Banque - La Clause de Résiliation À Effet Limité Du Cautionnement D'un Compte-Courant - Formule Par Sabine BERNHEIM-DeSVAUX

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 2

Banque - La clause de résiliation à effet limité du cautionnement d'un compte-courant - Formule par Sabine BERNHEIM-DESVAUX

Visualiser l'article dans sa version PDF


Contrats Concurrence Consommation n° 3, mars 2013, form. 4

La clause de résiliation à effet limité du cautionnement d'un compte-courant

Formule par Sabine BERNHEIM-DESVAUX maître de conférences HDR en droit privé à la faculté de droit d’Angers - membre du Centre Jean Bodin – Recherche
juridique et politique

Contexte. - Le compte-courant est un compte ouvert entre des personnes liées par des relations d'affaires, dans lequel des créances et des dettes réciproques
entrent en se transformant en articles de compte, et dont seul le solde est exigible lors de la clôture. Le domaine d'élection de ces comptes se situe entre
entreprises et banques, ces dernières exigeant, à titre de garantie, un cautionnementNote 1 . Exemple typique de cautionnement de dettes futures, le
cautionnement d'un compte-courant n'est pas sans poser des difficultés. Notamment, la date de clôture du compte et la date d'extinction de l'obligation de
couverture de la cautionNote 2 peuvent ne pas coïncider dans le temps. D'où la question de savoir si, au jour de la clôture du compteNote 3 , la caution doit payer le
solde provisoire calculé au jour de l'extinction de son obligation de couverture ou si elle doit payer le solde définitif existant au jour de la clôture du compte, solde
qui peut être inférieur ou supérieur au solde provisoire.

La solution a été posée par la Chambre commerciale de la Cour de cassation dans l'arrêt Bard du 22 novembre 1972Note 4 . Au jour de l'extinction de l'obligation
de couverture, est établi un solde provisoire qui tient compte des opérations en coursNote 5 . La caution ne pourra être tenue à une somme supérieure, puisque
les avances ultérieures du créancier ne sont plus couvertes par l'obligation de couverture qui est éteinteNote 6 . Mais, elle pourra devoir moins, toute remise au
crédit du compte-courant s'imputant sur le montant garantiNote 7 . C'est ce que l'on appelle le système du double plafond : la caution ne peut devoir plus que la
plus faible des deux sommes que constituent le solde définitif et le solde provisoire, mais elle peut devoir moins par le jeu de la déduction des remises
postérieures à l'établissement du solde provisoire.

Cette solution est défavorable aux banques. En effet, puisque la caution ne garantit plus les avances consenties postérieurement au débiteur, il suffit que le solde
du compte devienne créditeur, même sur une très courte période, pour que la caution soit entièrement libérée. Afin de se prémunir contre ce risque, les banques
intègrent des clauses spécifiques dans le contrat de cautionnement. La plus répandue est appelée « clause de résiliation à effet limité ». Elle stipule que la
caution s'engage à payer le solde débiteur existant au jour de l'extinction de son obligation de couverture, sans que les remises postérieures faites par le débiteur
sur son compte ne puissent en diminuer le montant.

Validité. - Une telle clause, objet de discussions ardues en doctrineNote 8 , est cependant validée par la jurisprudence, au nom de la liberté contractuelleNote 9 .
L'autonomie de la volonté impose au juge le respect du contenu du contrat. Certes, doit-on convenir que les décisions rendues par la Cour de cassation sur la
validité de cette clause ne sont pas toujours très explicites et ne comportent aucune solution édictée sous forme de principe général. Il reste cependant que, dans
toutes les espèces, la solution adoptée est identique : la clause est déclarée licite. Elle n'est jugée ni contraire à l'ordre public, ni au principe d'indivisibilité du
compte-courant, ni au caractère accessoire du cautionnement.

Exigences formelles. - L'étude des différents arrêts révèle néanmoins que les juges sont attentifs à deux éléments. D'une part, les juges vérifient la réalité du
consentement de la caution à la clause. Non seulement le consentement doit exister, mais il doit être éclairé, ce qui devra être prouvé par la banque en cas de
litige. Par conséquent, nous recommandons que la clause apparaisse explicitement dans le contrat, dans le corps du texte, que la caution déclare expressément
accepter la clause dérogatoire au droit commun du cautionnement, et que cette mention soit suivie d'une signature ou d'un paraphe de la caution.

D'autre part, les juges contrôlent le libellé même de la clause. Les juges s'assurent ainsi que la clause ne transforme pas la nature ou l'étendue du cautionnement
Note 10 . En d'autres termes, la clause doit être précise et tenir compte de la durée déterminée ou indéterminée du cautionnement.

Clause de résiliation à effet limité du cautionnement à durée indéterminée d'un compte-courant

Dans l'hypothèse où le présent cautionnement serait résilié à une date antérieure à celle de la clôture du compte-courant, la caution serait tenue de payer au
créancier, à la date de la clôture du compte, le solde provisoire du compte établi en fonction des opérations en cours à la date de la résiliation du contrat de
cautionnement.

Aucune avance accordée par le créancier au titulaire du compte postérieurement à la résiliation du contrat de cautionnement ne serait garantie par le présent
cautionnement.

Aucune remise effectuée par le titulaire du compte postérieurement à la résiliation du contrat de cautionnement ne diminuerait le montant du solde provisoire dû
par la caution.

La caution reconnaît avoir pris expressément connaissance de cette clause qui déroge au droit commun du cautionnement d'un compte-courant.

Date :

Signature :

Clause d'expiration à effet limité du cautionnement à durée déterminée d'un compte-courant

Dans l'hypothèse où le présent cautionnement expirerait à la date prévue, mais antérieurement à celle de la clôture du compte-courant, la caution serait tenue de
payer au créancier, à la date de la clôture du compte, le solde provisoire du compte établi en fonction des opérations en cours à la date d'expiration du contrat de
cautionnement.
Aucune avance accordée par le créancier au titulaire du compte postérieurement à la date d'expiration du contrat de cautionnement ne serait garantie par le
présent cautionnement.

Aucune remise effectuée par le titulaire du compte postérieurement à la date d'expiration du contrat de cautionnement ne diminuerait le montant du solde
provisoire dû par la caution.

La caution reconnaît avoir pris expressément connaissance de cette clause qui déroge au droit commun du cautionnement d'un compte-courant.

Date :

Signature :

Mots clés : Banque. - Cautionnement. - Compte courant. - Clause de résiliation à effet limité.

Note 1 Depuis la loi n° 2003-721 du 1er août 2003, les articles L. 341-2 et L. 341-3 du Code de la consommation imposent des mentions manuscrites, à peine de
nullité, pour tout acte sous seing privé de cautionnement souscrit par une personne physique. Or, ces mentions imposent d’indiquer un montant limité au
cautionnement, ce qui rend désormais impossible le cautionnement illimité d’un compte-courant par une personne physique (V. Cass. com., 28 avr. 2009, n° 08-
11.616 : Bull. civ. 2009, IV, n° 56).

Note 2 L’extinction de l’obligation de couverture ne peut avoir lieu que pour deux causes, le terme et la résiliation. La caution ne garantit plus les dettes nées
postérieurement à cette extinction, mais elle reste garante des dettes nées antérieurement. Seule la date de naissance de la dette, et non sa date d’exigibilité, est
prise en considération.

Note 3 Tant que le compte n’est pas clos, la dette n’est pas exigible.

Note 4 Cass. com., 22 nov. 1972, n° 71-10.745 : Bull. civ. 1972, IV, n° 298.

Note 5 V. Cass. com., 16 oct. 1984, n° 83-12.539 : Bull. civ. 1984, IV, n° 306. - Cass. com., 6 nov. 1990, n° 88-17.974 : Bull. civ. 1990, IV, n° 260.

Note 6 V. Cass. 1re civ., 17 mai 1983, n° 82-12.587 : Bull. civ. 1983, I, n° 47.

Note 7 V. Cass. com., 12 mai 1998, n° 96-17.026 : Bull. civ. 1998, IV, n° 151. - Cass. com., 20 févr. 1985, n° 83-13.713 : Bull. civ. 1985, IV, n° 75.

Note 8 V. spécialement M. Cabrillac, C. Mouly, S. Cabrillac et Ph. Pétel, Droit des sûretés : Litec 2010, 9e éd., n° 230.

Note 9 V. Cass. com., 6 juill. 1983, n° 79-12.851 : Bull. civ. 1983, IV, n° 203. - Cass. com., 12 févr. 1991, n° 89-18.412 : Bull. civ., IV, n° 62. - Cass. com., 9 juin
1992, n° 90-15.654 : Bull. civ. 1992, IV, n° 227. - Cass. com., 10 déc. 2002, n° 98-10.292 : Bull. civ. 2002, IV, n° 292.

Note 10 V. Cass. com., 1er oct. 1997, n° 95-20.668, inédit

© LexisNexis SA

Vous aimerez peut-être aussi