Chapitre 2 La Socialisation Élève

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SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE

CHAPITRE 2 : COMMENT LA SOCIALISATION CONTRIBUE-T-ELLE À EXPLIQUER LES DIFFÉRENCES


DE COMPORTEMENT DES INDIVIDUS ?

Notions du chapitre : fait social, objectivation, sociologie, normes, valeurs, rôles, socialisation, socialisation primaire,
socialisation différentielle, socialisation secondaire, groupe d’appartenance, groupe de référence, socialisation anticipatrice.

Comprendre comment les individus expérimentent et intériorisent des façons d’agir, de penser et d’anticiper l’avenir
qui sont socialement situées et qui sont à l’origine de différences de comportements, de préférences et d’aspirations.

Comprendre comment la diversité des configurations familiales modifie les conditions de la socialisation des enfants et
des adolescents.

Comprendre qu’il existe des socialisations secondaires (professionnelle, conjugale, politique) à la suite de la
socialisation primaire.

Comprendre que la pluralité des influences socialisatrices peut être à l’origine de trajectoires individuelles
improbables.

Problématiques : comment la socialisation de l’enfant s’effectue-t-elle ? Quels sont les effets des transformations familiales
sur la socialisation des enfants et des adolescents ? De la socialisation de l’enfant à la socialisation de l’adulte, continuité ou
ruptures ? La socialisation, déterminisme ou interaction ?

Introduction : la démarche du sociologue (rappel seconde)

Sous-problématiques : qu’est-ce que la sociologie ? Quels sont les objets d’étude et les méthodes du sociologue ?

Document 1 : Une difficulté majeure vient de ce que le questionnement sociologique recouvre souvent des considérations de
sens commun, et par là des présupposés et des préjugés. Ce thème nous paraît bien illustré par le célèbre test proposé par le
sociologue américain Paul Lazarsfeld pour inciter ses étudiants à se méfier des évidences. Pour cela, il utilise les résultats de
l’énorme enquête (...) qui a été conduite auprès de 500 000 soldats américains entre 1941 et 1945 (...) et il commence par
énoncer une liste de propositions suivies d’une explication qui semble frappée du sceau du bon sens :
1. Les individus dotés d’un niveau d’instruction élevé présentent plus de symptômes psychonévrotiques que ceux qui
ont un faible niveau d’instruction. On a souvent commenté l’instabilité mentale de l’intellectuel contrastant avec la
psychologie moins sensible de l’homme de la rue.
2. Pendant leur service militaire, les ruraux ont d’ordinaire meilleur moral que les citadins. Après tout, ils sont habitués à
une vie plus dure.
3. Les soldats originaires du sud des États-Unis supportent mieux le climat chaud des îles du Pacifique que les soldats
du nord. C’est évident, car les habitants du sud sont plus habitués à la chaleur.
4. Les simples soldats de race blanche sont davantage portés à devenir sous-officiers que les soldats de race noire. Le
manque d’ambition des Noirs est presque proverbial.
5. Les Noirs du Sud préfèrent les officiers blancs du Sud à ceux du Nord. N’est-il pas bien connu que les Blancs du Sud
ont une attitude plus paternelle envers les « darkies » ? 6. Les soldats américains étaient plus impatients d’être rapatriés
pendant que l’on combattait qu’après la reddition allemande. On ne peut blâmer les gens de ne pas avoir envie de se faire
tuer.

Puis Lazarsfeld commente les résultats : « Voilà quelques échantillons des conséquences du type le plus attendu qui
constituent les « briques » avec lesquelles se construit la sociologie empirique. Mais pourquoi, si elles sont si évidentes,
dépenser tant d’argent et d’énergie à établir de telles découvertes ? Ne serait-il pas plus sage de les considérer comme
données et de passer tout de suite à un type d’analyse plus élaboré ? ». Ce serait certainement une bonne idée, n’était un
détail à propos de la liste en question : « Chacune de ces propositions énonce exactement le contraire des résultats réels. (...)
Si nous avions mentionné au début les résultats réels de l’enquête, le lecteur les aurait également qualifiés d’ « évidents ». Ce
qui est évident, c’est que quelque chose ne va pas dans ce raisonnement sur l’ « évidence ». En réalité, il faudrait le
retourner : puisque toute espèce de réaction humaine est concevable, il est d’une grande importance de savoir quelles
réactions se produisent, en fait, le plus fréquemment et dans quelles conditions. Alors seulement la science pourra aller plus
loin. ». Rien de plus trompeur que le sens commun, il faut attendre Copernic et Galilée pour que soit contestée l’ « évidence »
de la révolution du soleil autour de la terre ! La sociologie est une science, et ce n’est pas parce qu’elle porte sur des
comportements humains immédiatement compréhensibles (je sais pourquoi les passants s’arrêtent au feu rouge, pourquoi le
lundi matin la foule afflue dans le métro, etc.) qu’elle peut se contenter de reproduire les réflexions de sens commun. À
l’instar de ses consœurs, elle se doit, sinon de faire des découvertes, du moins d’établir des faits, et de leur chercher des
modèles explicatifs efficaces, et non pas simplement plausibles.

Jean-Pierre Delas et Bruno Milly, Histoire des pensées sociologiques, Sirey, 1997, pp. XVII-XVIII

Q1 : quelle est la difficulté majeure du questionnement sociologique d’après le texte ? Q2


: les résultats des tests sont-ils conformes au « bon sens » ?
Q3 : que cherche à montrer le sociologue américain Paul Lazarsfeld à ses étudiants ? Q4
: que doit éviter la sociologie ? Que doit-elle rechercher ?

Document 2 : l’objet de la sociologie Avant de chercher quelle est la méthode qui convient à l’étude des faits sociaux, il
importe de savoir quels sont les faits que l’on appelle ainsi. La question est d’autant plus nécessaire que l’on se sert de cette
qualification sans beaucoup de précision. On l’emploie couramment pour désigner à peu près tous les phénomènes qui se
passent à l’intérieur de la société, pour peu qu’ils présentent, avec une certaine généralité, quelque intérêt social. […] Mais,
en réalité, il y a dans toute société un groupe déterminé de phénomènes qui se distinguent par des caractères tranchés de ceux
qu’étudient les autres sciences de la nature. Quand je m’acquitte de ma tâche de frère, d’époux ou de citoyen, quand j’exécute
les engagements que j’ai contractés, je remplis des devoirs qui sont définis, en dehors de moi et de mes actes, dans le droit et
dans les mœurs. Alors même qu’ils sont d’accord avec mes sentiments propres et que j’en sens intérieurement la réalité, [...]
ce n’est pas moi qui les ai faits, mais je les ai reçus par l’éducation. De même, les croyances et les pratiques religieuses, le
fidèle les a trouvées toutes faites en naissant ; si elles existaient avant lui, c’est qu’elles existent en dehors de lui. […] Non
seulement ces types de conduite ou de pensée sont extérieurs à l’individu, mais ils sont doués d’une puissance impérative et
coercitive (contraignante) en vertu de laquelle ils s’imposent à lui, qu’il le veuille ou non […] Voilà donc un ordre de faits qui
présentent des caractères très spéciaux : ils consistent en des manières d’agir, de faire et de sentir, extérieures à l’individu, et
qui sont douées d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui.
Emile Durkheim, Les Règles de la méthode sociologique, 1895

Q1 : quelle définition donne Durkheim des faits sociaux ?


Q2 : en quoi les faits sociaux sont-ils extérieurs à l’individu ?
Q3 : en quoi sont-ils contraignants ?

Document 3 : Traiter des faits comme des choses Qu’est-ce qu’en effet une chose ? [ ... ] Est chose tout objet de connaissance
[...] que l’esprit ne peut arriver à comprendre qu’à condition de sortir de lui-même, par voie d’observations et
d’expérimentations, en passant progressivement des caractères les plus extérieurs et les plus immédiatement accessibles aux
moins visibles et aux plus profonds. Traiter des faits d’un certain ordre comme des choses […], c’est observer vis à vis d’eux
une certaine attitude mentale. C’est en aborder l’étude en prenant pour principe qu’on ignore absolument ce qu’ils sont.
Emile Durkheim, Les Règles de la méthode sociologique, 1895

Document 4 : rechercher la cause d’un fait social dans d’autres faits sociaux. Toutes les fois qu’un phénomène social est
directement expliqué par un phénomène psychique, on peut être assuré que l’explication est fausse.
Emile Durkheim, Les Règles de la méthode sociologique, 1895

Document 5 : la démarche d’Emile Durkheim pour expliquer un fait social


Dans l’introduction, Emile Durkheim écrit :
Comme le mot de suicide revient sans cesse dans le cours de la conversation, on pourrait croire que le sens en est connu de
tout le monde et qu’il est superflu de le définir. Mais, en réalité, les mots de la langue usuelle, comme les concepts qu’ils
expriment, sont toujours ambigus et le savant qui les emploierait tels qu’il les reçoit de l’usage et sans leur faire subir d’autre
élaboration s’exposerait aux plus graves confusions.
Après des recherches approfondies et une longue réflexion, Emile Durkheim propose une définition : on appelle suicide
tout cas de mort qui résulte directement ou indirectement d’un acte positif ou négatif, accompli par la victime ellemême et
qu’elle savait devoir produire ce résultat.
Le sociologue se pose ensuite la question suivante : puisque le suicide est un acte de l’individu qui n’affecte que l’individu,
il semble qu’il doive exclusivement dépendre de facteurs individuels et qu’il ressortisse, par conséquent, à la seule
psychologie. En fait, n’est-ce pas par le tempérament du suicidé, par son caractère, par ses antécédents, par les événements de
son histoire privée que l’on explique d’ordinaire sa résolution ?
Emile Durkheim présente son plan de travail : nous nous demanderons d’abord quelle est l’influence [des causes
extrasociales] et nous verrons qu’elle est nulle ou très restreinte. Nous déterminerons ensuite la nature des causes sociales, la
manière dont elles produisent leurs effets, et leurs relations avec les états individuels qui accompagnent les différentes sortes
de suicides. Cela fait, nous serons mieux en état de préciser en quoi consiste l’élément social du suicide, c’est-à-dire cette
tendance collective dont nous venons de parler, quels sont ses rapports avec les autres faits sociaux et par quels moyens il est
possible d’agir sur elle.
Dans le livre I, Chapitre II, Partie IV, il écrit : si l’on compare la part proportionnelle de chaque mois dans le total des
suicides annuels à la longueur moyenne de la journée au même moment de l’année, les deux séries de nombres que l’on
obtient ainsi varient exactement de la même manière. […] Quand les jours s’allongent vite, les suicides augmentent beaucoup
(janvier à avril) ; quand l’accroissement des uns se ralentit, celui des autres fait de même (avril à juin).
Emile Durkheim, Le suicide, 1897

Questions sur les documents 3, 4 et 5


Q1 : selon Durkheim, que doit faire le sociologue pour étudier les faits sociaux ?
Q2 : quel est l’objet d’étude de Durkheim (document 4) ? Que cherche-t-il ?
Q3 : quel est son hypothèse de départ ?
Q4 : que montre Durkheim dans le chapitre IV ? Quelle technique a-t-il utilisé ?

Document 6 : le taux de suicide par million d’habitants, en 1889-1891

E. Durkheim, Le suicide, 1897, PUF

Q1 : dans ce tableau, le taux de suicide est mis en relation avec quatre variables (âge, sexe, état matrimonial, lieu de
résidence). Rédigez quatre phrases indiquant la relation entre le taux de suicide et chacune de ces quatre variables.

Document 7 : comment mener une enquête sur l’ennui à l’école ?

Q1 : en quoi les démarches présentées se distinguent-elles de celle utilisée par Durkheim ?


Q2 : quelles sont les trois démarchés présentées ici ? Indiquez pour chacune ses qualités et ses défauts.

Activité de sensibilisation

Document 8 : Une enfant « sauvage » Natacha découverte en Sibérie. (vidéo You Tube)
La police russe l’a surnommée « Mowgli », comme le personnage du « Livre de la jungle » de Rudyard Kipling. La
protection de l’enfance a annoncé mercredi avoir découvert une fillette à l’état quasi sauvage, à Tchita, en Sibérie orientale, à
4.700 kilomètres à l’est de Moscou. Natacha, 5 ans, a été trouvée prisonnière d’un appartement délabré où vivaient son père
et ses grands-parents, qui ne s’en occupaient pas. Leur domicile s’apparente à une décharge, des gamelles s’entassant d’une
pièce à l’autre. [...] Entourée de chiens et de chats, la fillette a très probablement été élevée par ces animaux, dont elle semble
avoir copié le comportement. Lorsqu’elle a été découverte, elle « se jetait sur les gens comme un petit chien » et ne
communiquait qu’avec « le langage des animaux ». Elle comprendrait le russe, mais ne le parlerait que très peu. La petite
fille a depuis été placée dans une institution où elle reçoit une aide médicale et psychiatrique et joue avec d’autres enfants,
tout en continuant à avoir un comportement animal. « La fillette ne mange pas avec une cuillère, elle la met de côté et elle
lape », raconte une responsable. « Aujourd’hui, quand j’ai quitté la pièce, elle a sauté vers la porte et a commencé à aboyer »,
ajoute Nina Yemelyanova. lefigaro.fr, 29/05/2009

Q1 : de quels apprentissages a manqué Natacha pour s’adapter à la vie humaine ?


Q2 : pourquoi ne s’adapte-t-elle que partiellement malgré son placement dans une institution ?

I/ Comment la socialisation de l’enfant s’effectue-t-elle ?

Problématique : par quels mécanismes l’individu s’adapte-t-il à la société ?


Document 9 : vers une définition de la socialisation
Nous définissons la socialisation comme étant le processus par lequel la personne humaine apprend et intériorise tout au long
de sa vie les éléments socioculturels de son milieu, les intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expériences
et d’agents significatifs et par là s’adapte à l’environnement social où elle doit vivre.
Guy Rocher, Introduction à la sociologie générale, 1999
Q1 : que peut-on entendre par le mot milieu ?
Q2 : quelle semble être la finalité de la socialisation ?

Document 10 : l’éducation selon Emile Durkheim L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui
ne sont pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre
d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial
auquel il est particulièrement destiné. […]Il est vain de croire que nous pouvons élever nos enfants comme nous voulons. Il y
a des coutumes auxquelles nous sommes tenus de nous conformer ; si nous y dérogeons trop gravement, elles se vengent sur
nos enfants. Ceux-ci, une fois adultes, ne se trouvent pas en état de vivre au milieu de leurs contemporains, avec lesquels ils
ne sont pas en harmonie.
Émile Durkheim, Éducation et sociologie (1re édition : Alcan, 1922) Coll. Quadrige, PUF, 2007

Q1 : à quoi correspond l’éducation chez Emile Durkheim ?


Q2 : que se passe-t-il quand les parents dérogent aux habitudes d’éducation de leur milieu social d’appartenance ? Q3
: en quoi l’éducation Emile Durkheim est-elle, pour Emile Durkheim, une illustration du fait social ?

Document 11 : la place des parents dans l’apprentissage du genre


Le comportement sexuellement typique des enfants serait le résultat de la formation de chaque nouvelle génération d’enfants
par les membres de la société qui ont déjà subi ce processus de socialisation. Les événements sont censés se dérouler ainsi :
les agents de socialisation adultes traitent quelque peu différemment les enfants des deux sexes, développant, à l’aide de
renforcements, de punitions et d’exemples, les attitudes et comportements que le groupe social estime appropriés pour
chaque sexe. Ces pressions interviennent également pour refouler les attitudes et comportements qui ne le sont pas. Le
résultat de cette socialisation différentielle, c’est que filles et garçons développent en moyenne des traits de personnalité, des
aptitudes et des intérêts quelque peu différents. À l’intérieur de ces tendances générales, les pressions exercées sur chaque
enfant pour l’amener à avoir un comportement typique de son sexe varient considérablement. Certains parents donnent pour
jouets aux garçons des camions et des fusils, aux filles des poupées, tandis que d’autres font peu de distinctions de ce genre.
Eleanor Maccoby, « Le sexe, catégorie sociale » in Actes de la recherche en sciences sociales, n° 83, juin 1990
Q1 : Donnez des exemples montrant que les filles et les garçons sont socialisés de manière différente. Q2
: pourquoi les parents socialisent-ils les enfants en fonction de leur genre ?

Document 12 : la bourgeoisie
Les grandes soirées dansantes supposent une infrastructure musicale, la location d’un local, un buffet : les sommes engagées
sont au moins de 8 500 euros pour une centaine de jeunes, mais peuvent très largement dépasser les 40 000 euros […]. Mais
les enjeux sont à la hauteur de ces dépenses fastueuses : il s’agit de parfaire une éducation parfaite, de donner la dernière
touche à une œuvre d’art fragile et précieuse, un héritier ou une héritière digne du destin exceptionnel qui se propose […].
Avec les apprentissages du bridge, de la danse, ce sont les techniques de la mondanité qui sont enseignées et formalisées. Ce
sont toutes les finesses et les subtilités de la vie de salon qui sont progressivement inculquées à des enfants, pour qui ces
savoirs ne sont évidemment pas innés. [...]
La bourgeoisie se construit continûment. Les bourgeois travaillent sans cesse à conforter la classe bourgeoise [...] Par un
travail toujours recommencé, la classe entretient les limites qui marquent ses frontières, instruit ses jeunes générations, se
préserve des promiscuités gênantes ou menaçantes. Fondée sur la richesse matérielle, la bourgeoise atteint le statut de classe
pleine et entière, selon les critères marxistes, par cet effort constant pour se réaliser en tant que groupe social. La bourgeoisie
existe ainsi en soi, par sa place dans les rapports de production, mais aussi pour soi, par la mobilisation qu’elle manifeste
dans son existence quotidienne en vue de préserver et de transmettre cette position dominante.
Michet Pinçon, Monique Pinçon-Charlot, Sociologie de la bourgeoisie, La Découverte, 2005

Q1 : quelle est la fonction des grandes soirées dansantes organisées par la bourgeoisie ? Q2
: peut-on parler d’une culture de l’entre soi ? Justifier.

II/ Quels sont les effets des transformations familiales sur la socialisation des enfants et des adolescents ?

Problématique : comment la diversité des configurations familiales modifie les conditions de socialisation des enfants et des
adolescents ?

Document 13 : la socialisation dans les familles monoparentales

Document 14 : la socialisation dans les familles recomposées


III/ De la socialisation de l’enfant à la socialisation de l’adulte : continuité ou ruptures ?

Problématique : comment s’articulent la socialisation primaire et la socialisation secondaire ?

Document 15 : les effets de la socialisation primaire sur la vie adulte.


Evolution du partage des tâches domestiques selon le sexe (heures et minutes)
Hommes Femmes

1999 2010 Evolution 1999 2010 Evolution


Temps domestique 01:59 02:00 0:01 03:48 03:26 - 00:22
- Dont ménage, courses 01:04 01:08 00:04 03:06 02:35 - 00:31
- soins aux enfants et adultes 00:11 00:18 00:07 00:27 00:36 00:09
- bricolage 00:30 00:20 - 00:10 00:04 00:05 00:01
Source : - jardinage, soins aux animaux 00:14 00:14 00:00 00:11 00:10 - 00:01
Insee –
Enquêtes Emploi du temps - © Observatoire des inégalités 2011

Q1 : faire une phrase avec chaque donnée soulignée (cadre spatio-temporel, source). Q2
: que montre ce document ?
Q3 : quelles sont les conséquences de l’inégalité du partage des tâches domestiques dans la vie publique des femmes ? Q4
: d’après vous, la situation a-t-elle sensiblement évolué en 2018 ?
Q5 : d’après vous, quelles sont les solutions pour obtenir une plus grande parité entre sexe ?

Document 16 : document 2 page 149 du manuel


Document 17 : épisode de la série " Les Simpson"
Document 18 : extrait du film de Laurent Cantet « ressources humaines » 1999.

IV/ la socialisation, déterminisme ou interaction ?

Problématique : comment expliquer les trajectoires individuelles improbables ?

Document 19 : document 7 page 150 du manuel

Document 20 : document 9 page 151 du manuel

Document 21 : J-C. Kaufmann rappelle que les sources d’où nous tirons nos apprentissages sont diverses : la famille, l’’école,
le travail, les médias, etc. B. Lahire, en particulier, souligne que famille est aujourd’hui rarement un espace de socialisation
homogène, mais un assemblage plus composite et, par exemple, « un père analphabète, une sœur à l’université, des frères et
sœurs en réussite scolaire, d’autres en échec ». Les personnes qui entourent l’enfant incarnent donc des rapports à l’école et
au travail sensiblement différents, et donc une diversité relative d’avenirs possibles, même si les ressources de départ
restreignent les probabilités de chacun de s’élever dans la hiérarchie sociale. D’autre part, au fil de sa socialisation, l’individu
vit des expériences variées : celles de fils / fille, de camarade d’école, de fan de rap / mélomane, de membre d’une
association, de collègue, de travailleur / précaire / chômeur, de mari / femme, d’amant / maîtresse, etc. Qu’ils soient
successifs ou simultanés, ces apports déposent une multiplicité d’« habitudes de pensée » et de « schèmes d’action » au plus
profond de l’acteur, qui constituent des « répertoires » disponibles, utilisables selon les contextes. C’est pourquoi l’acteur
peut être dit pluriel. Par exemple, J.-C. Kaufmann souligne que dans la société contemporaine, les processus d’entrée en
couple s’étalent souvent sur plusieurs années et relèvent d’un ajustement complexe. Au cours de ce processus, des éléments
éventuellement contraires du stock de dispositions acquis par les personnes sont activés ou mis en sommeil, au gré des
interactions entre les deux partenaires. Ainsi, une jeune femme peut hériter de son éducation familiale à la fois des
dispositions de « bonne ménagère » et un refus féministe de se couler dans ce moule. En fonction des circonstances et des
négociations avec son conjoint, l’une ou l’autre de ces facettes peut être activée. L’idée d’acteur pluriel propose donc une
conception beaucoup plus complexe et ouverte des dispositions acquises, en donnant plus de place aux logiques d’action et
aux interactions. Moins de choses apparaissent jouées à l’avance dans le passé des individus.
P. Corcuff, « Regards critiques », Sciences Humaines, n°105, mai 2000

Q1 : rappelez en quoi consiste la socialisation pour Durkheim.


Q2 : les instances de socialisation sont-elles homogènes ?
Q3 : la socialisation n’est-elle qu’un conditionnement ?

SYNTHÈSE CHAPITRE (texte à trous)

Remplir le texte à trous avec les mots suivants : rôles, improbables, secondaire, continuité, famille, adaptation, primaire,
socialisation, normes, valeurs, anticipatrice, école, différentielles, reproduction, passifs, environnement, genre, milieu,
identités.

La socialisation désigne le processus d’intériorisation des normes et des valeurs d’un groupe ou de la société. Ce processus
permet l’adaptation de l’individu à son environnement social. Les sociologues distinguent la socialisation primaire qui
concerne les enfants et s’effectue principalement au sein de la famille et de l’école, et la socialisation secondaire qui se
poursuit à l’âge adulte par l’apprentissage de nouveaux rôles sociaux (conjoint, parent, salarié, fonction politique ou
associative). Les deux types de « socialisations différentielles selon le genre ou le milieu social » pratiquées dans la famille
ou plus largement dans le groupe social, influencent la construction des identités individuelles, en favorisant les
comportements de reproduction sociale (partage des taches domestiques, pratiques culturelles, niveau de diplôme,
homogamie, métier, participation politique, fonction associative), on parle de continuité dans l’articulation de la socialisation
primaire et de la socialisation secondaire . Mais les individus ne sont pas passifs, ils sont également « acteur pluriel » lors des
interactions de la vie quotidienne (socialisation conjugale, socialisation professionnelle) où ils sont influencés par des agents
de socialisation, dont les normes et valeurs transmises peuvent être contradictoires, ce qui provoque cette fois des ruptures
(socialisation anticipatrice) et des trajectoires individuelles improbables.

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