Ecologie Fonctionnelle

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Ecologie

Fonctionnelle

Jonathan Lenoir (MCU), [email protected]


Unité ”Écologie et Dynamique des Systèmes Anthropisés”
http://www.u-picardie.fr/edysan/
Approche fonctionnelle
de l’écologie
Une autre façon de voir les choses

 Au-delà de la simple notion d’identité : la notion FONCTIONNELLE

Ex : 1 organisme végétal = 1 espèce + ensemble de fonctions

- Photosynthèse (chloroplastes)
- Respiration (stomates)
- Transpiration (stomates)
- Absorbtion (stomates / racines)
- Stockage (glucides / lipides / protides)

Ex : 1 communauté végétale = assemblage d’espèces + ensemble de fonctions

- Production primaire (nutriments)


- Transfert de matière (chaîne trophique)
- Support des écosystèmes (habitat)
- Stockage (carbone)
- Cycles biogéochimiques (azote / carbone)
Capturer le spectre fonctionnel

 Identifier des caractères faciles à mesurer (rapide / reproductible) et


pouvant se substituer aux fonctions d’intérêt :

Fonctions Euphorbia helioscopia Descripteurs »

Fécondité Nombre de graines


Dispersion Mode de dispersion
Installation Masse des graines

Acquisition Surface foliaire spécifique


Croissance Hauteur
Stockage Concentration d’azote foliaire

Absorption racinaire Densité racinaire


Compétition racinaire Taille du pivot

Garnier & Navas (2011)


Est-ce que ça marche vraiment?

 Exemple du lien entre la surface foliaire spécifique (SLA) (le descripteur)


et l’activité photosynthétique nette (la fonction) :

Net photosyntetic rate


1000
Leaf

100

10

r = 0.71***, n = 764
1
1 10 100
SLA (g cm-2) = surface Specific leaf area (SLA)
foliaire / masse foliaire
Violle et al. (2007)
Notion de traits de vie

 Traits de vie (sensu lato) = descripteurs biologique, physiologique,


phénologique ou morphologique

Date de débourrement
Hauteur

SLA (g cm-2) = surface


foliaire / masse foliaire
Types biologiques de Raunkiaer
Des traits plus ou moins facile à mesurer

Traits « dur » difficiles à mesurer


directement ou coûteux

Traits « mou » faciles à mesurer


directement ou peu coûteux

Weiher et al. (1999)


Une définition « fourre-tout »

 Peut-on mesurer un trait à tous les niveaux d’organisation du végétal?


1. A l’échelle de la plante (organisme) :

- Caractères foliaire
- Morphologie des graines
- Port général

2. A l’échelle de l’habitat (communauté) :

- Biomasse végétale
- Couvert végétal
- Hauteur dominante

3. A l’échelle du milieu environnant (écosystème) :

- Type de sol
- Humidité du sol
- Type de perturabation
Vers une définition plus précise

 Traits de vie (sensu stricto) = caractères morphologique, physiologique


ou phénologique mesurés à l’échelle d’un individu (depuis la cellule
jusqu’à l’organisme entier), sans référence à l’environnement

Attention : La notion de « trait »


(sensu stricto) exclue toute
caractéristique mesurée à partir
de variables externes telles que
les variables de l’environnement.
Par conséquent les préférences
écologiques ne constituent pas
des traits de vie…

Violle et al. (2007)


Transfert vers les niveaux supérieurs

 Restreindre la notion de trait à l’échelle de l’individu n’empêche pas de


relier l’information à des processus écologiques opérant à d’autres
niveaux d’organisation :

Productivité primaire nette


Photosynthèse nette

Croissance relative
(nmol CO2 g-1 s-1)

(g kg-1 d-1)
(g g-1 d-1)

SLA (m2 kg-1) SLA (m2 kg-1) SLA (m2 kg-1)

Violle et al. (2007)


Vers la notion de traits fonctionnels

 Trait fonctionnel = tout trait (sensu stricto) qui explique la performance


(fitness) d’un individu

Violle et al. (2007)


Traits de réponse et traits d’effet

 On distingue deux grandes familles de traits suivant le regard que l’on


porte sur leurs relations à l’environnement extérieur :
- Traits associés à une réponse aux facteurs environnementaux (stress,
perturbations) = traits de réponse
- Traits associés à un effet au sein de l’écosystème (réseaux trophiques,
cycles biogéochimiques) = traits d’effet

 NB : Un même trait de vie peut à la fois être un trait de réponse et un


trait d’effet (e.g., caractère persistant / décidue du feuillage)
- Feuillage persistant = haute résistance aux stress physique et à l’herbivorie
(trait de réponse)
- Feuillage persistant = décomposition lente et faible retour des nutriments au
sol (trait d’effet)
Traits de réponse

 Réponses foliaire (morphologique / physiologique / phénologique) vis-à-


vis de deux gradients de stress (eau / lumiére)

Stress (manque d’eau)


Stress (manque de lumière)
Un exemple concret

 Réponse vis-à-vis des gradients de température et de précipitation

Précipitations (mm)
Précipitations (mm)

Températures (°C) Températures (°C)

 Données : 175 sites à travers le globe et 2548 espèces végétales

Wright et al. (2004)


Quel trait de réponse?

 Masse foliaire par unitée de surface (LMA = 1 / SLA)

Hypothèse :
Plus LMA est élevé (feuilles denses ou épaisses),
moins il y a d’échanges avec le milieux extérieur
par l’intermédiaire des stomates

LMA (g m-2) = masse


foliaire / surface foliaire

Wright et al. (2004)


Résultats

Wright et al. (2004)


Traits d’effet

 Effet du caractère persistant / décidue des feuilles sur la vitesse de


décomposition de la litière

Vitesse de décomposition
Un exemple concret

 Effet de la composition chimique foliaire sur la vitesse de dégradation


de la litière
Peuplement d’épicéa au
Sud-Ouest de l’Allemagne
(Forêt Noire)

 Dispositif expérimental de sacs à litière contenant du matériel foliaire


issu de 9 espèces caducifoliées et laissés à décomposer dans le lit d’un
cour d’eau intraforestier pendant 55 jours
Schindler & Gessner (2009)
Taux de lignine (%)

Ulmus
glabra

Fraxinus
excelsior

Alnus
glutinosa
Quel trait d’effet?

Acer
pseudoplatanus

Salix
cinerea

Corylus
avellana

Platanus
sp.

Quercus
rubra

Fagus
Feuilles avant stockage dans les sacs à litière

sylvatica
Masse de litière restante (%)

Ulmus
Résultats

glabra

Fraxinus
excelsior

Alnus
glutinosa

Acer
pseudoplatanus

Salix
cinerea

Corylus
avellana

Platanus
sp.

Quercus
rubra
Feuilles aprés 55 jours de décomposition

Fagus
sylvatica
Taux de lignine et cycle biogéochimique

 Plus le taux de lignine est élevé dans les feuilles, moins le retour de
matière au sol est rapide (cycle biogéochimique)
Relations traits de réponse / effet

Environnement
Traits fonctionnels
de réponse

Individu

Traits fonctionnels
d’effet

Fonctionnement
des écosystèmes
Lavorel & Garnier (2002)
Notion de groupes fonctionnels

Diaz & Cabido (2001)


Exemples de groupes fonctionnels

Plantes herbacées
Arbres pionniers
Feuillus décidus
Feuillus persistants
Résineux persistants

Reich et al. (1997)


Une méthode simple pour créer des
groupes fonctionnels
Matrice traits x espèces

Analyses multivariées
(ACP / ACM)

Min(variabilité intra) Obtention des axes


Max(variabilité inter) factoriels principaux

Méthodes de Obtention des groupes


classifications (CAH) fonctionnels
Cas concret

Matrice traits
x espèces
(24 x 100)

Diaz & Cabido (1997)


Groupe 1

FT1 (29 espèces)

Petites graminées
(≤ 50 cm)

Plantes en C3/C4

Durée de vie courte

SLA élevé

Faible résistance à
la sécheresse

Appétance élevée

Diaz & Cabido (1997)


Groupe 2

FT2 (12 espèces)

Herbacées en
touffes (≤ 100 cm)

Plantes en C3

Durée de vie
variable

SLA élevé

Résistance
modérée à la
sécheresse

Appétance
modérée
Diaz & Cabido (1997)
Groupe 3

FT3 (23 espèces)

Plantes rampantes
ou en rosettes de
feuilles (≤ 50 cm)

Plantes en C3

Durée de vie
variable

SLA intermédiaire

Résistance
modérée à la
sécheresse

Appétance variable
Diaz & Cabido (1997)
Groupe 4

FT4 (4 espèces)

Plantes saxicoles
(≤ 100 cm)

Plantes en CAM

Durée de vie
variable

SLA trés faible

Résistance élevée
à la sécheresse

Appétance trés
faible
Diaz & Cabido (1997)
Groupe 5

FT5 (11 espèces)

Plantes arborées
(> 300 cm)

Plantes en C3

Durée de vie trés


longue

SLA intermédiaire à
élevé

Bonne résistance à
la sécheresse

Appétance variable
Diaz & Cabido (1997)
Groupe 6

FT6 (12 espèces)

Arbustes
persistants
(≤ 300 cm)

Plantes en C3

Durée de vie trés


longue

SLA faible

Haute résistance à
la sécheresse

Appétance nulle
Diaz & Cabido (1997)
Groupe 7

FT7 (4 espèces)

Arbustes dépourvu
de feuilles vraies
(≤ 200 cm)

Plantes en C3

Durée de vie
longue

SLA nulle

Haute résistance à
la sécheresse

Appétance nulle
Diaz & Cabido (1997)
Groupe 8

FT8 (5 espèces)

Plantes succulentes

Plantes en CAM

Durée de vie
longue

SLA nulle

Trés haute
résistance à la
sécheresse

Appétance nulle

Diaz & Cabido (1997)


Pourquoi une approche fonctionnelle?

 Comprendre les règles d’assemblages des espèces en écologie des


communautés : utilisation des traits de réponses

 Anticiper la dynamique des écosystèmes dans le contexte des


changements globaux : utilisation des traits d’effets

 Analyser l’impact des activités humaines sur le fonctionnement des


écosystèmes : utilisation des groupes fonctionnels
Retour sur les règles d’assemblage
des communautés
Pool régional
d’espèces
Filtres
environnementaux
0.7

Communauté
0.6
0.5
Relative abundance

0.4
Abondance

Communauté
0.3

Abondance
0.2
0.1
0.0

0 5 10 15 20

GradientEnvironmental
environnemental
gradient
Weiher & Keddy (1999)
Filtres environnementaux et traits de
réponses
Facteurs abiotiques : Pool régional
- Climatiques (T, P, ETP, etc.) d’espèces
- Edaphiques (pH, C / N, P, Mg, etc.)
- Perturbations (feu, tempête, etc.) Filtres
- Topographiques (pente, expo, etc.)
environnementaux
Facteurs biotiques :
- Prédation
- Compétition
- Facilitation
- Parasitisme
- Type d’habitat
- Activités humaines

Communauté

Abondance
Traits de réponse

Weiher & Keddy (1999)


Filtre abiotique et trait de réponse

Optimum
Pool régional
d’espèces
Fréquence

Filtres
Variabilité environnementaux
interspécifique

Trait mesuré (pool régional)

Communauté
Fréquence

Hypothèse de convergence de niche :


les espèces similaires sur le plan fonctionnel
ont une réponse identique vis-à-vis de
l’environnement abiotique et s’assemblent
Trait mesuré (communauté) (variance diminuée)
Violle et al. (2011a)
Test sur un cas concret

 Réponse à un stress d’excès d’eau le long d’un gradient d’inondation

Stress (excès d’eau)

Prairie humide de
l’Ouest de la France
(Marais Poitevin)

Zone non Zone inondée 150


inondée jours de l’année
(40 cm d’eau)

 Echantillonnage de la composition des communautés végétales et


prélèvement d’individus (37 espèces) sur 222 quadrats (0.25 x 0.25 m)
disposés le long de ce gradient de perturbation
Violle et al. (2011a)
Quel trait de réponse?

 Mesure de la performance sur les individus prélevés : surface foliaire


spécifique (SLA)

Hypothèse :
Plus SLA est élevé (surface foilaire développée
par rapport à la masse foliaire), plus les échanges
gazeux sont facilités sous l’eau et donc meilleure
est la performance de l’individu en situation de
stress lié à un excès d’eau

SLA (cm2/g) = surface


foliaire / masse foliaire
Violle et al. (2011a)
Résultats sur la moyenne
Specific Leaf Area (SLA) - COMMUNITY MEAN
40

35

30

25

20

15 R² = 0.45***, 222 communities

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4
Water depth max (m)

Stress (excès d’eau)

Violle et al. (2011a)


Résultats sur la variance

Specific Leaf Area (SLA) - COMMUNITY VARIANCE


250

200
R² = 0.51***, 222 communities

150

100

50

0
0 0.1 0.2 0.3 0.4
Water depth max (m)

Stress (excès d’eau)

Violle et al. (2011a)


Conclusion
Fréquence

Fréquence
SLA (communauté) SLA (communauté)

Stress (excès d’eau)

Violle et al. (2011a)


Filtre biotique et trait de réponse

Pool régional
d’espèces
Fréquence

Filtres
environnementaux

Trait mesuré (pool régional)

Communauté
Fréquence

Hypothèse de divergence de niche :


les espèces trop similaires sur le plan
fonctionnel rentrent en compétition
localement et s’excluent mutuellement
Trait mesuré (communauté) (hypothèse Darwinienne)
Violle et al. (2011b)
Le concept de « limiting similarity »

Probabilité de
coexistence

Limiting similarity = d / w
MacArthur & Wilson (1967)
Test sur un cas concret

 Expérimentation sur des couples de protozoaires ciliés cultivés en


conditions controlées :
- 10 espèces de protozoaires ciliés
- 45 combinaisons différentes (paires)
- 3 répétitions par combinaison
- 3 mois de culture (70 générations)
+
Espèce A Espèce B

Violle et al. (2011b)


Quel trait de réponse?

 Mesure de la performance sur un lot de 10 individus par espèce : taille


de l’appareil « buccale » (µm) pour la prédation
- 1. Vacuole contractile
- 2. Vacuole digestive
- 3. Gros noyau
- 4. Petit noyau 8
- 5. Cytoprocte
- 6. Cytopharinx 4 7
- 7. Péristome 3
- 8. Cil
6

2
5

Violle et al. (2011b)


Résultats

ou 1.0
Frequency of competitive exclusion

pi
0.8 observations

0.6

0.4

0.2

0.0
-1.0 -0.5 0.0 0.5 1.0
Mouth size difference (Log)

Violle et al. (2011b)


Conclusion

sp1 sp2 sp3 sp4 sp5 sp6

Pool régional
Filtres abiotiques

Filtres biotiques
Communauté

Trait mesuré

Violle et al. (2011b)


Qu’en est-il de la variabilité
intraspécifique?
Fréquence

Trait mesuré
Fréquence

Trait mesuré
Impacts sur les règles d’assemblage?

Jung et al. (2010)


Impacts sur les règles d’assemblage?

sp1 sp2 sp3 sp4 sp5 sp6

Pool régional
Filtres abiotiques

Filtres biotiques
Communauté

Trait mesuré

Jung et al. (2010)


Fonctionnement des
écosystèmes
Biodiversité

Traits fonctionnels
d’effet

Fonctionnement
des écosystèmes
Définition de biodiversité

 Qu’est-ce que la biodiversité pour vous?


- Diversité des espèces : nombre d’espèces, de genres, de familles,
d’ordres, de classes, d’embranchements, de règnes (archéobactéries,
bactéries, protistes, champignons, végétaux, et animaux) au sein du vivant
et dans un espace spatio-temporel bien délimité
- Diversité des gènes : nombre de génotypes, de phénotypes, de
populations, de sous-populations, de sous-espèces, de variétés chez une
espèce et dans un espace spatio-temporel bien délimité
- Diversité des écosystèmes : nombre d’écosystèmes (réseaux de
communautés, réseaux d’intéractions, réseaux trophiques) au sein du
vivant et dans un espace spatio-temporel bien délimité
L’arbre de la vie
Érosion de la biodiversité
La biodiversité fossile dans le temps

Rohde & Muller(2005)


La biodiversité dans l’espace

Merops apiaster

Ursus arctos

Rana esculanta

Grenyer et al. (2006)


Combien y-a-t-il d’espèces d’eucaryotes
sur terre et dans les océans aujourd’hui?

Mora et al. (2011)


Points chauds de la biodiversité

http://www.biodiversityhotspots.org/Pages/default.aspx
Fonctions des espèces dans les
écosystèmes : espèces clés
 Espèces clés = clés de voûte du fonctionnement des écosystème
- Concept introduit en 1966 par Robert Paine (Université de Washington)
- Le retrait d’une espèce clé entrâine l’effondrement d’un ecosystème
- Importance des relations interspécifiques au sein des reseaux trophiques
- Idée que certaines espèces sont plus importante que d’autres pour
assurer le fonctionnement des écosystèmes
La fameuse expérience de Robert Paine

 Le retrait de l’étoile des mers provoque l’entrée en compétition entre


proies potentielles dans les niveaux inférieurs du réseau trophique

http://www.nature.com/scitable/knowledge/library/keystone-species-15786127 Paine (1966)


L’exemple de la loutre de mer

Disparition des loutres de mer

Explosion démographique des populations d’oursins

Surpâturage des grandes algues (laminariales)

1) Disparition des autres espèces qui se nourissent des


grandes algues (invertébrés herbivores, petits poissons
herbivores, grands crabes)

2) Augmentation de la puissance des vagues et de


l’érosion des côtes
Presence / absence de la loutre de mer et
impact sur son écosystème

En présence de loutres de mer, la En l’absence de loutres de mer, la


chaîne trophique est complexe chaîne trophique est simpliée
Données à l’appui

Enhydra lutris

Estes et al. (1998)


Fonctions des espèces dans les
écosystèmes : organismes ingénieurs
 Organisme ingénieur = espèce qui contrôle directement ou
indirectement la disponibilité des ressources pour les autres organismes
de l’ecosystème en modifiant l’environnement biotique ou abiotique
- Ingénieur autogène : modifit l’écosystème par l’intermédaire de sa
structrure physique propre (e.g., coraux, arbres, grandes algues)
- Ingénieur allogène : modifit l’écosystème en transformant les matériaux
du vivant ou du non vivant (e.g., castors)
- Les autres organismes de l’écosystème deviennent dépendant de ces
nouvelles structures (e.g., source d’habitats)
- A distinguer de l’apport direct de ressources que peut fournir un organisme
via des tissues vivants ou morts
Le cas des castors

 Barrages de castor = rôles important dans le fonctionnement des


écosystèmes associés
- Limite l’érosion des berges en réduisant la puissance du courant
- Favorise l’accumulation de sédiments
- Entretien les ripisylves
- Augmente la productivité
- Amélioration de la qualité de l’eau
- Source d’habitat pour de noubreuses espèces
Fonctions des espèces dans les
écosystèmes : groupes fonctionnels
 Groupes fonctionnels = ensembles d’espèces exerçant une action
comparable sur un processus déterminé (= groupes « d’effets ») ou
répondant de manière similaire à des changements du milieu (= groupes
« de réponse »)
- Complémentarité : assemblage d’espèces issues de groupes
fonctionnels différents pour assurer une complémentarité de fonctions au
sein des écosystèmes (hypothèse de divergence de niche ou « limiting
similarity »)
- Redondance : assemblage d’espèces issues du même groupe fonctionnel
créant ainsi une redondance de fonctions au sein des écosystèmes
permettant de maintenir une certaines stabilité en cas de changement des
conditions environnementales (hypothèse de convergence de niche et
notion « d’assurance » en biodiversité)
Lien entre biodiversité et fonctionnement
des écosystèmes : les questions
 A t-on besoin de beaucoups d’espèces (niveau de biodiversité élevée)
pour assurer le bon fonctionnement des ecosystèmes?

Fonctionnement
des écosystèmes
???
 Pourquoi s’intéresser à cette question de lien entre biodiversité et
fonctionnement des écosystèmes?
- Érosion de la biodiversité due aux activités humaines
- Impact de cette érosion sur les services écosystèmiques
Lien entre biodiversité et fonctionnement
des écosystèmes : les hypothèses
 Sachant ce qui a été dit précédemment, quelles sont vos hypothèses sur
la relation biodiversité vs. fonctionnement des écosystèmes?
des écosystèmes
Fonctionnement

Biodiversité

Naeem et al., in Loreau et al. (2002)


Hypothèse de la redondance

 La plupart des espèces assurent les mêmes fonctions au sein de


l’écosystème :
- Une faible proportion des espèces « suffirait » pour assurer le bon
fonctionnement de l’écosystème
- Lorsque l’on descend en dessous du seuil de redondance, l’écosystème
s’effondre

Etat « naturel »
Fonctionnement
de l’écosystème
Redondances

Seuil

Biodiversité
Hypothèse de la linéarité

 Toutes les espèces ont un rôle important à jouer pour assurer le bon
fonctionnement des écosystèmes :
- La perte ou l’apport d’une espèce dans l’écosystème modifie de manière
significative le fonctionnement de celui-ci
- A chaque espèce correspond une contribution unique pour assurer le bon
fonctionnement de l’écosystème

Etat « naturel »
Fonctionnement
de l’écosystème

Biodiversité
Hypothèse de la singularité

 Toutes les espèces n’ont pas la même importance pour assurer le bon
fonctionnement des écosystèmes :
- Une seule espèce joue un rôle majeur = espèce clé / organisme ingénieur
- Sans cette espèce, l’écosystème s’effondre

Etat « naturel »
Fonctionnement
de l’écosystème

Biodiversité
Hypothèse d’idiosyncrasie

 L’effet de chaque espèce sur le fonctionnement de l’écosystème est


totalement aléatoire :
- Système imprévisible
- Aucune relation entre biodiversié et fonctionnement de l’écosystème

Etat « naturel »
Fonctionnement
de l’écosystème

Biodiversité
Expérimentations sur la biodiversité

Loreau et al. (2001)


Biodiversité et productivité primaire :
expérimentations
 Les travaux de David Tilman :
- Mesures de productivité primaire
(biomasse végétale)
- 289 parcelles expérimentales de
169 m2 chacune
- Conditions climatiques et
édaphiques similaires
- Combinaisons de 0, 1, 2, 4, 8,
16, ou 32 espèces pérennes
- Représente 0, 1, 2, 3, 4, ou 5
groupes fonctionnels :
1. Légumineuses
2. Graminées en C3
3. Graminées en C4
4. Herbacées
5. Ligneuses

Timan et al. (1997)


Questions

 Quelle est l’effet de l’augmentation de la biodiversité sur la productivité


dans un écosystème prairial? Redondance / singularité / linéarité /
idiosyncrasie?
 S’il existe une relation de cause à effet entre biodiversité et productivité
primaire, est-ce la diversité fonctionnelle ou bien la diversité spécifique
qui explique le mieux cette relation?

Timan et al. (1997)


Résultats : hypothèse de redondance
vérifiée

Attention : si en environnement
stable, la redondance peut sembler
superflue pour le fonctionnement de
l’écosystème, celle-ci permet
d’assurer une certaine stabilité en
environnement changeant = théorie
de la diversité-stabilité
Timan et al. (1997)
Parenthèse sur la théorie de diversité-
stabilité : biodiversité = stabilité

Productivité (g m-2)
Temps (années)
Figure 1: Conceptual diagram showing how increasing diversity can stabilize ecosystem functioning
Each rectangle represents a plant community containing individuals of either blue or green species and the total number of
individuals corresponds to the productivity of the ecosystem. Green species increase in abundance in warm years, whereas blue
species increase in abundance in cold years such that a community containing only blue or green species will fluctuate in biomass
when there is interannual climate variability. In contrast, in the community containing both green and blue individuals, the
decrease in one species is compensated for by an increase in the other species, thus creating stability in ecosystem producti vity
between years. Note also that, on average, the diverse community exhibits higher productivity than either single-species
community. This pattern could occur if blue or green species are active at slightly different times, such that competition between
the two species is reduced. This difference in when species are active leads to complimentary resource utilization and can
increase total productivity of the ecosystem.
http://www.nature.com/scitable/knowledge/library/biodiversity-and-ecosystem-stability-17059965 Loreau et al. (2001)
Parenthèse sur la théorie de diversité-
stabilité : biodiversité = assurance
- 3 espèces
- 3 individus par communauté
- 1 espèce par communauté :
combien de combinaisons
possibles?
- 2 espèces par communauté :
combien de combinaisons
possibles?
- 3 espèces par communauté :
combien de combinaisons
possibles?
Figure 2: Conceptual model illustrating the insurance hypothesis
Simple communities are represented by a box; in this case, these communities are so small that they can only contain 3
individuals. For example, this could be the case for a small pocket of soil on a rocky hillslope. There are 3 potential species that
can colonize these communities — blue, dark green, and light green — and for the sake of this example let’s assume that the blue
species has traits that allow it to survive prolonged drought. Looking at all possible combinations of communities containing 1, 2 or
3 species, we see that, as the number of species goes up, the probability of containing the blue species also goes up. Thus, if
hillslopes in this region were to experience a prolonged drought, the more diverse communities would be more likely to maintain
primary productivity, because of the increased probability of having the blue species present.

http://www.nature.com/scitable/knowledge/library/biodiversity-and-ecosystem-stability-17059965 Loreau et al. (2001)


Résultats : la diversité fonctionnelle est
plus importante

Timan et al. (1997)


Biodiversité et décomposition par la
faune du sol : expérimentations

 Dispositif expérimental :
- Mesures sur la décomposition de litière végétale par la faune du sol
(biomasse, densité, diversité)
- 82 parcelles expérimentales de 400 m 2 chacune
- Conditions climatiques et édaphiques similaires
- Combinaisons de 1, 2, 4, 8, 16, ou 60 espèces végétales
- Représente 1, 2, 3, ou 4 groupes fonctionnels :
1. Légumineuses
2. Graminées
3. Petites herbacées
4. Grandes herbacées
Eisenhauer et al. (2011)
Résultats : l’hypothèse de linéarité est-
elle vérifiée?
 Malgré un retard temporel, la biomasse de microorganisme du sol
augmente avec la diversité végétale : linéairement ou pas?

Êtes-vous convaincus
par cette représentation?

Eisenhauer et al. (2011)


Attention à la lecture des graphiques

Eisenhauer et al. (2011)


Résultats : la diversité spécifique est-elle
plus importante?

Eisenhauer et al. (2011)


Limites de l’approche expérimentale

 Echelles spatiales et temporelles non représentatives des conditions


naturelles
 Les règles d’assemblages des communautés en système naturel ne
sont pas reproduites
 L’effet de la manipulation de la biodiversité n’est étudié que sur une ou
quelques fonctions assurées par l’écosystème en question
 Non prise en compte de l’effet de la variabilité du mileu (conditions
abiotiques stables)
Besoins en matière de recherche

 Tester en « conditions naturelles » et sur le « long terme » les


hypothèses testées jusque là de manière expérimentale
 Etendre ce type d’étude à d’autres écosystèmes que les écosystèmes
prairiaux (forestier, aquatique, marin, etc.)
 Intégrer plusieurs niveaux trophiques ainsi que l’ensemble des
fonctions assurées au sein de l’écosystème étudié
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