Je Pleure Encore La Beauté Du Monde Charlotte Mcconaghy Full Chapter Free
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Charlotte Mcconaghy
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DU MÊME AUTEUR
Titre original :
Once There Were Wolves
Éditeur original :
Flatiron Books, New York
© Charlotte McConaghy, 2021
Publié avec l’accord de Flatiron Books
Tous droits réservés
Je pleure encore
la beauté du monde
•••
ANGELA CARTER
1
•••
•••
Il est minuit quand je vérifie l’heure de nouveau. J’ai regardé les
loups dormir ou faire les cent pas, espérant en vain qu’ils se mettent
à hurler, que l’un commence et que les autres l’imitent. Mais les
loups ne hurlent pas s’ils sont stressés. Le chalet qui nous sert de
station d’étude comprend une pièce principale où nous entreposons
notre matériel informatique et nos écrans de surveillance, une
cuisine adjacente et une salle de bains à l’arrière. Dehors, une écurie
abrite trois chevaux. Apparemment, Evan et Niels ont déjà regagné
leurs cottages de location dans la ville voisine – je suis tellement
crevée que je ne me rappelle même plus leur avoir dit au revoir – et
Zoe, notre analyste de données, dort sur le canapé. J’aurais dû partir
il y a plusieurs heures, je me dépêche d’enfiler ma tenue d’hiver.
Dehors, l’air est mordant. Je traverse la forêt puis emprunte une
route sinueuse, quelques kilomètres le long des Cairngorms,
uniquement guidée par les minces faisceaux de mes phares.
Je n’ai jamais aimé me déplacer en voiture la nuit parce que ce
monde si vigoureux ressemble alors à une chose béante et vide. Si
je m’arrêtais pour m’y enfoncer à pied, ce serait un tout autre
monde, rempli de frémissements de vie, de clignements d’yeux
fluorescents et de cavalcades de pattes minuscules dans les fourrés.
J’engage la voiture sur une route tortueuse plus étroite qui me
conduit jusque dans la vallée abritant le Blue Cottage. En pierres
gris-bleu, flanquée de deux prairies herbeuses, la maisonnette offre
le jour une vue semblable à un diptyque : au sud s’étend la forêt
épaisse et attirante, au nord une longue chaîne de collines pelées
qui, au printemps, se couvriront de cerfs rouges venus y paître.
À l’intérieur, les lumières sont éteintes mais la cheminée diffuse
une clarté orangée. Je retire mes couches de vêtements puis
traverse sans bruit le petit salon en direction d’une chambre qui
n’est pas la mienne. Elle est allongée sur le lit, forme immobile dans
l’obscurité. Je m’installe à côté d’elle ; si je la réveille, elle n’en laisse
rien paraître. Je la respire, puisant du réconfort dans son odeur qui
n’a pas changé avec le temps, même démolie comme elle est. Mes
doigts glissent dans ses cheveux clairs et je m’autorise à sombrer
dans le sommeil, maintenant que je suis à l’abri dans la bulle de ma
sœur qui, depuis toujours, était censée être la plus forte de nous
deux.
2
Doucement, dit-il.
Ses menottes s’agrippent fermement aux rênes. Elle est bien trop
petite perchée tout là-haut, si petite qu’elle va sûrement se faire
éjecter.
Doucement.
Il la ralentit, une main dans son dos l’oblige à s’allonger à plat
ventre.
Sens-le. Sens les battements de son cœur dans le tien.
Il y a peu de temps encore, l’étalon était en liberté et une partie
de lui l’est toujours, mais lorsqu’elle l’enveloppe ainsi, doucement,
doucement, comme dit papa, il se calme.
Assise à califourchon sur la clôture de la carrière, j’observe. Il y a
du bois rugueux entre mes mains, une écharde sous mon ongle. Et
je suis sur ce cheval, moi aussi, je suis ma sœur, plaquée contre la
chaleur de cet animal puissant, frissonnant, avec la main de mon
père, grande, ferme, qui m’immobilise, et je suis la main de mon
père, aussi, et je suis l’étalon, la charge légère qu’il porte et le métal
froid dans sa bouche.
Tous les êtres vivants connaissent l’amour, déclare papa. Je vois
l’étreinte d’Aggie se transformer, se faire à la fois plus tendre et plus
déterminée. Il ne l’enverra pas valser.
Mais la tête de l’étalon se redresse dans la lumière rose du
crépuscule ; le vent a charrié une odeur jusqu’à ses naseaux et il
martèle le sol de ses sabots. Je me tourne sur la barrière, pivotant
pour scruter la rangée d’arbres.
Tout doux, murmure papa pour rassurer sa fille et le cheval. Mais
c’est trop tard, je crois. Parce que je le vois. Qui observe depuis
l’orée de la forêt. Deux yeux fixes.
Nos regards se rencontrent et l’espace d’un instant, je suis le loup.
Pendant que dans mon dos, le cheval se cabre et ma sœur
tombe…
Le Blue Cottage n’est pas loin de notre station d’études. Tous deux
sont plantés à la lisière de la forêt d’Abernethy, l’un des derniers
vestiges de la forêt calédonienne implantée ici après l’ère glaciaire.
Ces arbres séculaires appartiennent à une chaîne évolutive
ininterrompue de neuf mille ans, et c’est parmi eux que nous avons
installé l’enclos aux loups le plus proche, celui qui accueille Six, Neuf
et Treize. S’ils parviennent à former une meute, nous leur donnerons
le nom de leur nouvelle demeure : Abernethy. Il n’y a pas beaucoup
de maisons dans le coin, mais derrière nous s’étendent des
pâturages d’un vert intense, propriétés des nombreuses fermes
ovines qui nous séparent de la ville voisine. Personnellement, ce
n’est pas ici que j’aurais choisi d’introduire une nouvelle meute. Mais
ce n’est pas facile de trouver un endroit sans moutons dans les
Highlands et puis de toute façon, les loups vont bouger. Tout ce que
j’espère, c’est qu’ils préféreront rester à l’abri dans la forêt. Derrière
cette bande de sapins s’élève la chaîne de montagnes des
Cairngorms et c’est là-bas, m’a-t-on dit, que se niche le cœur
sauvage des Highlands, un coin où ne paît aucun mouton et où ne
passe aucune route. Mais où les loups éliront peut-être domicile.
Je pousse le chauffage à fond dans la voiture. La route est
verglacée et le ciel déverse une fine averse de neige, délicat
tourbillon de dentelle. Le paysage est de toute beauté : une
campagne immense, des collines ondoyantes et des rivières gelées
tortueuses, des langues d’épaisse forêt.
En voyant un cheval noir traverser la route juste devant moi, je
crois d’abord que c’est un effet de mon imagination. Sa queue est
une sombre comète filant à ses trousses. Mon pied enfonce la
pédale de frein, les roues dérapent. La voiture décrit un demi-cercle
avant de s’immobiliser tête-bêche au milieu de la chaussée. J’ai juste
le temps d’apercevoir le cheval avant qu’il disparaisse entre les
arbres.
La poitrine comprimée, je gare la voiture sur le bas-côté.
Une camionnette s’arrête en cahotant près de moi.
— Tout va bien ? lance une voix d’homme derrière la vitre du
conducteur entrouverte.
Je hoche la tête.
— Vous n’auriez pas vu un cheval ?
Je pointe le doigt dans la direction prise par l’animal.
— Et merde, lâche le conducteur.
À ma grande surprise, la camionnette quitte brusquement la route
pour suivre les traces du fuyard. Je la regarde zigzaguer dans la
neige, horrifiée. Après avoir vérifié l’heure, je bondis hors de la
voiture et marche dans les traces de pneus. Ce n’est pas difficile. Il a
creusé des tranchées dans son sillage.
La neige tombe plus dru ; le monde s’écroule autour de moi. Je
suis pressée, en retard pour le boulot, mais tant pis : je lève quand
même la tête pour contempler le spectacle. Des flocons sur mes
lèvres et mes cils. Ma main tendue vers l’écorce fraîche et
granuleuse d’un bouleau argenté. Le souvenir de quarante mille
trembles respirant autour de moi, leur frondaison dense et jaune
canari, aussi éclatante que sa voix dans mon oreille. Ils sont en train
de mourir. C’est nous qui les tuons.
Un appel, au loin.
Je laisse le souvenir s’échapper et me mets à courir. Dépasse la
camionnette, m’enfonce dans l’épaisse couche de poudreuse frappée
d’empreintes de pas et de sabots d’un cheval déchaîné. Je suis en
sueur lorsque j’arrive à la rivière, étroit ruban de glace entre deux
berges abruptes.
La sombre silhouette de l’homme devant moi. En contrebas, sur
l’eau gelée, se dresse le cheval.
Même à cette distance, je sens le froid sous ses sabots. Le genre
de froid pénétrant. L’homme est grand mais j’ai du mal à estimer sa
corpulence sous les multiples couches de vêtements chauds. Il a les
cheveux courts, bruns comme sa barbe. Un border collie noir et
blanc est tranquillement assis auprès de lui. Il se tourne vers moi.
J’attaque aussitôt.
— Vous savez que vous êtes dans une forêt protégée ?
Il fronce les sourcils d’un air perplexe.
J’esquisse un geste en direction de sa camionnette et des dégâts
causés par son passage.
— Ça ne vous dérange pas d’enfreindre la loi ?
Il me dévisage un moment avant de sourire.
— Vous n’aurez qu’à me dénoncer à la police quand j’en aurai
terminé avec cette jument.
Il parle avec un fort accent écossais.
Nous observons l’animal sur la glace. On dirait qu’il évite de
s’appuyer sur l’un de ses sabots antérieurs.
— Qu’est-ce que vous attendez ? je demande.
— J’ai une patte folle. Je ne pourrai pas remonter. Et puis la glace
ne tiendra pas le coup bien longtemps.
De fines craquelures zèbrent la surface de la rivière, s’allongeant
chaque fois que le cheval bouge.
— Je crois qu’il vaut mieux que j’aille chercher mon fusil dans la
camionnette.
La jument renâcle, secoue la tête. Sa robe noire est ornée d’une
unique tache blanche semblable à un diamant posé entre ses grands
yeux affolés. Je remarque les mouvements rapides de son ventre.
— Comment s’appelle-t-elle ?
— Aucune idée.
— Elle n’est pas à vous ?
Il secoue la tête.
Je commence à descendre au fond de la ravine.
— Arrêtez, ordonne l’homme. Je ne pourrai pas vous aider à
remonter.
Sans quitter un instant le cheval des yeux, je me laisse glisser le
long de la paroi déchiquetée. Mes boots heurtent la glace. Je
m’éloigne du talus en cherchant à repérer les fissures. Le lit gelé
supporte mon poids pour le moment mais certaines portions plus
minces laissent transparaître les flots sombres. Il serait tellement
facile de mettre le pied là où il ne faut pas. La gangue de glace
céderait et je glisserais là-dessous ; je vois mon corps happé qui
dégringole cul par-dessus tête avant de disparaître.
La bête. Elle me regarde.
— Salut, je murmure en rencontrant son regard profond,
lumineux.
Elle piaffe en remuant la tête. Elle est agitée, méfiante. Je
m’approche. Elle se cabre. Ses sabots percutent la glace dans un
grand fracas. Sait-elle que sa fureur la tuera ? Mais peut-être cette
idée ne lui déplaît-elle pas, peut-être préfère-t-elle foncer tête
baissée vers le néant plutôt que de retrouver l’endroit qu’elle a fui.
Un mors et une bride, une selle. Certains chevaux ne sont pas faits
pour être montés.
Je me baisse pour m’accroupir, me faire toute petite. Cette fois,
elle ne se cabre pas mais ne me quitte pas des yeux.
— Vous avez une corde dans votre camionnette ? je demande
sans un regard pour l’homme à qui je m’adresse.
Je l’entends qui s’éloigne.
Le cheval et moi, nous attendons. Qui es-tu, je lui demande en
silence. C’est un animal vigoureux, débourré depuis peu si je ne me
trompe. Ça fait un bon moment que je n’ai pas monté et je ne suis
plus la même qu’avant. Je lui laisse le temps de m’examiner,
curieuse de savoir ce qu’elle compte faire de moi.
L’homme revient avec un rouleau de corde qu’il jette vers la
rivière. Je ne la lâche pas des yeux tandis que mes doigts font
instinctivement le nœud que je connais par cœur, je la maintiens
près de moi et me redresse. D’un geste rapide, je lance la corde par-
dessus sa tête et noue l’extrémité sous son encolure. La bête se
cabre encore, furieuse, et la glace va bientôt céder, j’en ai la
certitude. Je laisse la corde glisser entre mes mains pour éviter
d’être soulevée du sol tout en veillant à garder une prise solide.
Quand elle retombe sur ses sabots, je ne lui laisse pas le temps de
recommencer : je tire sur la corde pour l’obliger à baisser la tête en
même temps que je m’approche pour soulever sa jambe antérieure.
Les deux mouvements simultanés la forcent à plier son autre jambe
et elle se laisse tomber sur la glace, presque soulagée, avant de
basculer sur le flanc. Je m’étends sur son corps, caresse le chanfrein
et l’encolure en lui parlant à voix basse. Belle fille. Son cœur cogne à
coups redoublés. Je sens le contact de la corde sur mon cou.
— La glace, lance l’homme car une myriade de fins sillons sont
apparus.
Quand elle est prête, je glisse une jambe sur son dos, l’enserre de
mes genoux et claque plusieurs fois la langue avant de chuchoter
debout, debout. Elle se redresse et je m’installe correctement,
positionne mon autre jambe et resserre les mollets. La corde est
toujours autour de son cou mais je n’en ai pas besoin, j’attrape sa
crinière pour la diriger vers la berge abrupte tandis que les fissures
frémissent sous notre poids. Ça va faire mal, je la préviens mais elle
s’élance à l’assaut de la rive et je bascule en arrière. Je m’y étais
préparée, je suis le mouvement, les jambes juste assez contractées
pour rester sur son dos. Elle peine à monter, ses sabots patinent
tandis qu’elle s’efforce de trouver une prise, le sol se dérobe sous
son poids mais brusquement, nous voici au sommet de
l’escarpement, et le frisson d’excitation qui la parcourt se propage en
moi comme une langue de feu. Derrière nous, la rivière gelée s’est
déchirée.
Je m’aplatis de nouveau contre son encolure. Belle fille. Tu es très
courageuse. Elle s’est calmée – mais pour combien de temps ? Elle
ne prend pas appui sur sa jambe blessée. Sa fugue a peut-être
causé des dommages irréversibles. Je saute à terre et tends la corde
à l’homme. Contact rugueux dans sa paume nue, dans la mienne.
— Soyez doux avec elle.
— Merci beaucoup, dit-il avec un hochement de tête. Vous êtes
cavalière professionnelle ?
Mes lèvres se crispent.
— Non.
— Vous voulez bien la ramener chez elle ? Elle s’est échappée de
la ferme des Burns, un peu plus au nord.
— Pourquoi est-ce que vous l’avez suivie jusqu’ici si elle ne vous
appartient pas ?
— J’ai croisé sa route, comme vous.
Je le dévisage.
— Elle a une jambe blessée. Il faut éviter de la monter.
— Dans ce cas, je vais faire venir un van. Vous n’êtes pas du
coin ?
— Je viens d’arriver.
— Vous habitez où ?
Ferait-il partie de ces gens qui se donnent pour mission de
connaître tout le monde dans un rayon de cent cinquante
kilomètres ? Il a d’épais sourcils et un regard ténébreux. Je ne
saurais dire si je le trouve séduisant. Il dégage quelque chose de
troublant, en tout cas.
— D’accord, dit-il. Qu’est-ce qui vous amène ici ?
Je tourne les talons.
— Vous ne deviez pas appeler quelqu’un pour le cheval ?
— Vous êtes avec les loups ? insiste-t-il et je m’arrête net. On
nous a prévenus qu’une Australienne allait bientôt débarquer. C’est
quoi, le but de la manœuvre ? Vous n’avez pas assez de koalas à
cajoler, c’est ça ?
— En quelque sorte, oui. La plupart sont morts dans des feux de
brousse.
— Oh.
Ma réponse lui cloue le bec.
Au bout d’un moment, il demande :
— Ils sont déjà en liberté ?
— Pas encore. Mais c’est l’objectif.
— Je vais dire aux habitants du village d’enfermer leurs femmes et
leurs filles. Les grands méchants loups seront bientôt lâchés.
Je rencontre son regard.
— À votre place, j’aurais plutôt peur que les femmes et les filles
aient envie de s’enfuir avec les loups.
Il me dévisage, décontenancé.
Je me dirige vers ma voiture.
— La prochaine fois qu’il vous prendra l’envie de poursuivre une
bête, prévenez quelqu’un de compétent au lieu de foncer comme un
bulldozer dans une zone naturelle préservée.
Connard.
Je l’entends s’esclaffer.
— Bien, m’dame.
Je me retourne pour jeter un dernier regard au cheval. Salut, lui
dis-je. Et aussi : Je suis désolée. Parce que cette jambe blessée
pourrait bien déboucher sur une liberté d’un tout autre genre.
3
68. “This time, again, you will lose,” replied the visitor, quietly.
69. “Ah, but I keep back the half!” cried Markheim.
70. “That also you will lose,” said the other.
71. The sweat started upon Markheim’s Moral crisis begins
brow. “Well, then, what matter?” he to appear to
exclaimed. “Say it be lost, say I am plunged Markheim.
again in poverty, shall one part of me, and that the worse,
continue until the end to override the better? Evil and good
run strong in me, haling me both ways. I do not love the one
thing, I love all. I can conceive great deeds, Self-deception still
renunciations, martyrdoms; and though I be struggling.
fallen to such a crime as murder, pity is no
stranger to my thoughts. I pity the poor; who knows their trials
better than myself? I pity and help them; I prize love, I love
honest laughter; there is no good thing nor true thing on earth
but I love it from my heart. And are my vices only to direct my
life, and my virtues to lie without effect, like some passive
lumber of the mind? Not so; good, also, is a spring of acts.”
72. But the visitant raised his finger. “For six-and-thirty years
that you have been in this world,” said he, “through many
changes of fortune and varieties of humor, I have watched
you steadily fall. Fifteen years ago you Here the story is
would have started at a theft. Three years plainly didactic.
back you would have blenched at the name
of murder. Is there any crime, is there any cruelty or
meanness, from which you still recoil?—five years from now I
shall detect you in the fact! Downward, downward, lies your
way; nor can anything but death avail to stop you.”
73. “It is true,” Markheim said, huskily, “I have in some degree
complied with evil. But it is so with all: the very saints, in the
mere exercise of living, grow less dainty, and take on the tone
of their surroundings.”
74. “I will propound to you one simple Key.
question,” said the other; “and as you
answer, I shall read to you your moral horoscope. You have
grown in many things more lax; possibly you do right to be so;
and at any account, it is the same with all men. But granting
that, are you in any one particular, however trifling, more
difficult to please with your own conduct, or do you go in all
things with a looser rein?”
75. “In any one?” repeated Markheim, with Minor Moral
an anguish of consideration. “No,” he added, Climax.
with despair, “in none! I have gone down in Markheim at last
sees himself.
all.”
76. “Then,” said the visitor, “content yourself with what you
are, for you will never change; and the words of your part on
this stage are irrevocably written down.”
77. Markheim stood for a long while silent, and indeed it was
the visitor who first broke the silence. “That being so,” he said,
“shall I show you the money?”
78. “And grace?” cried Markheim.
79. “Have you not tried it?” returned the other. “Two or three
years ago, did I not see you on the platform of revival
meetings, and was not your voice the loudest in the hymn?”
80. “It is true,” said Markheim; “and I see clearly what remains
for me by way of duty. I thank you for these lessons from my
soul: my eyes are opened, and I behold myself at last for what
I am.”
81. At this moment, the sharp note of the door-bell rang
through the house; and the visitant, as though this were some
concerted signal for which he had been waiting, changed at
once in his demeanor.
82. “The maid!” he cried. “She has returned,
as I forewarned you, and there is now Full Moral Crisis.
before you one more difficult passage. Her Physical Resultant
Crisis.
master, you must say, is ill; you must let her
in, with an assured but rather serious
countenance—no smiles, no overacting, and I promise you
success! Once the girl within, and the door Final test.
closed, the same dexterity that has already
rid you of the dealer will relieve you of this last danger in your
path. Thenceforward you have the whole evening—the whole
night, if needful—to ransack the treasures of the house and to
make good your safety. This is help that comes to you with
the mask of danger. Up!” he cried: “up, friend; your life hangs
trembling in the scales; up, and act!”
83. Markheim steadily regarded his counsellor. “If I be
condemned to evil acts,” he said, “there is still one door of
freedom open—I can cease from action. If my life be an ill
thing, I can lay it down. Though I be, as you say truly, at the
beck of every small temptation, I can yet, by one decisive
gesture, place myself beyond the reach of all. My love of good
is damned to barrenness; it may, and let it, be! But I have still
my hatred of evil; and from that, to your galling
disappointment, you shall see that I can draw both energy
and courage.”
84. The features of the visitor began to Who was the
undergo a wonderful and lovely change; visitant?
they brightened and softened with a tender
triumph; and, even as they brightened, faded and dislimned.
But Markheim did not pause to watch or understand the
transformation. He opened the door and went downstairs very
slowly, thinking to himself. His past went soberly before him;
he beheld it as it was, ugly and strenuous like a dream,
random as chance-medley—a scene of defeat. Life, as he
thus reviewed it, tempted him no longer; but on the further
side he perceived a quiet haven for his bark. He paused in the
passage, and looked into the shop, where the candle still
burned by the dead body. It was strangely silent. Thoughts of
the dealer swarmed into his mind, as he stood gazing. And
then the bell once more broke out into impatient clamor.
85. He confronted the maid upon the threshold with
something like a smile.
86. “You had better go for the police,” said Moral Climax.
he: “I have killed your master.” Denouement.
MORRISON AND HIS WRITINGS
Arthur Morrison was born in Kent, England, in 1863. After some
experience as a clerk in the civil service, as the secretary of a charity
trust in the East End of London, and as a journalist on the editorial
staff of an evening paper, he settled down definitely to his career as
novelist and writer on oriental art. He is best known as a journalist,
however, and his familiarity with the East End has largely contributed
to his success in depicting the sordid life of London’s “mean streets,”
as the “remorseless realism” of his pictures testify. Mr. Morrison’s
literary work was in the nature of prose and verse panegyrizing
bicycles and bicycling. His principal works, apart from several plays
and magazine contributions, are Tales of Mean Streets; the several
Martin Hewitt (detective) books; A Child of the Jago; To London
Town; The Hole in the Wall; The Red Triangle; The Green Eye of
Goona (published in America as The Green Diamond); and The
Painters of Japan.
Mr. Morrison’s best fiction is not large in bulk, for his detective stories
are surpassed both in merit and in popular appeal by more than one
writer on similar themes; but in his Tales of Mean Streets, which
contains the appended study, “On the Stairs,” he has attained a
compressed power equalled only by the French realists and scarcely
surpassed even by them. He has brought the art of suggestion to a
high pass, his swiftness and firmness of delineation are equally
effective, and though his subjects are sordid and often depressing
they live before us as real folk.
The introduction to Tales of Mean Streets appeared in
Macmillan’s Magazine in October, 1891, where it was
called simply, “A Street.” This sketch attracted the
attention of Mr. W. E. Henley, who gave the young writer
the benefit of his own knowledge and criticism; and it is to
Henley and to Walter Besant that Mr. Morrison makes
special acknowledgment for help in the technicalities and
mechanism of his tales. Most of these Tales of Mean
Streets appeared in the National Observer (while Henley
was the editor), and a few in the Pall Mall Budget.—Book
Buyer (London), vol. 12.
If the modern novel about the slums, such as novels of Mr.
Arthur Morrison, or the exceedingly able novels of Mr.
Somerset Maugham, are intended to be sensational, I can
only say that that is a noble and reasonable object, and
that they attain it.... It may be ... it is necessary to have in
our fiction the image of the horrible and hairy East-ender,
merely to keep alive in us a fearful and childlike wonder at
external peculiarities.... To summarize, our slum fiction is
quite defensible as æsthetic fiction; it is not defensible as
spiritual fact.—Gilbert K. Chesterton, Heretics.
Ever seeking the clean-cut, picturesque phrase and the
vivid word, he produced a very striking picture of the East
End. But, nevertheless, it was not quite satisfactory and
convincing. Human nature does not alter so much with
conditions as he seems to think. A little less or a little more
morality does not affect its elements.... Mr. Morrison’s
strongest gift in writing is a cynicism that is almost brutal.
With it he elaborates the features of all his characters till
the impression is produced that one savage, hideous, ugly
coster and one gaudy-feathered, bedizened “Jonah” have
acted as models for all his studies of Jagodom. Moreover,
his success has been achieved in pictures of the brutal.—
Academy (London), vol. 52.
The “mean streets” are streets in London.... [They] have
found in Arthur Morrison an interpreter who lifts them out
of their meanness upon the plane of a just claim to human
sympathy. He lets us see the relief. Bill Napper, the
drunken kerb-whacker, come into property and defending
it against the rascally labor agitator, Scuddy Lond, mixing
religious fervor and till-tapping with entire sincerity,
Simmons and Ford, victims of their joint wife’s “jore” and
mania for trouser-making, even the Anarchists of the Red
Cow group, appeal to us with a sense almost of kinship
because we feel that the figures are real. They are capital
character-studies besides. Dickens never made a finer
than the thief Scuddy Lond, or than Billy Chope.... The art
of these stories seems flawless. Mr. Morrison’s gift
amounts to genius.—Jacob Riis, Romances of “The Other
Half,” The Book Buyer, vol. 12.
FOR ANALYSIS
ON THE STAIRS
BY ARTHUR MORRISON
A
Action, 2, 3.
Addison, Joseph, xix.
Adventure (see Action), xvi, 3.
Anecdote, xvi, xvii, xx.
Arabian Nights, xviii.
B
Baldwin, Charles S., xxiv.
Balzac, Honoré de, xx, 134, 253.
Barrie, James M., 133, 215-249.
Barrett, Charles Raymond, xxiii.
Beers, H. A., 300.
Beranger, 320.
Bibliography of Short-Story, xxi, 433.
Bierce, Ambrose, 72.
Boccaccio, xviii;
Decameron, xvii;
Rinaldo, xvii.
Burke, Edmund, 132.
Burton, Richard, 32.
Butler, Ellis Parker, 133.
C
Canby, H. S., xxiv, 32, 33, 75, 76, 149, 258, 301, 302.
Characters, 4, 354, 355, 356.
Character Studies, 353-389.
Chaucer, Geoffrey, xviii,
Canterbury Tales, xvii,
Pardoner’s Tale, xvii.
Chesterton, Gilbert K., 424.
Cody, Sherwin, xxiii.
Comedy, 192.
Conte dévot, xvi, xvii.
Contributory incident, 21, 199.
Coppée, François, 134, 368-388.
“Courting of T’Nowhead’s Bell, The,” 219-249.
Crawford, F. Marion, 72.
Crawford, V. M., 137, 138.
Crisis, xxvi, 355.
Cross, J. W., 252.
Curtis, George William, 70.
D
Daudet, Alphonse, 133-147.
Defoe, Daniel, xix.
Denouement, xxvi.
Detective Story, xix.
Developing incident (see contributory incident).
Dye, Charity, xxiii.
E
Edgeworth, Maria, Moral Tales, xix.
Egyptian tales, xv, xvi.
Eliot, George, 252.
Emotion, Stories of, 131-190.
Episode, xvii, xix.
Essay-Stories, xix.
Esther, Book of, xvi.
Exercises, xxxi, 67, 129, 189, 249, 290, 351, 388, 431.
F
Fabliau, xviii.
Faguet, Émile, 6.
“Fall of the House of Usher, The,” 320-351.
Fiction, Art of, xiii.
Flaubert, Gustave, 32, 33.
G
Ghosts, 70.
Golden Ass, The, Apuleius, xvi.
Graham’s Magazine, xxii, 295.
Grenier, Edouard, 7.
Griswold, Hattie T., 218.
Guardian, xix.
H
Hamilton, Clayton, 354.
Hammerton, J. A., 218.
Handbook of Literary Criticism, 31.
Harte, Bret, 133, 253, 254.
Hawthorne, Julian, 70, 258.
Hawthorne, Nathaniel, xix, xxii, xxiii, 33, 71, 75, 297-319.
Henry, O., 193-215.
Higginson, Thomas Wentworth, xxiii.
Hoffman, E. A., xix, 75.
Homeric stories, xv.
Humorous Stories, 191-250.
Hutton, R. H., 301.
I
Idler, xix.
Impressionistic Stories, 293-352.
Independent, xxiii.
Irving, Washington, xix, 71;
Rip Van Winkle, xviii.
J
Jacobs, W. W., 108-129.
James, Henry, 137, 149, 279.
Jessup, Alexander, xxiv.
Johnson, Samuel, xix.
K
King, Grace, 6, 7.
Kipling, Rudyard, 31, 133, 147-189, 258.
L
Lang, Andrew, 32, 75.
“Last Class, The,” 134, 136, 139-147.
Le Gallienne, Richard, 150, 258, 300.
Lemmon, Leonard, 258.
Lewin, Walter, 257, 258.
Lewis, E. H., xxiii.
Lippincott’s Magazine, xxiii.
Local color, 8, 254 (see setting).
“Lodging for the Night, A,” 32, 34-67.
Longfellow, H. W., 299.