Burkina Faso COVID 19 Final

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 59

Burkina Faso-etude pays

surles mesures et l’impact


de la COVID-19

By Madeleine Wayack Pambè, Dorte


Thorsenand Akosua K. Darkwah
Publié juin 2021
Auteures
By Madeleine Wayack-Pambè, Dorte Thorsen,
and Akosua K.Darkwah

Support
INCLUDE Secretariat

© Licensed under a Creative Commons Attribution-ShareAlike 4.0 International License

2
Résumé exécutif
La pandémie de la Covid 19 est apparue au Burkina Faso dans un contexte économique, politique
et sociale difficile. Cette situation est exacerbée par la crise sécuritaire que connait le pays depuis
l’année2016. La pandémie de la Covid 19 vient ainsi ajouter une tension supplémentaire aux
ressources du pays dont deux cinquièmes de la population (40%) vit dans la pauvreté. L’objectif de
cette étude était d’analyser l’inclusivité des stratégies adoptées et des mesures prises pour lutter
contre la pandémie de la Covid 19 au Burkina Faso. Elle a examiné plus particulièrement, si et
comment les différentes parties prenantes ont été impliquées dans la définition et la mise en œuvre
des réponses proposées, ainsi que les aspects multidimensionnels des conséquences de ces
réponses sur les différents groupes de populations vulnérables. L’étude a adopté une approche
féministe intersectionnelle permettant, au-delà du genre, de prendre en compte divers groupes de
populations marginalisées, telles les vieilles personnes, les personnes vivant avec un handicap, les
enfants de la rue, les populations du milieu rural, la population carcérale, ou encore les populations
défavorisées sur le plan socioéconomique.

Les analyses sont basées sur une revue documentaire axée sur la covid 19, faite à à partir d'articles
dela presse en ligne et des documents de politiques gouvernementales. Ces analyses cherchent à
répondre à des questions qui interrogent la manière dont les marqueurs de différences et de
vulnérabilité entre les sous-groupes de populations ont été pris en compte dans les réponses à la
pandémie de la Covid 19 au Burkina Faso. Les diverses dimensions explorées dans les analyses
pour répondre à ces questions sont présentées ci-dessous.

Réponses initiées par le gouvernement visant la contention de la pandémie


Plusieurs types de mesures visant à freiner la diffusion du virus de la Covid-19 au sein de la
population ont été pris dès l’apparition des premiers cas au Burkina Faso au mois de mars 2020.
Ces mesures ontd’abord porté sur l’organisation du système de santé dans la prise en charge des
malades, le suivi des cas contacts et le dépistage. Des décisions fortes ont également été prises
relativement à la restriction des libertés individuelles, au transport et sur le plan politique. Il
s’agissait de l’interdiction de tout regroupement de plus de 50 personnes et l’instauration d’un
couvre-feu sur toute l’étendue du territoire. Ces dernières mesures ont conduit à la fermeture de
lieux d’activités économiques qui occupent la majeure partie de la population active dans les villes,
à savoir les marchés, les lieux de restauration et de divertissement, de même qu’à celles des
établissements scolaires. La mobilité spatiale des individus a également été réduite avec la
fermeture des frontières terrestres et aériennes, de même que la mise en quarantaine des villes
ayant des personnes contaminées.

Réponses initiées par le gouvernement et la société civile pour atténuer l’impact


économiqueet social des mesures de lutte contre la pandémie
Deux semaines après les décrets instaurant la limitation de la mobilité et des activités des
populations, le gouvernement annonçait une série de mesures destinées à atténuer les
conséquences de ces dernières sur les conditions de vie des individus. Celles-ci ont d’abord
concerné les acteurs du secteur économique y compris les personnes travaillant dans les marchés,
ainsi que les catégories de personnes identifiées comme étant vulnérables. Une batterie de
mesures fiscales a été prise en faveur des entreprises. Des mesures ont également été prises par
le gouvernement pour une sécurisation desstocks de produits de grande consommation (le sucre, le
lait, le riz, l’huile, le savon, etc.) et pour garantir la disponibilité des stocks, avec un renforcement
des dispositifs de lutte contre le stockage clandestin et le contrôle des prix sur tout le territoire
national. Une prise en charge a été faite par le gouvernement des coûts de fonctionnement des
personnes travaillant dans les marchés. Concernant le reste de la population, des subventions ont

3
été faites pour l’accès à deux services de base, à savoir l’eau et l’électricité. Une partie substantielle
de ces mesures a surtout concerné les populations urbaines, même si dans les discours il était
régulièrement rappelé que le milieu rural « n’était pas oublié ». Les actions menées envers les
catégories de populations identifiées comme étant particulièrement vulnérables ont été menées, à
la fois par le gouvernement et les membres de la société civile, ainsi que les partenaires au
développement. Elles ont consisté essentiellement en des distributions de vivres, et pour les plus
démunies, en des transferts monétaires sur trois mois.

Des mesures d’atténuation des conséquences de la fermeture des établissements scolaires ont
également été prises dans le secteur de l’éducation, surtout pour les niveaux d’enseignement
primaire et secondaire. Un mois après, le ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de
lapromotion des langues nationales (MENAPLN) présentait un plan de réponse pour la continuité
éducative dans le contexte de la pandémie comportant cinq objectifs, parmi lesquels figuraient la
continuité pédagogique ainsi que l’agenda de réouverture des classes assorti de mesures particulières
pour respecter les gestes barrières au sein des établissements. La continuité pédagogique devait se
faire essentiellement à travers les canaux numériques et les médias. Face à la difficulté de remplir des
conditions sanitaires correctes pour une reprise des cours, celle-ci a été limitée aux seules classes
d’examen. Pour les classes intermédiaires, l’année scolaire a été validée à partir des acquis obtenus
avant la fermeture des écoles au mois de mars.

Degré d’inclusivité des stratégies et actions de lutte contre la pandémie


Peu impliquées dans la définition des réponses apportées à la pandémie au début de son apparition
dans le pays, les populations et la société civile ont, par leurs réactions face à certaines mesures,
modifié le cours de ces dernières et atténué quelque peu leurs impacts négatifs. Bien que faite
de façon spontanée et non coordonnée, l’implication de la société civile sur le terrain a également
permis une plus grande inclusivité des mesures, particulièrement la prise en compte de certaines
couches de populations vulnérables qui n’avaient pas été explicitement ciblées par le plan
gouvernemental de riposte.

Fondements des réponses gouvernementales à la pandémie de la Covid 19 au Burkina Faso


Les fondements des réponses du gouvernement burkinabè à la pandémie de la Covid 19 peuvent
être déterminées à travers la lecture des mesures prises et leur chronologie, à l’aune à la fois de la
situation sociale, politique et économique préexistante à la pandémie, ainsi que des débats et
développements menés sur celle-ci aux échelles régionale et internationale. Concernant le climat
social, politique et économique au niveau intérieur, les premières mesures prises telle la fermeture
des établissements scolaires, ont été reçues par certaines franges de la population comme une
volonté du gouvernement de profiter de la crise sanitaire pour se dérober aux difficultés sociales
internes. La temporalité des décisions coïncidant souvent avec celles prises en France a également
amené les populations à questionner l’indépendance du gouvernement dans la prise de décision, de
même que la légitimité des mesures prises et leur adéquation avec la situation du pays.

Gouvernance, relations de pouvoir et réactions populaires aux réponses à la pandémie


Le climat de défiance envers la classe politique et dirigeante qui prévaut au Burkina Faso depuis
l’insurrection de 2014 a occasionné une gestion de la pandémie prudente pour ce qui est des
actionsde corruption potentielle qu’elle aurait pu engendrer. En effet, cette gestion s’est faite sous
unepression sociale permanente. De ce fait, la gouvernance sociale et politique n’a presque pas été
impactée par les réponses élaborées par le gouvernement burkinabè pour affronter la pandémie de
la Covid-19.

Une gestion de la pandémie sous une pression sociale permanente


La gestion de la pandémie au Burkina Faso s’est faite dans un contexte de contestation permanente

4
(dans la rue, les médias et les réseaux sociaux) de l’autorité publique ainsi que de pressions de la
part de la société civile, des partis politiques de l’opposition et de divers corps de métiers, pour inciter
le gouvernement à prendre les mesures idoines pour circonscrire la pandémie et limiter ses effets
négatifs sur les populations. La levée des mesures barrières comme le couvre-feu et la fermeture des
lieux de commerce et de restauration s’est faite suite à des manifestations de populations.

5
Sigles et acronymes
ABSFM Association Burkinabè des Sages-femmes et Maïeuticiens
CDPH Convention relative aux droits des personnes handicapées
CHU Centre hospitalier universitaire
CM Centre médical
CMA Centre médical avec antenne chirurgicale
CNRST Centre National de Recherche Scientifique et Technologique
COGES comités de gestion des écoles
CONASUR Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation
CORUS Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires
COVID-19 Coronavirus disease 2019
CSPS Centre de santé et de promotion sociale
EDS-BF Enquête démographique et de santé
EMC Enquête Multisectorielle continue
IDH Indice de développement humain
INSD Institut nationale de la statistique et de la démographie
ISSP Institut supérieur des sciences de la population
IUTS Impôt unique sur les traitements et les salaires
MENAPLN Ministère de l’éducation nationale, de l’alphabétisation et de la promotion
des langues nationales
MESRSI Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation
MFSNFAH Ministère de la femme, de la solidarité nationale, de la famille
et de l’action humanitaire
MINEFID Ministère de l’économie, des finances et du développement
MS Ministère de la santé
MSF Médecins Sans Frontières
OMS Organisation mondiale de la santé
ONG Organisation non gouvernementale
PIB Produit intérieur brut
PNDES Plan national de développement économique et social
PNPS Politique nationale de protection sociale
PNUD Programme des nations unies pour le développement
REMEHBS Réseau Mère Enfant des Hauts Bassins
RENLAC Réseau national de lutte contre la corruption
RGPH Recensement général de la population et de l’habitation
SIG Service d'Information du Gouvernement du Burkina Faso
SNPE Stratégie nationale de protection de l’enfant
SOBUPED Société Burkinabè de pédiatrie
SOGOB Société des Gynécologues et Obstétriciens du Burkina
TdH Terre des Hommes
TIC Technologies de l’information et de la communication

6
Table of contents
Résumé exécutif ................................................................................................................................... 3
Sigles et acronymes.............................................................................................................................. 6
Chapitre 1. Introduction......................................................................................................................... 8
Chapitre 2. Méthodologie de l’étude ...................................................................................................... 9
Chapitre 3. Contexte socio-économique du Burkina Faso ................................................................... 10
3.1 Contexte économique du Burkina Faso ..................................................................................... 10
3.1.1 Situation en matière de revenus et de pauvreté .................................................................. 10
3.2. Des rapports de genre inégalitaires .......................................................................................... 13
3.3 Dispositifs règlementaires en matière de protection sociale ....................................................... 13
3.4.1 La gouvernance politique .................................................................................................... 14
3.4.2 La situation sécuritaire ........................................................................................................ 15
3.4.3 L’accès aux Technologies de l’information et de la communication (TIC) ............................ 16
4.1 Réponses initiées par le gouvernement ..................................................................................... 19
4.1.1 Réponses dans le secteur de la santé et réponses visant la limitation de la diffusionde la
pandémie ............................................................................................................................ 19
4.1.2 Mesures relatives au secteur de l’éducation scolaire ........................................................... 20
4.1.3 Réponses visant l’atténuation des impacts économiques de la pandémie ........................... 22
4.2 Réponses émanant des organisations de la société civile.......................................................... 23
4.3 Innovations nées de la pandémie et implication de la communautéscientifique ......................... 25
4.4 Inclusivité des stratégies et réponses politiques à la Covid 19. .................................................. 25
5.1 Les fondements des réponses à la pandémie de la Covid 19 au BurkinaFaso ........................ 28
5.2 Gouvernance, relations de pouvoir et réactions populaires aux réponsesà la pandémie ............ 29
5.3 Une gestion de la pandémie sous une pression sociale permanente ......................................... 31
Chapitre 6. Conclusion........................................................................................................................ 34
Bibliographie ....................................................................................................................................... 36
Annexes.............................................................................................................................................. 39
Annexe 1. Contexte du pays............................................................................................................ 39
Annexe 2. Indicateurs relatifs aux conditions sociales préexistantes à lapandémie de la Covid-
19 .............................................................................................................................................. 41
Annexe 3. Catégories de personnes susceptibles de bénéficier desmesures de soutien à la COVID-
19 ou de se conformer aux directives ........................................................................................ 45
Annexe 4. Financements des réponses à la Covid 19 ..................................................................... 47

7
Chapitre 1. Introduction
L’épidémie de la Covid 19 a débuté à Wuhan en Chine en fin décembre 2019. Le 30 janvier 2020, elle
était déclarée par l’OMS comme une urgence de santé publique de portée internationale. Le premier
cas de Covid-19 en Afrique de l’Ouest a été enregistré au Nigéria en fin février 2020. Un mois après,
le virus s'était propagé dans l’ensemble des 17 pays de la sous-région. Les premiers cas ont été
confirmés au Burkina Faso le 09 mars 2020. À l’instar de la plupart des pays d’Afrique subsaharienne,
le Burkina Faso a pris très vite des mesures pour freiner la propagation de la maladie. Celles-ci se
déclinaient en : la déclaration de l'état d'urgence sanitaire ; la fermeture des établissements
d’enseignement ; le confinement des personnes infectées ; l’instauration d’un couvre-feu ; la mise en
quarantaine de certaines villes ; l’interdiction ou la restriction des entrées et sorties du territoire
national. Le gouvernement burkinabè a également dans la foulée, mis en place des mesures pour
pallier aux impacts socio-économiques de ces mesures sanitaires sur les populations.

Cette étude a pour but d’analyser l’inclusivité des stratégies adoptées et des mesures prises pour
lutter contre la pandémie de la Covid 19 au Burkina Faso. Elle examine plus particulièrement, si et
comment les différentes parties prenantes ont été impliquées dans la définition et la mise en œuvre
des réponses proposées, ainsi que les aspects multidimensionnels des conséquences de ces
réponses sur les différents groupes de populations vulnérables. La démarche adoptée est une
approche féministe intersectionnelle qui permet au-delà du genre, de prendre en compte divers
groupes de populations marginalisées, telles les vieilles personnes, les personnes vivant avec un
handicap, les enfants de la rue,les populations du milieu rural, la population carcérale ou encore les
populations défavorisées sur le plansocioéconomique. Sur la base d’une revue documentaire axée sur
la covid 19 faite à travers la presse en ligne et des documents de politiques gouvernementales,
l’analyse cherche à répondre à des questions qui interrogent la manière dont les marqueurs de
différence et de vulnérabilité entre les sous-groupes depopulation ont été pris en compte dans les
réponses à la pandémie de la Covid 19 au Burkina Faso. Lesquestions posées sont ainsi de savoir :
i. si et comment les politiques et programmes mises en œuvre pour répondre à la pandémie prennent
en compte les différentes catégories de personnes marginalisées,notamment celles identifiées dans
les documents de politique. ; ii. L’influence que les groupes de pression ont exercé sur ces politiques
et programmes ; iii. Jusqu’où les mesures existantes et prises antérieurement pour atténuer les effets
néfastes des différentes crises que connait le Burkina Faso ont aidé à éclairer les réponses à la Covid-
19 et si leurs objectifs d'inclusion et leurs définitions ont été reproduits sous une forme ou une autre
et si et comment les adaptations des politiques et desprogrammes pendant la pandémie ont affecté
des groupes cibles spécifiques, iv. Quelles stratégies a adopté l’État pour atteindre la population, pour
gérer les communications sur les mesures d’atténuation, et ce que l’éventail des réactions de la
population renseigne sur la relation entre l’État et ses citoyens ;
v. Quelles innovations potentielles ont émergé des réponses.

La suite du document se structure de la façon suivante : après avoir présenté le contexte social,
économique et politique du Burkina Faso au moment de l’apparition de la covid 19 dans le pays, la
méthodologie de l’étude sera précisée. Par après, les différentes dimensions des questions exposées
ci-dessus seront traitées dans des sections spécifiques ou regroupées pour certaines selon la
pertinence, pour enfin fournir une conclusion.

8
Chapitre 2. Méthodologie de l’étude
Plusieurs sources documentaires ont été mobilisées pour les analyses faites dans cette étude. Il s’agit:
des documents de programmes et politiques nationales existants ; des rapports d’activités ou rapports
d’études produits par les ministères ; des documents et rapports élaborés par le gouvernement ; les
associations ou autres acteurs de la société civile rendant compte des actions menées sur la
pandémie; des pages web des sites d’institutions nationales et internationales ; des articles de
presseen ligne.

Les informations recueillies à partir des documents de programme et de politique, des rapports et des
sites institutionnels ont servi premièrement à présenter un état des lieux du contexte politique,
économique, social et économique dans lequel se trouvait le Burkina Faso au moment de l’apparition
dela pandémie de la Covid 19 sur son territoire. Ils ont également servi à préciser les dispositifs
existants en matière de prise en charge des groupes de populations vulnérables, ainsi que leur
potentialité d’inclusion.
Les données ayant servi pour l’analyse de la gestion de la pandémie proviennent essentiellement de
sites de la presse privée en ligne, et d’un site d’information gouvernemental. Il s’agit, pour la presse
nationale, pour la grande majorité des articles, du site d’information lefaso.net qui est le premier
organede la presse en ligne au Burkina Faso. Quelques articles ont également été obtenus à travers
un autre site de presse en ligne Burkina24. Lefaso.net est un site très populaire servant de relais
d’informations aux différents secteurs de la vie politique, sociale et économique du pays. Il publie des
tribunes écrites aussi bien par des universitaires que des activistes ou d’autres membres de la
société civile résidant au Burkina Faso où à l’extérieur du pays. Lefaso.net fournit des comptes rendus
réguliers des activités étatiques, des ONG et associations, des universités et centres d’enseignement.
Le Service d'Information du Gouvernement du Burkina Faso (SIG) publie quant à lui des
communiqués et comptes-rendus sur l’action gouvernementale.
Les informations ont été récoltées sur une période qui s’étend du 09 mars, date de début de la
pandémie, au 30 septembre 2020. La recherche a été faite en ce qui concerne le site lefaso.net et le
SIG, dans les dossiers que chacun de ces sites consacre à la pandémie de la Covid 19, et
qui compilent toutes les informations détenues par le site sur le sujet. Pour les autres sites, la
recherche s’est faite sur leurs moteurs de recherche à partir du mot « covid ». Une première sélection
a été faite en retenant tout article ou document contenant le mot Covid 19 dans le titre. Une deuxième
sélection a été faite par une lecture des premières lignes qui permettait à partir de mots-clés, soit de
classer le document dans une des rubriques prédéfinies en fonction des questions de recherche, soit
de l’éliminer. Au total, 859 articles du site lefaso.net et 285 articles du SIG ont été retenus pour
une analyse de contenu. Enfin, certaines informations ont été complétées par des articles pris dans
la presse internationale en ligne et traitant d’un même sujet, ou permettant d’approfondir un angle
d’analyse.

9
Chapitre 3. Contexte socio-économique du Burkina Faso
3.1 Contexte économique du Burkina Faso
3.1.1 Situation en matière de revenus et de pauvreté
Avec un IDH de 0,434 selon le rapport 2018 du programme des nations unies pour le développement
(PNUD, 2019), le Burkina Faso est classé parmi les pays à faible revenu et occupe le rang de 182ème
sur 189 pays en termes de développement. La valeur de l’Indice de Gini était de 35,3%1 en 2014 et
en 2018, le PIB réel du pays était de 5 264,9 milliards de FCFA dont une forte part contributive du
secteur des services (46%), alors que celui-ci n’occupe que 17,7% de la population active (MINEFID,
2019). La contribution des autres secteurs était de 21% pour le secteur de l’industrie, 20% pour
l’agriculture et 13% généré par les impôts. La pauvreté touche environ deux cinquièmes de la
population burkinabè soit 40,1%, selon les dernières enquêtes auprès des ménages (INSD, 2015).
Elle est plus importanteen milieu rural (47,5%) qu’en milieu urbain (13,7%). En 2014, seulement
25,5% des ménages avaient accès à l’électricité, 9,3% en milieu rural et 62,4% en milieu urbain (INSD,
2015).

3.1.2 Situation en matière d’emploi2


Le secteur de l’emploi est fortement investi par la population burkinabè. Le taux d’emploi de la
population âgée de 15 ans et plus était de 63,4% en 2014 (INSD, 2015) avec une moindre proportion
des femmes (54,6%), comparativement aux hommes (73,7%). Toutefois, la plupart de ces emplois
sontprécaires. Ainsi, 87% des travailleurs occupaient un emploi précaire,3 avec une proportion plus
grande chez les femmes (90%) que chez les hommes (84%). L’emploi salarié ne concerne quant
à lui que12,8 % des travailleuses et travailleurs, dont 9,6% pour les premières et 15,2% pour les
seconds En 2018, le secteur de l’industrie était celui qui créait le plus d’emplois soit 31,1% ; suivi de
l’agriculture à 29,9% ; du commerce à 21,3% et des services à 17,7%. Avec 0,7% d’employeurs
(patrons), l’entreprenariat demeure peu développé, et ce plus encore chez les femmes (0,3%) que
chez les hommes (0,9%).

3.1.3 Accès aux services sociaux de base : l’éducation


Au Burkina Faso ces dernières décennies, l’accès au système éducatif de base s’est nettement
amélioré et presque généralisé, y compris en milieu rural. Au cours de l’année scolaire 2017-2018,4
le taux brut d’admission au primaire était de 104,8%. Le taux de scolarisation était lui de 90,7%,
avec une parité parfaite entre filles et garçons soit respectivement des taux de 90,9% et 90,6%.
On notait que 63% des enfants scolarisés au primaire achevaient ce cycle d’enseignement. Les
filles étaient plus nombreuses à terminer le cycle (67,6%) que les garçons (58,8 %). Au cours de la
même année scolaire 2017-2018, pour le niveau du cycle post-primaire le taux brut de scolarisation
était de 52%pour les enfants des deux sexes. On observait pour ce niveau d’enseignement une
scolarisation plus importante des filles (54,6%) comparativement aux garçons (49,6%). Les filles
étaient aussi en proportion plus nombreuses (42,1%) que les garçons (39,2 %) à achever ce cycle
d’enseignement.5

1 https://donnees.banquemondiale.org/indicator/SI.POV.GINI?locations=BF
2 Statistiques obtenues sur le site de la Banque mondiale : https://data.worldbank.org/indicator/SL.EMP.VULN.ZS
3 Selon le Conseil national de la statistique Burkina Faso, un emploi précaire correspond à une situation d’emploi

qui ne permet pas de pouvoir prévoir son avenir professionnel, ni d’assurer durablement sa protection sociale. Trois
critères sont pris en compte dans cette définition : la durabilité de la relation d’emploi, l’unicité de l’employeur, le
niveau des revenus.
4 INSD (2019). Annuaire statistique national 2018. Ouagadougou, Burkina Faso
5 Ibid.

10
La scolarisation au secondaire et plus encore au supérieur est très faible au Burkina Faso pour les
individus des deux sexes, et c’est dans ces niveaux d’enseignement que les inégalités entre les sexes
demeurent importantes, au détriment des filles. Ainsi en 2017-2018, le taux de scolarisation au
secondaire était de 17,6%. Seulement 14,5% des filles en âge d’être scolarisées à ce niveau y étaient,
contre 20,6% des garçons. Les inégalités s’accentuent au fur et à mesure que l’on avance dans le
système scolaire. Dans le cycle de l’enseignement supérieur, en 2015-2016, on comptait 330
étudiantes sur 100 000 habitants contre 710 étudiants, pour une moyenne de 513 étudiants.6
Le taux d’alphabétisation des jeunes de 15 à 24 ans était de 49,9% dont 43,8% pour les jeunes
femmes et 56,8% pour les jeunes hommes en 2014, reflétant ainsi les disparités scolaires
antérieures entre les sexes au détriment des filles (INSD, 2015).7
Malgré ces progrès, les inégalités selon le milieu de résidence des élèves demeurent importantes.
En 20148 alors que le taux brut de fréquentation scolaire au primaire était de 114, 9% en milieu
urbain, en milieu rural, il était seulement de 65,2%. Au niveau du cycle post primaire, le niveau
de fréquentation scolaire était trois fois plus élevé en milieu urbain (96,6%) qu’en milieu rural
(30,4%). Les inégalités selonle milieu de résidence se creusent encore plus pour les niveaux
d’enseignement secondaire et supérieur. Au cycle secondaire, ce sont 88,6% d’élèves qui
fréquentaient l’école en milieu urbain, contre seulement 16,5% en milieu rural. Le nombre
d'étudiants au supérieur pour 100 000 habitants de 19 à 23 ans était de 8377 en milieu urbain
contre 4357 en milieu rural, soit et deux fois plus faible.Cette situation s’explique aussi en
partie par le fait que l’offre scolaire à ces niveaux d’enseignementest concentrée dans les
zones urbaines. Concernant l’alphabétisation des jeunes de 15-24 ans, selon le milieu de
résidence, 77% des jeunes sont alphabétisés en milieu urbain contre seulement 38,2% en milieu
rural.

3.1.4 Accès aux services sociaux de base : la santé


Les indicateurs relatifs à l’accès au système de santé montrent qu’avec un rayon moyen d’action
théorique sanitaire de 5,9 km en 2018,9 la distance moyenne à parcourir pour avoir accès à un centre
desanté tend vers la norme internationale fixée à moins de 5 km. Pour la même année, le nombre
d’habitants pour un CSPS était de 9 645. Le système sanitaire disposait d’un médecin pour 12 000
habitants pour une norme d'un médecin pour 10 000 habitants ; d’un infirmier pour 2 419 patients
pour une norme d’un infirmier pour 3 000 habitants et de 5 510 sages-femmes /maïeuticiens d’Etat
pourune norme internationale d’un/une sage-femme/maïeuticien pour 5 000 habitants. En 201410
49,2%des ménages au Burkina Faso étaient à moins de 30 minutes du service de santé le plus
proche. Les ménages du quintile des plus pauvres avaient un accès plus difficile que ceux du quintile
des plus riches. Alors que seulement 34,7% des ménages très pauvres pouvaient accéder à un centre
de santé en moins de 30 minutes, c'était le cas pour 67,2% des ménages les plus riches.
Les indicateurs de mortalité maternelle et infanto-juvénile demeurent également élevés. En 2018, le
tauxde mortalité maternelle était de 320 décès pour 100 000 femmes, et le taux de mortalité juvénile
était de94 décès pour 1000 naissances vivantes. L’analyse des quotients de mortalité infantile selon
le milieu de résidence des enfants montre que la mortalité infantile est plus faible en milieu urbain (46
‰) qu’en milieu rural (82 ‰)11 Les enfants résidant dans les ménages les plus pauvres sont les plus

6 Wayack-Pambè, 2020.
7 INSD (2015b). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014: Alphabétisation et scolarisation. Ouagadougou,
Burkina Faso
8 Ibid.
9 Ministère de la santé (2019). Annuaire statistique 2018. Ouagadougou, Burkina Faso.
10 INSD (2015e). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014: Profil de pauvreté et d’inégalités. Ouagadougou,

Burkina Faso.
11 Ministère de l’économie et des finances (2012). Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples

(EDSBF-MICS IV) 2010. Ouagadougou, Burkina.

11
affectés (95‰) par la mortalité comparée à ceux qui vivent dans les ménages le plus riches (45‰).12
La malnutrition aigüe affectait 1,6% des enfants de moins de 5 ans en 2018.13 En 2010,14 l’insuffisance
pondérale affectait davantage les enfants résidant en milieu rural (27 %) que ceux vivant en milieu
urbain 18%). Les enfants du quintile des ménages les plus pauvres souffraient également plus de
malnutrition (31,7%) que ceux du quantile des ménages les plus riches (15,5%)
Le taux de prévalence du VIH-SIDA est passé de 1% en 2010, (EDS-BF 2010) à 0,80% en 2018.15
Les professionnels du sexe (5,4%), les détenus (2,15%), les personnes handicapées (4,6%), les
homsexuels (1,9%), les consommateures de drogue (1,02%) étaient les groupes de populations qui
présentaient des prévalences supérieures à la moyenne nationale.
Le paludisme grave demeure la première cause de décès dans les centres médicaux et les hôpitaux.
En 2015,16 il représentait 23,9% des causes de décès, suivi de la malnutrition aigüe sévère (6,2%) et
des infections des nouveaux nés (5,2%). En 2015, les principaux motifs de consultation dans les
formationssanitaires de base étaient le paludisme 48 % et les infections respiratoires aigües 19,2%.
En 2010,17 71,5% des enfants de moins de 5 ans ont connu un accès palustre. Les disparités entre
milieu de résidence se révèlent là encore très importantes en défaveur du milieu rural où la prévalence
du paludisme atteignait 81,6% contre 47,9% en milieu urbain en 2010 chez les enfants de moins de
5 ans.

3.1.5 Accès aux services sociaux de base : eau et assainissement


En matière d’hygiène et d’assainissement, on note une amélioration quant à l’accès à l’eau
potable.18 Le taux d’accès à l’eau potable au Burkina Faso est passé de 68,5% en 2012 à 75,4%
en 2019.19 En 2019 ce taux était de 68,4% dans le milieu rural et de 92,9% dans le milieu urbain.
Rappelons que dans un contexte comme celui du Burkina Faso, le taux de couverture de
l’accès à l’eau, souvent réduit au seul constat de la présence d’une source d’eau ou d’un
équipement n’est pas suffisant pour rendre compte de l’accès à l’eau des populations. Il doit être
couplé à des critères de qualité du service qui tiennent compte du débit et de la
continuité de l’approvisionnement. La discontinuité du service a pour conséquence d’accroitre
la pénibilité liée à la collecte d’eau. Cette corvée est habituellement dévolueaux femmes et aux
enfants et les conséquences qu’entrainent les difficultés d’accès à l’eau (notammentla
consommation en temps) limitent fortement les possibilités d’autonomisation économique des
femmes.20 Entre 2009 et 2014, les proportions de ménages disposant de toilettes améliorées
(latrine VIP, EcoSan, toilette à chasse d’eau manuelle, toilette à chasse d’eau mécanique)
demeuraient quant à elles très faibles, bien qu'étant passées de 4,7% à seulement 8%. Les
toilettes sont quasi-inexistantes en milieu rural où seulement 1,1% et 3,9% des ménages en
disposaient entre 2009 et 2014, alors que c’était le cas pour 14,2% à 18,8% des ménages en milieu
urbain.

12 Ibid.
13 Ministère de la santé (2019). Annuaire statistique 2018. Ouagadougou, Burkina Faso.
14 Ministère de l’économie et des finances (2012). Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples

(EDSBF-MICS IV) 2010. Ouagadougou, Burkina.


15 Présidence du Faso (2019). Rapport d’activité sur la Riposte au sida au Burkina Faso. Ouagadougou, Burkina

Faso.
16 Ministère de la santé (2017). Profil sanitaire complet du Burkina Faso : Module 1, Situation socio-sanitaire du

Burkina Faso et mise en œuvre des ODD. Ouagadougou, Burkina Faso.


17 Ministère de l’économie et des finances (2012). Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples

(EDSBF-MICS IV) 2010. Ouagadougou, Burkina.


18 Une personne a accès à l’eau potable si elle habite à moins d’un kilomètre (1000m) d’un puits moderne

permanent ou d’un forage ou à moins de 500 mètres (500m) d’une borne fontaine ou dispose d’un branchement
particulier dans le ménage (ministère de l’Eau et de l’assainissement, 2020).
19 Ministère de l’eau et de l’assainissement, 2020.
20 Dos Santos et Wayack-Pambè, 2016.

12
En 2016, 40,4% des ménages avaient accès à l’électricité,21 27,7% en milieu rural et 75,3% en milieu
urbain. Seulement 9,2% des ménages dirigés par une femme avaient accès à l’électricité contre
42,6% des ménages dirigés par les hommes.22

3.2. Des rapports de genre inégalitaires


Les sociétés burkinabè sont empreintes de façon générale de rapports de genre inégalitaires qui
attendent des femmes une soumission par rapport aux hommes. Ceci transparait dans les
possibilités «d’agencéité» des femmes, à savoir le pouvoir de décider pour elles-mêmes. Ainsi, en
2010, seulement 20% des femmes déclaraient être en mesure de prendre par elles-mêmes des
décisions éclairées concernant les relations sexuelles, l’utilisation de contraceptifs et les soins de santé
génésique.23 De même, seulement 12 % des femmes indiquaient avoir participé à la fois à trois types
de décisions importantes au sein de leur ménage, celles relatives à leur propre santé, celles
concernant les achats importants du ménage et celles portant sur les visites à la famille. Laproportion
de femmes ayant subi des violences conjugales au cours de l’année précédant l’enquête étaitde 9,3
% en 2010 selon le même rapport. Sur le plan institutionnel, les femmes n’occupaient que 13%
des sièges à l’assemblée nationale en 2019.24 En 2018, seulement 24 %25 des cadres supérieurs
et intermédiaires étaient des femmes. Enfin, on notait en 2017 que 34,5% des personnes détenant
un compte financier étaient des femmes.26

3.3 Dispositifs règlementaires en matière de protection sociale


Il existe un cadre juridique pour la protection sociale des citoyens au Burkina Faso. Ces derniers sont
subdivisés en diverses sous-catégories telles, les enfants, les femmes, les fonctionnaires, les
travailleursdu secteur privé, les retraités et les personnes en situation de handicap. Concernant les
groupes à risques et les personnes vulnérables, le Burkina Faso a adopté des lois et ratifié des
conventions et protocoles aussi bien nationaux qu’internationaux les concernant (une liste exhaustive
est présentée en annexe au tableau 4). On peut citer en particulier la loi sur la protection et la
promotion des droits des personnes handicapées de 2010.
La politique nationale de protection sociale (PNPS) 2013-2022, définie en septembre 2012, a pour
objectif de contribuer au changement qualitatif des conditions de vie de toutes les couches sociales
à travers: l’amélioration des mécanismes de transferts sociaux pour les plus pauvres et les plus
vulnérables; l’amélioration de l’accès des populations pauvres et des groupes vulnérables aux
servicessociaux de base; la promotion et la garantie d’une sécurité de l’emploi et l’accès à un revenu
minimal aux populations; l’amélioration et l’extension de la couverture sociale aux travailleurs des
secteurs informel et formel; l’amélioration de la gouvernance; le renforcement des capacités de
tous lesacteurs.27
Reprise dans le Plan national de développement économique et social (PNDES 2016-2022), cette
politique est déclinée en un programme de renforcement de la protection sociale des groupes
vulnérableset défavorisés ayant pour but de renforcer la protection et la réhabilitation des personnes

21 L’accès à électricité désigne la possession de l’électricité réseau de la Société nationale burkinabè d’électricité
(SONABEL), l’énergie solaire et les groupes électrogènes.
22 Ministère de l’économie, des finances et du développement (2017) Tableau de bord social du Burkina Faso,

Ouagadougou, Burkina Faso.


23 Ministère de l’économie et des finances, 2012.
24 https://data.worldbank.org/indicator/SG.GEN.PARL.ZS?most_recent_value_desc=true.
25 https://data.worldbank.org/indicator/SL.EMP.SMGT.FE.ZS?name_desc=false.
26 https://data.worldbank.org/indicator/SG.DMK.SRCR.FN.ZS?most_recent_value_desc=true.
27 Burkina Faso, 2012.

13
ou groupes défavorisés au Burkina Faso. De façon spécifique ce programme vise à: améliorer les
conditions de vie des personnes âgées; promouvoir l'autonomisation sociale et économique des
personnes handicapées; promouvoir l'insertion socioprofessionnelle des enfants en difficulté;
renforcer les capacités de résiliencedes ménages vulnérables ; améliorer les conditions de vie des
personnes victimes de maladies chroniques.
Dans le cadre de la mise en œuvre du PNDES, plusieurs plans ont été adoptés au sein des différents
secteurs socio-économiques, notamment : le Plan stratégique de santé des personnes âgées 2016 –
2020 ; La convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH) ; la Stratégie nationale
de prévention et d’élimination du mariage d’enfants 2016 – 2025 ; le plan stratégique santé des
adolescentset des jeunes 2015 – 2020 ; la Stratégie nationale de protection de l’enfant (SNPE)
accompagnée d’un plan d’action triennal (PAT) 2019-2023 ; le plan stratégique intégré de lutte contre
les maladies non transmissibles 2016-2020.

3.4 Un climat politique et social plombé par la crise sécuritaire


Le contexte social et politique du Burkina Faso est particulièrement marqué par une instabilité depuis
2011, dont l’un des faits majeurs est la chute du régime de Blaise Compaoré en octobre 2014. À celle-
ci s’est ajoutée une crise sécuritaire et humanitaire qui a débuté en 2015, de même que des
affrontements entre groupes ethniques.28

L’État burkinabè et en particulier son armée, sont ainsi très fragilisés par ces différentes crises. La
faiblesse qu’elles ont engendrée au niveau de l’État a favorisé l’apparition de groupes multiformes
exerçant la violence, tels que les coupeurs de route, les milices d’autodéfense ethniques connues
sous l’appellation de « Kolgowéogo », et de groupes armés islamistes se réclamant du djihad.29

3.4.1 La gouvernance politique


Le rapport de l’Institut Legatum qui analyse les potentialités d’un pays à passer de la pauvreté à la
prospérité de façon inclusive, donnait en 2019 pour le Burkina Faso, des scores de 63,14% en matière
de sureté et sécurité, de 60,68% en matière de liberté individuelle, et de 44,12% pour ce qui est de la
gouvernance. Ces différents scores plaçaient le Burkina Faso respectivement au 117ème rang, au
58ème et au 108ème rang (cf. tableau n°1 en annexe).
Selon l’ONG Transparency-International, en 2019, le Burkina Faso était classé 85ème sur 180 avec un
score de 40% en matière de corruption. C'était ainsi 28% de la population burkinabè qui pensait que
la corruption avait augmenté en 2019, et 16% des usagers des services publics qui déclaraient
avoirpayé un pot de vin.
L’ONG Amnesty international (2019) note une augmentation des violations des libertés humaines au
Burkina Faso. Le pays a modifié en juin 2019 son Code Pénal en adoptant la Loi n°044-2019/AN. Ce
texte prévoit des infractions dont la définition est estimée excessivement large et qui pourraient servir
à réprimer les défenseurs des droits humains, les journalistes et les blogueurs/blogueuses, ainsi qu’à
restreindre l’accès à l’information. L’article 312-11 puni d’emprisonnement la participation à des «
entreprises de démoralisation des forces armées ». D’autres articles de la même loi limitent l’accès
aux informations relatives aux opérations ou à l’armement militaire ainsi qu’à la diffusion
d’informations y relatives, ce, dans le but déclaré de protéger l’ordre public ou l’intégrité des opérations
militaires.

28 Kane, 2019.
29 Ibid.

14
3.4.2 La situation sécuritaire
La crise sécuritaire qui a débuté en août 2015 avec la première attaque d’un poste de police à Oursi
(RFI, 25 août 2015) impacte fortement la gestion étatique, en particulier pour ce qui est de l’accès
aux services sociaux de base, mais également de l’autorité de l’État dans les zones touchées. Après
Oursi, les attaques se sont diffusées progressivement dans le reste du pays, notamment dans les
régions de l’Est et de la Boucle du Mouhoun.30 La capitale Ouagadougou a connu trois attaques
terroristes majeures, dont la première en janvier 2016.
Selon Amnesty international (2019), six des treize régions que compte le pays sont placées en état
d’urgence, une situation qui a entrainé une hausse des atteintes aux droits humains et un nombre de
personnes tuées au premier trimestre 2019 quatre fois plus élevé que celui de l’année 2018. Sont
régulièrement prises pour cibles par les groupes armés, au niveau des individus : la population civile,
les représentants administratifs de l’État, les chefs traditionnels, les enseignants et les élèves, les
dignitaires des sites religieux. Concernant les infrastructures, les plus ciblées pour les attaques sont
les sites miniers et les établissements scolaires. Au 19 décembre 2019, ces attaques avaient conduit
à la fermeture de 2087 établissements scolaires, qui accueillaient 303 090 élèves et 9 264
enseignants.31
Ainsi, en 2020, selon l’institut de sondage Faso baromètre, 51% des Burkinabè affirmaient ne s’être
passentis en sécurité dans leur quartier au cours des 12 derniers mois. Au cours de la même période,
3% des citoyens avaient vécu une attaque armée initiée par des extrémistes politiques ou religieux.
Cette situation a comme conséquence que 83% des Burkinabè approuvent la création par les
populations d’associations locales de sécurité pour leur défense, de même que pour la sécurité du
pays, quand bien même les exactions de ces associations envers les populations qu’elles sont
censées protéger et dont elles sont responsables sont régulièrement dénoncées dans la presse.
La crise sécuritaire et humanitaire structure ainsi fortement le fonctionnement de la société burkinabè
depuis ces cinq dernières années, et les femmes et les filles sont les catégories de population les
plus affectées par cette situation. Celle-ci a engendré le déplacement interne d’un nombre important
de personnes originaires des zones impactées par les attaques terroristes, en particulier les femmes
et lesenfants. On compte donc aujourd’hui 848 000 de déplacés internes au Burkina Faso dont
84% sontdes femmes et des enfants.32 Les femmes et les filles déplacées internes vivent dans des
conditions difficiles, notamment dans les camps de réfugiés où elles sont exposées aux viols et
aux agressions sexuelles.33
Sur le plan économique, le classement du pays comme étant hautement dangereux limite les
investissements étrangers et a ralenti son dynamisme. Le tourisme qui contribuait à 4,2% du PIB du
paysen 2011 a baissé à 3,5% en 2013.34 Le nombre de touristes étrangers a connuune baisse de 5,6%
en 2017.35

En 2020, pour cause d’insécurité, au total, 7.2% des formations sanitaires étaient fermées et 1,08
millions des personnes n’avaient pas accès à des soins de santé.36 La fermeture des centres de santé
met en péril la vie des femmes enceintes et des enfants en bas âge. « Les femmes enceintes
accouchent dans des conditions parfois non hygiéniques et difficiles entre les mains des personnels
nonqualifiés ; les enfants n’ont plus accès au service de vaccination et les malades chroniques ont
une interruption de leur traitement comme pour les personnes vivant avec le VIH, le diabète,

30 Savadogo, 2019.
31 Amnesty International, 2019.
32 Labaume, 2020.
33 Ibid.
34 l’Économiste, 15 juin 2015.
35 OCHA, 2020.
36 Ibid.

15
l’hypertension et on note une augmentation des grossesses non désirées parmi les personnes qui ont
été victimes de violence sexuelle ».37
La fermeture des écoles prive de nombreux enfants de scolarisation et accroit leurs risques d’être des
cibles pour des enlèvements, de mariages précoces, d’abus sexuels et d’autres traitements
dégradants. Par ailleurs, il est également à craindre des risques de recrutement d’élèves déscolarisés
par les groupes armés terroristes.
L’accès aux services d’eau et d’assainissement, déjà limité dans les zones affectées par la crise a
diminué de 11% dans les communes qui accueillent la majorité des personnes déplacés.38
Le récent rapport du bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) en date du 13 mars
2020 indique que 5,3 millions de personnes sont affectées par la crise sécuritaire au Burkina Faso et
que 2,2 millions d’entre elles ont besoin d’une assistance humanitaire. Le tableau 1 ci-dessous
résume les besoins des personnes dont il est estimé qu’elles ont un besoin d’assistance humanitaire,
de même que le type de besoin. Parmi les 579 000 personnes recensées, la majorité de celles ayant
des besoinsse trouvent chez les femmes (52%) ou les enfants (59%). On recense également une
proportion substantielle de personnes handicapées (1,2%). Les besoins recensés sont ceux en abri
et/ou en articlesménagers essentiels (AME), en éducation et en sécurité alimentaire. Concernant ce
dernier point, la situation nutritionnelle de la population déjà fragile du fait des effets de la sécheresse
chronique, des aléas climatiques est aussi exacerbée par la crise humanitaire en cours. Il est estimé
que 954 000 personnes ont besoin d’une assistance nutritionnelle.

Table 1. Besoin en assistance et en protection des populations les plus affectées par la crise
sécuritaire
Secteur du besoin Population Femmes Enfants Personnes
assistance/ vivant avec un
protection sociale handicap
(Nombre de (%) (%) (%)
personnes)
Assistance humanitaire 2,2 millions
• abri et/ou en articles 579000 52 59 1,2
ménagers essentiels
(AME)
Assistance en eau hygiène 1,9 millions 52 59 1,2
et assainissement
Assistance en éducation 544 000 52 100 1
Sécurité alimentaire 1,5 millions 52 59 1,2
• Assistance 954 000 52 59 1,2
Nutritionnelle
Sécurité 948 000 52 59 1,2
• Protection contre les 240 000 100 - 1,2
violences basées sur le
genre
Source : Rapport OCHA, 2020

3.4.3 L’accès aux Technologies de l’information et de la communication (TIC)


Les indicateurs sur l’accès aux TIC montre des différences importantes entre les sexes et le milieu
de résidence. Une enquête sur l’accès aux TIC réalisée auprès de la population âgée de 15 ans ou
plus permet de désagréger les données par sexe et par milieu de résidence. L’analyse de ces

37 OCHA, 2020, p.16.


38 OCHA, 2020.

16
données indiquait ainsi qu’en 2014, 64,3% des burkinabés possédaient un téléphone portable, soit
51,7% de femmes et 79,4% d’hommes.39 Les proportions selon le milieu de résidence étaient de 87%
pour les personnes résidant en milieu urbain et 55,8% pour celles résidant en milieu rural. À la même
période, seulement 4,8% de la population burkinabè avait déjà utilisé un ordinateur, parmi lesquels
3,1% de femmes et 6,7% d’hommes. La distinction selon le milieu de résidence indiquait que l’accès
à un ordinateur était presqu’uniquement le fait des personnes résidant en milieu urbain. Ainsi, 15,6%
des personnes du milieu urbain indiquaient avoir déjà utilisé un ordinateur, contre 0,7% pour les
personnes résidant en milieu rural.
Pour ce qui est de l’accès à l’internet, 5,9% de la population de 15 ans ou plus déclaraient avoir utilisé
l’internet au cours des 12 derniers mois précédent l’enquête, soit 3,8% de femmes et 8,3% d’hommes.
Ici aussi, l’accès était surtout le fait des populations des zones urbaines. En effet, alors que le milieu
urbain regroupait 18,6% de personnes déclarant avoir utilisé l’internet au cours des 12 derniers mois
précédant l’enquête, ce n’était le cas que pour 1,1% des personnes résidant en milieu rural.
Une étude récente sur l’expansion et les usages des TIC au Burkina Faso réalisée en 2018
indiquepour l’ensemble de la population, une progression rapide de l’accès aux TIC (tableau 7 en
annexe). Elle montre ainsi, que près de 97% des burkinabés utilisent régulièrement un téléphone
portable,35,6% un ordinateur, 21, 4% une tablette, 10,4% une imprimante, 9,9% une photocopieuse,
5,4% un scanneur et 1,4% un vidéo projecteur. Les burkinabés préfèrent s’informer à travers la
télévision (36,70%), la radio (28,10%), les journaux en ligne (24,00%), les journaux écrits (11,20%).
La population utilise internet pour naviguer sur les réseaux sociaux (43,2%), rechercher des
informations (30,5%), lire l’actualité (15,6%) ou autres (10,5%).

39 INSD, -EMC-TICs, 2015.

17
Chapitre 4. Réponses (ou mesures) apportées à la
pandémiede la covid-19 au Burkina Faso
Le 09 mars 2020, le Burkina Faso connaissait ses premiers cas confirmés de Covid-19. Depuis lors
le nombre de cas journaliers a évolué en dents de scie, variant de 0 à 50 cas par jour entre mars et
septembre 2020 avec un pic à 193 à la date du 12 septembre 2020 qui s’explique par un dépistage
massif des élèves de l’Ecole Nationale d’Adminsitration (ENA) en formation militaire à Bobo
Dioulasso.40

Graphique 1: Évolution des cas confirmés et des décès liés à la Covid 19 au Burkina Faso
entre le 9 mars et le 30 septembre 2020

Source: données sur la Covid 19 au Burkina Faso (INSD, 2020)

Les statistiques disponibles sur la pandémie de la Covid-19 au Burkina Faso indiquent donc des
niveauxde létalité et de mortalité liées à la pandémie très faibles, comparativement à d’autres pays
ou régions du monde, et même du continent africain, tel l’Afrique du Sud.

Des réponses d’envergure ont cependant été apportées à la pandémie de la Covid 19 au Burkina
Faso. Aux premiers moments de l’apparition de la maladie sur le territoire, ces réponses avaient
principalement pour but, d’une part de freiner la propagation de la maladie, et d’autre part
d’atténuer les conséquences des mesures prises sur les conditions de vie des populations. Ces
réponses ont portésur quatre aspects. Les deux premières, les mesures sanitaires et celles
spécifiques au secteur de l’éducation avaient comme objectif premier d’empêcher la
propagation de l’épidémie dans le pays. À ces mesures s’ajoutaient celles destinées à atténuer
les conséquences socioéconomiques des réponses proposées, de même que les actions visant à
assurer une relation de confiance et rassurer sur la bonne gouvernance de la gestion de la
pandémie par le gouvernement. La quasi-totalitédes mesures étaient initiées par le gouvernement,
mais avec des sources de financement diversifiées.

40 https://lefaso.net/spip.php?article99292.

18
4.1 Réponses initiées par le gouvernement
4.1.1 Réponses dans le secteur de la santé et réponses visant la limitation de la
diffusionde la pandémie

Réponses dans le secteur de la santé


L’une des premières mesures prises au niveau de la santé pour contrôler la maladie de la Covid 19
dès son apparition au Burkina Faso, avait été la réquisition d’un centre hospitalier (celui de
Tengandogo) destiné à l’accueil et aux soins des seuls malades de la Covid 19. Des unités de
dépistages et de suivi des cas contacts étaient également mises en place. Ces mesures ont été
accompagnées par la diffusion de messages de sensibilisation sur les gestes barrières à travers les
médias et d’une tournée de sensibilisation de la ministre de la santé sur la maladie.41 Elles étaient
complétées au mois de mai par un système numérique pour le suivi et la détection des cas suspects
au Covid 19, avec l’aide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Unicef et Terre des Hommes
(TdH). Des mesures moins importantes portaient également sur la formation des acteurs du système
de santé sur la communicationdes risques liés à la maladie et pour l’engagement communautaire. En
lien avec les développements scientifiques au niveau international, deux essais cliniques étaient initiés
par le ministère de la recherchescientifique, dont l’un sur la chloroquine et l’autre sur un médicament
basé sur les plantes.42

Réponses sanitaires visant la limitation de la propagation de la pandémie


Plusieurs types de mesures visant à freiner la diffusion du virus de la Covid-19 au sein de la
populationont été pris dès l’apparition des premiers cas au mois de mars 2020. Ces mesures ont
d’abord porté sur la limitation des regroupements importants de personnes. Ainsi, dans son premier
message adressé àla nation sur la pandémie de la Covid-19, le président du Faso Roch Marc
Christian Kaboré énonçait lesdécisions fortes prises relativement à la restriction des libertés
individuelles, au transport et sur le planpolitique.43 Il faisait ainsi cas de l’interdiction de tout
regroupement de plus de 50 personnes et décrétait l’instauration d’un couvre-feu de 19h00 à 5h00
du matin, sur toute l’étendue du territoire, pour compter de la date du 21 mars 2020.44 Les autorités
locales des villes impactées par la pandémie avaient émis des arrêtés ordonnant la fermeture des
établissements susceptibles de rassembler un nombre important de personnes, à savoir les
marchés, les lieux de restauration et de divertissement,45 ainsi que plus tard, les lieux de culte.46 Le
gouvernement à travers un communiqué à la date du 14 mars décrétait également la fermeture de
tous les établissements scolaires sur l’ensemble du territoire.47 Le nombre de personnes admises

41 https://lefaso.net/spip.php?article95463
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=291&cHash=bc6791311989b21980dfc333e4fa33dd.
42https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=314&cHash=952f6d59c976703e5a84b57196d567c0
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=321&cHash=3afafb7827ed0f0ccc79af298dbb081a.
43https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=303&cHash=2753b6a72cdadd2624a5be84a41583b3.
44 https://www.sig.gov.bf/fileadmin/user_upload/Decret_PRES_n__2020-0215_portant_instauration_d_un_couvre-

feu_page-0001.jpg.
45https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=343&cHash=23ae834476018d450670743e46af594a.
46https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=304&cHash=80c05b937c04a13681e163e0130beabe.
47 https://lefaso.net/spip.php?article95470

https://www.sig.gov.bf/fileadmin/user_upload/Communique_Gouvernement_Fermeture_anticipee_Etalissements_
d_enseignement_scolaire_universitaire_Burkina_Faso-page-001_1_.jpg.

19
aux célébrations familiales (mariages, funérailles, etc.) était restreint à 40, avec une interdiction de
cortèges. Les visites aux personnes hospitalisées et aux détenus étaientaussi interdites48 et une
remise de peine était gratifiée à un un millier de prisonniers.49 Les opérations administratives
d’enverguretelles l’inscription dans les listes électorales50 et les opérations de délivrance des cartes
nationales d’identité étaient interrompues.51
Le deuxième type de mesures relatives à l’objectif de contention de l’épidémie a été la réduction de
la mobilité quotidienne et spatiale des individus. Celle-ci s’est matérialisée par la fermeture de toutes
les frontières terrestres et aériennes, l’instauration d’un couvre-feu nocturne52 dans les villes affectées
par la pandémie.53 Les villes ayant des personnes contaminées ont été mises en quarantaine.54 Cette
mesureétait appliquée à travers la restriction stricte des déplacements des populations de ces villes
vers d’autreslocalités. Des contrôles de police étaient instaurés aux lieux de sorties desdites villes.
Enfin, il était exigé de tous les espaces et structures accueillant du public, la mise en place d’un
protocole de respect des mesures barrières, essentiellement le lavage des mains, la mise à
disposition de gel hydroalcoolique à destination des usagers, et le port obligatoire du masque par ces
derniers.55 Cette dernière mesure a étérendue obligatoire dans tous les lieux publics à la fin du mois
d’avril 2020.56

4.1.2 Mesures relatives au secteur de l’éducation scolaire


Après le secteur de la santé, le secteur de l’éducation est celui au sein duquel des réponses à la Covid
19 ont été le plus initiées. Comme mentionné plus haut, la mesure phare prise pour lutter contre la
pandémie au niveau de l’éducation scolaire a été la fermeture de tous les établissements
d’enseignement dans tout le territoire national, et ce moins de dix jours après l’apparition de la maladie
sur le sol burkinabè. Le reste des réponses dans ce secteur a eu trait aux stratégies d’atténuation des
conséquences de cette décision. Ainsi, un mois plus tard, le Ministère de l’éducation nationale, de
l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN) présentait un plan de réponse
pour la continuité éducative dans le contexte de la pandémie. Ce plan comportait cinq objectifs : la
production de ressources pédagogiques numériques pour toutes les classes du préscolaire, du
primaire, du post-primaire, du secondaire et de l’enseignement non formel; la diffusion de ces
ressources par le canal de la radio, la télévision, la presse en ligne, les applications Android, les fichiers
téléchargeables et les supports amovibles ; la dotation aux établissements scolaires et aux structures
d’éducation non formelle de matériel de protection et d’hygiène pour l’application des mesures
barrières contre le COVID- 19 ; l’élaboration de mesures administratives et pédagogiques pour une
reprise effective des cours et l’achèvement de l’année scolaire 2019-2020 ; la sensibilisation des
élèves/ apprenants, enseignants/formateurs et du personnel administratif des établissements
scolaires et des structures d’éducation non formelle ainsi que des communautés à la lutte contre le

48https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=299&cHash=6e869ea5f430d7669e593bdbeff624eb.
49https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=316&cHash=92425765829c9f1f26d5cf3268cfeef0.
50 Le Burkina Faso a connu une élection présidentielle le 22 novembre 2020.
51https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=303&cHash=2753b6a72cdadd2624a5be84a41583b3.
52https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=320&cHash=f99b9bb926490f1c777c5643529af8f4.
53https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=303&cHash=2753b6a72cdadd2624a5be84a41583b3
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=340&cHash=1b28db9b8825a22eb9825d6990a4f7e2.
54https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=344&cHash=014aa58d0816d403d37d59f354758c25.
55https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=303&cHash=2753b6a72cdadd2624a5be84a41583b3.
56 https://lefaso.net/spip.php?article96248.

20
COVID-19. Un autre objectif non pédagogique était enfin d’assurer la coordination et le suivi-
évaluation de la mise en œuvre du plan de riposte.57
L’intégration des mesures barrières incluait dès la réouverture des écoles, une désinfection des
établissements scolaires et des structures d’éducation non formelle dans les localités ayant eu des
cas confirmés, le port obligatoire du masque et le lavage des mains.58 Le MENAPLN avait ainsi
effectué une commande de pagnes traditionnels à des tisserandes, pour la confection de 12 millions
de masques en tissus devant être cousus par des couturiers locaux sous la supervision de l’armée
nationale,59 de mêmeque des équipements en lave-mains et approvisionnement régulier en savon
pour les structures d’enseignement relevant de son autorité. Toutefois, les coûts financiers et la
logistique qu’exigeaient ces dispositifs ne pouvaient être supportés par le gouvernement seul. Le
08 mai, le ministère lançaitainsi une sollicitation d’aide aux comités de gestion des écoles
(COGES)60 ainsi qu’aux associations de parents d’élèves. Cette sollicitation portait non seulement
sur l’approvisionnement en eau, dans un contexte national où elle représente une ressource rare,
mais aussi sur la mise à disposition des élèves de dispositifs de lavage de mains dans un
contexte de précarité des ressources économiques. Face à la difficulté de remplir des conditions
sanitaires correctes pour une reprise des cours,61 celle-ci a été limitée aux seules classes
d’examen, pour le 1er juin 2020. Pour les classes intermédiaires du préscolaire, du primaire, du
post primaire et du secondaire, l’année scolaire a été validée à partir des acquis obtenus avant la
fermeture des écoles au mois de mars. Ainsi dans le cycle d’enseignement primaire, les élèves
des classes de CP1, CE1 et CM1 étaient autorisés à passer en classe supérieure, peu importait la
moyenne obtenue. Au niveau des autres classes du primaire, de celles du cycle post primaire et du
cycle secondaire, le élèves étaient autorisés à passer en classe supérieure avec la plus forte
moyenne obtenue au premier et au deuxième trimestre.62
En dehors de la fermeture des établissements d’enseignement, aucune mesure d’envergure
particulière n’a été prise pour l’enseignement supérieur. Des initiatives ont été prises par des
universités publiques, sans qu’il ne soit clairement précisé si elles émanaient de directives
ministérielles. Par exemple, à l’université Joseph Ki-Zerbo qui est la plus grande et la première
université du pays, des réunions avaient été organisées avec les responsables des unités de
formation et de recherche (UFR) et des instituts, pour organiser une continuité pédagogique
en ligne. Lesdécisions issues de cette réunion étaient de mettre en ligne les syllabi des cours.
L’absence de contrainte pour amener les enseignantes à mettre les matériaux de leurs cours

57 Ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales (2020). Plan
de response du MENAPLN pour la continuité educative dans le contexte du covid-19. Ouagadougou, Burkina
Faso.
58https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=333&cHash=2ef2837395f4a96a4a97858852745e64
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=357&cHash=bd48cf0697ebbfabce3d0a1903090a71
59 https://www.communication.gov.bf/informations/conseils-des-

ministres/detail?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=News&tx_news_pi1%5Bne
ws%5D=199&cHash=bb46188422362fe3cc6209f904d82497
https://www.sidwaya.info/blog/2020/05/10/confection-de-masques-pour-les-eleves-la-contribution-des-tisseuses-
sollicitee/
https://www.sidwaya.info/blog/2020/10/15/covid-19-une-opportunite-pour-la-confection-des-masques/
60 Le COGES est l’organe d’administration et de gestion de l’école. Il vise la participation de toute la communauté

éducative à la gestion de l’école. Le comité est composé d’un.e représentant .e de la municipalité, du/de/la
Président.e de l’association des parents d’élèves (APE), de la présidente de l’association des mères d’élèves
(AME), du/de/la directeur ou directrice de l’école, d’un/d’une représentant.e des enseignants, du/de la fondateur
ou fondatrice (dans le cas d’une école privée), d’un/d’une représentant.e d’ONG, d’un/d’une représentant.e des
organisations syndicales.
61 https://www.sig.gov.bf/fileadmin/user_upload/FB_IMG_1589022502998.jpg
62 https://lefaso.net/spip.php?article97076

21
à disposition de l’université, de même que leur faible connaissance de l’outil informatique n’a
cependant pas permis d’atteindre cet objectif. Au début de mois de mai, une réunion du conseil
scientifique de l’université décidait de la reprise des cours pour le 11 mai,63 mais uniquement pour les
classes à faibles effectifs, à savoir celles réunissant entre 20 et 30 étudiants. Cette décision excluait
les étudiants de licence, ainsi que ceux des filières qui regroupent des grands effectifs.

4.1.3 Réponses visant l’atténuation des impacts économiques de la pandémie


Très vite, s’est posée pour le gouvernement, la question de l’impact sur les populations des
mesures prises pour contenir la diffusion de la pandémie. Des questionnements quant à
l’adéquation de ces mesures avec les réalités du pays ont également été émis par la société
civile, notamment pour lesmesures ayant un impact sur les revenus des populations. Deux
semaines après les décrets delimitations de la mobilité et des activités des populations, le
gouvernement annonçait une série demesures destinées à l’atténuation de ces conséquences.
Celles-ci ont concerné essentiellement lesacteurs du secteur économique et les personnes
travaillant dans les marchés, ainsi que les catégoriesde personnes identifiées comme étant
vulnérables. Concernant les acteurs du secteur économique, unebatterie de mesures fiscales a été
prise en leur faveur. Celles-ci consistaient en une renonciation parl’État du recouvrement de
diverses taxes, de reports ou exemptions de paiement, de suspensions ouremises de pénalités,
dans le but de sécuriser l’approvisionnement du pays en produits de grande consommation et
de produits pharmaceutiques. En compensation de ces mesures d’allègement faites aux
commerçants pour faciliter les importations des produits de première nécessité, le Ministère du
commerce après concertation avec les commerçants, procédait à une sécurisation des stocks de
produitsde grande consommation64 (le sucre, le lait, le riz, l’huile, le savon, etc.) pour garantir la
disponibilité desstocks, avec un renforcement des dispositifs de lutte contre le stockage clandestin
et le contrôle des prix sur tout le territoire national.65 Une prise en charge était faite par le
gouvernement des coûts de fonctionnement des personnes travaillant dans les marchés. Ces
dernières ont ainsi bénéficié d’unesuspension des loyers et des droits de place, de même que de
l’exonération des droits de gardiennage. Pour ce qui est du reste de la population, des subventions
étaient faites pour l’accès aux services de base, à savoir l’eau et l’électricité.66 Une exemption de
paiement pendant trois mois des factures d’eau et d’électricité était instituée pour les ménages les
plus démunis, tandis que les autres ménages bénéficiaient d’un rabattement de 50% sur l’électricité.
Relativement à l’accès à l’eau, la gratuité de l’approvisionnement en eau était instaurée dans les
bornes fontaines dans les villes67 et concernant le milieu rural, le ministère de l’Eau et de
l’Assainissement déclarait au cours d’une rencontre avec les médias qu’il n’était pas oublié. Il
précisait cependant que les modalités de mise en œuvre des mesures prises dans le cadre de la
pandémie de la Covid 19 pour l’approvisionnement en eau dans ce milieu étaient à l’étude, car la
gestion de l’eau qui y est particulière rendait l’opérationnalisation des réponses complexe.68
Des distributions de vivres étaient faites aux populations vulnérables, à savoir les femmes chefs de
ménages, les personnes handicapées et les vieilles personnes, dans l’ensemble des communes de

63 https://lefaso.net/spip.php?article96732
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=364&cHash=f77cb028d69205582e38852a5451a66e.
64 https://lefaso.net/spip.php?article42392.
65 https://www.burkina24.com/2020/03/21/covid-19-au-burkina-le-gouvernement-prend-des-mesures-pour-faire-

face-a-limpact-economique/.
66https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=318&cHash=7885bfed16f9887c68b530207ee4d310.
67https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=325&cHash=81bbed89c9298ac6404c58dbd7dc3c2b.
68https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=338&cHash=b2ad7c1ff37a2f5ef4ef6e2b8104f340.

22
la ville de Ouagadougou et des communes rurales alentours, par le Ministère en charge de l’action
sociale. Ces opérations devaient marquer le début d’une phase de soutien aux personnes
vulnérables par la distribution de vivres dans les treize régions du Burkina Faso.69 Des transferts
monétaires de 20 000 FCFA par mois pendant trois mois avaient été envoyés directement à 43 000
personnes affectées par la Covid 19 et identifiées à partir des programmes de transfert « filets
sociaux ».70
Ces dernières mesures sociales ont été renforcées par des initiatives individuelles et collectives de
soutien au plan de riposte national dont la plus marquante fut le Coronathon. Le Coronathon est une
initiative de collecte de fond nationale lancée par l’Assemblée Nationale du Burkina Faso le 5 juin
2020 pour une durée de 60 jours, en vue de mobiliser la contribution citoyenne pour la lutte contre la
pandémie.71 Cet appel à la solidarité nationale a connu la participation de 1 800 000 personnes âgées
entre 6 et 85 ans vivant sur le territoire national ou à l’étranger.72 Il a permis une mobilisation de
ressources sur le plan financier de plus de 450 millions de FCFA, et de contributions en nature d’une
valeur de plus 44 millions de FCFA.73 L’ensemble des fonds récoltés dans le cadre du Coronathon
ont été mis à la disposition du CORUS. Ils étaient destinés principalement à la construction de centres
médicaux, à l’équipement d’un laboratoire et à l’achat de consommables médicaux.74
Enfin, en guise de participation à l’élan de solidarité nationale qui avait rencontré un fort engouement
dans la population, le gouvernement a pris une mesure symbolique sous la forme d’une cession de
salaire de ses membres, soit six mois pour le Président de la république, quatre mois pour le Premier
ministre, deux mois pour les ministres d’État et un mois pour les autres membres du gouvernement.75

4.2 Réponses émanant des organisations de la société civile


Comme indiqué plus haut, les réponses apportées à la pandémie de la Covid 19 au Burkina Faso ont
été pour leur quasi-totalité initiées par le gouvernement burkinabè, tout au moins pour celles
d’envergure. Les actions provenant des organisations de la société civile (ONG, associations et autres
acteurs) ont consisté en de micros-actions, et surtout principalement en des appuis financiers. À
la date du 30mars, on estimait ainsi à plus de deux milliards de francs CFA, la contribution financière
des institutions internationales et de la coopération bilatérale ou multilatérale76 au plan de riposte à la
Covid 19 du Burkina Faso. Les actions et contributions des acteurs non gouvernementaux à la riposte
contre la pandémie sont trop nombreuses pour être mentionnées ici.77 On peut toutefois citer pour les

69https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=365&cHash=b45002b28c8ad81712569e3fa3499db9.
70 Les «Filets sociaux» sont des instruments de protection sociale. Ils se définissent comme des programmes de

transferts non contributifs axés d’une manière ou d’une autre sur les populations pauvres ou vulnérables. Ils visent
à stimuler directement ou par le biais d’un effet de substitution la consommation de produits de base et de services
essentiels par les ménages. Ces programmes s’adressent à des populations pauvres et vulnérables incapables de
satisfaire à leurs propres besoins essentiels ou qui risquent de basculer dans la pauvreté sous l’effet de chocs
exogènes ou de problèmes socioéconomiques tels que l’âge, la maladie ou un handicap. Le projet « Filets sociaux »
au Burkina Faso est soutenu par la Banque mondiale qui vise la réduction de la pauvreté chronique et la
malnutrition. Le projet dispose d’une stratégie de ciblage qui permet la sélection des bénéficiaires selon des critères
définis, suivie de leur enregistrement et de l’attribution d’un identifiant unique. (Burkina Faso-Filets sociaux, 2011)
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=365&cHash=b45002b28c8ad81712569e3fa3499db9.
71 https://www.sidwaya.info/blog/2020/04/10/coronathon-la-riposte-part-de-lassemblee-nationale/.
72 https://www.sidwaya.info/blog/2020/06/07/coronathon-plus-de-450-millions-f-cfa-collectes/.
73 https://lefaso.net/spip.php?article97297.
74 https://www.studioyafa.org/et-aussi/921-coronathon-au-burkina-voici-a-quoi-serviront-les-456-229-558-fcfa.html.
75https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=341&cHash=66cfb52c9af3f6c1447f5aaad715fa25.
76 OMS, FONDS MONDIAL, Banque mondiale, PNUD, GAVI, CDC, Unicef, Ambassade de France, AFNET /CDC,

OOAS, BMGF, USAID.


77 Un récapitulatif de ces actions est fait dans le tableau x en annexe.

23
plus marquantes, le guide sur la « Conduite à tenir en gynécologie obstétrique, néonatalogie en
période de pandémie de l’infection au corona virus au Burkina Faso »78 élaboré par la Société des
Gynécologues etObstétriciens du Burkina (SOGOB), la Société Burkinabè de pédiatrie (SOBUPED),
le réseau Mère Enfant des Hauts Bassins (REMEHBS) et l’Association Burkinabè des Sages-femmes
et Maïeuticiens (ABSFM). L’ONG Médecins Sans Frontières (MSF) dans le cadre de ses activités de
réponses au Covid19 au Burkina Faso a procédé à la rénovation de centre de traitement de la Covid-
19 et à un recrutement de personnel médical de près de 70 personnes.79 L’OMS a appuyé la
construction de cinq unités de triage dans des centres médicaux, a contribué à la formation du
personnel médical et fait une offre de matériel et d’équipements sanitaires.80 La république de Chine
a offert un appui technique et des équipements sanitaires. Elle a également financé la réhabilitation
d’un site d’isolement pour les personnes contaminées.81 Enfin, les initiatives des jeunes universitaires
des filières techniques et scientifiques ont abouti au développement d’un certain nombre d’outils, tels
qu’un respirateur artificiel local, un tunnel de désinfection intelligent, un dispositif de lave-mains
automatique, des applications d’auto-diagnostique, de géolocalisation et de prise en charge des cas
ainsi que de collecte et de consolidation des données.82
Ces initiatives de la société civile, des associations et ONG, se sont plus inscrites dans une visée
d’accompagner sur le terrain, les mesures de réponses sanitaires et socio-économiques adoptées
par l’État. Bien que les différentes actions posées par ces associations aient été faites de façon
spontanée et non coordonnée, elles ont permis l’inclusion de certaines couches vulnérables
particulières de la population qui n’avaient pas été explicitement ciblées par le plan gouvernemental
de riposte. Il s’agit notamment des personnes déplacées, des personnes vivant avec un handicap,
des enfants de la rue, des enfants dans les orphelinats et centres d’accueil, des femmes enceintes et
des nouveaux nés, des femmes en charge de la salubrité publique ainsi que des migrants.
En exemple, la Commission nationale de l’UNESCO à travers l’organisation islamique pour
l’éducation, les sciences et la culture (ISESCO) à décider d’orienter ses dons en vivres d’une valeur
de plus de 23 millions de CFA aux déplacées internes et aux personnes vivant dans les zones en
crises.83 L’Union européenne a quant à elle destiné ses dons en masque de protection d’une valeur
de 80 millions aux associations de jeunes et de femmes, aux migrants, ainsi qu’aux élèves et étudiants
et aux agents de santé au niveau communautaire.84 Les membres de la Communauté Sant’Egidio de
Ouagadougou et unstyliste ont offert des masques de protections aux enfants de la rue.85 Le groupe
allemand SysAid a fait un don en vivres et en matériel de protection d’une valeur de dix millions
à un orphelinat de lacapitale.86 L’Église des Assemblées de Dieu a fait des dons en vivres et matériel
de protection de plus de deux millions de FCFA aux femmes de la brigade verte87 de Ouagadougou.88
Solidar Suisse, une ONG a ciblé aussi les personnes déplacées et les enfants en dehors du

78 https://lefaso.net/spip.php?page=web-tv-video&id_article=95827&rubrique491.
79 https://lefaso.net/spip.php?article97057.
80 https://www.afro.who.int/fr/news/loms-appuie-la-construction-des-unites-de-triage-des-patients-dans-la-lutte-

contre-le-covid-19.
81 https://lefaso.net/spip.php?article95586

https://lefaso.net/spip.php?article97059
https://www.afro.who.int/news/riposte-contre-la-pandemie-du-covid-19-la-chine-vole-au-secours-du-burkina-faso.
82 https://lefaso.net/spip.php?article96387

https://www.bf.undp.org/content/burkina_faso/fr/home/presscenter/articles/2020/Innov_challenge_covid19.html
https://burkina-ntic.net/spip.php?article2355
https://www.uncdf.org/article/5867/au-burkina-faso-la-crise-de-la-covid-19-booste-lcosystme.
83 https://lefaso.net/spip.php?article97227
84 https://lefaso.net/spip.php?article97812
85 https://lefaso.net/spip.php?article96771

https://lefaso.net/spip.php?article96143.
86 https://lefaso.net/spip.php?article96706.
87 Employées de la municipalité, chargées de la salubrité publique.
88 https://lefaso.net/spip.php?article96175.

24
système scolaire pour sesdons en matériel de protection et de sensibilisation d’une valeur de plus
de 54 millions de FCFA.89

4.3 Innovations nées de la pandémie et implication de la communauté


scientifique
La recherche scientifique qu’elle soit académique ou industrielle bénéficie de très peu de ressources
financières au Burkina Faso. Dans le cadre de la Covid 19, quelques recherches ont été initiées par
deschercheurs. Une étude financée par la Banque Mondiale livrait en juillet 2020, ses résultats sur
l’impact de la Covid-19 dans les communautés minières artisanales.90 Elle a examiné comment les
restrictions liées à la COVID-19 affectent la vie économique et sociale des mineurs et de leurs
familles. L’Institut National de Santé publique présentait en septembre 2020, un projet de recherche
multidisciplinaire sur la Covid 19 impliquant des chercheurs burkinabè, français et canadiens.91 Ce
projet vise à produire des connaissances épidémiologiques et socio-anthropologiques pour aider le
pays dans sa riposte contre lapandémie. Des initiatives au niveau technologique destinées à aider à
l’amélioration de la gestion de la pandémie dans le système de santé ont également vu le jour. Il s’agit
de Mondjossi », une plateforme demise en relation d’usagers avec le corps medical,92 de ePresc
(https://epresc.care/) une application (web/mobile) dédiée à la gestion numérique de l’information
médicale des patients sur la vie entière et sur toute la trajectoire des soins,93 et de DMS, un logiciel
de gestion des officines facilitant la traçabilité des données.94 D’autres innovations avaient également
trait à la proposition de construction d’un hôpital en préfabriqué, à la conception d’un système de
lavage des mains à pédales, ou encore d’un logiciel destiné au télé enseignement (easyschool).

4.4 Inclusivité des stratégies et réponses politiques à la Covid 19.


Au Burkina Faso comme dans le reste du monde, la létalité de la Covid 19 est plus importante chez
les hommes que chez les femmes.95 Cependant, de nombreuses études montrent que les populations
pauvres et celles de sexe féminin sont les plus impactées négativement par les épidémies,
notamment pour ce qui est des conséquences sociales et celles des réponses qui leurs sont faites.
La prise en compte de ces populations n’a pas été exprimée de façon explicite ni anticipée dans les
documents de riposte à la Covid 19 élaborés par le gouvernementburkinabè, ce qui s’est traduit par
une quasi-absence totale de dimension inclusive dans certaines des stratégies et réponses
d’atténuation des conséquences de la pandémie de la Covid 19 proposées. La velléité d’inclusivité
des stratégies et réponses du gouvernement à la Covid 19 transparait uniquement dans certaines
mesures visant à limiter les effets immédiats des réponses socioéconomiques prises relativement à
la pandémie. Mais par exemple, les besoins spécifiques des populations habituellement discriminées
en matière de scolarisation ne sont pas pris en compte dans le plan de riposte du MENAPLN, alors
que les mesures proposées pour la continuité pédagogique étaient susceptibles d’accroitre les
inégalités scolaires. Cependant, si dans l’ensemble le plan de riposte à la pandémie élaboré par le
gouvernement ne ciblait pas de groupes vulnérables spécifiques au départ, l’adaptation s’est faite au
fil du temps, en ajustement avec les réactions venant de la population, des partis politiques de
l’opposition, des organisations de la société civile, et des dons ciblés des divers contributeurs.
De façon générale, la fermeture temporaire des établissements scolaires pousse à la déscolarisation

89 https://lefaso.net/spip.php?article98382.
90 https://lefaso.net/spip.php?article99154
91 https://lefaso.net/spip.php?article99538
92 https://lefaso.net/spip.php?article95805
93 https://lefaso.net/spip.php?article95811
94 https://lefaso.net/spip.php?article96384
95 Wayack-Pambè, Lankoandé et Kouanda, 2020.

25
ouà la non-scolarisation des enfants les plus vulnérables. Étant donné les conditions préexistantes à
la pandémie, il est prévisible que les solutions trouvées par le MENAPLN pour limiter les
conséquences dela fermeture des écoles n’ont pas permis de freiner l’accroissement des disparités
scolaires existantes entre les catégories de populations favorisées et celles moins favorisées, à savoir
entre le milieu urbainet le milieu rural, entre les ménages nantis et les ménages démunis, entre
les enfants de sexemasculin et ceux de sexe féminin. Tout d’abord, pour ce qui est des enfants qui
résident en milieu rural et de ceux qui vivent dans des ménages économiquement défavorisés, la
quasi-absence d’électrification dans les zones rurales et dans une moindre mesure dans les zones
périphériques urbaines, les enfants de ces deux milieux étaient de facto exclus de la continuité
pédagogique proposée par le MENAPLN. Pour ce qui est des enseignements proposés par le
biais de la radio,même si les expériences menées à de petites échelles indiquent qu’elle est un
medium favorisant les apprentissages à distance, il aurait fallu pour ce qui concerne la pandémie de
la covid 19, que chaque enfant burkinabè scolarisé dispose de son propre appareil radiophonique
pour suivre les cours, afin de ne pas être en concurrence avec des frères et sœurs ou encore des
adultes dans son utilisation. Par ailleurs, les proportions de la population possédant un ordinateur ou
un téléphone portable de même que celle qui a accès à l’internet suggèrent que seule une infime
minorité d’enfants a pu accéder aux ressources pédagogiques en ligne.
Concernant les filles, les rapports de genre dans la société qui les assignent à des rôles de
pourvoyeusesde soin accroissent les inégalités scolaires engendrées par la fermeture des écoles.96
La fermeture des écoles a ainsi des effets délétères à long termesur les filles. Une fois hors de l’école,
le risque qu’elles n’y retournent plus est accru. Dans les contextesoù le mariage précoce est répandu,
la fermeture des écoles augmente ce phénomène. Une hausse de cette pratique au Burkina Faso est
ainsi à craindre à la suite de la fermeture des écoles due à la Covid-19. En effet, avec un taux de
51,3% pour la population de femme âgée de 20 à 24 ans qui déclaraient en 2014 s’être mariées avant
l’âge de 18 ans, contre 1,6% pour les hommes de la même tranche d’âge,97 le Burkina Faso est parmi
les pays du monde où la prévalence du mariage précoce est élevée. Ces taux sont plus élevés pour
les femmes en milieu rural (62,9% contre 2,2% pour les hommes). En milieu urbain, 19,9% des
femmes étaient dans cette situation, et aucun homme n’était concerné. Les niveaux de prévalence
du mariage précoce étaient aussi élevés dans les régions del’Est et du Sahel où l’âge médian au
mariage des filles est de 16 ans. Or ces régions connaissaientdéjà des fermetures d’écoles à cause
des attaques terroristes qui y sont perpétrées. En 2015, près de sept femmes sur dix (65,2%) âgées
entre 20 ans et 24 ans déclaraient ainsi avoir été mariées avant l’âge de 18 ans dans la région de
l’Est, alors que le phénomène était quasi inexistant chez les jeunes hommes du même âge. Dans la
région du Sahel ce sont près de huit jeunes femmes sur dix (76,6%) âgées entre 20 et 24 ans qui
déclaraient avoir été mariées alors qu’elles étaient encore mineures, pour seulement un garçon sur
dix (10,4%)98 de la même tranche d’âge.
Une autre conséquence de la fermeture des écoles est qu’elle accroit la sollicitation des filles pour les
travaux domestiques et de reproduction. Elles doivent en effet substituer les personnes adultes de
sexe féminin dans les tâches et activités relatives à ce domaine. Les filles sont ainsi plus que les
garçons dansl’incapacité de s’impliquer dans une continuité pédagogique à distance.
Si la prise en charge financière par l’État des factures d’eau et d’électricité participait d’une volonté
de réduire à minima les inégalités économiques engendrées par la pandémie, elle n’a pas pris en
compte les besoins spécifiques des femmes et l’accentuation des situations inégales entre elles et les
hommes générées par la pandémie. La Covid-19 est apparue au Burkina Faso pendant la saison

96 Bandiera et al., 2020 ; Burzynska et Contreras, 2020.


97 INSD, 2019.
98 Il est à noter ici que bien que la comparaison entre sexes montre une différence substantielle au détriment des

filles, la proportion des garçons mariés avant leur majorité est dix fois supérieure à ce qui est constaté au niveau
national dans ces régions.

26
sèche, celle oùl’eau est rare, y compris dans les bornes fontaines. Par ailleurs, la mise en place de la
gratuité de l’eau n’a concerné que les femmes du milieu urbain, les femmes du milieu rural
s’approvisionnant essentiellement dans des cours d’eau, les puits ou les forages. Mais même pour
le milieu urbain où la collecte d’eau demeure une corvée principalement féminine,99 cette mesure
s’est révélée peu inclusive, du fait qu’elle n’a pas permis de réduire la pénibilité liée à cette tâche
en termes d’attente au point d’eau. Ce, d’autant plus que les mois de mars, d’avril et de mai sont les
plus chauds de l’année, et ceux où les débits dans les bornes fontaines sont très faibles.
Une des insuffisances majeures du plan de riposte de la Covid 19100 de même que les stratégies et
mesures mises en place pour faire face à la pandémie, est qu’elles intègrent très peu les dimensions
sociales liées à la situation sécuritaire. Les conditions préexistantes dans les régions les plus
fortementtouchées par cette crise, nées de la fermeture de divers services administratifs, d’écoles et
de centres de santé dans les localités touchées, ainsi que le déplacement de personnes qu’elle a
occasionné n’ontpas été pris en compte dans le plan de riposte.
Enfin, l’augmentation des violences domestiques a été très vite identifiée comme "une pandémie
dans la pandémie", car touchant tous les pays du monde affectés par la Covid 19.101 Cette violence
qui affecte particulièrement les femmes et les filles a été dénoncée par le secrétaire général des
Nations Unies qui a appelé tous les états à prendre des mesures idoines pour y mettre fin.102 Pourtant
la question des violences basées sur le genre n’a pas été soulevée au Burkina Faso dans quelque
instance que ce soit,gouvernementale ou sociale. Il est difficile de savoir si cela est dû à une absence
de manifestation du phénomène dans le contexte burkinabè ou s’il a simplement été oublié. Il faut
néanmoins souligner que les taux de violence domestique ou faite aux enfants sont faibles au Burkina
Faso.103

99 Dos Santos et Wayack Pambè, 2016.


100https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=387&cHash=301e88e8e56744ce646fe7771909a69e.
101 https://www.unwomen.org/fr/news/in-focus/in-focus-gender-equality-in-covid-19-response/violence-against-

women-during-covid-19.
102 https://www.un.org/en/un-coronavirus-communications-team/make-prevention-and-redress-violence-against-

women-key-part.
103 Ministère de l’économie et des finances, 2012; ISSP, 2018 ; Wayack Pambè, Gnoumou et Kaboré, 2014.

27
Chapitre 5. Synthèse des réponses apportées à
lapandémie de la COVID 19 au Burkina Faso

5.1 Les fondements des réponses à la pandémie de la Covid 19 au


BurkinaFaso
Il est difficile de déterminer l’origine des réponses apportées à la pandémie de la Covid 19 au Burkina
Faso. Une lecture des mesures prises par le gouvernement peut néanmoins se faire, à l’aune à la fois
de la situation sociale, politique et économique préexistante, et des débats et développements menés
sur les réponses apportées à la pandémie aux échelles régionale et internationale.
Concernant le climat social, politique et économique au niveau intérieur, les premières mesures ont
été reçues par certaines franges de la population comme une volonté du gouvernement de profiter
de la crise sanitaire pour contourner les difficultés internes. Ainsi, la fermeture des établissements
scolaires du 16 au 31 mars et l’interdiction de rassemblement de plus de 50 personnes ont été
décrétées le 14 mars 2020, deux jours seulement avant une marche de protestation et un début de
mouvement de grève parmi le personnel enseignant du primaire et du secondaire. À ceux-ci
s’ajoutait un mot d’ordrede grève prévu du 16 au 20 mars 2020,104 lancé par l’Union d’action syndicale
(UAS) contre l’applicationaux primes et indemnités des agents du public de l’impôt unique sur les
traitements et les salaires (IUTS). La fermeture des établissements d’enseignement décrétée pendant
le week-end, un samedi soir, avec effet immédiat le lundi suivant, a donc été interprétée comme un
moyen de faire taire les mouvements sociaux en préparation dans le pays. Ce soupçon a été renforcé
par le fait que le gouvernement a beaucoup tergiversé avant de décider de la fermeture des lieux de
culte et des marchés. Mais ici aussi, il appréhendait de devoir affronter certaines communautés
religieuses et traditionnelles rétives à cette mesure.
La temporalité des décisions a également amené les populations à questionner l’indépendance du
gouvernement dans la prise de décision, de même que la légitimité des mesures prises et leur
adéquation avec la situation du pays. Les décisions annoncées par le gouvernement étaient ainsi
souvent accueillieset perçues comme un « suivisme » de ce qui se faisait dans les pays développés,
notamment la France,sans une prise en compte des réalités nationales. En effet, la fermeture des
écoles a été décrétée le 14mars, soit deux jours après que la même mesure a eu été décidée en
France. De même, l’instauration des mesures de limitation de la mobilité des individus prise le 20
mars, est intervenue quatre jours après que le confinement a eu été imposé dans l’ensemble du
territoire français.
La volonté de mettre en place des essais cliniques105 sur la chloroquine et l’Apivirine (remède issu
des plantes locales) venait à la fois du désir de se positionner sur le plan international dans le débat sur
l’effet de la chloroquine, et dans le désir des pays africains de contribuer à la lutte contre la pandémie.
Par ailleurs, un effet avéré de la chloroquine ou d’un remède issu des plantes locales aurait permis
aux états africains de bénéficier d’un traitement à bas coût de la maladie. Toutefois le lancement
officiel de ces essais cliniques par le ministère de la recherche a été suivi d’une mise en œuvre
poussive. Pour ce qui est de l’Apivirine, un premier protocole avait été rejeté par le Comité éthique de
recherche en santé (CERS).106 C’est seulement en décembre 2020 que les premiers résultats de

104 https://lefaso.net/spip.php?article95232.
105 https://lefaso.net/spip.php?article95769
https://lefaso.net/spip.php?article96914.
106 https://lefaso.net/spip.php?article96914

https://lefaso.net/spip.php?article95769.

28
l’Apivirine ont été livrés, suscitant par ailleurs des contestations de la part de certains chercheurs et
praticiens du domaine médical.107

5.2 Gouvernance, relations de pouvoir et réactions populaires aux


réponsesà la pandémie
Du fait des différentes affaires de corruption impliquant l’élite politique médiatisées par la presse
depuisplus d’une décennie, la société civile et la population de façon générale montrent une défiance
quant à la gestion des biens publics par le gouvernement. Cette situation a incité ce dernier à
communiquertrès tôt sur la gestion de la pandémie, dans un souci de se montrer transparent et de
donner l’image d’une bonne gouvernance. Mais comme on peut le voir ci-dessous (point 5.3), toutes
les initiatives prises par le gouvernement sont restées entachées de suspicion de la part des
populations.

Dès les premiers jours de révélation de cas de Covid 19 au Burkina Faso, une conférence de presse
animée par la ministre de la santé à la date du 09 mars 2020 instituait une transmission de
l’informationsur la pandémie à la population. Une personne chargée de la coordination nationale de
la lutte contre lacovid-19 au Burkina Faso ainsi que du suivi de l’information aux populations sur
l’évolution de la pandémie était désignée en la personne du Pr. Martial Ouédraogo. Ce dernier fut
démis de ses fonctions à la suite de la mauvaise gestion du premier cas de décès dû à la Covid-
19 au BurkinaFaso.108 Il est remplacé par le directeur du Centre des Opérations de Réponse aux
Urgences Sanitaires (CORUS) comme intérimaire à la coordination nationale de la lutte contre la
Covid-19.

À la suite du discours du ministre de la santé du 09 mars, un point de presse quotidien sur l’état de
la maladie dans le territoire national était fait tous les soirs par le Service d’information du
gouvernement. Il était animé par des membres du gouvernement, ou par le coordonnateur national
de la lutte contre la covid-19. De journalier aux premières semaines de l’apparition de la maladie soit
à partir du 18 mars,109 il est passé à un rythme hebdomadaire à la date du 27 mars 2020,110 puis
mensuel à partir du mois de juin. Toutefois, des statistiques sur l’état de la Covid 19 au Burkina Faso
sont publiées tous les jours. Elles portent sur le nombre de nouvelles personnes suspectées, celles
testées, celles contaminées, celles hospitalisées, celles guéries et celles décédées, ainsi que le total
des cas dans le pays.

Des messages de sensibilisation sur les gestes barrières sont également diffusés à travers les médias
et les affiches111 Dès la première semaine d’apparition de la pandémie dans le pays, la ministre de la
santé entamait une tournée de sensibilisation112 de proximité sur la maladie à l’intérieur du pays.

107 https://lefaso.net/spip.php?article101643
https://lefaso.net/spip.php?article101684.
108 https://lefaso.net/spip.php?article96524.
109https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=297&cHash=d9f9c84ad62e73f4a3ed088c0d058717.
110 https://www.sig.gov.bf/infos-covid-19.
111https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=289&cHash=c732dd2b9d271e9c22fe9634cb5373e9
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=290&cHash=243e01536c7e475648496eb2492431b4
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=291&cHash=bc6791311989b21980dfc333e4fa33dd.
112 https://lefaso.net/spip.php?article95475.

29
Les informations sur les actions relatives à la Covid 19 initiées par les acteurs étatiques et non
étatiques au Burkina Faso sont régulièrement publiées. Les canaux utilisés sont les journaux
télévisés, radiophoniques, ainsi que la presse écrite ou en ligne. Aux premiers jours de la pandémie,
le président de la république avait également fait plusieurs allocutions télévisées pour annoncer
les décisions prises en rapport avec la pandémie, ou pour les expliquer.113 Une séquence sur les
décisions gouvernementales est réservée à la pandémie lors des points de presse faits par le porte-
parole du gouvernement après chaque conseil des ministres.

Les réunions de concertation avec les parties prenantes sont également des stratégies élaborées par
legouvernement, afin de rassurer sur sa bonne gouvernance quant à la gestion de la pandémie et
pour susciter l’adhésion des populations. Une séance de travail entre le ministère de la santé et le
réseau national de lutte contre la corruption (RENLAC)114 a été tenue au mois de mai 2020. Elle avait
pour objetde s’assurer de la bonne utilisation des ressources mobilisées pour la gestion de la Covid
19 au BurkinaFaso. Le gouvernement a également rencontré aux dates du 17, 21 et 23 avril 2020, les
partis politiquesde la majorité et de l’opposition, en vue d’une synergie d’actions pour une gestion
concertée et efficace de la pandémie. La rencontre avait aussi pour but de discuter de l’impact
potentiel des mesures de suspension de l’enrôlement biométrique et de l’établissement des cartes
nationales d’identité sur l’agenda électoral.115

Il était créé à la même période, un comité national de gestion de la crise de la pandémie constitué
des représentants du gouvernement, des partenaires techniques et financiers œuvrant dans le
secteur de lasanté, des représentants de structures de santé privés et de la société civile.116 Le haut
conseil pour le dialogue social initiait également un cadre réunissant les membres du gouvernement,
le patronat et les travailleurs dans le but de susciter une réflexion commune sur les conséquences
socioéconomiques de la pandémie et l’élaboration des mesures palliatives acceptables pour les
populations.117

Dans l'optique d'une reprise des activités économiques, des concertations étaient faites avec
les acteurs des différents secteurs économiques, notamment ceux du secteur des transports de
personnes urbain, interurbain, péri-urbain et rural. Ces rencontres ont abouti à la signature de
protocoles d’accord visant l’organisation de la reprise des activités dans les divers secteurs.118

Après la fermeture du Grand marché de Ouagadougou, des moyens et petits marchés et des
marchés itinérants (fermés quant à ces derniers le 26 mars 2020),119 sur insistance des
populations, la mairie deOuagadougou initiait dès le 1er avril 2020120 une rencontre de concertation

113https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=303&cHash=2753b6a72cdadd2624a5be84a41583b3
https://lefaso.net/spip.php?article95931.
114 https://lefaso.net/spip.php?article96652.
115https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=354&cHash=00dfedfbae9ea64dface04d33bb60bb9
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=344&cHash=014aa58d0816d403d37d59f354758c25.
116 https://lefaso.net/spip.php?article96784

https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=403&cHash=53b9564e474d8ae613a769e886a83c2d.
117 https://lefaso.net/spip.php?article97107.
118https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=N

ews&tx_news_pi1%5Bnews%5D=379&cHash=15f2c7fc2690c1a262542c52a2926d33
https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bcontroller%5D=Ne
ws&tx_news_pi1%5Bnews%5D=378&cHash=6c3f9d394ec6b29df2a4d9aef505bfb0.
119 https://lefaso.net/spip.php?article96282.
120 https://lefaso.net/spip.php?article95976.

30
avec les acteurs del’économie informelle et les associations de commerçants des marchés. La
rencontre avait pour but de proposer des voies et moyens de réouverture des infrastructures
commerçantes dans la capitale. Ces échanges ont abouti à la mise en place d’un protocole
d’accord entre les deux parties pour le respect strict des mesures barrières à la pandémie et par
la suite à une réouverture du grand marché de Ouagadougou à la date du 20 avril 2020.121
Toutefois quelques jours après la réouverture du marché, les clauses du protocole relatives aux
mesures barrières demeuraient très peu respectées.122

Les différentes initiatives entreprises par les autorités publiques pour démontrer leur bonne gestion de
lapandémie n’ont pas toujours réussi à rétablir un climat de confiance entre le gouvernement et la
population. Une des raisons est probablement le fait que la maladie de la Covid 19 a très peu affecté
la population burkinabè, et est ainsi imperceptible dans ses effets sur la santé par les populations.
Les imbroglios autour de la gestion du premier décès de la Covid 19 au Burkina Faso (également
premier décès recensé de la pandémie en Afrique subsaharienne), allant jusqu’à semer le doute sur
les causes réelles de ce décès123 ont contribué à renforcer l’incrédulité des populations quant à
l’existence réelle de la maladie. De plus, les premières personnes affectées et dont la contamination
avait été très largementmédiatisée étaient les membres du gouvernement124 et les personnes des
classes sociales aisées. Les mesures énoncées étaient donc ressenties comme un assujettissement
de la majorité de la population àla résolution d’un problème qui ne touchait que l’élite, alors que les
conséquences des mesures prises ne l’affectaient pas. Malgré les concertations avec les autorités, les
manifestations des commerçants des marchés ont obligé à une réouverture des marchés plus tôt que
prévu.125 De même, des membres d’une association de pratiquants musulmans ont entrepris des
manifestations exigeant la réouverture des mosquées,126 ce qui a contraint le gouvernement à
autoriser une réouverture immédiate des lieux de cultes pour toutes les autres confessions
religieuses.127 Fortes de cette victoire, les populations ont par après manifesté pour réclamer la levée
du couvre-feu128 amenant une fois de plus le gouvernement à capituler.

5.3 Une gestion de la pandémie sous une pression sociale permanente


Il est à noter que la gestion de la pandémie au Burkina Faso s’est faite dans un contexte de
contestationpermanente de l’autorité publique ainsi que de pressions de la part de la société civile,
des partis politiques de l’opposition et de divers corps de métiers, pour inciter le gouvernement à
prendre les mesures idoines pour circonscrire la pandémie et limiter ses effets négatifs sur les
populations.

Ainsi, la fermeture des frontières aux transports de personnes à l’instar de ce qui se faisait dans les
pays comme la France et les USA, de même que l’interdiction de rassemblement massif des
populations dans tous les lieux publics étaient exigée dès le 17 mars par un parti de l’opposition

121 https://lefaso.net/spip.php?article96310.
122 https://lefaso.net/spip.php?article96419.
123 https://lefaso.net/spip.php?article96634.
124 https://lefaso.net/spip.php?article95632.
125 https://www.burkina24.com/2020/04/28/covid-19-au-burkina-faso-des-commercants-reclament-louverture-du-

marche-de-dassasgho/
https://www.burkina24.com/2020/04/28/covid-19-au-burkina-faso-les-commercants-de-nabi-yaar-manifestent-
pour-la-reouverture-du-marche/
https://lefaso.net/spip.php?article96460.
126 https://lefaso.net/spip.php?article96582
127 https://lefaso.net/spip.php?article96585.
128 https://lefaso.net/spip.php?article97148

31
l’UPC129 et le syndicat de médecins.130 Ce dernier appelait également à une subvention et à un
contrôle des prix des produits pharmaceutiques nécessaires à la lutte contre la pandémie, comme les
gels hydroalcooliques, les masques, etc. Le gouvernement était parallèlement aussi interpellé131 sur
les dispositions prises pour atténuer les effets des mesures de lutte contre la pandémie sur les
populations, particulièrement les plusdéfavorisées et celles affectées directement par ces mesures.132
Bien avant que cela ne se transforme en mouvements d’humeur conduisant à la levée des
mesures barrières, des voix s'étaient faites entendre pour contester presque chacune des
actions ouinterventions du gouvernement dans le cadre de la gestion de la Covid 19.133 Ces
contestations émanaient de simplescitoyens à travers les réseaux sociaux et dans les
commentaires de la presse en ligne, de partis politiques, des syndicats ou de la société civile,
dans une posture de contrôle du pouvoir. Ces acteurs non gouvernementaux ont fait non
seulement des analyses de la situation, critiqué la démarchegouvernementale en faisant des
contre-propositions. Ces postures ont contribué à accroitre la fragilité du gouvernement pour ce
qui est de sa gestion de la pandémie. Mais elles ont aussi permis d’orienter de façon plus
spécifique les actions de l’État vers les besoins des populations.

Alors qu’ils exhortaient par ailleurs le gouvernement à prendre des mesures fortes pour lutter contre
la pandémie, face aux mesures barrières édictées par ce dernier, le chef de file de l’opposition ainsi
que des acteurs juridiques134 dénonçaient de graves atteintes à la liberté individuelle.

Les mesures socio-économiques instaurées par la suite pour atténuer les conséquences des mesures
de ripostes à la pandémie étaient jugées inadaptées par des syndicats et des organisations de la
sociétécivile. Le Syndicat national des artistes musiciens du Burkina (SYNAMUB) dénonçait ainsi une
gestion clanique des fonds de prise en charge alloués aux acteurs culturels et touristiques.135 La
Coalition contre la vie chère (CCVC), une organisation de la société civile qualifiait quant à elle la
gestion de la pandémieau Burkina Faso de « hasardeuse » et faite de « tâtonnements», dans un but
d’organiser le pillage des richesses du pays.136 Un autre parti « Soleil d’Avenir » interpellait le
gouvernement sur les issues désastreuses de son mode de gestion de la pandémie.137

Les mesures sociales proposées étaient aussi perçues par l’opinion publique comme étant une sorte de
« copier-coller » des actions venant d’autres pays, sans une analyse profonde préalable pour
examiner leur compatibilité avec le contexte du Burkina Faso.138 Elles ne permettaient pas ainsi
d’atteindre effectivement certaines couches de la population pourtant vulnérables tels que les acteurs
des secteursnon organisés et informels. Des appels à une gestion plus participative étaient également
faits par des acteurs de la société civile qui mettaient en cause la crédibilité et la légitimé du pouvoir
public.139 Il est parfois aussi apparu dans les jugements des citoyens que le gouvernement utilisait la
gestion de la Covid-19 comme un alibi pour se soustraire de ses responsabilités sur les questions
sécuritaires et de développement.140

129 Union pour le Progrès et le Changement.


130 https://lefaso.net/spip.php?article95542
https://lefaso.net/spip.php?article95539.
131 https://lefaso.net/spip.php?article95798.
132 https://lefaso.net/spip.php?article95806.
133 https://lefaso.net/spip.php?article96020.
134 https://lefaso.net/spip.php?article96555.
135 https://lefaso.net/spip.php?article96080.
136 https://lefaso.net/spip.php?article96528.
137 https://lefaso.net/spip.php?article95876.
138 https://lefaso.net/spip.php?article96020.
139 https://lefaso.net/spip.php?article95995.
140 https://lefaso.net/spip.php?article96300.

32
Dans le cadre des mesures prises dans le secteur de l’éducation, les syndicats ont reproché au
gouvernement leur non-inclusion à l’élaboration de la stratégie de la continuité pédagogique, mettant
en avant son inadaptation quant à l’usage du télé-enseignement.141 La stratégie adoptée pour la
continuitépédagogique a ainsi été jugée comme étant une mesure discriminatoire dans un contexte
de pauvreté tel que celui du Burkina Faso, où très peu de personnes ont accès à la télévision, à la
radio et à une source d’énergie.

S’il est difficile de déterminer avec exactitude les groupes d’acteurs qui ont infléchi l’orientation des
actions menées au Burkina Faso dans la gestion étatique de la pandémie de la Covid 19, on peut
cependant avancer sans risque de se tromper, que la pression sociale exercée sur le gouvernement
ainfluencé le cours des mesures proposées et leur mise en œuvre sur le terrain. De la publication
des mesures barrières à la date du 20 mars 2020142 et par la suite des mesures socio-économiques à
la datedu 02 avril 2020 par le président du Faso,143 ce sont les diverses critiques de la part des citoyens
de tous bords, amplement relayées par les médias et les réseaux sociaux, de même que les
manifestations dans les rues, qui ont conduit le gouvernement à multiplier et à diversifier les
concertations avec les différents acteurs de la société burkinabè (groupes de travailleurs, partis
politiques, syndicats). Ces réactions ont aussi probablement poussé le gouvernement à multiplier les
actions de communication sur la gestion financière et technique de la crise sanitaire, de même qu’à
rendre plus opérationnelles les mesures socio-économiques à l’endroit de différents secteurs
économiques et certaines catégories de populations.

141 https://lefaso.net/spip.php?article96635.
142https://www.sig.gov.bf/actualites/details?tx_news_pi1[action]=detail&tx_news_pi1[controller]=News&tx_news_pi

1[news]=303&cHash=2753b6a72cdadd2624a5be84a41583b3.
143 https://lefaso.net/spip.php?article95931.

33
Chapitre 6. Conclusion
Tout comme le reste des dirigeants de la planète, le gouvernement burkinabè a été pris au dépourvu
parl’arrivée de la pandémie de la Covid 19 au Burkina Faso. Coïncidant avec un contexte social,
économique, politique et sécuritaire délétère, l’apparition de la pandémie a mis le gouvernement
dansl’impératif de se montrer capable à la fois de faire face à ce nouveau défi sanitaire, tout en
continuant àassumer ceux qui lui préexistaient. Ceci était d’autant plus important que la maladie
s'est déclarée à quelques mois seulement de l’échéance électorale des présidentielles qui ont eu
lieu le 22 novembre 2020.

Les premières mesures prises par le gouvernement Burkinabè pour faire barrière à la Covid-19 ne
ciblaient pas de groupes de populations vulnérables. Les actions gouvernementales ont
progressivement été inclusives, car elles ont été au fur et à mesure réadaptées sous la pression
exercée par les mouvements sociaux et les critiques émises par les syndicats, les partis politiques et
la population générale sur la gestion de la pandémie et son manque d’inclusivité. Cette pression
sociale a ainsi contribué à réorienter le gouvernement vers une gestion plus participative de la
pandémie, à travers la multiplication des concertations auprès d’acteurs diversifiés. Aussi les mesures
prises pour atténuer les conséquences sociales et économiques des réponses à la maladie sur les
populations ont a terme permisd’inclure différentes catégories de populations vulnérables, telles les
femmes enceintes, les enfants orphelins et/ou vivant dans la rue, les détenues, les vielles personnes,
les femmes chefs de ménage pauvres.

Toutefois, les besoins spécifiques des femmes et des filles liées aux conséquences particulières
qu’ont les crises sanitaires sur elles du fait de rapports de genre inégalitaires dans les sociétés n’ont
pas été pris en compte dans cette réorientation de l’action gouvernementale relative à la pandémie.
C’est ainsi que des sujets comme : l’exacerbation de la violence conjugale pendant le confinement
ou la fermeture des lieux de commerce et de réjouissances, la surcharge de travail domestique
découlant des protocoles des mesures barrières et à la fermeture des écoles, de même que la
potentielle augmentation de la déscolarisation des filles, avec comme corolaire celle des mariages
précoces n’apparaissent pas dans les interventions et actions prises au Burkina Faso pour répondre
à la pandémie de la Covid 19. Ceci, parce que la rue et les réseaux sociaux étaient les principaux
canaux utilisés par les populations pour exprimer leurs préoccupations et manifester leurs désaccords
sur les réponses apportées à la pandémiepar le gouvernement. Or ces deux espaces demeurent peu
investis par les femmes au Burkina Faso. D’une part elles sont peu présentes dans les organisations
corporatistes ou n’y occupent pas de fonctionleur permettant de faire ressortir la spécificité de leurs
situations, et d’autre part leur accès aux nouvelles technologies de l’information et par là aux réseaux
sociaux reste faible. Le fait que la maladie affecte moins les personnes de sexe féminin a
probablement contribué à renforcer cette invisibilité des femmes dans l’action politique de lutte contre
la Covid 19 au Burkina Faso. Au final, la structuration des inégalités sociales et spatiales au Burkina
Faso, de même que les expériences d’autres épidémies ayant impacté la sous-région de l’Afrique de
l’Ouest laissent à penser que les personnes de sexe féminin, surtout les filles, de même que les
populations rurales sont celles qui paieront le plus lourd tribut à la pandémie, ce particulièrement à
cause des mesures prises pour la contenir.

En définitive, si à l’instar de la quasi-totalité des pays de l’Afrique subsaharienne la maladie de la


Covid 19 a peu affecté le Burkina Faso sur le plan sanitaire, la population burkinabè subit et
présumablement pour un long terme les coûts sociaux et économiques de la pandémie. Ceci, du fait
des réponses qui luiont été apportées aussi bien au niveau national qu’international. Ces réponses
constituent des facteurs de risque d’accroissement de la vulnérabilité des populations déjà
défavorisées, et particulièrement lesfilles et les femmes. Ceci, parce que les stratégies et les réponses

34
proposées sont de nature ponctuelle, alors que les conséquences des mesures prises pour la
limitation de la pandémie ont, elles, potentiellement un impact à long terme sur les populations.144

144 Bandiera et al., 2020; Burzynskaet Contreras, 2020.

35
Bibliographie
Afro barometer. (2020) Une série panafricaine d'enquêtes nationales portant sur les attitudes
publiques par rapport à la corruption.
https://afrobarometer.org/fr/results?field_country_tid=462&page=1
Amnesty International (2020). Burkina Faso 2020
https://www.amnesty.org/fr/countries/africa/burkina-faso/report-burkina-faso/
Bandiera, O., Buehren, N., Goldstein, M., Rasul, I., & Smurra, A. (2020). Do school
closures during an epidemic have persistent effects? Evidence from Sierra Leone in the
time of Ebola. Working Paper. 76p.
Banque mondiale. (2011). Burkina Faso - Filets sociaux. Banque mondiale
https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/2741 License: CC BY 3.0 IGO
Ministère de l'action sociale et de la solidarité nationale. (2012). Politique nationale de
protection sociale 2013-2022.
Ministère de l’Économie, des Finances et du Développement. (2016). Plan national de
développement économique et social 2016-2020.
Burzynska, K. & Contreras, G. (2020). Gendered effects of school closures during the
COVID- 19 pandemic. The Lancet, 395(10242): 1968. doi: 10.1016/S0140-6736(20)31377-
5
Dos Santos, S., & Wayack Pambè, M. (2016). Les Objectifs du Millénaire pour le
développement, l’accès à l’eau et les rapports de genre. Mondes en développement, (2), 63-
78.
Human Rights Watch. (2020). « Leur combat contre l’éducation » : Attaques commises par
des groupes armés contre des enseignants, des élèves et des écoles au Burkina Faso.
https://www.hrw.org/fr/report/2020/05/26/leur-combat-contre-leducation/attaques-commises-par-
des-groupes-armes-contre-des
Humanitarian Response. (2020). Burkina Faso.
https://www.humanitarianresponse.info/en/op%C3%A9rations/burkina-
faso/document/burkina-fasoaper%C3%A7u-des-besoins-humanitaires-hno-2020
Institut nationale de la statistique et de la démographie. (2015a). Enquête multisectorielle
continue (EMC) 2014 : Accès aux technologies de l’information et de la communication.
https://www.insd.bf/index.php/publications?id=151
Institut nationale de la statistique et de la démographie. (2015b). Enquête multisectorielle
continue (EMC) 2014 : Alphabétisation et scolarisation.
https://www.insd.bf/index.php/publications?id=151
Institut nationale de la statistique et de la démographie. (2015c). Enquête multisectorielle
continue (EMC) 2014 : Emploi et chômage.
https://www.insd.bf/index.php/publications?id=151
Institut nationale de la statistique et de la démographie. (2015d). Enquête multisectorielle
continue (EMC) 2014 : Habitat, assainissement Et accès à l’eau potable.
https://www.insd.bf/index.php/publications?id=151
Institut nationale de la statistique et de la démographie. (2015e). Enquête multisectorielle
continue (EMC) 2014 : Profil de pauvreté et d’inégalités.
https://www.insd.bf/index.php/publications?id=151
Institut nationale de la statistique et de la démographie. (2019). Annuaire statistique 2018.
Institut nationale de la statistique et de la démographie. (2019). Mutilations Génitales
Féminines & Mariage d’Enfants : Rapport thématique basé sur l’EDS 2010 et l’EMC-MDS 2015.
ISCOM. (2019). Étude sur l’expansion et les usages des TIC au Burkina Faso en 2018.
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2
ahUKEwjNyOSPzaTyAhVLT98KHarpD_gQFnoECAIQAw&url=http%3A%2F%2Fwww.iscom-
bf.net%2FIMG%2Fpdf%2Fetude_sur_l_expansion_des_tic_au_burkina_faso_iscom_lefaso.net
obaas.pdf&usg=AOvVaw25RZG5yJxyoKgE-X7IWBfY
Kane, I. (2019, 5 juin). Au Burkina Faso, l’affaiblissement de l’État fait le lit du terrorisme.
The conversation. 06p. https://theconversation.com/au-burkina-faso-laffaiblissement-de-

36
zletat-fait-le-lit-du-terrorisme-117377.
La banque mondiale. (2020). Ratio de la population pauvre disposant de moins de $ 1,90 par
jour (2011 PPA) (% de la population).
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.DDAY?locations=1W&start=1981&end=
2015&v
Labaume, C. (2020). Survivantes et Héroïnes: Les femmes dans la crise au Burkina Faso.
OXFAM International. https://www.garda.com/fr/crisis24/rapports-de-pays/burkina-faso.
Legatum Institute (2019). Legatum Prosperity Index 2019.
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ve
d=2ahUKEwjStM7rzaTyAhUqmuAKHWfEALoQFnoECBoQAw&url=https%3A%2F%2Fli.co
m%2Freports%2F2019-legatum-prosperity-
index%2F&usg=AOvVaw3J17QcO_agLS2mTWOZ2TcA
L’économiste du Faso. (2020). Tourisme : 3,17 milliards pour le secteur.
https://www.leconomistedufaso.bf/2015/06/15/tourisme-317-milliards-pour-le-secteur/
Institut nationale de la statistique et de la démographie. (2019). Annuaire statistique de
l’économie et des finances 2018.
Ministère de l’économie et des finances. (2012). Enquête Démographique et de Santé et à
Indicateurs Multiples (EDSBF-MICS IV) 2010.
Ministère de l’économie, des finances et du développement. (2019). Annuaire statistique de
l’économie et des finances 2018.
Ministère de l’économie, des finances et du développement. (2019). Annuaire statistique de
l’économie et des finances 2018.
Ministère de l’économie, des finances et du développement. (2017) Tableau de bord social
du Burkina Faso.
Ministère de la santé. (2017). Profil sanitaire complet du Burkina Faso : Module 1, Situation
socio-sanitaire du Burkina Faso et mise en œuvre des ODD.
Ministère de la santé. (2019). Annuaire statistique 2018.
Ministère de la santé. (2019). Annuaire statistique 2018.
OCHA (2020). Aperçu des besoins humanitaires Burkina Faso.
https://www.unocha.org/burkina-faso
PNUD. (2019) Rapport sur le développement humain 2019 Au-delà des revenus, des
moyennes et du temps présent : les inégalités de développement humain au XXIe siècle,
Burkina Faso.
Présidence du Faso. (2019). Rapport d’activité sur la Riposte au sida au Burkina Faso.
RFI. (2015, 25 août). Burkina Faso: une brigade de gendarmerie attaquée à Oursi. www.rfi.fr.
https://www.rfi.fr/fr/afrique/20150825-burkina-faso-attaque-oursi-gendarme-blessure- grave
Savadogo, M. (2019, 5 septembre). Comment s’explique la prolifération des groupes
extrémistes au Burkina Faso ? The conversation. 22p.
https://theconversation.com/comment-sexplique-la-proliferation-desgroupes- extremistes-
au-burkina-faso-122566
The World Bank. (2020). Account ownership at a financial institution or with a mobile-money-
service provider, female (% of population ages 15+).
https://data.worldbank.org/indicator/FX.OWN.TOTL.FE.ZS
The World Bank. (2020) Africa Development Indicators.
https://databank.worldbank.org/source/africa-development- indicators/Type/TABLE/preview/on#
https://data.worldbank.org/indicator/SL.EMP.VULN.ZS
The World Bank. (2020). Indice GINI Burkina. Faso
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.GINI?locations=BF
The World Bank. (2020). Women making their own informed decisions regarding sexual
Relations, contraceptive use, and reproductive health care (% of women aged 15-49).
https://data.worldbank.org/indicator/SG.DMK.SRCR.FN.ZS?most_recent_value_desc=true
Transparency International. (2020). Burkina Faso, Country data.
https://www.transparency.org/en/countries/burkina-faso#
Wayack-Pambè, M., Gnoumou, B., & Kaboré, I. (2014). Relationship between women’s
socioeconomic status and empowerment in Burkina Faso: A focus on participation in decision-

37
making and experience of domestic violence. African Population Studies, 28, 1146-1156.
Wayack-Pambè, M. (2020). Inégalité entre les sexes en matière d’éducation au Burkina Faso:
évolutions actuelles à partir des statistiques scolaires 1936-2019. Les presses Africaines.
153p.
Wayack-Pambè, M., Lankoandé, B., Kouanda, S. (2020, 5 juin). Comment la jeunesse de sa
population peut expliquer le faible nombre de morts de Covid 19 en Afrique ? The
conversation. https://theconversation.com/comment-la-jeunesse-de-sa-population-peut-
expliquer-le-faible-nombre-de-morts-du-covid-19-en-afrique-139832

Pages web consultées du 5 au 8 octobre 2020


https://databank.worldbank.org/source/africa-development-indicators/Type/TABLE/preview/on#
https://data.worldbank.org/indicator/SL.EMP.VULN.ZS
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.DDAY?locations=1W&start=1981&end=2015&
view=chart
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.GINI?locations=BF
https://data.worldbank.org/indicator/SG.DMK.SRCR.FN.ZS?most_recent_value_desc=true
https://data.worldbank.org/indicator/FX.OWN.TOTL.FE.ZS
https://afrobarometer.org/fr/results?field_country_tid=462&page=1
https://www.transparency.org/en/countries/burkina-faso#
https://www.amnesty.org/fr/countries/africa/burkina-faso/
https://www.leconomistedufaso.bf/2015/06/15/tourisme-317-milliards-pour-le-secteur/
https://www.humanitarianresponse.info/en/op%C3%A9rations/burkina-faso/document/burkina-faso-
aper%C3%A7u-des-besoins-humanitaires-hno-2020
https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.GINI?locations=BF
https://www.hrw.org/fr/report/2020/05/26/leur-combat-contre-leducation/attaques-comises-par-des-
groupes-armes-contre-des

38
Annexes
Annexe 1. Contexte du pays

Tableau A1.1. Etat de gouvernance politique au Burkina Faso


Indicateurs Sûreté et sécurité Liberté individuelle Gouvernance
Rangs (total 167) 117 58 108
Scores 63,14 60,68 44,12
Source: The Legatum Prosperity Index™ 2019

Tableau A1.2. Quelques indicateurs sur le Burkina Faso


Indicate Vale ann
ur ur ée
1. Niveau de
développement
a) Pays développé (LDC) b IDH: 0.434145 (182/189) 20
b) Pays à faible revenu (LIC) ) 18
c) Pays à faible et à moyen
revenu(LMIC)
d) Pays à moyen revenue (MC)
2. PIB 5 264,9146 milliard de FCFA 20
18
3. Contribution des secteurs d’activités
au PIB en pourcentage a 20%147 20
) 18
a) Agriculture b 21%
)
b) Industrie c 46%
)

145 PNUD (2019) Rapport sur le développement humain 2019 Au-delà des revenus, des moyennes et du temps présent : les inégalités de développement humain au XXIe
siècle, Burkina Faso. New York, États-Unis.
146 Ministère de l’économie, des finances et du développement (2019). Annuaire statistique de l’économie et des finances 2018. Ouagadougou, Burkina Faso.
147 Ministère de l’économie, des finances et du développement (2019). Annuaire statistique de l’économie et des finances 2018. Ouagadougou, Burkina Faso.

39
c) Services d 13%
)
d) Impôts et taxe
4. Répétition de l’emploi par secteurs
d’activités en pourcentage 20
14
a) Agriculture a 29,9%148
)
b) Industrie b 31,1%
)
c) Services c 17,7%
)
d) Commerce d 21,3%
)
5. Pauvreté monétaire
Total 40,1%149 20
14
Répartition de incidence de la
pauvreté
selon
a) Rural a) 47, 5%
b) Urbain b) 13,7%
6. Indice de Gini 20
a) Disparités des revenues en 35,5%150 14
pourcentage
7. Sécurité alimentaire: malnutrition des 3,2%151 20
enfants de moins de 5 ans 14
8. Violence faite aux femmes 20%152 20
10

148 INSD (2015d). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014 : Emploi et chômage. Ouagadougou, Burkina Faso.
149 INSD (2015e). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014 : Profil de pauvreté et d’inégalités. Ouagadougou, Burkina Faso.
150 https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/SI.POV.GINI?locations=BF
151 INSD (2015e). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014: Profil de pauvreté et d’inégalités. Ouagadougou, Burkina Faso.
152 Ministère de l’économie et des finances (2012). Enquête Démographique et de Santé et à Indicateurs Multiples (EDSBF-MICS IV) 2010. Ouagadougou, Burkina.

40
9. Attitude favorable à la violence
conjugale envers les femmes
Femmes et Hommes 43,5% et 33,4%153 2010
10. Taux d’alphabétisation des adultes 2014
(adultes de 15 à 24 ans)
a) Total a) 49,9%154
b) Femmes et Hommes b) 43,8% vs 56,8%
11. Ratio médecin-population 12000155 2018
12. Ratio infirmier-population 3281156 2018

Source: PNUD (2019); Ministère de l’économie, des finances et du développement (2019) ;


INSD (2015b) ; INSD (2015d). INSD (2015e) ; Ministère de l’économie et des finances (2012) ; Ministèrede la santé (2019) ; Banque mondiale (2020).

Annexe 2. Indicateurs relatifs aux conditions sociales préexistantes à lapandémie de la Covid-19


Tableau A2.1. Structure de l’emploi: population de plus de 15 ans en emploi
Indicateurs157

hommes
femmes
Total
Type de travail
Emploi salarial (total) (2020) 13,1 9,8 15,5
Auto-emploi (2020) 86,9 90,2 84,5
Contribution du travail de la famille (2020)
Non-agricole 39,7 52 30,3
Agricole
Travailleurs et travailleuses temporaires
Apprentissage non rémunéré (2010) 89,8 89,6 90

153 Ibid.
154 INSD (2015b). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014 : Alphabétisation et scolarisation. Ouagadougou, Burkina Faso.
155 Ministère de la santé (2019). Annuaire statistique 2018. Ouagadougou, Burkina Faso.
156 Ibid.
157 data.worldbank.org/indicator.

41
Travailleurs et travailleuses domestiques
Participation au marché du travail, (15 ans et plus (%) (2018)) 37,9 53

44,9
Emploi précaire, 15ans et plus (%) (2020) 90 84

86
Total
Source: data.worldbank.org/indicator, accessed September 2020.

Tableau A2.2. Programmes de protection sociale


Nature du programme Description Types de Nombre de Modifications depuis
(brève) bénéficiaire bénéficiaires la COVID-19
s
Plan stratégique Il vise à renforcer l’application des Personnes âgé 50 000 Non évaluée
de textes es personnes
santé des en faveur de la SPA ; la coordination (60ans et âgées
personnes des plus)
âgées 2016 - 2020 interventions de SPA et la
collaboration
des intervenants en la matière ; les
soins
préventifs, promotionnels et
réadaptatifs
au profit des personnes âgées ;
rendre
financièrement accessibles les
services
de santé aux personnes âgées ;
renforcer
les dispositifs de prise en charge des
PA
aux différents niveaux du système
de

42
santé ; améliorer la qualité des
prestations
en faveur de la SPA ; renforcer
les
méthodes de mesures, de surveillance
et
de la recherche sur la SPA
La convention Avec pour but de promouvoir la Personnes 100000 Non évaluée
relative non-
aux droits des discrimination et le respect de la dignité handicapées personnes
personnes
handicapees (CDPH) intrinsèque des personnes handicapées
handicapées, dont
des initiatives et des mesures sont prises 50 000
enfants
par le Gouvernement, les OPH et les bénéficient
d'une
Organisations non prise en
gouvernementales charge
(ONG). Elles portent sur l'information, la intégrée
sensibilisation et le
plaidoyer,
l’autonomisation par l’octroi de matériel
spécifique et de mobilité, de ressources
pour la réalisation d’activités
génératrices
de revenus (AGR) ainsi que
la
participation pleine et effective
des
personnes handicapées à la vie sociale
et politique.

43
Stratégie nationale de Elle a pour objectif d’accélérer 250 000 enfants Non évaluée
prévention l’élimination du mariage d’enfants sous
et en difficulté
d’élimination du mariage
toutes ses formes au Burkina Faso d’ici à bénéficient d'une
d’enfants 2016 - 2025 2025 à travers la prévention de toutes les prise en charge
formes de mariage d’enfants; la prise en intégrée
charge des victimes ; le renforcement du
dispositif national et la répression ; la
coordination et le suivi-évaluation de la
mise en œuvre de la stratégie
Plan stratégique santé Il a pour objectif de réduire la mortalité et les adolescents et les
des adolescents et des les morbidités chez les adolescents et les jeunes de 6 à 10 ans
jeunes 2015 – 2020 jeunes du Burkina Faso d’ici 2020 à et de 10 à 24 ans
travers : scolarisés ou non
• Promotion des comportements à scolarisés, du milieu
moindre risque (lutte contre le non formel et informel,
tabagisme, l’alcoolisme et les rapports selon l’existence de
sexuels à risque exposant aux IST et handicaps, du milieu
le VIH/SIDA, les grossesses non rural ou urbain
désirées, la consommation de enfants vivants dans
substances illicites…) la rue, des
• Renforcement de l’offre de soins et adolescents et des
des services de SRAJ de qualité jeunes travailleuses et
• Assurer la coordination et le travailleurs du sexe,
partenariat celles et ceux
• Renforcement du suivi, de l’évaluation travaillant dans les
et de la recherche sites aurifères, et du
• Renforcement du financement en statut des
faveur de la santé des adolescents et adolescent(e)s/jeunes
des jeunes Promotion d’un vivant avec le
environnement social et juridique VIH/SIDA.
favorable à la santé des adolescents
et des jeunes

44
• Mise en œuvre d’actions prioritaires
spécifiques à l’end
Stratégie nationale de Elle vise à renforcer le système national les enfants Non évaluée
protection de l’enfant de protection de l’enfant afin de garantir à
(SNPE) accompagnée l’horizon 2023 au Burkina Faso un
d’un plan d’action environnement institutionnel,
triennal (PAT) 2019-2023 communautaire et familial qui assure une
protection efficace des enfants.
Source : Burkina Faso (2011); Burkina Faso (2012); Ministère de la santé (2017); Présidence du Faso (2019).

Tableau A2.3158: Accès aux services de santé


Indicator Total (% of Sex Location Expenditure Quintile Disability
population) (poorest 20 %)
Female Male Rural Urban
Access to health facility (less 49.2 33.9 81 34.7
than 30 minutes)
Source: INSD (2015)

Annexe 3. Catégories de personnes susceptibles de bénéficier desmesures de soutien à la COVID-19 ou de


se conformer aux directives

Tableau A3.1. Eléments relatifs aux conditions de vie des ménages159


Indicateur Total Rural Urbain Quintile des depenses
(20 % les plus pauvres)
Utilise l’électricité 25,4% 9,3% 62,4% 4,9%
Paye les factures d’électricité 25,4% 4,9%
possède un robinet à la maison 15% 0,7% 51,1% 5,3%
Paye les factures d’eau 15% 0,7% 51,1%

158INSD (2015e). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014: Profil de pauvreté et d’inégalités. Ouagadougou, Burkina Faso
159INSD (2015e). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014: Profil de pauvreté et d’inégalités. Ouagadougou, Burkina Faso.
INSD (2015bc. Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014 : Habitat, assainissement Et accès à l’eau potable. Ouagadougou, Burkina Faso

45
Possède des toilettes privées NA NA NA NA
Partage les toilettes avec d’autres 49,5% 67,3% 7,8%
personnes
Pas de toilette 50,5% 32,7% 92,2%
Source: INSD (2015c; 2015e)

Tableau A3.2.160 Proportion de personnes âgées de 15 ans et plus qui utilisent des ordinateurspar sexe et milieu de résidence
Indicateurs Total (%) Femme Homme Urbain Rural
utilise un ordinateur 4,8% 3,1% 6,7% 15,6% 0,7%
possède et utilise un 64,3% 51,7% 79,4% 87% 55,8%
téléphone portable
Source: INSD (2015a)

Tableau A3.3. Mesures prises contre la COVID-19


Type de Bénéficiaires Conditions d’accès Catégories
mesures visés exclues
peu
susceptibles
d'en bénéficier
Protection Ménages Gratuité pour les clients dont la consommation est inférieure ou égale à 75kWh pour les
sociale clients 3 ampères et 50kWh pour les clients 5 ampères et 10 ampères
Annulation de la redevance pour les clients 3, 5 et 10 ampères.
Prime fixe pour les clients possédant un ampérage de 3,5 et 10 ampères
Annulation de toutes les taxes associées à la consommation d’électricité pour la même
tranche de clients
Annulation des pénalités de retard liées aux factures d'électricité
Prise en charge des factures d’eau de la tranche sociale de 0-8 m3, et la gratuité de la
consommation au niveau des bornes fontaines ;
Prise en charge des factures d’électricité pour les couches sociales utilisant des
branchements de 3 ampères monophasés ;
Ménages Réduction de 50% du prix des kits solaire SHS et des petits kits solaires dans le cadre
du projet Solar Home System pour les ménages vulnérables ;

160 INSD (2015a). Enquête multisectorielle continue (EMC) 2014 : Accès aux technologies de l’information et de la communication. Ouagadougou, Burkina Faso.

46
Prisonnières de remise totale de peines de 1207 prisonniers jugés et condamnés au regard de la
et prisonniers pandémie que vit le Burkina Faso
Rabattement des factures d’électricité de 50% pour les couches sociales utilisant des
branchements de 5 et 10 ampères monophasés ;
Annulation des pénalités sur les factures de la SONABEL et de l’ONEA ;
Réactivation des boutiques témoins de la SONAGESS ;
Sécurisation des stocks de produits de grande consommation, en concertation avec les
acteurs de la chaine d’approvisionnement et le contrôle économique renforcé des prix
sur le territoire national."
Stimulation Mise en place d’un fonds de relance économique des entreprises en difficultés d’un
de montant de 100 milliards FCFA ;
l’économie Entreprises Acquisition d’intrants agricoles et d’aliments pour bétail pour le soutien à la production
agricoles vivrière et pastorale, d’un montant de 30 milliards FCFA ;
Entreprise du Instauration d’un fonds de solidarité au profit des acteurs du secteur informel, en
secteur particulier pour les femmes, pour la relance des activités de commerce des légumes et
informel fruits, d’un montant de 5 milliards FCFA valable pour la période d’avril à juin 2020 ;
Recherche Recherche Financement de la recherche sur les maladies infectieuses et la production de
médicaments pour un montant de 15 milliards FCFA ;
Source: lefaso.net, dossier Covid-19

Annexe 4. Financements des réponses à la Covid 19


Tableau A4.1. Financement des mesures contre la COVID-19 (en milliers de francs CFA)
Domaine Budget Annonce de contribution Total
total BE OMS Fonds Banque PNUD GAVI CDC Unicef Ambas AFN OOAS BMGF
Mondial Mondiale sade de ET
France /CDC
Coordination 1 145 330 100 000 33 000 58 000 40 000 231 000
Communication 683 307, 4 250 000 50 000 0 58 000 358 000
Surveillance 169 363, 7 15 495 58 711 20 000 0 5 800 100 006
Points d'entrée 3 014 322 157 500 157 500
EIR 46 946 0 0
Logistique 5 938 065, 9 150 000 1 202 800 2 129 797, 9 0 116 000 36 077,6 30 000 3 664 675,
5
PCI 343 867, 1 6 571 890 7 461

47
Prise en charge 343 718, 5 0 0
des cas
Sécurité 2 356, 5 0 0

Laboratoire 265 331, 3 20 914, 8 204 000 39 352, 9 789 265 056,7
Recherche 2 375, 8 0
11 954 984,2 500 000 15 495 1 321 996,8 2 561 297, 9 58 000 39 352,9 1 679 174 000 36 077, 6 5 800 30 000 40 000 4 783 699,
2
Déblocage effectif 500 000 15 495 349 984, 1 1 679 5 800 40 000 912 958, 1

Annonce ferme 0 0 2 211 313, 7 58 000 39 352,9 174 0000 36 077, 6 2 518 744,
2
Total 3 431 702,
4
Source: Excerpt from the revised Covid-19 pandemic preparedness and response plan for Burkina Faso; Ministry of Health, 202

Tableau A4.2. Dons en nature pour le soutien aux mesures contre la COVID-19
Acteurs Nature de l’intervention
Société minière Rivestone Karma 100 cartons de savons, 50 cartons de masques, 25 cartons de 45 cl de gel, 30 cartons d’eau de javel,
10 dispositifs de lavage des mains
jeunes du secteur 53 de Ouagadougou 300 cache-nez, 300 flacons de gel hydro alcoolique, 400 gants et des lave-mains
Société de confiserie et biscuiterie 300 casques renforcés, un concentreur d’oxygène, 75 kits de protection individuelle, 9.000 Charlottes
(COBIFA) et de bien d’autres matériels
Assemblée nationale 60 000 masques et 3 000 combinaisons
Parti politique Alliance pour la démocratie 1000 gants, 1000 cache-nez, 250 litres de gel hydro-alcoolique, 100 kits complets de lave-mains, l’eau
et la fédération/rassemblement de javel, 100 sceaux, le don a été reçu,
démocratique africain (ADF/RDA)
Fondation SEMAFO des tonnes de riz, des bidons d’huiles, des gels hydro alcooliques, des lave-mains ; des masques et
des tee-shirts
Parti politique Union pour le progrès et le gel hydro-alcooliques, d’eau de javel, de masques de protection (cache-nez), de savon liquide et de
changement (UPC) dispositifs de lavage de mains.
Conseil municipal et Délégation consulaire 200 tonnes de riz de la part de la Chambre consulaire des Hauts-Bassins ; 50 tonnes de riz, 100 lave-
des Hauts-Bassins mains, du gel hydroalcoolique, du savon liquide, des masques de protection, des thermo-flash
Organisation Ouest-africaine de la Santé 24 000 comprimés de Chloroquine, de 80 000 gélules d’Azithromycine et de 400 équipements de
(OOAS) protection individuelle (EPI)
Société minière Roxgold équipement biomédicaux et de matériel de désinfection individuelle et collective

48
Fonds d’équipement des Nations unies 30 tablettes, 2 postes téléviseurs, 10 ordinateurs portables, 4 onduleurs, 6 disques dures externes et
(UNCDF) 6 prises électriques pour la plateforme de supervision sur la propagation et la gestion du Covid-19.
Union provinciale des jeunes du parti, le dix bouteilles d’oxygène médical
Mouvement du peuple pour le progrès
(MPP/Houet)
Organisation pour le secours humanitaire un panier constitué de savons solides, de gel désinfectant et de cache-nez pour les familles et un
(OSEH) dispositif pour le lavage des mains aux lieux publics.
Communauté islamique Ahmadiyya campagne de sensibilisation des populations et don de solutions hydro-alcooliques, du savon liquide,
des masques aux citoyens et usagers.de
Programme BRAVO de la communauté de 225 kits complets de lave-mains, du savon, du gel hydro-alcoolique, des cache-nez, et des bidons
Sant ‘Egidio d’eau de javel
Secteur structuré du Mouvement du peuple gel hydroalcoolique, d’extincteurs, de cache-nez, de lave-mains et d’eau de javel
pour le progrès (MPP)
Eglise des Assemblées de Dieu trois tonnes de riz, deux tonnes de maïs, 500 masques, cinq laves mains de 60 litres, dix bidons de
cinq litres de solution hydro alcoolique et vingt cartons de savon.
Société China Yunhong Holdings médicaments et de matériel de protection médicale
Association libano-burkinabè Alsadeq 12 tonnes de riz, de 200 sacs de spaghetti et de 100 cartons de savon hygiénique
Association Bâtir Le Ganzourgou 100 laves mains, 100 cartons de boules de savon, 4 cartons de 24 gels hydro- alcoolique
pharmaderme et 2 cartons de gants médicaux pour lutter contre la propagation du Covid-19. Un
aspirateur pédiatrique, un pèse bébé, de kits de perfusions, de maternité et solutés (Glucosé ; Salé ;
Ringerlactaté).
SAPHYTO (Société Africaine De Produits désinfection et remise de dix lave-mains, 400 litres d’eau de javel, dix équipements (combinaisons,
Phytosanitaires Et D’insecticides) gants, bottes, masques), dix cartons de savon et dix pulvérisateurs
Mégamonde du riz et du sucrees gels hydro alcooliques, des gants et des masques
Coordination Des Forces Vives Du Sourou cartons de savon, de dispositifs de lave-mains, de plusieurs milliers de gants de protection médicale,
de gel hydro-alcoolique, des thermomètres, de bavettes
Coordination Des Forces Vives Du Sourou dix tonnes de riz
Parti Nouveau Temps Pour La Démocratie 30 kits de lave-mains, 30 cartons de savon et 200 mille cache-nez
(NTD)
Poé Naaba une tonne de riz, une tonne de maïs, deux-cent litres de savon liquide parfumé, cinq cartons de savons
en boules, et deux cartons de gel hydro alcoolique.
Ressortissants De La Commune De Yaba, 28 masques-écrans anti-postillons, de 96 flacons de solution et de gel hydroalcoolique, de neuf
Dans La Province Du Nayala dispositifs de lave-mains, de gants, de 11 cartons de savon
Qatar Charity Et ADM de gel hydroalcoolique, du savon, des masques, des thermomètres et des gants

49
Organisation Ouest-Africaine De La Santé 5000 kits de prélèvements
(OOAS)
L’organisation Dupont Pour Le 500 masques, 600 petits bidons de gel hydroalcoolique, 300 boules de savon, quinze kits de lave-
Développement Social (ODDS) mains
Commune De Ouagadougou 20 kilogrammes de riz
Brasserie du Burkina Dix cartons de gel hydro alcoolique, trente cartons de savon CITEC, deux cent sacs de riz local, soit
cinq tonnes et des dispositifs de lavage des mains au nombre de cinquante
Brasserie du Burkina 200 boites de masques antibactériens, 50 boîtes de bavettes, 15 thermomètres flash, 200 EPI pour
personnel de santé et 50 dispositifs de lavage des mains.
Société minière Wahgnion Gold Operations Camp d’exploration composé de 40 chambres individuelles climatisées avec des douches et des
(WGO) toilettes individuelles ; un bureau central composé de deux salles de réunion, de magasin et de
chambres pour le personnel soignant ; d’un groupe électrogène d’une capacité de 150 kVa qui sera
entièrement maintenu par un prestataire de la mine et de six poly tanks de 10 000 litres chacun avec
surpresseur.
Brasserie du Burkina 400 boîtes de masques chirurgicaux, 60 bottes, 500 paquets de Gans d’examen, 108 cartons de gel
hydro alcoolique et 5 palettes d’eau lafi, soit 1440 bouteilles de 0,5 litre et 2496 bouteilles de 1,5 litre
SYNATRAD 30 lave-mains à pédales, de 1080 bouteilles de gel hydro-alcoolique de 500 ml, de 5000 cache-nez et
de 10 000 paires de gants à l’administration douanière.
Fondation islamique Ben-Mass-Houd 12 cartons de gel hydroalcoolique, 10 cartons de cache-nez et 10 cartons de papiers lotus
Mouvement Agir Ensemble pour le Burkina Des gants, bavettes (cache-nez) et des gels hydroalcooliques
Cimenterie Ciments de l’Afrique (CIMAF) gel hydro-alcoolique
Section provinciale du Houet de l’Union 30 cartons de savon et de 1 000 masques sanitaires
pour le progrès et le changement
(UPC/Houet)
Association Zood-Yinga, qui regroupe les gel hydroalcoolique, des gants, de l’eau de javel et des outils de lavage des mains
Burkinabè de la région parisienne,
Investisseurs sans frontières (ISAF) et 21 000 masques
TOVIO
Conseil régional du Centre 2210 masques, 250 flacons de gel hydroalcoolique, 7 dispositifs de lave-main, 20 cartons de 40 boules
de savon et 30 flacons d’un litre de savon liquide.
Membres de la Communauté Sant’Egidio une cinquantaine de masques
de Ouagadougou

50
Syndicats affiliés à l’Union internationale de gel hydro-alcoolique, de savon, de masques en tissu et de dispositifs de lavage de mains.
des travailleurs de l’agriculture, de
l’hôtellerie-restauration, du tabac et des
branches connexes (UITA)
ONG Plan international Burkina Faso 24 lits et 24 matelas, des médicaments, 200 équipements de protection individuelle, 2 000 masques,
20 blouses, 80 thermomètres laser, 250 thermomètres électroniques, 20 tensiomètres électriques et
200 flacons de 500 ml de gel hydro-alcoolique.
Coopération suisse 45 thermomètres lasers, 21 000 cache-nez médicaux, 2 900 flacons de gel hydro-alcoolique, 290
boîtes de gants d’examen, 100 blouses de protection ainsi que 580 cartons de savon et 580 dispositifs
de lave-main
Mine Essakane vivres
Coris Méso Finance 20 tonnes de riz
Cadres MPP du Sud-Ouest 150 dispositifs de lave-mains, 5000 masques, 500 flacons de gel hydro-alcoolique, 50 cartons de
savons, 50 cartons de gants à usage unique, 10 traitements d’hydroxy chloroquine/Azythromicine
L’Association des Burkinabè de New York vivres composés de riz, d’huile, de couscous, de sucre et d’oignons, un lot de masques
Coopération allemande 15 équipements et de matériels biomédicaux dont notamment de masques de protection faciale, de
thermomètres infrarouges, du gel hydroalcoolique, des gants, des équipements de protection
individuelle, des matelas médicaux, des bancs, des dispositifs de lavage de mains, etc
Union européenne (UE), le Groupement 15 000 masques de protection conformes aux normes internationales
d’intérêt économique Commerce et
artisanat pour le bien-être social (GIE
CABES) et l’International trade center(ITC),
à travers le projet « Mode éthique »
Ecole privée d’enseignement supérieure à des masques/cache-nez et du gel hydroalcoolique
distance, communément appelée « Ecole
en direct » (EDE)
Le Catholic Relief Service 2 kits de lavage de mains, 380 flacons de solutions hydro-alcoolique, 450 paquets de gants et 18
thermo-flashs
Groupe allemand SysAid 4 000 masques médicaux à usage unique, 60 sacs de riz, 60 sacs de maïs, 40 sacs de macaroni, 20
sacs d’oignons, 25 cartons de savons, quinze cartons de sucre, 200 boîtes de lait, cinq sacs de sel et
30 sacs de couches pour bébé
Société CIMAF 20 lave-mains et de 120 cartons de savon

51
Conseil supérieur de la communication 25 lave-mains, 50 savons liquides de 500 ml, 50 paquets de papiers-mouchoirs, 100 solutions
(CSC) hydroalcooliques de 250 ml, 40 gels hydroalcooliques de 300 ml, 30 paquets de 100 gants, 60 paquets
de 50 cache-nez médicaux
Conseil national du patronat burkinabè 80 dispositifs de lavage des mains, de 80 cartons de 24 flacons de gel hydroalcoolique et de 80 cartons
de 50 bavettes chirurgicales
UNICEF Burkina 15 concentrateurs d’oxygène, de 15 500 masques FFP2 et 280 thermomètres flash
SUPERNOVA Santé Navale 3500 masques de protection réutilisables
24e promotion des étudiants en 6e année 150 bidons de 500 ml de savon liquide et 2 cartons de savon SN-Citec
en pharmacie de l’Université Joseph Ki
Zerbo
Nestlé Burkina 400 sceaux, 400 serpillères, 400 sachets d’un kilogramme de lessive en poudre, 400 bidons d’un litre
d’eau de javel et 40 cartons de savon
Anciens élèves du lycée provincial du 106 lave-mains, 58 cartons de savon, cinq cartons de gel hydroalcoolique et dix bidons de solution
Nayala hydroalcoolique
Source: lefaso.net, dossier Covid-19

Tableau A4.3. Innovations émergeant de la lutte contre la Covid 19 au Burkina Faso


Nature de Description de l’innovation Secteur
l’innovation
Lave-main un système de lavage des mains à pédale Hygiène et
santé
Logiciel DMS, un logiciel de gestion des officines facilitant la traçabilité des données Santé
Plateforme Mondjossi », une plateforme de mise en relation d’usagers avec le corps médical Santé
Application ePresc (https://epresc.care/) est une application (web/mobile) dédiée à la gestion numérique de l’information Santé
médicale des patients sur la vie entière et sur toute la trajectoire des soins.
Télé enseignement Télé-enseignement Santé
Respirateur Respirateur artificiel made in Burkina. Santé
Application unifiée héberge. Il s’agit des applications mobiles « DiagnoseMe Santé
Source: lefaso.net, dossier Covid-19

52
Tableau A4.4. Financement des mesures contre la Covid 19 provenant d’acteurs non étatiques (en milliers de FCFA)
Source Description de Secteurs bénéficiaires
l’aide
Mégamonde 10 000 CHU de Tengandogo pour la prise en charge des malades du
COVID-19
UBA (United Bank For Africa) 88 000 Etat burkinabè (Financement du plan national de riposte)
LONAB 250 000 Ministère de la Santé
P-DG de Baiwa Trading, une société Burkinabè basée en Chine 6 000 Ministère de la Santé
TM Diffusion 30 000 Ministère de la Santé
Fondation SEMAFO 5 000 Santé/ Direction générale de la santé de la boucle du Mouhoun
Chambre des mines du Burkina 200 000 Etat burkinabè (Financement du plan national de riposte)
Société China Yunhong Holdings 200 000 Ministère de la santé
Ordre des notaires du Burkina Faso 3 000 Ministère de la Santé
SAPHYTO (Société africaine de produits phytosanitaires et 2 000 Ministère de la santé
d’insecticides)
Société Diamond 10 000 Ministère de la santé
Cimenterie Ciments de l’Afrique (CIMAF) 20 000 Etat burkinabè (Financement du plan national de riposte)
Société Nationale d’Assurance et de Réassurance 25 000 Ministère de la santé
Saham Assurance 30 000 Ministère de la santé
Artiste américain Joseph Thomson 1 000 Ministère de la santé
Conseil national du patronat burkinabè 129 350 Ministère de la santé
Projet Energie et croissance économique durable dans la Boucle 25 000 Ministère de la santé
du Mouhoun (ECED-Mouhoun)
Association jeunesse espoir de Tibga (AJET) 150 Ministère de la Santé
Conseil des opérateurs économiques burkinabè en Côte d’Ivoire 5 051 Ministère de la santé
(COEBCI)
Brasserie du Burkina Faso (BRAKINA) 250 000 Direction régionale de la santé de la Boucle du Mouhoun
Amicale des anciens élèves du lycée Song-Taaba 100 Au service de l'action sociale pour le recensement des
personnes vulnérables dans la commune
Société minière Roxgold Sanu 2 000 A la Représentation diplomatique et consulaire burkinabè en
Côte d’Ivoire pour le Ministère de la santé burkinabè
Entreprise Argile santé 500 Etat : Ministère du commerce, de l’industrie et de l’artisanat
(MCIA)

53
Assemblée nationale 456 229,6 Ministère de la santé
Chambre des Mines du Burkina 15 000 Comité régional de riposte au Covid-19 Boucle du Mouhoun
Chambre des mines de Burkina 10 000 acteurs du ministère de la Santé
Plan International 29 700 CORUS (Centre des opérations de réponse aux urgences
sanitaires)
Ressortissants du Passoré 2 000 Centre national de la recherche scientifique et technologique
(CNRST) et ses démembrements
UEMOA 500 000 Laboratoires d’analyse et de dépistage du CORUS.
Endeavour Mining 350 000 330 familles vulnérables dans les cinq districts sanitaires de
Ouagadougou : Baskuy, Bogodogo, Boulmiougou, Nongr-
massom et Sig-nonghin
Total 2 655 080,6
Source: lefaso.net, dossier Covid-19, Juillet-decembre 2020.

Tableau A4.5. Citoyenneté et gouvernance dans la lutte contre la Covid 19 au Burkina Faso : mesures étatiques (niveaux central et
déconcentrés)
Intervention Description But

Mesure de Fermeture des établissements (scolaires, primaires, post primaires, secondaires, supérieurs, universitaires Mesures barrières
distanciation et professionnels) du 16 au 31 mars 2020, sur toute l’entendue du territoire national
Physique et sociale restriction dans les célébrations de mariages civils: 40 personnes- pas de cortège Mesures barrières
Interdiction de l’accès au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) aux visiteurs Mesures barrières
Mesure de Interdiction de tout regroupement de plus de 50 personnes/ les mesures de restrictions concernant les Mesures barrières
distanciation débits de boissons, les salles de cinéma, de jeux et de spectacles, les marchés et yaars, les restaurants,
Physique et sociale seront prises par les autorités compétentes ;
Instauration d’un couvre-feu de 19h00 à 5h00 du matin, sur toute l’étendue du territoire, pour compter du Mesures barrières
21 mars 2020 à minuit.
Fermeture des aéroports de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso, aux vols commerciaux, pour une durée Mesures barrières
de deux semaines, renouvelable, à compter du 21 mars 2020 à minuit, excepté pour les vols intérieurs et
militaires et le fret
Fermeture des frontières terrestres et ferroviaires, pour une durée de deux semaines, renouvelable, à Mesures barrières
compter du 21 mars 2020 à minuit, à l’exception du fret
Suspension immédiate des opérations d’enrôlement biométrique ; Mesures barrières
Suspension immédiate des opérations spéciales de délivrance de cartes nationales d’identité burkinabè. Mesures barrières

54
Application des mesures d’hygiène dans tous les lieux publics et privés, doit être stricte. Mesures barrières
annonce la fermeture de 36 marchés et marchés itinérants à compter 26 mars 2020 Mesures barrières
Déclaration de l'’état d’alerte sanitaire/ confinement des villes touchées Mesures barrières
décision de remise totale de peines de 1207 prisonniers jugés et condamnés au regard de la pandémie Mesures barrières
que vit le Burkina Faso
Prise en charge et Réquisition de l’hôpital de Tengandgo pour l’hospitalisation des malades souffrant de la Covid-19. Mesures barrières
prévention annonce sur deux essais cliniques : un à base de Chloroquine, l’autre avec des médicaments issus des Recherche
plantes.
mise en quarantaine de toutes villes touchées par le virus à partir du 27 mars 2020 Mesures barrières
Message rassurant la prise de mesures d’accompagnement socio-économiques Protection sociale
confinement à partir du 1er avril 2020 et ce jusqu’à nouvel ordre Mesures barrières
Désinfection du grand marché de Rood-Wooko Mesures barrières
rencontre de concertation avec les acteurs de l’économie informelle et des associations de commerçants Economie
des marchés et Yaars, en vue de proposer des voies et moyens d’ouvrir les infrastructures commerçantes
Test du coronavirus avant de commencer le stage militaire des Enarques Mesures barrières
Un premier centre d’isolement inauguré pour les malades du Covid-19 Prise en charge
sanitaire
Ouverture du dépistage à la Covid-19 aux personnes volontaires Mesures barrières

55
Soutien aux 1. Remise automatique des pénalités et amendes exigibles ; Soutien à l’économie
secteurs sociaux et 2. Suspension des opérations de contrôle sur place à l’exception de cas avérés de fraudes ;
économiques 3. Exemption de la contribution des micro-entreprises du secteur informel ;
4. Exonération de la TVA sur la vente des produits utilisés dans le cadre de la lutte conte le COVID-19 ;
5. Exonération des taxes et droits de douane sur les produits pharmaceutiques, les consommables
médicaux et équipements entrant dans le cadre de la lutte contre le coronavirus ;
6. Report de la date limite de paiement de la taxe sur les véhicules à fin juin 2020 ;
7. Délivrance des attestations de situation fiscale aux entreprises non en règle de leurs obligations fiscales
jusqu’au 30 juin 2020
8. Suspension de la Taxe patronale d’apprentissage (TPA) sur les salaires au profit des entreprises du
secteur du transport des personnes et de l’Hôtellerie
9. Suspension des poursuites en matière de recouvrement des créances fiscales et de la perception du
minimum forfaitaire pour les Établissements relevant du secteur du Transport des personnes, de
l’Hôtellerie, de la Restauration et du Tourisme ;
10. Réduction de 25% de la patente au profit des Entreprises du secteur du Transport des personnes, de
l’Hôtellerie et du Tourisme. Les entreprises ayant déjà payé la patente pourront opter pour une
compensation avec les autres impôts locaux ;
11. Application d’un taux réduit de TVA de 10% au secteur de l’Hôtellerie et de la Restauration ;
12. Suppression des charges et taxes imposables à l’organisation des activités culturelles ;
13. Annulation des pénalités de retard dans l’exécution des marchés publics au niveau de l’Etat central et
des collectivités territoriales ;
14. Remises d’impôts directs dans le cadre d’un examen individualisé des demandes et ce, pour les cas
extrêmes.
1. Utilisation de la subvention de l’Etat à la presse privée au titre de l’année 2020 et des crédits disponibles Soutien au secteur
au titre du Fonds d’appui à la presse privée pour accompagner le secteur ; de la culture
2. Réduction de 50% au titre de l’année 2020, du paiement de la redevance TNT pour les télévisions et
des redevances ARCEP pour les organes de presse de radiodiffusion.

56
1. Mise en place d’un fonds de relance économique des entreprises en difficultés d’un montant de 100 Relance de
milliards FCFA ; l’économie
2. L’acquisition d’intrants agricoles et d’aliments pour bétail pour le soutien à la production vivrière et
pastorale, d’un montant de 30 milliards FCFA ;
3. Instauration d’un fonds de solidarité au profit des acteurs du secteur informel, en particulier pour les
femmes, pour la relance des activités de commerce des légumes et fruits, d’un montant de 5 milliards
FCFA ;
4. Financement de la recherche sur les maladies infectieuses et la production de médicaments pour un
montant de 15 milliards FCFA ;
5. Poursuite du règlement de la dette intérieure.
1. Prise en charge des factures d’eau de la tranche sociale, et la gratuité de la consommation au niveau Protection sociale
des bornes fontaines ;
2. Prise en charge des factures d’électricité pour les couches sociales utilisant des branchements de 3
ampères monophasés ;
3. Rabattement des factures d’électricité de 50% pour les couches sociales utilisant des branchements de
5 et 10 ampères monophasés ;
4. Annulation des pénalités sur les factures de la SONABEL et de l’ONEA ;
5. Réduction de 50% du coût des kits solaires dans le cadre du projet Solar Home System pour les
ménages vulnérables ;
6. Réactivation des boutiques témoins de la SONAGESS ;
7. Sécurisation des stocks de produits de grande consommation, en concertation avec les acteurs de la
chaine d’approvisionnement et le contrôle économique renforcé des prix sur le territoire national.
1. Suspension des loyers; Soutien aux acteurs
2. Suspension des droits; de l’économie
3. Prise en charge des factures d’eau et d’électricité ; informel
4. Prise en charge des frais de gardiennage ;
5. Don de vivres aux personnes vulnérables des marchés et Yaars fermés à travers leurs faîtières ;
6. Gratuité du stationnement pour les taxis.
prise en charge des factures de la tranche sociale de consommation supérieure ou égale à 8 m3 et
gratuité au niveau des bornes fontaines et annulation des pénalités liées aux factures

57
Cession de salaire des membres du gouvernement : le président du Faso six (06) mois de son salaire, le Soutien social
Premier ministre (04) mois, les ministres d’Etat deux (02) et tous les autres ministres (01) mois de salaire.
Adoption d’un plan de riposte pour la continuité éducative dans le contexte du Covid-19 Education
transferts monétaires de 20 000 francs CFA par mois, pendant trois mois à 43000 personnes vulnérable Protection sociale
désignées selon les critères des filets sociaux
Relancer l’économie nationale à travers le financement des entreprises : plan de relance de l'économie de Relance de
100 milliards de FCFA l’économie
examen d'un plan de riposte pour prendre en compte les questions économiques et sociales
Recherche Point des essais cliniques en cours dans la lutte contre la CIVID-19 Recherche
Formation Communiqué rappelant le maintien du couvre-feu en vigueur de 19 heures à 5 heures sur l’ensemble du Mesures barrières
Information et territoire national jusqu’ à nouvel ordre
sensibilisation Sensibilisation de proximité sur des risques de résurgences de nouveaux cas par les autorités sanitaires Mesures barrières
Session de formation des opérateurs du centre d’appel 3535 en communication Mesures barrières
formation des opérateurs téléphoniques du centre d’appel 3535 en communication efficace dans le cadre Mesures barrières
de la riposte au Covid-19
Mensualisation du point de presse gouvernemental sur la Covid 19 (qui était hebdomadaire)
Rendre compte à la population de sa gestion de la Covid-19 par le Gouvernement Mesures barrières
une formation au profit des acteurs du système sanitaire à la communication des risques et à Mesures barrières
l’engagement communautaire
Remobiliser la Nation entière pour intensifier la riposte face à la Covid-19 et apprendre à vivre avec Mesures barrières
Législation Décret réaménageant le couvre-feu de 21 heures à 4 heures à partir du lundi 20 avril
Décret maintenant certaines mesures restrictives telles que : la fermeture des aéroports de Ouagadougou Mesures barrières
et de Bobo Dioulasso aux vols commerciaux; fermetures des frontières terrestre et ferroviaires;
l'interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes
Autorisation de ratification de la loi portant création de l’Agence africaine des médicaments
Maintien de l'état d'alerte sanitaire Mesures barrières
Obligation du port des masques ou cache-nez à partir du 27 avril 2020 Mesures barrières
réouvertures des aéroports de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso aux vols commerciaux/ Obligation aux Continuité des
voyageurs de disposer d'un test négatif au covid-19, datant d’au plus de cinq jours activités
internationales
Source: lefaso.net, dossier Covid-19

58
Tableau A4.6. Citoyenneté et gouvernance (autorités communautaires et religieuses)
Intervention Description But
Fermeture des lieux de cultes Mesure de suspension de l’activité religieuse exigeant un rassemblement, prise Barrière à la pandémie
en concertation avec les autorités religieuses musulmane, catholique et
protestante
Mise en œuvre des mesures Relais du gouvernement pour favoriser le respect des mesures barrières après Barrière à la pandémie
barrières dans les lieux de cultes l’ouverture des lieux de cultes
Contribution financière et matériel à Contribution citoyenne des communautés religieuses à la lutte contre la Mesure sociale
la lutte contre la COVID-19 pandémie, dons en vivre et matériel de protection.
Source: lefaso.net, dossier Covid-19

59

Vous aimerez peut-être aussi