CHAPITRE1 - Aspects Techniqu - 2022 - Scanner Et IRM Ost o Articulaires en Prati
CHAPITRE1 - Aspects Techniqu - 2022 - Scanner Et IRM Ost o Articulaires en Prati
CHAPITRE1 - Aspects Techniqu - 2022 - Scanner Et IRM Ost o Articulaires en Prati
1
Aspects techniques
A. Blum, P. Teixeira
PLAN DU CHAPITRE
■ Principes du scanner ostéo-articulaire
• Rappel des fondamentaux
• Scanner en super haute résolution
• Imagerie 3D et global illumination
• Scanner en double énergie
• Algorithmes de réduction des artefacts métalliques
• Scanner dynamique 4D
• Angioscanner
• Quelques notions de dosimétrie en scanner ostéo-articulaire
■ Principes de l’arthroscanner
■ Principes de l’IRM ostéo-articulaire
• Optimisation de la qualité de l’image : règles générales
• Exploration des articulations
• Bilan de tumeur
• IRM des implants métalliques
• IRM des nerfs
• IRM de la moelle osseuse
• Imagerie du cartilage
• IRM corps entier
• Autres séquences
■ Principes de l’arthro-IRM
• Arthro-IRM directes
• Arthro-IRM indirecte
b c
Figure 1.2. Positionnement de l’épaule pour la réalisation d’un arthroscanner.
a. Topogramme confirmant le bon positionnement de l’épaule gauche à étudier. L’épaule
gauche est abaissée et l’épaule controlatérale est surélevée (flèche courbe) de façon à
limiter l’épaisseur des tissus traversés et les artefacts de durcissement du faisceau de
rayons X. Noter également que l’axe de la glène est perpendiculaire au plan axial (trait
jaune) et que la tête humérale est en rotation latérale : la gouttière intertubérositaire
(flèche) se projette à la partie latérale de la tête humérale. b, c. Coupe axiale et MPR
coronale (dans le plan représenté par le trait blanc sur la coupe axiale) de bonne
qualité malgré une faible dose de rayons X. La rotation latérale de la tête humérale bien
objectivée par la position de la gouttière intertubérositaire (flèche blanche) permet de
bien étudier le tendon du long biceps dans toutes ses portions (têtes de flèche) sur la
MPR coronale. La rupture de l’infra-épineux est bien identifiée (flèche jaune).
a b
Figure 1.3. Installation du coude pour un bilan de raideur.
a. Extension maximale. b. Flexion maximale. Noter le positionnement très spécifique
du coude en flexion afin de minimiser l’épaisseur des tissus traversés. Noter à chaque
fois le positionnement en supination.
9) Ne pas négliger l’analyse des parties molles en optimisant le RSB. Les algorithmes
de reconstruction itérative améliorent le RSB et parfois le rapport contraste/bruit.
Leurs nouvelles générations qui reposent sur l’intelligence artificielle supplantent
la reconstruction itérative hybride (RIH) et remplacent la reconstruction itérative
basée sur modèles (model-based iterative reconstruction ou MBIR), car elles amé-
liorent le RSB et fournissent des images bien acceptées avec un temps de recons-
truction très court (figure 1.7).
a b
Figure 1.4. MPR sagittales d’un scanner de coude en extension (a) et en flexion
(b) maximales chez un patient présentant une arthropathie hémophilique avec
une importante limitation d’amplitude articulaire.
Noter l’absence d’artefact de durcissement du faisceau de rayons X et la bonne
visibilité des ostéophytes butoirs (flèches). Noter également l’intérêt des MPR
sagittales pour étudier ces anomalies.
Aspects techniques 5
a b
Figure 1.5. MPR sagittales tangentielles à la surface de la glène à réaliser dans le
cadre d’une instabilité de l’épaule.
a. Importante perte de substance osseuse (trait blanc). b. Pas de perte de couverture
osseuse mais présence d’une ossification périostée cicatricielle (flèche). Les
explications concernant les mesures sont données dans le chapitre 7.
a b
Figure 1.6. Descellement fémoral d’une prothèse totale de hanche gauche.
a. Radiographie standard. b. MPR frontale dans le grand axe du fémur. Cet axe doit
être respecté afin de bien localiser les anomalies. Noter la bonne visibilité du liseré à
l’interface ciment-os en zones 2 et 6 de Gruen (flèches).
6 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
Qualité
d’image
A
IR
IA
MB
RIH
RPF
Rapidité
Figure 1.7. Représentation schématique des performances et des temps de
reconstruction obtenus avec les différents algorithmes.
IAA : algorithme faisant appel à l’intelligence artificielle ou à l’apprentissage profond ;
MBIR : model-based iterative reconstruction (reconstruction itérative fondée sur un
modèle) ; RIH : reconstruction itérative hybride ; RPF : rétroprojection filtrée.
Attention !
La qualité d’un examen ostéo-articulaire dépend grandement de la formation
des manipulateurs et du soin qu’ils apportent à l’examen.
Les trois piliers d’un scanner ostéo-articulaire réussi sont : le bon positionne-
ment du patient, l’optimisation de la résolution spatiale et des MPR pertinentes.
a b
a b
c
Figure 1.9. Ostéome ostéoïde de 8 mm de hauteur du fémur gauche chez
une femme de 31 ans exploré en super haute résolution (coupes de 0,25 mm
d’épaisseur, matrice 1024 × 1024).
a, b. Coupes axiales. c. Image MinIP (Minimum intensity Projection) dans le
plan sagittal. Noter la qualité de l’analyse de la réaction corticopériostée et la
démonstration d’une multitude de vaisseaux alimentant le nidus. Noter également
qu’une image MinIP de l’os n’a d’intérêt qu’avec des voxels particulièrement petits.
8 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
a b
Figure 1.11. Comparaison du VRT et de la global illumination dans un cas de
traumatisme balistique avec une porte de sortie temporale droite.
(a) VRT. (b) Global illumination reconstruction. Noter la meilleure analyse de la
topographie des fragments grâce à l’imagerie photoréaliste.
a b c d
Figure 1.12. Ostéosarcome conventionnel de l’extrémité supérieure de l’humérus
droit.
a. Radiographie standard. b. MPR coronale dans l’axe de l’humérus. c. Global
illumination de la surface de l’os. d. Global illumination de la cavité médullaire. Noter
l’importance de réaliser des MPR dans l’axe de l’os pour une meilleure appréciation de
l’extension tumorale. Noter la qualité des reconstructions en global illumination qui
permettent d’identifier les modifications de la trame osseuse et la réaction périostée.
10 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
Attention !
■ Une image 3D est un outil diagnostique.
■ La global illumination supplante qualitativement le VRT.
a b
Figure 1.13. Scanner en double énergie montrant la caractérisation des tophus et
permettant une cartographie des lésions.
a. Caractérisation du tophus à partir d’une acquisition à basse énergie (80 kV)
et à haute énergie (135 kV) et la détermination de sa densité sur chacune de ces
acquisitions. b. Global illumination montrant les multiples tophus de l’avant-pied droit
ainsi que les érosions osseuses de l’articulation cunéo-premier métatarsien.
Attention !
Une acquisition en double énergie peut être utile pour caractériser une
lésion suspecte de tophus goutteux.
Ils ne nécessitent qu’une seule acquisition (single energy metal artifact reduction)
mais certains l’associent à la double énergie.
Ces algorithmes améliorent l’analyse des tissus mous, mais également de l’os péri-
prothétique. En revanche, ils altèrent l’aspect des implants qui nécessitent pour
leur analyse une reconstruction avec les algorithmes habituels, un fenêtrage très
large et un niveau moyen de densité élevé (figures 1.14 et 1.15). Leur efficacité
dépend de la forme de l’implant et des matériaux utilisés.
Les algorithmes de reconstruction itérative fondée sur des modèles
(model-based iterative reconstruction ou MBIR) sont des algorithmes
Cotyle métallique
Insert en
sans ciment
polyéthylène
(metal back)
Tête en
céramique Tige sans
ciment
Figure 1.14. MPR coronale d’une prothèse totale de hanche à couple polyéthylène/
céramique.
Noter la bonne analyse des différents composants grâce à un fenêtrage large et à un
niveau de densité élevé.
Aspects techniques 13
a b
c d e
Figure 1.15. Récidive tumorale précoce détectée au scanner après résection
large du fémur et reconstruction avec une mégaprothèse pour une tumeur
mésenchymateuse phosphaturiante.
a. Radiographie standard montrant la prothèse. b. Scanner réalisé avec une
injection IV de produit de contraste et l’algorithme MAR (metal artefact reduction)
montrant une petite récidive tumorale (flèche). c, d, e. Échographie, IRM et PET-scan
réalisés au décours montrant plus ou moins bien la même lésion (flèche).
Attention !
Les algorithmes MAR réduisent les artefacts métalliques et améliorent
l’analyse des tissus mous, mais altèrent l’aspect des structures métalliques.
14 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
a b
c d
Figure 1.16. Contrôle après vissage d’un fragment ostéochondral du condyle
médial du fémur.
a, b. Coupe axiale et MPR frontale oblique avec un filtre dur et un algorithme de
reconstruction itérative hybride montrant un halo noir périmétallique d’origine
artefactielle altérant l’analyse osseuse (flèches). c, d. Coupe axiale et MPR frontale
oblique avec un algorithme de reconstruction itérative fondée sur un modèle (MBIR)
montrant la disparition quasi complète des artefacts.
Scanner dynamique 4D
Le scanner dynamique 4D, encore appelé scanner cinématique, a pour but d’étu-
dier une articulation ou un organe en mouvement. Ce type d’examen nécessite
un appareil muni d’un large système de détection afin que chaque acquisition
couvre l’ensemble du volume étudié sans mouvement de la table. Le volume
couvert varie entre 4 et 16 cm en fonction de la région étudiée. Une phase est
acquise en un temps très court, correspondant à une rotation du statif, soit 0,35 s,
voire 0,27 s. Ces phases sont répétées au cours du temps, pendant l’accomplisse-
ment du mouvement avec un délai interphase prédéfini qui va conditionner la
Aspects techniques 15
UH
Temps (secondes)
Angioscanner
Les examens ostéo-articulaires peuvent comporter une exploration vasculaire. C’est
notamment le cas des conflits vasculaires (syndrome de l’artère poplitée piégée,
syndrome de la traversée thoracobrachiale) et des bilans de tumeurs pour lesquels
les rapports vasculaires doivent être définis pour planifier le traitement. Ces examens
a b
Figure 1.18. Installation du patient dans le scanner pour une acquisition
dynamique du poignet.
Notez ici la position neutre avec le coude bien tenu sur la table (flèche en a et b). Le
patient est ici installé débout à côté de la table du scanner, mais il peut également être
installé derrière le statif.
Aspects techniques 17
Figure 1.19. Logiciel nécessaire pour analyser des données dynamiques en scanner.
Des images interactives en 3D (carré vert) et multiplanaires (carrés bleus) sont
disponibles pour la visualisation. Des commandes spécifiques permettent de faire
défiler les volumes de l’acquisition (rectangle rouge).
peuvent être conduits de façon traditionnelle mais la recherche des conflits suppose
la réalisation de manœuvres spécifiques visant à sensibiliser l’examen.
Pour les conflits vasculaires, l’examen doit comporter au minimum une acquisition
dans la position symptomatique, mais il n’est pas rare de devoir tester plusieurs
positions ou plusieurs manœuvres. Disposer d’un scanner à large système de
détection permet de réaliser l’examen avec ces différentes manœuvres en un
temps très court, avec une faible quantité de produit de contraste tout en assu-
rant un rehaussement satisfaisant des artères. Par exemple, il est possible d’explo-
rer un syndrome de la traversée thoracobrachiale avec environ 7 volumes en 10 s
pendant la phase artérielle, en demandant au patient d’effectuer une rotation de
la tête dont l’effet sur la compression vasculaire est variable selon le côté considéré
et l’amplitude de la rotation (figure 1.20).
*
a b c
Figure 1.20. Scanner dynamique chez un patient présentant un syndrome de la
traversée thoracobrachiale associé à une côte cervicale (flèche).
a. MPR sagittale lorsque la tête du patient est légèrement tournée vers la droite
montrant la compression de l’artère sous-clavière gauche (tête de flèche). b. 3D en
position neutre ne montrant aucune compression artérielle. c. 3D lorsque la tête du
patient est légèrement tournée vers la droite montrant la compression de l’artère
sous-clavière gauche (tête de flèche). Noter l’excroissance osseuse à la face supérieure
de la première côte (étoile) qui s’articule avec la côte cervicale et qui est responsable
de la compression vasculaire.
18 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
peuvent être réduits (et notamment les kilovolts), sans dégradation significative
de la qualité de l’image ;
■ les facteurs de conversion dosimétrique diffèrent grandement d’une région
Principes de l’arthroscanner
L’arthroscanner n’est rien d’autre qu’un scanner réalisé après une opacifica-
tion articulaire. Les techniques de ponction, les règles d’asepsie, le type et la
quantité de produit de contraste utilisés ne présentent pas de spécificité par
rapport à une arthrographie conventionnelle qui constitue souvent le premier
temps de l’examen. Les techniques de guidage sont variées : repères anato-
miques (souvent suffisants pour un genou), échographie, scopie ou scanner
lui-même.
Les règles concernant l’installation du patient sont encore plus importantes que
pour un scanner simple, car il faut veiller au respect des plans anatomiques mais
également au remplissage des différentes portions de l’articulation. Il arrive encore
de voir des arthroscanners d’épaule en rotation interne, ce qui altère l’analyse
des tendons du long biceps et du subscapulaire. Plusieurs positions d’acquisition
peuvent s’avérer nécessaires soit pour corriger une exploration initiale insuffisante,
soit pour sensibiliser l’examen. Par exemple, une acquisition de l’épaule en rotation
externe améliore l’analyse de la portion horizontale du biceps et de la portion
supérieure du labrum (figure 1.21).
Enfin, une acquisition tardive (20 à 30 min) peut être indiquée pour objectiver le
passage de produit de contraste au sein d’une lésion kystique des parties molles
ou intra-osseuse, ce qui permet d’affirmer son origine dégénérative et par consé-
quent son caractère bénin (figure 1.22).
a b
Figure 1.21. Arthroscanner de l’épaule en légère rotation externe permettant une
bonne analyse du tendon du long biceps (TLB) (têtes de flèche) et du labrum.
MPR coronale (a) et sagittale (b) montrant un épaississement du TLB et d’importantes
érosions à la face inférieure de sa portion proximale (flèche) et une destruction de la
portion supérieure du labrum.
20 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
a b
c d
Figure 1.22. Arthroscanner avec coupes tardives dans un cas de kyste labral de
l’épaule.
a, b. Coupe axiale et MPR coronale montrant une rupture labrale postérosupérieure
mais également une masse d’allure kystique entre le labrum et la coiffe (flèches).
c, d. Coupe axiale et MPR coronale montrant l’opacification de la lésion sur
l’acquisition tardive permettant de confirmer le diagnostic de kyste labral.
Attention !
La position de l’articulation est cruciale pour obtenir un arthroscanner de
qualité.
examens à la console, ils doivent en connaître les principes de base pour établir
conjointement avec l’équipe paramédicale des protocoles robustes et optimisés
et être en mesure de proposer d’autres options lorsqu’une exploration pose un
problème.
Les antennes et les protocoles d’acquisition doivent être adaptés à la région anato-
mique explorée en prenant en compte le morphotype du patient et d’éventuelles
difficultés à son installation. De façon générale, il faut optimiser la résolution spa-
tiale et le signal et par conséquent utiliser l’antenne et le champ d’exploration les
plus petits possible.
Les principaux paramètres dont on dispose pour optimiser les acquisitions en
IRM sont :
■ la taille du champ d’acquisition (field of view ou FOV) ;
■ la matrice ;
sions de 180° utilisées sur les séquences fast spin echo (FSE) et turbo spin echo (TSE).
L’accélération des acquisitions est un point fondamental et chaque constructeur
propose de nouvelles séquences dont le principe général est le sous-échantillon-
nage des données suivi d’une reconstruction visant à compenser cette insuffi-
sance de données. Si, à qualité d’image égale, les gains de temps actuels sont de
l’ordre de 30 %, on peut espérer des résultats plus importants à court terme.
À des fins didactiques, le signal peut être vu comme une somme d’argent. Une
machine avec des gradients performants, un champ magnétique principal
homogène et puissant (3 T) et des antennes à haute densité d’éléments pourront
générer beaucoup de signal. Avec ce gain en signal, il est possible d’acheter deux
choses : le temps (réduction du temps d’acquisition) et la résolution spatiale.
Attention !
Du point de vue diagnostique, une image bruitée mais avec une bonne réso-
lution spatiale est préférable à une image peu bruitée mais peu résolue.
ment ou parce que la zone à couvrir est trop importante). Pour cela, on peut
réduire le NEX ou augmenter la bande passante, l’ETL ou le facteur d’accélération,
ce qui entraîne une réduction du RSB. Une autre option est de réduire la matrice
d’acquisition (notamment dans le sens de la phase) ce qui dégradera la résolution
spatiale. Finalement, on peut également récolter tout simplement moins de don-
nées en augmentant l’intervalle entre les coupes;
■ la résolution spatiale doit être augmentée. Pour cela, il y a trois incontournables :
Attention !
L’axe du champ principal B0 correspond à l’axe du tunnel et l’artefact d’angle
magique concerne les structures collagéniques orientées à 55° par rapport
à cet axe.
L’artefact d’angle magique peut être à l’origine de pièges diagnostiques pour l’éva-
luation des tendons. Les sites d’apparition des artefacts d’angle magique les plus
fréquents sont :
■ région sous-malléolaire de la cheville pour les tendons fléchisseurs et fibulaires ;
■ tendon calcanéen ;
Fabella
Fascicule supérieur
LFF
AGIL
TP
LPF
Attention !
Les séquences résistant aux mouvements augmentent de façon artificielle
les valeurs de TE d’environ 30–40 ms. La règle du TE entre 30–60 ms ne
s’applique donc pas à ce type de séquence.
Bilan de tumeur
L’évaluation d’une tumeur osseuse ou d’une masse des parties molles requiert
une exploration exhaustive. L’évaluation commence par des radiographies et/ou
un scanner pour évaluer les caractéristiques et les contours des lésions osseuses
et pour identifier des éventuelles calcifications des parties molles. L’imagerie a
deux objectifs dans l’exploration d’une tumeur ostéo-articulaire : caractérisation
et bilan d’extension (local et à distance).
Attention !
Les valeurs d’aire sur la courbe ne peuvent pas être comparées d’un patient à
l’autre sans une normalisation des données. Les paramètres semi-quantitatifs
peuvent être comparés directement pour le suivi d’un même patient si le
protocole d’acquisition est strictement le même entre les différents examens.
Pour la comparaison interpatient, les valeurs doivent être normalisées par
rapport au muscle sain (aire sous la courbe tumorale/aire sous la courbe
musculaire).
Attention !
L’analyse de l’ADC ne doit pas être utilisée avec les lésions myxoïdes car ces
lésions, bénignes ou malignes, génèrent toujours un ADC élevé.
a b
Figure 1.24. Imagerie de diffusion dans le cas d’un sarcome à cellules fusiformes du
bras avec technique de placement des ROI pour la mesure de l’ADC.
a. Image pondérée T1 après l’injection du produit de contraste montrant une masse
hétérogène (têtes de flèche) avec des zones de nécrose (étoiles). La zone viable de la
tumeur est délimitée par la ligne en pointillé. b. Cartographie ADC de la même lésion
(têtes de flèche) montrant les zones de nécrose tumorale avec un ADC augmenté
(étoiles) et la zone viable de la tumeur (ligne en pointillé). La ROI (ellipse noire) est
placée dans la zone viable de la tumeur.
La spectroscopie du proton peut être utile pour l’évaluation des tumeurs des
parties molles. Cette technique utilise le signal récolté à partir d’un volume d’inté-
rêt (voxel) pour approcher la composition biochimique du tissu en générant un
spectre avec l’ensemble des fréquences du voxel mesurées en parties par million
(ppm). En oncologie ostéo-articulaire, l’analyse porte uniquement sur la concentra-
tion de choline, un métabolite associé au taux de division cellulaire et qui résonne
à 3,2 ppm. Les tumeurs agressives ont tendance à exhiber un pic de choline. La prin-
cipale difficulté de cette technique est d’obtenir des spectres de bonne qualité. En
raison des inhomogénéités de champ magnétique rencontrées en imagerie ostéo-
articulaire, 10 à 15 % des spectres réalisés ne sont pas interprétables. Cette technique
n’est donc pas applicable pour des lésions périphériques de petite taille (le voxel doit
28 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
être de volume supérieur à 1 cm3). En pratique clinique, il est possible d’évaluer les
spectres tumoraux de façon qualitative. Un pic de choline oriente vers un processus
malin mais ce spectre n’est pas spécifique (figure 1.25).
Attention !
La présence d’un pic de choline n’est pas spécifique de malignité. Ce signe
doit être analysé en fonction de l’imagerie morphologique et des autres
paramètres fonctionnels.
a 3,2 ppm b
c 3,2 ppm d
Figure 1.25. Exemples d’analyse subjective en spectroscopie du proton.
a, b. Spectre d’une métastase de l’avant-bras (tête de flèche). Un pic de choline est
identifié à la fréquence de 3,2 ppm (flèche). Le spectre doit être considéré comme
positif pour une lésion agressive. c, d. Spectre obtenu sur une réaction périostée
atypique (tête de flèche) de petite taille de la fibula. Noter l’aspect bruité de la ligne
de base liée à un faible RSB. Dans la fréquence de 3,2 ppm, aucun pic ne peut être
visualisé (flèche). Le spectre est donc ininterprétable.
Aspects techniques 29
tion des tissus autour du métal) ou Dixon (meilleure qualité d’image globale, mais
plus d’artefacts au pourtour du métal) ;
■ augmenter la bande passante ;
des coupes).
Des séquences spécifiques visant à réduire les artefacts métalliques ont été déve-
loppées. Ces séquences sont fondées sur l’application de trois techniques qui
peuvent être associées entre elles :
■ la bascule de l’angle de visualisation (view angle tilting ou VAT) ;
■ le codage des coupes pour la correction des artefacts métalliques (slice enco-
a b
Figure 1.26. Exploration du bras chez un patient atteint de neurofibromatose de
type 1 montrant plusieurs tumeurs neurogènes.
Coupes coronale (a) et axiale (b), avec une séquence pondérée T2 et un codage en
pales d’hélice, montrant une tumeur en chapelet du nerf cutané médial de l’avant-bras
(flèches rouges) et du nerf radial (tête de flèche). Noter également la bonne visibilité
du nerf ulnaire (flèche blanche) et du nerf cutané médial de l’avant-bras (flèche jaune).
Imagerie du cartilage
Si l’arthroscanner reste supérieur à l’IRM dans la détection des ulcérations du carti-
lage, cette dernière offre l’avantage de mieux caractériser les anomalies profondes
de ce tissu. L’IRM peut fournir une évaluation morphologique et fonctionnelle
du cartilage hyalin, mais en raison de sa faible épaisseur, les facteurs de qualité de
l’image doivent être finement optimisés.
L’évaluation morphologique a pour but d’identifier les lésions structurelles du car-
tilage. Elle est fondée sur les séquences traditionnelles (T2 ou DP avec saturation
de la graisse) qui servent d’ailleurs de base aux différents scores qui ont été pro-
posés (whole-organ magnetic resonance imaging score ou WORMS, Boston leeds
osteoarthritis knee score ou BLOKS). Les séquences en écho de gradient 3D qui
génèrent un hypersignal net pour le cartilage sont peu performantes pour identi-
fier ses anomalies structurelles, mais elles en permettent une segmentation aisée
utilisable pour quantifier son volume. Avec le développement des techniques
Aspects techniques 31
chondrales.
Il existe d’autres séquences permettant d’analyser différents composants du carti-
lage et des propriétés biochimiques du cartilage hyalin (T1ρ mapping, ultrashort
echo time et zero echo time imaging, imagerie du 23Na, imagerie du tenseur de
diffusion, glyco-amino-glycanes chemical exchange saturation transfer ou gagCEST,
etc.), mais ces techniques restent du domaine de la recherche.
a b
Figure 1.27. Évaluation subjective d’une cartographie T2 chez une jeune patiente
avec des douleurs antérieures du genou gauche.
a. Image axiale en T2 avec saturation de la graisse qui montre un cartilage patellaire
d’aspect normal (flèches). b. Cartographie T2 montrant une distribution homogène
des valeurs, basses dans les couches profondes (bleu foncé) et plus élevés dans les
couches superficielles (bleu clair). Un changement focal net de cette distribution de
valeurs de T2 peut être interprété comme pathologique.
32 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
Attention !
Réaliser l’analyse fonctionnelle du cartilage chez des patients présentant une
chondropathie avancée avec des lésions structurelles, dans un but purement
diagnostique, n’a aucun sens.
Autres séquences
ZTE et CT-like
Certains tissus (couches profondes du cartilage, tendons, enthèses, os minéral)
sont mal explorés en IRM avec les séquences conventionnelles, en raison de leur
valeur de T2 très faible qui empêche tout recueil de leur signal. L’os, par exemple,
présente une valeur de T2 de 390 μs à 3T, en lien avec sa faible teneur en eau, eau
qui de plus est solidement fixée à la matrice collagénique.
De nouvelles séquences comblent cette lacune en fournissant des images qui
ressemblent à du scanner (CT-like MRI). Associées à une inversion de l’échelle
de gris, elles montrent l’os minéral (corticales osseuses, trabéculation) et les
calcifications.
Plusieurs techniques sont disponibles selon les constructeurs ou des sociétés indé-
pendantes : séquences avec un TE ultracourt dites UTE (PETRA), séquences à TE
proche de 0 dites ZTE (oZTEo), séquences en écho de gradient 3D pondérées T1
(3D FLASH, VIBE, LAVA, THRIVE, FRACTURE), imagerie de susceptibilité magné-
tique avec une séquence en écho de gradient 3D pondérée T2* (SWI), méthodes
d’intelligence artificielle exploitant les images d’une séquence en écho de gradient
3D multi-écho Dixon (synthetic CT, BoneMRI), séquences en écho de gradient
3D pondérées en densité de proton, en phase avec un codage radial dans le plan
et cartésien pour la sélection de coupe (StarVIBE, 3D-Bone). Ces séquences qui
durent quelques minutes, diffèrent par la qualité des images, le caractère isotrope
ou non des acquisitions, leur sensibilité aux mouvements ou aux objets métal-
liques, les contraintes techniques d’implantation mais également par les types de
structures (tissus) visualisées.
Aspects techniques 33
Malgré une qualité d’image inférieure à celle du scanner, plusieurs études montrent
qu’elles fournissent des résultats qui lui sont similaires dans de nombreux domaines
(analyse de la morphologie osseuse, mensurations, caractérisation tumorale, détec-
tion des anomalies structurales des rhumatismes inflammatoires). La place de ces
séquences doit être clarifiée mais leur essor paraît inéluctable (figure 1.28).
Imagerie synthétique
Avec l’imagerie synthétique, une acquisition unique génère plusieurs pondérations
et plusieurs contrastes. L’acquisition la plus répandue est commercialisée par GE
sous le nom de « MAGnetic resonance imaging Compilation » (MAGiC). Ce type
d’acquisition combiné à l’application d’outils de post-traitement spécifiques permet
une manipulation libre des paramètres TE, TR (temps de répétition) et IT (inversion
time). Autrement dit, une seule acquisition fournit les pondérations T1, T2, DP, STIR
avec une réduction du temps d’examen d’environ 20 % et un impact diagnostique
potentiel (par exemple différenciation de lésions tendineuses débutantes d’un
artefact d’angle magique). Par ailleurs, ces séquences génèrent des cartographies T2
et T1 qui pourraient faciliter l’application clinique des techniques fonctionnelles.
Actuellement, elles offrent une qualité d’image inférieure aux séquences conven-
tionnelles, mais des améliorations sont attendues à court terme. Les enjeux sont
importants car des séquences synthétiques 3D pourraient, en théorie, permettre la
réalisation d’une IRM ostéo-articulaire avec une seule acquisition donnant la pos-
sibilité de réaliser des reformations multiplanaires dans toutes les pondérations !
Nouvelles techniques d’accélération et IRM en temps réel
Les techniques d’accélération des acquisitions en IRM n’ont jamais été aussi per-
formantes. Des essais cliniques montrent qu’avec une amélioration des techniques
34 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
a b c d
Figure 1.29. IRM en temps réel avec une série d’images du poignet in vivo chez un
volontaire avec une séquence type RF-spoiled FLASH (Radiofrequency-spoiled Fast
Low-angle Single Shot) et une résolution temporelle de 20 images par seconde.
Principes de l’arthro-IRM
Peu utilisée en France, l’arthro-IRM est une technique de référence pour explorer
les articulations dans de nombreux pays. Elle peut être indiquée en première inten-
tion, notamment chez les sportifs de haut niveau ou après un bilan traditionnel
en cas de discordance radio-clinique. On distingue principalement les arthro-IRM
directes avec injection intra-articulaire (IA) de produit de contraste et l’arthro-
IRM indirecte réalisée au décours d’une injection intraveineuse (IV) de chélate de
gadolinium (tableau 1.3).
Arthro-IRM directes
Ces techniques reposent sur l’injection IA de produit de contraste ou de sérum
physiologique dans le but de distendre l’articulation, souligner les structures
Arthro-IRM indirecte
L’arthro-IRM indirecte avec injection IV de chélate de gadolinium tire
bénéfice de la diffusion du produit de contraste dans la synoviale puis dans
le liquide articulaire, mais elle n’augmente pas la quantité de liquide IA. Le
rehaussement IA est optimal au bout de 15 à 30 min après l’injection. Le
délai est fonction de l’importance des mouvements de l’articulation mais
également de son degré d’inflammation. L’analyse repose sur les séquences
pondérées T1 avec fat sat.
Attention !
Il existe plusieurs techniques d’arthro-IRM.
Dans le service d’imagerie Guilloz (CHRU de Nancy), la technique recom-
mandée est celle de l’arthro-IRM directe au produit de contraste iodé cou-
plée à l’arthroscanner.
36 Scanner et IRM ostéo-articulaires en pratique
b c
d e
Figure 1.30. Patiente de 47 ans adressée dans notre établissement pour une
analyse objective de l’épaule dans le cadre de la reconnaissance d’une maladie
professionnelle après des bilans d’imagerie discordants.
a. IRM antérieure. b, c. Arthroscanner et arthro-IRM (plan frontal) en un temps
avec un produit de contraste iodé permettant de tirer profit du meilleur des deux
mondes, montrant une rupture transfixiante du tendon du supra-épineux avec une
perforation punctiforme de la face bursale du tendon associée à de multiples clivages
intratendineux (flèche rouge), mieux caractérisés en arthroscanner. d, e. Mêmes
examens dans le plan sagittal montrant une tendinopathie œdémateuse du biceps
(flèche) mieux caractérisée en arthro-IRM.