sécurité au travail établira


donc une liste de catégories d'établissements et, au besoin, d’établisse-
ments individuels où s’appliquera d’abord la procédure prévue de
création de comités paritaires. Cette liste devra être approuvée par le
gouvernement. Le choix des secteurs de travail et des établissements à
inclure dans la liste s’effectuera en fonction de la fréquence et de la
gravité des accidents du travail et des maladies professionelles qui y
surviennent annuellement. Ainsi, à titre d'exemple, cette liste pourrait
inclure, au point de départ, tous les établissements de plus de 10
travailleurs, où la fréquence annuelle moyenne des accidents et des
maladies est égale ou supérieure à 6 par 100 travailleurs, et où le nombre
moyen annuel de jours perdus par accident est égal ou supérieur à 40.°
Ces moyennes sont inférieures aux moyennes observées au cours des

1 Il s’agit de l'organisme central chargé de la prévention, de l'indemnisation et de la réadapta-


tion. Les fonctions de cet organisme et la composition de son conseil d'administration sont
définies au chapitre 7.
2 On trouvera au chapitre 9, Tableau 36, la liste des catégories d'établissements qui seraient
ainsi soumis à la procédure de création de comités paritaires.
210 La participation des travailleurs et des employeurs

dernières années, qui se situaient à 7,4 accidents par 100 travailleurs en


1977 et à 65,3 jours perdus par accident en 1975. Environ 8,000
établissements seraient alors soumis au mécanisme de création des
comités paritaires dès l'adoption de la Loi sur la santé et la sécurité au
travail. Ces établissements emploient actuellement environ 800,000 des
2,116,000 salariés du Québec. Au fur et à mesure du développement du
régime et de l’évolution des connaissances sur les risques présents dans
les milieux de travail, les critères d'insertion dans la liste prioritaire
pourront être modifiés, de façon à permettre à un plus grand nombre
d'établissements d’y être inclus.

Le comité sera composé de représentants des travailleurs, qui


constitueront au moins la moitié des membres, et de représentants des
employeurs. Les travailleurs choisiront leurs représentants au comité
et, lorsqu'ils sont membres d’un syndicat, ce choix se fera selon les
mécanismes prévus dans les statuts ou les règlements de leur associa-
tion.

Il pourra arriver que la nomination des représentants des travail-


leurs au comité paritaire pose des problèmes de représentativité.
Diverses situations peuvent se présenter, notamment celle où un syndi-
cat ne regroupe pas tous les travailleurs d’un établissement et celle où il
existe plusieurs unités accréditées. Il appartiendra alors aux parties de
définir ensemble les modalités de représentation; si elles ne s'entendent
pas, l'organisme responsable de la santé et de la sécurité au travail
pourra décider de ces modalités.

Le médecin du travail, choisi par le comité, agira comme person-


ne-ressource. Il assistera aux réunions du comité, soit sur demande du
comité, soit si lui-même le juge nécessaire dans l’accomplissement de
ses fonctions.

En ce qui concerne le rôle du comité paritaire, le gouvernement a


l'intention, d’une part, d'élargir le champ de ses compétences et, d'autre
part, de lui accorder un pouvoir décisionnel sur un certain nombre de
domaines lorsqu'il y aura entente entre les deux parties. Cette appro-
che incitera davantage l'employeur et les travailleurs à désigner sur le

au
1 Le rôle du médecin responsable des services de santé auprès d’un établissement est décrit
chapitre 7.
La participation des travailleurs et des employeurs 211

comité des représentants qui seront vraiment en mesure de parler au


nom de ceux qu'ils représentent. De plus, les deux parties devront
établir avec leurs représentants des rapports qui permettront de main-
tenir la qualité de cette représentativité.

Le gouvernement propose donc que le comité paritaire de santé et


de sécurité au travail ait un pouvoir décisionnel sur les éléments
suivants du programme de prévention de l'établissement lorsqu'il y a
entente entre les parties:

__ Ja détermination du programme de services de santé spécifique à


l'établissement;

__ Je choix du médecin responsable des services de santé auprès de


l'établissement, parmi les médecins agréés à cette fin par un
centre hospitalier;

__ la détermination de l'existence ou non d’un danger imminent,


lorsqu'il y a mésentente à ce sujet entre un travailleur qui cesse
un travail et son surveillant;

__ la détermination des programmes de formation et d'information


en matière de santé et de sécurité.
an-
Par ailleurs, le comité pourra formuler des avis et des recomm
sur les éléments suivants du progra mme de
dations à l'employeur
Y
prévention de l'établissement:

— Je programme d'ajustement aux normes et aux règlements, en ce


qui concerne l'aménagement des lieux de travail, l’organisation
du travail, l'équipement, les produits, le matériel et les procédés
d'utilisation;

__ J'élaboration d’un code de pratique spécifique à l'établissement,


complémentaire aux normes et aux règlements en vigueur;

—_ Je choix des équipements de protection individuelle, à l'intérieur


des normes définies par le gouvernement.
212 La participation des travailleurs et des employeurs

S'il n’y a pas entente quant au choix du médecin, l'organisme


responsable de la santé et de la sécurité devra trancher. L'impossibilité
d’un accord au sein du comité, suite à l'exercice par un travailleur de son
droit de cesser le travail, appellera également l'intervention d’un tiers,
dans ce cas un inspecteur du travail, qui devra déterminer s'il existe ou
non un danger imminent.

Dans les autres cas de mésentente, il faut qu’un mécanisme


permette à l'employeur, auquel est faite l'obligation de s'assurer de
l'existence d’un programme de prévention, de réaliser ce programme.
Les représentants des travailleurs au sein du comité devront donc, dans
ces cas, formuler par écrit leurs recommandations et l'employeur sera
également tenu d’y répondre par écrit. Ces recommandations et ces
réponses pourront ensuite être communiquées, selon les cas, à la
Commission de la santé et de la sécurité au travail ou à la Direction
générale de l'inspection. Ceux-ci interviendront alors à titre de consul-
tants si les points en litige se situent dans le respect des normes et des
règlements ou vont même au-delà de ce qui est exigé. Si les positions
adoptées par l’une ou l’autre des parties sont en deçà des exigences
réglementaires, ces organismes seront habilités à imposer aux parties
les solutions qui s'imposent.

Enfin, le comité paritaire aura aussi les responsabilités suivantes:

— exercer par toute méthode appropriée, y compris la visite des lieux


de travail, une surveillance préventive en milieu de travail;

— recevoir, prendre en considération et répondre aux plaintes des


travailleurs et des employeurs qu'il représente;

— recevoir et analyser tout rapport d'accident, qu'il ait entraîné ou


non des blessures, et soumettre ses commentaires à l'employeur
et aux organismes compétents;

— tenir des registres des accidents du travail, des blessures, des


maladies et des plaintes des travailleurs;

— recevoir et étudier les statistiques et les rapports produits par le


médecin du travail, le responsable de sécurité de l'établissement,
les départements de santé communautaire des centres hospita-
La participation des travailleurs et des employeurs 213

liers, la Direction générale de l'inspection, la Commission de la


santé et de la sécurité au travail et l'association paritaire secto-
rielle;

— communiquer à la Commission, à l'employeur, aux travailleurs et


au syndicat, toute information relative à la composition du comité
et à la fréquence de ses réunions, le compte-rendu des réunions et
un rapport annuel de ses activités;

— accomplir toute autre tâche que l'employeur et les travailleurs ou


leur syndicat lui confient, par entente mutuelle.

Le comité pourra également désigner un représentant de chaque


partie pour accompagner l'inspecteur lors de ses visites. Le comité se
réunira normalement pendant les heures ouvrables et au minimum une
fois tous les trois mois. Selon les normes qui seront établies par
règlement, tout le temps nécessaire à l'exécution des fonctions qui
incombent aux représentants des travailleurs en qualité de membres du
comité (assister aux réunions du comité, participer à des sessions de
formation, etc.) sera, aux fins du calcul du salaire qui leur est dû, réputé
avoir été employé à faire leur travail.

Tout sera mis en oeuvre pour que le comité dispose des informa-
tions et des expertises dont il aura besoin, qu’elles viennent des services
de santé au travail, de la Direction générale de l'inspection, de la
Commission de la santé et de la sécurité au travail, ou des associations
patronales, syndicales ou paritaires du niveau sectoriel.

L'association sectorielle paritaire de santé


et de sécurité au travail
La participation des travailleurs et des employeurs doit pouvoir
s'exercer également au niveau des grands secteurs d'activité économi-
que. Ici encore, le gouvernement accorde une grande importance à la
coopération entre travailleurs et employeurs. Aussi, a-t-il l'intention de
favoriser l'émergence d'associations sectorielles paritaires.

Les objectifs visés par ces associations doivent être, d'une part, de
servir de point de rencontre aux comités paritaires de santé et de
sécurité au travail et, d’autre part, de fournir à leurs membres des
214 La participation des travailleurs et des employeurs

services de formation, d’information et de consultation qui correspon-


dent à leurs besoins réels et utilisent des méthodes qui leur conviennent.

Le gouvernement ne croit pas utile de définir immédiatement, de


façon précise, les fonctions de ces associations. Celles-ci pourront
élaborer des programmes d'intervention diversifiés, en fonction des
besoins de leurs secteurs. Cependant, à titre d'exemples du type de
services que seront appelées à rendre les associations sectorielles
paritaires, mentionnons:

— J’élaboration et l’organisation de programmes de formation, d'in-


formation et de consultation à l’intention de leurs membres;

— l'élaboration de programmes types d’information à l'usage des


comités paritaires de leurs secteurs;

— Ja préparation de recommandations relatives à des règlements et à


des normes de santé et de sécurité;

— Ja préparation de dossiers ou d’études d'intérêt commun sur l'état


de santé des travailleurs de leurs secteurs et sur les risques
auxquels ils sont exposés, en collaboration avec les départements
de santé communautaire des centres hospitaliers, la Direction
générale de l'inspection et la Commission de la santé et de la
sécurité au travail;

— la préparation de codes de pratique complémentaires aux normes


et aux règlements en vigueur, à être recommandés aux établisse-
ments de leurs secteurs.

Comme pour les comités paritaires, les associations sectorielles


paritaires seront composées de représentants des employeurs et des
travailleurs, ces derniers devant constituer au moins la moitié des
membres. Il appartiendra aux parties de définir ensemble les modalités
de représentation et, en cas de mésentente, la Commission de la santé et
de la sécurité au travail pourra décider de ces modalités.

Même si le gouvernement reconnaît l’opportunité de fournir, à


court terme, à des associations patronales et à des associations de
travailleurs les moyens de promouvoir la santé et la sécurité au travail,
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 215

il entend privilégier la mise sur pied d'associations sectorielles paritai-


res, notamment au moyen d'’incitations financières et techniques.

Programme d'aide à l'implantation et au fonctionnement


des mécanismes paritaires
L'implantation et le fonctionnement des nouveaux mécanismes
prévus, soit au niveau de l'établissement, soit au niveau sectoriel,
pourront s'avérer difficiles au cours des premières années. Ces difficul-
tés pourraient être causées par l’attitude des membres du comité ou par
leur manque d'expérience relative à l'élaboration de programmes de
prévention.

Afin de faciliter ces processus, la Commission de la santé et de la


sécurité au travail offrira un programme qui fonctionnera selon une
approche similaire à celle du programme d’adaptation de la main-
d'oeuvre du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, programme
utilisé abondamment par les syndicats et les entreprises.

Il s'agira, d’une part, de favoriser et de rendre possible le choix


d’un tiers extérieur comme président d’un comité ou d’une association
sectorielle paritaire. Le rôle du président sera d'aider les parties à
travailler ensemble.

De plus, il pourra s'avérer nécessaire à un comité d'entreprendre


ou de diriger des études permettant d'identifier les problèmes de santé
et de sécurité de son établissement et d'élaborer des mesures correctives.
Dans cette éventualité, le comité pourra utiliser les ressources disponi-
bles des associations paritaires sectorielles, de la Commission de la
santé et de la sécurité au travail ou d’autres organismes capables de
réaliser de telles études.

Le cas particulier de l’industrie de la construction


Le secteur de la construction est un des secteurs où le taux
d'accidents du travail est le plus élevé. Pourtant, le mécanisme du
comité paritaire décrit précédemment s'applique difficilement aux
chantiers de construction. La formule du comité paritaire centré sur un
établissement suppose, en effet, que celui-ci fonctionne dans le cadre
216 La participation des travailleurs et des employeurs

d'installations relativement P permanentes et fasse appel à un groupe


d'employeurs et de travailleurs qui ne varie pas constamment. Ces
conditions ne prévalent pas sur les chantiers. Au contraire, les principa-
les caractéristiques des chantiers de construction sont leur roulement
constant de main-d'oeuvre et leur courte durée.' De façon plus précise,
il faut mentionner les particularités suivantes:

— Jes activités du chantier doivent s'exercer souvent sur des installa-


tions provisoires;

— les activités ne sont pas les mêmes d’un chantier à l’autre et


interviennent à des étapes ou des séquences différentes selon
l’échéancier et la nature des travaux:

— les conditions physiques et les situations changent au cours de


l’évolution d’un chantier:

— les activités nécessitent souvent l'emploi de nouveaux matériaux


et de techniques spéciales;

— l'organisation des travaux est affectée par la diversité des en-


treprises qui opèrent en même temps sur les mêmes lieux physi-
ques et souvent au gré des intempéries;

— Je roulement de la main-d'oeuvre d’un chantier à l’autre (la


main-d'oeuvre sur les chantiers varie constamment);

— le nombre peu élevé de travailleurs par employeurs (plus des trois


quarts des entrepreneurs employaient moins de six travailleurs en
1976).

Dans un tel contexte, les principales fonctions du comité paritaire


peuvent difficilement être exercées sur les chantiers de construction.
Ces fonctions, en effet, concernent surtout l'élaboration d’un program-
me de prévention. Sur un chantier de construction qui ne dure que
quelques semaines et où la main-d'oeuvre varie rapidement, il est
essentiel que le programme de prévention précède le début des travaux

1 En 1975, le quart des travaux de chantier durait moins de deux mois.


La participation des travailleurs et des employeurs 217

et soit incorporé au projet de construction lui-même. Le gouvernement a


même l'intention d'exiger que certains permis de construction, à être
précisés par règlement, ne puissent être émis s'ils ne comportent pas un
programme de prévention approuvé.

Il faut donc envisager un autre type de comité de santé et de


sécurité dans le domaine de la construction. Afin d’éviter toute ambi-
guité, ce comité sera désigné sous le nom de comité de chantier.

Il devra être mis sur pied par l’entrepreneur général ou celui qui
agit comme tel, ou par un entrepreneur agissant seul sur un chantier de
construction, dans tout chantier où, de façon régulière, plus de 10
travailleurs seront présents en même temps.

Les fonctions essentielles du comité de chantier seront de vérifier


et de coordonner l'application du programme de prévention établi par
l'entrepreneur et d'établir des directives de prévention spécifiques à des
situations particulières.

Le comité de chantier sera composé:

d’au moins un représentant de l'entrepreneur général ou de celui


qui agit comme tel; ce représentant (ou l’un d’entre eux s’ilyena
plus d’un) sera le responsable de la prévention des accidents sur le
chantier;

b) d’un représentant de chacune des associations représentatives


des salariés reconnues aux termes de la Loi sur les relations de
travail dans l’industrie de la construction et qui a des travail-
leurs affiliés présents sur le chantier;

d’un représentant de chacun des entrepreneurs sous-traitants;

d) d’un représentant de celui qui a fait la conception des travaux.

Dès sa première réunion, le comité de chantier devra établir son


mode de fonctionnement et la fréquence de ses réunions. Il devra faire
parvenir à la Direction générale de l'inspection et à la Commission dela
santé et de la sécurité au travail toute information que ces organismes
jugeront opportun de lui demander.
218 La participation des travailleurs et des employeurs

Il est important de souligner, en terminant, que le mécanisme de


création du comité paritaire de santé et de sécurité au travail et les
fonctions dévolues à ce comité demeurent applicables pour tout em-
ployeur ou entrepreneur qui a plus de 10 travailleurs régulièrement à
son emploi, même si ceux-ci travaillent habituellement sur différents
chantiers de construction. Ainsi, un entrepreneur-électricien qui a son
propre personnel permanent de plus de 10 travailleurs est soumis à la
procédure de création d’un comité paritaire telle que décrite précédem-
ment et les pouvoirs de ce comité sont également les mêmes. Ces
travailleurs et l'entrepreneur, lorsqu'ils oeuvrent sur un chantier, parti-
cipent également aux travaux du comité de chantier.

Le secteur de la construction pourra exiger d’autres mesures


particulières, qu'il s'agisse de délégués de chantier, d'agents de sécuri-
té, ou de procédures de protection des travailleurs en cas d’arrêt de
travail causé par des conditions dangereuses. Ces mesures seront
définies dans le cadre d’un règlement sectoriel.
Chapitre 7
Organisation et définition des services
à la disposition des travailleurs
et des employeurs
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L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 221

Chapitre 7
Organisation et définition des services
à la disposition des travailleurs
et des employeurs

Introduction
Ce chapitre aborde l’ensemble des services que le gouvernement
québécois entend mettre à la disposition des travailleurs et des em-
ployeurs dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail. Ces
services sont essentiellement de trois genres; il s’agit, en premier lieu,
des services de prévention que sont l'information, la formation, la
recherche et les services de santé au travail. L'objectif premier de ces
services de prévention est de permettre aux travailleurs et aux em-
ployeurs d'assumer pleinement leurs droits et leurs obligations et de
participer activement et conjointement à l’amélioration des conditions
de santé et de sécurité de leurs lieux de travail.

L'inspection des lieux de travail constitue le deuxième genre de


services qu'il est essentiel de mettre à la disposition des travailleurs et
des employeurs. La participation de ceux-ci ne pourra s’actualiser
pleinement, en effet, que si les droits et les obligations de chacun sont
respectés, de même que les normes et les règlements mis en vigueur. Il
est donc important que l’État dispose d’un groupe d’inspecteurs qui
s’assure que les règles du jeu sont suivies, qui puisse intervenir en cas
de litiges entre travailleurs et employeurs et qui ait les pouvoirs de sévir
lorsque les circonstances l’imposent.

Le troisième genre de services mis à la disposition des travailleurs


et des employeurs concerne l'indemnisation et la réadaptation des
victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles.

Les structures centrales


La dispersion des responsabilités entre plusieurs organismes est
apparue comme un des problèmes majeurs du régime actuel de santé et
L'organisation et la définition des services mis à la
222 disposition des travailleurs et des employeurs

de sécurité. Le problème est particulièrement aigu au niveau des


services d'inspection qui, en vertu de lois et de règlements distincts,
sont souvent amenés à doubler leurs interventions. Il est donc impor-
tant de procéder, d’une part, à une meilleure intégration de la législation
et de la réglementation actuelle, aspect de la réforme qui est abordé au
chapitre suivant et de proposer, d’autre part, une restructuration des
responsabilités administratives au niveau central, ce qui est le sujet de
la présente section.

La restructuration proposée s'inspire à la fois de l’analyse du


régime actuel et de l'orientation fondamentale qui doit être imprimée à
la réforme. Elle s’articule autour des principes suivants:

— assurer à la prévention une attention prioritaire;

— établir un partage clair et simple des fonctions, de façon à ce que


les travailleurs et les employeurs puissent les identifier facile-
ment et sachent à qui s’adresser pour solutionner leurs problè-
mes;

— favoriser la participation des travailleurs et des employeurs;

— assurer la cohérence et la coordination de l’ensemble du système.

La volonté d’actualiser ces principes amène le gouvernement à


faire les recommandations suivantes:

— Ja création d’une Commission de la santé et de la sécurité au


travail, où seront représentés les travailleurs et les employeurs et
qui assumera toutes les responsabilités de prévention et d’indem-
nisation;

— le regroupement des différents services actuels d'inspection au


sein d’un seul ministère;

— la reconnaissance d’une autorité ministérielle unique.


L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 223

La Commission de la santé et de la sécurité au travail


L’actuelle Commission des accidents du travail sera transformée
en une Commission de la santé et de la sécurité au travail. Il ne s’agit
pas là d’un simple changement de nom, mais d’une expression de la
volonté ferme du gouvernement d'accorder à la prévention des acci-
dents du travail et des maladies professionnelles une importance
beaucoup plus grande que celle qu’elle possède dans le cadre actuel de
la Commission des accidents du travail et d'assurer la participation des
travailleurs et des employeurs à la définition et à la gestion des
politiques de santé et de sécurité au travail. Aussi bien les mandats
confiés à la Commission de la santé et de la sécurité au travail que ses
structures internes et la composition de son conseil d'administration
reflèteront ces objectifs et en feront une institution radicalement nou-
velle.

Tout en assumant les responsabilités actuellement dévolues à la


Commission des accidents du travail en matière d'indemnisation et de
réadaptation, la nouvelle Commission se verra également confier l’exer-
cice des fonctions les plus susceptibles de favoriser une prise en charge
réelle, par les milieux de travail eux-mêmes, de la santé et de la sécurité
au travail, à savoir la formation, l'information, la recherche, le conseil et
les programmes de santé au travail.

De par ces fonctions, la Commission sera appelée à travailler en


étroite collaboration avec les travailleurs et les employeurs pour susci-
ter et appuyer l'émergence et le fonctionnement d’associations secto-
rielles paritaires ou de comités paritaires de santé et de sécurité, au
niveau des établissements. Elle fournira les conseils permettant à ces
organismes d'élaborer leurs programmes de prévention, d’auto-
régulation et d’auto-surveillance et les aidera, de façon générale, à
trouver les solutions appropriées aux problèmes de santé et de sécurité
qui les confrontent. Elle donnera son avis sur tout projet de norme de
salubrité et de sécurité élaboré par la Direction générale de l'inspection.
Elle pourra également recommander à celle-ci l'élaboration de nouvelles
normes ou la modification de normes existantes.

En ce qui concerne les autres règlements à édicter, la Commission


de la santé et de la sécurité au travail possèdera l'initiative de leur
élaboration et elle devra les soumettre au gouvernement pour approba-
tion, par l'intermédiaire du ministre responsable. Ce dernier possèdera
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disposition des travailleurs et des employeurs
L'org anisation et la d éfinition des services mis à la

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L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 225

l'initiative de proposer lui-même des projets de règlement, mais il sera


tenu alors de requérir l’avis de la Commission, avis qui devra accompa-
gner le projet soumis pour approbation. À titre de premier responsable
de l'application de la loi, le ministre exercera par ailleurs une surveillan-
ce générale à l'égard du fonctionnement de l’ensemble du régime.

La composition du conseil d'administration de la Commission


doit refléter l'objectif de favoriser une prise en charge par les travail-
leurs et les employeurs des conditions de salubrité et de sécurité sur les
lieux de travail.

Le conseil d'administration de la Commission se composera donc


des membres suivants, nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, sur la recommandation du ministre responsable:

a) un président-directeur général;
b) quatre personnes choisies à partir d’une liste fournie par les
associations de salariés les plus représentatives;
c) quatre personnes choisies à partir d’une liste fournie par les
associations d'employeurs les plus représentatives.

d) deux adjoints au président-directeur général, soit l’adjoint à la


prévention et l’adjoint à l'indemnisation et à la réadaptationet ce,
sans droit de vote.

Un comité exécutif plus restreint, ne comptant que des membres à


plein temps, complètera le travail du conseil d'administration et sera
chargé de la gestion courante. Il comprendra, en plus du président-
directeur général, une personne désignée par les représentants des
employeurs sur le conseil d'administration, une personne désignée par
les représentants des travailleurs et, sans droit de vote, deux adjoints au
président-directeur général.

L'unification des services d'inspection


Il n’est plus besoin de justifier la nécessité de regrouper les lois et
les règlements actuels à l’intérieur d’un même cadre juridique et de
regrouper les services d'inspection sous l'autorité d’un seul ministère. Il
s’agit là des conclusions les plus évidentes qui se dégagent de l'analyse
L'organisation et la définition des services mis à la
226 disposition des travailleurs et des employeurs

qui a été faite de la situation actuelle. L'ensemble de la législation et de


la réglementation, une fois unifié à l’intérieur d’un même cadre juridi-
que, sera placé sous la seule autorité du ministère du Travail et de la
Main-d’oeuvre et celui-ci intègrera, à l’intérieur d’une même direction
générale, les responsabilités d'inspection des lieux de travail actuelle-
ment partagées entre lui-même, le ministère des Richesses naturelles,
les Services de protection de l’environnement et l'Office de la construc-
tion.

Une nette démarcation structurelle est établie entre les fonctions


de prévention, d'indemnisation et de réadaptation, d’une part, et la
fonction d'inspection, d'autre part. Bien que l'inspection poursuive
essentiellement un objectif de prévention et doive tenir compte des
efforts entrepris à cet effet par les milieux de travail, ce qui nécessitera
une concertation étroite avec l'organisme chargé de la prévention, son
rôle essentiel est de s’assurer du respect des normes et des règlements et
comporte l'imposition de sanctions, qu'il s'agisse d’amendes à payer,
d'arrêt de travaux ou même de fermeture d'établissements. L'exercice
d'un tel rôle et des pouvoirs qu’il implique exige une grande marge
d'indépendance par rapport aussi bien aux travailleurs qu'aux em-
ployeurs, l'inspecteur étant souvent appelé à jouer un rôle de juge entre
les parties. Or, le rôle des intervenants dans le domaine de la prévention
exige, au contraire, une implication profonde au niveau des comités de
santé et de sécurité et l'établissement d’un climat de confiance récipro-
que. L'exercice de ce rôle serait compromis, s’il comportait aussi celui
d’être juge entre les parties et le pouvoir d'imposer des sanctions.

Bien qu'il soit important d'établir une telle distinction entre les
fonctions d'inspection et de prévention, il ne faut pas perdre de vue qu’il
s’agit là de deux facettes d’un même problème, celui de la santé et de la
sécurité au travail et qu'il est impensable de les laisser se développer
totalement isolées l’une de l’autre. C’est pourquoi elles seront placées
sous l'autorité d’un seul ministre.

La formation et l'information
Le gouvernement reconnaît aux travailleurs comme aux em-
ployeurs le droit à des services adéquats de formation et d’information.
Dans le contexte actuel, la qualité de ces services constitue un prérequis
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 227

à la mise en place et au bon fonctionnement des mécanismes de prise en


charge sur lesquels s'appuient les changements proposés. Comment,
en effet, demander aux parties d'assumer une plus grande part de
responsabilité dans l’amélioration des conditions de santé et de sécurité
au travail, sion ne s'engage pas à leur fournir en partant, et au besoin de
façon intensive, les outils nécessaires et le minimum de connaissances
et de savoir-faire indispensables à une telle entreprise?

Il faut que les personnes et les groupes en présence puissent se


parler et travailler ensemble, le plus tôt possible et en connaissance de
cause. La Commission devra donc, dans un premier temps, privilégier
de façon marquée les fonctions de formation et d’information. Concrè-
tement, il faut même prévoir une phase initiale d'opérations qui tienne
compte davantage des besoins immédiats et des moyens existants que
d’un modèle idéal de fonctionnement. Ce modèle, qui repose notam-
ment sur une utilisation systématique des associations paritaires secto-
rielles, ne pourra en effet être appliqué intégralement que d’une manière
progressive. Or, c’est dès maintenant que s’impose la mobilisation des
ressources en matière de formation et d’information.

Les programmes et les projets devront, en tout premier lieu,


s'adresser aux membres des comités paritaires d'établissement, de
même qu'aux représentants des travailleurs et des employeurs regrou-
pés au niveau sectoriel. La responsabilité de répondre aux besoins de
cette clientèle incombe à la fois à la Commission et aux associations
patronales, syndicales et paritaires. Autant la Commission devra dis-
poser du personnel suffisant pour réaliser ses propres programmes,
autant elle devra être prête à appuyer techniquement et financièrement
les efforts de ces associations. Elle devra également chercher à utiliser
au maximum les services existants et déjà disponibles aux travailleurs
et aux employeurs comme, par exemple, ceux que peuvent fournir
diverses institutions du réseau des services de santé. Il faut s'attendre à
ce que la Commission soit à la fois le moteur et la ressource première
dans la mise en marche des opérations et une certaine souplesse
d'exécution doit lui être laissée pour qu’elle soit en mesure d'agir
rapidement.

Néanmoins, dans une perspective d'intégration de la formation et


de l'information avec les autres grandes composantes du nouveau
régime, il convient de développer progressivement et selon la philoso-
L'organisation et la définition des services mis à la
228 disposition des travailleurs et des employeurs

phie de base du régime proposé, des mécanismes qui reflètent la volonté


et la capacité des travailleurs et des employeurs d'assumer eux-mêmes,
via les organismes et les associations qui les représentent, la plus
grande partie du travail. Dans cette optique, l'intervention de la
Commission, possiblement plus massive et directe au début, devrait
faire appel de plus en plus par la suite aux associations sectorielles et
servir essentiellement de support aux activités générées à ce niveau.

Mais, pour que l’ensemble du système fonctionne de façon cohé-


rente, il faut chercher à assurer et à maintenir constamment uneétroite
collaboration entre les principaux organismes et les ressources impli-
quées, soit les services de la Commission elle-même, les associations
patronales et syndicales, les entreprises, les syndicats locaux, les
départements de santé communautaire des centres hospitaliers, les
centres locaux de services communautaires, les universités, les organis-
mes de recherche et tout autre service disponible au milieu.

Les ressources ne sont pas si nombreuses qu’on puisse se permet-


tre des chevauchements et des gaspillages d'énergie et ce n’est pas la
moindre des responsabilités de la Commission que de créer les condi-
tions propices à cette collaboration nécessaire entre les divers interve-
nants. C’est en tout cas la seule façon d'arriver à répondre, à court et à
moyen terme, aux besoins concrets des travailleurs et des employeurs.
Quels sont-ils ces besoins ?Comment les identifier et quel est le meilleur
moyen d'y répondre?

On trouvera dans les pages qui suivent un exposé général sur


l’ensemble de ces questions. Pour plus de clarté, il faudra cependant
distinguer les besoins, les éléments et les PUBS EE de formation de
ceux de l'information.

La formation

Au niveau de l'établissement, la principale fonction est d'élaborer


et de réaliser un programme de formation continue en matière de santé
et de sécurité pour l’ensemble du personnel, incluant la gérance. À cet
égard, la responsabilité du comité paritaire de santé et de sécurité au
travail a été décrite dans un chapitre précédent. Mais l'employeur
conserve de toute façon l'obligation de s'assurer que le personnel de
son entreprise reçoit une formation suffisante et appropriée.
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 229

Le premier intéressé par le programme de formation est bien sûr le


travailleur lui-même. Tant à son arrivée dans une entreprise qu’à
l’occasion d’une mutation, ce dernier doit recevoir les éléments de
formation suivants:

— une connaissance des risques d’accidents et de maladies reliés à


son emploi et les moyens de s’en protéger;

— une connaissance des règlements de sécurité de l’établissement;

— les moyens de développer des attitudes et des comportements


responsables vis-à-vis de sa santé ou de sa sécurité et de celle de
ses collègues de travail.

Quant au personnel de gérance, il doit être capable:

— d'identifier les risques d’accidents et de maladies reliés aux


emplois sous sa surveillance afin de rechercher avec les travail-
leurs des solutions pour les éliminer;

— d'informer des risques d'accidents du travail et de maladies


professionnelles un travailleur nouveau ou muté à un poste de
travail relevant de sa supervision;

— d'entraîner les travailleurs sous sa supervision à adopter des


méthodes de travail sécuritaires;

— de conduire, à l’occasion, des inspections de sécurité.

Le chef d'établissement doit assumer la formation des responsa-


bles de la gérance, lorsque son établissement est pourvu d’un service de
formation ou d’un service du personnel. Cependant, dans plusieurs cas,
la formation de ces responsables devra être réalisée par l’association
sectorielle d'employeurs.

Il faut prévoir des programmes de formation à l'intention des


membres du comité paritaire d’établissement afin de leur permettre:

— de connaître les lois et les règlements relatifs à la santé et à la


sécurité;
L'organisation et la définition des services mis à la
230 disposition des travailleurs et des employeurs

— de connaître les moyens de surveillance préventive et au besoin


d'utiliser les instruments de mesure:

— de pouvoir exercer toutes les responsabilités confiées au comité


paritaire;

— de travailler en équipe et de partager les responsabilités du


comité;

— de connaître les services dispensés par l’association sectorielle


paritaire, les associations d'employeurs et de travailleurs et ceux
de la Commission.

De préférence, la formation des membres des comités paritaires


d'établissement devrait être dispensée par l'association sectorielle pari-
taire, ou à défaut, par le service de formation de la Commission. Ceci
n’élimine aucunement la possibilité, pour les représentants de l’em-
ployeur et des travailleurs, d'obtenir des services de formation de leurs
associations respectives.

Il importe également de reconnaître que la diversité des problè-


mes de santé et de sécurité des différents secteurs de l’économie
amènera l'élaboration et la réalisation de programmes et de sessions de
formation ayant souvent des contenus très différents.

Quant au service de formation de la Commission, il devra avoir


pour principales fonctions:

— de voir à l’organisation et au maintien d’un système de formation


répondant aux besoins et d’y affecter les ressources financières
nécessaires aux divers intervenants:

— d'établir des critères généraux concernant la nature des program-


mes à élaborer à tous les niveaux;

— d'évaluer l'efficacité du système global de formation;

— de contribuer à former les professionnels des associations secto-


rielles paritaires et des associations d'employeurs et de travail-
leurs;
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 231

— de former, au besoin, les membres des comités paritaires d’éta-


blissement';

— de recommander aux institutions d’enseignement secondaire,


collégial et universitaire l'élaboration et la réalisation, de préfé-
rence sur les lieux de travail, de programmes de perfectionnement
en santé et en sécurité, ainsi que l'intégration d’un contenu sur ia
santé et la sécurité dans les programmes réguliers d’enseigne-
ment.

L'information
Il est également important qu’un programme d'information
continu existe dans chaque établissement. Il faut insister sur le mot
continu car l’évolution de la technologie, le roulement du personnel et
les nouveaux développements exigent une adaptation constante du
programme d’information.

Comme pour la formation, le comité paritaire joue un rôle essen-


tiel dans l'élaboration du programme et le chef d'établissement est le
premier responsable de sa réalisation.

La complexité et la diversité des opérations de production indus-


trielle obligeront le chef d'établissement et le comité paritaire à créer et
à mettre en place des moyens d’information adaptés aux besoins
propres de l’entreprise et à faire appel à diverses ressources extérieures
à cette entreprise.

De façon générale, le programme doit:

— informer les travailleurs des risques et des dangers inhérents à


l’utilisation des équipements, des outils, des matériaux et des
produits;

— les informer des risques et des dangers nouveaux apparaissant


lors de la modification de tâches, de l’adoption de nouveaux
procédés ou de l’utilisation de nouveaux équipements, matériaux
ou produits;

— leur faire connaître leurs droits et leurs obligations;


L'organisation et la définition des services mis à la
232 disposition des travailleurs et des employeurs

— fournir aux contremaîtres toute l'information nécessaire pour


qu'ils puissent aider les travailleurs sous leur supervision à se
protéger contre les risques de leur emploi.

De façon plus particulière, le programme doit également prévoir


que sont accessibles aux membres du comité paritaire toutes les infor-
mations nécessaires à l'exercice des fonctions qui lui sont confiées,
notamment celles qui ont trait à l’état de santé général des travailleurs
de l'établissement. Il faut insister sur le rôle important de soutien que le
personnel des services de santé au travail doit jouer à cet égard.

Entre les entreprises d’un même secteur, il existe beaucoup de


similitude dans les facteurs de risques d'accidents du travail et de
maladies professionnelles et dans les méthodes de prévention. Il est
donc souhaitable d'orienter l'information vers les besoins spécifiques à
chaque secteur.

Les associations sectorielles paritaires, patronales et syndicales


seront appelées à identifier les besoins d’information et à élaborer les
programmes pour les employeurs et les travailleurs qu’elles représen-
tent. Ceci ne signifie pas que la Commission n'aura pas à exercer
elle-même directement ces fonctions dans certaines circonstances,
notamment en l'absence de regroupements au niveau sectoriel ou
lorsque les informations à diffuser intéressent l’ensemble des travail-
leurs et des employeurs ou la population en général.

Afin d'éviter tout chevauchement d’efforts et tout gaspillage, les


associations devront privilégier le développement d'outils d’informa-
tion adaptés à l’utilisation au niveau local et recourir à l'expertise des
diverses sources d’information existantes et situées près du milieu.

Au niveau central, la Commission assumera les responsabilités


de cueillette, d'examen et de diffusion de l'information sur la santéetla
sécurité au travail. Pour ce faire, elle devra remplir les fonctions
suivantes:

— recueillir les informations émanant des services publics, para-


publics et extérieurs et en assurer la diffusion;
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 233

— établir les priorités et déterminer les ressources financières à


allouer aux associations et aux intervenants impliqués;

— produire des outils généraux d’information portant notamment


sur le rôle et le fonctionnement des comités paritaires et sur les
droits et les obligations des travailleurs et des employeurs;

— concevoir et réaliser des campagnes d’information de portée


générale, dans le but d’influencer les attitudes et les comporte-
ments;

— Maintenir à jour un système d’information comprenant des


données statistiques et tout renseignement portant sur les équipe-
ments, les produits et les matériaux;

— maintenir un bureau d’information public facilement accessible


aux travailleurs et aux employeurs;

— établir des critères généraux concernant la nature des program-


mes à élaborer aux divers niveaux;

— évaluer l'efficacité des programmes d’information.

L'impact de l'information sur la prévention des accidents et des


maladies du travail dépend de la mise en place de mécanismes souples
de fonctionnement et de l’utilisation maximale des ressources du milieu
et des personnes impliquées dans la prévention.

Le cheminement de l'information entre les différents niveaux


d'intervention est représenté globalement dans le diagramme qui suit.
En bref, la Commission coordonne l’ensemble des activités de cueillette
et de diffusion de l'information pour tous les organismes impliqués de
près ou de loin dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail.

La recherche
Il n’est plus besoin de souligner le caractère limité et fragmentaire
de nos connaissances dans le domaine de la santé et de la sécurité au
travail, qu'il s'agisse de connaissances de nature médicale ou technolo-
LI4
tion et la défin ition des serv ices m is à la
dispos ition des trava illeurs et des employeurs

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L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 235

gique. Nous ne connaissons pas vraiment l’ensemble des risques


auxquels sont exposés les travailleurs et l’ensemble des problèmes
économiques et sociaux qu'ils engendrent.

Il n'existe pas non plus de système organisé permettant de décrire


statistiquement les accidents du travail et les maladies professionnelles
qui surviennent actuellement au Québec, leurs genres, leurs causes, les
lieux et les circonstances dans lesquelles ils se produisent, etc. La
Commission des accidents du travail vient tout juste de commencer à
mettre au point un tel système.

Il y a certains organismes au Québec qui effectuent des recher-


ches reliées directement ou indirectement à la santé et à la sécurité des
travailleurs. Les efforts consentis semblent cependant insuffisants. De
plus, comme aucun organisme n’a actuellement la responsabilité
d'établir des priorités de recherche, d'évaluer et d'intégrer les résultats
obtenus, les connaissances ainsi acquises sont souvent peu diffusées ou
mal articulées aux préoccupations de ceux qui ont la responsabilité de
l'élaboration et de l’application des programmes de prévention.

C’est donc l'intention du gouvernement du Québec de voir à ce


que les efforts de recherche soient intensifiés mais aussi, et surtout, de
voir à ce que ceux-ci soient coordonnés à l’intérieur de priorités bien
établies. L'organisation qu’il faudra susciter pour atteindre ces objec-
tifs devra s'inspirer d’un certain nombre de principes de base.

Il est important tout d’abord que l’organisation qui sera proposée


ne vise pas à supplanter les organismes de recherche déjà en place. Elle
devra plutôt permettre une utilisation maximale des ressources déjà
existantes en les stimulant et en les appuyant aussi bien sur le plan
scientifique que sur le plan financier.

Il faudra aussi éviter de doubler des travaux de recherche déjà


réalisés ou en cours à l'extérieur du Québec et s’assurer plutôt d'établir
des liens étroits avec les organismes de recherche d’autres pays et
d’autres provinces.

Enfin, il est essentiel que la définition des problèmes, l’établisse-


ment des priorités et l'élaboration des programmes de recherche soient
L'organisation et la définition des services mis à la
236 disposition des travailleurs et des employeurs

faits en consultation étroite avec l’ensemble des intervenants du systè-


me de la santé et de la sécurité, qu'il s’agisse des services de formation,
d’information ou de consultation, des services de santé, des services
d'établissement de normes, des services d'inspection ou des services
d'indemnisation et de réadaptation.
P Une importance toute particulière
devra être accordée à la participation des milieux de travail, par la voie
des associations sectorielles de prévention, des associations patronales
et des associations syndicales.

L'organisation de la recherche
C’est à la Commission que le gouvernement confiera la responsa-
bilité première de stimulation et de coordination de la recherche. À cette
fin, la Commission sera appelée à assumer les fonctions suivantes:
l'élaboration des priorités et des programmes de recherche, l'attribution
de contrats et de subventions de recherche, l'analyse et la diffusion des
données recueillies auprès de toutes les composantes du système de
santé et de sécurité au travail, la cueillette, l’analyse et la diffusion des
résultats des travaux de recherche effectués au Québec et à l'extérieur
du Québec.

C’est surtout par l'établissement de priorités et de programmes


de recherche que la Commission pourra assurer la coordination des
travaux qui seront effectués dans l’ensemble des centres de recherche
existants ou à venir. La représentation des employeurs et des travail-
leurs au sein du Conseil d'administration de la Commission offre une
certaine garantie que les programmes adoptés correspondront aux
besoins réels et prioritaires des milieux de travail québécois.

Plutôt que de réaliser elle-même les projets de recherche, la


Commission devra généralement faire appel aux ressources existantes.
À cette fin, et dans le cadre des priorités établies, elle disposera de
budgets lui permettant d’octroyer des contrats ou d’accorder des
subventions.

L'octroi de contrats se fera dans le cas de projets spécifiques


élaborés par la Commission elle-même, et c’est pour favoriser le
développement de recherches indépendantes qu’elle accordera des sub-
ventions. Il s'agira alors de faire connaître publiquement que des fonds
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 237

d’une certaine ampleur sont disponibles pour entreprendre ou poursui-


vre des projets de recherche que des organismes ou des chercheurs
individuels auront élaborés de leur propre initiative.

La Commission pourra aussi utiliser les organismes subvention-


naires déjà existants, tels que le Conseil de la recherche en santé du
Québec et le Centre de recherche industrielle du Québec, pour élaborer
et gérer des programmes de subventions. Dans ce cas, elle concluera
des ententes avec ces organismes et fournira des fonds à être affectés
par eux à la recherche en matière de santé et de sécurité au travail. Cela
n’empêchera pas cependant ces organismes de continuer à financer des
programmes de support et de formation pour les chercheurs intéressés
aux problèmes de santé et de sécurité au travail.

Il est permis d’espérer que les contrats et les subventions ainsi


octroyés généreront progressivement de nombreuses activités de re-
cherche. Les résultats de ces travaux, de même que des travaux réalisés
à l'extérieur du Québec, devront être évalués et intégrés à l’intérieur
d’un ensemble de connaissances à la fois cohérent et systématique et
diffusés, par l'intermédiaire des services de formation et d’information,
dans l’ensemble du régime de santé et de sécurité au travail et même
dans l’ensemble de la société québécoise, en utilisant tous les canaux
appropriés.

Bien qu’il semble important au gouvernement que la Commission


ne réalise pas elle-même, de façon habituelle, les travaux de recherche
qu’elle propose, il est un type de recherche qui lui appartient en propre.
Il s’agit essentiellement de la cueillette et de l’analyse de l’ensemble des
données engendrées par ou à l’occasion des activités d’information, de
formation, de consultation, de santé, d'inspection, d'indemnisation et
de réadaptation. Ces données serviront en quelque sorte de « mémoire
agissante » à tous les centres de décisions responsables de l’applica-
tion du régime de santé et de sécurité au travail.

Tout en permettant de constituer un véritable système d’informa-


tion, ce type de recherche devrait permettre au régime de santé et de
sécurité de s’auto-évaluer régulièrement, que ce soit au niveau des
résultats obtenus ou à celui du processus même de prévention. Cette
fonction de « rétro-action » est fondamentale, si l’on veut donner au
L'organisation et la définition des services mis à la
238 disposition des travailleurs et des employeurs

régime des capacités internes d'ajustement et de développement perma-


nent.

Les services de santé au travail


Les services de santé au travail font partie de l’ensemble des
services de soutien destinés à protéger la santé des travailleurs. Ils ne
sont donc pas les seuls responsables de la réalisation des objectifs que
l'Organisation mondiale de la santé a fixés à la médecine du travail:

« (...) de promouvoir et de maintenir le plus haut


degré de bien-être physique, mental et social des
travailleurs dans toutes les professions, de prévenir
tout dommage causé à la santé de ceux-ci par les
conditions de leur travail, de les protéger dans leur
emploi contre les risques résultant de la présence
d'agents préjudiciables à leur santé; de placer et de
maintenir le travailleur dans un emploi convenant à
ses aptitudes physiologiques et psychologiques, en
somme d'adapter le travail à l’homme et chaque
homme à sa tâche.»

C'est l’ensemble des éléments et des modalités du régime proposé


(élaboration et contrôle de normes de santé et de sécurité, recherche,
formation, information, reconnaissance de droits et d'obligations, mé-
canismes de participation conjointe des travailleurs et des employeurs,
services de santé) qui permettra d'atteindre ces objectifs qui sont aussi
ceux du gouvernement du Québec.

Il est donc important de définir clairement le rôle spécifique qui


sera joué par les services de santé et d'établir les relations qu'ils devront
maintenir avec les autres éléments du régime de santé et de sécurité au
travail. Par ailleurs, il ne saurait être question de limiter les services de
santé au travail à des fonctions cliniques et à une approche strictement
individuelle des problèmes. Ces services doivent être également conçus,
et même prioritairement, selon une approche de santé publique. Afin de

1 Organisation mondiale de la santé, Série des rapport techniques, no 66, 1965, p. 4


L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 239

contribuer à éliminer à la source les causes des problèmes de santé des


travailleurs, les services de santé au travail doivent être en mesure de
tracer des portraits collectifs de la santé des travailleurs par secteur
d'activité économique et par entreprise et en fonction de certaines
caractéristiques individuelles (âge, sexe, etc.).

Ce sont ces bilans de santé collectifs ou, en termes scientifiques,


ces bilans « épidémiologiques » qui pourront donner un sens aux
examens individuels des travailleurs. De plus, ils sont indispensables à
l'identification des facteurs de risques à la santé propres à certains
types de travaux. Mis en relation avec les données recueillies par les
services de recherche et d'inspection sur la salubrité des lieux de travail,
ces bilans permettront d'établir des normes de salubrité et de s'attaquer
aux sources mêmes des problèmes de santé.

Les fonctions des services de santé au travail


Les services de santé au travail, en conjuguant l’approche clinique
individuelle à l’approche de santé publique, assumeront essentielle-
ment quatre fonctions:

— La surveillance de l’état de santé des travailleurs assurant le


dépistage précoce et la prévention de toute altération à la
santé provoquée ou aggravée par le travail.

Cette surveillance exige des examens spécifiques en fonction d’un


agent agresseur déjà identifié, plutôt qu’un examen médical complet de
routine. Elle a pour but de déceler les premiers signes d’apparition
d’une maladie que l’on sait pouvoir être reliée à l'existence de cet agent
agresseur. Cette surveillance suppose la collaboration de divers spécia-
listes qui, selon les cas, peuvent être des pneumologues, des toxicolo-
gues, des radiologistes, des dermatologues, etc.

De plus, si on veut prévenir efficacement toute altération à la


santé provoquée ou aggravée par le travail, il faut reconnaître aux
responsables des services de santé le pouvoir de recommander que soit
retiré d’un emploi à risques tout travailleur qui montre les premiers
signes d’une maladie professionnelle.
L'organisation et la définition des services mis à la
240 disposition des travailleurs et des employeurs

— L'identification et l'évaluation des risques à la santé physique


et mentale causés par le milieu de travail

C'est ici que l’approche santé publique prend toute son importan-
ce. Il s’agit, essentiellement, d'évaluer les effets toxiques de nouveaux
produits ou de produits connus mais dont on avait ignoré jusqu'alors la
toxicité. Des expériences de laboratoire, aussi bien que des enquêtes
épidémiologiques auprès des groupes de travailleurs qui sont en contact
avec ces produits, rendront possible l’évaluation de ces risques. Les
résultats de ces travaux permettront, à court ou à long terme, de valider
les normes d'exposition permises et, lorsque nécessaire, d'en suggérer
de nouvelles. C’est ainsi que des correctifs pourront être apportés en vue
d’une véritable adaptation du travail à l’homme.

— La mise sur pied et le bon fonctionnement d’un service adéquat


de premiers soins pour faire face aux urgences médicales et
traumatiques et pour faciliter la réadaptation au travail

— La connaissance des caractéristiques individuelles des travail-


leurs, afin de faciliter leur affectation à des tâches non suscep-
tibles de porter atteinte à leur santé ou à leur sécurité.

Les caractéristiques de santé de certains travailleurs, indépen-


dantes de leurs conditions de travail (diabète, épilepsie, grossesse, etc.)
peuvent rendre ceux-ci inaptes à exercer certaines fonctions ou les
exposer à des risques particuliers. Il est donc important que les services
de santé au travail évaluent les capacités de ces travailleurs à accomplir
certaines tâches ou les risques qu'ils encourent. Ces services doivent
être également habilités à recommander, si nécessaire, que ces travail-
leurs soient affectés à d’autres tâches.

La diversité des fonctions que doivent assumer les services de


santé exige que des ressources diversifiées soient mises à contribution,
qu'il s'agisse d’infirmières et d’infirmiers, de secouristes, de médecins
omnipraticiens, de spécialistes ou de tout autre professionnel ayant une
compétence dans le domaine.

De plus, les fonctions énumérées doivent s’actualiser de façon


différente à chacun des niveaux d'intervention du système de santé, à
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 241

savoir, le niveau local (au sein ou près d’un établissement), le niveau


régional ou sous-régional, selon la densité de la population et le
nombre d'établissements sur un territoire, et le niveau central. Dans le
choix des organismes à être mis à contribution à ces différents niveaux,
le gouvernement a évité de construire, pour les fins de la santé au
travail, un réseau parallèle au réseau général des services de santé qui
existe actuellement. Aussi propose-t-il de mettre à contribution dans la
mesure du possible, pour l’organisation des services de santé au travail,
les organismes déjà en place.

Les services de santé au niveau local


Pour chaque entreprise ou regroupement d'entreprises, selon les
ressources disponibles et compte tenu de la fréquence et de la gravité
des risques présents dans le milieu, existera un service de santé au
travail. Ce service ne sera plus placé sous la responsabilité financière et
administrative directe de l’employeur. Il pourra être intégré adminis-
trativement à un centre hospitalier, à un Centre local de services
communautaires ou même à un cabinet privé. Par ailleurs, le personnel
professionnel de ce service sera relié au réseau public de santé en étant
membre d’un département de santé communautaire d’un centre hospi-
talier (CH-DSC). Répartis dans 32 centres hospitaliers du Québec, les
CH-DSC sont actuellement responsables, en vertu de la loi, de l’état de
santé des populations de leurs territoires et possèdent déjà des respon-
sabilités régionales dans le domaine de la santé au travail.

Le regroupement des professionnels de la santé oeuvrant dans les


entreprises au niveau d’un CH-DSC permettra, comme c’est le cas pour
tous les autres services d’un hôpital, de mieux procéder à l'élaboration
et à l'évaluation des protocoles d'intervention, en plus de garantir la
qualité professionelle et le maintien de la compétence des parties
intervenantes. Le conseil des médecins et dentistes pourra d’ailleurs
exiger d'eux au besoin qu'ils complètent leur formation en matière de
santé au travail.

1 À la différence des Centres locaux de services communautaires, les départements de santé


communautaire ne sont pas des établissements autonomes; ils sont partie intégrante d'un
centre hospitalier et soumis à ses règles de fonctionnement normal, d'où leur appellation de
CH-DSC.
L'organisation et la définition des services mis à la
242 disposition des travailleurs et des employeurs

Le lien fonctionnel des professionnels des services de santé avec


un centre hospitalier impliquera qu'ils se rencontrent périodiquement.
Cependant, c'est au niveau des entreprises elles-mêmes que se fera
l'essentiel de leur travail. C’est au comité paritaire de santé et de
sécurité au travail que le gouvernement entend confier la responsabilité
de choisir le médecin qui sera responsable de l’organisation et de la
dispensation des services de santé dans son établissement. Ce choix du
comité devra être fait à partir d’une liste de médecins agréés aux fins de
santé au travail par le conseil des médecins et dentistes du centre
hospitalier désigné pour les fonctions de santé publique sur son terri-
toire.

Si les parties représentées au comité de santé et de sécurité ne


s'entendent pas sur le choix de ce médecin, le chef du Service de santé au
travail du CH-DSC demandera à la Commission de la santé et de la
sécurité au travail de choisir le médecin à la place du comité.

Saisie d’une telle requête, la Commission devra choisir un méde-


cin parmi ceux qui sont inscrits sur la liste des médecins agréés par le
centre hospitalier. Si un médecin oeuvre déjà auprès de l’entreprise
concernée au moment de l’adoption de la loi, la Commission devra lui
accorder une préférence.

Une fois en fonction, et sauf s’il démissionne volontairement, le


médecin responsable des services de santé auprès d’une entreprise ne
pourra être remplacé que pour des raisons justes et suffisantes, dont la
preuve incombera au comité paritaire ou à l’une des deux parties qui y
sont représentées. Un médecin ainsi remplacé pourra interjeter appel de
la décision du comité auprès de la Commission de la santé et de la
sécurité au travail.

Les principales fonctions des services de santé oeuvrant au sein


des établissements peuvent être caractérisées ainsi:

— collaborer avec le comité paritaire à la définition du programme


de santé propre à l'établissement;

— assurer l'application de ce programme et du programme-cadre de


santé publique défini par le CH-DSC;
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 243

— assurer des services de diagnostic précoce des premiers symptô-


mes d’une maladie professionnelle;

— évaluer les caractéristiques individuelles de santé des individus,


afin de faciliter leur affectation à des tâches qui correspondent à
leurs aptitudes et qui ne portent pas atteinte à leur santé et à leur
sécurité.

La nature de la plupart de ces fonctions a déjà été décrite. Nous


voulons ici préciser le rôle des services de santé en ce qui concerne la
définition du programme de santé propre à l'établissement.

Un programme de santé se caractérise globalement par un en-


semble cohérent et intégré d'activités et de services, en vue d'améliorer
l’état de santé d’une population donnée. Un tel programme ne se limite
donc pas à une simple dispensation d'examens médicaux aux travail-
leurs, mais doit également comporter des activités d'éducation sanitai-
re, d’information et d'animation, de même que des analyses des exigen-
ces de certains postes de travail. Il appartiendra à la Comission de la
santé et de la sécurité au travail, pour l’ensemble du Québec, et aux
CH-DSC pour les territoires dont ils ont la responsabilité, d'établir des
programmes-cadres minima que devront respecter tous les établisse-
ments. C'est à ces établissements, cependant, qu’incombera la respon-
sabilité de décider des modalités concrètes d'application de ces pro-
grammes-cadres et de les compléter en fonction de leurs besoins
particuliers. Ils devront donc voir à élaborer leur propre programme de
santé au travail qui pourra comporter, par exemple, des services de
promotion générale de santé prévoyant, entre autres, des activités de
dépistage et d'éducation sanitaire pour la prévention de certaines
maladies non nécessairement reliées au travail, comme l’hypertension
artérielle, le tabagisme, etc. et pour lesquelles il peut être avantageux de
mettre à profit l'approche de groupe facilement utilisable sur des lieux
de travail.

Il appartiendra au comité paritaire de définir ce programme


spécifique à l'établissement, en respectant les besoins du groupe et de
chaque individu, de même que la liberté professionnelle des interve-
nants impliqués. Ceux-ci seront appelés à conseiller le comité paritaire
dans l'élaboration d’un tel programme. Ils devront donc lui fournir tous
les renseignements et le soutien technique nécessaires afin qu'il puisse
L'organisation et la définition des services mis à la
244 disposition des travailleurs et des employeurs

prendre des décisions en connaissance de cause. Ainsi, ils devront


communiquer au comité de santé et de sécurité des informations
dépersonnalisées sur l’état de santé des travailleurs’ de l'établissement,
de même que sur les résultats des activités du service de santé.

En cas de mésentente entre les parties représentées au comité


paritaire au sujet des éléments de son programme de services de santé,
le département de santé communautaire du centre hospitalier, à titre de
responsable des services de santé à rendre aux travailleurs sur son
territoire, pourra intervenir, en se basant sur le respect des normes de
santé publique définies dans les programmes-cadres et en tenant
compte des ressources disponibles.

Une fois le programme de santé établi, il appartiendra au chef du


Service de santé au travail du CH-DSC, de concert avec le médecin
responsable des services de santé au niveau de l'établissement, de
décider de la nature et de la quantité du personnel médical et para-
médical nécessaire à la réalisation des activités et des services prévus au
programme.

Cette décision devra tenir compte également des normes établies


à cet effet par la Commission de la santé et de la sécurité au travail, en
fonction des priorités d'intervention qu’elle aura définies.

Les services de santé au niveau régional


Comme il en a déjà été fait mention, les services de santé au niveau
régional seront confiés aux CH-DSC et, plus spécifiquement, aux
Services de santé au travail de ces organismes.” Les médecins respon-
sables des Services de santé au travail des CH-DSC devront posséder
une formation en matière de santé publique et en médecine du travail,
ou posséder une expérience jugée équivalente.

Les principales fonctions des CH-DSC seront de procéder à la


surveillance de l’état de santé des travailleurs de leurs territoires, par la

1 La confidentialité du dossier médical du travailleur doit être assurée. Les travailleurs qui le
désirent pourront recevoir une copie des résultats complets de leurs examens de santé et
pourront également demander qu’une copie soit envoyée à un médecin de leur choix.
2 Il faut prévoir que certains hôpitaux ou Centres locaux de services communautaires pourront
agir comme des subdivisions satellites du Service de santé au travail d'un CH-DSC.
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 245

collecte systématique et l’analyse des données épidémiologiques, de


coordonner les programmes de santé au niveau des établissements et
d'en évaluer le fonctionnement.

Collecte et analyse des données


La surveillance de l’état de santé des travailleurs implique la
collecte systématique et l'analyse des données relatives aux indicateurs
sociaux et sanitaires (incidence de certaines maladies, taux de mortali-
té, etc.), et aux facteurs de risques inhérents aux lieux et aux conditions
de travail. Pour remplir cette fonction, le responsable du Service de
santé au travail du Département de santé communautaire aura le
pouvoir de visiter les entreprises de son territoire et aura accès à toutes
les informations nécessaires, pouvoir que détiennent actuellement les
médecins hygiénistes en vertu de la Loi des établissements industriels
et commerciaux.

C’est à partir de ces analyses que le CH-DSC sera en mesure


d'élaborer des programmes propres aux populations-cibles de son
territoire et d’adapter aux particularités de son territoire les program-
mes-cadres définis par la Commission de la santé et de la sécurité au
travail.

Par ailleurs, chaque CH-DSC sera tenu de transmettre à la


Commission les données statistiques recueillies. De plus, ces données
devront être recueillies selon les méthodes standards établies par la
Commission, afin de permettre leur validation.

Coordination des programmes


La coordination des programmes suppose l’adaptation des pro-
grammes-cadres définis par la Commission aux conditions des diffé-
rentes populations-cibles et à l'importance relative des priorités des
établissements. De plus, la réalisation de nombreux programmes exige
des compétences techniques et méthodologiques et des équipements qui
doivent être partagés par plusieurs intervenants pour des raisons
d'efficacité et de qualité. Il appartiendra aux CH-DSC de coordonner
l’utilisation de ces ressources.
L'organisation et la définition des services mis à la
246 disposition des travailleurs et des employeurs

La responsabilité régionale du CH-DSC devra également dé-


boucher sur une coordination des services dont il a la responsabilité
avec les fonctions de formation, d’information, de consultation, d’ani-
mation et d'inspection qui seront exercées sur son territoire par d’autres
intervenants du régime de santé et de sécurité au travail. Ces fonctions
sont des éléments complémentaires d’une même approche de santé
publique. Il faudra donc éviter qu’elles soient exercées de façon isolée.
Cette coordination régionale des fonctions de divers organismes, asso-
ciations sectorielles paritaires, associations syndicales, associations
patronales, services régionalisés d'inspection, devra assurer une utili-
sation maximale des connaissances et des ressources de chacun.

Évaluation de l'efficacité des programmes


Bien que les services de santé au niveau des entreprises doivent
procéder eux-mêmes à l'évaluation de leurs programmes, celle-ci doit
être complétée au niveau régional à partir d'indicateurs plus généraux.
Tout en permettant de rajuster le tir en cours de route, en fonction des
changements du milieu, l’évaluation au niveau régional facilitera la
mise en place de mécanismes centralisés de collecte de données.

Les services de santé au niveau central


Au niveau central, on retrouvera les fonctions de surveillance de
l’état de santé des travailleurs, d'élaboration de programmes-cadres et
d'évaluation générale de l'efficacité des programmes de santé. Ces
diverses fonctions seront assumées par la Commission de la santé et de
la sécurité au travail. Toutefois, les programmes-cadres seront élaborés
en collaboration avec le ministère des Affaires sociales.

Système central d'information


La surveillance épidémiologique de l’état de santé des travailleurs
implique la mise en place d’un système central d’information qui
intègre les données sur les caractéristiques des travailleurs, les indica-
teurs socio-sanitaires, les facteurs de risque du milieu de travail, les
accidents du travail et les maladies professionnelles. Un système
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 247

d’information, contrairement à une banque de données, doit être dyna-


mique, c’est-à-dire prévoir l’analyse des données et la redistribution de
l'information aux différentes parties du système de santé responsables
de l'élaboration, de l’application et de l’évaluation des programmes.

Élaboration des programmes-cadres


L'élaboration des programmes-cadres découle des politiques de
santé et des priorités de la Commission. Deux types de programmes-
cadres devront exister:

— des programmes généraux de dépistage et de protection s’appli-


quant à tous les travailleurs, selon la nature des risques auxquels
ils sont exposés. Ces programmes pourraient viser, par exemple,
la prévention des effets nocifs sur la santé de certains agents
agresseurs, tels le bruit, le plomb, le mercure, etc.

— des programmes particuliers d'intervention propres à solutionner


des problèmes retenus comme prioritaires, tels les problèmes de
santé liés au secteur des fonderies, etc.

Évaluation des résultats des programmes


Les effets de chaque programme devront être mesurés et analysés
régulièrement, en regard des données fournies par le système central
d'information, de façon à pouvoir réviser les politiques et le choix des
priorités selon l’évolution des besoins et de la technologie.

Le financement des services de santé au travail


Les médecins oeuvrant dans les services de santé au travail
seront rémunérés selon les modes prévus aux ententes à intervenir
dans le cadre de la Loi de l’assurance-maladie. Ces ententes devront
donc prévoir les modalités jugées nécessaires au bon fonctionnement du
régime de santé et de sécurité au travail tel que défini par la législation
en ce domaine. Les frais supplémentaires ainsi encourus par la Régie de
l’assurance-maladie seront assumés par les employeurs, à même les
cotisations qu’ils y versent en proportion de leurs masses salariales.
L'organisation et la définition des services mis à la
248 disposition des travailleurs et des employeurs

La rémunération du personnel para-médical nécessaire au bon


fonctionnement des services de santé au niveau des établissements sera
assumée par les CH-DSC à partir des sommes qui leur seront versées
par la Commission de la santé et de la sécurité au travail, à même les
cotisations souscrites par les employeurs.

Les locaux, de même que le matériel professionnel et le support


administratif nécessaires à la réalisation des services de santé dans les
entreprises, seront défrayés par les entreprises, selon des normes
établies par la Commission.

Il va de soi que toute entreprise qui le souhaite pourra engager à


ses frais tout médecin de son choix qui peut alors agir comme médecin-
conseil auprès de la compagnie. Cependant, un tel poste ne peut
remplacer l'exercice de la médecine du travail telle que définie précé-
demment.

Toute entreprise pourra également engager le personnel médical


et para-médical nécessaire à la réalisation d’un programme de santé
spécifique, dont le financement ne pourrait être assumé par la Régie de
l’assurance-maladie ou par le CH-DSC. Ces programmes spécifiques à
une entreprise devront cependant avoir été approuvés par le comité
paritaire de santé et de sécurité.

L'inspection
L'inspection des entreprises a toujours été une fonction assumée
essentiellement par des services gouvernementaux. Bien qu'il ne soit
aucunement question d'éliminer ces services, la plus grande place
possible sera faite dans la réforme à l’auto-surveillance des entreprises
par les comités paritaires. Si l’on veut vraiment apporter un complé-
ment aux efforts actuels des services d'inspection, il faut en effet y
introduire de nouveaux partenaires. Cela stimulera une forme impor-
tante de prise en charge par les milieux concernés et permettra d'établir
sur une base plus solide l'inspection régulière des entreprises.

Il faut donc espérer que travailleurs etemployeurs, par l’entremi-


se des comités paritaires de santé et de sécurité, créeront une dynami-
que d’auto-surveillance dans chaque entreprise. Pour exercer cette
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 249

fonction, les comités paritaires pourront disposer de diverses sources


d'appui. D'une part, ils pourront compter sur les associations sectoriel-
les de prévention. D'autre part, les comités paritaires comme les asso-
ciations sectorielles pourront avoir recours à la Commission de la santé
et de la sécurité au travail. Cette relation-conseil sera particulièrement
intense lorsqu'une association sectorielle voudra formuler un code de
pratique spécifique à ses besoins.

Une autre source possible d'appui à l’auto-surveillance des en-


treprises sera la Direction de l'inspection, dont l'expérience en rapport
avec diverses questions comme, par exemple, la manipulation des
instruments d'inspection ou certaines techniques particulières d’ins-
pection pourra être utilement mise à profit.

Dans un tel contexte, l’inspectorat se concentrera davantage sur


des problèmes jugés prioritaires de même que sur l'arbitrage des
différends. L'on devra également accentuer un mandat particulier des
services actuels d'inspection, celui de l’approbation des plans et devis
relatifs à de nouvelles constructions ou à de nouveaux aménagements
d'entreprises, dans un objectif général de prévention.' Ce rôle est
d'autant plus important que, dans le cas de nouvelles entreprises par
exemple, le comité paritaire local de prévention est inexistant jusqu’à la
mise en marche du projet. Or une action préventive doit être exercée dès
la préparation des plans et devis. Au même titre, les inspecteurs devront
voir à ce que la machinerie industrielle introduite sur le marché
québécois soit conforme aux prescriptions des règlements de santé et
de sécurité au travail, à défaut de quoiils pourronteninterdire l'usage.

Dans sa relation avec le milieu de travail et les comités d’entrepri-


ses, l'inspecteur aura à rendre des décisions sur des litiges et, plus
particulièrement, sur ceux ayant trait à l’exercice par un travailleur de
son droit de cesser un travail qu’il juge dangereux. L'intervention de
l'inspecteur devra alors être rapide et se faire à l’intérieur d’un délai qui
sera prescrit par règlement, ce qui suppose une régionalisation des
effectifs.

D'autres types d'intervention seront requis de l'inspecteur, lequel


devra être attentif à l’action des comités de santé et de sécurité au niveau

1 Cette approbation n'exclut pas celle des services de protection de l'environnement qui vise à
protéger la qualité de l’environnement à l'extérieur des établissements.
L'organisation et la définition des services mis à la
250 disposition des travailleurs et des employeurs

des entreprises et au niveau sectoriel. Ceux-ci devront d’ailleurs devenir


les véritables interlocuteurs des inspecteurs dans les milieux de travail.
Ainsi, les travailleurs comme l'employeur pourront être représentés
pour accompagner l'inspecteur lors de sa visite des lieux et le comité
paritaire recevra une copie de son rapport sur les résultats de cette visite.

Pour que le contrôle des normes et l’arbitrage des questions


litigieuses puissent s'effectuer d’une manière efficace, les inspecteurs
devront avoir plein accès à l'information colligée au sein de la Commis-
sion de la santé et de la sécurité au travail et être munis de pouvoirs
étendus. Ils pourront, notamment, enquêter sur tout lieu et sur toute
question qu'ils détermineront, recueillir par toute voie appropriée
l'information pertinente à leur enquête, sur les lieux mêmes de l’entre-
prise (accès aux documents de l’entreprise, installation d’appareils de
mesure, prélèvement d'échantillons ou d'objets). Ils pourront aussi
exiger que l'employeur fasse exécuter des analyses d'équipements ou de
procédés de travail, qu’il en communique les résultats et qu'il effectue
les corrections qui s'imposent. Enfin, ils auront le pouvoir d’ordonner la
suspension du travail à titre préventif, une telle ordonnance pouvant
toutefois être révisée par une personne désignée par le ministre respon-
sable.

Les constats d'infraction aux règlements seront accompagnés


d’avis de correction et/ou de sanction. Il sera important que les déci-
sions prises tiennent compte des efforts consentis par chacune des
parties du comité paritaire pour solutionner les problèmes. En cas de
désaccord, l’une ou l’autre des parties du comité paritaire impliqué par
la décision de l'inspecteur pourra en appeler auprès du ministre ou de
son délégué.

En terminant, il convient de rappeler deux propositions formulées


précédemment qui contribueront sensiblement à façonner le futur
service d'inspection. Le gouvernement propose l'unification de tous les
services d'inspection de santé et de sécurité au travail et confère à la
seule Direction générale ainsi créée le pouvoir d'élaborer des normes de
salubrité et de sécurité. Cette mesure donnera plus de cohésion à
l'intervention des services d'inspection et amènera une rationalisation
de ses activités, notamment par l'élimination de ces chevauchements de
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 251

compétences qui ont tant affecté la crédibilité des services actuels, et


une meilleure utilisation des ressources!

Il est également proposé que l'inspection relève directement du


ministre, car il est important que le gouvernement continue à assumer
lui-même la responsabilité du contrôle des normes et des règlements de
santé et de sécurité.

L'indemnisation et la
réadaptation
Le gouvernement n’est pas en mesure de formuler maintenant des
propositions précises en vue d’une réforme majeure des régimes d’in-
demnisation et de réadaptation des victimes d’accidents du travail et de
maladies professionnelles. La formulation de telles propositions suppo-
se que soit poursuivie l’analyse de toutes les implications techniques,
administratives et financières de chacune des hypothèses envisagées,
notamment celle d'appliquer au domaine des accidents du travail et des
maladies professionnelles un régime d'indemnisation semblable à celui
des victimes d’accidents d’automobile, lequel fonctionne essentielle-
ment en vertu du principe de remplacement du revenu. Une telle analyse
est fort complexe et ne peut être menée dans le cadre du présent Livre.
Aussi, nous contenterons-nous de présenter ici les grands principes qui
devront présider à l’élaboration d’un nouveau régime d'indemnisation
et de réadaptation.

En premier lieu, et conformément à un concept acquis de longue


date dans notre société, notamment depuis l’adoption de la Loi des
accidents du travail, le régime d'indemnisation et de réadaptation doit
protéger le travailleur sans égard à la faute de qui que ce soit. La
volonté de rendre les intéressés responsables en matière de prévention
ne fait pas obstacle à une telle approche; la négligence coupable de la
victime pourra toujours recevoir sa sanction au mérite devant les
tribunaux appropriés.

1 Les services d'inspection ont déjà reconnu le bien-fondé de l'unification, en procédant à des
regroupements temporaires dans le cadre d'opérations particulières, telle l'opération Blitz
dans le secteur de l’amiante. Cette opération, initiée par le Comité d'hygiène et de sécurité au
travail, fut menée conjointement par le Service d'inspection du travail, le Service d'inspection
des mines et les Services de protection de l’environnement. Elle a eu lieu au cours des années
1975 et 1976 et visait à dresser un rapport détaillé des risques à la santé et la sécurité des
employés des mines d'amiante et des manufactures utilisant ce minerai.
L'organisation et la définition des services mis à la
252 disposition des travailleurs et des employeurs

Deuxièmement, toute atteinte portée à l'intégrité de la personne


d’un travailleur, causée par un accident ou une maladie survenu par le
fait ou à l’occasion du travail, doit faire l’objet d'indemnisation, que
cette atteinte entraîne ou non des conséquences de nature économique
pour le travailleur.

Le système d'indemnisation applicable aux victimes d’accidents


du travail ou de maladies professionnelles doit donc, dans la mesure des
ressources financières disponibles, garantir au départ le remplacement,
dans une proportion qui maintient une incitation au retour au travail, de
tout revenu d'emploi perdu par le travailleur temporairement ou de
façon permanente, jusqu’à concurrence d’un maximum de gains assu-
rables établi en fonction des gains moyens de l’ensemble des salariés
québécois.

Par ailleurs, sous l'influence des modes d'indemnisation dévelop-


pés par les régimes d’assurance, en harmonie avec la jurisprudence des
tribunaux civils, l’accent a toujours été porté sur la compensation
financière. Il serait inacceptable de ne pas faire une plus grande place à
la réadaptation sociale et professionnelle du travailleur atteint dans sa
capacité de subvenir à ses besoins.

La société québécoise doit tout mettre en oeuvre afin d'assurer au


travailleur handicapé le retour à l’emploi qu’il occupait au moment de
son accident ou de l’apparition de sa maladie, ou du moins l’accès à un
emploi conforme à ses aptitudes résiduelles. C’est pourquoi, une fois
reconnu le droit fondamental du travailleur rétabli de réintégrer son
poste de travail ou un poste approprié à ses capacités résiduelles, la
Commission de la santé et de la sécurité au travail devra encore être à
l'avant-garde dans les démarches qui s’imposeront lorsque, soit à cause
de la diminution des aptitudes du travailleur, soit à cause de l’absence
de poste convenable disponible chez l'employeur, le travailleur se verra
contraint de solliciter un emploi ailleurs.

C’est sur la base de ces grands principes que devra être bâti le
futur système. Mais pour que la réforme attendue soit cohérente et
efficace, il faudra tenir compte, d’abord et avant tout, de l’évolution des
régimes actuellement en vigueur au Québec, y compris de celui tout
récent de la Régie de l’assurance-automobile.
L'organisation et la définition des services mis à la
disposition des travailleurs et des employeurs 253

À cet égard, il est indispensable d'établir un bilan de ces régimes


afin d’en saisir toute la portée. Ce bilan permettra de mieux cerner les
solutions qu'il faut apporter aux problèmes de philosophie de base du
régime, de l'extension du champ d'application, des échelles de
compensations forfaitaires, du contrôle du revenu des bénéficiaires
d’indemnités de remplacement de revenu, du principe de l'ouverture
aux compensations constituant un supplément de revenu, de la durée
des indemnités, des rapports avec les autres régimes de sécurité du
revenu, de l'extension accordée à la notion d’intégrité de la personne,
des modalités de gestion, de l'évaluation des coûts et de l'identification
des sources de revenus.

C'est l'intention du gouvernement d’intensifier le travail des


équipes techniques qui se penchent sur ces problèmes. Entre temps, il
apportera certains amendements moins globaux à la législation actuel-
le en vue d’en améliorer le fonctionnement et certains effets.
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Le cadre législatif 257

Chapitre 8
Le cadre législatif

L'analyse du cadre législatif a permis de constater la diversité et le


manque de coordination des lois concernant la santé et la sécurité au
travail. Il en est résulté de constantes difficultés d'application des lois,
tant pour la clientèle qu’elles visent que pour les fonctionnaires chargés
d’en assurer l’observance. Il est essentiel de corriger ces lacunes.
La loi qui sera soumise à l’Assemblée nationale regroupera donc
dans un même texte tous les éléments législatifs concernant le régime
de santé et de sécurité au travail. Cette loi établira un organisme
nouveau, La Commission de la santé et de la sécurité au travail, qui
assumera, en plus de l’ensemble des responsabilités actuelles de la
Commission des accidents du travail, celles liées à la formation, à
l'information et à la recherche. De plus, cet organisme aura la responsa-
bilité d'élaborer les programmes-cadres généraux de santé au travail.

Étant donné l'accent mis sur la responsabilisation des divers


intervenants du monde du travail, la loi devra contenir, d’une part, un
énoncé précis des droits et des obligations fondamentaux de chacun
d'eux (employeurs, travailleurs, entrepreneurs, fournisseurs, proprié-
taires de lieux de travail) et, d'autre part, une présentation limpide des
structures nécessaires au fonctionnement du régime, avec ladescription
de leurs rôles respectifs.

Outre cette description des règles du jeu, la loi devra préciser les
divers pouvoirs réglementaires de l'autorité compétente, prévoir les
moyens de contrôler l'application de la législation, édicter des infrac-
tions, prévoir leur sanction et, tâche non moins importante, déterminer
les mesures transitoires qui permettront de passer d’une macédoine de
lois à un régime intégré.

Les règlements établiront des normes de santé et de sécurité qui


s’imposeront à tout travailleur et à tout employeur, et nul ne pourra en
258 Le cadre législatif

diminuer ou en suspendre la portée. Il faudra cependant s’assurer que


chacun ait les moyens de parvenir au respect des obligations qui lui sont
ainsi imposées. De plus, tout sera mis en oeuvre afin que les intéressés
en arrivent à se conformer volontairement à ces normes réglementaires.

Un des moyens d’y parvenir est de les associer dans toute


l'étendue du possible à leur élaboration. Non seulement les règlements
devront-ils traduire les préoccupations des comités paritaires de santé
et de sécurité et celles des associations sectorielles, mais ils devront être
portés à la connaissance du public avant leur adoption.

La priorité devra être accordée par la Commission de la santé et


de la sécurité au travail et par le gouvernement à l'élaboration de
normes relatives à la santé des travailleurs. En effet, alors que les
normes de sécurité ont été, dans leur ensemble, améliorées au cours des
dernières années, celles relatives à la santé des travailleurs, sauf de
rares exceptions, n'ont pas été révisées depuis 1944. Un projet de
règlement est actuellement en préparation à ce sujet.

Les règlements ne peuvent cependant tout prévoir et, comme pour


la loi, on devra s'assurer qu'ils soient simples et laissent une certaine
initiative aux personnes auxquelles ils s’appliqueront. C’est ici qu’in-
terviendront les codes de pratique que devront se donner les diverses
associations sectorielles, avec l'appui technique de la direction respon-
sable de l'inspection des lieux de travail.

Ces codes, regroupant des dispositions non réglementaires ser-


vant de modèles pour l'exécution d’un travail ou le contrôle de l'hygiène
d’un lieu de travail, seront un outil préventif extrêmement précieux,
puisqu'ils serviront de guides aux travailleurs dans l'exécution de leur
travail particulier. Bien qu'ils ne fassent évidemment pas partie du
cadre législatif officiel, ils en sont le complément indispensable.

La loi devra aussi prévoir des infractions et des sanctions. Si la


santé et la sécurité au travail sont des valeurs fondamentales, il est juste
de sévir contre celui qui ne respecte pas ces valeurs et met en péril la
santé et la sécurité de ses semblables. Les sanctions devront cependant
pouvoir rejoindre les véritables responsables et écarter toute possibilité
de retrait stratégique derrière l'écran corporatif.
Le cadre législatif 259

Il est souhaitable, enfin, que les poursuites pénales puissent être


exercées non seulement par l'autorité gouvernementale et administra-
tive, mais aussi par les individus pouvant justifier leur intérêt à le faire.
La prise en charge de la prévention par les intéressés eux-mêmes im-
plique en effet la jouissance d’un tel droit.

Tout en demeurant dans l’ordre de grandeur de celles que prévoit


l'ensemble des lois contemporaines, les pénalités devront être propor-
tionnées à l'importance que la société attache au respect de la santé et de
la vie. Il faudra cependant conserver à l'esprit que des sanctions
disproportionnées au contexte socio-économique n’auraient pour effet
que de rendre illusoire l'efficacité de leur application.

La sanction est un moyen de prévention de dernier ressort; elle


vise généralement l’exemplarité. Afin d’en extraire toutes les possibili-
tés positives, le gouvernement en minimisera l’aspect punitif pour en
faire un élément de l’action en prévention. Ainsi, lorsque cela sera
possible, il sera toujours préférable d’ajouter à une pénalité nominale
l'obligation de poser des gestes préventifs, tels la participation à des
cours de formation, la présentation de programmes de santé ou de
sécurité, l'obligation de procéder à des améliorations préventives, etc.
D'autre part, dans les cas où la santé ou la vie de travailleurs aura été
négligemment ou criminellement mise en péril, la loi devra permettre
l’utilisation de sanctions proportionnées à la gravité circonstanciée de
l'infraction.

Dans ces cas tout particulièrement, sur réception d’une demande


de poursuite par un inspecteur, le gouvernement prendra toutes les
mesures nécessaires pour que les poursuites judiciaires soient aussitôt
intentées et menées à terme. La complaisance en ce domaine ne saurait
être tolérée.

Le champ d'application
En matière de prévention
Toute réforme en matière de santé et de sécurité au travail doit
tendre à ce que la prévention soit une préoccupation intégrée à toutes les
étapes
de la réalisation du travail, ainsi qu’à toutes les circonstances qui
260 Le cadre législatif

l'entourent, depuis la planche à dessin de l'architecte créateur de


milieux de travail jusqu’au monte-charge du livreur du produit fa-
briqué.

La loi et les règlements concernant la prévention devront donc être


applicables à tous les lieux de travail au sens large de l'expression,
c'est-à-dire à tous les endroits où une personne est susceptible de se
trouver, par le fait ou à l’occasion d’un travail exécuté contre rémunéra-
tion, et régir tant les employeurs qui sont responsables de ces lieux et y
exercent une autorité que les travailleurs eux-mêmes, dont les activités
peuvent comporter des risques et qui peuvent agir sur les causes
d'accidents ou de maladies pour les éviter ou les éliminer. Cette
juridiction devra aussi s'étendre aux autres travailleurs qui, de façon
autonome, exécutent un travail contre rémunération sur un lieu de
travail dont ils sont responsables et dont les activités n’en doivent pas
moins être insufflées d’un souci constant de prévention.

Ainsi, à l'exclusion des organismes fédéraux sur lesquels le


gouvernement du Québec n’a pas juridiction, le régime de prévention
créera des droits et des obligations, aussi bien aux artisans qu'aux
entreprises privées ou publiques, québécoises ou étrangères, dont le
travail s’exercera en quelque lieu que ce soit au Québec.

En raison d’un champ d'application aussi universel, recouvrant


les situations les plus diverses, les moyens retenus pour réaliser les
objectifs de prévention devront pouvoir s'adapter aux conditions parti-
culières de chaque milieu de travail. A cette fin, et pour assurer aux
intéressés la possibilité de prendre une part active et dynamique à la
réalisation du projet, on devra tenir compte notamment:

— de la présence ou de l’absence en chaque milieu d'associations


accréditées;

— de l'importance et de l’imminence des risques particuliers résul-


tant d’une activité de production donnée ou d’un milieu ambiant;

— des structures de regroupement des employeurs et des travail-


leurs aux niveaux régional et sectoriel;

— de l'importance socio-économique et régionale des entreprises et


de l’état de l'équipement industriel dont elles font usage;
Le cadre législatif 261

— de la situation particulière des artisans et de tous ceux qui entrent


dans la catégorie des travailleurs autonomes.

C'est ainsi que, malgré l'adoption d’une loi de portée générale,


des réglementations sectorielles ou multi-sectorielles viendront répon-
dre aux exigences particulières d'activités économiques aussi différen-
tes que celles que l’on retrouve sur les chantiers de construction, dans
les mines, sur les fermes, dans les industries chimiques, dans celles des
pâtes et papiers, des pêcheries, du transport, etc.

On ne saurait enfin assurer l'efficacité du fonctionnement des


dispositions législatives et réglementaires régissant la prise en charge
des responsabilités de prévention en milieu de travail, sans reconnaître
à l'autorité qui adopte ces dispositions le pouvoir d’en émettre aussi à
l'égard des personnes responsables de la construction et de l’aménage-
ment des lieux de travail, ou dont les produits deviendront les outils ou
la matière à partir desquels l’activité des travailleurs sera rendue
possible. Sans un tel pouvoir exercé de façon concrète et utile, les
travailleurs continueront à s’exposer à des risques trop souvent incon-
nus et inacceptables, susceptibles de détruire en quelques instants les
effets d’une prudence de comportement difficilement acquise.

En matière d'indemnisation et de réadaptation

Quant à la cause du dommage


Si le régime de prévention doit régir les lieux de travail, le régime
d'indemnisation et de réadaptation devra pour sa part permettre de
remédier aux conséquences des lésions ou des maladies qui surviennent
à des travailleurs sur ces lieux de travail.

C'est ainsi que l'accident du travail et la maladie professionnelle


pourront, selon l’acception généralement reconnue, se définir comme
suit:

i) accident du travail
un événement imprévu et soudain, attribuable à toute cause, qui
survient à une personne par le fait ou à l’occasion de son travail,
262 Le cadre législatif

et qui entraîne pour elle une blessure physique, une maladie


physique ou psychique ou le décès.!?

bio
obd—”" maladie professionnelle:
une maladie physique ou psychique, contractée par le fait ou à
l’occasion du travail et reconnue comme caractéristique d’un
travail, ou reliée directement aux risques particuliers d’un travail.

Quant à la victime du dommage


La Loi des accidents du travail et la Loi sur l'indemnisation des
victimes d’amiantose ou de silicose dans les mines et les carrières
permettent l'indemnisation de tous les travailleurs salariés victimes
d'accidents du travail ou de maladies professionnelles, à l'exception des
travailleurs agricoles et des employés de services domestiques. Ces
exceptions, particulièrement dans le secteur agricole où les risques
d'accidents ou de maladies se sont considérablement accrus avec le
progrès moderne, devront disparaître dans la mesure où des solutions
équitables pourront être offertes et mises en place en faveur de ces
travailleurs.

Par ailleurs, s’il est évident que l’on doit viser à assurer à tous les
travailleurs salariés l'exercice de droits égaux en cas d’accidents ou de
maladies attribuables à leur travail, il y a lieu de se demander si les
autres membres de ce qu'il est convenu d'appeler le monde du travail,
les employeurs et les travailleurs autonomes, ne devraient pas, eux
aussi, pouvoir bénéficier au moins de l’accès à un système d’indemnisa-
tion fondé sur une responsabilité collective.

Plusieurs hypothèses sont ici possibles:

i) n’assurer la protection que des travailleurs engagés dans un


contrat de louage d'ouvrage ou d'apprentissage, c’est-à-dire
subordonnés à l'autorité d’un employeur. Dans une telle hypo-

1 Il est à noter que la majeure partie des cas « d'accidents de trajet » survenus alors que le
travailleur est en route vers son lieu de travail ou en revient et qui ne sont pas considérés au
Québec comme des accidents du travail, sont désormais couverts par la Loi de l’assurance-
automobile.
2 Cette définition ne s'applique pas en matière de prévention où « l'accident du travail » doit
inclure tous les événements accidentels qui, même sans causer une blessure ou une maladie,
auraient pu avoir cet effet.
Le cadre législatif 263

thèse, il y aurait possibilité de permettre à l'employeur et, lorsque


l'employeur est une corporation, aux membres d’un conseil
d'administration, d’adhérer au système de protection par inscrip-
tion volontaire. C’est en réalité le champ d'application actuel de la
Loi des accidents du travail;

ii) assurer la protection des personnes ci-dessus mentionnées, mais


permettre à tout résident du Québec qui exerce un travail lucratif
d’adhérer volontairement au système de protection;

iii) assurer la protection des personnes mentionnées au sous-


paragraphe i), mais accepter que des groupes de travailleurs
autonomes conviennent d’adhérer au système de protection et
rendent cette adhésion obligatoire pour chacun de leurs membres,
(à titre d'exemple, l'Association des camionneurs-artisans);

iv) protéger de plein droit toutes les personnes qui, au Québec,


exercent un travail lucratif’, quitte à ce que le financement
du régime soit distinct, selon qu'il s’agit de travailleurs subordon-
nés ou autonomes. Dans le cas des travailleurs subordonnés,
l'employeur serait responsable du paiement de la prime d’assu-
rance, comme c’est présentement le cas en vertu de la Loi des
accidents du travail. Quant aux travailleurs autonomes, ils as-
sumeraient personnellement le paiement de cette prime, par voie
de contribution annuelle possiblement intégrée à la déclaration
de revenu.

Bien que la quatrième hypothèse paraisse en principe la plus


justifiable, il ne paraît pas possible de la réaliser à court terme, les
caractéristiques propres à ces nouvelles clientèles nécessitant des adap-
tations majeures du système, tant au niveau de la cotisation que de la
couverture en matière d'indemnisation.

Le gouvernement compte néanmoins accorder la priorité à l'étude


des modalités d’extension du champ d’application à l’ensemble des
travailleurs du secteur de l’agriculture.

1 Par exception à ce principe, certaines personnes non rémunérées devront aussi être protégées,
du seul fait qu’elles travaillent dans un lieu où se trouvent normalement des travailleurs
rémunérés. Exemple: les étudiants en stage en milieu de travail.
264 Le cadre législatif

Quant à l'endroit où le dommage est survenu


Même si le champ d’application en matière de prévention doit se
limiter aux lieux de travail situés sur le territoire du Québec, pour des
raisons de juridiction gouvernementale, le champ d'application en
matière d'indemnisation et de réadaptation devra non seulement recou-
vrir ce même champ d'application territorial, mais pouvoir le déborder
lorsqu'un travailleur doit se trouver dans un lieu de travail situé hors du
Québec dans l'exécution de ses fonctions. En matière d'indemnisation
et de réadaptation, il faudra donc comprendre que la notion de lieu de
travail est plus étendue qu’en matière de prévention et s'applique à tout
endroit où une personne est présente, par le fait ou à l’occasion d’un
travail accompli contre rémunération au Québec ou dans le prolonge-
ment d’un travail généralement accompli au Québec.
Chapitre 9
Les coûts et les modes
de financement
Les coûts et les modes de financement 267

Chapitre 9
Les coûts et les modes
de financement

Les coûts du régime proposé


Le nouveau régime prévoit l’organisation d’un ensemble de servi-
ces et de mécanismes qui, pour n'être pas tous nouveaux, seront
néanmoins beaucoup plus développés. Il propose la création de comités
paritaires. Il entend fournir aux intéressés des services de formation,
d'information et de recherche. Il prévoit également mettre à la disposi-
tion des établissements des services de santé au travail, coordonnés
principalement par les départements de santé communautaire. Au
chapitre de l'inspection, on a prévu de regrouper les divers services
actuellement répartis entre trois ministères et un organisme para-
public.

Étant donné l’ensemble des facteurs dont il faut tenir compte,


l'évaluation des déboursés qu’entraînera le régime proposé ne peut être
d’une précision absolue et reposera sur un certain nombre d’hypothè-
ses.

Les services de formation, d’information et de recherche


Le nouveau régime suppose la mise sur pied d’une Commission de
la santé et de la sécurité au travail qui, en plus d'assumer la responsabi-
lité de l'indemnisation et de la réadaptation, sera aussi responsable de
l’ensemble des services de formation, d’information et de recherche.
Ces services exigent la mise à contribution, d’abord et avant tout, de
toutes les ressources déjà disponibles dans le milieu. Il va de soi
cependant que la Commission devra disposer de ressources qui lui
seront propres.

Malgré l'importance majeure des activités de formation, d’infor-


du
mation et de recherche, les ressources nécessaires pour les réaliser,
moins au niveau de la Commission, pourront demeurer relativement
268 Les coûts et les modes de financement

modestes par rapport à l’ensemble des autres dépenses. Dans ces


domaines, en effet, ainsi qu'il a été souligné à maintes reprises, aucune
ressource ne peut remplacer le dynamisme même du milieu que la
présente réforme s'efforce d’abord et avant tout d'encourager, de
canaliser et de supporter.

Le tableau 34 présente un estimé des déboursés qui devront être


effectués par la Commission pour assumer ses responsabilités dans ces
domaines. Cet estimé totalise environ $16 millions annuellement, sur la
base des prix de 1977.

Tableau 34
Déboursés de la Commission pour fins de formation,
d’information et de recherche
(En prix de 1977)
Po Re ee - 4 ti. ‘e.
Activité Personnel Traitements Soutien Ententes de Total
services de
subventions
(000) (000) (000) (000)
$ $ $ $
Administration 10 300 50 350
Formation et
Information 80 2,300 300 10,000 12,600

Recherche 40 1,000 150 2,000 3,150


E T DRE
Total
3,600 500 130 12,000 16,100
eg dors DU on EE AE

Les comités paritaires de santé et de sécurité au travail


Les coûts du fonctionnement des comités paritaires proviendront
en grande partie du temps que devront y consacrer leurs membres et
que les employeurs devront payer comme si ceux-ci accomplissaient
leur travail normal. Il est impossible d'évaluer ces coûts de façon précise
et ce, pour plusieurs raisons. On ne connaît pas à l’avance le nombre
d'établissements qui se doteront de comités paritaires. La fréquence des
réunions et leur durée pourront varier considérablement d’un établisse-
ment à un autre. Il en sera de même pour le nombre de représentants des
travailleurs et des employeurs sur ces comités.

Malgré toutes ces difficultés, le gouvernement a voulu se faire une


idée de l’ordre de grandeur des coûts entraînés par le fonctionnement
des comités paritaires. Les coûts ainsi estimés se fondent sur les
Les coûts et les modes de financement 269

hypothèses les plus réalistes possible et sur certaines expériences déjà


en cours.

Comme l'indique le Tableau 35, le fonctionnement des comités


paritaires pourrait entraîner un coût moyen annuel par entreprise allant
de $1,954 à $11,570 selon la taille de l’entreprise. Ces chiffres reposent
sur diverses données et calculs qu’il est important d'expliquer. Premiè-
rement, si l’on retient l'hypothèse exposée au chapitre 6, la procédure de
création de comités paritaires serait applicable au début aux établisse-
ments de plus de 10 travailleurs ayant un taux moyen annuel d’acci-
dents et de maladies égal ou supérieur à 6 par 100 travailleurs et un
mombre moyen de jours perdus par accident égal ou supérieur à 40
annuellement: Ainsi, dans la mesure où ces établissements se dote-
raient tous d’un comité paritaire, et sur la base des données de Statisti-
nombre
que Canada et de la Commission des accidents du travail, leur
serait d'environ 8,000.

s
Quant au nombre de représentants siégeant sur les comité
l’expérien-
paritaires, les chiffres utilisés dans ce tableau se fondent sur
ce de la Saskatchewan:

— entreprises de moins de 100 travailleurs: 4 personnes (2-2);


: 6 personnes
— entreprises employant entre 100 et 499 travailleurs
(3-3);
(5-5)?
— entreprises de plus de 500 travailleurs: 10 personnes

devront
Pour évaluer le nombre d’heures que ces représentants
é paritaire, il a fallu faire
consacrer chaque année aux travaux du comit
des réunions, en
diverses hypothèses quant à la fréquence et à la durée
prises et, d'autre part,
tenant compte, d’une part, de la taille des entre
r ces représentants,
des principales activités que seront appelés à exerce
comité, à des sessions
soit leur participation aux réunions régulières du
de surveillance. Ces
de formation et d'information et à des visites

té qui seraient couverts selon une telle


1 On trouvera au tableau 36 la liste des secteurs d'activi
hypothèse.
grandes entreprises, ce nombre sera
2 Le gouvernement est conscient que dans quelques très
sûrement dépassé.
270 Les coûts et les modes de financement

Tableau 35
Estimé des coûts de fonctionnement des comités paritaires
selon l'hypothèse de couverture envisagée
(En dollars 1978)
Taille des Nombre des Nombre de Comités Comités
entreprises entreprises représentants paritaires paritaires
CONCERNÉES SE Réunions Visites de
Par Pour surveillance
comité l'ensemble, mes
peus RE ae
des Fré. Durée Fré. Durée
entreprises ann. heure ann. heure
10 — 49 5,990 4 23,950 4 2 4 2
50 — 99 970 4 3,880 12 2 4 2
100 — 199 576 6 3,640 12 2 4 2
200 — 499 315 6 1,955 12 3 12 3
500 et plus 131 10 1,314 12 3 12 4
Total 7,982 34,559

Formation Information Total Salaire Coût du Frais Coût Coût moyen


Con Ne heure/ horaire temps libéré de total annuel
A ; ° homme moyen + (ann.) soutien annuel par
Fré. Durée Fré. Durée annuel bénéfices entreprise
ann. heure ann. heure marginaux
PR + oh DE te EP ET fe à M A En TL. à àÀ
$ $ $ $ $
6 4 2 5 1,197,500 8.50 10,178,750 1,526,812 11,705,562 1,954
6 4 2 5 256,080 18.50 2,176,680 326,502 2,503,382 2,580
6 4 2 5 228,360 8.50 1,941,060 291,159 2,232,219 3,875
6 4 2 5 207,230 8.50 1,761,455 264,218 2,025,673 6,430
6 4 2 5 155,052 8.50 1,317,942 197,691 1,515,633 11,570
2,044,222 8.50 17,375,887 2,606,382 19,982,469 2,503

hypothèses ont été élaborées à partir de l'expérience vécue par des


comités paritaires qui fonctionnent actuellement au Québec. Le Ta-
bleau 35 en donne le détail.

Le salaire horaire moyen à ce même tableau est tiré de Statistique


Canada. Des bénéfices marginaux ont été ajoutés à ces salaires

Sur la base de ces données, il a été possible d’arriver à une


approximation des coûts en fonction du temps consacré par les travail-
leurs et les employeurs aux travaux du comité. Il faut cependant y
ajouter des frais de soutien. Il s’agit essentiellement de frais de secréta-

1 Ensemble des industries 1976, no de cat. 72-618, Statistique Canada.


2 Les calculs ont été établis par secteur d'activité économique, la proportion des bénéfices
marginaux par rapport à la masse salariale variant d'un secteur à l’autre de 28 à 45%.
Les coûts et les modes de financement 271

Tableau 36
Secteurs d'activité où s’appliquerait
la procédure d'établissement des comités paritaires,
selon l'hypothèse envisagée’
Nombre d'accidents Nombre de jours perdus
Secteur d’activité' et de maladies égal par accident et maladie
ou supérieur à 6.0 égal ou supérieur à 40.0
FORET 33.40 123.59

MINES ET CARRIÈRES 14.02 188.15


MANUFACTURES
- Aliments et boissons 16.82 44.12
- Caoutchouc 6.30 45.32
- Cuir 7.08 43.40
- Textile 7.58 52410
- Produits du bois 21.71 72.82
- Papier 6.09 178.00
- Métaux primaires 792 80.37
- Produits métalliques 31.82 44.05
- Machinerie 8.17 49.57
- Matériel de transport 18.80 43.00
- Produits minéraux
non métalliques 11.65 71.87
- Der chimique 6.54 65.45
ivers
BÂTIMENTS —
TRAVAUX PUBLICS 20.03 97.02

TRANSPORT ET
COMMUNICATIONS 6.30 86.87

ADMINISTRATION
PUBLIQUE 10.79 31.75
re mem tr
1 Cette classification exclut l’industrie du meuble qui a un taux d’accidents très élevé (13.78)
mais qui par contre a un nombre moyen de jours perdus inférieur à 40.

riat pour les réunions et de frais de transport et de logement à l’occasion


d'activités qui se déroulent à l'extérieur de l'entreprise, notamment
pour des sessions de formation. Ces frais ont été évalués à 15% des
coûts entraînés par le temps consacré aux activités du comité.

Les services de santé au travail


Comme il a été démontré dans la première partie de ce Livre, des
ressources sont déjà consacrées par les entreprises et le réseau des
Affaires sociales à la dispensation des services de santé au travail.’

1 Voir à ce sujet le chapitre 3 et le chapitre 5.


272 Les coûts et les modes de financement

En se basant sur les données recueillies, on constate que 555


médecins ont signalé une participation quelconque à la médecine du
travail, soit 417 omnipraticiens et 138 spécialistes. Comme la médecine
du travail est pour la grande majorité d’entre eux une activité secon-
daire, on estime que les 555 médecins dénombrés équivalent, pour les
fins de nos calculs, à environ 135 médecins temps plein. Quant aux
infirmières, on évalue à environ 600 le nombre de celles qui oeuvrent à
plein temps dans le domaine de la santé au travail. Sur la base de ces
estimations, on peut évaluer que la dépense totale actuelle pour les
services de santé au travail atteindrait environ $28,5 millions, dont
près de $26,5 millions seraient directement supportés par les entreprises
qui fournissent des services de santé à leurs travailleurs

Une partie des dépenses associées au nouveau régime, pour fins


de services de santé, constituera donc un simple transfert de ressources
du secteur privé vers le secteur public. On estime à 1,140,000 le nombre
de travailleurs qui, au cours d’une première étape, seront protégés par le
régime. La méthode utilisée pour faire cet estimé est la même que celle
utilisée pour déterminer le nombre d'établissements et de travailleurs
où s’appliquerait la procédure de création de comités paritaires, c’est-à-
dire en tenant compte du même taux de fréquence d'accidents du travail
et de maladies professionnelles et du même nombre de jours perdus par
accident. Dans le cas des services de santé au travail, les travailleurs des
établissements qui ont 10 employés ou moins ont été cependant ajoutés.

Compte tenu des disponibilités en main-d'oeuvre spécialisée, de


la structure de dispensation des services de santé au Québec et de
l'accent que le gouvernement veut mettre sur l'implication du milieu, il
semble réaliste de proposer un rapport de un médecin pour 4,000
travailleurs et de une infirmière pour 1,000 travailleurs. Selon cette
proposition, lorsque la première étape du régime sera complétée, il faut
prévoir qu'environ 285 médecins et 1,140 infirmières (en équivalent
plein temps) travailleront dans les services de santé au travail, alors
qu’actuellement les effectifs sont de 135 médecins et de 600 infirmières.

1 En se basant sur les niveaux moyens de revenu des mécedins et sur ce que nous savons des
coûts des services de santé.
Les coûts et les modes de financement 273

Le tableau 37 présente un estimé des déboursés qu’entraînerait


alors la dispensation des services de santé au travail à l’ensemble des
travailleurs des secteurs prioritaires, en prix de 1977. Ce coût total brut
serait d'environ $47 millions, représentant un montant d'environ $41
par année, par travailleur.

Tableau 37
Déboursés aux fins de la dispensation de services
de santé au travail
(En prix de 1977)
EEE
EE

Nombre Coûts

Médecins 285 $17,100,000

Infirmières 1,140 22,800,000

Soutien 7,000,000

Total $46,900,000
P
CS RO le E

Ce coût brut de $47 millions ne comprend pas que des dépenses


additionnelles. Notre estimé des dépenses actuelles principalement
assumées par les entreprises est de $28,5 millions. Le nouveau régime
assumera une proportion importante de ces dépenses qu'il est cepen-
dant impossible de déterminer avec exactitude pour le moment.

De plus, il faut souligner qu'il ne saurait être question d’implan-


ter ces services de santé au travail dès la première année du régime.
la
Cette implantation devra se faire graduellement, compte tenu de
et compte tenu du degré de
disponibilité des ressources professionnelles
priorité qui varie d’une entreprise ou d’un secteur à l’autre.

L'inspection
Le nouveau régime propose que les effectifs d'inspection, actuel-
lement dispersés, soient réunis sous une même autorité.
, qui
Sans perdre de vue l'orientation générale donnée au régime
, il faut
met l'accent sur l’auto-surveillance au niveau de l'entreprise
ection.
cependant prévoir un certain accroissement des effectifs d'insp
274 Les coûts et les modes de financement

Tableau 38
Prévisions des coûts de l'inspection
(En prix de 1977)

Personnel Traitements Soutien Total


(000) (000) (000)
Inspection 325 $7,950 $1,450 $11,200

Les modes de financement


Très peu de changements sont proposés par rapport aux sources
actuelles de financement des principales composantes du régime de
santé et de sécurité au travail.

La formation, l'information et la recherche


Les programmes de formation, d’information et de recherche dela
Commission seront financés à même les cotisations fournies par les
employeurs, comme c’est le cas pour la Commission des accidents du
travail à l’heure actuelle.

L'État pourra cependant participer, à l’occasion, au financement


de ces programmes, en versant un budget spécial à la Commission pour
lui permettre d'assumer plus rapidement et plus complètement certai-
nes responsabilités dans ce domaine. Cette contribution de l’État se
justifie par le fait que la prévention constitue, à bien des égards, un
service public dont les bénéfices peuvent profiter à l’ensemble du monde
du travail et même de la société. De plus, cette fonction de prévention
poursuit en bonne partie des objectifs à long terme. C’est pourquoi un
financement public peut compléter utilement les efforts déjà consentis
par la Commission à ce chapitre.

Les services de santé

Cette fonction, principalement assumée par les employeurs à


l'heure actuelle, continuera d’être assumée par eux, mais sous forme
d’une augmentation proportionnelle de leurs contributions au régime
d’assurance-maladie et à la Commission de la santé et de la sécurité au
travail.

1 Le mode de financement est expliqué au chapitre 7.


Les coûts et les modes de financement 275

L'inspection
Cette fonction continuera d’être assumée par l’État. Il s’agit en
effet d’une fonction qui, même si elle doit revêtir un caractère préventif,
est davantage un instrument de contrôle qui doit relever normalement
de l'Etat.

Les coûts de l’observance des normes et des règlements


Même si le Livre Blanc ne propose pas de normes nouvelles
précises de salubrité et de sécurité, ilest à prévoir que l'implantation du
nouveau régime amènera, par sa dynamique même, un resserrement
des normes par rapport à plusieurs facteurs de risques, ce qui implique-
ra des coûts additionnels aux employeurs.

D'autre part, le nouveau régime de santé et de sécurité occasion-


nera des coûts supplémentaires à certaines entreprises, notamment en
ce qui a trait à l'élaboration de programmes de prévention, au fonction-
nement des comités paritaires et à la contribution aux services de santé.

Ces changements risquent cependant de toucher plus fortement,


du moins à court terme, certaines entreprises et industries de plus petite
taille ou financièrement moins solides. En conséquence, des mécanis-
mes équitables et réalistes d'aide aux entreprises particulièrement
affectées seront développés. Ces mécanismes pourront prendre la
forme, selon les cas, d'assistance technique, de subventions, de prêts ou
d'avantages fiscaux.
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Conclusion générale 279

Conclusion générale

Le gouvernement a acquis la conviction, à l’occasion des nom-


breuses consultations et recherches qu’a nécessitées la préparation de
ce Livre, qu'un nombre toujours croissant de personnes et d'organismes
au Québec sont conscients de l’urgence d’une réforme en matière de
santé et de sécurité au travail. Au-delà des divergences de vues consta-
tées chez un éventail aussi large de groupes, les opinions et les expérien-
ces ainsi recueillies et analysées ont contribué largement à orienter le
gouvernement dans la recherche de solutions qui reposent sur la réalité
d'ici.

Il a fallu, bien sûr, étudier de près les législations et les expérien-


ces faites à l'extérieur du Québec, mais ces références n’ont jamais été
isolées des contextes socio-économiques dans lesquels elles trouvent
leurs justifications. Soucieux d'innover et de marquer un progrès par
rapport à la situation actuelle, le gouvernement a donc dû puiser à
diverses sources d'inspiration, mais ses choix ont constamment été mis
en rapport avec la réalité québécoise, celle des travailleurs et des
employeurs québécois. De la qualité de ce rapport dépend le résultat des
efforts déployés pour insuffler une plus grande efficacité et un nouveau
dynamisme au régime de santé et de sécurité au travail.

Le gouvernement espère que les Québécois se reconnaîtront dans


ce nouveau régime et y trouveront le stimulant nécessaire à l’exercice de
leurs droits et de leurs responsabilités.
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Table des matières 281

Table des matières

Présentation V

Première partie:
LA SITUATION ACTUELLE
Chapitre I:
Les accidents du travail et les maladies professionnelles 3
Introduction 5

1 Risques à la santé et à la sécurité en milieu de travail 6


Problématique 6
— la problématique des accidents du travail 6
— la problématique des maladies professionnelles 8
Classification des risques à la santé et à la sécurité en milieu de travail 10
— risques à la santé 11
— les agents chimiques 11
— les agents biologiques 13
— les agents physiques 15
— risques à la santé et à la sécurité 16
— les agents psycho-sociaux 16
— risques à la sécurité 17
— les agents mécaniques 17
Risques à la santé dans l’industrie: situation québécoise 18

2 Statistiques sur les accidents du travail et les maladies professionnelles


au Québec (1973-77) 22
Fréquence des accidents du travail et des maladies professionnelles 23
— la répartition des accidents du travail et des maladies professionnelles selon
les secteurs d'activité économique 23
— Ja répartition des accidents du travail et des maladies professionnelles selon
l’âge du travailleur 34
Gravité des accidents du travail et des maladies professionnelles 37
— Jours indemnisés à cause des accidents du travail
et des maladies professionnelles 38
— les décès 42
— les incapacités permanentes 44
Résumé 48
282 Table des matières

Chapitre Il:
Le cadre juridique et administratif 51
Introduction 53

1 Aperçu historique de l'implication de l'État en matière de santé


et de sécurité au travail 53
Jalons de l'intervention du gouvernement du Québec de 1885 à 1970 54
Intensification des préoccupations et des interventions durant les années 1970 59
— au Québec 59
— à l'extérieur du Québec 61
Conclusion 62

2 Cadre juridique et administratif actuel 63


Législation préventive 67
— les établissements industriels et commerciaux autres que les mines 71
— le secteur des mines 76
Législation d'indemnisation et de réadaptation 77
Principaux problèmes découlant du cadre juridique 79
— le morcellement des juridictions 80
— la juxtaposition des juridictions 82
— l'absence des travailleurs 83
— Ja réglementation inadéquate en santé au travail 84

3 Champ d’application 84
Champ d'application des lois relatives à l'indemnisation et à la réadaptation 85
Champ d'application des lois relatives à la prévention 85
— la Loi des établissements industriels et commerciaux 88
— la Loi de la qualité de l’environnement 89
— la Loi de la protection de la santé publique 90
— la Loi des mines 90
— la Loi sur les relations de travail dans l’industrie de la construction 91
Conclusion 91

Chapitre III:
Les mécanismes de contrôle et de prévention 93
Introduction 95

1 Ressources et activités des services d'inspection 95


Principaux services d'inspection 96
— le ministère du Travail et de la Main-d’'oeuvre 97
— les Services de protection de l’environnement 97
— le ministère des Richesses naturelles 98
— l'Office de la construction du Québec 98
Table des matières 283

Ressources des services d'inspection 98


Priorités des services d'inspection 100
— le nombre d'établissements et de travailleurs protégés 100
— détermination des priorités 101
Activités des services d'inspection 102
— le ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre 102
— les Services de protection de l’environnement 105
— le ministère des Richesses naturelles 107
— J'Office de la construction du Québec 108
Conclusion 110

Associations patronales et préventives 112


Associations et le partage des responsabilités 112
Associations et l'information 114
Formation 119
Activités conseils des associations 119
Ressources humaines et financières 125
Conclusion 125

Activités des associations de travailleurs 128

Introduction 128
Rôle d’information 129
Rôle de formation 131
Ressources humaines et financières134
Activités d’autres associations de travailleurs 135
Conclusion136

Comités conjoints de sécurité au travail 137


Composition et pouvoir des comités conjoints de sécurité 137
Nombre de comités conjoints de sécurité, en vertu des conventions collectives 139

Nombre de comités de sécurité en vertu de la réglementation 142


— l’agriculture 142
— l'exploitation forestière 142
— la chasse et la pêche 142
— les mines et carrières 142
— Ja construction 143
— les manufactures 143
— les commerces, services et finances 143
— les transports et communications 145
— l'administration publique 145
Évaluation des comités paritaires de sécurité 146
284 Table des matières

5 Services de santé au travail 149


Services de santé au travail dans les entreprises 150
— la définition 150
— les ressources humaines 151
— Jes activités des services de santé au travail 154
Structures et activités gouvernementales dans le domaine de la santé autravail 157
6 La recherche 161
— l’organisation de la recherche 161
— Je financement de la recherche 162
— les types de recherche 163
Conclusion 164

Chapitre IV:
Le régime d'indemnisation et de réadaptation 165
Loi des accidents du travail 168
Loi sur l’indemnisation des victimes d’amiantose ou de silicose
dans les mines et carrières 174
Évaluation du système d'indemnisation et de réadaptation applicable
aux victimes d’accidents du travail ou de maladies professionnelles 175

Chapitre V:
Les coûts reliés à la santé et à la sécurité au travail 179
Déboursés encourus pour la prévention 182
Déboursés effectués pour l'indemnisation et la réadaptation 184
Conclusion 187

Deuxième partie ,
LE REGIME PROPOSE
Introduction 193
Les objectifs de la réforme 193
— une approche fondée sur la participation 194
— les conditions de prise en charge par les milieux de travail 194
— le cadre juridique 196
— l'indemnisation et la réadaptation 197
Table des matières 285

Chapitre VI:
La participation des travailleurs et des employeurs 199
1 Droits et obligations des travailleurs et des employeurs 201
Les droits et obligations des travailleurs 201
Les droits et obligations des employeurs 205
Le droit de cesser un travail dangereux 206
Conclusion 208

2 Mécanismes de participation et de prise en charge des travailleurs


et des employeurs 208
Le Comité paritaire de santé et de sécurité au travail 208
L'Association sectorielle paritaire de santé et de sécurité au travail 213

Le programme d’aide à l'implantation et au fonctionnement des mécanismes


paritaires 215
Le cas particulier de l’industrie de la construction 215

Chapitre VII:
L'organisation et la définition des services mis à la disposition
des travailleurs et des employeurs 219
Introduction 221

1 Structures centrales 221


Commission de la santé et de la sécurité au travail 223

L'unification des services d'inspection 225

2 Formation et information 226


La formation 228
L'information 231

3 Recherche 233
L'organisation de la recherche 236

4 Services de santé au travail 238

Les fonctions des services de santé au travail 239

Les services de santé au niveau local 241

Les services de santé au niveau régional 244


— collecte et analyse du dossier 245
_— coordina tion des progra mmes 245
__ évaluation de l'efficac ité des progra mmes 245
286 Table des matières

Les services de santé au niveau central 246


— système central d’information 246
— élaboration des programmes-cadres 247
— évaluation des résultats des programmes 247
Le financement des services de santé au travail 247

5 Inspection 248

6 Indemnisation et réadaptation 251

Chapitre VIII:
Le cadre législatif 255
1 Cadre législatif 257
2 Champ d'application 259
En matière de prévention 259
En matière d'indemnisation et de réadaptation 261

Chapitre IX:
Les coûts et les modes de financement 265
1 Les coûts du régime proposé 267
— Les services de formation, d’information et de recherche 267
— Les comités paritaires de santé et de sécurité au travail 268
— Les services de santé au travail 271
— L'inspection 273

2 Les modes de financement 274


— La formation, l'information et la recherche 274
— Les services de santé 274
— L'inspection 275
— Les coûts de l’observance des normes et des règlements 275

Conclusion générale 279


Liste des tableaux 287

Liste des tableaux

Tableau 1 — les agents chimiques 12

Tableau 2 — les agents biologiques 14

Tableau 3 — les agents physiques 15

Tableau 4 — risques relatifs à la sécurité 17

Tableau 5 — nombre d’accidents du travail par secteur d'activité écono-


mique 24

Tableau 6 __ nature de la maladie professionnelle et nombre de cas 26


Tableau 7 __ nombre de maladies professionnelles déclarées à la CAT
selon les secteurs d'activité économique 28

Tableau 8 __ nombre d'accidents du travail et de maladies profession-


nelles par 100 travailleurs selon les secteurs d'activité
économique 32

Tableau 9a __ nombre et nature des maladies professionnelles pour les


secteurs les plus touchés 34
Tableau 9b __ nombre de maladies professionnelles par 100 travailleurs
selon les secteurs d’activité économique 35

Tableau 10 __ nombre d’accidents du travail et de maladies profession-


nelles selon l’âge des travailleurs (1973-77) 36

Tableau 11 __ nombre d'accidents du travail, nombre moyen et jours


indemnisés par accident; nombre et proportion des fractu-
res et des égratignures selon l’âge des travailleurs — 1977 37
Tableau 12 — répartition des principales maladies professionnelles selon
l’âge du travailleur (1977) 38
Tableau 13 __ nombre total et nombre moyen de jours indemnisés par
accident et maladie professionnelle selon les secteurs d'ac-
tivité économique (1973-76) 40

Tableau 14 __ nombre de décès et taux de mortalité par secteur d'activité


économique (1975-76) 43

Tableau 15 _—_ nombre d’accidents du travail ayant résulté en une incapa-


cité permanente et taux par 1000 travailleurs selon les
secteurs d'activité économique (1973-76) 46

Tableau 16 — répartition des cas d’incapacités permanentes selon les


pourcentages d'incapacité reconnus pour les dossiers fer-
més en 1975 48
288
omom Liste des tableaux

Tableau 17 — tableau synoptique des principales initiatives de l’État en


santé et sécurité au travail 64
Tableau 18 — lois et règlements actuels en santé et sécurité au travail 68
Tableau 19 — estimation du nombre de travailleurs non protégés par la
législation d'indemnisation et de réadaptation au Québec
(1977) 87
Tableau 20 — les associations patronales de prévention 113
Tableau 21 — sommaire des activités d’information des associations pa-
tronales 116
Tableau 22 — sommaire des sessions de formation des associations pa-
tronales de prévention 120
Tableau 23 — description sommaire des activités conseils des associa-
tions patronales de prévention 122
Tableau 24 — ressources humaines et financières des associations patro-
nales de prévention pour 1972 126
Tableau 25 — sommaire des activités d’information des centrales syndi-
cales 130
Tableau 26 — sommaire des activités de formation des centrales syndica-
les pour 1977 132
Tableau 27 — les ressources humaines des trois centrales syndicales pour
1977 134
Tableau 28 — la composition et le rôle des comités conjoints de sécurité 140
Tableau 29 — nombre de comités de sécurité par secteur manufacturier
en 1977 144
Tableau 30 — nombre de comités de sécurité pour les secteurs commerce,
services et finances en 1977 145
Tableau 31 — distribution des entreprises manufacturières recevant une
allocation pour un service médical par rapport à l’ensemble
des entreprises manufacturières 155
Tableau 32 — déboursés effectués au Québec en 1977 pour la prévention
des accidents et maladies du travail 183
Tableau 33 — dépenses de la Commission des accidents du travail du
Québec pour les exercices terminés le 31 décembre 1977 et
le 31 décembre 1976 185
Liste des tableaux 289

Tableau 34 — Déboursés de la Commission pour fins de formation,


d’information et de recherche (En prix de 1977) 268
Tableau 35 — Estimé des coûts de fonctionnement des comités paritaires
selon l'hypothèse de couverture envisagée (En dollars
1978) 270
Tableau 36 — Secteurs d'activité où s’appliquerait la procédure d’établis-
sement des comités paritaires, selon l'hypothèse envisagée 271
Tableau 37 — Déboursés aux fins de la mise en oeuvre de services de
santé au travail (En prix de 1977) 273
Tableau 38 — Prévisions des coûts de l'inspection (En prix de 1977) 274
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Composition typographique: Compélec Inc.
Achevé d'imprimer sur les presses de
l'Imprimerie Laflamme Ltée
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