Fables de La Chine Antique

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On peut également relever un grand nombre de phrases interrogatives qui sont très
vraisemblablement du discours indirect libre, qui traduit la pensée du locuteur. Par exemple, le garçon,
dans < la rosée des chemins >, emploie des phrases interrogatives dans neuf vers sur les dix vers où il
s'adresse à la fille.

Parallèlement à I'emploi fréquent des points d'interrogation, I'abondance des points


d'exclamation est ftappante. En effet, < Le plantain > présente deux points d'exclamation par vers et
< les prunes > présentent un point d'exclamation à la fin de chaque vers. A ces points d'exclamation
s'ajoutent les nombreuses interjections << Oh ! ), comme dans << les piqueurs > (p. 45) par exemple, ainsi
que I'emploi d'un vocabulaire mélioratif abondant qui indique la présence du registre laudatif, registre
de célébration. Dans < le beau pêcher )), on a ainsi des expressions comme ( comme il pousse bien ! >
(v. l), < qu'elles sont nombreuses )) (v.2), dont on peut aisément retrouver la forme dans bien d'autres
poèmes à < thème champêtre >.

Le dernier trait frappant que je relève dans les poème < à thème champêtre >> est une sorte de
sinisation des phrases exclamatives : elles adoptent souvent la structure thème et prédicat. On a par
exemple "Le pêcher, comme il pousse bien !" dans < le beau pêcher ), "Les mûriers du val, quelle
force !" dans < les mûriers du val D, "Le vent du nord, quelle froidure !" dans < le vent du nord ), "Vent
et pluie ! oh ! qu'ils font rage !" dans ( vent et pluie D, etc.

Ce sont là les principales caractéristiques des poèmes < à thème champêtre >> du Shijing, mais il
est difl'icile de trouver un seul poème qui les présentent toutes à la fois. En réécrivant quelques fables
de La Fontaine, il s'agit donc de faire en sorte que I'ensemble des poèmes obtenus soit représentatif des
principales caractéristiques frappantes des poèmes < à thème champêtre >> du Shijing.

l. La Cigale et la Fourmi

Voici que vient l'été !


la Cigale, quel chant !
La Fourmi, sa voisine,
propose de chasser.

Voici que vient la bise !


la Cigale, quelle faim !
La Fourmi, sa voisine,
propose de danser.
II. Le Corbeau et le Renard

Sur I'arbre est un Corbeau,


serrant un bon fromage'
Que vous êtes joli !
que vous me semblez beau !

Emporté par la joie


il lâche alors sa voix !

Sur I'arbre est un Corbeau,


tenant un bon fromage.
Que vous êtes joli !
que vous me semblez beau !

Emporté par sa voix,


illâche alors sa Proie !

Oh ! Corbeau ! Quelle honte !


quelle grande confusion !
Quand viennent les flatteries,
fauçil les écouter ?
Pourquoi perdre un fromage ?
vaut-il cette leçon ?

IIL La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le Bæuf

Oh ! le Bæuf ! Quelle stature !

quelle taille imPosante !


La Grenouille, I'admirant,
se met à I'imiter.
Les Bourgeois aimeraient
bâtir comme des Seigneurs.

Oh ! le Bæuf ! Quelle stafure !

quelle taille imPosante !


La Grenouille, I'admirant,
se met à se gonfler.
Les Princes aimeraient
quelques Ambassadeurs.
Oh ! le Bæuf ! Quelle stature !

quelle taille imposante !


La Grenouille, I'admirant,
se met à exploser.
Les Marquis aimeraient
avoir leurs propres Pages.

IV. Le Rat de ville et le Rat des champs

C'est le Rat de ville autrefois


qui invita le Rat des chamPs'
A la porte on entend du bruit ;
rapidement ! Il faut s'enfuir !

C'est le Rat des chamPs désormais


qui invite le Rat de ville.
A la porte point de bruit ;
tranquillement ! On Peut manger !

V. Le Loup et I'Agneau

Auprès du ruisseau,
le Loup, qu'il avait faim !
Il accusa I'Agneau
d'avoir troublé son eau !
Comment est-ce possible ?
État-it bien trop près ?

Auprès du ruisseau,
le Loup, qu'il est à jeun !
Il accusa I'Agneau
d'avoir médis de lui !
Comment est-ce Possible ?
Était-it déjà né ?

Auptès du ruisseau,
le Loup veut se venger !
Il emporte I'Agneau
afin de le manger !
La raison du plus fort !
n'est-elle pas la meilleure ?
VL Le Renard et la Cigogne

Chez le Renard, quel bon festin !


Pour la Cigogne, Peu de régal !
En voilà ! bien des innocents !
trompés par vous' vilains Trompeurs !

ChezlaCigogne, quelbon festin !


Pour le Renard, Peu de régal !
Vous voilà ! vous ! vilains Trompeurs !

tromPés Par eux, à votre tour !

VII. Le Chêne et le Roseau

Le grand Chêne, quelle robustesse !

quelle carrure résistante !


Sitôt que le Vent du Nord souffle,
ses racines, elles ne sont Plus !

Le fin Roseau, quelle souPlesse !


mais quelle carrure chétive !
Sitôt que le Vent du Nord souffle,
ses racines, elles sont encore !

Lastructuredecespoèmesimposeainsiuneformetrèscontraignantequiestcourte,brève,et
quivaàl,essentiel.onnepeutpasexposerdesdétails,mêmess'ilssontimportants'ceux-cipassant
qu"tlu", fables de La Fontaine, j'ai souvent été amené à faire
un
tous sous l,elripse. En réécrivant ces
ou.les différénts temps du récit' par exemple'
résumé de ces fables, en repérant f", efern'"nÀfarallèles poèmes
ro.*. .t un style aussi proches que possible de ceux des
afin d,en faire une ,yntt cr. avec une penser que les poèmes <à
peut pas tàut y dire' On peuf ainsi
< à thème champêtre > du Shijing. On ne
même beaucoup de sens implicites'
thème champêtre ,, au iiiiir[reJèlent de

BitrliograPhie:

Marcel. la chine' Paris : Albin Michel' 1982'


Fêtes et chansons anciennes de
Granet,
1991. (collection Folio classique, 2746)
La Fontaine, Jean. Fables.paris : Gallimard,

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