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« Jean Moulin » : différence entre les versions

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'''Jean Moulin''', né le {{date de naissance-|20 juin 1899}} à [[Béziers]] ([[Hérault (département)|Hérault]]) et mort le {{date de décès-|8 juillet 1943}} près de [[Metz]] (en [[CdZ-Gebiet Lothringen|Moselle annexée]]) dans un convoi à destination de l'Allemagne {{incise|à la suite des tortures subies préalablement}} est un [[Haute fonction publique|haut fonctionnaire]] et [[Résistance intérieure française|résistant]] [[France|français]].

Préfet de l'[[Aveyron (département)|Aveyron]] puis d'[[Eure-et-Loir]], refusant l'[[occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|occupation de la France par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale]], il rejoint en {{date-|septembre 1941}} la [[France libre]] à [[Londres]], en passant par l’[[Espagne]] et le [[Portugal]]. Il est reçu par le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]], à qui il fait un compte-rendu de l’état de la [[Résistance intérieure française|résistance en France]] et de ses besoins, notamment financiers et en armement.

Envoyé à [[Lyon]] par le général de Gaulle pour réunir les principaux mouvements de la Résistance française, il crée et dirige le [[Conseil national de la Résistance]]. Il est arrêté à [[Caluire-et-Cuire]], dans la banlieue de Lyon, le {{date-|21 juin 1943}}, et conduit au siège de la [[Gestapo]] à Lyon, où il est torturé ; il est ensuite transféré à la Gestapo de Paris. Il meurt dans le train qui le transporte en Allemagne peu avant le passage de la frontière, le {{date-|8 juillet 1943}}.

Considéré comme l'un des principaux [[héros]] de la Résistance, il est fait [[compagnon de la Libération]] en 1942, nommé [[général de brigade]] à titre posthume lors de la [[Libération de la France|Libération]], puis [[général de division]] en 1946<ref>Décret du {{date-|14 novembre 1946}} du ministère des Armées, ''Journal officiel'' du {{date-|25 novembre 1946}}.</ref>. Un [[cénotaphe]] lui est dédié au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] ; son corps n'ayant jamais été identifié avec certitude, l'urne qui s'y trouve ne contient que les {{Citation|cendres présumées}} de Jean Moulin.

== Biographie ==
=== Jeunesse ===
[[Fichier:Acte de naissance Jean Moulin 20 juin 1899 Béziers.jpg|vignette|upright=0.8|Acte de naissance de Jean Moulin le {{date-|20 juin 1899}} à Béziers (Hérault).]]
Jean Pierre Moulin naît au {{nobr|6 rue}} d'Alsace à [[Béziers]]<ref>Registre d'[[état civil]] de Béziers (1899), Archives départementales de l'Hérault.</ref>, fils d'[[Antoine-Émile Moulin]], professeur d’[[histoire-géographie]] au collège Henri-IV dans cette ville, et de Blanche Élisabeth Pègue. Il est le petit-fils d'un [[coup d'État du 2 décembre 1851|insurgé de 1851]]<ref>Anne-Laure Pineau, « Le Village sans hommes », ''Causette'', février 2013, {{n°|32}}, {{p.|58}}.</ref>. Antoine-Émile Moulin est un enseignant laïc au grand collège de la ville, partie intégrante du [[Lycée Henri-IV (Béziers)|lycée Henri-IV]], ainsi qu'à l’université populaire, et il est [[Franc-maçonnerie|franc-maçon]] à la [[Loge maçonnique|loge]] ''Action sociale''{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=11}}. Son fils, Jean, est [[baptême catholique|baptisé]] le {{date-|6|août|1899}} par le [[Prêtre catholique|père]] Guigues en l'église Saint-Vincent de [[Saint-Andiol]] ([[Bouches-du-Rhône]])<ref>{{Lien web|url=http://www.saint-andiol.fr/en/search?query=Jean+Moulin&page=2|site=saint-andiol.fr|titre=Recherche : Jean Moulin|consulté le=22 février 2022}}.</ref>, village d'origine de ses parents : son [[parrain (religion)|parrain]] est son frère Joseph Moulin et sa [[marraine]] est sa cousine Jeanne Sabatier<ref>Acte de [[Baptême catholique|baptême]] {{n°|18}} (1899) de la [[paroisse]] de [[Saint-Andiol]], [[archidiocèse d'Aix-en-Provence]], cité par [[Thomas Rabino]], ''L'autre Jean Moulin : l'homme derrière le héros'', Paris, Perrin, 2013.</ref>. Il passe une enfance paisible en compagnie de sa sœur [[Laure Moulin|Laure]] et de son frère Joseph (qui meurt d'une maladie en 1907), et s'adonne à sa passion pour le dessin, où il excelle, au point de pouvoir vendre dessins, aquarelles ou caricatures à des journaux (ce qui ne plaisait pas à son père)<ref name="VF"/>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur=Jean-Claude Richard|titre=Notes et informations|sous-titre=Jean Moulin, une année d'études et de célébration [1]|éditeur=s.n.|périodique=Études héraultaises|numéro=28-29|année=1997-1998|lieu=Montpellier|pages=2 / 42|format électronique=pdf|lire en ligne=https://docplayer.fr/docview/82/85350760/#file=/storage/82/85350760/85350760.pdf|consulté le=2022-02-22}}.</ref>. Au lycée Henri-IV de Béziers, il est un élève moyen qui fait preuve d'un talent particulier pour la caricature et les belles lettres. [[Occitan|Occitanophone]], son père étant un poète [[provençal]] admirateur de [[Frédéric Mistral]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=Laure Moulin|titre=Jean Moulin|passage=23, 33-34|éditeur=[[Presses de la Cité]]|date=1969}}.</ref>, il gardera un attachement sincère à sa langue familiale et à son lycée de cœur<ref>{{Article|langue=fr|auteur institutionnel=Centre inter régional de développement de l'occitan|titre=Jean Moulin et la langue d'oc : une sélection de documents conservés au CIRDÒC|périodique=[[Occitanica]]|date=2013|lire en ligne=https://occitanica.eu/items/show/3079|consulté le=2022-02-22|pages=}}.</ref>.

Plus tard, dans la lignée de son père élu conseiller général de l'Hérault en 1913 sous la bannière radicale-socialiste, Jean Moulin se forge de profondes convictions républicaines, suivant avec assiduité la vie politique nationale.

En 1917, il s'inscrit à la [[faculté de droit et science politique de Montpellier]], où il n'est pas un étudiant brillant. Grâce à l'entregent de son père conseiller général, il est nommé attaché au cabinet du [[préfet (France)|préfet]] de l'[[Hérault (département)|Hérault]] sous la présidence de [[Raymond Poincaré]]. Quittant son milieu familial, il se met à fréquenter des artistes, se passionne pour les voitures de sport, les beaux vêtements et le ski<ref name="VF"/>.

=== Service militaire ===
Mobilisé le {{date-|17|avril|1918}}, Jean Moulin est affecté au [[2e régiment du génie|{{2e|régiment}} du génie]] (basé à [[Metz]] lors des derniers combats de la Grande Guerre)<ref name="Registre n993 p319/325">Registre Matricule {{n°|993}}, recrutement de [[Béziers]], classe 1919, Archives départementales de l'[[Hérault (département)|Hérault]], {{unité|1|R}} 1328 p. 319-325.</ref>. Après une formation accélérée, il arrive dans les [[Vosges (département)|Vosges]] à [[Charmes (Vosges)|Charmes]] le {{date-|20 septembre 1918-}} et s'apprête à monter en ligne quand l'[[armistice]] est proclamé le 11 novembre 1918. Il est envoyé successivement en [[Seine-et-Oise]], à [[Verdun]] puis à [[Chalon-sur-Saône]] ; il est tour à tour menuisier, terrassier, téléphoniste aux [[7e régiment du génie|7{{e}}]] et [[9e régiment du génie|{{9e|régiments}} du génie]]. Il est démobilisé début {{date-|novembre 1919}}, retourne à [[Montpellier]] pour entamer sa deuxième année de droit et reprend ses fonctions d'attaché au cabinet du préfet, le {{date-|4|novembre|1919}}{{sfn|Robert Taussat|2001|p=25}}.

=== Carrière administrative ===
La qualité de son travail l'amène à être promu chef-adjoint de cabinet fin 1920. En 1921, il obtient sa licence en droit. Parallèlement, il devient vice-président de l'[[Association générale des étudiants de Montpellier]] et membre des Jeunesses laïques et républicaines.

Le {{date-|6|février|1922}}, il entre dans l'administration préfectorale en qualité de chef de cabinet {{incise|poste très important pour son âge}} du préfet de la [[Savoie (département)|Savoie]], à [[Chambéry]], sous la présidence d'[[Alexandre Millerand]]. Au soir des élections législatives de {{date-|mai 1924}}, il se réjouit de la victoire du [[cartel des gauches]] en Savoie comme dans tout le pays.
De 1925 à 1930, il est sous-préfet d'[[Albertville]]. Il est à l'époque le plus jeune sous-préfet de France, sous la présidence de [[Gaston Doumergue]].

En 1930, il est promu sous-préfet de {{2e|classe}} à [[Châteaulin]] dans le [[Finistère]]. Il y fréquente des poètes locaux comme [[Saint-Pol-Roux]] à [[Camaret-sur-Mer|Camaret]] et le poète et peintre [[Max Jacob]] à [[Quimper]]. Il est reçu chez le sculpteur Giovanni Leonardi et commence à collectionner les tableaux et à dessiner sous le pseudonyme de « ''Romanin'' » ; il s'essaie aussi à la céramique<ref>André Cariou, ''Jean Moulin. Les années bretonnes'', éditions Locus Solus, 2020, {{isbn|978-2-36833-304-4}}.</ref>.

Il est également illustrateur du Morlaisien [[Tristan Corbière]] pour son recueil de poèmes ''Armor''. Parallèlement, il publie des [[caricature]]s et des [[Dessin humoristique|dessins humoristiques]] dans la revue ''[[Le Rire]]'', dans ''[[Candide (1924-1944)|Candide]]'' ou ''[[Gringoire]]'' sous le pseudonyme de « ''Romanin'' » du nom d'un lieu-dit des Alpilles. Sa passion pour l'art et notamment pour l'art contemporain s'exprime aussi à travers son amitié pour [[Max Jacob]] et sa collection de tableaux où sont représentés [[Giorgio di Chirico|Chirico]], [[Raoul Dufy|Dufy]] et [[Othon Friesz|Friesz]]<ref>''Dessins et aquarelles de Jean Moulin'', présentés par Jacques Lugand, Montpellier, Presses du Languedoc, 1993, à l'occasion de l'exposition ''Jean Moulin, peintre et dessinateur'' au [[Musée des beaux-arts de Béziers]], qui possède la collection d'art de Jean Moulin, donnée à sa ville natale par sa sœur Laure Moulin en 1975 ; rééd. Paris, [[Éditions de Paris]], 2005 {{ISBN|2-84621-068-3}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=André Cariou|titre=Jean Moulin|sous-titre=dessinateur et amateur d'art|lieu=Quimper|éditeur=[[Musée des Beaux-Arts de Quimper]]|année=2003|pages totales=95|isbn=2-906739-40-5}}.</ref>.
[[Fichier:Pierre Cot-Ministre de l'Air-1933.jpg|vignette|upright=0.8|[[Pierre Cot]], ministre de l'Air, 1933.]]

En {{date-|décembre 1932}}, [[Pierre Cot]], homme politique [[radical-socialiste]], le nomme chef-adjoint de son cabinet aux Affaires étrangères sous la présidence de [[Paul Doumer]].

En 1933, il est sous-préfet de [[Thonon-les-Bains]] et occupe parallèlement la fonction de chef de cabinet de [[Pierre Cot]] au [[Ministère de l'Air (France)|ministère de l'Air]] sous la présidence d’[[Albert Lebrun]]. Il est promu sous-préfet de {{1re|classe}} et, le {{date-|19 janvier 1934}}, il est nommé sous-préfet de [[Montargis]] mais n'occupe pas cette fonction, préférant demeurer au cabinet de Pierre Cot. Au début du mois d'{{date-|avril 1934}}, il est rattaché à la préfecture de la Seine et s'installe à Paris.

Le {{date-|1 juillet 1934}}, il prend ses fonctions de secrétaire général de la préfecture de la [[Somme (département)|Somme]], à [[Amiens]], auprès du préfet [[André Jozon]], qu'il remplace régulièrement en raison de son état de santé<ref>{{Lien web|url=https://www.somme.gouv.fr/content/download/7051/40108/file/Maquette%20J_Moulin.pdf|site=somme.gouv.fr|titre=Jean Moulin, une figure emblématique à la préfecture de la Somme|format=pdf|page=13|date=juin 2013|consulté le=27 février 2023}}</ref>, fonction qu'il va quitter deux ans plus tard en {{date-|juin 1936}}<ref>{{lien web|url=http://www.courrier-picard.fr/region/la-somme-se-souvient-aussi-de-l-autre-jean-moulin-ia167b0n114842|site=courrier-picard.fr|titre=La Somme se souvient de l'autre Jean Moulin|périodique=''[[Courrier Picard]]''|date=21 juin 2013|consulté le=22 octobre 2015}}.</ref>.

En 1936, il est nommé chef de cabinet de Pierre Cot au ministère de l'Air du [[Front populaire (France)|Front populaire]]. En accord avec le ministre, conformément à la politique décidée par [[Léon Blum]], il aide clandestinement les [[républicains espagnols]] en leur envoyant des avions et des pilotes{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=61}}. Il participe à cette époque à l'organisation de nombreux raids aériens civils comme la traversée de l'Atlantique sud par [[Maryse Bastié]], la course [[Istres]] - [[Damas]] - [[Le Bourget (Seine-Saint-Denis)|Le Bourget]]. À cette occasion, Pierre Cot étant officiellement en convalescence<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Pierre-Yves Hénin|titre=À l'origine du redressement de l'Armée de l'Air : l'humiliation et le sursaut|url=http://sam40.fr/a-lorigine-du-redressement-de-larmee-de-lair-lhumiliation-et-le-sursaut/|site=[http://sam40.fr sam40.fr]|date=12 juin 2019|consulté le=22 février 2022}}.</ref>, il doit remettre le chèque aux vainqueurs (un équipage italien) parmi lesquels se trouve le propre fils de [[Benito Mussolini]]. Au dire de sa sœur Laure, {{citation|Jean était très embarrassé d’avoir à recevoir et à féliciter les lauréats italiens, alors qu’il était résolument antifasciste}}<ref>{{harvsp|Cordier|1989|p=102| id=Cordier, ''Jean Moulin : l'inconnu du Panthéon'', vol. 2, 1989}}.</ref>.

En {{date-|janvier 1937}}, à l'âge de trente-huit ans, il est nommé [[préfet (France)|préfet]] de l'[[Aveyron (département)|Aveyron]] ; c'est à l’époque le plus jeune préfet de France. Ses actions en faveur de l'aviation lui permettent de passer cette même année, en tant que réserviste, du [[Génie militaire|génie]] de l'armée de terre à l'[[Composante aérienne militaire|Armée de l'air]], armée officiellement créée à compter de juin 1934 et soumise à l'autorité du ministre de l'Air, structure mise en place à compter de 1928. Il est affecté à partir de {{date-|février 1937}} à la base de [[Marignane]] avec le grade de [[caporal-chef]] ({{date-|mars 1937}}), puis en {{date-|février 1938}} au [[Base aérienne 117 Paris|bataillon de l'air {{n°|117}}]] basé à [[Issy-les-Moulineaux]]. Il est nommé sergent de réserve le {{date-|10 décembre 1938}}<ref name="Registre n993 p319/325"/>.

== Résistance ==
=== Révocation de sa fonction de préfet d'Eure-et-Loir ===
[[Fichier:Plaque Jean Moulin nuit du 17 au 18 juin 1940 hôtel-Dieu Chartres Eure-et-Loir France.jpg|alt=Hommage de la ville de Chartres.|vignette|redresse|Hommage de la ville de Chartres.]]
[[Fichier:Plaque Jean Moulin de la préfecture d'Eure-et-Loir, Chartres (France).JPG|vignette|redresse|Plaque en hommage à Jean Moulin à la préfecture d'[[Eure-et-Loir]].]]
[[Fichier:Monument Jean Moulin à Chartres.jpg|vignette|redresse|Monument Jean-Moulin à [[Chartres]].]]

En {{date-|janvier 1939}}, il est nommé préfet d'[[Eure-et-Loir]] à [[Chartres]]. Après la déclaration de guerre, il demande à plusieurs reprises à être dégagé de ses fonctions de préfet, persuadé, comme il l'écrit, que sa {{citation|place n'est point à l'arrière, à la tête d'un département essentiellement rural}}{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=72}}. Il se porte donc candidat à l'école des mitrailleurs en allant à l'encontre de la décision du ministère de l'Intérieur. Il passe sa visite médicale d'incorporation à l'école le {{date-|9 décembre 1939}} sur la {{nobr|base 117}} d'[[Issy-les-Moulineaux]]. Il est déclaré inapte le lendemain pour un problème de vue. Il force alors le destin en exigeant une contre-visite à [[Tours]] qui, cette fois, le déclare apte. Mais le ministère de l'Intérieur l’oblige dès le lendemain à reprendre immédiatement son poste de préfet, d'où il s'emploie, dans des conditions difficiles, à assurer la sécurité de la population. Devant l'arrivée imminente des troupes allemandes de la Wehrmacht à Chartres, Jean Moulin écrit à ses parents, le {{date-|15|juin|1940}} : {{citation|Si les Allemands {{Incise|ils sont capables de tout}} me faisaient dire des choses contraires à l'honneur, vous savez déjà que cela n'est pas vrai{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=75}}}}.

Jean Moulin est arrêté le {{date-|17 juin 1940}} sur ordre du colonel von Thünge, commandant le régiment de la Wehrmacht qui a combattu devant Chartres, parce que le préfet d'Eure-et-Loir refuse de signer un protocole rédigé par les Allemands ; il s'agit de reconnaître faussement qu'une section de [[tirailleurs sénégalais]] de l'armée française aurait commis des atrocités envers des civils. Jean Moulin est emmené à La Taye, un hameau de [[Saint-Georges-sur-Eure]], où gisent des cadavres de civils français mutilés. En réalité, ceux-ci ont été victimes de [[bombardement]]s allemands à partir du {{date-|14 juin 1940}} sur la [[gare de La Taye|gare de cette commune]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Raffael Scheck|titre=Une saison noire : Les massacres de tirailleurs sénégalais, mai-juin 1940|éditeur=[[Éditions Tallandier]]|année=2007|passage=121}}.</ref>. Les soldats mis en cause sont les tirailleurs du 26{{e}} RTS du colonel Perretier (8{{e}} DLIC du général Gillier, {{10e}} corps d'armée du général Gransard) qui ont combattu l'avancée de la 1{{re}} division de cavalerie du général Kurt Feldt (1887-1970) dont fait partie le Reiterregiment 21 (offensive en direction de la Loire de la IV{{e}} armée du général Günther von Kluge, qui sera nommé [[Generalfeldmarschall|feldmarschall]] fin juin par Hitler). De furieux combats ont eu lieu à Berchères-la-Maingot Feucherolles, Chartainvilliers, Saint-Piat, Néron et Bouglainval, entre Rambouillet et Chartres ; ces troupes coloniales causent de nombreuses victimes au sein de la Wehrmacht les 15, 16 et {{date-|17 juin 1940}}. Deux mille quatre cent quatre-vingt-dix-huit tirailleurs de 26{{e}} RTS sont portés disparus après ces combats conduits devant Chartres<ref>Archives de l'armée de terre - Vincennes - note du 26 juin 1940 - cote 34 N 1099.</ref>, alors que l'armistice a été demandé par le maréchal Pétain le {{date-|17 juin}} à midi. Excédé par la résistance des soldats « de la honte », les officiers des RTS sont menacés de mort par le colonel von Thüngen du Reiterregiment 21. La section du lieutenant Pierre Valin (2{{e}} bataillon, 5{{e}} compagnie) est finalement faite prisonnière le {{date-|18 juin}} au matin à [[Fontenay-sur-Eure]], à {{unité|5|km}} de la Taye, où Jean Moulin était censé reconnaitre leurs supposées exactions<ref>Rapport déposé au archives des Troupes de Marine - CHETOM - Frejus.</ref>. Frappé à coups de poing et enfermé pour avoir refusé de signer le « protocole », sur ordre de certains officiers de la Wehrmacht présents à Chartres, Jean Moulin tente de se [[suicide]]r dans la conciergerie de l’hôpital en se tranchant la gorge avec un débris de verre<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Christine Levisse-Touzé|lien auteur1=Christine Levisse-Touzé|titre=Autour d'une photographie – Jean Moulin face à l'ennemi|url=https://www.fondationresistance.org/pages/rech_doc/?p=photo&iIdPhoto=5|site=fondationresistance.org|éditeur=Fondation de la Résistance|consulté le=09-06-2007}}.</ref>. Jean Moulin y est enfermé avec un tirailleur du 26{{ème}} RTS qui alerte les secours. Rétabli, il organise le départ des populations civiles de son département.

Jean Moulin considère le soutien des communistes français au [[pacte germano-soviétique]] comme une abominable trahison{{sfn|Thomas Rabino|2013}}. Il transmet dans cet esprit une série de tracts communistes découverts dans l'ouest de son département au [[Benoît-Léon de Fornel de La Laurencie|général de La Laurencie]]. Préfet d'Eure-et-Loir, Jean Moulin ne s'oppose pas aux mesures édictées par le nouveau [[régime de Vichy]] mais il ne manifeste aucun zèle pour les appliquer{{sfn|Leray|2020|p=65-67}}. Classé parmi les « fonctionnaires de valeur mais prisonniers du régime ancien »{{sfn|Leray|2020|p=58}}, il est révoqué le {{date-|2 novembre 1940}} et placé en disponibilité par le ministre de l'Intérieur [[Marcel Peyrouton]]. Décidé à entrer dans la clandestinité, il quitte Chartres le {{date-|15 novembre 1940}}.

Après un séjour à Paris, il s'installe dans sa maison familiale de [[Saint-Andiol]], au Sud d'Avignon, d'où, pressé par le besoin de « faire quelque chose », il s'impose deux buts : d’abord se rendre compte de l’ampleur de la Résistance française, puis aller à Londres afin d’engager les pourparlers avec la [[France libre]]<ref>Daniel Cordier, ''Jean Moulin – La République des Catacombes'', Gallimard, {{p.|62}}.</ref>. Il se met alors à la rédaction de son journal, ''Premier combat'', où il relate sa résistance contre les nazis à Chartres de manière sobre et détaillée ; ce journal est publié à la [[Libération de la France|Libération]] et préfacé par le [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]]. Il fait établir une fausse carte d'identité au nom de Joseph Mercier (prénom hommage à son frère décédé<ref name="VF"/>), professeur de droit. Il s'installe à Marseille, à l’''Hôtel Moderne'' et rencontre, dans plusieurs villes du Midi, des résistants parmi lesquels [[Henri Frenay]], le chef du mouvement de Libération nationale, ainsi qu'[[Antoinette Sachs]] qui lui facilite les contacts{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=87-90}}.

=== Constitution de l'Armée secrète de la France – Unification des mouvements de résistance ===
[[Fichier:De Gaulle-OWI.jpg|vignette|upright=0.8|[[Charles de Gaulle]] vers 1942.]]
[[Fichier:Plaque Henri Deschamps - Jean Moulin - M.U.R - Miribel.JPG|vignette|upright=0.8|Plaque commémorative de la création des [[Mouvements unis de la Résistance]] (MUR) de la zone sud, à [[Miribel (Ain)|Miribel]], le {{date-|26 janvier 1943}}.]]
Après avoir réussi à obtenir un visa et un faux passeport, le {{date-|9|septembre|1941}}, il rejoint Londres en passant par l’Espagne et le Portugal, par ses propres moyens, sous le nom de Joseph Jean Mercier. Le {{date-|25 octobre}}, il est reçu par le général de Gaulle qui l'impressionne vivement et en qui il reconnaît {{citation|un très grand bonhomme. Grand de toutes façons}}{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=98}}. Il lui fait un compte-rendu ({{passage évasif|qui sera controversé}}) de l’état de la Résistance en France et de ses besoins, notamment financiers et en armement.

Son compte-rendu donnera lieu à une contestation de la part d'Henri Frenay, comme étant tendancieux, avec des visées personnelles, tout en perturbant les actions de renseignements au profit de l’armée britannique et le {{passage évasif|système}}, en contrepartie de financement et de fourniture d’armes au profit de chacun d'entre eux<ref name=":4">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Henri Frenay|titre=La Nuit finira|éditeur=Robert Laffont|date=1973}}.</ref>. À Londres, il suit un entraînement pour apprendre à sauter en parachute, tirer au pistolet et se servir d'un poignard.

Misant sur l’ambition et les capacités de réseau de Jean Moulin, de Gaulle en fait son délégué civil et militaire pour la [[zone libre]]. Il lui donne un premier ordre de mission, que l'{{Citation|on ne cite jamais, celui du 4 novembre, entièrement écrit de la main du général de Gaulle, et qui est un ordre de mission d'organisation purement militaire, mission que Moulin a effectivement accomplie, en aboutissant, après onze mois, à la constitution de l'Armée secrète}}{{sfn|François Bédarida|Jean-Pierre Azéma|Daniel Cordier|1983|p=51}}. Une [[Armée secrète (France)|Armée secrète]] (AS) chaperonnée par les [[Forces françaises libres]], placées sous les ordres du général [[Charles Delestraint]]{{note|Voir le facsimilé de l'ordre de mission signé par le général de Gaulle{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=104-105}}.|groupe=N}}. Mais, {{Citation|pour la question militaire, […] elle est effectivement complètement occultée}}{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=104-105}}.

Ensuite, par un second ordre, que l'{{Citation|on cite toujours, le fameux ordre de mission de Jean Moulin du 24 décembre 1941, qui est un ordre de mission général, lui prescrivant d'accomplir l'union de tous les éléments résistant à l'ennemi}}{{sfn|Bédarida|Azéma|Cordier|1983|p=51|loc=|id=}}, il le charge d’unifier, sur le territoire français, les trois principaux mouvements de résistance, [[Combat (Résistance)|Combat]], dirigé par [[Henri Frenay]], [[Franc-Tireur (mouvement de résistance)|Franc-Tireur]] et [[Libération-Sud]], ainsi que tous leurs différents services : service ROP (recrutement, organisation, propagande), renseignements, sabotage, entraide.

Muni de ces deux ordres de mission, de moyens financiers et de communication radio directe avec le général de Gaulle à Londres, il est parachuté, dans la nuit du {{1er}} au {{date-|2 janvier 1942}}, en compagnie de [[Raymond Fassin]]<ref>{{lien web|auteur=F.-R. Cristiani-Fassin|url=http://www.memorialjeanmoulin.fr/articles.php?lng=fr&pg=116|titre=Raymond Fassin (1914-1945) de la mission « Rex » aux plans du Débarquement|site=memorialjeanmoulin.fr|consulté=3 juin 2019}}.</ref> et [[Joseph Monjaret|Hervé Monjaret]]<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur1=Hervé Monjaret|titre=Vol vers la France|url=http://www.memorialjeanmoulin.fr/articles.php?lng=fr&pg=151|site=memorialjeanmoulin.fr|date=20-05-2010}}.</ref>, au cours d'une opération ''blind'' (jargon de la RAF : « sans équipe de réception »)<ref>{{lien web|url=http://www.plan-sussex-1944.net/francais/pdf/infiltrations_en_france.pdf|titre=Tentative de reconstitution de l’historique des in(ex)filtrations d’agents en France de 1940 à 1945 (Parachutages, atterrissages et débarquements)|page=35|site=plan-sussex-1944.net|consulté=14 mai 2019}}.</ref>, dans les [[Massif des Alpilles|Alpilles]], à une dizaine de kilomètres au sud de [[Saint-Rémy-de-Provence]]<ref>{{lien web|auteur=d'après [[Paul Rivière]]|url=http://www.memorialjeanmoulin.fr/articles.php?lng=fr&pg=494|titre=Joseph Monjaret / dit Hervé, SIF W, Frit… Français libre, radio et officier d’opérations de Jean Moulin|site=memorialjeanmoulin.fr|consulté=3 juin 2019}}.</ref>, à {{nobr|15 km}} de Saint-Andiol. Il passe la nuit du 2 au {{date-|3 janvier 1942}} dans le refuge acquis à [[Eygalières]]<ref>{{lien web|titre=Le maset de La Lèque à Eygalières|url=http://museedelaresistanceenligne.org/media6045-Le-maset-de-La-LA |site=museedelaresistanceenligne.org |consulté le=04-10-2021}}.</ref> puis rejoint Saint-Andiol à pied.

Dans la Résistance, il prend le pseudonyme évocateur de ''Rex''. Pour accomplir sa mission, Jean Moulin rencontre, entre autres, Henri Frenay, à Marseille, et [[Raymond Aubrac]], à Lyon. Il est aidé dans sa tâche par [[Daniel Cordier]], qui s'occupe de la logistique, et par Colette Pons{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=102-109}}.

Dès {{date-|septembre 1942}}, en zone sud, en région R1, sous l'autorité du général Delestraint, débute la constitution de l'Armée secrète par le versement à l'AS des formations paramilitaires (d'importance très inégale) des trois grands mouvements de résistance. Dans cette tâche, éminemment clandestine, le général Delestraint {{Incise|choisi, d'un commun accord, par les mouvements de résistance et par le général de Gaulle pour diriger leurs actions militaires (uniquement), sous l'ordre direct de ce dernier}} est secondé par les chefs AS secrètement désignés, le régional et les chefs départementaux.

Deux mois après, le {{date-|27 novembre 1942}}, est créé le Comité de coordination de la zone sud, à [[Collonges-au-Mont-d'Or]] (en banlieue lyonnaise), dans le but de coordonner, avec la mouvance communiste, les trois mouvements principaux de résistance de la zone libre ; ce regroupement donne ensuite naissance, le {{date-|26 janvier 1943}}, aux [[Mouvements unis de la Résistance]] (MUR) {{Incise|membre du directoire et secrétaire général : [[Pierre Dumas (homme politique, 1891-1968)|Pierre Dumas]]}} lors d’une réunion au domicile d’[[Henri Deschamps]], à [[Miribel (Ain)|Miribel]]<ref>http://www.trompe-l-oeil.info/Trompeloeil/details.php?image_id=6959/fresque commémorative.</ref> (dans l'Ain).

Dans cette nouvelle unification, Jean Moulin cherche, non sans mal, à contenir les velléités de commandement d’Henri Frenay, chef du mouvement Combat, d’[[Emmanuel d’Astier de la Vigerie]], chef de Libération-Sud, et de [[Jean-Pierre Lévy (résistant)|Jean-Pierre Lévy]], chef de Franc-Tireur.

Il utilise ensuite ses dons artistiques pour se créer une couverture de marchand de tableaux et ouvre la galerie Romanin {{incise|dont le nom reprend son pseudonyme d’artiste}} à [[Nice]], au [[rue de France (Nice)|{{nobr|22, rue}} de France]]<ref name="Nice">{{lien web |titre=La nouvelle plaque Jean Moulin à Nice|url=http://museedelaresistanceenligne.org/media3617-La-nouvelle-plaque-Jean-Moulin-A |site=museedelaresistanceenligne.org |consulté le=04-10-2021}}.</ref>{{,}}{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=107-109}}. L’établissement, dont l’inauguration a lieu le {{date-|9 février 1943}}, est alors l’unique galerie d’art moderne de la ville<ref name="Nice"/>.

Dans la nuit du 13 au {{date-|14 février 1943}}, il retourne rendre compte de sa mission à Londres, accompagné du général Delestraint, organisateur et chef de l’Armée secrète. Au cours de la nuit, ils doivent quitter précipitamment la maison Deschamps, à Miribel, pour aller embarquer dans le Jura, à [[Ruffey-sur-Seille]] (au nord de Lons-le-Saunier), à bord d'un [[Westland Lysander|Lysander]]<ref>{{Lien web |langue=fr. |titre=Fonds Jean-Louis Crémieux-Brilhac |url=https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/pdfIR.action?irId=FRAN_IR_056839 |format=pdf |accès url=libre |site=Fonds Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Archives nationales (France)
Pierrefitte-sur-Seine |date=2018}}</ref>.

Toutefois, si les mouvements de résistance ont accepté l'unification des mouvements pour améliorer leur efficacité, ainsi que leur financement, leurs chefs n'acceptent que difficilement la tutelle militaire de Londres pour l'AS : Henri Frenay, en particulier, souhaite garder le contrôle de la résistance militaire intérieure et mène une violente campagne contre le général Delestraint, dont il refuse de reconnaître l'autorité à la tête de l'Armée secrète.

=== Création du Conseil national de la Résistance ===
Le {{date-|14 février 1943}}, Jean Moulin va à Londres rendre compte de sa mission à Charles de Gaulle, qui le décore de la [[Ordre de la Libération|croix de la Libération]] et le nomme secrètement [[ministre]], membre du [[Comité national français]], et seul représentant de ce comité pour l'ensemble du territoire métropolitain.

Le {{date-|20 mars 1943}}, il revient en France, avec le chef national de l'AS, en atterrissant de nuit en [[Saône-et-Loire]], à [[Melay (Saône-et-Loire)|Melay]] (au nord de [[Roanne]]), chargé de créer le [[Conseil national de la Résistance]] (CNR), tâche complexe, car il est toujours peu reconnu par les mouvements de résistance. En particulier, le responsable de la zone Nord, [[Pierre Brossolette]], suscite bien des difficultés. Cependant, les sujets de discorde sont résolus, et la première réunion du CNR, en séance plénière, se tient à Paris, [[rue du Four (Paris)|{{nobr|48, rue}} du Four]]<ref>plaque commémorative à l'adresse indiquée.</ref>le {{date-|27|mai|1943}}.

Jean Moulin parvient à se faire admettre comme chef du CNR, qui réunit les dirigeants de tous les groupes de la résistance française. Le CNR représente alors l'unité des Forces résistantes françaises aux yeux des Alliés et l'embryon d'une assemblée politique représentative. Le CNR reconnaît en de Gaulle le chef légitime du gouvernement provisoire français, et souhaite que le [[Henri Giraud (militaire)|général Giraud]] prenne le commandement de l'armée française.

Moulin participe, avec le mouvement Franc-Tireur, à la création du [[maquis du Vercors]], contesté par les hommes de Combat<ref name=":4" />. Cependant, les motifs d'inquiétude s'accumulent : le capitaine [[Claudius Billon]], chef régional de l'AS, est arrêté le {{date-|1 février 1943}}, à Lyon, le commandant [[Henri Manhès]] est arrêté à Paris, en mars, deux mois avant l'arrestation du [[Charles Delestraint|général Delestraint]], chef de l'AS, le {{date-|9 juin}}, à Paris. L'Armée secrète est décapitée et Jean Moulin, lui-même, se sait traqué, comme il l'écrit au général de Gaulle : {{Citation|Je suis recherché maintenant tout à la fois par Vichy et la [[Gestapo]], qui n'ignore rien de mon identité, ni de mes activités. Ma tâche devient donc de plus en plus délicate, alors que les difficultés ne cessent d'augmenter. Si je venais à disparaître, je n'aurais pas eu le temps matériel de mettre au courant mes successeurs}}{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=118}}.

=== Arrestation à Caluire ===
[[Fichier:Maison du docteur Dugoujon à Caluire&Cuire.jpg|vignette|upright=0.8|Maison « du docteur Dugoujon » à [[Caluire-et-Cuire]].]]
L'arrestation de Jean Moulin fait toujours l'objet de nombreuses interrogations. À l'issue d'investigations et de manipulations menées par différents services allemands, elle intervient dans le contexte des fortes tensions entre composantes de la Résistance et dans celui de communications entre les services de renseignements de l'administration de Vichy, de la Résistance, de l'Allemagne, de l'[[Office of Strategic Services|OSS]] américain et du [[Bureau central de renseignements et d'action|BCRA]] gaulliste.

Cette opération a lieu le {{date-|21 juin 1943}}, à [[Caluire-et-Cuire]], dans la [[maison du docteur Dugoujon]] (en fait, louée par le [[Frédéric Dugoujon|docteur Dugoujon]]) où doit se tenir une réunion avec sept dirigeants de la Résistance : [[André Lassagne]], le colonel [[Albert Lacaze]] et le lieutenant-colonel [[Émile Schwarzfeld]], [[Bruno Larat]], [[Claude Bouchinet-Serreulles]], [[Raymond Aubrac]] et [[Henri Aubry]], réunion décidée par Jean Moulin, afin de désigner le successeur, par intérim, du général Delestraint à la tête de l'Armée secrète, en attendant une nomination par le général de Gaulle.
[[Fichier:Klaus Barbie.jpg|vignette|upright=0.8|[[Klaus Barbie]].]]

[[Claude Bouchinet-Serreulles|Bouchinet-Serreulles]] est absent au rendez-vous fixé sur le trajet. La venue de [[René Hardy]] à la réunion, alors qu'il n'y est pas convoqué, a amené nombre de résistants à suspecter ce dernier d'avoir, par sa présence, indiqué à [[Klaus Barbie]] le lieu précis de cette réunion secrète. René Hardy, arrêté, puis relâché par la Gestapo quelques jours auparavant, est d'ailleurs le seul à s'évader lors de cette arrestation, n'étant pas menotté mais ayant eu juste les poignets entravés par de simples [[Cabriolet (restriction)|cabriolets]]. René Hardy est accusé, après guerre, d'avoir dénoncé Jean Moulin aux Allemands et comparaît dans deux procès, en 1947 puis en 1950. Ce fait est confirmé par [[Pierre Péan]] dans son livre ''[[La Diabolique de Caluire]]''{{sfn|Pierre Péan|1999}}. À noter que le rôle trouble et pourtant décisif du redoutable collaborateur français [[Robert Auguste Moog|Bobby Moog]] a toujours été occulté.

Jean Moulin est interné, avec les autres dirigeants de la Résistance, à la [[prison Montluc]], à Lyon. Après avoir été identifié, il est quotidiennement conduit au siège de la Gestapo, alors établi dans les locaux de l’École du Service de santé militaire, [[avenue Berthelot (Lyon)|avenue Berthelot]], afin d'être interrogé et torturé par le chef de la Gestapo de Lyon, [[Klaus Barbie]]. Refusant de reconnaître les tortures malgré les preuves, Barbie affirmera que Moulin a fait plusieurs tentatives de suicide, se jetant de lui-même dans les escaliers, tentatives crédibles vu celle de 1940<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Alan Clinton|titre=Jean Moulin, 1899 - 1943. The French Resistance and the Republic|éditeur=Springer|année=2001|passage=184|isbn=}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Paul Gauthier|titre=Chronique du procès Barbie|sous-titre=pour servir la mémoire|éditeur=Cerf|année=1988|passage=248|isbn=}}.</ref>. Jean Moulin est ensuite transféré à la Gestapo de Paris, [[Avenue Foch (Paris)|avenue Foch]], puis dans la villa du chef de la Gestapo, [[Karl Bömelburg]], à [[Neuilly-sur-Seine]]<ref name="BP">{{Lien web|langue=fr|auteur1=Benoît Hopquin|titre=Le mystère des cendres de Jean Moulin|url=https://www.lemonde.fr/m-actu/article/2014/12/19/le-mystere-des-cendres-de-jean-moulin_4544076_4497186.html#mpjsBpLxbVpb5ieC.99|site=lemonde.fr|date=19-12-2014|consulté le=10-09-2015}}</ref>.

[[Fichier:Saint-Georges-sur-Eure La Taye cabanon Jean Moulin Eure-et-Loir (France).jpg|vignette|upright=0.8|Cabanon où Jean Moulin fut torturé à La Taye, [[Saint-Georges-sur-Eure]].]]
[[Fichier:Saint-Georges-sur-Eure La Taye plaque Premier combat Jean Moulin Eure-et-Loir (France).jpg|vignette|upright=0.8|Plaque apposée sur le cabanon de La Taye où Jean Moulin a été torturé, commune de [[Saint-Georges-sur-Eure]] (Eure-et-Loir).]]
[[Fichier:Jean Moulin cénotaphe 2022.jpg|vignette|upright=0.8|Ancienne case funéraire de Jean Moulin au [[Crématorium-columbarium du Père-Lachaise|columbarium du Père-Lachaise]] (division 87).]]

Officiellement, Jean Moulin meurt de ses blessures le {{date-|8 juillet 1943}} en [[Gare de Metz-Ville|gare de Metz]]<ref>{{lien web |auteur1=Jean-Christophe Dupuis-Rémond |titre=Gare de Metz : Une sculpture allemande en "Hommage à Jean Moulin" |url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/2014/07/10/gare-de-metz-une-sculpture-allemande-en-hommage-jean-moulin-515253.html/FR3 |site=francetvinfo.fr |périodique=France 3 Grand Est |date=10-07-2014 |consulté le=04-10-2021}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-metz-ville/2018/07/08/photos-metz-hommage-a-jean-moulin-dans-le-hall-de-la-gare-sncf-a-l-occasion-du-75e-anniv-de-son-deces-constate-a-metz-le-8-juillet-1943|site=republicain-lorrain.fr|titre=Metz : un hommage ému à Jean Moulin, déclaré mort il y a 75 ans jour pour jour en gare de Metz|périodique=Le Républicain lorrain|date=8 juillet 2018|consulté le=9 juillet 2021}}</ref>, dans le train Paris-Berlin mais l'acte de décès allemand, daté du {{date-|8 juillet 1943}} et indiquant Metz comme lieu de décès, est rédigé six mois plus tard, le {{date-|3 février 1944}}. Quant au certificat de décès, il est rédigé le {{date-|25 juillet 1943}}, ce qui laisse planer un doute sur les circonstances de sa mort<ref name="BP"/>. Le {{date-|9 juillet 1943}}, le corps d’{{citation|un ressortissant français décédé en territoire allemand}} {{incise|présumé être Jean Moulin}} est rapatrié à Paris, [[Gare de Paris-Est|gare de l'Est]] et aussitôt incinéré<ref name="BP"/>. L'urne contenant ses cendres est ensuite déposée au [[cimetière du Père-Lachaise]], {{nobr|case 10137}}, avec pour seule mention {{citation|Inconnu incinéré, 09-07-43}}<ref name="BP"/>. En 1945, sa famille fait déplacer cette urne dans le carré de la Résistance du cimetière. L’urne est finalement transférée au Panthéon, en 1964.

== Postérité ==
Les « cendres présumées » de Jean Moulin ont été transférées au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] le {{date-|19 décembre 1964}}, lors de la célébration du vingtième anniversaire de la Libération, sous la présidence du général de Gaulle. En réalité, son corps n'a jamais été identifié avec certitude.

=== Le discours d’André Malraux ===
[[Fichier:Jean Moulin Panthéon.jpg|vignette|upright=0.8|Tombeau au [[Panthéon de Paris]] contenant les cendres présumées de Jean Moulin.]]
Le {{date-|19 décembre 1964}}, un [[Discours du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon|discours solennel]] est prononcé lors de la grande cérémonie officielle où [[André Malraux]], ministre des Affaires culturelles, fait entrer Jean Moulin au {{Citation|[[Panthéon de Paris|Panthéon des Grands Hommes]]}} de la République française. Il fait de lui à cette occasion {{Citation|le symbole}} de l'[[Héros|héroïsme]] français, de toute la Résistance à lui seul en l'associant à tous les résistants français, héros de l'ombre, connus et inconnus, qui ont permis de libérer la France au prix de leur souffrance, de leur vie, et de leur idéologie de liberté. Ce discours composé et prononcé par André Malraux est souvent considéré comme un des plus grands discours de la République française.

:{{Citation|Comme [[Philippe Leclerc de Hauteclocque|Leclerc]] entra aux [[Hôtel des Invalides|Invalides]], avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de [[Nuit et brouillard]], enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à [[Ravensbrück]] pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle, nos frères dans l'ordre de la nuit{{etc}}}}

:{{Citation|C'est la marche funèbre des cendres que voici. À côté de celles de [[Lazare Carnot|Carnot]] avec les soldats de l'an II, de celles de [[Victor Hugo]] avec ''[[les Misérables]]'', de celles de [[Jean Jaurès|Jaurès]] veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France{{etc}}}}

Ce discours célèbre est suivi du [[Le Chant des partisans|''Chant des partisans'']] interprété par une grande chorale devant le Panthéon.

Il est prononcé dans des conditions rendant difficile la prise de son (le vent soufflait fort) et est notamment retransmis en direct dans de nombreux lycées. Des enregistrements ont été réalisés, on peut notamment l'écouter à l’audiothèque du [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|centre Georges-Pompidou]] ainsi que sur le site de l'[[Institut national de l'audiovisuel]] (INA)<ref>[http://www.ina.fr/histoire-et-conflits/seconde-guerre-mondiale/video/I00013168/discours-hommage-d-andre-malraux-a-jean-moulin.fr.html Discours sur le site de l'INA].</ref>. Le texte intégral est par ailleurs disponible sur le site officiel d'André Malraux<ref>{{lien web |titre=D/1964.12.19 — André Malraux : «Discours prononcé pour le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, le 19 décembre 1964»|url=https://malraux.org/d1964-12-19-malraux-moulin/ |site=Malraux.org |date=25-04-2018 |consulté le=04-10-2021}}.</ref>.

Le manuscrit original de ce discours est conservé et présenté au public au musée de l’[[ordre de la Libération]] situé dans l'[[hôtel des Invalides]] à Paris aux côtés de la tenue de préfet de Jean Moulin, de son chapeau, sa gabardine et son écharpe.

=== L'hommage de Charles de Gaulle ===
Dans une note datée du {{date-|1 juin 1946}}, le général de Gaulle rend hommage à la conduite héroïque de Jean Moulin, ''alias'' Max :
{{Citation bloc|Max, pur et bon compagnon de ceux qui n'avaient foi qu'en la France, a su mourir héroïquement pour elle.

Le rôle capital qu'il a joué dans notre combat ne sera jamais raconté par lui-même, mais ce n'est pas sans émotion qu'on lira le journal que Jean Moulin écrivit à propos des évènements qui l'amenèrent, dès 1940, à dire non à l'ennemi. La force de caractère, la clairvoyance et l'énergie qu'il montra en cette occasion ne se démentirent jamais. Que son nom demeure vivant comme son œuvre demeure vivante !{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=133}}.}}

Plus tard, dans ses ''[[Mémoires de guerre]]'', Charles de Gaulle rend de nouveau hommage à Jean Moulin en ces termes :
{{Citation bloc|Cet homme, jeune encore, mais dont la carrière avait déjà formé l'expérience, était pétri de la même pâte que les meilleurs de mes compagnons. Rempli, jusqu'aux bords de l'âme, de la passion de la France, convaincu que le [[gaullisme]] devait être, non seulement l'instrument du combat, mais encore le moteur de toute une rénovation, pénétré du sentiment que l'État s'incorporait à la France Libre, il aspirait aux grandes entreprises. Mais aussi, plein de jugement, voyant choses et gens comme ils étaient, c'est à pas comptés qu'il marcherait sur une route minée par les pièges des adversaires et encombrée des obstacles élevés par les amis. Homme de foi et de calcul, ne doutant de rien et se défiant de tout, apôtre en même temps que ministre, Moulin devait, en dix-huit mois, accomplir une tâche capitale. La Résistance dans la Métropole, où ne se dessinait encore qu'une unité symbolique, il allait l'amener à l'unité pratique. Ensuite, trahi, fait prisonnier, affreusement torturé par un ennemi sans honneur, Jean Moulin mourrait pour la France, comme tant de bons soldats qui, sous le soleil ou dans l'ombre, sacrifièrent un long soir vide pour mieux remplir leur matin<ref>Charles de Gaulle, ''Mémoires de guerre'', tome 1, ''L'Appel'' 1940-1942, Plon, {{p.|233}}</ref>.}}

=== Hommages ===
[[Fichier:Plaque photo jean moulin.jpg|vignette|upright=0.8|Plaque à la mémoire de Jean Moulin en gare de [[Metz]].]]

Jean Moulin est le quatrième homme le plus célébré au fronton des {{Unité|67000|établissements}} scolaires français (recensement en 2015) : 434 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière [[Joseph (Nouveau Testament)|Saint Joseph]] (880), [[Jules Ferry]] (642) et [[Jacques Prévert]] (472), mais devant [[Jean Jaurès]] (429), [[Jeanne d'Arc]] (423), [[Antoine de Saint-Exupéry]] (418), [[Victor Hugo]] (365), [[Louis Pasteur]] (361), [[Marie Curie]] (360), [[Pierre Curie]] (357), [[Jean de la Fontaine]] (335)<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/04/18/de-jules-ferry-a-pierre-perret-l-etonnant-palmares-des-noms-d-ecoles-de-colleges-et-de-lycees-en-france_4613091_4355770.html#partie1|site=lemonde.fr|titre=De Jules Ferry à Pierre Perret, l'étonnant palmarès des noms d'écoles, de collèges et de lycées en France|date=18 mai 2015|consulté le=25 février 2022}}.</ref>. L'[[Université Jean-Moulin-Lyon-III|université Lyon-III]] porte son nom. La quarante-troisième promotion de [[commissaire de police (France)|commissaires de police]] issue de l'[[École nationale supérieure de la Police]], entrée en fonction en 1993, porte également son nom.

Jean Moulin est devenu le résistant le plus célèbre et le plus honoré de France. Comme l'explique son biographe [[Jean-Pierre Azéma]], c'est le seul dont pratiquement tous les Français connaissent le nom et le visage, en particulier grâce à sa célèbre photo en noir et blanc, celle à l'écharpe et au chapeau mou. Cela au risque de faire parfois oublier d'autres grands organisateurs de l'armée souterraine, et de reléguer dans l'ombre d'autres martyrs héroïques de la lutte clandestine tels que [[François Verdier (résistant)|François Verdier]], Pierre Brossolette, [[Jean Cavaillès]] ou [[Jacques Bingen]]. Jean Moulin est ainsi devenu le symbole et le visage même de la Résistance. Le {{date-|10 juillet 2014}}, dans le hall central de la gare de Metz (qui porte son nom), un hommage mémoriel a été rendu à cette figure de la Résistance française, sous la forme d'une œuvre monumentale du sculpteur allemand [[Stephan Balkenhol]]<ref>{{lien web |titre=Gare de Metz : Une sculpture allemande en "Hommage à Jean Moulin" |url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/lorraine/2014/07/10/gare-de-metz-une-sculpture-allemande-en-hommage-jean-moulin-515253.html |site=France 3 Grand Est |consulté le=30-06-2020}}.</ref>.

En [[2019 en bande dessinée|2019]] paraît ''Jean Moulin'', [[bande dessinée historique]] et biographique scénarisée par [[Jean-Yves Le Naour]] et dessinée par Holgado et [[Marko (dessinateur)|Marko]] (éd. Bamboo)<ref>{{lien web|auteur=Patrice Gentilhomme|titre=Les Compagnons de la Libération, T. 3 : Jean Moulin - Par Le Naour, Marko et Holgado - Editions Bamboo|site=[[Actua BD]]|date=10 août 2019|url=https://www.actuabd.com/Les-Compagnons-de-la-Liberation-T-3-Jean-Moulin-Par-Le-Naour-Marko-et-Holgado}}.</ref>.

En 2020, une plaque commémorative est déposée sur l'ancienne plaque funéraire du [[Crématorium-columbarium du Père-Lachaise|columbarium du Père-Lachaise]], avec pour inscription : {{Citation|Ici se trouvait l'urne contenant les cendres de Jean Moulin (1899-1943), chef de la [[Résistance intérieure française|Résistance]], 1er président du [[conseil national de la Résistance]], avant son transfert au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]] en 1964.}}<ref>[https://www.landrucimetieres.fr/spip/spip.php?article1593#forum4294 Cimetières de France et d'ailleurs].</ref>.

En 2021, lors du {{78e}} anniversaire de sa mort, on salue à Metz, parmi d’autres qualités, son obsession de l’unité et le sens de l’intérêt général<ref>{{Lien web|url=https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/cholet-49300/cholet-la-place-jean-moulin-en-memoire-du-heros-de-la-resistance-francaise-bf4e27be-59e2-11ec-8b71-6956ea426804|site=ouest-france.f|titre=Cholet. La place Jean Moulin en mémoire du héros de la résistance française|périodique=Courrier-de-l'Ouest|date=20 février 2022|auteur=Jean-Claude Michon|consulté le=21 avril 2022}}</ref>.

=== Le célèbre portrait de Jean Moulin ===
[[Fichier:Plaque Jean Moulin Peyrou.jpg|vignette|upright=0.8|Plaque à l'[[aqueduc Saint-Clément]] de Montpellier, le lieu où fut prise la photo de Jean Moulin.]]
[[Fichier:Resistance.jpg|vignette|upright=0.8|La représentation de Jean Moulin participe à la symbolique de la [[Résistance intérieure française|Résistance]].]]

La photographie emblématique de Jean Moulin, portant un chapeau, réalisée en noir et blanc, est prise par son ami Marcel Bernard, au cours de l'{{nobr|hiver 1939}}, à [[Montpellier]], en contrebas du [[Promenade du Peyrou|château d'eau du Peyrou]]<ref group="N">Ce monument reproduit une photographie de Jean Moulin, adossé à un mur, vêtu à la mode du moment d'un pardessus, emmitouflé dans un cache-nez de laine et portant un chapeau de feutre rabattu, prise mi-février 1940</ref>. Cette célèbre photographie qui a été choisie par sa sœur, Laure Moulin, pour la cérémonie de son entrée au Panthéon, est utilisée par elle, en 1969, en première de couverture de la biographie consacrée à son frère, puis par d'autres biographes et des monuments commémoratifs, contribuant à faire de lui l'archétype du résistant<ref>{{Lien web|url=https://www.histoire-image.org/fr/comment/reply/6352|titre=Jean Moulin|auteur=Christine Levisse-Touze|site=histoire-image.org|consulté le=12 juillet 2021}}</ref>{{,}}{{sfn|Bénédicte Vergez-Chaignon|2018|p=104}}.

Le photographe est un ami d'enfance et voisin, résidant au {{nobr|4 de la rue}} d'Alsace, en face du Champ-de-Mars, à [[Béziers]]. Jean Moulin est né au {{n°|6}} de la même rue. Marcel Bernard habite au {{n°|4}} jusqu'à sa mort en 1991. Par une ironie de l'histoire, des résistants du [[maquis de Fontjun]] (venus des villages des environs, [[Capestang]], [[Montady]], [[Puisserguier]]{{etc}}) ont été fusillés par l'occupant allemand sur la place du Champ-de-Mars, le {{date-|5 juin 1944}}, veille du [[débarquement de Normandie]].

=== Controverses ===
[[Fichier:Plaque Jean Moulin.jpg|vignette|upright=0.8|Plaque apposée sur un immeuble de la Grand rue Jean Moulin à [[Montpellier]].]]
Lorsqu'il vient à la réunion de Caluire, [[René Hardy]], qui a déjà été arrêté par la Gestapo, puis libéré, serait suivi par celle-ci. Certains estiment qu'il s'agit d'une trahison, d'autres d'une imprudence fatale. Certains résistants tentent plus tard d'assassiner Hardy. Ayant rejoint d'autres secteurs de la Résistance, il passe deux fois en jugement après la [[Libération (histoire)|Libération]] à cause de cette suspicion qui pèse sur lui. Il est acquitté une première fois en 1947, au [[Bénéfice du doute (droit pénal)|bénéfice du doute]], mais au lendemain même de son jugement, la découverte d'une pièce infirmant ses déclarations le fait à nouveau incarcérer. Il est jugé en 1950 par un tribunal militaire qui l'acquitte au bénéfice de la « minorité de faveur », 4 jurés l'ayant déclaré coupable et 3 innocent<ref>https://www.defense.gouv.fr/portail/rubriques-complementaires/recherche-avancee?searchText=caluire/ dossier ministère des armées.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacques Gelin|titre=L'affaire Jean Moulin. Trahison ou complot ?|lieu=Paris|éditeur=Gallimard. NRF|année=|pages totales=595|passage=23|isbn=978-2-07-013943-9}}.</ref>.

[[Henri Frenay]], lui, a la conviction que [[Lydie Bastien]], maîtresse de René Hardy, a joué un rôle très trouble dans cette affaire. Dans le livre qu'il lui consacre, [[Pierre Péan]] émet l'hypothèse qu'elle aurait été la maîtresse de [[Harry Stengritt]], un adjoint de Klaus Barbie<ref>Pierre Péan, ''La Diabolique de Caluire'', Paris, éditions Fayard, 1999, 261{{nb p.}}, 20{{nb p.}} de planches illustrées {{ISBN|2-213-60402-9}}.</ref>.

La controverse est relancée au cours du procès de Klaus Barbie. Son avocat, [[Jacques Vergès]], insinue que les Aubrac ont trahi Jean Moulin et fait signer à Barbie un « testament ». Quelques historiens et quelques journalistes reprennent ce testament à leur compte ou s'appuient sur des documents du [[KGB]] pour dénoncer ce qu'ils pensent être des relations entre le stalinisme et la résistance. Aujourd'hui, les thèses contestées de ces historiens ont été largement réfutées : il n'est pas fait grand crédit aux déclarations prêtées par Vergès à Barbie<ref>https://www.dailymotion.com/video/x13765p/ actualités télévisées avec témoignages protagonistes du 15 décembre 1989.</ref>.

Il faut par exemple citer, dans le même registre, le livre controversé du journaliste et historien lyonnais [[Gérard Chauvy]], paru en 1997. Malgré le soutien de [[Stéphane Courtois]], universitaire et spécialiste du communisme, lors du procès en diffamation intenté par les Aubrac<ref>[[François Delpla]], [http://www.delpla.org/article.php3?id_article=11 « Aubrac, les faits et la calomnie »].</ref>, et malgré la longue hésitation d'un certain nombre d'historiens de l'[[Institut d'histoire du temps présent]] ([[François Bédarida]], [[Jean-Pierre Azéma]], [[Henry Rousso]]), beaucoup se sont prononcés sans ambiguïté contre Chauvy et ses méthodes, prenant parti pour les Aubrac.

[[Jacques Baynac]] soutient d'abord la thèse d'une arrestation créditée au seul engagement policier de la Gestapo, sans aucune dénonciation<ref>[[Jacques Baynac]], ''Les Secrets de l'affaire Jean Moulin. Archives inédites sur la Résistance. Contexte, causes et circonstances'', Le Seuil, 1998 {{ISBN|2-02-033164-0}}.</ref>. Et en 2007, cet historien publie des archives allemandes, britanniques et américaines, jusque-là inédites, montrant que la Gestapo avait alors été informée par les services de renseignement de l'[[Abwehr]], dépendant de l'état-major militaire allemand, lesquels avaient reconstitué pendant plusieurs mois le réseau de Jean Moulin sur la base de longues opérations de surveillance. Dans cet ouvrage<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacques Baynac|titre=Présumé Jean Moulin|sous-titre=17 juin 1940-21 juin 1943|lieu=Paris|éditeur=Grasset|date=février 2007|pages totales=1104|isbn=978-2-246-62811-8|lire en ligne=https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb40985255q}}.</ref>, l'auteur cite également des notes des services secrets britanniques du [[SOE en France|SOE]] à propos d'une brève arrestation de [[Daniel Cordier]] par des policiers allemands<ref name=":2">{{Lien web |langue=fr|titre=Genre Moulin |url=http://www.guillaume-dasquie.fr/jean-moulin-homosexualite/ |site=guillaume-dasquie.fr|date=octobre 2016 }}.</ref>, que celui-ci n'a jamais souhaité commenter.

D'autres hypothèses mettent en avant une série de double jeu de certains responsables de mouvements de résistance aux objectifs géostratégiques divergents, certains préférant des alliances avec les Américains et un leadership d'[[Henri Giraud (militaire)|Henri Giraud]] plutôt que du général de Gaulle, l'arrestation de Caluire faisant suite à l'arrestation de [[Charles Delestraint]] chef de l'[[Armée secrète (France)]] et ayant pour objet de désigner son remplaçant, ces considérations ont un poids historique que les différents travaux de spécialistes ne permettent pas jusqu'à nos jours de trancher<ref>{{Article |auteur1= Péan Pierre |titre=Les liaisons dangereuses de Bénouville |périodique=[[L'Express]] |date=19-11-1998 |lire en ligne=https://www.lexpress.fr/informations/les-liaisons-dangereuses-de-benouville_631273.html |consulté le=04-10-2021}}.</ref>.

Selon le journaliste Jacques Gelin, qui étudie l'affaire depuis 1987, l'hypothèse d'un complot ourdi contre Moulin serait la plus plausible ; sans dédouaner Lydie Bastien ou René Hardy, cette hypothèse impliquerait une responsabilité des arrestations de {{date-|juin 1943}} élargie à d'autres résistants<ref name="Gelin">{{harvsp|Gelin|2013}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|lire en ligne=https://bibliobs.nouvelobs.com/essais/20130523.OBS0463/qui-a-trahi-jean-moulin.html|titre=Qui a trahi Jean Moulin?|date=27-05-2013|auteur=Laurent Lemire|périodique=L'Obs}}.</ref>. Pour les spécialistes, si René Hardy est le principal suspect de « l'affaire Moulin », Aubry, qui a insisté pour qu'il soit présent au rendez-vous, et Bénouville, qui a fait de même et qui aurait été au courant de son arrestation<ref group=N>Dans ses mémoires {{harv|de Bénouville|2001}}, Bénouville a affirmé ne pas avoir été au courant, mais Hardy déclare sur l'honneur l'en avoir informé {{harv|Noguères|1985}}. Bénouville l'a confirmé peu avant sa mort.</ref>{{,}}<ref name="Continue">{{article|lire en ligne=http://www.lepoint.fr/livres/laffaire-moulin-continue-23-05-2013-1689302_37.php|titre=L'affaire Moulin continue|périodique=Le Point|auteur=François-Guillaume Lorrain|date=23-05-2013}}.</ref>, ont au mieux été imprudents, faute de preuves. Selon Gelin, les exécutions de témoins capitaux dans les derniers moments de la guerre ([[Jean Multon|Multon]], transfuge de la Résistance ayant procédé à la première arrestation de Hardy ; [[Ernst Dunker|Dunker]], le rédacteur du [[rapport Flora]]) empêchent de trancher<ref name="Gelin"/>{{,}}<ref name="Mascarade">{{article|lire en ligne=https://www.nouvelobs.com/societe/20150807.OBS3866/affaire-jean-moulin-une-mascarade-judiciaire.html|périodique=L'Obs|date=14-08-2015|titre=Affaire Jean Moulin : une mascarade judiciaire|auteur=Maxime Laurent}}.</ref>.

Par ailleurs, certains, comme Henri Frenay<ref>''L'Énigme Jean Moulin'', 1977.</ref>, chef du réseau [[Combat (Résistance)|Combat]], ou l'avocat et historien [[Charles Benfredj]]<ref>''L'Affaire Jean Moulin, la contre-enquête''.</ref> accusent Jean Moulin d'avoir été [[Crypto-communiste|cryptocommuniste]], c'est-à-dire d'avoir par ses relations dans les milieux radicaux secrètement favorisé les intérêts pro-soviétiques en France en détournant notamment l'aide anglo-américaine aux mouvements de résistance ; ils évoquent ses liens avec [[Pierre Cot]], lui-même proche du [[communisme]], et d'autres sympathisants issus de la [[Confédération générale du travail]] (CGT), du mouvement de résistance communiste [[Front national (Résistance)|Front national]] et du [[Parti communiste français|parti communiste]] proprement dit qui seront représentés au sein du CNR<ref>Charles Benfredj, ''Henri Frenay, la mémoire volée'', éd. Dualpha.</ref> (sur les dix-neuf [[Conseil national de la Résistance#Membres du CNR au 27 mai 1943|participants à la réunion fondatrice du CNR]], deux représentent le parti communiste et le Front national et un la {{Abréviation discrète|CGT|Confédération générale du travail}}). Henri Frenay lui reproche également d'avoir voulu réhabiliter les partis de la {{IIIe|République}} au sein du CNR, au détriment des mouvements de Résistance qui, pour certains, se voulaient seuls légitimes à diriger la France à la Libération.

[[Thierry Wolton]] met en avant quant à lui les liens existant entre Jean Moulin et [[Henri Robinson|Harry Robinson]] (arrêté par la police secrète allemande à Paris, le 21 décembre 1942), chef clandestin (''[[rézidiente]]'') d'un des principaux réseaux de renseignement de l'[[Armée rouge]] en Europe, notamment au travers du communiste Maurice Panier<ref>Thierry Wolton, ''Le Grand recrutement'', Paris, Bernard Grasset, 1993.</ref>.

Pour répondre aux diverses critiques entourant Jean Moulin, et démentir notamment les accusations de cryptocommunisme, son ancien secrétaire [[Daniel Cordier]] a entrepris à la fin des [[années 1970]] une biographie en six volumes. Refusant l'emploi des souvenirs personnels et des témoignages oraux facilement imprécis ou déformés par le temps, Daniel Cordier s'est appuyé sur les archives de Jean Moulin en sa possession, sur une patiente étude critique des documents écrits, et sur un effort de rétablissement de la stricte chronologie des faits. Publiée entre 1989 (''Jean Moulin – L'inconnu du Panthéon'', {{t.|1}}, J.Cl. Lattès) et 1999 (''Jean Moulin – La République des catacombes'', Gallimard), la [[:wikt:somme|somme]] de Daniel Cordier, et son apport à l'histoire de la [[Résistance intérieure française]], dont il ne cherche pas à gommer les aspérités et les difficultés, ont été discutés, notamment par Charles Benfredj, historiographe d'Henri Frenay<ref>''Cf.'' son ouvrage ''Henri Frenay, la mémoire volée'' éd. Dualpha, {{p.|60 et ss}}.</ref>.

La mise au point de Daniel Cordier est complétée par un observateur privilégié : [[Jacques Baumel]], membre de Combat et secrétaire général des {{Abréviation discrète|MUR|Mouvements unis de la Résistance}}. Il confirme n'avoir {{citation|jamais constaté chez Moulin la moindre tendance à privilégier la Résistance communiste}}. Bien au contraire, Jean Moulin refusait régulièrement de verser des fonds aux [[Francs-tireurs et partisans]] (FTP), et il s'opposait à leur « stratégie d'insurrection prématurée ». Selon Baumel, {{citation|Moulin avait fait entrer les communistes au CNR pour qu'ils soutiennent de Gaulle contre Giraud}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jacques Baumel|titre=Résister|passage=351-352|lieu=Paris|éditeur=Albin Michel|date=1999|isbn=2-226-10866-1}}.</ref>.

La journaliste [[Ghislaine Ottenheimer]] affirme que Jean Moulin aurait été [[franc-maçonnerie|franc-maçon]]<ref>Ghislaine Ottenheimer, [http://www.lexpress.fr/informations/le-vrai-pouvoir-des-francs-macons_628486.html « Le vrai pouvoir des franc-maçons »], ''[[L'Express]]'', 2 avril 1998.</ref>, mais aucun historien n'a pu le confirmer. Les ouvrages d'historiens comme [[André Combes (historien)|André Combes]] confirment que son père, Antoine-Émile Moulin, l'était mais le dictionnaire de référence de [[Daniel Ligou]], affirme que l'appartenance de Jean Moulin est une {{Citation|légende tenace}}, ce dernier n'ayant jamais été reçu dans un ordre maçonnique<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Daniel|nom1=Ligou|lien auteur1=Daniel Ligou|titre=Dictionnaire de la franc-maçonnerie|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|année=2018|année première édition=1998|pages totales=1359|passage=836|isbn=978-2-13-048639-8|isbn2=2-13-048639-8|titre chapitre=Moulin (Jean)}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[André Combes (historien)|André Combes]]|titre=La Franc-maçonnerie sous l'occupation|sous-titre=Persécution et Résistance (1939-1945)|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Rocher]]|collection=[[Franc-maçonnerie]]|année=2001|année première édition=2001|réimpression=2005|pages totales=couv. ill., 421|format livre={{Unité|24|cm}}|passage=173 et 280|isbn=978-2-268-07462-7|isbn2=2-268-04112-3|oclc=422242486|sudoc=060767421|présentation en ligne={{Google Livres|aWfaAAAAMAAJ}}|lire en ligne=https://books.google.fr/books?redir_esc=y&hl=fr&id=aWfaAAAAMAAJ&q=p%C3%A8re+Moulin|consulté le=30 juillet 2018}} (consulté le 30 juillet 2018).</ref>. Inversement, le nom de Jean Moulin figure bien dans le ''dictionnaire des francs-maçons français''{{sfn|Michel Gaudart de Soulages|Hubert Lamant|1998|p=419}}.

=== Ordonnances allemandes contre les juifs ===
Lors d'un colloque présidé par Daniel Cordier en 1999, Yves Bernard a révélé que les [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] contiennent la preuve que des listes de juifs ont été constituées en Eure-et-Loir alors que Jean Moulin était encore préfet. Cette révélation explosive étant restée peu connue, l'historien Gérard Leray a entrepris de la préciser et de la contextualiser{{sfn|Gérard Leray|2020}}.

Le 9 novembre 1940, le cabinet du préfet adresse au [[Kommandantur|Feldkommandant]] Ebmeier trois listes de 120 personnes (dont huit considérées à tort comme juives), ainsi que les listes d'entreprises juives, en application des ordonnances allemandes des 27 septembre et 18 octobre 1940. L'opération a été coordonnée par le commissaire Lautier, chargé des renseignements généraux. La liste qui recense les juifs de l'arrondissement de [[Dreux]] a été signée par le sous-préfet Maurice Viollette, nommé à ce poste par Jean Moulin. Celui-ci était toujours en poste à Chartres, quelques jours après sa révocation, et en attente de son successeur. Sa signature n'apparaît pas sur la lettre d'envoi, car il s'agit d'une copie pelure, mais elle a été tapée par sa secrétaire personnelle, et on ne peut l'attribuer au secrétaire général de la préfecture.

Les listes sont incomplètes et fautives, mais elles serviront de base aux persécutions futures. Sur les 112 juifs recensés, 55 seront déportés et tués à [[Auschwitz]]. Gérard Leray rappelle que les préfets étaient tenus d'obéir aux autorités d'occupation, et que personne en 1940 « ne se doute de l'exploitation ultérieure de ces listes à des fins génocidaires ». Il estime que Jean Moulin, préfet exemplaire et bientôt résistant, doit être néanmoins considéré comme {{citation|le responsable de la fabrication du dossier juif transmis aux Allemands}}{{sfn|Gérard Leray|2020|p=184-186}}.

== Vie privée ==
En {{date-|juin 1922}}, sa demande en mariage à Jeannette Auran, rencontrée en 1920, est rejetée par le père de celle-ci. Le {{date-|27 septembre 1926}}, il se marie avec Marguerite Cerruti mais celle-ci s'ennuie dans la sous-préfecture et quitte Jean Moulin pour aller vivre à Paris ; il demande le divorce et l'obtient le {{date-|19 juin 1928}}{{sfn|Zamponi|Bouveret|Allary|1999|p=14}}.

Jean Moulin enchaîne les amours, jusqu'à son arrestation en {{date-|juin 1943}}. Sa liaison avec Marie-Gilberte Riedlinger (« Madame Lloyd »), à partir de 1937 et jusqu'à leur rupture en {{date-|février 1943}}, semble avoir beaucoup compté pour lui<ref name="L'Express">{{article|lire en ligne=https://www.lexpress.fr/informations/les-femmes-de-sa-vie_631274.html|périodique=L'Express|auteur=Pierre Péan|date=19 novembre 1998|titre=Les femmes de sa vie}}.</ref>. Il noue simultanément des relations amoureuses avec l'artiste [[Antoinette Sasse|Antoinette Sachs]] (de 1936 à 1943<ref>{{article|lire en ligne=https://www.francetvinfo.fr/france/antoinette-sachs-la-femme-qui-influenca-jean-moulin_1162557.html|titre=Antoinette Sachs, la femme qui influença Jean Moulin|périodique=France Infos|date=6 novembre 2015}}.</ref>), égérie de [[Paul Géraldy]] ou encore, avec Colette Pons<ref>{{article|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2007/07/06/colette-pons-dreyfus_932449_3382.html|périodique=Le Monde|titre=Colette Pons-Dreyfus|auteur=Thomas Wieder|date=6 juillet 2007}}.</ref> (Colette Jacques), en 1942, laquelle tient la galerie de peintures Romanin à Nice<ref name="L'Express"/> qui sert de couverture à Jean Moulin.

La sexualité de Jean Moulin est sujette à controverse<ref name="VF">{{article|titre=Les dessous de l'Histoire: Le dernier secret de Jean Moulin|lire en ligne=https://www.vanityfair.fr/pouvoir/politique/articles/les-amours-homosexuelles-et-secretes-de-jean-moulin/46253|périodique=[[Vanity Fair (magazine)|Vanity Fair]]|date=21 septembre 2016|numéro=40|auteur=Guillaume Dasquié}}.</ref>. En 2003, le ''Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes'' supervisé par [[Didier Eribon]] évoque {{Citation|l'éventuelle homosexualité ou bisexualité d'un grand résistant, comme Jean Moulin}}, supposant par ailleurs les prédispositions des homosexuels de l'époque à entrer en résistance, au motif que ceux-ci auraient déjà l'expérience de la clandestinité dans leur vie privée. Dans ''Jean Moulin, l'ultime mystère'', [[Pierre Péan]] et [[Laurent Ducastel]] consacrent un chapitre à ce sujet, « L'était-il ? », évoquant {{Citation|un séducteur, goûtant des plaisirs charnels avec des filles, éventuellement avec des garçons}}, pour noter que {{Citation|les voix officielles de la Libération s'efforceront toujours de nier la présence d'homosexuels dans la Résistance, image qui fut longtemps peu conforme à l'idée que la France avait de ses héros}} ; les auteurs n'apportent néanmoins aucune conclusion à leur questionnement. ''A contrario'', [[Jean-Paul Sartre]] observa, dans un article de 1949<ref>{{Ouvrage|auteur1=Didier Eribon|titre=Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes|éditeur=|année=2003|isbn=|lire en ligne=http://didiereribon.blogspot.com.es/2007/07/sur-sartre.html|titre chapitre=Jean-Paul Sartre}}.</ref>, les supposées prédispositions des milieux homosexuels parisiens à la collaboration<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Régis Schlagdenhauffen|directeur1=oui|titre=Homosexuel.le.s en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale|lieu=Paris|éditeur=Nouveaux mondes éditions|année=2017|pages totales=236|isbn=978-2-36942-556-4|lire en ligne=http://iris.ehess.fr/index.php?3663}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=François Broche|auteur2=Jean-François Muracciole|titre=Histoire de la collaboration|sous-titre=1940-1945|éditeur=[[Éditions Tallandier]]|collection=Au fait|année=2017|pages totales=624|isbn=979-10-210-2266-9|lire en ligne=https://books.google.es/books?id=-9NADgAAQBAJ}}.</ref>. Les Allemands auraient fait pression sur Jean Moulin, lors de son arrestation à Chartres, le {{date-|18 juin 1940}}, en lui déclarant {{Citation|Comme nous connaissons maintenant votre amour pour les nègres (…) nous avons pensé vous faire plaisir en vous permettant de coucher avec l'un d'eux}}<ref>Pierre Bourget, « Naissance et unification de la Résistance », dans ''Les grandes énigmes de la Résistance'', Éd. Les Amis de l'Histoire, 1968 ({{p.|79}}).</ref>. Cette déclaration et cette nuitée de prison interviennent alors que les Allemands torturent Jean Moulin afin qu'il impute à des [[tirailleurs sénégalais]] des crimes que ceux-ci n'ont pas commis<ref>{{article|périodique=Le Monde|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/shoah-les-derniers-temoins-racontent/article/2005/02/17/aux-noirs-victimes-de-l-horreur-nazie_398395_641295.html|titre=Aux Noirs victimes de l'horreur nazie|auteur=Catherine Bédarida|date=17 février 2005}}.</ref>. L'historien [[Thomas Rabino]], dans ''L'autre Jean Moulin'' (2013) ne recense que trois liaisons féminines au cours de sa vie, dont celle avec Marguerite Cerruti, son épouse entre 1926 et 1928.

Le [[Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - musée Jean-Moulin|musée Jean-Moulin]] affirme que le résistant était {{Citation|un homme à femmes, séducteur avec ça - un vrai tombeur}}. Le secrétaire de Jean Moulin, le résistant [[Daniel Cordier]], interrogé sur le livre de Pierre Péan, indique ne pas avoir lu le chapitre sur la sexualité de Moulin et affirme que {{Citation|c'était un homme à femmes}}<ref name="VF"/>. Cependant, les divers travaux historiques n'ont pas permis d'identifier les dizaines de conquêtes que son entourage lui avait attribuées après-guerre et il semble qu'à partir des [[années 1950]] certaines de ses relations sentimentales avec des hommes, comme le poète [[Max Jacob]], aient été volontairement effacées car considérées comme peu conformes à l'image du héros<ref name=":2" />.

En 2023, à l'occasion de la commémoration des 80 ans de la disparition de Jean Moulin, sa famille fait pression sur [[Robert Ménard]] et obtient l'annulation de la représentation à Béziers d'une pièce de théâtre le présentant comme homosexuel<ref>{{Lien web|url=https://www.francebleu.fr/infos/societe/aucun-element-ne-permet-de-dire-que-jean-moulin-etait-homosexuel-l-historien-thomas-rabino-5098040|site=francebleu.fr|titre="Aucun élément ne permet de dire que Jean Moulin était homosexuel" selon l'historien Thomas Rabino|date=30 mai 2023|consulté le=24 août 2023}}</ref>. {{Citation|Ce n'est pas le sujet de la pièce, mais pourquoi devrait-on s'interdire de le présenter comme homosexuel si cette possibilité existe ? Sans verser dans le militantisme, c'est crucial pour la jeunesse de montrer que le principal héros de la résistance puisse être homosexuel}}, soutient le créateur de la pièce, [[Jean-Marie Besset]]<ref>{{Lien web|url=https://tetu.com/2023/05/26/histoire-resistant-jean-moulin-homosexuel-piece-theatre-annulee-robert-menard-beziers/|site=tetu.com|titre=Jean Moulin homo : la famille obtient de Béziers l'annulation d'une pièce de théâtre|auteur=Quentin Martinez|date=26 mai 2023|consulté le=24 août 2023}}</ref>.

== Décorations ==
[[Fichier:Route Jean Moulin 2.jpg|vignette|upright=0.8|<center>Hommage à Jean Moulin à [[Saint-Andiol]].</center>]]
{|class="wikitable"
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! Ruban
! Décoration
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| [[Fichier:Legion Honneur Officier ribbon.svg|Officier de la Légion d'honneur|106px]]
| [[Ordre national de la Légion d'honneur|Officier de la Légion d'honneur]] (décret du {{date-|1 octobre 1945}})
|-
| [[Fichier:Ruban de l'Ordre de la Libération (2).PNG|Compagnon de la Libération|106px]]
| [[Compagnon de la Libération]] (décret du {{date-|17 octobre 1942}}, sous le pseudonyme de ''caporal Mercier'')
|-
| [[Fichier:Medaille militaire ribbon.svg|Médaille militaire|106px]]
| [[Médaille militaire]]
|-
| [[Fichier:Croix de guerre 1939-1945 with palm (France) - ribbon bar.png|106px]]
| [[Croix de guerre 1939-1945 (France)|Croix de guerre 1939-1945]] avec palme (décret du {{date-|1 octobre 1945}})
|-
| [[File:Ordre du Merite agricole Chevalier 1999 ribbon.svg|Chevalier du Mérite Agricole|106px]]
| [[Ordre du Mérite agricole|Chevalier du Mérite agricole]]
|-
| [[File:World War I Victory Medal ribbon.svg|Médaille Interalliée 1914-1918|106px]]
| [[Médaille interalliée 1914-1918]], dite « Médaille de la Victoire »
|-
| [[File:Medaille commemorative de la Guerre 1914-1918 ribbon.svg|Médaille commémorative de la guerre 1914-1918|106px]]
| [[Médaille commémorative de la guerre 1914-1918]]
|-
| [[File:Medaille_commemorative_des_Services_Volontaires_dans_la_France_Libre_ribbon.svg|Médaille commémorative des Services Volontaires dans la France Libre|106px]]
| [[Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre]] (médaille FFL)
|-
| [[File:Medaille commemorative de la Guerre 1939-1945 ribbon.svg|Médaille commémorative de la guerre 1939-1945|106px]]
| [[Médaille commémorative française de la guerre 1939-1945|Médaille commémorative de la guerre 1939-1945]] avec barrettes « France » et « Libération »
|-
| [[File:Médaille d'or de l'Education physique.png|médaille d’or l’Éducation physique|106px]]
| Médaille d’or de l'[[Médaille de la jeunesse, des sports et de l'engagement associatif|Éducation physique]]
|-
| [[File:Médaille d'argent de l'Assistance publique.png|Médaille d'argent de l'Assistance publique|106px]]
| Médaille d'argent de l'Assistance publique
|-
| [[File:Médaille d'argent des Assurances sociales.png|Médaille d'argent des Assurances sociales|106px]]
| Médaille d'argent des Assurances sociales
|-
| [[File:Médaille d'argent de la Prévoyance sociale.png|Médaille d'argent de la Prévoyance sociale|106px]]
| Médaille d'argent de la Prévoyance sociale
|-
| [[Fichier:Cavaliere OCI BAR.svg|Chevalier de la Couronne d'Italie|106px]]
| [[Ordre de la Couronne d'Italie|Chevalier de la Couronne d'Italie]] ([[Royaume d'Italie (1861-1946)|Italie]], 1926)
|-
| [[File:Ordre de la Couronne de Yougoslavie (Royaume).png|Ordre de la Couronne yougoslave|106px]]
| {{lien|trad=Order of the Yugoslav Crown|Ordre de la Couronne yougoslave}} ([[royaume de Yougoslavie]])
|-
| [[File:Ordre du Jade Brillant (République de Chine).png|Ordre du Jade Brilliant|106px]]
| [[Ordre du Jade|Ordre du Jade brillant]] ([[République de Chine (1912-1949)|Chine]], 1938)
|}

== Ouvrage ==
* ''Premier combat'', journal posthume de Jean Moulin, préface du général de Gaulle, publié aux [[éditions de Minuit]] en 1947. Ce journal, récit des événements qui se sont déroulés à Chartres du {{date-|14 juin 1940-}} au mois de {{date-|novembre 1940}}, a été écrit par Jean Moulin à [[Saint-Andiol]] après sa révocation par le gouvernement de Vichy le {{date-|2 novembre 1940}}. Il y relate notamment l’épisode tragique des 17-{{date-|18 juin 1940-}}, lorsqu’il refuse, sous les coups, de signer un document accusant à tort les tirailleurs sénégalais de massacres sur les populations civiles, et tente de se suicider pour défendre leur honneur<ref>''L'outre-mer français dans la guerre 39-45'', Petit journal de l'exposition, Mémorial du général Leclerc et de la Libération de Paris / Musée Jean Moulin, Éditions Paris Musées, 2011.</ref> :
{{citation bloc|Pendant sept heures j'ai été mis à la torture physiquement et mentalement. Je sais qu'aujourd'hui je suis allé jusqu'à la limite de la résistance. Je sais aussi que demain, si cela recommence, je finirai par signer. (…) <br />Et pourtant, (…) je ne peux pas être complice de cette monstrueuse machination. (…) Je ne peux pas sanctionner cet outrage à l'Armée Française et me déshonorer moi-même. (…) <br />Je sais que le seul être humain qui pourrait encore me demander des comptes, ma mère, (…) me pardonnera lorsqu'elle saura que j'ai fait cela pour que des soldats français ne puissent pas être traités de criminels et pour qu'elle n'ait pas, elle, à rougir de son fils.}}

== Filmographie ==
=== Cinéma ===
* [[1997 au cinéma|1997]] : ''[[Lucie Aubrac (film)|Lucie Aubrac]]'', de [[Claude Berri]], avec [[Patrice Chéreau]]<ref group=N name =JM>Interprétant le rôle de Jean Moulin.</ref>.

=== Télévision ===
* [[1977 à la télévision|1977]] : dans le cadre des ''[[Les Dossiers de l'écran|Dossiers de l'écran]]'', avec [[Serge Vincent]]<ref group=N name =JM/>.
* [[2002 à la télévision|2002]] : ''[[Jean Moulin (téléfilm)|Jean Moulin]]'', d’[[Yves Boisset]], avec [[Charles Berling]]<ref group=N name =JM/>.
* [[2003 à la télévision|2003]] : ''[[Jean Moulin, une affaire française]]'', de Pierre Aknine, avec [[Francis Huster]]<ref group=N name =JM/>.
* [[2007 à la télévision|2007]] : ''[[La Résistance (téléfilm)|La Résistance]]'', de Félix Olivier, avec [[Scali Delpeyrat]]<ref group=N name =JM/>.
* [[2013 à la télévision|2013]] : ''[[Alias Caracalla (téléfilm)|Alias Caracalla, au cœur de la résistance]]'', d'Alain Tasma, avec [[Éric Caravaca]]<ref group=N name =JM/>.
* [[2014 à la télévision|2014]] : ''[[Dassault, l'homme au pardessus]]'', d’[[Olivier Guignard]], avec [[Frédéric Andrau]]<ref group=N name =JM/>.
* [[2020 à la télévision|2020]] : ''[[De Gaulle, l'éclat et le secret]]'', de [[François Velle]], avec [[Cyril Gourbet]].

== Musées consacrés à Jean Moulin ==
* Paris :
** [[Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - musée Jean-Moulin]],
** [[Musée de l'ordre de la Libération]] ;
* Bordeaux : [[Centre national Jean-Moulin]], musée et centre de documentation de la Seconde Guerre mondiale<ref>{{Lien web|url=http://www.bordeaux.fr/p63906|titre=Le centre Jean Moulin|site=bordeaux.fr|consulté le=19 août 2013}}.</ref>.
* Lyon : [[Centre d'histoire de la résistance et de la déportation]] – cellule de Jean Moulin dans la [[prison Montluc]]<ref>{{Lien web|url=https://www.chrd.lyon.fr/musee/fiche-thematique/la-prison-de-montluc|site=chrd.lyon.fr|titre=La prison de Montluc|consulté le=13 octobre 2023}}.</ref>.
* Saint-Andiol : musée Jean-Moulin<ref>{{Lien web|url=http://www.saint-andiol.fr/fr/information/105933/musee-jean-moulin|site=www.saint-andiol.fr|titre=Musée Jean Moulin de Saint-Andiol|sous-titre="Souvenir de mon pays"|consulté le=27 décembre 2022}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/un-nouveau-musee-pour-jean-moulin-a-saint-andiol-07-07-2018-7810998.php|site=leparisien.fr|titre=Un nouveau musée pour Jean Moulin à Saint-Andiol|périodique="Le Parisien"|date=7 juillet 2018|auteur=Marc Leras|consulté le=6 novembre 2022}}</ref>.

== Expositions ==
[[Fichier:Georges Mandel - caricature par Romanin.jpg|thumb|upright=0.8|[[Georges Mandel]] caricaturé par Romanin.]]
Pour le {{70e}} anniversaire de la disparition de Jean Moulin, l’exposition « Redécouvrir Jean Moulin, collections inédites (1899-1943) » s'est tenue jusqu’au {{date-|31 août 2014}} au [[musée de la Libération de Paris - musée du Général Leclerc - musée Jean-Moulin]] à [[Paris]]. Celle-ci a présenté également des documents inédits, à la suite du legs de l’une de ses petites cousines<ref>[https://www.parismusees.paris.fr/fr/exposition/redecouvrir-jean-moulin Site page exposition "Redécouvrir Jean Moulin, collections inédites"], consulté le 4 septembre 2020.</ref>.

À l'occasion de la commémoration du {{120e}} anniversaire de sa naissance, une exposition du musée des Beaux Arts de [[Chartres]] est organisée jusqu'au {{date-|25 août 2019}}. Elle permet de découvrir le parcours artistique (dessins et caricatures) de Jean Moulin. Ces dessins sont signés ''Romanin'', un pseudonyme qu'il conservera jusqu'à son engagement dans la Résistance<ref>[https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/le-saviez-vous-jean-moulin-etait-aussi-l-auteur-de-dessins-humoristiques_3484931.html Site francetvinfo.fr, article "Jean Moulin était aussi l'auteur de dessins humoristiques"], consulté le 4 septembre 2020.</ref>.

Cette exposition présente des dessins patriotiques, publiés dès 1915 dans la revue ''[[La Baïonnette]]'' mais aussi des caricatures illustrant de manière humoristique l'actualité et sa vision personnelle de la société des [[années 1920]] et 1930.

Ces dessins furent également exposés au {{5e}} salon de la caricature à l'hôtel du Donjon à la [[Cité de Carcassonne]] en mai 2019<ref>{{Article |langue= |auteur1= |titre= Jean Moulin, Résistant et ... caricaturiste, exposé à la Cité de Carcassonne|périodique=L'Indépendant |volume= |numéro= |date=11 mai 2019 |pages= |issn= |e-issn= |lire en ligne=https://www.lindependant.fr/2019/05/11/jean-moulin-resistant-et-caricaturiste-expose-a-la-cite-de-carcassonne,8194437.php |consulté le=4 septembre 2020 |id= }}. </ref>.

Le [[musée des Beaux-Arts de Quimper]] expose en permanence des dessins, gravures et souvenirs divers relatifs au séjour de Jean Moulin en Bretagne comme sous-préfet de Châteaulin de 1930 à 1933. Ils ont été légués par Laure Moulin. D'autres éléments sont venus se rajouter dont la Piété, unique céramique réalisée par Jean Moulin et son dessin préparatoire.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=N}}

=== Références ===
{{Références}}
{{Références}}


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=== Bibliographie ===<!-- CLASSEMENT SELON L'ORDRE ALPHA DU 1ER NOM D’AUTEUR CITÉ DE CHAQUE OUVRAGE, PUIS PAR AUTEUR SELON L'ORDRE CHRONO -->
=== Bibliographie ===<!-- CLASSEMENT SELON L'ORDRE ALPHA DU 1ER NOM D’AUTEUR CITÉ DE CHAQUE OUVRAGE, PUIS PAR AUTEUR SELON L'ORDRE CHRONO -->
* [[Alexandre Adler]], ''Quand les Français faisaient l'histoire'', Paris, Grasset, 2014 {{ISBN|978-2246811343}}.
*
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jean-Pierre Azéma]]|titre=Jean Moulin|sous-titre=le politique, le rebelle, le résistant|lieu=Paris|éditeur=Perrin|année=2003|pages totales=507|isbn=2-262-01329-2}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Pierre Azéma|directeur1=oui|titre=Jean Moulin face à l'histoire|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|année=2000|pages totales=417|isbn=2-08-068017-X|présentation en ligne=https://www.cairn.info/revue-d-histoire-moderne-et-contemporaine-2001-4-page-268.htm}}. {{commentaire biblio|Réédition : {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean-Pierre Azéma|directeur1=oui|titre=Jean Moulin face à l'histoire|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|collection=Champs|numéro dans collection=551|année=2003|pages totales=417|format=poche|isbn=2-08-068017-X}}.}}
* {{Article|auteur1=Jean-Pierre Azéma |titre=Jean Moulin, enquête sur un héros |périodique=[[L'Histoire|Les collections de L'Histoire]] |numéro=37 |date=11 octobre 2007 |pages=66 |url=http://www.histoire.presse.fr/collections/ils-ont-resiste-a-hitler/jean-moulin-enquete-sur-un-heros-11-10-2007-10748 |consulté le=8 juillet 2013}}.
* [[Jacques Baynac]], ''Les Secrets de l'affaire Jean Moulin. Archives inédites sur la Résistance. Contexte, causes et circonstances'', Paris, Le Seuil, 1998 {{ISBN|2-02-033164-0}}.
* Jacques Baynac, ''Présumé Jean Moulin ({{date-|juin 1940}} - {{date-|juin 1943}}). Esquisse d'une nouvelle histoire de la Résistance'', Paris, Grasset, 2007.
* {{Ouvrage |auteur1=François Bédarida|auteur2=Jean-Pierre Azéma|directeur2=oui|auteur3=Daniel Cordier|titre=Jean Moulin et le Conseil national de la Résistance |sous-titre= |éditeur=Institut d'histoire du temps présent|année=1983|pages totales=192|isbn=978-2222034285 }}
* [[Charles Benfredj]], ''L'Affaire Jean Moulin, la Contre-Enquête'', préface de Jacques Soustelle, Paris, Albin Michel, 1990.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=François Berriot|titre=Jean Moulin, écrits et documents de Béziers à Caluire|sous-titre=l'Homme privé, le Haut Fonctionnaire républicain ''(tome I)'' ; Rex, représentant du Général de Gaulle et fondateur du C.N.R. ''(tome II)''|lieu=Paris|éditeur=[[éditions L'Harmattan]]|année=2018|pages totales=1488|isbn=978-2-343-14200-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=7D5RDwAAQBAJ&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Pierre de Bénouville]]|titre=Le Sacrifice du Matin|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Robert Laffont]]|année=2001|année première édition=1946|isbn=978-2-22109-702-1}}.
* [[Henri Calef]], ''Jean Moulin, une vie'', Paris, Plon, 1980.
* {{Ouvrage|auteur1=Jean-Paul Cointet|auteur2=Daniel Cordier|auteur3=Laurent Douzou|auteur4=Michel Fratissier|auteur5=Jean-Marie Guillon|auteur6=Élisabeth du Réau|titre=Jean Moulin et son temps (1899-1943)|année=2000|lieu=Perpignan|éditeur=Presses Universitaires de Perpignan|pages totales=155|isbn=2-908912-85-6|bnf=37193180 }}
* [[Catherine Coquery-Vidrovitch]], ''Des victimes oubliées du nazisme : les Noirs et l'Allemagne dans la première moitié du xxe siècle'', Cherche Midi, 2007.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Daniel Cordier]]|champ libre=études et témoignages sous la direction de [[François Bédarida]] et [[Jean-Pierre Azéma]]|titre=Jean Moulin et le Conseil national de la Résistance|lieu=Paris|éditeur=[[CNRS Éditions|Éditions du Centre national de la recherche scientifique]]|année=1983|pages totales=192|isbn=2-222-03428-0 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1984_num_4_1_1800_t1_0152_0000_1}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Daniel Cordier|titre=Jean Moulin|sous-titre=l'inconnu du Panthéon|volume=1|titre volume=Une ambition pour la République : juin 1899-juin 1936 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Jean-Claude Lattès]]|année=1989|pages totales=896 |isbn=2-7096-0799-9 |bnf=351077883 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1990_num_26_1_2982_t1_0152_0000_1 |id=Cordier, ''Jean Moulin : l'inconnu du Panthéon'', vol. 1, 1989}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Daniel Cordier|titre=Jean Moulin |sous-titre=l'inconnu du Panthéon|volume=2 |titre volume=Le choix d'un destin : juin 1936-novembre 1940 |lieu=Paris|éditeur=Jean-Claude Lattès |année=1989 |pages totales=762 |isbn=978-2-7096-0809-1|bnf=35107790n |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1990_num_26_1_2982_t1_0152_0000_1 |id=Cordier, ''Jean Moulin : l'inconnu du Panthéon'', vol. 2, 1989}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Daniel Cordier|titre=Jean Moulin|sous-titre=l'inconnu du Panthéon|volume=3|titre volume=De Gaulle, capitale de la Résistance : novembre 1940-décembre 1941|lieu=Paris|éditeur=Jean-Claude Lattès|année=1993|pages totales=1480|isbn=2-7096-1291-7|bnf=35670542v|présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1994_num_42_1_3057_t1_0135_0000_3|id=Cordier, ''Jean Moulin : l'inconnu du Panthéon'', vol. 3, 1993}}.
* {{Ouvrage|langue=fr |auteur1=Daniel Cordier|titre=Jean Moulin |sous-titre=la République des catacombes |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |collection=La suite des temps |année=1999 |pages totales=999 |isbn=2-07-074312-8 |présentation en ligne=https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_2000_num_66_1_4581_t1_0180_0000_3}}. {{commentaire biblio|Réédition en deux volumes chez Gallimard, Paris, collection Folio. Histoire :<ol> <li>{{Ouvrage |langue=fr |titre=Jean Moulin |sous-titre=la République des catacombes |tome=I |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]] |numéro dans collection=184 |année=2011 |pages totales=976 |format livre=poche |isbn=978-2-07-034974-6}}. </li> <li>{{Ouvrage |langue=fr |titre=Jean Moulin |sous-titre=la République des catacombes |tome=II |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Gallimard]] |numéro dans collection=185 |année=2011 |pages totales=870 |format livre=poche |isbn=978-2-07-035519-8}}.</li> </ol>}}
* Michel Fratissier, ''Jean Moulin ou la fabrique d'un héros'', Paris, L'Harmattan, 2011 {{ISBN|978-2296466999}}.
* Jean-Jacques François, ''La guerre de 1939-1940 en Eure et Loire (tomes 1, 2, 3, 4)'', illustrations de Serge Mogère, La Parcheminière, Mainvilliers, 2003
* {{Ouvrage|langue=français|auteur1=[[Michel Gaudart de Soulages]]|auteur2=Hubert Lamant|préface=Henri Prouteau|titre=Dictionnaire des francs-maçons français|année=1998|pages totales=924|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Jean-Claude Lattès]]|isbn=978-2709615563}}.
* {{Ouvrage |auteur1=Jacques Gelin|titre=L'Affaire Jean Moulin|sous-titre=trahison ou complot ? |lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Gallimard|Gallimard]]|année=2013|pages totales=600 |isbn=2-07-013943-3}}.
* [[René Hardy]], ''Derniers mots. Mémoires'', Paris, Fayard, 1984 {{ISBN|2-213-01320-9}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Gérard Leray|titre=Les derniers jours de Jean Moulin à Chartres|année=2020|pages totales=263|éditeur=EM éditions|isbn=978-2-36803-422-4}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Christine Levisse-Touzé]]|auteur2=Dominique Veillon|préface=[[Jean-Pierre Azéma]]|postface=[[Daniel Cordier]]|titre=Jean Moulin|sous-titre=artiste, préfet, résistant, 1899-1943|lieu=Paris|éditeur=Tallandier / Ministère de la Défense|année=2013|pages totales=191|isbn=979-10-210-0092-6}}.
* Dominique Lormier, ''Comme des lions'', Calmann-Lévy, 2005.
* [[Pierre Meunier]], ''Jean Moulin, mon ami'', Précy-sous-Thil, Éditions de l’Armençon {{ISBN|9782906594326}}.
* [[Henri Michel (historien)|Henri Michel]], ''Jean Moulin l'unificateur'', Paris, Hachette, 1964.
* [[Alain Minc]], ''L'Homme aux deux visages. Jean Moulin, René Bousquet : itinéraires croisés'', Paris, Grasset, 2013.
* Henri de Mollans, ''Combats pour la Loire de juin 1940'', CLD, mars 1985.
* Jean Moulin, ''Premier combat'', préface du général [[Charles de Gaulle]], Paris, Minuit, 1965 {{ISBN|2-70-730404-2}}.
* [[Laure Moulin]], ''Jean Moulin'', Paris, Presses de la Cité, 1969, réédition, 1982 {{ISBN|2-258-01120-5}}.
* {{Ouvrage |auteur1=[[Henri Noguères]]|titre=La vérité aura le dernier mot|lieu=Paris|éditeur=Le Seuil|année=1985|isbn=2-02-033164-0|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=wilYDwAAQBAJ}}.
* [[Pierre Péan]], ''Vies et morts de Jean Moulin'', Paris, Fayard, 1998 {{ISBN|2-213-60257-3}}, [https://www.persee.fr/doc/xxs_0294-1759_1999_num_64_1_3908_t1_0153_0000_2 présentation en ligne].
* {{Ouvrage|auteur1=Pierre Péan|titre=[[La Diabolique de Caluire]]|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=1999|pages totales=261|isbn=978-2213604022}}.
* Pierre Péan et [[Laurent Ducastel]], ''Jean Moulin, l'ultime mystère'', Paris, Albin Michel, 2015 {{ISBN|2226319166}}.
* [[Michel Quint]], ''Max'', Paris, Perrin, 2008.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Thomas Rabino]]|titre=L'autre Jean Moulin|sous-titre=L'homme derrière le héros|année=2013|lieu=Paris|éditeur=Éditions Perrin|pages totales=264|isbn=978-2262039349|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=UwRx4944uV4C&pg=PT129&dq=jean+moulin+petain+disponibilit%C3%A9}}
* [[Jean Sagnes]] (texte) et Alain D'Amato (réalisation), ''Jean Moulin, 1899-1943'', catalogue d'exposition, éditions Aldacom, 2013 (les panneaux de l'exposition permanente sont visibles sur le site de la médiathèque André-Malraux de Béziers).
* [[Jean Sagnes]] et Bernard Salques (dir.), ''Autour de la figure de Jean Moulin, héros et résistances'', éditions du Mont, 2015.
* Marguerite Storck-Cerruty, ''J'étais la femme de Jean Moulin'', Paris, [[Régine Deforges]], 1977 {{ISBN|2-901980-74-0}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Robert Taussat]]|titre=Jean Moulin : la constance et l'honneur de la République|lieu=Rodez|éditeur=Fil d'Ariane|année=2001|isbn=2-912470-26-9}}
* Gérard Valin-Ruggiero del Ponte, ''Le mémorial de Chartres'', L'Harmattan, 2013, 110 p. {{ISBN|978-2-343-00558-4}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Bénédicte Vergez-Chaignon]]|titre=Jean Moulin, l'affranchi|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=2018|pages totales=416|isbn=978-2-08-139572-5|lire en ligne={{Google Livres|Mu5jDwAAQBAJ}}}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Francis Zamponi]]|auteur2=Nelly Bouveret|auteur3=Daniel Allary|titre=Jean Moulin|sous-titre=mémoires d'un homme sans voix|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Chêne]] |année=1999|pages totales=144|isbn=2-84277-240-7|plume=oui}}

=== Articles connexes ===
* [[Résistance intérieure française]]
* [[Héros de la Résistance]]
* [[Liste de résistants français]]
* [[Délégué militaire régional]]

=== Liens externes ===

* [https://jeanmoulin.fr Jean Moulin : Artiste, Préfet, Résistant], site publié par la famille de Jean Moulin.
* [http://museesleclercmoulin.paris.fr/ Site officiel du musée du général Leclerc et de la libération de Paris – musée Jean Moulin].
* [http://www.memorialjeanmoulin.fr Site du Comité du Mémorial Jean Moulin créé par Bernard Bermond avec le soutien de Laure Moulin et du général de Gaulle].
* {{Icône audio}} [http://www.wat.tv/audio/discours-malraux-pour-transfert-25kb1_mgnh_.html Enregistrement intégral du discours (33t) de la RTF - 1965)].
* [http://www.ina.fr/archivespourtous/?vue=notice&from=fulltext&full=jean+moulin&num_notice=3&total_notices=75 Vidéo de ce discours] (archives INA).
* [https://memoire.ciclic.fr/3218-comice-agricole-a-brou-en-1939-version-commentee?_gl=1*19aebut*_ga*NTA1MjQzNzMuMTY5MjUyNDcyMA..*_ga_EDL4WX90DP*MTY5MjUyNDcxOS4xLjEuMTY5MjUyNDgyMi4wLjAuMA.. Jean Moulin au comice agricole de Brou en juin 1939], film commenté sur le site Mémoire, édité par Ciclic, agence régionale du Centre pour le livre, l'image et la culture numérique.

==== Bases de données et dictionnaires ====
{{Liens}}


{{Palette|Personnalités enterrées au Panthéon de Paris}}
{{Palette|Personnalités enterrées au Panthéon de Paris}}

Version du 25 novembre 2023 à 12:40

Jean Moulin
Portrait de Jean Moulin en 1937 par le studio Harcourt.
Fonctions
Président
Conseil national de la Résistance
Préfet d'Eure-et-Loir
-
Albert Heumann (d)
Charles Donati (d)
Préfet de l'Aveyron
-
Albert Heumann (d)
Henri Destarac (d)
Secrétaire général de la préfecture de la Somme (d)
-
Maurice George (d)
André Carrère (d)
Sous-préfet de Thonon-les-Bains
-
Pierre Barthère (d)
Maurice Daudin (d)
Sous-préfet de Châteaulin
-
Philibert Dupard (d)
Marcel Filuzeau (d)
Sous-préfet d'Albertville
-
Léon Gonzalve (d)
Henri Gomot (d)
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Jean Pierre MoulinVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Régis, Max, Rex, Joseph Jean Mercier, Jacques Martel, Romanin, Joseph Marchand, Richelieu, AlixVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Fratrie
Conjoint
Marguerite Cerruti (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Grade militaire
Général de division (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Lieu de détention
Distinctions
Archives conservées par
Archives nationales (F/1bI/816, F/4/3300)[1]
Service historique de la Défense (AC 21 P 98424, GR 16 P 295579, GR 28 P 4 465 43, GR 28 P 2 283, GR 28 P 11 75)[2]Voir et modifier les données sur Wikidata
signature de Jean Moulin
Signature de Jean Moulin.
Plaque commémorative aux Clayes-sous-Bois (Yvelines).
Vue de la sépulture.

Jean Moulin, né le à Béziers (Hérault) et mort le près de Metz (en Moselle annexée) dans un convoi à destination de l'Allemagne — à la suite des tortures subies préalablement — est un haut fonctionnaire et résistant français.

Préfet de l'Aveyron puis d'Eure-et-Loir, refusant l'occupation de la France par l'Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint en la France libre à Londres, en passant par l’Espagne et le Portugal. Il est reçu par le général de Gaulle, à qui il fait un compte-rendu de l’état de la résistance en France et de ses besoins, notamment financiers et en armement.

Envoyé à Lyon par le général de Gaulle pour réunir les principaux mouvements de la Résistance française, il crée et dirige le Conseil national de la Résistance. Il est arrêté à Caluire-et-Cuire, dans la banlieue de Lyon, le , et conduit au siège de la Gestapo à Lyon, où il est torturé ; il est ensuite transféré à la Gestapo de Paris. Il meurt dans le train qui le transporte en Allemagne peu avant le passage de la frontière, le .

Considéré comme l'un des principaux héros de la Résistance, il est fait compagnon de la Libération en 1942, nommé général de brigade à titre posthume lors de la Libération, puis général de division en 1946[3]. Un cénotaphe lui est dédié au Panthéon ; son corps n'ayant jamais été identifié avec certitude, l'urne qui s'y trouve ne contient que les « cendres présumées » de Jean Moulin.

Biographie

Jeunesse

Acte de naissance de Jean Moulin le à Béziers (Hérault).

Jean Pierre Moulin naît au 6 rue d'Alsace à Béziers[4], fils d'Antoine-Émile Moulin, professeur d’histoire-géographie au collège Henri-IV dans cette ville, et de Blanche Élisabeth Pègue. Il est le petit-fils d'un insurgé de 1851[5]. Antoine-Émile Moulin est un enseignant laïc au grand collège de la ville, partie intégrante du lycée Henri-IV, ainsi qu'à l’université populaire, et il est franc-maçon à la loge Action sociale[6]. Son fils, Jean, est baptisé le par le père Guigues en l'église Saint-Vincent de Saint-Andiol (Bouches-du-Rhône)[7], village d'origine de ses parents : son parrain est son frère Joseph Moulin et sa marraine est sa cousine Jeanne Sabatier[8]. Il passe une enfance paisible en compagnie de sa sœur Laure et de son frère Joseph (qui meurt d'une maladie en 1907), et s'adonne à sa passion pour le dessin, où il excelle, au point de pouvoir vendre dessins, aquarelles ou caricatures à des journaux (ce qui ne plaisait pas à son père)[9],[10]. Au lycée Henri-IV de Béziers, il est un élève moyen qui fait preuve d'un talent particulier pour la caricature et les belles lettres. Occitanophone, son père étant un poète provençal admirateur de Frédéric Mistral[11], il gardera un attachement sincère à sa langue familiale et à son lycée de cœur[12].

Plus tard, dans la lignée de son père élu conseiller général de l'Hérault en 1913 sous la bannière radicale-socialiste, Jean Moulin se forge de profondes convictions républicaines, suivant avec assiduité la vie politique nationale.

En 1917, il s'inscrit à la faculté de droit et science politique de Montpellier, où il n'est pas un étudiant brillant. Grâce à l'entregent de son père conseiller général, il est nommé attaché au cabinet du préfet de l'Hérault sous la présidence de Raymond Poincaré. Quittant son milieu familial, il se met à fréquenter des artistes, se passionne pour les voitures de sport, les beaux vêtements et le ski[9].

Service militaire

Mobilisé le , Jean Moulin est affecté au 2e régiment du génie (basé à Metz lors des derniers combats de la Grande Guerre)[13]. Après une formation accélérée, il arrive dans les Vosges à Charmes le et s'apprête à monter en ligne quand l'armistice est proclamé le 11 novembre 1918. Il est envoyé successivement en Seine-et-Oise, à Verdun puis à Chalon-sur-Saône ; il est tour à tour menuisier, terrassier, téléphoniste aux 7e et 9e régiments du génie. Il est démobilisé début , retourne à Montpellier pour entamer sa deuxième année de droit et reprend ses fonctions d'attaché au cabinet du préfet, le [14].

Carrière administrative

La qualité de son travail l'amène à être promu chef-adjoint de cabinet fin 1920. En 1921, il obtient sa licence en droit. Parallèlement, il devient vice-président de l'Association générale des étudiants de Montpellier et membre des Jeunesses laïques et républicaines.

Le , il entre dans l'administration préfectorale en qualité de chef de cabinet — poste très important pour son âge — du préfet de la Savoie, à Chambéry, sous la présidence d'Alexandre Millerand. Au soir des élections législatives de , il se réjouit de la victoire du cartel des gauches en Savoie comme dans tout le pays.

De 1925 à 1930, il est sous-préfet d'Albertville. Il est à l'époque le plus jeune sous-préfet de France, sous la présidence de Gaston Doumergue.

En 1930, il est promu sous-préfet de 2e classe à Châteaulin dans le Finistère. Il y fréquente des poètes locaux comme Saint-Pol-Roux à Camaret et le poète et peintre Max Jacob à Quimper. Il est reçu chez le sculpteur Giovanni Leonardi et commence à collectionner les tableaux et à dessiner sous le pseudonyme de « Romanin » ; il s'essaie aussi à la céramique[15].

Il est également illustrateur du Morlaisien Tristan Corbière pour son recueil de poèmes Armor. Parallèlement, il publie des caricatures et des dessins humoristiques dans la revue Le Rire, dans Candide ou Gringoire sous le pseudonyme de « Romanin » du nom d'un lieu-dit des Alpilles. Sa passion pour l'art et notamment pour l'art contemporain s'exprime aussi à travers son amitié pour Max Jacob et sa collection de tableaux où sont représentés Chirico, Dufy et Friesz[16],[17].

Pierre Cot, ministre de l'Air, 1933.

En , Pierre Cot, homme politique radical-socialiste, le nomme chef-adjoint de son cabinet aux Affaires étrangères sous la présidence de Paul Doumer.

En 1933, il est sous-préfet de Thonon-les-Bains et occupe parallèlement la fonction de chef de cabinet de Pierre Cot au ministère de l'Air sous la présidence d’Albert Lebrun. Il est promu sous-préfet de 1re classe et, le , il est nommé sous-préfet de Montargis mais n'occupe pas cette fonction, préférant demeurer au cabinet de Pierre Cot. Au début du mois d', il est rattaché à la préfecture de la Seine et s'installe à Paris.

Le , il prend ses fonctions de secrétaire général de la préfecture de la Somme, à Amiens, auprès du préfet André Jozon, qu'il remplace régulièrement en raison de son état de santé[18], fonction qu'il va quitter deux ans plus tard en [19].

En 1936, il est nommé chef de cabinet de Pierre Cot au ministère de l'Air du Front populaire. En accord avec le ministre, conformément à la politique décidée par Léon Blum, il aide clandestinement les républicains espagnols en leur envoyant des avions et des pilotes[20]. Il participe à cette époque à l'organisation de nombreux raids aériens civils comme la traversée de l'Atlantique sud par Maryse Bastié, la course Istres - Damas - Le Bourget. À cette occasion, Pierre Cot étant officiellement en convalescence[21], il doit remettre le chèque aux vainqueurs (un équipage italien) parmi lesquels se trouve le propre fils de Benito Mussolini. Au dire de sa sœur Laure, « Jean était très embarrassé d’avoir à recevoir et à féliciter les lauréats italiens, alors qu’il était résolument antifasciste »[22].

En , à l'âge de trente-huit ans, il est nommé préfet de l'Aveyron ; c'est à l’époque le plus jeune préfet de France. Ses actions en faveur de l'aviation lui permettent de passer cette même année, en tant que réserviste, du génie de l'armée de terre à l'Armée de l'air, armée officiellement créée à compter de juin 1934 et soumise à l'autorité du ministre de l'Air, structure mise en place à compter de 1928. Il est affecté à partir de à la base de Marignane avec le grade de caporal-chef (), puis en au bataillon de l'air no 117 basé à Issy-les-Moulineaux. Il est nommé sergent de réserve le [13].

Résistance

Révocation de sa fonction de préfet d'Eure-et-Loir

Hommage de la ville de Chartres.
Hommage de la ville de Chartres.
Plaque en hommage à Jean Moulin à la préfecture d'Eure-et-Loir.
Monument Jean-Moulin à Chartres.

En , il est nommé préfet d'Eure-et-Loir à Chartres. Après la déclaration de guerre, il demande à plusieurs reprises à être dégagé de ses fonctions de préfet, persuadé, comme il l'écrit, que sa « place n'est point à l'arrière, à la tête d'un département essentiellement rural »[23]. Il se porte donc candidat à l'école des mitrailleurs en allant à l'encontre de la décision du ministère de l'Intérieur. Il passe sa visite médicale d'incorporation à l'école le sur la base 117 d'Issy-les-Moulineaux. Il est déclaré inapte le lendemain pour un problème de vue. Il force alors le destin en exigeant une contre-visite à Tours qui, cette fois, le déclare apte. Mais le ministère de l'Intérieur l’oblige dès le lendemain à reprendre immédiatement son poste de préfet, d'où il s'emploie, dans des conditions difficiles, à assurer la sécurité de la population. Devant l'arrivée imminente des troupes allemandes de la Wehrmacht à Chartres, Jean Moulin écrit à ses parents, le  : « Si les Allemands — ils sont capables de tout — me faisaient dire des choses contraires à l'honneur, vous savez déjà que cela n'est pas vrai[24] ».

Jean Moulin est arrêté le sur ordre du colonel von Thünge, commandant le régiment de la Wehrmacht qui a combattu devant Chartres, parce que le préfet d'Eure-et-Loir refuse de signer un protocole rédigé par les Allemands ; il s'agit de reconnaître faussement qu'une section de tirailleurs sénégalais de l'armée française aurait commis des atrocités envers des civils. Jean Moulin est emmené à La Taye, un hameau de Saint-Georges-sur-Eure, où gisent des cadavres de civils français mutilés. En réalité, ceux-ci ont été victimes de bombardements allemands à partir du sur la gare de cette commune[25]. Les soldats mis en cause sont les tirailleurs du 26e RTS du colonel Perretier (8e DLIC du général Gillier, 10e corps d'armée du général Gransard) qui ont combattu l'avancée de la 1re division de cavalerie du général Kurt Feldt (1887-1970) dont fait partie le Reiterregiment 21 (offensive en direction de la Loire de la IVe armée du général Günther von Kluge, qui sera nommé feldmarschall fin juin par Hitler). De furieux combats ont eu lieu à Berchères-la-Maingot Feucherolles, Chartainvilliers, Saint-Piat, Néron et Bouglainval, entre Rambouillet et Chartres ; ces troupes coloniales causent de nombreuses victimes au sein de la Wehrmacht les 15, 16 et . Deux mille quatre cent quatre-vingt-dix-huit tirailleurs de 26e RTS sont portés disparus après ces combats conduits devant Chartres[26], alors que l'armistice a été demandé par le maréchal Pétain le à midi. Excédé par la résistance des soldats « de la honte », les officiers des RTS sont menacés de mort par le colonel von Thüngen du Reiterregiment 21. La section du lieutenant Pierre Valin (2e bataillon, 5e compagnie) est finalement faite prisonnière le au matin à Fontenay-sur-Eure, à 5 km de la Taye, où Jean Moulin était censé reconnaitre leurs supposées exactions[27]. Frappé à coups de poing et enfermé pour avoir refusé de signer le « protocole », sur ordre de certains officiers de la Wehrmacht présents à Chartres, Jean Moulin tente de se suicider dans la conciergerie de l’hôpital en se tranchant la gorge avec un débris de verre[28]. Jean Moulin y est enfermé avec un tirailleur du 26e RTS qui alerte les secours. Rétabli, il organise le départ des populations civiles de son département.

Jean Moulin considère le soutien des communistes français au pacte germano-soviétique comme une abominable trahison[29]. Il transmet dans cet esprit une série de tracts communistes découverts dans l'ouest de son département au général de La Laurencie. Préfet d'Eure-et-Loir, Jean Moulin ne s'oppose pas aux mesures édictées par le nouveau régime de Vichy mais il ne manifeste aucun zèle pour les appliquer[30]. Classé parmi les « fonctionnaires de valeur mais prisonniers du régime ancien »[31], il est révoqué le et placé en disponibilité par le ministre de l'Intérieur Marcel Peyrouton. Décidé à entrer dans la clandestinité, il quitte Chartres le .

Après un séjour à Paris, il s'installe dans sa maison familiale de Saint-Andiol, au Sud d'Avignon, d'où, pressé par le besoin de « faire quelque chose », il s'impose deux buts : d’abord se rendre compte de l’ampleur de la Résistance française, puis aller à Londres afin d’engager les pourparlers avec la France libre[32]. Il se met alors à la rédaction de son journal, Premier combat, où il relate sa résistance contre les nazis à Chartres de manière sobre et détaillée ; ce journal est publié à la Libération et préfacé par le général de Gaulle. Il fait établir une fausse carte d'identité au nom de Joseph Mercier (prénom hommage à son frère décédé[9]), professeur de droit. Il s'installe à Marseille, à l’Hôtel Moderne et rencontre, dans plusieurs villes du Midi, des résistants parmi lesquels Henri Frenay, le chef du mouvement de Libération nationale, ainsi qu'Antoinette Sachs qui lui facilite les contacts[33].

Constitution de l'Armée secrète de la France – Unification des mouvements de résistance

Charles de Gaulle vers 1942.
Plaque commémorative de la création des Mouvements unis de la Résistance (MUR) de la zone sud, à Miribel, le .

Après avoir réussi à obtenir un visa et un faux passeport, le , il rejoint Londres en passant par l’Espagne et le Portugal, par ses propres moyens, sous le nom de Joseph Jean Mercier. Le , il est reçu par le général de Gaulle qui l'impressionne vivement et en qui il reconnaît « un très grand bonhomme. Grand de toutes façons »[34]. Il lui fait un compte-rendu (qui sera controversé[évasif]) de l’état de la Résistance en France et de ses besoins, notamment financiers et en armement.

Son compte-rendu donnera lieu à une contestation de la part d'Henri Frenay, comme étant tendancieux, avec des visées personnelles, tout en perturbant les actions de renseignements au profit de l’armée britannique et le système[évasif], en contrepartie de financement et de fourniture d’armes au profit de chacun d'entre eux[35]. À Londres, il suit un entraînement pour apprendre à sauter en parachute, tirer au pistolet et se servir d'un poignard.

Misant sur l’ambition et les capacités de réseau de Jean Moulin, de Gaulle en fait son délégué civil et militaire pour la zone libre. Il lui donne un premier ordre de mission, que l'« on ne cite jamais, celui du 4 novembre, entièrement écrit de la main du général de Gaulle, et qui est un ordre de mission d'organisation purement militaire, mission que Moulin a effectivement accomplie, en aboutissant, après onze mois, à la constitution de l'Armée secrète »[36]. Une Armée secrète (AS) chaperonnée par les Forces françaises libres, placées sous les ordres du général Charles Delestraint[N 1]. Mais, « pour la question militaire, […] elle est effectivement complètement occultée »[37].

Ensuite, par un second ordre, que l'« on cite toujours, le fameux ordre de mission de Jean Moulin du 24 décembre 1941, qui est un ordre de mission général, lui prescrivant d'accomplir l'union de tous les éléments résistant à l'ennemi »[38], il le charge d’unifier, sur le territoire français, les trois principaux mouvements de résistance, Combat, dirigé par Henri Frenay, Franc-Tireur et Libération-Sud, ainsi que tous leurs différents services : service ROP (recrutement, organisation, propagande), renseignements, sabotage, entraide.

Muni de ces deux ordres de mission, de moyens financiers et de communication radio directe avec le général de Gaulle à Londres, il est parachuté, dans la nuit du 1er au , en compagnie de Raymond Fassin[39] et Hervé Monjaret[40], au cours d'une opération blind (jargon de la RAF : « sans équipe de réception »)[41], dans les Alpilles, à une dizaine de kilomètres au sud de Saint-Rémy-de-Provence[42], à 15 km de Saint-Andiol. Il passe la nuit du 2 au dans le refuge acquis à Eygalières[43] puis rejoint Saint-Andiol à pied.

Dans la Résistance, il prend le pseudonyme évocateur de Rex. Pour accomplir sa mission, Jean Moulin rencontre, entre autres, Henri Frenay, à Marseille, et Raymond Aubrac, à Lyon. Il est aidé dans sa tâche par Daniel Cordier, qui s'occupe de la logistique, et par Colette Pons[44].

Dès , en zone sud, en région R1, sous l'autorité du général Delestraint, débute la constitution de l'Armée secrète par le versement à l'AS des formations paramilitaires (d'importance très inégale) des trois grands mouvements de résistance. Dans cette tâche, éminemment clandestine, le général Delestraint — choisi, d'un commun accord, par les mouvements de résistance et par le général de Gaulle pour diriger leurs actions militaires (uniquement), sous l'ordre direct de ce dernier — est secondé par les chefs AS secrètement désignés, le régional et les chefs départementaux.

Deux mois après, le , est créé le Comité de coordination de la zone sud, à Collonges-au-Mont-d'Or (en banlieue lyonnaise), dans le but de coordonner, avec la mouvance communiste, les trois mouvements principaux de résistance de la zone libre ; ce regroupement donne ensuite naissance, le , aux Mouvements unis de la Résistance (MUR) — membre du directoire et secrétaire général : Pierre Dumas — lors d’une réunion au domicile d’Henri Deschamps, à Miribel[45] (dans l'Ain).

Dans cette nouvelle unification, Jean Moulin cherche, non sans mal, à contenir les velléités de commandement d’Henri Frenay, chef du mouvement Combat, d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, chef de Libération-Sud, et de Jean-Pierre Lévy, chef de Franc-Tireur.

Il utilise ensuite ses dons artistiques pour se créer une couverture de marchand de tableaux et ouvre la galerie Romanin — dont le nom reprend son pseudonyme d’artiste — à Nice, au 22, rue de France[46],[47]. L’établissement, dont l’inauguration a lieu le , est alors l’unique galerie d’art moderne de la ville[46].

Dans la nuit du 13 au , il retourne rendre compte de sa mission à Londres, accompagné du général Delestraint, organisateur et chef de l’Armée secrète. Au cours de la nuit, ils doivent quitter précipitamment la maison Deschamps, à Miribel, pour aller embarquer dans le Jura, à Ruffey-sur-Seille (au nord de Lons-le-Saunier), à bord d'un Lysander[48].

Toutefois, si les mouvements de résistance ont accepté l'unification des mouvements pour améliorer leur efficacité, ainsi que leur financement, leurs chefs n'acceptent que difficilement la tutelle militaire de Londres pour l'AS : Henri Frenay, en particulier, souhaite garder le contrôle de la résistance militaire intérieure et mène une violente campagne contre le général Delestraint, dont il refuse de reconnaître l'autorité à la tête de l'Armée secrète.

Création du Conseil national de la Résistance

Le , Jean Moulin va à Londres rendre compte de sa mission à Charles de Gaulle, qui le décore de la croix de la Libération et le nomme secrètement ministre, membre du Comité national français, et seul représentant de ce comité pour l'ensemble du territoire métropolitain.

Le , il revient en France, avec le chef national de l'AS, en atterrissant de nuit en Saône-et-Loire, à Melay (au nord de Roanne), chargé de créer le Conseil national de la Résistance (CNR), tâche complexe, car il est toujours peu reconnu par les mouvements de résistance. En particulier, le responsable de la zone Nord, Pierre Brossolette, suscite bien des difficultés. Cependant, les sujets de discorde sont résolus, et la première réunion du CNR, en séance plénière, se tient à Paris, 48, rue du Four[49]le .

Jean Moulin parvient à se faire admettre comme chef du CNR, qui réunit les dirigeants de tous les groupes de la résistance française. Le CNR représente alors l'unité des Forces résistantes françaises aux yeux des Alliés et l'embryon d'une assemblée politique représentative. Le CNR reconnaît en de Gaulle le chef légitime du gouvernement provisoire français, et souhaite que le général Giraud prenne le commandement de l'armée française.

Moulin participe, avec le mouvement Franc-Tireur, à la création du maquis du Vercors, contesté par les hommes de Combat[35]. Cependant, les motifs d'inquiétude s'accumulent : le capitaine Claudius Billon, chef régional de l'AS, est arrêté le , à Lyon, le commandant Henri Manhès est arrêté à Paris, en mars, deux mois avant l'arrestation du général Delestraint, chef de l'AS, le , à Paris. L'Armée secrète est décapitée et Jean Moulin, lui-même, se sait traqué, comme il l'écrit au général de Gaulle : « Je suis recherché maintenant tout à la fois par Vichy et la Gestapo, qui n'ignore rien de mon identité, ni de mes activités. Ma tâche devient donc de plus en plus délicate, alors que les difficultés ne cessent d'augmenter. Si je venais à disparaître, je n'aurais pas eu le temps matériel de mettre au courant mes successeurs »[50].

Arrestation à Caluire

Maison « du docteur Dugoujon » à Caluire-et-Cuire.

L'arrestation de Jean Moulin fait toujours l'objet de nombreuses interrogations. À l'issue d'investigations et de manipulations menées par différents services allemands, elle intervient dans le contexte des fortes tensions entre composantes de la Résistance et dans celui de communications entre les services de renseignements de l'administration de Vichy, de la Résistance, de l'Allemagne, de l'OSS américain et du BCRA gaulliste.

Cette opération a lieu le , à Caluire-et-Cuire, dans la maison du docteur Dugoujon (en fait, louée par le docteur Dugoujon) où doit se tenir une réunion avec sept dirigeants de la Résistance : André Lassagne, le colonel Albert Lacaze et le lieutenant-colonel Émile Schwarzfeld, Bruno Larat, Claude Bouchinet-Serreulles, Raymond Aubrac et Henri Aubry, réunion décidée par Jean Moulin, afin de désigner le successeur, par intérim, du général Delestraint à la tête de l'Armée secrète, en attendant une nomination par le général de Gaulle.

Klaus Barbie.

Bouchinet-Serreulles est absent au rendez-vous fixé sur le trajet. La venue de René Hardy à la réunion, alors qu'il n'y est pas convoqué, a amené nombre de résistants à suspecter ce dernier d'avoir, par sa présence, indiqué à Klaus Barbie le lieu précis de cette réunion secrète. René Hardy, arrêté, puis relâché par la Gestapo quelques jours auparavant, est d'ailleurs le seul à s'évader lors de cette arrestation, n'étant pas menotté mais ayant eu juste les poignets entravés par de simples cabriolets. René Hardy est accusé, après guerre, d'avoir dénoncé Jean Moulin aux Allemands et comparaît dans deux procès, en 1947 puis en 1950. Ce fait est confirmé par Pierre Péan dans son livre La Diabolique de Caluire[51]. À noter que le rôle trouble et pourtant décisif du redoutable collaborateur français Bobby Moog a toujours été occulté.

Jean Moulin est interné, avec les autres dirigeants de la Résistance, à la prison Montluc, à Lyon. Après avoir été identifié, il est quotidiennement conduit au siège de la Gestapo, alors établi dans les locaux de l’École du Service de santé militaire, avenue Berthelot, afin d'être interrogé et torturé par le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie. Refusant de reconnaître les tortures malgré les preuves, Barbie affirmera que Moulin a fait plusieurs tentatives de suicide, se jetant de lui-même dans les escaliers, tentatives crédibles vu celle de 1940[52],[53]. Jean Moulin est ensuite transféré à la Gestapo de Paris, avenue Foch, puis dans la villa du chef de la Gestapo, Karl Bömelburg, à Neuilly-sur-Seine[54].

Cabanon où Jean Moulin fut torturé à La Taye, Saint-Georges-sur-Eure.
Plaque apposée sur le cabanon de La Taye où Jean Moulin a été torturé, commune de Saint-Georges-sur-Eure (Eure-et-Loir).
Ancienne case funéraire de Jean Moulin au columbarium du Père-Lachaise (division 87).

Officiellement, Jean Moulin meurt de ses blessures le en gare de Metz[55],[56], dans le train Paris-Berlin mais l'acte de décès allemand, daté du et indiquant Metz comme lieu de décès, est rédigé six mois plus tard, le . Quant au certificat de décès, il est rédigé le , ce qui laisse planer un doute sur les circonstances de sa mort[54]. Le , le corps d’« un ressortissant français décédé en territoire allemand » — présumé être Jean Moulin — est rapatrié à Paris, gare de l'Est et aussitôt incinéré[54]. L'urne contenant ses cendres est ensuite déposée au cimetière du Père-Lachaise, case 10137, avec pour seule mention « Inconnu incinéré, 09-07-43 »[54]. En 1945, sa famille fait déplacer cette urne dans le carré de la Résistance du cimetière. L’urne est finalement transférée au Panthéon, en 1964.

Postérité

Les « cendres présumées » de Jean Moulin ont été transférées au Panthéon le , lors de la célébration du vingtième anniversaire de la Libération, sous la présidence du général de Gaulle. En réalité, son corps n'a jamais été identifié avec certitude.

Le discours d’André Malraux

Tombeau au Panthéon de Paris contenant les cendres présumées de Jean Moulin.

Le , un discours solennel est prononcé lors de la grande cérémonie officielle où André Malraux, ministre des Affaires culturelles, fait entrer Jean Moulin au « Panthéon des Grands Hommes » de la République française. Il fait de lui à cette occasion « le symbole » de l'héroïsme français, de toute la Résistance à lui seul en l'associant à tous les résistants français, héros de l'ombre, connus et inconnus, qui ont permis de libérer la France au prix de leur souffrance, de leur vie, et de leur idéologie de liberté. Ce discours composé et prononcé par André Malraux est souvent considéré comme un des plus grands discours de la République française.

« Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et brouillard, enfin tombé sous les crosses ; avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre, avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle, nos frères dans l'ordre de la nuit, etc. »
« C'est la marche funèbre des cendres que voici. À côté de celles de Carnot avec les soldats de l'an II, de celles de Victor Hugo avec les Misérables, de celles de Jaurès veillées par la Justice, qu'elles reposent avec leur long cortège d'ombres défigurées. Aujourd'hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n'avaient pas parlé ; ce jour-là, elle était le visage de la France, etc. »

Ce discours célèbre est suivi du Chant des partisans interprété par une grande chorale devant le Panthéon.

Il est prononcé dans des conditions rendant difficile la prise de son (le vent soufflait fort) et est notamment retransmis en direct dans de nombreux lycées. Des enregistrements ont été réalisés, on peut notamment l'écouter à l’audiothèque du centre Georges-Pompidou ainsi que sur le site de l'Institut national de l'audiovisuel (INA)[57]. Le texte intégral est par ailleurs disponible sur le site officiel d'André Malraux[58].

Le manuscrit original de ce discours est conservé et présenté au public au musée de l’ordre de la Libération situé dans l'hôtel des Invalides à Paris aux côtés de la tenue de préfet de Jean Moulin, de son chapeau, sa gabardine et son écharpe.

L'hommage de Charles de Gaulle

Dans une note datée du , le général de Gaulle rend hommage à la conduite héroïque de Jean Moulin, alias Max :

« Max, pur et bon compagnon de ceux qui n'avaient foi qu'en la France, a su mourir héroïquement pour elle.

Le rôle capital qu'il a joué dans notre combat ne sera jamais raconté par lui-même, mais ce n'est pas sans émotion qu'on lira le journal que Jean Moulin écrivit à propos des évènements qui l'amenèrent, dès 1940, à dire non à l'ennemi. La force de caractère, la clairvoyance et l'énergie qu'il montra en cette occasion ne se démentirent jamais. Que son nom demeure vivant comme son œuvre demeure vivante ![59]. »

Plus tard, dans ses Mémoires de guerre, Charles de Gaulle rend de nouveau hommage à Jean Moulin en ces termes :

« Cet homme, jeune encore, mais dont la carrière avait déjà formé l'expérience, était pétri de la même pâte que les meilleurs de mes compagnons. Rempli, jusqu'aux bords de l'âme, de la passion de la France, convaincu que le gaullisme devait être, non seulement l'instrument du combat, mais encore le moteur de toute une rénovation, pénétré du sentiment que l'État s'incorporait à la France Libre, il aspirait aux grandes entreprises. Mais aussi, plein de jugement, voyant choses et gens comme ils étaient, c'est à pas comptés qu'il marcherait sur une route minée par les pièges des adversaires et encombrée des obstacles élevés par les amis. Homme de foi et de calcul, ne doutant de rien et se défiant de tout, apôtre en même temps que ministre, Moulin devait, en dix-huit mois, accomplir une tâche capitale. La Résistance dans la Métropole, où ne se dessinait encore qu'une unité symbolique, il allait l'amener à l'unité pratique. Ensuite, trahi, fait prisonnier, affreusement torturé par un ennemi sans honneur, Jean Moulin mourrait pour la France, comme tant de bons soldats qui, sous le soleil ou dans l'ombre, sacrifièrent un long soir vide pour mieux remplir leur matin[60]. »

Hommages

Plaque à la mémoire de Jean Moulin en gare de Metz.

Jean Moulin est le quatrième homme le plus célébré au fronton des 67 000 établissements scolaires français (recensement en 2015) : 434 écoles, collèges et lycées lui ont donné son nom, derrière Saint Joseph (880), Jules Ferry (642) et Jacques Prévert (472), mais devant Jean Jaurès (429), Jeanne d'Arc (423), Antoine de Saint-Exupéry (418), Victor Hugo (365), Louis Pasteur (361), Marie Curie (360), Pierre Curie (357), Jean de la Fontaine (335)[61]. L'université Lyon-III porte son nom. La quarante-troisième promotion de commissaires de police issue de l'École nationale supérieure de la Police, entrée en fonction en 1993, porte également son nom.

Jean Moulin est devenu le résistant le plus célèbre et le plus honoré de France. Comme l'explique son biographe Jean-Pierre Azéma, c'est le seul dont pratiquement tous les Français connaissent le nom et le visage, en particulier grâce à sa célèbre photo en noir et blanc, celle à l'écharpe et au chapeau mou. Cela au risque de faire parfois oublier d'autres grands organisateurs de l'armée souterraine, et de reléguer dans l'ombre d'autres martyrs héroïques de la lutte clandestine tels que François Verdier, Pierre Brossolette, Jean Cavaillès ou Jacques Bingen. Jean Moulin est ainsi devenu le symbole et le visage même de la Résistance. Le , dans le hall central de la gare de Metz (qui porte son nom), un hommage mémoriel a été rendu à cette figure de la Résistance française, sous la forme d'une œuvre monumentale du sculpteur allemand Stephan Balkenhol[62].

En 2019 paraît Jean Moulin, bande dessinée historique et biographique scénarisée par Jean-Yves Le Naour et dessinée par Holgado et Marko (éd. Bamboo)[63].

En 2020, une plaque commémorative est déposée sur l'ancienne plaque funéraire du columbarium du Père-Lachaise, avec pour inscription : « Ici se trouvait l'urne contenant les cendres de Jean Moulin (1899-1943), chef de la Résistance, 1er président du conseil national de la Résistance, avant son transfert au Panthéon en 1964. »[64].

En 2021, lors du 78e anniversaire de sa mort, on salue à Metz, parmi d’autres qualités, son obsession de l’unité et le sens de l’intérêt général[65].

Le célèbre portrait de Jean Moulin

Plaque à l'aqueduc Saint-Clément de Montpellier, le lieu où fut prise la photo de Jean Moulin.
La représentation de Jean Moulin participe à la symbolique de la Résistance.

La photographie emblématique de Jean Moulin, portant un chapeau, réalisée en noir et blanc, est prise par son ami Marcel Bernard, au cours de l'hiver 1939, à Montpellier, en contrebas du château d'eau du Peyrou[N 2]. Cette célèbre photographie qui a été choisie par sa sœur, Laure Moulin, pour la cérémonie de son entrée au Panthéon, est utilisée par elle, en 1969, en première de couverture de la biographie consacrée à son frère, puis par d'autres biographes et des monuments commémoratifs, contribuant à faire de lui l'archétype du résistant[66],[67].

Le photographe est un ami d'enfance et voisin, résidant au 4 de la rue d'Alsace, en face du Champ-de-Mars, à Béziers. Jean Moulin est né au no 6 de la même rue. Marcel Bernard habite au no 4 jusqu'à sa mort en 1991. Par une ironie de l'histoire, des résistants du maquis de Fontjun (venus des villages des environs, Capestang, Montady, Puisserguieretc.) ont été fusillés par l'occupant allemand sur la place du Champ-de-Mars, le , veille du débarquement de Normandie.

Controverses

Plaque apposée sur un immeuble de la Grand rue Jean Moulin à Montpellier.

Lorsqu'il vient à la réunion de Caluire, René Hardy, qui a déjà été arrêté par la Gestapo, puis libéré, serait suivi par celle-ci. Certains estiment qu'il s'agit d'une trahison, d'autres d'une imprudence fatale. Certains résistants tentent plus tard d'assassiner Hardy. Ayant rejoint d'autres secteurs de la Résistance, il passe deux fois en jugement après la Libération à cause de cette suspicion qui pèse sur lui. Il est acquitté une première fois en 1947, au bénéfice du doute, mais au lendemain même de son jugement, la découverte d'une pièce infirmant ses déclarations le fait à nouveau incarcérer. Il est jugé en 1950 par un tribunal militaire qui l'acquitte au bénéfice de la « minorité de faveur », 4 jurés l'ayant déclaré coupable et 3 innocent[68],[69].

Henri Frenay, lui, a la conviction que Lydie Bastien, maîtresse de René Hardy, a joué un rôle très trouble dans cette affaire. Dans le livre qu'il lui consacre, Pierre Péan émet l'hypothèse qu'elle aurait été la maîtresse de Harry Stengritt, un adjoint de Klaus Barbie[70].

La controverse est relancée au cours du procès de Klaus Barbie. Son avocat, Jacques Vergès, insinue que les Aubrac ont trahi Jean Moulin et fait signer à Barbie un « testament ». Quelques historiens et quelques journalistes reprennent ce testament à leur compte ou s'appuient sur des documents du KGB pour dénoncer ce qu'ils pensent être des relations entre le stalinisme et la résistance. Aujourd'hui, les thèses contestées de ces historiens ont été largement réfutées : il n'est pas fait grand crédit aux déclarations prêtées par Vergès à Barbie[71].

Il faut par exemple citer, dans le même registre, le livre controversé du journaliste et historien lyonnais Gérard Chauvy, paru en 1997. Malgré le soutien de Stéphane Courtois, universitaire et spécialiste du communisme, lors du procès en diffamation intenté par les Aubrac[72], et malgré la longue hésitation d'un certain nombre d'historiens de l'Institut d'histoire du temps présent (François Bédarida, Jean-Pierre Azéma, Henry Rousso), beaucoup se sont prononcés sans ambiguïté contre Chauvy et ses méthodes, prenant parti pour les Aubrac.

Jacques Baynac soutient d'abord la thèse d'une arrestation créditée au seul engagement policier de la Gestapo, sans aucune dénonciation[73]. Et en 2007, cet historien publie des archives allemandes, britanniques et américaines, jusque-là inédites, montrant que la Gestapo avait alors été informée par les services de renseignement de l'Abwehr, dépendant de l'état-major militaire allemand, lesquels avaient reconstitué pendant plusieurs mois le réseau de Jean Moulin sur la base de longues opérations de surveillance. Dans cet ouvrage[74], l'auteur cite également des notes des services secrets britanniques du SOE à propos d'une brève arrestation de Daniel Cordier par des policiers allemands[75], que celui-ci n'a jamais souhaité commenter.

D'autres hypothèses mettent en avant une série de double jeu de certains responsables de mouvements de résistance aux objectifs géostratégiques divergents, certains préférant des alliances avec les Américains et un leadership d'Henri Giraud plutôt que du général de Gaulle, l'arrestation de Caluire faisant suite à l'arrestation de Charles Delestraint chef de l'Armée secrète (France) et ayant pour objet de désigner son remplaçant, ces considérations ont un poids historique que les différents travaux de spécialistes ne permettent pas jusqu'à nos jours de trancher[76].

Selon le journaliste Jacques Gelin, qui étudie l'affaire depuis 1987, l'hypothèse d'un complot ourdi contre Moulin serait la plus plausible ; sans dédouaner Lydie Bastien ou René Hardy, cette hypothèse impliquerait une responsabilité des arrestations de élargie à d'autres résistants[77],[78]. Pour les spécialistes, si René Hardy est le principal suspect de « l'affaire Moulin », Aubry, qui a insisté pour qu'il soit présent au rendez-vous, et Bénouville, qui a fait de même et qui aurait été au courant de son arrestation[N 3],[79], ont au mieux été imprudents, faute de preuves. Selon Gelin, les exécutions de témoins capitaux dans les derniers moments de la guerre (Multon, transfuge de la Résistance ayant procédé à la première arrestation de Hardy ; Dunker, le rédacteur du rapport Flora) empêchent de trancher[77],[80].

Par ailleurs, certains, comme Henri Frenay[81], chef du réseau Combat, ou l'avocat et historien Charles Benfredj[82] accusent Jean Moulin d'avoir été cryptocommuniste, c'est-à-dire d'avoir par ses relations dans les milieux radicaux secrètement favorisé les intérêts pro-soviétiques en France en détournant notamment l'aide anglo-américaine aux mouvements de résistance ; ils évoquent ses liens avec Pierre Cot, lui-même proche du communisme, et d'autres sympathisants issus de la Confédération générale du travail (CGT), du mouvement de résistance communiste Front national et du parti communiste proprement dit qui seront représentés au sein du CNR[83] (sur les dix-neuf participants à la réunion fondatrice du CNR, deux représentent le parti communiste et le Front national et un la CGT). Henri Frenay lui reproche également d'avoir voulu réhabiliter les partis de la IIIe République au sein du CNR, au détriment des mouvements de Résistance qui, pour certains, se voulaient seuls légitimes à diriger la France à la Libération.

Thierry Wolton met en avant quant à lui les liens existant entre Jean Moulin et Harry Robinson (arrêté par la police secrète allemande à Paris, le 21 décembre 1942), chef clandestin (rézidiente) d'un des principaux réseaux de renseignement de l'Armée rouge en Europe, notamment au travers du communiste Maurice Panier[84].

Pour répondre aux diverses critiques entourant Jean Moulin, et démentir notamment les accusations de cryptocommunisme, son ancien secrétaire Daniel Cordier a entrepris à la fin des années 1970 une biographie en six volumes. Refusant l'emploi des souvenirs personnels et des témoignages oraux facilement imprécis ou déformés par le temps, Daniel Cordier s'est appuyé sur les archives de Jean Moulin en sa possession, sur une patiente étude critique des documents écrits, et sur un effort de rétablissement de la stricte chronologie des faits. Publiée entre 1989 (Jean Moulin – L'inconnu du Panthéon, t. 1, J.Cl. Lattès) et 1999 (Jean Moulin – La République des catacombes, Gallimard), la somme de Daniel Cordier, et son apport à l'histoire de la Résistance intérieure française, dont il ne cherche pas à gommer les aspérités et les difficultés, ont été discutés, notamment par Charles Benfredj, historiographe d'Henri Frenay[85].

La mise au point de Daniel Cordier est complétée par un observateur privilégié : Jacques Baumel, membre de Combat et secrétaire général des MUR. Il confirme n'avoir « jamais constaté chez Moulin la moindre tendance à privilégier la Résistance communiste ». Bien au contraire, Jean Moulin refusait régulièrement de verser des fonds aux Francs-tireurs et partisans (FTP), et il s'opposait à leur « stratégie d'insurrection prématurée ». Selon Baumel, « Moulin avait fait entrer les communistes au CNR pour qu'ils soutiennent de Gaulle contre Giraud »[86].

La journaliste Ghislaine Ottenheimer affirme que Jean Moulin aurait été franc-maçon[87], mais aucun historien n'a pu le confirmer. Les ouvrages d'historiens comme André Combes confirment que son père, Antoine-Émile Moulin, l'était mais le dictionnaire de référence de Daniel Ligou, affirme que l'appartenance de Jean Moulin est une « légende tenace », ce dernier n'ayant jamais été reçu dans un ordre maçonnique[88],[89]. Inversement, le nom de Jean Moulin figure bien dans le dictionnaire des francs-maçons français[90].

Ordonnances allemandes contre les juifs

Lors d'un colloque présidé par Daniel Cordier en 1999, Yves Bernard a révélé que les Archives nationales contiennent la preuve que des listes de juifs ont été constituées en Eure-et-Loir alors que Jean Moulin était encore préfet. Cette révélation explosive étant restée peu connue, l'historien Gérard Leray a entrepris de la préciser et de la contextualiser[91].

Le 9 novembre 1940, le cabinet du préfet adresse au Feldkommandant Ebmeier trois listes de 120 personnes (dont huit considérées à tort comme juives), ainsi que les listes d'entreprises juives, en application des ordonnances allemandes des 27 septembre et 18 octobre 1940. L'opération a été coordonnée par le commissaire Lautier, chargé des renseignements généraux. La liste qui recense les juifs de l'arrondissement de Dreux a été signée par le sous-préfet Maurice Viollette, nommé à ce poste par Jean Moulin. Celui-ci était toujours en poste à Chartres, quelques jours après sa révocation, et en attente de son successeur. Sa signature n'apparaît pas sur la lettre d'envoi, car il s'agit d'une copie pelure, mais elle a été tapée par sa secrétaire personnelle, et on ne peut l'attribuer au secrétaire général de la préfecture.

Les listes sont incomplètes et fautives, mais elles serviront de base aux persécutions futures. Sur les 112 juifs recensés, 55 seront déportés et tués à Auschwitz. Gérard Leray rappelle que les préfets étaient tenus d'obéir aux autorités d'occupation, et que personne en 1940 « ne se doute de l'exploitation ultérieure de ces listes à des fins génocidaires ». Il estime que Jean Moulin, préfet exemplaire et bientôt résistant, doit être néanmoins considéré comme « le responsable de la fabrication du dossier juif transmis aux Allemands »[92].

Vie privée

En , sa demande en mariage à Jeannette Auran, rencontrée en 1920, est rejetée par le père de celle-ci. Le , il se marie avec Marguerite Cerruti mais celle-ci s'ennuie dans la sous-préfecture et quitte Jean Moulin pour aller vivre à Paris ; il demande le divorce et l'obtient le [93].

Jean Moulin enchaîne les amours, jusqu'à son arrestation en . Sa liaison avec Marie-Gilberte Riedlinger (« Madame Lloyd »), à partir de 1937 et jusqu'à leur rupture en , semble avoir beaucoup compté pour lui[94]. Il noue simultanément des relations amoureuses avec l'artiste Antoinette Sachs (de 1936 à 1943[95]), égérie de Paul Géraldy ou encore, avec Colette Pons[96] (Colette Jacques), en 1942, laquelle tient la galerie de peintures Romanin à Nice[94] qui sert de couverture à Jean Moulin.

La sexualité de Jean Moulin est sujette à controverse[9]. En 2003, le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes supervisé par Didier Eribon évoque « l'éventuelle homosexualité ou bisexualité d'un grand résistant, comme Jean Moulin », supposant par ailleurs les prédispositions des homosexuels de l'époque à entrer en résistance, au motif que ceux-ci auraient déjà l'expérience de la clandestinité dans leur vie privée. Dans Jean Moulin, l'ultime mystère, Pierre Péan et Laurent Ducastel consacrent un chapitre à ce sujet, « L'était-il ? », évoquant « un séducteur, goûtant des plaisirs charnels avec des filles, éventuellement avec des garçons », pour noter que « les voix officielles de la Libération s'efforceront toujours de nier la présence d'homosexuels dans la Résistance, image qui fut longtemps peu conforme à l'idée que la France avait de ses héros » ; les auteurs n'apportent néanmoins aucune conclusion à leur questionnement. A contrario, Jean-Paul Sartre observa, dans un article de 1949[97], les supposées prédispositions des milieux homosexuels parisiens à la collaboration[98],[99]. Les Allemands auraient fait pression sur Jean Moulin, lors de son arrestation à Chartres, le , en lui déclarant « Comme nous connaissons maintenant votre amour pour les nègres (…) nous avons pensé vous faire plaisir en vous permettant de coucher avec l'un d'eux »[100]. Cette déclaration et cette nuitée de prison interviennent alors que les Allemands torturent Jean Moulin afin qu'il impute à des tirailleurs sénégalais des crimes que ceux-ci n'ont pas commis[101]. L'historien Thomas Rabino, dans L'autre Jean Moulin (2013) ne recense que trois liaisons féminines au cours de sa vie, dont celle avec Marguerite Cerruti, son épouse entre 1926 et 1928.

Le musée Jean-Moulin affirme que le résistant était « un homme à femmes, séducteur avec ça - un vrai tombeur ». Le secrétaire de Jean Moulin, le résistant Daniel Cordier, interrogé sur le livre de Pierre Péan, indique ne pas avoir lu le chapitre sur la sexualité de Moulin et affirme que « c'était un homme à femmes »[9]. Cependant, les divers travaux historiques n'ont pas permis d'identifier les dizaines de conquêtes que son entourage lui avait attribuées après-guerre et il semble qu'à partir des années 1950 certaines de ses relations sentimentales avec des hommes, comme le poète Max Jacob, aient été volontairement effacées car considérées comme peu conformes à l'image du héros[75].

En 2023, à l'occasion de la commémoration des 80 ans de la disparition de Jean Moulin, sa famille fait pression sur Robert Ménard et obtient l'annulation de la représentation à Béziers d'une pièce de théâtre le présentant comme homosexuel[102]. « Ce n'est pas le sujet de la pièce, mais pourquoi devrait-on s'interdire de le présenter comme homosexuel si cette possibilité existe ? Sans verser dans le militantisme, c'est crucial pour la jeunesse de montrer que le principal héros de la résistance puisse être homosexuel », soutient le créateur de la pièce, Jean-Marie Besset[103].

Décorations

Hommage à Jean Moulin à Saint-Andiol.
Ruban Décoration
Officier de la Légion d'honneur Officier de la Légion d'honneur (décret du )
Compagnon de la Libération Compagnon de la Libération (décret du , sous le pseudonyme de caporal Mercier)
Médaille militaire Médaille militaire
Croix de guerre 1939-1945 avec palme (décret du )
Chevalier du Mérite Agricole Chevalier du Mérite agricole
Médaille Interalliée 1914-1918 Médaille interalliée 1914-1918, dite « Médaille de la Victoire »
Médaille commémorative de la guerre 1914-1918 Médaille commémorative de la guerre 1914-1918
Médaille commémorative des Services Volontaires dans la France Libre Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre (médaille FFL)
Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 avec barrettes « France » et « Libération »
médaille d’or l’Éducation physique Médaille d’or de l'Éducation physique
Médaille d'argent de l'Assistance publique Médaille d'argent de l'Assistance publique
Médaille d'argent des Assurances sociales Médaille d'argent des Assurances sociales
Médaille d'argent de la Prévoyance sociale Médaille d'argent de la Prévoyance sociale
Chevalier de la Couronne d'Italie Chevalier de la Couronne d'Italie (Italie, 1926)
Ordre de la Couronne yougoslave Ordre de la Couronne yougoslave (en) (royaume de Yougoslavie)
Ordre du Jade Brilliant Ordre du Jade brillant (Chine, 1938)

Ouvrage

  • Premier combat, journal posthume de Jean Moulin, préface du général de Gaulle, publié aux éditions de Minuit en 1947. Ce journal, récit des événements qui se sont déroulés à Chartres du au mois de , a été écrit par Jean Moulin à Saint-Andiol après sa révocation par le gouvernement de Vichy le . Il y relate notamment l’épisode tragique des 17-, lorsqu’il refuse, sous les coups, de signer un document accusant à tort les tirailleurs sénégalais de massacres sur les populations civiles, et tente de se suicider pour défendre leur honneur[104] :

« Pendant sept heures j'ai été mis à la torture physiquement et mentalement. Je sais qu'aujourd'hui je suis allé jusqu'à la limite de la résistance. Je sais aussi que demain, si cela recommence, je finirai par signer. (…)
Et pourtant, (…) je ne peux pas être complice de cette monstrueuse machination. (…) Je ne peux pas sanctionner cet outrage à l'Armée Française et me déshonorer moi-même. (…)
Je sais que le seul être humain qui pourrait encore me demander des comptes, ma mère, (…) me pardonnera lorsqu'elle saura que j'ai fait cela pour que des soldats français ne puissent pas être traités de criminels et pour qu'elle n'ait pas, elle, à rougir de son fils. »

Filmographie

Cinéma

Télévision

Musées consacrés à Jean Moulin

Expositions

Georges Mandel caricaturé par Romanin.

Pour le 70e anniversaire de la disparition de Jean Moulin, l’exposition « Redécouvrir Jean Moulin, collections inédites (1899-1943) » s'est tenue jusqu’au au musée de la Libération de Paris - musée du Général Leclerc - musée Jean-Moulin à Paris. Celle-ci a présenté également des documents inédits, à la suite du legs de l’une de ses petites cousines[109].

À l'occasion de la commémoration du 120e anniversaire de sa naissance, une exposition du musée des Beaux Arts de Chartres est organisée jusqu'au . Elle permet de découvrir le parcours artistique (dessins et caricatures) de Jean Moulin. Ces dessins sont signés Romanin, un pseudonyme qu'il conservera jusqu'à son engagement dans la Résistance[110].

Cette exposition présente des dessins patriotiques, publiés dès 1915 dans la revue La Baïonnette mais aussi des caricatures illustrant de manière humoristique l'actualité et sa vision personnelle de la société des années 1920 et 1930.

Ces dessins furent également exposés au 5e salon de la caricature à l'hôtel du Donjon à la Cité de Carcassonne en mai 2019[111].

Le musée des Beaux-Arts de Quimper expose en permanence des dessins, gravures et souvenirs divers relatifs au séjour de Jean Moulin en Bretagne comme sous-préfet de Châteaulin de 1930 à 1933. Ils ont été légués par Laure Moulin. D'autres éléments sont venus se rajouter dont la Piété, unique céramique réalisée par Jean Moulin et son dessin préparatoire.

Notes et références

Notes

  1. Voir le facsimilé de l'ordre de mission signé par le général de Gaulle[37].
  2. Ce monument reproduit une photographie de Jean Moulin, adossé à un mur, vêtu à la mode du moment d'un pardessus, emmitouflé dans un cache-nez de laine et portant un chapeau de feutre rabattu, prise mi-février 1940
  3. Dans ses mémoires (de Bénouville 2001), Bénouville a affirmé ne pas avoir été au courant, mais Hardy déclare sur l'honneur l'en avoir informé (Noguères 1985). Bénouville l'a confirmé peu avant sa mort.
  4. a b c d e f et g Interprétant le rôle de Jean Moulin.

Références

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Voir aussi

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Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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