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'''Pieter Retief''' ou Piet Retief ([[1780]]-[[1838]]) est un [[Boers|boer]] et un chef [[Voortrekker]] du [[Grand Trek]] en [[Afrique du Sud]], dont l'assassinat est l'un des actes fondateurs de l'histoire [[Afrikaner (peuple)|afrikaner]].

'''Pieter Retief''' ou Piet Retief ([[1780]]-[[1838]]) est un [[Boers|boer]] et un chef [[Voortrekker]] d'[[Afrique du Sud]], dont l'assassinat est l'un des actes fondateurs de l'histoire [[Afrikaner (peuple)|afrikaner]].


== Enfance et éducation ==
== Enfance et éducation ==
Piet Retief naît le [[12 novembre]] [[1780]] à [[Wellington (Afrique du Sud)|Wagenmakersvallei]] dans la [[colonie du Cap]]. Il est le cinquième des 10 enfants de Jacobus et Debora Retief, une famille d'origine [[français]]e. Son ancêtre est François Retif, un [[huguenot]] natif de [[Mer (Loir-et-Cher)|Mer]] près de la ville de [[Blois]], arrivé au [[Le Cap|Cap]] en [[1689]]. Le nom Retif est néerlandisé en Retief<ref>{{Ouvrage|prénom1=Lugan,|nom1=Bernard.|titre=Ces Français qui ont fait l'Afrique du Sud|éditeur=Bartillat|date=1996|isbn=2841000869|oclc=36475025|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/36475025}}</ref>.
Piet Retief naît le {{date|12 novembre 1780}} à [[Wellington (Afrique du Sud)|Wagenmakersvallei]] dans la [[colonie du Cap]]. Il est le cinquième des 10 enfants de Jacobus et Debora Retief, une famille d'origine [[français]]e. Son ancêtre est François Retif, un [[huguenot]] natif de [[Mer (Loir-et-Cher)|Mer]] près de la ville de [[Blois]], arrivé au [[Le Cap|Cap]] en [[1689]]. Le nom Retif est néerlandisé en Retief<ref>{{Ouvrage|prénom1=Lugan,|nom1=Bernard.|titre=Ces Français qui ont fait l'Afrique du Sud|éditeur=[[Éditions Bartillat|Bartillat]]|année=1996|isbn=2-84100-086-9|oclc=36475025|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/36475025}}</ref>.


Piet Retief grandit dans le [[vignoble]] de son père jusqu'à l'âge de 27 ans, puis s'installe à [[Stellenbosch]] où il commence à vendre une [[liqueur]] [[Boisson alcoolisée|alcool]]ique. La licence de celle-ci lui est retirée après que le Colonel Thomas Willshire se plaint de l'enivrement de ses soldats. Retief se retrouve en difficulté financière, avec au moins deux faillites à son compte<ref>{{Ouvrage|prénom1=Giliomee, Hermann,|nom1=1938-|titre=The Afrikaners : biography of a people|éditeur=C. Hurst|date=2003|isbn=1850657149|oclc=59343203|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/59343203}}</ref>. Il s'installe dans la région de [[Grahamstown]] où il fait fortune, puis la perd aussitôt suite à de mauvais investissements.
Piet Retief grandit dans le [[vignoble]] de son père jusqu'à l'âge de 27 ans, puis s'installe à [[Stellenbosch]] où il commence à vendre une [[liqueur]] [[Boisson alcoolisée|alcool]]ique. La licence de celle-ci lui est retirée après que le Colonel Thomas Willshire se plaint de l'enivrement de ses soldats. Retief se retrouve en difficulté financière, avec au moins deux faillites à son compte<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Giliomee, Hermann,|nom1=1938-|titre=The Afrikaners|sous-titre=biography of a people|lieu=Londres|éditeur=C. Hurst|année=2003|pages totales=698|isbn=1-85065-714-9|oclc=59343203|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/59343203}}</ref>. Il s'installe dans la région de [[Grahamstown]] où il fait fortune, puis la perd aussitôt à la suite de mauvais investissements.


En [[1814]], Retief se marie avec Magdalene Johanna (Lenie) Greyling et adopte ses trois fils et ses deux filles.
En [[1814]], Retief se marie avec Magdalene Johanna (Lenie) Greyling et adopte ses trois fils et ses deux filles.


== Engagement politique ==
== Engagement politique ==
[[Image:Retief manifesto, 2 Feb 1837, Graham's Town Journal.jpg|thumb|Le manifeste de Piet Retief.]]
La colonie du Cap étant devenue une colonie britannique, un certain nombre de décisions de la Grande-Bretagne provoquent le mécontentement des [[boers]]. L'église anglicane devient l'église officielle de la colonie, l'[[anglais]] devient la seule langue officielle et le [[droit]] anglican remplace le droit [[néerlandais]]. L'[[abolition de l'esclavage]] et le peu d'indemnisation offerte aux esclavagistes amène de nombreux boers à tenter le [[Grand Trek]], c’est-à-dire l'émigration vers l'intérieur des terres d'Afrique du Sud, hors du contrôle de l'administration britannique. Retief tente une médiation entre les fermiers et le gouvernement britannique. A l'échec de celle-ci, il organise les premières migrations vers le nord.
La colonie du Cap étant devenue une colonie britannique, un certain nombre de décisions de la Grande-Bretagne provoquent le mécontentement des [[Boers]]. L'église anglicane devient l'église officielle de la colonie, l'[[anglais]] devient la seule langue officielle et le [[droit]] anglican remplace le droit [[néerlandais]]. L'[[abolition de l'esclavage]] et le peu d'indemnisation offerte aux esclavagistes amène de nombreux boers à tenter le [[Grand Trek]], c’est-à-dire l'émigration vers l'intérieur des terres d'Afrique du Sud, hors du contrôle de l'administration britannique. Retief tente une médiation entre les fermiers et le gouvernement britannique. Après l'échec de celle-ci, il organise les premières migrations vers le nord.


Le {{date|22 janvier 1837}}, Retief rédige un manifeste par lequel il énonce ses griefs contre l'autorité [[Royaume-Uni|britannique]]. Publié le {{date|2 février 1837}} dans ''The Grahamstown Journal'', et co-signé par 366 personnes<ref name="Lugan">Bernard Lugan, ''Histoire de l'Afrique du Sud, de l'antiquité à nos jours'', Ed. Perrin, 1989, p 87</ref>, il y exprime les raisons qui le poussent à vouloir fonder, hors de la colonie du Cap, une communauté libre et indépendante. Énonçant ses griefs contre l'autorité britannique, incapable selon lui de fournir la moindre protection aux fermiers et injuste pour avoir émancipé les esclaves sans indemnisations équitables, il évoque une [[terre promise]] qui serait destinée à la prospérité, à la paix et au bonheur des enfants Boers. Une terre où les Boers seraient enfin libres, où leur gouvernement déciderait de ses propres lois. Il y souligne également que personne ne serait maintenu en esclavage dans ces territoires mais que seraient maintenus les lois destinées à réprimer tout forfait et à préserver des relations convenables entre {{citation|maîtres et serviteurs}} basées sur les obligations dues par un employé à son employeur<ref name="Videcoq"> Pierre Videcoq, [https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1978_num_65_239_2103 Aspects de la politique indigène des Boers du Nord du Vaal (Transvaal, République Sud-Africaine) de 1838 à 1877 : sécurité des Blancs et utilisation des populations locales], Outre-Mers. Revue d'histoire Année 1978 239 pp. 180-211 </ref>.
Le [[22 janvier]] [[1837]], Retief rédige un manifeste par lequel il énonce ses griefs contre l'autorité [[Royaume-Uni|britannique]], qu'il qualifie d'injuste pour avoir émancipé les esclaves avec une indemnisation d'un quart de leur valeur. Il évoque une terre promise aux Boers destinée à la prospérité, à la paix et au bonheur de leurs enfants.


La déclaration, perçue comme la déclaration d'indépendance des fermiers [[Voortrekkers]], est publiée le [[2 février]] [[1837]] dans le journal de Grahamstown. Moins d'un mois plus tard, Retief et sa famille quittent le district de Winterberg pour se joindre à un convoi en route vers le fleuve [[Orange (fleuve)|Orange]].
Moins d'un mois plus tard, Retief et sa famille quittent le district de Winterberg pour se joindre à un convoi en route vers le fleuve [[Orange (fleuve)|Orange]].


Lors du voyage, après avoir franchi le fleuve, Retief fut élu chef de la « province libre de la nouvelle Hollande en Afrique du sud-est ». Quelques groupes quittèrent le convoi pour continuer vers le nord et Retief se retrouva assez rapidement à la tête d'un petit groupe de 26 familles en route vers l'est.
Lors du voyage, après avoir franchi le fleuve, Retief fut élu chef de la « province libre de la nouvelle Hollande en Afrique du sud-est ». Quelques groupes quittèrent le convoi pour continuer vers le nord et Retief se retrouva assez rapidement à la tête d'un petit groupe de 26 familles en route vers l'est.


== Exploration du Natal ==
Le [[5 octobre]] [[1837]], après avoir franchi les montagnes du [[Drakensberg (montagne)|Drakensberg]], il se lance dans l'exploration de la région de [[Durban|Port Natal]]. Il prend contact avec le chef [[zoulou]] [[Dingane]] en novembre [[1837]] et s'allie à d'autres chefs voortrekkers, [[Gert Maritz]] et [[Hendrik Potgieter]], en janvier [[1838]].
[[File:Dingaan en Retief, paneel 12, Voortrekkermonument, b.jpg|thumb|left|Signature du traité entre Piet Retief et [[Dingane kaSenzangakhona|Dingane]] à [[uMgungundlovu]] en février 1838 (frise du [[Voortrekker Monument]]).]]
Le {{date|5|octobre|1837}}, après avoir franchi le montagnes du [[Drakensberg (montagne)|Drakensberg]], Piet Retief se lance dans l'exploration de la région de [[Durban|Port Natal]] (future [[Durban]]), modeste comptoir au bord de l'[[océan Indien]], concédé autrefois par le roi zoulou [[Shaka]] à des commerçants britanniques venus s'établir sur la [[côte du Natal]]. Il prend contact avec le roi [[Zoulou]] [[Dingane kaSenzangakhona]] en novembre [[1837]], lui disant son intention de vivre en paix avec le peuple zoulou et lui propose de négocier un traité foncier permettant l'installation des voortrekkers dans la région de la rivière Tugela<ref name="Teulié1">{{ouvrage| nom = Teulié | prénom = Gilles | titre = Histoire de l'Afrique du Sud, des origines à nos jours | date = 2019 | pages = 128-134 | éditeur = Tallandier | lieu = France | isbn = 979-10-210-2872-2}}</ref>. Retief évoque imprudemment à cette occasion les faits d'armes des Voortrekkers, notamment leur victoire lors de la [[bataille de Vegkop]] contre le roi [[Mzilikazi]] ce qui provoque la méfiance du roi zoulou<ref name="Teulié1"/>. Celui-ci fait mine d'accepter le principe du traité bien qu'un contrat écrit, garantissant la propriété privée, n'a aucune valeur dans la culture orale zoulou qui prescrit qu'un chef ne peut que temporairement distribuer des terres car elles appartiennent à la communauté <ref>{{lien web|url=http://history.humsci.ukzn.ac.za/files/sempapers/Adutoit2005.pdf |titre=(Re)reading the Narratives of Political Violence in South Africa: Indigenous founding myths & frontier violence as discourse |nom=du Toit |prénom=André |consulté le=2009-08-18 |page=18 |archive-url=https://web.archive.org/web/20081217042554/http://history.humsci.ukzn.ac.za/files/sempapers/Adutoit2005.pdf |archive-date=17 December 2008}}</ref>. Par ailleurs, l'autorité du roi ne s'étend que sur une partie des terres que Retief convoite pour les siens. Comme condition préalable à l'acceptation de la demande des Voortrekkers, Dingane exige que ceux-ci rapportent du bétail volé par Sekonyela, le chef rival des Tlokoas<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jan Morris|titre=Heaven's command|sous-titre=an imperial progress|éditeur=[[Faber and Faber]]|année=1998|pages totales=554|isbn=0-571-19466-4|oclc=43178332|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/43178332}}</ref>. Il s'agit en fait d'un test permettant de jauger la dangerosité des Boers pour les Zoulous.


En décembre 1838, Retief et ses hommes réussirent à trouver Sekonyela dans les montagnes du Drakensberg et à saisir la plus grande partie du bétail, supposément volé à Dingane, ainsi que des armes à feu<ref name="Dlamini">[https://www.cairn.info/revue-politique-africaine-2003-2-page-177.htm La célébration de la bataille de Ncome et les priorités de l'État (1998-1999)], Sizwa Dlamini, ''[[Politique africaine]]'', 2003/2 (N° 90), pages 177 à 189</ref>.
Lors de sa seconde visite à Dingane, celui-ci donne son accord à l'installation des Boers dans le Natal en échange d'une action de représailles que doivent mener les Boers contre un chef de la tribu rivale des Tlokwa<ref>{{Ouvrage|prénom1=Morris, Jan,|nom1=1926-|titre=Heaven's command : an imperial progress|éditeur=Faber and Faber|date=1998|isbn=0571194664|oclc=43178332|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/43178332}}</ref>.


== Massacre de Retief et de ses compagnons ==
== Mort ==
{{Article détaillé|Massacre de Piet Retief et sa délégation}}
[[Image:Verdrag tussen Retief en Dingane 1838.jpg|220px|thumb|Copie du traité du [[4 février]] [[1838]] signé par Retief et Dingane]]
[[Image:Verdrag tussen Retief en Dingane 1838.jpg|thumb|Copie du traité du {{date|4 février 1838}} signé par Retief et Dingane]]
Retief revint au Natal avec son groupe de voortrekkers, comprenant [[Gerrit Maritz]] et Piet Uys. En dépit des avertissements de certains colons déjà présents à Port Natal et de chefs tribaux, il s'installe dans la région de la [[Tugela]] le {{date|28|janvier|1838}} pensant qu'il pourrait maintenant conclure un accord avec Dingane sur des frontières permanentes de la colonie du [[Natal (Afrique)|Natal]]. Le 3 février 1838, il ramène à Dingane ledit bétail supposément volé, sans pour autant lui livrer les chevaux et les fusils confisqués à Sekonyela et aux Tlokoa<ref name="Dlamini"/>. Il est vraisemblable que le roi zoulou décida alors de planifier l'exécution de Retief et de ses hommes, inquiété par les défaites successives de Mzilikazi et Sekonyela face aux voortrekkers<ref name="Dlamini"/>.
[[Fichier:Piet Retief and Men 2011 301.jpg|thumb|left|Liste des voortrekkers tués avec Retief à [[uMgungundlovu]]]]
L'acte de cession de la région de Tugela-Umzimvubu est signé par Dingane le {{date|6|février|1838}}. Pour cette occasion, le roi Dingane invite Retief et 70 de ses hommes à son ''[[kraal]]'' d'[[uMgungundlovu]] afin d'établir une relation de confiance entre les deux communautés. Bien accueillis par des danses et mis en confiance, Retief, son fils et leurs compagnons ont accepté d'être désarmés pour participer au banquet au cours duquel sur l'ordre du Roi ({{lang|zu|Bulalani abathakathi!}} soit ''tuer les sorciers''), ils sont massacrés jusqu'au dernier<ref name="Teulié1"/> ainsi que 30 employés noirs qui les accompagnaient<ref name="Ehlers">[http://academic.sun.ac.za/history/downloads/ehlers/desegregating_history.pdf Desegrating history of South Africa : the case of the covenant and the battle of Blood/Ncome river], Anton Ehlers Department of History, Université de Stellenbosch </ref>, à coup de pierres et de bâtons, leurs corps empalés et livrés aux charognards sur la colline de Kwa Matiwane où leurs corps sont éventrés selon la coutume zouloue. <br>
Retief est abattu en dernier, son cœur et son foie extraits par les guerriers zoulous, enveloppés dans un linge, et déposés sur le chemin qui menait au camp où femmes et enfants attendaient vainement leur retour.


Les restes de Retief et de ses hommes seront retrouvés par [[Andries Pretorius]] et le « commando de la victoire », qui a vaincu les Zoulous à la [[bataille de Blood River]] le {{date|16 décembre 1838}}. Sur ses restes est retrouvé le traité signé par Dingane. Retief et ses compagnons sont enterrés dans une tombe commune le {{date|21 décembre 1838}}.
Retief s'installe dans la région de Tugela le [[28 janvier]] [[1838]] avec l'intention de négocier des frontières permanentes de la colonie du [[Natal (Afrique)|Natal]]. L'acte de cession de la région de Tugela-Umzimvubu, daté du [[4 février]] [[1838]], est signé par [[Dingane kaSenzangakhona|Dingane]] le [[6 février]] [[1838]]. Dingane invite alors Retief à venir assister à une représentation de ses soldats. Sur un signal donné par le roi zoulou, les soldats foncent sur Retief et les 70 boers désarmés. Retief, son fils, ses hommes et ses serviteurs meurent sur la colline de Kwa Matiwane.

Dingane donne alors l'ordre d'attaquer les campements boers de la région et de massacrer tous ceux qui s'y trouvent.

Les restes de Retief et de ses hommes sont enterrés le [[21 décembre]] [[1838]] par le « commando de la victoire » dirigé par [[Andries Pretorius]], qui a combattu les Zoulous à la [[bataille de Blood River]] le [[16 décembre]] [[1838]].


== Postérité ==
== Postérité ==
[[Fichier:Retief-massagraf, a, Moordkoppie.jpg|thumb|Tombe de Retief et de ses 70 compagnons]]
[[Fichier:Moordkoppie-monument, b, Dingaanstat.jpg|thumb|Monument érigé sur la colline de Kwa Matiwane]]
[[Fichier:Voortrekker Statue.JPG|thumb|Représentation de Piet Retief au [[Voortrekker Monument]] de [[Pretoria]]]]
Le site de la tombe de Piet Retief est marqué par un monument érigé en [[1922]].
Le site de la tombe de Piet Retief est marqué par un monument érigé en [[1922]].
La ville de [[Piet Retief (ville)|Piet Retief]] porte son nom. [[Pietermaritzburg]] porte la moitié de son nom, en conjonction avec Maritz, le patronyme de Gert Maritz<ref>{{Ouvrage|prénom1=Smit,|nom1=Erasmus.|prénom2=Mears, Walter George|nom2=Amos.|titre=The diary of Erasmus Smit|éditeur=C. Struik|année=1972|isbn=0-86977-013-6|oclc=548696|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/548696}}</ref>.

La ville de [[Piet Retief (ville)|Piet Retief]] porte son nom. [[Pietermaritzburg]] porte la moitié de son nom, en conjonction avec Maritz, le patronyme de Gert Maritz<ref>{{Ouvrage|prénom1=Smit,|nom1=Erasmus.|prénom2=Mears, Walter George|nom2=Amos.|titre=The diary of Erasmus Smit|éditeur=C. Struik|date=1972|isbn=0869770136|oclc=548696|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/548696}}</ref>.


L'une des quatre statues du [[Voortrekker Monument]] à [[Pretoria]] représente Piet Retief.
L'une des quatre statues du [[Voortrekker Monument]] à [[Pretoria]] représente Piet Retief.
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== Voir aussi ==
== Liens externes ==

=== Liens externes ===
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* {{af}} [https://www.youtube.com/watch?v=SNqe9hrrT3I&NR=1 Film de fiction sud-africain sur les derniers jours de Piet Retief]
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[[Catégorie:Personnalité ayant donné son nom à une ville]]
[[Catégorie:Naissance en novembre 1780]]
[[Catégorie:Décès en février 1838]]
[[Catégorie:Décès à 57 ans]]
[[Catégorie:Personnalité sud-africaine du XVIIIe siècle]]
[[Catégorie:Personnalité sud-africaine du XIXe siècle]]

Dernière version du 11 juin 2023 à 17:47

Piet Retief
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Autres informations
Grade militaire

Pieter Retief ou Piet Retief (1780-1838) est un boer et un chef Voortrekker du Grand Trek en Afrique du Sud, dont l'assassinat est l'un des actes fondateurs de l'histoire afrikaner.

Enfance et éducation

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Piet Retief naît le à Wagenmakersvallei dans la colonie du Cap. Il est le cinquième des 10 enfants de Jacobus et Debora Retief, une famille d'origine française. Son ancêtre est François Retif, un huguenot natif de Mer près de la ville de Blois, arrivé au Cap en 1689. Le nom Retif est néerlandisé en Retief[1].

Piet Retief grandit dans le vignoble de son père jusqu'à l'âge de 27 ans, puis s'installe à Stellenbosch où il commence à vendre une liqueur alcoolique. La licence de celle-ci lui est retirée après que le Colonel Thomas Willshire se plaint de l'enivrement de ses soldats. Retief se retrouve en difficulté financière, avec au moins deux faillites à son compte[2]. Il s'installe dans la région de Grahamstown où il fait fortune, puis la perd aussitôt à la suite de mauvais investissements.

En 1814, Retief se marie avec Magdalene Johanna (Lenie) Greyling et adopte ses trois fils et ses deux filles.

Engagement politique

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Le manifeste de Piet Retief.

La colonie du Cap étant devenue une colonie britannique, un certain nombre de décisions de la Grande-Bretagne provoquent le mécontentement des Boers. L'église anglicane devient l'église officielle de la colonie, l'anglais devient la seule langue officielle et le droit anglican remplace le droit néerlandais. L'abolition de l'esclavage et le peu d'indemnisation offerte aux esclavagistes amène de nombreux boers à tenter le Grand Trek, c’est-à-dire l'émigration vers l'intérieur des terres d'Afrique du Sud, hors du contrôle de l'administration britannique. Retief tente une médiation entre les fermiers et le gouvernement britannique. Après l'échec de celle-ci, il organise les premières migrations vers le nord.

Le , Retief rédige un manifeste par lequel il énonce ses griefs contre l'autorité britannique. Publié le dans The Grahamstown Journal, et co-signé par 366 personnes[3], il y exprime les raisons qui le poussent à vouloir fonder, hors de la colonie du Cap, une communauté libre et indépendante. Énonçant ses griefs contre l'autorité britannique, incapable selon lui de fournir la moindre protection aux fermiers et injuste pour avoir émancipé les esclaves sans indemnisations équitables, il évoque une terre promise qui serait destinée à la prospérité, à la paix et au bonheur des enfants Boers. Une terre où les Boers seraient enfin libres, où leur gouvernement déciderait de ses propres lois. Il y souligne également que personne ne serait maintenu en esclavage dans ces territoires mais que seraient maintenus les lois destinées à réprimer tout forfait et à préserver des relations convenables entre « maîtres et serviteurs » basées sur les obligations dues par un employé à son employeur[4].

Moins d'un mois plus tard, Retief et sa famille quittent le district de Winterberg pour se joindre à un convoi en route vers le fleuve Orange.

Lors du voyage, après avoir franchi le fleuve, Retief fut élu chef de la « province libre de la nouvelle Hollande en Afrique du sud-est ». Quelques groupes quittèrent le convoi pour continuer vers le nord et Retief se retrouva assez rapidement à la tête d'un petit groupe de 26 familles en route vers l'est.

Exploration du Natal

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Signature du traité entre Piet Retief et Dingane à uMgungundlovu en février 1838 (frise du Voortrekker Monument).

Le , après avoir franchi le montagnes du Drakensberg, Piet Retief se lance dans l'exploration de la région de Port Natal (future Durban), modeste comptoir au bord de l'océan Indien, concédé autrefois par le roi zoulou Shaka à des commerçants britanniques venus s'établir sur la côte du Natal. Il prend contact avec le roi Zoulou Dingane kaSenzangakhona en novembre 1837, lui disant son intention de vivre en paix avec le peuple zoulou et lui propose de négocier un traité foncier permettant l'installation des voortrekkers dans la région de la rivière Tugela[5]. Retief évoque imprudemment à cette occasion les faits d'armes des Voortrekkers, notamment leur victoire lors de la bataille de Vegkop contre le roi Mzilikazi ce qui provoque la méfiance du roi zoulou[5]. Celui-ci fait mine d'accepter le principe du traité bien qu'un contrat écrit, garantissant la propriété privée, n'a aucune valeur dans la culture orale zoulou qui prescrit qu'un chef ne peut que temporairement distribuer des terres car elles appartiennent à la communauté [6]. Par ailleurs, l'autorité du roi ne s'étend que sur une partie des terres que Retief convoite pour les siens. Comme condition préalable à l'acceptation de la demande des Voortrekkers, Dingane exige que ceux-ci rapportent du bétail volé par Sekonyela, le chef rival des Tlokoas[7]. Il s'agit en fait d'un test permettant de jauger la dangerosité des Boers pour les Zoulous.

En décembre 1838, Retief et ses hommes réussirent à trouver Sekonyela dans les montagnes du Drakensberg et à saisir la plus grande partie du bétail, supposément volé à Dingane, ainsi que des armes à feu[8].

Massacre de Retief et de ses compagnons

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Copie du traité du signé par Retief et Dingane

Retief revint au Natal avec son groupe de voortrekkers, comprenant Gerrit Maritz et Piet Uys. En dépit des avertissements de certains colons déjà présents à Port Natal et de chefs tribaux, il s'installe dans la région de la Tugela le pensant qu'il pourrait maintenant conclure un accord avec Dingane sur des frontières permanentes de la colonie du Natal. Le 3 février 1838, il ramène à Dingane ledit bétail supposément volé, sans pour autant lui livrer les chevaux et les fusils confisqués à Sekonyela et aux Tlokoa[8]. Il est vraisemblable que le roi zoulou décida alors de planifier l'exécution de Retief et de ses hommes, inquiété par les défaites successives de Mzilikazi et Sekonyela face aux voortrekkers[8].

Liste des voortrekkers tués avec Retief à uMgungundlovu

L'acte de cession de la région de Tugela-Umzimvubu est signé par Dingane le . Pour cette occasion, le roi Dingane invite Retief et 70 de ses hommes à son kraal d'uMgungundlovu afin d'établir une relation de confiance entre les deux communautés. Bien accueillis par des danses et mis en confiance, Retief, son fils et leurs compagnons ont accepté d'être désarmés pour participer au banquet au cours duquel sur l'ordre du Roi (Bulalani abathakathi! soit tuer les sorciers), ils sont massacrés jusqu'au dernier[5] ainsi que 30 employés noirs qui les accompagnaient[9], à coup de pierres et de bâtons, leurs corps empalés et livrés aux charognards sur la colline de Kwa Matiwane où leurs corps sont éventrés selon la coutume zouloue.
Retief est abattu en dernier, son cœur et son foie extraits par les guerriers zoulous, enveloppés dans un linge, et déposés sur le chemin qui menait au camp où femmes et enfants attendaient vainement leur retour.

Les restes de Retief et de ses hommes seront retrouvés par Andries Pretorius et le « commando de la victoire », qui a vaincu les Zoulous à la bataille de Blood River le . Sur ses restes est retrouvé le traité signé par Dingane. Retief et ses compagnons sont enterrés dans une tombe commune le .

Postérité

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Tombe de Retief et de ses 70 compagnons
Monument érigé sur la colline de Kwa Matiwane
Représentation de Piet Retief au Voortrekker Monument de Pretoria

Le site de la tombe de Piet Retief est marqué par un monument érigé en 1922. La ville de Piet Retief porte son nom. Pietermaritzburg porte la moitié de son nom, en conjonction avec Maritz, le patronyme de Gert Maritz[10].

L'une des quatre statues du Voortrekker Monument à Pretoria représente Piet Retief.

Notes et références

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  1. Lugan, Bernard., Ces Français qui ont fait l'Afrique du Sud, Bartillat, (ISBN 2-84100-086-9, OCLC 36475025, lire en ligne)
  2. (en) Giliomee, Hermann, 1938-, The Afrikaners : biography of a people, Londres, C. Hurst, , 698 p. (ISBN 1-85065-714-9, OCLC 59343203, lire en ligne)
  3. Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique du Sud, de l'antiquité à nos jours, Ed. Perrin, 1989, p 87
  4. Pierre Videcoq, Aspects de la politique indigène des Boers du Nord du Vaal (Transvaal, République Sud-Africaine) de 1838 à 1877 : sécurité des Blancs et utilisation des populations locales, Outre-Mers. Revue d'histoire Année 1978 239 pp. 180-211
  5. a b et c Gilles Teulié, Histoire de l'Afrique du Sud, des origines à nos jours, France, Tallandier, , 128-134 p. (ISBN 979-10-210-2872-2)
  6. André du Toit, « (Re)reading the Narratives of Political Violence in South Africa: Indigenous founding myths & frontier violence as discourse » [archive du ] (consulté le ), p. 18
  7. Jan Morris, Heaven's command : an imperial progress, Faber and Faber, , 554 p. (ISBN 0-571-19466-4, OCLC 43178332, lire en ligne)
  8. a b et c La célébration de la bataille de Ncome et les priorités de l'État (1998-1999), Sizwa Dlamini, Politique africaine, 2003/2 (N° 90), pages 177 à 189
  9. Desegrating history of South Africa : the case of the covenant and the battle of Blood/Ncome river, Anton Ehlers Department of History, Université de Stellenbosch
  10. Smit, Erasmus. et Mears, Walter George Amos., The diary of Erasmus Smit, C. Struik, (ISBN 0-86977-013-6, OCLC 548696, lire en ligne)

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