Avoir Ou Être: Mireille Tremblay

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Revue québécoise de linguistique

Avoir ou être
Mireille Tremblay

Volume 22, numéro 1, 1992 Résumé de l'article


Le présent article propose que le français a deux copules : avoir et être et que
Constructions réduites leurs différences distributionnelles sont conditionnées syntaxiquement. Ils
sont semblables en ce que ni l’un ni l’autre ne peut assigner de rôle-θ (comme
URI : https://id.erudit.org/iderudit/602756ar dans Guéron 1987). Ils diffèrent toutefois en ce que seulement avoir peut
DOI : https://doi.org/10.7202/602756ar assigner un Cas (accusatif).
1. AVOIR : [ - θ, + ACC ]
Aller au sommaire du numéro 2. ÊTRE : [ - θ,, - ACC ]
Cette proposition nous permet de rendre compte de façon élégante d’un certain
nombre de constructions avec être et avoir, telles que les constructions
possessives et épistémiques.
Éditeur(s)
Université du Québec à Montréal

ISSN
0710-0167 (imprimé)
1705-4591 (numérique)

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Citer cet article


Tremblay, M. (1992). Avoir ou être. Revue québécoise de linguistique, 22(1),
145–163. https://doi.org/10.7202/602756ar

Tous droits réservés © Université du Québec à Montréal, 1992 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des
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l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à
Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.
https://www.erudit.org/fr/
Revue québécoise de linguistique, vol. 22, n° 1, 1992, © RQL (UQAM), Montréal
Reproduction interdite sans autorisation de l'éditeur

AVOIR OU ÊTRE*
Mireille Tremblay

1. Introduction

Le présent article veut montrer qu'il existe deux copules en français, avoir et
être, et que leurs différences distributionnelles sont conditionnées syntaxiquement.
Avoir et être sont semblables en ce que ni l'un ni l'autre ne peut assigner de rôle-9,
comme dans Guéron (1987). Le sujet de avoir est donc un sujet dérivé. Avoir et être
diffèrent toutefois en ce que seul avoir peut assigner le Cas accusatif.
(1) AVOIR: [ - 0, + ACC ]
ÊTRE: [ - 0, - ACC ]

Nous allons voir que les différences sémantiques et syntaxiques entre avoir et être
dérivent de l'interaction entre deux sous-théories de la grammaire, la théorie thêta et
la théorie des Cas1.

Notre analyse permet de rendre compte de façon élégante d'un certain nombre
de constructions avec être et avoir, telles que les constructions épistémiques et
possessives. Elle nous permet également de rendre compte du fait que des prédicats
sémantiquement équivalents comme charmante et du charme en (2) prennent
respectivement être et avoir.
(2) a. Marie est charmante,
b. Marie a du charme.

Taimerais remercier Lisa Travis et Betsy Ritter, de même que M. Baker, A.-M. DiSciuUo, F. Dupuis, J.
Emonds, J. Guéron, I. Haik, R. Kayne, B. Klipple, R. Pinsonneault, T. Rapoport, S. Rosen, G. Saccon, M.-T. Vinet,
et les participants au Linguistic Symposium on Romance Languages 21 pour leurs judicieux commentaires. Je
remercie également Denis Bouchard ainsi que deux lecteurs anonymes de la Revue québécoise de linguistique pour
leurs remarques très pertinentes. La présente recherche a été subventionnée en partie par le CRSH (subvention #410-
88-0624 attribuée au Groupe de recherche sur les structures d'arguments, dirigé par Anne-Marie DiSciullo, UQAM).
Selon Chomsky (1981), les représentations sont soumises aux deux conditions de bonne formation suivantes: le
Critère thêta et le Filtre des Cas.
(1) Critère thêta
Chaque argument reçoit un et seulement un rôle thêta et chaque rôle thêta est assigné à un et seulement un
argument.
(2) Filtre des Cas
*NP, si NP a un contenu phonétique et n'a pas de Cas.
146 MIREILLE TREMBLAY

Le statut catégoriel du prédicat détermine le choix de la copule. En (2a), le prédicat


est un adjectif et, en tant que tel, ne requiert pas de Cas. En (2b), le prédicat est
nominal2; il a besoin d'un Cas et requiert donc la présence de la copule pouvant
assigner un Cas: le verbe avoir.

La discussion sera organisée de la façon suivante. Dans la section 2, nous


verrons que les constructions épistémiques montrent que avoir est requis
exclusivement dans les contextes qui requièrent l'assignation du Cas accusatif et
donc que avoir est sémantiquement vide. Dans la section 3, les différentes
interprétations associées aux constructions avec avoir sont dérivées des différents
types de prédicats enchâssés sous avoir. La section 4 montre comment cette
proposition peut rendre compte de l'existence de deux types de constructions
possessives aliénables en français. La section 5 rend compte des différences
sémantiques entre les constructions avec être et celles avec avoir à l'aide de la
coindexation et montre comment notre analyse peut rendre compte d'un certain
nombre de constructions problématiques en français.

2. Les constructions épistémiques

Ruwet (1982) a noté que les verbes épistémiques tels trouver peuvent prendre
deux types de compléments. Ceux-ci sont illustrés en (3) et (4). Dans un cas,
trouver peut prendre soit un complément phrastique avec la copule être, comme en
(3a), soit simplement une petite proposition (Small Clause ou SC), comme en
(3b). Quand trouver prend une petite proposition comme complément, il assigne le
Cas accusatif au sujet de la petite proposition, comme l'indique la présence du
clitique accusatif en (3c).

alternance йге/accusatif
(3) a. Jean trouve que Marie est charmante. (être)
b. Jean trouve Marie charmante. (accusatif)
с Jean la trouve charmante. (accusatif)

L
Nous supposons pour l'instant que tous les nominaux, qu'ils soient prédicatifs ou référentiels, ont besoin d'un
Cas. Nous reviendrons sur ce point à la section 4.
AVOIR: UNE COPULE 147

La contribution plus particulière de Ruwet fut de noter que les verbes épistémiques
pouvaient prendre un autre type de complément. Dans ces cas, on retrouve soit un
complément phrastique avec avoir, comme en (4a), soit une petite proposition avec
un NP datif, comme en (4b) et en (4c).

alternance avoir/daúf

(4) a. Jean trouve que Marie a du charme. (avoir)

b. Jean trouve du charme à Marie. (datif)

с Jean lui trouve du charme. (datif)

Les constructions épistémiques sont problématiques car, dans les deux types
d'alternances, on retrouve un même verbe, trouver. En outre, le complément y a à
peu près la même interprétation3, c'est-à-dire que l'on assigne la propriété «charme»
à un individu Marie. Ceci soulève deux questions importantes: comment un verbe
comme trouver peut-il prendre tous ces compléments et pourquoi le verbe être
alterne-t-il avec la construction accusative alors que avoir alterne avec la
construction dative?

On peut proposer une analyse unifiée si on présuppose que les quatre types de
compléments partagent la propriété d'impliquer des petites propositions (SC)4. Ceci
expliquerait qu'on les retrouve toutes sous trouver. De plus, nous soutenons la
position selon laquelle les deux types d'alternance diffèrent surtout à deux points de
vue: d'abord, par rapport au nombre de NP nécessitant un Cas et ensuite, par rapport
à l'ordre des constituants en structure-D.

On a souvent traité de l'alternance être/accusatif dans la littérature et nous


présupposerons comme la plupart des auteurs, par exemple Burzio (1986),
Couquaux (1982), Rappoport (1987), Stowell (1978) et Williams (1980) que les
constructions impliquent toutes deux une petite proposition, dans laquelle le
prédicat assigne un rôle thématique à son sujet.

5
Comme le faitremarquerRuwet, les deux constructions expriment des relations sémantiques très semblables:
dans les deux cas, «une sorte de qualité ou de propriété intrinsèque est prédiquée du réfèrent d'un NP ce qui peut
nous aider à comprendre pourquoi certaines constructions en avoir n'ont pas de correspondants dans la [Construction
à datif épistémique]». (Ruwet, 1982, p. 174)
i) a. Je trouve qu'il a une femme insupportable,
b. *Je lui trouve une femme insupportable.
Nous reviendrons sur le statut catégoriel de ces petites propositions plus loin.
148 MIREILLE TREMBLAY

Ainsi en (5), Marie est le sujet du prédicat charmante.

® fSC [NP M ^ 1 U P charmante ] ]


e

Dans ces constructions, la SC ne contient qu'un seul NP ayant besoin d'un Cas: le
sujet (Marie dans ce cas). Comme nous l'avons déjà mentionné, le prédicat, en tant
qu'adjectif, ne semble pas soumis au Filtre des Cas.

Dans les exemples (3b) et (3c), le sujet peut recevoir un Cas accusatif du verbe
principal.
+ACC
I 1
(6) Jean trouve [ s c [^p Marie ] [Ap charmante ] ]
En (3a), la frontière phrastique empêche le verbe principal d'assigner son Cas au
sujet du prédicat, c'est-à-dire à Marie. Toutefois, Marie peut monter dans le SPEC
de IP pour y recevoir un Cas nominatif.
+NOM
m
(J) Jean trouve [ c p que [e] INFL être [ s c [^p Marie ] [^charmante] ] ]
t i

L'alternance avoir/dauf est un peu différente car, dans ce cas, la petite proposition
implique la présence de deux NP ayant besoin d'un Cas: le prédicat nominal du
charme et son sujet Marie. De plus, dans ce cas, nous devons postuler que le
prédicat précède le sujet. Le fait que l'on retrouve cet ordre dans la petite proposition
enchâssée sous trouver (4b) indique que cet ordre correspond bien à l'ordre en
structure-D.

® fee ^NP d u c h a r m e 1ÍNP M a r i e J ]

0
AVOIR: UNE COPULE 149

Dans les constructions telles (4b) et (4c), le verbe principal trouver assigne le Cas
accusatif au premier NP (du charmé). Le second NP porte le Cas datif, qui semble
fonctionner comme un Cas par défaut dans la langue5.

+ACC
Г 1 +DAT
(9) Jean trouve [ s c [ ^ du charme ] [ ^ Marie ] ]

En revanche, dans les constructions phrastiques telles (4a), le verbe principal


ne peut plus assigner de Cas accusatif au NP (pour la même raison qu'en (3a). Dans
ces cas, la copule avoir est requise pour assigner le Cas accusatif au prédicat du
charme. Le deuxième NP peut alors monter dans le SPEC de IP pour y recevoir le
Cas nominatif.

+NOM +ACC
n i 1
(10) Jean trouve [ ç p que e INFL avoir [ s c [j^pdu charme] [^p Marie]
T i
L'existence de l'alternance avoir/datif dans les constructions épistémiques est
importante pour trois raisons: d'abord, le fait que avoir puisse être omis indique
bien qu'il n'a pas de contribution sémantique; ensuite, la relation étroite entre avoir
et le Cas datif met en évidence le rôle de avoir en tant qu'assignateur de Cas par
défaut; finalement, ces constructions militent en faveur de l'hypothèse selon laquelle
avoir aurait un sujet dérivé. La section qui suit nous montre que cette proposition
permet de rendre compte de la multitude de relations sémantiques retrouvées dans les
constructions avec avoir.

3. Avoir est sémantiquement vide

Comme l'ont noté plusieurs auteurs, par exemple Guéron (1987) et Tellier
pour le français, Cattell (1984) et Cowper (1990) pour l'anglais, outre la
construction possessive (11) que nous traiterons plus particulièrement dans la

3
Les constructions épistémiques ne sont pas sans rappeler les constructions causatives où le sujet de la phrase
enchâssée porte le Cas datif si le verbe est transitif. Dans ces constructions, le datif semble aussi agir comme un Cas
par défaut (voir aussi section 3).
(1) a. Jean a fait manger Marie.
b. Jean a fait manger une pomme à Marie.
150 MIREILLE TREMBLAY

section 3, le verbe avoir apparaît dans de nombreux environnements thématiques


comme en (12).

(11) Marie a un livre. (possessive)

(12) a. Marie a ton livre dans son bureau. (locatif)


(Cattell 1984)

b. Marie a les doigts sales. (temporaire)


(Riegel 1988)

c. Marie a les cheveux blonds. (permanent)


(Fumkawa 1987)

d Marie a sa fille de malade. (temporaire)


(Ritter & Rosen 1990)

e. Marie a sa fille qui est malade. (temporaire)


(Haïk 1985)

f. La table a une lampe dessus. (Guéron 1987)

De façon générale et malgré toutes les différentes interprétations associées au


sujet de avoir, on aimerait dire qu'il n'existe qu'un seul verbe avoir en français. Les
similarités sémantiques entre les constructions militent en faveur de cette
hypothèse.

C'est en général l'approche qui a été privilégiée depuis longtemps pour rendre
compte des constructions copulatives avec être. Il est maintenant convenu de dériver
ces différences sémantiques de différences dans la nature même du prédicat
complément de être plutôt que de différences dans la nature du verbe être lui-même.
Ce type d'analyse permet de limiter les niveaux de variation dans la grammaire et
d'avoir une analyse unifiée du verbe être. Voir par exemple Heggie (1988).

Le même raisonnement s'applique aux constructions avec avoir. Les exemples


en (11) et (12) montrent que avoir permet plusieurs relations sémantiques. La
question qui se pose est la suivante: doit-on postuler plusieurs verbes avoir ou un
seul et unique verbe avoirl

Nous avons déjà montré qu'il existait de grandes similarités entre les verbes
avoir et être. Si nous voulons maintenir ce parallélisme, nous devons postuler qu'il
n'existe qu'un seul verbe avoir et que les différences sémantiques entre les différentes
constructions sont tout à fait indépendantes de avoir.
AVOIR: UNE COPULE 151

En fait, cette approche semble très prometteuse car il semblerait que, dans les
exemples en (12), le rôle thématique du sujet de avoir puisse être dérivé de la
sémantique des compléments de avoir6. Ainsi, en (12a), Marie n'est pas le
possesseur du livre (puisque ce rôle thématique est associé au pronom ton). Marie
est plutôt interprété comme un lieu comme l'indique la présence du PP locatif
facultatif en position objet. En (12b), le complément les doigts sales dénote un état
temporaire et c'est cette propriété qui est attribuée au sujet. D'un autre côté, en
(12c), les cheveux blonds dénote un état permanent et, dans ce cas, Marie est
interprété comme un porteur inhérent de cette propriété. En (12d), sa fille de malade
dénote un événement et Marie est interprété comme un expérienceur: le sujet est
affecté par l'événement. On peut faire le même type d'observation pour (12e-f): en
(12e), le sujet Marie est prediqué de l'événement dénoté par la petite proposition
enchâssée sous avoir et en (120, le sujet la table a la propriété décrite par le
complément, c'est-à-dire d'avoir une lampe dessus.

Il semblerait donc que avoir ne théta-marque ni son sujet, ni ses compléments,


qu'il ne joue aucun rôle dans l'interprétation des phrases. Du point de vue
sémantique, son entrée lexicale est donc vide: avoir n'a ni Structure lexicale
conceptuelle (SLC), ni Structure d'argument (SA).

(13) Avoir: SLC < >


S A o

D y a donc deux copules en français, avoir et être, qui diffèrent seulement dans
leurs propriétés casuelles. Cette proposition est supportée par les paradigmes
suivants. Les phrases en (14) et (15) ont presque la même signification. Elles
diffèrent surtout syntaxiquement: en (14a) et (15a), la copule est suivie d'un prédicat
ayant besoin d'un Cas (un NP), alors qu'en (14b) et (15b), elle est suivie d'un
adjectif, un prédicat n'ayant pas besoin de Cas. D'où la présence de avoir dans les
exemples en (a), et la présence de être dans les exemples en (b)7.

Dans Tremblay (1991a), j'ai proposé une analyse qui rend compte de cette relation thématique. Voir aussi
Cowper (1990) qui présente une approche différente basée sur le comportement de have en anglais.
n
Les données en (18) et (19) montrent qu'une analyse similaire doit être possible pour rendre compte de have
«avoir» en anglais: have est requis seulement pour assigner un Cas à l'objet direct.
(1) a. Mary has a short waist
Mary a une courte taille
«Mary a la taille petite»
b. Mary is short-waisted
Mary est petite-taille-MOR
с Mary is short in the waist
Mary est petite dans la taille
152 MIREILLE TREMBLAY

(14) a. Marie a [se [NP les doigts] [др fins ]]

b. Marie est [AP fine des doigts]


(voir Fillmore 1968)

(15) a. Marie a peur.

b. Marie est effrayée.


L'analyse que nous venons d'élaborer fait une prédiction forte: dans les
constructions possessives telle (11), répétée en (16), la constribution sémantique de
avoir doit aussi être nulle.

(16) Marie a un livre.

La section qui suit traite de cette question.et montre comment notre hypothèse
permet le fait de rendre compte de l'existence des deux constructions possessives en
français.

4. Les constructions possessives

Le français exprime la possession aliénable8 au niveau phrastique de deux


façons: soit avec la préposition à, soit avec le verbe avoir9. La construction dative
est illustrée en (17a); c'est ce que Benveniste (1966) appelle la construction être à et
que les grammariens latins nomment le «datif de possession». La construction avec
avoir est illustrée en (17b) et est discutée entre autres par Guéron (1987).

(17) a. Ce livre est à Marie,

b. Marie a un livre.

(2) a. I have a tooth missing (voir Fillmore 1968)


Je ai une dent manquante
b. I have a missing tooth
Je ai une manquante dent
с My tooth is missing
Ma dent est manquante
8
Par «possession aliénable», j'entends la relation exclusive entre une entité animée et une autre entité. Cette
définition est beaucoup plus restreinte que ce qu'on a souvent appelé «possession» dans la littérature. Cette relation
sémantique est la seule pouvant être exprimée par la construction être à.
i) a. Cette photo est à Marie (possession aliénable seulement)
b. *Ce charme est à Marie (possession inaliénable)
J'exclus pour l'instant la construction appartenir à. Voir note 11 pour discussion.
AVOIR: UNE COPULE 153

Ces deux constructions sont problématiques pour toute théorie de la


grammaire qui chercherait à relier l'information thématique et la configuration
syntaxique de façon systématique. Les constructions en (17) sont inversées par
rapport aux rôles sémantiques. En (17a), l'élément possédé occupe la position sujet
et précède donc le possesseur, alors qu'en (17b), c'est le possesseur qui occupe la
position sujet et précède le NP possédé. Cette situation n'est pas sans rappeler la
problématique des verbes psychologiques où il y a aussi inversion des rôles
thématiques. Les exemples qui suivent sont tirés de Belletti & Rizzi (1988).

(18) Gianni teme questo.


Gianni craint ceci.

(19) Questo préoccupa Gianni.


Ceci préoccupe Gianni.

(20) a. A Gianni piace questo.


A Gianni plaît ceci.

b. Questo piace a Gianni.


Ceci plaît à Gianni.

Belletti & Rizzi (1988) proposent d'assigner aux phrases en (19) et (20) une
même structure-D avec une position sujet vide et, dans les deux cas, le thème (c'est-
à-dire l'objet questo) monterait dans la position sujet pour recevoir le Cas
nominatif.

(21)

NP VP

V NP

V NP
préoccupa questo Gianni
piace a Gianni
154 MIREILLE TREMBLAY

Les verbes preoccupare et piacere différeraient toutefois quant à leurs propriétés


casuelles: le verbe preoccupare assigne un Cas accusatif inhérent à son objet alors
que le verbe placera assigne un Cas datif inhérent au sens de Chomsky (1986)10.

La similarité des paradigmes nous suggère qu'une telle proposition peut être
aussi acceptable pour rendre compte des verbes psychologiques en français. Par
conséquent, des verbes comme préoccuper en (22a) ci plaire en (22b) auraient aussi
des sujets dérivés et en (22b), l'expérienceur aurait aussi un Cas datif inhérent.

(22) a. Ceci préoccupe Adrien,

b. Ceci plaît à Adrien.

Revenons aux constructions possessives. Outre la question de l'inversion des


rôles thématiques, ces deux constructions soulèvent les mêmes questions que les
constructions épistémiques. D'abord, quel est le lien entre avoir et le Cas datif?
Ensuite, quelle est la différence entre avoir et êtrel L'analyse esquissée à la section 2
suggère que la réponse à ces deux questions est encore la même: le Cas. Cette
approche nous permet de rendre compte de l'existence des deux constructions
possessives: nous allons voir que ces deux constructions sont des constructions
predicatives et que la marque du datif à (17a) et avoir (17b) est requise dans les deux
cas pour des raisons casuelles.

Les constructions possessives nous apparaissent maintenant sous un angle


nouveau: les verbes avoir et être partageraient une même structure-D et tous deux
auraient des sujets dérivés. Les deux verbes différeraient toutefois de par leurs
propriétés casuelles. Avoir, comme préoccuper, assignerait un Cas accusatif à
l'objet direct et le second NP, Marie, monterait en position sujet pour recevoir le
Cas nominatif.

+NOM +ACC

(23)
m m
e INFL avoir un livre Marie
t i

Selon Chomsky (1986), il existe deux sortes de Cas syntaxiques: les Cas inhérents sont assignés en structure-D
en même temps que l'assignation des rôles thêta et les Cas structuraux (nominatif et accusatif) sont assignés en
structure-S, indépendamment de l'assignation des rôles thêta. Voir aussi Belletti (1988).
AVOIR: UNE COPULE 155

En revanche, être, tout comme plaire, n'aurait pas la propriété de pouvoir assigner
le Cas accusatif au premier NP. Ce dernier doit donc monter en position sujet pour
recevoir le Cas nominatif. De plus, dans la construction avec être, comme dans le
cas du verbe plaire, le deuxième NP porterait un Cas datif inhérent

+NOM
I 1 -tDAT
(24) e INFL être ce livre Marie
t_ )

Le statut du Cas datif en français (Cas par défaut ou Cas inhérent) demeure une
question non résolue et dépasse largement le cadre du présent article. Quelle que soit
l'analyse privilégiée, les différentes propositions sur le statut de ce Cas, notamment
en ce qui concerne les verbes psychologiques et les constructions causatives,
semblent toutes militer en faveur d'un statut particulier pour le Cas datif11. À cet
effet, notre analyse des constructions épistémiques et des constructions possessives
fournit des arguments supplémentaires en faveur de cette hypothèse, et pour les
besoins du présent travail, nous retiendrons, faute de mieux, une partie de la
proposition de Belletti et Rizzi (1988). Pour l'instant, il nous suffît de savoir que le
datif n'est pas un Cas structural comme le nominatif ou l'accusatif: il serait une
sorte de Cas par défaut disponible dans certains contextes (à définir) en position
post-nominale. Notre analyse diffère toutefois de celle de Belletti et Rizzi, car il
nous est impossible de relier le Cas datif à un rôle thématique.

Notre analyse soulève aussi la question suivante: si, en fait, la préposition à


dans la construction être à est vraiment dative, pourquoi ne peut-on pas cliticiser ce
NP datif avec un clitique datif, c'est-à-dire pourquoi la phrase en (25b) est-elle
agrammaticale et pourquoi doit-on utiliser le clitique prédicatif le (25c)?

(25) a. Ce livre est à Marie,

b. *Ce livre lui est.

с Ce livre l'est.

Voir aussi Branchadell (1992) pour une étude approfondie des constructions datives (lexicales et non lexicales)
dans les langues romanes.
156 MIREILLE TREMBLAY

La réponse à ces questions nous est fournie par les données elles-mêmes: on doit se
servir du clitique prédicatif le en (25b) parce que le NP datif est le prédicat de la
structure copulative.

On distingue en général deux types de phrases copulatives avec être: les


constructions équationnelles ou specificationnelles qui impliquent deux NP
référentiels reliés par une relation d'identité, et les constructions predicatives dans
lesquelles un des NP n'est pas référentiel et dénote une propriété. Ces deux types de
constructions sont illustrés respectivement en (26a) et (26b).

(26) a. Cet homme est Michel.

b. Cette femme est linguiste/grande.

Dans Tremblay (1991b) nous défendons l'hypothèse qu'il existe deux types de
constructions copulatives possessives en français à l'instar des deux types de
constructions copulatives: une construction possessive équationnelle, illustrée en
(27a), et une construction possessive predicative, illustrée en (27b).

(27) a. Ce livre est le sien,

b. Ce livre est à elle.

La phrase en (27a) a l'interprétation «ce livre est son livre», alors que la phrase en
(27b) a l'interprétation «ce livre lui appartient».

Dans la construction predicative, le second NP est responsable du marquage-9


du sujet, comme dans toute autre construction copulative.

(28) [ s c [celivre][àelle]]
SUJET PRÉDICAT
e

En structure-D, les deux NP forment une petite proposition (SC), et le NP assigne


un rôle-0 au sujet; comme nous l'avons vu plus haut, la préposition à ne fournit
pas de contenu sémantique.

Cette proposition nous permet de rendre compte des différences entre être à et
appartenir quant à la cliticisation: contrairement à la construction être à, le NP datif
sous appartenir prend la forme du clitique datif lui.
AVOIR: UNE COPULE 157

(29) a. Ce livre appartient à Marie.


b. *Ce livre l'appartient.
c. Ce livre lui appartient

Cette différence reflète une différence dans le statut argumentai du possesseur. Dans
le premier cas, le NP datif est un prédicat, alors que dans le second cas, la
construction avec appartenir, le NP datif est véritablement un argument du veibe12.
La dérivation de la construction avec avoir est semblable. En structure-D,
Marie et un livre forment toujours une petite proposition (SC), sauf que dans ce
cas, c'est un livre qui fonctionne comme prédicat et qui assigne un rôle-8 à Marie.

(30) [ s c [ un livre ] [ Marie ] ]


PRÉDICAT SUJET
G

La proposition selon laquelle un livre fonctionne comme un prédicat est attirante


pour un certain nombre de raisons. D'abord, elle signifie que dans la construction
être à, comme dans la construction avec avoir; c'est le sujet du prédicat, et non le
prédicat13, qui monte dans la position sujet de la copule.

(31) a. e est [ s c [ce livre ] [ à Marie ] ]


SUJET PRÉDICAT
t i
b. e avoir [ s c [un livre ] [ Marie ] ]
PRÉDICAT SUJET
X _ j

Deuxièmement, cela permet une analyse unifiée de Marie a un livre et de Marie a du


charme: dans les deux cas, un prédicat assigne un rôle thématique à un sujet en
position finale de proposition.

(32) [ s c [^p du charme ] [^ Marie ] ]


PRÉDICAT SUJET
i Jf
e

12
Toutefois, comme appartenir a aussi un usage impersonnel dans lequel le sujet est un explétif, il s'avérera
probablement nécessaire de postuler qu'il implique aussi un sujet dérivé.
i) Il n'appartient qu'à elle de décider.
13
Toutefois, Moro (1990) propose que les prédicats aussi peuvent monter.
158 MIREILLE TREMBLAY

(33) [ s c [xrp un livre ] [vm Marie ] ]


bU
^1PREDICAT W r SUJET
i T
0

Finalement, cela nous permet de rendre compte du fait que les constructions
possessives avec avoir doivent être indéfinies14, un fait traité dans Guéron (1987):
l'effet de définitude est une conséquence du statut prédicatif du NP en position objet.

(34) Marie a un livre.

Ce type d'explication pourrait ainsi rendre compte de l'agrammaticalité de phrases


telle (35) où le NP sujet est indéfini.

(35) *Un livre est à Marie.

Ces phrases seraient agrammaticales tout comme les autres constructions


predicatives.

(36) *Un livre est sur la table.

On pourrait aussi traiter la construction avec avoir comme une construction


existentielle. C'est l'approche préconisée dans Guéron (1987) pour rendre compte
des constructions inaliénables avec avoir (voir aussi Gu (1991) pour une
proposition semblable en chinois et Ocampo (1991) pour l'espagnol et le français).
Selon cette approche, la distinction entre être à et avoir résiderait dans leur fonction
discursive: dans le premier cas, l'élément possédé est l'information ancienne et le
Possesseur est l'information nouvelle; dans le second cas, le Possesseur est
l'information ancienne et l'élément possédé constitue l'information nouvelle. Ceci
est illustré ci-dessous.

(37) a. À qui est ce livre?

b. Ce livre est à moi.

Les constructions avec avoir dans lesquelles le NP objet est défini n'ont pas d'interprétation véritablement
possessive. En (i), le NP sujet n'est pas interprété comme un Possesseur, mais plutôt comme un Lieu temporaire ou
comme voulant dire «Marie a un exemplaire d'un livre donné». Voir Lumsden (1992) concernant cette dernière
interprétation.
i) Marie a le livre
AVOIR: UNE COPULE 159

(38) a. Qu'est-ce que Marie a?


b. Marie a un livre.

5. Le rôle de la coîndexation

L'analyse proposée jusqu'à présent soulève une question importante: comment


peut-on dériver les différences sémantiques entre les constructions avec être et avoir,
c'est-à-dire, comment peut-on obtenir la différence sémantique entre (39a) et (39b),
si ni être ni avoir ne contribue à l'interprétation sémantique de la phrase.
(39) a. Marie est une fille,
b. Marie a une fille.

Cette différence sémantique peut être reliée à des différences dans la coindexation des
NP; ce sont ces différences qui sont responsables du choix de être ou de avoir en
(39).

Supposons que les deux NP que l'on retrouve avec la copule être n'aient pas de
références distinctes et que les NP prédicatifs tout comme les NP argumentaux
doivent recevoir un Cas (voir Moro (1990) pour une proposition semblable). Donc,
en (39a) et (39b), le prédicat unefillea besoin d'un Cas15.

Dans la constructions avec être, le prédicat est coindicé avec le sujet et peut
donc former une chaîne casuelle avec le sujet. Les deux NP seront donc nominatifs.
(40) [Marie]j est [une AUe]1
+NOM +NOM

Dans la construction avec avoir, toutefois, le prédicat n'est pas coindicé avec le
sujet et il doit recevoir un Cas de façon indépendante (il recevra le Cas accusatif du
verbe avoir).
(41) [Marie]j a [unefille]¡
+NOM +ACC

Il est controversé d'affirmer que les prédicats ont des indices référentiels. On peut toutefois envisager la
question sous l'angle suivant: les prédicats dénotent des ensembles d'individus. Dans Marie est une fille, Marie fait
partie de l'ensemble des individus qui sont des filles. Cet ensemble porte un indice référentiel et Marie est coindicée
avec cet ensemble. En revanche, dans Marie a une fille, Marie ne fait pas partie de l'ensemble des individus dénotés
par le prédicat une fille.
160 MIREILLE TREMBLAY

La différence sémantique entre (39a) et (39b) est donc une conséquence directe de la
différence dans la coindexation des NP et le choix de l'une ou l'autre copule procède
de la différence de coindexation.

Cette analyse peut fournir une explication au fait que certaines langues comme
le français ont des constructions existentielles avec avoir, alors que d'autres, comme
l'anglais, ont le verbe «être» comme verbe existentiel.

(42) a. Il y a un livre sur la table.

b. There is a book on the table.


EXP est un livre sur le table.

En vertu de notre analyse, la différence entre les deux types de langues serait
attribuée aux propriétés des explétifs. La présence de avoir enfrançaissignifie que il
ne peut pas transmettre de Cas, alors que la présence de be en anglais signifie que
there le peut (voir Pollock (1981) pour une proposition semblable). Cette différence
est corroborée par l'observation qu'en français, le sujet explétif ne peut pas
s'accorder en nombre avec l'objet, alors que cela est possible en anglais, comme le
montre l'accord sur le verbe.

(43) a. Il y a trois livres sur la table.

b. There are three books on the table.


EXP sont trois livres sur la table.

En dernier lieu, la proposition que avoir est une copule n'est pas surprenante
quand on pense au fait qu'il peut servir d'auxiliaire. En fait, si les verbes principaux
avoir et être sont les mêmes verbes que les auxiliaires avoir et être, notre analyse
prédit que la sélection d'auxiliaire doit aussi dépendre de considérations casuelles et
qu'elle est donc influencée par la coindexation des nominaux impliqués. Cette
approche permettrait entre autres d'expliquer pourquoi l'auxiliaire avoir est
sélectionné lorsque l'objet direct n'est pas coréférent avec le sujet et pourquoi
l'auxiliaire être est sélectionné lorsque l'objet direct porte le même indice référentiel
que le sujet.

(44) a. Marie¿ L'a vu.

b. Marie^ Sj'est vue dans le miroir.


AVOIR: UNE COPULE 161

6. Conclusion

Nous avons développé l'hypothèse selon laquelle il y aurait deux copules en


français avoir et être. Ces deux verbes seraient semblables en ce que ni un ni l'autre
n'aurait de contribution thématique. Ils différeraient toutefois de par leurs propriétés
casuelles: seul avoir pourrait assigner le Cas accusatif.

Notre proposition a certains avantages. Elle nous a permis de rendre compte de


façon unifiée des constructions épistemiques et des constructions possessives. Elle
permet aussi d'unifier avoir et être dans leurs différentes fonctions linguistiques:
qu'ils soient utilisés comme verbes principaux, existentiels ou auxiliaires, avoir et
être n'auraient jamais de contribution sémantique. De plus, comme nous l'avons
brièvement mentionné plus haut, notre analyse fait la prédiction que, dans les trois
cas, la sélection savoir ou d'être devrait découler strictement de considérations
casuelles.

En dernier lieu, il faut noter que notre analyse contredit la généralisation de


Burzio (1986), selon laquelle un verbe ne pourrait assigner de Cas accusatif que s'il
assigne un rôle thêta à son sujet. Faut-il reformuler ou abandonner cette
généralisation? La généralisation de Burzio est avant tout descriptive et il nous faut
comprendre les raisons de cette généralisaton avant de pouvoir répondre à ces
questions.

Mireille Tremblay
Université du Québec à Montréal
162 MIREILLE TREMBLAY

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