Acide Phosphorique

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Édition 2011

FICHE ToXIColoGIQUE FT 37
O
Acide phosphorique HO P OH
Note établie par les services techniques et médicaux de l'INRS (N. Bonnard,
D. Jargot, N. Nikolova-Pavageau, S. Miraval, O. Schneider) OH

H3PO4

numéro CAS
CARACTÉRISTIQUES 7664-38-2

UTIlISATIonS [1, 2, 4 à 6] numéro CE


L'acide phosphorique est essentiellement utilisé dans les applications suivantes : 231-633-2
n fabrication d'engrais ;
n traitement de surface des métaux ;
n agent régulateur d'acidité/antioxydant/séquestrant dans l'industrie alimentaire – numéro Index
E338 ; 015-011-00-6 acide phosphorique
n nettoyage de surfaces (métal, tuile, porcelaine…) ; (solutions aqueuses)
n liants pour produits réfractaires et céramiques ;
n traitement des eaux ;
n catalyseur en pétrochimie ; Synonyme
n coagulation du caoutchouc latex ; Acide orthophosphorique
n teinture dans l'industrie textile ;
n ciment dentaire…

Depuis le 1er décembre 2010, l’étiquette doit être conforme au règlement (CE) n° 1272/2008 dit « règlement CLP ».

C - Corrosif

ACIDE PHoSPHoRIQUE… (≥ 25 %) ACIDE PHoSPHoRIQUE… (≥ 25 %)

R 34 – Provoque des brûlures.


DAnGER
S 26 – En cas de contact avec les yeux, laver immédia-
H 314 – Provoque des brûlures de la peau et des tement et abondamment avec de l’eau et consulter
lésions oculaires graves. un spécialiste.
Nota : Les conseils de prudence P sont sélectionnés S 45 – En cas d'accident ou de malaise, consulter
selon les critères de l’annexe 1 du règlement CE immédiatement un médecin (si possible lui montrer
n° 1272/2008. l'étiquette).

231-633-2 231-633-2 – Étiquetage CE


Selon le règlement CLP. Selon la directive 67/548/CEE.
PRoPRIÉTÉS PHySIQUES [1 à 6] VAlEURS lImITES
À température ambiante, l'acide phosphorique pur anhydre D’EXPoSITIon PRoFESSIonnEllE
est un solide cristallisé incolore, très déliquescent. Il est Des valeurs limites d’exposition professionnelle indicatives
très soluble dans l'eau et l'éthanol. dans l’air des locaux de travail ont été établies pour l’acide
L'acide phosphorique étant extrêmement hygroscopique, phosphorique.
il est généralement commercialisé sous forme de solu-
tions aqueuses de diverses concentrations dont les plus VLEP Moyenne
courantes sont 75, 80 et 85 % en poids de H3PO4. Une solu- Court terme
pondérée
tion à 85 % se présente sous forme d'un liquide visqueux (15 minutes)
sur 8 heures
incolore. PAYS ppm mg/m3 ppm mg/m3
Les principales caractéristiques physiques de l'acide France
phosphorique pur et de certaines solutions commerciales (VLEP réglementaire 0,2 1 0,5 2
sont les suivantes : indicative - 2004)
Masse molaire 98,00 Union européenne
– 1 – 2
Point de fusion 42,35 °C (pur) (directive - 2000)
21 °C (à 85 %) États-Unis
– 17,5 °C (à 75 %) – 1 – 3
(ACGIH – 1992)
Point d’ébullition 213 °C (pur) Allemagne 2 (fraction
158 °C (à 85 %) – – –
(valeur MAK) inhalable)
135 °C (à 75 %)
Densité (D254 ) 1,874 (pur)
1,685 (à 85 %)
1,574 (à 75 %) mÉTHoDES DE DÉTECTIon
Pressions de vapeur 4 Pa à 20 °C (pur) ET DE DÉTERmInATIon DAnS l’AIR
200 Pa à 20 °C (à 85 %)
75 Pa à 20 °C (à 75 %) n Prélèvement de l’acide phosphorique et de ses sels à
l’aide d’un filtre membrane en PVC ou PTFE. Le filtre est
À 25 °C et 101,3 kPa, 1 ppm = 4 mg/m3. désorbé dans un solvant approprié, en général de l'eau.
Une extraction à l’alcool isopropylique peut permettre de
différencier H3PO4 de ses sels. L’analyse est effectuée par
PRoPRIÉTÉS CHImIQUES [1, 2, 5, 6] chromatographie ionique ou par électrophorèse capillaire
[17, 18].
L'acide phosphorique est un triacide minéral. La première
n Prélèvement des aérosols d’acide phosphorique sur un
fonction est celle d'un acide fort, la deuxième celle d'un
filtre en esters cellulosiques. Le filtre est désorbé dans un
acide faible et la troisième celle d'un acide très faible. Les
mélange de carbonate de sodium et de bicarbonate de
trois bases formées sont le dihydrogénophosphate
sodium et l’analyse est effectuée par chromatographie
(H2PO4–), l'hydrogénophosphate (HPO42–) et l'ortho-
ionique [19].
phosphate (PO43–).
C'est un acide plus fort que les acides acétique, oxalique, n Prélèvement de l’acide phosphorique en mélange avec
silicique et borique, mais moins fort que les acides sulfu- d’autres acides minéraux sur un tube en gel de silice
rique, nitrique, chlorhydrique et chromique. équipé d’un filtre en fibre de verre. Le filtre et le tube sont
désorbés séparément dans un mélange de carbonate de
L'acide phosphorique réagit violemment avec les bases,
sodium et de bicarbonate de sodium et l’analyse est effec-
les nitrates, les chlorates… Sous l'action de la chaleur, il
tuée par chromatographie ionique [20].
perd de l'eau et se transforme en acide pyrophosphorique
(H4P2O7) à partir de 213 °C.
L'acide phosphorique attaque la plupart des métaux (et
en particulier les métaux ferreux, le zinc, l'aluminium)
avec libération d'hydrogène. Il n'attaque pas les aciers
InCEnDIE – EXPloSIon [1 à 3, 4]
inoxydables jusqu'à des températures inférieures à
100 °C. Par contre, au-dessus de 200 °C, tous les maté- L'acide phosphorique est un composé non inflammable et
riaux, y compris les réfractaires, le verre et les émaux, sont non explosible. Toutefois, son action corrosive sur de nom-
rapidement attaqués. breux métaux usuels s'accompagne d'un dégagement
d'hydrogène, gaz extrêmement inflammable et explosible
Récipients de stockage [1, 5] en mélange avec l'air (les limites d'explosivité inférieure et
Le stockage des solutions d'acide phosphorique s'effectue supérieure de l'hydrogène sont respectivement de 4 et
généralement dans des récipients en acier inoxydable. 75 % en volume).
Certaines résines synthétiques (polyéthylène, polypropy- En cas d'incendie, les agents d'extinction courants peuvent
lène ou polychlorure de vinyle) peuvent être utilisées à être utilisés. L'eau pulvérisée ou sous forme de brouillard
basses températures. sera utilisée pour refroidir les récipients exposés ou ayant
Le verre est également utilisable pour de petites quanti- été exposés au feu.
tés ; les récipients seront alors protégés par une enveloppe
Les intervenants qualifiés et entraînés seront équipés
extérieure convenablement ajustée.
d’appareils de protection respiratoire isolants autonomes
Les revêtements en métal doivent être évités. et de combinaisons de protection.

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Sur les yeux du lapin, une solution à 10-17 % est légère-
PATHoloGIE – ToXIColoGIE ment irritante, alors qu’un contact direct avec la sub-
stance pure (119 mg) induit des effets sévères (brûlures).
ToXICoCInÉTIQUE – mÉTAbolISmE [1, 5] L’acide phosphorique n’est pas sensibilisant pour le
L’acide phosphorique peut pénétrer dans l’organisme par cobaye.
inhalation de son aérosol et par ingestion ; il libère des ions
phosphate qui sont éliminés dans l’urine. Toxicité subchronique, chronique
Les particules d’acide phosphorique sont hygroscopiques La toxicité de l’acide phosphorique, en exposition répétée
et ont tendance à augmenter de taille lors de leur passage par inhalation, est semblable à celle des aérosols acides ;
dans les voies respiratoires ; elles contiennent 90 % d’hu- elle est due à l’action irritante directe de l’ion H+ et dépend
midité dans la trachée et 99 % dans les poumons. De ce non seulement de la concentration mais aussi de la taille
fait, la quantité déposée dans les voies aériennes peut être des particules et de la durée d’exposition.
plus difficile à estimer qu’avec d’autres aérosols non- Par voie orale, des rats exposés via la nourriture (0-4 500-
hygroscopiques. 7 500 ppm du sevrage à 15 mois, soit 0-270-450 mg/kg/j)
L’acide phosphorique, au contact de l’humidité du tractus ne présentent aucun symptôme toxique.
gastro-intestinal, est transformé en ions phosphate. L’ab-
Par inhalation, les animaux sont exposés au produit de
sorption et, en quantité limitée, la réabsorption des ions
combustion d’un mélange contenant du phosphore blanc
phosphate dans le tractus gastro-intestinal sont influen-
ou rouge (95 à 97 %) et une gomme :
cées par différents facteurs. Le transport de la lumière
- des rats exposés à 0-300-750-1 200 mg/m3 ou 0-50-180-
intestinale vers le sang est un phénomène actif qui est sti-
300 mg/m3 du produit de combustion (phosphore rouge ;
mulé par la vitamine D. Chez l’homme adulte, en
moyenne, deux tiers de la quantité ingérée sont absorbés diamètre aérodynamique médian en masse (MMAD) des
et excrétés dans l’urine ; chez l’enfant en croissance, la particules de l’aérosol = 0,49-0,65 µm ; 71 à 79 % de l’aé-
quantité absorbée n’est pas entièrement excrétée, le taux rosol sous forme d’acide phosphorique), 2,25 heures par
plasmatique de phosphates est plus élevé que chez jour, 4 jours par semaine, pendant 13 semaines, présentent
l’adulte. une létalité induite à partir de 750 mg/m3 ; l’organe cible
est le tractus respiratoire et, en particulier, les bronchioles
terminales ainsi que les muqueuses bronchique et
ToXICITÉ EXPÉRImEnTAlE [4, 7] laryngée. Une fibrose modérée à sévère des bronchioles
terminales apparaît en relation avec la concentration
Les études, menées en toxicologie expérimentale par
(≥ 750 ppm). Aux concentrations inférieures (≤ 300 ppm),
inhalation, utilisent les aérosols ou les fumées d’acide
la lésion est minimale. La NOAEL est de 50 mg/m3.
phosphorique formés lors de la combustion du phosphore
- des rats exposés à 0-192,5-589-1 161 mg/m3 (produit de
blanc ou rouge (dégagement de pentoxyde de phosphore
combustion du phosphore blanc), 15 minutes par jour, 5
qui s’hydrolyse en acide phosphorique).
jours par semaine pendant 13 semaines, meurent, à la
Toxicité aiguë forte concentration, par œdème laryngé ou trachéal ; il n’y
a pas de modification du poids, des paramètres hématolo-
L’acide phosphorique est, selon la dose et la voie d’exposi-
giques ou biochimiques ni du comportement. À l’examen
tion, irritant ou corrosif pour le tractus respiratoire, la
histologique, limité au tractus respiratoire, on observe tra-
peau, les yeux et le tractus gastro-intestinal.
chéite et laryngite chez tous les animaux et bronchiolite
Voie Espèce Dl50/Cl50 aux deux plus fortes concentrations. La LOAEL est de
192,5 mg/m3.
Orale Rat 1 530 mg/kg
- des rats, des souris et des cobayes sont exposés à 0-16-
Cutanée Lapin 2 740 mg/kg 128 mg/m3 (produit de combustion du phosphore rouge)
Inhalatoire Rat > 213 mg/m3/4 h 1 heure par jour, 5 jours par semaine pendant 13 semaines.
Lapin 1 689 mg/m3/1 h À l’examen histologique, après 19 mois, on observe chez la
souris des agrégats alvéolaires de macrophages avec gra-
Les fumées de combustion d’un mélange contenant 95 % nules, chez le rat, une baisse de poids corporel et chez le
de phosphore rouge renferment une forte concentration cobaye, une létalité.
en acide phosphorique et une petite quantité d’acide
diphosphorique. Une exposition des rats pendant 1 heure Effets génotoxiques
à ces fumées induit une légère déformation de l’épiglotte Le petit nombre de tests disponibles ne permet pas de
(à 3 150 mg/m3), un œdème du larynx (à 5 400 mg/m3) et conclure sur l’effet génotoxique de l’acide phosphorique.
des lésions trachéales et laryngées (à 8 500 mg/m3). Une
exposition pendant 4 heures à 1 500 mg/m3 provoque un L’acide phosphorique n’est pas mutagène in vitro pour les
œdème laryngé sévère et quelques points hémorragiques. bactéries dans le test d’Ames, avec ou sans activateurs
Des lapins exposés pendant 30 minutes à ces fumées pré- métaboliques.
sentent une nécrose épithéliale des alvéoles et une In vivo, un résultat négatif est obtenu, chez la drosophile,
inflammation du larynx partiellement réversible en 14 dans le test de recombinaison génique. Un test de létalité
jours. dominante, pratiqué chez le rat (0-589-1 161 mg/m3,
Sur la peau du lapin, l’acide phosphorique induit une irri- 15 mn/j, 5 j/sem., 10 semaines), montre une augmenta-
tation à partir d’une concentration de 75 % pendant tion du nombre de femelles présentant des résorptions
4 heures ; à 80 %, l’irritation est sévère, et à 85 %, il est cor- après accouplement avec des mâles exposés à la plus faible
rosif (nécroses). concentration uniquement.

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Effets cancérogènes voies respiratoires : rhinorrhée, éternuements, sensation de
Il n’y a pas de test d’effet cancérogène de l’acide phospho- brûlure nasale et pharyngée, toux, dyspnée, douleur thora-
rique rapporté dans la littérature. cique. La survenue d’un œdème laryngé ou d’un bron-
chospasme peut d’emblée engager le pronostic vital. À
Effets sur la reproduction l'arrêt de l'exposition, la symptomatologie régresse le plus
souvent, mais un œdème pulmonaire lésionnel peut surve-
L’acide phosphorique est fœtotoxique pour le rat exposé à nir de façon retardée, jusqu’à 48 heures après l’exposition.
une forte concentration par inhalation. Secondairement, la surinfection bactérienne est la compli-
Des rates gestantes, exposées à des produits de combus- cation la plus fréquente. L'hypersécrétion bronchique et la
tion du phosphore blanc (0-589-1 161 mg/m3, 15 mn/j) du desquamation de la muqueuse bronchique en cas de brû-
6e au 15e jour de gestation, ne montrent aucune modifica- lure étendue sont responsables d'obstructions tronculaires
tion des paramètres de gestation ou de reproduction. Les et d'atélectasies. À terme, des séquelles respiratoires sont
fœtus, exposés in utero à la plus forte concentration, pré- possibles : asthme induit par les irritants (en particulier,
sentent des variations viscérales et une augmentation du syndrome de dysfonctionnement réactif des voies aérien-
taux d’hypoplasie de l’apophyse xiphoïde. La NOAEL pour nes ou syndrome de Brooks), sténoses bronchiques, bron-
le développement est 589 mg/m3. Dans un autre groupe chectasies, fibrose pulmonaire.
d'animaux, une exposition des mères aux mêmes concen- L'ingestion d'une solution concentrée d’acide phospho-
trations 15 minutes par jour, 5 jours par semaine pendant rique est suivie de douleurs buccales, rétrosternales et
3 semaines, avant accouplement, pendant la gestation et épigastriques associées à une hypersialorrhée et des
la lactation, ne montre ni modification de la taille des por- vomissements fréquemment sanglants. L'examen de la
tées ni anomalie fœtale induite. Cependant, à la plus forte cavité bucco-pharyngée et la fibroscopie œsogastroduo-
concentration, on observe une baisse de la viabilité à 24 dénale permettent de faire le bilan des lésions caustiques
heures, du taux de lactation et de l’indice de survie à 21 du tractus digestif supérieur. Le bilan biologique révèle
jours. La NOAEL est de 589 mg/m3. une acidose métabolique et une élévation des enzymes
Par voie orale, des rats nourris pendant 3 générations (90 tissulaires, témoins de la nécrose tissulaire, une hyperleu-
semaines) avec une nourriture contenant 0,4 et 0,75 % cocytose et une hémolyse. Un ancien rapport de cas fait
d’acide phosphorique ne montrent aucune modification état d’une hyperphosphatémie et d’une hypocalcémie
de croissance ou de reproduction [8]. associées à une acidose métabolique suite à l’ingestion
d’une quantité importante d’une solution contenant 20 %
d’acide phosphorique [13]. Des complications peuvent
ToXICITÉ SUR l’HommE survenir à court terme : perforation œsophagienne ou
gastrique, hémorragie digestive, fistulisation (fistule œso-
L’acide phosphorique et ses aérosols sont caustiques et
trachéale ou aorto-œsophagienne), détresse respiratoire
peuvent provoquer des brûlures chimiques de la peau, des
(révélant un œdème laryngé, une destruction du carrefour
yeux et des muqueuses respiratoire et digestive. Dans une
aérodigestif, une pneumopathie d'inhalation ou une
récente évaluation, le Centre international de recherche sur
fistule œsotrachéale), état de choc (hémorragique,
le cancer (CIRC) a classé les brouillards d’acides inorga-
septique…), coagulation intravasculaire disséminée (évo-
niques forts dans le groupe 1 des substances cancérogènes
quant une nécrose étendue ou une perforation). L'évolu-
pour l’homme.
tion à long terme est dominée par le risque de
constitution de sténoses digestives, en particulier œso-
Toxicité aiguë [9 à 14] phagiennes ; il existe également un risque de cancérisa-
En milieu professionnel, les principales voies d’exposition tion des lésions cicatricielles du tractus digestif.
sont les voies respiratoire et cutanée.
La contamination cutanée ou oculaire (projection de solu- Toxicité chronique
tions d’acide phosphorique, contact avec de la poussière Il n’y a pas de donnée concernant les effets d’une exposi-
d’acide phosphorique anhydre en présence d’humidité ou tion chronique à l’acide phosphorique chez l’homme [15].
exposition à des aérosols d’acide) entraîne localement des
brûlures chimiques dont la gravité est fonction de la Effets cancérogènes [16]
concentration de la solution, de l’importance de la conta- Dans une récente évaluation, le Centre international de
mination et de la durée du contact. Selon la profondeur de recherche sur le cancer (CIRC) a considéré que les données
l’atteinte cutanée, on peut observer un érythème chaud et étaient suffisantes concernant le lien entre exposition aux
douloureux, la présence de phlyctènes ou une nécrose. L’é- aérosols d’acides inorganiques forts et risque de cancer du
volution peut se compliquer de surinfection, de séquelles larynx, mais limitées pour pouvoir affirmer une associa-
esthétiques ou fonctionnelles. Au niveau oculaire, la tion causale avec le cancer bronchique. Même s’il semble
symptomatologie peut associer une douleur immédiate, plausible que la diminution locale du pH en rapport avec
un larmoiement, une hyperhémie conjonctivale, un blé- l’inhalation d’acides inorganiques forts puisse provoquer
pharospasme. Des lésions séquellaires sont possibles : des dommages cellulaires et une prolifération réaction-
adhérences conjonctivales, opacités cornéennes, cata- nelle, aucun mécanisme n’est formellement identifié
racte, glaucome, voire cécité. L’instillation oculaire d’une comme étant à l’origine des cancers observés.
goutte d’une solution d’acide phosphorique tamponnée à
pH 2,5 n’entraîne qu’une brève sensation de picotement Effets sur la reproduction
transitoire, sans lésion constatée. Une goutte de la même Il n’y a pas de donnée humaine permettant d’évaluer les effets
solution tamponnée à pH 3,4 est parfaitement tolérée. de l’exposition à l’acide phosphorique sur la reproduction
L'exposition par inhalation à des aérosols d’acide phospho- (fertilité, développement). De tels effets ne semblent pas plau-
rique provoque immédiatement des signes d’irritation des sibles dans les conditions d’exposition professionnelle [15].

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– Arrêté du 9 novembre 2004 modifié (JO du 18 novembre
RÉGlEmEnTATIon 2004) transposant la directive 1999/45/CE.
Des limites spécifiques de concentration ont été fixées
pour l'acide phosphorique.
Rappel : La réglementation citée est celle en vigueur à
la date d’édition de cette fiche : 4e trimestre 2011.
InTERDICTIon/lImITATIon DE mISE
Les textes cités se rapportent essentiellement à la préven- SUR lE mARCHÉ ET D’EmPloI
tion du risque en milieu professionnel et sont issus du
Code du travail et du Code de la sécurité sociale. Les Produits biocides
rubriques « Protection de la population » et « Protection Ils sont soumis à la réglementation biocides (articles
de l’environnement » ne sont que très partiellement ren- L. 522-1 et suivants du Code de l’environnement). À terme,
seignées. la totalité des produits biocides seront soumis à des auto-
risations de mise sur le marché.

HyGIènE ET SÉCURITÉ DU TRAVAIl L'acide phosphorique est une substance active identifiée à
l’annexe I et notifiée à l’annexe II du règlement (CE)
1. mesures de prévention des risques chimiques n° 1451/2007 initialement pour le type de produits 4 (dés-
infectants pour les surfaces en contact avec les denrées
(agents chimiques dangereux)
alimentaires et les aliments pour animaux).
– Articles R. 4412-1 à R. 4412-58 du Code du travail.
– Circulaire DRT n° 12 du 24 mai 2006 (non parue au JO). Cependant, la décision 2008/809/CE a interdit la mise sur
le marché européen de cette substance (et des produits en
2. Aération et assainissement des locaux contenant) à des fins biocides à partir du 25 octobre 2009
– Articles R. 4222-1 à R. 4222-26 du Code du travail. et l'arrêté du 9 septembre 2009 a interdit l'utilisation de
– Circulaire du ministère du Travail du 9 mai 1985 (non cette substance (ou des produits en contenant) en France
parue au JO). à partir du 25 avril 2010.
– Arrêtés des 8 et 9 octobre 1987 (JO du 22 octobre 1987) Des informations complémentaires sont disponibles
et du 24 décembre 1993 (JO du 29 décembre 1993) auprès du ministère chargé de l'Environnement et directe-
relatifs aux contrôles des installations. ment sur leur site internet.
3. Valeurs limites d’exposition professionnelle
– Article R. 4412-150 du Code du travail et arrêté du 30 PRoTECTIon DE lA PoPUlATIon
juin 2004 établissant la liste des VLEP indicatives (JO du
11 juillet 2004). – Article L. 5132-2, articles R. 5132-43 à R. 5132-73 du
– Directive 2000/39/CE de la Commission du 8 juin 2000 Code de la santé publique :
(JOCE du 16 juin 2000). • étiquetage (cf. 5).

4. maladies à caractère professionnel


– Articles L. 461-6 et D. 461-1 et annexe du Code de la PRoTECTIon DE l'EnVIRonnEmEnT
sécurité sociale : déclaration médicale de ces affections. Installations classées pour la protection de l'environne-
5. Classification et étiquetage ment, Paris, imprimerie des Journaux officiels, brochure
L’étiquette doit être conforme au règlement CLP à compter n° 1001 :
du 1er décembre 2010 pour les substances et du 1er juin – n° 1610 : fabrication industrielle d'acide phosphorique ;
2015 pour les mélanges.
– n° 1611 : emploi ou stockage d'acide phosphorique à
a) substance plus de 10 % en poids d'acide.
Le règlement CLP (règlement (CE) n° 1272/2008 du Parle-
ment européen et du Conseil du 16 décembre 2008 (JOUE
L 353 du 31 décembre 2008)) introduit dans l’Union euro- TRAnSPoRT
péenne le nouveau système général harmonisé de classi- Se reporter éventuellement aux règlements suivants :
fication et d’étiquetage ou SGH. La classification et
l’étiquetage de l'acide phosphorique en solution, harmo- 1. Transport terrestre national et international
nisés selon les deux systèmes (règlement et directive (route, chemin de fer, voie de navigation inté-
67/548/CEE) figurent dans l’annexe VI du règlement CLP. rieure)
La classification est : – ADR, RID, ADNR : Acide phosphorique, solution
N° ONU : 1805
– selon le règlement (CE) n° 1272/2008 Classe : 8
Corrosion catégorie 1B ; H 314 (si concentration ≥ 25 %) Groupe d’emballage : III
– selon la directive 67/548/CEE – ADR, RID, ADNR : Acide phosphorique, solide
N° ONU : 3453
Corrosif ; R 34 (si concentration ≥ 25 %)
Classe : 8
Groupe d’emballage : III
Se reporter aux étiquettes au début de la fiche toxicologique.
b) mélanges (préparations) contenant de l'acide phospho- 2. Transport par air
rique : – IATA
– Règlement (CE) n° 1272/2008 3. Transport par mer :
ou – IMDG

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Shield/4H®, Trellchem® HPS ou VPS, Tychem® SL ou F ou
RECommAnDATIonS BR/LV ou Responder ou TK pour des solutions concentrées
> 70 % en acide phosphorique ; l'alcool polyvinylique et le
Tychem® CPF3 ne sont pas recommandés [21]).
I. AU PoInT DE VUE TECHnIQUE
Ces effets seront maintenus en bon état et nettoyés après
Stockage chaque usage.
n Stocker le produit dans des locaux frais et bien ventilés, n Prévoir l’installation de douches de sécurité et de fontaines
à l'abri de la chaleur et de toute source d'ignition (rayons oculaires.
solaires, flammes, étincelles…) et à l'écart des produits n Effectuer les vidanges, transvasements, dilutions, disso-
incompatibles dont les bases. lutions de manière à éviter les surchauffes locales, les pro-
n Le sol des locaux sera imperméable, résistant aux acides jections de liquide et la formation de vapeurs/brouillards/
et formera cuvette de rétention, afin qu'en cas de déver- aérosols.
sement accidentel, le liquide ne puisse se répandre
n Pour les dilutions avec l'eau (réaction exothermique),
au-dehors. Selon l'importance du stockage, prévoir l'écou-
verser lentement l'acide dans l'eau par petites quantités
lement vers une fosse de neutralisation.
et en agitant. Ne jamais verser d'eau dans l'acide.
n Bannir tout métal ou objet métallique susceptible de
n Ne jamais procéder à des travaux sur ou dans des cuves
réagir avec un dégagement d'hydrogène.
et réservoirs contenant ou ayant contenu de l'acide
n Mettre le matériel électrique en conformité avec la phosphorique sans prendre les précautions d'usage [22].
réglementation en vigueur.
nNe pas rejeter l'acide phosphorique à l'égout ou dans le
n Interdire de fumer. milieu naturel.
n Maintenir les récipients soigneusement fermés et éti- n En cas de déversement accidentel de faible importance,
quetés correctement. Reproduire l'étiquetage en cas de récupérer immédiatement le produit après l’avoir recou-
fractionnement de l'emballage. vert d’un absorbant : boudin, feuilles ou granulés hydro-
n Prévoir, à proximité du local de stockage, des équipe- philes (polypropylène en mélange ou non avec des fibres
ments de protection individuelle, notamment des appa- minérales ou végétales et des additifs spéciaux). Laver
reils de protection respiratoire isolants autonomes ainsi ensuite à grande eau la surface ayant été souillée.
qu'un poste d'eau à débit abondant. Si le déversement est important, aérer la zone, évacuer le
personnel et ne laisser intervenir que des opérateurs entraî-
manipulation nés munis d'un équipement de protection approprié.
Les prescriptions relatives aux zones de stockage sont
n Conserver les déchets dans des récipients spécialement
applicables aux ateliers où est utilisé l'acide phospho-
prévus à cet effet et les éliminer dans les conditions auto-
rique. En outre :
risées par la réglementation.
n Instruire le personnel des risques présentés par le pro-
duit, des précautions à observer et des mesures à prendre
en cas d’accident. Les procédures spéciales en cas d’ur- II. AU PoInT DE VUE mÉDICAl
gence feront l’objet d’exercices d’entraînement.
n À l’embauchage, rechercher particulièrement des attein-
n N'entreposer dans les ateliers que des quantités de pro- tes chroniques cutanées, respiratoires ou des voies
duit relativement faibles et de toute manière ne dépas- aéro-digestives supérieures ainsi que des lésions kérato-
sant pas celles nécessaires au travail à réaliser. conjonctivales chroniques. L’examen clinique peut être
n Prévenir toute inhalation de vapeurs, d'aérosols ou de complété par une radiographie pulmonaire et des épreu-
brouillards d'acide. Effectuer en appareil clos toute opéra- ves fonctionnelles respiratoires qui serviront d’examens
tion industrielle qui s'y prête. Prévoir une aspiration des de référence.
vapeurs à leur source d'émission ainsi qu'une ventilation n La fréquence des examens médicaux périodiques et la
générale des locaux. Prévoir également des appareils de nécessité ou non d’effectuer des examens complémentaires
protection respiratoire pour certains travaux de courte seront déterminées par le médecin du travail en fonction
durée. Leur choix dépend des conditions de travail ; si un de l’importance de l’exposition. On recherchera plus parti-
appareil filtrant peut être utilisé, il doit être muni d’un filtre culièrement des signes d’irritation cutanée, oculaire, des
de type E ou B, associé à un filtre P en cas de formation voies aéro-digestives supérieures et broncho-pulmonaire
d'aérosols. Choisir de préférence un masque complet. Pour ainsi que des érosions dentaires. Les examens complé-
les interventions d’urgence, le port d’un appareil respira- mentaires d’embauchage pourront également être répé-
toire isolant autonome est nécessaire. tés à intervalles réguliers.
n Contrôler régulièrement la teneur de l’atmosphère en
n En l’absence d’équipement de protection individuelle
acide phosphorique. approprié, déconseiller le port de lentilles de contact souples
n Éviter tout contact de produit avec la peau et les yeux. hydrophiles lors de travaux pouvant potentiellement
Mettre à la disposition du personnel des équipements de exposer à des vapeurs ou aérosols d’acide. Celles-ci peuvent
protection individuelle : vêtements de travail résistant aux constituer une source d’irritation oculaire supplémentaire
acides (combinaison, tablier, bottes), lunettes de sécurité du fait de leur affinité pour ce type de produits. L’utilisa-
à protection latérale ou masque facial ainsi que des gants tion de verres correcteurs ou de lentilles rigides est préfé-
imperméables (de type caoutchouc butyle ou naturel ou rable dans ce cas. Ces moyens de correction visuelle ne
Néoprène ou nitrile, polychlorure de vinyle, Viton®, dispensent cependant pas du port d’équipements de
Viton®/caoutchouc butyle, Barrier® PE/PA/PE, Silver protection oculaire adaptés.

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n Lors d’accidents aigus, demander dans tous les cas l’avis médicalisée pour bilan clinique et radiologique, sur-
d’un médecin ou du centre antipoison. Préciser, si possible, veillance et traitement symptomatique, si nécessaire. En
le pH de la solution responsable. Les risques sont particu- l’absence de symptômes, prévenir du risque de survenue
lièrement graves lorsque le pH est inférieur à 2. d’un œdème pulmonaire lésionnel dans les 48 heures sui-
vant l’exposition et de la nécessité de consulter en cas
n En cas de contact cutané, retirer immédiatement les
d’apparition de symptômes respiratoires.
vêtements souillés et laver la peau à grande eau pendant
15 minutes. Ne réutiliser les vêtements qu’après les avoir n En cas d’ingestion de quelques gouttes d’une solution
décontaminés. Si des lésions cutanées apparaissent ou si diluée (pH supérieur à 2), faire rincer la bouche et boire un
la contamination est étendue ou prolongée, consulter un ou deux verres d’eau. S’il apparaît des douleurs rétroster-
médecin. nales ou abdominales, des nausées ou des vomissements,
consulter un médecin.
n En cas de projection oculaire, laver immédiatement et
n En cas d’ingestion d’une solution concentrée dont le pH
abondamment à l’eau tiède pendant 15 minutes, puis
consulter un ophtalmologiste. est inférieur à 2, ou d’une solution dont le pH n’est pas
connu, quelle que soit la quantité absorbée, ne pas faire
n En cas d’inhalation de vapeurs ou d’aérosols, retirer le boire et ne pas tenter de provoquer des vomissements ;
sujet de la zone polluée après avoir pris toutes les précau- faire transférer rapidement par ambulance médicalisée en
tions nécessaires pour les sauveteurs. Mettre en œuvre, milieu hospitalier pour bilan des lésions caustiques du
s’il y a lieu, des manœuvres de réanimation. Dans tous les tractus digestif, surveillance et traitement symptoma-
cas, faire transférer la victime à l’hôpital en ambulance tique.

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Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
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