Cours Du Droit de La Sécurité Sociale

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Université Abdou Moumouni de Niamey

Faculté des Sciences Economiques et Juridiques

Département Droit Niamey, le 25 avril 2024

MASTER I – DROIT DES AFFAIRES

Année Académique 2023-2024

Chargée du Cours : Mme BELLO Amina BALLA KALTO,


Maitre-Assistante en Droit Privé

COURS DU DROIT DE LA SECURITE SOCIALE

BIBLIOGRAPHIE :

- Francis KESSLER, Droit de la Protection sociale, 6ème


édition Dalloz, 2017, 916.

- Patrick Morvan, Manuel du droit de la protection sociale,


10ème édition, Lexis Nexis, Paris, 8 Juillet 2021.

- CNSS, Le Guide de l’employeur, Niamey, Décembre 2019

- Cours de Monsieur Alou Arzika Mahamadou sur le Droit


de la protection sociale au Niger, Niamey, novembre 2021
2

- Moutari MALAM IDI, Le système de sécurité sociale au


Niger, Présentation, Niamey, le 05/03/16.

- Cabinet du Premier ministre, Rapport de synthèse du forum


national sur la protection sociale, Niamey, du 12-15 novembre
2013.

- OIT, Stratégie régionale de protection sociale en Afrique,


2021-2025 Vers 40 % - un cadre pour l’accélération de la
couverture en protection sociale afin d’atteindre les ODD, 1ère
édition 2021.
3

INTRODUCTION :

« Chaque être humain a besoin de


sécurité, de sa conception jusqu’à son
dernier souffle » (1).

La protection sociale qui comprend les régimes de Sécurité sociale,


régimes complémentaires, régimes d’aide sociale consacre la
protection des citoyens contre les risques sociaux. Au niveau
interne, elle est reconnue par la Constitution de la VII ème
République du Niger qui les intègre en déclarant que l’Etat a le
devoir de porter assistance aux groupes les plus vulnérables à
travers une politique de protection sociale. Les articles 12 et 13 ; 33
et 34 déclarent que l’Etat garantit à chaque citoyen, le droit à la vie,
à la santé, à une alimentation saine et suffisante, à l’eau potable, à
l’éducation et à l’instruction dans les conditions définies par la loi
(article 12). L’État veille à la création des conditions propres à
assurer à tous, des services médicaux et une aide médicale en cas
de maladie (article 13). L’Etat reconnaît à tous les citoyens le droit
au travail et s’efforce de créer les conditions qui rendent effective
la jouissance de ce droit et qui garantissent au travailleur la juste
rétribution de ses services ou de sa production. Nul ne peut être
victime de discrimination dans le cadre de son travail (article 33). Il
reconnaît et garantit le droit syndical et le droit de grève qui
s’exercent dans les conditions prévues par les lois et règlements en
vigueur (article 34). Ensuite, la politique de protection sociale est
1
LAROQUE P., « Sécurité sociale et vie publique », Droit social, 1960, 665.
4

définie par la loi n° 2018-22 du 27 avril 2018 déterminant les


principes fondamentaux de la protection sociale. D’autres
dispositions législatives et réglementaires que complètent la
Convention -Collective interprofessionnelle du 12 décembre 1972,
les usages et règlements professionnels, statuent en matière sociale
et forment les sources du droit du travail, de la sécurité et de la
protection sociale. A ces sources internes s’ajoutent des normes
sociales internationales qui découlent des accords bilatéraux et des
conventions internationales que le Niger a signés ou ratifiés dans le
cadre de l’OIT.

Avant d’examiner le dispositif applicable en matière de protection


sociale (IIème Partie), essayons d’analyser la notion du droit de la
protection sociale (Ière Partie).
5

Ière PARTIE : LA NOTION DU DROIT DE LA


PROTECTION SOCIALE

Le droit de la protection sociale accompagne, dans ses diverses


expressions, toutes les étapes de la vie d’une personne, avant même sa
naissance jusqu’après son décès. Le système de Protection sociale se
caractérise par une grande diversité d’institutions du fait qu’il englobe
la sécurité sociale, l’aide et l’action sociale dont le mécanisme est
méconnu du système africain de sécurité sociale. La protection sociale
désigne tous les mécanismes de prévoyance collective permettant aux
individus de faire face aux conséquences financières des risques
sociaux, que cela soit une baisse des revenus ou une hausse des
dépenses pour cause de vieillesse, de maladie ou encore de chômage.
Elle repose sur des prestations sociales versées directement aux
ménages, en espèces ou en nature, et des prestations de services
sociaux gratuits ou à prix réduits, comme les crèches. Le risque social
se définit par la survenue d’un événement, prévu ou imprévu, pouvant
entraîner une diminution, voire une suppression des revenus liés au
travail (maladie, perte d’emploi, retraite...), ainsi qu’une augmentation
des dépenses sociales.

La protection sociale est garantie par l’Etat à travers une politique de


protection sociale qui crée les conditions équitables, dignes et
permanentes de protection, de prévention, de promotion et de
transformation sociale nécessaires à faire face aux risques climatiques,
environnementaux, sociaux, politiques et économiques en vue de
6

permettre aux populations d’être à l’abri de toute forme de


vulnérabilité pouvant entraver leurs capacités de production et
(2)
compromettre la dynamique du pays . La politique de protection
sociale est menée par l’État providence qui vise à prendre en charge
les indigents pour leur garantir le minimum vital ainsi qu’à garantir le
bien-être social à tous sans compter sur leur effort contributif ou leur
participation au développement économique et social. Elle diffère de
la politique de sécurité sociale qui, a des objectifs précis, à savoir
protéger, dans une mesure suffisante, toute personne contre un certain
nombre d'éventualités qui sont susceptibles de réduire ou de supprimer
son activité, de lui imposer des charges supplémentaires, de la laisser
dans le besoin en tant que survivant ou de la réduire à l'état de
dépendance.

Aujourd’hui, on ne parle plus vraiment d’État providence, mais plutôt


d’État social actif. L’État social actif contraste avec ce que l’on
appelle l’État social passif, conventionnel. C’est un État qui reste
social c’est-à-dire qu’il assure une forme de solidarité et de
redistribution des richesses importantes mais il le fait de manière à ce
que les citoyens soient plus « actifs » qu’auparavant, participent plus
activement à la vie sociale en général et à la vie économique en
particulier.

C’est ce système de sécurité sociale qui fut étendu à toutes les Nations
qui essaie néanmoins tant bien que mal à formuler des politiques de

2
Cabinet du Premier ministre, Rapport de synthèse du forum national sur la protection
sociale, Niamey, du 12-15 novembre 2013.
7

protection sociale. Au Niger, la protection sociale est garantie par la


loi du 27 Avril 2018 déterminant les principes fondamentaux de la
protection sociale, adoptée dans le cadre de la stratégie de
développement accéléré et de réduction de la pauvreté (SDRP II, 2008
2012) en vue de l’atteinte des Objectifs Millénaire pour le
Développement (OMD). Cette loi s’est assignée comme objectif la
mission de garantir la protection sociale aux personnes exposées aux
risques de vulnérabilité et aux personnes vulnérables. Elle leur assure
la pleine et entière jouissance des droits fondamentaux reconnus à la
personne humaine. Au sens de l’article 2 de cette loi, on entend par
protection sociale : l’ensemble des politiques et programmes formels
et informels contribuant à protéger les couches vulnérables de la
population des risques liés aux domaines ci-après :

- L’assistance juridique et judiciaire ;

- L’assistance sociale ;

- L’accès aux loisirs, aux infrastructures sportives et


culturelles ;

- La communication ;

- L’éducation ;

- Le logement ;

- La participation à la vie politique et économique ;

- La prise en charge sanitaire ;


8

- La sécurité alimentaire et nutritionnelle ;

- Le transport ;

- Le travail, l’emploi et la sécurité sociale.

Ce texte définit la vulnérabilité comme le risque que les individus


encourent de tomber dans la pauvreté, de faire face à l’insécurité
alimentaire ou d’être dans l’incapacité physique et financière de
satisfaire leurs besoins vitaux. La personne vulnérable est considérée
comme toute personne pauvre ou qui risque de l’être, qui connait un
épisode d’insécurité alimentaire ou qui ne peut pas satisfaire ses
besoins vitaux. Il retient comme groupes en situation de vulnérabilité :

- Les chômeurs ;

- Les enfants ;

- Les femmes ;

- Les jeunes ;

- Les personnes âgées ;

- Les personnes handicapées :

- les personnes réfugiées ou déplacées ;

- les sinistrés ;

- les victimes de conflits armés ;

- les réfugiés et les migrants victimes de trafic.


9

Mais c’est sans compter le niveau de développement socio-


économique de nos pays qui ne favorise guère la prise en charge des
indigents. L’Etat providence n’ayant plus sa place à l’époque
contemporaine, penchons-nous plutôt sur le rôle de l’État social actif.
Celui qui assure cette forme de solidarité et de redistribution des
richesses importantes à travers l’institution d’un système de sécurité
(Chapitre II), emprunté au droit français de la sécurité sociale
(Chapitre I).

Chapitre I : L’évolution du système français de la sécurité sociale

La sécurité sociale étant présentée comme un produit de la société,


elle fut son apparition au début du XIXe siècle et était fondée une
forme d'organisation des hommes pour assurer leur propre sécurité :
on aidait ses proches, car la vie était tellement dure qu'il était
impossible de survivre sans une véritable solidarité. Elle se pratiquait
au sein du cercle familial et au sein du cercle des fréquentations
sociales.

En effet, au sein de la famille, du clan ou de la tribu, des hommes et


des femmes, des jeunes et des vieux se répartissent les tâches. Chaque
membre de la famille était solidaire de l’autre de la naissance à la
mort. Celui qui était exclu du groupe était quasi-condamné à mort. Par
ailleurs, la solidarité entre la noblesse et le peuple n'était pas un vain
mot : le seigneur n’avait aucun intérêt à voir ses serfs disparaître, mais
surtout, il était de tradition qu'il protège et assiste ceux qui
dépendaient de lui.
10

L'Église, pour sa part, exerçait systématiquement une fonction


d'assistance aux miséreux, pour autant qu'ils fassent preuve de
dévotion, et encourageait la charité. La charité était une démarche
individuelle qui s'exerçait surtout à l'égard des isolés et des exclus. Le
penseur Jean Jacques ROUSSEAU énonçait que « si l'homme fait du
bien, ce n'est point pour échapper à un quelconque châtiment divin,
mais pour être utile à la société ». Pourtant, depuis toujours, l'homme
combine ces deux objectifs pour poser des actes de générosité à
l'égard de son semblable. Au demeurant, nombre de religions ont
consacré le caractère coercitif de la charité, sous la forme d'une
aumône à verser aux indigents.

Avec la révolution industrielle et le déclin du rôle de l’Église, sont


apparus deux phénomènes :

- D'une part, les salariés ont constitué des caisses de


solidarité destinées à intervenir en faveur des membres touchés
par le mauvais sort. C'était en quelque sorte, pour les populations
déracinées des villes, un substitut à la solidarité familiale et
interpersonnelle de jadis.

L’État bourgeois avait, en effet, bien mal repris le rôle d'assistance


jadis exercé par l'Église et le prolétariat était forcé de s'organiser pour
survivre.
11

- D'autre part, une partie des patrons a compris que leur


intérêt était d'avoir des salariés en bonne santé et satisfaits de
leur sort.

Il ne s'agissait, en fait, que d'une évolution naturelle de la protection


qu'assuraient précédemment les nobles sur leurs gens. Bien entendu,
de nombreuses personnes continuaient à pratiquer la charité, tantôt
pour se donner bonne conscience, tantôt pour tenter d’obtenir le salut
de leur âme.

Pour découvrir les origines de la sécurité sociale, il y a lieu de


remonter au début du dix-neuvième (XIXe) siècle, et même au-delà,
alors que la révolution française reconnut un droit à l'assistance à
chacun et que ce droit fut conçu comme un substitut du droit du
travail. La révolution industrielle du dix-neuvième (XIXe) siècle
engendra de graves problèmes sociaux, suite à l'apparition de grandes
manufactures qui attiraient la population des campagnes surpeuplées
dans les nouvelles villes industrielles où elle devait constituer bientôt
une classe nouvelle, celle de l'ouvrier.

Déracinés et ayant perdu tout soutien de la part de leur famille


d'origine, ces ouvriers vivaient dans des quartiers misérables,
dépendant totalement pour leur subsistance des salaires payés, soit au
jour, soit à la semaine. En cas de maladie, d'accident de travail, de
crise économique avec le chômage, en résultant, ils étaient réduits à
l'indigence, comme le furent les survivants en cas de décès du chef de
famille.
12

Pour sortir de ce carcan et pour se garantir une sécurité économique, il


resta à la population ouvrière des techniques qui n'ont pas été
spécialement prévues pour résoudre des problèmes posés par les
risques sociaux, mais qui pouvaient, éventuellement, leur être
appliquées.

Ces techniques furent les suivantes : l'épargne, qui est une technique
individuelle, la responsabilité de l'employeur, la mutualité, le
sursalaire familial.

- L’épargne

L’économie d’un pays repose sur plusieurs piliers dont un des plus
importants est sans conteste la formation du capital. C'est, en effet, le
capital qui détermine le niveau de développement d'un pays. Mais
d’où vient le capital dont on parle ?

Le capital vient de l'épargne.

Pour se prémunir contre les événements susceptibles de menacer sa


sécurité, l'individu peut songer à épargner. Il met de côté une certaine
fraction de son revenu de façon à pouvoir en disposer en temps voulu
et faire face à la maladie, la vieillesse, etc. L'épargne s'analyse en une
renonciation à une consommation actuelle en vue d'une consommation
future.

Quant aux avantages, on peut souligner que l'épargnant peut utiliser


quand et comme il le désire les sommes épargnées et mettre l'accent
sur les vertus morales de cet effort de prévoyance individuelle ; il
13

convient par ailleurs de ne pas oublier le rôle social qui peut être celui
des institutions d'épargne dans le placement et l'investissement des
sommes qui leur sont confiées.

Cependant, les limites de l'épargne sont nombreuses. Pour jouer un


rôle sérieux dans la garantie de la sécurité économique des individus,
l'épargne suppose d'abord qu'ils puissent épargner, autrement dit qu'ils
puissent renoncer à employer immédiatement une fraction de leur
revenu : cette renonciation est impossible pour ceux qui sont
contraints d'utiliser la totalité de leur revenu à la satisfaction des
besoins les plus urgents.

Or, on remarquera que les classes déshéritées, qui peuvent


difficilement épargner, sont justement les plus vulnérables aux risques
qui menacent leur sécurité économique.

D'un autre côté, l'épargne qui est un procédé volontaire, suppose


également que les individus ont intérêt à épargner, intérêt qui lui-
même suppose une certaine stabilité monétaire : si la valeur réelle des
sommes épargnées se détériore, la consommation future ne
correspondra pas à celle à laquelle il est immédiatement renoncé par
l'épargnant et dans ces conditions, le sacrifice pourra paraître vain.

Ajoutons enfin et surtout que l'épargne est un procédé de prévoyance


individuelle : l'épargnant, faisant face avec ses propres ressources aux
évènements qui menacent sa sécurité économique, en supporte lui-
même la charge.
14

On peut donc considérer l'épargne comme un mode de protection au


sens large, mais non comme une véritable technique de garantie : elle
permet peut-être à l'intéressé de ressentir moins cruellement les
incidences patrimoniales des risques économiques, mais ces
incidences ne sont pas modifiées.

En définitive, retenons que cette technique, individuelle et volontaire,


ne peut jouer un rôle appréciable que pour la protection de classes
sociales disposant de hauts revenus et dans un climat de stabilité
monétaire suffisante.

- Responsabilité de l'employeur

La méthode consiste à rendre l'employeur individuellement


responsable de l'entretien du travailleur en cas de maladie ou
d'accident. Cette responsabilité est fondée sur l'idée que l'autorité
quasi-paternelle exercée par le maître sur son serviteur lui conférait
une responsabilité correspondante.

Cette responsabilité fut corroborée sur le plan juridique par la théorie


du risque professionnel. D'après cette théorie, l'employeur doit
réparation parce qu'il expose les travailleurs à un risque dans l'exercice
d'une activité dont il tire profit.

La mutualité.

Comme cette responsabilité dépasse souvent les moyens des petites


entreprises, celles-ci eurent recours à l'assurance soit par le biais
d'assurances privées, soit par le biais de mutualités entre employeurs.
15

Cette technique n'avait aucun effet lorsque l'entrepreneur était


insolvable, que son entreprise n'était pas assurée, alors que
l'assurance-responsabilité était facultative. En outre, elle était
inapplicable en cas de décès de l'ouvrier, comme elle l'était en cas de
vieillesse qui est un risque indépendant de toute intervention d'un
tiers.

Le Sursalaire familial

Pendant la première guerre mondiale, suite à de violentes grèves dans


les fabriques d'armement et autres industries, les employeurs français
payèrent des sursalaires à leurs ouvriers, dont un important contingent
de femmes qui avaient la charge d'enfant(s). Les grèves avaient leur
origine dans le fait que les ouvriers ne pouvaient plus guère nourrir
convenablement leurs familles suite à une flambée de prix des denrées
de première nécessité due à la spéculation. Compte tenu de la situation
particulière, cette initiative permettait d'éviter une augmentation
générale des salaires, tout en aidant ceux que l'enchérissement du coût
de la vie frappait le plus durement.

L'octroi d'un sursalaire familial ne se généralisa cependant qu'à partir


du moment où les employeurs entreprirent de créer des caisses de
compensation qui, par un étalement des charges des prestations,
permettaient d'éviter certaines distorsions dans les prix de revient et
partant l'embauchage systématique de travailleurs avec charge
d'enfants.
16

Au terme de cette évolution, les premiers régimes légaux


d'indemnisation virent le jour en Belgique (1930) et en France (1932).

Toutes ces techniques ont été remplacées par des formes les plus
précoces de sécurité sociale moderne qui se situent en Allemagne sous
BISMARCK et en France à la fin du XIXe siècle, notamment dans le
milieu des Mines. En 1945, le monopole de de la sécurité sociale a été
instauré dans presque toute l'Europe.

Ainsi, deux (02) systèmes sont, donc, à la base du droit de la sécurité


sociale dans le monde. Le premier concerne le système de
BISMARCK (section 1) et 1e second celui de BEVERIDGE (section
2).

Section 1- Le système Bismarckien ou le modèle « corporatiste »


ou « communautariste » ou l’initiative Bismarckienne.

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, l'Allemagne connaît une


accélération de son industrialisation, accompagnée par la montée du
mouvement socialiste.

En réaction à l'élection de députés du parti social-démocrate au


Reichstag en 1877, Otto Von BISMARCK (1815-1898) décide
d'accompagner sa politique de répression par une politique de
réformes sociales permettant d'encadrer la population salariée et
d'assurer une certaine redistribution vers les ouvriers.

Afin de résoudre les problèmes de pauvreté induits par la révolution


industrielle, de tenir compte des revendications sociales naissantes, de
17

faciliter le passage à l’état industriel et d'asseoir l'unité nationale, le


chancelier fait de cet outil un instrument de lutte contre les syndicats
et contre la montée du Parti socialiste.

Cette politique se traduira par la dissolution de ces organisations.

En contrepartie, l'Etat prend la responsabilité d'institutionnaliser la


protection sociale, dispensée auparavant par de nombreuses " caisses
de secours ".

En généralisant ce système, l'Etat pallie deux carences principales du


système mutualiste privé : une couverture de la population largement
imparfaite et une grande disparité entre les différentes situations
personnelles.

Trois lois fondamentales sont votées :

- La loi sur l'assurance maladie en 1883 ;

- La loi sur l'accident du travail en 1884 ;

- La loi sur l'assurance vieillesse et invalidité en 1889.

Quatre principes fondamentaux définissent le système


bismarckien :

- Une protection exclusivement fondée sur le travail et, de ce fait,


limitée à ceux qui ont su s'ouvrir des droits à protection par leur travail
; l'assurance est nettement distinguée de l'assistance sociale : la
18

protection sociale est, en effet, accordée en contrepartie d'une activité


professionnelle.

- S'agissant des bénéficiaires : une protection obligatoire pour les seuls


salariés dont le salaire est inférieur à un certain montant, donc pour
ceux qui ne peuvent recourir à la prévoyance individuelle ;
initialement, tous les ouvriers et les employés de l'industrie dont les
salaires sont inférieurs à un certain montant sont concernés.

L'évolution se fera ensuite vers l'extension des catégories assurées,


notamment par la création de droits dérivés pour les membres de la
famille du travailleur ;

- S'agissant des objectifs poursuivis et de la technique employée : une


protection fondée sur la technique de l'assurance, qui instaure une
proportionnalité des cotisations par rapport aux salaires, et une
proportionnalité des prestations aux cotisations ; les assurances
sociales visent à compenser la perte de salaire.

Les cotisations et les prestations sont proportionnelles aux salaires des


affiliés.

Les charges sont réparties entre l'assuré et l'employeur (l'Etat ne


participe au financement qu'en matière de pensions).

- Une protection gérée par les employeurs et les salariés eux-mêmes,


la gestion est assurée par les acteurs mêmes du système.
19

Schématiquement, la doctrine bismarckienne peut se résumer à une


publicisation de l'assurance telle que proposée par les structures
mutualistes privées à la fin du XIXème siècle.

L'ouverture de droit aux prestations dépend de la qualité de cotisant de


l'intéressé. Cette conception va perdurer dans différents systèmes
européens et notamment en Allemagne qui reste encore aujourd'hui,
particulièrement attachée au système d'assurance sociale.

Dans tous les pays qui ont adopté le modèle bismarckien, le principe
d'assurance s'est peu à peu généralisé par l'extension à des catégories
de population initialement non protégées (employés, étudiants,
travailleurs indépendants...) et à des " risques " non pris en compte à
l'origine.

Ce système est ensuite suivi du système Beveridgien.

Section 2 - Le système Beveridgien ou courant atlantique ou le


modèle « universaliste » ou la réflexion Beverdgienne.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le concept de guerre totale fut


appliqué par la plupart des belligérants. Ceux qui ne portaient pas
l'uniforme étaient mobilisés dans les usines ou pour l'effort de guerre.
Tout le monde subissait les effets de la guerre.

Les civils étaient parfois plus exposés que les militaires eux-mêmes.
20

Les bombardements visaient souvent plus les civils, femmes, enfants,


vieillards, que les unités militaires. Cette situation fit naître dans ces
pays un véritable sentiment de solidarité nationale.

Critiquant alors le régime britannique d'assurance-maladie obligatoire


et le considérant comme " trop limité avec le système du plafond
d'affiliation, trop complexe avec la multitude des caisses et mal
coordonné ", Lord William BEVERIDGE (1879-1963) — dont les
travaux du début du siècle ont déjà conduit à l'adoption d'une loi sur
l'assurance-maladie, l'assurance invalidité et l'assurance-chômage —
propose une réforme fondée sur la socialisation des coûts à l'échelle
nationale.

Dans son rapport de 1942 " Social Insurance and Allied services ", il
pose les bases théoriques d'une nouvelle doctrine.

Ce rapport constitue une étape fondamentale dans l'histoire de la


protection sociale.

Du rapport de 1942 sont dégagés les grands principes de la sécurité.

Selon BEVERIDGE, la protection sociale doit en effet être :

- Universelle (couverture de l'ensemble de la population) ;

- Uniforme (prestations égales pour tous, uniformité des prestations en


espèce) ;

- Unitaire : tous les risques doivent être couverts par un système


21

Ces trois grands principes : unité, universalité et uniformité sont


communément appelés les « 3U » :

- Le principe d'unité ou d'unicité s'applique à l'organisation du


dispositif et consiste à unifier tous les régimes d'assurances sociales en
un système d'assurance nationale placé sous une autorité unique.

Cette unité de gestion s'explique par l'universalité du système de


protection mis en œuvre, une extension du champ d'application et une
continuité de la protection tout au long de la vie « From womb to
tomb » ("du berceau à la tombe").

- Le principe d'Universalité des bénéficiaires, principale contribution


de BEVERIDGE à la conception moderne de la protection sociale,
plaide pour une extension de la protection à tous les citoyens : les
personnes protégées cessent d'être déterminées exclusivement par
l’appartenance à la classe des travailleurs salariés.

C'est désormais l'ensemble des citoyens qui est couvert — par


"citoyens", tous ceux qui remplissent une condition de résidence et qui
contribuent sont visés — et chaque personne se voit reconnaître des
droits propres.

En pratique, BEVERIDGE opère un classement au sein de la


population entre différentes catégories et attache à chaque catégorie
les risques auxquels ses membres sont exposés.

Plus particulièrement (universalité sélective). Ainsi, les travailleurs


salariés (classe I) peuvent prétendre à toutes les prestations, alors que
22

les femmes mariées au foyer (classe III) bénéficient de l'allocation de


mariage et de l'allocation de maternité, et les personnes âgées (classe
VI) des pensions de retraite.

- Le principe d'uniformité tient à la conception même de la protection


sociale. Le système est financé par une contribution unique et la
prestation versée est identique pour tous en cas de perte du revenu.
Cela témoigne du refus d'introduire dans le domaine de la protection
sociale les disparités constatées dans la distribution primaire des
revenus.

L'objectif principal du système de sécurité sociale est de garantir une


protection égalitaire de base, et non de garantir le niveau de vie
antérieure.

L'amélioration éventuelle du niveau de protection est laissée à


l'initiative des intéressés et relève de l’assurance privée (plus le niveau
de protection "égalitaire" est bas plus cela renforce le poids des
assurances et donc des inégalités).

« La protection de l'assistance doit être ressentie par la personne


comme étant moins favorable que la protection par l'assurance ; sinon
l'assuré n'aura droit à rien en contrepartie de sa contribution.

(C'est pourquoi) l'assistance donnera lieu à une justification des


besoins et à examen des ressources ; elle sera soumise également à des
conditions de comportement dont l'objectif sera d'accélérer la
restauration des moyens d'existence ».
23

- Le mode de financement :

La sécurité sociale, de type universel, prévoit une solidarité nationale :


ses recettes proviennent essentiellement des impôts, qu'ils soient
directs ou indirects.

Le système est financé par une contribution unique et la prestation


versée est identique pour tous en cas de perte du revenu.

Cela témoigne du refus d'introduire dans le domaine de la protection


sociale les disparités constatées dans la distribution primaire des
revenus. La participation patronale y est faible ; en revanche, le salarié
paie beaucoup d'impôts dont une partie pour la sécurité sociale.

La doctrine BEVERIDGE a fortement influencé les systèmes


européens, — à l'exception notoire de l'Allemagne.

Elle est appliquée à des degrés divers : imparfaitement au Royaume-


Uni, qui l'a pourtant vu naître et de manière beaucoup plus
approfondie dans les pays scandinaves ; elle a fortement inspiré
l'Europe méditerranéenne.

Bien que les variantes soient nombreuses, le modèle « Beveridgien a


marqué une étape fondamentale dans la construction d'un système
social à l'européenne.

Comme l'ensemble des modèles traditionnels, il paraît néanmoins


aujourd'hui remis en question notamment face au développement
24

accéléré des dépenses et de l'inégalité qui résulte nécessairement de la


dichotomie assurance / assistance.

Inspiré de ces deux modèles de sécurité sociale, ce fut l’avènement de


l’institutionnalisation de la sécurité sociale en France dès 1945.

Chapitre II – L’institution progressive du système de sécurité


sociale en France.

Avec les réflexions, des Lumières et la Révolution française, une


conception des relations entre l'individu et la société émerge.

Les idées humanistes placent la raison et la connaissance comme


maîtresses d'œuvres telles que le progrès, la tolérance et l’instruction.
De fait, c'est également avec le démuni, l’indigent, que les rapports
évoluent.

Ainsi, les réflexions de certains auteurs préfigurent les fondements


tant de la République que de la Sécurité sociale : « Un homme n'est
pas pauvre parce qu’il n’a n'en rien, mais parce qu'il ne travaille pas
».

« Quel est le premier de ces droits de l'homme ? Celui d'exister.

La première loi sociale est donc celle qui garantit à tous les membres
de la société les moyens d'exister ; toutes les autres sont subordonnées
à celle-là ; la propriété n’a été instituée que pour la cimenter ».
25

C'est dans le cadre de ces réflexions que les travaux du Comité de


mendicité de l'Assemblée constituante (1789-1790) dégagent un
double principe d’une étonnante modernité :

« Tout indigent a droit à l’assistance de la société » « Le critère de


l’indigence doit être recherche dans l’impossibilité de travailler ».

Partant de ce double principe, le Comité bâtit un " plan " pour


l’extinction de la mendicité, présenté à l’Assemblée nationale en 1790.
Celui-ci repose d’un côté sur un plan d’action économique
(développer l'emploi et créer la propriété au profil des plus pauvres) et
d'un autre côté sur un plan de répartition (service national
d’assistance).

On retrouve ainsi certaines formules posant quelques fondements de la


solidarité et de la responsabilité nationale : « Tout homme a droit à la
subsistance ». « La misère des peuples est un tort des gouvernements
». « Sans assistance organisée comme un droit, la Constitution ne
serait qu'une belle construction de l’esprit ».

« L'aisance du peuple est la condition d’une liberté réelle ».

C’est ainsi que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de


1793 exprime que « la société est obligée de pourvoir à la subsistance
de tous ses membres soit en leur procurant du travail, soit en assurant
les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler ».
26

La Déclaration votée ainsi que la Constitution de 1793 reprennent ce


principe en compléments d’autres droits économiques et sociaux tels
que l’instruction, le droit de manifester ou de s’assembler.

L'après Seconde Guerre mondiale est une période de renouveau tant


au niveau économique qu'au niveau des idées et des conceptions en
matière de protection sociale.

À la veille de la deuxième guerre mondiale, la France dispose, dans


les textes, d'un système de protection complet mais fragile qui sera
profondément renouvelé après les hostilités.

À la Libération, les forces politiques françaises réunies au sein de


Conseil National de la Résistance (CNR) ont voulu combler ce retard.

Adopté dans la clandestinité, le 15 mars 1944, le programme d'action


du CNR propose :

- « un plan complet visant à assurer à tous les citoyens des moyens


d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer
par le travail, avec une gestion appartenant aux représentants des
intéressés et à l’Etat ;

- une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement


leurs jours ».

Le CNR entend aller vers une « Sécurité sociale » pour tous, fondée
sur le travail, cogérée par les travailleurs et l'Etat. Pierre Laroque
(1907-1997).
27

On parle même d'un « ordre social nouveau », selon l’expression de


Pierre Laroque, conseiller d'Etat, compagnon du général de Gaulle à
Londres où il lira Beveridge, nommé responsable de la Direction
générale des Assurances Sociales en 1944.

Il assure les fonctions de Directeur général de la sécurité de 1944 à


1951, de Président du Conseil d'administration de la Caisse nationale
de Sécurité sociale de 1953 à 1967, de Président puis Président
honoraire du Comité d'Histoire de la Sécurité sociale.

Chargé dès septembre 1944 par Alexandre PARODI, ministre du


Travail et de la Sécurité sociale du premier gouvernement de la France
libérée, de mettre en œuvre le Plan Français de Sécurité sociale dont le
projet avait été établi à Alger par le Comité Français de Libération
Nationale, il le fera néanmoins en s’appuyant sur les principes du
système bismarckien.

Son rapport aboutit à la ratification des ordonnances des 4 et 19


octobre 1945, dont les motifs sont ainsi énoncés : " La Sécurité sociale
est la garantie donnée à chacun qu'en toutes circonstances, il
disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle
de sa famille dans des conditions décentes".

On assiste ainsi à la généralisation du système de sécurité sociale en


1945-1946 qui fut étendu aux pays colonisés.
28

Section I : La généralisation du système de SS en France.

Trouvant sa justification dans un souci élémentaire de justice sociale,


elle répond à la préoccupation de débarrasser les travailleurs de
l’incertitude du lendemain, de cette incertitude constante qui crée chez
eux un sentiment d'infériorité et qui est la base réelle et profonde de la
distinction des classes entre les possédants sûrs d'eux-mêmes et de
leur avenir et les travailleurs sur qui pèse, à tout moment, la menace
de la misère. "

" Envisagée sous cet angle, la Sécurité sociale appelle l'aménagement


d'une vaste organisation nationale d'entraide obligatoire qui ne peut
atteindre sa pleine efficacité que si elle présente un caractère de très
grande généralité à la fois quant aux personnes qu'elle englobe et
quant aux risques qu'elle couvre.

Le but final à atteindre est la réalisation d'un plan qui couvre


l'ensemble de la population du pays contre l'ensemble des facteurs
d'insécurité ; un tel résultat ne s’obtiendra qu'au prix de longues
années d'efforts persévérants, mais ce qu'il est possible de faire
aujourd'hui, c'est d'organiser le cadre dans lequel se réalisera
progressivement ce plan. "

Les termes de garantie et de justice sociale sont bien la traduction


directe de ceux d'assurance et de solidarité. Le Régime Général de la
Sécurité sociale créé par cette ordonnance reposait donc sur trois
principes fondamentaux :
29

- La généralisation de la Sécurité sociale à toute la population ;

- L'unité des institutions et l'universalité des risques ;

- L'expression de la démocratie sociale.

Il se veut l’incarnation même du principe de solidarité nationale qui


caractérise la société française. Il a été créé pour aider les familles et
garantir l’ensemble de la population contre un certain nombre de
risques sanitaires et sociaux.

L'ambition était de regrouper les éléments successifs de protection


sociale déjà mis en place pour certaines catégories professionnelles en
un système unique et universel garantissant à tous, la même
protection.

Le patronat, qui s’était compromis pendant l’Occupation, l’accueillera


« avec résignation », comme l’écrit le général De GAULE. Mais les
mutuelles et les assurances, qui avaient acquis des marchés avant-
guerre, font pression, relayées par les médecins et les associations
familiales. Certains iront même jusqu'à dénoncer « un projet
totalitaire, absolument contraire aux idées de liberté ».

L'ordonnance du 4 octobre 1945 prévoit un réseau coordonné de


caisses se substituant à de multiples organismes, l'unité administrative
ne sera cependant pas réalisée et ne l'est toujours pas.

Les professions agricoles vont conserver leurs institutions spécifiques


dans le cadre de la mutualité sociale agricole. Les salariés des régimes
30

spéciaux vont refuser de s'intégrer dans le régime général et conserver


dans un cadre " transitoire " qui dure encore, leurs régimes spécifiques
(maladie, retraite, ...).

L'ordonnance du 19 octobre 1945 concerne les risques maladie,


maternité, invalidité, vieillesse, décès.

Les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945 promulguées par le


gouvernement du Général De GAULE créent une organisation de la
sécurité sociale.

Ces ordonnances fusionnent toutes les anciennes assurances (maladie,


retraite, ...) et constituent une rupture avec une ancienne forme de
prise en compte du social qui datant de l'avant-guerre.

Elles prévoient le principe d'une « gestion d'institutions de Sécurité


sociale par les intéressés ».

Le système français de sécurité sociale se caractérise, aujourd'hui par


une protection contre les risques sociaux généralisée à l'ensemble de la
population, mais éclatée entre de nombreuses institutions faisant appel
à des sources diversifiées de financement.

Section II : L’extension du système de sécurité sociale aux pays


africains.

Elle est apparue dans les pays africains, exportée par les anciens pays
colonisateurs. Trois grandes étapes ont guidé les organismes africains
31

de sécurité sociale. Elles ont pour point de départ de la colonisation


aux indépendances et après.

1- De la colonisation à 1952

Cette période se caractérise par un vide juridique en matière de


sécurité sociale. Toutefois, il y a quelques tentatives de réglementation
portant surtout sur la branche des Accidents de Travail et Maladies
Professionnelles (AT/MP).

Au Burundi et au Rwanda, le Décret n° 49-1039 du 1er août


1949 relatif au régime de sécurité sociale applicable aux
fonctionnaires des cadres régis par décret exerçant normalement leurs
fonctions dans les territoires relevant du ministère de la France
d'outre-mer, rend obligatoire l'assurance contre les risques
professionnels.

2- De 1952 à l'indépendance

Cette seconde période est marquée par l'éclosion des textes en matière
de sécurité sociale. Elle peut être considérée comme étant celle du
début de la mise en place des systèmes de sécurité sociale tels qu'ils
existent dans les anciens territoires d'Afrique Occidentale et
Équatoriale Francophone.

En 1952, la loi n° 52-1322 du 15 décembre 1952 portant institution


d'un code du Travail dans les territoires et territoires associés relevant
du Ministère de la France d'Outre-mer, habilite les Chefs de territoires
de la France d'Outre-mer, à mettre en place un système de Prestations
32

Familiales (PF) et des Caisses de compensations pour assurer le


versement des prestations.

En 1957, le décret n° 57-245 du 24 février 1957 sur la réparation et


la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles
dans les territoires d'outre-mer et au Cameroun, édicte les principes
généraux d'un régime de réparation des accidents du travail et
maladies professionnelles (AT/MP) pour les salariés.

La gestion de cette branche est initialement assurée par les entreprises


régies par le décret du 14 juin 1938 en application des articles 6 et 14
du décret n° 57-245 du 24 février 1957 susvisé.

Par la suite, les caisses de compensation des prestations familiales


deviendront des caisses de compensation des Prestations familiales et
des accidents du travail en vertu de l'article 2 du décret n° 57-829 du
23 juillet 1957 portant application des modifications adoptées par le
Parlement concernant le décret n° 57-245 du 24 février 1957 sur la
réparation et la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles dans les territoires d'Outre-mer et au Cameroun.

Pour combler le vide en matière de retraite, les 27 et 28 mars 1958,


en référence aux articles 15, 17, 21 et 23 de la loi n° 52-1322 du 15
décembre 1952 susvisée, l'Institution de Prévoyance et de Retraite
de l'Afrique Occidentale (IPRAO) est créée par une convention
entre les organisations syndicales, patronales et ouvrières.

3- Depuis les indépendances


33

Chaque pays membre de l'IPRAO va créer son propre régime national


de retraite en l'intégrant à l'organisme de sécurité sociale qui existait
déjà.

Pour réunifier tout le système de protection sociale, le législateur va


regrouper les trois (3) branches [Prestations Familiales (PF),
Accidents de Travail et Maladies Professionnelles (AT/MP), Retraite]
à travers un code de sécurité sociale.

Ainsi, la gestion du régime de sécurité sociale sera confiée à un


organisme unique à l'exception du Sénégal et du Gabon où deux (2)
organismes de sécurité sociale coexistent.

IIÈME PARTIE : LE SYSTÈME NIGÉRIEN DE SÉCURITÉ


SOCIALE.

La "Sécurité sociale" est définie par le Dictionnaire privé comme un


Service public de l'Etat, qui assure l'ensemble des risques sociaux des
travailleurs, salariés et des professions libérales, des travailleurs
indépendants et des travailleurs non-salariés, des salariés agricoles.
L'Etat en a confié la gestion à divers organismes de droit privé qui, de
ce fait, sont chargés d'une mission de service public. On comprend
bien que la Sécurité sociale, dans le prolongement du concept de la
protection sociale, caractérise un ensemble d'efforts destinés à la
réparation des conséquences de divers événements qualifiés de
"risques sociaux". Ces efforts se reflètent dans des politiques de
34

sécurité sociale qui, pour réaliser leurs buts, se concrétisent dans des
systèmes de sécurité sociale juridiquement structurés.

L’expression « sécurité sociale » aurait été employée pour la première


fois par Simon BOLIVAR : « Le système de gouvernement le plus
parfait est celui qui engendre la plus grande somme de bien-être, la
plus grande somme de sécurité sociale et la plus grande somme de
sécurité politique ».

La sécurité sociale revient ainsi à garantir la sécurité économique des


individus au moyen de prestations qui compensent, pour partie au
moins, la réduction ou la perte de revenu ou l’accroissement des
charges résultant de la réalisation des risques. Toutes ces prestations
sont définies par le Code de la Sécurité sociale. Les prestations
prennent la forme, le plus souvent, du versement d’allocations,
indemnités, pension et revenu de remplacement ; elles peuvent se
traduire également par l'accès à des services gratuits. Le champ
d'application de la sécurité sociale s’étend ainsi de l’assistance (voire
de la charité sous les formes modernes de l’appel à la générosité
publique et du bénévolat), à l’épargne et à l’assurance en passant par
la mutualité et la prévoyance collective.

Ainsi, le terme de sécurité sociale recouvre, dans son acception la plus


large, un ensemble de prestations servies aux personnes, et financées
majoritairement par des cotisations. Ces prestations sont destinées à
faire face aux aléas ou aux charges de la vie : famille, maladie,
accidents du travail, vieillesse.
35

La sécurité sociale répond à un besoin universel, comme le montre son


inscription au nombre des droits de l'homme. C’est pourquoi, elle a été
inscrite dans l’Agenda des Organisations des Nations-Unies. Elle est
consacrée dans les textes de l'Organisation Internationale du Travail,
qui est une institution fondée en 1919, au lendemain de la première
guerre mondiale, dans le cadre du Traité de paix pour faire progresser
la cause de la justice sociale et contribuer ainsi à une paix universelle
durable.

Ses grands organes sont : la Conférence Internationale du Travail, le


Conseil d'Administration et le Bureau International du Travail. Le
Bureau international du Travail (BIT) est à la fois le secrétariat, le
centre de recherche et la maison d'édition de l'organisation. Le Bureau
international du travail (BIT) est un organisme rattaché à
l'Organisation des Nations Unies (ONU) et, chargé des questions
générales liées au travail dans le monde. Il élabore des
recommandations pour aider à harmoniser les concepts et définitions
relatifs au travail et à l'emploi.

Sa structure offre cette particularité unique dans le système des


Nations Unies que des représentants de travailleurs et des employeurs
participent sur un pied d'égalité, aux côtés de représentants des
gouvernements, aux travaux de la Conférence internationale du
Travail, du Conseil d'Administration et de nombre de réunions
régionales ou autres. Chaque année, la Conférence internationale du
36

Travail fait le point sur tout ce qui touche aux questions sociales et au
monde du travail.

Le Bureau international du Travail (BIT) en donne la définition


suivante : « L'adoption de mesures publiques pour assurer une
garantie de revenu de base pour tous ceux ayant besoin de protection,
de manière à soulager le besoin et prévenir l’indigence en rétablissant
jusqu'à un certain niveau le revenu qui est perdu ou réduit en raison
de l'incapacité à travailler ou d’obtenir un travail rémunérateur en
raison de la survenue de différents risques : soins de santé, maladie,
chômage, vieillesse, accidents du travail, responsabilités familiales,
maternité, invalidité ou décès du soutien de famille ».

En définitive, la sécurité sociale désigne un ensemble de dispositifs de


protection et de prévention. Ces dispositifs permettent d’assister des
personnes, lorsque celles-ci sont confrontées tout au long de leur vie à
différents événements ou situations dont l’incidence financière peut se
révéler coûteuse ; elle est la garantie donnée à chacun qu’en toutes
circonstances, il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa
subsistance et celle de sa famille.

La première conférence internationale sur la sécurité sociale eut lieu à


Santiago du Chili en 1942, confirmant la vocation mondiale de la
sécurité sociale et l'instituant à jamais comme l'instrument par
excellence de la solidarité entre les peuples en vue de la conquête du
bien-être pour tous. Puis en 1944, dans une déclaration dite de
PHILADELPHIE, la conférence internationale du travail donne par
37

ses recommandations une dimension internationale à la doctrine de la


Sécurité Sociale.

On retrouve cette préoccupation aussi dans la Déclaration universelle


des droits de l'homme de 1948, qui déclare en son article 22 que :
«Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la
sécurité sociale; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits
économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au
libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à
la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des
ressources de chaque pays».

L’article 25 reconnait le droit de chacun à la sécurité en cas de


chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans
les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de
circonstances indépendantes de sa volonté. La DUDH ne s’engage pas
d’un point de vue juridique mais elle fournit la fondation de la
reconnaissance des droits à la sécurité sociale dans des traités qui, par
la suite, ont été adoptés.

Cette consécration est également faite par le Pacte international relatif


aux droits économiques, sociaux et culturels de 1966 à ses articles 9 et
10 qui déclarent successivement que : «Les Etats parties au présent
Pacte reconnaissent le droit de toute personne à la sécurité sociale, y
compris les assurances sociales» et que «Les Etats parties au présent
Pacte reconnaissent que: […] Une protection spéciale doit être
accordée aux mères pendant une période de temps raisonnable avant
38

et après la naissance des enfants. Les mères salariées doivent


bénéficier, pendant cette même période, d’un congé payé ou d’un
congé accompagné de prestations de sécurité sociale adéquates ».

Outre, les textes internationaux de portée générale, l'institution


spécialisée en matière de travail qu’est l’Organisation Internationale
du Travail (OIT) imprimera ses pas dans les sillons tracés par la
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, en adoptant le 28 juin
1952, la Convention n° 102 qui fixe les normes minimales des
systèmes de sécurité sociale. Au 01/01/2010, quarante-six (46) pays
ont ratifié cette convention dont cinq (5) pays africains. Il s'agit du
Sénégal (22/10/62), du Niger (09/08/66), de la Mauritanie (15/07/68),
de la Jamahiriya arabe libyenne (19/06/75), et de la République
démocratique du Congo (03/04/87).

Au niveau international, les efforts de l’Organisation Internationale du


Travail sont soutenus par d’autres acteurs de la promotion de la
sécurité sociale. Il s'agit de l'Association Internationale de la Sécurité
Sociale (AISS), la Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale
(CIPRES).

L'Association Internationale de la Sécurité Sociale (A.I.S.S)

Fondée à Bruxelles en 1927 sous les auspices de l'OIT, l'Association


Internationale de la Sécurité Sociale (A.I.S.S) a pour objectif la
défense, la promotion et le développement de la sécurité sociale dans
le monde entier.
39

À la différence de l'OIT, l'AISS est une association, non d'Etats, mais


de praticiens de la sécurité sociale.

Conformément, à ses statuts, elle regroupe des services, des


institutions ou des organismes gestionnaires de la sécurité sociale ou
de la mutualité. D'européenne qu'elle était à l'origine, elle est devenue
une organisation mondiale. Tous les trois ans, l'AISS tient une
assemblée générale qui offre l'occasion à ses membres de s'informer et
de discuter de l'évolution des différentes branches de la sécurité
sociale.

Des réunions techniques et des cours de formation ont lieu au niveau


des grandes régions du globe, où sont effectués également des travaux
de recherche et diffusées des publications régionales.

L’AISS tient ses membres informés des événements récents par une
série de publications périodiques, paraissant en plusieurs langues pour
la plupart. Ce sont la Revue internationale de sécurité sociale, les
Recherches en sécurité sociale et le Bulletin d'information sur le
traitement des données.

Un réseau de bureaux de liaison a été mis en place par l'AISS pour


répondre de façon plus précise aux besoins de ses membres dans les
régions suivantes : Afrique, Amérique, Asie et Pacifique, et Europe.

Ce sont les Bureaux de liaison de l'AISS pour : l'Afrique australe


(Pretoria-Afrique du Sud), l'Afrique de l'Ouest (Abidjan-Côte
d'Ivoire), l'Afrique du Nord (Casablanca-Maroco les pays andins
40

(Lima-Pérou), les pays arabes (Amman-Jordanie), l'Asie du Sud (New


Delhi-Inde), l'Asie du Sud-est (Kuala Lumpur-Malaisie) et le Réseau
européen de l'AISS (Amsterdam-Pays-Bas).

La Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale (CIPRES)

L’organisme de sécurité sociale de chaque pays membre a pour


mission principale d'assurer la gestion du régime de sécurité sociale. Il
finance le paiement des prestations ainsi que les charges de
fonctionnement et d'équipement, assure le recouvrement des
cotisations sociales.

Pour remplir efficacement leur mission, les organismes africains de


sécurité sociale des pays membre de la zone Franc, se sont regroupés
au sein de la Conférence Interafricaine de la Prévoyance Sociale
(CIPRES).

Le 21 septembre 1993, les quatorze (14) pays africains membres de la


Zone Franc signaient à Abidjan (Côte d'Ivoire), un Traité instituant
une organisation intégrée chargée de la gestion et du contrôle
des organismes en charge de la Prévoyance sociale : La Conférence
Interafricaine de la, Prévoyance Sociale (CIPRES).

Tout État africain peut demander à en devenir membre. Le traité est


entré en vigueur le 10 octobre 1995.

Pourquoi a-t-elle été créée ?

La CIPRES vise quatre objectifs à savoir :


41

- fixer des règles communes de gestion, instituer un contrôle régional


de la gestion des Organismes de prévoyance sociale (en vue de
rationaliser leur fonctionnement pour mieux garantir les intérêts des
assurés sociaux y compris ceux des travailleurs migrants) ;

- réaliser des études et élaborer des propositions tendant à


l'harmonisation des législations et des règlements applicables aux
organismes et aux régimes de prévoyance sociale

- et enfin faciliter la mise en œuvre par des actions spécifiques au


niveau régional, d'une politique de formation initiale et permanente
des cadres et techniciens des organismes de prévoyance sociale.

S’agissant du système nigérien de sécurité sociale, il est institué par la


loi Lamine Gueye de 1950 qui a étendu les bénéfices des avantages
familiaux à l’ensemble des fonctionnaires. Quant aux autres
travailleurs salariés, ils doivent attendre l’adoption du code du travail
d’Outre-Mer du 15 décembre 1952 pour être admis aux mêmes
bénéfices. Ce code a fixé la responsabilité de l’employeur en cas
d’accident de travail et maladie professionnelle. En décembre 1956, il
y a eu la création de la Caisse de Compensation des Prestations
Familiales (CCPF) avec date d’effet le 1er janvier 1956. En janvier
1958, à la création de l’Institut de Prévoyance des Retraites en Afrique
Occidentale Française (IPRAO) ; la gestion de la retraite des
travailleurs a été confiée à cette institution.
42

Avec l’indépendance du pays, le système de sécurité sociale est


consacré dans la loi fondamentale et dans les textes législatifs et
réglementaires. C’est ainsi qu’en 1961, il a été créé un régime des
accidents de travail et maladies professionnelles mais qui ne devient
fonctionnel qu’à partir de 1965. A cet effet, une loi n° 65-023 du 15
mai 1965 relative aux contentieux de sécurité sociale est adoptée. En
1967 par le décret n° 67-023 du février 1967, la gestion de pensions
auparavant confiée à IPRAO a été retirée à cette dernière pour être
confiée à l’organisme national qu’est la CNSS. Le texte instituant le
régime de la Sécurité sociale a été modifié par la loi n° 2003-0034 du
5 août 2003 qui confie désormais cette gestion à la structure nationale
unique désignée à cet effet. La CNSS est chargée de la gestion du
fonds de l’action sanitaire et sociale, à l’exception de l’assurance
chômage et suppléée par des organismes privés d’Assurance et des
mutuelles. Les travailleurs indépendants ne sont pas couverts par le
régime de sécurité sociale mais peuvent adhérer volontairement à la
protection des risques pensions et accidents du travail.

Par quel mécanisme sera assuré le financement de la sécurité sociale


gérée par la CNSS et quels sont les modes d’organisation et de
fonctionnement de la Caisse de sécurité sociale (CHAPITRE I).
Comment assure-t-elle le versement des prestations de sécurité sociale
(CHAPITRE II) ?

CHAPITRE I : L’ORGANISATION, LE FONCTIONNEMENT


ET LE FINANCEMENT DE LA CNSS.
43

Avant d’examiner le financement de la sécurité sociale, nous allons


étudier l’organisation et le fonctionnement de l’organisme chargé de la
gestion du régime de sécurité sociale qu’est la Caisse Nationale de
Sécurité Sociale (CNSS). Etablissement public à caractère social, la
Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) est dotée d'une
personnalité civile et d'une autonomie financière. Placée sous la tutelle
du Ministère du Travail et de la Fonction Publique (MTFP), elle est
gérée par un Directeur Général et administrée par un Conseil
d'Administration (CA). La Direction Générale est conduite par un
cadre nommé par décret pris en Conseil des Ministres assisté d'un
Secrétariat Général dirigé par un cadre interne nommé par Arrêté du
Ministre chargé du travail sur proposition du Conseil d'administration
après avis du Directeur Général. Elle exerce une importante action
sanitaire et sociale en faveur des travailleurs salariés. Elle mène des
actions de prévention des risques professionnels au niveau des
entreprises et unités de production. Ainsi, elle procède à l'information,
et à la sensibilisation des employeurs et des travailleurs, au contrôle et
à la surveillance des conditions de santé et de sécurité en milieu du
travail, à des enquêtes destinées à situer les responsabilités et surtout à
détecter les causes pour édicter les mesures préventives des accidents
du travail et des maladies professionnelles.

Le système nigérien de sécurité sociale est fondé sur un régime et se


distingue du système français de la sécurité sociale fondé sur une
multitude de régimes mis en place par les ordonnances des 4 et 19
octobre 1945. Il composé du régime général de la sécurité sociale qui
44

juxtapose avec d’autres régimes distincts. Les différentes catégories de


salariés (du privé, des fonctions publiques, de telle ou telle entreprise
publique, etc…) et les indépendants (artisans, commerçants,
exploitants agricoles, membres d'une profession libérale) ont, en effet,
leur propre régime. La plupart des régimes sont constitués sous forme
de caisses nationales et locales autonomes au sein desquelles siègent
des représentants des cotisants (salariés et employeurs, ou
indépendants).

Pour mieux comprendre le fonctionnement de ces multitudes de


régimes examinons les successivement :

1) Le régime général : L’organisation administrative du régime


général de la sécurité sociale repose, s’agissant des prestations, sur
trois réseaux, chacun constitué d’une caisse nationale –
respectivement la caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs
salariés (CNAMTS), la caisse nationale d’allocations familiales
(CNAF), la caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs
salariés (CNAV) - et de caisses régionales ou locales. Le premier
réseau gère les deux branches maladie et accidents du travail, le
second gère la famille, le troisième la retraite.

Sur le plan local, les caisses régionales d’assurance maladie (CRAM)


sont chargées de la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles, de l’application des règles de tarification et de la
fixation des taux de cotisation d’accidents du travail. Ce sont
également elles qui, en dépit de leur nom, versent les prestations de
45

vieillesse. Les caisses primaires d’assurance maladie (CPAM), elles,


immatriculent les assurés, assurent les prestations des assurances
maladie, maternité, invalidité, décès et accidents du travail, gèrent le
risque avec le service médical et exercent une action sanitaire et
sociale.

Les caisses d’allocations familiales (CAF) sont chargées de servir les


prestations familiales et certaines prestations sociales (y compris des
prestations ne faisant pas partie des prestations de sécurité sociale : par
exemple le RMI). Toutes ces caisses sont pourvues d’un conseil
d’administration.

2) - Les régimes spéciaux : Les organismes chargés d’assurer la


gestion des régimes spéciaux sont tantôt, et pour une partie des
risques, les caisses du régime général, tantôt des caisses de caractère
mutualiste, des établissements publics ou des services dotés ou non de
l’autonomie administrative et financière. Pour illustrer la diversité et
la complexité des régimes spéciaux, sont présentés ci-après deux
exemples, le régime des fonctionnaires de l’Etat et celui de la SNCF.

Le régime de sécurité sociale des fonctionnaires de l’Etat. Pour les


agents titulaires de l’Etat, c’est l’administration qui, en sa qualité
d’employeur, assure une grande partie des risques. Ainsi, c’est l’Etat
qui assure directement le service des prestations en espèce (mais dans
le cas des prestations familiales, elles apparaissent au compte financier
de la branche famille du régime général). Il en est de même pour les
pensions de vieillesse qui sont payées directement par l’Etat (le
46

régime est d’ailleurs sans personnalité juridique et financière ; aussi la


Cour a-t-elle demandé qu’il y ait au moins une individualisation
comptable des cotisations et des prestations). Quant aux
remboursements des frais de maladie, ce sont les mutuelles (mutuelle
de la fonction publique, MGEN, MGPTT,…) qui l’assurent par
délégation du régime général (ce dernier les remboursant
forfaitairement des frais de fonctionnement occasionnés par cette
gestion).

Le régime de sécurité sociale à la SNCF. A la SNCF, il existe une


caisse de prévoyance autonome pour les prestations en nature des
assurances maladie et maternité, un service des retraites et une
organisation médicale comprenant des médecins rémunérés par la
SNCF pour dispenser les soins aux assurés. Les risques accidents du
travail sont, eux, directement pris en charge par la SNCF.

Sur le schéma joint, la prestation versée par l’employeur n’apparaît


pas dans les comptes de la sécurité sociale, ni dans les éléments
couverts par la loi de financement lorsqu’elle est couverte par des
hachures, elle y figure dans le cas contraire.

3) Les régimes des travailleurs non-salariés, non agricoles : Le


régime d’assurance maladie des artisans, commerçants et membres des
professions libérales comporte trois niveaux : la caisse nationale
d’assurance maladie et de maternité des travailleurs non-salariés des
professions non agricoles (CANAM), des caisses mutuelles régionales
(CMR) et des organismes conventionnés (OC). Les caisses mutuelles
47

régionales procèdent à l’immatriculation des assurés, déterminent le


montant de leurs cotisations, assurent une action sanitaire et sociale et
contrôlent les organismes conventionnés. Les organismes
conventionnés (sociétés d’assurance ou mutuelles) assurent
l’encaissement des cotisations, et le service des prestations.

Dans le régime d’assurance vieillesse des artisans et des commerçants


il existe une caisse nationale - la caisse nationale de compensation de
l’assurance vieillesse artisanale (CANCAVA) pour les artisans, et la
caisse de compensation de l’organisation autonome nationale de
l’industrie et du commerce (ORGANIC) pour les commerçants - et
des caisses de base.

Dans le régime des professions libérales, chaque profession a tenu à


conserver une caisse autonome dite « section professionnelle », dont la
coordination est assurée par la caisse nationale d’assurance vieillesse
des professions libérales (CNAVPL). Pour les avocats, une caisse
nationale des barreaux français assure les risques vieillesse et
accidents du travail.

4) Le régime des exploitants agricoles : Les caisses


départementales ou pluri-départementales de mutualité sociale
agricole gèrent les assurances sociales et l’assurance accidents du
travail des salariés agricoles, l’assurance vieillesse des exploitants
agricoles, ainsi que les prestations familiales des exploitants et des
salariés agricoles. La caisse centrale de la mutualité sociale agricole
(CCMSA) constitue l’échelon central de ce régime. Elle a pour
48

missions, en plus de sa fonction de gestion du risque, de


coordonner, de conseiller et d’assister les caisses départementales
ou pluri-départementales.

Si la couverture des salariés agricoles est intégrée financièrement


au régime général, l’ensemble des dépenses et des recettes du
régime des non-salariés agricoles, à l’exception de l’assurance
contre les accidents du travail, est retracé dans le budget annexe des
prestations sociales agricoles (BAPSA).

Pour ce qui est du régime unique de la CNSS, il importe de préciser


qu’il est basé sur un mode particulier d’organisation hiérarchique et
administrative adapté à sa nature juridique (SECTION I) et d’un mode
spécialisé de fonctionnement adapté à son caractère social (SECTION
II) ainsi que d’une technique particulière de financement (SECTION
III).

SECTION I : FONCTIONNEMENT DE LA CAISSE


NATIONALE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

La Caisse nationale de sécurité sociale, en abrégé CNSS, est un


établissement public à caractère social doté de la personnalité morale
et de l’autonomie financière. Elle est régie par la loi n° 2003-034 du 5
août 2003, portant création de la Caisse nationale de sécurité sociale et
par les présents statuts fixés par le décret du 11 mars 2005. La CNSS
est statutairement administrée par un Conseil d’Administration,
49

épaulée par des commissions techniques et gérée par une


administration générale.

PARAGRAPHE I : L’ADMINISTRATION DE LA CNSS.

La CNSS est administrée par un Conseil et des commissions


spécialisées.

A - LE CONSEIL D’ADMINISTRATION.

Le Conseil d’Administration a une composition tripartisme : il est


composé de :

- Cinq (5) représentants de l’Etat dont le premier vice-


président représentant le MFP/T, les représentants des Ministère
des Finances, de la Santé Publique, du Commerce et de la
Promotion du secteur privé et celui de la Population de la
promotion de la femme et de la protection de l’enfant ;

- De quatre (4) représentants des employeurs dont le


président du conseil (SCIMPEX-FOP NIGER, FOP-NIGER,
CNPN SYNAPEMEN-CNPN).;

- De quatre (4) représentants des travailleurs dont le


deuxième vice-président (UGTN, USTN, CDTN, CNT)  NB:
Les noms des structures membre du conseil ont été indiqués
juste pour refléter la composition actuelle  b) Attributions 
Approbation : Budget, rapport annuel d’activité du Directeur
Général, Comptes annuels de gestion de l’Agent Comptable.
50

Ce conseil est épaulé par des commissions techniques spécialisées :

B - COMMISSIONS SPECIALISEES

L’Article 18 du Décret n° 2005-64/PRN/MFP/T du 11 mars 2005


portant approbation des statuts de la CNSS institue les commissions
ci-après :

 La Commission Permanente, aussi appelée commission de recours


gracieux  a. Composition  Deux (2) représentants de l’Etat dont
l’un assure la présidence ;  Un (1) représentant des employeurs ; 
Un (1) représentant des travailleurs.  b. Attributions : Examiner les
recours formulés contre les décisions de la CNSS en matière de
prestations sociales ainsi que les demandes de remise sur les pénalités
encourues formulées par les employeurs cotisants défaillants. 
soumettre les résultats de ses travaux à l’approbation du Conseil
d’Administration.

 La Commission de contrôle 

a) Composition  Deux (2) représentants de l’Etat ;  Un (1)


représentant des employeurs ;  Un (1) représentant des travailleurs.
 Elle est présidée alternativement par le représentant des employeurs
et celui des travailleurs

b) Attributions  Vérifier la comptabilité de la CNSS;  Examiner


les comptes annuels de gestion de l’Agent comptable.  Présenter au
Conseil d’Administration un rapport sur les opérations effectuées au
cours de l’année et sur la situation financière de la CNSS en fin
51

d’exercice comptable.  Examiner le projet de budget avant sa


présentation au Conseil d’Administration.

PARAGRAPHE II : LA GESTION DE LA CNSS

 Direction Générale conduite par un cadre nommé par décret pris en


Conseil des Ministres.  Secrétariat Général dirigé par un cadre
interne nommé par Arrêté du Ministre chargé du travail sur
proposition du Conseil d’Administration  Des conseillers (juridique,
financier, technique et un médecin conseil).  L’organisation
administrative de la CNSS comprend en outre des Directions et
services centraux et des services déconcentrés.

A - LES DIRECTIONS ET SERVICES CENTRAUX

1°) – Les Directions centrales

 La Direction du Recouvrement des Cotisations (DRC) chargée de


l'affiliation des employeurs, de l'immatriculation des travailleurs, du
contrôle des employeurs et du recouvrement des cotisations ;

 La Direction de la Gestion des Assurés (DGA) chargée de la gestion


technique des branches de sécurité sociale ;

 La Direction du Budget et des Investissements (DBI) Chargée de


l’élaboration, du suivi et de l’exécution du budget et de la gestion du
patrimoine de la CNSS ;

 La Direction des Ressources Humaines (DRH) chargée de la gestion


et de la formation du personnel ;
52

 L’Agence comptable (AC) chargée de l’exécution de toutes les


opérations comptables de l’Institution ;

 La Direction de l'Action Sanitaire et Sociale (DASS) chargée du


service des prestations en nature en faveur des travailleurs salariés et
de leurs familles à travers notamment les sept (7) centres médico-
sociaux ;

 La Direction de l'Informatique et de la Statistique (DIS) chargée de


la conception, de la réalisation et de l'exploitation du système
d'information de la CNSS.

2°) - Services centraux

 La Cellule Inspection et Audit interne (CIAI) chargée de contrôler


les activités de l’ensemble des structures de la CNSS, de réaliser des
études intéressant les domaines d’activité de l’Institution et d’assurer
le suivi des relations de la CNSS avec les autres organismes étrangers
de sécurité sociale ;

 La cellule Communication et Qualité chargée de concevoir, de


définir et de mettre en œuvre des stratégies et actions d’information,
d’éducation et de communication à l’endroit du public, des assurés et
des partenaires sociaux et de contribuer au processus de mise en place
d’un système de management de la qualité à la CNSS ;

 Le Service de la Prévention des Risques Professionnels (SPRP)


chargé de mettre en œuvre la politique de prévention des risques
professionnels ;
53

Le Service des Archives et de la Documentation (SAD) chargé de


gérer la documentation générale et d'organiser les archives de
l'Institution.

B - LES STRUCTURES DECONCENTREES

Elles se composent de :

- Sept (7) Directions régionales implantées dans les Chefs-


lieux des régions, sauf Niamey. Elles sont chargées de la
liquidation des dossiers de prestations familiales, des rentes et
des pensions, du recouvrement des cotisations et du contrôle des
employeurs ;

- deux (2) agences dans certains chefs-lieux de département


en raison de l’importance des effectifs qui y sont employés (Arlit
et Konni), elles ont les mêmes attributions que les Directions
régionales ;

- cinq (5) Centres de paiement implantés dans la


Communauté Urbaine de Niamey (Boukoki, Talladjé, Rive
Droite, Nouveau Marché, Yantala). Ils assurent le paiement des
prestations en espèces aux assurés sociaux relevant de leur
sphère de compétence ;

- Une (1) antenne locale à Gaya dont le rôle est de collecter


les demandes des prestations des assurés résidents en vue de les
transmettre à la Direction Régionale de Dosso dont elle dépend
54

et leur distribuer leurs décomptes aux échéances de règlement


par le comptable de l’Etat de la localité.

Le Niger dispose de structures sanitaires publiques et privées. Les


divisions d'action sanitaire et sociale de la CNSS dispensent des
services médico-sociaux aux niveaux des localités.

Ces divisions servent des prestations en nature aux travailleurs et à


leur famille et leur apportent l'aide nécessaire pour accomplir les
formalités administratives.

Certaines prestations sont gratuites dans les établissements publics :

 les consultations prénatales, le suivi des grossesses à risque,

 les consultations préventives et curatives, l'hospitalisation, les


actes de chirurgie, les examens de laboratoire, la radiologie pour
les enfants de la naissance jusqu'à 5 ans,

 les consultations médicales dispensées dans un hôpital,

 les césariennes,

 le traitement des cancers féminins,

 la contraception,

 le traitement des pathologies récurrentes chez les sujets atteints


du VIH, de la tuberculose,

 l'hospitalisation des personnes en situation de handicap,


55

 le remboursement des frais d'accouchement et des soins


médicaux en découlant dans la limite des tarifs conventionnés.

SECTION II : FONCTIONNEMENT DE LA CAISSE


NATIONALE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

La Caisse nationale de sécurité sociale a, au sens de l’article 2 du


décret du 11 mars 2005 et en application de l’article 2 de loi n°
2003-0034 du 5 août 2003, a pour objet la gestion des différentes
branches de sécurité sociale :

- la branche des prestations familiales ;

- la branche des risques professionnels comprenant la prévention et la


réparation des accidents du travail et des maladies professionnelles ;

- la branche des pensions de vieillesse, d’invalidité et de survivants ;

- et toute autre branche de sécurité sociale qui lui serait


éventuellement confiée.

Elle est en outre chargée de la gestion du fonds d’action sanitaire et


sociale.

Pour la réalisation de son objet, la Caisse nationale de sécurité sociale


peut accomplir tous les actes et passer toutes les conventions destinées
à la réalisation de son objet. Elle peut également conclure tous les
accords de coordination, de compensation, de réciprocité et de
coopération avec tous les organismes ayant le même objet.
56

La Caisse nationale de sécurité sociale s’interdit toute activité à but


lucratif à l’exception de celles relatives au placement à terme des
fonds dans les banques, à la détention des titres de participation, à la
construction et à la gestion d’immeubles de rapport et de structures
sanitaires.

Mais comment gère-t-elle ces branches et qui assure le financement


des prestations sociales ?.

SECTION III - LE FINANCEMENT DE LA SECURITE


SOCIALE

Pour faire face aux dépenses qu'implique la couverture des


prestations sociales, la Caisse dispose des ressources de financement
diverses. Un financement défini ici, toute action visant à mobiliser
les ressources nécessaires au fonctionnement du régime de la Caisse
Nationale Sécurité Sociale. Il vient essentiellement des employeurs et
des employés ; et d’une subvention de l’Etat pour ce qui concerne la
couverture médicale aux plus démunis.

Pour ce qui est de ses ressources, elles proviennent des :

- cotisations des employeurs et des travailleurs ;

- revenus de placements financiers ;

- revenus des titres de participation ;

- revenus des immeubles de rapport ;


57

- produits d’aliénation des biens meubles et immeubles ;

- produits tirés de l’exploitation de ses centres médico - sociaux ;

- contributions, avances, ristournes et subventions de l’État ;

- emprunts ;

- dons et legs ;

- produits divers.

De ces ressources, elle doit supporter les charges suivantes :

- paiement des prestations familiales ;

- paiement des indemnités et rentes au profit des victimes des


accidents du travail et des maladies professionnelles et leurs ayants -
droit ;

- le paiement des pensions aux travailleurs et leurs ayants – droit.

Le financement de la sécurité sociale supporté par les salariés et les


employeurs appelés cotisants de la CNSS induit la précision des
certains concepts, notamment sur qu’est-ce qu’un employeur ? qu’est-
ce qu’un travailleur salarié ?

PARAGRAPHE I - DÉFINITION DES CONCEPTS.

Au sens de l’article 3 de la loi 2012- 045 du 25 septembre 2012


portant Code du Travail de la République du Niger « Est considéré
comme employeur, et constitue une entreprise soumise aux
58

dispositions du présent Code, toute personne physique ou morale de


droit public ou de droit privé employant un ou plusieurs travailleurs
quelle que soit son activité ou son statut : entreprise commerciale,
industrielle, agricole ou de services, profession libérale, institution de
bienfaisance, ONG, association ou confrérie religieuse ainsi que
toutes autres institutions avec ou sans but lucratif ».

De cette définition on peut retenir que l’employeur est une personne


physique ou morale, utilisant à quelque titre que ce soit et d’une
manière permanente, temporaire ou occasionnelle, un ou plusieurs
travailleurs ou assimilés moyennant une rémunération (soit en
espèces, soit en nature tels que le logement, la nourriture etc.…).

Le salarié et l’employeur sont liés par un contrat de travail qui peut


prendre la forme d’un contrat à durée déterminée (CDD), d’un contrat
à durée indéterminée (CDI) ou une autre forme avec les mesures
d’aides à l’emploi. Le salarié demeure sous la subordination de son
employeur : le lien de subordination est lié à tout contrat de travail et
désigne le fait, pour un salarié, de devoir se conformer aux
instructions de l’employeur et de réaliser le travail confié par ce
dernier.

L’employeur dispose de divers pouvoirs mais il a également des


obligations. Les obligations de l’employeur sont riches et variées
comme verser une rémunération au salarié ; être à jour de ses
cotisations auprès des organismes de recouvrement, etc. À côté des
obligations, l’employeur a des pouvoirs comme un pouvoir
59

disciplinaire qu’il exerce grâce au règlement intérieur dans lequel sont


prévues des sanctions disciplinaires applicables dans l’entreprise. En
outre, il peut voir à la fois sa responsabilité civile et sa responsabilité
pénale engagées.

Ainsi, tout employeur qui emploie des travailleurs salariés est soumis
à cette obligation d’affiliation à la caisse nationale de sécurité sociale.

Qu’est-ce qu’un Travailleur salarié ? Conformément à l’art. 2 de la


Loi 2012- 045 du 25 septembre 2012 portant Code du Travail de la
République du Niger « Est considéré comme travailleur, quels que
soient son sexe et sa nationalité, toute personne qui s'est engagée à
mettre son activité professionnelle, moyennant rémunération, sous la
direction et l'autorité d'une autre personne, physique ou morale,
publique ou privée ».

Il convient de noter que la notion de travailleur salarié s’étend aux


agents fonctionnaires régulièrement détachés auprès des entreprises
publiques ou privées (Conformément aux dispositions de l’article 83
du statut général de la fonction publique de l’État,), à l’exception des
fonctionnaires pris en charge par le Fonds National de Retraite (FNR)
devenu CARENI. Il en est de même des fonctionnaires retraités et
employés dans les entreprises ou établissements privés.

En dehors des travailleurs ci-dessus, il y en a d’autres dont les services


sont régulièrement utilisés par les employeurs de tous secteurs
60

d’activité sans généralement penser à leur assurer la couverture


sociale.

Il s’agit :

▪ des apprentis

L’apprenti est un jeune travailleur placé auprès d’une entreprise avec


l’accord de ses parents pour apprendre un métier. A ce titre il
bénéficie d’un contrat d’apprentissage dont la durée est fixée compte
tenu des usages de la profession ; elle ne peut toutefois être supérieure
à quatre (4) ans. Le chef d’établissement ou le préposé spécialement
désigné, appelé maître est chargé de la formation de l’apprenti dont les
cotisations sociales sont versées par celui-là en vue de couvrir les
accidents du travail et maladies professionnelles et la retraite.

▪ des stagiaires

Ce sont généralement de jeunes personnes en formation ou en fin de


formation qui sont admises au sein d’une entreprise en vue d’acquérir
de l’expérience par la pratique au poste dont le profil correspond au
diplôme obtenu ou envisagé.

Le type de stagiaire qui intéresse la sécurité sociale est le second qui


détient un contrat de stage. Les cotisations sociales de ce type de
stagiaire sont versées dans la même proportion que celles des
apprentis.
61

Les travailleurs indépendants ne sont couverts par le régime de


sécurité sociale mais peuvent adhérer volontairement à la protection
des risques pension et accidents de travail.

A côte des obligations principales et des obligations financières, il


existe d’autres obligations.

A - OBLIGATIONS DE L’EMPLOYEUR ET DU SALARIE.

1°) - L’obligation d’affiliation

L’affiliation d’un employeur est l’opération administrative qui


consiste à attribuer un numéro d’identification à toute personne
physique ou morale qui utilise, en tant qu’employeur les services d’un
ou plusieurs salariés dans le cadre de ses activités. C’est donc une
situation de droit qui consacre le rattachement de l’employeur à la
CNSS.

L’obligation d’affiliation de l’employeur est contenue dans l’article 3


de la loi 2003-34 du 5 août 2003 portant création de la CNSS qui
dispose que « doit être obligatoirement affilié à la CNSS tout
employeur public ou privé qui utilise les services d’un ou plusieurs
travailleurs au sens de l’article 2 du code du travail exerçant ses
activités sur le territoire de la République du Niger ».

Pour son affiliation à la CNSS, l’employeur doit joindre à sa demande


sur formulaire type (à retirer à la CNSS) une copie de l’autorisation
d’exercice, d’établissement ou de l’attestation d’inscription au
Registre du Commerce et du Crédit Mobilier (RCCM) et une copie du
62

Numéro d’Identification Fiscale (NIF). Cette demande peut être


introduite à la Maison de l’Entreprise lors de la création d’une
nouvelle entreprise et/ou de l’ouverture d’un Etablissement pour
attribution et notification du n° d’affiliation de l’employeur.

La demande d’affiliation peut aussi être introduite directement aux


guichets de la Direction du Recouvrement des Cotisations (DRC) sise
à l’immeuble CNSS de Niamey ou au niveau des autres guichets des
Directions Régionales et Agences de la CNSS.

Lorsqu’il s’agit d’une demande de suspension ou de reprise


d’activités, l’employeur doit se présenter directement aux guichets de
la CNSS pour cette formalité.

Le numéro d’affiliation constitue les références du compte cotisant de


l’employeur auprès de la CNSS dans lequel tous les paiements des
cotisations ainsi que leurs débits correspondants sont enregistrés. La
date d’effet de l’affiliation de l’employeur est la date d’embauche du
premier salarié de l’entreprise.

2°) - L’obligation d’immatriculation du travailleur salarié

L’immatriculation d’un travailleur est l’opération administrative qui


consiste à inscrire officiellement un travailleur à la CNSS. Cette
opération est matérialisée par l’attribution d’un numéro de sécurité
sociale au travailleur qui lui confère la qualité d’assuré social. Elle
doit intervenir, à la demande de l’employeur, huit (8) jours après
l’embauche (articles 8 et 9 de l’arrêté n°477 /MFP/T du 2 mars 1968
63

pris en application du décret n°67-025 du 2 février 1967 portant règles


de gestion du régime des retraites par la CNSS). Aux termes de ces
dispositions, tout employeur, au moment de l’engagement d’un
travailleur (si celui-ci n’a pas été immatriculé déjà) est tenu d’établir
une demande d’immatriculation au nom de ce dernier.

La demande d’immatriculation est établie sur imprimé type fourni par


la CNSS. Elle doit être signée par le travailleur lui-même et par son
employeur qui y appose son cachet. Elle est adressée à la CNSS
accompagnée d’une copie certifiée conforme de l’acte de naissance ou
du jugement supplétif tenant lieu d’acte de naissance de l’employé.

Cette immatriculation est matérialisée par la délivrance d’un livret


d’assurance. Ce livret, qui est unique, doit être présenté à l’employeur
afin que celui-ci le signe en indiquant la date d’embauche du salarié
(et éventuellement la date de débauchage en cas de départ définitif du
salarié). Cette formalité est également obligatoire pour les employeurs
utilisant des fonctionnaires régulièrement détachés auprès leurs entités
(entreprises parapubliques, sociétés d’Etat, sociétés d’économie mixte
et même les sociétés privées). Il en est de même pour les contractuels
et les auxiliaires de l’Administration.

Le manquement à cette obligation entraîne également des amendes


sous forme de pénalités et majorations de retard.

B - DES OBLIGATIONS FINANCIERES


64

Les prestations sociales servies par la CNSS sont financées par les
cotisations sociales mises à la charge des employeurs et des salariés.
Le calcul de ces cotisations tient compte de l’assiette des cotisations et
des taux de cotisations applicables.

1°) - L’assiette des cotisations

Elle est constituée par l’ensemble des gains ou salaires perçus par le
travailleur salarié, qu’il remplisse ou non les conditions d’ouverture
ou de maintien des prestations sociales. Mais tous les éléments de
salaires n’entrent pas dans l’assiette des cotisations.

Les éléments constitutifs de l’assiette des cotisations sont fixés par


l’arrêté n° 0697/MFP/T/E du 11 Juin 1997.

Pour l’essentiel, ils comprennent :

▪ Le salaire de base ou salaire catégoriel ou indiciaire

▪ Les accessoires et substituts de salaires qui sont :

o les indemnités de congés payés

o les indemnités de préavis

o les heures supplémentaires

o les gratifications et primes, même si leur attribution par l’employeur


est bénévole ou exceptionnelle (gratification de fin d’année, primes de
bilan)
65

o les primes d’ancienneté et rendement

o les pourboires perçus des clients de l’employeur.

▪ Les avantages en nature qui sont fournis par l’employeur sans


aucune retenue sur les salaires des travailleurs à savoir la nourriture, le
logement, l’eau et l’électricité.

Les éléments n’entrant pas dans l’assiette des cotisations sont :

▪ l’indemnité de licenciement et pour rupture abusive du contrat de


travail qui sont destinées à réparer un préjudice et n’ont pas le
caractère de salaire

▪ les indemnités de transport

▪ les frais professionnels représentant le remboursement de frais


engagés par le travailleur dans l’exercice de son activité
professionnelle (frais de mission ou de déplacement par ex)

▪ les primes d’outillage

▪ les primes de panier

▪ les primes de salissure

▪ les prestations familiales et de maternité.

Il est important de retenir que l’assiette des cotisations est soumise à


des limites de deux ordres, la limite inférieure et la limite supérieure.

▪ La limite inférieure ou plancher


66

Les cotisations ne peuvent en aucun cas être calculées sur un salaire


inférieur au salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) le
plus élevé de l’emploi. Au Niger, le SMIG de 30.047 FCFA par mois
rehaussé à 42.000 francs par le décret n° 2023/00338/PM du 21 mars
2023 et entré en vigueur au 1er janvier 2024.

▪ La limite supérieure ou plafond

Le plafond annuel considéré dans le calcul des cotisations est fixé par
le décret n° 281-2013/PRN/MFP/T du 24 juillet 2013 à 6.000.000
Francs cfa par an soit 1.500.000 Francs cfa par trimestre et 500.000
Francs cfa par mois (depuis le 1er janvier 2014 par an et par salarié au
taux global de 21.65%).

La partie des salaires qui dépasse ce plafond annuel n’est pas prise en
compte. Afin de ne pas pénaliser certains travailleurs qui, par le jeu
des différents avantages, peuvent atteindre ce plafond, l’art. 32 du
décret n °2005-64 du 11 Mars 2005 portant approbation des statuts de
la CNSS dispose que : « Les éléments de rémunération versés
occasionnellement à des intervalles différents de la périodicité des
paies sont, pour le calcul des cotisations, lorsqu’ils sont versés dans
l’intervalle de deux paies, ajoutés à la paie suivante, sans qu’il soit
tenu compte de la période de travail à laquelle ils se rapportent.

A l’expiration de chaque trimestre, il est procédé à une régularisation


pour tenir compte de l’ensemble des salaires et gains perçus au cours
de ladite période. A cette fin, il est fait masse de l’ensemble des
67

salaires et gains perçus depuis le premier trimestre, et les cotisations


sont calculées sur cette masse ».

2) - Les taux et la charge des cotisations.

Les taux et charges de cotisations sociales actuellement en vigueur au


Niger sont ceux fixés par les décrets subséquents : le décret n° 154–
2009/PRN/MFP/T du 1er juin 2009, modifié par le décret n° 281-
2013/PRN/MFP/T du 24 juillet 2013 et enfin par le décret n° 449-
2023/PRN/MET/PS du 25 mai 2023 fixant un taux global de 21, 65%
dont 16,40% à la charge de l’employeur et 5,25% à la charge des
salariés.

Il est décomposé comme suit :

- Branche des prestations familiales; soit un taux trimestriel


de 4, 90% à la charge exclusive de l’employeur ;

- Branche accidents du travail et maladies professionnelles à


un taux de 1.75 % à la charge exclusive de l’employeur ;

- Branche des pensions à un taux de 15% dont 9,75 % à la


charge de l’employeur et 5.25 % à la charge du travailleur

- Et enfin, le taux de 0,5% de la cotisation de l’Agence


Nationale pour la Promotion de l’Emploi (ANPE) exclusivement
à la charge de l’employeur, porté semble-t-il à 1%. Cette
cotisation est reversée à l’ANPE.

Cas particuliers :
68

▪ Fonctionnaires détachés : 6,65% exclusivement à la charge de


l’employeur (dont 4,90 % au titre des prestations familiales et 1.75%
au titre des accidents du travail et maladies professionnelles) ;

▪ Apprentis et stagiaires : 16,75% dont 1.75 % au titre des accidents


du travail et maladies professionnelles (à la charge de l’employeur) et
15% au titre de la pension (dont 5,25% à la charge de l’assuré et
9,75% à la charge de l’employeur) ;

▪ Assurés volontaires : 15% au titre des pensions et 1,40% à la charge


du demandeur.

3) – Le paiement des cotisations sociales.

A qui incombe le paiement des cotisations sociales ?. L’employeur est


le débiteur de l’ensemble des cotisations patronales et ouvrières. Les
cotisations des travailleurs salariés font l’objet de précompte sur
salaire par l’employeur qui en reverse le montant à la CNSS.
L’employeur est donc substitué à ses salariés comme débiteur desdites
cotisations vis-à-vis de la CNSS. A l’appui des versements de leurs
cotisations, les employeurs produisent un relevé nominatif et une
déclaration des salaires qui comportent toutes les informations
permettant de vérifier l’exactitude des décomptes des cotisations dues.
Les imprimés sont fournis par la CNSS.

Sur quels supports sont payés les cotisations et selon quelles


périodicités sont-elles payées ?

a°) - Les supports


69

Conformément aux dispositions de l’art.34 du décret n °2005-64 du 11


Mars 2005 portant approbation des statuts de la CNSS, « tous les
employeurs affiliés sont tenus d’adresser à la Caisse dans les trente
(30) premiers jours de chaque trimestre, une déclaration nominative
faisant sortir pour chacun des salariés qu’ils ont occupés au cours du
trimestre écoulé, le montant total, jusqu’à concurrence du plafond, des
rémunérations perçues par les intéressés ainsi que la durée du travail
effectué ».

Les employeurs de vingt (20) salariés et plus sont tenus, en outre


d’adresser à la Caisse, en même temps que le règlement mensuel de
leurs cotisations, une déclaration faisant ressortir le montant global
des salaires versés dans la limite du plafond visé à l’alinéa 2 de
l’art.31 ». A cette fin, la CNSS adresse, à la fin de chaque mois ou
trimestre, à tous les employeurs les déclarations de salaires et les
relevés nominatifs pré imprimés.

Cette déclaration périodique a pour but de permettre, avec justesse et


régularité :

▪ le suivi de la carrière des travailleurs

▪ la mise à jour du fichier des salariés en activité

▪ l’ouverture et la détermination des droits à prestations des salariés

▪ la tenue régulière des comptes des employeurs.


70

Les différents imprimés de déclaration (mensuelle ou trimestrielle)


sont édités par la Caisse et expédiés à échéance aux différents
employeurs, soit par voie postale, soit par le canal des services de la
Caisse.

NB : les cotisations étant portables et non quérables, le fait de ne pas


recevoir les imprimés ci-dessus cités ne pourrait en aucun cas justifier
le non-paiement ou le paiement en retard des cotisations sociales par
l’employeur.

b) - La périodicité.

Les cotisations sont payables : ▪ mensuellement pour les employeurs


occupant 20 salariés ou plus

▪ trimestriellement pour ceux occupant moins de 20 salariés.

Délai d’exigibilité :

Pour le paiement mensuel : dans les 30 jours qui suivent la fin du mois
échu ;

Pour le paiement trimestriel : dans les 30 jours qui suivent la fin du


trimestre échu. En cas de cessation d’activité ou de cession de fonds,
les cotisations sont immédiatement exigibles.

L’employeur occupant moins de vingt (20) salariés paie ses cotisations


par trimestre de l’année en cours.

Délai de paiement sous peine de pénalités


71

- 1er trimestre Avant le 30 avril de l’année en cours,

- 2ème trimestre Avant le 31 juillet de l’année en cours,

- 3ème trimestre Avant le 31 octobre de l’année en cours,

- 4ème trimestre Avant le 31 janvier de l’année en cours.

Outre l’obligation de cotisation, l’employeur est soumis à d’autres


obligations sous peine de sanctions.

PARAGRAPHE II – AUTRES OBLIGATIONS

Le respect par l’employeur des autres obligations directement liées


aux différentes branches conditionne l’octroi des prestations sociales
par la CNSS

A – Les Obligations en matière de prestations familiales et de


maternité

Après la délivrance par la CNSS du livret d’assurance à un travailleur


à l’issue de son immatriculation, l’employeur y inscrit la date
d’embauche et signe le feuillet réservé à cet effet. Il en est de même
lorsque le travailleur est déjà immatriculé avant son engagement. En
cas de rupture du contrat, la date du départ de l’entreprise est
également mentionnée ainsi que la signature de l’employeur.

B - Les Obligations en matière d’accidents du travail

En cas de survenance d’un accident du travail, l’Employeur est tenu


d’assurer les soins de première urgence (le 1er jour de l’accident étant
72

entièrement à sa charge), de prévenir le médecin de l’entreprise,


d’évacuer la victime vers la structure sanitaire la plus proche, de
déclarer l’accident dans les 48 heures qui suivent, et de délivrer un
carnet d’accident du travail dans lequel seront consignés les actes
médicaux et les honoraires du médecin.

C- Les Obligations en matière de retraite

Lorsque le travailleur fait valoir ses droits à la retraite, l’employeur


doit l’assister dans la constitution de son dossier.

A cet effet, les pièces à lui fournir sont :

- la décision de mise à la retraite ;

- le livret dûment signé ;

- le certificat de travail.

Il doit en outre s’assurer auprès de la CNSS que le travailleur a été


régulièrement déclaré pendant sa période de présence.

D. Obligations en matière de prévention des risques


professionnels.

Tout employeur qui utilise des procédés de travail susceptibles de


provoquer les maladies professionnelles est tenu d’en faire la
déclaration avant le commencement des travaux par lettre
recommandée à l’Inspecteur du travail ainsi qu’à la CNSS.
73

Il convient de noter que l’employeur est aussi responsable de


l’application des mesures de prévention médicale et ne saurait en être
déchargé par le seul fait d’organiser un service de médecine du travail
dans l’entreprise ou d’adhérer à un service médical interentreprises. Il
doit notamment pouvoir prouver à tout moment à l’Inspecteur du
travail que ses salariés ont bien été soumis aux visites médicales
prévues par la réglementation. Il est obligé de tenir compte de
l’éventuel avis d’inaptitude temporaire ou définitif qui lui serait
transmis par le médecin du travail à la suite de ces examens.

L’employeur est également tenu d’informer les travailleurs des


dangers présentés par les produits qu’ils manipulent ; l’étiquetage
informatif des substances et préparations, est l’un des éléments de
cette information. Enfin, les dispositions du Code du travail au Niger
prévoient entre autres mesures obligatoires la mise en place des
Comités de Santé et Sécurité au Travail (CSST) par tout employeur
ayant au moins cinquante (50) salariés.

E – Contrôle des employeurs et sanctions

1 - Contrôle des employeurs

Pour vérifier le respect de la législation et de la réglementation de


sécurité sociale en vigueur par les employeurs, la CNSS peut faire
procéder à tout moment à des contrôles sur place et sur pièces par ses
contrôleurs assermentés; à l’occasion les employeurs sont tenus de
leur présenter tous les documents nécessaires aux vérifications.
74

Le contrôle de l'application de la législation et de la réglementation de


la sécurité sociale est assuré par le directeur du travail et de la sécurité
sociale, les inspecteurs et contrôleurs du travail, les officiers de police
judiciaire ainsi que les agents de la caisse nationale de la sécurité
sociale, spécialement commissionnés à cet effet par décision de
l'autorité de tutelle de ladite caisse.

Les fonctionnaires et agents chargés du contrôle sont habilités à


constater par procès-verbal faisant foi jusqu’à preuve du contraire les
infractions à la législation de la sécurité sociale et aux textes pris pour
son application. Ces procès-verbaux sont soumis aux règles prévues à
l’article 150 du Code du travail. Les agents de la Caisse nationale de
sécurité sociale commissionnés sont tenus au secret professionnel et
prêtent le serment prévu à l’article 148 du Code du travail. Les
fonctionnaires et agents chargés du contrôle possèdent les pouvoirs
énumérés à l’article 151 du Code du travail.

2 – Sanctions

a) Les sanctions et pénalités pour défaut d’affiliation

Elles sont prévues par l’art.15 de la loi 2003-34 du 5 août 2003 portant
création de la CNSS qui dispose que : « l’employeur qui a contrevenu
aux dispositions légales et réglementaires relatives à l’affiliation à la
CNSS et au paiement des cotisations est passible d’une amende de
cinq mille (5 000) francs à cinq cent mille (500 000) francs sans
préjudice de la condamnation au paiement de la somme représentant
75

les cotisations dont le versement lui incombait, augmentée des


majorations de retard ».

b) Les sanctions et pénalités pour défaut de production de


déclaration

En vertu toujours de l’art.34 du décret n° 2005-64 PRN/MFPT du 11


mars 2005 portant approbation des statuts de la caisse nationale de
sécurité sociale (CNSS) le défaut de production de la déclaration dans
les délais prescrits donne lieu :

• à l’application d’une majoration de 200 francs par salarié figurant


sur la dernière déclaration produite par l’employeur ;

• lorsque l’employeur n’a jamais produit de déclaration, la majoration


de 200 francs est appliquée pour chaque salarié dont le contrôle a
révélé l’emploi dans l’entreprise.

 En cas de retard supérieur à un mois, une nouvelle


majoration identique est appliquée pour chaque mois ou fraction
de mois de retard ;

• une majoration de 200 francs est également appliquée pour


l’inexactitude concernant, le montant des rémunérations, le nombre de
jours de travail déclarés, ou l’omission de salarié constaté sur la
déclaration.

Toutes ces pénalités sont recouvrées dans les mêmes conditions que
les cotisations.
76

Elles sont de deux ordres :

Celles relatives au défaut d’affiliation de l’employeur et les


majorations et pénalités de retard dans le paiement des cotisations.

c) Les sanctions et pénalités pour paiement de cotisations


hors délais légaux

Lorsque les délais d’exigibilité ne sont pas respectés par les


employeurs, les cotisations sont majorées, et ce, conformément à l’art
33 du décret 2005-64/PRN/MFPT du 11 Mars 2005 qui dispose : « les
cotisations qui ne sont pas acquittées dans les délais prévus sont
majorées de 5%. Une nouvelle majoration de 2% est applicable par
mois ou fraction de mois écoulé après l’expiration d’un délai de trois
mois à compter de la date d’échéance des cotisations ».

d) Les sanctions pour obstacle au contrôle CNSS

Tout obstacle fait par un employeur au contrôle de la CNSS par refus


d’accès à l’entreprise ou par la dissimulation des renseignements sur
les personnes effectivement employées ou les salaires à elles versées,
l’expose aux peines d’amendes et/ou d’emprisonnement prévues à
l’article 99 de la loi n° 65-23 du 15 mai 1965 relative au Contentieux
de Sécurité Sociale qui déclare que « sera puni d’une amende de
10.000 à 100.000 francs, d’un emprisonnement de 10 jours à deux
mois ou de l’une de l’une de ces 2 peines seulement, toute personne
qui s’est opposée ou à tenter de s’opposer à l’exécution des
obligations ou à l’exercice des pouvoirs qui incombent au Directeur
77

du travail et de la sécurité sociale, aux inspecteurs et aux contrôleurs


de travail, et aux agents commissionnés de la CNSS ». En outre, les
dispositions du Code pénal qui prévoient les actes de résistance, les
outrages et les violences contre les OPJ, leurs sont applicables au titre
d’outrage à Magistrat administratif dans l’exercice de leur fonction.

Aussi, faut- il noter qu’en vertu de l’art. 10 de la loi 2003-34 du 5 août


2003, portant création d’un établissement public à caractère social
dénommé Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) « la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale bénéficie pour le recouvrement de ses
créances du privilège général reconnu au trésor public ». La caisse
bénéficie également d’un privilège de juridiction en application de
l’article 8 de la même loi qui indique qu’étant un « organisme chargé
d’une mission de service public à caractère essentiellement social, la
Caisse nationale de sécurité sociale n’est pas soumise aux voies
d’exécution et aucune opposition ni saisie ne peut être pratiquée sur
ses biens et deniers. Toutefois, les créanciers porteurs de titre
exécutoire, à défaut de décision du Conseil d’administration de nature
à assurer leur paiement, peuvent se pourvoir devant l’autorité de
tutelle aux fins d’inscription d’office au budget de la CNSS des crédits
nécessaires au règlement de leurs créances ». Toutefois, il est ajouté à
l’article 9 que les dispositions de l’article 8, alinéa 1, ci-dessus, ne
sont pas applicables dans les cas de contentieux portant sur le
paiement des prestations des assurés sociaux. De même, les
contrôleurs de sécurité sociale bénéficient des pouvoirs reconnus aux
agents de recouvrement des services du Trésor et des Impôts (article
78

28 du Décret 2005-64/PRN/MFPT du 11 Mars 2005 portant statuts de


la CNSS). A ce titre, ils peuvent, si nécessaire, se faire assister par la
force publique dans l’exercice de leurs fonctions.

Si l’employeur est assujetti à des obligations, il a en contre partie


des droits.

F – Droits des employeurs

a) Les remises gracieuses de pénalités

Aussi, faut- il noter qu’en vertu de l’art. 10 de la loi n° 2003-34 « Les


employeurs peuvent en cas de force majeure ou de bonne foi dûment
prouvées, formuler une demande gracieuse en réduction des pénalités
encourues auprès de la Commission de recours gracieux du Conseil
d’Administration de la CNSS ». Cette requête n’est recevable qu’après
règlement de la totalité des cotisations qui ont donné lieu à
l’application desdites pénalités (article 33, alinéa 5 de la loi n° 65-23
du 15 Mai 1965 relative au Contentieux de Sécurité Sociale).

b) Le remboursement des Indemnités Journalières

b-1 Remboursement des Indemnités Journalières dues à la femme


salariée

Si l’employeur maintient à la femme salariée pendant la période de


repos légal de couches (quatorze (14) semaines dont six (6) semaines
avant accouchement et huit (8) semaines après) tout ou partie de son
salaire, il est subrogé de plein droit à l’intéressée dans les droits de
79

celle-ci aux indemnités journalières qui lui sont dues par la CNSS
sous les conditions suivantes :

- l’employeur doit être en règle au regard de ses obligations vis-à-vis


de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale ;

- la partie du salaire payée par l’employeur doit être au moins égale à


l’indemnité due par la CNSS.

NB : si la femme salariée accouche à terme sans jouir de la totalité ou


d’une partie des six (6) semaines de congé de maternité, les
indemnités journalières ne sont dues pour cette période.

Dans le cas d’un repos supplémentaire justifié par la maladie résultant


de la grossesse ou des couches, l’arrêt de travail peut être prolongé
jusqu’à concurrence de trois (3) semaines.

L’indemnité journalière continue à être due pendant cette période sous


réserve d’adresser une demande à la CNSS accompagnée : - un
certificat médical d’inaptitude à reprendre le travail à l’expiration du
délai de huit (8) semaines suivant les couches et établissant que cette
inaptitude résulte de la maladie consécutive à la grossesse ou aux
couches ;

- une attestation de l’employeur que le travail n’a pas été repris à


l’expiration de la période de huit (8) semaines.

L’indemnité journalière due à l’employeur est égale à la moitié (50%)


du salaire du mois précédant la cessation et effectivement perçu de
80

l’assurée. Il est égal au salaire de base augmenté éventuellement des


indemnités à caractère permanent inhérentes à la nature du travail,
déduction faite de toutes les indemnités et avantages exceptionnels
(soit 150.000 francs de salaires + 50.000 eau + électricité) /2=100.000.

Elle est liquidée au prorata du nombre de jours ouvrables ou non


pendant lesquels le travail a été effectivement suspendu par la femme
salariée.

Dans tous les cas, les droits sont liquidés et payés directement par la
CNSS sans aucune possibilité pour l’employeur de procéder à une
quelconque compensation sur les cotisations sociales dues.

b-2 Remboursement des Indemnités Journalières dues en cas


d’accident du travail.

Lorsque l’accident du travail est suivi d’arrêt de travail temporaire, la


CNSS accorde le paiement d’indemnités journalières sans limitation
de durée et sans distinction entre les jours ouvrables, les dimanches et
jours fériés ; et ce jusqu’à la guérison ou la consolidation de la
blessure.

Elle est également due en cas de rechute ou d’aggravation. Cette


indemnité, égale au demi salaire journalier (le salaire journalier
s’obtient en divisant le salaire du mois précédant l’accident par le
nombre de jours ouvrables du dit mois), est réglée du premier jour qui
suit l’accident (le jour de l’accident doit être payé intégralement par
l’employeur) jusqu’au 29ème jour de l’interruption de travail; le taux
81

de l’indemnité journalière est porté aux deux tiers (2/3) dudit salaire à
compter du 30ème jour de l’accident.

Exemples : Cas d’un salarié payé à un salaire mensuel de 400.000

1) Montant de l’indemnité journalière pour un arrêt de travail


temporaire (20 jours)

Il aura, une indemnité journalière de 400.000/30 = 13.000 soit


13.000 x 20 = 260.000.

2) En cas de rechute : il aura jour de l’accident jusqu’au 29 ème jour :


400.000 /22 (nombre de jours ouvrables) = 18.000 (salaire journalier).

18.000 x 2/3 12.000 à partir du 30ème jour de l’accident.

L’employeur qui maintient la totalité du salaire de la victime d’un


accident du travail suivi d’arrêt de travail temporaire, est subrogé de
plein droit à la victime, quelles que soient les clauses du contrat, dans
le paiement des indemnités journalières qui lui sont dues par la CNSS.

Les droits correspondants sont liquidés et lui sont payés directement


par la CNSS sans aucune possibilité pour l’employeur de procéder à
une quelconque compensation sur les cotisations sociales dues.

c) Recours juridictionnels

Tout employeur non satisfait d’une décision de la CNSS peut saisir les
juridictions compétentes en particulier le tribunal de travail ; et le cas
échéant la cour d’appel et la cour de cassation.
82

Après avoir élagué les questions de fonctionnement et de financement


de la Caisse nationale de sécurité sociale, nous allons aborder le
deuxième, la question du versement des prestations sociales.

CHAPITRE II : LE VERSEMENT DES PRESTATIONS


SOCIALES AUX ASSURÉS.

Les prestations sociales (ou transferts sociaux) sont des transferts


versés (en espèces ou en nature) à des individus ou à des familles afin
de réduire la charge financière que représente la protection contre
divers risques. Ces prestations sont celles qui sont servies par la
Caisse Nationale de Sécurité Sociale.

En France, compte tenu de la multiplicité des régimes, trois "étages"


de prestations peuvent être distingués :

- les prestations/cotisations de "base", qui sont obligatoires ;

- des prestations/cotisations "complémentaires obligatoires" qui


interviennent en particulier dans le domaine de la vieillesse (ce sont
par exemple les retraites complémentaires qui viennent en
complément des retraites de base) ;

- des prestations/cotisations "complémentaires facultatives" ou


"supplémentaires" ; chaque personne est libre de choisir de bénéficier
de ces prestations et donc de cotiser pour, ou non : ce sont en majeure
partie les remboursements des mutuelles ou des assurances qui, dans
le cas de la maladie, complètent ceux de base de la sécurité sociale, ou
83

encore les contrats d'assurance que l'on peut souscrire, et qui pourront
compléter la retraite.

Au Niger, les diverses prestations servies sont les suivantes !

Les différentes catégories de prestations sociales

 La vieillesse et la survie (pensions de retraite, pensions de


réversion, prise en charge de la dépendance).

 La santé (prise en charge totale ou partielle de frais liés à la


maladie, à l'invalidité, aux accidents du travail et aux maladies
professionnelles).

 La maternité-famille (prestations familiales : prestations liées à


la maternité, allocations familiales, aides pour la garde
d'enfants).

Quelles sont les prestations sociales servies au Niger ? Qui est le


débiteur des prestations sociales, autrement dit qui doit verser les
prestations sociales et familiales ? Et enfin qui peut bénéficier des
prestations de sécurité sociale ?

I. Les prestations qui sont servies au Niger

 Les prestations sociales qui sont servies au Niger peuvent


être versées en espèces ou en nature.

 Les prestations en espèces


84

 Il est question de prestation en espèces lorsqu’elles font


office de revenus de remplacement comme dans le cas de perte
d’une source de revenus en raison d’un accident de travail, d’une
maladie, les évènements familiaux (la naissance), etc.

 Les prestations en nature

 Les prestations en nature quant à elles prennent en compte


les différentes prestations médicales et paramédicales. Le mode
de distribution desdits soins varie selon l’organisme de médecine
en question.

Ces diverses prestations sociales qui sont prévues par la loi sont celles
qui découlent de la gestion de trois branches d’activités sociales à
savoir :

— La Branche des prestations familiales (PF) ;

— La Branches des risques professionnels (accident de travail et


Maladie Professionnelles AT/MP) ;

— La branche des pensions.

II - L’organisme assurant la prise en charge des prestations de


Sécurité Sociale

La CNSS qui assume la prise en charge en faveur des travailleurs


salariés ou de leur famille, des prestations sociales issue de la gestion
des trois branches des prestations familiales (PF), des risques
professionnels (accident de travail et Maladie Professionnelles
85

AT/MP) et des pensions. Les prestations de pensions sont versées aux


fonctionnaires sont versés par la CARENI. Toutefois ils bénéficient
des allocations familiales versées par l’employeur et d’une prise en
charge sanitaire, des prestations d’invalidité de vieillesse ou du capital
décès du fonctionnaire au profit de ses ayants-droit et en cas de
maladie d’une prise en charge dans les formations sanitaires
publiques. Pour les travailleurs de l’économie informelle les— régimes
de sécurité sociale gérés par la CNSS semblent plus proches de leur
prise en charge comme indiquer ci-haut à travers l’assurance
volontaire des régimes des AT/MP et de la Retraite.

Conditions pour bénéficier des prestations de la Sécurité Sociale.

Pour bénéficier des différents régimes protection sociale de la CNSS


les travailleurs sont soumis d’abord à certaines conditionnalités
générales qu’il faut retenir auxquelles qui ont trait à la qualité d’assuré
social, auxquelles il faut ajouter des conditions particulières qui ont
trait à la notion d’enfant à charge.

- La qualité d’assuré social.

Elle se présente sous deux aspects, selon qu’il s’agit de—


l’assurance obligatoire ou de l’assurance volontaire.

Relève de l’assurance obligatoire, tous les travailleurs

— salariés relevant du code du travail.


86

— Quant à l’assurance volontaire, il faut au préalable avoir la qualité


d’assuré obligatoire pendant au moins six mois. (art 3 du décret 67- 25
du 2 février 67 portant détermination des règles de gestion du régime
des retraites par la Caisse nationale de sécurité sociale.

L’immatriculation du travailleur à la CNSS lui confère la qualité


d’assuré —. Elle consiste à identifier le travailleur, l’inscrire à la—
CNSS et lui attribuer un numéro d’immatriculation. A la réception de
la demande accompagnée de l’acte de naissance du travailleur, la
CNSS procède à l’immatriculation du salarié en lui établissant un
livret d’assurance. L’affiliation. — Elle désigne une situation de droit.
C’est le— rattachement d’un assuré social à la CNSS.

La notion d’enfant à charge.

D’une manière générale un enfant est à la charge d’une personne


lorsque celle-ci assure la garde, le logement, la nourriture,
l’habillement, l’éducation.

Pour la CNSS, l’enfant à charge doit remplir les conditions suivantes :


la résidence,— la filiation légitime, naturelle ou adoptive — l’âge.

Par ailleurs la principale ressource de la CNSS repose— sur les


cotisations sociales conjointement versées par les employeurs et les
travailleurs salariés. C’est à dire une cotisation patronale et ouvrière.

SECTION I : LE REGIME DES PRESTATIONS FAMILIALES


87

Le régime des Prestations Familiales est la première des trois (03)


branches institué par le Décret 65-116 du 18 Août 1965. Elle est
financée par les cotisations à la charge exclusive de l’employeur. La
branche prestations familiales est d’une physionomie assez
particulière par rapport aux autres branches de la sécurité sociale. Tout
d’abord, les caisses d’allocations familiales servent ces prestations
sans différenciation de régime entre les salariés du privé et les
travailleurs indépendants. Le mécanisme de cette branche est différent
des autres branches qui sont conditionnées au paiement tout au long de
la vie professionnelle, de cotisations salariales, en ce qu’elles sont à la
charge de l’entreprise. Les prestations familiales sont servies à tous
ceux qui ont la charge effective et permanente d’un enfant, jusqu’à 16
ans (ou 20 ans en cas de poursuite des études, d’apprentissage ou de
handicap).

La charge effective et permanente inclut la direction tant matérielle


que morale du mineur en cause et lorsque la caisse prétend avoir versé
des prestations indues, il lui appartient d’établir la preuve du
versement indu. Le droit n’est reconnu qu’à une seule personne au
titre du même enfant. C’est ce l’on appelle l’unicité de l’allocataire.
Une autre règle est commune aux prestations familiales mais elle
concerne le sort des prestations et leur utilisation plutôt que leur
attribution. Il s’agit du caractère incessible et insaisissable des
prestations familiales, sauf en cas de répétition de prestations
indument versées à la suite d’une fraude ou pour le paiement de dettes
alimentaires.
88

En revanche, une tutelle pouvait être mise en place par la CAF lorsque
l’argent des prestations n’avait pas été utilisé dans l’intérêt de l’enfant.
Désormais, les prestations ne sont pas utilisées pour les besoins liés au
logement, à l’entretien, à la santé de l’enfant ou à son à éducation.
Conformément aux dispositions des articles 77 à 80 de la loi 68-23 du
15 mai 1965 portant contentieux de la Sécurité sociale, dans le cas où
l’enfant donnant droit aux allocations familiales est élevés dans des
conditions d'alimentation, de logement et d'hygiène manifestement
défectueuses, ou lorsque le montant des allocations n'est pas employé
dans son intérêt, le versement des allocations peut, en tout ou en
partie, être effectué, non à l'allocataire mais à une personne physique
ou morale qualifiée de « tuteur aux allocations familiales ». C’est le
procureur de la République, le directeur de la sécurité sociale ou son
représentant, le directeur de la Caisse nationale de sécurité sociale, le
chef de la circonscription administrative et le maire qui sont habilités à
saisir le juge de paix par requête. Le juge de paix, après avoir recueilli
toutes informations utiles, statue dans le mois de la requête, par
ordonnance motivée et exécutoire par provision. Il peut ordonner que,
pendant une durée qu'il précisera, les allocations familiales ne seront
plus versées, en tout ou en partie, à l'allocataire mais à une personne
physique ou morale dite « tuteur aux allocations familiales ». Celle-ci
devra les affecter aux besoins exclusifs des enfants et aux dépenses du
foyer les concernant. Une copie de l'ordonnance est adressée dans les
cinq jours par le juge de paix à la Caisse nationale de sécurité sociale
qui s'y conforme aussitôt, et au tuteur aux allocations familiales. Le
89

juge de paix notifie l'ordonnance à l'allocataire et l'avertit qu'il a un


délai de 10 jours pour interjeter appel. L'ordonnance du juge de paix
n'est pas susceptible d'opposition. L'appel interjeté est jugé par la Cour
d'appel

Après avoir décliné les caractéristiques propres à la branche des


prestations familiales, nous allons indiquer le champ d’application des
prestations familiales avant de voir son contenu.

PARAGRAPHE I - CHAMP D’APPLICATION

Sont bénéficiaires des Prestations Familiales selon l’article 05 du


Décret 65-116 du 18 Août 1965 portant détermination des règles de
gestion du régime des prestations familiales par la caisse nationale de
sécurité sociale. :  les travailleurs visés à l’article 02 du Code du
Travail exerçant leur activité sur le territoire de la République du
Niger et ayant à leur charge un ou plusieurs enfants résidant au Niger ;
 les travailleurs déplacés pour les besoins de leur travail hors du
territoire de la République du Niger et qui ne perçoivent pas de
prestations familiales au titre de la législation du pays de résidence.
Bénéficient également des prestations familiales selon les dispositions
des articles 11 et 12 du décret 65-116 du 18 Août 1965 :  les
allocataires retraités de plus de 55 ans d’âge et justifiant de 20 ans de
service dans une ou plusieurs entreprises ;  les accidentés du travail
atteints d’une incapacité définitive d’un taux supérieur à 66% et les
bénéficiaires de rentes d’ayants droit ;  les veuves non remariées
d’allocataires, n’exerçant pas d’activité salariale ou dont le temps de
90

travail est inférieur au minimum réglementaire, lorsqu’elles assurent la


garde et l’entretien des enfants qui étaient à la charge de l’allocataire
décédé ;  les travailleurs appelés sous les drapeaux pour accomplir
leur service militaire ou une période de réserve sur justification et
présentation d’un certificat de présence au corps délivré par le chef de
corps ;  les travailleurs en chômage dans la limite de six (06) mois ;
la cause du chômage doit être dûment constatée par l’inspecteur du
travail.

La femme en activité est protégée par les dispositions du Code de


travail issu de la loi du 12 juillet 2012 au Niger qui assure cette
protection aux articles 102 à 104. L’article 102 déclare que : « toute
femme enceinte dont l'état a été constaté médicalement ou dont la
grossesse est apparente peut quitter le travail sans avoir de ce fait à
payer une indemnité de rupture de contrat ». Ensuite, l’article 103
ajoute qu’à « l'occasion de son accouchement, et sans que cette
interruption de service puisse être considérée comme une cause de
rupture du contrat, toute femme a le droit de suspendre son travail
pendant quatorze semaines consécutives dont huit semaines
postérieures à la délivrance : cette suspension peut être prolongée de
trois semaines en cas de maladie dûment constatée et résultant de la
grossesse ou des couches ». Pendant cette période, l'employeur ne
peut lui donner congé. Il ne peut en outre, même avec son accord,
employer la femme dans les six semaines qui suivent son
accouchement. Pendant cette période, la femme a droit, à la charge de
l'organisme de sécurité sociale à de prestations familiales, au
91

remboursement, dans les limites des tarifs des formations sanitaires


administratives, des frais d'accouchement et, le cas échéant, des soins
médicaux ainsi qu'à la moitié du salaire qu'elle percevait au moment
de la suspension du travail : elle conserve le droit aux prestations en
nature à la charge de l'employeur.

Exemple, une salariée percevant 100.000 francs mensuels, aura droit


aux indemnités suivantes :

100.000/2=50.000

Pendant les 14 semaines (dont 6 avant et 8 après l’accouchement), elle


aura droit à :

Total : 50.000 x 14 = 70.000 francs.

Les dispositions ci-dessus ne peuvent faire obstacle à un


éventuel relèvement de la prestation compensatoire de salaire qui
pourrait résulter d'une modification de la législation relative à la
Sécurité sociale. Pendant une période de douze mois à compter de la
naissance de l'enfant, la mère a droit à des repos pour allaitement. La
durée totale de ces repos ne peut dépasser une heure par journée de
travail. La mère peut, pendant cette période, quitter son travail sans
préavis et sans avoir de ce fait à payer une indemnité de rupture.

A - CONDITIONS D’OUVERTURE DES DROITS AUX


PRESTATIONS FAMILIALES 

Trois conditions sont exigées :


92

1) : l’exercice d’une activité professionnelle

Prévue à l’article 05 du décret 65-116 du 18 Août 1965, portant


détermination des règles de gestion du régime des prestations
familiales par la caisse nationale de sécurité sociale, l’activité
professionnelle dans le mois doit être au moins égale à 18 jours de
travail ou 120 heures de travail effectif et assurer à l’allocataire une
rémunération mensuelle au moins égale au Salaire Interprofessionnel
Garanti (SMIG).

Sont comptés également comme temps de service ouvrant droit aux


prestations familiales conformément aux dispositions de l’article 10
du Décret susvisé :  les absences pour congé régulier et pour
accidents du travail ou maladies professionnelles ;  les absences pour
maladies dûment constatées par un médecin agréé dans la limite de six
(06) mois ;  les périodes de repos des femmes en couches prévues à
l’article 103 du Code du Travail ;  les périodes de chômage en cas de
force majeure dans la limite de six (06) mois ;  le temps passé sous
les drapeaux au titre du service militaire légal  la période de stage :
Selon les dispositions de l’article 8 du Décret 65, l’activité de service
prévue à l’article 5 doit s’exercer chez un ou plusieurs employeurs
depuis au moins six (06) mois consécutifs au Niger ou dans tout autre
pays accordant par convention internationale aux ressortissants
nigériens des avantages réciproques en matière de législation de
sécurité sociale.
93

2) : Les enfants à charge.

Sont considérés comme enfants à charge du travailleur au sens de


l’article 12 du Décret 65-116 du 18 Août 1965 :  les enfants issus du
mariage de l’allocataire à condition que ce mariage soit inscrit à l’état
civil ;  les enfants que la femme de l’allocataire a eu d’un précédent
mariage lorsqu’il y a eu décès régulièrement déclaré ou divorce
judiciairement prononcé et sauf lorsque les enfants sont restés à la
charge du premier mari ou que ce dernier contribue à leur entretien ; 
les enfants ayant fait l’objet d’adoption par le travailleur marié en
conformité avec les dispositions du droit civil ou d’une légitimation
adoptive conformément aux règles du droit civil ;  les orphelins dont
la charge a été confiée à l’allocataire ou son conjoint par décision
judiciaire ;  les enfants naturels dont la filiation avec l’allocataire ou
son épouse a été légalement constatée.

3) : Les conditions afférentes à la constitution des dossiers de


prestations familiales

Dossier allocataire  Les dispositions de l’article 13 précisent que


l’ouverture du droit aux différentes prestations est subordonnée à
l’établissement d’une demande sur imprimé spécial, délivré par la
CNSS, signé par l’assuré et son employeur.  Cet imprimé doit
comporter la profession du ou des conjoints et indiquer lorsque le
conjoint est fonctionnaire :  s’il est en activité,  s’il est détaché ou
retraité.
94

Le dossier des prestations outre la demande est constitué des pièces ci-
après :  la photocopie des deux premières pages du livret d’assurance
;  une copie certifiée conforme de l’acte de naissance du travailleur ;
 une copie conforme de l’acte de mariage ; en cas de polygamie, le
demandeur doit joindre autant de copie d’acte de mariage que
d’épouses ;

 les copies conformes des actes de naissance des enfants âgés de


moins de 21 ans ;  le (s) certificat de reconnaissance des enfants nés
hors mariage ;  l’acte de divorce ou de répudiation des épouses ; 
une copie conforme de l’acte de décès de la conjointe (en cas de
décès) ;  éventuellement, la décision de révocation du fonctionnaire,
ou, de licenciement du travailleur ;  deux (02) photos d’identité du
bénéficiaire.

 Enfin, si le mari est en chômage et que la femme désire transférer


les enfants à son compte, elle doit fournir l’attestation de chômage du
mari ; au cas où la charge n’est pas précisée, joindre un certificat de
charge délivré par la justice. Le transfert des enfants au compte de la
femme n’est pas irréversible.

B - LES CONDITIONS POUR LES PRESTATIONS


COMPLÉMENTAIRES

En sus de ces prestations, des prestations complémentaires sont


versées aux femmes salariées en couches sous réserve de constitution
de dossier. Ce dossier est constitué des pièces ci-après :  une copie
95

conforme de l’acte de naissance de la femme ;  un certificat de


grossesse des trois premiers mois ;  une décision de congé de
maternité délivrée par l’employeur ;  un certificat de cessation de
service ;  le bulletin de salaire du mois précédant les congés de
maternité ;  le certificat d’accouchement délivré par la formation
sanitaire où a lieu l’accouchement ;  et le certificat de reprise de
service délivré par l’employeur.

En outre, des indemnités journalières sont servies aux femmes en


maternité sur constitution de dossier. Il est constitué des pièces ci-
après :  une copie conforme de l’acte de naissance de la femme ; 
un certificat de grossesse des trois premiers mois ;  une décision de
congé de maternité délivrée par l’employeur ;  un certificat de
cessation de service ;  le bulletin de salaire du mois précédant les
congés de maternité ;  le certificat d’accouchement délivré par la
formation sanitaire où a lieu l’accouchement ;  et le certificat de
reprise de service délivré par l’employeur.

La période de congés de maternité s’étale sur quatorze (14) semaines


dont six (06) avant et huit (08) après l’accouchement.  Toutefois,
l’article 50 du décret susvisé précise qu’en cas de repos
supplémentaire justifié par la maladie résultant de la grossesse ou des
couches, le congé de maternité peut être prolongé jusqu’à concurrence
de trois (03) semaines.  L’indemnité journalière continue à être due
pendant cette période sous réserve d’une demande adressée à la CNSS
accompagnée :  d’un certificat médical constatant l’inaptitude à
96

reprendre le travail à l’expiration de la période de huit (8) semaines


suivant les couches et établissant que l’inaptitude résulte de maladie
consécutive à la grossesse ou aux couches ;  d’une attestation de son
employeur que le travail n’a pas été repris à l’expiration de la période
de huit (8) semaines.

Après avoir rempli les conditions, quelles sont les prestations


familiales qui sont servies au bénéficiaire.

PARAGRAPHE II – LE CONTENU DES PRESTATIONS


SERVIES

Les prestations servies par le régime des prestations familiales


comprennent des prestations en espèces et en nature accordées au
bénéficiaire sous réserve de la justification du droit à perception.

A – Les prestations perçues

Ces prestations sont constituées de :

1) - Les Allocations Prénatales (AP)

La femme salariée ou la conjointe d’un travailleur salarié en état de


grossesse doit subir trois (03) examens médicaux aux époques et dans
les conditions définies ci-après, pour avoir droit aux allocations
prénatales qui sont d’un montant de  9 000FCFA payables en trois
(03) tranches :  le premier examen prénatal a lieu avant la fin du
3ème mois de grossesse et le montant est de 2 000F.  le deuxième
examen prénatal a lieu vers le 6ème mois de grossesse et le montant
97

est de 4 000F ;  le troisième examen prénatal a lieu vers le 8ème


mois de grossesse et le montant est de 3.000F.  Ces différents
examens obligatoires sont certifiés sur des feuillets ad hoc du carnet
de grossesse et de maternité délivré par la CNSS. 

Enfin tout examen non subi fait perdre le bénéfice de la tranche


correspondante.

2°) - les Allocations de maternité

Elles sont attribuées à toute femme salariée ou conjointe d’un


travailleur salarié qui donne naissance sous contrôle médical à un
enfant né viable et régulièrement inscrit à l’état civil.

Le montant de l’allocation de maternité est de 10 000F payables en


trois tranches :  la moitié d’un montant de 5 000F est payée à la
naissance sur production du certificat d’accouchement du carnet de
grossesse et de maternité ;  le ¼ d’un montant de 2 500F lorsque
l’enfant atteint six (06) mois ;  le dernier ¼ d’un montant de 2 500F
lorsque l’enfant atteint un an. 

Les deux dernières tranches sont versées sur la production des


cinquième et sixième feuillets du carnet de grossesse et de maternité.

3°) - les Allocations au foyer du travailleur

Elles sont versées au travailleur à l’occasion de la naissance de chacun


des trois premiers enfants issus de son premier mariage contracté par
devant l’officier d’état civil ou d’un mariage subséquent lorsqu’il a eu
98

décès régulièrement déclaré. D’un montant de 10 000F, elles sont


payées dans les mêmes conditions et les mêmes modalités et au vu de
la présentation des mêmes documents que l’allocation de maternité.

4°) - Les Allocations Familiales

 Elles sont attribuées au travailleur salarié pour chacun des enfants à


charge, dans les conditions prévues à l’article 12, âgés de plus d’un
(01) an et de moins de quatorze (14) ans. Cette limite d’âge est portée
à dix-huit (18) ans pour l’enfant placé en apprentissage s’il ne perçoit
pas une rémunération au moins égale à la moitié du SMIG et à vingt et
un (21) ans pour l’enfant qui poursuit des études s’il ne bénéficie pas
d’une bourse entière d’entretien ou si pour cause d’infirmité ou de
maladie, il est dans l’impossibilité de travailler.  Le montant de cette
allocation est actuellement de 1 000F par mois et par enfant à charge.
Selon l’article 41 du Décret 65-116 du 18 Août 1965, les allocations
familiales sont liquidées par mois et payables à terme échu et à
intervalles réguliers de trois mois. Elles sont payées à partir du 1er
jour du mois qui suit celui du premier anniversaire de l’enfant ; en cas
de décès, elles sont dues pour le mois entier du décès.

Conformément à l’article 42 du décret 65-116 susvisé, les allocations


familiales sont versées à la mère sauf dans les cas ci-après :  en cas
de décès de la mère, de divorce prononcé judiciairement et ne laissant
pas l’enfant à sa garde ; les allocations sont versées à la personne qui a
la garde et la charge de l’enfant ;  lorsque la mère attributaire se
trouve dans l’impossibilité matérielle d’assumer la charge et la garde
99

de l’enfant ; les allocations sont payées à la personne désignée par


l’allocataire qui a la charge et la garde permanente de l’enfant ;  au
tuteur lorsqu’un tuteur aux allocations a été désigné par la juridiction
compétente dans les conditions déterminées par les articles 76 et
suivants de la loi N°65-23 du 15 Mai 1965 portant règles de gestion
du contentieux relatif à la sécurité sociale.

5°) - Les indemnités journalières :

L’article 48 du décret 65-116 du 18 Août 1965 prévoit le versement


d’une indemnité journalière (appelée aussi demi traitement) à la
femme salariée pour la durée de l’arrêt du travail dans la limite de six
(06) semaines avant et de huit (08) semaines après l’accouchement. 
L’article 49 du même décret précise que le bénéfice de cette indemnité
est accordé à condition que la femme salariée :  justifie de sa qualité
de salarié dans les conditions définies aux articles 08 et 09 du décret
65-116 du 18 Août 1965 ;  fasse constater son état par un médecin
ou une sage-femme et transmettre à la CNSS le certificat d’examen
médical délivré ;  suspendre effectivement l’exercice de sa
profession ; la preuve de cette suspension étant produite par
l’attestation de son employeur ;  justifie du salaire effectif perçu lors
de la cessation du travail en produisant à la CNSS le dernier bulletin
de paie.

Si l’employeur maintient à la femme salariée pendant la période de


repos légal de couches tout ou partie de son salaire, il est subrogé de
100

plein droit à l’intéressée dans les droits de celle-ci aux indemnités


journalières qui lui sont dues sous les conditions suivantes :

 l’employeur doit être en règle au regard de ses obligations vis-à-vis


de la CNSS ;

 La partie du salaire payée par l’employeur doit être au moins égale


à l’indemnité due par la CNSS.

6°) - Le remboursement des frais d’accouchement :

Conformément à l’article 54 du décret 65-116 du 18 Août 1965, la


femme salariée qui remplit les conditions fixées au titre II du décret
susvisé, a droit au remboursement, sur justification, des frais
d’accouchement réellement supportés et le cas échéant des soins
médicaux, dans les limites des tarifs des formations sanitaires
administratives.  Les soins médicaux sont ceux qui auront pu être
occasionnés par la maladie résultant de la grossesse ou des couches. 
La demande de remboursement doit être appuyée de la facture
délivrée par l’organisme hospitalier où a eu lieu l’accouchement ou
par le médecin ou la sage-femme ayant procédé à l’accouchement. 
En cas de grossesse interrompue avant terme, les frais médicaux sont
également remboursés à condition que l’allocataire ait déposé à la
CNSS le premier certificat exigé à l’article 22.

B – Justification du droit à bénéfice des prestations familiales.

Les pièces périodiques obligatoires à fournir :


101

Conformément aux dispositions de l’article 39 du décret 65-116 du 18


Août 1965 le paiement des allocations familiales est subordonné à la
fourniture des pièces périodiques ci-après :  un certificat de
consultation médicale trimestrielle pendant la deuxième année de
l’enfant ;  un certificat de consultation semestrielle de l’enfant de la
deuxième année jusqu’à l’âge auquel l’enfant est normalement suivi
par le service médical scolaire ;  un certificat de scolarité pour les
enfants régulièrement inscrits à l’école ;  une attestation de non
inscription pour les enfants non admis à l’école ;  un certificat
d’infirmité et de vie pour les enfants handicapés ;  un certificat
d’apprentissage pour les enfants inscrits dans un centre
d’apprentissage agréé.

NB :  Pour bénéficier de toutes ces prestations, vous disposez d’un


délai de deux (02) ans à compter de la date à laquelle vous avez
satisfait à la période de stage de six (06) mois de travail consécutif
chez ou plusieurs employeurs ; passé ce délai, vous ne pourrez
prétendre qu’au paiement des allocations pour une période antérieure
de six (06) mois à partir de la date de réclamation, sauf décision
contraire de la commission de recours gracieux du conseil
d’administration saisie sur simple requête dans un délai de deux mois
pour compter de la notification du rejet du dossier ; 

Attention, les enfants nés après la retraite ne seront pris en charge que
lorsque la grossesse a été contractée avant la cessation d’activité
102

salariée ;  Le dossier des prestations familiales ne peut être accepté


après le licenciement ou la démission du travailleur.

Après le régime des prestations familiales, les textes instituant la


Caisse ont réglementé le régime de la réparation des accidents de
travail et des maladies professionnelles.

SECTION II : LE REGIME DE LA REPARATION DES


ACCIDENTS DU TRAVAIL ET DES MALADIES
PROFESSIONNELLES AU NIGER.

Avant d’aborder les prestations des accidents du travail et des


maladies professionnelles, nous allons donner un bref aperçu des
accidents du travail et des maladies professionnelle en commençant
par l’historique. Pendant des siècles, les victimes des accidents de
travail et maladies professionnelles n’étaient pas protéger par la loi. Il
leur restait à aller grossir la « fraternité périlleuse de la cour des
miracles, ou recourir à la mendicité : la charité des églises leur venait
aléatoirement en aide ou encore les premières mutuelles sous la forme
de compagnonnage qui organisaient des secours ». Il a fallu attendre
la loi du 9 avril 1898 pour que les conséquences des accidents du
travail soient légalement prises en charge. Le régime de réparation
institué par cette loi était favorable aux victimes puisqu’il reposait sur
des principes de la présomption d’imputabilité à l’employeur et de
l’indemnisation quasi-automatique, mais limitée.
103

Selon l’O.I.T., le nombre de personne mourant chaque jour dans


le monde des accidents de travail ou maladies professionnelles serait
de 2 millions. L’article L. 411-1 du Code français de la sécurité
sociale consacre cette définition en déclarant que : « Est considéré
comme accident du travail, quelle qu'en soit la cause, l'accident
survenu par le fait ou à l'occasion du travail à toute personne salariée
ou travaillant, à quelque titre ou en quelque lieu que ce soit, pour un
ou plusieurs employeurs ou chefs d'entreprise ».

Est également assimilé à l’accident de travail et prise en charge


au titre de la Sécurité sociale au sens de l’article L. 411-2 du Code
français de la sécurité, l’accident de trajet. Un accident de trajet est un
accident intervenant pendant le trajet protégé du salarié :

 Entre son lieu de travail et sa résidence principale ou une


résidence habituelle (aller ou retour) ;

 Entre son lieu de travail et le lieu où le salarié prend


habituellement ses repas pendant ses jours de travail.

Un tel trajet est ce que l’on appelle un itinéraire protégé, ou trajet


protégé. Tout accident survenu sur un itinéraire protégé inclut donc la
présomption d’imputabilité et sera reconnu comme accident de trajet,
à moins que l’employeur ou l’assureur ne réussisse à prouver qu’il
s’agissait d’un déplacement pour motif personnel. La notion de lieu de
destination ou de provenance habituel et régulier est primordiale. Il
faut par ailleurs que le trajet n’ait pas été interrompu par un détour
104

pour motif personnel (une course, une visite…) Cela suffirait à


introduire un motif de trajet d’ordre personnel.

Quels sont les points de départ et d’arrivée de l’accident de trajet ? Où


commence l’accident de trajet ?

Plusieurs points de départ sont possibles.

L’accident de trajet doit se dérouler :

- Entre la résidence et le lieu de travail,

- Entre le lieu de travail et le lieu de restauration,

- Lors d’un trajet direct, sans détour pour motif d’ordre


personnel (une interruption du trajet ou un détour lié au travail
sont admis),

- Lors d’une plage horaire en lien avec les heures de travail,

- Entre le lieu de travail et le lieu où vous suivez une


formation,

Dans certains cas exceptionnels, même si le trajet est effectué en


dehors des heures habituelles de travail, si le motif du trajet est
expressément lié au travail (événement organisé dans l’entreprise,
avec l’accord de l’employeur).

La résidence peut être la résidence principale de l’employé ou une


résidence secondaire dans laquelle il se rend régulièrement.
105

Exemple d’accident de trajet : le salarié quitte son lieu de travail en


voiture pour aller prendre sa pause repas au restaurant d’entreprise.

Au sens de l’article L. 122-32-1 du Code français de travail, tout


travailleur victime d’un accident de travail ou d’une maladie
professionnelle bénéficie de la suspension de son contrat pendant la
durée de l'arrêt de travail provoqué par l'accident ou la maladie. Il
bénéficie également de cette suspension, pendant le délai d'attente et
la durée du stage de réadaptation, de rééducation ou de formation
professionnelle que doit suivre l'intéressé, conformément à l'avis de la
commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées
mentionnée à l'article L. 146-9 du code de l'action sociale et des
familles. Le salarié bénéficie d'une priorité en matière d'accès aux
actions de formation professionnelle. La durée des périodes de
suspension est prise en compte pour la détermination de tous les
avantages légaux ou conventionnels liés à l'ancienneté dans
l'entreprise.

Au Niger, c’est l’article 5 du décret n° 65-117 du 18 Août 1965 qui


définit l’accident du travail de la manière suivante : « Est considéré
comme accident du travail, quelle qu’en soit la cause, l’accident
survenu par le fait ou à l’occasion du travail à tout travailleur soumis
aux dispositions du Code du travail ».

Dans la pratique, trois conditions doivent être réunies :

 l’accident doit survenir du fait ou à l’occasion du travail ;


106

 l’action ayant provoqué l’accident doit être soudaine, inattendue,


imprévisible et résulter d’une cause extérieure ;

 qu’il y ait un lien de cause à effet entre les lésions subies et


l’accident.

Est également considéré comme accident du travail, lorsque la victime


ou ses ayants droit apportent la preuve que l’ensemble des conditions
ci-après sont remplies ou lorsque l’enquête permet à la CNSS de
disposer de présomptions suffisantes :

 L’accident qui survient au travailleur sur le trajet d’aller et de retour


entre sa résidence principale, une résidence secondaire présentant un
caractère de stabilité ou tout lieu où le travailleur se rend de façon
habituelle pour des motifs d’ordre familial et le lieu de travail ; à
condition que le parcours ne soit pas interrompu, ni détourné pour un
motif dicté par l’intérêt personnel ou indépendant de l’emploi.

 L’accident qui survient au travailleur pendant les voyages dont les


frais sont mis à la charge de l’employeur (mission, affectations …) par
le Code du travail.

La présomption d’imputabilité n’existe pas en matière d’accidents de


trajet qui sont, en principe, des accidents de la circulation ; la charge
de la preuve incombant à la victime.

Nous allons examiner le champ d’application du régime de la


réparation des accidents du travail et maladies professionnelles
107

(Paragraphe I) ainsi que les conditions de cette réparation (Paragraphe


II).

PARAGRAPHE I - CHAMP - D’APPLICATION

 1-1 : Les Personnes Protégées  Au sens de l’article 6 du décret 65-


117 sont couverts par cette branche :  le travailleur salarié tel que
défini à l’art. 2 du code du travail ;  l’Assuré volontaire ;  les
fonctionnaires détachés et les fonctionnaires retraités employés
comme travailleurs salariés ;  Les détenus exécutant un travail
pénal ;  Les élèves des établissements d’enseignement technique et
les personnes placées dans des centres de formation, de réadaptation
fonctionnelle et de rééducation professionnelle ;  Les apprentis et les
stagiaires ;  Les PDG et DG des sociétés Anonymes ;  Les gérants
des SARL sous certaines conditions ;  Les membres des sociétés
coopératives et leurs préposés.

Les travailleurs indépendants que sont les commerçants, les artisans


les professions libérales (avocats, notaires, huissiers, médecins, etc.),
certains dirigeants ou associés des sociétés, les exploitants d’auto-
école, etc., peuvent adhérer volontairement à l'assurance accidents du
travail. Ils ouvrent droit, en cas d'adhésion, à l'ensemble de la
couverture, sauf aux prestations d'incapacité temporaire pour
lesquelles ils ne cotisent pas.
108

Le versement des prestations d’accident de travail et maladies


professionnelles est subordonné à l’existence des conditions
d’ouverture de ces droits.

A - OUVERTURE DES DROITS

 Contrairement aux autres branches gérées par la CNSS, il n’est pas


exigé que le travailleur ait accompli un temps de travail avant
l’accident, c’est-à-dire qu’il peut y avoir droit dès son embauche :
qu’il soit à l’essai ou payé à l’heure. Cette branche gérée par la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale a été instituée par le décret 65-117 du 18
Août 1965 portant détermination des règles de gestion par la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale du régime des accidents du travail et des
maladies professionnelles.

Les conditions d’ouverture une fois déterminées, nous passons à la


définition des accidents de travail et maladies professionnelles.

B – LES NOTION D’ACCIDENT DE TRAVAIL ET MALADIES


PROFESSIONNELLES

1°) – ACCIDENTS DE TRAVAIL

 Dans la pratique, pour qu’il ait accident du travail il faut :  Un fait


accidentel caractérisé par la soudaineté et la nécessité d’une lésion
corporelle. En d’autres termes, le fait accidentel se définit comme
étant toute lésion corporelle survenue avec soudaineté et localisation
dans le temps ; c’est ce dernier critère qui distingue l’accident de la
maladie (dont l’évolution est lente et continue ou progressive) ; 
109

L’existence d’un lien entre l’accident et le travail ; ce qui postule que


le travailleur se trouve sous l’autorité de son employeur à qui incombe
l’obligation d’assurer la sécurité de son personnel ;  qu’il y ait un
lien de cause à effet entre les lésions subies et l’accident.

2°) - LA MALADIE PROFESSIONNELLE

1.1 - Les Tableaux de MP.

La maladie professionnelle se définit comme « toute affection


résultant de l’action continue de l’emploi et du milieu dans lequel
l’assuré est tenu de travailler à condition qu’elle figure sur la liste des
maladies annexée au décret 65-117 du 18 août 1965 ».

 Au regard de cette liste, les maladies professionnelles sont classées


en trois catégories afin de préciser dans quelles conditions les travaux
prévus ont pu les provoquer :

 les manifestations morbides d’intoxication aiguës ou chroniques


présentées par les salariés exposés d’une façon habituelle à l’action
des agents nocifs mentionnés par les tableaux (le plomb, les ciments,
l’arsenic, l’oxyde de carbone etc..).

Ces tableaux, qui sont les plus nombreux, comportent à titre indicatif
la liste des principaux travaux susceptibles de provoquer les affections
citées ;

 les affections microbiennes (tétanos, charbon, amibes, etc.) ;


110

 les maladies résultant d’ambiance ou d’attitudes particulières


nécessitées par l’exécution de travaux limitativement énumérés (par
exemple affections oculaires dues au rayonnement thermique,
affections provoquées par des bruits, par le travail à haute
température, etc.) mais la condition n’est pas exigée.

1.2 - La présomption d’origine professionnelle

 Les conditions essentielles suivantes déterminent cette


présomption :

 être atteint de l’une des affections inscrites à un tableau ;

 avoir été exposé au risque défini au même tableau ;

 ce qui implique que la preuve de cette exposition doit être rapportée


; cette preuve incombe à la victime ou ses ayants droit.

1.3. Le délai de prise en charge

 Chaque tableau des maladies professionnelles fixe un délai de prise


en charge des maladies indemnisables ; ce qui suppose que le
travailleur ne doit pas avoir cessé au moment de la première
constatation médicale d’être exposé au risque depuis un certain délai.

 C’est donc la cessation de l’exposition au risque qui marque le point


de départ du délai de prise en charge. Elle n’est pas nécessairement
liée à la constatation de la maladie qui peut être plus tardive ; c’est du
reste ce qui explique la fixation de ce délai variable selon les maladies
puisqu’il tend à correspondre à leur délai d’incubation.
111

 Les maladies professionnelles ouvrent droit aux mêmes avantages


que les accidents du travail et obéissent à la même réglementation ;
enfin, la déclaration d’une maladie professionnelle appartient à
l’assuré lui-même qui doit solliciter un certificat médical auprès de
son médecin traitant.

1.4 : Les Maladies à caractère professionnel

 Elles constituent un cadre très particulier, malheureusement souvent


méconnu. Il s’agit d’affections non inscrites au tableau des maladies
professionnelles indemnisables, mais susceptibles d’être en relation
avec les conditions de travail. La déclaration de ces maladies est
obligatoire pour chaque employeur.

 Ces déclarations revêtent une importance capitale. C’est en effet à


partir d’elles que sont établis les nouveaux tableaux de maladies
réparées. La reconnaissance du caractère professionnel de certaines
pathologies n’est acquise que lorsque de nombreuses déclarations ont
ainsi été réalisées.

 C’est le plus souvent le médecin praticien qui, le premier, évoquera


l’origine professionnelle de telles affections. C’est à lui que revient
l’initiative de rédiger le certificat constatant le caractère professionnel
de la maladie. Ce certificat sera adressé par le médecin lui-même à
l’inspecteur du travail qui, à son tour, le transmettra à l’organisme de
sécurité sociale. Cette déclaration n’accordera aucun droit nouveau au
patient dans un premier temps. Elle aura par contre un intérêt de
112

prévention collective et permettra peut-être, par des enquêtes


ultérieures, d’allonger le tableau des maladies professionnelles
indemnisables.

PARAGRAPHE II - FORMALITES A REMPLIR EN CAS


D’ACCIDENTS DU TRAVAIL OU DE MALADIES
PROFESSIONNELLES

Ces formalités de caractère obligatoire concernent essentiellement


l’employeur et la victime ; mais d’autres personnes ont aussi un rôle
important à jouer.

A - Les obligations de la victime ou des ayants droit et de


l’employeur :

1-1 - Les obligations de la victime

La victime d’un accident du travail doit, dans la journée où l’accident


s’est produit ou au plus tard dans les 24 Heures, sauf cas de force
majeure, d’impossibilité absolue ou de motifs légitimes, informer ou
en faire informer l’employeur ou ses préposés.

 En cas d’impossibilité (blessure graves ou décès) ce rôle est dévolu


aux ayants droit, aux délégués du personnel ou aux délégués
syndicaux.

1-2 - Les obligations de l’employeur

Il est tenu :
113

 d’assurer à la victime les soins de première urgence (le 1er jour de


traitement intégralement à sa charge) et prévenir s’il en existe, le
médecin d’entreprise ;

 d’évacuer la victime vers la structure sanitaire la plus proche et la


mieux appropriée ;

 de déclarer dans les 48 heures, l’accident, à la Caisse Nationale de


Sécurité Sociale et à l’inspection du travail du lieu de l’accident ;

 de délivrer un carnet d’accident à la victime (dans lequel seront


consignés les différents actes médicaux et frais honoraires) nécessaire
à l’indemnisation gratuite des soins ;

 d’adresser à la CNSS une attestation d’arrêt de travail pour


l’éventualité du calcul des indemnités journalières.

B - Le rôle des autres personnes

1-1 - Le rôle du médecin traitant

Librement choisi par la victime d’un accident du travail, le médecin


traitant doit établir obligatoirement deux certificats tout au long de
l’évolution de l’accident du travail, à savoir :

 le certificat médical initial qui a une importance capitale car il


justifie le droit à réparation de la victime. Le praticien établit en
double exemplaire ce certificat qui indique l’état de la victime et les
conséquences de l’accident ou les suites éventuelles, en particulier la
durée probable de l’incapacité de travail si les conséquences ne sont
114

pas exactement connues. A cet effet, il doit mentionner toutes les


constatations pouvant présenter une importance pour la détermination
de l’origine traumatique ou morbide des lésions ; un exemplaire de ce
certificat est directement envoyé à la Caisse et le second remis à la
victime ;

 le certificat final descriptif fixant la date de la fin de l’évolution des


lésions traumatiques ; ce certificat doit en outre préciser et décrire
l’éventualité des séquelles consécutives à l’accident ; c’est au vu de ce
certificat final que la Caisse notifiera à la victime la date de
consolidation ou de guérison et déclenchera la procédure en matière
d’attribution de rente.

 L’ensemble de ces certificats médicaux échappe à la règle du secret


professionnel. Ils peuvent être rédigés de façon explicite et adressés
sans réserve aux administrations concernées (Employeur ; CNSS et
Inspection du travail).

1-2 - Le rôle du médecin-conseil

Dès qu’elle a connaissance de l’accident, la Caisse peut faire procéder


à un examen de la victime par un médecin-conseil ; en pratique
lorsque l’accident est sans gravité, il est procédé à un examen sur
pièces.

2-3 - Le médecin expert

Il peut arriver, après la guérison ou la consolidation de la victime,


qu’un désaccord d’ordre médical survient entre le médecin traitant et
115

le médecin conseil de la Caisse portant sur l’état de la victime ; ou que


la victime elle-même conteste le taux d’incapacité fixé par le médecin
conseil de la Caisse.

Dans les deux cas, il est prévu ce que l’on appelle la procédure
d’expertise médicale.  Elle peut être formulée, soit par l’assuré, soit
par la Caisse, soit par le médecin traitant de la victime.  Il s’agit, ici,
d’un arbitrage dans un domaine où les éléments ne peuvent être
appréciés que par un homme de l’art : le médecin faisant office
d’expert désigné d’un commun accord entre le médecin traitant et le
médecin conseil ou, à défaut d’accord, par le tribunal compétent saisi.

A ce niveau, et ce conformément aux dispositions de l’art. 21 de la Loi


65-23 du 15 Mai 1965 relative au contentieux de la sécurité sociale, «
Ne peut être désigné en qualité d’expert le médecin attaché à
l’entreprise, ni un médecin de la Caisse, ni un médecin expert désigné
par elle ».

 Cette procédure est simplifiée et brève car l’évolution de l’état de


santé de la victime nécessite une décision rapide aussi proche que
possible des évènements, objets de la contestation.

L’expert qui est un juge sur le plan technique émet un avis qui
s’impose aux deux parties sans possibilité de recours s’il est clair,
précis et dénué d’ambiguïté.

2-5 – Le rôle de l’Inspecteur du travail.


116

Ce rôle est décrit par l’art.51 de la Loi N°65-23 du 15 Mai 1965.


L’Inspecteur du travail doit mener ou diligenter une enquête
administrative dans les cas suivants :

 lorsque les certificats médicaux font apparaître que la blessure


semble devoir entraîner la mort ou une incapacité permanente absolue
ou partielle de travail ;

 lorsque la victime est décédée ;

lorsqu’il s’agit d’un accident de trajet ;

 lorsque l’employeur formule sur la déclaration d’accident des


réserves ;

 lorsque l’accident est déclaré par la victime elle-même ou ses ayants


droit ;

 lorsque la déclaration d’accident du travail présente un caractère


douteux.

L’enquête a pour but de rechercher la cause, la nature et les


circonstances de l’accident, la nature des lésions, et les éléments de
nature à permettre à la Caisse de statuer sur le caractère professionnel
de l’accident ou de la lésion.

PARAGRAPHE III - LES PRESTATIONS SERVIES PAR LA


BRANCHE DES ACCIDENTS DU TRAVAIL ET MALADIES
PROFESSIONNELLES
117

 Deux types de prestations sont servis par la branche :

 les prestations en nature  et les prestations en espèces 

- Les prestations en nature :

Elles sont de deux ordres : Les soins médicaux et les mesures


d’insertion sociale

 Les soins médicaux. Ce sont les frais médicaux proprement


dits mais aussi les frais pharmaceutiques, d’hospitalisation et
chirurgicaux occasionnés par l’état de la victime (y compris les
examens radiographiques, les examens de laboratoires et les
analyses). Ces différents frais ont pour objectif d’accélérer le
rétablissement de la victime en vue de sa réintégration dans la
vie active.

 Les mesures d’insertion sociale. Les séquelles ayant pour


conséquence de diminuer physiquement la victime de l’accident,
il est important de penser à lui restituer sa capacité de travail et
de la réintégrer dans la vie active et sociale ; c’est dans ce sens
qu’il est prévu, en plus des soins médicaux et accessoires, de :

  lui fournir les appareils de prothèse et d’orthopédie et de


veiller à leur entretien ;

 lui assurer une rééducation professionnelle dans un centre de


formation pour lui apprendre un nouveau métier compatible avec
l’état de santé;
118

 lui assurer une réadaptation fonctionnelle lui permettant


d’accomplir les actes de la vie courante en dépit de son nouvel
état ; celle-ci a pour but de restituer au maximum les aptitudes
antérieures de la victime ;

 assurer la prise en charge des frais de transport de la victime à


sa résidence habituelle ou à l’établissement hospitalier ;

 Enfin en cas de décès, les frais funéraires et les frais de


transport de la dépouille jusqu’au lieu de la sépulture sont pris en
charge par la CNSS, sur présentation de pièces justificatives.

- Les prestations en espèces :

Ce sont : les indemnités journalières et les rentes d’incapacité de


travail.

 Les indemnités journalières

  Lorsque l’accident du travail ou la maladie


professionnelle indemnisable est suivi d’arrêt de travail
temporaire, la Caisse accorde le paiement d’indemnités
journalières. Cette indemnité, égale au demi salaire journalier,
est réglée du premier jour qui suit l’accident (le jour de
l’accident doit être payé intégralement par l’employeur) jusqu’au
29ème jour ; elle est portée aux 2/3 à compter du 30ème jour de
l’accident.
119

Exemple : Cas M. X victime d’un accident de travail survenu le


25 juin 2023, alors qu’il avait été embauché le 26 juin 1995 par
l’entreprise de métallurgie et qu’il touchait un salaire de 300.000
par mois.

Le salaire journalier s’obtient en divisant le salaire du mois


précédant l’accident par le nombre de jours ouvrables dudit
mois.

300.000/22 = 13.636 salaire journalier.

Indemnités journalières d’Accident de travail :

13.636/2 = 6.818

Indemnité journalière à partir du 30è jour jusqu’au 6ème mois.

13.636 x2/3 = 9.090 francs.

9.090x30 = 272.940 par mois

272.940 x 6 = 1.637.640.

De même, le salaire servant de base de calcul de l’indemnité


journalière du travailleur âgé d’au moins 18 ans ne peut être inférieur
au salaire visé à l’art. 77 ni dépasser 1% du maximum de la
rémunération annuelle (6.000.000 F. CFA) visée à l’article 31 alinéa 2
du Décret 65-115 soit 60.000 frs (à compter du 1er janvier 2014).

Calcul de l’indemnité journalière du travailleur âgé d’au moins 18 ans


120

60.000 francs /22 = 2727 salaire journalier

2727/2 = 1364 l’indemnité journalière jusqu’au 29è jour.

2727x2/3 = 1818 francs d’indemnité journalière dû à partir du 30è


jour jusqu’au 6ème mois.

1818x30= 54.540 une indemnité mensuelle.

Pour les 6 mois, il aura un total de : 54.540x6=327.240

Ces indemnités sont servies sans limitation de durée jusqu’à la


guérison ou la consolidation de la blessure. Destinée à compenser la
perte de revenus que l’incapacité de travail entraine, le paiement de
l’indemnité journalière se fait à intervalles réguliers des salaires.

Pendant la période de paiement des indemnités journalières la victime


doit. :  s’abstenir de toute activité salariée, sauf autorisation du
médecin traitant ;  se soumettre à toutes les consultations médicales
prescrites ;  répondre à toutes les réquisitions de la CNSS pour
chaque contrôle médical.

Après avoir perçu les indemnités de travail pour un arrêt temporaire de


six mois, l’accidenté du travail bénéficiera d’une rente équivalent à
son état d’incapacité.

- Les rentes  Visant à compenser la perte de la capacité de travail


résultant des séquelles de l’accident ou la perte de salaire en cas de
décès, elles sont versées soit à la victime, soit à ses ayants droit.
121

Elles sont calculées à partir :

 D’un taux utile (déterminé à partir du taux d’incapacité fixé par le


contrôle médical de la Caisse) ;

 Et du salaire brut perçu par la victime au cours des 12 mois


précédant l’arrêt de travail qui subit également une correction.

 a) - Détermination du taux utile ou taux d’incapacité pondéré (TIP).

 Le taux utile est le taux utilisé pour le calcul de la rente.

Ce taux est calculé à partir du taux attribué à la victime par le médecin


conseil de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (en règle générale,
le médecin conseil évalue l’incapacité de travail à partir du siège de la
lésion, du poste de travail de la victime, de l’âge, de la profession et de
la capacité de la victime à reprendre son travail antérieur).

 Ce taux est ainsi égal à la moitié du taux d’incapacité fixé par le


médecin conseil si le taux est inférieur ou égal à 50% ; il est augmenté
de moitié pour la partie excédant les 50%.

 Exemple : le taux utile d’une victime ayant un taux d’incapacité de


90% sera de :  (50 : 2) + 40 = 65 soit en définitive 65 % pour le
calcul de la rente.

 b) - Détermination du salaire annuel utile (SU)

 Ce salaire se détermine en tenant compte des paramètres suivants


122

 La rente est calculée sur un salaire annuel indexé (en raison de 1,4
du montant annuel du SMIG) si le taux d’incapacité fixé est supérieur
ou égal à 10% (soit 30.047 F x 1,4 x12 = 504.789 F).

Montant de la Rente annuelle indexée : 504.789 F x 10%= 50.478 F

 Si le taux est inférieur à 10%, le SMIG annuel, applicable pour le


calcul de la rente, n’est pas indexé (Taux d’incapacité 9% par
exemple).

Dans ce cas, le SMIG annuel est de 30.047 x 12 = 360.564 F.

Montant de la Rente annuelle non indexée : 360.564 x 9 % = 32.450 F

 lorsque le salaire annuel dépasse 6 fois le SMIG indexé, le


supplément n’est pris en compte que pour le tiers (SMIG indexé
504.789 x 6 = 3.028.734).

 Aucune rente ne peut être calculée sur le supplément dépassant 25


fois le SMIG indexé soit 12.619.725 F.

Ainsi la rente d’une victime ayant 12 619 725 F de salaire annuel sera
calculée sur le salaire indexé suivant : 3.028.734 + (12.619.725 -
3.028.734/3) = 4.206.575 F

Rente trimestrielle pour un taux d’incapacité donné par le médecin


conseil est de 50%

Taux utile sera de 50/2 =25%

Calcul de la rente : 4.206.575 F x 25% = 1.051.643 F


123

Rente trimestrielle de : 1.051.643/4=262.910

 c) Montant de la rente  R = S.U X T.I.P (SU= Salaire corrigé et


TIP= Taux d’Incapacité Pondéré).

 d) Paiement de la rente  La périodicité de paiement de la rente est


fonction du taux fixé par le médecin conseil :  elle est annuelle
quand le taux est inférieur ou égal à 10%,  trimestrielle lorsque ce
taux est supérieur à 10% mais inférieur à 75 %  elle est mensuelle si
ce taux dépasse 75%.

En cas d'incapacité permanente totale, la rente est égale à 100 % du


salaire/revenu mensuel moyen de l'assuré au cours des 12 mois
précédant le début de l'incapacité.

Le plafond du salaire annuel pris en compte pour le calcul de la rente


est de 25 fois le salaire annuel minimum.

Si la victime présente une incapacité permanente totale et a besoin de


l'assistance d'une tierce personne, le montant de la rente est majoré
de 40 %.

 En cas d’accident du travail ayant entraîné la mort de la victime, des


rentes survivantes sont versées aux ayants droit à raison de :

 - 30 % pour la veuve ou les veuves (répartis à parts égales en cas de


pluralité de veuves).

 -15 % pour chacun des 2 premiers enfants et 10% pour les autres
orphelins de père ou de mère.
124

 - 20% pour l’orphelin de père et de mère.

 e) Rachat de rente  La victime d’un accident du travail bénéficiaire


d’une rente peut en demander le rachat dans les limites suivantes :

 rachat total s’il s’agit d’une rente d’un taux inférieur ou égal à 10 %
après perception d’au moins une échéance annuelle ;

 au quart et dans un délai de 5 ans après consolidation si le taux de la


rente est au plus égal à 50 %

 dans la limite du quart du capital correspondant à un taux de 50 %


pour une rente d’un taux supérieur à 50%.

 V. Rechute et aggravation  La rechute : elle se caractérise par


l’apparition d’un fait nouveau en rapport avec l’accident du travail
nécessitant un traitement différent ou un arrêt de travail. En cas de
rechute, c’est le certificat médical qui établit la relation de causalité et
donc la preuve. Pendant la période de rechute, la victime bénéficie des
prestations en nature et des indemnités journalières jusqu’à la guérison
ou la consolidation des lésions.

 L’aggravation : un fait nouveau, un arrêt de travail ou une


modification de traitement ne sont nécessaires pour parler
d’aggravation ; mais elle permet la possibilité de révision du taux
d’IPP.

V- PRESCRIPTION DES DROITS


125

 La victime d’un accident de travail, ainsi que les ayants droit en cas
de décès disposent d’un délai de 2 ans à compter de la date de
l’accident ou de la maladie pour réclamer leurs droits ; dans le cas
contraire, ces droits sont prescrits ; sauf recours introduit auprès de la
Commission de Recours Gracieux (CRG).

CONCLUSION

 En règle générale, la victime d’un accident professionnel bénéficie


de la protection de l’emploi qui se manifeste par une interdiction de
licenciement pendant l’arrêt de travail et l’obligation pour l’employeur
de réintégrer ou reclasser le travailleur ensuite, dans la mesure du
possible.  Toutefois, l’action la plus efficace à mettre en œuvre pour
se prémunir des conséquences désastreuses des accidents du travail
demeure la prévention ; celle-ci devra être déployée de la manière la
plus étendue par l’implication des différents acteurs (ministère du
travail, employeurs, salariés, organismes de protection sociale).

 Le ministère du travail qui, par l’exercice d’une supervision des


conditions d’exercice des activités professionnelles, peut édicter au
besoin des mesures visant à l’amélioration des conditions de travail.

 Les employeurs qui doivent prendre toutes les mesures pour assurer
la sécurité et protéger la santé des travailleurs de l’établissement ; ils
financent l’assurance Accident du Travail et Maladies
Professionnelles (AT/MP).
126

 Les salariés qui doivent bénéficier d’un suivi médical, d’une


formation à la sécurité et pouvoir s’exprimer par l’intermédiaire des
Comités de Santé et Sécurité au Travail (CSST).

Les contrôleurs et inspecteurs du travail chargés de vérifier


l’application des mesures et normes de sécurité, d’hygiène et
conditions de travail.

 Les médecins du travail qui contrôlent par des visites médicales,


l’aptitude des travailleurs à leur poste et dépistent les maladies dont ils
peuvent être atteints. Ils contribuent à l’amélioration des conditions de
travail (grâce à l’étude des lieux) et ont une fonction de veille sanitaire
d’alerte.

 Les organismes de protection sociale qui, outre l’action de leurs


contrôleurs en prévention, mènent, à travers les services spécialisés,
sur le terrain des actions de prévention par des campagnes ciblées, des
rencontres d’échanges et de partage d’expérience.

Après le régime des accidents de travail et des maladies


professionnelles, nous examinerons le régime des retraites.

CHAPITRE III : LE REGIME DES RETRAITES

Qu’est qu’un régime de retraite ? Un régime de retraite est une


institution qui procure au travailleur ou à sa famille des revenus
pendant sa période d’inactivité, c'est-à-dire à sa retraite (d’office ou
anticipée). Le régime des retraites au Niger se distingue du système
127

français de retraite dont le modèle est instauré en 1945 et s'appuie sur


un double principe :

 le principe de contributivité basé sur des cotisations


versées tout au long de la vie active ;

 le principe de solidarité : fondé sur le versement


d'avantages de retraite non contributifs.

Le système de retraite est structuré en trois composantes :

 la retraite de base ;

 la retraite complémentaire ;

 la retraite supplémentaire.

Les deux premières sont obligatoires dans le régime général, c’est-à-


dire que les cotisations sont imposées aux salariés et aux employeurs,
alors que la troisième est facultative.

Le régime général de retraite est géré par la Caisse nationale


d’assurance vieillesse. Ce régime est aussi, plus simplement, appelé
« assurance retraite ». La retraite de base relève donc de la Sécurité
Sociale (et de la Sécurité Sociale des indépendants pour les
commerçants, artisans…).

Le régime de retraite complémentaire des salariés du privé est quant à


lui géré par AGIRC-ARRCO (fusionnés depuis janvier 2019) qui sont
des Associations gérant le régime de retraite complémentaire de tous
128

les salariés : ouvriers, employés, techniciens, agents de maîtrise et


cadres.

Au Niger, le régime de retraite relève initialement de l’Institut de


Prévoyance de Retraites de l’Afrique Occidentale (IPRAO) et la
gestion de la branche des pensions a été confiée à la CNSS par Décret
67-025 du 2 Février 1967 portant détermination des règles de gestion
du régime des retraites, ce régime général peut être complété par le
régime facultatif.

Dans ce chapitre, il convient d’analyser le Champ d’application, les


conditions d’ouverture des droits à pension et la détermination et
service des prestations sans omettre les modalités de constitution des
différents types de dossiers.

SECTION I/ CHAMP D’APPLICATION DU REGIME DE


RETRAITES

1.1 Champ d’application  Ce régime s’adresse aux travailleurs


salariés visés à l’article 2 du code du travail issu de la loi de 2012
portant du Code du travail au Niger ainsi qu’à leurs ayants droit. Sont
assujettis au régime des retraites tous les travailleurs salariés au sens
de l'article 1 du Code du Travail lorsqu'ils sont employés sur le
territoire national pour le compte d'un ou plusieurs employeurs
nonobstant la nature, la forme, la validité du contrat ou la nature et le
montant de la rémunération.
129

2. Peuvent être assimilés aux travailleurs visés au premier paragraphe


du présent article les stagiaires et les apprentis, même non rémunérés.
Les modalités particulières nécessaires à l'application de dispositions
du présent article aux stagiaires et aux apprentis seront déterminées
par arrêté du Ministre du Travail après avis de la Commission
Consultative du Travail.

Toute personne qui, ayant été affiliée au régime des retraites pendant
six mois consécutifs au moins, cesse de remplir les conditions
d'assujettissement, a la faculté de demeurer volontairement affiliée à
ce régime, à condition d'en faire 1a demande dans 1es six semaines
qui suivent la date à laquelle son affiliation obligatoire a pris fin. Un
arrêté du Ministre du Travail pris après avis de la Commission
Consultative du Travail déterminera les modalités d'application à
l'assurance volontaire prévue au présent article.

Paragraphe I: RESSOURCES ET ORGANISATION


F1NANCIERE DE LA BRANCHE DES PENSIONS

Les ressources de la branche des pensions sont constituées par : les


cotisations d'employeurs et de travailleurs destinées au financement de
cette branche, assises sur les rémunérations visées à l'alinéa 1 de
l'article 21 du décret n° 65-115 du 18 août 1965 et dans la limite du
plafond visé à l'alinéa 2 dudit article ; les majorations encourue pour
cause de retard dans le paiement des cotisations et les intérêts
moratoires ; le produit des placements de fonds ; les dons et legs ;
130

toutes autres ressources attribuées par un texte législatif ou


réglementaire.

2. Les ressources de la branche des pensions ne peuvent être utilisées


qu'aux fins prévues par la réglementation relative à la branche des
pensions y compris les frais d'administration indispensables. Article
5: un décret pris sur proposition du Ministre du Travail après avis de
la Commission Consultative du Travail fixe les règles relatives à la
comptabilité de la branche des pensions, dans le cadre de la
comptabilité générale de 1a Caisse. 2. 1~Le régime des pensions fait
l'objet d'une gestion financière distincte 3. Le Ministre du Travail
détermine, sur proposition du Conseil d'Administration de la Caisse, la
part des frais d'administration à imputer à la branche des pensions.

 Pour bénéficier des avantages de ce régime les travailleurs doivent


être immatriculés à la CNSS et régulièrement déclarés par leurs
différents employeurs.  Leurs ayants droit sont :  La veuve à
condition que le mariage ait été contracté un an au moins avant la
cessation de l’activité salariée ;  le veuf, à condition d’avoir au
moins un enfant à charge, issu d’un mariage contracté avec la
conjointe décédée ;  Les enfants à charge tels qu’ils sont définis par
la réglementation des prestations familiales (enfants légitimes,
naturels reconnus, ou adoptés âgés de 1 à 21 ans au plus sous certaines
conditions).

 1.2 Eventualités couvertes 


131

 Ce régime couvre les 3 éventualités suivantes :  La vieillesse


normale ou anticipée pour le travailleur âgé de 60 ans ou 55 ans atteint
d’une usure prématurée de ses facultés physiques ou mentales ; 
L’invalidité du travailleur, qui par suite de maladie ou d’accident
d’origine non professionnelle subit une diminution permanente de ses
facultés ;  Et le décès du travailleur à la suite duquel des prestations
sont servies à ses ayants droits.

PARAGRAPHE II/ CONDITIONS D’OUVERTURE DES


DROITS ET CONSTITUTION DES DOSSIERS 

 Il existe deux types de conditions :  Celles dites générales propres


à la plupart des prestations de la branche ;  Et les conditions
particulières à chaque type de prestation.

 Pour en bénéficier des prestations de retraites, des dossiers doivent


être constitués et déposés dans un délai à la CNSS.

 2.1. Conditions générales à remplir 

 Elles sont relatives à :  L’âge requis,  la justification d’une durée


minimale d’assurance,  Et à la cessation de l’activité salariée. 

 L’âge requis  Cette condition est exigée pour les avantages


vieillesse et n’est pas applicable aux avantages invalidité et du
conjoint survivant. L’âge requis est ainsi de :  60 ans en matière de
pension vieillesse normale avec une option pour les femmes qui
peuvent en bénéficier dès qu’elles ont 55 ans ;
132

 55 ans en matière de pension de vieillesse anticipée.

 La durée d’assurance.

Cette durée varie suivant la catégorie de prestation. Ainsi : 

 180 mois d’assurance pour les pensions de survivants (normale) ; 


6 mois d’assurance au cours des 12 mois précédant le début de la
maladie conduisant à l’invalidité en matière d’invalidité ;

 Et 12 mois d’assurance minimale pour bénéficier d’une allocation


de vieillesse ou de survivants (pension versée en une seule fois sous
forme de capitale).

 La cessation de l’activité salariée.

Seule en matière d’invalidité, cette condition n’est pas exigée à


l’assuré. Ainsi, en matière de pension de vieillesse, la reprise de
l’activité salariée amène la Caisse à suspendre la pension.

 2.2. Conditions particulières 

 En matière de pension de vieillesse  Une seule condition existe en


matière de vieillesse anticipée où il est exigé une usure prématurée des
facultés physiques ou mentales de l’assuré, constatée par un médecin.

 En matière d’invalidité  Cette condition ressort de la définition de


l’invalidité qui est la diminution permanente des capacités physiques
ou mentales de l’assuré, dûment constatée par un Médecin agréé, le
rendant incapable de gagner plus d’un tiers (1/3) de la rémunération
133

qu’un travailleur de la même formation peut se procurer par son


travail.

 En matière de pension de survivant  Les conditions particulières


sont de 2 ordres :

 Pour le veuf, avoir au moins un enfant à charge issu d’un mariage


contracté avec l’assurée décédée,

 Pour la veuve, le mariage doit avoir été contracté au moins 1 an


avant la cessation de l’activité salariée ou avant la transformation de la
pension d’invalidité en pension de vieillesse normale.

SECTION III/ DETERMINATION ET SERVICE DES


PRESTATIONS 

 3.1. Détermination des prestations 

 Les prestations de la branche des pensions de retraites sont


déterminées à partir de trois (3) éléments essentiels :  La
rémunération mensuelle moyenne  La période d’assurance
accomplie  Et la date de dépôt du dossier 

 La rémunération mensuelle moyenne  Elle se définit comme la


moyenne des 36 ou 60 rémunérations de l’assuré soumises à cotisation
lors des 3 ou 5 dernières années précédant sa date d’admissibilité à
pension, le montant retenu étant celui le plus avantageux pour
l’assuré.  Elle s’obtient ainsi en divisant par 36 ou 60 le total des
salaires (tirés du compte individuel ou du certificat d’emploi et de
134

salaires) des 3 ou 5 dernières années d’activité du salarié.  Elle ne


peut être inférieure au SMIG en vigueur ni supérieure au plafond des
cotisations.

 La période d’assurance accomplie  C’est la période totalisée par


l’assuré et résultant de l’exploitation du relevé de son compte
individuel ou de son livret d’assurance (auxiliaires) c’est à dire en fait
toute la période au cours de laquelle il a exercé une activité assujettie à
l’assurance : activité salariée de 13 jours par mois au cours de laquelle
les cotisations sociales ont été payées.  Il existe aussi des périodes
assimilées d’assurance qui sont des périodes pendant lesquelles
l’assuré n’a pas exercé mais que l’on valide comme des périodes
d’assurance. Il s’agit ainsi :  Des périodes de congés payés, congés
maladies, congé de maternité,  Des périodes validées pour l’invalide
à raison de 6 mois par année dans la limite de 162 mois : période
comprises entre 60 ans et son âge effectif à la date de l’invalidité. 

 C’est à partir de toutes ces périodes qu’est déterminé le taux de


calcul de la pension (en application des textes en vigueur) correspond
à 20 % jusqu’au 31/12/2011 (ce taux passe à 30% pour compter du 1er
janvier 2012) pour une période d’assurance de 15 années majorée de
1,33 % (2% p/c à partir du 1er janvier 2012) par année supplémentaire
accomplie au-delà des 15 ans.  Ce taux peut être déterminé en
multipliant le nombre d’année d’assurance par 1,33 % jusqu’au
31/12/2011 (2% p/c à partir du 1er janvier 2012).

Exemple :
135

Monsieur Kader employé par la société Unilever Niger depuis le 15


septembre 1997 est admis à faire valoir ses droits à la retraite le 15
septembre 2017. Il touchait une rémunération mensuelle de 300.000
francs CFA. Comment sera-t-elle sa pension et selon quelles
modalités ?

1997 à 2011 : 20%

2012 à 2017 : 30%

Majoration : 15 ans : 1,33%

Majoration : 2012 à 2017 : 2%

La pension annuelle de Monsieur Kader jusqu’en 2011 s’élève :

300.000 x 12 = 3.600.000 x 20% = 720.000

La pension trimestrielle est de :

720.000/4 = 180.144

De 2012 à 2017, il bénéficiera d’une pension annuelle brute de :

3.600.000 x 30% = 1.080.000

Majoration de la pension annuelle

1.080.000 x 2% = 21.600

Pension trimestrielle jusqu’en 2011

729.576/4 = 182.394
136

De 2012 à 2017 il bénéficiera d’une pension annuelle de :

1.080.000 + 21.600 = 1.101.600

Pension trimestrielle à partir de 2012

753.870/4 = 188.468

Autre Exemple : Calcul de l’ancienneté sur la base du traitement


indiciaire (pour les fonctionnaires qui sont liés à l’Administration par
un contrat de travail).

1. Indice qui figure sur le dernier arrêté d’avancement


2. Valeur indiciaire : 4180
3. Majoration 22% (depuis 2012 pour les civil et 2014
pour les militaires)
4. Bonification 10.000 francs Cadres A et B ; 15.000
pour les Cadres C et D
5. Le taux de la pension qui est le nombre d’années de
service x 2.
6. Pension globale d’ancienneté : montant de la pension
trimestrielle brute + 22% de la pension trimestrielle brute +
la bonification.

Cas concret : Monsieur Sangaré Bako, ingénieur des mines catégorie


A2 indice 814 a été recruté le 31 décembre 91. Il est admis à la retraite
le 31 décembre 2019. Il est père de 5 enfants dont deux sont mariés et
les 3 autres mineurs.
137

Valeur indiciaire : 4180.

Calcul du traitement indiciaire brut annuel : 4180 x 814 : 3.402.520

Déterminez le taux de la pension : il a travaillé pendant 28 ans (du 21


décembre 1991 au 31 décembre 2019) x 2 : 56 ans.

Décompte annuel de la pension : 3.402.520 x 56% : 1.905.411.

Pension brute trimestrielle : 1.905.411 / 4 : 476.353

Majoration : 476.353 x 22% : 104.798

On ajoute la bonification : 10.000 + 22.500 d’allocations familiales de


3 enfants mineurs.

Pension nette trimestrielle : PBT + Majoration + Bonification +


Allocations familiales. Soit 476.353 + 104.798 + 10.000 + 22.500 :
613.651

3. Montant de la pension  Une fois que la Rémunération Mensuelle


Moyenne (RMM) a été déterminée, il ne restera plus qu’à calculer le
montant de la pension qui s’obtient ainsi en multipliant la R.M.M. par
le taux déterminé.  Le montant mensuel de la pension ne peut être ni
inférieur à 60 % du SMIG (18.100 F) ni supérieur à 80 % du plafond
(400.000F) ; de même, il ne peut également être inférieur à 30 % de la
RMM.

Pour les survivants, il est procédé à la répartition de la pension qu’il


touchait où à celle qu’il aurait perçu à raison de :  50 % pour la
138

veuve ou les veuves repartis à parts égales  25 % pour chaque


orphelin de père ou de mère et 40 % pour l’orphelin de père et de
mère. 

L’allocation de vieillesse sous forme d’un versement unique se calcule


en multipliant la rémunération mensuelle moyenne de l’assuré par le
nombre de période de 12 mois d’assurance qu’il a accomplis. 
L’allocation de survivant, versement unique accordé aux ayants droit
d’un assuré qui ne remplit pas les conditions pour bénéficier d’une
pension de vieillesse ou d’invalidité et comptant moins de 15 années
s’obtient en multipliant le montant théorique des cotisations de
l’assuré décédé par le nombre de périodes d’assurance de 6 mois qu’il
totalise.

 4 : Date de dépôt du dossier 

 La date de dépôt du dossier à la CNSS permet de déterminer la date


d’effet de la pension. Ainsi :  Lorsque le dossier est déposé dans les
6 mois qui suivent la cessation d’activité, la date d’effet correspond au
1er jour du mois civil suivant la date à laquelle toutes les conditions
requises sont remplies.  Lorsque le dossier est déposé à l’expiration
du délai de 6 mois, les droits courent à partir du 1er jour du mois civil
suivant la date de son dépôt. Exemple : pour un travailleur qui cesse
son activité salariée le 31.12.2007, il y a 2 cas de figure :  S’il
dépose le dossier entre le 1er Janvier et le 30 Juin 2008, la date d’effet
de ses droits sera le 1er Janvier 2008.  Si le dossier est introduit le
15 Juillet 2008, les droits prendront effet pour compter du 1er Août
139

2008.  Il convient de souligner qu’il y a aussi une période dite de


prescription (2 ans au-delà desquels si le dossier est introduit, les
droits sont prescrits) ; sauf décision contraire de la Commission de
Recours Gracieux ou des Tribunaux.

 3.2. Service des Prestations  Les pensions sont servies selon une
périodicité et sous réserve de l’accomplissement de certaines
formalités. Elles peuvent aussi être suspendues ou même, dans
certains cas, supprimées. 

 Périodicité de paiement  Les prestations de pensions sont payables


à terme échu aux échéances suivantes :  A partir du 12 Mars pour le
1er trimestre  A partir du 12 Juin pour le 2ème trimestre  A partir
du 12 Septembre pour le 3ème trimestre  Et pour compter du 12
Décembre pour le 4ème trimestre.

 Formalités à accomplir  Pour bénéficier du paiement régulier des


pensions, les bénéficiaires sont astreints à l’accomplissement des
formalités suivantes :

 Fournir au 1er Janvier de l’année un certificat de vie pour les


bénéficiaires de pensions de vieillesse ou d’invalidité et un certificat
de non remariage pour les bénéficiaires de pensions de survivant
veuve.

 Fournir un certificat de consultation médicale trimestriellement pour


les orphelins de moins de deux (2) ans et semestriellement pour ceux
140

âgés de deux (2) à six (6) ans et un certificat de scolarité en début


d’année scolaire pour les enfants admis à l’école.

 Suspension et extinction des droits  Les prestations de pensions


peuvent être suspendues pour les raisons suivantes :  non production
des pièces périodiques requises (certificats de vie, de non remariage,
de consultation médicale, de scolarité) ;  Résidence hors du territoire
national en l’absence d’une convention de réciprocité en matière de
sécurité sociale entre le Niger et le pays de résidence ; 
Condamnation à une peine privative de liberté.

 Les prestations de pensions sont supprimées dans les cas suivants :


 Remariage de la veuve ;  Limite d’âge de l’orphelin.

 4.1. Les dossiers de vieillesse et d’invalidité 

 Ils sont constitués de :  Une demande sur imprimé CNSS devant


comporter le numéro SS, les nom et prénoms de l’assuré, la date et le
lieu de naissance ainsi que ceux de ses épouses et enfants à charge ;

 Le livret d’assurance dûment signé ;  Les pièces d’état civil de


l’assuré, des épouses et des enfants mineurs à charge.

 La décision de mise à la retraite et le certificat d’emploi et des


salaires pour les auxiliaires de l’Etat ;

 Quatre (4) photos d’identité de l’assuré ;

 Les numéros de compte bancaire et de téléphone et l’adresse à


laquelle il souhaiterait percevoir sa pension.
141

 Les dossiers de pensions de vieillesse et d’invalidité doivent


comprendre en plus :  Un certificat médical dûment signé du
Médecin traitant ;  Et une attestation d’inaptitude de l’employeur
certifiant que l’assuré a cessé son activité par suite d’inaptitude.

 4.2. Les dossiers de pensions de survivant 

 Ces dossiers se composent de :  Une demande sur imprimé


CNSS ;  Le livret d’assurance dûment signé ;  La carte
d’inscription de pensionné lorsqu’il s’agit d’un bénéficiaire de pension
;  Les pièces d’état civil du défunt, des épouses et des enfants à
charge ;  Le certificat d’emploi et de salaires (auxiliaire) ;  L’acte
de décès ;  Le P.V. de conseil de famille et le certificat d’hérédité ; 
Les certificats de non remariage, de consultation médicale et de
scolarité des orphelins.

 4.3. Les dossiers de remboursement de cotisations 

 Ces dossiers comprennent :  Une demande manuscrite ;  Le livret


d’assurance ;  Le relevé des cotisations du service solde ;  La
décision d’engagement ;  La décision d’intégration dans le corps des
cadres;  Deux (2) photos d’identité. 

 De par leur essence, les pensions sont un revenu de remplacement


car intervenant soit à la fin de la carrière du travailleur ou au décès du
soutien de famille. C’est donc pour ces raisons qu’il est important que
le délai de traitement de tels dossiers soit réduit pour éviter de plonger
des familles entières dans la précarité.
142

 Ainsi les travailleurs doivent veiller à ce que :

 l’employeur les immatricule dans les délais à la CNSS ;

 le livret d’assurance soit bien rempli par les différents employeurs,


soit bien entretenu et soigneusement gardé jusqu’à l’âge de la retraite ;

 ils soient régulièrement déclarés par leurs employeurs tout au long


de leur carrière professionnelle afin que leurs comptes individuels
soient bien suivis par la CNSS ;

 leurs dossiers de retraite soient introduits dans les délais requis afin
de jouir de leurs droits à temps.

En cas de contestation des décisions de la Caisse nationale de sécurité


sociale par les assurés ou par les employeurs, les différends qui
opposent la Caisse de sécurité sociale sont réglées en application des
dispositions de la loi n° 65-23 du 15 mai 1965 relative au contentieux
de la sécurité sociale.

CHAPITRE IV - : LE CONTENTIEUX DE LA SÉCURITÉ


SOCIALE

Le dictionnaire privé définit le contentieux général de la sécurité


sociale comme celui comprenant principalement, les litiges relatifs à
l'application des législations et réglementations de sécurité sociale et
de mutualité sociale agricole, à l'exception des litiges relevant du
contentieux technique de la sécurité sociale. Au Niger, l’article 1 er de
la loi n° 65-23 du 15 mai 1965 relative au contentieux de la sécurité
143

sociale, déclare que les différends du contentieux général de la


sécurité sociale sont soumis en première instance au tribunal du
travail, et en appel à la Cour d'Appel.

Les arrêts de la Cour d'Appel peuvent être attaqués devant la Cour


Suprême. Les dispositions de l'article premier ne sont pas applicables,
notamment :

- aux recours formés contre les décisions des autorités administratives


ou tendant à mettre en jeu la responsabilité des collectivités publiques
à l'occasion de telles décisions ;

- aux poursuites pénales engagées en application de la législation et de


la réglementation de la sécurité sociale (article 3).

La loi n° 65-23 du 15 mai 1965 relative au contentieux de la sécurité


sociale, admet deux types de contentieux : la procédure de recours
gracieux (Section I) et la procédure du contentieux (Section II).

Section I - La procédure du recours gracieux.

Les réclamations relevant de l'Article premier, formées contre les


décisions prises par la Caisse nationale de sécurité sociale, sont
soumises, à peine de nullité, à une commission de recours gracieux
composée et constituée au sein du Conseil d'administration de la
caisse. Cette commission doit être saisie sous peine de forclusion dans
le délai de deux mois à compter de la notification de la décision contre
144

laquelle les intéressés entendent former une réclamation. Toutefois la


forclusion ne peut leur être opposée que si cette notification porte
mention de ce délai (article 4). Elle doit comprendre au moins un
membre appartenant à la même catégorie que le réclamant.

Pour la composition de la Commission de recours gracieux, se référer


au début du cours. Les membres de la commission sont désignés, au
début de chaque année, par le Conseil d'administration de la caisse
nationale de la sécurité sociale.

Quant aux attributions de la commission, elle donne sur les affaires


qui lui sont soumises, son avis au président du Conseil
d'administration de la caisse, qui statue et notifie sa décision aux
intéressés. Cette décision doit être motivée. Lorsque la décision du
président du Conseil d'administration n'a pas été portée à la
connaissance du requérant dans le délai d'un mois, l'intéressé peut
considérer sa demande comme rejetée et se pourvoir devant le tribunal
du travail. Le délai d'un mois prévu à l'alinéa précédent court à
compter de la réception de la réclamation par la Caisse nationale de
sécurité sociale. Toutefois, si des documents sont produits par le
réclamant après le dépôt de la réclamation, le délai ne court qu'à dater
de la réception de ces documents.

Si le recours gracieux n’aboutit pas à une solution acceptée, la partie


non satisfaite va se pourvoir devant les juridictions judiciaires et c’est
ce moment que débutera la procédure contentieuse
145

Section II - La procédure contentieuse.

La procédure contentieuse commence avec la saisine du tribunal de


première instance ou de grande instance par le demandeur (Paragraphe
1), puis le requérant non satisfait dispose de voies de recours, en appel
d’abord (Paragraphe 2) et en cassation enfin (Paragraphe 3).

Paragraphe 1 - La procédure contentieuse en première instance

Le tribunal compétent est celui dans le ressort duquel se trouve le


domicile du bénéficiaire ou de l'employeur intéressé. Toutefois, la
juridiction compétente est celle dans le ressort de laquelle se trouve :

1) le lieu de l'accident ou la résidence de l'accidenté, au choix de celui-


ci, en cas d'accident du travail non mortel ;

2) le dernier domicile de l'accidenté, en cas d'accident du travail


mortel ;

3) la résidence du bénéficiaire en cas de différend entre celui-ci et


l'employeur ;

4) l'établissement de l'employeur en cas de différend portant sur des


questions relatives à l'affiliation et aux cotisations des travailleurs
salariés.

Lorsqu'en vertu des règles fixées ci-dessus, aucun tribunal ne se


trouve compétent, le tribunal du travail de Niamey doit être saisi.
146

Le tribunal du travail est saisi, après l'accomplissement, le cas


échéant, de la procédure gracieuse, soit par requête écrite et signée du
demandeur ou de son mandataire, soit par sa comparution
accompagnée d'une déclaration dont procès-verbal est dressé par le
président du tribunal assisté du secrétaire et s’il échet d'un interprète.
Cette déclaration est signée du demandeur ou mention est faite, à
peine de nullité, qu'il ne sait ou ne peut signer. La requête ou le
procès-verbal de déclaration doit obligatoirement indiquer les nom,
prénom, domicile ou résidence des demandeurs et des défendeurs,
ainsi que l'énonciation de l'objet et des moyens de la demande. Art.
10. –

Le délai pour saisir le tribunal du travail est de quatre mois à compter


soit de la date de la notification de la décision, soit de l'expiration du
délai d'un mois prévu à l’article 7. La forclusion ne peut être opposée
toutes les fois que le recours a été introduit dans les délais, soit auprès
d'une autorité administrative, soit auprès de la Caisse nationale de
sécurité sociale. Art. 11. - Le secrétaire du tribunal du travail assiste et
tient la plume aux audiences. Il est tenu notamment d'inscrire sur un
registre spécial, coté par première et dernière page, paraphé par le
président du tribunal du travail, de suite et sans aucun blanc, les
requêtes et déclarations déposées ou reçues. Il tient les rôles et le
registre des délibérations du tribunal, rédige les procès-verbaux et
délivre à toute personne intéressée des extraits des décisions prises par
le tribunal. Art. 12. –
147

Le président du tribunal convoque les parties par lettre recommandée


avec demande d'avis de réception ou par notification administrative
constatée par procès-verbal. Outre l'indication de la date d'audience, la
convocation doit contenir les nom, profession et domicile du
réclamant, l'objet de la demande et l'heure de la comparution. Les
témoins sont convoqués dans la même forme. Art. 13. - Les parties
sont tenues de se rendre au jour et à l'heure fixés devant le tribunal du
travail. Elles ne comparaissent en personne ou se font représenter soit
par un avocat défenseur soit par un représentant des organisations
syndicales auxquelles elles sont affiliées, soit selon le cas par un
employé ou ouvrier ou par un employeur. Les employeurs peuvent en
outre être représentés par un directeur ou un employé de l'entreprise
ou de l'établissement. Le directeur de la caisse nationale peut être
représenté par un agent de la caisse.

Le tribunal peut toutefois ordonner la comparution personnelle des


parties. Art. 14. - Le tribunal du travail ne statue qu'après avoir
vainement tenté de concilier les parties. En cas de conciliation, il est
dressé par le président du tribunal un procès-verbal contenant les
conventions des parties, qui ont force exécutoire. Art. 15. - Il y aura,
entre le jour de la remise de la convocation et le jour de l'audience un
délai qui sera de huit jours au moins si la partie demeure dans la ville
où siège la juridiction. Ce délai est porté à 15 jours si elle demeure
dans la circonscription administrative où siège le tribunal, à 30 jours si
elle demeure dans une circonscription administrative limitrophe et à
45 jours si elle demeure en tout autre lieu du territoire de la
148

République. Si la partie convoquée demeure hors de ce territoire, le


délai est porté : a) à 60 jours si elle demeure en Afrique ; b) à 90 jours
si elle demeure en tout autre lieu du monde.

Art. 16. - Dans les cas urgents, le président du tribunal, abrégeant les
délais, peut convoquer les parties pour jugement, même dans le jour et
à l'heure indiqués. Art. 17. - Les parties sont tenues de s'expliquer
avec modération devant le tribunal et de garder en tout le respect qui
est dû à la justice. Si elles y manquent, le président du tribunal les
rappellera d'abord par un avertissement ; en cas de récidive, elles
peuvent être condamnées sans recours à une amende n'excédant pas la
somme de 5.000 francs. Dans le cas d'insulte ou d'irrévérence grave
envers le tribunal ou l'un des membres, le président du tribunal en
dresse procès-verbal, qu'il transmet au procureur de la République.
Les sanctions prévues à l’article 390 alinéa 2 du Code de procédure
pénale ne peuvent être prononcées que par le tribunal correctionnel
saisi par le ministère public, au vu du procès-verbal dressé par le
président du tribunal du travail relatant l'incident.

Art. 18. - Les parties ou leurs mandataires entendus


contradictoirement, la cause est jugée sur le champ. Le tribunal, s'il le
croit nécessaire, peut mettre la cause en délibération et prononcer le
jugement à une des plus prochaines audiences. Art. 19. - Avant de
statuer au fond, le tribunal peut recueillir tous éléments d'information
utiles auprès du directeur de la sécurité sociale, ou de son représentant.
Il peut ordonner un complément d'instruction et notamment prescrire
149

une enquête ou une expertise. Il peut donner mission à son président


de procéder à ces mesures d'instruction. Le président peut, en outre, et
en tout état de la procédure, mettre les parties en demeure, par une
ordonnance non susceptible de recours, de produire, dans un délai qu'il
détermine, toutes pièces écrites, conclusions ou justifications propres à
éclairer le tribunal.

Art. 20. - En cas d'expertise médicale, le ou les médecins experts


désignés par le tribunal sont immédiatement avisés par le secrétaire et
prêtent serment par écrit. Ils doivent déposer leur rapport dans le délai
maximum d'un mois, à défaut de quoi il est pourvu à leur
remplacement, à moins qu'en raison de circonstances spéciales à
l'expertise ils n'aient obtenu du tribunal un plus long délai. Art. 21. -
Ne peut être désigné en qualité d'expert le médecin attaché à
l'entreprise, ni un médecin de la caisse, ni un médecin expert désigné
par elle. Art. 22. - Si les parties sont contraires en faits de nature à être
constatés par témoins, et dont le tribunal trouve la vérification utile et
admissible, il ordonne la preuve et en fixe l'objet. Art. 23. - Tous les
témoins utiles à la solution du litige doivent être entendus séparément,
en présence des parties à qui il n'est pas permis de formuler des
reproches contre les témoins. Elles peuvent cependant présenter toutes
observations quant aux motifs de partialité qu'ils peuvent avoir en leur
personne. Les témoins, préalablement à leur audition, prêtent serment
de dire la vérité. En cas de faux témoignage commis à l'audience, le
président du tribunal rédige un procès-verbal qu'il transmet au
procureur de la République, qui exerce les poursuites conformément
150

au droit commun. Art. 24. - Le secrétaire du tribunal dresse procès-


verbal de l'audition des témoins. Lecture de ce procès-verbal est faite à
chaque témoin pour la partie qui le concerne ; celui-ci signe sa
déposition ou mention est faite qu'il ne sait ou ne veut signer. Le
procès-verbal est, en outre, signé par le président, le secrétaire et
éventuellement par l'interprète. Il est procédé immédiatement au
jugement ou au plus tard à la première audience dont la date est
indiquée par le juge aux parties. L'indication de la date d'audience vaut
convocation.

Art. 25. - Les audiences sont publiques. Néanmoins, le président du


tribunal peut, en constatant dans son jugement que la publicité est
dangereuse pour l'ordre ou les mœurs, ordonner par jugement rendu en
audience publique que les débats auront lieu à huit clos. Le jugement
sur le fond doit toujours être prononcé en audience publique. Art. 26. -
Les jugements sont rédigés en minutes. Ils énoncent les noms du
président et des assesseurs, les nom, profession et demeure des parties,
avec leurs déclarations ou conclusions, l'exposé sommaire de la
demande et, éventuellement, des constatations faites par le tribunal,
les motifs et le dispositif. Art. 27. - Le président du tribunal et le
secrétaire signent chaque jugement dans un délai maximum de cinq
jours à compter de la date de son prononcé. Art. 28. - Le secrétaire du
tribunal notifie par lettre recommandée avec accusé de réception ou
par notification administrative dans la quinzaine les décisions à
chacune des parties non présentes ou non représentées à l'audience. Il
transmet, dans le même délai, au directeur de la sécurité sociale un
151

exemplaire des décisions portant indication, le cas échéant, de la date


de notification aux parties. Art. 29. - Les décisions du tribunal du
travail ne sont pas susceptibles d'opposition. 1191 Art. 30. - Le
tribunal peut ordonner l'exécution par provision de tout ou partie de
ses décisions.

La partie qui n’est pas satisfaite de la décision rendue par le tribunal


peut exercer sa voie de recours par la saisine des juridictions de fond.

Paragraphe 2 - La procédure contentieuse en appel.

Art. 31. - Le délai pour interjeter appel est de deux mois sans
augmentation des délais de distance pour le territoire de la
République. Pour ceux qui sont domiciliés en dehors de ce territoire,
le délai est augmenté des délais impartis à l’article 15. Art. 32. - Le
délai d'appel emporte déchéance. Il court du jour du prononcé du
jugement s'il est contradictoire et de sa notification s'il est par défaut.
Art. 33. - L'appel est interjeté par déclaration au secrétariat du tribunal
qui a prononcé le jugement. La déclaration d'appel doit être faite par
l'appelant. Si l'appel est relevé par un avocat défenseur, il est valable
sans qu'un mandat spécial soit nécessaire. A tout autre mandataire, il
faut un pouvoir spécial qui est annexé à l'acte d'appel. Art. 34. - Le
directeur de la sécurité sociale ou son représentant peut interjeter
appel des jugements rendus par le tribunal du travail. Le délai d'appel
court, en ce qui le concerne, à compter de la réception de l'exemplaire
du jugement visé à l’article 28. Art. 35. - Le secrétaire du tribunal
inscrit la déclaration d'appel sur un registre à ce destiné et en fait
152

mention sur la minute du jugement. Il en donne avis par voie


administrative à l'intimé et transmet le dossier au greffe de la Cour
d'appel avec une expédition du jugement ainsi que les lettres,
mémoires et documents déposés par les parties, et, le cas échéant, le
rapport d'expertise et le procès-verbal de l'audience de témoins. Art.
36. - Dès la réception du dossier, le greffier en chef de la Cour d'appel
enrôle l'affaire d'office et prévient par voie administrative les parties
en cause ainsi que le directeur de la sécurité sociale ou son
représentant du jour où elle sera appelée, en observant les délais
prévus à l’article 15. Art. 37. - L'appel incident n'est pas soumis aux
délais de l'appel principal. Il peut être interjeté en tout état de cause
jusqu'à la clôture des débats, par simple déclaration à l'audience. Art.
38. - Les dispositions des articles 12, 13, et 17 à 27 relatives à la
procédure devant le tribunal du travail sont applicables à la procédure
devant la Cour d'appel, sans préjudice des règles de la procédure de
droit commun dans la mesure où elles ne sont pas contraires aux
dispositions du présent titre. Art. 39. - Le greffier en chef de la Cour
d'appel notifie par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception ou par notification administrative constatée par procès-
verbal la décision de la Cour, dans le délai de quinzaine, à chacune des
parties ainsi qu'au directeur de la sécurité sociale ou son représentant.
Art. 40. - En cas d'arrêt par défaut, l'opposition est recevable. Elle est
formée dans le mois de la notification de la décision et dans les mêmes
formes que l'appel.
153

La partie qui conteste la décision d’appel peut se pourvoir en


cassation.

Paragraphe 3 - La procédure contentieuse de cassation

Art. 41. - Sous réserve des exceptions prévues aux articles 42, 43, et
44, les dispositions de la loi n° 61-28 du 15 juillet 1961 déterminant la
composition, l'organisation, les attributions et le fonctionnement de la
Cour Suprême, sont applicables aux pourvois en cassation formés
contre les arrêts de la Cour d'appel statuant en matière de contentieux
général de la sécurité sociale. Art. 42. - Le délai pour former le
pourvoi court à compter du jour de la notification de la décision par le
greffier en chef de la Cour d'appel, lorsque cette notification a été faite
à personne ou à domicile. Art. 43. - Le délai ci-dessus court du jour où
l'opposition n'est plus recevable lorsqu'il s'agit d'un arrêt par défaut.
Art. 44. - La requête du demandeur au pourvoi est notifiée au
défendeur par les soins du greffier en chef de la Cour suprême. Art.
45. - Outre les parties, le directeur de la sécurité sociale ou son
représentant peut former un pourvoi en cassation. Art. 46. - Le
directeur de la sécurité sociale ou son représentant peut présenter des
observations écrites devant la Cour.

Les frais. Art. 47. - La procédure est gratuite et sans frais. Art. 48. -
Les dépenses résultant des enquêtes et expertises sont à la charge de la
Caisse nationale de sécurité sociale. Il en est de même pour les frais
d'envoi de lettres recommandées dans les cas prévus par la loi. Art. 49.
- Les procès-verbaux, notifications, actes de notoriété, significations,
154

jugements et autres actes faits ou rendus en vertu et pour l'exécution


de la présente loi sont délivrés gratuitement, visés pour timbre et
enregistrés gratis lorsqu'il y a lieu à formalité de l'enregistrement.

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