La Nature À L Épreuve de L Homme 1st Edition Valérie Chansigaud Full Chapter Download PDF

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La Nature à l épreuve de l homme 1st

Edition Valérie Chansigaud


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© Delachaux et Niestlé SA, Paris, 2015

Dépôt légal : septembre 2015

ISBN : 978-2-603-02401-0

Préparation de copie, maquette, iconographie, mise en pages : Valérie Chansigaud


Correction : Catherine Wimphen
Couverture : Léa Larrieu

Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo.


TABLE DES MATIÈRES

Copyright

Introduction

Adaptation

Sommaire

L’incroyable résistance des insectes

Résistance, pesticides naturels et OGM

Usages et mésusages des antibiotiques

Des résistances qui se combinent

L’adaptation des espèces aux pathogènes

Les échouages massifs de mammifères marins

L’effet domino de la peste bovine en Afrique

Dynamique historique des causes de décès

L’émergence de nouveaux pathogènes humains

Frontières

Sommaire

Le champignon qui menace les chauves-souris

Les singes victimes des maladies humaines


Déforestation et acquisition d’un 5e paludisme

L’homme, agent de dissémination du paludisme

Singes et hommes victimes du virus Ebola

L’émergence de la fièvre du Nil occidental

L’irrésistible expansion du moustique tigre

La folle idée de la migration assistée

Inégalités

Sommaire

Le mildiou et la Grande Faim irlandaise

Maladies environnementales et pauvreté

Les leçons culturelles du SRAS

Le prestige de la viande d’animaux sauvages

L’impact des élevages d’animaux sauvages

Gestion

Sommaire

Gestion et éradication du chien de prairie

Pire que l’homme, la peste

Protéger ou détruire ?

La rage, une gestion en partie réussie

Vacciner des animaux sauvages ?

Le rôle de l’homme dans l’expansion de la rage

Indicateur

Sommaire
Le DDT et l’épaisseur des œufs de rapaces

Rapaces et DDT, une leçon qui n’a servi à rien ?

L’immense diversité des indications

Les amphibiens menacés par un champignon

Un indicateur des défaillances humaines

Indifférence

Sommaire

Les médias renforcent notre indifférence

Le commerce légal et illégal de singes

Derrière la vitre des aquariums…

Les multiples conséquences de l’aquariophilie

Les facettes de l’indifférence

Réitération

Sommaire

La spongieuse, une crise fondatrice ?

La mort du châtaignier américain

La quasi-disparition des ormes

La question des arbres dans les villes

Une épidémie en cours : le frêne commun

Les lacunes de la biosécurité

L’histoire d’une (petite) victoire

Le rôle essentiel des échanges horticoles

Hier, aujourd’hui et… demain ?


Quel enseignement tirer de la réitération ?

Désordre

Sommaire

Les espèces sauvages comme butin de guerre

La paix, gage de prudence environnementale ?

Les espèces introduites révélatrices du désordre

Ces sociétés si mal dirigées et organisées

L’immense désordre de la production de viande

Devenir acteur de la transition écologique

Conclusion

L’adaptation est une nécessité

Bibliographie

Index
Introduction

Ce livre est né d’une réflexion ancienne : comment rendre visible et


concrète la crise environnementale contemporaine ? Dans L’Homme
et la Nature : une histoire mouvementée (2013), j’ai exploré
l’ancienneté de l’impact de l’homme sur la nature et je me suis
intéressée à la dynamique historique de la crise actuelle. J’y ai
développé une présentation chronologique étayée par de
nombreuses études de cas et une grande variété de documents
iconographiques.
En présentant ce travail et en discutant avec les lecteurs de ce
livre et bien d’autres personnes, je me suis rendu compte que notre
présent n’était compris ou perçu que de façon extrêmement
parcellaire. Je me suis attelée à un travail documentaire sur des
sources récentes (la plupart des références bibliographiques utilisées
dans cet ouvrage, ont moins de 15 ans). Ce faisant, j’ai été stupéfiée
par la profondeur de la crise environnementale contemporaine que
je mesurais. Nous sommes entrés dans une période caractérisée par
une accélération prodigieuse des menaces de toutes sortes. J’ai fait
un autre constat, sans doute banal : les problèmes
environnementaux sont globaux tant dans leur étendue (toute la
planète est concernée) que dans leur ampleur (toutes les espèces et
tous les écosystèmes sont concernés). C’est bien l’ensemble du
monde vivant qui est concerné du plus petit virus à l’animal le plus
gros en passant par l’homme. Ce travail documentaire m’a
également fait comprendre le degré d’ignorance dans lequel nous
nous trouvons alors que les informations, les documents, les
analyses sont là, accessibles souvent d’un clic.
J’ai sélectionné des exemples en fonction de leur pertinence, bien
sûr, mais surtout parce qu’ils permettaient de montrer l’intrication
des conséquences de nos choix et de nos actes sur l’ensemble du
monde vivant. C’est pourquoi un grand nombre de cas ici présentés
impliquent des éléments de la biodiversité. Comme toujours, des
lecteurs regretteront l’absence de tel ou tel exemple également
significatif, mais je doute que cela aurait changé grand-chose à la
peinture générale que je présente : celle d’un monde affecté dans sa
globalité par les activités humaines, les conséquences de celles-ci
sont aggravées par la médiocrité des contrôles sociaux auxquelles
s’ajoute un profond sentiment d’inférence pour les questions
environnementales.
Il me paraissait impossible d’aborder ces questions de façon
classique. Ainsi, le découpage disciplinaire ne produisait aucun sens :
les analyses fournies par la médecine, par exemple, prennent une
signification très différente si on les rapproche de l’écologie, de la
géographie, de l’histoire, de la sociologie ou d’autres disciplines. La
démarche scientifique repose sur le besoin de réduire la complexité
de la réalité à un petit nombre d’éléments conceptualisables et
manipulables dans un laboratoire ou grâce à un modèle
mathématique. Cette méthodologie est tout à fait efficace dans un
grand nombre de situations, mais la crise environnementale perd son
sens dès qu’elle est réduite à quelques bribes éparses. Une
construction purement chronologique ne produit pas plus de sens
qu’un découpage en fonction des disciplines scientifiques, surtout
lorsqu’on considère principalement les dernières décennies.
J’ai donc choisi un mode narratif en proposant un récit où je
rapporte des événements, ceux de notre temps, ceux qui se passent
sous nos yeux et que l’on remarque rarement. Ce récit, qui ne doit
rien à l’imagination, permet de décrire une réalité qui échapperait à
une analyse réductionniste et purement quantitative.
L’abandon d’une présentation disciplinaire et chronologique offrait
la liberté de décrire la réalité d’une autre façon et j’ai préféré une
approche par mots clés, chacun constituant l’un des chapitres du
livre : adaptation, frontières, inégalités, gestion, indicateur,
indifférence, réitération et désordre. Tous ces termes décrivent une
même réalité suivant des angles différents et forment autant de
facettes d’un même objet : celui constitué par notre relation au
monde et notre relation aux autres. Ils permettent de caractériser la
crise actuelle, de la comprendre, de la mesurer et de s’en inquiéter.
Ces huit mots se sont imposés rapidement lors de la compilation des
données utilisées pour ce livre, et bien sûr, l’on pourrait en proposer
bien d’autres, mais ils m’ont semblé efficaces pour caractériser le
comportement humain à l’origine de la crise environnementale.
Comme dans mes autres ouvrages, je ne me suis livrée à aucune
annonce apocalyptique : je suis convaincue que l’être humain est
capable d’évolution, d’adaptation, de transformation, mais ce n’est
pas pour autant que je crois à un lendemain utopique et enchanteur.
D’autant que le monde actuel n’a rien d’un enchantement. La seule
ambition de cet ouvrage est de permettre à chaque lecteur de
prendre la mesure de notre présent et de l’inviter à réfléchir sur les
causes et les conséquences de la situation environnementale
générale.
Ce livre doit beaucoup aux discussions avec Gabriel Gachelin qui
reconnaîtra là de nombreuses idées que nous avons disséquées.
Suivant une formule souvent utilisée dans d’autres remerciements,
qu’il soit crédité du meilleur de ce livre, le moins bon me revenant
entièrement.
Je remercie aussi Agnès qui m’a toujours soutenue dans cette
curieuse aventure qu’est l’écriture d’un livre, et qui a toujours
manifesté une infinie patience.
Un très grand merci à Philippe Dubois et à Michel Larrieu pour
leur confiance renouvelée et leur intérêt pour mon travail.
Adaptation

n.f. action de changer ou de se changer pour mieux


correspondre aux circonstances

L’usage du mot « adaptation » est plutôt récent


et désigne, à partir de la deuxième moitié du
e
XIX siècle, outre la transformation d’une œuvre
littéraire à un nouveau contexte, la capacité
d’un organisme vivant à faire face à une
modification de son environnement. Le rôle de
l’homme dans la transformation des milieux
atteint une dimension planétaire et il est l’un
des principaux moteurs de l’adaptation
naturelle. Devenu une force sélective, l’être
humain a provoqué l’adaptation de certaines
espèces, ce qui a fait émerger de nombreux et
nouveaux problèmes environnementaux. Du
point de vue strictement humain, le mot
d’adaptation peut être aussi utilisé pour
désigner la faculté d’une société à réagir aux
conséquences de ses activités et de ses choix.
Sommaire
La résistance des insectes aux insecticides et des bactéries aux
antibiotiques, deux cas étonnamment similaires, permettent
d’aborder la question de l’adaptation. Tous les organismes vivants ne
sont pas aussi adaptables et nous verrons, avec la maladie de Carré
puis l’introduction de la peste bovine en Afrique, les conséquences
de la vulnérabilité d’un hôte sans défense immunitaire face à un
pathogène. Ceci pose la question de l’émergence de nouvelles
maladies et l’adaptation de l’homme lui-même.

La notion d’adaptation est l’une des plus essentielles pour


comprendre le monde vivant : il s’agit de la capacité des organismes
vivants à faire face à une caractéristique ou un changement de leur
environnement. Il peut s’agir d’une aptitude individuelle (qu’elle soit
physiologique, intellectuelle ou comportementale) ou collective
(notamment par la sélection d’individus au sein d’une population). La
notion d’adaptation est un élément déterminant pour comprendre la
traduction matérielle de l’évolution, c’est pourquoi elle est au centre
de l’œuvre de Charles Darwin, mais aussi de celle des fondateurs de
la science écologique (une discipline ayant justement pour but
d’étudier les mécanismes adaptatifs). Les organismes vivants que
l’on observe autour de nous, et en nous, sont les héritiers d’une
longue histoire biologique et le fruit d’adaptations successives. Ceci
explique, par exemple, qu’un grand nombre d’organismes vivants ne
peuvent prospérer que sur (ou dans) une espèce particulière : les
parasites (virus, bactéries, champignons, invertébrés) sont souvent
exclusivement dépendants d’un hôte en particulier, voire d’un petit
groupe d’espèces. Ceci s’explique par une lente coévolution qui a vu
s’adapter le parasite à l’hôte, mais aussi l’hôte au parasite. Ainsi, le
système immunitaire, par exemple, est la conséquence de l’existence
de parasites : le corps humain s’est adapté à leur présence et à leurs
éventuelles nuisances (en effet, tous les parasites ne sont pas
forcément préjudiciables).
Le mécanisme d’adaptation est connu depuis l’œuvre de Charles
Darwin et devient, dès lors, l’un des principaux objets d’étude des
biologistes. Pourtant, malgré les connaissances accumulées, on
ignore souvent cette caractéristique des organismes vivants. Par un
curieux effet de miroir, l’être humain semble incapable de s’adapter
lui-même à l’adaptation qu’il provoque chez d’autres organismes
comme le montrent les exemples qui suivent. Historiquement, les
cas les plus significatifs sont l’apparition d’insectes résistants aux
insecticides et de bactéries multirésistantes : à chaque fois, la
connaissance scientifique des mécanismes sélectifs ne s’est traduite
par aucune véritable anticipation de ce qui était pourtant
parfaitement prévisible. Cette imprévoyance a permis l’émergence de
problèmes environnementaux graves.
L’humanité peut être fière d’avoir fait régresser les maladies
infectieuses, même si on peut s’inquiéter de l’émergence de
nouvelles maladies comme le SRAS, le virus Ebola, le sida, les
grippes aviaires, la maladie de Lyme, le MERS… Ces maladies
n’apparaissent pas par génération spontanée ou ne sont pas l’œuvre
d’un savant fou, elles traduisent la preuve du pouvoir formidable du
vivant pour s’adapter aux transformations de l’environnement par
l’homme. Les espaces et les conditions nouvelles qu’ils créent
permettent à certains organismes de s’adapter et de prospérer, une
maladie émergente n’est que le résultat visible de cette situation.
L’incroyable résistance des insectes
La production industrielle du DDT [1], au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, suscite un enthousiasme extraordinaire :
pour la première fois, on dispose d’une substance peu onéreuse,
facile à produire et à utiliser, redoutablement efficace contre la
totalité des insectes nuisibles à l’agriculture ou vecteurs de maladie.
En 1945 à Naples, le DDT permet, pour la première fois dans
l’histoire de l’humanité, de stopper le développement d’une épidémie
de typhus, un succès très largement relayé par les médias
occidentaux. Pourtant, dès 1946, les premiers insectes résistants au
DDT sont signalés en Italie (Hammerstrom 1958). Le DDT inaugure
la mise au point d’une longue succession d’insecticides (lindane,
méthoxychlore, dichlorodiphényldichloroéthane, heptachlore,
dieldrine, etc.) qui tous provoqueront l’apparition d’insectes et
d’acariens résistants. Cela a de multiples conséquences notamment
économiques car il faut augmenter les quantités de produits ou
accélérer les rythmes de pulvérisation afin de maintenir une
efficacité acceptable. L’absence de prise en compte de la grande
capacité d’adaptation des insectes entraîne une course folle [2] : on
produit de nouvelles molécules, toujours plus dangereuses et plus
onéreuses, afin de contrer l’adaptation des insectes aux molécules
précédentes, mais ces efforts s’avèrent très vite vains en raison de la
rapidité de cette adaptation [3].
1. UTILISER UN INSECTICIDE, UN GESTE DEVENU ANODIN
Ces images sont issues d’un petit ouvrage destiné à démontrer l’efficacité et la
simplicité d’utilisation du DDT, insecticide miracle de l’immédiat après-guerre
(Zimmerman et Lavine 1946). La banalisation des insecticides conduit à la
généralisation de mauvaises pratiques (principalement le surdosage) qui ne
tiennent pas compte des spécificités écologiques et biologiques des insectes
nuisibles et par conséquent entraînent l’apparition de lignées résistantes.
2. LA COURSE FOLLE CONTRE LA RÉSISTANCE
DES ARTHROPODES

D’après Whalon et al. 2008


3. TEMPS D’APPARITION DU PREMIER CAS DE RÉSISTANCE
Temps nécessaire à la première observation d’une résistance chez le doryphore
(Leptinotarsa decemlineata) sur une parcelle située à Long Island, New York.

D’après Forgash 1984

Ce n’est pas le DDT qui conduit à faire découvrir le phénomène


de résistance aux insecticides : le premier cas a été suspecté en
1897, confirmé en 1908, puis en 1916. Au début des années 1940,
on connaît une dizaine de cas d’insectes résistants aux pesticides
d’alors (arsenic, plomb, cyanure, soufre de chaux…). On sait surtout
que cette résistance est en quelque sorte inévitable et, comme
l’affirme en 1937 Theodosius Dobzhansky (1900-1975) dans son
ouvrage sur la génétique et l’origine des espèces : « la diffusion
d’une souche résistante constitue probablement la meilleure preuve
de la réalité de la sélection naturelle que l’on peut obtenir ». Dans
cette première édition, Dobzhansky ne consacre qu’une seule page à
l’apparition d’insectes résistants aux insecticides car il privilégie
d’autres preuves de la sélection naturelle comme le mélanisme
industriel des papillons. On connaît des papillons blancs vivant sur
des bouleaux, dont la couleur sert de camouflage, chez qui l’on a
observé de rares cas de mélanisme (les papillons sont noirs). Le
e
développement de la consommation de charbon au XIX siècle
conduit à une pollution atmosphérique qui noircit les troncs des
arbres, les papillons blancs devenant alors plus visibles donc plus
vulnérables aux prédateurs. Peu à peu, on observe l’adaptation de
l’espèce : la forme noire devient majoritaire. L’arrêt de la pollution
e
atmosphérique, au XX siècle, conduit au retour à la situation initiale.
Dans l’édition de 1941, puis dans celle de 1951, le généticien
abandonne la référence au mélanisme industriel au profit exclusif de
la sélection des lignées résistantes aux insecticides et aux
antibiotiques (Ceccatti 2009) car cette adaptation est devenue pour
lui l’exemple cardinal pour prouver la réalité de la sélection naturelle.
Malgré l’indéniable influence de Dobzhansky sur les scientifiques de
son temps, ce n’est que durant les années 1960 que la question de
la résistance devient vraiment significative, car il n’est plus possible
d’ignorer l’incroyable augmentation des cas de résistance [4].
4. NOMBRE CUMULÉ DE CAS DE RÉSISTANCE
AUX INSECTICIDES

D’après Arthropod Pesticide Resistance Database, consultée le 12 avril 2015

Cette question est d’une redoutable complexité scientifique


notamment parce qu’elle est transdisciplinaire et nécessite de croiser
des recherches en génétique, en entomologie, en toxicologie, en
mathématique, en écologie, en épidémiologie, etc. Elle n’est pas que
strictement biologique, elle implique un grand nombre d’acteurs
(agriculteurs, responsables politiques, industriels, etc.) qui ont
souvent une perception et des intérêts divergents. La rapidité de
l’adaptation d’un arthropode à une substance, les variétés des
situations (tant géographiques que climatiques ou agricoles) ainsi
que la diversité des réactions des espèces nuisibles compliquent
considérablement la gestion de cette question.
Comme pour les bactéries, le phénomène d’adaptation des
arthropodes ne conduit pas seulement à la sélection de lignées
résistantes à un seul produit, mais souvent à plusieurs. Certaines
espèces sont devenues des championnes en la matière comme le
tétranyque tisserand (Tetranychus urticae), un acarien devenu,
depuis 1943, résistant à 80 composés différents, la teigne des
crucifères (Plutella xylostella), un papillon, devenu, depuis 1953,
résistant à 76 composés ou encore le puceron vert du pêcher (Myzus
persicae), devenu, depuis 1955, résistant à 68 composés (Whalon et
al. 2008).

Résistance, pesticides naturels et OGM

Depuis longtemps, de nombreux spécialistes sont persuadés que


les pesticides naturels doivent être préférés aux produits chimiques.
Ces substances peuvent être d’origine végétale (pyrèthre, roténone)
ou mycologique et elles ne constituent qu’une infime partie du
marché des pesticides : les insecticides à base de toxines, dites Cry,
tirées du champignon Bacillus thuringiensis (ou Bt), ne représentent
qu’à peu près 2 % du marché (Bravo et al. 2011). Malgré l’image
« naturelle » de ces produits et d’une façon tout à fait similaire aux
pesticides chimiques, des lignées d’insectes résistantes au Bt ont été
observées : le premier exemple date de 1985 et, depuis, ce nombre
n’a fait qu’augmenter (Ferré et Van Rie 2002). Ce phénomène a été
considérablement amplifié par la mise au point de plantes
génétiquement modifiées produisant des toxines Cry afin qu’elles se
protègent elles-mêmes des insectes : en 2013, elles sont cultivées
sur 76 millions d’ha (Jin et al. 2015). Suivant un scénario similaire à
l’adaptation des insectes aux insecticides, on observe aujourd’hui
l’apparition de résistance à ces cultures OGM [5]. On tente de
limiter ces cas en laissant des parcelles sans culture ou sans plante
OGM afin que des insectes non résistants puissent y prospérer : leur
présence permet alors de diminuer la probabilité de transmission des
gènes de résistance à une nouvelle génération. Mais, comme au
lendemain de la guerre, on s’est livré aussi à une surenchère
technique en mettant au point des plantes OGM capables de
produire deux, voire plusieurs insecticides… Les conséquences sur
l’environnement naturel ou humain de cette surenchère sont très loin
d’être comprises et encore moins maîtrisées. On sait ainsi que les
plants OGM peuvent s’avérer mortels pour des papillons s’ils
consomment leur pollen, mais leur influence sur la sélection
génétique des populations est tout à fait inconnue. Aujourd’hui, les
plantes OGM permettent de réduire l’utilisation de pesticides
chimiques, mais il n’y a aucune réelle certitude que ces plantes
diminuent la pression globale exercée par l’agriculture sur la
biodiversité (Sial et Abraham 2010). Il est d’ailleurs ironique que
l’agriculture industrielle, destinataire de ces plantes OGM, risque de
priver l’agriculture biologique du Bt, une substance naturelle et
efficace (Thompson et al. 2008).
5. PLANTES OGM ET RÉSISTANCE, UN SCÉNARIO DÉJÀ
CONNU
Les surfaces plantées avec des variétés OGM produisant du Bt sont passées de
1,1 million d’ha à 76 millions d’ha en moins de 20 ans. Suivant le même scénario
que la résistance classique aux insecticides, le nombre d’insectes devenus
résistants au Bt a augmenté rapidement. Ce nombre est probablement sous-
évalué pour 2011, car il faut plus de deux ans pour que l’observation d’un nouveau
cas fasse l’objet d’une publication.

Tabashnik et al. 2013

Les insectes et les acariens ne sont pas les seuls organismes à


être devenus résistants aux pesticides : des mauvaises herbes
résistent aux herbicides, y compris au célèbre glyphosate (connu
sous le nom de RoundUp) et, là encore, on observe que les espèces
montrant une multirésistance sont de plus en plus nombreuses (Holt
et al. 2013). D’une façon similaire à l’exemple du Bt et avec le même
mécanisme d’emballement, on a produit des plantes OGM résistantes
au glyphosate, une autre conséquence de la course folle contre
l’adaptation : les mauvaises herbes deviennent résistantes au
glyphosate, ce qui oblige donc à augmenter les doses d’herbicide,
mais les plantes cultivées n’y survivent pas, on produit alors des
plantes OGM résistantes, et ainsi de suite.

Usages et mésusages des antibiotiques

On peut établir un étonnant parallèle entre le DDT et la


pénicilline : mis au point durant la Seconde Guerre mondiale, ils sont
utilisés pour peser sur le cours du conflit et pour éviter les
dommages provoqués par la guerre. Le DDT est utilisé pour détruire
les insectes vecteurs qui prolifèrent avec la guerre et la pénicilline
pour soigner les blessés du front. Dans les deux cas, les industries
chimiques mettent en place, en un temps record, des usines
produisant en masse ces molécules et, une fois la paix revenue, elles
réussissent à maintenir leur activité en reconvertissant DDT et
pénicilline en produits de grande consommation. L’idéologie est
étrangement commune entre ces deux biocides : le but est de
gagner la guerre contre les insectes et les bactéries nuisibles en les
exterminant, un objectif largement raté compte tenu de la capacité
d’adaptation de ces organismes vivants.
C’est un marché extrêmement lucratif : dans les années 1950, le
secteur chimique est devenu la première industrie occidentale et la
valeur du seul marché des antibiotiques dépasse celui des boissons
alcoolisées (Landecker 2015). C’est la rentabilité des antibiotiques
qui a permis aux entreprises pharmaceutiques de devenir les
multinationales que l’on connaît. Durant les deux dernières
e
décennies du XX siècle, l’efficacité des antibiotiques – la part des
maladies infectieuses dans les pays développés régresse très
fortement – conduit les entreprises pharmaceutiques à se
désintéresser de ce secteur : l’agence américaine du médicament a
enregistré une baisse de 75 % des nouveaux médicaments à base
d’antibiotiques enregistrés entre 1987 et 2007. L’évolution du
paysage des maladies conduit l’industrie à réorienter ses activités et
à se détourner de la recherche de nouveaux antibiotiques, d’autant
que les principales maladies (cancer, maladies cardiovasculaires,
diabètes) sont à long cours et génératrices de chiffre d’affaires plus
important que le traitement d’une infection bactérienne de courte
durée (Duckenfield 2013). Ce désintérêt s’explique aussi par le fait
que l’on avait exploré et exploité la plupart des familles
d’antibiotiques. L’ère de découverte des antibiotiques, qui va des
années 1940 aux années 1960, a été permise par l’étude de
microorganismes du sol. Seule une minuscule fraction des micro-
organismes sont cultivables en laboratoire : quelques milliers
peuvent être cultivés dans une boîte de Petri sur les 10 000 à
100 000 qui existent dans la nature (cette approximation donne une
indication de la faible connaissance de la diversité des micro-
organismes). Avec le développement des bactéries résistantes, la
recherche d’antibiotiques redevient une activité attractive, d’autant
que la mise au point de nouveaux dispositifs de culture a relancé
l’espoir de découvrir de nouvelles molécules miracles (Ling et al.
2015).
6. LES BÊTA-LACTAMASES OU LA RÉSISTANCE
BACTÉRIENNE EN MARCHE
Évolution du nombre d’enzymes de la famille de bêta-lactamases : ils sont
responsables de la résistance des bactéries à certains antibiotiques bêta-lactamine
mis sur le marché en 1970.

Davies et Davies 2010

L’enthousiasme pour les antibiotiques peut aisément se


comprendre : dans les années 1930, de nombreux malades
souffraient d’infections provoquées par des bactéries comme la
pneumonie, les méningites, la fièvre typhoïde, les endocardites, la
syphilis, la tuberculose… Une majorité des malades était jeune et la
plupart mourait de leur infection ou de complications (McDermott et
Rogers 1982). Ce panorama change complètement grâce aux
antibiotiques : les maladies infectieuses provoquaient plus de la
moitié des décès en Occident en 1900, alors qu’elles sont tout à fait
minoritaires aujourd’hui. On ignore totalement la quantité
d’antibiotiques produite depuis leur apparition il y a 60 ans, mais
cela doit se chiffrer en millions de tonnes, dont moins de la moitié a
été utilisée pour la santé humaine (Davies et Davies 2010).
La pénicilline est administrée la première fois en 1941 et, dès
l’année suivante, la première bactérie résistante est détectée, elle
n’est que la première d’une longue lignée [6] (Landecker 2015). Le
mécanisme adaptation-résistance est toujours extrêmement rapide :
la méthicilline est introduite en 1960, le premier cas de résistance
est découvert en 1961… Ici aussi, le scénario est parfaitement
similaire à celui des insecticides évoqué plus haut.
L’usage des antibiotiques se généralise et, souvent, de façon tout
à fait déraisonnable : on utilise les antibiotiques pour n’importe
quelle infection des voies respiratoires (sans même savoir si elle est
provoquée par des bactéries) ou pour prévenir les infections
postopératoires, on peut les acquérir librement dans certains pays
où on les utilise pour se prémunir du sida après un rapport sexuel à
risque ou pour mieux digérer un aliment que l’on soupçonne avarié,
etc.
Mais ces mauvais usages ne se limitent pas au seul domaine de
la santé humaine. L’agriculture industrielle est une grande
consommatrice d’antibiotiques [7] même si la place de ces produits
varie fortement d’une région à une autre : l’agriculture américaine
consomme 70 % des antibiotiques à des fins non thérapeutiques
(pour augmenter la masse musculaire ou pour prévenir l’apparition
d’infection) contre 9 % d’utilisation médicale en santé humaine ;
dans l’Union européenne, la proportion est respectivement de 15 %
et de 52 % (Duckenfield 2013). On utilise abondamment des
antibiotiques dans l’élevage de poissons et d’invertébrés aquatiques,
qu’ils soient destinés à nos assiettes ou à nos aquariums (voir ici),
même la culture des plantes n’hésite pas à recourir à ces molécules
afin de lutter ou de prévenir les maladies bactériennes… Une partie
importante des antibiotiques donnée au bétail ou aux poissons se
retrouvent dans les déjections, mais l’on ignore à peu près tout de
leur impact sur les écosystèmes naturels ou agricoles, notamment
des conséquences sur les micro-organismes du sol et sur les
modifications induites dans les communautés bactériennes.
7. UN ÉLEVAGE INDUSTRIEL DE POULETS
Les conditions concentrationnaires de l’élevage industriel augmentent
considérablement les risques d’infections d’où l’utilisation prophylactique des
antibiotiques. On utilise également ces produits pour augmenter la production de
lait ou de masses musculaires. Dès 1969, des chercheurs s’alarment de la
croissance rapide du nombre de bactéries résistantes dans l’agriculture et
réclament, sinon l’interdiction totale des antibiotiques, du moins un solide
encadrement. Ils ne seront pas entendus : l’agriculture continue de contribuer
activement à l’émergence et à la diffusion de bactéries multirésistantes.

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Photo : Shpernik088
Des résistances qui se combinent
Comme pour les insecticides, les bactéries multirésistantes à
deux, trois molécules ou davantage sont également apparues. Dans
les années 2000, des superlignées de bactéries Mycobactirum
tuberculosis sont observées : elles sont devenues résistantes à tous
les médicaments habituellement utilisés, rendant le traitement de la
tuberculose presque impossible (Velayati et al. 2009). On oublie
souvent le fardeau que représentent encore aujourd’hui les maladies
infectieuses. Par exemple, on estime qu’un tiers des êtres humains
sont porteurs de la bactérie responsable de la tuberculose : en 2002,
environ 8,3 millions de personnes ont développé la maladie et
1,8 million en sont mortes. Encore aujourd’hui, moins de la moitié
des cas de tuberculose sont correctement diagnostiqués et moins de
60 % sont soignés (Kim et al. 2005). Le sida a considérablement
amplifié l’impact de la tuberculose puisque le nombre de cas a
augmenté, en Afrique subsaharienne, de 250 % entre 1990 et 1999.
L’infection bactérienne est d’ailleurs la première cause de mortalité
des personnes immunodéprimées.
La présence d’organismes multirésistants pose de très nombreux
problèmes dont le coût financier non négligeable : la présence de
souches résistantes augmente considérablement le temps et la
complexité du traitement de certaines infections. On considère
qu’une infection bactérienne d’une souche résistante double le risque
d’hospitalisation, de la longueur des séjours ainsi que la mortalité
(Orzech et Nichter 2008). Les personnes restent infectées plus
longtemps ce qui augmente le risque de contagion. Du fait des
multirésistances, le traitement des infections est souvent plus cher et
l’offre médicamenteuse plus réduite, ce qui exclut de fait de
nombreux patients.
8. UN MONDE SATURÉ DE BACTÉRIES RÉSISTANTES
Les deux principaux consommateurs d’antibiotiques sont l’agriculture (y compris
l’aquaculture) et la santé humaine. Les bactéries résistantes ne restent pas dans le
corps où elles sont apparues et sont rejetées dans les excréments avant de
circuler dans l’environnement, y compris la nourriture animale ou humaine.

D’après Woolhouse et Ward 2013

On peut considérer que même si le phénomène de résistance est


un classique phénomène biologique d’adaptation, il est avant tout un
problème qui relève des questions sociales, économiques et
culturelles. Ainsi, les produits antibactériens (comme ceux que l’on
utilise pour se désinfecter les mains) connaissent un immense succès
(Levy 2001) : leur nombre est passé d’une demi-douzaine au milieu
des années 1990 à plus de 700 en 2000 ! Le manque de
discernement dans leur utilisation a bien sûr conduit à l’émergence
de bactéries résistantes à ces produits, ce qui pourrait aboutir à une
résistance croisée à la fois aux antibiotiques et aux antibactériens.
Par ailleurs, ces produits antibactériens posent de nombreux
problèmes comme l’altération des flores bactériennes normales, la
probable augmentation du risque de développement d’allergies chez
les enfants, la pollution des cours d’eaux, etc.
L’apparition de résistance a été observée dans d’autres
situations. Un exemple bien connu est celui du Plasmodium, l’agent
infectieux du paludisme. La rapidité du phénomène est, là aussi,
impressionnante : le premier cas de résistance à la quinine n’est
observé qu’en 1910, soit plus de deux siècles après ses premières
utilisations, mais celui à la chloroquine, utilisée à partir de 1945, est
apparu 12 ans après, tandis que celle à la méfloquine est observée
cinq ans après et il fallut moins de deux ans au Plasmodium pour
devenir résistant au proguanil, au sulfadoxine-pyrimethamine et à
l’atovaquone (Wongsrichanalai et al. 2002). Cette résistance est
devenue problématique dans certaines régions du monde, comme
en Thaïlande, avec des exemples de multirésistance. Dans le cas du
paludisme, il y a donc deux résistances qui se combinent : celle du
moustique vecteur aux insecticides et celle du Plasmodium aux
médicaments. Certaines régions du monde se trouvent dans un
véritable cercle vicieux où une même population peut être
confrontée à un cocktail de résistances et où bactéries, virus
(notamment le VIH), protozoaires et autres parasites et insectes
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She was about affaires of common wele,
Dealing of Iustice with indifferent grace,
And hearing pleas of people meane and base.
Mongst which as then, there was for to be heard
The tryall of a great and weightie case,
Which on both sides was then debating hard:
But at the sight of these, those were a while debard.

But after all her princely entertayne, xxxvii


To th’hearing of that former cause in hand,
Her selfe eftsoones she gan conuert againe;
Which that those knights likewise mote vnderstand,
And witnesse forth aright in forrain land,
Taking them vp vnto her stately throne,
Where they mote heare the matter throughly scand
On either part, she placed th’one on th’one,
The other on the other side, and neare them none.

Then was there brought, as prisoner to the barre, xxxviii


A Ladie of great countenance and place,
But that she it with foule abuse did marre;
Yet did appeare rare beautie in her face,
But blotted with condition vile and base,
That all her other honour did obscure,
And titles of nobilitie deface:
Yet in that wretched semblant, she did sure
The peoples great compassion vnto her allure.

Then vp arose a person of deepe reach, xxxix


And rare in-sight, hard matters to reuele;
That well could charme his tongue, and time his speach
To all assayes; his name was called Zele:
He gan that Ladie strongly to appele
Of many haynous crymes, by her enured,
And with sharpe reasons rang her such a pele,
That those, whom she to pitie had allured,
He now t’abhorre and loath her person had procured.
First gan he tell, how this that seem’d so faire xl
And royally arayd, Duessa hight
That false Duessa, which had wrought great care,
And mickle mischiefe vnto many a knight,
By her beguyled, and confounded quight:
But not for those she now in question came,
Though also those mote question’d be aright,
But for vyld treasons, and outrageous shame,
Which she against the dred Mercilla oft did frame.

For she whylome (as ye mote yet right well xli


Remember) had her counsels false conspyred,
With faithlesse Blandamour and Paridell,
(Both two her paramours, both by her hyred,
And both with hope of shadowes vaine inspyred,)
And with them practiz’d, how for to depryue
Mercilla of her crowne, by her aspyred,
That she might it vnto her selfe deryue,
And tryumph in their blood, whom she to death did dryue.

But through high heauens grace, which fauour not xlii


The wicked driftes of trayterous desynes,
Gainst loiall Princes, all this cursed plot,
Ere proofe it tooke, discouered was betymes,
And th’actours won the meede meet for their crymes.
Such be the meede of all, that by such mene
Vnto the type of kingdomes title clymes.
But false Duessa now vntitled Queene,
Was brought to her sad doome, as here was to be seene.

Strongly did Zele her haynous fact enforce, xliii


And many other crimes of foule defame
Against her brought, to banish all remorse,
And aggrauate the horror of her blame.
And with him to make part against her, came
Many graue persons, that against her pled;
First was a sage old Syre, that had to name
The Kingdomes care, with a white siluer hed,
That many high regards and reasons gainst her red.

Then gan Authority her to appose[341] xliv


With peremptorie powre, that made all mute;
And then the law of Nations gainst her rose,
And reasons brought, that no man could refute;
Next gan Religion gainst her to impute
High Gods beheast, and powre of holy lawes;
Then gan the Peoples cry and Commons sute,
Importune care of their owne publicke cause;
And lastly Iustice charged her with breach of lawes.

But then for her, on the contrarie part, xlv


Rose many aduocates for her to plead:
First there came Pittie, with full tender hart,
And with her ioyn’d Regard of womanhead;
And then came Daunger threatning hidden dread,
And high alliance vnto forren powre;
Then came Nobilitie[342] of birth, that bread
Great ruth through her misfortunes tragicke stowre;
And lastly Griefe[343] did plead, and many teares forth powre.

With the neare touch whereof in tender hart xlvi


The Briton Prince was sore empassionate,
And woxe inclined much vnto her part,
Through the sad terror of so dreadfull fate,
And wretched ruine of so high estate,
That for great ruth his courage gan relent.
Which when as Zele perceiued to abate,
He gan his earnest feruour to augment,
And many fearefull obiects to them to present.

He gan t’efforce the euidence anew, xlvii


And new accusements to produce in place:
He brought forth that old hag of hellish hew,
The cursed Ate, brought her face to face,
Who priuie was, and partie in the case:
She, glad of spoyle and ruinous decay,
Did her appeach, and to her more disgrace,
The plot of all her practise did display,
And all her traynes, and all her treasons forth did lay.

Then brought he forth, with griesly grim aspect, xlviii


Abhorred Murder, who with bloudie knyfe
Yet dropping fresh in hand did her detect,
And there with guiltie bloodshed charged ryfe:
Then brought he forth Sedition, breeding stryfe
In troublous wits, and mutinous vprore:
Then brought he forth Incontinence of lyfe,
Euen foule Adulterie her face before,
And lewd Impietie, that her accused sore.

All which when as the Prince had heard and seene, xlix
His former fancies ruth he gan repent,
And from her partie eftsoones was drawen cleene.
But Artegall with constant firme intent,
For zeale of Iustice was against her bent.
So was she guiltie deemed of them all.
Then Zele began to vrge her punishment,
And to their Queene for iudgement loudly call,
Vnto Mercilla myld for Iustice gainst the thrall.

But she, whose Princely breast was touched nere l


With piteous ruth of her so wretched plight,
Though plaine she saw by all, that she did heare,
That she of death was guiltie found by right,
Yet would not let iust vengeance on her light;
But rather let in stead thereof to fall
Few perling drops from her faire lampes of light;
The which she couering with her purple pall
Would haue the passion hid, and vp arose withall.
FOOTNOTES:
[332] vii 1 yearne 1609
[333] x 8 strange 1609 passim
[334] xviii 4 hard] hart 1596
[335] xxii 8 oft-times 1609
[336] xxvi 4 FONS 1596, 1609
[337] 9 slanders 1609 passim
[338] xxxi 4 hight, 1596
[339] 5 Litæ 1596
[340] xxxiii 8 rebellions 1596
[341] xliv 1 oppose 1609
[342] xlv 7 Nobilitie 1596
[343] 9 Griefe 1596
Cant. X.

Prince Arthur takes the enterprize


for Belge[344] for to fight.
Gerioneos Seneschall
he slayes in Belges right.

Some Clarkes doe doubt in their deuicefull art, i


Whether this heauenly thing, whereof I treat,
To weeten Mercie,[345] be of Iustice part,
Or drawne forth from her by diuine extreate.
This well I wote, that sure she is as great,
And meriteth to haue as high a place,
Sith in th’Almighties euerlasting seat
She first was bred, and borne of heauenly race;
From thence pour’d down on men, by influence of grace.

For if that Vertue be of so great might, ii


Which from iust verdict will for nothing start,
But to preserue inuiolated right,
Oft spilles the principall, to saue the part;
So much more then is that of powre and art,
That seekes to saue the subiect of her skill,
Yet neuer doth from doome of right depart:
As it is greater prayse to saue, then spill,
And better to reforme, then to cut off the ill.

Who then can thee, Mercilla throughly prayse, iii


That herein doest all earthly Princes pas?
What heauenly Muse shall thy great honour rayse
Vp to the skies, whence first deriu’d it was,
And now on earth it selfe enlarged has,
From th’vtmost brinke of the Armericke[346] shore,
Vnto the margent of the Molucas?
Those Nations farre thy iustice doe adore:
But thine owne people do thy mercy prayse much more.

Much more it praysed was of those two knights; iv


The noble Prince, and righteous Artegall,
When they had seene and heard her doome a rights
Against Duessa, damned by them all;
But by her tempred without griefe or gall,
Till strong constraint did her thereto enforce.
And yet euen then ruing her wilfull fall,
With more then needfull naturall remorse,
And yeelding the last honour to her wretched corse.

During all which, those knights continu’d there, v


Both doing and receiuing curtesies,
Of that great Ladie, who with goodly chere
Them entertayn’d, fit for their dignities,
Approuing dayly to their noble eyes
Royall examples of her mercies rare,
And worthie paterns of her clemencies;
Which till this day mongst many liuing are,
Who them to their posterities doe still declare.

Amongst the rest, which in that space befell, vi


There came two Springals of full tender yeares,
Farre thence from forrein land, where they did dwell,
To seeke for succour of her and of her Peares[347],
With humble prayers and intreatfull teares;
Sent by their mother, who a widow was,
Wrapt in great dolours and in deadly feares,
By a strong Tyrant, who inuaded has
Her land, and slaine her children ruefully alas.

Her name was Belge[348] who in former age vii


A Ladie of great worth and wealth had beene,
And mother of a frutefull heritage,
Euen seuenteene goodly sonnes; which who had seene
In their first flowre, before this fatall teene
Them ouertooke, and their faire blossomes blasted,
More happie mother would her surely weene,
Then famous Niobe, before she tasted
Latonaes childrens wrath, that all her issue wasted.

But this fell Tyrant, through his tortious powre, viii


Had left her now but fiue of all that brood:
For twelue of them he did by times deuoure,
And to his Idols[349] sacrifice their blood,
Whylest he of none was stopped, nor withstood.
For soothly he was one of matchlesse might,
Of horrible aspect, and dreadfull mood,
And had three bodies in one wast empight,
And th’armes and legs of three, to succour him in fight.

And sooth they say, that he was borne and bred[350] ix


Of Gyants race, the sonne of Geryon,
He that whylome in Spaine so sore was dred[351],
For his huge powre and great oppression,
Which brought that land to his subiection,
Through his three bodies powre, in one combynd;
And eke all strangers in that region
Arryuing, to his kyne for food assynd;
The fayrest kyne aliue, but of the fiercest kynd.

For they were all, they say, of purple hew, x


Kept by a cowheard, hight Eurytion,
A cruell carle, the which all strangers slew,
Ne day nor night did sleepe, t’attend them on,
But walkt about them euer and anone,
With his two headed dogge, that Orthrus hight;
Orthrus begotten by great Typhaon
And foule Echidna, in the house of night;
But Hercules them all did ouercome in fight.

His sonne was this, Geryoneo hight, xi


Who after that his monstrous father fell
Vnder Alcides club, streight tooke his flight
From that sad land, where he his syre did quell,
And came to this, where Belge then did dwell,
And flourish in all wealth and happinesse,
Being then new made widow (as befell)
After her Noble husbands late decesse[352];
Which gaue beginning to her woe and wretchednesse.

Then this bold Tyrant, of her widowhed xii


Taking aduantage, and her yet fresh woes,
Himselfe and seruice to her offered,
Her to defend against all forrein foes,
That should their powre against her right oppose.
Whereof she glad, now needing strong defence,
Him entertayn’d, and did her champion chose:
Which long he vsd with carefull diligence,
The better to confirme her fearelesse confidence.

By meanes whereof, she did at last commit xiii


All to his hands, and gaue him soueraine powre
To doe, what euer he thought good or fit.
Which hauing got, he gan forth from that howre
To stirre vp strife, and many a Tragicke stowre,
Giuing her dearest children one by one
Vnto a dreadfull Monster to deuoure,
And setting vp an Idole of his owne,
The image of his monstrous parent Geryone.

So tyrannizing, and oppressing all, xiv


The woefull widow had no meanes now left,
But vnto gratious great Mercilla call
For ayde, against that cruell Tyrants theft,
Ere all her children he from her had reft.
Therefore these two, her eldest sonnes she sent,
To seeke for succour of this Ladies gieft:
To whom their sute they humbly did present,
In th’hearing of full many Knights and Ladies gent.

Amongst the which then fortuned to bee xv


The noble Briton Prince, with his braue Peare;
Who when he none of all those knights did see
Hastily bent, that enterprise to heare,
Nor vndertake the same, for cowheard feare,
He stepped forth with courage bold and great,
Admyr’d of all the rest in presence there,
And humbly gan that mightie Queene entreat,
To graunt him that aduenture for his former feat.

She gladly graunted it: then he straight way xvi


Himselfe vnto his iourney gan prepare,
And all his armours readie dight that day,
That nought the morrow next mote stay his fare.
The morrow next appear’d, with purple hayre
Yet dropping fresh out of the Indian fount,
And bringing light into the heauens fayre,
When he was readie to his steede to mount,[353]
Vnto his way, which now was all his care and count.

Then taking humble leaue of that great Queene, xvii


Who gaue him roiall giftes and riches rare,
As tokens of her thankefull mind beseene,
And leauing Artegall to his owne care,[354]
Vpon his voyage forth he gan to fare,
With those two gentle youthes, which him did guide,
And all his way before him still prepare.
Ne after him did Artegall[355] abide,
But on his first aduenture forward forth did ride.

It was not long, till that the Prince arriued xviii


Within the land, where dwelt that Ladie sad,
Whereof that Tyrant had her now depriued,
And into moores and marshes banisht had,
Out of the pleasant soyle, and citties glad,
In which she wont to harbour happily:
But now his cruelty so sore she drad,
That to those fennes for fastnesse she did fly,
And there her selfe did hyde from his hard tyranny.

There he her found in sorrow and dismay, xix


All solitarie without liuing wight;
For all her other children, through affray,
Had hid themselues, or taken further flight:
And eke her selfe through sudden strange affright,
When one in armes she saw, began to fly;
But when her owne two sonnes she had in sight,
She gan take hart, and looke vp ioyfully:
For well she wist this knight came, succour to supply.

And running vnto them with greedy ioyes, xx


Fell straight about their neckes, as they did kneele,
And bursting forth in teares; Ah my sweet boyes,
(Sayd she) yet now I gin new life to feele,
And feeble spirits, that gan faint and reele,
Now rise againe, at this your ioyous sight.
Alreadie seemes that fortunes headlong wheele
Begins to turne, and sunne to shine more bright,
Then it was wont, through comfort of this noble knight.

Then turning vnto him; And you Sir knight xxi


(Said she) that taken haue this toylesome paine
For wretched woman, miserable wight,
May you in heauen immortall guerdon gaine
For so great trauell, as you doe sustaine:
For other meede may hope for none of mee,
To whom nought else, but bare life doth remaine,
And that so wretched one, as ye do see
Is liker lingring death, then loathed life to bee.

Much was he moued with her piteous plight, xxii


And low dismounting from his loftie steede,
Gan to recomfort her all that he might,
Seeking to driue away deepe rooted dreede,
With hope of helpe in that her greatest neede.
So thence he wished her with him to wend,
Vnto some place, where they mote rest and feede,
And she take comfort, which God now did send:
Good hart in euils doth the euils much amend.

Ay me (sayd she) and whether shall I goe? xxiii


Are not all places full of forraine powres?
My pallaces possessed of my foe,
My cities sackt, and their sky-threating towres
Raced, and made smooth fields now full of flowres?
Onely these marishes, and myrie bogs,
In which the fearefull ewftes do build their bowres,
Yeeld me an hostry mongst the croking frogs,
And harbour here in safety from those rauenous dogs.

Nathlesse (said he) deare Ladie with me goe, xxiv


Some place shall vs receiue, and harbour yield;
If not, we will it force, maugre your foe,
And purchase it to vs with speare and shield:
And if all fayle, yet farewell open field:
The earth to all her creatures lodging lends.
With such his chearefull speaches he doth wield
Her mind so well, that to his will she bends
And bynding vp her locks and weeds, forth with him wends.
They came vnto a Citie farre vp land, xxv
The which whylome that Ladies owne had bene;
But now by force extort out of her hand,
By her strong foe, who had defaced cleene
Her stately towres, and buildings sunny sheene;
Shut vp her hauen, mard her marchants trade,
Robbed her people, that full rich had beene,
And in her necke a Castle huge had made,
The which did her commaund, without needing perswade.

That Castle was the strength of all that state, xxvi


Vntill that state by strength was pulled downe,
And that same citie, so now[356] ruinate,
Had bene the keye of all that kingdomes crowne;
Both goodly Castle, and both goodly Towne,
Till that th’offended heauens list to lowre
Vpon their blisse, and balefull fortune frowne.
When those gainst states and kingdomes do coniure,
Who then can thinke their hedlong ruine to recure.

But he had brought it now in seruile bond, xxvii


And made it beare the yoke of inquisition,
Stryuing long time in vaine it to withstand;
Yet glad at last to make most base submission,
And life enioy for any composition.
So now he hath new lawes and orders new
Imposd on it, with many a hard condition,
And forced it, the honour that is dew
To God, to doe vnto his Idole most vntrew.

To him he hath, before this Castle greene, xxviii


Built a faire Chappell, and an Altar framed
Of costly Iuory, full rich beseene,
On which that cursed Idole farre proclamed,
He hath set vp, and him his God hath named,
Offring to him in sinfull sacrifice
The flesh of men, to Gods owne likenesse framed,
And powring forth their bloud in brutishe wize,
That any yron eyes[357] to see it would agrize.

And for more horror and more crueltie, xxix


Vnder that cursed Idols altar stone[358]
An hideous monster doth in darknesse lie,
Whose dreadfull shape was neuer seene of none
That liues on earth; but vnto those alone
The which vnto him sacrificed bee.
Those he deuoures, they say, both flesh and bone:
What else they haue, is all the Tyrants fee;
So that no whit of them remayning one may see.

There eke he placed a strong garrisone, xxx


And set a Seneschall of dreaded might,
That by his powre oppressed euery one,
And vanquished all ventrous knights in fight;
To whom he wont shew all the shame he might,
After that them in battell he had wonne.
To which when now they gan approch in sight,
The Ladie counseld him the place to shonne,
Whereas so many knights had fouly bene fordonne.

Her fearefull speaches nought he did regard, xxxi


But ryding streight vnder the Castle wall,
Called aloud vnto the watchfull ward,
Which there did wayte, willing them forth to call
Into the field their Tyrants Seneschall.
To whom when tydings thereof came, he streight
Cals for his armes, and arming him withall,
Eftsoones forth pricked proudly in his might,
And gan with courage fierce addresse him to the fight.

They both encounter in the middle plaine, xxxii


And their sharpe speares doe both together smite
Amid their shields, with so huge might and maine,
That seem’d their soules they wold[359] haue ryuen quight
Out of their breasts, with furious despight.
Yet could the Seneschals no entrance find
Into the Princes shield, where it empight;
So pure the mettall was, and well refynd,
But shiuered all about, and scattered in the wynd.

Not so the Princes, but with restlesse force, xxxiii


Into his shield it readie passage found,
Both through his haberieon, and eke his corse:
Which tombling downe vpon the senselesse ground,
Gaue leaue vnto his ghost from thraldome bound,
To wander in the griesly shades of night.
There did the Prince him leaue in deadly swound,
And thence vnto the castle marched right,
To see if entrance there as yet obtaine he might.

But as he nigher drew, three knights he spyde, xxxiv


All arm’d to point, issuing forth a pace,
Which towards him with all their powre did ryde,
And meeting him right in the middle race,
Did all their speares attonce on him enchace.
As three great Culuerings for battrie bent,
And leueld all against one certaine place,
Doe all attonce their thunders rage forth rent,
That makes the wals to stagger with astonishment.

So all attonce they on the Prince did thonder; xxxv


Who from his saddle swarued nought asyde,
Ne to their force gaue way, that was great wonder,
But like a bulwarke, firmely did abyde,
Rebutting him, which in the midst did ryde,
With so huge rigour, that his mortall speare
Past through his shield, and pierst through either syde,
That downe he fell vppon his mother deare,
And powred forth his wretched life in deadly dreare.

Whom when his other fellowes saw, they fled xxxvi


As fast as feete could carry them away;
And after them the Prince as swiftly sped,
To be aueng’d of their vnknightly play.
There whilest they entring, th’one did th’other stay,
The hindmost in the gate he ouerhent,
And as he pressed in, him there did slay:
His carkasse tumbling on the threshold, sent
His groning soule vnto her place of punishment.

The other which was entred, laboured fast xxxvii


To sperre the gate; but that same lumpe of clay,
Whose grudging ghost was thereout fled and past,[360]
Right in the middest of the threshold lay,
That it the Posterne did from closing stay:
The whiles the Prince hard[361] preased in betweene,
And entraunce wonne. Streight th’other fled away,
And ran into the Hall, where he did weene
Him selfe to saue: but he there slew him at the skreene.

Then all the rest which in that Castle were, xxxviii


Seeing that sad ensample them before,
Durst not abide, but fled away for feare,
And them conuayd out at a Posterne dore.
Long sought the Prince, but when he found no more
T’oppose against his powre, he forth issued
Vnto that Lady, where he her had lore,
And her gan cheare, with what she there had vewed,
And what she had not seene, within vnto her shewed.

Who with right humble thankes him goodly greeting, xxxix


For so great prowesse, as he there had proued,
Much greater then was euer in her weeting,
With great admiraunce inwardly was moued,
And honourd him, with all that her behoued.
Thenceforth into that Castle he her led,
With her two sonnes, right deare of her beloued,
Where all that night them selues they cherished,
And from her balefull minde all care he banished.
FOOTNOTES:
[344] Arg. 2 Belgee 1596
[345] i 3 Mercie 1596
[346] iii 6 Americke conj. Todd
[347] vi 4 and her Peares 1609
[348] vii 1 Belgæ 1596, 1609
[349] viii 4 Idol conj. Church
[350] ix i brad 1609
[351] 3 drad 1609
[352] xi 8 decease 1609
[353] xvi 8 mount; 1596
[354] xvii 4 care; 1596, 1609
[355] 8 Artigall 1596
[356] xxvi 3 now so conj. Church
[357] xxviii 9 eyes, 1596
[358] xxix 2 stone; 1596, 1609
[359] xxxii 4 would 1609
[360] xxxvii 3 past; 1596
[361] 6 hard] had 1609
Cant. XI.

Prince Arthure ouercomes the great


Gerioneo in fight:
Doth slay the Monster, and restore
Belge vnto her right.

It often fals in course of common life, i


That right long time is ouerborne of wrong,
Through auarice, or powre, or guile, or strife,
That weakens her, and makes her party strong:
But Iustice, though her dome she doe prolong,
Yet at the last she will her owne cause right.
As by sad Belge seemes, whose wrongs though long
She suffred, yet at length she did requight,
And sent redresse thereof by this braue Briton Knight.

Whereof when newes was to that Tyrant brought, ii


How that the Lady Belge now had found
A Champion, that had with his Champion fought,
And laid his Seneschall low on the ground,
And eke him selfe did threaten to confound,
He gan to burne in rage, and friese in feare,
Doubting sad end of principle vnsound:
Yet sith he heard but one, that did appeare,
He did him selfe encourage, and take better cheare.

Nathelesse him selfe he armed all in hast, iii


And forth he far’d with all his many bad,
Ne stayed step, till that he came at last
Vnto the Castle, which they conquerd had.
There with huge terrour, to be more ydrad,
He sternely marcht before the Castle gate,
And with bold vaunts, and ydle threatning bad
Deliuer him his owne, ere yet too late,
To which they had no right, nor any wrongfull state.

The Prince staid not his aunswere to deuize, iv


But opening streight the Sparre, forth to him came,
Full nobly mounted in right warlike wize;
And asked him, if that he were the same,
Who all that wrong vnto that wofull Dame
So long had done, and from her natiue land
Exiled her, that all the world spake shame.
He boldly aunswerd him, he there did stand
That would his doings iustifie with his owne hand.

With that so furiously at him he flew, v


As if he would haue ouerrun him streight,
And with his huge great yron axe gan hew
So hideously vppon his armour bright,
As he to peeces would haue chopt it quight:
That the bold Prince was forced foote to giue
To his first rage, and yeeld to his despight;
The whilest at him so dreadfully he driue,
That seem’d a marble rocke asunder could haue riue.

Thereto a great aduauntage eke he has vi


Through his three double hands thrise multiplyde,
Besides the double strength, which in them was:
For stil when fit occasion did betyde,
He could his weapon shift from side to syde,
From hand to hand, and with such nimblesse sly
Could wield about, that ere it were espide,
The wicked stroke did wound his enemy,
Behinde, beside, before, as he it list apply.

Which vncouth vse when as the Prince perceiued, vii


He gan to watch the wielding of his hand,
Least by such slight he were vnwares deceiued;
And euer ere he saw the stroke to land,
He would it meete, and warily withstand.
One time, when he his weapon faynd to shift,
As he was wont, and chang’d from hand to hand,
He met him with a counterstroke so swift,
That quite smit off his arme, as he it vp did lift.

Therewith, all fraught with fury and disdaine, viii


He brayd aloud for very fell despight,
And sodainely t’auenge him selfe againe,
Gan into one assemble all the might
Of all his hands, and heaued them on hight,
Thinking to pay him with that one for all:
But the sad steele seizd not, where it was hight,
Vppon the childe, but somewhat short did fall,
And lighting on his horses head, him quite did mall.

Downe streight to ground fell his astonisht steed, ix


And eke to th’earth his burden with him bare:
But he him selfe full lightly from him freed,
And gan him selfe to fight on foote prepare.
Whereof when as the Gyant was aware,
He wox right blyth, as he had got thereby,
And laught so loud, that all his teeth wide bare
One might haue seene enraung’d disorderly,
Like to a rancke of piles, that pitched are awry.

Eftsoones againe his axe he raught on hie, x


Ere he were throughly buckled to his geare,
And can let driue at him so dreadfullie,
That had he chaunced not his shield to reare,

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