Racapitulatif ORAL BAC

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RÉCAPITULATIF

ETABLISSEMENT :
NOM : Lycée français François Mitterrand
ADRESSE : SHIS QI 21 Bloco D | Lago Sul CEP 71655-580 Brasília, DF | Brésil
TELEPHONE : (55 61) 3246-9763
CONTACT : [email protected]

CLASSE : Première A – 24 élèves


PERIODE : année scolaire 2023-2024
MANUEL UTILISE : Hachette Education, L’écume des Lettres

EPREUVE ANTICIPEE DE FRANÇAIS


 SESSION DE JUIN 2024 
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

Œuvre choisie par le candidat pour la 2nde partie de l’épreuve orale :

LITTÉRATURE D’IDÉES ☐
Olympe de Gouges, La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,
1791
RÉCIT ET ROMAN ☐
L´abbé Prévost, Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, 1731
ŒUVRES AU
PROGRAMME POÉSIE ☐
Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, 1870

THÉÂTRE ☐
Molière, Le Malade imaginaire, 1673

Montaigne, Essais, « Des Cannibales », I, 31 ; « Des Coches », III, 6 ☐


[translation en français moderne autorisée], livres I et II en 1580 – livre III en
1588 – édition posthume 1595 publiée par Marie de Gournay

Voltaire, Candide ou l’Optimisme, 1759 ☐

Pierre Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, 1782 ☐

LECTURES
Albert Camus, L´Étranger, 1942 ☐

CURSIVES Marguerite Duras, L´Amant, 1984 ☐

Arthur Rimbaud, Illuminations, poèmes composés de fin 1872 à février 1875, ☐


publiés partiellement (1886) et intégralement à titre posthume (1895)

Francis Ponge, Le parti pris des choses, 1942 ☐

Eugène Ionesco, Le roi se meurt, 1962 ☐

Toutes ces œuvres sont des lectures obligatoires faites durant l’année de Première.

Index 2/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

Index :

RÉCAPITULATIF ..................................................................................................................... 1
Index : ............................................................................................................................................. 3
I. La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle ......................................................................... 5
Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du
« préambule » au « postambule »), 1791 / parcours : Écrire et combattre pour
l’égalité .......................................................................................................................................... 5
1. Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,
préambule (1791) ........................................................................................................ 6
2. Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne,
postambule, extrait « Femme, réveille-toi » (1791) ..................................................... 7
3. Michel Eyquem de Montaigne, Essais, « Des coches », livre III chapitre 6,
extrait ……………………………………………………………………………………………………………….. 8
4. Voltaire, Traité sur la tolérance à l´occasion de la mort de Jean Calas,
chapitre 23, « Prière à Dieu » (1763) ......................................................................... 10
5. Condorcet, Esquisse d´un tableau historique des progrès de l´esprit humain,
extrait (1793) ............................................................................................................. 11
II. Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle ........................................................................ 12
L’abbé Prévost, Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, 1731 /
parcours : Personnages en marge, plaisirs du romanesque ......................................... 12
6. L’abbé Prévost, Manon Lescaut, extrait 1 : la rencontre du chevalier Des
Grieux et de Manon Lescaut (1731) ........................................................................... 13
7. L’abbé Prévost, Manon Lescaut, extrait 2 : la mort de Manon (1731) .......... 14
8. Pierre Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, lettre LXXXI (extrait), de
la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont (1782) ............................................ 15
9. Marguerite Duras, L’Amant, extrait (1984) .................................................. 16
III. La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle ........................................................................................ 17
Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, 1870 / parcours : Émancipations créatrices
....................................................................................................................................................... 17
10. Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, second cahier, « Le Dormeur du val »
(1870) ………………………………………………………………………………………………………… 18
11. Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, second cahier, « Ma Bohême » (1870)
…………………………………………………………………………………………………………. 19
12. Arthur Rimbaud, Illuminations, « Aube » (1873-1875) ............................. 20

Index 3/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

13. Raymond Queneau, L’instant fatal, « Si tu t’imagines » (1948), extrait :


strophes 2 et 3 (v.13- v.49) ........................................................................................ 21
IV. Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle ..................................................................................... 22
Molière, Le Malade imaginaire, 1673 / parcours : Spectacle et comédie ............ 22
14. Molière, Le Malade imaginaire, acte II scène 5, extrait (1673) ................. 23
15. Molière, Le Malade imaginaire, acte III scène 3, extrait (1673) ............. 25
16. Molière, Le Malade imaginaire, acte III scène 14, extrait (1673) ........... 26
17. Eugène Ionesco, Le roi se meurt, extrait (1962)...................................... 27
Année scolaire 2023-2024 .......................................................................................... 28

REMARQUES CONCERNANT LES EXPLICATIONS LINÉAIRES

Objet d´étude 1 : Littérature d´idées


Le nombre d´explications linéaires est limité à 16 textes. Chaque candidat choisira de
conserver dans son récapitulatif pour l´oral de l´EAF le texte de Voltaire (texte nº4) ou
celui de Condorcet (texte nº5) et l´indiquera clairement dans la page de sommaire de son
récapitulatif, en barrant le titre du texte supprimé.

Objet d´étude 3 : Poésie


La longueur du poème « Si tu t’imagines » de Raymond Queneau a été réduite à une
vingtaine de vers, comme le préconisent les Instructions officielles. Dans ce récapitulatif,
le passage supprimé apparaît en gris clair, présenté de la façon suivante : Texte
Ces vers supprimés ne peuvent donc pas être donnés en explication linéaire aux
candidats. Ils sont là pour simple consultation.

Objet d´étude 4 : Théâtre


Les textes du dernier objet d’étude (théâtre) paraissent en revanche plus longs que les
autres : plusieurs de leurs répliques étant courtes, il semble pertinent de conserver la
longueur de ces extraits, sans supprimer de texte, afin de conserver la cohérence
d’ensemble de la scène étudiée en explication linéaire.

Index 4/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

I. La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du


« préambule » au « postambule »), 1791 / parcours : Écrire et combattre pour
l’égalité

Édition choisie pour l’œuvre : Hatier

Index 5/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

1. Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, préambule


(1791)

Index 6/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

2. Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, postambule,


extrait « Femme, réveille-toi » (1791)

Index 7/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

3. Michel Eyquem de Montaigne, Essais, « Des coches », livre III chapitre 6, extrait

TEXTE ORIGINAL

Index 8/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

TRANSLATION EN FRANÇAIS MODERNE

Index 9/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

4. Voltaire, Traité sur la tolérance à l´occasion de la mort de Jean Calas, chapitre 23, « Prière à Dieu »
(1763)

Index 10/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

5. Condorcet, Esquisse d´un tableau historique des progrès de l´esprit humain, extrait (1793)

1 Il se forma bientôt en Europe une classe d’hommes moins occupés encore de découvrir ou
d’approfondir la vérité, que de la répandre ; qui, se dévouant à poursuivre les préjugés dans les asiles où
le clergé, les écoles, les gouvernements, les corporations anciennes les avaient recueillis et protégés,
mirent leur gloire à détruire les erreurs populaires, plutôt qu’à reculer les limites des connaissances
5 humaines, manière indirecte de servir à leurs progrès, qui n’était ni la moins périlleuse, ni la moins utile.
En Angleterre, Collins et Bolingbroke, en France, Bayle, Fontenelle, Voltaire, Montesquieu et les
écoles formées par ces hommes célèbres, combattirent en faveur de la vérité, employant tour à tour
toutes les armes que l’érudition, la philosophie, l’esprit, le talent d’écrire peuvent fournir à la raison ;
prenant tous les tons, employant toutes les formes, depuis la plaisanterie, jusqu’au pathétique, depuis la
10 compilation la plus savante et la plus vaste, jusqu’au roman, ou au pamphlet du jour ; couvrant la vérité
d’un voile qui ménageait les yeux trop faibles, et laissait le plaisir de la deviner ; caressant les préjugés
avec adresse, pour leur porter des coups plus certains ; n'en menaçant presque jamais, ni plusieurs à la
fois, ni même un seul tout entier ; consolant quelquefois les ennemis de la raison, en paraissant ne
vouloir dans la religion qu'une liberté ; ménageant le despotisme quand ils combattaient les absurdités
15 religieuses, et le culte quand ils s'élevaient contre la tyrannie ; attaquant ces deux fléaux dans leur
principe, quand même ils paraissaient n'en vouloir qu'à des abus révoltants ou ridicules, et frappant ces
arbres funestes dans leurs racines, quand ils semblaient se borner à élaguer quelques branches égarées
; tantôt apprenant aux amis de la liberté que la superstition, qui couvre le despotisme d'un bouclier
impénétrable, est la première victime qu'ils doivent immoler, la première chaîne qu'ils doivent briser ;
20 tantôt, au contraire, la dénonçant aux despotes comme la véritable ennemie de leur pouvoir, et les
effrayant du tableau de ses hypocrites complots et de ses fureurs sanguinaires ; mais ne se lassant
jamais de réclamer l'indépendance de la raison, la liberté d'écrire comme le droit, comme le salut du
genre humain ; s'élevant, avec une infatigable énergie, contre tous les crimes du fanatisme et de la
tyrannie ; poursuivant dans la religion, dans l'administration, dans les mœurs, dans les lois, tout ce qui
25 portait le caractère de l'oppression, de la dureté, de la barbarie ; ordonnant, au nom de la nature, aux
rois, aux guerriers, aux magistrats, aux prêtres, de respecter le sang des hommes ; leur reprochant,
avec une énergique sévérité, celui que leur politique ou leur indifférence prodiguait encore dans les
combats ou dans les supplices ; prenant enfin, pour cri de guerre, raison, tolérance, humanité.

Index 11/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

II. Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle


L’abbé Prévost, Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, 1731 /
parcours : Personnages en marge, plaisirs du romanesque

Édition choisie pour l’œuvre : Bibliolycée

Index 12/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

6. L’abbé Prévost, Manon Lescaut, extrait 1 : la rencontre du chevalier Des Grieux et de Manon
Lescaut (1731)

Index 13/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

7. L’abbé Prévost, Manon Lescaut, extrait 2 : la mort de Manon (1731)

Index 14/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

8. Pierre Choderlos de Laclos, Les liaisons dangereuses, lettre LXXXI (extrait), de la marquise de
Merteuil au vicomte de Valmont (1782)

Index 15/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

9. Marguerite Duras, L’Amant, extrait (1984)

Index 16/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

III. La poésie du XIXe siècle au XXIe siècle

Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, 1870 / parcours : Émancipations créatrices

Édition choisie pour l’œuvre : Classiques & Cie Lycée Hatier

Index 17/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

10. Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, second cahier, « Le Dormeur du val » (1870)

Le Dormeur du val

1 C'est un trou de verdure où chante une rivière,


Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

5 Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,


Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme


10 Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;


Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Octobre 1870

Index 18/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

11. Arthur Rimbaud, Cahiers de Douai, second cahier, « Ma Bohême » (1870)

Ma Bohême
(Fantaisie)

1 Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;


Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

5 Mon unique culotte avait un large trou.


Petit Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,


10 Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,


Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !

Index 19/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

12. Arthur Rimbaud, Illuminations, « Aube » (1873-1875)

AUBE

1 J'ai embrassé l'aube d'été.

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps
d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives
et tièdes, et les pierreries se regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.

5 La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes


éclats, une fleur qui me dit son nom.

Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime


argentée je reconnus la déesse.

Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine,
10 où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville, elle fuyait parmi les clochers et les
dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais.

En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles
amassés, et j'ai senti un peu son immense corps. L'aube et l'enfant tombèrent au bas
du bois.

Au réveil, il était midi.

Index 20/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

13. Raymond Queneau, L’instant fatal, « Si tu t’imagines » (1948), extrait : strophes 2 et 3 (v.13- v.49)

1 Si tu t'imagines les beaux jours s'en vont


si tu t'imagines les beaux jours de fête
fillette fillette soleils et planètes
si tu t'imagines 30 tournent tous en rond
5 xa va xa va xa mais toi ma petite
va durer toujours tu marches tout droit
la saison des za vers sque tu vois pas
la saison des za très sournois s'approchent
saison des amours 35 la ride véloce
10 ce que tu te goures la pesante graisse
fillette fillette le menton triplé
ce que tu te goures le muscle avachi
allons cueille cueille
Si tu crois petite 40 les roses les roses
si tu crois ah ah roses de la vie
15 que ton teint de rose et que leurs pétales
ta taille de guêpe soient la mer étale
tes mignons biceps de tous les bonheurs
tes ongles d'émail 45 allons cueille cueille
ta cuisse de nymphe si tu le fais pas
20 et ton pied léger ce que tu te goures
si tu crois petite fillette fillette
xa va xa va xa va ce que tu te goures.
va durer toujours
ce que tu te goures
25 fillette fillette
ce que tu te goures

Index 21/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

IV. Le théâtre du XVIIe siècle au XXIe siècle


Molière, Le Malade imaginaire, 1673 / parcours : Spectacle et comédie

Édition choisie pour l’œuvre : Bibliocollège

Index 22/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

14. Molière, Le Malade imaginaire, acte II scène 5, extrait (1673)

1 Cléante – […] Belle Philis, c’est trop, c’est trop souffrir,


Rompons ce dur silence, et m’ouvrez vos pensées,
Apprenez-moi ma destinée,
Faut-il vivre ? Faut-il mourir ?
5 Angélique répond en chantant.
Vous me voyez, Tircis, triste et mélancolique,
Aux apprêts de l’hymen
dont vous vous alarmez,
Je lève au ciel les yeux, je vous regarde, je soupire,
10 C’est vous en dire assez.
Argan – Ouais, je ne croyais pas que ma fille fût si habile, que de chanter ainsi à livre ouvert, sans hésiter.
Cléante – Hélas ! belle Philis,
Se pourrait-il que l’amoureux Tircis,
Eût assez de bonheur,
15 Pour avoir quelque place dans votre cœur ?
Angélique – Je ne m’en défends point, dans cette peine extrême,
Oui, Tircis, je vous aime.
Cléante – Ô parole pleine d’appas,
Ai-je bien entendu, hélas !
20 Redites-la, Philis, que je n’en doute pas.
Angélique – Oui, Tircis, je vous aime.
Cléante – De grâce, encor, Philis.
Angélique – Je vous aime.
Cléante – Recommencez cent fois, ne vous en lassez pas.
25 Angélique – Je vous aime, je vous aime,
Oui, Tircis, je vous aime.
Cléante – Dieux, rois, qui sous vos pieds regardez tout le monde,
Pouvez-vous comparer votre bonheur au mien ?
Mais, Philis, une pensée,
30 Vient troubler ce doux transport,
Un rival, un rival...
Angélique – Ah ! je le hais plus que la mort,
Et sa présence, ainsi qu’à vous
M’est un cruel supplice.

Index 23/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

35 Cléante – Mais un père à ses vœux vous veut assujettir.


Angélique – Plutôt, plutôt mourir,
Que de jamais y consentir,
Plutôt, plutôt mourir, plutôt mourir.
Argan – Et que dit le père à tout cela ?
40 Cléante – Il ne dit rien.
Argan – Voilà un sot père que ce père-là, de souffrir toutes ces sottises-là, sans rien dire.
Cléante – Ah ! mon amour...
Argan – Non, non, en voilà assez. Cette comédie-là est de fort mauvais exemple. Le berger Tircis est un impertinent, et la bergère
Philis, une impudente, de parler de la sorte devant son père. Montrez-moi ce papier. Ha, ha. Où sont donc les paroles que vous avez
45 dites ? Il n’y a là que de la musique écrite ?
Cléante – Est-ce que vous ne savez pas, Monsieur, qu’on a trouvé depuis peu l’invention d’écrire les paroles avec les notes mêmes ?
Argan – Fort bien. Je suis votre serviteur, Monsieur ; jusqu’au revoir. Nous nous serions bien passés de votre impertinent d’opéra.
Cléante – J’ai cru vous divertir.
Argan – Les sottises ne divertissent point.

Index 24/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

15. Molière, Le Malade imaginaire, acte III scène 3, extrait (1673)

1 Argan. – […] Mais enfin, venons au fait. Que faire donc, quand on est malade ?
Béralde.- Rien, mon frère.
Argan.- Rien ?
Béralde.- Rien. Il ne faut que demeurer en repos. La nature, d’elle-même, quand nous la laissons faire, se tire doucement du désordre
5 où elle est tombée. C’est notre inquiétude, c’est notre impatience qui gâte tout, et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et
non pas de leurs maladies.
Argan.- Mais il faut demeurer d’accord, mon frère, qu’on peut aider cette nature par de certaines choses.
Béralde.- Mon Dieu, mon frère, ce sont pures idées, dont nous aimons à nous repaître ; et de tout temps il s’est glissé parmi les
hommes de belles imaginations que nous venons à croire, parce qu’elles nous flattent, et qu’il serait à souhaiter qu’elles fussent
10 véritables. Lorsqu’un médecin vous parle d’aider, de secourir, de soulager la nature, de lui ôter ce qui lui nuit, et lui donner ce qui lui
manque, de la rétablir, et de la remettre dans une pleine facilité de ses fonctions ; lorsqu’il vous parle de rectifier le sang, de tempérer les
entrailles et le cerveau, de dégonfler la rate, de raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le cœur, de rétablir et conserver la
chaleur naturelle, et d’avoir des secrets pour étendre la vie à de longues années ; il vous dit justement le roman de la médecine. Mais
quand vous en venez à la vérité, et à l’expérience, vous ne trouvez rien de tout cela, et il en est comme de ces beaux songes, qui ne vous
15 laissent au réveil que le déplaisir de les avoir crus.
Argan.- C’est-à-dire, que toute la science du monde est renfermée dans votre tête, et vous voulez en savoir plus que tous les grands
médecins de notre siècle.
Béralde.- Dans les discours, et dans les choses, ce sont deux sortes de personnes que vos grands médecins. Entendez-les parler, les
plus habiles gens du monde ; voyez-les faire, les plus ignorants de tous les hommes.
20 Argan.- Hoy. Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais bien qu’il y eût ici quelqu’un de ces messieurs pour
rembarrer vos raisonnements, et rabaisser votre caquet.
Béralde.- Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine, et chacun à ses périls et fortune, peut croire tout ce
qu’il lui plaît. Ce que j’en dis n’est qu’entre nous, et j’aurais souhaité de pouvoir un peu vous tirer de l’erreur où vous êtes et, pour vous
divertir, vous mener voir sur ce chapitre quelqu’une des comédies de Molière.
25 Argan.- C’est un bon impertinent que votre Molière avec ses comédies, et je le trouve bien plaisant d’aller jouer d’honnêtes gens
comme les médecins.
Béralde.- Ce ne sont point les médecins qu’il joue, mais le ridicule de la médecine.
Argan.- C’est bien à lui à faire de se mêler de contrôler la médecine ; voilà un bon nigaud, un bon impertinent, de se moquer des
consultations et des ordonnances, de s’attaquer au corps des médecins, et d’aller mettre sur son théâtre des personnes vénérables
30 comme ces Messieurs-là.
Béralde.- Que voulez-vous qu’il y mette, que les diverses professions des hommes ? On y met bien tous les jours les princes et les
rois, qui sont d’aussi bonne maison que les médecins.

Index 25/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

16. Molière, Le Malade imaginaire, acte III scène 14, extrait (1673)

1 Béralde.- Mais, mon frère, il me vient une pensée. Faites-vous médecin vous-même.
La commodité sera encore plus grande, d’avoir en vous tout ce qu’il vous faut.
Toinette.- Cela est vrai. Voilà le vrai moyen de vous guérir bientôt ; et il n’y a point de maladie si osée, que de se jouer à la personne d’un
médecin.
5 Argan.- Je pense, mon frère, que vous vous moquez de moi. Est-ce que je suis en âge d’étudier ?
Béralde.- Bon, étudier. Vous êtes assez savant ; et il y en a beaucoup parmi eux, qui ne sont pas plus habiles que vous.
Argan.- Mais il faut savoir bien parler latin, connaître les maladies, et les remèdes qu’il y faut faire.
Béralde.- En recevant la robe et le bonnet de médecin, vous apprendrez tout cela, et vous serez après plus habile que vous ne voudrez.
Argan.- Quoi ? l’on sait discourir sur les maladies quand on a cet habit-là ?
10 Béralde.- Oui. L’on n’a qu’à parler ; avec une robe, et un bonnet, tout galimatias devient savant, et toute sottise devient raison.
Toinette.- Tenez, Monsieur, quand il n’y aurait que votre barbe, c’est déjà beaucoup, et la barbe fait plus de la moitié d’un médecin.
Cléante.- En tout cas, je suis prêt à tout.
Béralde.- Voulez-vous que l’affaire se fasse tout à l’heure ?
Argan.- Comment tout à l’heure ?
15 Béralde.- Oui, et dans votre maison.
Argan.- Dans ma maison ?
Béralde.- Oui. Je connais une Faculté de mes amies, qui viendra tout à l’heure en faire la cérémonie dans votre salle. Cela ne vous
coûtera rien.
Argan.- Mais, moi que dire, que répondre ?
20 Béralde.- On vous instruira en deux mots, et l’on vous donnera par écrit ce que vous devez dire. Allez-vous-en vous mettre en habit
décent, je vais les envoyer quérir.
Argan.- Allons, voyons cela.
Cléante.- Que voulez-vous dire, et qu’entendez-vous avec cette Faculté de vos amies... ?
Toinette.- Quel est donc votre dessein ?
25 Béralde.- De nous divertir un peu ce soir. Les comédiens ont fait un petit intermède de la réception d’un médecin, avec des danses et de
la musique ; je veux que nous en prenions ensemble le divertissement, et que mon frère y fasse le premier personnage.
Angélique.- Mais, mon oncle, il me semble que vous vous jouez un peu beaucoup de mon père.
Béralde.- Mais, ma nièce, ce n’est pas tant le jouer, que s’accommoder à ses fantaisies. Tout ceci n’est qu’entre nous. Nous y pouvons
aussi prendre chacun un personnage, et nous donner ainsi la comédie les uns aux autres. Le carnaval autorise cela. Allons vite préparer
30 toutes choses.
Cléante, à Angélique.- Y consentez-vous ?
Angélique.- Oui, puisque mon oncle nous conduit.

TROISIÈME INTERMÈDE
C’est une cérémonie burlesque d’un homme qu’on fait médecin, en récit, chant, et danse.

Index 26/28
Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

17. Eugène Ionesco, Le roi se meurt, extrait (1962)

1 MARGUERITE – On ne peut plus rien améliorer, on ne peut plus guérir personne, vous-même ne pouvez plus guérir.
LE MÉDECIN – Sire, vous ne pouvez plus guérir.
LE ROI – Je ne suis pas malade.
MARIE – Il se sent bien. (Au Roi.) N’est-ce pas ?
5 LE ROI – Tout au plus quelques courbatures. Ce n’est rien. D’ailleurs, ça va beaucoup mieux.
MARIE – Il dit que ça va bien, vous voyez, vous voyez.
LE ROI – Ça va même très bien.
MARGUERITE – Tu vas mourir dans une heure et demie, tu vas mourir à la fin du spectacle.
LE ROI – Que dites-vous ma chère ? Ce n’est pas drôle.
10 MARGUERITE – Tu vas mourir à la fin du spectacle.
MARIE – Mon Dieu !
LE MÉDECIN – Oui, Sire, vous allez mourir. Vous n’aurez pas votre petit déjeuner demain matin. Pas de dîner ce soir non
plus. Le cuisinier a éteint le gaz. Il rend son tablier. Il range pour l’éternité les nappes et les serviettes dans le placard.
MARIE – Ne dites pas si vite, ne dites pas si fort.
15 LE ROI – Qui donc a pu donner des ordres pareils sans mon consentement ? Je me porte bien. Vous vous moquez.
Mensonges. (À Marguerite.) Tu as toujours voulu ma mort. (À Marie.) Elle a toujours voulu ma mort. (À Marguerite.)
Je mourrai quand je voudrai, je suis le Roi, c’est moi qui décide.
LE MÉDECIN – Vous avez perdu le pouvoir de décider seul, Majesté.
MARGUERITE – Tu ne peux même plus t’empêcher d’être malade.
20 LE ROI – Je ne suis pas malade. (À Marie.) N’as-tu pas dit que je ne suis pas malade ? Je suis toujours beau.
MARGUERITE – Et tes douleurs ?
LE ROI – Je n’en ai plus.
MARGUERITE – Bouge un peu, tu verras bien.
LE ROI, qui vient de se rasseoir, se soulève. – Aïe !... C’est parce que je ne me suis pas mis dans la tête de ne pas avoir mal. Je
25 n’ai pas eu le temps d’y penser ! J’y pense, et je guéris. Le Roi se guérit lui-même mais j’étais trop préoccupé par les affaires
du royaume.
MARGUERITE – Dans quel état il est ton royaume ! Tu ne peux plus le gouverner, tu t’en aperçois toi-même, tu ne veux pas
te l’avouer. Tu n’as plus de pouvoir sur toi ; plus de pouvoir sur les éléments. Tu ne peux plus empêcher les dégradations, tu
n’as plus de pouvoir sur nous.
30 MARIE – Tu auras toujours du pouvoir sur moi.
MARGUERITE – Pas même sur vous.

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Index Lycée français François Mitterrand  Classe de Première

Année scolaire 2023-2024

Professeur de Français, Chef d´établissement,

Mme Isabelle MARIETTE M. Laurent LENOGUE

I.Mariette

Elève de Première,

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