La surveillance environnementale devient, avec les problmatiques actuelles, une ncessit croissante.

La Loi sur lAir et lUtilisation Rationnelle de lEnergie (loi LAURE) du 30 dcembre 1996 donne le droit chacun de respirer un air qui ne nuise pas sa sant . Elle rend obligatoire la surveillance de lair, la dfinition dobjectifs de qualit et linformation du public. Dans ce contexte lgislatif, la surveillance par des mthodes biologiques simpose comme un complment intressant des techniques traditionnelles. En effet, les appareils de mesures et les modles de dispersion apportent une information quantitative trs prcise alors que la biosurveillance renseigne, dune manire gnrale des effets des polluants et limprgnation de lenvironnement. En outre, la biosurveillance sera trs utile lorsque la source dmission est mobile, inconnue ou diffuse et/ou lorsque les paramtres de dispersion sont trop complexes dfinir. Ainsi, la biosurveillance prsente de nombreux avantages qui offrent un avenir certain ces mthodes.

LA BIOSURVEILLANCE CONCEPTS

La biosurveillance repose sur la facult de certains organismes vivants ragir lexposition dun ou plusieurs polluants pour rvler une altration de lenvironnement et pour en suivre son volution (Garrec et Van Haluwyn, 2002). La biosurveillance comprend 4 concepts se situant des niveaux dorganisation biologiques diffrents : Le bio-marqueur qui se place au niveau infra-individuel. Le polluant provoque des effets non visibles lil nu. (Ex : perturbation de la photosynthse, dune activit enzymatique, etc.) Le bio-indicateur qui se situe lchelle de lindividu. On peut voir lil nu des altrations physiologiques ou morphologiques de lorganisme. (Ex : changement de couleurs des tissus). Le bio-intgrateur qui prend en compte ltat dune population dindividus. (Ex : modification de la densit dune population). Ces 3 premiers concepts relevant de lobservation dfinissent la technique de la bio-indication. Ils utilisent les rponses des organismes vivants face au stress caus par la pollution. Le 4me concept est la biosurveillance par bioaccumulation. Cette mthode consiste utiliser la proprit de certaines espces accumuler les polluants dans leurs tissus sans que les individus ne disparaissent. Lorganisme bio-accumulateur sert alors de matrice pour doser les polluants. Bien que ces techniques aient dmontr scientifiquement leur fiabilit, lusage de la biosurveillance sur le terrain oprationnel reste encore dvelopper.

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Schma conceptuel de la biosurveillance

LA BIOSURVEILLANCE: UN COMPLEMENT DES MESURES PHYSICO-CHIMIQUES

Les appareils de mesure sont les seuls outils capables de donner des valeurs de concentration atmosphriques. Cependant, ils ne fournissent pas dinformations sur les transferts de polluants vers le milieu rcepteur final, leau, le sol et les plantes. Il est admis que la voie de contamination est pour 95% alimentaire et 5% par inhalation (source, INSEM 2000). De ce fait, lutilisation de la biosurveillance apporte la notion deffet et de risque sanitaire. Lapport dune information qualitative spatio-temporelle sur de longues priodes permet donc denrichir les donnes obtenues par les techniques traditionnelles. Dans certaines situations elle reprsente aussi un avantage financier. En effet certaines tudes sont mises en place sur des terrains vastes et complexes sur lesquels il est trs difficile, voire impossible, de raliser des modles de dispersion. La biosurveillance permet alors de calibrer et optimiser les futures campagnes de mesures en identifiant les zones les plus pollues. Les mesures de terrain, plus chres mais plus prcises sur le plan quantitatif, seront alors dployes uniquement sur ces zones pollues. Enfin la biosurveillance propose une approche pdagogique de la surveillance environnementale. Une information qualitative de lenvironnement obtenue par un organisme vivant est un vecteur de communication efficace pour le grand public. Il est en effet plus simple dimaginer le danger dune pollution en observant ses effets sur un organisme vivant quen comparant les mesures chiffres des valeurs seuils. En ce sens la biosurveillance devient un outil de sensibilisation la biodiversit et au dveloppement durable. Pour toutes ces raisons, la biosurveillance est une mthode recommande par diverses instances nationales et internationales. A titre dexemple, dans le cadre de la convention de Genve, les Nations-Unis prconisent lutilisation de bio-accumulateurs lorsque lextension dun systme de mesures devient trop coteuse. Cependant, la biosurveillance nest pas encore soutenue par la lgislation et souffre dun manque de normalisation, gage de crdibilit auprs des donneurs dordres.
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LA BIOSURVEILLANCE - QUEL DEVELOPPEMENT POUR DEMAIN ? Malgr lutilisation de la biosurveillance par les scientifiques depuis une trentaine dannes et sa prconisation par diverses instances publiques, celle-ci reste relativement mconnue dans le secteur industriel et ne convainc pas totalement les Associations Agres pour la Surveillance de la Qualit de lAir (AASQA). Les raisons ? Un manque de lgislation, de normalisation et dinformation. Ces trois freins sont identifis dans un rapport command par lADEME et le Conseil Rgional NordPas de Calais faisabilit dune filire de biosurveillance de la qualit de lair (M.Lerond et C.Sanson, 2001). Les industriels sont soumis une rglementation stricte en matire environnementale dans laquelle la biosurveillance na pas sa place. Ainsi, peu dindustriels ont dj pris connaissance de ces mthodes pour valuer leurs impacts sur lenvironnement. Et cette faible proportion susceptible dintgrer dans sa stratgie dentreprise un rseau de biosurveillance y voit souvent une contrainte financire supplmentaire en matire environnementale. Ainsi, la biosurveillance peine simposer dans ce secteur par manque de lgislation et dinformation. Les gestionnaires des rseaux de surveillance sont, quant eux, plutt informs de lutilisation de mthodes biologiques dans lvaluation de la qualit de lair. Toutefois, le manque de normalisation des mthodes astreint les AASQA se limiter aux mthodes physico-chimiques classiques. Seules quelques AASQA ont, ou ont dj eu, recours la biosurveillance, limage de la rgion de Normandie qui utilise les lichens comme bio-indicateur de la qualit de lair.

CONCLUSION

Lusage de la biosurveillance a dj dmontr toute sa fiabilit et son intrt sur le plan scientifique et pdagogique. Elle permet dapporter une information supplmentaire dans les tudes de surveillance, sur les transferts des polluants et les effets quils induisent. Ainsi, on peut estimer les niveaux de pollutions, identifier les zones les plus exposes et suivre leur volution dans le temps. Les capacits de la biosurveillance peuvent tre utilises aussi bien dans une stratgie dentreprise comme une mesure prventive et/ou un lment de communication que dans les politiques des collectivits territoriales, notamment pour revoir des schmas damnagement et valuer la qualit environnementale de leur territoire. Nanmoins, derrire la simplicit dutilisation dorganismes vivants comme outil dvaluation se cache un systme biologique extrmement complexe, source de nombreuses incertitudes et derreurs dinterprtation. La raction dun organisme face un polluant va dpendre de nombreux paramtres biotiques et abiotiques. Ces difficults limitent lutilisation de ces mthodes aux scientifiques experts du domaine. Malgr un retard de la France dans le dveloppement de la biosurveillance, nous disposons actuellement de plusieurs normes de biosurveillance pour certains organismes permettant de calibrer ces incertitudes. En effet, des chercheurs ont labor des protocoles dutilisation de

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diffrentes plantes pour la surveillance de la qualit de lair qui ont conduit llaboration de quatre normes AFNOR en juin 2008. On constate donc que le processus de normalisation, est en marche. Des efforts sont encore attendus au niveau de la lgislation afin de rendre obligatoire lusage de la biosurveillance dans certaines tudes, et ainsi amliorer les collectes de donnes environnementales. Les craintes des pollutions industrielles sont essentiellement sanitaires. Or les mthodes de biosurveillance sont particulirement adaptes dans lvaluation du risque sanitaire et ce, sur de longues priodes. Les mesures physico-chimiques et la biosurveillance, souvent mises en concurrence, ne sont donc pas rivales. Ces deux techniques mises en parallle permettent dobtenir une information plus complte, plus fiable et plus reprsentative, tout en proposant une approche pdagogique du dveloppement durable et de la surveillance environnementale. Maxime Le Tutour, Apilab, 2011.

REFERENCES
L. Galsomis, LA BIOSURVEILLANCE cest QUOI? - Mthodes biologiques pour lvaluation de la qualit de lair - LADEME soutient LA NORMALISATION (DABEE/DSQA). L. Galsomis L. et Letrouit M.A. 1999. Evaluation des retombes atmosphriques de mtaux lourds sur le territoire Franais via leur accumulation dans les mousses Campagne 1996. Rapport final, juillet 1999, contrat ADEME / Paris6 n9893015, 1-32. L. Galsomis L. ADEME. 2006. Surveillance des retombes atmosphriques de mtaux en France LADEME soutient la campagne nationale par le biosurveillance. Air Pur Numro 77, 2009 - Quelle place et quelles perspectives pour la biosurveillance vgtale dans les tudes de la qualit de lair en France ? A. BERNARD M. DURIF L. VANDAMME. Utilisation dune technique de biosurveillance pour valuer les retombes de mtaux lourds cas dun site de seconde fusion du plomb. Service Presse INRA, 18/12/2008, Des normes AFNOR de biosurveillance de lenvironnement. ADEME & VOUS, dossier n7 juillet-aot 2007, Un appel aux bio-indicateurs.

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