Fiscalité Et Performance de L'entreprise: Contribution Au Débat Sur La Réforme Fi Scale
Fiscalité Et Performance de L'entreprise: Contribution Au Débat Sur La Réforme Fi Scale
Fiscalité Et Performance de L'entreprise: Contribution Au Débat Sur La Réforme Fi Scale
de l’entreprise
Contribution au débat
sur la réforme fiscale
Mai 2011
Préface
Un an avant les élections Que tous les contributeurs ou Sur cette base, nous formulons deux
présidentielles de mai 2012, dont un inspirateurs de ces travaux en soient grands objectifs et sept
des enjeux sera assurément la remerciés (1). recommandations déclinées en dix
réforme du système fiscal français, actions concrètes orientées vers la
Landwell & Associés, société S’agissant de la méthode, le cahier simplification de la fiscalité et sa
d’avocats membre du réseau s’inspire du premier rapport de la mise au service de la croissance.
international PwC, a le plaisir de commission pour la libération de la
vous présenter ce cahier sur un croissance française présidée par Ces propositions n’aboutiront que si
aspect fondamental du débat : Jacques Attali (Documentation elles sont comprises et partagées par
comment notre système fiscal française 2008), qui partait d’un état tous les acteurs de l’entreprise, qu’ils
peut-il se concilier avec la des lieux, dégageait des objectifs et soient « utilisateurs de la fiscalité »,
performance des entreprises ? mettait en avant plus de trois cent directeurs financiers, fiscalistes,
propositions dans tous les domaines comptables, dirigeants, salariés,
Ce cahier est le fruit d’une de l’économie et de la société. actionnaires, conseils, détenteurs de
coopération avec la DFCG, association l’autorité publique, etc. et si elles
nationale des Directeurs Financiers et S’agissant du contenu, les travaux ont sont reprises et supportées par nos
de Contrôle de Gestion. La majeure été centrés sur la fiscalité de décideurs politiques.
partie des travaux effectués dans ce l’entreprise, celle de l’actionnaire et
cadre sera reprise dans un ouvrage de celle de l’épargnant, en laissant de De ce point de vue, la perspective
la collection DFCG aux Editions coté la fiscalité du travail et celle du des élections présidentielles de 2012
Eyrolles : «Améliorez la patrimoine, non pas que ces dernières est capitale. N’oublions pas enfin que
performance de votre entreprise. n’aient pas d’impact sur la la fiscalité des entreprises finit
70 recommandations concrètes », performance de l’entreprise mais toujours par être supportée par les
à paraître en septembre 2011. plutôt parce que nous estimions, à tort personnes.
ou à raison, que ni le directeur
Dans cette coopération, la DFCG a financier ni le directeur fiscal ni Que vous soyez favorables ou
apporté la vision des « utilisateurs » l’avocat fiscaliste n’ont plus de défavorables à ces propositions, si
du système fiscal et principalement légitimité qu’un autre contribuable à vous souhaitez contribuer au débat,
celle des directeurs financiers et prendre parti sur ces questions, qui nous vous serions reconnaissants de
fiscalistes. Landwell & Associés, par ailleurs ont été largement nous faire part de vos observations
société d’avocats membre du réseau débattues au cours des derniers mois. ou témoignages. Nous nous
international PwC, a apporté son engageons à vous répondre.
expertise, son regard critique et sa Nous présentons d’abord un état des
vision internationale. lieux du système fiscal français vu
par son utilisateur. Nous identifions Emmanuel Picq
ensuite les enjeux et axes de création avocat associé,
de valeur pour l’entreprise. Landwell & Associés
emmanuel.picq@
fr.landwellglobal.com
(1) Remerciements
INTRODUCTION 3
L’ESSENTIEL 5
OBJECTIFS ET RECOMMANDATIONS 11
CONTRIBUEZ… 34
XXXX
XXXX
4
4 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
Simplifier Poser le principe d’une Mettre en œuvre
fiscalité de croissance
Selon une étude récente d’IBM (1), Nous appelons à poser le principe Nous proposons une méthodologie
gérer la complexité est devenu le d’une fiscalité de croissance : tout de mise en œuvre et un calendrier de
premier défi des dirigeants. La fiscalité impôt devrait respecter au moins une suivi. Ni révolution fiscale ni
n’échappe pas à la règle. La complexité des cinq valeurs fondamentales retouches de façade mais une
est génératrice de coûts de gestion et suivantes : stimuler l’investissement, méthode basée sur la concertation,
de risques. Il est devenu impératif de stimuler l’emploi, encourager la prise l’expérimentation, la comparaison et
simplifier notre système fiscal. de risque, concilier environnement et la mesure.
croissance, encourager la création
Nous soutenons qu’il est possible de d’incorporels.
tendre vers un impôt par base, de
mettre en commun certaines Nous plaidons pour une évaluation
obligations déclaratives et de des besoins des entreprises en fonds
généraliser le guichet virtuel unique propres et des solutions envisageables
dans le cadre du développement de pour corriger leur insuffisance
l’économie numérique, même si le éventuelle, que ce soit par la fiscalité
chantier est vaste. de l’entreprise, celle de ses
actionnaires ou celle de l’épargne.
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6
Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
Cette complexité engendre pour les D’autre part, ces entreprises sont S’agissant plus particulièrement des
entreprises des coûts de gestion dans une situation particulière par ETI, « il en résulte une faiblesse pour
(au-delà des coûts de mise en rapport à l’impôt et aux l’économie française d’autant plus
conformité ou « compliance ») et des prélèvements en général. Selon préoccupante que ces entreprises
risques d’insécurité juridique certains, elles supporteraient une représentent de vrais atouts : elles sont
importants. charge fiscale et sociale plus lourde performantes… ; elles incarnent un
que les grandes entreprises et capitalisme vertueux dont les
De surcroît, cette complexité rend bénéficieraient proportionnellement principales caractéristiques sont :
l’impôt peu compréhensible par moins des dispositifs fiscaux et des
rapport à certaines valeurs jugées aides disponibles (2). • une vision de long-terme plutôt qu’un
fondamentales par les directeurs abandon aux intérêts court-termistes ;
financiers pour le développement Si l’on situe ces observations dans le
des entreprises dont ils ont la charge cadre du thème de ce cahier, on • une préférence pour l’investissement
des finances et pour le observera que les PME et ETI plutôt que pour le dividende ;
développement des personnes qui pâtissent à la fois des obstacles
vivent directement ou indirectement généraux du modèle de • des relations sociales apaisées et une
grâce à ou par ces entreprises développement français (charges culture d’entreprise forte ».
(développement économique et fiscales et sociales élevées, en
social, développement du cadre de contrepartie certes d’un marché Cet état des lieux est loin d’être
vie au sens large). intérieur stabilisé et d’une certaine exhaustif et nous aurions également
sécurité ; réglementation pu faire le constat de l’instabilité de la
Ces observations ne sont pas propres foisonnante ; financement difficile, règle fiscale, nuisible à toutes les
aux PME et ETI (« entreprises de taille etc.) et de certains handicaps plus entreprises, petites ou grandes, et
intermédiaire ») mais prennent un spécifiques, notamment un particulièrement décriée par les
relief particulier pour ces deux « dilemme entre la poursuite d’une investisseurs étrangers pour qui elle
catégories d’entreprises. D’une part, croissance modérée et l’appel à des peut constituer un frein à
ces entreprises n’ont généralement capitaux externes pour améliorer leur l’investissement.
pas les mêmes ressources internes développement », une intensité et une
que les « grandes entreprises » pour régularité dans l’exportation Nous nous sommes limités ici à
gérer l’ensemble des domaines liés à moindre qu’en Allemagne (du moins mettre en avant deux axes de
l’impôt, d’où une sensibilité plus forte pour les PME) ou encore un « retard création de valeur :
à la complexité et sans doute une de la recherche privée… (qui) vient
exposition au risque plus grande. essentiellement d’un effort insuffisant • la simplification de l’impôt ;
des entreprises ayant entre 50 et 1000
salariés » (3). • la prise en compte dans la
définition de l’impôt des valeurs
jugées par les directeurs
financiers fondamentales au
développement de leurs
entreprises dans l’environnement
qui les entoure (ci-après principe
de croissance durable).
XXXX
8
Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
La méthode utilisée dans cette étude Toutefois, si l’on replace cet
2.1 Le système repose sur la définition d’une indicateur dans le contexte
fiscal doit être entreprise de référence (PME de 60
salariés présentant certaines
français, la situation de l’entreprise
française de référence n’est pas si
simplifié caractéristiques) et sur une évaluation
au regard de trois indicateurs :
favorable qu’elle n’y paraît.
7 - Rapport CPO : « Les prélèvements obligatoires dans une économie globalisée », octobre 2009, cf.pages 186 et suivantes
8 - Rapport Retailleau précité, pages 69 et suivantes
9 - Rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, sous la présidence de Jacques Attali, Documentation française 2008, ci-après rapport Attali, page 14
XXXX
12
12 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
En revanche, l’histoire a conduit à Dans l’idéal, cette « fusion » des
3.1 Objectif : l’accumulation d’une multiplicité impôts pourrait tendre vers un
simplifier l’impôt d’impôts et prélèvements assis sur
une même base et cette multiplicité
même régime par assiette ou à tout
le moins, un taux global, une
impose des coûts de « compliance » déclaration unique, quand
(déclarations, paiements, etc.) et déclaration il y a, et un seul
de gestion élevés pour les paiement (donc un seul organisme
entreprises, les administrations et répartiteur, quitte à ce que cet
Notre réflexion aboutit à la collectivité en général. organisme réalloue le produit de
deux recommandations, l’impôt en fonction des besoins à
Par conséquent, nous satisfaire : budget de l’État, de la
qui sous l’apparence de la recommandons d’étudier la région, du département, Urssaf,
simplicité, pourraient possibilité de « fusionner » certains autres…).
s’avérer complexes, compte impôts et prélèvements portant sur
tenu des enjeux qu’elles une même base dès lors qu’ils sont Nous reconnaissons les difficultés
dus par un même redevable et alors pratiques et théoriques d’une telle
représentent et des même qu’ils ont des « affectations » ambition en ce qui concerne les
difficultés de mise en différentes. impôts et prélèvements existants (et
œuvre qu’elles sont notamment la réticence de certains
Des efforts ont déjà été entrepris en ce organismes qui pourraient préférer
susceptibles de poser : sens, ainsi l’exemple récent donné par des prélèvements affectés à leur
- tendre vers le principe la loi de finances rectificative pour 2010 mission) et nous recommandons un
d’un impôt par base en matière de taxes d’urbanisme (10). état des lieux exhaustif.
(recommandation 1) et
Il ne semble pas inconcevable d’aller Nous pensons qu’au minimum, la
- simplifier les obligations au-delà et d’envisager par exemple recommandation devrait être suivie
déclaratives une « fusion » des impôts assis sur les chaque fois qu’un nouvel impôt est
(recommandation 2). salaires, et éventuellement des envisagé, sauf s’il apparaît
charges sociales employeur (exercice nécessaire que cet impôt soit assis
probablement plus difficile). sur une assiette particulière
Recommandation 1 - (exemple des écotaxes qui peuvent
Tendre vers le principe d’un Impôts assis sur les salaires : être plus efficaces quand elles sont
seul impôt par base assises sur le dommage causé à
• taxe d’apprentissage ;
l’environnement, du moins lorsque
Les bases sur lesquelles les impôts et • participation-formation continue ; ce dommage est quantifiable, cf.
autres prélèvements sont assis sont • participation-construction ; recommandation 5).
variées : le résultat, la valeur ajoutée, • taxe sur les salaires.
le chiffre d’affaires, les salaires, les À défaut d’une véritable « fusion », du
plus-values, les autres revenus, les Cette notion de « fusion » des moins serait-il possible de tendre
valeurs locatives, les valeurs impôts doit être définie : il s’agit vers un seul paiement par type
d’acquisition, la valeur du patrimoine, ici de n’avoir qu’un seul impôt ou d’assiette (mais la simplification
etc. Chacune de ces bases peut sans prélèvement là où existent serait limitée) et surtout de simplifier
doute se justifier par rapport à la aujourd’hui plusieurs impôts dus les obligations déclaratives
légitimité de l’impôt et à son efficacité par un même redevable sur la (recommandation 2).
économique. même assiette ou d’éliminer
certaines assiettes
antiéconomiques pour les
reporter sur d’autres assiettes.
10 - La loi de finances rectificative réforme le régime des taxes d’urbanisme en les réduisant à deux taxes : d’une part, la taxe d’aménagement, qui remplacera six
autres taxes qui coexistaient jusqu’à présent et d’autre part, le versement pour sous-densité, qui s’appliquera sur les constructions en deçà d’un minimum de
densité (on voit bien avec cet exemple comment on peut concilier simplification du système fiscal et fiscalité environnementale, cf. recommandation 6)
Par conséquent, nous Sur ce thème, le rapport Warsmann Le guichet unique virtuel
recommandons de simplifier les appelle à « rationaliser le contenu des
obligations déclaratives en différents documents exigés (DADS / Le guichet unique virtuel est un
mettant en commun certaines déclaration fiscale d’impôt sur les espace administratif partagé entre
données, en harmonisant les sociétés n° 2065 / annexe / tableau des l’entreprise et les administrations,
formats et en allégeant le contenu résultats de l’annexe du rapport de une plate-forme de données
des obligations. gestion) en matière de rémunération : comptables, fiscales, sociales…
il est indispensable que le contenu de
Des efforts ont déjà été accomplis en cette information soit harmonisé, Ce concept a été exploré en France
ce sens, ainsi la loi sur la notamment avec le montant des comme un moyen de simplifier la
simplification du droit du 20 salaires portés sur la DADS, avec la tâche des entreprises (16). Il est
décembre 2007 a-t-elle simplifié les déclaration fiscale d’impôt sur les également conçu comme une
obligations des entreprises en matière sociétés n° 2065, avec l’annexe et le application de l’innovation en
de taxes assises sur les salaires : tableau des résultats des cinq derniers matière d’usage et contenus
depuis 2008, les entreprises n’ont exercices de l’annexe du rapport de numériques et comme un vecteur de
plus besoin de déclarer annuellement gestion. Cette rationalisation a pour services aux entreprises (17).
leur taxe d’apprentissage, leur objectif d’assurer une meilleure Enfin il pourrait être développé
contribution au développement de information, plus cohérente, avec le comme outil d’une relation de
l’apprentissage et leur participation à même niveau de fiabilité, et de réduire partenariat avec les administrations.
la formation professionnelle. Les le niveau des coûts de gestion ». (15)
informations nécessaires pour Nous recommandons de
l’administration, notamment les Enfin, il serait souhaitable capitaliser plus largement sur les
bases d’imposition, sont indiquées sur d’examiner la possibilité et travaux réalisés en France et à
la déclaration annuelle des l’opportunité de créer un l’étranger dans ce domaine afin
traitements et salaires. document unique qui remplisse à d’identifier toutes les potentialités
la fois la fonction des comptes du guichet unique virtuel et de la
Il semble possible d’aller au-delà en sociaux et de la liasse fiscale, dematerialisation.
mettant en commun les nombreuses quitte à dispenser les entreprises
informations relatives aux salaires de déposer certains états de ce
renseignées par les entreprises. Ainsi, document unique au greffe.
s’agissant de l’information relative
aux cinq ou dix personnes les mieux
rémunérées.
18 - Rapport CPO précité, octobre 2010, page 264 et Étude Banque de France : « Situation financière des PME de l’industrie manufacturière, une comparaison
pour six pays européens », janvier 2009
19 - Observatoire du financement des entreprises : «Rapport sur le financement des PME-PMI et ETI en France», avril 2011
20 - DGTPE, lettre n°23 de novembre 2007
21 - Rapport Retailleau précité, page 70
22 - Rapport CPO précité, octobre 2010, pages 264 et suivantes
23 - Loi de finances pour 2011, article 38
Le constat Enfin, un des constats tirés des Cette évaluation n’a pas réellement
comparaisons franco-allemandes est eu lieu mais à la suite du rapport, le
La question même de l’insuffisance que les entreprises allemandes législateur a recentré le dispositif de
des fonds propres fait débat. Selon le disposent d’un auto-financement 1,44 réduction d’impôt sur le revenu pour
CPO, « la comparaison internationale fois plus élevé en moyenne que leurs souscription au capital des PME sur
des PME industrielles réalisée par la homologues français. Cette situation le capital risque (23).
Banque de France ne montre pas de présente un inconvénient pour les ETI
problème spécifique de niveau de fonds et PME : elles sont dépendantes du De son côté, l’Observatoire constate
propres en France » (18). crédit bancaire, qui est devenu plus que la stabilité des fonds propres
Cette observation semble confirmée rare, ce qui est donc un frein pour trouve en partie sa « contrepartie
par l’Observatoire du financement des leur croissance. Depuis la crise dans une chute des investissements,
entreprises sur la base d’un examen des financière, l’auto-financement est qui risque de handicaper certaines
bilans de PME et ETI françaises à fin devenu « une variable décisive du entreprises dans la phase de sortie de
2009. L’Observatoire indique que « la potentiel de croissance » (21). crise ».
bonne tenue des fonds propres pendant Certes, diverses mesures ont été
la crise s’inscrit dans une tendance prises pour palier cette situation Il note également que des
longue de renforcement régulier de la (par exemple, les financements par incertitudes préoccupantes pèsent
part des fonds propres dans le bilan des les banques publiques type Oséo, le sur l’offre de financement : « les
PME-PMI depuis la fin des années 90 ; régime de la cession bail immobilière, segments amont du capital
la crise ne semble pas avoir remise en en complément de mesures plus développement (tout particulièrement
cause cette évolution » (19). anciennes telles que le taux réduit de le capital risque) peinent à trouver de
15 % sur les bénéfices des PME, la nouveaux fonds et reposent
Il est toutefois permis de lire ces
réduction d’ISF et d’impôt sur le aujourd’hui principalement sur
informations avec prudence.
revenu pour les sommes investies au l’épargne des particuliers incitée par
En effet, l’étude de la Banque de capital des PME, etc.). d’importantes dépenses fiscales ou sur
France, sur laquelle s’appuie le CPO, la place grandissante prise par des
se limite à la comparaison entre Cependant, tant le CPO que acteurs publics… ». On pourrait
entreprises industrielles européennes l’Observatoire du financement font ajouter à cela la contrainte que fait
et s’appuie sur des données tirées de un certain nombre de constats peser directement ou indirectement
la période 1994 / 2006 donc critiques qui nous semblent se le poids de la dette publique sur
relativement anciennes et en tout cas rejoindre. l’offre de crédit dans l’avenir.
antérieures à la crise du crédit.
L’Observatoire conclut en soulignant
Par ailleurs, une étude de la DGTPE Les insuffisances le rôle incontournable des
publiée en 2007 (20) relève que particuliers dans le financement des
« l’importance des capitaux propres Ainsi, le CPO estime dans son PME grâce aux incitations fiscales : «
comme mode de financement décroît rapport d’octobre 2010 que les il serait préoccupant que ce rôle soit
en moyenne avec la taille de la société : différents dispositifs dérogatoires moins actif et au contraire
leur part est de 42 % pour les TPE, de «ne permettent pas d’orienter souhaitable qu’il le devienne
35 % pour les PME et de 32 % pour les l’investissement vers les PME qui ont le davantage. L’Observatoire est
grandes entreprises. Ce résultat ne plus de difficulté à trouver des convaincu qu’il y a place pour un
signifie pas pour autant que les TPE et capitaux, telles notamment celles à remodelage des incitations fiscales
PME ont des capitaux propres en hauts risques ou en phase permettant de les optimiser pour
niveau suffisant. Il témoigne d’amorçage» et propose d’évaluer obtenir un effort d’investissement plus
simplement de la plus grande difficulté l’impact économique de certains sélectif et efficace dans le cadre des
pour ces entreprises d’accéder à un dispositifs (comme les réductions contraintes de finances publiques ».
financement externe ». d’impôt sur le revenu et d’ISF liées à
la souscription au capital des PME et
à la souscription aux parts de fonds
communs de placement) (22).
Dans ce contexte, nous Ainsi, un durcissement de la fiscalité A l’inverse, s’il s’avère qu’il y a
recommandons que toute des distributions ne risque-t-il pas de effectivement insuffisance de fonds
modification législative détourner les investisseurs en capital propres face aux besoins des
susceptible d’affecter les fonds vers d’autres investissements ? entreprises dans l’avenir ou qu’un
propres des entreprises soit tel risque est probable, il
Un tel durcissement serait-il
précédée d’une évaluation conviendrait de se demander si la
compatible avec la reconnaissance
générale des dispositifs fiscalité de l’entreprise peut être un
nécessaire de la prise de risque, cf.
existants. bon outil pour y remédier, en
recommandation 6 ci-après ?
complément de la fiscalité de
l’épargne et de celle de l’actionnaire
• fiscalité de l’entreprise
(régime des souscriptions au
Les pistes de réflexion capital et régime des distributions
Dans son rapport d’octobre 2010, le
Trois axes possibles de réforme se précédemment évoqués).
CPO suggère également un
dégagent : la fiscalité de l’épargne, la durcissement de la fiscalité du Si tel est le cas, nous avons identifié
fiscalité de l’actionnaire et la fiscalité de financement, tant d’origine interne différentes variantes pour y parvenir.
l’entreprise elle-même, si tant est que aux groupes qu’externe. On peut
l’on puisse distinguer ces trois sujets. comprendre cette idée d’un point de Une première variante serait
vue budgétaire mais on se demande l’application d’un taux réduit aux
• fiscalité de l’épargne néanmoins si elle est opportune bénéfices mis en réserves, comme
compte tenu du constat tiré par c’est le cas en Allemagne (personnes
L’Association française des physiques qui tirent des profits d’une
l’Observatoire du financement (cf.
Investisseurs en Capital (AFIC) entreprise individuelle ou d’une
ci-dessus). Pour faire une
propose six mesures louables pour société de personne, imposées à un
recommandation sur ce sujet, il nous
orienter l’épargne vers les PME, dont taux réduit de 28,25 % si ces profits
semble donc nécessaire de mener
cinq apparaissent en réalité comme restent investis dans l’entreprise).
une étude d’impact.
des objectifs, dont la réalisation Cette proposition a été présentée à
pourrait être facilitée par des mesures différentes reprises et rejetée sans
En toute hypothèse, même si l’on
fiscales (24). guère de débat (25), ce qui nous
estime les fonds propres des
entreprises, et notamment ceux paraît regrettable.
• fiscalité de l’actionnaire des PME et ETI, globalement Une seconde variante consisterait à
suffisants, les développements élargir l’application du taux réduit de
L’AFIC propose un « aménagement du
précités du rapport de l’impôt sur les sociétés de 15 %
dispositif de réduction d’impôt sur le
l’Observatoire du Financement (aujourd’hui réservé aux sociétés
revenu pour les personnes souscrivant
suggèrent qu’il pourrait être utile indépendantes réalisant moins de
au capital de PME et aux parts de FCPI
de stimuler l’investissement pour 7,63 millions d’euros de chiffres
et FIP ». Nous relevons que le
accompagner la sortie de crise. d’affaires et pour une fraction de
dispositif vient à peine d’être modifié
et nous soulignons à nouveau la bénéfice limitée à 38 120 euros),
Dès lors, une réflexion devrait être mais en le subordonnant au
nécessité d’une étude d’impact avant
menée sur l’intérêt d’une stimulation réinvestissement des profits dans
de lancer toute autre modification.
générale (par exemple à travers le l’entreprise (26). Cela permettrait à
Par ailleurs, le CPO suggère dans son taux de l’impôt sur les sociétés ou un plus grand nombre d’entreprises
rapport précité un durcissement de la des mesures en faveur de la création de profiter du taux réduit, quitte à
fiscalité des distributions (24). Cette d’incorporels, cf. recommandation 7 élargir la base d’imposition en
idée va intuitivement dans le sens ci-après) ou plus ciblée (vers certains supprimant certaines niches fiscales.
d’un renforcement des fonds propres. types d’investissements à privilégier,
notamment mais pas exclusivement,
Néanmoins, nous nous méfions de
dans la lignée des objectifs fixés par
l’intuition en matière fiscale et nous
la Commission sur le Grand
recommandons que soient évalués les
Emprunt, à travers des mécanismes
effets d’une telle proposition, de façon
d’amortissement, crédit d’impôt,
à vérifier notamment qu’elle n’aurait
etc…) à l’intérieur des marges de
pas un effet globalement négatif sur
manœuvre existantes.
les PME et ETI notamment sur le
moyen et long terme.
24- Communication AFIC de mai 2011 : améliorer les conditions de garantie de valeurs liquidatives des investisseurs en partenariat avec Oséo, relancer les
placements des assureurs dans le non coté, mobiliser une partie de l’épargne longue affectée aux fonds d’épargne retraite pour investir dans les PME,
réallouer une partie de l’épargne collectée au titre des livrets d’épargne vers le financement en fonds propres et quasi fonds propres des PME, favoriser
le développement des contrats d’assurance-vie en unités de comptes orientées vers le financement en fonds propres des PME, aménager le dispositif de
réduction d’impôt sur le revenu pour les personnes souscrivant au capital de PME et aux parts de FCPI et FIP
25 - Rapport CPO précité, octobre 2010, page 268
26 - «Il faut changer la fiscalité des PME» Jean Marc Daniel et Mathilde Lemoine, Les Echos, 27 octobre 2009
27 - Rapport Retailleau précité, page 70
28 - Lettre DGTPE n° 19 de septembre 2007 : « Les instruments économiques au service des politiques environnementales » ; voir également Guillaume Sainteny,
« L’écofiscalité comme outil de politique publique », Guillaume Sainteny Revue Française d’Administration Publique, 2010 n° 134, pages 354 et suivantes
29 - Note 10 ci-dessus
30 - Cf. Guillaume Sainteny, « Taxe professionnelle et développement durable : l’occasion manquée », Guillaume Sainteny, Les Echos du 16 octobre 2010
31 - Lettre de la Direction des Études Économiques et de l’Évaluation Environnementale de janvier 2007 :
« protection de la compétitivité industrielle, politique climat et OMC »
Maintenir la fiscalité de la
recherche
Améliorer la coordination
entre administrations en
matière de crédit d’impôt
recherche
XXXX
26
26 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
A l’issue de ce travail, nous voudrions Sur le même modèle, nous proposons Recommandation 2 -
souligner le foisonnement des idées le plan d’action suivant pour la Simplifier les obligations
exprimées depuis une dizaine discussion, la validation et la mise en déclaratives
d’années sur le thème de la fiscalité et œuvre des recommandations
de la performance des entreprises, formulées. Nous recommandons les actions
que ce soit par les organisations suivantes :
socioprofessionnelles, les Recommandation 1 -
parlementaires, les services de Tendre vers le principe d’un • partager plus largement les
l’administration centrale, les « think- impôt par base travaux réalisés à ce jour dans le
tanks », dans de nombreux rapports, domaine de « l’e-administration »
livres blancs et articles. Nous recommandons les actions (travaux de l’administration et
suivantes : notamment sur les initiatives
En revanche, peu de ces travaux XBRL, travaux du groupe de
abordent la méthodologie de mise en • charger un groupe de travail travail sur la réforme
œuvre. Le rapport Attali précité nous d’étudier la faisabilité d’une administrative des PME dit
semble un des rares rapports récents « fusion » des impôts et autres rapport Novelli de septembre
qui se soient avancés sur ce sujet. Le prélèvements existants en matière 2007 - et notamment sur le
rapport proposait un plan de mise en fiscale et sociale, soit par mise en concept de guichet unique virtuel
œuvre pour chacune des décisions commun d’impôts ayant la même -, travaux d’expertise de la
fondamentales. assiette soit par élimination Commission sur le Grand
d’assiettes inefficaces, et de Emprunt en 2009, etc.) comme
Ce plan devait prendre en compte dresser une liste exhaustive des point de départ d’une
« les exigences de concertation, de propositions en ce sens ; consultation ;
communication et de déploiement
propres à chacune (des décisions), en • charger un groupe de travail de • assurer une consultation des
particulier l’identification des attentes réaliser une étude d’impact de ces entreprises et des organisations
spécifiques et du degré d’adhésion de propositions (coûts, notamment professionnelles sur l’état de ces
chaque catégorie d’acteurs, budgétaires, avantages, options travaux et charger un groupe de
l’identification des pré-requis pour possibles, exclusion des fausses travail pluri-disciplinaire
chaque décision (décisions de simplifications) en y associant les (comptabilité, informatique,
rééquilibrage et de compensations diverses parties prenantes fiscalité, juridique…) de lister les
éventuelles des coûts supportés par (représentants des entreprises et possibilités de simplifier les
certaines catégories d’acteurs, des administrations, obligations déclaratives.
gouvernance nécessaire à la mise en commissariat à la simplification,
place de ces décisions), représentants des utilisateurs, • assurer la coordination avec le
l’interdépendance avec d’autres organisations professionnelles commissariat à la simplification.
décisions (effets d’imbrication, e.g. Compagnie Nationale des
coordination nécessaire entre les Commissaires aux Comptes, Calendrier : création du groupe de travail
mesures), l’estimation des Conseil Supérieur de l’Ordre des et conclusions d’ici à décembre 2011
investissements nécessaires (pour la Experts-Comptables, etc.).
mise en œuvre de la mesure proprement Ces actions pourraient utilement
dite et pour l’accompagnement du Calendrier : création des groupes de faire suite aux travaux de la
changement) les modalités de mise en travail et conclusions d’ici à décembre commission Warsmann, et aux
œuvre et notamment le recours à 2011 assises de la simplification qui se
l’expérimentation préalable dans sont déroulées en avril 2011.
certains cas » (38).
30
Fiscalité et performance de l’entreprise
Nous présentons ci-après MODEM 3 Parti Socialiste 5
un résumé des programmes
• Abandonner le bouclier fiscal • Abandonner le bouclier fiscal
politiques ou de certaines
idées exprimées par les • Créer une plus forte progressivité de • Fusionner l’impôt sur le revenu et la
l’impôt sur les hauts revenus et les CSG (fiscalité plus progressive) ;
représentants des principaux bonus prélèvement à la source
partis politiques dans la
• Refondre l’imposition des • Soumettre les revenus du capital,
presse à mi mai 2011 : successions, du patrimoine, des bonus et stock-options au barème de
plus-values et dividendes l’impôt sur le revenu
(élargissement de la base de
• Mettre en place une TVA
taxation et plus forte progressivité)
« éco-modulable »
Europe Ecologie Les Verts 1 • Réduire les niches fiscales
• Le taux de l’impôt sur les sociétés
• Harmoniser la taxation des revenus • Créer un plan de lutte contre la passerait de 33,33% à 20% pour les
du capital et du travail fraude fiscale entreprises réinvestissant leurs
bénéfices et augmenterait jusqu’à
• Augmenter la CSG sur les revenus • Favoriser les comportements
40% pour celles qui privilégient les
du patrimoine, les plus-values éco-responsables
dividendes ; surtaxe de 15% pour les
mobilières et les stocks-options
banques et établissements
• Etudier la possibilité d’une taxation financiers; taxation des «super
Nouveau Centre
des dividendes à la source profils» des groupes pétroliers
• Maintenir et aménager l’ISF ;
• Introduire une fiscalité écologique • Recentrer le crédit d’impôt
instaurer une nouvelle tranche
d’impôt sur les très hauts revenus ; recherche sur les dépenses de
faciliter les cessions de PME au recherche des PME et des
Front National 2
entreprises industrielles stratégiques
moment de la retraite
• Maintenir l’impôt de solidarité sur la • Mettre en place une taxe de 0,05%
• Réduire les niches fiscales
fortune sur le foncier et le non- sur les transactions financières au
foncier • Obtenir une meilleure coordination niveau européen
des politiques fiscales européennes
• Fusionner l’impôt sur le revenu et la • Augmenter les droits de douane sur
(engagement de respecter une
CSG les produits provenant de pays ne
fourchette de taux d’imposition, qu’il
• Refondre la TVA s’agisse de l’impôt sur le revenu, respectant pas les normes
l’impôt sur les sociétés ou la fiscalité internationales en matière sociale,
• Rendre l’impôt sur les sociétés sanitaire et environnementale
de l’épargne)2
« plus juste »
• Augmenter les droits de douanes UMP 6
Parti Communiste 4
• Faire converger la fiscalité française
• Réformer complètement la fiscalité avec celle de l’Allemagne
• Augmenter le niveau de taxation des • Aménager ou supprimer l’ISF
grandes fortunes
• Réformer les droits de succession
• Augmenter le niveau de taxation sur
• Taxer les plus-values de cession de la
les revenus spéculatifs
résidence principale au dessus d’un
certain seuil
1 - Notamment www.sondage-elections.com
2 - Conférence de presse Marine Le Pen, avril 2011, selon www.toutsurlesimpots.com dans l’attente des travaux de la Commission économique du parti qui envisage de rendre
ses travaux en juin 2011. Selon la presse, une des propositions à l’étude serait la transformation de l’impôt sur les sociétés en un impôt basé sur la différence entre le chiffre
d’affaires et la masse salariale (cf. Challenge, 20 avril 2011)
3 - 4 - www.sondage-elections.com
5 - Propositions du PS, 5 avril 2011, site www.partisocialiste.fr ; proposition de loi tendant à améliorer la justice fiscale, à restreindre le «mitage» de l’impôt sur les sociétés et à
favoriser l’investissement, qui propose un système de bonus-malus du taux de l’impôt sur les sociétés en fonction de la politique de distribution, une suppression du régime
du Bénéfice Mondial Consolidé et un dispositif plafonnant les dispositions fiscales dérogatoires à 50% de l’impôt sur les sociétés exigible au titre d’un exercice
6 - Nous n’avons pas identifié de « programme fiscal de l’UMP » formalisé comme tel à ce jour. En revanche, Jérôme Chartier, député et secrétaire national UMP chargé de la
fiscalité s’est exprimé sur certaines idées que nous résumons ci-dessus. Voir par exemple www.députés-UMP.fr: « la fiscalité sera le sujet majeur de 2011 », 18 octobre 2010 ;
L’expansion, 18 janvier 2011, « réforme du patrimoine : ce que propose l’UMP » ; Journal du Dimanche, 3 mars 2011, « le plan de l’UMP pour réformer la fiscalité »
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32 Landwell & Associés / DFCG Fiscalité et performance de l’entreprise
Avec près de 500 avocats et L’offre de services de Landwell & Landwell & Associés dispose
professionnels à Paris Associés combine les d’expertises complémentaires en
compétences complémentaires fiscalité, droit des affaires et droit du
(Neuilly-sur-Seine) et en de ses avocats et professionnels travail que nous combinons si
régions Landwell & Associés pour répondre avec efficacité nécessaire avec celle des autres
offre sa pluridisciplinarité aux enjeux clés de ses clients, métiers du réseau PwC : audit et
pour mettre en œuvre les notamment : expertise comptable, ainsi que
conseil en stratégie, en management
projets de ses clients, quelle et en transactions.
qu’en soit la taille ou la • La mise en place des structures, leur
complexité, de dimension adaptation, l’optimisation des Le réseau international PwC, un des
investissements et la gestion des leaders mondiaux du conseil aux
nationale ou internationale. opérations de croissance ; entreprises garantit à ses clients à la
fois les moyens et la puissance d’une
• L’amélioration des résultats, organisation mondiale, mais aussi la
l’optimisation des flux corporels, compréhension et la prise en compte
incorporels ou financiers, la de différences économiques ou
mobilisation et la valorisation des culturelles locales.
ressources humaines ;
Ses collaborateurs partagent points
• La maîtrise des risques, la de vue, expériences et solutions pour
sécurisation des politiques de proposer des perspectives innovantes
l’entreprise, la prévention et la et des conseils adaptés à chaque
gestion des contentieux. situation particulière.
Emmanuel Picq
Avocat associé
Landwell & Associés
61 rue de Villiers
92200 Neuilly-sur-Seine
[email protected]
Fax : 01 56 57 42 10