Fiscalité Et Performance de L'entreprise: Contribution Au Débat Sur La Réforme Fi Scale

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Fiscalité et performance

de l’entreprise
Contribution au débat
sur la réforme fiscale

Mai 2011
Préface

Un an avant les élections Que tous les contributeurs ou Sur cette base, nous formulons deux
présidentielles de mai 2012, dont un inspirateurs de ces travaux en soient grands objectifs et sept
des enjeux sera assurément la remerciés (1). recommandations déclinées en dix
réforme du système fiscal français, actions concrètes orientées vers la
Landwell & Associés, société S’agissant de la méthode, le cahier simplification de la fiscalité et sa
d’avocats membre du réseau s’inspire du premier rapport de la mise au service de la croissance.
international PwC, a le plaisir de commission pour la libération de la
vous présenter ce cahier sur un croissance française présidée par Ces propositions n’aboutiront que si
aspect fondamental du débat : Jacques Attali (Documentation elles sont comprises et partagées par
comment notre système fiscal française 2008), qui partait d’un état tous les acteurs de l’entreprise, qu’ils
peut-il se concilier avec la des lieux, dégageait des objectifs et soient « utilisateurs de la fiscalité »,
performance des entreprises ? mettait en avant plus de trois cent directeurs financiers, fiscalistes,
propositions dans tous les domaines comptables, dirigeants, salariés,
Ce cahier est le fruit d’une de l’économie et de la société. actionnaires, conseils, détenteurs de
coopération avec la DFCG, association l’autorité publique, etc. et si elles
nationale des Directeurs Financiers et S’agissant du contenu, les travaux ont sont reprises et supportées par nos
de Contrôle de Gestion. La majeure été centrés sur la fiscalité de décideurs politiques.
partie des travaux effectués dans ce l’entreprise, celle de l’actionnaire et
cadre sera reprise dans un ouvrage de celle de l’épargnant, en laissant de De ce point de vue, la perspective
la collection DFCG aux Editions coté la fiscalité du travail et celle du des élections présidentielles de 2012
Eyrolles : «Améliorez la patrimoine, non pas que ces dernières est capitale. N’oublions pas enfin que
performance de votre entreprise. n’aient pas d’impact sur la la fiscalité des entreprises finit
70 recommandations concrètes », performance de l’entreprise mais toujours par être supportée par les
à paraître en septembre 2011. plutôt parce que nous estimions, à tort personnes.
ou à raison, que ni le directeur
Dans cette coopération, la DFCG a financier ni le directeur fiscal ni Que vous soyez favorables ou
apporté la vision des « utilisateurs » l’avocat fiscaliste n’ont plus de défavorables à ces propositions, si
du système fiscal et principalement légitimité qu’un autre contribuable à vous souhaitez contribuer au débat,
celle des directeurs financiers et prendre parti sur ces questions, qui nous vous serions reconnaissants de
fiscalistes. Landwell & Associés, par ailleurs ont été largement nous faire part de vos observations
société d’avocats membre du réseau débattues au cours des derniers mois. ou témoignages. Nous nous
international PwC, a apporté son engageons à vous répondre.
expertise, son regard critique et sa Nous présentons d’abord un état des
vision internationale. lieux du système fiscal français vu
par son utilisateur. Nous identifions Emmanuel Picq
ensuite les enjeux et axes de création avocat associé,
de valeur pour l’entreprise. Landwell & Associés

emmanuel.picq@
fr.landwellglobal.com

(1) Remerciements

- Marc-Henri Boucher, secrétaire général DV Construction, DFCG


- Laurent Verrier, manager GBA & Associés, DFCG
- Anne Béchet, DFCG
- Thierry Luthi, directeur financier Cegid, DFCG
- Thierry Taggiasco, directeur fiscal Bouygues Construction
- Philippe Thiria, International Fiscal Association, ancien directeur fiscal d’Unilever France
- Philippe Durand, Elisabeth Rivière, Michel Combe, Delphine Bocquet, Bettina Laville (membre du Conseil d’État),
avocats associés, Landwell & Associés
- Claude Lopater, associé PwC, membre du Collège de l’Autorité des Normes Comptables
- Thierry Raes, associé PwC, en charge des activités Développement Durable
-XXXX
Thomas Vassiley, chief financial officer, Better Life Ltd

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


Sommaire

INTRODUCTION 3

L’ESSENTIEL 5

ÉTAT DES LIEUX 7

ENJEUX ET AXES DE CRÉATION DE VALEUR 9


Le système fiscal doit être simplifié
L’impôt doit être au service d’une croissance durable

OBJECTIFS ET RECOMMANDATIONS 11

Objectif 1 : Simplifier l’impôt 13

Recommandation 1 - Tendre vers le principe d’un seul impôt par base


Recommandation 2 - Simplifier les obligations déclaratives

Objectif 2 : Favoriser une croissance durable 16

Recommandation 3 - Poser comme principe juridique que tout impôt


doit respecter au moins une des cinq valeurs fondamentales
Recommandation 4 - Préserver les fonds propres et favoriser l’auto-
financement des entreprises
Recommandation 5 - Mettre la fiscalité au service de l’environnement
et de la croissance
Recommandation 6 - Encourager la prise de risque
Recommandation 7 - Préserver la fiscalité des incorporels
technologiques et rendre plus attractive la fiscalité des incorporels
commerciaux

CONCLUSION ET MÉTHOLOGIE DE MISE EN ŒUVRE 26

ANNEXE : PROGRAMMES FISCAUX DES PARTIS POLITIQUES


À MAI 2011 30

LANDWELL & ASSOCIÉS 32

CONTRIBUEZ… 34

XXXX

Landwell & Associés / DFCG 1


Introduction

2 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


On ne compte plus le nombre de Sans la vision de ces utilisateurs dès le Le service participe à
rapports sur la réforme fiscale. Ce qui stade de la conception, comment ne la rédaction des projets de lois,
frappe, c’est la vigueur du débat, pas tomber dans une fiscalité prépare les estimations budgétaires,
souvent idéologique, qui semble complexe, idéologique, voire se livre à des études ou à des
osciller inéluctablement entre contreproductive ? commentaires de loi, etc...
« concours Lépine » et « Grand soir »
y compris en matière de fiscalité Impliquer davantage ces Dans le sens de la coordination et de
d’entreprise. utilisateurs en amont permettrait l’implication des utilisateurs, le
sans doute de faciliter l’adoption Secrétaire d’État américain au Trésor
Les contraintes techniques et des réformes et leur mise en œuvre. a récemment invité des directeurs
budgétaires sont souvent ignorées financiers de grandes ou moins
et les besoins des utilisateurs mal Ceci paraît aujourd’hui encore plus grandes sociétés à travailler sur la
identifiés si bien que, au moment de utile dans le cadre du projet de loi réforme fiscale en cours, notamment
passer à l’acte, plus personne n’est constitutionnelle relatif à l’équilibre pour en favoriser l’acceptation et la
d’accord et la montagne accouche à des finances publiques, qui imposerait mise en œuvre.
peine d’une souris. le monopole des lois de finances et des
lois de financement de la sécurité On objectera que le système fiscal
Parfois, une majorité a permis à des sociale pour régir le domaine de la américain est loin d’être parfait, qu’il
réformes cohérentes d’être adoptées fiscalité et celui des recettes de la est d’une complexité redoutable,
sans véritable débat. Le résultat n’est sécurité sociale. Ce monopole créerait qu’il n’échappe pas aux influences
pas plus convaincant : impôt une forte contrainte sur le législateur catégorielles et qu’il ne parvient pas
technocratique jamais appliqué, et l’administration, contrainte qui à rétablir l’équilibre budgétaire.
impôt antiéconomique que le serait d’autant mieux gérée que les
législateur passe ensuite son temps à acteurs seraient utilement consultés Tout cela est juste mais les exemples
« bricoler ». en amont. étrangers montrent qu’il est possible,
en démocratie, de réaliser des
Faut-il en déduire que la fiscalité est Bien entendu, les besoins des réformes cohérentes, pragmatiques
tellement compliquée que seuls les utilisateurs doivent être évalués par et qui ne remettent pas sans cesse en
experts peuvent s’y intéresser ? les techniciens, services de cause l’équilibre économique des
Certainement pas ! Les utilisateurs l’administration fiscale et du budget, décisions d’investissement et que ces
doivent trouver leur place dans la économistes, fiscalistes, etc. exemples s’appuient sur des décisions
réforme. Les utilisateurs, ce sont politiques préparées par des débats
principalement les directeurs Et le tout sous le contrôle du auxquels sont associés les experts
financiers et, dans les grandes Parlement, qui doit pouvoir non comme les utilisateurs.
entreprises ou entreprises de taille seulement orienter et voter la réforme
intermédiaire, les directeurs fiscaux. mais aussi en contrôler l’application, Peut-être faut-il réfléchir à acclimater
Les premiers jouent un rôle en mesurer les coûts, les avantages et ce type de structure ou de processus de
déterminant dans l’amélioration de la les défauts, pour éventuellement la coopération en France, en conservant
performance et la conformité aux faire évoluer dans le temps. ce qui fonctionne et en améliorant ce
normes. Les seconds sont en charge qui fonctionne moins bien.
de la planification, de la gestion des Ce qui suppose peut-être une
contrôles fiscaux et du risque fiscal. structure intégrant les Alors il sera possible de mener à bien
contributions des uns et des autres, des réformes fiscales utiles et dans
Pourtant, les uns et les autres sont ou a minima un processus de l’intérêt de tous.
relativement peu impliqués dans la coordination renforcée entre les
conception des normes, tant en différents acteurs. Emmanuel Picq
amont de la loi – à l’exception de avocat associé, Landwell & Associés
certains lobbying sectoriels – qu’en Certains pays ont choisi la première
aval, même s’ils tendent à l’être option, tels les États-Unis, où le « Joint
davantage depuis quelques années, Committee on Taxation » est un service
notamment à travers le processus du Congrès composé d’économistes,
louable de concertation dans lequel de fiscalistes et d’experts comptables,
s’est engagée l’administration avec la dont la mission est d’assister les
refonte de la taxe professionnelle, représentants et sénateurs des deux
puis le processus de consultation partis qui siègent dans les
publique sur internet des projets commissions fiscales des deux
d’instructions. chambres.

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 3


L’essentiel

La campagne présidentielle de 2012


va être l’occasion d’un débat sur la
fiscalité, qui dépassera le cadre
patrimonial, et s’étendra à tous les
domaines de la fiscalité d’entreprise
(droits directs et indirects, éco-
taxes, concurrence fiscale, etc.).
Prenons le temps de préparer cette
réforme, en commençant par faire
valoir les besoins des utilisateurs et
leurs propositions, pour que la
réforme ne soit pas seulement
guidée par des considérations
idéologiques ou politiques.

XXXX
4
4 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
Simplifier Poser le principe d’une Mettre en œuvre
fiscalité de croissance

Selon une étude récente d’IBM (1), Nous appelons à poser le principe Nous proposons une méthodologie
gérer la complexité est devenu le d’une fiscalité de croissance : tout de mise en œuvre et un calendrier de
premier défi des dirigeants. La fiscalité impôt devrait respecter au moins une suivi. Ni révolution fiscale ni
n’échappe pas à la règle. La complexité des cinq valeurs fondamentales retouches de façade mais une
est génératrice de coûts de gestion et suivantes : stimuler l’investissement, méthode basée sur la concertation,
de risques. Il est devenu impératif de stimuler l’emploi, encourager la prise l’expérimentation, la comparaison et
simplifier notre système fiscal. de risque, concilier environnement et la mesure.
croissance, encourager la création
Nous soutenons qu’il est possible de d’incorporels.
tendre vers un impôt par base, de
mettre en commun certaines Nous plaidons pour une évaluation
obligations déclaratives et de des besoins des entreprises en fonds
généraliser le guichet virtuel unique propres et des solutions envisageables
dans le cadre du développement de pour corriger leur insuffisance
l’économie numérique, même si le éventuelle, que ce soit par la fiscalité
chantier est vaste. de l’entreprise, celle de ses
actionnaires ou celle de l’épargne.

Nous plaidons pour l’encouragement


des comportements respectueux de
l’environnement par la fiscalité afin de
développer le potentiel d’innovation
technologique, au moyen du
verdissement de la fiscalité plutôt que
par la multiplication des écotaxes.

Nous plaidons pour encourager la


prise de risque, notamment par la
création d’un compte « futur
entrepreneur », comme moyen
d’encourager l’épargne, la création et
le financement des entreprises
existantes ainsi que l’emploi.

Nous plaidons enfin pour le maintien


de la fiscalité des incorporels
technologiques et notamment du
crédit d’impôt recherche et pour que la
fiscalité des incorporels commerciaux
(éléments incorporels du fonds de
commerce) soit rendue plus attractive
car tous ces incorporels sont créateurs
de richesses.

1 - IBM Global CEO Study 2010. www.ibm.com/ceostudy2010

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 5


1. État des lieux

Vu sous l’angle du directeur


financier, le système fiscal
français est avant tout marqué
par sa complexité, qui résulte
notamment de la multiplicité des
impôts et prélèvements (plus de
230 variétés, soit presque autant
que de fromages) et du nombre de
dispositifs spéciaux (dont les 293
niches fiscales recensées dans le
projet de loi de finances pour
2010) et les 91 dispositifs
dérogatoires identifiés en matière
de prélèvements sociaux.

XXXX
6
Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
Cette complexité engendre pour les D’autre part, ces entreprises sont S’agissant plus particulièrement des
entreprises des coûts de gestion dans une situation particulière par ETI, « il en résulte une faiblesse pour
(au-delà des coûts de mise en rapport à l’impôt et aux l’économie française d’autant plus
conformité ou « compliance ») et des prélèvements en général. Selon préoccupante que ces entreprises
risques d’insécurité juridique certains, elles supporteraient une représentent de vrais atouts : elles sont
importants. charge fiscale et sociale plus lourde performantes… ; elles incarnent un
que les grandes entreprises et capitalisme vertueux dont les
De surcroît, cette complexité rend bénéficieraient proportionnellement principales caractéristiques sont :
l’impôt peu compréhensible par moins des dispositifs fiscaux et des
rapport à certaines valeurs jugées aides disponibles (2). • une vision de long-terme plutôt qu’un
fondamentales par les directeurs abandon aux intérêts court-termistes ;
financiers pour le développement Si l’on situe ces observations dans le
des entreprises dont ils ont la charge cadre du thème de ce cahier, on • une préférence pour l’investissement
des finances et pour le observera que les PME et ETI plutôt que pour le dividende ;
développement des personnes qui pâtissent à la fois des obstacles
vivent directement ou indirectement généraux du modèle de • des relations sociales apaisées et une
grâce à ou par ces entreprises développement français (charges culture d’entreprise forte ».
(développement économique et fiscales et sociales élevées, en
social, développement du cadre de contrepartie certes d’un marché Cet état des lieux est loin d’être
vie au sens large). intérieur stabilisé et d’une certaine exhaustif et nous aurions également
sécurité ; réglementation pu faire le constat de l’instabilité de la
Ces observations ne sont pas propres foisonnante ; financement difficile, règle fiscale, nuisible à toutes les
aux PME et ETI (« entreprises de taille etc.) et de certains handicaps plus entreprises, petites ou grandes, et
intermédiaire ») mais prennent un spécifiques, notamment un particulièrement décriée par les
relief particulier pour ces deux « dilemme entre la poursuite d’une investisseurs étrangers pour qui elle
catégories d’entreprises. D’une part, croissance modérée et l’appel à des peut constituer un frein à
ces entreprises n’ont généralement capitaux externes pour améliorer leur l’investissement.
pas les mêmes ressources internes développement », une intensité et une
que les « grandes entreprises » pour régularité dans l’exportation Nous nous sommes limités ici à
gérer l’ensemble des domaines liés à moindre qu’en Allemagne (du moins mettre en avant deux axes de
l’impôt, d’où une sensibilité plus forte pour les PME) ou encore un « retard création de valeur :
à la complexité et sans doute une de la recherche privée… (qui) vient
exposition au risque plus grande. essentiellement d’un effort insuffisant • la simplification de l’impôt ;
des entreprises ayant entre 50 et 1000
salariés » (3). • la prise en compte dans la
définition de l’impôt des valeurs
jugées par les directeurs
financiers fondamentales au
développement de leurs
entreprises dans l’environnement
qui les entoure (ci-après principe
de croissance durable).

1 – IBM Global CEO Study 2010. www.ibm.com/ceostudy2010


2 - Conseil des Prélèvements Obligatoires, ci-après CPO : « Entreprises et niches fiscales et sociales », octobre 2010, pages 55 et suivantes
Rapport Retailleau : « Les entreprises de taille intermédiaire au cœur d’une nouvelle dynamique de croissance », février 2010, page 24
3 - Rapport Retailleau précité, pages 20 à 22

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 7


2. Enjeux et axes
de création de valeur

La réforme devra simplifier le


système fiscal et mettre la fiscalité
au service d’une croissance
durable.

XXXX
8
Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
La méthode utilisée dans cette étude Toutefois, si l’on replace cet
2.1 Le système repose sur la définition d’une indicateur dans le contexte
fiscal doit être entreprise de référence (PME de 60
salariés présentant certaines
français, la situation de l’entreprise
française de référence n’est pas si
simplifié caractéristiques) et sur une évaluation
au regard de trois indicateurs :
favorable qu’elle n’y paraît.

En effet, l’indicateur utilisé ne mesure


• le temps nécessaire à la préparation qu’une partie de la « compliance »
et au dépôt des déclarations fiscales fiscale, celle relative à l’impôt sur les
ainsi qu’au paiement de l’impôt sur sociétés, à la TVA et aux charges
De nombreux travaux ont été réalisés les sociétés, de la TVA et des charges sociales.
sur le thème de la simplification, tant sociales, activités qualifiées de
en France qu’à l’étranger (4). Ces « compliance » fiscale ; L’étude ne permet donc pas
travaux ont établi qu’une trop grande d’appréhender le temps de
complexité de l’impôt est source de • le nombre de paiements d’impôts « compliance » lié aux quelques autres
coûts de gestion et de risques sur l’année (recensés sur la base de 230 impôts et prélèvements que
d’insécurité pour l’entreprise critères communs à l’ensemble des connaissent les entreprises françaises
(redressements fiscaux liés à des pays comparés) ; et qui nous placent, par le nombre,
erreurs d’interprétation dans bien au-dessus du Royaume-Uni ou de
l’application de règles complexes ou à • la charge d’impôt totale (définie l’Allemagne (6).
des omissions par rapport à des comme la somme des impôts et
formalités foisonnantes), de coûts de prélèvements supportés par
contrôle et de recouvrement pour l’entreprise et dont elle a la charge,
l’administration, d’inefficacités par en excluant les impôts qu’elle ne fait
rapport aux objectifs assignés aux que collecter - comme la plupart des
mesures fiscales, de coûts liés aux impôts sur la consommation - et en
facultés d’optimisation, qui sont autant incluant par exemple les charges
de pertes de création de valeur pour le sociales à la charge de l’employeur).
pays, pour la collectivité et pour le
contribuable. Si l’on retient le premier indicateur,
c’est-à-dire le temps nécessaire à la
Cette complexité est liée à la fois au « compliance » sur les trois principales
nombre d’impôts, de déclarations et de catégories de prélèvements visées
paiements (« compliance » fiscale) ainsi (impôt sur les sociétés, TVA et charges
qu’à la sophistication des règles sociales), la France arrive au 40e rang
fiscales elles-mêmes. (sur 104 pays) avec un nombre de 132
heures de travail par an. Avec ce
Il est difficile de mesurer l’enjeu de classement, la France se situe entre le
cette simplification. On dispose Royaume-Uni (au 25e rang, avec 110
toutefois de benchmarks comme heures de travail) et l’Allemagne (au
l’étude « Paying taxes » faite tous les 73e rang, avec 196 heures de travail),
ans depuis 2006 par PwC (et Landwell ce qui semble relativement honorable.
4 - Voir récemment pour la France : « Rapport sur
& Associés pour la France) sur 180 la qualité et la simplification du droit », Jean-Luc
pays, dans le cadre du projet « Doing Warsmann, décembre 2008 ; pour le Royaume-
Business » de la Banque Mondiale (5). Uni, « Review of Tax Reliefs, Interim Report »,
Office of Tax Simplification, novembre 2010 ;
pour le Luxembourg, les travaux du Département
de la Simplification Administrative
5 – Étude IFC et PwC Taxes 2010, the global picture
- www.pwc.fr/paying-taxes-2010.html
6 - En ce sens, rapport de la Cour des Comptes,
« les prélèvements fiscaux et sociaux en France
et en Allemagne », mars 2011, mentionnant
« l’existence en France de nombreux impôts et
taxes grevant les coûts de production, qui n’ont
pas leur équivalent en Allemagne, dont 26,5
milliards d’euros assis sur les salaires »

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 9


Par ailleurs, cet indicateur ne mesure
pas le temps consacré à la gestion 2.2 L’impôt doit
proprement dite de l’impôt en
complément de l’activité de être au service
« compliance » (c’est-à-dire la gestion
des positions fiscales, la gestion des d’une croissance Stimuler ou a minima ne pas
risques, la gestion des contentieux,
etc.). Or, ce temps est corrélé avec la
durable pénaliser l’investissement
complexité du système (on pense aux Si l’on veut favoriser la croissance, il
293 niches fiscales recensées, dont convient de ne pas aggraver les
certes la France n’a pas le monopole). Il semble qu’il y ait consensus sur ce impôts qui pèsent sur
point. Il y a également consensus sur l’investissement des entreprises et
Si l’on retient maintenant le second le fait que la structure des plus spécifiquement d’utiliser l’outil
indicateur - le nombre de paiements prélèvements en France est peu fiscal pour favoriser le financement
d’impôts -, la France apparaît en orientée vers la compétitivité, de ces investissements. Une réflexion
relativement bonne position. condition de la croissance (7). doit être menée sur les formes de
Ce résultat peut s’expliquer par les financement à privilégier.
progrès réalisés grâce au paiement De nombreuses voix ont appelé
électronique. Par convention, l’étude l’instauration d’une « fiscalité de En période de sortie de crise,
considère que lorsque le paiement croissance » (8). il nous semble qu’il serait
électronique est autorisé, on ne souhaitable que l’impôt encourage
compte qu’un seul paiement, même s’il Nous avons choisi de le faire en le financement par les fonds
y a eu plusieurs paiements effectués affirmant cinq valeurs propres et la reprise de
sur l’année. fondamentales que l’impôt devrait l’investissement en France.
respecter, sans établir de hiérarchie
L’expérience des directeurs entre ces valeurs et tout en Stimuler l’emploi
financiers interrogés contredit reconnaissant que certaines valeurs
néanmoins cette conclusion et peuvent être parfois en conflit les Si l’on veut concilier croissance et
beaucoup estiment que même le unes avec les autres, donnant lieu à création d’emploi, il convient aussi
paiement de l’impôt représente une des arbitrages complexes à opérer. de ne pas aggraver les impôts qui
tâche trop lourde pour leurs pèsent sur l’emploi, voire
entreprises, qui devrait et pourrait On objectera que toutes ces valeurs d’encourager par l’impôt certaines
être simplifiée. ne peuvent être satisfaites sans opérations créatrices d’emploi
compromettre gravement l’équilibre (activités nouvelles ou
Sur cette base, nous nous sommes budgétaire. Nous pensons le relocalisations) ou de pénaliser
gardés de suggérer une réforme de la contraire pour deux raisons : d’une certaines de celles qui en
structure des impôts et prélèvements part, ces valeurs doivent créer de la détruisent (sans nécessairement
ou de la norme fiscale proprement croissance donc de l’assiette entraver la liberté du commerce et
dite, pour nous limiter à deux imposable, d’autre part, si certaines de l’industrie).
recommandations tirées de de ces valeurs doivent conduire à des
l’expérience des directeurs baisses d’impôts sur certaines On rappelle que selon le CPO, les
financiers : assiettes, celles-ci pourront être prélèvements des entreprises peuvent
compensées par des hausses être estimés à 327 milliards d’euros
• tendre vers le principe d’un impôt d’impôts sur d’autres assiettes. (2008) dont près de 71 % portent sur
par base ; le facteur travail - cf. cotisations
patronales, taxe sur les salaires,
• simplifier les obligations fiscalité des retraites et de l’épargne
déclaratives. salariale, etc. - contre 15 % pour les
bénéfices et 10 % pour le capital.

10 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


Encourager la prise de risque Mettre la fiscalité au service Encourager la création
de l’environnement et de la d’incorporels
Il n’existe pas de croissance sans croissance
prise de risque ni d’ailleurs de Les incorporels jouent un rôle
croissance durable sans risques La protection de l’environnement fondamental dans la création de
maîtrisés. Or, il a été relevé que la peut être un catalyseur de richesse puisque l’entité qui supporte
croissance française était obérée par croissance. Il est devenu banal les coûts de développement de ces
une prise de risque insuffisante, qui d’écrire que la fiscalité doit être incorporels récoltera les fruits de ce
se traduit de différentes façons : davantage orientée vers la protection développement, que ce soit par l’effet
réticences à la mobilité, préférence de l’environnement. Vue sous l’angle de sa propre exploitation, dans le cadre
pour les investissements à moindre de la performance de l’entreprise, la d’accords de licences, de cession, etc.
risque, etc. (9). question posée est celle de savoir
comment la fiscalité Il convient donc d’encourager le
Si l’on veut libérer la croissance, environnementale peut concilier développement d’incorporels en
il convient donc de favoriser respect de l’environnement et France ainsi que les activités qui
fiscalement les comportements performance de l’entreprise. accompagnent ce développement,
à risque par rapport aux que ces incorporels soient
comportements de « rente ». Il convient à cette fin de privilégier technologiques ou commerciaux.
les dispositifs incitatifs par rapport
aux dispositifs de pénalisation et
de « verdir » les dispositifs fiscaux
existants de préférence à la
création de nouvelles taxes
environnementales, chaque fois
que possible.

7 - Rapport CPO : « Les prélèvements obligatoires dans une économie globalisée », octobre 2009, cf.pages 186 et suivantes
8 - Rapport Retailleau précité, pages 69 et suivantes
9 - Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, sous la présidence de Jacques Attali, Documentation française 2008, ci-après rapport Attali, page 14

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 11


3. Objectifs
et recommandations

XXXX
12
12 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
En revanche, l’histoire a conduit à Dans l’idéal, cette « fusion » des
3.1 Objectif : l’accumulation d’une multiplicité impôts pourrait tendre vers un
simplifier l’impôt d’impôts et prélèvements assis sur
une même base et cette multiplicité
même régime par assiette ou à tout
le moins, un taux global, une
impose des coûts de « compliance » déclaration unique, quand
(déclarations, paiements, etc.) et déclaration il y a, et un seul
de gestion élevés pour les paiement (donc un seul organisme
entreprises, les administrations et répartiteur, quitte à ce que cet
Notre réflexion aboutit à la collectivité en général. organisme réalloue le produit de
deux recommandations, l’impôt en fonction des besoins à
Par conséquent, nous satisfaire : budget de l’État, de la
qui sous l’apparence de la recommandons d’étudier la région, du département, Urssaf,
simplicité, pourraient possibilité de « fusionner » certains autres…).
s’avérer complexes, compte impôts et prélèvements portant sur
tenu des enjeux qu’elles une même base dès lors qu’ils sont Nous reconnaissons les difficultés
dus par un même redevable et alors pratiques et théoriques d’une telle
représentent et des même qu’ils ont des « affectations » ambition en ce qui concerne les
difficultés de mise en différentes. impôts et prélèvements existants (et
œuvre qu’elles sont notamment la réticence de certains
Des efforts ont déjà été entrepris en ce organismes qui pourraient préférer
susceptibles de poser : sens, ainsi l’exemple récent donné par des prélèvements affectés à leur
- tendre vers le principe la loi de finances rectificative pour 2010 mission) et nous recommandons un
d’un impôt par base en matière de taxes d’urbanisme (10). état des lieux exhaustif.
(recommandation 1) et
Il ne semble pas inconcevable d’aller Nous pensons qu’au minimum, la
- simplifier les obligations au-delà et d’envisager par exemple recommandation devrait être suivie
déclaratives une « fusion » des impôts assis sur les chaque fois qu’un nouvel impôt est
(recommandation 2). salaires, et éventuellement des envisagé, sauf s’il apparaît
charges sociales employeur (exercice nécessaire que cet impôt soit assis
probablement plus difficile). sur une assiette particulière
Recommandation 1 - (exemple des écotaxes qui peuvent
Tendre vers le principe d’un Impôts assis sur les salaires : être plus efficaces quand elles sont
seul impôt par base assises sur le dommage causé à
• taxe d’apprentissage ;
l’environnement, du moins lorsque
Les bases sur lesquelles les impôts et • participation-formation continue ; ce dommage est quantifiable, cf.
autres prélèvements sont assis sont • participation-construction ; recommandation 5).
variées : le résultat, la valeur ajoutée, • taxe sur les salaires.
le chiffre d’affaires, les salaires, les À défaut d’une véritable « fusion », du
plus-values, les autres revenus, les Cette notion de « fusion » des moins serait-il possible de tendre
valeurs locatives, les valeurs impôts doit être définie : il s’agit vers un seul paiement par type
d’acquisition, la valeur du patrimoine, ici de n’avoir qu’un seul impôt ou d’assiette (mais la simplification
etc. Chacune de ces bases peut sans prélèvement là où existent serait limitée) et surtout de simplifier
doute se justifier par rapport à la aujourd’hui plusieurs impôts dus les obligations déclaratives
légitimité de l’impôt et à son efficacité par un même redevable sur la (recommandation 2).
économique. même assiette ou d’éliminer
certaines assiettes
antiéconomiques pour les
reporter sur d’autres assiettes.

10 - La loi de finances rectificative réforme le régime des taxes d’urbanisme en les réduisant à deux taxes : d’une part, la taxe d’aménagement, qui remplacera six
autres taxes qui coexistaient jusqu’à présent et d’autre part, le versement pour sous-densité, qui s’appliquera sur les constructions en deçà d’un minimum de
densité (on voit bien avec cet exemple comment on peut concilier simplification du système fiscal et fiscalité environnementale, cf. recommandation 6)

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 13


Recommandation 2 - Sur le principe, la valeur ajoutée est Fort heureusement, la loi de finances
Simplifier les obligations imposée dans la ou les commune(s) pour 2011 a simplifié la règle en
déclaratives où l’entreprise dispose de locaux disposant que la déclaration
(« établissements ») ou emploie des mentionne le nombre de salariés
Nous avons recensé une quarantaine salariés exerçant leur activité plus de employés, ce qui exclut le concept
de déclarations fiscales « ordinaires » à trois mois (« lieux situés hors de d’ETPT, et que les salariés exerçant
la charge des entreprises (c’est-à-dire l’entreprise »). Dans sa version issue dans plusieurs établissements ou
en dehors des déclarations spécifiques de la loi de finances pour 2010, la loi lieux d’emploi sont déclarés dans
à certaines activités, par exemple les visait une répartition « au prorata de celui où la durée d’activité est la plus
activités immobilières), lesquelles sont l’effectif qui y est employé ». élevée (13).
généralement perçues comme bien
conçues et compréhensibles. Il semble Une instruction prévoyait le En conclusion, il est important que
toutefois possible de simplifier le décompte des salariés par « équivalent le législateur prenne en compte
système déclaratif. Nous avons temps plein travaillé » (ETPT) dans les l’objectif de simplification dès le
identifié trois leviers : établissements de l’entreprise et dans stade de la conception de la loi, de
les lieux situés hors de l’entreprise, et même que l’administration fiscale
• la simplification de la norme;
ce pour toutes les communes au stade de son explicitation.
• la mise en commun d’informations; d’activité, sous réserve de quelques
exceptions. Il résultait des textes un Nul ne doute que nous soyions sur la
• le guichet unique virtuel.
travail important de suivi des bonne voie depuis quelques années
salariés, parfois effectué en ce qui (14) mais l’effort à acomplir reste
Simplifier la norme concerne les établissements de colossal.
l’entreprise mais rarement pour les
Le premier levier de simplification et lieux situés en dehors de l’entreprise, La mise en commun
probablement le plus fort est selon avec de surcroît des risques d’erreurs d’informations
nous la simplification de la norme susceptibles d’être sanctionnées par
fiscale elle-même, ce qui implique à la une amende fiscale. Nous recommandons de simplifier les
fois un travail d’anticipation en amont obligations déclaratives fiscales en
de la norme, un travail de «légistique» Si le principe d’une allocation de la mettant en commun certaines
et de codification au stade de sa CVAE selon le lieu d’activité des informations, à titre d’exemple : la
conception et un suivi des objectifs de salariés et celui d’une répartition au déclaration des contrats de prêts et la
simplification dans son exécution, au prorata de l’effectif, tels que prévus déclaration fiscale « IFU » 2561,
niveau de ce que le sénateur Jean-Luc par la loi, semblaient justifiables, le d’autant que l’absence de souscription
Warsmann qualifie de « droit recours au concept d’ETPT ne de cette dernière est lourdement
souterrain » (11). Rappelons que le semblait pas clairement requis par la sanctionnée.
Conseil Constitutionnel a fait de la loi ni par la finalité de cette
clarté de la loi un principe répartion (il nous semble en effet Par ailleurs, lorsqu’on ajoute aux
constitutionnel et de l’accessibilité et qu’une commune qui abrite un déclarations fiscales les divers dépôts
de l’intelligibilité de la loi des objectifs salarié a quasiment les mêmes d’informations et de déclarations
de valeur constitutionnelle (12). besoins, que ce salarié soit à temps auxquels les entreprises sont
plein ou à temps partiel). Quant au astreintes (dépôt des comptes,
Un exemple de simplification, «découpage» de l’activité par déclarations sociales, etc.), il apparaît
finalement réussie au prix d’une commune, s’il était justifié par le de nombreuses redondances.
modification législative, est celui de texte de la loi, il posait un sérieux
la déclaration de contribution sur la problème de suivi à de nombreuses
valeur ajoutée (1330-CVAE), qui entreprises.
permet d’assurer la répartition de cet
impôt entre les communes où
l’entreprise a des locaux et des
salariés.

14 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


L’avenir est à la mise en commun des
informations et à leur numérisation dans le
cadre d’une relation simplifiée et créatrice de
valeur avec les administrations.

Par conséquent, nous Sur ce thème, le rapport Warsmann Le guichet unique virtuel
recommandons de simplifier les appelle à « rationaliser le contenu des
obligations déclaratives en différents documents exigés (DADS / Le guichet unique virtuel est un
mettant en commun certaines déclaration fiscale d’impôt sur les espace administratif partagé entre
données, en harmonisant les sociétés n° 2065 / annexe / tableau des l’entreprise et les administrations,
formats et en allégeant le contenu résultats de l’annexe du rapport de une plate-forme de données
des obligations. gestion) en matière de rémunération : comptables, fiscales, sociales…
il est indispensable que le contenu de
Des efforts ont déjà été accomplis en cette information soit harmonisé, Ce concept a été exploré en France
ce sens, ainsi la loi sur la notamment avec le montant des comme un moyen de simplifier la
simplification du droit du 20 salaires portés sur la DADS, avec la tâche des entreprises (16). Il est
décembre 2007 a-t-elle simplifié les déclaration fiscale d’impôt sur les également conçu comme une
obligations des entreprises en matière sociétés n° 2065, avec l’annexe et le application de l’innovation en
de taxes assises sur les salaires : tableau des résultats des cinq derniers matière d’usage et contenus
depuis 2008, les entreprises n’ont exercices de l’annexe du rapport de numériques et comme un vecteur de
plus besoin de déclarer annuellement gestion. Cette rationalisation a pour services aux entreprises (17).
leur taxe d’apprentissage, leur objectif d’assurer une meilleure Enfin il pourrait être développé
contribution au développement de information, plus cohérente, avec le comme outil d’une relation de
l’apprentissage et leur participation à même niveau de fiabilité, et de réduire partenariat avec les administrations.
la formation professionnelle. Les le niveau des coûts de gestion ». (15)
informations nécessaires pour Nous recommandons de
l’administration, notamment les Enfin, il serait souhaitable capitaliser plus largement sur les
bases d’imposition, sont indiquées sur d’examiner la possibilité et travaux réalisés en France et à
la déclaration annuelle des l’opportunité de créer un l’étranger dans ce domaine afin
traitements et salaires. document unique qui remplisse à d’identifier toutes les potentialités
la fois la fonction des comptes du guichet unique virtuel et de la
Il semble possible d’aller au-delà en sociaux et de la liasse fiscale, dematerialisation.
mettant en commun les nombreuses quitte à dispenser les entreprises
informations relatives aux salaires de déposer certains états de ce
renseignées par les entreprises. Ainsi, document unique au greffe.
s’agissant de l’information relative
aux cinq ou dix personnes les mieux
rémunérées.

11 - Rapport Warsmann précité, pages 112 et suivantes, propositions 43 et 44


12 - Voir par exemple décision du Conseil Constitutionnel 1998-401 DC du 10 juin 1998
13 - Article 108 de la loi de finances pour 2011. Voir également «Assises de la simplification. Présentation des 80 mesures», Bercy 29 avril 2011, spécialement
fiches 64 et 65
14 - Loi la loi du 2 juillet 2003 habilitant le gouvernement à simplifier le droit par voie d’ordonnances et les diverses lois de simplification du droit, dont la dernière
en date est celle du 17 mai 2011
15 - Rapport Warsmann précité, pages 157 et suivantes, proposition 7
16 - Plan PME 2007, deuxième volet : « simplifications administratives pour les PME ». Rapport de Madame Clarisse Reille : « La complexité, un mal sournois qui
ronge notre économie », juillet 2008, spécialement pages 17 et suivantes sur la dématérialisation. Rapport de Madame Laure de la Raudière : « Simplification
de la réglementation et amélioration de la compétitivité industrielle, septembre 2010, spécialement pages 27 et suivantes. Rapport Warsmann précité, pages
161 et suivantes : « faire converger à court terme les pratiques, les techniques et l’organisation des administrations dans le but de mettre en place une plate-
forme unique pour les données financières ». Le parlementaire relève : « un tel outil exige des administrations de revoir leurs procédures, la structure, les
caractéristiques légales et le format de l’information demandée, afin qu’à partir des données fournies par l’entreprise, chaque administration puisse extraire
les données nécessaires » et conclut ainsi : « toutes les initiatives gouvernementales en cours devraient converger pour atteindre cet objectif et ainsi réduire
les lourdeurs administratives occasionnées par le maintien de différents systèmes d’information »
17 - Rapport de la Commission sur le Grand Emprunt en 2009, « priorités stratégiques d’investissement et emprunt national », action 17 : développer les usages
et contenus numériques innovants ; rapport de mise en œuvre 2007 du Plan National pour l’Innovation et le Plein Emploi du Luxembourg, page 30 : « le
guichet unique virtuel mettra à disposition des entreprises un espace administratif personnel qui leur permettra de mémoriser des informations couramment
demandées… Cette solution évitera des saisies redondantes de données… Les services suivants ont été identifiés et sont susceptibles de faire l’objet
d’assistants électroniques : déclaration des salaires, déclaration de TVA, déclaration fiscale, reporting vers la centrale des bilans… »

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 15


Recommandation 3 - Naturellement, ce principe devra
3.2 Objectif : Poser comme principe trouver sa place au milieu d’autres
juridique que tout impôt doit
favoriser une respecter au moins une des
principes, tels que l’égalité devant
l’impôt, l’équité de l’impôt, la clarté
croissance cinq valeurs fondamentales de l’impôt, la stabilité de l’impôt (ou
la confiance légitime), reconnus à
durable Les cinq valeurs fondamentales ont
été définies plus haut :
des degrés divers en matière fiscale.

On pourra l’appeler le principe de


• stimuler ou a minima ne pas
fiscalité de la croissance durable.
pénaliser l’investissement ;
• stimuler l’emploi ;
• récompenser la prise de risque ; Recommandation 4 -
Préserver les fonds propres et
• mettre la fiscalité au service de
favoriser l’auto-financement
l’environnement et de la croissance ;
des entreprises
• encourager la création de valeur
Notre réflexion se traduit par immatérielle.
La question posée est celle de savoir
l’affirmation d’un principe La recommandation de poser un si les entreprises ont suffisamment
(recommandation 3), que nouveau principe juridique est sans de fonds propres pour résister aux
nous avons décliné à travers doute osée et pose un certain secousses de l’économie et si elles
nombre de questions théoriques sur ont davantage intérêt à financer
quatre recommandations ce qu’il faut entendre par principe leurs investissements sur fonds
spécifiques (quel type de norme, quelle force propres ou par voie d’endettement
(recommandations 4 à 7), juridique, quelle sanction, etc.). Elle dans l’environnement économique
est certainement discutable en ce qui s’annonce.
chacune illustrée de qu’elle laisse de côté un certain
propositions de réforme. nombre de valeurs qui auraient Il nous semble que c’est à chaque
mérité d’être retenues dans le entreprise de répondre à ces
principe. questions. Mais il est également clair
que la fiscalité peut encourager ou
Cependant, elle permettrait de dissuader les comportements
traduire certaines valeurs dans économiquement vertueux avec un
l’ordre normatif. Et comme il n’est objectif de favoriser une croissance
pas possible de respecter toutes durable.
les valeurs à la fois, l’impôt
devrait en respecter au moins Nous proposons ci-après un constat
une en toutes circonstances. de la situation et des insuffisances
des dispositifs existants ainsi que des
La recommandation permet aussi de pistes de réflexion en vue d’une
préciser ce qu’on appelle le principe évaluation plus générale des
d’efficacité économique de l’impôt, solutions, qui nous paraît nécessaire
et qui n’a de sens que par rapport à avant toute nouvelle modification
des valeurs ou objectifs précis. législative.

18 - Rapport CPO précité, octobre 2010, page 264 et Étude Banque de France : « Situation financière des PME de l’industrie manufacturière, une comparaison
pour six pays européens », janvier 2009
19 - Observatoire du financement des entreprises : «Rapport sur le financement des PME-PMI et ETI en France», avril 2011
20 - DGTPE, lettre n°23 de novembre 2007
21 - Rapport Retailleau précité, page 70
22 - Rapport CPO précité, octobre 2010, pages 264 et suivantes
23 - Loi de finances pour 2011, article 38

16 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


La fiscalité doit-elle influer sur l’arbitrage
fonds propres / endettement ?

Le constat Enfin, un des constats tirés des Cette évaluation n’a pas réellement
comparaisons franco-allemandes est eu lieu mais à la suite du rapport, le
La question même de l’insuffisance que les entreprises allemandes législateur a recentré le dispositif de
des fonds propres fait débat. Selon le disposent d’un auto-financement 1,44 réduction d’impôt sur le revenu pour
CPO, « la comparaison internationale fois plus élevé en moyenne que leurs souscription au capital des PME sur
des PME industrielles réalisée par la homologues français. Cette situation le capital risque (23).
Banque de France ne montre pas de présente un inconvénient pour les ETI
problème spécifique de niveau de fonds et PME : elles sont dépendantes du De son côté, l’Observatoire constate
propres en France » (18). crédit bancaire, qui est devenu plus que la stabilité des fonds propres
Cette observation semble confirmée rare, ce qui est donc un frein pour trouve en partie sa « contrepartie
par l’Observatoire du financement des leur croissance. Depuis la crise dans une chute des investissements,
entreprises sur la base d’un examen des financière, l’auto-financement est qui risque de handicaper certaines
bilans de PME et ETI françaises à fin devenu « une variable décisive du entreprises dans la phase de sortie de
2009. L’Observatoire indique que « la potentiel de croissance » (21). crise ».
bonne tenue des fonds propres pendant Certes, diverses mesures ont été
la crise s’inscrit dans une tendance prises pour palier cette situation Il note également que des
longue de renforcement régulier de la (par exemple, les financements par incertitudes préoccupantes pèsent
part des fonds propres dans le bilan des les banques publiques type Oséo, le sur l’offre de financement : « les
PME-PMI depuis la fin des années 90 ; régime de la cession bail immobilière, segments amont du capital
la crise ne semble pas avoir remise en en complément de mesures plus développement (tout particulièrement
cause cette évolution » (19). anciennes telles que le taux réduit de le capital risque) peinent à trouver de
15 % sur les bénéfices des PME, la nouveaux fonds et reposent
Il est toutefois permis de lire ces
réduction d’ISF et d’impôt sur le aujourd’hui principalement sur
informations avec prudence.
revenu pour les sommes investies au l’épargne des particuliers incitée par
En effet, l’étude de la Banque de capital des PME, etc.). d’importantes dépenses fiscales ou sur
France, sur laquelle s’appuie le CPO, la place grandissante prise par des
se limite à la comparaison entre Cependant, tant le CPO que acteurs publics… ». On pourrait
entreprises industrielles européennes l’Observatoire du financement font ajouter à cela la contrainte que fait
et s’appuie sur des données tirées de un certain nombre de constats peser directement ou indirectement
la période 1994 / 2006 donc critiques qui nous semblent se le poids de la dette publique sur
relativement anciennes et en tout cas rejoindre. l’offre de crédit dans l’avenir.
antérieures à la crise du crédit.
L’Observatoire conclut en soulignant
Par ailleurs, une étude de la DGTPE Les insuffisances le rôle incontournable des
publiée en 2007 (20) relève que particuliers dans le financement des
« l’importance des capitaux propres Ainsi, le CPO estime dans son PME grâce aux incitations fiscales : «
comme mode de financement décroît rapport d’octobre 2010 que les il serait préoccupant que ce rôle soit
en moyenne avec la taille de la société : différents dispositifs dérogatoires moins actif et au contraire
leur part est de 42 % pour les TPE, de «ne permettent pas d’orienter souhaitable qu’il le devienne
35 % pour les PME et de 32 % pour les l’investissement vers les PME qui ont le davantage. L’Observatoire est
grandes entreprises. Ce résultat ne plus de difficulté à trouver des convaincu qu’il y a place pour un
signifie pas pour autant que les TPE et capitaux, telles notamment celles à remodelage des incitations fiscales
PME ont des capitaux propres en hauts risques ou en phase permettant de les optimiser pour
niveau suffisant. Il témoigne d’amorçage» et propose d’évaluer obtenir un effort d’investissement plus
simplement de la plus grande difficulté l’impact économique de certains sélectif et efficace dans le cadre des
pour ces entreprises d’accéder à un dispositifs (comme les réductions contraintes de finances publiques ».
financement externe ». d’impôt sur le revenu et d’ISF liées à
la souscription au capital des PME et
à la souscription aux parts de fonds
communs de placement) (22).

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 17


La fisc alité de l’épargne et celle de l’actionnaire
suffiront-elles à stimuler l’investissement?

Dans ce contexte, nous Ainsi, un durcissement de la fiscalité A l’inverse, s’il s’avère qu’il y a
recommandons que toute des distributions ne risque-t-il pas de effectivement insuffisance de fonds
modification législative détourner les investisseurs en capital propres face aux besoins des
susceptible d’affecter les fonds vers d’autres investissements ? entreprises dans l’avenir ou qu’un
propres des entreprises soit tel risque est probable, il
Un tel durcissement serait-il
précédée d’une évaluation conviendrait de se demander si la
compatible avec la reconnaissance
générale des dispositifs fiscalité de l’entreprise peut être un
nécessaire de la prise de risque, cf.
existants. bon outil pour y remédier, en
recommandation 6 ci-après ?
complément de la fiscalité de
l’épargne et de celle de l’actionnaire
• fiscalité de l’entreprise
(régime des souscriptions au
Les pistes de réflexion capital et régime des distributions
Dans son rapport d’octobre 2010, le
Trois axes possibles de réforme se précédemment évoqués).
CPO suggère également un
dégagent : la fiscalité de l’épargne, la durcissement de la fiscalité du Si tel est le cas, nous avons identifié
fiscalité de l’actionnaire et la fiscalité de financement, tant d’origine interne différentes variantes pour y parvenir.
l’entreprise elle-même, si tant est que aux groupes qu’externe. On peut
l’on puisse distinguer ces trois sujets. comprendre cette idée d’un point de Une première variante serait
vue budgétaire mais on se demande l’application d’un taux réduit aux
• fiscalité de l’épargne néanmoins si elle est opportune bénéfices mis en réserves, comme
compte tenu du constat tiré par c’est le cas en Allemagne (personnes
L’Association française des physiques qui tirent des profits d’une
l’Observatoire du financement (cf.
Investisseurs en Capital (AFIC) entreprise individuelle ou d’une
ci-dessus). Pour faire une
propose six mesures louables pour société de personne, imposées à un
recommandation sur ce sujet, il nous
orienter l’épargne vers les PME, dont taux réduit de 28,25 % si ces profits
semble donc nécessaire de mener
cinq apparaissent en réalité comme restent investis dans l’entreprise).
une étude d’impact.
des objectifs, dont la réalisation Cette proposition a été présentée à
pourrait être facilitée par des mesures différentes reprises et rejetée sans
En toute hypothèse, même si l’on
fiscales (24). guère de débat (25), ce qui nous
estime les fonds propres des
entreprises, et notamment ceux paraît regrettable.
• fiscalité de l’actionnaire des PME et ETI, globalement Une seconde variante consisterait à
suffisants, les développements élargir l’application du taux réduit de
L’AFIC propose un « aménagement du
précités du rapport de l’impôt sur les sociétés de 15 %
dispositif de réduction d’impôt sur le
l’Observatoire du Financement (aujourd’hui réservé aux sociétés
revenu pour les personnes souscrivant
suggèrent qu’il pourrait être utile indépendantes réalisant moins de
au capital de PME et aux parts de FCPI
de stimuler l’investissement pour 7,63 millions d’euros de chiffres
et FIP ». Nous relevons que le
accompagner la sortie de crise. d’affaires et pour une fraction de
dispositif vient à peine d’être modifié
et nous soulignons à nouveau la bénéfice limitée à 38 120 euros),
Dès lors, une réflexion devrait être mais en le subordonnant au
nécessité d’une étude d’impact avant
menée sur l’intérêt d’une stimulation réinvestissement des profits dans
de lancer toute autre modification.
générale (par exemple à travers le l’entreprise (26). Cela permettrait à
Par ailleurs, le CPO suggère dans son taux de l’impôt sur les sociétés ou un plus grand nombre d’entreprises
rapport précité un durcissement de la des mesures en faveur de la création de profiter du taux réduit, quitte à
fiscalité des distributions (24). Cette d’incorporels, cf. recommandation 7 élargir la base d’imposition en
idée va intuitivement dans le sens ci-après) ou plus ciblée (vers certains supprimant certaines niches fiscales.
d’un renforcement des fonds propres. types d’investissements à privilégier,
notamment mais pas exclusivement,
Néanmoins, nous nous méfions de
dans la lignée des objectifs fixés par
l’intuition en matière fiscale et nous
la Commission sur le Grand
recommandons que soient évalués les
Emprunt, à travers des mécanismes
effets d’une telle proposition, de façon
d’amortissement, crédit d’impôt,
à vérifier notamment qu’elle n’aurait
etc…) à l’intérieur des marges de
pas un effet globalement négatif sur
manœuvre existantes.
les PME et ETI notamment sur le
moyen et long terme.

18 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


Taux d’impôt réduit sur les bénéfices réinvestis à l’allemande
ou « intérêt notionnel » ?

Le rapport du CPO d’octobre 2010 Le coût d’une réduction d’assiette


précité, page 258, reconnaît que « le peut être élevé puisqu’il revient à
taux réduit pour les PME a un impact réduire l’impôt sur les sociétés dû
significatif sur l’accroissement des par la société au taux plein si la
fonds propres », mais l’étude DGTPE société est en profit ; au cas
précitée souligne que le dispositif particulier, ce coût serait fonction du
bénéficie surtout aux secteurs taux de « l’intérêt notionnel ».
« abrités » (tels que la construction, le
A priori, plus le taux de « l’intérêt
commerce, les activités immobilières
notionnel » serait proche des taux
et les services à la personne).
d’intérêt réels, plus la mesure serait
Une troisième variante serait celle attractive.
formulée dans le rapport Retailleau
Enfin, la dernière variante, qui a
(27), selon laquelle : « l’entreprise
déjà été appliquée en France à la fin
pourrait opter pour trois exercices en
des années 1980, consisterait à créer
faveur de l’application à la fraction non
un supplément d’impôt sur les
distribuée des bénéfices comptables de
sociétés en cas de distributions.
l’exercice d’un taux d’impôt ramené de
Cependant, cette variante nous
33,33 % à 15 % pour la part qui
semble difficilement acceptable si
excèderait la moyenne des montants mis
elle est appliquée à partir du taux
en réserve au titre des trois derniers
actuel d’impôt sur les sociétés de
exercices et sans autre condition de taille
33,33 % (plus contributions
d’entreprise ou de composition du
additionnelles), qui est l’un des taux
capital… La fraction de bénéfice qui
nominaux les plus élevés d’Europe,
aurait bénéficié de l’avantage fiscal serait
surtout si l’on envisage d’élargir
portée dans un compte de réserve…
l’assiette de cet impôt.
L’avantage de la réduction d’impôt serait
définitivement acquis à hauteur du En conclusion, nous
montant de la réserve… à un terme recommandons d’expertiser les
éloigné au moins 5 ou 10 ans ». quatre premières variantes
(nécessité de la mesure ; effet
Une quatrième variante consisterait
économique ; coût budgétaire ;
à accorder à l’entreprise une
incidences sur la fiscalité du
réduction d’assiette notionnelle,
financement et sur celle des
c’est-à-dire purement fiscale,
distributions, etc.).
fonction de son capital ou de sa
situation nette, à l’image de la
mesure appliquée en Belgique et
connue sous le nom d’ « intérêts
notionnels ». Il conviendrait
d’examiner si un avantage de cette
nature serait plus incitatif qu’une
réduction du taux de l’impôt sur les
sociétés et quel serait son coût
budgétaire.

24- Communication AFIC de mai 2011 : améliorer les conditions de garantie de valeurs liquidatives des investisseurs en partenariat avec Oséo, relancer les
placements des assureurs dans le non coté, mobiliser une partie de l’épargne longue affectée aux fonds d’épargne retraite pour investir dans les PME,
réallouer une partie de l’épargne collectée au titre des livrets d’épargne vers le financement en fonds propres et quasi fonds propres des PME, favoriser
le développement des contrats d’assurance-vie en unités de comptes orientées vers le financement en fonds propres des PME, aménager le dispositif de
réduction d’impôt sur le revenu pour les personnes souscrivant au capital de PME et aux parts de FCPI et FIP
25 - Rapport CPO précité, octobre 2010, page 268
26 - «Il faut changer la fiscalité des PME» Jean Marc Daniel et Mathilde Lemoine, Les Echos, 27 octobre 2009
27 - Rapport Retailleau précité, page 70

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 19


Concilier objectif
environnemental
et performance de
l’entreprise
Recommandation 5 - Comment faire en sorte que
Mettre la fiscalité au service l’objectif environnemental de
de l’environnement et de cette fiscalité se concilie le mieux
la croissance possible avec l’objectif Enfin, cela rejoint un certain nombre
d’amélioration de la performance d’actions préconisées dans le rapport
Les pouvoirs publics disposent d’une de l’entreprise ? de la Commission sur le Grand
grande palette d’instruments au service Emprunt (développer les technologies
de la défense de l’environnement, que Nous recommandons tout d’abord que décarbonées et l’économie du
ce soit à travers la réglementation ou les la fiscalité cesse d’encourager les recyclage ; préparer les véhicules du
instruments économiques (fiscalité, comportements nuisibles à futur ; etc.).
marchés de permis, etc.). l’environnement. Cette question a
déjà été entendue par le À notre avis, cette recommandation
Il est acquis que face à l’objectif de Gouvernement puisque la ministre de n’est pas incompatible avec un
protection de l’environnement, la l’Écologie a récemment lancé un durcissement du régime des
fiscalité peut présenter des avantages groupe de travail sur les subventions sanctions.
par rapport à l’approche et dépenses publiques nuisibles à la
réglementaire (exemple : obtenir un biodiversité auprès du Centre Ainsi, il ne nous paraîtrait pas
objectif à un coût donné, inciter à la d’analyse stratégique (17 novembre inopportun de rendre
recherche permanente de solutions 2010). fi scalement non déductibles les
moins coûteuses, au-delà du respect indemnités dues pour
des simples normes). Nous recommandons ensuite dédommagement en matière
que la fiscalité encourage les d’atteintes à l’environnement,
Il est également acquis que le choix comportements vertueux (comme c’est déjà le cas pour
de l’instrument économique dépend plutôt que de pénaliser les beaucoup d’amendes).
notamment du type de dommage comportements contraires lorsque
environnemental et de pollueur visé. l’entreprise n’a pas d’alternative. Pour finir, il nous semble
On reconnaît que l’outil fiscal est en important de simplifier la fiscalité
général préférable (aux autres Ce point est important pour améliorer environnementale, marquée
instruments économiques) lorsque l’acceptabilité des écotaxes (on se aujourd’hui par une grande
les pollueurs sont nombreux et souvient par exemple des critiques diversité d’assiettes, de faits
dispersés (28). formulées au sujet de la taxe carbone générateurs, de redevables et de
au nom des personnes vivant ou bénéficiaires.
Si l’on situe ce constat dans le contexte travaillant en milieu rural et qui
de la performance des entreprises, et n’avaient pas d’alternative à Certes, cet objectif n’est pas évident
une fois admis qu’une fiscalité l’utilisation de la voiture). Ce point est d’autant qu’une taxe
environnementale est nécessaire, également important pour amener les environnementale est souvent
nous avons retenu les deux questions entreprises à trouver des solutions d’autant plus efficace que son assiette
suivantes, parmi les nombreuses nouvelles, qui pourront développer est corrélée avec la nature du
autres questions posées : leur potentiel d’innovation dommage, d’où la profusion de ces
technologique (cf. recommandation 7 taxes.
ci-après) et constituer des savoir-faire
leur donnant un avantage par rapport
à la concurrence.

28 - Lettre DGTPE n° 19 de septembre 2007 : « Les instruments économiques au service des politiques environnementales » ; voir également Guillaume Sainteny,
« L’écofiscalité comme outil de politique publique », Guillaume Sainteny Revue Française d’Administration Publique, 2010 n° 134, pages 354 et suivantes
29 - Note 10 ci-dessus
30 - Cf. Guillaume Sainteny, « Taxe professionnelle et développement durable : l’occasion manquée », Guillaume Sainteny, Les Echos du 16 octobre 2010
31 - Lettre de la Direction des Études Économiques et de l’Évaluation Environnementale de janvier 2007 :
« protection de la compétitivité industrielle, politique climat et OMC »

20 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


Concilier objectif
environnemental
et compétitivité
extérieure
Nous notons néanmoins certains Verdissement de la TVA
efforts, par exemple l’instauration du
versement pour sous-densité Le verdissement de la TVA pourrait
précédemment évoqué (29), qui s’opérer par l’instauration d’un taux
s’inscrit à la fois dans un objectif de réduit pour les produits ayant fait
simplification des taxes d’urbanisme l’objet d’une forme d’éco-conception
et de maîtrise de l’étalement urbain. ou du recours à une analyse de cycle
de vie du produit, critères qui
Nous recommandons que cette pourraient être vérifiés par l’Ademe
simplification soit assurée par le par exemple, ou pour certains
« verdissement » des taxes existantes, produits électriques ou électroniques
chaque fois qu’il n’apparaît pas dans les classes de consommation
possible d’identifier ou de quantifier d’électricité les plus basses (classe A).
le dommage environnemental. À Bien entendu, ces propositions
titre d’exemple, nous nous sommes devraient être examinées dans le
interrogés sur l’opportunité d’un cadre du droit communautaire
« verdissement » de la fiscalité locale (notamment directives TVA et
et de la TVA. règlementation des aides d’État).

Verdissement de la fiscalité locale Comment faire en sorte que la


fiscalité environnementale ne
La réforme de la taxe professionnelle fasse pas perdre l’entreprise en
aurait pu être l’occasion d’introduire compétitivité extérieure ?
des dispositions favorables à
l’environnement. La seule disposition Se pose ici la question de la
environnementale identifiée réside protection de la compétitivité
dans la réduction d’un tiers de la industrielle de nos entreprises. Nous
valeur locative des installations recommandons les solutions prises
destinées à la lutte contre la pollution ensemble à l’échelle communautaire
des eaux et de l’air (30). ou internationale, même si nous
sommes conscients des difficultés
Ce verdissement pourrait s’opérer à d’une telle approche (exemple du
travers d’autres réfactions des valeurs débat sur les ajustements de taxes
locatives (par exemple pour les aux frontières…) (31).
bâtiments dits « verts », les travaux de
rénovation) ou un taux réduit de En conclusion, nous
cotisation sur la valeur ajoutée (lié par recommandons une fiscalité verte
exemple aux résultats d’un bilan à la fois plus simple, plus ancrée au
environnemental, que ce soit un niveau local et plus coordonnée au
« bilan carbone » - mais il existe bien niveau européen et international.
d’autres dommages que ceux causés
par le carbone - ou une certification
ISO 14001, étant entendu que celle-ci
n’a pas de caractère obligatoire) qui
encourageraient les entreprises à
maintenir un axe de progrès ou
d’amélioration continue.

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 21


« Se préparer à tirer parti des changements…
tout en sécurisant le mouvement ».

Recommandation 6 - Nous notons que le problème du Nous pensons que cet


Encourager la prise de risque financement des retraites et la accompagnement devrait porter en
situation des taux bas militent priorité sur les jeunes (le terme
Il est souvent prétendu que les néanmoins aujourd’hui pour ménager restant à définir) et sur les créateurs
Français n’aiment pas le risque. une épargne peu risquée et en tout cas d’entreprise ayant une activité dans
une épargne longue (34). l’entreprise. Nous recommandons
Or, la prise de risque mesurée et l’étude des deux propositions
assumée est en partie à l’origine des Le rapport IGF d’août 2010 sur les suivantes.
réussites économiques. Cette aversion niches fiscales liées à l’épargne va
au risque se traduit notamment par au-delà et considère que les avantages La première consisterait à créer un
une attirance pour les placements sans fiscaux liés à la détention d’actions ne compte d’épargne dont la fiscalité
risques et une réticence au compenseraient pas suffisamment serait favorable (abondement,
changement, qui ne servent pas la l’aversion des Français au risque. En prime, exonération de la plus-value
croissance. On retrouve cette aversion d’autres termes, il serait souhaitable de sortie…) en cas de déblocage des
dans les réactions des Français face à de ménager l’épargne à faible risque fonds après une certaine durée et
la mondialisation, perçue comme un tout en encourageant l’épargne à avant un certain âge (à définir)
risque pour l’emploi et une source risque, sorte de quadrature du cercle. pour investir en capital dans une
d’appauvrissement. Enfin, cette PME dans laquelle l’épargnant
aversion semble plus forte chez les plus L’analyse ci-dessus nous semble devenu investisseur en capital
jeunes et chez les moins formés. justifier une stabilisation de la fiscalité aurait une activité.
des dividendes et des plus-values, qui
Le rapport Attali précité a bien posé le sont généralement les produits d’une Cette mesure que l’on pourrait
rôle du risque dans les conditions d’un prise de risque et méritent de ce fait un appeller « le compte futur
retour à la croissance : « (la croissance) régime de faveur. Nous entrepreneur » pourrait encourager les
suppose la conjugaison de différents recommandons donc de ne pas vocations d’entrepreneur en amont en
facteurs : une population active… et aggraver la fiscalité des dividendes et favorisant l’aspiration à la création, à
dynamique, un savoir et des des plus-values tant pour les la reprise d’entreprise, ainsi que
innovations technologiques…, une personnes physiques que pour les faciliter l’entrée des salariés au capital
concurrence efficace, une ouverture à entreprises. de leur entreprise et faciliter le
l’étranger. Elle passe aussi par une développement des entreprises
démocratie vivante, une stabilité des Et ce d’autant que si on applique la existantes.
règles, une justice sociale. Elle exige la recommandation 4 ci-dessus
tolérance, le goût du risque, le succès, le (préserver les fonds propres et La seconde consisterait à
respect pour l’échec… » (32). favoriser l’autofinancement des réintroduire au bénéfice des
entreprises), on risque de limiter le créateurs d’entreprise le
En cohérence avec cette analyse, le volume des distributions de mécanisme de déduction des pertes
rapport fixe comme objectif de dividendes. en capital du revenu global qui
« modifier la fiscalité de l’épargne pour existait jusqu’en 2006 en cas de
favoriser le risque plus que la rente », Enfin, la prise de risque pourrait aussi pertes du fait de la cessation des
propose de « réorienter massivement le être accompagnée par des paiements de la société dans un
régime fiscal de l’assurance-vie et du plan mécanismes de sécurisation ou certain délai, comme mécanisme
d’épargne en actions vers l’épargne d’atténuation de l’échec. Le rapport d’atténuation de l’échec.
longue investie en actions » et suggère Attali précité insiste justement sur la
différents moyens pour y parvenir (33). nécessité de « se préparer à tirer parti
des changements… tout en sécurisant le
mouvement ».

31 - Rapport précité, page 10


32 - Rapport précité, décision 305 page 214
33 - Compte-rendu Commission des Finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire, 26 janvier 2011, audition de Messieurs Bruneau, Piketty et
Thesmar, pages 10 et 15

22 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


Recommandation 7 - Nous ne reviendrons donc pas sur les Dans ces conditions, il est très
Préserver la fiscalité des débats relatifs à l’encadrement du difficile en pratique d’obtenir
incorporels technologiques et crédit d’impôt recherche, qui nous la déduction fiscale de
rendre plus attractive la parait devoir être préservé compte l’amortissement.
fiscalité des incorporels tenu de son impact sur l’innovation,
commerciaux la croissance et sans doute l’emploi Il a été relevé que l’absence
des chercheurs (37). Nous souhaitons d’amortissement du fonds de
L’objectif d’attractivité est à mettre en simplement insister sur la nécessité commerce et des incorporels
perpective avec la concurrence fiscale d’une bonne coordination entre commerciaux faisait figure
que se livrent les Etats pour attirer les administrations dans la validation du d’ « exception française » par rapport
activités les plus mobiles et les plus crédit d’impôt recherche. aux règles comptables européennes
créatrices de richesse. (quatrième directive du 25 juillet 1978
En revanche, la fiscalité des imposant l’amortissement des sommes
Ce sujet de la concurrence fiscale a incorporels commerciaux (fonds de inscrites au poste « fonds de
généré de nombreuses réflexions commerce, marques, etc.) est commerce » sur cinq exercices au
d’ordre économiques, juridiques ou nettement moins attractive que celle maximum) et internationales (cf.
politiques, dont beaucoup débouchent de pays comme l’Allemagne, les norme IAS 38 dans sa version de 1998
sur des propositions de réduction du États-Unis, le Royaume-Uni, sans prescrivant un amortissement
taux de l’impôt sur les sociétés (35) parler de celle des Pays-Bas, du systématique de toutes les
assorties d’un élargissement des bases Luxembourg ou de l’Irlande (38). immobilisations corporelles, principe
fiscales ou pour une répartition des maintenu dans la révision de 2004
bases fiscales à l’échelle de l’Union Or les marques sont devenues un pour les fonds de commerce à « durée
Européenne selon des facteurs facteur clé d’attraction et de d’utilité finie »).
économiques (projet d’assiette fidélisation de la clientèle justifiant
commune consolidée ou CCCTB) (36). souvent une partie importante des L’absence de déduction fiscale
profits de l’entreprise. contraste aussi avec la comptabilité
Nous avons choisi de ne pas aborder sociale française, qui distingue selon
cette question centrale dans ce cahier S’agissant ainsi de l’amortissement des que le fonds de commerce a une durée
et de privilégier, dans une perspective incorporels attachés à un fonds de de vue déterminable ou non.
à plus court terme, où la concurrence commerce, on sait que la
fiscale est une réalité, le maintien des jurisprudence ne l’admet que s’il est Depuis 2005, l’entreprise a, dans le
régimes fiscaux attractifs dont dispose normalement prévisible lors de sa premier cas, l’obligation d’amortir son
la France et leur extension à d’autres création ou de son acquisition, que ses fonds de commerce, même si les
activités créatrices de richesse. effets bénéfiques prendront fin à une entreprises sont encore réticentes à
date déterminée et si, lorsque cet pratiquer l’amortissement,
Le constat de départ est que la France élément fait partie des éléments notamment du fait du caractère non
dispose d’une fiscalité attractive en constitutifs d’un fonds et qu’il est déductible au plan fiscal.
matière d’incorporels technologiques représentatif d’une certaine clientèle
(régime des licences de brevets, crédit attachée à ce fonds, il est dissociable
d’impôt recherche, amortissement des autres éléments représentatifs de
des brevets, etc.). la clientèle.

35 - «Quelle réforme fiscale pour la France». Christian Saint-Etienne, 29 mars 2011


36 - Voir par exemple, Stratégies Fiscales des Etats et des entreprises : souveraineté et concurrence, sous la direction de Michel Aujean et Christian Saint-Etienne in Les
Cahiers du Cercle des économistes, 11 mars 2009. Sur le projet de base fiscale consolidée, voir la proposition de directive du Conseil présentée par la Commission
Européenne le 16 mars 2011
37 - Rapport d’information fait au nom de la Commission des Finances du Sénat de mai 2010 ; Rapport d’information déposé par la Commission des Finances, de l’Économie
Générale et du Contrôle Budgétaire de juin 2010, spécialement page 24, et Rapport de l’IGF « Mission d’évaluation sur le CIR » de juillet 2010
38 - Voir par exemple Droit fiscal novembre 2010, « Création, acquisition et exploitation des actifs incorporels en France ou à l’étranger ». Emmanuel Picq et Pierre Escaut

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 23


Dans le second cas, les règles Ce résultat se comprend mal alors
françaises n’acceptent pas qu’économiquement, certains fonds ou
l’amortissement sur les « goodwills » éléments de ces fonds perdent de la
et fonds commerciaux et obligent en valeur. De surcroît, ce résultat conduit
contrepartie à un test de dépréciation les groupes à faire acquérir certains
obligatoire, qui permet chaque année incorporels commerciaux par leurs
de bien prendre en compte la perte de filiales étrangères, dans des
valeur des fonds. juridictions fiscalement plus
avantageuses, et à facturer l’usage de
Or, les règles comptables françaises ces incorporels aux sociétés françaises,
sont moins précises que les règles IFRS ce qui réduit la base taxable française.
et n’engendrent pas nécessairement
autant de dépréciation que dans les Dès lors, nous recommandons
comptes IFRS. De surcroît, quand il y a d’examiner l’opportunité d’aller
dépréciation, la fiscalité ne permet pas jusqu’au bout de cette évolution par
la déduction de ces dépréciations une évolution législative qui poserait
calculées sur des cash-flows futurs les bases d’un amortissement fiscal
actualisés. Et donc in fine, ni des éléments incorporels du fonds de
l’amortissement ni la dépréciation ne commerce.
sont déductibles.

Maintenir la fiscalité de la
recherche

Améliorer la coordination
entre administrations en
matière de crédit d’impôt
recherche

Soumettre les éléments


incorporels du fond de
commerce à une logique
d’amortissement fiscal

38 - Rapport précité, page 236.

24 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 25
4. Conclusion et méthodologie
de mise en œuvre

XXXX
26
26 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
A l’issue de ce travail, nous voudrions Sur le même modèle, nous proposons Recommandation 2 -
souligner le foisonnement des idées le plan d’action suivant pour la Simplifier les obligations
exprimées depuis une dizaine discussion, la validation et la mise en déclaratives
d’années sur le thème de la fiscalité et œuvre des recommandations
de la performance des entreprises, formulées. Nous recommandons les actions
que ce soit par les organisations suivantes :
socioprofessionnelles, les Recommandation 1 -
parlementaires, les services de Tendre vers le principe d’un • partager plus largement les
l’administration centrale, les « think- impôt par base travaux réalisés à ce jour dans le
tanks », dans de nombreux rapports, domaine de « l’e-administration »
livres blancs et articles. Nous recommandons les actions (travaux de l’administration et
suivantes : notamment sur les initiatives
En revanche, peu de ces travaux XBRL, travaux du groupe de
abordent la méthodologie de mise en • charger un groupe de travail travail sur la réforme
œuvre. Le rapport Attali précité nous d’étudier la faisabilité d’une administrative des PME dit
semble un des rares rapports récents « fusion » des impôts et autres rapport Novelli de septembre
qui se soient avancés sur ce sujet. Le prélèvements existants en matière 2007 - et notamment sur le
rapport proposait un plan de mise en fiscale et sociale, soit par mise en concept de guichet unique virtuel
œuvre pour chacune des décisions commun d’impôts ayant la même -, travaux d’expertise de la
fondamentales. assiette soit par élimination Commission sur le Grand
d’assiettes inefficaces, et de Emprunt en 2009, etc.) comme
Ce plan devait prendre en compte dresser une liste exhaustive des point de départ d’une
« les exigences de concertation, de propositions en ce sens ; consultation ;
communication et de déploiement
propres à chacune (des décisions), en • charger un groupe de travail de • assurer une consultation des
particulier l’identification des attentes réaliser une étude d’impact de ces entreprises et des organisations
spécifiques et du degré d’adhésion de propositions (coûts, notamment professionnelles sur l’état de ces
chaque catégorie d’acteurs, budgétaires, avantages, options travaux et charger un groupe de
l’identification des pré-requis pour possibles, exclusion des fausses travail pluri-disciplinaire
chaque décision (décisions de simplifications) en y associant les (comptabilité, informatique,
rééquilibrage et de compensations diverses parties prenantes fiscalité, juridique…) de lister les
éventuelles des coûts supportés par (représentants des entreprises et possibilités de simplifier les
certaines catégories d’acteurs, des administrations, obligations déclaratives.
gouvernance nécessaire à la mise en commissariat à la simplification,
place de ces décisions), représentants des utilisateurs, • assurer la coordination avec le
l’interdépendance avec d’autres organisations professionnelles commissariat à la simplification.
décisions (effets d’imbrication, e.g. Compagnie Nationale des
coordination nécessaire entre les Commissaires aux Comptes, Calendrier : création du groupe de travail
mesures), l’estimation des Conseil Supérieur de l’Ordre des et conclusions d’ici à décembre 2011
investissements nécessaires (pour la Experts-Comptables, etc.).
mise en œuvre de la mesure proprement Ces actions pourraient utilement
dite et pour l’accompagnement du Calendrier : création des groupes de faire suite aux travaux de la
changement) les modalités de mise en travail et conclusions d’ici à décembre commission Warsmann, et aux
œuvre et notamment le recours à 2011 assises de la simplification qui se
l’expérimentation préalable dans sont déroulées en avril 2011.
certains cas » (38).

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 27


Recommandations 3 à 7 -
Mettre l’impôt au service À ce stade, nous recommandons que • verdissement de la fiscalité locale
soient menées des études d’impact (par exemple par le biais de
d’une croissance durable
(coûts, avantages, étude des réfaction de base, de taux réduit
Ces recommandations ont un alternatives, etc.) sur les de cotisation sur la valeur
caractère largement plus politique propositions suivantes : ajoutée) et de la TVA (par
que celles relatives à la exemple par le biais de taux
simplification du système fiscal. • reconnaissance d’un principe réduits) pour encourager les
juridique de fiscalité de la démarches d’amélioration
Par conséquent, il nous semble croissance durable ; continue ou les éco-produits ;
qu’elles ne pourront être conduites durcissement du régime fiscal des
que si une volonté politique forte • mise en œuvre d’une fiscalité indemnités dues pour
émane du Parlement ou du favorable sur les bénéfices mis en dédommagement en matière
Gouvernement, que ce soit dans le réserve (et notamment par d’atteinte à l’environnement ;
cadre de la réforme annoncée de l’application d’un taux réduit
l’épargne, des lois de finances, ou d’impôt sur les sociétés à ces • stabilisation de la tendance à
d’une reforme plus fondamentale du bénéfices) ; élargissement du l’aggravation de la fiscalité des
système fiscal. champ d’application du taux dividendes et plus-values ;
réduit (quitte à élargir la base création d’un compte d’épargne
d’imposition) ; « futurs entrepreneurs » favorisant
l’aspiration à la création, à la
• mise en œuvre d’une fiscalité reprise d’entreprise ou à
orientant une partie de l’épargne l’association au capital, et
vers l’investissement dans les réintroduction d’un mécanisme
PME et le financement en fonds de déduction des pertes en capital
propres du revenu global.

• mise en œuvre d’incitations • mise en œuvre d’une fiscalité plus


fiscales à certains investissements favorable des incorporels
spécifiques (notamment par commerciaux (et notamment
rapport aux objectifs du Grand reconnaissance de l’amortissement
Emprunt, éventuellement fiscal du fonds de commerce).
révisés)
Calendrier : création d’un groupe de
travail et conclusions d’ici à décembre
2011

28 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise


Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 29
Programmes fiscaux des
partis politiques à mai 2011

30
Fiscalité et performance de l’entreprise
Nous présentons ci-après MODEM 3 Parti Socialiste 5
un résumé des programmes
• Abandonner le bouclier fiscal • Abandonner le bouclier fiscal
politiques ou de certaines
idées exprimées par les • Créer une plus forte progressivité de • Fusionner l’impôt sur le revenu et la
l’impôt sur les hauts revenus et les CSG (fiscalité plus progressive) ;
représentants des principaux bonus prélèvement à la source
partis politiques dans la
• Refondre l’imposition des • Soumettre les revenus du capital,
presse à mi mai 2011 : successions, du patrimoine, des bonus et stock-options au barème de
plus-values et dividendes l’impôt sur le revenu
(élargissement de la base de
• Mettre en place une TVA
taxation et plus forte progressivité)
« éco-modulable »
Europe Ecologie Les Verts 1 • Réduire les niches fiscales
• Le taux de l’impôt sur les sociétés
• Harmoniser la taxation des revenus • Créer un plan de lutte contre la passerait de 33,33% à 20% pour les
du capital et du travail fraude fiscale entreprises réinvestissant leurs
bénéfices et augmenterait jusqu’à
• Augmenter la CSG sur les revenus • Favoriser les comportements
40% pour celles qui privilégient les
du patrimoine, les plus-values éco-responsables
dividendes ; surtaxe de 15% pour les
mobilières et les stocks-options
banques et établissements
• Etudier la possibilité d’une taxation financiers; taxation des «super
Nouveau Centre
des dividendes à la source profils» des groupes pétroliers
• Maintenir et aménager l’ISF ;
• Introduire une fiscalité écologique • Recentrer le crédit d’impôt
instaurer une nouvelle tranche
d’impôt sur les très hauts revenus ; recherche sur les dépenses de
faciliter les cessions de PME au recherche des PME et des
Front National 2
entreprises industrielles stratégiques
moment de la retraite
• Maintenir l’impôt de solidarité sur la • Mettre en place une taxe de 0,05%
• Réduire les niches fiscales
fortune sur le foncier et le non- sur les transactions financières au
foncier • Obtenir une meilleure coordination niveau européen
des politiques fiscales européennes
• Fusionner l’impôt sur le revenu et la • Augmenter les droits de douane sur
(engagement de respecter une
CSG les produits provenant de pays ne
fourchette de taux d’imposition, qu’il
• Refondre la TVA s’agisse de l’impôt sur le revenu, respectant pas les normes
l’impôt sur les sociétés ou la fiscalité internationales en matière sociale,
• Rendre l’impôt sur les sociétés sanitaire et environnementale
de l’épargne)2
« plus juste »
• Augmenter les droits de douanes UMP 6
Parti Communiste 4
• Faire converger la fiscalité française
• Réformer complètement la fiscalité avec celle de l’Allemagne
• Augmenter le niveau de taxation des • Aménager ou supprimer l’ISF
grandes fortunes
• Réformer les droits de succession
• Augmenter le niveau de taxation sur
• Taxer les plus-values de cession de la
les revenus spéculatifs
résidence principale au dessus d’un
certain seuil
1 - Notamment www.sondage-elections.com
2 - Conférence de presse Marine Le Pen, avril 2011, selon www.toutsurlesimpots.com dans l’attente des travaux de la Commission économique du parti qui envisage de rendre
ses travaux en juin 2011. Selon la presse, une des propositions à l’étude serait la transformation de l’impôt sur les sociétés en un impôt basé sur la différence entre le chiffre
d’affaires et la masse salariale (cf. Challenge, 20 avril 2011)
3 - 4 - www.sondage-elections.com
5 - Propositions du PS, 5 avril 2011, site www.partisocialiste.fr ; proposition de loi tendant à améliorer la justice fiscale, à restreindre le «mitage» de l’impôt sur les sociétés et à
favoriser l’investissement, qui propose un système de bonus-malus du taux de l’impôt sur les sociétés en fonction de la politique de distribution, une suppression du régime
du Bénéfice Mondial Consolidé et un dispositif plafonnant les dispositions fiscales dérogatoires à 50% de l’impôt sur les sociétés exigible au titre d’un exercice
6 - Nous n’avons pas identifié de « programme fiscal de l’UMP » formalisé comme tel à ce jour. En revanche, Jérôme Chartier, député et secrétaire national UMP chargé de la
fiscalité s’est exprimé sur certaines idées que nous résumons ci-dessus. Voir par exemple www.députés-UMP.fr: « la fiscalité sera le sujet majeur de 2011 », 18 octobre 2010 ;
L’expansion, 18 janvier 2011, « réforme du patrimoine : ce que propose l’UMP » ; Journal du Dimanche, 3 mars 2011, « le plan de l’UMP pour réformer la fiscalité »

Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise 31


Landwell & Associés

Landwell & Associés est,


en France, la société d’avocats
d’affaires membre du réseau
international PwC.

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32
32 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
Avec près de 500 avocats et L’offre de services de Landwell & Landwell & Associés dispose
professionnels à Paris Associés combine les d’expertises complémentaires en
compétences complémentaires fiscalité, droit des affaires et droit du
(Neuilly-sur-Seine) et en de ses avocats et professionnels travail que nous combinons si
régions Landwell & Associés pour répondre avec efficacité nécessaire avec celle des autres
offre sa pluridisciplinarité aux enjeux clés de ses clients, métiers du réseau PwC : audit et
pour mettre en œuvre les notamment : expertise comptable, ainsi que
conseil en stratégie, en management
projets de ses clients, quelle et en transactions.
qu’en soit la taille ou la • La mise en place des structures, leur
complexité, de dimension adaptation, l’optimisation des Le réseau international PwC, un des
investissements et la gestion des leaders mondiaux du conseil aux
nationale ou internationale. opérations de croissance ; entreprises garantit à ses clients à la
fois les moyens et la puissance d’une
• L’amélioration des résultats, organisation mondiale, mais aussi la
l’optimisation des flux corporels, compréhension et la prise en compte
incorporels ou financiers, la de différences économiques ou
mobilisation et la valorisation des culturelles locales.
ressources humaines ;
Ses collaborateurs partagent points
• La maîtrise des risques, la de vue, expériences et solutions pour
sécurisation des politiques de proposer des perspectives innovantes
l’entreprise, la prévention et la et des conseils adaptés à chaque
gestion des contentieux. situation particulière.

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Contribuez…
Que vous soyez favorables ou défavorables à ces propositions, si vous souhaitez contribuer
au débat, nous vous serions reconnaissants de nous faire part de vos observations ou
témoignages. Nous nous engageons à vous répondre.

Emmanuel Picq
Avocat associé
Landwell & Associés
61 rue de Villiers
92200 Neuilly-sur-Seine
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Fax : 01 56 57 42 10

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