Art. 9-1 (Nouv.) : Code Ohada - Partie Ii Actes Uniformes - Section I Ouverture Du Reglement Preventif

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Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Section I OUVERTURE DU REGLEMENT PREVENTIF

Art. 9-1 L'expert au règlement préventif rend compte régulièrement, au président de la juridiction compétente,
[nouv.] de l'état d'avancement de sa mission et formule toutes observations utiles. S'il a connaissance de la
survenance de la cessation des paiements, il en informe sans délai le président de la juridiction
compétente.
En cas de survenance de la cessation des paiements, le débiteur en informe sans délai le président
de la juridiction compétente.
Tout intéressé qui aurait connaissance de la cessation des paiements du débiteur peut en informer le
président de la juridiction compétente.
A tout moment, s'il est informé de la survenance de l'état de cessation des paiements dans les
conditions prévues par les trois alinéas ci-dessus ou par tout autre moyen, le président de la juridiction
compétente met fin sans délai au règlement préventif et à la mission de l'expert, après avoir entendu
ou dûment appelé ce dernier ainsi que le débiteur et toute personne qu'il juge utile d'entendre.
S'il lui apparaît que l'adoption d'un concordat préventif est impossible, l'expert au règlement préventif
en informe le président de la juridiction compétente. Après l'avoir entendu ainsi que le débiteur et, s'il
le juge utile, les créanciers ou certains d'entre eux, le président de la juridiction compétente décide de
poursuivre la procédure ou d'y mettre fin.

Art. 10 Sauf remise par les créanciers, les intérêts légaux ou conventionnels ainsi que les intérêts moratoires
et les majorations continuent à courir mais ne sont pas exigibles.

Art. 11 Sauf autorisation motivée du président de la juridiction compétente, la décision d'ouverture du


[mod.] règlement préventif interdit au débiteur, à peine de nullité de droit :
- de payer, en tout ou en partie, les créances nées antérieurement à la décision d'ouverture ;
- de faire un acte de disposition étranger à l'exploitation normale de l'entreprise ou de consentir une
sûreté.
Il est également interdit au débiteur de désintéresser les coobligés et les personnes ayant consenti
une sûreté personnelle ou ayant affecté ou cédé un bien en garantie lorsqu'elles ont acquitté des
créances nées antérieurement à la décision d'ouverture.

JURISPRUDENCE OHADA

Non-validité de la signification d'une ordonnance faite au domicile du gérant d'une société en


liquidation
Un créancier qui a omis de mettre en cause le liquidateur de son débiteur (une société en liquidation),
à qui il a pourtant produit sa créance, a ignoré son débiteur et sa caution solidaire (le directeur général
de son débiteur) pour ne signifier l'ordonnance d'injonction de payer qu'au seul agent de sécurité privé
au domicile de la caution, lequel n'a aucune compétence à recevoir notification d'un acte destiné à son
employeur, ne saurait opposer valablement au liquidateur de la débitrice, seul qualifié à ester en
justice, une déchéance à former opposition à une ordonnance d'injonction de payer prise et notifiée
dans ces circonstances irrégulières. C'est donc par une mauvaise application de l'article 11 de
l'AUPCAP que la cour d'appel a confirmé le jugement attaqué et déclaré la débitrice en liquidation
déchue de son droit à former opposition, exposant ainsi son arrêt à la cassation sans qu'il y ait lieu
d'examiner la seconde branche du moyen unique. Sur l'évocation et pour les mêmes motifs que ceux
ayant entraîné la cassation de l'arrêt attaqué, il y a lieu d'infirmer le jugement attaqué, de déclarer
irrecevable la requête aux fins d'injonction de payer initiée par le créancier et d'annuler l'ordonnance
subséquente (CCJA, 1e ch., n° 068, 29-3-2018 : SIPA, sté en liquidation c/ SIB).
Art. 11-1 En cas d'ouverture d'une procédure de liquidation des biens postérieurement à l'homologation du
[nouv.] concordat préventif par la juridiction compétente dans les conditions prévues à l'article 15 ci-dessous,
les personnes qui avaient consenti dans ce concordat un nouvel apport en trésorerie au débiteur en
vue d'assurer la poursuite de l'activité de l'entreprise débitrice et sa pérennité sont payées au titre du
privilège selon les rangs prévus par les articles 166 et 167 ci-dessous.
Les personnes qui fournissent, dans les mêmes conditions, un nouveau bien ou service en vue
d'assurer la poursuite de l'activité de l'entreprise débitrice et sa pérennité bénéficient du même
privilège pour le prix de ce bien ou de ce service.
Cette disposition ne s'applique pas aux apports consentis dans le cadre d'une augmentation du capital
social du débiteur.
Les créanciers du débiteur ne peuvent en aucun cas bénéficier de ce privilège pour des créances
nées antérieurement à l'ouverture du règlement préventif.

Art. 12 L'expert au règlement préventif apprécie la situation du débiteur. A cet effet, il peut, nonobstant toute
[mod.] disposition législative ou réglementaire contraire, obtenir communication par les commissaires aux
comptes, les comptables, les représentants du personnel, les administrations publiques, les
organismes de sécurité et de prévoyance sociales, les établissements bancaires ou financiers ainsi
que les services chargés de centraliser les risques bancaires et les incidents de paiement, des
renseignements de nature à lui donner une exacte information sur la situation financière et
économique du débiteur.
L'expert signale à la juridiction compétente les manquements à l'article 11 ci-dessus.
Il entend le débiteur et les créanciers et leur prête ses bons offices afin de faciliter les négociations
entre eux pour parvenir à la conclusion d'un accord, en se fondant sur le projet de concordat préventif
proposé par le débiteur lors de la demande d'ouverture.
Dans le rapport prévu à l'article 13 ci-dessous, l'expert doit indiquer, pour chaque créancier :
- s'il a été effectivement contacté et à quelle date ;
- s'il a consenti une remise ou un délai de paiement et, le cas échéant, de quel montant ou de quelle
durée ;
- s'il a refusé tout délai et toute remise, la raison qu'il invoque pour ce faire.

Art. 13 L'expert établit un rapport contenant l'accord conclu entre le débiteur et ses créanciers ainsi que le
[mod.] projet de concordat préventif.
Ce rapport doit être établi dans les trois (3) mois de la décision d'ouverture du règlement préventif, ce
délai pouvant être prorogé, à titre exceptionnel, une seule fois pour une durée d'un (1) mois, sur
décision spécialement motivée du président de la juridiction compétente à la demande de l'expert ou
du débiteur.
L'expert est tenu de respecter les délais prévus à l'alinéa précédent, sous peine d'engager sa
responsabilité auprès du débiteur ou des créanciers.
Dans le délai précité, l'expert remet un exemplaire de son rapport au débiteur et en dépose deux au
greffe de la juridiction compétente. Un des deux exemplaires déposés est transmis au ministère public
par le greffe.

JURISPRUDENCE OHADA

I.Annulation de la suspension des poursuites pour manque de diligences du débiteur


L'ordonnance de suspension des poursuites individuelles doit être infirmée et la demande de
règlement préventif rejetée, lorsque depuis l'obtention de ladite suspension des poursuites
individuelles, le débiteur n'a déposé aucune demande de concordat préventif ni accompli aucune des
formalités requises. Et c'est en violation de l'article 13 de l'AUPSRVE qu'un délai supplémentaire de 2
mois a été accordé à l'expert alors que le délai maximum prévu par la loi était expiré depuis cinq mois
(CA Abidjan, ch. civ. et com., n° 383, 1-4-2005 : Sté D.L.H. NORDISK c./ Sté H.B.E., Le Juris-Ohada,
n° 4/2006 p. 40, Ohadata J-07-35).

II.Conséquence du non-respect du délai imparti pour rendre le rapport : responsabilité de


l'expert
Il ressort de l'article 13 de l'AUPCAP que l'inobservation du délai prescrit à l'expert pour rendre son
rapport engage sa responsabilité auprès du débiteur ou des créanciers. L'inertie des experts dans le
traitement de l'affaire ne peut mettre en cause l'ordonnance de suspension des poursuites
individuelles qui demeure et produit ses effets. C'est donc à tort qu'un juge des référés a retenu la
caducité de ladite ordonnance alors que la demande de règlement préventif est toujours pendante
devant le tribunal, seule juridiction compétente à connaître de tout litige y relatif et que la
responsabilité de l'expert n'a jamais été engagée ni par le débiteur ni par le créancier ; l'ordonnance
doit donc être infirmée (CCJA, 1e ch., n° 055, 30-3-2017 : SAFCA c/ DOUMBIA Mohamed, Ohadata J-
17-202).

Pour une décision ayant prorogé à quatre mois le délai de deux mois imparti à un expert pour déposer son rapport, voir :
TRHC Dakar (Sénégal), 27-3-2005 : Penant n° 870, p. 113, note Bakary Diallo, Ohadata J-10-106.

Art. 14 Dès le dépôt du rapport de l'expert, le président de la juridiction compétente saisie convoque sans
[mod.] délai le débiteur à comparaître à une audience non publique pour y être entendu. Il convoque
également à cette audience l'expert ainsi que tout créancier qu'il juge utile d'entendre. Le débiteur
peut saisir lui-même la juridiction compétente.
Le débiteur et le ou les créanciers sont convoqués, par lettre au porteur contre récépissé ou par lettre
recommandée avec demande d'avis de réception ou par tout moyen laissant trace écrite, trois (3)
jours au moins avant la tenue de l'audience.
La juridiction saisie doit se prononcer immédiatement ou au plus tard dans un délai de trente (30)
jours à compter de sa saisine. Le règlement préventif continue de produire ses effets, en particulier
concernant la suspension des poursuites individuelles des créanciers, jusqu'à ce que la juridiction
statue. Si celle-ci n'est pas saisie dans les conditions de l'alinéa 1 er ou si elle ne se prononce pas dans
les trente (30) jours à compter de sa saisine, le règlement préventif prend fin de plein droit, les
créanciers recouvrant l'exercice de tous leurs droits et le débiteur recouvrant la pleine administration
de ses biens.

JURISPRUDENCE OHADA

Convocation irrégulière du débiteur


C'est en violation de l'article 14 de l'AUPCAP que le débiteur a été convoqué avant le dépôt du rapport
de l'expert désigné et que le juge des référés a été saisi à la place du tribunal qui seul était compétent.
L'ordonnance entreprise et l'étape de la procédure de règlement préventif concernant l'audience non
publique doivent être annulées (CA Lomé (Togo), n° 176/08, 2-9-2008 : BIA-TOGO c./ UDECTO SA,
Ohadata J-10-160).

Art. 15 La juridiction compétente statue en audience non publique.


[mod.] 1. Si elle constate la cessation des paiements, elle statue, d'office, sur le redressement judiciaire ou la
liquidation des biens sans préjudice des dispositions des articles 29 et 33 ci-dessous.
2. Lorsque la situation du débiteur le justifie, elle homologue le concordat préventif, en constatant les
délais et remises consentis par les créanciers et en donnant acte au débiteur des mesures proposées
pour le redressement de l'entreprise. Les délais et remises consentis par les créanciers peuvent être
différents.
La juridiction compétente homologue le concordat préventif si :
- les conditions de validité du concordat préventif sont réunies ;
- aucun motif tiré de l'intérêt collectif ou de l'ordre public ne paraît de nature à empêcher le concordat
;
- les délais consentis n'excèdent pas trois (3) ans pour l'ensemble des créanciers et un (1) an pour les
créanciers de salaires.

Si des personnes bénéficient du privilège de l'article 11-1 ci-dessus, la juridiction qui homologue le
concordat préventif vérifie qu'il répond aux conditions prévues audit article et que l'octroi de ce
privilège ne porte pas atteinte aux intérêts des créanciers. Elle mentionne dans sa décision ledit
privilège et les montants garantis.
Au cas où des créanciers auraient refusé de consentir des délais ou remises au débiteur, le président
de la juridiction compétente fait ses bons offices entre ces créanciers et le débiteur. Il entend ces
derniers sur les motifs de leur refus et provoque une négociation entre les parties en vue de leur
permettre de parvenir à un accord.
Si malgré les bons offices du président, les parties ne parviennent pas à trouver un accord et dans le
cas où le concordat préventif comporte seulement une demande de délai n'excédant pas deux (2) ans,
la juridiction compétente peut rendre ce délai opposable aux créanciers qui ont refusé tout délai et
toute remise sauf si ce délai met en péril l'entreprise de ces créanciers.
Les créanciers de salaires et ceux d'aliments ne peuvent consentir aucune remise, ni se voir imposer
un délai qu'ils n'ont pas consenti eux-mêmes.
3. Si la juridiction compétente estime que la situation du débiteur ne relève d'aucune procédure
collective ou si elle rejette le concordat préventif proposé par le débiteur, le règlement préventif prend
fin sans délai. Cette décision remet les parties en l'état antérieur.

JURISPRUDENCE OHADA

I. Prononcé de la liquidation des biens en dépit d'un rapport favorable au concordat préventif
Si le rapport d'expertise fourni n'a pas conclu à la liquidation des biens de la Société, mais alors qu'il
est apparu au cours de la procédure des éléments négatifs mettant en cause le règlement préventif
précédemment accordé, notamment :
- que les principaux créanciers qui n'avaient pas approuvé la proposition de concordat ont engagé
des procédures de recouvrement de créance par le biais de la mise en œuvre des cautions
personnelles dont les dirigeants s'étaient portés garants ;
- que la reprise totale par le Groupe X. de la société requérante a été abandonnée alors que cette
solution envisagée constituait le pilier du concordat proposé ; le retrait de ce groupe ayant contribué à
rendre irréalisable le concordat proposé, ainsi que le plan d'action et les modalités de continuation de
l'entreprise établis par l'expert ;
- qu'entendu en chambre du conseil, le représentant de la Société débitrice a affirmé ne plus être en
mesure de faire de nouvelles propositions pour sauver son entreprise ;
- et qu'il fait le constat de la cessation de paiement,
la société débitrice n'est pas en mesure de faire face à son passif, doit faire une déclaration de
cessation des paiements pour bénéficier de la procédure de liquidation des biens (TGI Ouagadougou
25-5-2004, Revue burkinabé de droit, n° 45, note Filiga Michel Sawadogo ; Ohadata J-05-249).

II. Homologation du concordat

A. Concordat sérieux
Le caractère sérieux du concordat peut résulter de la restructuration envisagée des activités de la
société et d'un plan de remboursement des créanciers n'excédant pas trois (3) ans, lorsqu'une
analyse des restructurations envisagées permet de déceler des chances réelles et sérieuses de
sauvetage de l'entreprise par le décollage de ses activités et que cette restructuration est de nature à
engendrer des résultats satisfaisants permettant l'apurement du passif de l'entreprise dans un délai
raisonnable (TGI Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), n° 244, 9-8-2006 : Requête aux fins de règlement
préventif c./ Entreprise SOFACI, Ohadata J-09-92).

Obs. : Sur le caractère sérieux du concordat, voir sous l'art. 33.

B. En cours de procédure de liquidation des biens


Le concordat proposé par un débiteur assigné en liquidation des biens mais qui présente des chances
de redressement peut être homologué s'il est conforme aux dispositions de l'article 15 de l'AUPCAP et
le débiteur peut être admis au règlement préventif (TRHC Dakar, n° 6, 9-1-2004 : IPRES c./
EURAFRICAINE D'INDUSTRIES, ohada.com, Ohadata J-04-259).

III. Caractère non impératif des délais prévus


Compte tenu du caractère conventionnel du concordat, les créanciers dans leur ensemble, peuvent
proroger le délai de la saisine de la juridiction au-delà du délai légal, les délais prévus par l'article 15
de l'AUPCAP devant être considérés comme des délais indicatifs, non sanctionnés de nullité,
auxquels les parties peuvent déroger expressément ou implicitement (TRHC Dakar (Sénégal), 27-3-
2005 : Penant n° 870, p. 113, note Bakary Diallo, Ohadata J-10-106).

Obs. : Cette décision a prorogé tant le délai de saisine de la juridiction compétente que celui accordé pour le règlement des
dettes, avec échelonnement sur 12 ans pour certaines créances. Il est vrai que l'article 15, al. 6 de l'AUPCAP prévoit que «
les délais consentis n'excèdent pas trois ans pour l'ensemble des créanciers et un an pour les créanciers de salaires ».
Dans le cas d'espèce, il semble que l'ensemble des créanciers avait accepté ces délais. Mais on peut se poser la question
de savoir si un délai plus long que le délai légal de trois ans maximum peut être imposé à un créancier. A l'évidence, la
réponse est non.

Le créancier doit expressément consentir à toute suspension des poursuites au-delà de deux ans
(High Court of Mezam Holden in Bamenda (Cameroun), Suit n° HCMB/11S/2013 of 2 nd April 2013 :
First Trust Savings and Loans Ltd v. Vestus Communication Ltd.).

Sur l'inopposabilité de la suspension des poursuites au créancier qui n'a pas été cité à comparaître, voir sous l'art. 9.

IV. Condition de l'opposabilité d'un concordat aux créanciers


Il résulte de l'article 15.2 de l'AUPCAP que la juridiction compétente ne peut homologuer le concordat
préventif que sous certaines conditions, et que, lorsque le délai du concordat préventif ne dépasse
pas deux ans, la juridiction compétente peut rendre ce délai opposable aux créanciers qui ont refusé
tout délai et toute remise. La cour d'appel qui a retenu que, selon l'article 15 précité, le refus du
créancier de consentir à la remise proposée au concordat ne peut constituer un obstacle à
l'homologation dudit concordat que si le délai proposé excède 2 ans ou s'il met en péril l'entreprise du
créancier a enfreint les dispositions de l'article 15.2 et exposé son arrêt à la cassation. Sur l'évocation,
à l'exception du délai de deux ans qui lui est opposable, un créancier n'est pas tenu d'accepter la
remise proposée dans le concordat, celui-ci ne lui étant pas opposable ; il convient donc d'infirmer
partiellement le jugement entrepris en ce qu'il a rendu la remise opposable audit créancier qui n'a pas
accepté la remise proposée par le débiteur et dire que seule la durée de deux ans du concordat lui est
opposable (CCJA, 3e ch., n° 026, 9-4-2015 : Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie de
la Côte d'Ivoire dite BICICI c/ Sté DELBAU, Ohadata J-16-26). Voir aussi : CA Ouagadougou (Burkina
Faso), ch. com. 17-3-2017 n° 40, CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK BURKINA SA c/
HEAVYMAT BURKINA SARL.
http://tribunal-commerce.justice.gov.bf/download/arret-n40-du-17-03-2017-cbao-groupe-attijariwafa-
bank-heavymat-burkina-sococim-burkina-contre-societe-faso-contractor/.

Art. 16 La décision de la juridiction compétente homologuant le concordat préventif met fin à la mission de
[mod.] l'expert et à la procédure de règlement préventif, sous réserve des formalités prévues à l'article 17 ci-
dessous. Toutefois, la juridiction compétente peut désigner, d'office ou à la demande du débiteur ou
d'un créancier, un syndic et/ou un ou des contrôleurs chargés de surveiller l'exécution du concordat
préventif homologué dans les mêmes conditions que celles prévues pour le concordat de
redressement judiciaire homologué. La juridiction compétente peut désigner l'expert au règlement
préventif en qualité de syndic.
Elle désigne également un juge-commissaire. Celui-ci contrôle les activités du syndic ou des
contrôleurs chargés de surveiller l'exécution du concordat préventif homologué, s'il en a été nommé, et
rédige un rapport à l'intention de la juridiction compétente tous les trois (3) mois et à tout moment à la
demande de cette dernière.

Art. 17 La décision d'ouverture du règlement préventif, celle y mettant fin dans les conditions de l'article 9-1,
[mod.] et celle rendue en application de l'article 15 ci-dessus sont notifiées par le greffe au ministère public et
aux créanciers concernés.
Les trois (3) décisions sont publiées dans les conditions prévues par les articles 36 et 37 ci-dessous.
La vérification de la publicité est faite conformément à l'article 38 ci-dessous par l'expert au règlement
préventif.

Section II

EFFETS DU CONCORDAT PREVENTIF

Art. 18 L'homologation du concordat préventif rend celui-ci obligatoire pour tous les créanciers antérieurs à la
[mod.] décision d'ouverture du règlement préventif, que leurs créances soient chirographaires ou garanties
par une sûreté dans les conditions de délais et de remises qu'ils ont consenties au débiteur sans
préjudice des dispositions de l'article 15 ci-dessus. L'homologation du concordat rend celui-ci
également obligatoire pour les personnes coobligées ou qui ont consenti une sûreté personnelle ou
affecté ou cédé un bien en garantie lorsqu'elles ont acquitté des dettes du débiteur nées
antérieurement à cette décision.
Les créanciers munis d'un privilège général, d'un privilège mobilier spécial, d'un gage, d'un
nantissement ou d'une hypothèque ne perdent pas leurs garanties. Toutefois, ils ne peuvent les
réaliser qu'en cas d'annulation ou de résolution du concordat préventif auquel ils ont consenti ou qui
leur a été imposé.
A l'exception des personnes physiques, les coobligés ou les personnes ayant consenti une sûreté
personnelle ou affecté ou cédé un bien en garantie ne peuvent se prévaloir des délais et remises du
concordat préventif.
La prescription demeure suspendue à l'égard de tous les créanciers qui, par l'effet du concordat
préventif, ne peuvent exercer leurs droits ou actions, y compris toute mesure d'exécution
extrajudiciaire.
Le concordat préventif suspend également, pour la même durée, les délais impartis aux créanciers
parties audit concordat à peine de déchéance ou de résolution des droits afférents aux créances
mentionnées par ledit concordat.
Dès que la décision homologuant le concordat préventif est passée en force de chose jugée, le
débiteur recouvre la liberté d'administration et de disposition de ses biens.

JURISPRUDENCE OHADA

I. Caractère obligatoire du concordat homologué


En application des articles 15.2, 2e et 3e al. et 18 de l'AUPCAP, tous les créanciers sont tenus
d'accepter le concordat préventif homologué par les premiers juges qui ont fait une bonne application
de la loi. Confirmation du jugement initial (CCJA, ass. plén., n° 064, 25-4-2014 : Sté F.J ELNSER
Trading GMBH, Sté STEEL RESSOURCES c/ Sté Industrielle de Tubes d'Acier dite SITACI, Sté
STEEL LINK, Sté TRADESCA, Conseil de l'Ordre des Avocats du Burkina Faso, Ohadata J-15-155).

II. Inopposabilité au créancier antérieur non consentant


L'homologation du concordat préventif ne rend celui-ci obligatoire pour tous les créanciers antérieurs à
la décision de règlement préventif, qu'en cas de délais ou de remises qu'ils ont consenties au débiteur.
Les dispositions du concordat n'ont aucune force obligatoire pour le créancier antérieur à la décision
et qui n'a consenti aucun délai ou remise ; ce dernier est libre de procéder comme il avisera, dans
l'exécution de son titre. C'est donc à tort que le jugement entrepris a réservé ses droits et actions (CA
Abidjan, n° 1054, 1-12-2000 : M. c./ GOMPCI, Le Juris-Ohada, n° 1/2003, jan.-mars 2003, p. 36,
Ohadata J-03-76, note anonyme).

III. Inopposabilité aux créanciers antérieurs dont les créances n'ont pas été visées par la
requête du débiteur
L'ordonnance de règlement préventif n'entraîne pas systématiquement la suspension de l'exécution de
toutes les créances ; seules celles qui sont antérieures à la décision de suspension des poursuites
sont concernées, à condition d'avoir été visées dans la requête du débiteur (CA Abidjan, n° 1030, 22-
7-2003 : K.B c./ Sté EQUIP-AGRO CI, Le Juris-Ohada n° 1/2005, jan.-mars 2005, p. 35, Ohadata J-
05-193).

Voir sous l'art. 9.

IV. Inopposabilité au gérant en sa qualité de caution solidaire de la société


Le règlement préventif est une procédure judiciaire constatant la défaillance du débiteur principal,
rendant immédiatement exigible la créance vis-à-vis des cautions. Si la suspension des poursuites
résultant d'un règlement préventif s'applique à une personne en sa qualité de gérant ou d'associé
d'une société, elle ne peut lui profiter en sa qualité de caution, dès lors que le fait pour elle de s'être
personnellement porté caution de ladite société ne constitue pas un simple acte de gestion de celle-ci
(TPI Douala-Bonanjo, ord. n° 251, 29-6-2006 : O. K. c./ S.D.V. Cameroun SA, note Jean Gatsi et Willy
James NGOUE ; Ohadata J-07-81).

Art. 19 L'expert désigné en application de l'article 8 ci-dessus rend compte par écrit de sa mission au
[mod.] président de la juridiction compétente dans le délai d'un (1) mois à compter de la décision statuant sur
l'homologation du concordat préventif ou de la décision mettant fin au règlement préventif par
application de l'article 9-1, ci-dessus.
Le président de la juridiction compétente vise le compte rendu.
A défaut de retrait, par le débiteur, des papiers et effets remis par lui à l'expert, celui-ci en est
dépositaire pendant deux (2) ans à compter de son compte rendu.

Art. 20 Le syndic ou le ou les contrôleurs désignés en application de l'article 16 ci-dessus contrôlent


[mod.] l'exécution du concordat préventif. Ils signalent sans délai tout manquement au juge-commissaire.
Ils rendent compte par écrit, tous les trois (3) mois, au juge-commissaire du déroulement des
opérations et en informent le débiteur. Ce dernier dispose d'un délai de quinze (15) jours pour
formuler, s'il y a lieu, ses observations et contestations.
Le syndic ou le ou les contrôleurs qui cessent leurs fonctions déposent leurs comptes au greffe dans
un délai de trente (30) jours suivant ladite cessation.
La rémunération du syndic en qualité de contrôleur est fixée par la juridiction qui l'a nommé selon le
barème établi conformément à l'article 4-19 ci-dessus.

Art. 21 A la demande du débiteur et sur rapport du syndic chargé du contrôle de l'exécution du concordat
préventif, s'il en a été désigné un, la juridiction compétente peut décider toute modification de nature à
abréger ou à favoriser cette exécution.
Les dispositions des articles 139 à 143 ci-dessous sont applicables à la résolution et à l'annulation du
concordat préventif.

JURISPRUDENCE OHADA

I. Prorogation judiciaire du concordat


Formes à respecter : demande du débiteur et rapport du syndic. L'ordonnance de prorogation du
concordat qui a été rendue sans que le juge ait pris connaissance du rapport du syndic doit être
rétractée (CA Abidjan, n° 367, 27-3-2001 : Air Continental c./ B.O.A., Ecodroit, n° 10, avril 2002, p. 60,
Ohadata J-02-94, obs. anonymes).

II. Prorogation contractuelle du concordat


Validité. Le délai maximum de 3 ans pour l'exécution du concordat préventif prévu par l'article 15 de
l'AUPCAP n'est pas d'ordre public, les créanciers pouvant, par consensus, concéder au débiteur un
délai plus long, et le concordat qui remplit les conditions prévues par l'article 15 susvisé peut être
homologué (TRHC Dakar, n° 1466, 30-7-2001 : règlement préventif de la SNCDS, Ohadata J-04-339).

Section III

VOIES DE RECOURS

Art. 22 Les décisions de la juridiction compétente relatives au règlement préventif sont exécutoires par
[mod.] provision.
Les dispositions de l'article 218 ci-dessous relatives à la computation des délais sont applicables.

Art. 23 Les décisions rejetant la demande d'ouverture du règlement préventif ou mettant fin au règlement
[mod.] préventif par application de l'article 9-1 ci-dessus, ou rejetant l'homologation du concordat préventif
sont susceptibles d'appel formé par le débiteur devant la cour d'appel, dans un délai de quinze (15)
jours à compter de leur prononcé.
La décision d'ouverture du règlement préventif est susceptible d'appel de la part des créanciers et du
ministère public, formé devant la cour d'appel, dans un délai de quinze (15) jours à compter de la
première publicité prévue à l'article 37 ci-dessous s'ils estiment que l'entreprise est en cessation des
paiements.
La décision homologuant le concordat préventif est susceptible d'appel de la part du ministère public
et des créanciers, formé devant la cour d'appel, dans un délai de quinze (15) jours à compter de son
prononcé pour le premier et à compter de la première publicité prévue à l'article 37 ci-dessous pour
les suivants.
La juridiction d'appel statue dans un délai de trente (30) jours à compter de sa saisine.
Si la juridiction d'appel constate la cessation des paiements, elle fixe provisoirement la date de celle-ci
et prononce le redressement judiciaire ou la liquidation des biens et renvoie impérativement la
procédure devant la juridiction compétente pour être statué, notamment, sur la désignation du juge-
commissaire.
Dans les trois (03) jours de la décision de la juridiction d'appel, le greffe de cette juridiction en adresse
un extrait au greffe de la juridiction du premier degré qui procède à la publicité prescrite par l'article 17
ci-dessus.

JURISPRUDENCE OHADA
I. Annulation d'un concordat irrégulier
Le jugement qui s'est contenté d'homologuer le concordat alors que les conditions n'étaient pas
remplies doit être infirmé en toutes ses dispositions. En statuant à nouveau, la cour d'appel a
prononcé le redressement de la société débitrice (CA Lomé (Togo), n° 066/09, 20-4-2009 : BIA-
TOGO, Sté SICOME SARL, SAS-TOGO, Sté MIDNIGHT SUN SA, Sté BATIMEX-TOGO c./ UDECTO,
Ohadata J-10-156).

II. Voie de recours autorisée


Aux termes de l'article 23 de l'AUPCAP (ancien), seule la voie de l'appel est autorisée dans les quinze
jours du prononcé de la décision relative au règlement préventif. L'Acte uniforme n'a prévu aucune
autre disposition pour recourir à l'appel contre une décision de règlement préventif et, en se fondant
sur l'article 23 du règlement intérieur du Conseil de l'ordre des avocats du Burkina Faso pour déclarer
irrecevable l'appel régulièrement formé contre le jugement en cause, la cour d'appel a violé le texte
susvisé et exposé son arrêt à la cassation (CCJA, ass. plén., n° 064, 25-4-2014 ; P n° 029/2010/PC
du 16-3-2010 : Sté F.J ELNSER Trading GMBH, Sté STEEL RESSOURCES c/ Sté Industrielle de
Tubes d'Acier dite SITACI, Sté STEEL LINK, Sté TRADESCA, Conseil de l'Ordre des avocats du
Burkina Faso, Ohadata J-15-155).

III. Délai d'appel


Selon l'article 23 de l'AUPCAP, le délai pour former appel contre les jugements de règlement préventif
est de quinze jours à compter de leur prononcé et l'appel relevé dans le délai est recevable (CA
Ouagadougou (Burkina Faso), ch. com. 17-3-2017 n° 40, CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
BURKINA SA c/ HEAVYMAT BURKINA, SARL.
http://tribunal-commerce.justice.gov.bf/download/arret-n40-du-17-03-2017-cbao-groupe-attijariwafa-
bank-heavymat-burkina-sococim-burkina-contre-societe-faso-contractor.

Code Ohada - Partie II ACTES UNIFORMES - Section I OUVERTURE DU REGLEMENT PREVENTIF


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