7 Tha Epicycliques

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 17

1

Les 4 Blocs de ce cours de Géométrie pour Architectes:

Bloc I
Constructibilité → Non Constructibilité
Bloc II Bloc III
Constructibilité Constructibilité avec des
à la règle & au compas instruments supplémentaires
. Figures → Transformations . Familles de courbes et de surfaces
. Moyennes constructibles, ex: complexes, ex:
- DEMR → Pentagone, Dodécaèdre - Épicycliques, coniques
- Moyenne harmonique - Surfaces à courbure variable & constante

Bloc IV
Constructibilité
à la règle seule
= Géométrie Projective
. Transformation = Projection
. Conique = image du cercle en perspective
. Propriétés invariantes:
- Alignements & Intersections
- Birapport anharmonique
2

▶ Enregistrement du 22 Février 2024 7 - THa (30 min)

7-THa - EPICYCLIQUES

POLYEDRES REGULIERS & ASTRONOMIE 3


Le Traité de GÉOMÉTRIE d'Albrecht Dürer 10
Courbes Epicycliques en Mathématiques 13

Démarche générale de ce 2nd semestre:

→ Au 3ème bloc de la 1ère moitié du semestre, nous abandonnerons définitivement la règle &
le compas pour examiner des courbes et des surfaces de plus en plus complexes construites
avec d’autres instruments mécaniques:
- courbes épicycliques qui constituaient la trajectoire des planètes dans l’astronomie
antique,
- ellipse introduite par Kepler qui abandonne le système épicyclique qu’avait voulu
simplifier Copernic en faisant tourner les planètes autour du Soleil et non plus autour
de la Terre,
- coniques dans le plan ou courbes quadratiques dans l'espace:
- qui décrivent la famille des lignes d’ombres sur les cadrans solaires
= gnomonique
- qui forment les courbes d’intersection de voûtes en pierre: entre elles ou avec
un mur oblique ou qui profilent des arcs rampants.
= stéréotomie
- qui constituent l’image d’une sphère et d’un cercle vus en perspective.
= perspective

Ainsi ce 3ème bloc bloc fournira-t-il une base de connaissances nécessaires à l’introduction de
la géométrie projective au 4ème bloc de la 2nde moitié du semestre.

Cette géométrie projective fut initiée en 1639 par un architecte: Desargues pour fournir des
méthodes communes à 3 activités pratiques:
- le dessin en perspective,
- la taille de la pierre (stéréotomie),
- la construction de cadrans solaires (gnomonique)
Plutôt que d’ajouter de nouveaux instruments, nous verrons que cette géométrie projective se
construit à l’aide d’un seul et unique instrument: la règle nue, sans graduations.

Démarche générale de ce 7ème chapitre:


→ Dès ce chapitre 7, nous partons d’un instrument qui compose 2 rotations pour produire la
famille très générale des courbes épicycliques. Dans l’Antiquité, le principal usage de cette
famille de courbes fut la description des mouvements des planètes, conçus comme une
combinaison de mouvements circulaires à vitesse constante. De fait, cet instrument
permettait déjà de produire les trajectoires elliptiques de l’astronomie moderne. L’étude de
l’orbite terrestre met en évidence des paramètres fondamentaux de l’ellipse, tel que
3

l’excentricité, dont la mise en variation nous permettra ensuite de passer aux autres coniques:
parabole et hyperbole.

Après étude de ces 3 coniques dans le plan, nous verrons comment ces courbes peuvent
également être produites par l’intersection d’un cône avec un plan d’inclinaison variable.
Dans ce passage à l’espace, on verra que les foyers des 3 coniques se trouvent au point de
contact du plan de section d'un cône circulaire droit avec les sphères englobées par ce cône de
part et d’autre du plan de section (Théorème de Dandelin).

Enfin, on étudiera comment les lignes d’ombre des cadrans solaires peuvent être des 3 types
de coniques selon la date et le lieu d’observation sur la Terre. De fait, la gnomonique est un
champ d’application remarquable de la théorie mathématiques des coniques, même si nous
n’avons pas trace de la connexion entre ces 2 disciplines dans l’Antiquité.

Calendrier :
1- la 1ère séance de tutorat en SG1 = Jeudi 22 Février 2023
2- l'examen de mi-semestre le Mercredi 27 mars 2023,
La date de la séance de remplacement reste à déterminer.

POLYEDRES REGULIERS & ASTRONOMIE

Retour à la Conclusion du 1er semestre = Construction des 5 polyèdres réguliers


La proposition XIII,18 conclut les Eléments d’Euclide en construisant les arêtes des 5
polyèdres réguliers à l’intérieur du demi-grand cercle de leur sphère circonscrite (6-TH).

Cette construction à la règle et au compas représente un tel couronnement de la géométrie


euclidienne qu’on tentera à plusieurs reprises de mettre en rapport ces 5 éléments avec les
éléments d’autres domaines, tels:
- les éléments de la physique dans l’Antiquité, qui sont au nombre de 4
- les planètes de l’astronomie à la Renaissance, qui sont au nombre de 6

Toutefois, comme les nombres distincts 4, 5, 6 de ces éléments le laissent présager, ces mises
en correspondance ne peuvent que demeurer extrêmement problématiques, tout en illustrant
bien comment les Eléments d’Euclide joueront longtemps un rôle pivot dans la culture en
général.

1 → Comment associer ces 5 polyèdres aux 4 éléments matériels dans l’Antiquité ?

Rappel : les 5 Polyèdres réguliers convexes:


Découverts avant -400 Inventés par Théétète vers -400

Cube Tétraèdre Dodécaèdre Octaèdre Icosaèdre


Ces 5 polyèdres sont abusivement qualifiés de platoniciens parce que Platon, dans un seul
passage (53e) d’un seul de ses dialogues qu’est le Timée (~-360), associe 4 de ces solides aux
4 éléments matériels de la physique d’Empédocle

4 Eléments de la physique inventés par Empédocle d'Agrigente en Sicile (~-450):


4

Terre Eau Air Feu

Comme on l’a vu en 6-TH, Platon met en relation ces 4 éléments matériels dans une double
moyenne proportionnelle:
Terre/Eau = Eau/Air = Air/Feu

En outre, pour le Platon du Timée, les faces des 4 polyèdres associés aux éléments sont
composées de 2 types de triangles rectangles:
- un triangle rectangle isocèle aux côtés de l’angle droit égaux,
- un demi triangle équilatéral aux côtés de l’angle droit inégaux,

Platon entend ainsi expliquer que les 3 éléments: Eau, Air, Feu, dont les polyèdres ont leurs
faces composées des mêmes demi triangles équilatéraux, peuvent se recomposer les uns dans
les autres, ce qui rendrait compte, par exemple, de phénomènes comme l’évaporation de l’eau
en vapeur, assimilée à de l'air.

Platon, Timée (~-360) = Décomposition en triangles des faces des polyèdres réguliers.
Cube: Tétraèdre, Dodécaèdre:
Octaèdre, = pas évoqué par Platon dans la
Icosaèdre: décomposition des éléments
matériels

Face carrée Face triangulaire Face pentagonale


équilatérale

Carré Triangle équilatéral décomposé Pentagone régulier


décomposé en 4 en 6 décomposable en 10
triangles rectangles isocèles demi triangles équilatéraux aussi triangles rectangles
ayant 2 côtés égaux rectangles selon une DEMR
ayant tous les côtés inégaux = pas évoqué par Platon

Que faire de l’absence de 5ème élément de la physique?


- Platon: n’accorder au dodécaèdre qu’un rôle cosmétique, d’ornement du cosmos.
- Aristote: inventer un 5ème élément cosmique, la quintessence = l’éther.

Empédocle: Terre Eau Air Feu


(-450)

Théétète: Cube Icosaèdre Octaèdre Tétraèdre Dodécaèdre


(~-390)
5

Platon: Composé Composés de demi triangles Dodécaèdre =


Timée de triangles équilatéraux ce qui permet de Ornement des
(~-360) rectangles décomposer & recomposer ces 3 éléments 12
isocèles les uns dans les autres. constellations
du zodiac ?

Aristote: = 4 éléments présents sous la Lune qui se dirigent en ETHER


(~-350) ligne droite vers leur lieu naturel superposés: = 5ème
Terre → Terre élément présent
Eau → Mer au-dessus de la
Air → Atmosphère Lune
Feu → Comètes, Arcs en ciel, etc = Monde
Sous la Lune = Monde sublunaire supralunaire
= Domaine de la Physique & de la Météorologie = Astronomie
= Domaine régi par le mouvement rectiligne de la chute = mouvement
des corps vers leur lieu naturel circulaire

C’est pour rendre compte de la trajectoire des astres à partir de la Lune qu’Aristote introduit
un 5ème élément dont le mouvement naturel est circulaire au contraire des 4 éléments Terre,
Eau, Air, Feu qui se dirigent en ligne droite vers leur lieu naturel.

Cet élément supplémentaire sera dénommé éther ou quintessence (5ème essence) par les
commentateurs ultérieurs1.

Aristote inventorie donc bien 5 éléments matériels, mais il rejette explicitement toute tentative
de mettre ces éléments en correspondance avec les 5 polyèdres (Du Ciel, III,8 307a - 308b).
Ce qui l’intéresse, lui, Aristote, c’est d’opposer:
- les mouvements naturels en ligne droite du monde sublunaire
- aux mouvements naturels des astres du monde supralunaire qui composent des cercles
autour de la Terre.
Cette prévalence du mouvement circulaire est au fondement des systèmes épicycliques depuis
l’Antiquité jusqu’à Kepler qui, lui, fera tourner les planètes selon des trajectoires elliptiques.

2 → Comment associer les 5 polyèdres aux 6 planètes connues à la Renaissance ?

Conception astronomique majoritaire héritée de l’Antiquité:


- la Terre est au centre d’un monde de taille finie, limité par une sphère dite céleste.
- les étoiles se trouvent à la surface de cette sphère céleste où ces astres effectuent chaque jour
une révolution complète autour de l’axe polaire.
- le Soleil et la Lune se trouvent, eux, sur 2 sphères intermédiaires proches de la Terre où ces
astres tournent eux-aussi quotidiennement autour de la Terre, mais selon des plans qui font un
angle de 24° & 19° avec le plan de rotation des étoiles.
- les 5 planètes repérables à l'œil nu sont, chacune, portées par leur propre sphère dont
l’épaisseur est définie par leurs éloignements minimal et maximal dans leur course autour de
1
L’idée d’un éther remplissant l’espace entre les corps célestes reviendra sous diverses formes tout au long de l’histoire de
l’astronomie et de la physique moderne. Entre autres, on trouvera cet éther chez Descartes (1639) et Newton (1687), puis
chez tous ceux qui promeuvent une conception ondulatoire de la lumière dans laquelle l’éther constitue le milieu où se
propage ces ondes.
Cette conception ondulatoire de l’éther a été écartée par la fameuse expérience de Michelson & Morley en 1887.
6

la Terre selon le même axe que celui du Soleil. Mais, à la différence des autres astres, ces 5
planètes suivent des trajectoires irrégulières où elles inversent parfois leur course autour de la
Terre. (En grec, le verbe πλανεω signifie errer, vagabonder)
Cette conception du monde fut magnifiquement systématisée par Ptolémée dans son œuvre
majeure: l’Almageste, rédigée vers +150 à Alexandrie en Egypte.

La Terre & les corps célestes connus dans l’Antiquité:


Centre 2 astres réguliers: 5 Planètes: Sphère
immobile → Tournent toujours Astres irréguliers → Semblent rebrousser Céleste
dans le même sens chemin dans leur course autour de la terre régulière

Terre Lune Soleil Mercure Vénus Mars Jupiter Saturne Etoiles

→ Même si certains textes antiques, tels l’Epinomis, parlent d’harmonie des sphères,
aucun auteur n’associe les 5 planètes irrégulières aux 5 polyèdres réguliers.

Conception héliocentrique de Copernic = Terre + 5 autres planètes = 6 planètes


Centre 2 planètes 1 planète Satellite 3 planètes Sphère
du intérieures: de de la extérieures: Céleste
Monde référence Terre

Soleil Mercure Vénus Terre Lune Mars Jupiter Saturne Etoiles

C’est pour simplifier le système de Ptolémée que Copernic va considérer:


- que c’est le Soleil et non plus la Terre qui se trouve au centre du Monde
- que la Terre devient ainsi une planète au même titre que les 5 autres planètes.

Simplification majeure du système copernicien: l’inversion de la course des 5 planètes vues


depuis la Terre n’y est plus qu’une illusion d’optique résultant de leur différence de vitesses
(7-THb).

Ainsi, à la Renaissance, les planètes deviennent-elles des astres réguliers, mais elles sont au
nombre de 6, puisqu’elles intègrent la Terre.

Et précisément, Kepler se demande alors comment, dans un monde parfait créé par un Dieu,
peut-il y avoir 6 planètes régulières, alors qu’il n’y a que 5 polyèdres réguliers?

Réponse: Les 5 polyèdres s’intercalent entre les 6 planètes,


comme 5 intervalles séparent 6 poteaux sur une ligne ouverte.

L'intercalation des 5 polyèdres entre les sphères des 6 planètes:

Octaèdre Icosaèdre Dodécaèdre Tétraèdre Cube


7

C’est dans un essai de jeunesse: le Mysterium Cosmographicum (1596) que Kepler échafaude
cette théorie où:
- chaque planète demeure portée par une sphère dont l’épaisseur est définie par ses
éloignements minimal et maximal relativement au Soleil.
- chaque polyèdre définit l’intervalle entre:
- la sphère inscrite de la planète immédiatement intérieure,
- la sphère circonscrite de la planète immédiatement extérieure, dont le diamètre
équivaut à celui du demi cercle de la proposition XIII, 18 des Eléments d’Euclide.
→ Voir approfondissement 7-APb

Illustration commanditée par Kepler pour l’impression du Mysterium Cosmographicum


par Georg Gruppenbach en 1596:
Graveur probable: Anton Ramsler (1560 - Vue de détail limitée aux polyèdres contenus
1607), peintre membre de l’Université de dans la sphère circonscrite au dodécaèdre
Tübingen où enseignait Kepler

Il s’agit là d’une pure conjecture que Kepler échafaude en choisissant les polyèdres inscrits et
circonscrits dans un ordre qui correspond, au mieux, aux intervalles entre les planètes, selon
les médiocres données astronomiques dont il dispose alors. Par la suite, Kepler aura
l’opportunité de travailler avec Tycho Brahé dans le meilleur observatoire à l'œil nu jamais
construit. C’est sur la base de ces nouvelles données bien plus précises que Kepler inventera
les 3 lois relatives aux orbites elliptiques des planètes [7-THc], sans jamais vraiment renier la
conjecture de son Mysterium Cosmographicum.
Importer le paquet KEPLER …. (onglet “EPFL CNPA”, commande ):
8

→ Un nouveau projet s’ouvre dans un nouvel onglet:

→ Ouvrir l’assemblage suivant:

→ Montrer progressivement:
→ Pour modifier la coupe: cliquer l’icône ci-dessous.

→ Déplacer le plan de coupe biais avec la → Zoomer sur les polyèdres intercalés entre
flèche jaune. les sphères des planètes intérieures.

Sous ensemble (plus lisible) du système de Kepler:


9

= Intercalation de l’icosaèdre & du dodécaèdre entre les sphères de:


- Vénus,
- la Terre,
- Mars
Sphère Icosaèdre: Sphère Dodécaèdre: Sphère
Vénus: Terre Mars
- inscrite dans - circonscrite à - circonscrite à
Icosaèdre Icosaèdre Dodécaèdre
- inscrite dans
Dodécaèdre

- Cacher
- Montrer progressivement les sous-ensembles de
Caméra de Dessus Caméra Perspective

Mais, jusqu’à ce que Kepler propose ses ellipses, les trajectoires des planètes sont considérées
comme des courbes épicycliques dont le peintre Albrecht Dürer nous décrit l’instrument de
simulation.

Le Traité de GÉOMÉTRIE d'Albrecht Dürer


Underweysung der Messung = Instructions sur la mesure
(1525)

Que ce soit pour les courbes planes ou les courbes spatiales, nous partirons de la modélisation
d’instruments décrits par Albrecht Dürer dans son Traité de Géométrie (1525).

Cas exceptionnel = ce traité de géométrie est écrit :


- par un non-mathématicien : Dürer est un artiste
- pour des non-mathématiciens : orfèvres, tailleurs de pierres et … architectes.

→ Dans ce sens, Dürer a d’illustres précurseurs, tels:


- Vitruve, qui dérive sa 1ère figure du De Architectura (-27) de la 1ère proposition des Éléments
d’Euclide
- Alberti, qui consacre toute la 1ère partie du De Pictura (+1435) à des rudiments de
géométrie.
10

Les instruments = thème récurrent tout au long du traité de géométrie de Dürer:


Inventer des instruments pour tracer des courbes et des lignes non constructibles à la règle et
au compas afin de.
- résoudre des problèmes mathématiques, tels que la duplication du cube
- mais aussi pour dessiner des éléments d’architecture, ex: colonnes torsadées

Duplication du cube: Colonnes torses:

→ Nécessité de passer à des instruments mécaniques:


= comme aujourd'hui nous passons à des instruments numériques.

Rappel des Instruments mécaniques examinés au 1er semestre :


= Courbes utilisées pour résoudre des problèmes mathématiques
Conchoïde de Nicomède : Courbe « ophiuride » d’Eudoxe
faussement attribuée à Platon :
➔ Trisection de l’angle [3-THa] ➔ Duplication du cube [3-THb]

Examinons désormais l’instrument araignée que Dürer propose pour simuler des courbes
épicycliques.

La LIGNE ARAIGNÉE - Die Spinnenlinie


Courbes épicycliques de Dürer
Manipulation de l’instrument araignée d’Albrecht Dürer
11

-Importer le Paquet du chapitre 7


→ Ouvrir l’assemblage dans le dossier

La courbe ci-dessous, identique à celle de la figure de Dürer, correspond à 1 rotation complète


dans le même sens des bras déférent & épicycle:

NB = Cet assemblage est le résultat de l’exercice 7-EXa.


→ > Visionner simulation
- Lire la simulation

Underweysung der Messung = 1er traité de géométrie écrit en allemand


→ En l'absence de vocabulaire scientifique allemand, Dürer donne à ses courbes des noms
d'animaux: araignée, serpent, escargot, … etc.
NB = Le 1er traité de géométrie en français est celui, un plus précoce, de Charles Bovelles,
rédigé en 1511, mais beaucoup moins riche que celui de Dürer en allemand.

Dürer dénomme “lignes araignées” les courbes épicycliques parce que les diverses positions
instantanées de l’instrument qui les produit dessinent des “pattes d’araignées”

Encore une autre ligne que je nomme araignée puisque dans le dessin servant à la construire
elle ressemble à cet animal ! Je l’obtiens par un double mouvement comme suit…

Albrecht Dürer, Underweysung der Messung, Livre I , U I 40


Interprétation anatomique des courbes épicycliques
par Carlo Urbino di Crema (+1570), disciple de Leonardo da Vinci:
12

→ Dessins d’hommes araignées pour étudier les mouvements épicycliques du corps humain.

Anatomie & Astronomie à la Renaissance


= 2 systèmes de mouvements épicycliques: l’un astronomique, l'autre anatomique
= un des fondements de la correspondance entre macrocosme & microcosme à la Renaissance
13

Courbes Epicycliques en Mathématiques

Définition des Courbes épicycliques :


Les 3 composants du plus simple des instruments traçant des courbes épicycliques:
- une base munie d’un pivot central
- un bras déférent qui tourne autour du pivot,
- un bras épicycle qui tourne autour de l’extrémité libre du bras déférent.
NB = Ce sont les 3 composants de l’assemblage modélisé en 7-EXa

Courbes épicycliques : Courbes engendrées par l’extrémité libre d’un bras épicycle qui
tourne à vitesse constante autour de l’extrémité d’un bras déférent tournant lui-même à
vitesse constante autour d’un pivot à son autre extrémité.

Les courbes épicycliques constituent une famille de courbes très générale où les vitesses
constantes de rotation des bras épicycle & déférent peuvent prendre des valeurs différentes
pour produire une multiplicité de courbes particulières.

Parmi ces courbes particulières on trouve plusieurs cas remarquables, tels:


- le cercle,
- ou l’ellipse.

Le cercle et l’ellipse apparaîtront ainsi à l’intersection de 2 familles de courbes:


- les courbes épicycliques produites par un instrument mécanique,
- les coniques produites par l’intersection d’un cône par un plan.

L’ellipse: à l’intersection des courbes épicycliques & des coniques:


14

Les courbes épicycliques en astronomie:

Les courbes épicycliques vont constituer l’outil majeur de l’astronomie depuis l’antiquité
grecque, jusqu’à Kepler (~+1600)

En effet, toute l’astronomie antique en langue grecque repose sur les 2 hypothèses que les
trajectoires des planètes autour de la Terre résultent de compositions de
- mouvements circulaires, (= mouvement naturel du monde supralunaire)
- à vitesse constante,
produisant ainsi des courbes épicycliques fermées et stables dans le temps (périodiques).

Pour s’efforcer de rendre compte des mouvements réels des planètes, les astronomes seront
amenés à complexifier leurs modèles épicycliques en multipliant le nombre des bras
épicycles, et en inventant des centres de rotation qui ne coïncident pas nécessairement avec le
centre des trajectoires (tels les points équants examinés en approfondissement 7-APg).

La version la plus achevée de ces systèmes épicycliques est décrite par Ptolémée dans son
traité La Grande Composition, rédigé vers +150 à Alexandrie, plus connu sous le titre que lui
donneront ses traducteurs en langue arabe: Almageste.

C’est avant tout pour simplifier cette combinaison de nombreux épicycles que Copernic
recomposera le système de Ptolémée en faisant tourner les planètes autour du Soleil et non
plus autour de la Terre. Ainsi Copernic cherchait-il plus à sauver l’ancien système
épicyclique de Ptolémée, qu’à inventer un nouveau système héliocentrique. Aussi
l’expression “révolution copernicienne” doit-elle être utilisée prudemment.

Dans ce cours, on se tiendra à l’examen du mécanisme élémentaire composé d’un seul cercle
déférent & d’un seul cercle épicycle comme on le voit sur la courbe de l’instrument
“araignée” de Dürer.

Périodicité des courbes épicycliques:

L’usage des courbes épicycliques en astronomie va introduire une 1ère distinction entre
courbes fermées et ouvertes, qu’on dira périodiques et non périodiques.

Pour bien comprendre l’enjeu de cette distinction, il faut considérer un élément de courbe
ouverte après un certain nombre de rotations des bras déférent & épicycles. La question est de
savoir si ce tronçon de courbe finira par se reboucler sur lui-même et se répéter toujours à
l’identique, ou si, au contraire, la courbe ne cessera de varier à l’infini?

Critère de périodicité:
Le critère de périodicité des courbes épicycliques tient dans la nature du rapport entre les
vitesses des bras déférent & épicycles.

Formulation moderne:
15

→ Une courbe épicyclique est périodique dès lors que le rapport des vitesses angulaires des
bras déférent Vd & épicycle Ve est rationnel. Cela signifie que ce rapport de vitesses peut
s’exprimer sous la forme d’un rapport de 2 nombres entiers:
Ve/Vd = n/m
où n & m sont deux nombres entiers

Démonstration:
Pour que la trajectoire soit périodique, il faut que chacun des bras revienne à sa position
angulaire initiale au bout d’une même période de temps T, ce qui correspond à des angles
multiples de 360°:
. Bras épicycle → n * 360°
. Bras déférent → m * 360°

Or les angles parcourus par ces bras au long de cette période sont égaux au produit de la
période T par la vitesse angulaire des bras déférent & épicycle: Vd & Ve.

Revenir à la même position signifie que les angles parcourus pour les 2 bras de l’instrument
doivent être tous deux des multiples de 360° au terme de la période de temps T:
Angle parcouru sur une période de temps T = T * Vitesse angulaire = Multiple de 360°
. Bras épicycle → T * Ve = n * 360°
. Bras déférent → T * Vd = m * 360°
avec n & m étant des nombres entiers de tours.
En divisant l’une par l’autre les deux relations, on obtient:
Ve/Vd = n/m
où donc n & m sont deux nombres entiers

Une fois connu le rapport des vitesses Ve/Vd d’un mouvement épicyclique, on peut
déterminer sa période T. Il suffit pour cela de réduire la fraction n/m de sorte que les nombres
entiers n & m soient premiers entre eux, puis on calcule l’une ou l’autre des 2 expressions
équivalentes:
T = n*360° / Ve
T = m * 360° / Vd

Formulation “à l’ancienne”:
→ Une courbe épicyclique est périodique dès lors que les vitesses angulaires des bras déférent
Vd & épicycle Ve sont commensurables, c’est à dire qu’elles sont des multiples entiers d’une
unité commune.
Dans l’Antiquité, le mot pour dire commensurabilité est alors symmetria, qui constitue le
concept central du De Architectura de Vitruve (-27).

Comme vu en 1-TH, le mot symétrie ne prendra son sens moderne qu’en 1794 lorsque
Legendre mettra en évidence qu’un objet de mesures données peut avoir 2 orientations
différentes comme les mains gauche et droites.

→ La périodicité est aux mouvements dans le temps


ce que la commensurabilité est aux longueurs dans l’espace.

Conclusion sur la modélisation du mécanisme araignée de Dürer:


Dans l’instrument , les vitesses sont contrôlées par les facteurs d & e.
16

En donnant à d & e des valeurs incommensurables, on sera certain de pouvoir prolonger


indéfiniment des courbes épicycliques sans que celles-ci se rebouclent sur elles-mêmes.
→ La nature des nombres d & e nous permet ainsi d’établir un pronostic indéfiniment valide
sur la nature des courbes produites par cet instrument.

→ Ouvrir le dossier des paramètres:

→ Modifier la valeur des paramètres d & e comme sur les titres des 2 tableaux ci-dessous.
NB = Pour √2, saisir sqrt(2)
Si la trajectoire n’apparaît plus, c’est que le document se trouve en Etape Modélisation,
symbolisée par un petit crayon, à gauche du Nom du document:

→ Pour passer en Etape Mécanisme: cliquer le petit triangle noir au bout de la flèche rouge
& sélectionner l’étape dans la liste déroulante:
→ Simuler le mouvement de l’instrument:
- > Visionner simulation > Lire la simulation

Types de courbes engendrées par l’instrument épicycle.

Famille de courbes épicycliques non périodiques traçables avec l’instrument de Dürer:


d=1 d = -1 d = -1 d=1
e = √2 e = √2 e = √3 e = √3

Famille de courbes épicycliques périodiques traçables avec l’instrument de Dürer:


d=1 d=1 d=2 d = -1
e=1 e=2 e=3 e=3
Boucle de rétrogradation Courbe baroque
avec mouvements
circulaires uniformes
dans le même sens
17

Cas particuliers de courbes épicycliques périodiques:

Cas particuliers mathématiques:


d = -1 d = -1
e=1 e=2
Cercle Excentré : Ellipse :

→ Un instrument rudimentaire tel que celui de l’araignée de Dürer permet aussi de simuler 2
types de phénomènes astronomiques, comme nous allons l’examiner en 7-THb:

Cas particuliers astronomiques:


Trajectoire circulaire excentrique du soleil Trajectoire munie d’une boucle expliquant les
orange expliquant l’inégalité des saisons. rétrogradations d’une planète orange.

Apollonius d’Alexandrie (~-220) avait déjà remarqué qu’un instrument du type de celui que
Dürer dénomme “araignée” permet de produire aussi bien:
- des cercles excentrés
- que des courbes comportant des boucles de rétrogradations.

NB = Apollonius est aussi l’auteur du traité de référence sur les coniques dans l’Antiquité. Par
ailleurs, Vitruve attribue à Apollonius l’invention d’un certain type de cadrans solaires, bien
qu’on n’ait pas trace de lien entre la gnomonique et la théorie des coniques dans l’Antiquité.

Vous aimerez peut-être aussi