Physique MP 2 2024

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A2024 – PHYSIQUE II MP

ÉCOLE DES PONTS PARISTECH,


ISAE-SUPAERO, ENSTA PARIS,
TÉLÉCOM PARIS, MINES PARIS,
MINES SAINT-ÉTIENNE, MINES NANCY,
IMT ATLANTIQUE, ENSAE PARIS,
CHIMIE PARISTECH - PSL.

Concours Mines-Télécom,
Concours Centrale-Supélec (Cycle International).

CONCOURS 2024

DEUXIÈME ÉPREUVE DE PHYSIQUE

Durée de l’épreuve : 3 heures


L’usage de la calculatrice et de tout dispositif électronique est interdit.

Les candidats sont priés de mentionner de façon apparente


sur la première page de la copie :

PHYSIQUE II - MP

L’énoncé de cette épreuve comporte 7 pages de texte.

Si, au cours de l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être une erreur d’énoncé,
il le signale sur sa copie et poursuit sa composition en expliquant les raisons des
initiatives qu’il est amené à prendre.

Les sujets sont la propriété du GIP CCMP. Ils sont publiés sous les termes de la licence
Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France.
Tout autre usage est soumis à une autorisation préalable du Concours commun Mines Ponts.
Physique II, année 2024 — filière MP

Thermodynamique du froid
Le sujet, consacré à l’étude de certaines propriétés physiques à très basse température, com-
porte deux problèmes totalement indépendants numérotés I (étude de transferts thermiques
conductifs et convecto–conductifs) et II (étude d’un réfrigérateur par détente d’un gaz).
Les vecteurs sont surmontés d’une flèche (w),
~ à l’exception des vecteurs unitaires notés avec un
chapeau (û). Les applications numériques seront réalisées avec seulement deux chiffres significa-
tifs. Les données numériques nécessaires et un formulaire, relatif en particulier aux coordonnées
sphériques, figurent en fin d’énoncé.

I Refroidissement des supraconducteurs


Parmi les applications importantes des basses températures, on compte la supraconductivité :
certains métaux ou oxydes métalliques acquièrent, en dessous d’une certaine température cri-
tique (T < Tsc ) un caractère supraconducteur, le matériau pouvant conduire un courant élec-
trique permanent sans aucune dissipation d’énergie. Cette propriété est par exemple mise à
profit pour la production de champs magnétiques intenses.
Dans tout ce qui suit, le matériau supraconducteur est assimilé à un conducteur thermique de
conductivité thermique de la loi de Fourier, de masse volumique ⇢ et de capacité thermique
massique c. On rappelle que, dans ce cas, l’évolution de la température à l’intérieur du matériau
conducteur est donnée par l’équation de diffusion thermique :
@T
⇢c = T où est l’opérateur laplacien.
@t
Les échanges thermiques entre ce matériau et le fluide qui l’entoure seront, dans tous les cas,
décrits par la loi de Newton : le transfert thermique pariétal (à la surface ou sur les bords)
du solide de température T vers le fluide de température Tf , par unité de temps et par unité
d’aire, est jpar = k (T Tf ) où k est une constante. Les études menées en I.A et I.B sont
totalement indépendantes.

I.A Refroidissement progressif d’un supraconducteur


Le matériau (supraconducteur) étudié dans cette partie I.A à la forme d’une boule de rayon
R, de température uniforme T (t). Il est entièrement plongé dans un liquide réfrigérant qui
maintient, à grande distance du matériau, la température uniforme et constante T0 < Tsc (cf.
figure 1).

M k T0

r
R
T (t)
Ts (t)
Liquide de refroidissement

Figure 1 – Boule de supraconducteur en cours de refroidissement

o – 1. Donner, en les justifiant, les unités (ou les dimensions) de k et .


Établir, dans le cas unidimensionnel, l’équation de diffusion thermique rappelée ci-dessus.

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Physique II, année 2024 — filière MP

o – 2. Rappeler l’expression de la diffusivité thermique Dth d’un matériau.


À quelle condition, portant sur la durée t du refroidissement, l’hypothèse consistant à
considérer la température du matériau comme uniforme est-elle légitime ? On se placera
dans ce cas dans la suite.
o – 3. Exprimer en fonction des données la capacité thermique Cth de la boule solide, ainsi que la
résistance thermique d’isolement Rth associée aux échanges pariétaux convecto-conductifs
à sa surface.
Pour l’étude du refroidissement, il faut aussi tenir compte des transferts thermiques au sein
du liquide réfrigérant. On admet que la température Tf en un point M du liquide supposé
immobile ne dépend que de la distance r au centre O de la boule (figure 1). On néglige la
capacité thermique massique du liquide réfrigérant ; sa conductivité thermique est notée 0 .
o – 4. Montrer que Tf (r,t) = T0 + [Ts (t) T0 ] R/r
o – 5. Pourquoi est-il licite de décrire les transferts à travers le fluide en termes de résistance
thermique ?
Exprimer la résistance thermique Rth 0
associée au refroidissement conductif, en fonction
de et R.
0

On suppose pour finir que 0


R k.
o – 6. Déterminer l’équation d’évolution de la température T (t) de la boule solide ; on posera
⇢Rc
⌧= .
3k
o – 7. On notera Ti = T (t = 0) la température initiale du matériau. Tracer l’allure de la
courbe T (t) et exprimer la durée t au bout de laquelle le matériau débute la transition
conducteur 7! supraconducteur.

I.B Refroidissement stationnaire d’un fil supraconducteur


L’absence de résistivité dans les matériaux supraconducteurs n’empêche pas, notamment dans
le cadre de régimes transitoires électromagnétiques, l’existence de dissipations de puissance
dues au champ électrique induit. Il s’ensuit un chauffage local du matériau supraconducteur.
Le passage éventuel de celui-ci au-dessus de la température critique Tsc a alors un effet catas-
trophique : l’effet Joule apparaît, la température augmente de plus en plus et la surchauffe du
bobinage peut détruire celui-ci : c’est le phénomène de quench (voir figure 2).

Figure 2 – Fuite d’hélium suite à la destruction (quench) d’un aimant supraconducteur utilisé
pour la RMN. Département de Chimie de l’université de l’Alberta

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Physique II, année 2024 — filière MP

On va dans ce qui suit s’intéresser aux conditions de refroidissement propres à éviter le phéno-
mène de quench.
Le matériau supraconducteur étudié a la forme d’un fil cylindrique de rayon R, de très grande
longueur (figure 3). Il est entièrement plongé dans un liquide réfrigérant qui maintient une tem-
pérature uniforme T0 < Tsc , avec lequel les échanges thermiques se font selon la loi de Newton.
La totalité du fil cylindrique est le siège d’une production de puissance électromagnétique avec
la densité volumique supposée uniforme et constante pu .

Liquide de refroidissement
Ps (r)

R
z
T0

k r r

R
Vue de dessus

Figure 3 – Fil supraconducteur en régime stationnaire

o – 8. Exprimer la puissance totale Ps (r) évacuée par une hauteur H de la partie du fil située
au plus à la distance r de l’axe avec 0 6 r < R, cf. figure 3.
o – 9. En déduire, en régime permanent, l’intensité jth (r) de la densité volumique de flux ther-
mique conductif dans le fil.
o – 10. Déterminer l’expression de la température de surface Ts en fonction de T0 , k, pu et R .
o – 11. À quel endroit dans le fil la température est-elle maximale ?
Déterminer l’expression de la valeur Tmax correspondante.
Montrer que le phénomène de quench ne se produit pas si pu est inférieur à une valeur
critique pmax que l’on exprimera.

II Réfrigérateur à détente de gaz


Les premières études des propriétés des systèmes physiques à très basses températures, et en
particulier la découverte de la supraconductivité, ont été faites en utilisant des réfrigérateurs
à détente de gaz, à la suite des travaux des néerlandais van der Waals et Kamerlingh
Onnes. Les parties II.A (étude statistique des gaz parfaits), II.B (modèle énergétique de van
der Waals) et II.C (refroidissement par détente) sont indépendantes.
On n’oubliera pas que le modèle utilisé pour la description thermodynamique des fluides n’est
pas le même : modèle des gaz parfaits dans la partie II.A et modèle avec interactions entre
molécules dans la suite.

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Physique II, année 2024 — filière MP

Figure 4 – Kamerlingh Onnes (à gauche) et van der Waals (à droite) photographiés


devant la machine à liquéfier l’hélium, laboratoire de l’Université de Leiden, ����

II.A Thermodynamique des gaz parfaits


On étudie ici un système thermodynamique formé de N particules réparties sur p niveaux
d’énergie "j (j = 1, 2, . . . , p) non dégénérés. Le système est maintenu à température constante
T par contact avec un thermostat et on notera = 1/kB T .
p
X
o – 12. Rappeler la loi statistique de Boltzmann. On notera Z( ) = exp ( "j ).
j=1
o – 13. Exprimer l’énergie moyenne " d’une des N particules du milieu en fonction de Z( ) et sa
dérivée.
En déduire l’expression de l’énergie interne U ( ) du système.
o – 14. Montrer qu’on peut exprimer, en fonction d’une somme (qu’on ne cherchera surtout pas
à calculer), l’écart-type " associé à la moyenne ".
Quel est l’écart-type U associé ? Que peut-on en en déduire ?
Les états possibles du système étant très nombreux, les sommes exprimant Z( ) et donc U ( )
explicitées ci-dessus sont remplacées par des intégrales : le nombre dg d’états distincts corres-
pondant à un intervalle d’énergie d" s’exprime alors
Z sous la forme dg = q(")d" où q(") est la
densité d’états, on adoptera l’expression Z( ) = q(") exp ( ") d" où l’intégrale est étendue
à toutes les valeurs possibles de l’énergie ".
o – 15. Préciser l’unité (ou la dimension) de la densité d’états q(").
On étudie maintenant les propriétés thermodynamiques d’un gaz parfait monoatomique formé
de N atomes identiques, décrits dans le cadre de la mécanique classique : un atome de masse m a
d~r
pour vecteur position ~r(t) et pour vitesse ~v (t) = relativement au référentiel d’étude, supposé
dt
galiléen et lié au récipient fixe, de volume V , qui contient ce gaz. L’énergie des molécules est
purement cinétique donc 0 6 " < +1.
p p
o – 16. Montrer que q(") est proportionnel à ". Pour la suite, on pourra poser q(") = Q " sans
préciser la constante Q.
Z 1
p
o – 17. En déduire l’expression de Z( ) en fonction de , Q et de l’intégrale A = x e x dx
0
(il est aussi inutile de calculer A).

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Physique II, année 2024 — filière MP

o – 18. Déterminer enfin l’énergie interne U du gaz, en fonction de N et ; commenter le résultat


obtenu et proposer une généralisation dans le cas d’un gaz parfait diatomique.

II.B Le modèle de van der Waals


On peut rafiner le modèle du gaz parfait en considèrant maintenant le modèle d’un fluide F
constitué de molécules assimilées à des sphères de rayon r0 en interactions : l’énergie potentielle
d’interaction entre deux molécules est attractive, ne dépend que de la distance r entre leurs

centres et s’écrit "p = où r > 2r0 et ↵ est une constante. Le volume total occupé par le
r6
N kB
fluide est V , la température T et l’énergie cinétique moyenne du gaz sera notée E c = T.
1
o – 19. Quelle est la nature des interactions décrites ici ?
Quel est le signe de ↵ ?
Pour le calcul de l’interaction entre une molécule donnée de centre O (à l’origine des coordon-
nées) et le reste du gaz, on admet que les N 1 autres molécules sont réparties uniformément
N
en fonction de la distance r avec une densité particulaire n⇤ = uniforme pour r > 2r0 (voir
V
la figure 5).
o – 20. Quel est le nombre (moyen) dN de molécules dont le centre est situé à une distance de O
comprise entre r et r + dr ?
En calculant une intégrale, déduire l’énergie potentielle d’interaction moyenne "1 de la
molécule centrée sur O avec toutes les autres. On pourra considérer que V r03 pour
évaluer les bornes d’intégration.

Figure 5 – Interaction d’une molécule avec le reste du gaz

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o – 21. En déduire l’expression de l’énergie interne du fluide F se met sous la forme

N kB N 2a
U= T
1 V

dans laquelle on exprimera la constante a en fonction de ↵ et r0 .


Un modèle un peu plus élaboré de physique statistique permet également d’obtenir l’entropie
de la même quantité de fluide F, elle s’écrit :

T c (V u)
S = S0 + kB N ln c
T0 (V0 u)
4
où l’exposant c ainsi que S0 , T0 , V0 sont des constantes et u = N ⇡(2r0 )3 .
3
o – 22. Justifier physiquement le signe de c.
Pour toute évolution infinitésimale d’un système fluide de température T et à la pression P , on
indique la relation dU = T dS P dV entre les variations dU , dS et dV de l’énergie interne, de
l’entropie et du volume.
o – 23. En déduire c en fonction de ainsi que l’équation d’état P = P (T,V,N ) du fluide F.
Commenter.

II.C Refroidissement par détente adiabatique


Dans cette dernière partie les grandeurs thermodynamiques utilisées sont toujours les mêmes
que dans les parties précédentes mais elle s’entendent pour une mole de fluide.
On étudie les évolutions d’un fluide F caractérisé par l’énergie interne molaire (admise) :
RT A
U=
1 V

et par l’équation d’état molaire (également admise) :


✓ ◆
A
P + 2 (V B) = RT
V

où A et B sont des constantes strictement positives (leurs valeurs numériques pour N2 et H2


figurent en fin d’énoncé) et > 1. Enfin, le modèle constitue une correction par rapport au
modèle du gaz parfait ; en particulier, on se limitera partout au corrections du premier ordre
en fonction des constantes A et B.
✓ ◆
1 1
o – 24. Montrer que l’enthalpie molaire H(T,P ) du fluide s’écrit H = CP T KP où
T Tr
2A
RTr = et CP > 0 et K > 0 sont des constantes que l’on exprimera en fonction des
B
données.
o – 25. Comment nomme-t-on la détente adiabatique et isenthalpique d’un fluide ?
La transformation ainsi décrite est-elle réversible ?
À quelle condition une détente de ce type permet-elle un refroidissement ?
Faire l’application numérique pour N2 et H2 et conclure.

FIN DE L’ÉPREUVE

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Données numériques
Grandeur Notation Valeur numérique
Constante d’Avogadro NA 6,0·1023 mol 1

Constante de Boltzmann kB 1,4·10 23 J·K 1

Constante molaire des gaz parfaits R 8,3 J·K 1 ·mol 1

Coefficients de l’équation de van der Waals


Pour le diazote N2 Pour le dihydrogène H2
1 5 2 5
A = 1,4·10 SI B = 3,9·10 SI A = 2,5·10 SI B = 2,7·10 SI

Repérage sphérique d’un point M


Le point M de coordonnées cartésiennes (x,y,z) peut aussi être repéré par ses coordonnées
sphériques r, ✓ et ' rappelées sur le schéma ci-après :

(Oz)

z•
~er
M
✓ • ~e'
~e✓
~ez r
y (Oy)
• •
x '
• •
(Ox)

Formulaire en coordonnées sphériques


Gradient :
! @f 1 @f 1 @f
grad f = ûr + û✓ + û'
@r r @✓ r sin ✓ @'
Laplacien scalaire :
 ✓ ◆ ✓ ◆
1 @ 2 @f 1 @ @f 1 @ 2f
f= 2 r + sin ✓ +
r @r @r sin ✓ @✓ @✓ sin2 ✓ @'2

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