6 Le Drame de Lhumanisme Athee

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LE DRAME DE

L’HUMANISME ATHÉE :
LA NATURE A HORREUR
DU VIDE
› Sébastien Lapaque

D ans une page fameuse de L’Argent, un cahier de


la Quinzaine publié le 16 février 1913, Charles
Péguy, né en 1873 et porte-bannière du « grand
parti des hommes de quarante ans » (1), se souvient
avec émotion du petit enfant qu’il fut au cours des
sept premières années de sa vie – cet âge qui était considéré comme
celui de l’infans par les Romains.

« Nous avons été élevés dans un tout autre monde. On


peut dire dans le sens le plus rigoureux des termes qu’un
enfant élevé dans une ville comme Orléans entre 1873
et 1880 a littéralement touché l’ancienne France, l’an-
cien peuple, le peuple, tout court, qu’il a littéralement
participé de l’ancienne France, du peuple. On peut
même dire qu’il en a participé entièrement, car l’an-
cienne France était encore toute, et intacte. La débâcle
s’est faite si je puis dire d’un seul tenant, et en moins de
quelques années. (2) »

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De quelle débâcle Péguy parle-t-il ici ? Du triomphe, à la fin du


XIXe siècle, de durs petits cerveaux qui ont précipité la déchristia-
nisation du monde dans lequel il avait vu le jour, dans les premières
années de la IIIe République. Car le monde dont parle Péguy était un
monde chrétien. Il l’était pour l’ouvrier et pour le syndicaliste, il l’était
pour ceux qui allaient à la messe et ceux qui n’y allaient pas. « Les
libres-penseurs de ce temps-là étaient infiniment plus chrétiens que
nos dévots d’aujourd’hui. (3) »
On songe à ces pages en lisant celles que Jérôme Fourquet a consa-
crées à la « dislocation de la matrice catholique » dans L’Archipel fran-
çais (4). Car le directeur du département Opinion à l’Institut français
d’opinion publique (Ifop), un peu à la manière de Péguy, entrevoit les
catastrophes sociales engendrées par la disparition contemporaine de
la pratique religieuse qui, en France, était majoritairement catholique,
protestante et juive de manière plus minoritaire.
Le regard froid que porte cet analyste politique sur la modification
des mœurs dans la société de son temps nous dispense de connaître le
secret de son cœur et de son âme. Ce sont les faits et les chiffres qui
parlent. Dans une France où il y a de moins en moins de chrétiens,
il y a de plus en plus de musulmans, et cela pose un sérieux pro-
blème aux institutions de la République qui Sébastien Lapaque est romancier,
étaient, qu’on le veuille ou non, arc-­boutées essayiste et critique au Figaro
sur celles de l’Église catholique. Malgré littéraire. Il collabore également au
Monde diplomatique. Son recueil
une opposition de façade et de violentes Mythologie française (Actes Sud,
luttes entre cléricaux et bouffeurs de curés, 2002) a obtenu le prix Goncourt de
le catéchisme républicain des enfants de la laCenouvelle. Dernier ouvrage publié :
monde est tellement beau (Actes
IIIe République n’était pas très différent du Sud, 2021).
catéchisme catholique. À Dieu près ? Oui › [email protected]
à Dieu près. Mais le paradoxe est que ce à Dieu près, pendant des
décennies, n’a pas posé de problème, ainsi que le communiste Ara-
gon l’a manifesté en chantant ensemble Honoré d’Estienne d’Orves et
Gabriel Péri, « celui qui croyait au Ciel et celui qui n’y croyait pas ».
Ce n’est d’ailleurs pas exactement le problème de Dieu – de son
existence ou de son inexistence – que pose aujourd’hui l’islam à la
République française. Car le dieu des musulmans, en France et partout

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dans le monde, est un dieu très éloigné de la terre, ce n’est pas un dieu
qui s’est fait chair, comme celui des chrétiens. Allah est bien au-dessus
de tout cela. Le problème que pose aujourd’hui l’islam à la Répu-
blique, c’est celui des normes et des règles, de la morale et de la loi : la
charia. La morale chrétienne et la morale républicaine, nous explique
Charles Péguy dans L’Argent, étaient rivales et même parfois ennemies,
elles n’en marchaient pas moins côte à côte. La morale républicaine
et la morale islamique ne marchent pas côte à côte, comme l’a prouvé
non pas tant le bain de sang qu’a entraîné l’affaire des caricatures de
Charlie Hebdo que le puissant courant de refus de la liberté de carica-
turer une religion au sein des Français musulmans – et l’on ne peut
pas s’en sortir en parlant de morale « islamiste » à la place de la morale
« islamique ». C’est bien une morale islamique fondamentalement
iconoclaste, qui refuse de distinguer la représentation d’un objet de
l’objet lui-même, qui pousse 69 % des Français musulmans à considé-
rer que publier des caricatures religieuses est un tort (5). Sur le statut
de la femme, la consistance de la famille, la vie économique, l’auto-
rité à accorder à l’enseignement profane, l’impossibilité de l’apostasie,
on pourrait multiplier les exemples de disjonction. Présentement, les
trois points principaux sont en France l’égalité entre les hommes et les
femmes, le droit au mariage et la liberté religieuse.
Avec tant de points de désaccords, on ne peut donc pas imaginer
un petit Charles Péguy musulman d’aujourd’hui heureux de profiter
tour à tour de l’enseignement d’un instituteur laïque et d’un imam
et capable, trente-trois ans plus tard, de célébrer leur convergence
secrète par-delà leurs oppositions sociales et une guerre scolaire appa-
rente. C’est pourtant ce que fait le Charles Péguy de 1913, à propos
de l’Église et de la République, dans L’Argent, quand il invente l’image
des « hussards noirs » destinée à faire date.

« Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards


noirs. Sveltes ; sévères ; sanglés. Sérieux, et un peu trem-
blants de leur précoce, de leur soudaine omnipotence.
Un long pantalon noir, mais, je pense, avec un liséré vio-
let. Le violet n’est pas seulement la couleur des évêques,

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il est aussi la couleur de l’enseignement primaire. [...]


C’était en 1880. C’était donc dans toute la fureur et
la gloire de l’invention de la laïcisation. [...] Heureuse
enfance. Heureuse innocence. Bénédiction sur une
bonne race. Tout nous était bon. Tout nous réussissait.
Nous prenions de toutes nos mains et c’étaient tou-
jours de saines nourritures. Nous allions au catéchisme,
le jeudi je pense, pour ne pas déranger les heures de
classe [...] Nos jeunes vicaires nous disaient exactement
le contraire de ce que nous disaient nos jeunes maîtres
[...] nous ne nous en apercevions pas. La République
et l’Église nous distribuaient des enseignements diamé-
tralement opposés. Qu’importait, pourvu que ce fussent
des enseignements. Il y a dans l’enseignement et dans
l’enfance quelque chose de si sacré, il y a dans cette pre-
mière ouverture des yeux de l’enfant sur le monde, il y a
dans ce premier regard quelque chose de si religieux que
ces deux enseignements se liaient dans nos cœurs et que
nous savons bien qu’ils y resteront éternellement liés.
Nous aimions l’Église et la République ensemble [...] À
présent évidemment nous ne les aimons pas sur le même
plan, puisqu’on nous a appris qu’il y a des plans. L’Église
a notre foi, et tout ce qui lui revient. Mais Dieu seul sait
combien nous sommes restés engagés d’honneur et de
cœur dans cette République, et combien nous sommes
résolus à y rester engagés, parce qu’elle fut une des deux
puretés de notre enfance. (6) »

Un magnifique exemple de ce que le théologien et philosophe alle-


mand Nicolas de Cues, au XVe siècle, a nommé la coincidentia oppo-
sitorum, la coïncidence des opposés (7). Pourquoi cette coïncidence,
qui faisait la singularité de la France du sacre de Reims et de la fête de
la Fédération et fondait la République, est-elle devenue une chose ini-
maginable aujourd’hui ? Dans L’Argent, Péguy répond quelques pages
après ce morceau de bravoure. « Il y a un problème et je dirai même

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un mystère extrêmement grave. Ne nous le dissimulons pas. C’est


le problème même de la déchristianisation de la France. » À l’aube
du XXIe siècle, cette déchristianisation pourrait bien constituer un
chapitre inédit de ce que le cardinal Henri de Lubac, dans un beau
livre rédigé pendant la Seconde Guerre mondiale et publié en 1944, a
nommé « le drame de l’humanisme athée » (9).
On se souvient de l’épuisante démonstration de Kant, dans la Cri-
tique de la raison pure, sur le passage de Dieu comme idée transcen-
dante à Dieu idéal transcendantal. Toute une partie du XIXe siècle a
cru à ce passage. Dieu étant devenu impossible à prouver à cause de
l’éclatement de l’ancienne cosmogonie aristotélicienne chère à Thomas
d’Aquin et de ce que Paul Hazard a nommé « la crise de la conscience
européenne » – établissant l’impossibilité d’une preuve ontologique
de l’existence de Dieu – il semblait nécessaire, pour continuer à vivre
selon la raison, d’accepter qu’il ne soit plus qu’un idéal accepté en
dehors de toute expérience sensible. Dans son sillage, la pensée positi-
viste s’est accommodée d’une divinité un peu floue, considérée comme
un créateur moral.
Les lecteurs du Gai Savoir se souviennent de la féroce ironie de
Friedrich Nietzsche à propos de cet étrange Emmanuel Kant, qui vou-
lait briser les barreaux de sa cage dans sa première critique mais a fini
par se constituer prisonnier à travers les postulats de sa raison pratique.

« Et maintenant ne me parlez pas de l’impératif catégo-


rique, mon ami ! – ce mot chatouille mon oreille, il me
fait rire, en dépit de votre si grave présence : je songe à
la punition réservée au vieux Kant qui, pour avoir épié
et happé subrepticement la “chose en soi” – chose éga-
lement fort risible – fut à son tour épié et surpris par
“l’impératif ” catégorique et, dans son cœur, retomba
dans les erreurs que sont “Dieu”, l’“âme”, la “liberté” et
l’“immortalité”, pareil à un renard qui se fourvoie à nou-
veau dans sa cage : – or c’était sa force et son intelligence
qui avaient brisé cette cage ! (10) »

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Se souvenant peut-être du grand éclat de rire de Nietzsche, Theo-


dor Adorno, en ses Minima Moralia, a proposé d’échapper au malé-
fice d’une morale autofondée faisant finalement retour à Dieu comme
idéal transcendantal en envisageant toute chose du point de vue de la
rédemption tout en restant persuadé que, face à l’exigence à laquelle
la pensée doit faire face, « la question concernant la réalité ou l’irréa-
lité de la rédemption devient presque indifférente » (11). Le titre du
livre le plus emblématique et le plus personnel du maître de l’École
de Francfort et de la Théorie critique nous renvoie au sujet qui nous
occupe ici. Comment élaborer une « morale minimum » qui puisse
être partagée par tous, chrétiens, juifs, athées et musulmans, dans une
France contemporaine morcelée ? Faut-il, pour réarmer une morale
républicaine au bord de l’épuisement, faire comme si, comme s’il exis-
tait une téléologie, une finalité de l’Histoire sous l’œil d’un Dieu plus
ou moins proche – Buisson ardent qui dit « Je suis qui je suis » pour
les juifs, Dieu fait homme en la personne de Jésus-Christ pour les
chrétiens, Allah au-delà de tout cela pour les musulmans, Grand Hor-
loger ou Grand Architecte de l’Univers pour les positivistes ?
La décomposition de la morale républicaine, au fil de cent cin-
quante années d’une histoire mouvementée (1870-2020), laisse hélas
penser que c’est ce comme si qui pose problème. Il est possible de vivre
en dépit de, ainsi que l’a enseigné le grand théologien protestant Paul
Tillich dans Le Courage d’être (12), mais difficilement comme si. Dans
son fameux ouvrage intitulé Philosophie des Als Ob, publié en 1911,
le philosophe allemand Hans Vainhinger a souligné la centralité de la
fiction dans l’éthique et la culture contemporaines. « Le problème qui
se pose ici est celui du statut ontologique de ces “fictions” dont le lan-
gage est pour ainsi dire l’archétype », observe Giorgio Agamben, qui
le commente (13). En parfait connaisseur de la pensée de Walter Ben-
jamin, le philosophe et critique italien poursuit en constatant que, à la
suite de l’auteur de Sur le concept d’histoire, « Il y a encore aujourd’hui
des gens – bien peu en vérité et qui, par les temps qui courent, sont
devenus presque respectables – qui sont convaincus que l’éthique et la
religion se réduisent à faire comme si Dieu, le Royaume, la vérité, etc.,
existaient. »

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On le voit bien aujourd’hui à travers la proposition philosophique


de penseurs imprégnés de kantisme tels que Luc Ferry et André Comte-
Sponville : la morale républicaine, dont ils donnent l’illustration la
plus élevée, est chez eux une morale du comme si. Elle suggère d’agir
comme si Dieu existait tout en sachant qu’il n’existe pas, en assumant
l’inconfort d’un humanisme tragique et en restant imperméable au
retour offensif du mystère tel qu’il s’exprime chez Pascal, Kierkegaard,
Dostoïevski ou Georges Bernanos.
À la suite de Ludwig Feuerbach, l’auteur de L’Essence du christia-
nisme, ils acceptent volontiers la loi d’amour, de justice et de sagesse
de Jésus, mais pour elle-même, sans avoir besoin de la placer sous le
regard du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. À la limite, la seule
divinité qu’ils veulent bien reconnaître, c’est l’homme lui-même.
On songe ici à Auguste Comte, qui voyait dans ce mouvement
de substitution de l’homme à Dieu un mouvement fatal imposé par
l’évolution de l’esprit dans l’histoire, à cet Auguste Comte qui n’était
pas « athée » mais « antithéiste ». Libéré des croyances surnaturelles
et des « formes inférieures de l’explication » dont découlaient toutes
les religions formelles, l’individu moderne est condamné à être un
homme du comme si.
C’est ici que la morale républicaine, malgré toutes les professions
d’invention et de réinvention de la laïcisation, est fragile face à l’is-
lam. Car l’islam en France, aujourd’hui, n’est ni une religion ni une
morale du comme si. Et c’est tout le drame de l’humanisme athée.
Vider le Ciel d’un Dieu rationnel, qui parle au cœur de l’homme,
d’un Dieu qui s’entend comme le « murmure d’une brise légère » (I
Rois, 19, 12), c’est s’exposer à ce que ce Ciel se remplisse soudain – et
sans prévenir les professeurs de philosophie – d’un Dieu très lointain,
d’un Dieu ne parlant plus aux hommes qu’à travers l’ouragan. Car le
Dieu de Moïse veut libérer l’homme de la violence, même quand il la
déchaîne apparemment avec le tonnerre, le soufre et la nuée dont sont
emplis les psaumes.
Commentateur très inspiré de la Torah, le rabbin russe Malbim
(14), à propos du passage du Livre des Rois où le prophète Elie se rend
compte que Dieu n’est ni dans l’ouragan ni dans le tremblement de

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terre, explique que ces manifestations de violence naturelle ne sont que


des écorces qui renferment des noix, certes porteuses d’une possible des-
truction, mais n’ayant pas vocation à détruire. Car ce déchaînement des
éléments sur Elie n’est pas dans le plan de Dieu. C’est une extériorité de
la prophétie. La finalité ultime est que le prophète se libère des repré-
sentations violentes de Dieu pour entendre enfin le murmure d’une brise
légère, qui est la voix par laquelle passe l’intelligence véritable. Celle non
d’une terreur, mais d’une liberté radieuse qui permet à Elie d’écouter
le commandement de Dieu : « Repars vers Damas, par le chemin du
désert. » Ne pas faire comme si. Se remettre en route, inlassablement,
contre les dieux destructeurs, pour accéder enfin à la Présence. La seule
issue possible au drame de l’humanisme athée.
1. « Vous serez de mon parti. C’est le grand parti. Ce n’est point encore ce grand parti des mécontempo-
rains. [...] C’est un parti plus proprement politique. Benda m’a bien opposé que nous serions mis, que ce
parti serait “mis en quarantaine”. Il fait toujours des objections. Il oppose tout le temps. J’ai résolu une
fois pour toutes de ne point m’arrêter à des considérations de cette nature. Je vais fonder le grand parti
des hommes de quarante ans. », in Charles Péguy, Victor-Marie, comte Hugo, Œuvres en prose complète,
tome III, édition de Robert Burac, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », p. 344-345.
2. Charles Péguy, L’Argent in Œuvres en prose complète, tome III, op. cit., p. 787.
3. Idem, p. 788.
4. Jérôme Fourquet, L’Archipel français, naissance d’une nation multiple et divisée, Seuil, 2019, p. 21.
5. Sondage Ifop en partenariat avec Charlie Hebdo du 1er septembre 2020.
6. Charles Péguy, L’Argent, op. cit., p. 803-805.
7. Cf. Nicolas de Cues, De la docte ignorance, Cerf, 2008.
8. Charles Péguy, L’Argent, op. cit., p. 807.
9. Henri de Lubac, Le Drame de l’humanisme athée, in Œuvres complètes II, Cerf, 1998.
10. Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, § 335, Folio essais, 1996, p. 225.
11. Théodor Adorno, Minima Moralia, réflexions sur la vie mutilée, Petite bibliothèque Payot, 2003, p. 153.
12. Paul Tillich, Le Courage d’être, Labor et Fides, 2014.
13. Giorgio Agamben, Le Temps qui reste, un commentaire de l’Épître aux Hébreux, Rivages poche Petite
bibliothèque, 2004, p. 63-66.
14. Merci à Pascal Bacqué. Le 9 août 2020, 19e dimanche du temps ordinaire dans le calendrier liturgique
de l’Église catholique (Année A), tandis que je lui écrivais que la première lecture de la messe m’avait
rappelé que Dieu n’était pas un ouragan mais le murmure d’une brise légère, Pascal Bacqué, initié à
l’étude juive par Benny Lévy, a regardé la glose de Malbim sur les versets de I Rois, 19, 9-13 et m’a fourni
ces lumières.

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