La Stratégie D'afrique
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d’action consolidé avec d’autres stratégies et cadres l’intégration des perspectives plus élargies au moyen
continentaux. de consultations avec, entre autres le secteur public,
le secteur privé, les instituts d’enseignement et de
Le panel de haut niveau a mis au point la Stratégie de recherche, la société civile, les CER, l’AMCOST, ainsi
l’Union africaine sur les STI comme successeur du Plan que d’autres forums régionaux et internationaux. Les
d’action consolidé en tenant compte des conclusions réalisations et les leçons apprises de la mise en œuvre
de l’examen du Plan d’action consolidé (Figure 2) du Plan d’action consolidé (Annexe 1) ont servi de base
et des tendances actuelles de développement sur pour l’élaboration de la Stratégie actuelle.
le continent. Dans l’élaboration de la STISA-2024,
Plan d’Action
Consolidé
Le Plan d’action consolidé a été conçu sur trois piliers conceptuels interdépendants, à savoir le
renforcement des capacités en matière de science, de technologie et d’innovation, la production de la
connaissance et l’innovation technologique. Ces éléments font partie des conditions préalables d’une
mise en œuvre réussie de la STISA-2024.
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1.3 Analyse de situation (état des lieux)
La mise en œuvre du Plan d’action consolidé a influé de la recherche et du développement (dont plus de la
sur le rôle que la science, la technologie et l’innovation moitié est financée par la communauté internationale)
jouent dans le développement socioéconomique constitue un handicap stratégique pour l’Afrique..
de l’Afrique. Ces influences se sont traduites en La plupart des activités des STI ne sont pas durables
instruments politiques à divers niveaux pour réaliser étant donné qu’elles reposent sur des financements
des objectifs de transformation et d’émancipation au de projet à court terme souvent liés aux ateliers et aux
moyen de la création d’institutions et de mise en œuvre consultations. D’importants aspects de l’élaboration des
de programmes. politiques des STI tels que la mise en place de données
de référence comparables, le suivi et l’évaluation
L’analyse de la situation des STI en Afrique telle que ne sont pas budgétisés et par conséquent la plupart
résumée ci-dessous repose sur les éléments fournis par
les enquêtes conduites sur la formulation de politiques
scientifiques, technologiques et d’innovation en Afrique
: il s’agit d’une évaluation des besoins et des priorités en
termes de capacité , et l’analyse de l’environnement qui
a appuyé l’examen du Plan d’action consolidé.
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politiques, leurs réalisations institutionnelles ne l’utilisation des connaissances autochtones africaines
peuvent pas être très fiables. pour appuyer la croissance économique durable, éclairer
les consciences afin qu’elles comprennent la pertinence
d) Infrastructure d’appui à l’innovation. Se préparer et l’importance des STI. Bien que ces organisations de la
à appuyer l’innovation et à faciliter les activités société civile et ces groupes de réflexion contribuent au
économiques nécessite des infrastructures à débat politique sur les STI dans les domaines tels que la
l’égard de l’accès à l’internet à large bande, des biosécurité, le changement climatique, la biodiversité,
services élémentaires de télécommunication, les règlementations environnementales et les TIC, la
l’approvisionnement fiable en électricité, en eau, plupart de ces contributions ne sont pas étayées par
de bons réseaux de transport, des équipements de des preuves.
laboratoire et des systèmes fiscaux harmonisés afin
de soutenir l’innovation dans le secteur privé. Le g) Coopération bilatérale et multilatérale. Les
programme de l’Union africaine sur le développement partenariats bilatéraux et multilatéraux ont contribué à
des infrastructures en Afrique (PIDA) a révélé différents l’élaboration de stratégies en matière de STI en Afrique
niveaux de préparation des infrastructures capables (par exemple la stratégie conjointe Europe-Union
d’épauler l’innovation dans les économies africaines. africaine, les initiatives scientifiques et technologiques
Cela se traduit également par les performances Inde-Afrique et le partenariat Chine-Afrique en matière
médiocres de l’Afrique quant aux principaux indices de science et de technologie). Cependant, la plupart de
ou classements tels que les principales universités ces interventions et des mécanismes de coopération ne
dans le monde, l’indice de compétitivité, etc. sont pas adéquatement conçus pour être en mesure de
promouvoir l’appropriation africaine, la responsabilité
e) Expertise inadéquate dans l’élaboration des et la durabilité.
politiques en matière de STI. La plupart des responsables
impliqués dans l’élaboration des documents de politique h) Production scientifique. L’Afrique connait un regain
ne possèdent ni les compétences ni la formation de publications scientifiques et d’acquisition de biens
nécessaires à l’élaboration de politiques fondées sur d’équipement. Par exemple, le nombre de publications
des faits avérés, encore moins l’expérience nécessaire. scientifiques en Tunisie a décuplé entre 1990 et 2010
Par ailleurs, dans la plupart des pays, les institutions tandis que l’Ouganda a enregistré une croissance de
responsables des politiques en matière de STI ne plus de 1200 % au cours de la même période. Environ
disposent pas de bibliothèques appropriées et n’ont 18 pays africains ont quadruplé les importations de
pas accès aux sources d’information adéquates à la biens d’équipements entre 2000 et 2011. Cette hausse
formulation de politiques. Les pays africains élaborent fulgurante en acquisition technologique et en nombre
très rarement des politiques factuelles. de communications scientifiques publiées s’explique
par les facteurs suivants : des investissements constants
f) Émergence des organisations de la société civile dans les STI, l’expansion des institutions de recherche
africaine et des groupes de réflexion dédiés à la et de développement et le soutien politique.
sensibilisation sur les STI. Les organisations de la
société civile et les groupes de réflexion encouragent
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1.4 Justification
La STISA-2024 a été élaborée à une période capitale établir un lien entre les résultats obtenus dans le
pendant laquelle l’Union africaine élaborait son Agenda cadre de la mise en œuvre du Plan d’action consolidé
2063. L’Agenda 2063 reconnaît la science, la technologie et les opportunités actuelles et futures gages de la
et l’innovation comme les moteurs et catalyseurs clés reconnaissance du développement des STI en Afrique.
de la réalisation des Objectifs de développement de La STISA-2024 est une stratégie progressive à court
l’Union africaine et de ses États membres. L’Agenda terme conçue pour aborder les défis de l’Afrique dans
indique que la croissance soutenue, la compétitivité le but ultime de contribuer de manière significative à
et la transformation économique de l’Afrique la Vision de l’Union africaine (Figure 3). La STISA-2024
nécessiteront des investissements durables dans les voudrait répondre aux demandes relatives à la science,
nouvelles technologies et les innovations continues à la technologie et à l’innovation à partir de divers
dans les domaines tels que l’agriculture, les énergies secteurs névralgiques spécialement, l’agriculture, la
propres, l’éducation, la santé et les sciences biologiques. santé, les infrastructures, les mines, la sécurité, l’eau,
L’Agenda souligne également la nécessité de freiner l’énergie et l’environnement, entre autres. Chacune des
la fuite des cerveaux et retenir une masse critique de cinq stratégies décennales projetées à l’horizon 2063
professionnels de hauts niveaux qui excellent dans la représentera un jalon, sujet à une évaluation qui
science, la recherche et la technologie. éclairera les étapes subséquentes. Les objectifs des
stratégies décennales suivantes prendront en compte
La STISA-2024 ambitionne de se pencher sur les les réalisations accomplies au fur et à mesure, ainsi que
aspirations identifiées au titre de l’Agenda 2063 et les besoins évolutifs du continent.
STISA-2024
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Chapitre 2
Orientation stratégique
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Les statistiques révèlent que l’insécurité alimentaire la nécessité d’utiliser et renforcer nos capacités
persistante affecte 239 millions d’Africains dont 30 % à 40 en recherche en vue de produire de nouveaux
% sont des enfants de moins de 5 ans qui continuent de médicaments efficaces, des outils de diagnostic, des
souffrir de la malnutrition chronique à un stade critique outils et des vaccins de lutte contre les vecteurs, de
de survie et de développement cognitif et physique. À promouvoir la recherche, l’invention et l’innovation dans
cet égard, les chefs d’État et de gouvernement des États le domaine de la médecine traditionnelle et de renforcer
membres de l’Union africaine ainsi que les représentants les écosystèmes locaux de santé, en tenant compte de
des organisations internationales, la société civile, le la situation socioculturelle et environnementale des
secteur privé, les coopératives, les paysans, les jeunes, populations.
le milieu universitaire et d’autres partenaires ont adopté
Par ailleurs, l’Union africaine et ses États membres
à l’unanimité, en janvier 2013, une Déclaration visant à
doivent accorder la priorité à une meilleure coordination
éliminer la faim en Afrique d’ici 2025.
entre les parties prenantes du domaine de la santé
À cet égard, l’Afrique doit renforcer ses moyens et ainsi qu’avec d’autres secteurs connexes contribuant
ses capacités de réponse et tirer parti des relations au développement de la science et de la technologie
existantes avec les partenaires non-africains et consolider les structures de gouvernance afin de
concernés pour relever les nouveaux défis tels que promouvoir l’éthique et l’intégrité en recherche, ce qui
les faibles rendements des denrées, le changement renforcera la confiance du public dans la recherche.
et la variabilité climatiques, la gestion de l’eau et des Il faudra un effort conjugué de divers acteurs pour
terres et l’accroissement de la volatilité des prix dans promouvoir et mettre en œuvre les politiques et les
les marchés mondiaux, ce qui pourrait saper ses programmes clés sur les soins de santé primaire, la
efforts destinés à éradiquer la faim et à réaliser la prévention et la lutte contre les maladies, ainsi que la
sécurité alimentaire et nutritionnelle. Le traitement, la prévention et le contrôle des maladies.
conservation et la distribution des produits agricoles Priorité 3: Communication (Mobilité physique &
vont au-delà des secteurs de développement rural et
intellectuelle)
agricole, et nécessitent une intervention concertée des
STI. Inspiré par le Programme de l’Union africaine pour
le développement des infrastructures en Afrique
Priorité 2 : Prévention et lutte contre les maladies
(PIDA), l’Afrique investit énormément dans les projets
Chaque année, des millions d’Africains meurent de de développement des infrastructures. La mise en
maladies transmissibles et non transmissibles qui œuvre d’importants projets d’infrastructure doit
sont évitables et guérissables. Les causes en sont les intégrer la mise au point de systèmes indéfectibles
suivantes : médiocrité et fragmentation des systèmes de gestion des savoirs ainsi que les compétences et
de santé ;insuffisance des ressources pouvant aider à aptitudes humaines requises. Certes, la plupart de ces
optimiser les interventions avérées ; accès limité aux connaissances proviennent souvent de l’étranger, mais,
services et aux technologies de santé (notamment dans la responsabilité incombe aux d’intégrer des systèmes
les zones rurales) ; mauvaise gestion des ressources de production des savoirs solides et permanents dans
humaines ; et extrême pauvreté. Les pays africains les principaux programmes d’infrastructures physiques
ne pourront pas se développer économiquement et et numériques. Il faudrait penser la communication
socialement sans améliorations tangibles dans les physique en termes d’équipements et de voies
services de santé. terrestres, aériennes, fluviales et maritimes, et en
termes d’infrastructures et d’énergie tandis que les TIC
Le Sommet extraordinaire d’Abuja de 2013 sur le relèvent des communications intellectuelles (Tableau
VIH/Sida, la tuberculose et le paludisme a souligné
1).
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Priorité 4 : Protection de notre espace encourager l’entreprenariat et la flexibilité afin que l’État
puisse mieux répondre aux besoins des populations et
L’observation et la surveillance des ressources se positionne comme défenseurs de l’innovation. Les
naturelles, spécialement les ressources minières et STI renforceront les capacités des États membres de
la biodiversité (et les connaissances traditionnelles l’Union africaine à bâtir les infrastructures nécessaires,
connexes), sont importantes pour la conservation du à former les futures générations de leaders politiques
bien-être des générations actuelles et futures. Il existe et sociaux, d’hommes d’affaires, d’entrepreneurs, de
actuellement la nécessité de combler à tous les niveaux scientifiques et de chercheurs, et tirer profit des STI en
l’énorme fossé qui existe en termes d’infrastructures vue d’un développement socioéconomique durable.
nécessaires et en termes de ressources humaines Cela exige une approche multidisciplinaire intégrant
critiques pour réaliser pleinement les avantages les sciences sociales, les humanités et les sciences
potentiels que l’on pourrait tirer de l’utilisation durable naturelles.
et la conservation de ces ressources.
Le domaine spatial offre au continent une opportunité Priorité 6 : Création de richesse
unique de répondre collectivement aux problèmes
Le plus grand espoir de développement du continent
de développement socio-économique grâce à des
réside dans ses ressources humaines dynamiques.
services dérivés tels que l’observation de la Terre, la
Cependant, afin d’accélérer la transition de l’Afrique
navigation, le positionnement, la communication par
vers une économie fondée sur la connaissance et
satellite, les sciences spatiales et l’astronomie. En outre,
impulsée par l’innovation, nos ressources humaines
le domaine spatial offre aux États membres une plate-
doivent avoir accès aux compétences dont ils ont
forme de coopération et de partage des infrastructures
besoin. En outre, une attention particulière devra être
et des données. Il leur permet également de gérer
accordée à l’innovation et à l’adéquation appropriée
conjointement des programmes d’intérêt commun
des technologies et des résultats de recherche
tels que les épidémies ; les ressources naturelles
existants. Il est nécessaire de promouvoir la créativité
et l’environnement ; les risques et les catastrophes ;
et les technologies innovantes pour transformer au
les prévisions météorologiques (la météorologie) ;
niveau local les ressources naturelles dont regorge le
l’atténuation et l’adaptation du changement climatique
continent et créer davantage de richesses et d’emplois
; le domaine marin et les zones côtières ; l’agriculture
pour les jeunes du continent.
et la sécurité alimentaire ; les missions de maintien de
la paix et de gestion des conflits.
Cette priorité favorise le développement des
Priorité 5 : Vivre ensemble – bâtir la Cité capacités internes, stimule la co-création ainsi que le
développement et la commercialisation de produits et
Vivre ensemble en paix et en harmonie devient de services nouveaux ou améliorés grâce à l’implication
plus en plus un défi pour le continent. Dans quelques des réseaux de consommation . Cela permettra
années, l’Afrique aura plus de cent mégalopoles de de créer de nouvelles opportunités pour l’emploi à
plus d’un million d’habitants. La démocratie et les valeur ajoutée en adaptant et en commercialisant
questions liées à l’intégration pourraient être réglées les produits de l’innovation nationale et régionale à
grâce à des solutions communautaires qui s’appuient travers l’Afrique. L’environnement politique et financier
sur la connaissance des valeurs partagées africaines. propice est un critère essentiel au renforcement de la
créativité et de l’innovation technologique qui suscitent
L’Afrique a entrepris le renforcement de sa capacité l’esprit d’entreprise dans les nouveaux domaines
de gouvernance, notamment plusieurs pays africains technologiques tels que la nanotechnologie.
réorganisent leurs structures étatiques pour
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Priorités Domaines de recherche et/ou d’innovation
4 Protéger notre espace - Protection de l’environnement, surtout l’étude des changements climatiques
- Biodiversité et physique atmosphérique
- Technologies spatiales, exploration maritime et sous-marine
- Connaissance du cycle de l’eau et des systèmes fluviaux
ainsi que de la gestion des bassins hydrographique
5 Vivre ensemble, - Citoyenneté, histoire et valeurs partagées
bâtir la Cité - Panafricanisme et intégration régionale
- Gouvernance et démocratie, gestion de la ville, mobilité
- Hydrologie et hydraulique urbaines
- Gestion des déchets urbains
La Figure 4 (page suivante) illustre la contribution Il est essentiel de convertir les programmes en
essentielle et transversale de l’eau dans les six projets de développement viables permettant aux
domaines prioritaires. Son importance nécessitera la décideurs d’apporter leur soutien et d’user des bonnes
mise en place de programmes phares tels que ceux procédures internes ou externes de financement afin
traitant de la disponibilité et de la qualité de l’eau, des de prétendre légitimement à récolter les meilleurs
régimes fluviaux, du cycle de l’eau et des ressources en avantages aux niveaux national, régional et continental.
eau dans différentes régions du continent. Un rapport
similaire s’applique à d’autres domaines clés tels que
l’espace, l’agriculture, l’énergie et les TIC.
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