SYSTÈME HAITIEN, Mirage Ou Reforme
SYSTÈME HAITIEN, Mirage Ou Reforme
SYSTÈME HAITIEN, Mirage Ou Reforme
– Flexibilité : Bifurcations possibles à la fin de chacun des cycles successifs vers des formations
préprofessionnelles ou professionnelles et réinsertion possible au début de ces mêmes cycles.
– Rentabilité : Acquisition par un plus grand nombre d’élèves d’une formation de base minimum
facilitée par un système de promotion souple – Acquisition de connaissances et compétences
utiles dans la vie pratique à la fin de chaque cycle (Idem).
« Le Nouveau Secondaire s’inscrit dans le cadre de la matérialisation des grands axes du Plan
National d’Éducation et de Formation (PNEF) dont l’amélioration de la qualité. En effet, la
Rénovation de ce sous-secteur est une voie alternative pour arriver à un enseignement holistique
où la théorie et la pratique sont concomitantes. Il est impératif pour le Ministère de l’Éducation
Nationale et de la Formation Professionnelle avec l’appui de la communauté éducative de
revisiter les programmes et les activités d’enseignement-apprentissage au bénéfice des
adolescents et des jeunes du pays ».
– elle doit favoriser l’épanouissement de la personne dans toutes ses dimensions physique et
sportive, affective, intellectuelle, artistique et morale et former des citoyens responsables, agents
de développement politique, économique, social et culturel du pays ;
– elle doit promouvoir l’identité et la culture nationale. Elle doit également s’ouvrir aux valeurs
universelles, régionales ou caribéennes et aux autres cultures, sans préjudices des valeurs
culturelles du pays ;
– l’école haïtienne doit prôner les grandes valeurs des temps modernes comme le respect de la
personne humaine ;
– par ses nouvelles fonctions, l’éducation haïtienne doit procurer à tous les enfants du pays,
indistinctement une formation de base polyvalente et solide, des opportunités de formation
spécialisée à différents niveaux, ainsi que des possibilités réelles de réussir dans le
développement des aptitudes individuelles. Tel qu’il ressort des finalités décrites dans les
paragraphes précédents, l’enseignement secondaire haïtien se donne une triple mission : une
mission d’instruction, une mission de formation à la vie sociale et une mission de qualification »
(Idem).
Parallèlement, eu égard à ces finalités, l’enseignement secondaire s’est fixé un certain nombre
d’objectifs généraux dont les suivants :
– « Assurer aux élèves une formation générale, scientifique, technique et professionnelle de
qualité en transmettant et en construisant des savoirs qui leur permettront de comprendre le
monde contemporain ;
– Développer chez les élèves des attitudes, des aptitudes et des comportements leur permettant
de devenir des agents de changement, de développement économique, social et culturel du pays
et des promoteurs de la démocratie et des droits de l’homme ;
– Réaliser l’orientation des élèves qui en fin de première année du secondaire devra déboucher
sur des filières diversifiées, celle- ci doit prendre en considération les souhaits des parents et des
élèves et les possibilités de ces derniers ; cette stratégie devrait entraîner, en bout de piste, une
diminution du taux de redoublement et une augmentation du taux de réussite car les usagers
mesurent le système éducatif à l’aune des résultats des examens officiels ;
La réforme Bernard de 1979 est survenue en pleine dictature jean-claudiste. En dépit de son
caractère démocratique, peut-on dire qu’elle était l’émanation du pouvoir en place à l’époque ?
Autrement dit, était-elle dictée par une quelconque volonté politique ? Cette réforme qui a mis
l’accent sur l’enseignement fondamental avait prévu des changements également au niveau
secondaire dont la mise en place a débuté à l’aube des années 2000. Par ailleurs, sur le plan
méthodologique, l’approche pédagogique prônée à l’école fondamentale est-elle appliquée ? Où
en est-on au niveau du secondaire ? Ces deux sous-systèmes parviennent-ils à garder une certaine
cohérence dans le processus enseignement-apprentissage ?
Pour tenter d’éclaircir ces points, nous aborderons la cruciale question de l’existence d’un vrai
système éducatif en Haïti, la situation d’Haïti en matière de politiques publiques et politiques
d’éducation, le traitement et l’harmonisation des réformes annoncées à l’école fondamentale et à
l’enseignement secondaire.
Dès qu’on parle d’éducation en Haïti, on ne cesse de se référer au système éducatif haïtien
comme si cela allait de soi. Cependant depuis quelques années, certains observateurs
s’interrogent, interpellent sur cette brûlante actualité. A un moment donné, on se contentait de
constater l’existence d’un système à double vitesse. Aujourd’hui, il existe tellement de disparités
dans le fonctionnement des écoles qu’on se refuse à le répéter tel un perroquet. Quelles sont les
caractéristiques d’un vrai système éducatif ?
« Les meilleurs systèmes éducatifs présentent des disparités sensibles, mais partagent également
des caractéristiques communes importantes. Ils ont cessé de se concentrer sur le contrôle des
ressources et des programmes pour privilégier les résultats, et spécifient le niveau que doivent
atteindre les élèves plutôt que ce que les écoles et les professeurs doivent enseigner pour en
arriver là. Ils accordent également beaucoup d’attention à l’égalité entre les élèves, non pas en
termes d’efforts mais plutôt de résultats, en privilégiant la diversité et la personnalisation de
l’enseignement sur son uniformisation. Ils consacrent des moyens suffisants pour attirer les
élèves les plus doués vers les classes les plus ambitieuses (C’est nous qui soulignons). En
définitive, les bons systèmes éducatifs traitent souvent convenablement les quatre aspects
suivants : ils attirent vers l’enseignement les meilleurs diplômés, considérant que la qualité de
l’enseignement ne saurait excéder celle des professeurs ; ils forment efficacement ces professeurs
à travers, par exemple, le recours au tutorat ou la formation intégrée des maîtres sur leur lieu de
travail, (y compris sous la direction de directeurs d’école de haut niveau) ; ils mettent en place
des systèmes de récompenses et de soutien particularisé pour garantir que chaque élève pourra
bénéficier d’un tel enseignement ; enfin, ils construisent des réseaux d’écoles qui stimulent et
diffusent l’innovation » (Extrait d’un entretien avec Andreas Schleicher, conseiller spécial
du secrétaire général de l’OCDE pour l’éducation lors du colloque international organisé
au Sénat le 2 juin 2010 par la Fondation pour l’école sur le thème « L’école, comment
innover ? »).
Dans ce que les agents de l’éducation en Haïti appellent « système éducatif », le constat est
alarmant. 80% des écoles de la république relèvent du secteur privé. Les 20% du secteur
public sont dépourvus de toute infrastructure nécessaire au bon fonctionnement d’une
institution scolaire : constructions inappropriées, absence de bibliothèques, de matériels
didactiques adéquats, etc. Pour ce qui concerne les écoles privées, les observateurs les
répartissent en grandes, moyennes et petites écoles péjorativement qualifiées d’écoles-
borlettes. Peu nombreuse, la première catégorie d’écoles est bien pourvue et munie des
infrastructures facilitant un rendement optimal de l’apprentissage. En général, elles
utilisent, entre autres, des ouvrages étrangers. La deuxième catégorie regrouperait des
entités des classes moyennes. La plupart d’entre elles sont plus proches des petites écoles en
termes de structure, d’organisation, etc. Ces dernières poussent comme des champignons et
ne réunissent aucune condition requise pour le fonctionnement d’une institution scolaire.
Il va sans dire que les programmes, les contenus, les manuels scolaires, les méthodes
d’enseignement-apprentissage utilisés dans ces diverses institutions sont différents. Ils ne
visent donc pas les mêmes objectifs. Il importe également de signaler d’autres traits de
différence entre les écoles du pays :
– écoles dans lesquelles le français est pratiqué vs écoles dans lesquelles le français est
récité ;
« Plus de 200 mille candidats étaient attendus aux examens du baccalauréat unique cette
année. Ils étaient en réalité 166 662 à y avoir pris part. Sur les 166 662 participants, 45 962
sont admis, soit un taux de réussite global au niveau national de 27,58 %, suivant les
statistiques communiquées par le Bureau national des examens d’État (BUNEXE). Un
taux de réussite jugé d’une part, aberrant par plus d’un, et estimé d’autre part, non inédit
par des acteurs impliqués dans le système éducatif, tenant compte des résultats enregistrés
au cours des années antérieures, a constaté Haiti Press Network ». Ce taux de réussite, a
indiqué le journal, était loin d’être une situation exceptionnelle comme l’illustrent les
témoignages suivants : « Joints au téléphone par HPN à ce sujet, l’Inspecteur général à
l’enseignement au ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle
(MENFP), M. Jackson Pléteau, le directeur du Bureau national des examens d’État (BUNEXE),
M. Renan Michel, la coordonnatrice générale de la Confédération nationale des éducateurs et
éducatrices d’Haïti (CNEH), Mme Magalie Georges, le président du Consortium des
organisations du secteur privé de l’éducation (COSPE), M. Marc Anthony Alix et le directeur du
Collège Catts Presoir, ont tous indiqué que le taux d’échec essuyé cette année au baccalauréat,
n’est pas différent des taux enregistrés dans le système depuis déjà des années ». D’après Le
Nouvelliste/CNN du 8 janvier 2018, le taux de réussite pour le bac des recalés pour l’année
2017-2018 était de 15,54%.
Cette brève présentation nous éloigne de l’idée d’un vrai système éducatif en Haïti. Les
disparités sont trop nombreuses : absence d’uniformisation dans le fonctionnement des
institutions scolaires, dans les programmes, les objectifs, la formation des enseignants, etc.
Certains observateurs préfèrent parler d’une école à plusieurs vitesses.
Dès qu’il est question d’éducation, de réforme éducative dans un pays, survient l’idée sous-
jacente de volonté politique, de politique éducative. En effet, les réformes de l’éducation
doivent répondre à des besoins, à la suite des analyses objectives de la situation socio-
économique. Plus précisément, elles visent le type de citoyen dont le pays a besoin pour son
développement à divers niveaux. Patrick Robo (1996) présente ainsi la politique éducative :
Par ailleurs, pour l’amélioration du rendement, un effort sera entrepris pour restaurer des
programmes scolaires qui appréhendent le plus grandement possible les réalités du pays et,
d’autre part, l’instauration d’une plus grande cohérence possible entre les zones urbaines et
rurales.
La réflexion sur l’éducation, la programmation, malgré la spécificité de telle ou telle zone, auront
une base commune, une stratégie définie en commun pour éviter d’avoir plusieurs systèmes
scolaires » (Extrait du discours programme de Joseph C. Bernard, Secrétaire d’Etat à l’Education
nationale, 23 avril 1979 in La réforme éducative/Eléments d’information).
Quarante ans plus tard, comme on vient d’en avoir une idée plus haut, aucun de ces vœux ne
s’est concrétisé. Il en est de même pour certaines prévisions inclues dans le « Plan national de
Développement ». L’analphabétisme n’est pas éradiqué. En 2016, selon Perspective Monde
consulté le 23/10/20, il y avait 61,69% de personnes alphabétisées ; en 2013, 61% selon Index
Mundi, Carte des pays ; en 1990, Jean Métellus indiquait 90% d’analphabètes dans un article
intitulé Les enjeux de l’alphabétisation des enfants en Haïti (Enfance, Tome 43, no 1). On n’est
pas renseigné sur la méthodologie des enquêtes ayant conduit à ces pourcentages. En même
temps, on peut bien s’interroger sur le bond exponentiel des chiffres de 1990 à 2016 compte tenu
du fait que ni des informations ni des données objectives n’ont été communiquées sur
d’éventuelles avancées dans ce secteur. En outre, la formation de base n’est toujours pas
accessible au plus grand nombre d’enfants. D’autre part, ne sont ni créées ni offertes « des
opportunités nouvelles d’épanouissement et d’orientation aux enfants désireux d’emprunter des
voies latérales et de suivre des itinéraires différents, selon leurs aptitudes et leurs possibilités afin
de déboucher sur les marchés du travail… ». N’ont pas non plus été créés « des cadres de
niveaux différents dans les domaines professionnel, technique, artisanal » (Idem).
Pourquoi les objectifs, les finalités prévus dans le cadre de l’implantation de l’Ecole
fondamentale ne sont -ils pas atteints? Il est difficile de douter de la volonté du Ministre de
l’éducation nationale d’alors, Joseph C. Bernard d’engager le pays dans une réforme éducative
profonde. D’autant plus que des instances internationales s’y investissaient, notamment sur le
plan financier. Par contre, on comprend bien que le contexte dictatorial n’était guère favorable à
la démocratisation de l’éducation en Haïti, celle -ci étant le moteur de développement mental,
culturel, intellectuel, socio-économique, etc. La volonté politique manquait en dépit du fait que
les politiques éducatives étaient clairement définies.
Quel est le sort de la méthode pédagogique préconisée à l’Ecole fondamentale ?
Daniel Hameline, cité par F. Thélusma, 2016, sépare les objectifs en deux catégories et en donne
les définitions suivantes :
– indiquer à quel niveau doit se situer l’activité terminale de l’apprenant et quels critères
serviront à évaluer le résultat ».
Exemples :
Objectif spécifique :
L’opérationnalisation de la réforme a été prévue pour l’année 1982. L’accent a été beaucoup mis
sur la formation si bien que de 1981 à 1986 quatre cohortes de conseillers pédagogiques ont été
formés à l’Institut pédagogique national (IPN). Ils étaient responsables, notamment de la
formation des enseignants déjà en salle de classe. L’expérimentation des programmes a
commencé en 1982. En 1981, le ministère de l’éducation nationale a décidé d’ajouter un an à la
formation des étudiants finissants des écoles normales d’instituteurs et d’institutrices dont cinq
mois sous forme de séminaire et quatre mois de stage (octobre 1981-juin 1982). Ces stages se
sont déroulés dans des institutions scolaires aménagées à cet effet. Elles prenaient la
dénomination d’écoles « Banque mondiale », du nom de l’institution ayant financé le projet.
Cette formation ne s’est pas poursuivie les années suivantes. De plus, la réforme allait connaitre
un coup d’arrêt net en 1987 lorsque le ministre de l’Education nationale d’alors a décidé de la
mettre en veilleuse. « On notera que la réforme éducative amorcée par Joseph C. Bernard en
1979 a reçu un coup mortel par sa mise en veilleuse en 1986-1987 ; un moratoire avait été
observé en 1982 après la révocation de ce dernier. Ce moratoire a expiré en 1988. Et second
coup fatal, l’Institut pédagogique national (IPN), cerveau de ladite réforme, centre de conception
et d’élaboration des matériels didactiques, a été fermé en 1991 » (F. Thélusma, 2016).
Quelques années, plus tard, les centres pédagogiques régionaux (CPR) dont la mission consistait
à former les enseignants et encadrer les écoles fondamentales ont été supprimés. Leurs membres
ont été convertis en inspecteurs d’écoles. Avec la mise en veilleuse de la réforme conjuguée à la
fermeture des CPR, la supervision scolaire diminuait progressivement jusqu’à sa disparition
complète. Qu’en est-il alors de la pédagogie par objectifs préconisée par la réforme éducative de
1979 ?
Tout se déroule comme si le fait de remplacer l’école primaire de six ans par l’Ecole
fondamentale de neuf ans constituait l’essence de la réforme Bernard. Les programmes de même
que la méthodologie préalablement annoncée ne sont pas appliqués. On reconnaitra, cependant,
qu’au niveau fondamental, pendant plusieurs années, les examens officiels étaient inspirés des
programmes opérationnels. Néanmoins la pratique de la salle de classe laisse plutôt la place à des
méthodes traditionnelles, à du zapping pédagogique. En effet, l’autoritarisme de l’enseignant, la
mémorisation à outrance des contenus sont toujours de mise. Donc peu de place à la participation
de l’apprenant. Cependant, certaines institutions scolaires utilisent des manuels qui sont quand
même adaptés aux programmes pédagogiques. Il s’agit, toutefois, de situations non
systématiques. Les documents pédagogiques utilisés dans les écoles sont divers et variés. Sur cet
aspect en particulier, tout échappe au contrôle du ministère de l’Education nationale, compte
tenu du fait que celles-ci ne fonctionnent pas sous l’égide d’une réforme imposée par ce
ministère, plus haute instance en matière d’éducation. Dans ces conditions, on n’évoquera pas
l’échec de la réforme Bernard mais l’absence de volonté politique de l’appliquer. « Cette réforme
reste lettre morte, n’étant jamais appliquée. Le système traditionnel perdure : enseignants non
formés ou non entrainés à l’utilisation des « nouveaux programmes », matériels pédagogiques
désuets, non appropriés à ces programmes » (F. Thélusma, 2016).
Le changement prévu dans le système éducatif haïtien en 1979 se voulait profond en envisageant
tous les secteurs, primaire, secondaire et supérieur. Voici quelques-unes des prévisions relatives
à l’enseignement secondaire extraites d’un discours du Secrétaire d’Etat à l’éducation nationale,
Joseph C Bernard, le 20 mai 1979.
– « Si, dans un premier temps, l’accent principal est mis sur la rénovation de l’enseignement
primaire, nous n’oublierons pas pour autant l’enseignement secondaire. Il faut que le jeune
écolier qui aura suivi les programmes rénovés du primaire puisse trouver un enseignement
secondaire à même de l’accueillir et de développer pleinement les aptitudes révélées
antérieurement (C’est nous qui soulignons). Il s’agit donc d’entreprendre une révision
systématique de notre enseignement secondaire ».
– « Nous devons aussi rompre avec la vielle conception élitiste d’un enseignement secondaire
ayant pour seul but la production de cadres supérieurs. Notre pays a un besoin urgent de
techniciens, de cadres moyens, d’ouvriers spécialisés […] ».
– « Notre société, dans son contexte actuel de pays en voie de développement et dans le cadre
d’une Education pour le Développement, a un besoin urgent de techniciens capables dans tous
les domaines de participer à l’élaboration de solutions nationales à nos problèmes de pays pauvre
[…] ».
D’un autre côté, le MENFP a attendu plus de vingt ans après pour lancer le secondaire rénové en
initiant l’élaboration de quelques programmes. La politique éducative a été ainsi revisitée.
Il importe, dans un premier temps, de noter le décalage existant entre la date de l’implantation de
l’enseignement fondamental et celle du début de l’expérimentation du secondaire rénové. En fait,
c’est durant l’année 2006-2007 que les premières écoles pilotes (60 environ) ont vu le jour. On
signalera, ensuite, que 2018-2021 est la période prévue pour sa généralisation. Parallèlement,
chevauchent le nouveau secondaire et le secondaire traditionnelle. Chaque année, deux séries
d’examens officiels sont organisés : celui du baccalauréat unique (en philo) pour le secondaire
traditionnel et celui du Nouveau secondaire IV. L’année 2020 est donc la dernière année du
baccalauréat traditionnel. On remarquera, d’une part, que les documents justifiant la nécessité de
changement dans les deux sous-systèmes en présentent un diagnostic alarmant sur les
programmes (contenus, objectifs, méthode d’enseignement-apprentissage, etc.). D’autre part,
dans la réforme proposée, dans les deux cas, s’exprime la volonté d’envisager des orientations
vers le développement socioéconomique, avec, notamment, la création de filières technique et
professionnelle. Toutefois on aura noté que ces nouveautés ne sont jusqu’à présent pas
appliquées. Seule la filière classique existe avec les lacunes déjà exposées plus haut comme la
non -utilisation de l’approche par objectifs recommandée dans les programmes.
Durant l’année 2007-2008, deux séances de formation ont été réalisées sur l’approche par
compétences (APC). Sont-elles suffisantes à rendre les enseignants aptes à appliquer cette
approche en salle de classe ? Existe-t-il assez de manuels scolaires dans toutes les disciplines en
usage dans les établissements scolaires et qui en tiennent compte ? De toute évidence, la réponse
est négative. La dernière version des programmes élaborés date de 2015-2016. Les auteurs de
manuels s’empressent de combler le vide mais ils ne sont pas des machines à produire. Ils sont
encore loin du compte. Le tableau de la réalité du terrain indique que même dans les écoles
comportant des classes du secondaire rénové, ce sont surtout les documents pédagogiques du
secondaire traditionnel qui sont utilisés. Situation paradoxale, certains manuels respectant les
nouveaux programmes sont écartés car ne correspondant pas aux pratiques des enseignants. Les
évaluations officielles du secondaire rénové constituent une vitrine de l’inapplication de l’APC.
En effet, les tests sont rédigés en grande partie suivant le schéma de ceux du secondaire
traditionnel. En cela, ils sont conformes aux manuels les plus utilisés dans les écoles. Les
examens officiels du baccalauréat administrés durant la semaine du 19 octobre dernier en sont
une belle illustration. En sciences sociales (histoire et géographie), par exemple, ils sont
présentés d’après un format similaire : sujets de dissertation historique, études de textes par le
biais de questions qui ne réunissent pas les critères d’une compétence telle que présentée ci-
dessus.
Questions
2-Dégagez deux mesures agraires adoptées par Jean-Jacques Dessalines qui soulevaient le
mécontentement de la nouvelle classe dominante (10 à 15 lignes) 20 points.
3- Faites ressortir la vulnérabilité de l’indépendance d’Haïti en 1804 sur le plan externe (10 à 15
lignes) 20 points.
4- Présentez deux mesures prises par Dessalines pour défendre le pays (10 à 15 lignes) 20 points.
2-A quelle guerre fait-on allusion. Situer cette guerre dans le temps (doc H3).
4-Identifier dans le document G 10 marchés des biens et des services qui sont actuellement
mondialisés.
⃰⃰ Bac traditionnel
En analysant le secteur éducatif haïtien, on peut relater un ensemble de faiblesses qui se trouvent
à la base de ce secteur d’enseignement. Voici quelques faiblesses majeures qu’on y trouve :
Le système éducatif actuel n’a pas les moyens de sa politique : ni les moyens pédagogiques, ni
les ressources humaines, pour garantir son bon fonctionnement, déplore Stimphil. La qualité de
l’enseignement en Haïti est défavorable parce qu’un grand d’écoliers haïtiens se trouve en
difficultés d’apprendre de façon significative dans certains établissements scolaires qui ne
répondent pas vraiment aux normes éducatives.
L’identification des enfants est une autre difficulté, car les problèmes d’Etat civil handicapent
l’accès à l’éducation. Tous les enfants n’ont pas l’accès à fréquenter un établissement scolaire
adéquat, c’est ce qu’on appelle dans le langage courant les écoles « BOLET ». On les donne une
telle appellation parce qu’il n y a ni des ressources pédagogiques ni des ressources humaines et
financières disponibles pouvant assurer une éducation de qualité aux élèves qui fréquentent ces
écoles.
« Aucun enfant ne peut entrer dans un établissement scolaire sans une pièce d’identité.
Seulement, les enfants naissent sans avoir été identifiés. Et les récentes catastrophes, qui ont
frappé le pays ont rendu cela encore plus compliqué », remarque Norbert Stimphil.
Les estimations officielles font état de 500 mille enfants, en âge scolaire mais qui n’ont jamais
été scolarisés à cause du faible moyen économique de leurs parents ou du manque d’encadrement
de la part des autorités politiques, c’est-à-dire, il n y a pas une politique éducative bien définie au
sein de notre système éducatif.
Un autre défi pourrait être de pouvoir identifier ces enfants et les intégrer dans le système
éducatif. Une éducation « obligatoire » passe inévitablement par là.
Mais, une fois dans le système, ces enfants risquent de se heurter à ce qui semble être son
principal problème : la déperdition scolaire, dont le taux atteint 67%, d’après Stimphil, et qui est
liée à des causes très variées, notamment économiques.
De plus, l’éducation en Haïti a un caractère « élitiste », juge-t-il. Parce que c’est un système qui
sélectionne les meilleurs et qui rejettent les mauvais. Ceux qui méritent un accompagnement, du
temps et du travail, sont rejetés. Or, ils représentent la majorité, dans tout système éducatif ».
Soulager les parents des coûts de l’éducation, mettre à disposition des matériels didactiques de
qualité, des accompagnements en termes de manuels scolaires, des (sessions de) formations pour
les professeurs, font partie, entre autres, d’ « une chaine d’actions », capables de garantir l’accès
et de réduire le taux de déperdition scolaire.
Selon Stimphil, il existe plus de 20 mille établissements scolaires, ce qui représente plus que la
demande qui se situe autour de 6 à 8 mille établissements. Une bonne partie de ces écoles ne sont
pas publiques. Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 a révélé l’anarchie du système dans ce
domaine. Près de 5 000 établissements ont été victimes des secousses. La plupart ne respectaient
ni les normes, ni les conditions requises pour l’apprentissage.
« Aujourd’hui, sur chaque 100 écoles, 85 appartiennent au secteur privé, à l’Église, aux ONGs.
Donc, comme ça, l’Etat n’aucun contrôle, aucune capacité de contrôler la qualité de
l’enseignement fourni par ces écoles », estime Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Pohdh.
Il y a aussi de nombreuses faiblesses au niveau des enseignants car certains d’entre eux n’ont pas
reçu une formation adéquate les permettant de remplir la tâche. En effet, la plupart des jeunes
enseignants entrent dans le métier pour pouvoir se payer une autre formation qui leur garantira
un emploi plus décent. Il se situe autour de 20% au niveau du fondamental. Le taux est plus élevé
au niveau secondaire, parce que, le plus souvent, l’enseignant a une chaire de 6 heures… Il est
soit avocat, soit ingénieur-agronome ou médecin. Il a un autre métier qui lui rapporte davantage
», explique Edith Delouis. Donc, ce sont les principales faiblesses du secteur éducatif haïtien
actuellement.
Conclusion
Dans les faits, dans la pratique de la salle de classe, l’Ecole haïtienne, en grande partie, évolue
suivant le schéma traditionnel qui perdure. La réforme existe dans les discours politiques, dans
les documents et programmes produits par les techniciens qualifiés du MENFP. La condition
indispensable à une vraie réforme éducative n’est pas encore remplie. C’est l’absence flagrante
de volonté politique. Il s’avère également important que le pays soit doté d’une ECOLE
UNIQUE qui garantisse l’égalité des chances de tous les fils et filles d’Haïti. Les choix
méthodologiques, s’ils obéissent à des critères de cohérence, gagneront à être respectés. Compte
tenu de l’imbroglio existant dans l’application des approches recommandées, même dans
l’hypothèse d’une possible application des programmes du nouveau secondaire sur le plan
technique (formation des enseignants, matériels didactiques disponibles, etc.), elle se heurterait à
l’incapacité des apprenants issus de l’Ecole fondamentale. Car ces derniers sont formés en
grande partie dans le système traditionnel comme il a été démontré plus haut. Pour qu’elle soit
effective, la réforme doit embrasser tous les sous-secteurs de l’éducation et, avant d’atteindre
l’enseignement supérieur, il est impératif que le fondamental et le secondaire soient connectés.
Aucune réforme éducative ne devrait faire l’impasse sur une politique éducative nationale qui
prenne en compte la dimension linguistique de la scolarisation. En termes clairs, le rôle des deux
langues officielles du pays, le créole, langue maternelle et le français, langue seconde, devra faire
l’objet d’un aménagement linguistique. Il en est de même de la nécessaire didactisation du
créole, en tenant compte de la rareté des outils pédagogiques de qualité en créole. Seule une
volonté de changement réel peut amener à une vraie réforme éducative. A ce moment-là, des
mesures seront adoptées qui favoriseront la réussite de celle-ci (formation de tous les agents
éducatifs, conception et élaboration des matériels didactiques adéquats, etc.). On s’en est bien
rendu compte, dans la situation actuelle, l’école haïtienne nage en pleine illusion de réforme. Et
la lutte pour une réforme éducative réelle s’annonce aussi longue que celle pour la démocratie en
Haïti.
Références bibliographiques
– Jean Métellus (1990) Les enjeux de l’alphabétisation des enfants en Haïti, Enfance, Tome 43
no 1
– Fortenel Thélusma (2018), Le créole haïtien dans la tourmente ? Faits probants, analyse et
perspectives, C3 Editions.
Autres sources :