Uidt Cours de Sociologie Du Tourisme 2024

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UNIVERSITE IBA DER THIAM DE THIES (UIDT) UFR DES

SCIENCES ECONOMIQUE ET SOCIALESDEPARTEMENT LALESH

MANAGEMENT INFORMATISE DES ORGANISATIONS (MIO)

Cours de Sociologie du
Tourisme
(SOT)

Dr Aliou DIOP

JUIN 2024

1
PLAN DU COURS

INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : NOTIONS DE SOCIOLOGIE
I-GENESE DE LA SOCIOLOGIE
1-1 LES PERES FONDATEURS
1-2 L’INSTITUTIONNALISATION : LES 03 REVOLUTIONS
II-DEFINITION, OBJET ET METHODE DE LA SOCIOLOGIE
2-1 DEFINITION DE LA SOCIOLOGIE
2-2 OBJET DE LA SOCIOLOGIE : LE FAIT SOCIAL
2-3 LES METHODES DE LA SOCIOLOGIE
CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE DES ETUDES SOCIOLOGIQUES SUR LE TOURISME
I-LES AXES DE LA REFLEXION SOCIOLOGIQUE SUR LE TOURISME
1-1 LES DETERMINANTS DU TOURISME

1-2 LES FACTEURS EXOGENES INDISPENSABLES


II- LES FINALITES PEDAGOGIQUES DE LA SOCIOLOGIE DU TOURISME

CHAPITRE III : CONSIDERATIONS GENERALES SUR LE TOURISME

I-LE TOURISME : UN POINT D’HISTOIRE

II-DEFINITION DU CONCEPT TOURISME

III-EVOLUTION DU TOURISME

CHAPITRE IV : LES ENJEUX SOCIOLOGIQUES DU TOURISME

I-LE TOURISME : UN FAIT SOCIAL TOTAL

II-LES ENJEUX SOCIETAUX

III-LES ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES

IV-LES ENJEUX SOCIO-ECOLOGIQUES

V-LES ENJEUX SOCIO-POLITIQUES

VI-TOURISME ET LA MONDIALISATION : l’intégration sociale

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CHAIPTRE V : LA FONCTION SOCIALISANTE DU TOURISME

I -NOTION DE SOCIALISATION
1-1 DEFINITION DU CONCEPT

1-2 LE MECANISME DE LA SOCIALISATION

1-3 LE TOURISME ET LE PROCESSUS DE SOCIALISATION

II-LA DIMENSION SOCIALISATRICE DU TOURISME

2-1 LA SOCIABILITE TOURISTIQUE


2-2 LA PROMOTION DU VIVRE ENSEMBLE
1-3 LES MEFAITS SOCIO CULTURELS DU TOURISME
CHAPITRE VI: LE TOURISME ALTERNATIF
I-LES AXES DU NEO -TOURISME
1-1 LE TOURISME SOLIDAIRE ET EQUITABLE
1-2 LE TOURISME COMMUNAUTAIRE
1-3 L’ECOTOURISME
1-4 L’E-TOURISME

II-LES PERSPECTIVES DU TOURISME : LE TOURISME DURABLE

CHAPITRE VI- LES POLITIQUES TOURISTIQUE DU SENEGAL

I-TOURISME AU SENEGAL : un point d’histoire

II-EVOLUTION DU TOURISME AU SENEGAL

III-LES PROBLEMES DU TOURISME SENEGALAIS

IV. LES PRINCIPAUX SITES TOURISTIQUES AU SENEGAL

V- LES ATOUTS ET HANDICAPS DU TOURISME SENEGALAIS

5-1 LES ATOUTS DU SECTEUR

5-2. LES HANDICAPS DU SECTEUR

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INTRODUCTION GENERALE

De nos jours, il n’est plus personne pour méconnaitre ou nier l’importance de


la sociologie dans l’enseignement et la formation des cadres universitaires
quelle que soient leurs origines intellectuelles ou leur discipline de base.

Cette importance s’explique à travers deux raisons fondamentales :

---Au même titre que l’informatique, la sociologie n’est plus uniquement une
discipline spécifique mais une discipline complémentaire et transversale. En
effet, toutes les autres sciences ont besoin d’elle pour se compléter et se
parfaire (le médecin, le Juge, le géographe, l’historien, le linguiste, les acteurs
du tourisme, etc.…ont tout intérêt à s’armer d’un œil sociologique pour mieux
investir leur sujet et mieux exprimer leur science).Les hommes qu’elle se
propose d’étudier dans leurs rapports entre eux (groupes) et avec la société (les
groupes) sont au début et à la fin de toutes les études et investigations
scientifiques.

---Avant d’être une science, elle s’est dotée d’outils d’investigation et d’une
méthodologie de recherche et de vérification fondée sur des mesures
empiriques et testables, ce qui fait qu’elle est incontournable dans la réflexion
pour mieux comprendre nos sociétés modernes, dans leurs complexités, leurs
dynamismes et leurs mutations sociales qui s’effectuent intensément dans le
secteur du tourisme.

La sociologie est née aux 19 siècles d’une réflexion autour de la diversité des
cultures humaines. Elle est une fille de la révolution industrielle et de
l’urbanisation. Elle se propose d’étudier les relations entre individus et entre les
individus et la société.

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Avec comme objet principal « l’étude de la société, dans son organisation et son évolution »,
la sociologie est une discipline scientifique qui tente de cerner l’organisation
générale de la société, ses principales institutions (famille, travail, entreprise…)
leurs liens et leur évolution face au processus de mutations et de changements
sociaux dont elles font objet.

Dès lors, la sociologie ne peut pas écarter de son champ d’étude les groupes
humains constitués volontairement et involontairement en vue de coordonner
leurs actions pour la réalisation d’un objectif c’est- à dire, les groupes sociaux,
les organisations, et les différentes activités liées aux faits sociaux et sociétaux
d’où la sociologie générale, la sociologie des organisations, la sociologie du
travail, du sport du tourisme et autres.

La sociologie du tourisme peut se définir comme une «branche de la sociologie qui


étudie comment les acteurs construisent et coordonnent leurs activités à travers la production et la
consommation d’activités touristiques tourisme ».

A travers ce cours, nous tenterons d’analyser la genèse de la sociologie(les


Précurseurs, les Pères fondateurs, son processus d’institutionnalisation), sa
définition, son objet et ses méthodes, la problématique des études sociologique
sur le tourisme, le parcours de notions liée au tourisme, ses rapport avec la
socialisation sans oublier de faire une incursion dans la politique touristique du
se Sénégal et ses implications socio-économiques.

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CHAPITRE I : NOTIONS DE SOCIOLOGIE

Dans ce chapitre, l’on parlera des premiers penseurs qui ont jeté les bases de
ce qui sera plus tard la sociologie à savoir les Pères fondateurs, le Processus
d’Institutionnalisation de la discipline, sa Définition, son Objet et ses Méthodes
d’Analyse et d’Investigation.

I-GENESE DE LA SOCIOLOGIE

1-3 LES PERES FONDATEURS

Parmi ceux-ci, on peut noter Auguste Comte, Marx Weber, Emile Durkheim, Karl
.Marx, Alexis De Tocqueville etc

1-1-1 AUGUSTE COMTE (1798-1857) ;

Il est l’inventeur de néologisme « sociologie » en 1839 et c’est avec lui que la


sociologie tend à devenir une science et il la définie comme « l’étude positive de
l’ensemble des lois fondamentales propre aux phénomènes sociaux ».

1-1-2 EMILE DURKHEIM (1858-1917)

L’essentiel du travail de Durkheim consiste à promouvoir une sociologie


autonome comme toutes les autres sciences. Son travail trouve sa
reconnaissance en 1913 lorsque la chaire qu’il occupait à la Sorbonne prend le
nom de « Chaire de Sociologie » mais c’est en 1896 avec la création d’une Ecole
Française de sociologie avec la revue« l’année sociologique » qu’il réussit à imposer
une sociologie autonome.

Ses études sont concentrées dans la définition d’un objet spécifique à la


sociologie mais aussi d’un objet observable et explicable comme tous les autres
objets des autres sciences.

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1-1-3 MARCEL MAUSS

-Neveu de Durkheim, il poursuivra l’œuvre de son oncle après sa mort en


dirigeant la revue « l’année sociologique » .Toutefois, il se spécialise en ethnologie et
en histoire des religions ce qui fait de lui le fondateur de l’Ecole Française
d’ethnologie. Il crée l’institut français de sociologie en1924.

-Son principal apport dans la sociologie est le concept de « fait social total » qui
met en jeu la totalité de la société et de ses institutions. En outre selon lui, on
ne peut comprendre un phénomène social hors de l’ensemble des
caractéristiques de la culture dans laquelle il se déroule.

Des lors il marque la première distinction d’ordre méthodologique avec


Durkheim en ce sens que pour lui pour comprendre un phénomène social dans
sa globalité il l’analyse pas seulement du dehors comme une chose(Durkheim)
mais du dedans comme une réalité vécue(Mauss) d’où la différence entre la
Sociologie et l’Anthropologie.

1-1-4 KARL MARX (1818-1883)

Auteur de la fameuse assertion selon laquelle « les philosophes n’ont fait qu’interpréter
le monde diversement, il s’agit maintenant de le transformer », il constitue l’un des pôles
traditionnelle de la sociologie.

Son principe structurel de la réalité repose sur la dialectique. Ainsi pour lui
toute réalité est traversée par des forces contradictoires et leur lutte provoque
le changement en général sous la forme d’une rupture totale c’est à dire
révolutionnaire.

La pensée de Marx est centrée sur le « holisme » et le « déterminisme », c’est à


dire « ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur

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existence sociale qui détermine leur conscience » en d’autres termes l’individu est
déterminé par les structures de sa société.

1-1-5 MARX WEBER (1864-1920)

Pour Weber la sociologie est une science de l’action sociale. Ainsi à la


différence de Karl Marx et de Durkheim, il s’agit moins chez Weber de
comprendre la société et ses institutions que d’analyser à un niveau
microsociologique les actions individuelles ou les formes de relations
interindividuelles.

En somme, la sociologie est devenue aujourd’hui une science autonome qui


tourne autour des clivages entre individus et société qui présente une
opposition et une interdépendance d’où les deux grandes options de la
sociologie moderne qui divisent les pères fondateurs.

-Certains sont pour la conception holistique c’est à dire le tout explique la partie
donc la société façonne l’individu.

-D’autres pour la méthode ou conception individualiste selon laquelle le tout est la


somme des parties et où l’individu est l’atome logique de l’analyse sociologique.

Finalement la pensée sociologique est plurielle.

1-4 L’INSTITUTIONNALISATION : LES 03 REVOLUTIONS

Si la sociologie émerge au 19eme siècle des essais et tentatives d’expliquer les


fondements de la société, c’est parce que des transformations majeures
obligent les hommes à repenser les liens qui les unissent entre eux et les
unissent avec leur société. Ainsi selon Jean Duvignaud, « la sociologie peut être
présentée comme la ville des révolutions » Ainsi trois grandes révolutions ont été à
l’origine de l’éclosion de cette science et de son institutionnalisation.

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1-2-1 la déstabilisation politique

La sociologie est née dans une période (1815-1918) marquée par de profonds
bouleversements politiques, sociaux et militaires (la société de l’ancien régime
(noblesse, clergé, 1/3 état) est contestée par une nouvelle classe, la
bourgeoisie qui tente de mettre en place un nouvel ordre social plus égalitaire
largement analysé par Alexis de Tocqueville (1805 1859) « l’ancien régime et la
révolution » spécialiste des analyses politico- sociologiques de l’époque.

Cette déstabilisation s’est faite à l’échelle Européenne avec la multiplication


des mouvements contestataires malgré les répressions policières et militaires.
Certains sociologues comme Saint Simon, Comte, Durkheim adeptes d’un ordre
social stable y verrons les signes d’une fragilité des sociétés, d’une « pathologie »
de l’organisme social, d’où leurs préoccupations pour mettre fin à cette crise à
travers une grande réflexion intellectuelle.

1-2-2 la révolution industrielle

Elle a largement contribué à l’émergence de la sociologie. En effet,


l’industrialisation a été également celle des lois sociales qui ont connu une
profonde mutation entrainant (grèves, protestation, développement du
mouvement syndical…), dès l’ors la révolution industrielle a rendu obligatoire la
naissance d’une science pour s’occuper de la « question sociale » c'est-à-dire
comment mettre fin à ces troubles qui traversent l’Europe et qui sont le signe
d’une véritable « pathologie sociale ».

1-2-3 la révolution silencieuse

La révolution du 19eme siècle est également celle du progrès de la chimie, de


la physique et de la biologie qui vont transformer la perception que les hommes
ont de leur environnement matériel. Elles ont entrainé un bouleversement des
modes de vie tout en propulsant les outils de réflexion et d’analyse sociologique.

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En effet, beaucoup de chercheurs vont emprunter leurs modèles d’analyse à la
chimie, à la physique et à la biologie. Ainsi, les progrès dans les sciences de la
nature ont prouvé qu’un discours scientifiquement fondé peut permettre
d’intervenir sur la société et de répondre aux problèmes qu’elle pose.

Ainsi ces trois révolutions ont contribué à l’éclosion de la sociologie et à son


développement partout en Europe.

1-2-4 l’institutionnalisation : la sociologie comme science autonome

* La discipline a été enseignée pour la première fois à l’université de Kansas


précisément à LAWRENCE en 1890 par FRANK BLACKMAR avec pour titre
« éléments of sociology ».

*La première faculté de sociologie a été établie en 1892 à CHICAGO par Albion
Small.

*En Europe, le premier Département de sociologie a été fondé en 1895 à


l’université de Bordeaux par Emile Durkheim.

*En 1919 en Allemagne à Munich par Marx Weber.

*En 1920 en Pologne, et après la seconde guerre mondiale au royaume uni.

II-DEFINITION, OBJET ET METHODE DE LA SOCIOLOGIE

2-1 DEFINITION DE LA SOCIOLOGIE

Il est difficile de procéder à une définition de la sociologie, cependant il est


possible de distinguer deux niveaux de conception

-La conception microsociologique : étude de l’insertion des personnes dans le


groupe

- la conception méso-sociologique : étude de la dynamique des groupes, du


devenir de la société industrielle.

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Toutefois ces deux questions se résument à l’étude de « la société dans son sa
constitution, son organisation, son fonctionnement et son évolution » » (approche holistique).

Cependant, selon Weber, la sociologie est « une science qui se propose de comprendre
par interprétation l’action sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets »
(approche individualiste).

En somme, l’objet de la sociologie est double, elle s’intéresse à l’individu et à la


société, les comportements individuels et collectifs en tant qu’êtres socialisés
appartenant à des groupes sociaux en relation entre eux.

2-2 OBJET DE LA SOCIOLOGIE : LE FAIT SOCIAL

Elle est une discipline qui s’intéresse selon Durkheim au fait social mais qu’est-ce
qu’unfait social ?
Le fait social comprend tous les phénomènes, tous les comportements et toutes les
représentations qui répondent aux critères suivants :

-L’extériorité, le fait social est extérieur à l’individu, il ne se situe pas dans la sphère
individuelle mais collective, c’est-à-dire il n’est pas né avec l’individu et ne mourra
pas avec lui, il l’englobe et le dépasse.

-Le pouvoir coercitif: Le social s’impose aux individus donc ne résulte pas d’un choix,
d’une option individuelle, il est le fait d’une combinaison de plusieurs facteurs
sociaux, économiques, historiques, géographiques, politiques etc.… et cette
combinaison impose des contraintes à l’individu.

- La généralité : le fait social est marqué d’une certaine fréquence dans une
population dans un endroit et à un moment donné.

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En général, selon Durkheim, « le fait social est un phénomène fréquent et relativement étendu dans
une société, qui est au-dessus des consciences individuelles et qui les contraint. » (Approche holiste)

Cependant, selon Weber, la sociologie est « une science qui se propose de comprendre par
interprétation l’action sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets »
(approche individualiste).

En somme, l’objet de la sociologie est double, elle s’intéresse à l’individu et à la


société, les comportements individuels et collectifs en tant qu’êtres
socialisés appartenant à des groupes sociaux en relation entre eux.
2-3 LES METHODES DE LA SOCIOLOGIE

Les méthodes sociologiques se scindent en deux catégories


complémentaires, la méthode quantitative et la méthode qualitative.

2-3-1 La méthode quantitative

Elle permet d’étudier les ensembles, de comparer des unités vis-à-vis de


tendances générales, elle utilise comme outils les statistiques et les
sondages.

2-3-2 La méthode qualitative

Elle repose sur la description de la situation, l’observation détaillée et ses


outils sont l’entretien et l’observation.

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CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE DES ETUDES SOCIOLOGIQUES SUR LE TOURISME

Le tourisme constitue en ces temps modernes un phénomène majeur de la


société contemporaine avec à son actif des enjeux divers aux dimensions
multiples. En effet, le tourisme contemporain développe et pose une
véritable problématique à travers les enjeux économiques, politiques,
culturels, sociaux et environnementaux qu’il incarne et suscite.

On peut le comprendre comme un élément singulier qui s’insère dans le


changement des sociétés humaines en ce sens que le tourisme peut être
interprété comme l’un des éléments de la modernité en ce 21 e siècle
commençant.

I-LES AXES DE LA REFLEXION SOCIOLOGIQUE SUR LE TOURISME

En mobilisant les problématiques propres à la sociologie et à l’anthropologie,


on peut considérer le tourisme comme une entrée pertinente pour analyser
sous un jour nouveau différents aspects des sociétés contemporaines qui
sont par essence des sociétés complexes et soumises à des mutations très
rapides et d’une envergure parfois inquiétantes.

Ainsi les axes suivants sont les préoccupations sociologiques envers les
analyses sur le tourisme et ils se présentent comme les déterminants de
cette importante activité humaine ou d’autres aspects transversaux en
rapport avec la sécurité.

1-2 LES DETERMINANTS DU TOURISME

De nos jours, le tourisme est devenu une activité économique qui séduit tout
le monde, y compris les réticents d'hier (comme la Chine). Les facteurs les
plus couramment considérés comme influençant directement ou
indirectement la demande et la consommation touristique sont les

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facteurs économiques, politiques, socioculturels, écologiques et
environnementaux et même technologique.

1-1-1 les facteurs socio-culturels

Les aspects socioculturels sont très importants dans l’industrie et


l’économie du tourisme. En effet l’offre culturelle n’émane que de la
socioculture des pays concernés et en retour cette dernière détermine aussi
toute demande ou sollicitation ou préférence émanant de ce pays. Parmi les
facteurs sociaux pouvant influencer le tourisme, notons le vieillissement de
la population et la pyramide des âges, les valeurs morales, matérielles et
religieuses de la population concernée.

1- 1-2 Les facteurs politiques

Selon plusieurs analystes, les orientations politiques des états sont


fortement déterminantes dans la gestion des activités touristiques en
générale. En effet, les Etats selon leurs préoccupations peuvent booster ou
freiner les flux touristiques ou procéder à une gestion sélective
conformément à une certaine idéologie. Pour les facteurs politiques, la
plupart des pays ont pris des mesures et des mécanismes de lutte contre
toute forme de terrorisme international qui touche la sécurité des visiteurs.
La paix est un facteur déterminent pour les touristes, voire même un besoin
de première nécessité qui permet à ces derniers de profiter de leurs séjours
pour découvrir toutes les places en toute sécurité. De ce fait, les pays
d'accueils cherchent à assurer un sentiment de confiance chez les touristes
visiteurs afin de les fidéliser à ne pas changer leurs destinations pour leurs
prochaines vacances.

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1-1-3 Facteurs économiques

Concernant les facteurs économiques, on peut mettre l'accent sur le prix de


produit touristique offert dans les pays d’accueil. Ce facteur est parfois
primordial pour plusieurs touristes qui cherchent à minimiser leurs dépenses
et à maximiser leur consommation ou jouissance.

Ainsi, les facteurs économiques ne s'arrêtent pas au niveau des prix


seulement mais ils se résument dans le niveau d'inflation et le taux de
change qui séduit souvent les visiteurs.

1.1.4 Les facteurs technologiques

L’environnement technologique peut favoriser l'évolution du secteur du


tourisme surtout en ce 21e siècle qui est celui des innovations techniques.
En effet, la qualité des systèmes de communication, des d'infrastructures,
du transport et des équipements explique et détermine le choix du touriste.

1.1.5 Les facteurs écologiques

Ces facteurs peuvent être expliqués par le patrimoine naturel tel que la
faune, la flore, l'eau, l'air, etc. La pollution du fait de son impact sur la santé
peut être également un facteur qui influence les décisions des touristes.

1-2 LES FACTEURS EXOGENES INDISPENSABLES

1-2-1 la sécurité juridique

La sécurité juridique est la garantie des droits. Or, l'article 16 de la


Déclaration de 1789 dispose que « toute société dans laquelle la garantie des droits n'est
pas assurée, ni la séparation de pouvoirs déterminée, n’à point de Constitution ».ainsi La
sécurité juridique est d'abord garantie par la qualité de la loi et des
règlements en vigueur dans les pays d’accueil.
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Cette dernière doit être normative, c'est-à-dire dotés du pouvoir de prescrire,
interdire et de sanctionner. Un tel environnement juridique peut être
favorable à l’éclosion d’activités touristiques.

1-2-2 la sécurité judiciaire

La sécurité judiciaire est une conséquence de la sécurité juridique. Elle se


manifeste par une bonne formation des juges et une bonne fonctionnalité de
cours et tribunaux avec le respect des grands principes d’autonomie et
d’indépendance. L’insécurité judiciaire découle en Afrique de la qualité de la
loi à laquelle se couplent une jurisprudence instable, éparse et aléatoire,
parfois même inexistante.

Une difficile ou mauvaise exécution des décisions judiciaires et des


sentences arbitrales de même qu’une mauvaise formation des magistrats et
autres auxiliaires de justice sont des signes d’une insécurité judiciaire.. Dès
lors une bonne activité touristique exige un environnement sécurisé tant au
niveau des dispositions que des décisions de justice.

1-2-3 La bonne gouvernance

La bonne gouvernance est le processus par lequel les institutions publiques


conduisent des affaires publiques, gèrent des ressources publiques et
garantissent la réalisation des droits de l'homme sans abus ni corruption et
dans le respect de l'état de droit.

La gouvernance fait référence à l’ensemble des processus de gouvernement,


aux institutions et aux processus et pratiques en matière de prise de décision
et de réglementation concernant les questions d’intérêt commun. Du point
de vue des droits de l’homme, elle fait avant tout référence au processus par
lequel les institutions publiques conduisent des affaires publiques, gèrent

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des ressources publiques et garantissent la réalisation des droits de
l’homme.

Bien qu’il n’existe pas de définition internationalement reconnue de ce qu’on


appelle la bonne gouvernance, celle-ci peut couvrir les thèmes suivants : le
plein respect des droits de l’homme ; l’état de droit ; la participation
effective ; les partenariats multipartites ; le pluralisme politique ; la
transparence et l’application du principe de responsabilité dans les
procédures et dans les activités des institutions ; l’efficience et l’efficacité
du secteur public ; la légitimité ; l’accès à la connaissance, à l’information et
à l’éducation ; la disponibilité de moyens d’action politique ; l’équité ; la
viabilité ; des attitudes et des valeurs qui favorisent la responsabilité, la
solidarité et la tolérance.

Le Conseil des droits de l'homme a reconnu que les piliers de la


bonne gouvernance étaient :

 la transparence ;
 la responsabilité ;
 l'obligation de rendre compte de ses actes ;
 la participation ;
 la capacité de répondre aux besoins de la population.
1-2-4 l’Etat de droit
L'État de droit est un concept juridique, philosophique et politique qui
suppose la prééminence, dans un État, du droit sur le pouvoir politique, ainsi
que le respect par chacun, gouvernants et gouvernés, de la loi. En outre, le
concept d'État de droit désigne un État dans lequel la puissance publique est
soumise aux règles de droit. L'État de droit fait respecter l'égalité des
citoyens et la séparation des pouvoirs. Il s'oppose ainsi à la notion de pouvoir
arbitraire
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Ceci constitue une approche où chacun, l'individu comme la puissance
publique est soumis à un même droit fondé sur le principe du respect de ses
normes.

L'État de droit repose sur trois piliers :

Le respect de la hiérarchie des normes ;

L’égalité des citoyens devant la loi ;

La mise en place de la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et


judiciaire.

En somme, la problématique des études sociologiques sur le tourisme couvre


presque tous les champs d’évolution des acteurs sociaux que nous Sommes.

En effet, la sociologie en investissant le champ touristique s’intéresse à tous


les grands équilibres socio-culturels, macro et micro-économique, politiques,
technologique, environnementale sans oublier les aspects exogènes mais
qui sont d’une importance telle qu’aucune activité touristique n’est
envisageable sans leur existence et leur maitrise.

Enfin, la sociologie du tourisme cherche à mieux comprendre et à créer des


cadres de partage entre les états à travers la diversité de leur offre, de leurs
écosystèmes et de leur environnement au sens multidimensionnel.

II- LES FINALITES PEDAGOGIQUES DE LA SOCIOLOGIE DU TOURISME

En abordant les différents déterminants historiques, sociaux et


culturels du tourisme et en fournissant quelques outils analytiques de
base (valeurs, représentations, socialisation,), le cours de sociologie
du tourisme et des loisirs a également pour finalité d'apporter des
éléments utiles à la compréhension du phénomène touristique et des
divers comportements de ceux qui le pratiquent.

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Le cours de sociologie du tourisme et des loisirs poursuit les objectifs
spécifiques suivants :
* Initier les étudiants à l'analyse sociologique et ses principaux outils
de base et les sensibiliser à leur utilité aussi bien en tant que touriste
et consommateur de loisirs que professionnel du tourisme ou citoyen.
*Fournir aux étudiants les outils sociologiques nécessaires à la
compréhension des goûts et comportements touristiques et de loisirs
(valeurs, rationalités, diffusion culturelle, habitus sociaux, capitaux, etc.)

*Permettre de comprendre les facteurs sociétaux nécessaires au


développement du tourisme massifié ou démocratisé ainsi que de situer la
place et le rôle des loisirs au sein de nos sociétés en constante évolution.

*Permettre de comprendre les principaux enjeux socioéconomiques et


culturels liés à la problématique du tourisme durable aussi bien en identifiant
les problèmes (répartition inégalitaire des richesses, inclusion des
populations, folklorisation des cultures, etc.), que certaines solutions
potentielles (principes du tourisme social, épanouissement par les loisirs,
etc.)

CHAPITRE III : CONSIDERATIONS GENERALES SUR LE TOURISME

I-LE TOURISME : UN POINT D’HISTOIRE

Les termes « tourisme » et « touriste » furent utilisés officiellement pour la


première fois par la Société des Nations pour dénommer les gens qui
voyageaient à l'étranger pour des périodes de plus de 24 heures.

Pour qu'il y ait tourisme, quatre paramètres essentiels doivent être réunis

1. le goût de l'exotisme, de la découverte d'autres cultures ;


2. de l'argent disponible pour des activités non-essentielles ;

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3. du temps libre ;
4. des infrastructures et moyens de communication sécurisants et
facilitant le voyage et le séjour.

Le terme de « tour » devint populaire en Grande-


Bretagne au XVIIIe siècle quand le (Grand Tour de l'Europe) devint une part de
l'éducation des jeunes et riches gentilshommes britanniques.

En effet, ce voyage visait un parachèvement de l'éducation des jeunes


aristocrates par les expériences de sociabilité faites au cours du voyage et
ces derniers en profiter également pour fuir le mauvais temps de leur île
natale. Ainsi nombre de jeunes gens allaient partout en Europe, mais surtout
en des lieux d'intérêt culturel et esthétique comme Rome, la Toscane ou
les Alpes et les capitales européennes.

Le début de l'industrialisation du tourisme fut une invention britannique


au 19 siècle, avec notamment la création de la première agence de voyage
par Thomas Cook.

Le tourisme de masse ne commença à se développer que lorsque les moyens


de transport eurent progressé et que le nombre de gens bénéficiant de temps
libre eut augmenté. En effet, le développement du réseau ferré au 19e siècle
et la colonisation font donner un coup de fouet au tourisme de masse.

II-DEFINITION DU CONCEPT TOURISME

Le tourisme est le fait de voyager dans, ou de parcourir pour son plaisir, un lieu autre
que celui où l'on vit habituellement, ce qui peut impliquer la consommation d'une nuitée
auprès d'un hôtelier et éventuellement la réservation de titre de transport.

Initialement rattaché aux loisirs et à la santé, le tourisme englobe désormais


également l'ensemble des activités économiques auxquelles la personne fait
appel lors d'un déplacement inhabituel (transports, hôtels, restaurants, bars,
etc.).
20
Quatre organisations internationales (Commission de statistique des Nations
unies (en), Organisation mondiale du tourisme, Eurostat et OCDE) ont défini
ce terme. « Le tourisme comprend les activités déployées par les personnes au cours de leurs
voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour
une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour affaires et autres
motifs non liés à l’exercice d’une activité rémunérée dans le lieu visité. » 1

Il peut s'agir, par exemple, d'un voyage d'affaires (on parle alors de « tourisme
d'affaires ») ou d'un pèlerinage religieux « tourisme culturel »ou encore de
voyager dans le but d'avoir des relations sexuelles avec des autochtones
(« tourisme sexuel »)ou gastronomique , tourisme gastronomique . On peut
également se faire soigner dans un autre pays que celui dans lequel on
réside, on parle alors de tourisme médical.

Le tourisme a donné naissance à une véritable industrie lorsque les classes


moyennes des pays occidentaux (Europe et d'Amérique du Nord) ont pu
commencer à voyager. C'est l'amélioration générale du niveau de vie qui a
permis aux gens de se consacrer davantage à leurs loisirs et notamment au
tourisme, sans oublier les progrès considérables en matière de transports
(transport maritime, ferroviaire mais surtout aérien).

III-EVOLUTION DU TOURISME

Pour son évolution quelques repères nous paraissent significatifs

*Tout débute en 1700 (18e siècle) avec le « tour » organisé par les
aristocrates anglais. Durant cette époque, le tourisme fait office de rite
initiatique pour parfaire leur éducation et leur socialisation par les
gentlemen anglais à travers un processus d’émancipation personnalisante.

*au début du 20 siècle, s’enclenche un processus de démocratisation et de


généralisation de l’activité touristique avec l’avènement des agences dont le
premier est institué par Thomas Cook en 1841.

21
La bourgeoisie manufacturière et les rentiers suivent ce mouvement amplifié
par les salariés d’une part de la classe moyenne qui bénéficie désormais
d’une amélioration de leur condition de traitement et d’autre part par les
cheminots avec le développement du chemin de fer et la gratuité de leurs
voyages à travers ce puissant moyen de transport qui a complètement
révolutionné le secteur du transport en Europe.

*les années d’après seconde guerre mondiale ont déclenché à travers les
30 glorieuses un processus de massification du tourisme qui est devenu un
tourisme de masse favorisé par le désir d’évasion et les progrès
technologiques révolutionnaires. Ainsi l’après seconde guerre marque le
début du triomphe d’un loisir marchand.

* dans les années 60, le tourisme hédoniste (recherche du plaisir) supplante


progressivement le tourisme de divertissement et d’émancipation.

En effet les quatre S ( Sex, Sea, Sand, Sun ) remplace les 3 D ( Délassement,
Divertissement, et Développement de la personnalité).

*le 21 siècle avec les NTIC change la donne et fait des touristes de véritables
consommateurs avertis. En effet les NTIC développe une évolution de la
mobilité qui tend vers l’hyper mobilité et le phénomène de l’E-tourisme.

Toutefois, la dangerosité de la géopolitique mondiale avec la montée du


terrorisme modifie les comportements des acteurs (touriste, Tour Opérator
et décideurs).

22
CHAPITRE IV : LES ENJEUX SOCIOLOGIQUES DU TOURISME
Le tourisme en tant que fait social du fait de sa place importante dans les
processus de socialisation et d’accumulation et de création de richesse est
au centre de plusieurs enjeux à la fois socio culturel , économiques ,
politique, écologique et environnementaux qui méritent d’être analysés.

I-LE TOURISME : UN FAIT SOCIAL TOTAL

Considéré pendant longtemps comme une affaire des économistes et des


géographes, le tourisme tout au cours du 20e siècle n’a cessé de par son
importance dans les dynamiques locales de développement et les
interactions interculturelles s’est érigé en une activité qui intéresse à plus
d’un titre les sociologues et anthropologues du monde.

En effet, plébiscité comme un outil de développement économique, dénoncé


comme un nouveau colonialisme, le tourisme est un enjeu de politique locale
en même temps qu'un facteur déterminant de la globalisation. Ainsi
plusieurs production le concernant ont vu le jour dont

le premier ouvrage de la collection Repères consacré au tourisme


intitulé Sociologie du tourisme. Des auteurs ont participé de près au
développement de ce domaine de recherche comme Saskia Cousin,
anthropologue et maîtresse de conférences à l'IUT de Tours qui a consacré
sa thèse aux « usages et enjeux des politiques de tourisme culturel »,
Bertrand Réau, sociologue et maître de conférences à l'Université Paris I, a
soutenu une thèse sur « l'univers des villages de vacances » ;

Cet ouvrage témoigne de l'émergence d'un regard sociologique sur un objet


qui était, « jusqu'au début des années 2000, le monopole quasi-exclusif des
géographes et des économistes ». Les auteurs se proposent ici
d'appréhender le tourisme comme un « fait social total » afin d'en éclairer les
enjeux politiques, sociaux, culturels, et de distinguer plus précisément « les
23
pratiques et motivations des touristes », les « marchés et les métiers du
tourisme ».

En effet du fait de sa généralité, de son extériorité par rapport à la condition


humaine et de sa nécessité en tant qu’activité personnalisante, éducative et
thérapeutique, le tourisme est devenu en ce 21 e siècle commençant un
véritable fait social qui mérite d’être étudier par la sociologie d’où la
sociologie du tourisme.

Cette branche de la sociologie vient à son heure et cherche à édifier les


acteurs et décideurs sur l’importance de ce phénomène, ses implications et
impacts socio-économiques dans les processus d’accumulation de
recherche, de génération de revenus et d’offre d’emploi en somme dans les
politiques et stratégies de développement de nos sociétés modernes

II-LES ENJEUX SOCIETAUX

Les hommes ont toujours voyagé. Migrations de peuplement, conquêtes


militaires, échanges commerciaux, pèlerinages religieux mettent en
mouvement des hommes et dans une moindre mesure, des femmes,
depuis des temps immémoriaux. Mais les curiosités et l'éventuel plaisir
de la pérégrination ne sont alors que des à-côtés du voyage et non sa
raison d'être. Le tourisme - c'est-à-dire le voyage d'agrément - est apparu
à la fin du XVIIe siècle en Angleterre.

Quatre siècles plus tard, le tourisme est devenu un loisir de masse. Il


provoque les plus importantes migrations que l'humanité ait jamais
connues. Selon l'Organisation mondiale du tourisme. 898 millions de
personnes ont voyagé hors de leur pays en 2007 à des fins touristiques.

24
Mais au-delà de l'effet de nombre, les motivations de l'homo
touristicus contemporain ne diffèrent guère de celles de ses
prédécesseurs. Les Voyages sont guidés par l'initiation ou la découverte,
la recherche du bien-être, le ressourcement, l'aventure ou le
dépaysement:

La critique des touristes, ces "pèlerins modernes qu'aucune foi n'anime",


selon l'expression du sociologue Jean-Didier Urbain, est d'ailleurs aussi
ancienne que le tourisme lui-même. Il lui est reproché, pêle-mêle, sa
superficialité, son caractère grégaire, son indifférence aux sites visités,
sa négation de l'art du voyage. S'y ajoute aujourd'hui une critique
environnementale (destruction de sites naturels, émissions de gaz à
effet de serre liées au transport) et politique (marchandisation des sites
et des paysages, pratiques néocoloniales vis-à-vis des populations
locales).

Le tourisme peut créer des effets « collatéraux » sociaux-culturels (perte


d'identité, acculturation, prostitution, folklorisation des sociétés
traditionnelles, « consommation des mœurs »…)

La « massification » du tourisme qui se produit à partir des années 1960


s'accompagne d'un maintien et d'une recomposition des inégalités sociales.
En effet, Les écarts entre les cadres supérieurs et les ouvriers, se sont même
creusés depuis une dizaine d'années des enquêtes ethnographiques
témoignent des malentendus entre touristes et « population locale »,.

L’industrialisation du tourisme se traduit par des rapports de force inégaux


entre les groupes internationaux et les pays d'accueil, d'où une « dépendance
touristique ».

25
En réaction à ces excès se développent des formes de tourisme
alternatives, moins consommatrices et davantage respectueuses des
populations et de l'environnement (écotourisme, tourisme solidaire ou
communautaire)

III-LES ENJEUX SOCIO-ECONOMIQUES

De nombreux pays ont compris l’importance d’exploiter tout potentiel de


croissance dont ils sont dotés. C’est ainsi que le tourisme est venu à occuper
une place de choix dans beaucoup de pays, y compris dans les plus
développés. L’apport de ce secteur à la croissance n’est pas des moindres :
c’est une source de revenus et de recettes en devises appréciables, mais
également de grands gisements d’emploi potentiels.

Le tourisme au niveau international a généré en 2011 1075 milliards de


dollars de recettes pour 1,035 milliard de voyageurs avec une hausse de
4% par rapport a 2011. Il contribue à l’atteinte des OMD à travers la
valorisation des ressources culturelles et naturelles, l’accès aux services
sociaux de base et la création d’emplois.

Le tourisme, secteur en nette progression depuis un demi-siècle, avec plus


de 900 millions de touristes en 2009, générant un chiffre d’affaires de plus
de 620 milliards de $ (10% du PIB mondial et employant 200 millions de
personnes, … constitue de ce fait la première industrie de la planète.

Au Sénégal, l’industrie du tourisme est un levier majeur de l’économie.


En effet, il est le deuxième secteur pourvoyeur de devise après la pêches,
le deuxième pourvoyeur d’emplois après l’agriculture et contribue pour
7% du PIB.

Pour exploiter ces opportunités, des puissances économiques comme les


Etats Unis et la France, n’ont pas hésité à investir massivement dans le
développement des activités touristiques.
26
Des pays en développement ont fait de même et ont réussi à attirer chaque
année des millions de touristes. Nos voisins, le Maroc et la Tunisie ont élevé
le tourisme au rang de l’une de leurs principales sources de devises.

Ainsi sous sa dimension économique et au plan mondial, l’industrie


touristique représente le premier poste des échanges et génère plus de 10%
du PNB, une industrie capitalistique de plus en plus concentrée aussi bien
au niveau de la production (voyagistes, tours opérateurs, hôtellerie) que de
sa distribution (agences de voyages, billetteries électroniques), avec tous les
risques inhérents.

Si les bénéfices reviennent surtout et souvent aux acteurs du Nord


(Compagnies aériennes, tours opérateurs, chaînes hôtelières, …), les maux
du tourisme sont d’abord le lot des pays hôtes (hyper concentration des
infrastructures, spéculation foncière, surexploitation, emplois précaires,
travail des enfants, prostitution, hausse des tarifs de l’eau, …).

Le tourisme de masse demeure la première forme du secteur et évolue dans


un contexte très concurrentiel qui se concentre dans un nombre limité
d’intervenants dans la « chaîne touristique » et davantage de pays,
notamment du sud, participent au tourisme international.

Au-delà des effets positifs socioéconomiques générés à travers le tourisme


de masse, le secteur du tourisme est également une source de nuisances en
engendrant de nombreux effets néfastes d’ordre social, culturel et
environnemental, sans pour autant faire bénéficier économiquement les
populations locales.

Aujourd’hui, le tourisme est devenu une véritable industrie qui mobilise


d’énormes moyens et de ce fait exerce un effet d’entraînement indéniable
sur pratiquement tous les autres secteurs de l’économie.

27
Il fait appel en effet à des moyens de transport pour acheminer les visiteurs
vers leur destination puis pour y assurer le déplacement sur place.

Il met à contribution des structures d’hébergement de différentes


catégories (des auberges, des camps de toile, des campings caravaning, des
gîtes ruraux, …) pour loger les touristes selon leurs moyens et leurs souhaits.
Les agences de voyage s’occupent de la prospection des meilleures
destinations touristiques et organisent les voyages et les séjours.

L’autre secteur largement sollicité est indéniablement la restauration, ce à


quoi s’ajoutent les centres de loisirs et de recréation, les établissements
culturels, les installations sportives.

L’artisanat est un autre secteur qui se trouve fortement stimulé par une forte
arrivée des touristes. Quand ils arrivent dans un pays, les visiteurs souhaitent
découvrir ses coutumes et us, goûter à sa cuisine, prendre part à ses fêtes et
activités locales.

Ils dépensent également des sommes appréciables dans l’achat d’objets de


l’artisanat local qu’ils emportent comme des souvenirs de leur passage dans
la région. On pourrait dire que le tourisme est en quelque sorte apparu dans
certains pays comme une planche de salut pour les métiers de l’artisanat.
Ces deux activités constituent aujourd’hui un duo contribuant très
activement au développement économique local dans de nombreux pays.

IV-LES ENJEUX SOCIO-ECOLOGIQUES

Le tourisme est souvent une ressource économique locale mais qui parfois
ne profite que peu aux populations autochtones et qui ne produit pas que des
effets positifs. Ainsi des impacts environnementaux et énergétiques
gangrène cette activité du 21e siècle qu’est le tourisme.

28
Le tourisme frappe l'environnement et est à son tour touché par la
dégradation de la nature. Le tourisme vert et les touristes en général
recherchent notamment des environnements et une biodiversité préservée
ou de qualité. Mais il est actuellement source de dégâts
environnementaux non compensés.

Parmi les problèmes les plus fréquents :

*la pollution et nuisances (déchets laissés par les


touristes, bruit et dérangement),

*la consommation d'espaces,

*la surexploitation des ressources (tourisme de chasse et pêche, récolte


d'espèces rares, coquillages, animaux empaillés, etc.), consommation de
viande de brousse,

*La dégradation ou destruction d'écosystèmes et de paysages, en


particulier littoraux, par la sur fréquentation ou à la suite des aménagements
et constructions touristique.

.la destruction d'habitats et milieux naturels ou terres cultivables.

*Certaines formes de tourisme ont une empreinte


énergétique particulièrement élevée (transports aériens, grandes croisières,
etc.).
À titre d'exemple, une étude a montré qu'en 2006, rien que le transport des
touristes français a produit 6 % des émissions de gaz à effet de serre (GES)
du pays, 5 % des touristes ont émis 50 % du total des émissions liées au
tourisme (rien qu'en se transportant sur leur lieu de vacances), et 10 % des
touristes ont émis près des deux tiers des GES ».

En 2007, un sommet de l'OMT sur le climat et le tourisme s'est conclu sur


une Déclaration finale qui engage le secteur du tourisme à réagir rapidement
29
à la modification du climat s'il veut connaître une croissance rapidement à
la modification du climat s'il veut connaître une croissance durable.

V-LES ENJEUX SOCIO-POLITIQUES

Le tourisme est souvent utilisé à des fins de propagande coloniale par la


France de la première moitié du XXe siècle dans ses rapports avec ses
anciennes colonies.

Après-guerre, le tourisme est intégré dans les rapports de planification


économique des Trente Glorieuses : Le rôle politique du tourisme est
également très sensible en Chine, notamment depuis l'arrivée au pouvoir de
Deng Xiao Ping. Il se traduit par une « folklorisation » des minorités
ethniques, organisée par le pouvoir central pour servir le nationalisme.

Ces enjeux de pouvoir sont également analysés à un niveau plus local : le


patrimoine est le lieu d'exposition des pouvoirs, un moyen de légitimer les
politiques culturelles et patrimoniales qui s'adressent aux touristes mais
aussi aux notables et résidents secondaires.

En somme, « le tourisme, ses flux et ses produits sont un moyen de construire et de


transformer des pouvoirs » et que « la capacité d'appropriation des acteurs locaux s'amoindrit
à mesure que s'impose l'Etat ou que s'installent les multinationales ».

VI-TOURISME ET LA MONDIALISATION : l’intégration sociale

Le tourisme est devenu un fait de société, ses domaines n’ont cessé de


s’élargir : éducatif, social, culturel, économique, et médiatique. Il a réussi à
pénétrer la sphère même de la santé et du bien-être des sociétés, puisqu’il
est devenu un facteur de production et de construction du lien social.

30
Au vu de ce large éventail que coiffe le tourisme, pouvons-nous affirmer
doncque celui-ci raffermit le lien social et contribue à sa production ? Le
tourisme pourra-t-il avoir un effet positif sur le vivre ensemble qui est
aujourd’hui menacé par la croissance de l’individualisme qui caractérise
toutes les sociétés contemporaines ?

La présente communication a pour objet de développer quelques


réflexions sur la relation existant entre le tourisme (sa pratique) et la
problématique du lien social. Aussi convient-il de s’interroger sur le
tourisme en tant que vecteur de production et de construction du lien social

A l’ère du tout communicationnel et de l’individualisme qui caractérise nos


sociétés contemporaines, le tourisme en tant que pratique peut
effectivement constituer un vecteur générateur de liens et de rapports
sociaux contribuant ainsi au rapprochement et au raffermissement des
liens entre différentes sociétés.

Certaines théories font du touriste « la métaphore de l'individu postmoderne


ou contemporain », « de l'individu mobile et mondialisé » ces mobilités de
loisir restent très hétérogènes, réservées aux élites cosmopolites et sont
analysées comme un « phénomène néocolonial ».

Des auteurs montrent que si les labels du tourisme culturel, puis du tourisme
durable, constituent une modalité valorisée et respectable du tourisme, par
opposition au « tourisme de masse », ils servent aussi à légitimer certaines
institutions internationales et peuvent servir d'argument en faveur de la
mondialisation.

Le tourisme apparait comme un « grand récit » présenté comme « une


modalité d’échange économique et culturel respectueuse des traditions et
des valeurs des sociétés visitées » autour de « l’idéologie d’une société
mondiale unie par sa mobilité ».
31
Toutefois la mondialisation malgré ses multiples avantages économiques et
financiers pose une inquiétude dans sa dimension culturelle.

En réalité ce rouleau compresseur, cette vague déferlante qu’est la


mondialisation tendant vers une unification et une « uniformalisation » des
systèmes culturelles mondiaux cache un certain « American way life ». En
effet, la mondialisation culturelle n’est pas une synthèse des cultures du
monde mais elle est plutôt l’érection d’une culture occidentale au rang de
culture universelle mettant à rude épreuve une des caractéristique
fondamentale de la culture qui est sa relativité (il y a pas de peuple sans
culture mais chaque peuple a sa propre culture). Le tourisme selon Boniface
Pascale « en plus de la circulation des hommes et des idées favorise
l’ouverture des peuples et la démocratisation des sociétés ».

Toutefois il présente une certaine fragilité avec la montée du terrorisme


international qui a fini par gangrener toute la géopolitique mondiale du
tourisme.

32
CHAIPTRE V : LA FONCTION SOCIALISANTE DU TOURISME

I -NOTION DE SOCIALISATION

1-1DEFINITION DU CONCEPT
L’être humain né sociable et socialisable. Sociable parce qu’aspirant à
communiquer avec ses semblables et socialisable parce qu’arrivant dès sa
naissance dans une société caractérisée par des structures, des conventions,
en somme une culture.

Cette dernière peut être définit selon Guye rocher comme « l’univers mental, moral et
symbolique commun à une pluralité de personnes grâce auquel et à travers lequel ces personnes
peuvent communiquer entres elles, se reconnaissent des liens, des attaches, des intérêts communs,
des divergences et des oppositions, se sentent enfin chacun individuellement et toutes
collectivement membre d’une même entité quiles dépasse et qu’on appelle un groupe, une association, une
collectivité, une société ».

Toutefois, la socialisation ne se décrète pas mais s’inscrit dans un processus


qui a un début (la naissance) mais pas une fin.

Ce processus de socialisation peut être conçus comme « un processus par lequel la


personne apprend et intériorise tout au cours de sa vie leséléments socioculturels de son milieu, les
intègre à la structure de sa personnalité sous l’influence d’expériences et d’agent sociaux. »

1-3 LE MECANISME DE LA SOCIALISATION

La socialisation en tant que processus s’opère à travers d’une part des


agents socialisateurs et d’autre part des milieux socialisateurs qui sont
1-2-1 Les agents socialisateurs

Les agents socialisateurs sont des structures socio professionnelles formelles


ou informelles qui ont pour mission déclarée ou tacite d’inculquer à l’individu
(candidat à la socialisation) certaines valeurs sociales, spirituelles ou
33
institutionnelles conformément aux normes et modèles de la société dans
laquelle il est appelé à vivre. Parmi ces agents, on peut noter : la famille,
l’école, le groupe de pairs l’université, l’entreprise etc. dans cette
dynamique, même le tourisme est devenu un puisant agent socialisateur
des temps modernes.

1-2-2 les milieux socialisateurs

Les milieux socialisateurs sont des structures socio-économiques, politiques ou


culturels à travers lesquels le socialisé doit puiser ses modèles sociaux.

Parmi ces milieux, on peut noter les milieux d’appartenance (cadre d’évolution
de l’individu) et les milieux de référence (milieux lointains d’où l’on tire ses
référentiels). Dans cette perspective, le tourisme est devenu le cadre par
excellence de réunification de plusieurs milieux socialisateurs qui entrent
en interaction dynamiques.

1-4 LE TOURISME ET LE PROCESSUS DE SOCIALISATION

Le tourisme en tant qu’activité sociétale comporte une dimension


socialisatrice extrêmement importante. En effet, par sa pratique, il participe
à l’émancipation de l’homme et au parachèvement de sa personnalité. En
fait le tourisme, constitue une activité d’expression socioculturelle mais
aussi d’épanouissement personnalisante.

Le touriste qui débarque dans une région inconnue entame directement un


processus d’adaptation à travers un mécanisme d’assimilation et
d’accommodation qui lui permet de réussir son intégration et de s’engager
dans une dynamique de re-socialisation ou de socialisation secondaire.

*l’assimilation, comme processus de construction ou d’enculturation


secondaire correspondant à l’intégration de nouvelles valeurs et leur
incorporation dans la structure de la personnalité. (De nouvelles pratiques
34
langagières, de nouvelles normes sociales et institutionnelles, de nouvelles
pratiques ludo- sportifs…..).

*L’accommodation comme un processus complémentaire à l’assimilation


et qui s’impose à chaque fois que la réalité extérieure c’est à dire culturelle
nous plie à ses exigences et nous oblige à nous adapter au prix d’une
violence sur nous-même. (L’enfant et le ballon remplie d’air).

Le processus de socialisation se distingue par deux phases : une


socialisation primaire (inculcation par la famille et l’école des normes et
valeur pendant les premiers âges) et la socialisation secondaire
correspondant au même processus mais en provenance du milieu du travail
et des rencontres. Sachant que les instances classiques de socialisation
telles que la famille et l’école traversent une phase difficile (crise des
institutions sociales classiques), le tourisme peut être une alternative
socialisante et socialisatrice.

Dans cette perspective, la place du tourisme dans le processus de


socialisation de l’individu est qu’il peut se «substituer » ainsi à des
institutions telles que la famille et l’école qui apparaissent et nous donnent
l’impression qu’elles sont débordées et dépassées, car on assiste à un
relâchement de ces deux institutions.

En somme, le tourisme apparait ainsi comme un puissant agent


socialisateur l’image de la famille, de l’école et de l’entreprise et un cadre
de réunification de plusieurs milieux socialisateurs à travers une diversité
culturelle fortement socialisante.

35
I- LA DIMENSION SOCIALISATRICE DU TOURISME

2-1 LA SOCIABILITE TOURISTIQUE


La Sociabilité désigne donc toutes les pratiques qui scellent des
interactions de face à face qui peuvent aider à tisser des liens qui peuvent
se transformer en réseaux que les individus élaborent à cette occasion. Il
englobe entre autre les échanges sociaux, qui sont vecteurs de services
que les réseaux d’appartenance activent.

L’individu noue et tisse des liens primaires avec ses groupes primaires, ses
«groupes d’attache» tels que la famille, puis ce réseau relationnel se
développe à toutes les autres institutions de la société par l’intermédiaire
du processus de socialisation.

Le tourisme et tout ce qui gravite autour participe à cette construction du


lien sociale. Il peut aussi constituer un élément fondamental dans la
production du lien social puisque l’échange que procure cette pratique peut
s’avérer très intéressante dans la construction non seulement des liens réels
mais aussi symboliques en parallèle avec les constructions identitaires de
l’individu.

Cette construction de liens sociaux et sociétaux à travers les relations de


sociabilité dépendent d’activités qui sont-elles mêmes le produit à des
degrés divers de relations avec autrui d’où la possibilité des lors de parler
de l’existence d’une sociabilité touristique qui est une réalité devenue
incontournable à travers l’activité touristique.

Ainsi, le tourisme peut avoir un rôle dans les processus de construction, de


reconstruction et de déconstruction des formes de sociabilité des
individus et des populations concernés. Les « manifestations de la
sociabilité qu’engendre le tourisme, sont les multiples manières d’être lié
par le tout et dans le tout » (GURVITCH 1968).
36
L’association d’un groupe d’individusà travers le tourisme peut constituer
« une instance de production et d’échange de lien social en tant qu’espace
de socialisation. On y apprend à intérioriser des normes et des valeurs
propres à des cultures différentes (symbiose culturelle) à travers une
sociabilité renforcée génératrice d’un plaisir de vivre ensemble.

2-2 LA PROMOTION DU VIVRE ENSEMBLE

La question du vivre en société a toujours occupé l’esprit humain. Les plus


grands philosophes se sont penchés sur cette question sous plusieurs
angles et plusieurs points de vue, ce qui explique toute la difficulté de la
définir. Selon Alain Touraine (1997), la difficulté de définir la notion du
vivre-ensemble s’explique par le paradoxe qui se trouve au cœur des
sociétés pluralistes : comment créer l’unité dans la diversité sans perdre
de vue le principe de l’égalité

De nos jours, à l’ère de la super-diversité, la problématique du vivre


ensemble n’est plus simplement question de vivre en société, mais de vivre
dans des sociétés qui sont caractérisées par une présence grandissante de
la diversité dans toutes ses formes : comment peut-on vivre ensemble malgré
toutes les différences qui nous séparent? Si la question du vivre-ensemble
n’est pas tout à fait nouvelle, elle se pose dans de nouveaux contextes et
dans des situations inédites. Le vivre-ensemble émerge d’abord d’une série
de réflexions sur la difficulté de garantir l’harmonie sociale dans les sociétés
contemporaines, mais, de plus en plus, ce « concept valise » est mobilisé pour
des besoins institutionnels à l’échelle internationale, nationale et de façon
très intéressante,

De ce qui précède, on peut d’ores et déjà affirmer que le tourisme permet


de développer et de créer (ou produire) le lien social, sachant que le
tourisme est une activité collective e t se pratique

37
essentiellement en groupe. D e s l o r s , i l a p p a r a i t c o m m e u n
p u i s s a n t m o y e n d e r e n f o r c e m e n t d u v i v r e e n s e m b l e . Le
bien vivre ensemble repose sur le respect mutuel, l'acceptation de la
pluralité des opinions, des interactions dans l'ouverture et la coopération,
des relations bienveillantes, ainsi que sur le refus de s'ignorer ou de se nuire
qui sont garantis par le tourisme.

Le tourisme en tant que facteur de socialisation dans la mesure où il


permet la production du lien social ainsi que les valeurs d’intégration qu’il
véhicule, peut contribuer à la promotion de la citoyenneté dans la société.

Le tourisme a aussi une fonction thérapeutique en dehors de sa vocation


médicale. En effet, le tourisme soigne et permet de rétablir des équilibres
psychosociologiques et peut prendre une dimension médicale à travers les
échanges de compétences en ce domaine entre peuples.

En somme, le tourisme est un facteur de cohésion sociale puisqu’il


s’appuie sur des valeurs fondées sur le respect de la règle des autres et
de soi-même et de surcroit les valeurs propagées par le tourisme aideront
à une meilleur socialité au sein même de la société d’où les vertus
touristique de renforcement de la cohésion sociale à travers la diffusion et
la pérennisation du vivre ensemble entre les peuples.

1-3 LES MEFAITS SOCIO CULTURELS DU TOURISME

L’importante fonction socialisatrice du tourisme ne cache-t-elle pas une


mission destructrice et déstabilisatrice à travers plusieurs méfaits qui
méritent d’être analyser.

En fait Si le tourisme apporte ainsi des vertus participant à l’intégration


sociale et à la cohésion nationale, à la santé, n’est – il pas aussi confronté
à ses propres dérives ?

38
En effet, malgré toutes les vertus que le tourisme peut générer en tant
qu’institution de socialisation, il ne faudrait pas surestimer celui-ci puisqu’il
peut représenter un handicap social au vu de toutes les dérives auxquelles
il est confronté.

Un autre problème très important qu’engendre le tourisme c’est celui de


l’adéquation/ l’inadéquation des règles du tourisme et desrègles sociales
en générale: elles ne sont et ne peuvent être toujours en adéquation, ce qui
renforce notre hypothèse que le tourisme à un certain moment peut
constituer un handicap social e t un fardeau pour nos
systèmes éducatifs.

Toutefois en dehors de ces méfaits, il y a d’autres vertus que le tourisme


peut apporter puisque celui-ci peut constituer un apport psycho –
sociologique relationnel non négligeable et même se déployer vers
d’autres champs alternatifs.

39
CHAPITRE VI: LE TOURISME ALTERNATIF

Malgré sa place déterminante dans la création de richesse et d’emplois, le


tourisme exerce plusieurs pressions sur l’environnement, le territoire, le
patrimoine et les ressources sans oublier ses agressions sur l’éducation et
la société en générale.

Face à ces méfaits et revers socio-économiques l’on assiste au


développement du tourisme alternatif, en apparence plus soutenable et
respectueux de l’environnement (tourisme de nature, tourisme vert, tourisme
d’aventure, tourisme de proximité, écotourisme, agritourisme, tourisme
solidaire et équitable, …).

En partant de ce constat, notre principale interrogation est la suivante :

« Comment sans nuire, on peut toujours continuer à voyager ? ».

Ainsi un autre tourisme est donc possible, un nouveau tourisme (néo-


tourisme) : le tourisme alternatif. Il permet de bénéficier aux populations
locales et ce par des objectifs communs de développement sous des formes
nouvelles aux valeurs nouvelles : tourisme solidaire, tourisme
communautaire, tourisme équitable, écotourisme.

I-LES AXES DU NEO -TOURISME

1-5 LE TOURISME SOLIDAIRE ET EQUITABLE


Ce tourisme s’inscrit dans une perspective à la fois responsable et équitable
directement associé à des projets de solidarité ( construction d’école , de
poste de santé équipements informatique etc…) . Soit le voyagiste soutient
des projets de développement local, soit que le prix du voyage servent au
financement d’un projet du même type.

40
L’implication des populations locales dans les différentes phases du projet
touristique, le respect de la personne, de la culture, de la nature et la
répartition équitable des ressources générées par le projet en font ses
principales bases.

Ce tourisme solidaire et équitable bien que marginal contribue à une


meilleure redistribution des ressources.

1-6 LE TOURISME COMMUNAUTAIRE

Le tourisme communautaire, appelé aussi tourisme autochtone, est une


forme de tourisme dans laquelle l’accueil des visiteurs est géré directement
par la population locale. Celle-ci contrôle ainsi les activités touristiques
proposées sur son territoire. Ce tourisme est présent plus particulièrement
dans les régions rurales et pauvres. Les bénéfices sont reversés en quasi-
totalité aux populations locales ce qui constitue un véritable atout
économique pour les résidents et leur permet de mettre en œuvre des projets
bénéficiant à toute la communauté.
Les touristes s’intègrent à la population et effectuent un véritable voyage
d’immersion. Ils logent le plus souvent chez l’habitant ou en gites gérés par
la communauté et découvrent ainsi leurs coutumes et modes de vie.
Économiquement parlant, ce tourisme est un véritable atout pour les
populations locales. Il apporte des revenus supplémentaires, permet
d’améliorer ou protéger leurs atouts tant culturels que naturels. Bien que peu
connu et peu développé, le tourisme communautaire séduit aujourd’hui de
plus en plus de voyageurs soucieux de partager la vie quotidienne des
communautés locales et de s’imprégner totalement de leurs cultures.

41
1-7 L’ECOTOURISME

Né il y a une trentaine d’années, le terme lui-même d’écotourisme est récent.


La définition qu’en donne la TIES (Société Internationale de l’Écotourisme)
date de 1991: « L’écotourisme est un voyage responsable dans des environnements naturels
où les ressources et le bien-être des populations sont préservés ».

L’écotourisme ou le tourisme vert est une des formes du tourisme durable,


plus centrée sur la découverte de la nature (écosystèmes, mais aussi agro
systèmes et tourisme rural), voire d’écologie urbaine (jardins écologiques,
Espaces verts écologiques, réserves naturelles urbaines et autres sujets des
domaines de l’écologie urbaine…).

1-8 L’E-TOURISME

L'avènement de l'e-tourisme est à l'origine de la désintermédiation et la


consolidation du secteur du tourisme (dématérialisation du billet papier
en billet électronique, développement de grandes plateformes de
distribution, etc.).

Les NTIC et plus particulièrement l’Internet offrant de nouvelles sources


d'informations sur les destinations, cela favorise le développement
du tourisme participatif , d’une offre de tourisme non marchand qui permet
aux touristes de rencontrer les habitants et qui aide à réinventer les rapports
entre visiteurs et populations visitées.

II-LES PERSPECTIVES DU TOURISME : LE TOURISME DURABLE

L’avènement d’un tourisme de masse a fait naitre une série de question sur
son impact sur les ressources naturelles, les éco systèmes. Le tourisme
durable vise à réduire l’impact du tourisme sur l’environnement (les 2% de la
totalité des séjours sont à l’origine de 43% des émissions de gaz à effet de
serre (GES) dû aux déplacements des touristes) mais également de favoriser

42
le respect des intérêts économique et matériel des populations locales et à
venir c’est-à-dire les générations futures.

La conférence mondiale sur le tourisme de Lanzarote de 1995 fait naitre la


charte du tourisme durable. Le tourisme durable vise à satisfaire « les besoins
actuels des touristes et des régions d’accueil tout en protégeant et en améliorant les perspectives
pour l’avenir » il vise une amélioration de la gestion des richesses naturelles
de telle sorte que les besoins économiques , esthétiques et culturelles
peuvent être satisfaits en maintenant l’intégrité culturelle, les processus
écologique, la diversité biologiques et les systèmes vivants .

CHAPITRE VI- LES POLITIQUES TOURISTIQUE DU SENEGAL


Le tourisme au Sénégal est la deuxième source de devises après la pêche. Il
représente actuellement un chiffre d'affaires de 300 milliards de francs
CFA et dans certaines localités il constitue le premier pourvoyeur de revenus.
Le Sénégal dispose d'énormes atouts sur le marché régional et international,
mais son industrie touristique connaît des difficultés et le pays doit aussi
faire face à la concurrence de nouvelles destinations telles que
la Mauritanie ou les îles du Cap-Vert.

I-TOURISME AU SENEGAL : un point d’histoire

Le Touring-Club de France y organise des caravanes dans les années 1930


avec la création d’un syndicat d'initiative à Dakar. L'AOF devient une
destination envisageable, voire une destination à la mode.

La Seconde Guerre mondiale freine cet engouement, mais au moment des


indépendances, le Sénégal reste le seul pays à vocation touristique de la
sous-région. Sa stabilité politique consolide cette position privilégiée.

43
Au début des années 1970 , l'État met en place une politique de
développement du secteur matérialisée notamment par la construction de
plusieurs établissements hôteliers de grand standing.

En 1973 le Club Méditerranée ouvre un premier village de vacances à Cap


Skirring. La Casamance innove aussi avec les premiers campements
villageois. Séduits par ces nouvelles possibilités en bordure de mer,
Européens et Américains affluent vers le Sénégal.

Dans les années 1980 le tourisme est porteur d'immenses espoirs et l'on
escompte alors le million de visiteurs annuels.

II-EVOLUTION DU TOURISME AU SENEGAL

Le développement du secteur touristique au Sénégal est récent. Il a débuté


une dizaine d'années après les indépendances (en 1970) et s'est
essentiellement déroulé en trois phases que sont :

2-1- 1970 0 A 1980: PHASE D'AMORCE

L'année 1970 est celle de la définition des premières politiques touristiques


sous le pilotage de l'Etat. En résumé, ces politiques sont les suivantes : la
planification des objectifs, la définition des zones prioritaires, la
décentralisation afin de maîtriser les rythmes de développement du
tourisme.

2-2- 1980 A 1990: PHASE DE LANCEMENT

A partir des années 80, une réelle promotion de l'activité touristique a


commencé. En effet, l'État sénégalais procède au cours de cette période, â
l'étude de grands aménagements (création de zones dédiées, étude d’une
politique de charter, ...), ce qui a permis au pays de faire son entrée dans le
tourisme de masse.

44
2-3- 1990 A 2000: PHASE DE DEVELOPPEMENT

Avec tout l'effort de promotion des années précédentes, le Sénégal a connu


un envol remarquable de son secteur du tourisme. C'est ainsi qu'on assiste
à une évolution remarquable du secteur. Aussi, le pays passe d'une
destination classique à une destination dite charter. Cela est dû à une prise
de conscience de l'Etat par rapport au grand enjeu du secteur. De 2000 à
nos jours, le secteur connaît une phase assez complexe à décrire. Ce
développement qui devrait se poursuivre, s'est vu bloqué aux lendemains
des évènements du 11 septembre. Cela plongea le secteur dans trois années
de stagnation. A partir donc de 2004, l'activité semble rebondir mais, avec
une allure pas assez encourageante, ou encore inquiétante.

Au-delà de toutes ces phases, le secteur s'inscrit aussi dans un contexte de


stabilité et de volontés politiques, de lutte contre la pauvreté, de croissance
du tourisme africain, puis un contexte international très concurrentiel.

III-LES PROBLEMES DU TOURISME SENEGALAIS

La déception est au rendez-vous, car d'autres destinations apparaissent et le


tourisme balnéaire ne détient plus le monopole des motivations. De même
que le Sénégal a parfois profité des troubles au Maroc ou en Égypte, il a à
son tour été privé de l'une de ses meilleures cartes pendant les quelques
années du conflit en Casamance.

Cette éclipse a profité indirectement à Saint-Louis qui a connu un véritable


boum touristique dans les années 1990, profitant d'un engouement
croissant pour la découverte de la nature et le tourisme culturel. Pendant que
la Casamance perdait 16,9 % d'arrivées entre 1999 et 2000, Saint-Louis
accueillait 37,2 % de touristes supplémentaires. Depuis le cessez-le-
feu de 2004 la verte contrée a retrouvé le sourire.

45
Après l'envolée spectaculaire des années 1980, les chiffres du tourisme ont
donc marqué le pas. La durée des séjours est courte (à peine 4 jours en
moyenne), le taux d'occupation des infrastructures d'hébergement – plus
nombreuses – a diminué et le taux de retour est particulièrement faible pour
le Sénégal. Les visites sont très inégalement réparties dans l'année et
concentrées pour l'essentiel sur la façade atlantique. Il est vrai que, faute
d'un véritable réseau ferroviaire et de routes en bon état, il n'est pas aisé
d'atteindre l'est du pays.

Une étude couvrant la période 1972-2003 a montré que le Sénégal était


considéré comme une destination intermédiaire ou de second choix par les
touristes, que les variables relatives aux prix affectaient négativement la
demande et que les capacités d'hébergement la favorisaient. En revanche le
niveau de revenu des vacanciers ne constituerait pas un facteur déterminant.
De fait, en 2006-2007, on a observé une baisse de l'ordre de 15 à 20 % des
arrivées pendant la basse saison.

Les professionnels du secteur ont analysé cette situation préoccupante et


identifié plusieurs causes :

Par rapport à ses concurrents, le Sénégal est handicapé par une fiscalité
élevée, notamment un taux de TVA de 18 %, le seul des pays membres de
l'UEMOA à appliquer un tel taux. Le coût des facteurs de production (eau,
électricité) a augmenté. Le parc hôtelier a vieilli et la promotion de cette
destination, pourtant dotée de nombreux atouts, n'a peut-être pas été
suffisante. Pourtant beaucoup d'efforts ont déjà été faits pour améliorer le
réseau routier et désengorger la capitale. Pour rassurer les visiteurs, il était
également nécessaire d'assurer leur sécurité et leur tranquillité dans
quelques hauts lieux tels que le marché Sandaga de Dakar-Plateau ou le Lac
Rose.

46
Sans aller aussi loin que le héros du roman d'Aminata Sow Fall, La Grève des
Bàttu le gouvernement a cependant annoncé la création d'une police
touristique. L'Agence nationale de promotion du tourisme (ANPT) a été
lancée en 2004. La première pierre d'un nouvel aéroport, l'aéroport
international Blaise Diagne, a été posée en 2007.

L'État espère désormais accueillir 1,5 million de touristes à l'horizon 2010 et


2 millions en 2015, si possible mieux répartis dans le temps et dans l'espace.

IV. LES PRINCIPAUX SITES TOURISTIQUES AU SENEGAL

Le développement du secteur touristique recèle d'importantes opportunités


d'investissement et constitue d'autre part l'un des attraits majeurs du
Sénégal pour ses visiteurs ou pour les étrangers appelés à y résider. Le
Sénégal dispose à ce jour d'un riche patrimoine culturel. Avec son islam
modéré et sa démocratie tolérante, il a su toujours garder une excellente
image sur le plan international. La vie culturelle du pays est rythmée par une
multitude de cultures, riches, variées, traditionnelles ou modernes.

Chaque année, le Sénégal accueille des évènements d'envergure


internationale comme par exemple la Biennale des arts à Dakar ou encore
le Festival International de Jazz de Saint-Louis. La qualité de l'accueil de la
population est tout aussi exceptionnelle et le pays compte plusieurs sites
renommés et équipés dont les principaux méritent d’être analysés.

4-1DAKAR : Il est le point de départ du tourisme de découverte au Sénégal.


Capitale du Sénégal, nommé par « porte de l'Afrique », il constitue un
véritable pôle de développement touristique avec notamment :

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> L'aéroport international Léopold.Sédar.Senghor ;

> Une dizaine de grands hôtels 4 étoiles de standing international, équipés


pour l'organisation de séminaires et manifestations professionnelles et
culturelles dont king Faad.

> Une vie culturelle active : théâtre, musées, artistes et artisans ;

> De très nombreux restaurants ;

> Le site historique de Gorée : A 3 km au large de Dakar, cette île qui classée
au patrimoine mondial de l'UNESC0, évoque pour l'humanité et en particulier
pour la diaspora noire dans le monde, 350 années d'esclavage et de traite
négrière ;

> L'île de la Madeleine : Avec une plage très calme, elle est le lieu de
rassemblement de différentes sortes d'oiseaux.

> Le Lac Rose : C'est un grand lagon peu profond s'étirant sur 5 km, et situé
à quelques centaines de mètres de l'océan. Il doit sa couleur à la présence
de micro-organismes et à la forte concentration de minéraux. IL doit une
partie de sa renommée au Paris-Dakar dont il constitue l'ultime étape.

> Plusieurs centres de pêche sportive de renommée internationale ;

> De nombreux établissements de sports et loisirs, balnéaires et autres (golf,


équitation, etc.).

48
4-2LA PETITE COTE : Elle est située â 80 km au Sud-est de Dakar et â ce
niveau on retrouve

> Les stations balnéaires et de loisirs de la Somone, Saly Portudal, Mbour,


Nianing et Joal-Fadiouth (plage des coquillages) et mbodienne .

Une dizaine de complexes hôteliers et de loisirs équipés pour la clientèle


internationale.

4-3 LA BASSE CASAMANCE : Au sud du pays, cette région appelé aussi la


« verte Casamance » est accessible à partir de Ziguinchor ou de l'aéroport
international de Cap Skirring. Elle est équipée de plusieurs hôtels de
standing international.

0utre les charmes du tourisme balnéaire elle offre la possibilité de découvrir


une région dotée d'une végétation luxuriante et de riches traditions
architecturales et culturelles. Mais depuis le début du conflit casamançais,
les destinations touristiques vers cette région qui étaient très remarquables
et source d'entrées de devises, sont devenues presque nulles.

4-4 LA REGION DE SAINT-LOUIS : Elle est directement accessible par


l'aéroport international ouvert en 1995. Au nord du pays, la ville était la
première capitale de l'ex Afrique 0ccidentale Française. Riche de traditions
historiques et de merveilles naturelles, Saint-louis séduit les touristes avec
: les parcs nationaux de Gandiole et Langue de Barbarie, le parc des oiseaux
de dioudj, son architecture et ses maisons de style colonial auxquelles on
peut ajouter l'exotisme des excursions sur le fleuve Sénégal et les forts
coloniaux comme ceux de Podor.

49
Dans la région, il existe des possibilités d'excursions combinées
fleuve/désert. Etroitement lié â la période coloniale, le pont Faidherbe n'est
pas à oublier. La ville vient d'être classée par l'UNESC0 comme patrimoine
culturel mondial.

4-5 LE PARC NATIONAL DES ILES DU SALOUM : Situé â 150 km au Sud


Est de Dakar dans un milieu exceptionnel où les eaux et la terre
s'interpénètrent, c'est un endroit riche du savoir-vivre de ses habitants, de
sa végétation de mangrove et d'une forte concentration d'oiseaux marins et
lacustre.

4-6 LE PARC NATIONAL DE NIOKOLO-KOBA : Situé à 650 km à l'Est de


Dakar (plus précisément dans la région de Tambacounda), c'est un
sanctuaire de la vie sauvage et des grands fauves de l'Afrique, dans des
paysages d'une beauté prodigieuse.

4-7 LES RESERVES DE FAUNE : de Bandia (dans la région de Thiès) et de


Guembeul (à Saint-Louis).

V- LES ATOUTS ET HANDICAPS DU TOURISME SENEGALAIS

5-1 LES ATOUTS DU SECTEUR

Sur le marché international du tourisme, le Sénégal dispose de réels


avantages comparatifs : ensoleillement (un des pays les plus ensoleillés
dans le monde), 500 km de plages, étendue du littoral, proximité avec les
marchés européens (principaux marchés émetteurs), qualité de l'accueil des
populations. Les particularités de ses sites peuvent aussi être considérées
comme des atouts de base. Son islam modéré et sa démocratie dite
tolérante (stabilité politique exemplaire) ne sont pas du tout à ignorer. Dans

50
le domaine touristique, le Sénégal dispose de trois importants organes que
sont :

5-1-1 L'ANPT ( l’Agence Nationale de Promotion Touristique) : Née d'un long


processus de réflexion et dans le cadre d'un tourisme haut de gamme au
Sénégal, l'ANPT est une nouvelle agence autonome crée par le décret n°
2004-121, qui est placée sous l'autorité du Ministre chargé du tourisme. Elle
représente aujourd’hui la structure par excellence chargée de la mise en
œuvre de la politique du gouvernement dans les domaines de la promotion
touristique, de la définition des stratégies et actions à mener pour sa
réalisation et de la création d'une synergie entre les différents partenaires
de l'Etat dans le développement du secteur. C'est elle qui assure la mise à
disposition permanente d'informations de toute nature sur la destination «
Sénégal ».

5-1-2 La SAPC0-Sénégal: Selon les compétences qui lui sont conférées par
le Gouvernement du Sénégal, elle est l'organe responsabilisée de
l'aménagement et de la promotion des côtes et zones touristiques du
Sénégal. Elle est chargée d'identifier les zones à forte potentialité
touristique, de procéder aux études d'aménagement de ces zones, de
rechercher des investisseurs nationaux ou étrangers. Il est aussi de sa
responsabilité de donner toute l'assistance nécessaire aux promoteurs
sélectionnés et désireux d'investir dans une opération à condition qu'ils
présentent tout évidemment les garanties requises.

5-1-3 L'APIX: Elle est une structure autonome créée en juillet 2000 dont
l'objectif principal est d'assister le Président de la République dans la
conception et la mise en œuvre de la politique définie dans les domaines de
la promotion de l'investissement et des grands travaux. Il faut rappeler que
ces investissements s'effectuent dans les secteurs prioritaires du pays

51
parmi lesquels celui du tourisme. Les missions assignées â l'APIX sont :
l'amélioration de l'environnement des affaires au Sénégal, la promotion du
Sénégal comme destination d'investissement, la recherche et
l'identification d'investisseurs nationaux et étrangers, puis le suivi des
contacts et l'évaluation des projets d'investissements. Ainsi donc elle met à
la disposition des investisseurs, des informations économiques,
commerciales et techniques sur les secteurs identifiés prioritaires, les
accueille et les accompagne à toutes les étapes de l'investissement et
finalement les assiste dans toutes les formalités administratives.

5-2. LES HANDICAPS DU SECTEUR

Plusieurs contraintes structurelles empêchent encore aujourd’hui le


développement d'une véritable industrie touristique, toujours planifié au
Sénégal. Ces contraintes sont de plusieurs ordres et très nombreuses, que
nous ne pouvons les énumérer toutes. De toute façon, nous les avons
organisés autour de treize principaux points que sont :

5-2-1 L'insuffisance d'informations fiables et pertinentes sur le secteur :


L'ensemble des statistiques publiées qui doivent servir à conduire les
analyses, provient exclusivement d'échantillons et de chiffres obtenus.

Seulement au niveau des postes frontières (aéroport et port). Les


échantillons n'étant pas assez représentatifs, les statistiques obtenues
aussi ne sont donc pas vraiment proches de la réalité. Il existe aussi de
nombreuses autres données utiles qui ne sont pas collectées lors des
enquêtes (emplois, salaires, recettes des hôtels, frontières terrestres,
entrées dans les sites culturels, données sur les infrastructures et
équipements). D'une façon générale, ces blocages sont dus principalement
à un manque de moyens matériels et humains pour la collecte des données.

52
A cela, il faut ajouter le fait que certains professionnels du secteur sont
réticents à communiquer les données, qui d'ailleurs sont vieilles.

5-2-2 un déficit infrastructurel : Il existe aujourd’hui beaucoup de sites qui


sont à rénover ou encore aménager. Cependant, le secteur ne dispose pas
de plans ou politiques d'aménagement concrets pour cela. Seule une zone
touristique a été identifiée correctement aménagée : c'est Gorée. Sinon, la
plupart des autres zones existantes, nécessitent des réaménagements. Le
reste du pays se développe de manière, anarchique et les infrastructures de
façon générale (sanitaires, routières, aéroportuaires, électriques, etc....)
sont encore faibles par rapport au standard des grandes destinations.
L'insalubrité devient de plus en plus sérieuse comme problème et surtout les
routes demeurent dans de très mauvais états. Les capacités d'accueil et
d'hébergements des touristes restent insuffisantes par rapport à la
demande qui existe.

5-2-3 Le transport aérien : Le Sénégal possède une bonne situation par


rapport aux grands flux de transports aériens et des efforts ont été entrepris
en vue de mieux desservir le pays par les vols réguliers et les charters.

A l'heure actuelle, il est clair que le coût du transport aérien constitue


encore un frein à l'essor du tourisme sénégalais. La crise du transport aérien
n'a pas épargné la région, après la disparition des grandes compagnies
comme Air Afrique, Sabena et Swiss Air. Depuis lors, les compagnies
nationales comme Air Sénégal et les compagnies charters se sont très
rapidement positionnées pour combler le déficit de sièges, ou d'arrivées de
touristes dans la région. Au même moment, la compagnie Air France, au lieu
d'augmenter son nombre de vols, maintient un seul vol quotidien Paris-Dakar
dont la capacité a été accrue.

53
5-2-4 Le manque d'implication des nationaux : Les Sénégalais eux-mêmes,
investissent très peu dans le tourisme et puis les populations sont moins
présentes dans le secteur : ce qui fait qu'ils ne sont pas des bénéficiaires
comme cela devrait l'être. Ce secteur s'est jusqu’à présent développé
essentiellement sur la base d'investissements étrangers (plus précisément,
majoritairement français). Malgré les efforts des autorités, les réalités du
secteur sont plutôt déplorables et il n'y a pas eu de changements
considérables.

En effet, d'après nos enquêtes, c'est la politique de l'Etat sénégalais vis-à-


vis du privé qui ne rassure pas vraiment les promoteurs de tout genre : la
fiscalité sur les produits importés destinés au tourisme est un peu élevée,
ainsi que le coût des facteurs techniques de production.

5-2-5 Une promotion touristique insuffisante : Tout d'abord, le Sénégal ne


dispose pas d'assez de moyens pour promouvoir son secteur touristique. La
promotion de la destination Sénégal souffre non seulement de problèmes
d'organisation, d'efficacité, d'absence de visibilité, mais aussi de la modicité
du fonds de promotion touristique. De plus, on constate que la quasi-totalité
des efforts de commercialisation sont concentrés sur le marché français : 7
des 11 Tours 0pérateurs opérant au Sénégal sont Français. Les 4 autres
restants sont Européens (Allemagne, Italie, Espagne, Belgique).

La promotion intérieure aussi moins prise en compte. 0r pour un


développement durable, il est extrêmement important que la cible soit
convenablement élargie, surtout à d'autres pays émetteurs. L'image du pays
est trop orientée vers l’extérieur " Soleil d'hiver " : ce qui la met en
concurrence directe avec des pays plus compétitifs en terme de prix comme
la Tunisie et le Maroc. Les sous-produits tels que la pêche sportive, la chasse
et la découverte, ne sont pas assez mis en valeur.

54
5-2-6 Le manque de diversification du produit : Il y a des périodes
particulières pour la pratique du tourisme : la basse saison (de mai à
octobre) et la haute saison (novembre à avril). 70 à 75% des flux touristiques
ont lieu sur la période novembre /mai car cette dernière correspond à l'hiver
européen. Il en résulte un problème de sous-capacité hôtelière pendant
cette période et implicitement un problème de surcapacité tout le reste de
l'année. Ce qui aggrave encore la saisonnalité.

5-2-7 L'orientation vers le tourisme balnéaire d'hivers : Positionné


aujourd’hui principalement sur le créneau du tourisme balnéaire d'hiver, le
Sénégal se trouve placé dans un contexte mondial très concurrentiel. Sur ce
créneau, les destinations les plus dynamiques sont à l'heure actuelle la zone
Pacifique sud (Thaïlande, Indonésie, Philippines, Australie...) et les îles des
Antilles (Cuba, Jamaïque, Bahamas, Guadeloupe...). Ces différentes
destinations ont connu ces dernières années une croissance remarquable,
bien évidemment contrairement à la destination Sénégal qui n'évolue pas
selon les attentes.

5-2-8 Le conflit casamançais : La Casamance qui est la région réputée la


plus belle du Sénégal connaît depuis le 26 décembre 1982 un conflit né à
partir de la répression d'une marche de manifestants qui réclamaient
l'indépendance de cette région méridionale du pays. Depuis lors, un maquis
s'est formé et s'approvisionne d'armes de plus en plus modernes. Ainsi le
Sénégal a connu une guérilla sécessionniste qui s'est complexifiée
progressivement. L'existence de cette guérilla qui s'est enlisée a fortement
meurtri le Sénégal et singulièrement le tourisme, pendant plusieurs années.
En effet, l'insécurité qui continue de régner en Casamance, gangrène un
fort potentiel touristique dont la valorisation est toujours bloquée surtout
depuis l'aggravation du conflit en 1993.

55
5-2-9 La qualité de l'accueil et la sécurité des touristes : A l'aéroport, il y a
une certaine anarchie et un manque de signalisation. Ces deux phénomènes
sont signes d'une mauvaise organisation du système d'accueil mis en place.
0n assiste bien souvent à un manque chronique d'agents et au harcèlement
des clients par les marchands ambulants. A proximité de la plupart des sites
touristiques existants, se rassemblent des mendiants et de faux guides.

5-2-10 Collaboration des organismes du secteur : En effet, il est prouvé


qu'entre les différents organismes du tourisme au Sénégal, on note une
absence très remarquable d'une parfaite complémentarité. D'une manière
assez brève, on peut dire qu'ils sont un peu désunis : ce qui sous-entend une
véritable absence de vision globale et confirme le manque de réelle
organisation dans le secteur. Les actions pour le développement du
tourisme sont ainsi paralysées ce qui impacte beaucoup et négativement,
surtout sur la qualité.

5-2-11 La prolifération des logeurs clandestins : Les résidences privées se


multiplient d'années en années ( les auberges à tout coin de rue) , tuant le
marché des hôteliers car ayant des informations concernant les arrivées de
voyageurs non-résidents, sur le territoire.

Ils proposent des prix plus abordables aux touristes, ont pour la plupart des
sites web bien gérés et abritent des aspects pervers déplorés du tourisme.
D'ailleurs aujourd'hui, certains hôtels ont dû fermer à cause de leur
concurrence qu'on peut qualifier d'illégale ou d'imparfaite.

5-2-12 La dégradation des mœurs et de l'environnement : ils sont dus à un


manque de sensibilisation des populations hôtes, au manque de
réglementation des campements, au manque de rigueur des professionnels.
A tout cela, s'ajoute le non-respect des normes de construction, qui sont
relatives au code de l'urbanisme et au code de l'environnement.
56
5-2-13 Faiblesse des politiques institutionnelles d'appui au tourisme : Le
ministère du Tourisme a été remanié 16 fois entre 1960 et 2002. Cela a
contribué à un manque de coordination et de continuité dans la politique
mise en œuvre.

Aujourd’hui, ce ministère n'est plus vraiment adapté comme il le faut aux


missions qui lui sont confiées et donc a besoin d'une nouvelle réforme de
son organisation. Il faut noter que les textes rédigés depuis les années 1970
qui régissent le secteur, ne sont pas adaptés aux conditions actuelles.

0utre ces aspects, le secteur n'a pas subi un transfert de compétence


comme pour le cas des autres secteurs de l'économie du pays. Cette
situation fait que l'Etat a toujours la pleine main mise dans « la gestion » du
secteur, bloquant les initiatives intéressantes du privé.

5 2-14 L’insuffisances des ressources humaines qualifiées : La formation


touristique et hôtelière est assurée dans le pays par l'ENFHT et quelques
rares écoles privées comme l'ESTH0S. Le personnel d'encadrement est bien
souvent formé à l'extérieur du pays (Europe, USA, etc..) avec des diplômes
Bac + 4 ou 5 ; cependant il ignore les réalités mêmes du tourisme au
Sénégal. Ce qui fait que l'enseignement qu'il dispense aussi, ne cadre pas
bien avec les particularités existantes dans le pays.

Dr Aliou DIOP

Merci de votre attention

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BIBLIOGRAPHIE DU COURS DE SOCIOLOGIE GENERALE

01- EMILE DURKHEIM « les règles de la méthode sociologique », Flammarion,1988


02- JEAN MICHEL BERTHELOT « la construction de la sociologie », Paris,, puf, 1991
03- ANTHONY GIDDENS « la constitution de la société », Paris, puf, 1987

04- Serge Dufoulon, Les gars de la marine, Paris, Métailié, 1998.


05- Richard Soparnot, management des entreprises, dunod, 2009
06- Siaskia Cousin et Bernard Reau « sociologie du tourisme » Repères 2009
07- Le tourisme en AOF », L'Illustration, 29 février 1936, supplément, p. XIII
08- ↑ Le boum touristique de Saint-Louis du Sénégal (2003)
09- Mamadou Daff, Analyse des déterminants de la demande touristique au Sénégal, 2005
10- ↑ « Promotion du tourisme : les professionnels exigent plus de moyens » (article de
Mamadou Sy dans Le Soleil du 7 août 2007)
11- ↑ Lettre de politique sectorielle du tourisme, citée par Le Soleil du 7 août 2007
12- PAUL FAYE Directeur General de la SAPCO « les politiques touristiques du Sénégal »
13- « analyse de la politique de promotion touristique au Sénégal « ENEA 2005
14- Dr Rachid HAMADOUCHE « Le tourisme en tant que facteur de production lien social »
Université d’Alger .

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