Dơnload Todd Saunders Architecture in Northern Landscapes Todd Saunders Full Chapter
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Saunders
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découvrons le plus beau paysage alpestre que nous ayons vu
jusqu’alors. A nos pieds, les pentes sont couvertes de sapins, de
rhododendrons, de genévriers d’un vert intense. Plus haut, des
plateaux herbeux sont tachetés de troupeaux ; près des cimes, dans
des crevasses, la neige est éclatante de blancheur. Mais ce n’est
pas la nature qui attire surtout notre attention, c’est ce que nous
voyons plus loin dans la vallée, où nous allons retrouver le Sétchou
se tordant entre les falaises. C’est l’œuvre de l’homme que nous
admirons. On ne pouvait mieux placer cette pagode, large carré
s’élevant par étages et servant en quelque sorte de piédestal à une
colonne dorée : de loin, on dirait qu’une flamme brillante s’élance
vers le ciel.
Quand on a vécu, comme nous venons de faire, pendant
plusieurs mois sans rien voir qui ressemble à un monument, et qu’on
aperçoit subitement un édifice réellement imposant, on se rend
compte, par l’impression que l’on ressent soi-même, quoique habitué
aux colossales constructions d’Europe, de l’émotion que la vue d’un
semblable édifice doit causer à de sauvages Tibétains. On
comprend qu’ils murmurent des prières en apercevant la pagode, et
qu’ils se fassent une idée haute du grand lama qui l’habite.
Certainement les Tibétains ont une vénération profonde pour
cette demeure du Tale Lama. Voient-ils un symbole dans les sept
bandes doubles peintes en blanc sur les murs noirs de l’édifice ?
Rêvent-ils en contemplant cette pyramide qui semble d’or, et qui finit
par une flamme se dirigeant vers le ciel ? Voient-ils dans cette
flamme une allusion à la grande âme qui se promène dans la nature
bouddhique ? Nous en doutons. Ce seraient là des sensations un
peu trop littéraires. Le sauvage ne sent pas si finement. Mais nous
pouvons affirmer que ce spectacle leur inspire une crainte
mystérieuse.
A côté de cette belle pagode, où l’on arrive par un pont de bois,
une lamaserie adosse au flanc de la montagne les nombreux étages
de ses maisonnettes peintes.
Le village des laïques est plus bas : leurs maisons basses,
longues boîtes à toit plat, sont agglomérées dans la presqu’île de
Routchi, que ronge la rivière au sud, et dont des brise-lames, formés
de troncs d’arbres réunis en dents de peigne, défendent les rives
contre la voracité de la rivière.
Dans le village on voit un grand va-et-vient de yaks traînant des
troncs de sapins. Nous voyons des flottages tout prêts et des
schlittes dans les bois, où travaillent des bûcherons avec de lourdes
haches. On ferait un grand commerce de ce bois, ce serait la source
principale de la richesse de la lamaserie.
Lorsque le village a disparu derrière nous, nous apercevons des
vaches dans les prés verts ; des yaks se vautrent dans les mares ;
les arbres qu’on fait rouler à la vallée font le fracas du tonnerre ; le
sentier s’enfonce sous l’ombre épaisse des sapins, le vent souffle, il
balance cérémonieusement les fûts élancés, et fait frissonner les
branches ; le Sétchou torrentueux bat les berges. Nous avons été
transportés en Suisse, cela est certain. Puis voilà des balcons étroits
au-dessus du vide. Et nous pensons que nous pourrions bien être
dans l’Himalaya.
En tout cas, voici des Alpes charmantes propres aux excursions
avec billets circulaires.
A partir de Routchi nous sommes dans le Tibet pittoresque. Le
pays est riche, en comparaison de ce que nous avons vu
auparavant. Les champs sont protégés par des haies de branches
de sapin entremêlées. Des billes de bois plantées entourent des
pacages où broutent des troupeaux qui amendent le sol et où l’on
enferme surtout les moutons et les chèvres, car elles dévastent tout.
Des précautions sont nécessaires, l’orge montrant déjà son herbe
verte. Aussi de tous côtés on répare les haies qui ont besoin de
l’être, on en construit de nouvelles avec des branches de l’année.
Ces branches sécheront, et en hiver, quand les moissons ne
couvriront plus la terre, mais les neiges, on les brûlera.
Le 7 mai, nous sommes au village de Houmda, bâti sur un dos
d’âne de conglomérat que lime à l’est un torrent qui se jette dans le
Sétchou à 400 mètres de là. Nous trouvons un poste de soldats
chinois légèrement abêtis par l’opium ; ils sont chargés du service de
la poste et de la police de la montagne. Ils nous vendent des œufs le
plus cher qu’ils peuvent, et se montrent d’une politesse excessive.
La plupart d’entre eux sont là depuis de longues années, ils se sont
mariés avec des Tibétaines et déjà ils oublient leur langue
maternelle. Quant à la police de la montagne, c’est le moindre de
leurs soucis, et les brigands, s’il y en a, peuvent opérer en toute
sécurité. Ces Chinois tirent de nous tout ce qu’ils peuvent avec une
obséquiosité et une insistance qui contrastent avec la sauvagerie
des Tibétains.
C’est à Houmda que nous achetons la petite guenon à fourrure
épaisse que nous avons rapportée en France et qui est au Muséum.
Un soldat chinois, en nous la vendant, dit d’un air malicieux :
« Voilà la mère des Européens ».
Comment a-t-il eu connaissance de nos discussions au sujet de
l’origine de l’homme ?
De Houmda la route va à l’est par Tsamdo. Réflexions faites,
nous prenons la résolution d’éviter cette ville populeuse, où les
Chinois sont nombreux et gouvernés par un mandarin. Il serait
difficile d’en sortir, dans le cas où ce mandarin du Céleste Empire
voudrait nous prouver son pouvoir. La prudence nous commande de
faire un détour par les montagnes dans la direction du nord.
C’est grâce à ce détour que nous visitons Lagoun, le 8 mai.
Retenez bien ce nom, car c’est celui d’un grand centre industriel. On
arrive à Lagoun par un chemin que tracent les haies qui cernent les
champs. Des maisons sont posées l’une auprès de l’autre. Après en
avoir compté une vingtaine, on trouve un espace vide, une place (?),
où nous remarquons un tas de charbon de bois.
Puis nous entrons dans la cour du chef, et, parmi les nombreux
badauds qui nous dévisagent curieusement, nous en voyons dont la
face est noircie par la fumée. Nous nous informons, et l’on nous
répond que ce sont les ouvriers de l’usine, qu’il y a ici une fabrique
de haches, de pioches, de toutes sortes d’outils en fer.
Nous nous empressons d’aller visiter cet établissement, que
nous indique le tapage des marteaux. Ces pan ! pan ! frappés en
cadence évoquent devant nos yeux les cratères flamboyants de
Bochum que nous avons aperçus pendant la nuit. Il y a bien
longtemps que nous n’avons entendu la musique des marteaux.
Par une porte basse nous descendons dans la forge creusée en
terre ; quatre poteaux supportent le toit en auvent par où tombe la
lumière et s’enfuit la fumée.
Un être est agenouillé entre deux soufflets en peau de chèvre
qu’il manie alternativement de l’un et de l’autre bras. C’est un
vieillard, posé entre les deux grosses outres, et nu jusqu’à la
ceinture ; on croirait voir un damné véritable. Sur son cadavre
presque transparent est une tête décharnée dont la large bouche
montre une longue dent ; les cheveux rares pendent comme des
crins, la peau est un parchemin noirâtre, les côtes sont saillantes
comme des cercles ; du bout des clavicules tombent en guise de
bras deux antennes démusclées.
Cinq ou six jeunes hommes sont debout, silencieux, maigres,
étiques, noircis, peut-être momifiés, car ils restent immobiles sans
souffler mot. Pourtant ils vivent par leur œil morne.
Le vieillard cesse de gonfler et d’aplatir les outres. Il se lève, et,
toujours sans dire mot, il s’approche d’un sac, remplit de zamba une
grande écuelle de bois et s’assied. Les jeunes gens s’accroupissent
auprès de lui, ils tirent chacun leur tasse de leur peau de mouton
tombée sur leurs reins. La farine leur ayant été distribuée, ils
passent une grande aiguière au vieux, qui se verse de l’eau dans sa
tasse, et l’imitent. Puis, de leurs mains crochues, noires et osseuses
comme des griffes, ils pétrissent lentement leur marende, toujours
silencieux, fixant sur nous leurs six paires d’yeux sans expression.
Nous donnons une pièce d’argent à ces misérables. Le vieux la
prend, il est stupéfait de notre manière d’agir. Qui lui a jamais rien
donné ? Il regarde la roupie, la palpe, la retourne, et ayant constaté
que c’était bel et bien de l’argent, il jette à ses collaborateurs
attentifs un regard pour les assurer qu’il n’y a pas tromperie : il se
met à rire et les autres de rire aussi.
« Zamba », lui dis-je avec le geste du doigt vers la bouche et en
montrant chacun des ouvriers.
Vous en avez bien besoin, pensé-je en même temps, car vous
crevez de faim, pauvres hères du Tibet !
Et alors, tout joyeux, ils montrent leurs dents en souriant. Les
plus jeunes en ont d’excellentes et qui sont faites pour manger. Ils
posent leurs tasses et remercient en levant les pouces, puis se
remettent à pétrir leur mauvaise pâte.
Leurs outils sont primitifs. Nous voyons des marteaux à une main
et à manche très court ; des marteaux à deux mains et à manche
très long ; des cisailles grossières à une main et une à deux mains ;
une auge creusée dans un tronc d’arbre est à demi pleine d’eau, on
y met le fer refroidir ; la forge est une auge en terre où brûle le
charbon de bois et que l’on enflamme à l’aide des outres posées
plus haut.
A côté de la forge, un tronc d’arbre posé de champ est à moitié
enterré dans le sol, et dans l’épaisseur du bois un gros lingot de fer
est incrusté pour servir d’enclume.
Ces lugubres ouvriers ont, en outre, des tours pour forer,
consistant en deux bobines superposées ayant entre elles un
intervalle et leur axe unique tenu entre deux planchettes
horizontales ; le foret est en bas, dans un godet de fer, le sommet de
la bobine flotte et joue dans le trou pratiqué dans la planchette du
haut. Les bobines sont creuses, en bois, et remplies de sable et de
limaille que recouvre une peau ; on leur imprime le mouvement de
rotation au moyen de poignées en croix adaptées dans le bas.
Et voilà un antre de l’Industrie sauvage, le Creusot du Tibet, et
son installation sommaire.
CHAPITRE XIII
L’EST DU TIBET
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