2786-105 Charbon-Qd Le Suspecter

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Plan de lutte contre le charbon bactéridien Rédacteur : DDSV 73


E. DA SILVA
Direction départementale Quand doit-on suspecter le charbon
des services vétérinaires Version du 14/07/07
bactéridien ? Indice de révision : 1
de l’Isère

Sources :
Polycopié des maladies contagieuses des écoles nationales vétérinaires françaises de juillet 2004 www.vet-
alfort.fr
Recommandations pour la surveillance et la lutte contre le charbon animal et humain -Guide méthodologique de
l’institut national de veille sanitaire,validé le 18 juin 2004

FIEVRE CHARBONNEUSE ( Anthrax )


DEFINITION
La fièvre charbonneuse (FC) (ou charbon bactéridien) est une maladie infectieuse d'origine tellurique
affectant les mammifères, principalement les herbivores, et transmissible à l'Homme, due à une
bactérie: Bacillus anthracis.
Chez les animaux, elle se présente généralement sous la forme d'une maladie aiguë, septicémique,
évoluant rapidement vers la mort avec des symptômes généraux, circulatoires, digestifs et urinaires.
Les lésions principales sont celles d'une septicémie hémorragique associée, en particulier, à une
hypertrophie et un ramollissement de la rate et une modification de l'aspect du sang devenu noir et
incoagulable.

ESPECES INFECTEES
- Toutes les espèces de mammifères, domestiques ou sauvages, peuvent être atteintes.
Epidémiologiquement, les plus exposées sont les herbivores, en particulier les ruminants. Elle
touche aussi les carnivores nourris avec des viandes infectées (fauves de ménagerie, visons,
carnivores domestiques...).
- Se transmet à l'Homme (contamination cutanée, digestive ou respiratoire). Il s’agit d’une zoonose
grave.

REPARTITION GEOGRAPHIQUE-IMPORTANCE
- Maladie universelle décrite depuis l'antiquité.
- Maladie tellurique incrustée dans certaines régions, susceptible de provoquer des pertes
importantes par mortalité du bétail, mais souvent jugulée par la pratique de la vaccination . Des
foyers sont régulièrement diagnostiqués en France.
Possibilité d'importation accidentelle par l'intermédiaire de poudre d'os destinée à la fabrication
des aliments du bétail.
- Importance hygiénique : zoonose grave transmise à l'Homme essentiellement par piqûre (100 000
à 200 000 cas par an dans le monde selon l'OMS). Ses caractéristiques en font en outre une maladie
importante au titre du bioterrorisme .
- Malgré sa faible incidence sur le bétail en France, son importance hygiénique, justifie son
maintien dans la liste des maladies réputées contagieuses en France. Elle figure dans la liste de
l’OIE.
La fièvre charbonneuse est encore appelée charbon bactéridien (car du à la bactéridie
charbonneuse), à différencier du charbon symptomatique ou charbon bactérien du à Clostridium
chauvoei.
La fièvre charbonneuse chez l'homme est traitée dans le polycopié "Les zoonoses infectieuses". La
forme la plus commune est le charbon d’inoculation défini par le développement local d’une lésion
appelée”pustule charbonneuse” associée à une atteinte fébrile de l’état général. L’inhalation de spores
provoque une pneumonie particulièrement grave.
La production de spores de Bacillus anthracis a des fins militaires (arme bactériologique) a été
réalisée par divers pays, donnant lieu parfois à des accidents (68 décès causés en 1979 à la suite de
la dispersion accidentelle de spores à partir d’un site de production militaire en URSS). Des actions de
bioterrorismes ont aussi été engagées, comme par exemple aux Etats-Unis en 1999 (courrier de type
lettre contenant des spores de Bacillus anthracis ayant provoqué 17 cas humains, dont 3 mortels).

ETIOLOGIE
- Due à un bacille Gram positif, immobile, capsulé et sporulé, Bacillus anthracis. (communément
appelé "bactéridie charbonneuse"). Identification par des méthodes conventionnelles ou par PCR.
- La spore est l'élément de résistance dans le milieu extérieur. La sporulation est cependant
conditionnée par la présence d'oxygène libre (pas de sporulation in vivo), une température optimum
(supérieure à 18°C et inférieure à 42°C) et une humidité suffisante.
- La culture de B. anthracis est aisée (milieux gélosés enrichis). L'identification du germe est facile
(critères morphologiques...) (à différencier des autres Bacillus, B. cereus en particulier).
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- Le charbon systémique provoque une bactériémie massive associée à une toxémie entraînant une
hypotension, un choc et la mort. B. anthracis possède en effet deux facteurs de virulence (codés
respectivement par 2 plasmides 102) : la capsule (inhibe la phagocytose et favorise une multiplication
bacillaire importante) et des toxines (2 toxines).Il est possible de sélectionner des souches
avirulentes (déficientes pour l'un ou l'autre plasmide) utilisables comme souches vaccinales.
- Pouvoir immunogène lié à l'antigéne protecteur (PA: antigène, qui en se fixant sur son récepteur
spécifique, permet l'acheminement de EF ou LF vers leur cible intracellulaire). Seuls les vaccins
préparés à partir de souches atténuées vivantes sont efficaces (anticorps protecteurs dirigés
contre la toxine).

ETUDE CLINIQUE
. Incubation : 4 à 8 jours en moyenne (minimum : 2 jours; maximum : mal déterminé environ 15
jours).
. Symptômes
- Bovins
. Forme aiguë: charbon septicémique.
- Atteinte brusque de l'état général avec frissons, élévation thermique (41-42°C), arrêt de la
sécrétion lactée.
- En 12 à 24 heures: développement de troubles respiratoires et circulatoires (dyspnée,
accélération du rythme cardiaque, congestion puis cyanose des muqueuses et parfois ecchymoses),
éventuellement digestifs (coliques et diarrhée avec selles sanguinolentes, épreintes, ténesme) et
plus tardivement urinaires ("pissement de sang").
- La mort survient en 2 à 3 jours.
. Formes suraiguës : idem avec symptômes plus accusés et mort en 6 à 12 h voire brutale sans
symptômes.
. Formes subaiguës : charbon "externe" ou charbon "à tumeur".
- débute par une réaction oedémateuse atteignant en quelques heures 20 à 30 cm de diamètre,
chaude, douloureuse, non crépitante, localisée le plus souvent à la gorge ou l'entrée de la
poitrine.
- développement rapide de symptômes identiques à ceux de la forme aiguë et mort en 4 à 5
jours (guérison rare).
. Formes frustes : atteinte fébrile transitoire.
- Petits ruminants
. idem bovins. Formes suraiguës plus fréquentes. Signes urinaires plus marqués et plus
précoces. Mort en 24-48 heures.
- Chevaux
. Idem bovins avec deux particularités : importance des symptômes digestifs (coliques fréquentes
et précoces, entérite hémorragique) et évolution moins rapide (mort en 3 à 6 jours).
- Suidés (plus résistants):
. Formes septicémiques: peu fréquentes
. Forme habituelle (angine charbonneuse) : débute par une tuméfaction oedémateuse de la
gorge (s'étendant à la face), suivie rapidement de fièvre, dyspnée, troubles circulatoires, diarrhée
(parfois hémorragique) et lésions cutanées congestives ou hémorragiques. Mort en 2 à 4 jours.
Guérison possible.
- Carnivores: symptômes généraux d'une septicémie hémorragique rapidement mortelle; peut
débuter
par une tuméfaction oedémateuse de la gorge (oedème du pharynx et de la langue).

LESIONS: identiques chez toutes les espèces


. Lésions essentielles
- Sang noirâtre, épais, poisseux, incoagulable,
- Rate hypertrophiée (parfois x 5 ), globuleuse, noirâtre, flasque, fragile, avec pulpe de consistance
boueuse ("sang de rate") (cette lésion est parfois absente).
- Vessie avec urine sanguinolente, congestion rénale intense.
- Intestin congestif ou hémorragique (surtout duodénum).
- Tumeur charbonneuse : oedème gélatineux et ambré entourant un groupe ganglionnaire
interne (ganglions mésentériques en particulier) ou externe (gorge, entrée de la poitrine)
hypertrophié, hémorragique et nécrosé.
. Autres lésions : congestion généralisée (poumons, ganglions, etc.) carcasse d'aspect fiévreux et
foncée, sans rigidité cadavérique.

EPIDEMIOLOGIE
. Analytique
- Sources de germes:
.permanentes : sol contaminé par les spores provenant des animaux malades ou leur cadavre. Le
sol constitue le véritable réservoir de la maladie (réservoir hydro-tellurique).
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.occasionnelles : les animaux et leurs produits.
Chez les malades, le sang et tous les tissus sont virulents (septicémie), ainsi que les excrétions.
Mais le danger est surtout représenté par le cadavre et toutes les parties qui en dérivent (viscères,
viandes, os, peaux, phanères...). Pas de portage chronique.
- Résistance : La forme végétative de B. anthracis est très fragile, mais si les conditions sont réunies
pour que la sporulation ait lieu, la spore par sa résistance (plusieurs dizaines à centaines
d'années dans le sol) assure la pérennité de la maladie. Noter que la sporulation ne peut se
réaliser dans les cadavres qu'auprès des orifices naturels (présence d'air), sauf si le cadavre est
dépouillé, éviscéré, tailladé... (action de l'Homme, action des prédateurs...), ce qui permet la formation
de centaines de milliards de spores.
- Transmission le plus souvent indirecte : ingestion d'aliments (herbe...) souillés par de la terre
polluée ou des aliments du bétail préparés à partir de matières premières contaminées,
consommation par les carnivores de viandes infectées.
Possibilité de transmission indirecte par piqûre (rôle possible d'insectes hématophages notamment
les tabanidés, objets souillés) ou contamination d'une plaie.
- Rôle du nombre de spores ingérées (1000 spores provoquent toujours la mort d'un mouton alors
que 500 donnent des résultats inconstants). Possibilité d'infection inapparente avec immunité
occulte dans les zones d'enzootie.
. Synthétique
- La FC est avant tout une maladie tellurique, enzootique dans certaines régions dont le sous
sol est pollué par des spores (enfouissement des cadavres, etc.). Les spores remontent à la
surface sous l'action des vers de terre, des inondations, mouvements de la nappe phréatique, travaux
de drainage et divers (charbon de résurgence).
Le sol pollué est à l'origine de la contamination des herbivores qui ingèrent l'herbe souillée par la terre.
La maladie sévit en été sur des animaux mis en pâture sur les terrains contaminés.
La présence de tabanidés en grande quantité peut favoriser le développement d'épizooties (quelques
exemples en Afrique noire). Ces épizooties sont dominées par la fréquence des cas de charbon
"externe".
- La FC peut être aussi une maladie d'importation par l'intermédiaire d'aliments complets
préparés à partir de matière première contaminée (os importés par exemple). Elle peut survenir en
toute saison, en tout lieu, sur des espèces variées (porcs, ruminants), affectant en même temps de
nombreux animaux, dans différents élevages clients du même fabricant d'aliment.
- Chez les carnivores, la FC est un épiphénomène révélant des foyers telluriques autochtones ou
d'importation.

DIAGNOSTIC
. Epidémio clinique
- Eléments de suspicion:
-Maladie aiguë fébrile, d'allure septicémique et asphyxique, avec hématurie et éventuellement
"tumeur" non crépitante centrée sur un groupe ganglionnaire ( charbon externe), mortelle en 2 à 3 j
en moyenne.
Sur le cadavre: tumeur gélatineuse, rate hypertrophiée et boueuse, sang noir et
incoagulable, congestion des noeuds lymphatiques, congestion intestinale et hématurie
(attention les lésions sont rapidement modifiées par une putréfaction précoce).
Les bactéries se développent entre 14 ° et 45 °C (optimum 35-38 °C), résistent peu dans les
carcasses contaminées dès qu’elles sont en compétition avec certains germes de la putréfaction et les
germes anaérobies. Les prélèvements pour confirmer la maladie doivent donc être faits très
rapidement après la mort (au plus tard dans les 24 heures), surtout en été, et sur des animaux non
traités.
La suspicion est renforcée si des cas surviennent sur des animaux en pâture dans des "régions à
charbon" (bovins en alpage ou à l’estive…) ou si une flambée de cas survient dans un élevage
utilisant un nouveau lot d'aliments complets.

NB : Précautions lors de la recherche des lésions, afin d'éviter tout risque de contamination
humaine. En outre pratiquer l'autopsie dans un lieu aisé à désinfecter (si possible au clos
d'équarrissage). De fait, l’autopsie est à éviter.

- Diagnostic différentiel avec toutes les maladies rapidement mortelles telles que:
. intoxications par chlorates ou nitrates et par certaines plantes (fougère aigle, mercuriale,...), mort
par fulguration, septicémies gangreneuses et entérotoxémies, leptospirose, charbon symptomatique...
chez les bovins et petits ruminants;
. coliques, intoxications, peste équine, anémie infectieuse, piroplasmose, chez les équidés ; etc.
. Expérimental : fondé exclusivement sur la recherche du bacille.
- Prélèvements : organes prélevés sur le cadavre (rate, noeuds lymphatiques, os long). Possibilité
d'hémoculture sur l'animal vivant.
- Laboratoires : tous les laboratoires de bactériologie en particulier le LDAV 73..
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- Méthodes utilisées :
. Bactérioscopie (frottis de rate...), culture (risque d'erreurs par défaut en cas de putréfaction
prononcée du cadavre), voire inoculation à l'animal (cobaye).
. Techniques de PCR in situ.
TRAITEMENT
- Sensible à de nombreux antibiotiques mais l'antibiotique de choix est la pénicilline : 10000
UI/kg/jour (maintenu jusqu'à au moins 24 heures après normalisation de la température).
- Efficacité conditionnée par la précocité du traitement. Un traitement symptomatique
(analeptiquescardiovasculaires) peut être également nécessaire.

PROPHYLAXIE
. Sanitaire
- Elle tient compte de l'origine de la contamination, charbon tellurique (ne pas utiliser en pâture
les zones reconnues comme contaminées) ou charbon d'importation (importation limitée à des
matières premières stérilisées).
- Si des cas sont reconnus : isoler et traiter les malades dans un local facile à désinfecter (soude
à 10 %, formol à 5 %, eau de javel) (ou bien les laisser dans la pâture contaminée), détruire, enfouir
ou désinfecter les litières contaminées, éliminer les cadavres vers le clos d'équarrissage,
proscrire saignées et autopsies sur place.
NB : Désinfection des effluents (purins, lisiers) difficile voire impossible, la seule méthode
réellement efficace étant le chauffage à 70°C, 3 fois à 24 h d'intervalle pendant 1 heure.
. Médicale
- Nécessaire en zone contaminée (charbon tellurique).
- Possibilité de résistance acquise par production de b-lactamase (des souches résistantes ont été
décrites en France). Céphalosporines, macrolides, cyclines, fluoroquinolones sont aussi actifs.

- Elle impose l'emploi de vaccins à bacilles atténués vivants (cf. travaux de Pasteur ) présentés
sous la forme d'une suspension de spores associées à un adjuvant. La souche vaccinale les plus
utilisée est la souche Sterne (souche acapsulogène car dépourvue du plasmide codant pour la
capsule, mais toxinogène).
- Un seul vaccin est disponible en France (Carbova®.- Mérial) fabriqué actuellement à partir de la
souche Sterne 106. Ce vaccin est destiné aux bovins et ovins . Injecté par voie S.C., il donne
une immunité précoce (10 jours), solide et durable (1 an). L'immunité est garantie par des rappels
annuels.
NB : Risque de charbon "post-vaccinal" sur des sujets déjà en incubation au moment de la
vaccination : surveiller les animaux et traiter le cas échéant. Si possible vacciner les animaux au
moins 15 jours avant la mise au pâturage.
NB : Ne pas traiter et vacciner simultanément, la souche vaccinale étant sensible aux antibiotiques.

REGLEMENTATION SANITAIRE
. M.R.C. sous la dénomination "La fièvre charbonneuse chez les mammifères de toutes espèces"

. Tout diagnostic entraîne un Arrêté Préfectoral de déclaration d’infection.


Cet arrêté prévoit la mise en interdit des locaux et pâturages incriminés, l'isolement et le
traitement des malades, l'interdiction de hâter la mort de ces animaux par effusion de sang ou
de les diriger vers un abattoir, la destruction des cadavres dans un clos d'équarrissage et la
vaccination des contaminés.
La surveillance est levée 15 jours après vaccination du dernier animal vacciné ou 15 jours
après le traitement d’un animal qui apparteient à une espèce où il n’existe pas de vaccin et la
désinfection.
. Mesures complémentaires : mesures à l'importation (animaux, poudre d'os...).

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