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« Géographie du genre » : différence entre les versions

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La '''géographie du genre''' (ou ''Gender Geography''), appelée aussi géographie féministe, est un courant de la [[géographie]] qui intègre la notion de [[Genre (sciences sociales)|genre]] et une diversité d'approches pour penser l'[[espace (notion)|espace]]. Elle étudie notamment les rapports différenciés des [[Femme|femmes]], des [[Homme|hommes]], des [[Diversité sexuelle et de genre|minorités sexuelles et de genre]] à l'espace. Historiquement, elle trouve son héritage dans l'étude des femmes en géographie et dans les [[Théorie féministe|théories]] et [[Épistémologie féministe|épistémologies féministes]]. En France elle fait l'objet de différentes contraintes et critiques dès les années 1970.
{{à sourcer|date=janvier 2020}}
La '''géographie du genre''' (ou ''Gender Geography''), appelée aussi géographie féministe, est un courant de la géographie qui intègre la notion de [[Genre (sciences sociales)|genre]] et une diversité d'approches pour penser l'[[espace (notion)|espace]]. Elle étudie notamment les rapports différenciés des [[Femme|femmes]], des [[Homme|hommes]], des [[Diversité sexuelle et de genre|minorités sexuelles et de genre]] à l'espace. Historiquement, elle trouve son héritage dans l'étude des femmes en géographie et dans les [[Théorie féministe|théories]] et [[Épistémologie féministe|épistémologies féministes]]. En France elle fait l'objet de différentes contraintes et critiques dès les années 1970.


== Définition et caractéristiques de la géographie du genre ==
== Définitions et caractéristiques ==
Selon [[Susan Hanson]], présidente de l'association américaine des géographes en 1992, le féminisme a été le principal investigateur de l'utilisation du terme « genre » au sein de la géographie anglo-saxonne en regardant le monde au travers du filtre du genre<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Susan |nom1=Hanson |titre=Geography and Feminism: Worlds in Collision? |périodique=Annals of the Association of American Geographers |volume=82 |numéro=4 |date=1992 |issn=1467-8306 |doi=10.1111/j.1467-8306.1992.tb01718.x |lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1467-8306.1992.tb01718.x |consulté le=2021-01-03 |pages=569–586 }}</ref>{{Pas clair|date=juillet 2022}}.
Selon [[Susan Hanson]], présidente de l'association américaine des géographes en 1992, le féminisme a été le principal investigateur de l'utilisation du terme « genre » au sein de la géographie anglo-saxonne en regardant le monde au travers du filtre du genre<ref>{{Article |langue=en |prénom1=Susan |nom1=Hanson |titre=Geography and Feminism: Worlds in Collision? |périodique=Annals of the Association of American Geographers |volume=82 |numéro=4 |date=1992 |issn=1467-8306 |doi=10.1111/j.1467-8306.1992.tb01718.x |lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/j.1467-8306.1992.tb01718.x |consulté le=2021-01-03 |pages=569–586 }}</ref>{{Pas clair|date=juillet 2022}}.


En France, la géographie du genre a peiné à se faire une place, malgré des travaux pionniers anciens tels que ceux de [[Jacqueline Coutras]]<ref>{{Article |langue=Fr |prénom1=Lucia |nom1=Direnberger |prénom2=Camille |nom2=Schmoll |titre=Ce que le genre fait à l’espace… et inversement |périodique=Les cahiers du CEDREF. Centre d’enseignement, d’études et de recherches pour les études féministes |numéro=21 |date=2014-12-25 |issn=1146-6472 |doi=10.4000/cedref.953 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/cedref/953 |consulté le=2021-01-03 }}</ref> ou Jeanne Fagnani dès la fin des années 1970. Ses recherches ont été considérées comme particularisantes et limitées, ne respectant pas les caractéristiques d'universalité et de spatialité dédiées jusqu'alors aux études géographiques. Par conséquent ses travaux ont été sous-estimés par ses pairs<ref name=":1">{{Article|auteur1=Nicolas Ginsburger|titre=Femmes en géographie au temps des changements. Féminisation et féminisme dans le champ disciplinaire français et international (1960-1990)|périodique=L'Espace géographique|date=2017|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2017-3-page-236.htm}}</ref>.
En France, la géographie du genre a peiné à se faire une place, malgré des travaux pionniers anciens tels que ceux de [[Jacqueline Coutras]]<ref>{{Article |langue=Fr |prénom1=Lucia |nom1=Direnberger |prénom2=Camille |nom2=Schmoll |titre=Ce que le genre fait à l’espace… et inversement |périodique=Les cahiers du CEDREF. Centre d’enseignement, d’études et de recherches pour les études féministes |numéro=21 |date=2014-12-25 |issn=1146-6472 |doi=10.4000/cedref.953 |lire en ligne=http://journals.openedition.org/cedref/953 |consulté le=2021-01-03 }}</ref> ou Jeanne Fagnani dès la fin des années 1970. Ses recherches ont été considérées comme particularisantes et limitées, ne respectant pas les caractéristiques d'universalité et de spatialité dédiées jusqu'alors aux études géographiques. Par conséquent leurs travaux ont été sous-estimés par leurs pairs<ref name=":1">{{Article|auteur1=Nicolas Ginsburger|titre=Femmes en géographie au temps des changements. Féminisation et féminisme dans le champ disciplinaire français et international (1960-1990)|périodique=L'Espace géographique|date=2017|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2017-3-page-236.htm}}</ref>.


L'apparition de cette géographie a pour origine la prise de conscience de l'existence d'une science dominée par l'universalité [[masculine]]. La vision du Monde, du rapport Homme/Milieu, aurait donc été tronquée, dès lors que celle-ci fut centrée sur l'univers masculin{{Référence souhaitée|date=26 juillet 2022}}.
L'apparition de cette géographie a pour origine la prise de conscience de l'existence d'une science dominée par l'universalité [[masculine]]. La vision du Monde, du rapport Homme/Milieu, aurait donc été tronquée, dès lors que celle-ci fut centrée sur l'univers masculin<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michelle|nom1=Perrot|titre=Les femmes, ou, Les silences de l'Histoire|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=1998|pages totales=493|isbn=2-08-080010-8|isbn2=978-2-08-080010-7|isbn3=2-08-067324-6|oclc=300131421|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300131421|consulté le=2022-08-26}}</ref>.
[[Fichier:Simone de Beauvoir 1955.jpg|alt=Photographie en noir et blanc de Simone de Beauvoir.|vignette|La géographie du genre trouve des influences dans les écrits de [[Simone de Beauvoir]].]]
Pour comprendre l'approche de la géographie de genre, il est nécessaire [[Distinction entre sexe et genre|de différencier sexe et genre]]. Ainsi, la géographie de genre ne s'intéresse pas à la définition des individus par rapport à ses caractéristiques [[biologiques]] (sexe). Selon [[Claire Hancock]], géographe et [[Professeur des universités|professeure des universités]] à l'[[Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne|Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne (UPEC)]], la géographie du genre se focalise sur la construction sociale ([[Genre (sciences sociales)|genre]]) de ces différences, considérant que {{cita|parce qu'elles appartiennent à un sexe donné, les personnes vont être soumises à des conditionnements [[sociaux]] les amenant à se construire une identité sexuée liée aux attentes qu'on a vis-à-vis d'elles, aux [[norme]]s de conduite qui leur sont dictées}}<ref name=":2">{{Article|auteur1=[[Claire Hancock]]|titre=Genre et géographie : les apports des géographies de langue anglaise|périodique=Espace Populations Sociétés|volume=20|numéro=3|date=2002|doi=10.3406/espos.2002.2038|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_2002_num_20_3_2038|consulté le=2022-04-05|pages=257–264}}</ref>. Claire Hancock et Francine Barthe-Deloizy expliquent que {{Citation|le genre est donc un construit social qui s’oppose à une « nature » d’essence masculine ou féminine, il est à la fois un processus lié à des rapports de sexe et en même temps une identité évolutive caractérisant chacun des sexes l’un par rapport à l’autre}}<ref name=":7" />. On peut dire que c'est une façon de penser qui s'appuie sur la célèbre assertion de [[Simone de Beauvoir]] dans [[Le Deuxième Sexe|''Le deuxième sexe'']], publié en 1949 : {{cita|on ne naît pas femme, mais on le devient}}<ref name=":10" />.


[[Marianne Blidon]] propose de classer les travaux de géographie du genre selon trois grandes approches<ref name=":10" /> :
Pour comprendre l'approche de la géographie de genre, il est nécessaire [[Distinction entre sexe et genre|de différencier sexe et genre]]. Ainsi, la géographie de genre ne s'intéresse pas à la définition des individus par rapport à ses caractéristiques [[biologiques]] (sexe). Selon [[Claire Hancock]], géographe et [[Professeur des universités|professeure des universités]] à l'[[Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne|Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne (UPEC)]], la géographie du genre se focalise sur la construction sociale (genre) de ces différences, considérant que {{cita|parce qu'elles appartiennent à un sexe donné, les personnes vont être soumises à des conditionnements [[sociaux]] les amenant à se construire une identité sexuée liée aux attentes qu'on a vis-à-vis d'elles, aux [[norme]]s de conduite qui leur sont dictées}}<ref name=":2">{{Article|auteur1=[[Claire Hancock]]|titre=Genre et géographie : les apports des géographies de langue anglaise|périodique=Espace Populations Sociétés|volume=20|numéro=3|date=2002|doi=10.3406/espos.2002.2038|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_2002_num_20_3_2038|consulté le=2022-04-05|pages=257–264}}</ref>. Claire Hancock et Francine Barthe-Deloizy expliquent que {{Citation|le genre est donc un construit social qui s’oppose à une « nature » d’essence masculine ou féminine, il est à la fois un processus lié à des rapports de sexe et en même temps une identité évolutive caractérisant chacun des sexes l’un par rapport à l’autre}}<ref name=":7" />. On peut dire que c'est une façon de penser qui s'appuie sur la célèbre assertion de [[Simone de Beauvoir]] dans [[Le Deuxième Sexe|''Le deuxième sexe'']], publié en 1949 : {{cita|on ne naît pas femme, mais on le devient}}<ref name=":10" />.
[[Fichier:Simone de Beauvoir photo.jpg|alt=Photographie de Simone de Beauvoir|vignette|Les travaux de Simone de Beauvoir ont inspiré les géographies du genre et féministes]]


# L'approche qui consiste à {{Citation|analyser en quoi le genre produit de la différenciation spatiale}}, c'est-à-dire à considérer que l'espace est genré et qu'il y a des espaces masculins, féminins ou mixtes ;
Marianne Blidon propose de classer les travaux de géographie du genre selon trois grandes approches<ref name=":10" /> :
# L'approche qui consiste à {{Citation|analyser en quoi l’espace participe de la différenciation de genre et de la construction des identités masculines et féminines}}, c'est-à-dire à considérer que l'espace est gérant et qu'il contribue à différencier les personnes en fonction de leur sexe (exemple des toilettes publiques) ;

# L'approche qui consiste à {{Citation|analyser en quoi le genre produit de la différenciation spatiale}}, c'est-à-dire à considérer que l'espace est genré et qu'il y a des espaces masculins, féminins ou mixtes.
# L'approche qui consiste à {{Citation|analyser en quoi l’espace participe de la différenciation de genre et de la construction des identités masculines et féminines}}, c'est-à-dire à considérer que l'espace est gérant et qu'il contribue à différencier les personnes en fonction de leur sexe (exemple des toilettes publiques).
# L'approche qui consiste à {{Citation|interroger les fondements même du savoir et les conditions de son élaboration en sciences humaines}}, c'est-à-dire à considérer que le genre structure aussi les catégories de pensée et la production du savoir (en opposant par exemple sensibilité et rationalité, faiblesse et force, concret et abstrait{{Etc.}})<ref name=":10" />.
# L'approche qui consiste à {{Citation|interroger les fondements même du savoir et les conditions de son élaboration en sciences humaines}}, c'est-à-dire à considérer que le genre structure aussi les catégories de pensée et la production du savoir (en opposant par exemple sensibilité et rationalité, faiblesse et force, concret et abstrait{{Etc.}})<ref name=":10" />.
La géographie qui s'intéresse aux questions de genre n'est donc pas seulement {{Citation|une géographie « des femmes », pratiquée par des femmes, à destination du seul public féminin}}, même si c'est historiquement pour étudier la position et de rôle des femmes dans la société que cette notion a d'abord été mobilisée<ref name=":7" />. Le fait de se concentrer sur les femmes pourrait d'ailleurs même conduire à {{Citation|naturaliser leur situation dans la société, voire de se trouver à "blâmer la victime"}} selon les analyses de Liz Bondi et [[Mona Domosh]] citées par Claire Hancock<ref name=":2" />. La construction de la [[masculinité]] est donc autant à étudier que celle de la [[féminité]]<ref name=":7" />. Claire Hancock, à propos de la géographie du genre américaine, écrit ainsi en 2002 que {{Citation|loin de constituer une entreprise marginale et minoritaire, [la préoccupation du genre] s'inscrit dans nombre de débats plus larges sur les inégalités, et [qu']elle est reconnue comme une des déclinaisons à donner à la recherche pour traiter pleinement d'une question}}<ref name=":2" />.
La géographie qui s'intéresse aux questions de genre n'est donc pas seulement {{Citation|une géographie « des femmes », pratiquée par des femmes, à destination du seul public féminin}}, même si c'est historiquement pour étudier la position et de rôle des femmes dans la société que cette notion a d'abord été mobilisée<ref name=":7" />. Le fait de se concentrer sur les femmes pourrait d'ailleurs même conduire à {{Citation|naturaliser leur situation dans la société, voire de se trouver à "blâmer la victime"}} selon les analyses de Liz Bondi et [[Mona Domosh]] citées par Claire Hancock<ref name=":2" />. La construction de la [[masculinité]] est donc autant à étudier que celle de la [[féminité]]<ref name=":7" />. Claire Hancock, à propos de la géographie du genre américaine, écrit ainsi en 2002 que {{Citation|loin de constituer une entreprise marginale et minoritaire, [la préoccupation du genre] s'inscrit dans nombre de débats plus larges sur les inégalités, et [qu']elle est reconnue comme une des déclinaisons à donner à la recherche pour traiter pleinement d'une question}}<ref name=":2" />.
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Le concept « [[Genre (sciences sociales)|genre]] » permet une lecture transversale et englobante des [[Dynamique sonore|dynamiques]] des [[individu]]s dans un monde mobile où le système d'organisation en réseau est de plus en plus important et visible{{Référence souhaitée|date=26 juillet 2022}}.
Le concept « [[Genre (sciences sociales)|genre]] » permet une lecture transversale et englobante des [[Dynamique sonore|dynamiques]] des [[individu]]s dans un monde mobile où le système d'organisation en réseau est de plus en plus important et visible{{Référence souhaitée|date=26 juillet 2022}}.


== Histoire ==
== Histoire de la géographie de genre : de la géographie sur les femmes à la géographie du genre en passant par la géographie féministe ==
{{Article général|Gender Studies}}
{{Article général|Gender Studies}}
La géographie de genre a vu sa construction s'effectuer en fonction de l'approche du genre. En effet la géographie traditionnelle a intégré au cours du temps le concept des [[Gender studies|Études femmes, des études féministes et des études genre]] dans l'analyse du territoire et des pratiques [[spatiale]]s.
La géographie de genre a vu sa construction s'effectuer en fonction de l'approche du genre. En effet la géographie traditionnelle a intégré au cours du temps le concept des [[Gender studies|Études femmes, des études féministes et des études genre]] dans l'analyse du territoire et des pratiques [[spatiale]]s.


Le concept de genre en géographie est à l'[[origine]] d'une nouvelle façon de penser l'espace. Son émergence dans les années 1960 à 1970, dans le monde anglo-saxon<ref name=":0">{{Ouvrage|prénom1=Joni|nom1=Seager|titre=A Companion to Feminist Geography.|éditeur=John Wiley & Sons|date=2007|isbn=978-1-4051-3736-2|isbn2=1-4051-3736-3|oclc=701843131|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/701843131|consulté le=2022-04-05}}</ref> s'effectue dans un contexte constructiviste cherchant à questionner les vérités scientifiques et dans un contexte féministe contestant les inégalités de pouvoir entre les sexes. Ces nouveaux concepts scientifiques porteurs de contestations politisées dans le monde anglo-saxon, vont rencontrer peu de soutien dans le monde [[francophone]] du fait des valeurs universalistes et républicaines institutionnalisées.
Le concept de genre en géographie est à l'origine d'une nouvelle façon de penser l'espace. Son émergence dans les années 1960 à 1970, dans le monde anglo-saxon<ref name=":0">{{Ouvrage|prénom1=Joni|nom1=Seager|titre=A Companion to Feminist Geography.|éditeur=[[John Wiley & Sons]]|année=2007|pages totales=340|isbn=978-1-4051-3736-2|isbn2=1-4051-3736-3|oclc=701843131|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/701843131|consulté le=2022-04-05}}</ref> s'effectue dans un contexte constructiviste cherchant à questionner les vérités scientifiques et dans un contexte féministe contestant les inégalités de pouvoir entre les sexes. Ces nouveaux concepts scientifiques porteurs de contestations politisées dans le monde anglo-saxon, vont rencontrer peu de soutien dans le monde [[francophone]] du fait des valeurs universalistes et républicaines institutionnalisées.


À partir des années 1980, l'expression anglaise ''gender geography'' est traduite en français au sein de l'[[Union géographique internationale|UGI]] par « géographie du masculin-féminin »<ref name=":1" />.
À partir des années 1980, l'expression anglaise ''gender geography'' est traduite en français au sein de l'[[Union géographique internationale|UGI]] par « géographie du masculin-féminin »<ref name=":1" />.
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=== Généralités sur l'histoire de la géographie de genre ===
=== Généralités sur l'histoire de la géographie de genre ===
Le début des années 1970 voit la naissance de la géographie de genre. Elle envisage le sexe comme une [[construction]] sociale et non-biologique<ref>{{Chapitre|prénom1=Barney|nom1=Warf|titre chapitre=Gender and Geography|titre ouvrage=Encyclopedia of Geography|éditeur=SAGE Publications, Inc.|date=2010|lire en ligne=https://sk.sagepub.com/reference/geography/n465.xml#:~:text=Gender%20geography%20seeks%20to%20analyze,class,%20ethnicity,%20and%20sexuality.|consulté le=2022-04-05|passage=1189–1194}}</ref>. L'évolution du contexte [[économique]] mondial et la participation grandissante des femmes dans son développement a conduit des [[organisme international|organismes internationaux]] (le Programme des [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] pour le Développement Humain) et les chercheurs (travaux de J.H. Momsen) à utiliser ce concept géographique. Il est prioritairement utilisé en géographie économique, notamment en géographie du développement et de la [[pauvreté]]. Ainsi il permet l'étude de l'appropriation de l'espace par les individus de genre féminin ainsi que d'envisager le [[territoire]] suivant un nouveau point de vue : la territorialité différenciée en fonction des genres{{Référence souhaitée|date=26 juillet 2022}}.
Le début des années 1970 voit la naissance de la géographie de genre. Elle envisage le sexe comme une [[construction]] sociale et non-biologique<ref>{{Chapitre|prénom1=Barney|nom1=Warf|titre chapitre=Gender and Geography|titre ouvrage=Encyclopedia of Geography|éditeur=SAGE Publications, Inc.|date=2010|lire en ligne=https://sk.sagepub.com/reference/geography/n465.xml#:~:text=Gender%20geography%20seeks%20to%20analyze,class,%20ethnicity,%20and%20sexuality.|consulté le=2022-04-05|passage=1189–1194}}</ref>. L'évolution du contexte [[Économie (activité humaine)|économique]] mondial et la participation grandissante des femmes dans son développement a conduit des [[organisme international|organismes internationaux]] (le [[Programme des Nations unies pour le développement|Programme des Nations unies pour le Développement Humain]]) et les chercheurs (travaux de [[Janet Momsen]]) à utiliser ce concept géographique. Il est prioritairement utilisé en géographie économique, notamment en géographie du développement et de la [[pauvreté]]. Ainsi il permet l'étude de l'appropriation de l'espace par les individus de genre féminin ainsi que d'envisager le [[territoire]] suivant un nouveau point de vue : la territorialité différenciée en fonction des genres{{Référence souhaitée|date=26 juillet 2022}}.


=== Histoire des géographies féministes et du genre de langue anglaise ===
=== Histoire des géographies féministes et du genre de langue anglaise ===
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==== Années 1980 ====
==== Années 1980 ====
En 1984, le groupe d'études ''{{Langue|anglais|Women and Geography}}'' réalise un ouvrage théorique de géographie féministe, intitulé ''{{Langue|anglais|Geography and Gender}}'' à partir des travaux empiriques réalisés jusque-là<ref name=":2" />. Cet ouvrage a contribué à légitimer la géographie féministe en tant que branche de la géographie<ref name=":19">{{Article|langue=fr|auteur1=Rachele Borghi|titre=De l’espace genré à l’espace « queerisé ». Quelques réflexions sur le
En 1984, le groupe d'études ''{{Langue|anglais|Women and Geography}}'' réalise un ouvrage théorique de géographie féministe, intitulé ''{{Langue|anglais|Geography and Gender}}'' à partir des travaux empiriques réalisés jusque-là<ref name=":2" />. Cet ouvrage contribue à légitimer la géographie féministe en tant que branche de la géographie<ref name=":19">{{Article|langue=fr|auteur1=Rachele Borghi|titre=De l’espace genré à l’espace « queerisé ». Quelques réflexions sur le
concept de performance et sur son usage en géographie|périodique=ESO, travaux & documents|date=juin 2012|lire en ligne=http://eso.cnrs.fr/_attachments/n-33-juin-2012-travaux-et-documents/Borghi2.pdf|accès url=libre|format=pdf|pages=109-116}}</ref>.
concept de performance et sur son usage en géographie|périodique=ESO, travaux & documents|date=juin 2012|lire en ligne=http://eso.cnrs.fr/_attachments/n-33-juin-2012-travaux-et-documents/Borghi2.pdf|accès url=libre|format=pdf|pages=109-116}}</ref>.


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À la fin des années 1970, [[Jacqueline Coutras]] et Jeanne Fagnani publient des études féministes sur les femmes<ref name=":1" />. Elles ont d'abord réalisé leurs recherches sur des problématiques de géographie sociale et économique dans la première moitié des années 1970 avant de s'orienter vers une géographie féministe des femmes à l'issue de leur thèse<ref name=":1" />. En 1977 elles publient un article intitulé « Transports » dans ''[[Les Cahiers du Grif]]'' dans lequel elles analysent {{Citation|certains des rapports des femmes aux structures urbaines}}<ref>{{Article|prénom1=Jacqueline|nom1=Coutras|prénom2=Jeanne|nom2=Fagnani|titre=Transports|périodique=Les cahiers du GRIF|volume=19|numéro=1|date=1977|doi=10.3406/grif.1977.1283|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1977_num_19_1_1283|consulté le=2022-04-19|pages=97–102}}</ref>. Elles analysent ce même thème dans l'article « Femmes et transports en milieu urbain » publié en 1978 dans la revue internationale ''{{Langue|anglais|International Journal of Urban and Regional Research}}''<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":9">{{Article|langue=en|prénom1=J.|nom1=Coutras|prénom2=J.|nom2=Fagnani|titre=Femmes et transports en milieu urbain|périodique=International Journal of Urban and Regional Research|volume=2|numéro=1-3|date=1978-03-12|doi=10.1111/j.1468-2427.1978.tb00760.x|lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1468-2427.1978.tb00760.x|consulté le=2022-07-22|pages=432–439}}</ref>''.'' Elles y soulignent « les contradictions qui existent entre les normes idéologiques de l'ordre patriarcal qui lie les femmes à la maison et les impératifs du système capitaliste actuel qui a besoin d'elles dans le marché du travail tout en profitant dans le même temps de certains aspects du fonctionnement de l'unité familiale »<ref name=":9" />.
À la fin des années 1970, [[Jacqueline Coutras]] et Jeanne Fagnani publient des études féministes sur les femmes<ref name=":1" />. Elles ont d'abord réalisé leurs recherches sur des problématiques de géographie sociale et économique dans la première moitié des années 1970 avant de s'orienter vers une géographie féministe des femmes à l'issue de leur thèse<ref name=":1" />. En 1977 elles publient un article intitulé « Transports » dans ''[[Les Cahiers du Grif]]'' dans lequel elles analysent {{Citation|certains des rapports des femmes aux structures urbaines}}<ref>{{Article|prénom1=Jacqueline|nom1=Coutras|prénom2=Jeanne|nom2=Fagnani|titre=Transports|périodique=Les cahiers du GRIF|volume=19|numéro=1|date=1977|doi=10.3406/grif.1977.1283|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/grif_0770-6081_1977_num_19_1_1283|consulté le=2022-04-19|pages=97–102}}</ref>. Elles analysent ce même thème dans l'article « Femmes et transports en milieu urbain » publié en 1978 dans la revue internationale ''{{Langue|anglais|International Journal of Urban and Regional Research}}''<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":9">{{Article|langue=en|prénom1=J.|nom1=Coutras|prénom2=J.|nom2=Fagnani|titre=Femmes et transports en milieu urbain|périodique=International Journal of Urban and Regional Research|volume=2|numéro=1-3|date=1978-03-12|doi=10.1111/j.1468-2427.1978.tb00760.x|lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1468-2427.1978.tb00760.x|consulté le=2022-07-22|pages=432–439}}</ref>''.'' Elles y soulignent « les contradictions qui existent entre les normes idéologiques de l'ordre patriarcal qui lie les femmes à la maison et les impératifs du système capitaliste actuel qui a besoin d'elles dans le marché du travail tout en profitant dans le même temps de certains aspects du fonctionnement de l'unité familiale »<ref name=":9" />.


La [[géographie sociale]] de l'Ouest de la France (notamment d'[[Armand Frémont]]) permet à [[Jacqueline Coutras]] et Raymonde Séchet de développer leur pensée sur le genre en géographie grâce au concept d'« espace vécu » et à l'attention portée à la {{Citation|subjectivité individuelle, [aux] modes de vie et [aux] pratiques, [aux] représentations de l’espace}}<ref name=":5">{{Article|langue=fr|prénom1=Claire|nom1=Hancock|titre=Les études de genre ont-elles transformé la géographie française ?|périodique=Histoire de la recherche contemporaine. La revue du Comité pour l’histoire du CNRS|numéro=Tome IX - n°1|date=2020-06-01|issn=2260-3875|doi=10.4000/hrc.4182|lire en ligne=https://journals.openedition.org/hrc/4182|consulté le=2022-07-22|pages=45–54}}</ref>.
La [[géographie sociale]] de l'ouest de la France (notamment d'[[Armand Frémont]]) permet à [[Jacqueline Coutras]] et Raymonde Séchet de développer leur pensée sur le genre en géographie grâce au concept d'« espace vécu » et à l'attention portée à la {{Citation|subjectivité individuelle, [aux] modes de vie et [aux] pratiques, [aux] représentations de l’espace}}<ref name=":5">{{Article|langue=fr|prénom1=Claire|nom1=Hancock|titre=Les études de genre ont-elles transformé la géographie française ?|périodique=Histoire de la recherche contemporaine. La revue du Comité pour l’histoire du CNRS|numéro=Tome IX - n°1|date=2020-06-01|issn=2260-3875|doi=10.4000/hrc.4182|lire en ligne=https://journals.openedition.org/hrc/4182|consulté le=2022-07-22|pages=45–54}}</ref>.


===== Frein au développement de la géographie féministe dans les années 1970 =====
===== Frein au développement de la géographie féministe dans les années 1970 =====
Si la géographie sociale est dès le départ attentive aux femmes et à leurs espaces, les recherches qui en sont issues commencent par naturaliser les différence entre les hommes et les femmes, ce qui exclut d'emblée une approche critique de cette question. C'est le cas par exemple des travaux de [[Renée Rochefort]] sur les migrants italiens et leurs familles : elle réalise une géographie des femmes mais pas une géographie du genre ni féministe<ref name=":5" />.
Si la géographie sociale est dès le départ attentive aux femmes et à leurs espaces, les recherches qui en sont issues commencent par naturaliser les différences entre les hommes et les femmes, ce qui exclut d'emblée une approche critique de cette question. C'est le cas par exemple des travaux de [[Renée Rochefort]] sur les migrants italiens et leurs familles : elle réalise une géographie des femmes mais pas une géographie du genre ni féministe<ref name=":5" />.


D'après Claire Hancock, qui reprend les analyses de [[Jacqueline Coutras]], la difficulté de la géographie féministe à s'installer dans la géographie française des années 1970 tient à deux facteurs : d'une part la tension entre une géographie féministe ouvertement idéologique et la revendication du reste de la géographie d'une certaine neutralité, d'autre part la priorité mise par la géographie marxiste sur les inégalités liées à la classe<ref name=":5" />. Le travail pionnier de Jacqueline Coutras est ainsi {{Citation|perçu par la communauté géographique comme anecdotique, limitée, voire corporatiste, en vertu de l’idée qu’un propos n’a de portée vraiment universelle et de valeur scientifique que lorsqu’il traite de toute la population}}<ref name=":7" />.
D'après Claire Hancock, qui reprend les analyses de [[Jacqueline Coutras]], la difficulté de la géographie féministe à s'installer dans la géographie française des années 1970 tient à deux facteurs : d'une part la tension entre une géographie féministe ouvertement idéologique et la revendication du reste de la géographie d'une certaine neutralité, d'autre part la priorité mise par la géographie marxiste sur les inégalités liées à la classe<ref name=":5" />. Le travail pionnier de Jacqueline Coutras est ainsi {{Citation|perçu par la communauté géographique comme anecdotique, limitée, voire corporatiste, en vertu de l’idée qu’un propos n’a de portée vraiment universelle et de valeur scientifique que lorsqu’il traite de toute la population}}<ref name=":7" />.
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Lors du colloque national « Femmes, féminisme et recherches » qui se tient à Toulouse en 1982, seules six participantes sur 266 se déclarent géographes, contre 85 sociologues, 27 historiennes et 39 littéraires. [[Jacqueline Coutras]] et Jeanne Fagnani en font partie<ref name=":1" />. Elles participent aussi au colloque de géographie sociale de Lyon la même année avec des communications portant sur les femmes<ref name=":1" />.
Lors du colloque national « Femmes, féminisme et recherches » qui se tient à Toulouse en 1982, seules six participantes sur 266 se déclarent géographes, contre 85 sociologues, 27 historiennes et 39 littéraires. [[Jacqueline Coutras]] et Jeanne Fagnani en font partie<ref name=":1" />. Elles participent aussi au colloque de géographie sociale de Lyon la même année avec des communications portant sur les femmes<ref name=":1" />.
[[Fichier:FIG 2016 - Maria Dolors García Ramón 02.jpg|alt=Photographie de Maria Dolors García Ramón|vignette|297x297px|Maria Dolors García Ramón, géographe espagnole pionnière de géographie du genre]]
[[Fichier:FIG 2016 - Maria Dolors García Ramón 02.jpg|alt=Photographie de Maria Dolors García Ramón|vignette|297x297px|[[Maria Dolors García Ramón]], géographe espagnole pionnière de géographie du genre]]
En 1989, Jacqueline Coutras et Jeanne Fagnani dirigent un numéro de la revue ''[[Espace populations sociétés|Espace, Populations, Sociétés]]'' intitulé « Sexe et espace - ''Sex and space'' », dans lequel elles incluent des écrits d'autrices anglophones et hispanophones (Géraldine Pratt, [[Susan Hanson]], Damaris Rose, [[Maria Dolors García Ramón|Dolores Garcia Ramon]], etc.)<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6">{{Article|prénom1=Jacqueline|nom1=Coutras|prénom2=Jeanne|nom2=Fagnani|titre=Éditorial|périodique=Espace Populations Sociétés|volume=7|numéro=1|date=1989|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_1989_num_7_1_1353|consulté le=2022-07-22|pages=11–13}}</ref>. Dans l'éditorial de ce numéro, elles affirment qu'en « considérant les rapports entre les sexes comme des rapports sociaux, des géographes, de plus en plus nombreuses contribuent depuis quelques années à enrichir et à diversifier les approches concernant les relations spécifiques des femmes à l'espace. Désormais, la prise en compte de la variable « sexe » dans toute étude de géographie - sociale paraît incontournable »<ref name=":6" />. Claire Hancock nuance leur propos en soulignant le fait que les années suivant ce numéro font peu de place à l'étude de cette variable<ref name=":5" />.
En 1989, Jacqueline Coutras et Jeanne Fagnani dirigent un numéro de la revue ''[[Espace populations sociétés|Espace, Populations, Sociétés]]'' intitulé « Sexe et espace - ''Sex and space'' », dans lequel elles incluent des écrits d'autrices anglophones et hispanophones ([[Geraldine Pratt]], [[Susan Hanson]], Damaris Rose, [[Maria Dolors García Ramón|Dolores Garcia Ramon]], etc.)<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":6">{{Article|prénom1=Jacqueline|nom1=Coutras|prénom2=Jeanne|nom2=Fagnani|titre=Éditorial|périodique=Espace Populations Sociétés|volume=7|numéro=1|date=1989|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_1989_num_7_1_1353|consulté le=2022-07-22|pages=11–13}}</ref>. Dans l'éditorial de ce numéro, elles affirment qu'en « considérant les rapports entre les sexes comme des rapports sociaux, des géographes, de plus en plus nombreuses contribuent depuis quelques années à enrichir et à diversifier les approches concernant les relations spécifiques des femmes à l'espace. Désormais, la prise en compte de la variable « sexe » dans toute étude de géographie - sociale paraît incontournable »<ref name=":6" />. Claire Hancock nuance leur propos en soulignant le fait que les années suivant ce numéro font peu de place à l'étude de cette variable<ref name=":5" />.


==== Années 1990 ====
==== Années 1990 ====
Le contact de géographes françaises et français avec les géographies d'autres pays et aires linguistiques et d'autres disciplines les exposent à des idées et approches nouvelles, notamment celles sur le concept de « [[Genre (sciences sociales)|genre]] »<ref name=":5" />.
Le contact de géographes français avec les géographes d'autres pays et aires linguistiques et d'autres disciplines les exposent à des idées et approches nouvelles, notamment celles sur le concept de « [[Genre (sciences sociales)|genre]] »<ref name=":5" />.


==== Années 2000 ====
==== Années 2000 ====
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En 2003, Sophie Louargant soutient l'« une des premières thèses de géographie à adopter explicitement une approche de genre »<ref name=":5" />.
En 2003, Sophie Louargant soutient l'« une des premières thèses de géographie à adopter explicitement une approche de genre »<ref name=":5" />.


Au début des années 2000, les géographes françaises travaillant sur le genre se retrouvent d'abord dans des colloques de sociologie et d'histoire autour de cette thématique<ref name=":5" />. Le cloisonnement disciplinaire est alors relativement fort et les premiers travaux sur l'accès des femmes à l'espace public sont le fait de sociologues et démographes plutôt que de géographes<ref name=":13">{{Article|langue=fr|prénom1=Marianne|nom1=Blidon|auteur2=[[Natacha Chetcuti]]|titre=Penser la sexualité et les rapports sociaux de sexe : perspectives critiques. Dialogue entre deux disciplines|périodique=Carnets de géographes|numéro=1|date=2010-10-01|issn=2107-7266|lire en ligne=https://journals.openedition.org/cdg/1805?lang=en|consulté le=2022-07-26}}</ref>.
Au début des années 2000, les géographes françaises travaillant sur le genre se retrouvent d'abord dans des colloques de sociologie et d'histoire autour de cette thématique<ref name=":5" />. Le cloisonnement disciplinaire est alors relativement fort et les premiers travaux sur l'accès des femmes à l'espace public sont le fait de sociologues et démographes plutôt que de géographes<ref name=":13">{{Article|langue=fr|auteur1=[[Marianne Blidon]]|prénom1=|nom1=|auteur2=[[Natacha Chetcuti]]|titre=Penser la sexualité et les rapports sociaux de sexe : perspectives critiques. Dialogue entre deux disciplines|périodique=Carnets de géographes|numéro=1|date=2010-10-01|issn=2107-7266|lire en ligne=https://journals.openedition.org/cdg/1805?lang=en|consulté le=2022-07-26}}</ref>.


Le premier colloque français de géographie portant sur les questions de genre a lieu à Lyon en 2004. Il s'intitule « Genre, territoire, développement : quels regards géographiques ? » et est organisé par Dominique Creton, Sonia Chardonnel, Chantal Gillette et Sophie Louargant<ref name=":5" />. Ce colloque permet de montrer la diversité des approches possibles en géographie du genre, que le genre soit vu comme la problématique centrale de la recherche ou simplement comme variable significative<ref name=":7" />.
Le premier colloque français de géographie portant sur les questions de genre a lieu à Lyon en 2004. Il s'intitule « Genre, territoire, développement : quels regards géographiques ? » et est organisé par Dominique Creton, Sonia Chardonnel, Chantal Gillette et Sophie Louargant<ref name=":5" />. Ce colloque permet de montrer la diversité des approches possibles en géographie du genre, que le genre soit vu comme la problématique centrale de la recherche ou simplement comme variable significative<ref name=":7" />.
[[Fichier:Marianne Blidon-FIG 2021 (1).jpg|gauche|vignette|331x331px|Marianne Blidon, autrice de la première thèse française de géographie des sexualités]]
[[Fichier:Marianne Blidon-FIG 2021 (1).jpg|gauche|vignette|250x250px|[[Marianne Blidon]], autrice de la première thèse française de géographie des sexualités|alt=Photographie de Marianne Blidon.]]
À partir de 2001, différents ouvrages et de numéros de revue d'[[épistémologie de la géographie]] abordent la question du [[Genre (sciences sociales)|genre]] en [[géographie]]. C'est le cas de l'anthologie ''Géographies anglo-saxonnes, tendances contemporaines'' qui comporte un chapitre de [[Christine Chivallon]] sur les géographies féministes et d'un article de ''[[L'Espace géographique|L’Espace géographique]]'' de 2004, écrit par [[Béatrice Collignon]] et [[Jean-François Staszak]]<ref name=":5" />. La géographie féministe est citée dans ce dernier parmi les « courants aux fondements théoriques solides » qui semblent féconds aux auteur et autrice pour « revisiter tous les objets, y compris les plus classiques » de la géographie<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Béatrice|nom1=Collignon|prénom2=Jean-François|nom2=Staszak|titre=Que faire de la géographie postmoderniste ?|périodique=LEspace geographique|volume=33|numéro=1|date=2004|issn=0046-2497|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2004-1-page-38.htm|consulté le=2022-07-22}}</ref>.
À partir de 2001, différents ouvrages et de numéros de revue d'[[épistémologie de la géographie]] abordent la question du [[Genre (sciences sociales)|genre]] en [[géographie]]. C'est le cas de l'anthologie ''Géographies anglo-saxonnes, tendances contemporaines'' qui comporte un chapitre de [[Christine Chivallon]] sur les géographies féministes et d'un article de ''[[L'Espace géographique|L’Espace géographique]]'' de 2004, écrit par [[Béatrice Collignon]] et [[Jean-François Staszak]]<ref name=":5" />. La géographie féministe est citée dans ce dernier parmi les « courants aux fondements théoriques solides » qui semblent féconds aux auteur et autrice pour « revisiter tous les objets, y compris les plus classiques » de la géographie<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Béatrice|nom1=Collignon|prénom2=Jean-François|nom2=Staszak|titre=Que faire de la géographie postmoderniste ?|périodique=LEspace geographique|volume=33|numéro=1|date=2004|issn=0046-2497|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-espace-geographique-2004-1-page-38.htm|consulté le=2022-07-22}}</ref>.


Ce contexte de remise en cause des normes de genre et de l'hétéronormativité en géographie permet aussi l'émergence d'une géographie des sexualités, dont Marianne Blidon fait l'objet de sa thèse, soutenue en 2007<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":16" />. Cette question fait aussi l'objet des travaux de Stéphane Leroy, Emmanuel Jaurand et Nicolas Boivin à la même époque. Elle donne lieu à la journée d'études « ''Sexe de l’espace, sexe dans l’espace'' » organisée en 2007<ref name=":13" />.
Ce contexte de remise en cause des normes de genre et de l'hétéronormativité en géographie permet aussi l'émergence d'une géographie des sexualités, dont [[Marianne Blidon]] fait l'objet de sa thèse, soutenue en 2007<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":16" />. Cette question fait aussi l'objet des travaux de Stéphane Leroy, Emmanuel Jaurand et Nicolas Boivin à la même époque. Elle donne lieu à la journée d'études « ''Sexe de l’espace, sexe dans l’espace'' » organisée en 2007<ref name=":13" />.


===== Critiques =====
===== Critiques =====
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En 2004, [[Jacques Lévy (géographe)|Jacques Lévy]] critique la géographie du genre pour plusieurs raisons : d'après lui elle serait marquée par le « communautarisme », au même titre que les ''{{Langue|anglais|black studies}}'' et ''{{Langue|anglais|jewish studies}}'', ne différencierait pas assez {{Citation|le registre de la production de connaissances et celui de l’action militante}} et participerait à un « ''{{Langue|anglais|gender business}}'' » sur le modèle de ce que serait un « ''{{Langue|anglais|shoah business}}'' » (en français « [[L'Industrie de l'Holocauste|industrie de l'Holocauste]] »)<ref name=":11">{{Article|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Lévy|titre=Genre.|périodique=EspacesTemps.net Revue électronique des sciences humaines et sociales.|date=2004-10-18|issn=1777-5477|lire en ligne=https://www.espacestemps.net/articles/genre/|consulté le=2022-07-22}}</ref>.
En 2004, [[Jacques Lévy (géographe)|Jacques Lévy]] critique la géographie du genre pour plusieurs raisons : d'après lui elle serait marquée par le « communautarisme », au même titre que les ''{{Langue|anglais|black studies}}'' et ''{{Langue|anglais|jewish studies}}'', ne différencierait pas assez {{Citation|le registre de la production de connaissances et celui de l’action militante}} et participerait à un « ''{{Langue|anglais|gender business}}'' » sur le modèle de ce que serait un « ''{{Langue|anglais|shoah business}}'' » (en français « [[L'Industrie de l'Holocauste|industrie de l'Holocauste]] »)<ref name=":11">{{Article|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Lévy|titre=Genre.|périodique=EspacesTemps.net Revue électronique des sciences humaines et sociales.|date=2004-10-18|issn=1777-5477|lire en ligne=https://www.espacestemps.net/articles/genre/|consulté le=2022-07-22}}</ref>.


D'après Claire Hancock, reprenant des idées de [[Christine Delphy]] sur l'universalisme français<ref>{{Ouvrage|prénom1=Christine|nom1=Delphy|titre=Un universalisme si particulier : féminisme et exception française, (1980-2010)|éditeur=Syllepse|date=2010|isbn=978-2-84950-264-8|isbn2=2-84950-264-2|oclc=680616047|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/680616047|consulté le=2022-07-22}}</ref>, « cette attitude est caractéristique de l’universalisme français où taxer de « communautarisme » suffit à disqualifier tout travail qui ne traite pas, sous couvert d’objectivité et d’universalité, des expériences des hommes blancs hétérosexuels valides de la classe moyenne/aisée »<ref name=":5" />.
D'après Claire Hancock, reprenant des idées de [[Christine Delphy]] sur l'universalisme français<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christine|nom1=Delphy|titre=Un universalisme si particulier|sous-titre=féminisme et exception française, 1980-2010|lieu=Paris|éditeur=Syllepse|année=2010|pages totales=348|isbn=978-2-84950-264-8|isbn2=2-84950-264-2|oclc=680616047|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/680616047|consulté le=2022-07-22}}</ref>, « cette attitude est caractéristique de l’universalisme français où taxer de « communautarisme » suffit à disqualifier tout travail qui ne traite pas, sous couvert d’objectivité et d’universalité, des expériences des hommes blancs hétérosexuels valides de la classe moyenne/aisée »<ref name=":5" />.


==== Décennies 2010 et 2020 : entre institutionnalisation et retrait par rapport à l'intersectionnalité ====
==== Décennies 2010 et 2020 : entre institutionnalisation et retrait par rapport à l'intersectionnalité ====
Dès la toute fin des années 2000 les recherches portant sur le genre en géographie sortent des approches dans lesquelles elles étaient cantonnées jusque-là. Le genre devient une catégorie d'analyse comme une autre, davantage légitimée et reconnue. Le genre fait notamment partie des cadres d'analyse de l'[[intersectionnalité]]<ref name=":10" />.
Dès la toute fin des années 2000 les recherches portant sur le genre en géographie sortent des approches dans lesquelles elles étaient cantonnées jusque-là. Le genre devient une catégorie d'analyse comme une autre, davantage légitimée et reconnue. Le genre fait notamment partie des cadres d'analyse de l'[[intersectionnalité]]<ref name=":10" />.


Les géographies du genre et féministes connaissent une certaine institutionnalisation et profitent de davantage de financements<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":18">{{Ouvrage|auteur1=Pascal Clerc|auteur2=Florence Deprest|auteur3=Guilhem Labinal|auteur4=Didier Mendibil|titre=Géographies : épistémologie et histoire des savoirs sur l'espace|date=2019|isbn=978-2-200-62608-2|isbn2=2-200-62608-8|oclc=1192545172|lire en ligne=https://www.cairn.info/geographies--9782200624781-page-301.htm|consulté le=2022-07-27|numéro chapitre=47|titre chapitre=Quelles géographies du genre et des sexualités ?}}</ref> :
Les géographies du genre et féministes connaissent une certaine institutionnalisation et profitent de davantage de financements<ref name=":5" />{{,}}<ref name=":18">{{Ouvrage|auteur1=Pascal Clerc|auteur2=Florence Deprest|auteur3=Guilhem Labinal|auteur4=Didier Mendibil|titre=Géographies : épistémologie et histoire des savoirs sur l'espace|éditeur=|année=2019|pages totales=320|isbn=978-2-200-62608-2|isbn2=2-200-62608-8|oclc=1192545172|lire en ligne=https://www.cairn.info/geographies--9782200624781-page-301.htm|consulté le=2022-07-27|numéro chapitre=47|titre chapitre=Quelles géographies du genre et des sexualités ?}}</ref> :


* la géographie participe au [[Groupement d'intérêt scientifique|Groupement d'Intérêt Scientifique]] « Institut du genre », dont la première présidente est la géographe Nadine Cattan ;
* la géographie participe au [[Groupement d'intérêt scientifique|Groupement d'Intérêt Scientifique]] « Institut du genre », dont la première présidente est la géographe Nadine Cattan ;
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La géographie du genre et féministe française actuelle se démarque au niveau international par sa faible prise en compte des questions d'[[intersectionnalité]] et du rapport entre [[racisme]] et [[sexisme]]<ref name=":5" />.
La géographie du genre et féministe française actuelle se démarque au niveau international par sa faible prise en compte des questions d'[[intersectionnalité]] et du rapport entre [[racisme]] et [[sexisme]]<ref name=":5" />.


== Question de la différence entre les géographies du genre anglo-saxonnes et francophones ==
== Différences entre les géographies anglo-saxonnes et francophones ==
Dans les années 2000, les écrits français sur la géographie du genre questionnent et soulignent la différence entre les géographies du genre anglo-saxonne et francophone, et notamment leur écart de développement<ref name=":14" />{{,}}<ref name=":15" />. Cette différence est néanmoins nuancée voire contredite par certaines géographes françaises<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":13" />.
Dans les années 2000, les écrits français sur la géographie du genre questionnent et soulignent la différence entre les géographies du genre anglo-saxonne et francophone, et notamment leur écart de développement<ref name=":14" />{{,}}<ref name=":15" />. Cette différence est néanmoins nuancée voire contredite par certaines géographes françaises<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":13" />.


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=== Retard français dans la prise en compte du genre en géographie ===
=== Retard français dans la prise en compte du genre en géographie ===
Plus que des différentes intrinsèques, différents textes portant sur la géographie du genre et féministe en France soulignent un retard et des contraintes au développement de ces géographies dans le contexte français<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":5" />.
Plus que des différences intrinsèques, différents textes portant sur la géographie du genre et féministe en France soulignent un retard et des contraintes au développement de ces géographies dans le contexte français<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":5" />.


En 2002, Claire Hancock souligne le fait que dans la géographie anglophone – plus précisément dans l'ouvrage ''{{Langue|anglais|Social Geographies. Space and Society}}'' de [[Gill Valentine]] et dans le programme du colloque de l'Association des Géographes Américains (auquel participent géographes britanniques, canadiens, australiens et d'autres pays anglophones) – le genre est {{Citation|intégré comme critère essentiel de différentiation, comme la classe peut l'être dans la géographie sociale française}}, contrairement à ce qui est fait en France au même moment<ref name=":2" />. À titre d'exemple, alors que le livre généraliste sur la géographie de Richard Peet ''{{Langue|anglais|Modern Geographical Thought}}'' paru en 1998 comprend un chapitre entier sur la géographie du genre (« ''{{Langue|anglais|Feminism Theory and the Geography of Gender}}'' »), celui du géographe français [[Rémy Knafou]] de 1997 (''L'état de la géographie'') ne compte aucune référence à ce champ<ref name=":2" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Richard|nom1=Peet|titre=Modern geographical thought|éditeur=Blackwell Publishers|date=juin 1998|isbn=1-55786-378-4|isbn2=978-1-55786-378-2|isbn3=1-55786-206-0|oclc=37341307|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/37341307|consulté le=2022-07-26}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|prénom1=Rémy|nom1=Knafou|titre=L'état de la géographie : autoscopie d'une science|éditeur=Belin|date=1997|isbn=2-7011-2274-0|isbn2=978-2-7011-2274-8|oclc=300742153|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300742153|consulté le=2022-07-26}}</ref>.
En 2002, Claire Hancock souligne le fait que dans la géographie anglophone – plus précisément dans l'ouvrage ''{{Langue|anglais|Social Geographies. Space and Society}}'' de [[Gill Valentine]] et dans le programme du colloque de l'Association des Géographes Américains (auquel participent géographes britanniques, canadiens, australiens et d'autres pays anglophones) – le genre est {{Citation|intégré comme critère essentiel de différentiation, comme la classe peut l'être dans la géographie sociale française}}, contrairement à ce qui est fait en France au même moment<ref name=":2" />. À titre d'exemple, alors que le livre généraliste sur la géographie de Richard Peet ''{{Langue|anglais|Modern Geographical Thought}}'' paru en 1998 comprend un chapitre entier sur la géographie du genre (« ''{{Langue|anglais|Feminism Theory and the Geography of Gender}}'' »), celui du géographe français [[Rémy Knafou]] de 1997 (''L'état de la géographie'') ne compte aucune référence à ce champ<ref name=":2" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Richard|nom1=Peet|titre=Modern geographical thought|lieu=Oxford|éditeur=Blackwell Publishers|date=juin 1998|pages totales=342|isbn=1-55786-378-4|isbn2=978-1-55786-378-2|isbn3=1-55786-206-0|oclc=37341307|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/37341307|consulté le=2022-07-26}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Rémy|nom1=Knafou|titre=L'état de la géographie|sous-titre=autoscopie d'une science|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|année=1997|pages totales=438|isbn=2-7011-2274-0|isbn2=978-2-7011-2274-8|oclc=300742153|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/300742153|consulté le=2022-07-26}}</ref>.


=== Différences au sein des géographies ''queers'' ===
=== Différences au sein des géographies ''queers'' ===
D'après Cha Prieur, il y aurait plus de continuité entre théories féministes et ''[[Queer|queers]]'' dans le monde anglophone que dans les approches francophones<ref name=":16" />.
D'après Cha Prieur, il y aurait plus de continuité entre théories féministes et ''[[Queer|queers]]'' dans le monde anglophone que dans les approches francophones<ref name=":16" />.
[[Fichier:Judith Butler cropped.jpg|gauche|vignette|Les géographies ''queers'' s'appuient notamment sur des concepts de la philosophe [[Judith Butler]].]]

Les travaux de la première vague ''queer'' ([[Judith Butler]], [[Teresa de Lauretis|Teresa De Lauretis]], [[Eve Kosofsky Sedgwick]]), traduits en français jusqu'à quinze ans après leur parution, ont influencé les recherches ''queers'' françaises. Celles-ci ont moins pris en compte la seconde vague ''queer''<ref name=":16" />.
Les travaux de la première vague ''queer'' ([[Judith Butler]], [[Teresa de Lauretis|Teresa De Lauretis]], [[Eve Kosofsky Sedgwick]]), traduits en français jusqu'à quinze ans après leur parution, ont influencé les recherches ''queers'' françaises. Celles-ci ont moins pris en compte la seconde vague ''queer''<ref name=":16" />.


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En 2005, Francine Barthe-Deloizy et Claire Hancock considèrent {{Citation|qu’il n’y a sans doute pas une façon spécifiquement « française » de faire la géographie du genre}}, les objets d'études et les méthodologies étant les mêmes partout<ref name=":7" />.
En 2005, Francine Barthe-Deloizy et Claire Hancock considèrent {{Citation|qu’il n’y a sans doute pas une façon spécifiquement « française » de faire la géographie du genre}}, les objets d'études et les méthodologies étant les mêmes partout<ref name=":7" />.
[[Fichier:Doreen Massey.jpg|alt=Photographie de Doreen Massey|vignette|319x319px|Doreen Massey, géographe britannique spécialiste de géographie urbaine et du genre]]
[[Fichier:Doreen Massey.jpg|alt=Photographie de Doreen Massey|vignette|217x217px|[[Doreen Massey]], géographe britannique spécialiste de géographie urbaine et du genre]]
D'après Marianne Blidon, c'est parce que la géographie du genre française a dans un premier temps davantage pris pour référence les géographes britanniques ([[Linda McDowell]], Liz Bondi, [[Doreen Massey]]) plutôt que les penseuses [[Féminisme matérialiste|féministes matérialistes]] (comme [[Monique Wittig]], [[Nicole-Claude Mathieu|Nicole Claude Mathieu]], [[Paola Tabet]] et [[Colette Guillaumin]]) que certains et certaines considèrent qu'il n'y a pas d'équivalent des ''{{Langue|anglais|Feminist Studies}}'', ''{{Langue|anglais|Gender Studies}}'' ou ''{{Langue|anglais|Women Studies}}'' en [[France]]<ref name=":13" />.
D'après [[Marianne Blidon]], c'est parce que la géographie du genre française a dans un premier temps davantage pris pour référence les géographes britanniques ([[Linda McDowell]], Liz Bondi, [[Doreen Massey]]) plutôt que les penseuses [[Féminisme matérialiste|féministes matérialistes]] (comme [[Monique Wittig]], [[Nicole-Claude Mathieu|Nicole Claude Mathieu]], [[Paola Tabet]] et [[Colette Guillaumin]]) que certains et certaines considèrent qu'il n'y a pas d'équivalent des ''{{Langue|anglais|Feminist Studies}}'', ''{{Langue|anglais|Gender Studies}}'' ou ''{{Langue|anglais|Women Studies}}'' en [[France]]<ref name=":13" />.


En 2020, Claire Hancock considère qu'une nouvelle génération de géographes est familiarisée avec le concept de genre et connaît bien les travaux anglophones sur le sujet<ref name=":5" />, ce qui tend à minimiser l'écart perçu au début des années 2000 entre géographies anglophones et francophones. D'après elle, {{Citation|la génération montante de géographes est à mille lieues de professer la méfiance qui était celle des générations passées vis-à-vis de toute importation d’idées depuis les contextes anglophones}}<ref name=":5" />. La géographie française continue néanmoins de se différencier des géographies anglophones par sa faible prise en compte du concept d'[[intersectionnalité]] et des interactions entre [[sexisme]] et [[racisme]]<ref name=":5" />.
En 2020, Claire Hancock considère qu'une nouvelle génération de géographes est familiarisée avec le concept de genre et connaît bien les travaux anglophones sur le sujet<ref name=":5" />, ce qui tend à minimiser l'écart perçu au début des années 2000 entre géographies anglophones et francophones. D'après elle, {{Citation|la génération montante de géographes est à mille lieues de professer la méfiance qui était celle des générations passées vis-à-vis de toute importation d’idées depuis les contextes anglophones}}<ref name=":5" />. La géographie française continue néanmoins de se différencier des géographies anglophones par sa faible prise en compte du concept d'[[intersectionnalité]] et des interactions entre [[sexisme]] et [[racisme]]<ref name=":5" />.


== Épistémologies féministes et géographie : critique féministe de la production des savoirs géographiques ==
== Épistémologies féministes et géographie ==
D'après Marianne Blidon, une des approches de la géographie du genre consiste à considérer que le genre détermine aussi les catégories de pensée et la façon dont on produit la connaissance. Cette approche mobilise les concepts des [[Épistémologie féministe|épistémologies féministes]] et notamment celui de [[Savoir situé|point de vue situé]]<ref name=":10" />. Elle contribue à une critique des [[Épistémologie de la géographie|épistémologies]] et méthodologies (pratiques de terrain<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":12">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Anne|nom1=Volvey|titre=Le corps du chercheur et la question esthétique dans la science géographique.|date=2013-12-10|lire en ligne=https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00923752|consulté le=2022-02-02}}</ref>, systèmes d'information géographique<ref name=":4">{{Ouvrage|prénom1=Audrey|nom1=Kobayashi|titre=Encyclopedia of human geography|éditeur=Elsevier|date=2020|isbn=978-0-08-102295-5|isbn2=0-08-102295-6|isbn3=978-0-12-821293-6|oclc=1194954317|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1194954317|consulté le=2022-05-28|titre chapitre=Feminism, Geographic Information System, and Mapping}}</ref>{{Etc.}}) de la géographie en considérant notamment que l'idéal d'objectivité de la géographie est de l'ordre de la « fiction » et que {{Citation|tout savoir est "situé", c'est-à-dire modifié et déterminé par la position de celui qui l'élabore}}<ref name=":2" />. Dès les années 1980-1990 dans la ''{{Langue|anglais|Gender Geography}}'', {{Citation|il est donc nécessaire, pour une bonne pratique scientifique, de dire d'"où" l'on parle afin de valider son propos : la subjectivité du chercheur est forcément présente et ne peut être niée. L'implication personnelle dans les sujets de recherche, qui reste souvent tabou dans la géographie française, est en toute honnêteté placée sur le devant de la scène}}<ref name=":2" />.
D'après [[Marianne Blidon]], une des approches de la géographie du genre consiste à considérer que le genre détermine aussi les catégories de pensée et la façon dont on produit la connaissance. Cette approche mobilise les concepts des [[Épistémologie féministe|épistémologies féministes]] et notamment celui de [[Savoir situé|point de vue situé]]<ref name=":10" />. Elle contribue à une critique des [[Épistémologie de la géographie|épistémologies]] et méthodologies (pratiques de terrain<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":12">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Anne|nom1=Volvey|titre=Le corps du chercheur et la question esthétique dans la science géographique.|éditeur=|date=2013-12-10|isbn=|lire en ligne=https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00923752|consulté le=2022-02-02}}</ref>, systèmes d'information géographique<ref name=":4">{{Ouvrage|prénom1=Audrey|nom1=Kobayashi|titre=Encyclopedia of human geography|éditeur=[[Elsevier (éditeur)|Elsevier]]|année=2020|pages totales=9100|isbn=978-0-08-102295-5|isbn2=0-08-102295-6|isbn3=978-0-12-821293-6|oclc=1194954317|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1194954317|consulté le=2022-05-28|titre chapitre=Feminism, Geographic Information System, and Mapping}}</ref>{{Etc.}}) de la géographie en considérant notamment que l'idéal d'objectivité de la géographie est de l'ordre de la « fiction » et que {{Citation|tout savoir est "situé", c'est-à-dire modifié et déterminé par la position de celui qui l'élabore}}<ref name=":2" />. Dès les années 1980-1990 dans la ''{{Langue|anglais|Gender Geography}}'', {{Citation|il est donc nécessaire, pour une bonne pratique scientifique, de dire d'"où" l'on parle afin de valider son propos : la subjectivité du chercheur est forcément présente et ne peut être niée. L'implication personnelle dans les sujets de recherche, qui reste souvent tabou dans la géographie française, est en toute honnêteté placée sur le devant de la scène}}<ref name=":2" />.


Ces considérations s'appuient notamment sur les travaux de [[Donna Haraway]] ou [[Anne Fausto-Sterling]] qui ont montré les biais masculinistes à l'œuvre dans les sciences de la nature et la recherche biomédicale et de [[Sandra G. Harding|Sandra Harding]] sur l'« objectivité forte »<ref name=":5" />.
Ces considérations s'appuient notamment sur les travaux de [[Donna Haraway]] ou [[Anne Fausto-Sterling]] qui ont montré les biais masculinistes à l'œuvre dans les sciences de la nature et la recherche biomédicale et de [[Sandra G. Harding|Sandra Harding]] sur l'« objectivité forte »<ref name=":5" />.
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De la même manière, la géographie des sexualités permet de questionner le caractère hétéronormatif de la géographie et de l'institution universitaire en général, comme l'ont montré Gill Valentine et David Bell<ref name=":19" />.
De la même manière, la géographie des sexualités permet de questionner le caractère hétéronormatif de la géographie et de l'institution universitaire en général, comme l'ont montré Gill Valentine et David Bell<ref name=":19" />.


== Méthodologies des géographies du genre et féministes ==
== Méthodologies ==


=== Méthodes qualitatives ===
=== Méthodes qualitatives ===
La critique du positivisme par les féministes les conduit à dénoncer les biais non questionnés des approches quantitatives et à diversifier les méthodologies de la recherches scientifiques en privilégiant les approches qualitatives<ref name=":2" />. Les méthodologies féministes mettent ainsi l'accent sur la {{Citation|valeur scientifique des méthodes qualitatives fondées sur l’empathie et l’écoute, ainsi que la co-construction des savoirs}}<ref name=":5" />.
La critique du positivisme par les féministes les conduit à dénoncer les biais non questionnés des approches quantitatives et à diversifier les méthodologies de la recherche scientifique en privilégiant les [[Entretien semi-directif|approches qualitatives]]<ref name=":2" />. Les méthodologies féministes mettent ainsi l'accent sur la {{Citation|valeur scientifique des méthodes qualitatives fondées sur l’empathie et l’écoute, ainsi que la co-construction des savoirs}}<ref name=":5" />.


D'après Claire Hancock, elles doivent aussi {{Citation|considérer avec circonspection les approches quantitatives qui tendent à réifier et à participer à la reproduction de catégories qui nécessitent par ailleurs une déconstruction}}, et de façon générale les méthodes traditionnelles des sciences sociales marquées par le regard masculin et le masculinisme<ref name=":5" />.
D'après Claire Hancock, elles doivent aussi {{Citation|considérer avec circonspection les approches quantitatives qui tendent à réifier et à participer à la reproduction de catégories qui nécessitent par ailleurs une déconstruction}}, et de façon générale les méthodes traditionnelles des sciences sociales marquées par le regard masculin et le masculinisme<ref name=":5" />.
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=== Méthodes quantitatives ===
=== Méthodes quantitatives ===
[[Mei-Po Kwan]] et [[Nadine Shuurman]], reprenant les analyses de [[Donna Haraway]], défendent l'idée de la possibilité d'un usage critique, et notamment [[Féminisme|féministe]], des [[Système d'information géographique|systèmes d'information géographique]]<ref>{{Article|prénom1=Henri|nom1=Desbois|titre=La carte et le territoire à l’ère numérique|périodique=Socio|numéro=4|date=2015-04-25|issn=2266-3134|issn2=2425-2158|doi=10.4000/socio.1262|lire en ligne=http://journals.openedition.org/socio/1262|consulté le=2022-05-28|pages=39–60}}</ref>. Elles font partie, avec [[Susan Hanson]], Gerry Pratt et [[Marianna Pavlovskaya]] des géographes anglophones promouvant les [[Système d'information géographique|SIG]] comme outils de la géographie féministe<ref name=":4" />.
[[Mei-Po Kwan]] et [[Nadine Shuurman]], reprenant les analyses de [[Donna Haraway]], défendent l'idée de la possibilité d'un usage critique, et notamment [[Féminisme|féministe]], des [[Système d'information géographique|systèmes d'information géographique]]<ref>{{Article|prénom1=Henri|nom1=Desbois|titre=La carte et le territoire à l’ère numérique|périodique=Socio|numéro=4|date=2015-04-25|issn=2266-3134|issn2=2425-2158|doi=10.4000/socio.1262|lire en ligne=http://journals.openedition.org/socio/1262|consulté le=2022-05-28|pages=39–60}}</ref>. Elles font partie, avec [[Susan Hanson]], [[Geraldine Pratt|Gerry Pratt]] et [[Marianna Pavlovskaya]] des géographes anglophones promouvant les [[Système d'information géographique|SIG]] comme outils de la géographie féministe<ref name=":4" />.


Elles s'opposent en cela à des géographes comme [[Gillian Rose]] et [[Alison Blunt]] pour qui la cartographie est intrinsèquement source de domination. Pour Mei-Po Kwan et [[Nadine Shuurman]], la cartographie et les technologies géonumériques ne sont pas [[Masculinisme|masculinistes]] en soi mais seulement du fait de leurs usages. Ce faisant, les géographes féministes devraient selon elles s'en emparer pour en faire des techniques [[Féminisme|féministes]]<ref name=":4" />.
Elles s'opposent en cela à des géographes comme [[Gillian Rose]] et [[Alison Blunt]] pour qui la cartographie est intrinsèquement source de domination. Pour Mei-Po Kwan et [[Nadine Shuurman]], la cartographie et les technologies géonumériques ne sont pas [[masculiniste]]s en soi mais seulement du fait de leurs usages. Ce faisant, les géographes féministes devraient selon elles s'en emparer pour en faire des techniques [[Féminisme|féministes]]<ref name=":4" />.


=== Recherche-action ===
=== Recherche-action ===
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Les études de géographie du genre sont souvent transdisciplinaires ou interdisciplinaires.
Les études de géographie du genre sont souvent transdisciplinaires ou interdisciplinaires.


Un exemple de recherche-action participative est mené par la troupe théâtrale les Urbain.e.s à Gennevilliers<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Emmanuelle Faure|auteur2=Edna Hernández González|auteur3=Corinne Luxembourg|titre=La ville, quel genre ?|sous-titre=L'espace public à l'épreuve du genre|lieu=Montreuil|éditeur=Le Temps des cerises|date=14 mars 2017|pages totales=302|isbn=978-2-37071-109-0|oclc=980876250|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/980876250}}</ref>, coordonnée par Corinne Luxembourg (géographe), Emmanuelle Faure (géographe) et Edna Hernandez-Gonzalez (architecte-urbaniste). Ce programme a pour particularité de s'appuyer sur la création théâtrale{{Pertinence contestée|date=26 juillet 2022}}.
Un exemple de recherche-action participative est mené par la troupe théâtrale les Urbain.e.s à Gennevilliers<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Emmanuelle Faure|auteur2=Edna Hernández González|auteur3=Corinne Luxembourg|titre=La ville, quel genre ?|sous-titre=L'espace public à l'épreuve du genre|lieu=Montreuil|éditeur=[[Le Temps des cerises (éditions)|Le Temps des cerises]]|date=14 mars 2017|pages totales=302|isbn=978-2-37071-109-0|oclc=980876250|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/980876250}}</ref>, coordonnée par Corinne Luxembourg (géographe), Emmanuelle Faure (géographe) et Edna Hernandez-Gonzalez (architecte-urbaniste). Ce programme a pour particularité de s'appuyer sur la création théâtrale{{Pertinence contestée|date=26 juillet 2022}}.


La confrontation au terrain et la production de connaissances est également le fait de mouvement associatif opérationnel comme Genre et Ville, créée en 2012 par Pascale Lapalud, urbaniste designer et [[Chris Blache]], anthropologue urbaine{{Référence souhaitée|date=26 juillet 2022}}.
La confrontation au terrain et la production de connaissances est également le fait de mouvement associatif opérationnel comme Genre et Ville, créée en 2012 par Pascale Lapalud, urbaniste designer et [[Chris Blache]], anthropologue urbaine{{Référence souhaitée|date=26 juillet 2022}}.


== Différents espaces et échelles d'expression de la géographie du genre ==
== Espaces et échelles ==


=== Différents espaces de la géographie de genre ===
=== Différents espaces de la géographie de genre ===
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=== Différentes échelles d'expression de la géographie ===
=== Différentes échelles d'expression de la géographie ===
Le genre participe à la construction et à la reconstruction des territoires. Il permet d'en révéler des aspects masqués notamment lors de l'étude des pratiques genrées appliquées au territoire. La géographie de genre est utilisée à trois différentes échelles<ref name=":10">{{Lien web |auteur=[[Marianne Blidon]] |titre=Genre |url=https://hypergeo.eu/genre/ |site=HyperGeo |date=2014}}</ref>.
Le genre participe à la construction et à la reconstruction des territoires. Il permet d'en révéler des aspects masqués notamment lors de l'étude des pratiques genrées appliquées au territoire. La géographie de genre est utilisée à trois différentes échelles<ref name=":10">{{Lien web |auteur=[[Marianne Blidon]] |titre=Genre |url=https://hypergeo.eu/genre/ |site=HyperGeo |date=2014}}.</ref>.


==== Échelle micro-socio-spatiale ====
==== Échelle micro-socio-spatiale ====
L'échelle micro est privilégiée par l'analyse de genre en raison de son intérêt pour la connaissance de l'[[individu]]. Traditionnellement investi par le [[Masculinité|masculin]], l'espace du domestique est progressivement réinvesti par le [[Féminité|féminin]]. Il est marqué par la [[visibilité]] homme-femme. Les nouvelles pratiques spatiales féminines conduisent à augmenter la visibilité quotidienne des femmes grâce à une augmentation de leur mobilité liée à leurs activités économiques. Les femmes investissent de nouveaux territoires et acquièrent de nouveaux [[savoir-faire]]. Les femmes présentent des pratiques spatiales quotidiennes de proximité avec une forte [[fréquentation]] de ces lieux alors que les hommes présentent des pratiques spatiales quotidiennes éloignées avec une faible fréquentation de ces lieux<ref name="a">{{Article|auteur1=[[Sophie Louargant]]|titre=Des territorialités de genre aux territorialités de projet dans le bassin méditerranéen|périodique=Montagnes Méditerranéennes|date=2004|lire en ligne=https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00261779/document|pages=5-12}}</ref>. L'accroissement progressif de la mobilité des femmes fait apparaître une identification [[symbolique]] progressive des femmes aux lieux qu'elles fréquentent contrairement aux hommes pour qui ce processus d'appropriation est implicite<ref name="L&L p395">{{Ouvrage|auteur1=[[Jacques Lévy (géographe)|Jacques Lévy]]|auteur2=[[Michel Lussault]]|titre=Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés|passage=394-395|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|date=2003|pages totales=1033|isbn=2-7011-2645-2|titre chapitre=Genres (Géographie des)}}</ref>.
L'échelle micro est privilégiée par l'analyse de genre en raison de son intérêt pour la connaissance de l'[[individu]]. Traditionnellement investi par le [[Masculinité|masculin]], l'espace du domestique est progressivement réinvesti par le [[Féminité|féminin]]. Il est marqué par la [[visibilité]] homme-femme. Les nouvelles pratiques spatiales féminines conduisent à augmenter la visibilité quotidienne des femmes grâce à une augmentation de leur mobilité liée à leurs activités économiques. Les femmes investissent de nouveaux territoires et acquièrent de nouveaux [[savoir-faire]]. Les femmes présentent des pratiques spatiales quotidiennes de proximité avec une forte [[fréquentation]] de ces lieux alors que les hommes présentent des pratiques spatiales quotidiennes éloignées avec une faible fréquentation de ces lieux<ref name="a">{{Article|auteur1=[[Sophie Louargant]]|titre=Des territorialités de genre aux territorialités de projet dans le bassin méditerranéen|périodique=Montagnes Méditerranéennes|date=2004|lire en ligne=https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00261779/document|pages=5-12}}</ref>. L'accroissement progressif de la mobilité des femmes fait apparaître une identification [[symbolique]] progressive des femmes aux lieux qu'elles fréquentent contrairement aux hommes pour qui ce processus d'appropriation est implicite<ref name="L&L p395">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=[[Jacques Lévy (géographe)|Jacques Lévy]]|auteur2=[[Michel Lussault]]|titre=Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|année=2003|pages totales=1033|passage=394-395|isbn=2-7011-2645-2|titre chapitre=Genres (Géographie des)}}</ref>.


==== Échelle méso-socio-spatiale ====
==== Échelle méso-socio-spatiale ====
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L'échelle macro est largement destinée aux institutions et aux sociétés d'ordre mondiale et nationale. Elles intègrent de façon volontariste les discours de genre au sein des organisations et des projets territoriaux. Leurs [[effet]]s se manifestent par un aplanissement des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes et oblige à une redéfinition des pratiques, des rôles et de la [[Hiérarchie des genres|hiérarchisation]] des rapports sociaux entre les sexes<ref name="a" />.
L'échelle macro est largement destinée aux institutions et aux sociétés d'ordre mondiale et nationale. Elles intègrent de façon volontariste les discours de genre au sein des organisations et des projets territoriaux. Leurs [[effet]]s se manifestent par un aplanissement des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes et oblige à une redéfinition des pratiques, des rôles et de la [[Hiérarchie des genres|hiérarchisation]] des rapports sociaux entre les sexes<ref name="a" />.


== Principaux domaines d'utilisation de la géographie du genre ==
== Principaux domaines d'utilisation ==
Le genre est abordé à travers différents champs de la géographie avec une grande diversité de thèmes surtout dans la géographie anglophone. En 2001, les sessions du colloque de l'''{{Langue|anglais|Association of American Geographers}}'' portent par exemple sur : l’État, les universités, la [[marginalisation]], les enfants, la [[technologie de l'information]] et leur impact, le développement, le [[handicap]], la mobilité, la croissance urbaine, les [[religions]], le [[syndicalisme]], le [[tourisme]], les activités rurales{{Etc.}}<ref name=":2" />.
Le genre est abordé à travers différents champs de la géographie avec une grande diversité de thèmes surtout dans la géographie anglophone. En 2001, les sessions du colloque de l'''{{Langue|anglais|Association of American Geographers}}'' portent par exemple sur : l’État, les universités, la [[marginalisation]], les enfants, la [[technologie de l'information]] et leur impact, le développement, le [[handicap]], la mobilité, la croissance urbaine, les [[religions]], le [[syndicalisme]], le [[tourisme]], les activités rurales{{Etc.}}<ref name=":2" />.


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=== Géographie des sexualités et ''gay, lesbian, bi- and trans gender studies'' ===
=== Géographie des sexualités et ''gay, lesbian, bi- and trans gender studies'' ===
Le terme de genre {{Citation|permet de repenser le lien entre sexe et genre}}, d'où les interactions entre ce concept et le développement des études portant sur les personnes [[LGBT|LGBT+]]<ref name=":7" />. En effet, l'homosexualité {{Citation|remet en question les rôles genrés traditionnels}}<ref name=":7" />.[[Fichier:FIG 2015 - Béatrice Collignon.jpg|alt=Photographie de Béatrice Collignon|vignette|213x213px|Béatrice Collignon, géographe ayant promu les approches de géographie du genre et des sexualités]]
Le terme de genre {{Citation|permet de repenser le lien entre sexe et genre}}, d'où les interactions entre ce concept et le développement des études portant sur les personnes [[LGBT|LGBT+]]<ref name=":7" />. En effet, l'homosexualité {{Citation|remet en question les rôles genrés traditionnels}}<ref name=":7" />.[[Fichier:FIG 2015 - Béatrice Collignon.jpg|alt=Photographie de Béatrice Collignon|vignette|213x213px|[[Béatrice Collignon]], géographe ayant promu les approches de géographie du genre et des sexualités]]
La géographie des sexualités regroupe un ensemble de travaux portant sur les dimensions spatiales de la sexualité. D'après Karine Duplan, la géographie des sexualités a été influencée par trois courants<ref name=":17" /> :
La géographie des sexualités regroupe un ensemble de travaux portant sur les dimensions spatiales de la sexualité. D'après Karine Duplan, la géographie des sexualités a été influencée par trois courants<ref name=":17" /> :


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* les géographies féministes, des femmes et du [[Genre (sciences sociales)|genre]] ;
* les géographies féministes, des femmes et du [[Genre (sciences sociales)|genre]] ;
* la géographie [[queer]]<ref name=":17">{{Article |langue=fr |prénom1=Karine |nom1=Duplan |titre=Les géographies des sexualités et la géographie française peuvent-elles faire bon ménage ? |périodique=Géographie et cultures |numéro=83 |date=2012-11-01 |issn=1165-0354 |doi=10.4000/gc.2087 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/gc/2087 |consulté le=2021-10-01 |pages=117–138 }}</ref>.
* la géographie [[queer]]<ref name=":17">{{Article |langue=fr |prénom1=Karine |nom1=Duplan |titre=Les géographies des sexualités et la géographie française peuvent-elles faire bon ménage ? |périodique=Géographie et cultures |numéro=83 |date=2012-11-01 |issn=1165-0354 |doi=10.4000/gc.2087 |lire en ligne=https://journals.openedition.org/gc/2087 |consulté le=2021-10-01 |pages=117–138 }}</ref>.
[[Fichier:Jean-François Staszak par Claude Truong-Ngoc octobre 2015.jpg|alt=Photographie de Jean-François Staszak|gauche|vignette|197x197px|Jean-François Staszak géographe ayant promu les approches de géographie du genre et des sexualités]]
[[Fichier:Jean-François Staszak par Claude Truong-Ngoc octobre 2015.jpg|alt=Photographie de Jean-François Staszak|gauche|vignette|197x197px|[[Jean-François Staszak]], géographe ayant promu les approches de géographie du genre et des sexualités]]
Le livre ''{{Langue|anglais|Mapping Desire}}'' de [[Gill Valentine]] et David Bell, publié en 1995, est fondamental dans le développement de la géographie des sexualités. Il regroupe des travaux portant sur différentes minorités sexuelles et différents types d'espaces, de géographes devenus des références dans le champ : David Bell, Jon Binnie, Michael Brown, [[Lynda Johnston]], Laurence Knopp, [[Linda McDowell]] et [[Gill Valentine]]<ref name=":13" />{{,}}<ref name=":16" />. Il est considéré comme le premier ouvrage abordant les questions de sexualité du point de vue de la géographie<ref name=":17" />. {{Citation|Ces travaux sont plutôt centrés sur les identités sexuelles et les espaces de résistance créés pour faire face à l’hétéronormativité de l’espace public}}<ref name=":16" />.
Le livre ''{{Langue|anglais|Mapping Desire}}'' de [[Gill Valentine]] et David Bell, publié en 1995, est fondamental dans le développement de la géographie des sexualités. Il regroupe des travaux portant sur différentes minorités sexuelles et différents types d'espaces, de géographes devenus des références dans le champ : David Bell, Jon Binnie, Michael Brown, [[Lynda Johnston]], Laurence Knopp, [[Linda McDowell]] et [[Gill Valentine]]<ref name=":13" />{{,}}<ref name=":16" />. Il est considéré comme le premier ouvrage abordant les questions de sexualité du point de vue de la géographie<ref name=":17" />. {{Citation|Ces travaux sont plutôt centrés sur les identités sexuelles et les espaces de résistance créés pour faire face à l’hétéronormativité de l’espace public}}<ref name=":16" />.


Ces thématiques émergent plus tard et plus difficilement en France<ref name=":13" />{{,}}<ref name=":16" />.
Ces thématiques émergent plus tard et plus difficilement en France<ref name=":13" />{{,}}<ref name=":16" />.
[[Fichier:Bear Café à Paris.jpg|alt=Photographie de la devanture du Bear Café à Paris.|vignette|283x283px|Les premiers travaux de géographie des sexualités français portent sur Paris et notamment ses lieux de sociabilité LGBT, ici un café.]]
D'après [[Marianne Blidon]], les géographes français découvrent la question gay à travers les travaux de Boris Grésillon et les positionnement de [[Jean-François Staszak]] et [[Béatrice Collignon]] en faveur de la géographie postmoderniste. Suivent ensuite les travaux de Stéphane Leroy, Emmanuel Jaurand, Nicolas Boivin et [[Marianne Blidon]] (dont la thèse soutenue en 2007 est la première sur la question en France) sur la question. Tout comme les géographes espagnol Víctor Fernández Salinas et belge Jean-Michel Decroly, ils ont notamment pour référence les géographes britanniques [[Gill Valentine]], David Bell et Jon Binnie<ref name=":13" />. La plupart des premiers travaux français de géographie des sexualités portent sur [[Paris]]<ref name=":16" />.


Dans le cadre de la géographie de l'homosexualité, les [[lesbiennes]] sont souvent invisibilisées par rapport aux [[Gay (homosexualité)|gays]] : les travaux portant sur elles sont moins nombreux<ref name=":13" />{{,}}<ref name=":16" />. Nadine Cattan et Anne Clerval montrent que leur rapport à l'espace est différent de celui des [[Gay (homosexualité)|gays]]<ref name=":16" />.
D'après Marianne Blidon, les géographes français découvrent la question gay à travers les travaux de Boris Grésillon et les positionnement de [[Jean-François Staszak]] et [[Béatrice Collignon]] en faveur de la géographie postmoderniste. Suivent ensuite les travaux de Stéphane Leroy, Emmanuel Jaurand, Nicolas Boivin et Marianne Blidon (dont la thèse soutenue en 2007 est la première sur la question en France) sur la question. Tout comme les géographes espagnol Víctor Fernández Salinas et belge Jean-Michel Decroly, ils ont notamment pour référence les géographes britanniques [[Gill Valentine]], David Bell et Jon Binnie<ref name=":13" />. La plupart des premiers travaux français de géographie des sexualités portent sur [[Paris]]<ref name=":16" />.

Dans le cadre de la géographie de l'homosexualité, les [[lesbiennes]] sont souvent invisibilisées par rapport aux [[Gay (homosexualité)|gays]]: les travaux portant sur elles sont moins nombreux<ref name=":13" />{{,}}<ref name=":16" />. Nadine Cattan et Anne Clerval montrent que leur rapport à l'espace est différent de celui des gays<ref name=":16" />.


Le terme « ''queer'' » est discuté par certains et certaines géographes et proposé pour pallier les manques d'une géographie des sexualités pas assez attentive à la fluidité des genres<ref name=":16" />. Ces géographies des sexualités marquées par une lecture queer proposent de nouvelles approches et objets d'étude<ref name=":17" />.
Le terme « ''queer'' » est discuté par certains et certaines géographes et proposé pour pallier les manques d'une géographie des sexualités pas assez attentive à la fluidité des genres<ref name=":16" />. Ces géographies des sexualités marquées par une lecture queer proposent de nouvelles approches et objets d'étude<ref name=":17" />.


=== Géographies ''queers'' ===
=== Géographies ''queers'' ===
[[Fichier:"Queer we go" Erfurt 2020 (49959508836).jpg|vignette|Tag ''queer'' dans la rue en Allemagne.]]
Le terme queer, d'abord péjoratif, est récupéré par une partie des communautés homosexuelle et trans et porte une connotation politique importante<ref name=":16" />{{,}}<ref name=":19" />. Sa définition est complexe<ref name=":16" />. La théorie ''queer'' met notamment en question l'hétérosexualité<ref name=":19" />.
Le terme « ''queer »'', d'abord péjoratif, est récupéré par une partie des communautés homosexuelle et trans et porte une connotation politique importante<ref name=":16" />{{,}}<ref name=":19" />. Sa définition est complexe<ref name=":16" />. La théorie ''queer'' met notamment en question l'hétérosexualité<ref name=":19" />.


Les approches [[Queer|''queers'']] ont pour héritage le [[Postmodernisme (sciences sociales)|postmodernisme]] et le [[féminisme]] et en particulier les travaux de [[Judith Butler]]''<ref name=":16" />''. Le ''queer'' est diffusé dans le champ académique par les travaux de [[Teresa de Lauretis]] et de [[Judith Butler]], sans que la seconde ne se rattache explicitement à ce champ<ref name=":19" />. Le concept de « performance » utilisé par [[Judith Butler]] devient central dans la théorie ''queer''<ref name=":19" />. Dans le cadre de la géographie, il permet de {{Citation|porter l’attention sur le rapport entre corps et espace, et de mettre en évidence la matérialité de ce rapport et ses conséquences sur les transformations de l’espace. Cette perspective d’analyse s’avère intéressante dans la géographie du genre et de la sexualité mais aussi dans les recherches sur les mouvements sociaux et sur l’usage de l’espace (surtout urbain) dans le militantisme}}<ref name=":19" />.
Les approches [[Queer|''queers'']] ont pour héritage le [[Postmodernisme (sciences sociales)|postmodernisme]] et le [[féminisme]] et en particulier les travaux de [[Judith Butler]]''<ref name=":16" />''. Le ''queer'' est diffusé dans le champ académique par les travaux de [[Teresa de Lauretis]] et de [[Judith Butler]], sans que la seconde ne se rattache explicitement à ce champ<ref name=":19" />. Le concept de « performance » utilisé par [[Judith Butler]] devient central dans la théorie ''queer''<ref name=":19" />. Dans le cadre de la géographie, il permet de {{Citation|porter l’attention sur le rapport entre corps et espace, et de mettre en évidence la matérialité de ce rapport et ses conséquences sur les transformations de l’espace. Cette perspective d’analyse s’avère intéressante dans la géographie du genre et de la sexualité mais aussi dans les recherches sur les mouvements sociaux et sur l’usage de l’espace (surtout urbain) dans le militantisme}}<ref name=":19" />.
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Cha Prieur évoque différentes pistes thématiques et méthodologiques développées par les géographies ''queers''<ref name=":16" /> :
Cha Prieur évoque différentes pistes thématiques et méthodologiques développées par les géographies ''queers''<ref name=":16" /> :


* l'étude de {{Citation|l’entre-deux des genres et des sexualités}}, dans laquelle s'inscrivent par exemple les travaux de Kath Browne, Catherine J. Nash, Alison Bain, Cha Prieur et Phil Hubbard ;
* l'étude de {{Citation|l’entre-deux des genres et des sexualités}}, dans laquelle s'inscrivent par exemple les travaux de [[Kath Browne]], Catherine J. Nash, Alison Bain, Cha Prieur et Phil Hubbard ;
* les enjeux de la {{Citation|production des savoirs et méthodologies queers}} qui comptent notamment l'ouvrage ''{{Langue|an|Queer Methods and Methodologies}}'' de Kath Browne et Catherine J. Nash, paru en 2010 et mobilisent beaucoup les théories des [[Savoir situé|savoirs situés]] tout en mettant en cause l'injonction à la réflexivité ;
* les enjeux de la {{Citation|production des savoirs et méthodologies queers}} qui comptent notamment l'ouvrage ''{{Langue|an|Queer Methods and Methodologies}}'' de [[Kath Browne]] et Catherine J. Nash, paru en 2010 et mobilisent beaucoup les théories des [[Savoir situé|savoirs situés]] tout en mettant en cause l'injonction à la réflexivité ;
* la question de l'engagement de la recherche et du lien avec les milieux militants<ref name=":16" />.
* la question de l'engagement de la recherche et du lien avec les milieux militants<ref name=":16" />.


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==== Première vague de géographie ''queer'' ====
==== Première vague de géographie ''queer'' ====
Le projet ''queer'' en géographie est centré autour de la déconstruction de la norme hétérosexuelle. Sa première vague est surtout portée par des géographes gais et lesbiennes britanniques et a pour référence numéro de lancement de la revue ''{{Lien|langue=en|trad=Gender, place and culture|fr=Gender, place and culture}}'' et les travaux de David Bell et [[Gill Valentine]]<ref name=":17" />. D'après Karine Duplan, {{Citation|en s’appuyant sur la performativité et la fluidité des identités et des espaces, les auteur.e.s mettent l’accent sur la déconstruction des binarités qui nous servent à penser notre espace d’ordre}}<ref name=":17" />. Ces travaux de la première vague ''queer'' considèrent que les espaces sont produits par [[Hétéronormativité|l'hétéronormativité]]. Ce faisant, ils ont paradoxalement tendance à renforcer l'opposition entre les espaces hétéronormatifs et les espaces ''queers''<ref name=":17" />.
Le projet ''queer'' en géographie est centré autour de la déconstruction de la norme hétérosexuelle. Sa première vague est surtout portée par des géographes gais et lesbiennes britanniques et a pour référence numéro de lancement de la revue ''{{Lien|langue=en|trad=Gender, Place & Culture|fr=Gender, place and culture}}'' et les travaux de David Bell et [[Gill Valentine]]<ref name=":17" />. D'après Karine Duplan, {{Citation|en s’appuyant sur la performativité et la fluidité des identités et des espaces, les auteur.e.s mettent l’accent sur la déconstruction des binarités qui nous servent à penser notre espace d’ordre}}<ref name=":17" />. Ces travaux de la première vague ''queer'' considèrent que les espaces sont produits par [[Hétéronormativité|l'hétéronormativité]]. Ce faisant, ils ont paradoxalement tendance à renforcer l'opposition entre les espaces hétéronormatifs et les espaces ''queers''<ref name=":17" />.


La première vague de géographie ''queer'' donne lieu à des débats et fait l'objet de nombreuses critiques, pour son sexisme, son racisme, son ethnocentrisme, son orientation discursive et sa désincarnation<ref name=":17" />.
La première vague de géographie ''queer'' donne lieu à des débats et fait l'objet de nombreuses critiques, pour son sexisme, son racisme, son ethnocentrisme, son orientation discursive et sa désincarnation<ref name=":17" />.
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Dans la lignée des travaux féministes, la deuxième vague de géographie ''queer'' donne une place plus importante au corps. Les géographies [[Transidentité|trans]] sont au cœur de cette évolution et participent au développement de nouvelles méthodologies et approches, centrées notamment sur les expériences de vie individuelles (travaux de Sally Hines et Catherine J. Nash), l'autoethnographie (travaux de Petra Doan) et le rôle du désir (travaux de Jon Binnie) des émotions dans la recherche scientifique<ref name=":17" />.
Dans la lignée des travaux féministes, la deuxième vague de géographie ''queer'' donne une place plus importante au corps. Les géographies [[Transidentité|trans]] sont au cœur de cette évolution et participent au développement de nouvelles méthodologies et approches, centrées notamment sur les expériences de vie individuelles (travaux de Sally Hines et Catherine J. Nash), l'autoethnographie (travaux de Petra Doan) et le rôle du désir (travaux de Jon Binnie) des émotions dans la recherche scientifique<ref name=":17" />.


La deuxième vague de géographie ''queer'' insiste sur le fait que le terme de ''queer'' n'est pas seulement un équivalent de LGBT mais qu'il sert à contester autant l'[[hétéronormativité]] que l'[[homonormativité]], comme le souligne Kath Browne. Ce courant appelle aussi à analyser [[Hétéronormativité|l'hétéronormativité]] elle-même, comme le font Natalie Oswin et Philip Hubbard. Contrairement à certains travaux antérieurs de géographie des sexualités et ''queer'', il remet aussi en cause la primauté de la sexualité comme critère d'identification par rapport par exemple au genre, à la race, ou à la classe sociale. C'est le cas des études réalisées par Heidi Nast sur le patriarcat homosexuel, ou par Alison Bain et Catherine J. Nash sur les normes de genre et de classe dans les saunas lesbiens<ref name=":17" />.
La deuxième vague de géographie ''queer'' insiste sur le fait que le terme de ''queer'' n'est pas seulement un équivalent de LGBT mais qu'il sert à contester autant l'[[hétéronormativité]] que l'[[homonormativité]], comme le souligne [[Kath Browne]]. Ce courant appelle aussi à analyser [[Hétéronormativité|l'hétéronormativité]] elle-même, comme le font Natalie Oswin et Philip Hubbard. Contrairement à certains travaux antérieurs de géographie des sexualités et ''queer'', il remet aussi en cause la primauté de la sexualité comme critère d'identification par rapport par exemple au genre, à la race, ou à la classe sociale. C'est le cas des études réalisées par Heidi Nast sur le patriarcat homosexuel, ou par Alison Bain et Catherine J. Nash sur les normes de genre et de classe dans les saunas lesbiens<ref name=":17" />.

=== Géomatique et SIG féministes ===
Des géographes anglophones comme Nadine Schuurman, [[Mei-Po Kwan]], [[Geraldine Pratt]], [[Susan Hanson]] et [[Marianna Pavlovskaya]] développent des théories et des méthodes de géomatique et [[Système d'information géographique|systèmes d'information géographique]] (SIG) prenant en compte le genre voire féministes. Les SIG féministes sont liés aux SIG critiques et à la cartographie critique<ref name=":4" />.


== Critiques et débats ==
== Critiques et débats ==
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D'après ''The feminist scholarschip'', les études [[universitaires]] portant sur la géographie de genre seraient principalement issues de femmes « blanches, [[Hétérosexualité|hétérosexuelles]], et [[occident]]ales » et conduiraient à négliger les variétés de autres systèmes sociaux des femmes non-blanches, non-hétérosexuelles et non-occidentales<ref name=":3" />. Cependant les études récentes des rapports de genre commenceraient à prendre de façon croissante ces variables interculturelles en considération<ref name="L&L p395" />.
D'après ''The feminist scholarschip'', les études [[universitaires]] portant sur la géographie de genre seraient principalement issues de femmes « blanches, [[Hétérosexualité|hétérosexuelles]], et [[occident]]ales » et conduiraient à négliger les variétés de autres systèmes sociaux des femmes non-blanches, non-hétérosexuelles et non-occidentales<ref name=":3" />. Cependant les études récentes des rapports de genre commenceraient à prendre de façon croissante ces variables interculturelles en considération<ref name="L&L p395" />.


== Principaux auteurs et autrices anglophones et francophones de la géographie du genre ==
== Principaux auteurs et autrices ==


=== Auteurs et autrices francophones en lien avec la géographie du genre ===
=== Auteurs et autrices francophones en lien avec la géographie du genre ===
Par ordre alphabétique :
Par ordre alphabétique :
* [[Marianne Blidon]] : géographe, maîtresse de conférences à l'Institut de démographie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a été membre fondatrice et codirectrice de la revue ''[[Genre, sexualité et société]]'', et membre du comité de ''{{Lien|langue=en|trad=Gender, Place & Culture|fr=Gender, Place & Culture}}''<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Gender, Place and Culture: A Journal of Feminist Geography |url=https://genderplaceandculture.wordpress.com/ |site=Gender, Place and Culture: A Journal of Feminist Geography |consulté le=2021-07-06}}</ref>. Elle a aussi créé et codirigé le certificat d'études genre à l'université Paris 1 et elle est membre de la commission genre et géographie de l'UGI<ref>{{Lien web |langue=en |titre=STEERING COMMITTEE |url=https://igugender.wixsite.com/igugender/members |site=igugender |consulté le=2021-01-03}}</ref>. Elle a soutenu la première thèse française en géographie des sexualités et son habilitation à diriger des recherches sur la géographie féministe.
* [[Marianne Blidon]] : géographe, maîtresse de conférences à l'Institut de démographie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a été membre fondatrice et codirectrice de la revue ''[[Genre, sexualité et société]]'', et membre du comité de ''{{Lien|langue=en|trad=Gender, Place & Culture|fr=Gender, Place & Culture}}''<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Gender, Place and Culture: A Journal of Feminist Geography |url=https://genderplaceandculture.wordpress.com/ |site=Gender, Place and Culture: A Journal of Feminist Geography |consulté le=2021-07-06}}.</ref>. Elle a aussi créé et codirigé le certificat d'études genre à l'université Paris 1 et elle est membre de la commission genre et géographie de l'UGI<ref>{{Lien web |langue=en |titre=STEERING COMMITTEE |url=https://igugender.wixsite.com/igugender/members |site=igugender |consulté le=2021-01-03}}.</ref>. Elle a soutenu la première thèse française en géographie des sexualités et son habilitation à diriger des recherches sur la géographie féministe.
*[[Rachele Borghi]] : maîtresse de conférences en géographie à l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Spécialiste du post-porn et du pornactivisme, elle inscrit son travail dans une géographie queer et décoloniale.
*[[Rachele Borghi]] : maîtresse de conférences en géographie à l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Spécialiste du post-porn et du pornactivisme, elle inscrit son travail dans une géographie queer et décoloniale.
*Nadine Cattan : directrice de recherche au CNRS (Laboratoire : Géographie-Cités). Ses travaux portent notamment sur la manière dont le genre et la sexualité organisent l'espace et produisent des territorialités spécifiques (en particulier urbaines).
*Nadine Cattan : directrice de recherche au CNRS (Laboratoire : Géographie-Cités). Ses travaux portent notamment sur la manière dont le genre et la sexualité organisent l'espace et produisent des territorialités spécifiques (en particulier urbaines).
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* Sophie Louargant : maîtresse de conférences en Géographie à l'université de Grenoble Alpes (Laboratoire : PACTE). Elle a soutenu en 2003 une thèse portant sur la mobilisation du concept de [[Genre (sciences sociales)|genre]] pour analyser la notion de [[territoire]].
* Sophie Louargant : maîtresse de conférences en Géographie à l'université de Grenoble Alpes (Laboratoire : PACTE). Elle a soutenu en 2003 une thèse portant sur la mobilisation du concept de [[Genre (sciences sociales)|genre]] pour analyser la notion de [[territoire]].
*Corinne Luxembourg : maîtresse de conférences en géographie à l'université d'Artois (Laboratoire : Discontinuités)
*Corinne Luxembourg : maîtresse de conférences en géographie à l'université d'Artois (Laboratoire : Discontinuités)
*Kamala Marius : maîtresse de conférences HDR en géographie à l’Université de Bordeaux Montaigne (Laboratoire : LAM), elle travaille sur les inégalités de genre en Inde<ref>{{Lien web |titre=Entretien avec Kamala Marius {{!}} Institut du Genre |url=https://institut-du-genre.fr/fr/activites/congres/congres-de-l-institut-du-genre/congres-2019/article/entretien-avec-kamala-marius |site=institut-du-genre.fr |consulté le=2022-06-28}}</ref>.
*Kamala Marius : maîtresse de conférences HDR en géographie à l’Université de Bordeaux Montaigne (Laboratoire : LAM), elle travaille sur les inégalités de genre en Inde<ref>{{Lien web |titre=Entretien avec Kamala Marius {{!}} Institut du Genre |url=https://institut-du-genre.fr/fr/activites/congres/congres-de-l-institut-du-genre/congres-2019/article/entretien-avec-kamala-marius |site=institut-du-genre.fr |consulté le=2022-06-28}}.</ref>.
* [[Édith Maruéjouls]] : maîtresse de conférences en géographie à l'[[Université Bordeaux-Montaigne]], elle a créé le bureau d’études L’ARObE (Atelier recherche observatoire égalité).
* [[Édith Maruéjouls]] : maîtresse de conférences en géographie à l'[[Université Bordeaux-Montaigne]], elle a créé le bureau d’études L’ARObE (Atelier recherche observatoire égalité).
*Cha Prieur : géographe titulaire d'un doctorat. Cha Prieur a soutenu en 2015 une thèse à l'Université Paris 4 sur la géographie des milieux queers à Paris et Montreal, sous la direction de Louis Dupont.
*Cha Prieur : géographe titulaire d'un doctorat. Cha Prieur a soutenu en 2015 une thèse à l'Université Paris 4 sur la géographie des milieux queers à Paris et Montreal, sous la direction de Louis Dupont.
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*Yves Raibaud : maître de conférences émérite de l'Université Bordeaux Montaigne.
*Yves Raibaud : maître de conférences émérite de l'Université Bordeaux Montaigne.
*Mina Saïdi-Sharouz : architecte et docteure en géographie. Enseignante en SHS à l'ENSA Paris La Villette. Elle est spécialiste des pratiques spatiales des femmes dans les espaces publics iraniens.
*Mina Saïdi-Sharouz : architecte et docteure en géographie. Enseignante en SHS à l'ENSA Paris La Villette. Elle est spécialiste des pratiques spatiales des femmes dans les espaces publics iraniens.
*[[Camille Schmoll]] : directrice d'études à l'EHESS (Laboratoire : Géographie-cités). Ses travaux portent sur les dynamiques migratoires dans l’espace euro-méditerranéen, avec une attention spécifique portée aux vécus des femmes migrantes<ref>{{Lien web |titre=Rencontre publique avec Camille Schmoll, directrice d'études à l'EHESS |url=https://www.echosciences-paca.fr/evenements/rencontre-publique-avec-camille-schmoll-directrice-d-etudes-a-l-ehess |site=www.echosciences-paca.fr |consulté le=2022-03-08}}</ref>.
*[[Camille Schmoll]] : directrice d'études à l'EHESS (Laboratoire : Géographie-cités). Ses travaux portent sur les dynamiques migratoires dans l’espace euro-méditerranéen, avec une attention spécifique portée aux vécus des femmes migrantes<ref>{{Lien web |titre=Rencontre publique avec Camille Schmoll, directrice d'études à l'EHESS |url=https://www.echosciences-paca.fr/evenements/rencontre-publique-avec-camille-schmoll-directrice-d-etudes-a-l-ehess |site=echosciences-paca.fr |consulté le=2022-03-08}}.</ref>.
*[[Raymonde Séchet]] : professeure émérite de l'Université Rennes 2.
*[[Raymonde Séchet]] : professeure émérite de l'Université Rennes 2.
*[[Jean-François Staszak]] : professeur en géographie à l'université de Genève. Il étudie la géographie de genre à travers le biais des discours culturellement dominant et notamment l'altérité et l'exotisme<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-François Staszak]]|auteur2=[[Béatrice Collignon]]|auteur3=[[Christine Chivallon]]|auteur4=[[Bernard Debarbieux]]|auteur5=[[Isabelle Géneau de Lamarlière]]|auteur6=[[Claire Hancock]]|titre=Géographies anglo-saxonnes|sous-titre=Tendances contemporaines|passage=10-12|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|collection=Mappemonde|date=17/10/2001|pages totales=313|ean=9782701125190|lire en ligne=|consulté le=2022-04-05}}</ref>.
*[[Jean-François Staszak]] : professeur en géographie à l'université de Genève. Il étudie la géographie de genre à travers le biais des discours culturellement dominant et notamment l'altérité et l'exotisme<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Jean-François Staszak]]|auteur2=[[Béatrice Collignon]]|auteur3=[[Christine Chivallon]]|auteur4=[[Bernard Debarbieux]]|auteur5=[[Isabelle Géneau de Lamarlière]]|auteur6=[[Claire Hancock]]|titre=Géographies anglo-saxonnes|sous-titre=Tendances contemporaines|lieu=Paris|éditeur=[[Belin éditeur|Belin]]|collection=Mappemonde|date=17/10/2001|pages totales=313|passage=10-12|isbn=|ean=9782701125190|consulté le=2022-04-05}}</ref>.
*[[Marion Tillous]] : maîtresse de conférences en géographie et études de genre à l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis (Laboratoire : LEGS). Elle a travaillé sur le harcèlement sexuel dans les espaces de mobilité ; ses travaux portent aujourd'hui sur le contrôle spatial au sein du couple et ses conséquences sur la mobilité des femmes.
*[[Marion Tillous]] : maîtresse de conférences en géographie et études de genre à l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis (Laboratoire : LEGS). Elle a travaillé sur le harcèlement sexuel dans les espaces de mobilité ; ses travaux portent aujourd'hui sur le contrôle spatial au sein du couple et ses conséquences sur la mobilité des femmes.
*[[Anne Volvey]] : professeur en géographie à l'université d'Artois (Laboratoire : Textes et Cultures)
*[[Anne Volvey]] : professeur en géographie à l'université d'Artois (Laboratoire : Textes et Cultures)
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=== Autrices anglophones en lien avec la géographie du genre ===
=== Autrices anglophones en lien avec la géographie du genre ===


==== Géographes anglo-saxonnes (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie) ====
==== Géographes anglo-saxonnes (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle Zélande) ====
*[[Patricia Daley]], professeure à l'[[université d'Oxford]], mobilise une perspective historique [[Féminisme|féministe]] pour étudier les [[Génocide|génocides]] dans la région des [[Grands Lacs (Afrique)|Grands Lacs]].
*[[Mona Domosh]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Mona Domosh {{!}} Faculty Directory |url=https://faculty-directory.dartmouth.edu/mona-domosh |site=faculty-directory.dartmouth.edu |consulté le=2021-01-12}}</ref>, professeure à [[Dartmouth College]], elle a créé la revue Gender, Place and Culture avec [[Liz Bondi]]. Elle a publié plusieurs ouvrages de références notamment ''Putting Women in Place: Feminist Geographers Make Sense of the World'' avec [[Joni Seager]].
*[[Mona Domosh]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Mona Domosh {{!}} Faculty Directory |url=https://faculty-directory.dartmouth.edu/mona-domosh |site=faculty-directory.dartmouth.edu |consulté le=2021-01-12}}.</ref>, professeure à [[Dartmouth College]], elle a créé la revue Gender, Place and Culture avec [[Liz Bondi]]. Elle a publié plusieurs ouvrages de références notamment ''Putting Women in Place: Feminist Geographers Make Sense of the World'' avec [[Joni Seager]].
*[[Ruth Fincher]] est spécialiste de l'analyse de l'[[ethnicité]] et du genre dans l'environnement urbain bâti et dans l'interaction entre les institutions de l'État et le public.
*[[Ruth Fincher]] est spécialiste de l'analyse de l'[[ethnicité]] et du genre dans l'environnement urbain bâti et dans l'interaction entre les institutions de l'État et le public.
*[[Susan Hanson]] montre le lien entre la [[spatialisation]] et les [[trajectoire]]s en étudiant l'évolution du travail des femmes dans le secteur industriel de la région de [[Worcester (Massachusetts)|Worcester]] (Massachusetts-États-Unis). Il apparaît que les lieux de « ghettoisation » seraient dominés par les femmes et leurs activités économiques<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Susan Hanson]]|auteur2=[[Geraldine Pratt]]|titre=Gender, work, and space|passage=271|éditeur=Routledge|date=1995|pages totales=288|isbn=0-415-09940-4|isbn2=978-0-415-09940-0|isbn3=0-415-09941-2|oclc=31046229|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/mono/10.4324/9780203397411/gender-work-space-susan-hanson-geraldine-pratt|consulté le=2022-04-05}}</ref>.
*[[Susan Hanson]] montre le lien entre la [[spatialisation]] et les [[trajectoire]]s en étudiant l'évolution du travail des femmes dans le secteur industriel de la région de [[Worcester (Massachusetts)|Worcester]] (Massachusetts-États-Unis). Il apparaît que les lieux de « ghettoisation » seraient dominés par les femmes et leurs activités économiques<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Susan Hanson]]|auteur2=[[Geraldine Pratt]]|titre=Gender, work, and space|lieu=London/New York|éditeur=[[Routledge]]|année=1995|pages totales=288|passage=271|isbn=0-415-09940-4|isbn2=978-0-415-09940-0|isbn3=0-415-09941-2|oclc=31046229|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/mono/10.4324/9780203397411/gender-work-space-susan-hanson-geraldine-pratt|consulté le=2022-04-05}}</ref>.
*[[Louise Johnson (géographe)|Louise Johnson]], [[géographe]] et universitaire [[Australie|australienne]], spécialisée en géographie du genre, s'intéresse aux évolutions urbaines et [[Études postcoloniales|post-coloniales]] en Australie<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Associate Professor Louise Johnson (Australia-International Medal) Citation |url=https://www.iag.org.au/index.cfm?display=1671617 |site=iag.org.au |consulté le=2023-07-19}}.</ref>.
*[[Doreen Massey]] utilise les courants communautaires et féministes pour étudier les divisions de l'espace. Elle a défini des espaces différenciés en fonction des sexes et de mixités notamment dans le cadre de la division du travail hommes-femmes dans les usines londoniennes<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Doreen Massey]]|titre=Spatial divisions of labour : social structures and the geography of production|éditeur=Bloomsbury Publishing|date=1995|isbn=0-333-59493-2|isbn2=978-0-333-59493-3|isbn3=0-333-59494-0|oclc=32947986|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/32947986|consulté le=2022-04-05}}</ref>.
*[[Cindi Katz]], développe une approche féministe marxiste dans ses travaux de géographie.
*[[Linda McDowell]] fait partie des cofondatrice du groupe de recherche sur les femmes et la géographie de la [[Royal Geographical Society]] en 1982<ref>{{Ouvrage|nom1=Women and Geography Study Group of the IBG|nom2=Explorations in Feminism Collective|titre=Geography and gender : an introduction to feminist geography|passage=15|éditeur=Hutchinson, in association with the Explorations in Feminism Collective|date=1984|isbn=0-09-156671-1|isbn2=978-0-09-156671-5|oclc=10912488|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/10912488|consulté le=2022-07-22}}</ref>.
*[[Audrey Kobayashi]], [[géographe]] [[Canada|canadienne]] s'est spécialisée en [[géographie]], [[géopolitique]] et en études raciales et de genre.
*[[Janet Momsen]] montre la validité de l'utilisation de critères genrés dans le cadre de ses travaux en géographie du développement et de la pauvreté pour prendre en considération la place des femmes dans le développement économique mondial<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Janet Momsen]]|prénom1=Janet Henshall|nom1=Momsen|prénom2=Vivian|nom2=Kinnaird|titre=Different places, different voices|sous-titre=Gender and development in Africa, Asia, and Latin America|éditeur=Routledge|date=1993|isbn=978-0-203-03302-9|isbn2=0-203-03302-7|isbn3=978-1-134-90402-0|oclc=646717735|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9780203033029/different-places-different-voices-vivian-kinnaird-janet-momsen|consulté le=2022-04-05}}</ref>.
*[[Robyn Longhurst]], étudie le corps en géographie et notamment pendant la grossesse.
*[[Doreen Massey]] utilise les courants communautaires et féministes pour étudier les divisions de l'espace. Elle a défini des espaces différenciés en fonction des sexes et de mixités notamment dans le cadre de la division du travail hommes-femmes dans les usines londoniennes<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Doreen Massey]]|titre=Spatial divisions of labour|sous-titre=social structures and the geography of production|lieu=Basingstoke|éditeur=[[Bloomsbury Publishing]]|année=1995|pages totales=393|isbn=0-333-59493-2|isbn2=978-0-333-59493-3|isbn3=0-333-59494-0|oclc=32947986|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/32947986|consulté le=2022-04-05}}</ref>.
*[[Linda McDowell]] fait partie des cofondatrice du groupe de recherche sur les femmes et la géographie de la [[Royal Geographical Society]] en 1982<ref>{{Ouvrage|nom1=Women and Geography Study Group of the IBG|nom2=Explorations in Feminism Collective|titre=Geography and gender|sous-titre=an introduction to feminist geography|éditeur=Hutchinson, in association with the Explorations in Feminism Collective|année=1984|passage=15|isbn=0-09-156671-1|isbn2=978-0-09-156671-5|oclc=10912488|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/10912488|consulté le=2022-07-22}}</ref>.
*[[Janet Townsend]] pionnière en géographie du genre dans les pays en développement.
*[[Janet Momsen]] montre la validité de l'utilisation de critères genrés dans le cadre de ses travaux en géographie du développement et de la pauvreté pour prendre en considération la place des femmes dans le développement économique mondial<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Janet Momsen]]|prénom1=Janet Henshall|nom1=Momsen|prénom2=Vivian|nom2=Kinnaird|titre=Different places, different voices|sous-titre=Gender and development in Africa, Asia, and Latin America|éditeur=[[Routledge]]|année=1993|isbn=978-0-203-03302-9|isbn2=0-203-03302-7|isbn3=978-1-134-90402-0|oclc=646717735|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9780203033029/different-places-different-voices-vivian-kinnaird-janet-momsen|consulté le=2022-04-05}}</ref>.
*[[Janice Monk]] a joué un rôle central dans l'institutionnalisation de la géographie du genre aux États-Unis et dans le monde notamment par son implication dans les associations professionnelles (AAG et UGI) mais aussi par le mentorat qu'elle a réalisé tout au long de sa carrière.
*[[Janice Monk]] a joué un rôle central dans l'institutionnalisation de la géographie du genre aux États-Unis et dans le monde notamment par son implication dans les associations professionnelles (AAG et UGI) mais aussi par le mentorat qu'elle a réalisé tout au long de sa carrière.
*[[Rachel Pain]] publie de nombreux articles sur les violences, la sécurité communautaire, le traumatisme ou encore la peur.
*[[Gillian Rose]] articule la géographie féministe, l'étude des cultures visuelles et l'analyse des savoirs géographiques. Elle est l'autrice du livre ''Feminism and Geography: The Limits of Geographical Knowledge'' publié en 1993.
*[[Gillian Rose]] articule la géographie féministe, l'étude des cultures visuelles et l'analyse des savoirs géographiques. Elle est l'autrice du livre ''Feminism and Geography: The Limits of Geographical Knowledge'' publié en 1993.
*[[Jo Sharp]], géographe écossaise, a publié plusieurs ouvrages de géographie féministe avec [[Linda McDowell]].
*[[Gill Valentine]] est spécialiste de géographie sociale, du genre et des sexualités.
*[[Gill Valentine]] est spécialiste de géographie sociale, du genre et des sexualités.


==== Géographes indiennes ====
==== Géographes indiennes ====
*[[Saraswati Raju]], professeure à l'[[Université Jawaharlal-Nehru|Université Jawaharlal Nehru]], analyse la marginalisation des femmes dans le marché du travail et dans l'éducation en Inde<ref>{{Lien web |titre=Saraswati Raju - Dictionnaire universel des créatrices |url=https://www.dictionnaire-creatrices.com/fiche-saraswati-raju?q=Saraswati+Raju+}}</ref>.
*[[Saraswati Raju]], professeure à l'[[Université Jawaharlal-Nehru|Université Jawaharlal Nehru]], analyse la marginalisation des femmes dans le marché du travail et dans l'éducation en Inde<ref>{{Lien web |titre=Saraswati Raju - Dictionnaire universel des créatrices |url=https://www.dictionnaire-creatrices.com/fiche-saraswati-raju?q=Saraswati+Raju+}}.</ref>.
*[[Kuntala Lahiri-Dutt]] a travaillé sur les femmes employées dans les mines et œuvre pour l'empowerment ([[Empowerment des femmes|autonomisation]]) des femmes.
*[[Kuntala Lahiri-Dutt]] a travaillé sur les femmes employées dans les mines et œuvre pour l'empowerment ([[Empowerment des femmes|autonomisation]]) des femmes.
*[[Gopa Samanta]] est engagée dans la défense des femmes et travailleurs pauvres marginalisés, et des questions de villes et transports.
*[[Gopa Samanta]] est engagée dans la défense des femmes et travailleurs pauvres marginalisés, et des questions de villes et transports.
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=== Dans d'autres langues ===
=== Dans d'autres langues ===


* [[Maria Dolors García Ramón]] est une pionnière de la géographie du genre. Elle a introduit la perspective de genre dans la géographie sociale et culturelle<ref>{{Lien web |langue=espagnol |titre=María Dolors García Ramón |url=https://aulaintercultural.org/quien-es-quien-en-interculturalidad/maria-dolors-garcia-ramon/}}</ref>.
* [[Maria Dolors García Ramón]] est une pionnière de la géographie du genre. Elle a introduit la perspective de genre dans la géographie sociale et culturelle<ref>{{Lien web |langue=espagnol |titre=María Dolors García Ramón |url=https://aulaintercultural.org/quien-es-quien-en-interculturalidad/maria-dolors-garcia-ramon/}}.</ref>.
* [[Isabel Margarida André]] est pionnière au Portugal de la géographie du genre. Sa thèse porte sur le travail domestique et les rapports de genre<ref>{{Lien web |langue=pt-PT |titre=Isabel Margarida André (1956-2017) |url=https://www.cig.gov.pt/2017/04/isabel-margarida-andre-1956-2017/ |site=CIG |date=2017-04-05 |consulté le=2022-03-08}}</ref>.
* [[Isabel Margarida André]] est pionnière au Portugal de la géographie du genre. Sa thèse porte sur le travail domestique et les rapports de genre<ref>{{Lien web |langue=pt-PT |titre=Isabel Margarida André (1956-2017) |url=https://www.cig.gov.pt/2017/04/isabel-margarida-andre-1956-2017/ |site=CIG |date=2017-04-05 |consulté le=2022-03-08}}.</ref>.
* [[Mei-Po Kwan]], géographe d'origine Hong-Kongaise, défend l'idée de la possibilité d'un usage critique, et notamment [[Féminisme|féministe]], des [[Système d'information géographique|systèmes d'information géographique]]<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Henri|nom1=Desbois|titre=La carte et le territoire à l’ère numérique|périodique=Socio. La nouvelle revue des sciences sociales|numéro=4|date=2015-04-25|issn=2266-3134|lire en ligne=https://journals.openedition.org/socio/1262|consulté le=2023-07-19|pages=39–60}}</ref>.
* [[Brenda Yeoh]] est une [[géographe]] [[Singapour|singapourienne]] qui travaille notamment sur la thématique des migrations

== Prix ==
Le ''[[Janice Monk]] Service Award'' est décerné chaque année par le groupe ''Geographic Perspectives on Women'' de l'[[American Association of Geographers]] depuis 2000.


Depuis 2009, un ''[[Susan Hanson]] Dissertation Proposal Award'' est également attribué par ce même groupe<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Previous Award Winners |url=http://feministgeographies.org/aag-sessions/gpow-related-calls-for-papers/ |site=feministgeographies.org|brisé le = 2023-11-01}}.</ref>'''''.'''''
== Prix internationaux ==
Le ''Janice Monk Service Award'' est décerné chaque année par le groupe ''Geographic Perspectives on Women'' de l'[[American Association of Geographers]] depuis 2000.


Le prix [[Isabel Margarida André|Isabel André]] est décerné au [[Portugal]] pour récompenser des thèses de doctorat dans les domaines de la [[géographie]] et de l'[[aménagement du territoire]] développant une réflexion sur le [[Genre (sciences sociales)|genre]]<ref>{{Lien web |langue=pt-pt |nom=CEG |titre=Prémio Isabel André para teses de doutoramento em Género e Geografia 2021 |url=https://ceg.ulisboa.pt/premio-isabel-andre-2021/ |site=CEG |consulté le=2023-02-17}}.</ref>.
Depuis 2009, un ''Susan Hanson Dissertation Proposal Award'' est également attribué par ce même groupe<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Previous Award Winners |url=http://feministgeographies.org/aag-sessions/gpow-related-calls-for-papers/ |site=http://feministgeographies.org/aag}}</ref>'''''.'''''


== Principales revues scientifiques en géographie du genre ==
== Principales revues scientifiques ==


=== Revues internationales de géographie du genre ===
=== Revues internationales de géographie du genre ===


* {{Lien|langue=en|trad=Gender, Place & Culture|fr=Gender, Place & Culture}}
* {{Lien|langue=en|trad=Gender, Place & Culture|fr=Gender, Place & Culture}}
* Revista Latino-americana de Geografia e Gênero<ref>{{Lien web |titre=Sobre a Revista {{!}} Revista Latino-Americana de Geografia e Gênero |url=https://revistas2.uepg.br/index.php/rlagg/about |site=revistas2.uepg.br |consulté le=2022-03-08}}</ref>
* Revista Latino-americana de Geografia e Gênero<ref>{{Lien web |titre=Sobre a Revista {{!}} Revista Latino-Americana de Geografia e Gênero |url=https://revistas2.uepg.br/index.php/rlagg/about |site=revistas2.uepg.br |consulté le=2022-03-08}}.</ref>


=== Revues françaises de géographie du genre ===
=== Revues françaises de géographie du genre ===
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==== En allemand ====
==== En allemand ====
* {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Autor*innenkollektiv Geographie und|nom1=Geschlecht|titre=Handbuch Feministische Geographien: Arbeitsweisen und Konzepte|éditeur=Budrich|date=2021-05-10|isbn=978-3-8474-2373-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Handbuch_Feministische_Geographien.html?id=oTx_zQEACAAJ&redir_esc=y|consulté le=2022-03-08}}
* {{Ouvrage|langue=de|prénom1=Autor*innenkollektiv Geographie und|nom1=Geschlecht|titre=Handbuch Feministische Geographien|sous-titre=Arbeitsweisen und Konzepte|éditeur=Budrich|date=2021-05-10|pages totales=265|isbn=978-3-8474-2373-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=oTx_zQEACAAJ|consulté le=2022-03-08}}


==== En anglais ====
==== En anglais ====
* {{Article|langue=en|auteur1=[[Marianne Blidon]]|titre=Still a long way to go: gender and feminist geographies in France|périodique=Gender, Place & Culture|volume=26|numéro=7-9|date=2019-09-02|issn=0966-369X|doi=10.1080/0966369X.2018.1557604|lire en ligne=https://doi.org/10.1080/0966369X.2018.1557604|consulté le=2022-01-14|pages=1039–1048}}
* {{Article|langue=en|auteur1=[[Marianne Blidon]]|titre=Still a long way to go: gender and feminist geographies in France|périodique=Gender, Place & Culture|volume=26|numéro=7-9|date=2019-09-02|issn=0966-369X|doi=10.1080/0966369X.2018.1557604|lire en ligne=https://doi.org/10.1080/0966369X.2018.1557604|consulté le=2022-01-14|pages=1039–1048}}
* {{Article|langue=en|auteur1=[[Marianne Blidon]]|prénom2=Sofia|nom2=Zaragocin|titre=Mapping gender and feminist geographies in the global context|périodique=Gender, Place & Culture|volume=26|numéro=7-9|date=2019-09-02|issn=0966-369X|doi=10.1080/0966369X.2019.1636000|lire en ligne=https://doi.org/10.1080/0966369X.2019.1636000|consulté le=2022-01-14|pages=915–925}}
* {{Article|langue=en|auteur1=[[Marianne Blidon]]|prénom2=Sofia|nom2=Zaragocin|titre=Mapping gender and feminist geographies in the global context|périodique=Gender, Place & Culture|volume=26|numéro=7-9|date=2019-09-02|issn=0966-369X|doi=10.1080/0966369X.2019.1636000|lire en ligne=https://doi.org/10.1080/0966369X.2019.1636000|consulté le=2022-01-14|pages=915–925}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Anindita Datta|auteur2=Peter Hopkins|auteur3=Lynda Johnston|auteur4=Elizabeth Olson|auteur5=Joseli Maria Silva|titre=Routledge Handbook of Gender and Feminist Geographies|éditeur=[[Routledge]]|date=2020|pages totales=572|isbn=9781138057685|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9781315164748/routledge-handbook-gender-feminist-geographies-anindita-datta-peter-hopkins-lynda-johnston-elizabeth-olson-joseli-maria-silva}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Anindita Datta|auteur2=Peter Hopkins|auteur3=Lynda Johnston|auteur4=Elizabeth Olson|auteur5=Joseli Maria Silva|titre=Routledge Handbook of Gender and Feminist Geographies|lieu=Milton Park, Abingdon, Oxon/New York, NY|éditeur=[[Routledge]]|année=2020|pages totales=572|isbn=9781138057685|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9781315164748/routledge-handbook-gender-feminist-geographies-anindita-datta-peter-hopkins-lynda-johnston-elizabeth-olson-joseli-maria-silva}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Maria Dolors García Ramón]]|auteur2=[[Janice Monk]]|titre=Feminist geographies around the world|éditeur=Belgeo|date=2007|doi=10.4000/belgeo.11103|lire en ligne=https://journals.openedition.org/belgeo/11103}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Maria Dolors García Ramón]]|auteur2=[[Janice Monk]]|titre=Feminist geographies around the world|éditeur=Belgeo|année=2007|isbn=|doi=10.4000/belgeo.11103|lire en ligne=https://journals.openedition.org/belgeo/11103}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Ron Johnston|auteur2=James D. Sidaway|titre=Feminist geography|éditeur=Routledge|date=2016|isbn=978-0-203-52305-6|isbn2=0-203-52305-9|isbn3=978-1-134-06587-5|oclc=958104604|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/chapters/mono/10.4324/9780203523056-15/feminist-geography-ron-johnston-james-sidaway?context=ubx&refId=6aedb115-a00f-41ea-aae6-7046d4eb6ed3|consulté le=2022-07-25|titre chapitre=Feminist geography|auteurs ouvrage=James D. Sidaway|titre ouvrage=Geography and geographers : Anglo-American human geography since 1945}}
* {{Chapitre|langue=en|auteur1=Ron Johnston|auteur2=James D. Sidaway|titre=Feminist geography|éditeur=Routledge|date=2016|isbn=978-0-203-52305-6|isbn2=0-203-52305-9|isbn3=978-1-134-06587-5|oclc=958104604|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/chapters/mono/10.4324/9780203523056-15/feminist-geography-ron-johnston-james-sidaway?context=ubx&refId=6aedb115-a00f-41ea-aae6-7046d4eb6ed3|consulté le=2022-07-25|titre chapitre=Feminist geography|auteurs ouvrage=James D. Sidaway|titre ouvrage=Geography and geographers : Anglo-American human geography since 1945}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Doreen Massey]]|titre=Space, place and gender|éditeur=Polity|date=1994|isbn=0-7456-1235-0|isbn2=978-0-7456-1235-5|isbn3=0-7456-1236-9|oclc=30809586|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/30809586|consulté le=2022-04-21}}
* {{Article|langue=en|prénom1=Jo|nom1=Little|titre=Gender and geography : developments in the United Kingdom 1980-2006|périodique=Belgeo. Revue belge de géographie|numéro=3|date=2007-09-30|issn=1377-2368|doi=10.4000/belgeo.11216|lire en ligne=https://journals.openedition.org/belgeo/11216|consulté le=2023-02-17|pages=335–348}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Linda|nom1=McDowell|titre=Gender, identity and place : understanding feminist geographies|éditeur=University of Minnesota Press|date=1999|isbn=0-8166-9051-0|isbn2=978-0-8166-9051-0|isbn3=978-0-7456-6779-9|oclc=232159929|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/232159929|consulté le=2022-01-14}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Doreen Massey]]|titre=Space, place and gender|éditeur=Polity|année=1994|pages totales=280|isbn=0-7456-1235-0|isbn2=978-0-7456-1235-5|isbn3=0-7456-1236-9|oclc=30809586|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/30809586|consulté le=2022-04-21}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Lise Nelson|auteur2=Joni Seager|titre=A Companion to Feminist Geography|éditeur=John Wiley & Sons|date=2007|isbn=978-1-4051-3736-2|isbn2=1-4051-3736-3|oclc=701843131|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/701843131|consulté le=2022-01-14}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Mary Ellen|nom1=Mazey|prénom2=David R.|nom2=Lee|titre=Her space, her place: a geography of women|éditeur=The Association of American Geographers|collection=Resource publications in geography|date=1983|isbn=978-0-89291-172-1|consulté le=2023-12-12}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Gillian Rose]]|prénom2=Nicky|nom2=Gregson|prénom3=Jo|nom3=Foord|prénom4=Sophie|nom4=Bowlby|titre=Feminist geographies: Explorations in diversity and difference|éditeur=Routledge|date=2013-12-17|isbn=978-1-315-84327-8|doi=10.4324/9781315843278/feminist-geographies|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9781315843278/feminist-geographies|consulté le=2022-01-14}}
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Linda|nom1=McDowell|titre=Gender, identity and place|sous-titre=understanding feminist geographies|éditeur=University of Minnesota Press|année=1999|isbn=0-8166-9051-0|isbn2=978-0-8166-9051-0|isbn3=978-0-7456-6779-9|oclc=232159929|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/232159929|consulté le=2022-01-14}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Lise Nelson|auteur2=Joni Seager|titre=A Companion to Feminist Geography|éditeur=[[John Wiley & Sons]]|année=2007|pages totales=340|isbn=978-1-4051-3736-2|isbn2=1-4051-3736-3|oclc=701843131|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/701843131|consulté le=2022-01-14}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Gillian Rose]]|prénom2=Nicky|nom2=Gregson|prénom3=Jo|nom3=Foord|prénom4=Sophie|nom4=Bowlby|titre=Feminist geographies : Explorations in diversity and difference|éditeur=[[Routledge]]|date=2013-12-17|isbn=978-1-315-84327-8|doi=10.4324/9781315843278/feminist-geographies|lire en ligne=https://www.taylorfrancis.com/books/edit/10.4324/9781315843278/feminist-geographies|consulté le=2022-01-14}}
* {{Chapitre|langue=en|prénom1=Barney|nom1=Warf|titre chapitre=Gender and Geography|titre ouvrage=Encyclopedia of Geography|éditeur=SAGE Publications, Inc.|date=2010|lire en ligne=https://sk.sagepub.com/reference/geography/n465.xml#:~:text=Gender%20geography%20seeks%20to%20analyze,class,%20ethnicity,%20and%20sexuality.|consulté le=2022-04-05|passage=1189–1194}}
* {{Chapitre|langue=en|prénom1=Barney|nom1=Warf|titre chapitre=Gender and Geography|titre ouvrage=Encyclopedia of Geography|éditeur=SAGE Publications, Inc.|date=2010|lire en ligne=https://sk.sagepub.com/reference/geography/n465.xml#:~:text=Gender%20geography%20seeks%20to%20analyze,class,%20ethnicity,%20and%20sexuality.|consulté le=2022-04-05|passage=1189–1194}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Women and Geography Study Group of the IBG|titre=Geography and Gender: An Introduction to Feminist Geography|lieu=Londres|éditeur=Hutchinson|date=1984|pages totales=160|isbn=978-0-09-156671-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Geography_and_Gender.html?id=EkyAAAAAMAAJ&redir_esc=y|consulté le=2022-02-08}}
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Women and Geography Study Group of the IBG|titre=Geography and Gender|sous-titre=An Introduction to Feminist Geography|lieu=Londres|éditeur=Hutchinson|année=1984|pages totales=160|isbn=978-0-09-156671-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EkyAAAAAMAAJ|consulté le=2022-02-08}}
* {{Lien web |langue=en |prénom=Boni |nom=Wozolek |titre=Critical Gender Geographies |url=https://oxfordre.com/education/view/10.1093/acrefore/9780190264093.001.0001/acrefore-9780190264093-e-1353 |site=Oxford Research Encyclopedia of Education |date=2021-02-23 |doi=10.1093/acrefore/9780190264093.013.1353 |consulté le=2022-04-21}}
* {{Lien web |langue=en |prénom=Boni |nom=Wozolek |titre=Critical Gender Geographies |url=https://oxfordre.com/education/view/10.1093/acrefore/9780190264093.001.0001/acrefore-9780190264093-e-1353 |site=Oxford Research Encyclopedia of Education |date=2021-02-23 |doi=10.1093/acrefore/9780190264093.013.1353 |consulté le=2022-04-21}}


==== En français ====
==== En français ====
* {{Article|prénom1=Francine|nom1=Barthe-Deloizy|prénom2=Claire|nom2=Hancock|titre=Introduction : le genre, constructions spatiales et culturelles|périodique=Géographie et cultures|numéro=54|date=2005-07-01|issn=1165-0354|lire en ligne=https://journals.openedition.org/gc/10926|consulté le=2022-01-14|pages=3–9|plume=oui}}
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* {{Article|langue=fr|auteur=[[Marianne Blidon]]|auteur2=[[Natacha Chetcuti]]|titre=Penser la sexualité et les rapports sociaux de sexe : perspectives critiques. Dialogue entre deux disciplines|périodique=Carnets de géographes|numéro=1|date=2010-10-01|issn=2107-7266|lire en ligne=https://journals.openedition.org/cdg/1805|consulté le=2022-07-26|plume=oui}}
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* {{Lien web|langue=fr |auteur=[[Marianne Blidon]] |titre=Notion à la une : genre — Géoconfluences |url=http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/a-la-une/notion-a-la-une/notion-a-la-une-genre |site=geoconfluences |date=16/01/2015 |consulté le=2022-01-14}}
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* {{Article|langue=fr|auteur=Rachele Borghi|titre=De l’espace genré à l’espace « queerisé ». Quelques réflexions sur le concept de performance et sur son usage en géographie|périodique=ESO, travaux & documents|date=juin 2012|lire en ligne=http://eso.cnrs.fr/_attachments/n-33-juin-2012-travaux-et-documents/Borghi2.pdf|pages=109-116|plume=oui}}
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* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Vincent|nom1=Clément|auteur2=Mathis Stock|auteur3=Anne Volvey|titre=Mouvements de géographie: une science sociale aux tournants|éditeur=Presses universitaires de Rennes|date=2021|isbn=978-2-7535-8098-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books/about/Mouvements_de_g%C3%A9ographie.html?id=SI6LzgEACAAJ&redir_esc=y|consulté le=2022-01-14|titre chapitre=La géographie féministe, s'approprier un champ heuristique}}
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* {{Chapitre|auteur1=[[Béatrice Collignon]]|auteur2=[[Claire Hancock]]|titre chapitre=Méthodologies et épistémologies féministes|auteurs ouvrage=[[Claire Hancock]]|titre ouvrage=Géographies anglophones|sous-titre ouvrage=Nouveaux défis|éditeur=Presses universitaires de Paris Nanterre|année=2021|pages totales=442|isbn=978-2-84016-469-2}}
* {{Chapitre|auteur1=[[Béatrice Collignon]]|auteur2=[[Claire Hancock]]|titre chapitre=Méthodologies et épistémologies féministes|auteurs ouvrage=[[Claire Hancock]]|titre ouvrage=Géographies anglophones|sous-titre ouvrage=Nouveaux défis|éditeur=Presses universitaires de Paris Nanterre|année=2021|pages totales=442|isbn=978-2-84016-469-2}}
* {{Article|langue=fr|prénom1=Karine|nom1=Duplan|titre=Les géographies des sexualités et la géographie française peuvent-elles faire bon ménage ?|périodique=Géographie et cultures|numéro=83|date=2012-11-01|issn=1165-0354|doi=10.4000/gc.2087|lire en ligne=https://journals.openedition.org/gc/2087|consulté le=2022-07-27|pages=117–138|plume=oui}}
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* {{Article|prénom1=Sophie|nom1=Louargant|titre=De la géographie féministe à la "Gender Geography" : une lecture francophone d'un concept anglophone|périodique=Espace Populations Sociétés|volume=20|numéro=3|date=2002|doi=10.3406/espos.2002.2049|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/espos_0755-7809_2002_num_20_3_2049|consulté le=2022-01-14|pages=397–410}}
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* {{Article|langue=fr|prénom1=Cha|nom1=Prieur|titre=Des géographies queers au-delà des genres et des sexualités ?|périodique=EspacesTemps.net Revue électronique des sciences humaines et sociales.|date=2015-04-20|issn=1777-5477|lire en ligne=https://www.espacestemps.net/articles/des-geographies-queers-au-dela-des-genres-et-des-sexualites/|consulté le=2022-04-05|plume=oui}}
* {{Article|langue=fr|prénom1=Cha|nom1=Prieur|titre=Des géographies queers au-delà des genres et des sexualités ?|périodique=EspacesTemps.net Revue électronique des sciences humaines et sociales.|date=2015-04-20|issn=1777-5477|lire en ligne=https://www.espacestemps.net/articles/des-geographies-queers-au-dela-des-genres-et-des-sexualites/|consulté le=2022-04-05|plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Yves Raibaud|auteur2=Kamala Marius|titre=Genre et Construction de la Géographie|éditeur=Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine|collection=Épistémologie|date=2019-11-14|isbn=978-2-85892-494-3|lire en ligne=http://books.openedition.org/msha/4663|consulté le=2022-08-19}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Yves Raibaud|auteur2=Kamala Marius|titre=Genre et Construction de la Géographie|éditeur=Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine|collection=Épistémologie|date=2019-11-14|pages totales=240|isbn=978-2-85892-494-3|lire en ligne=http://books.openedition.org/msha/4663|consulté le=2022-08-19}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=[[Yves Raibaud]]|titre=Introduction : « Géographie du genre : ouvertures et digressions »|périodique=L'Information géographique|date=2012|doi=10.3917/lig.762.0007|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2012-2-page-7.htm|pages=7-15}}
* {{Article|langue=fr|auteur1=[[Yves Raibaud]]|titre=Introduction : « Géographie du genre : ouvertures et digressions »|périodique=L'Information géographique|date=2012|doi=10.3917/lig.762.0007|lire en ligne=https://www.cairn.info/revue-l-information-geographique-2012-2-page-7.htm|pages=7-15}}
* {{Article|langue=fr|prénom1=Christine|nom1=Risi|titre=Géographie et féministe : remarques liminaires|périodique=Cahiers de géographie du Québec|volume=30|numéro=79|date=1986|issn=0007-9766|issn2=1708-8968|doi=10.7202/021772ar|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1986-v30-n79-cgq2651/021772ar/|consulté le=2022-01-14|pages=77–82}}
* {{Article|langue=fr|prénom1=Christine|nom1=Risi|titre=Géographie et féministe : remarques liminaires|périodique=Cahiers de géographie du Québec|volume=30|numéro=79|date=1986|issn=0007-9766|issn2=1708-8968|doi=10.7202/021772ar|lire en ligne=https://www.erudit.org/fr/revues/cgq/1986-v30-n79-cgq2651/021772ar/|consulté le=2022-01-14|pages=77–82}}

Dernière version du 12 décembre 2023 à 15:09

La géographie du genre (ou Gender Geography), appelée aussi géographie féministe, est un courant de la géographie qui intègre la notion de genre et une diversité d'approches pour penser l'espace. Elle étudie notamment les rapports différenciés des femmes, des hommes, des minorités sexuelles et de genre à l'espace. Historiquement, elle trouve son héritage dans l'étude des femmes en géographie et dans les théories et épistémologies féministes. En France elle fait l'objet de différentes contraintes et critiques dès les années 1970.

Définitions et caractéristiques

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Selon Susan Hanson, présidente de l'association américaine des géographes en 1992, le féminisme a été le principal investigateur de l'utilisation du terme « genre » au sein de la géographie anglo-saxonne en regardant le monde au travers du filtre du genre[1][pas clair].

En France, la géographie du genre a peiné à se faire une place, malgré des travaux pionniers anciens tels que ceux de Jacqueline Coutras[2] ou Jeanne Fagnani dès la fin des années 1970. Ses recherches ont été considérées comme particularisantes et limitées, ne respectant pas les caractéristiques d'universalité et de spatialité dédiées jusqu'alors aux études géographiques. Par conséquent leurs travaux ont été sous-estimés par leurs pairs[3].

L'apparition de cette géographie a pour origine la prise de conscience de l'existence d'une science dominée par l'universalité masculine. La vision du Monde, du rapport Homme/Milieu, aurait donc été tronquée, dès lors que celle-ci fut centrée sur l'univers masculin[4].

Photographie en noir et blanc de Simone de Beauvoir.
La géographie du genre trouve des influences dans les écrits de Simone de Beauvoir.

Pour comprendre l'approche de la géographie de genre, il est nécessaire de différencier sexe et genre. Ainsi, la géographie de genre ne s'intéresse pas à la définition des individus par rapport à ses caractéristiques biologiques (sexe). Selon Claire Hancock, géographe et professeure des universités à l'Université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne (UPEC), la géographie du genre se focalise sur la construction sociale (genre) de ces différences, considérant que « parce qu'elles appartiennent à un sexe donné, les personnes vont être soumises à des conditionnements sociaux les amenant à se construire une identité sexuée liée aux attentes qu'on a vis-à-vis d'elles, aux normes de conduite qui leur sont dictées »[5]. Claire Hancock et Francine Barthe-Deloizy expliquent que « le genre est donc un construit social qui s’oppose à une « nature » d’essence masculine ou féminine, il est à la fois un processus lié à des rapports de sexe et en même temps une identité évolutive caractérisant chacun des sexes l’un par rapport à l’autre »[6]. On peut dire que c'est une façon de penser qui s'appuie sur la célèbre assertion de Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe, publié en 1949 : « on ne naît pas femme, mais on le devient »[7].

Marianne Blidon propose de classer les travaux de géographie du genre selon trois grandes approches[7] :

  1. L'approche qui consiste à « analyser en quoi le genre produit de la différenciation spatiale », c'est-à-dire à considérer que l'espace est genré et qu'il y a des espaces masculins, féminins ou mixtes ;
  2. L'approche qui consiste à « analyser en quoi l’espace participe de la différenciation de genre et de la construction des identités masculines et féminines », c'est-à-dire à considérer que l'espace est gérant et qu'il contribue à différencier les personnes en fonction de leur sexe (exemple des toilettes publiques) ;
  3. L'approche qui consiste à « interroger les fondements même du savoir et les conditions de son élaboration en sciences humaines », c'est-à-dire à considérer que le genre structure aussi les catégories de pensée et la production du savoir (en opposant par exemple sensibilité et rationalité, faiblesse et force, concret et abstrait, etc.)[7].

La géographie qui s'intéresse aux questions de genre n'est donc pas seulement « une géographie « des femmes », pratiquée par des femmes, à destination du seul public féminin », même si c'est historiquement pour étudier la position et de rôle des femmes dans la société que cette notion a d'abord été mobilisée[6]. Le fait de se concentrer sur les femmes pourrait d'ailleurs même conduire à « naturaliser leur situation dans la société, voire de se trouver à "blâmer la victime" » selon les analyses de Liz Bondi et Mona Domosh citées par Claire Hancock[5]. La construction de la masculinité est donc autant à étudier que celle de la féminité[6]. Claire Hancock, à propos de la géographie du genre américaine, écrit ainsi en 2002 que « loin de constituer une entreprise marginale et minoritaire, [la préoccupation du genre] s'inscrit dans nombre de débats plus larges sur les inégalités, et [qu']elle est reconnue comme une des déclinaisons à donner à la recherche pour traiter pleinement d'une question »[5].

Les travaux de géographie du genre et féministe « ne se limitent pas à quelques « objets » incontournables, mais s’attachent à faire relire la pratique même de la géographie, interroger les rapports de pouvoir qui s’y jouent, et impulser des modes de fonctionnement plus réflexifs et mieux assumés comme « engagés » »[8].

L'objet de la géographie de genre est d'analyser les rapports sociaux afin d'étudier dans leur ensemble les débats sur les inégalités matérielles et politiques construites socialement. Cette nouvelle vision propose un regard systémique des relations entre personnes de différents genres au-delà des études féministes qui centrent leur attention exclusivement sur les femmes. Par conséquent la géographie du genre dépasse l'analyse de la division genrée homme-femme ou la différenciation des espaces publics-privés dans les sphères économiques, sociales, et politiques. Elle analyse plutôt une nouvelle structure de l'occupation du territoire avec la reconnaissance d'espaces mixtes caractérisés par la complémentarité et l'expression des interrelations homme-femme[réf. souhaitée].

Cette géographie trouve sa place dans la géographie sociale et culturelle. Elle combine différentes échelles spatiales et différents positionnements de recherche qui permettent, de considérer l'implication personnelle de l'auteur et les dynamiques de l'espace privé[réf. souhaitée].

Cette nouvelle conception permet d'accéder aux représentations cachées du territoire. Cette relecture des processus socio-spatiaux permet de comprendre les pratiques territoriales ainsi que leur constitution[réf. souhaitée].

Le concept « genre » permet une lecture transversale et englobante des dynamiques des individus dans un monde mobile où le système d'organisation en réseau est de plus en plus important et visible[réf. souhaitée].

La géographie de genre a vu sa construction s'effectuer en fonction de l'approche du genre. En effet la géographie traditionnelle a intégré au cours du temps le concept des Études femmes, des études féministes et des études genre dans l'analyse du territoire et des pratiques spatiales.

Le concept de genre en géographie est à l'origine d'une nouvelle façon de penser l'espace. Son émergence dans les années 1960 à 1970, dans le monde anglo-saxon[9] s'effectue dans un contexte constructiviste cherchant à questionner les vérités scientifiques et dans un contexte féministe contestant les inégalités de pouvoir entre les sexes. Ces nouveaux concepts scientifiques porteurs de contestations politisées dans le monde anglo-saxon, vont rencontrer peu de soutien dans le monde francophone du fait des valeurs universalistes et républicaines institutionnalisées.

À partir des années 1980, l'expression anglaise gender geography est traduite en français au sein de l'UGI par « géographie du masculin-féminin »[3].

Généralités sur l'histoire de la géographie féministe

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À l'origine la géographie féministe se focalise sur la démonstration des espaces de domination entre les sexes dans le système patriarcal. Ces études ont ensuite été transcrites sous la forme de configuration spatiale des rapports entre les hommes et les femmes. Dans un premier temps la géographie féministe a présenté une configuration des espaces opposés entre les sexes en ignorant les espaces qui les connectent. En tant que système social les femmes sont à l'origine de nouveaux espaces de socialisation. De par ce fait, la dichotomie des espaces associés aux hommes et aux femmes fait apparaître des pratiques différenciées sexuées[réf. souhaitée].

Généralités sur l'histoire de la géographie de genre

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Le début des années 1970 voit la naissance de la géographie de genre. Elle envisage le sexe comme une construction sociale et non-biologique[10]. L'évolution du contexte économique mondial et la participation grandissante des femmes dans son développement a conduit des organismes internationaux (le Programme des Nations unies pour le Développement Humain) et les chercheurs (travaux de Janet Momsen) à utiliser ce concept géographique. Il est prioritairement utilisé en géographie économique, notamment en géographie du développement et de la pauvreté. Ainsi il permet l'étude de l'appropriation de l'espace par les individus de genre féminin ainsi que d'envisager le territoire suivant un nouveau point de vue : la territorialité différenciée en fonction des genres[réf. souhaitée].

Histoire des géographies féministes et du genre de langue anglaise

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Années 1970

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Les géographes féministes trouvent des outils d'analyses dans la pensée marxiste, notamment autour de la « dichotomie public-privé, vue comme inhérente au système capitaliste, dans lequel ce sont les sites respectifs de la production et de la reproduction, et comme base d'une division sexuée de l'espace »[5].

Années 1980

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En 1984, le groupe d'études Women and Geography réalise un ouvrage théorique de géographie féministe, intitulé Geography and Gender à partir des travaux empiriques réalisés jusque-là[5]. Cet ouvrage contribue à légitimer la géographie féministe en tant que branche de la géographie[11].

À la fin des années 1980, des autrices, notamment Linda McDowell, se félicitent du développement de la géographie du genre lors de cette décennie[5].

À la fin de la décennie, Peter Jackson étend les enjeux de la géographie du genre à celle des sexualités et des minorités sexuelles à travers un chapitre intitulé « Gender and sexuality » et oriente cette géographie genre d'abord plutôt économique vers la géographie sociale et culturelle[5].

Années 1990

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Les années 1990 sont marquées par le développement de la géographie des sexualités avec notamment la publication de Mapping Desire de Gill Valentine et David Bell en 1995[12],[13].

La fin des années 1990 voit l'apparition des géographies queers[13].

Années 2000

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Au niveau des géographies queers, les années 2000 correspondent à la deuxième vague de géographie queer et voient notamment l'essor des géographies trans[14].

Histoire des géographies des femmes, féministes et du genre en France

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La géographie française intègre tardivement le concept de genre dans ses analyses, notamment à la lecture de travaux britanniques. Pour autant cela ne signifie pas que les études portant sur les femmes, le genre et les sexualités n'apparaissent qu'à ce moment-là en France, ni qu'elles sont uniquement une spécificité anglo-américaine[7].

Années 1940-1960 : prémices d'une géographie « sur les femmes »[3]

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La géographe Germaine Veyret-Verner publie des articles et notes sur l'étude des activités professionnelles des femmes dès 1941[3],[15].

Dans les années 1960, plusieurs géographes réalisent des travaux sur le travail des femmes et la population active féminine : Renée Rochefort en Italie et dans la région lyonnaise, Nicole Sztokman dans les grandes villes françaises et européennes, Danielle Mingasson dans la région grenobloise et Claude Michel en Bretagne[3],[15].

Années 1970

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Pionnières de la géographie féministe
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À la fin des années 1970, Jacqueline Coutras et Jeanne Fagnani publient des études féministes sur les femmes[3]. Elles ont d'abord réalisé leurs recherches sur des problématiques de géographie sociale et économique dans la première moitié des années 1970 avant de s'orienter vers une géographie féministe des femmes à l'issue de leur thèse[3]. En 1977 elles publient un article intitulé « Transports » dans Les Cahiers du Grif dans lequel elles analysent « certains des rapports des femmes aux structures urbaines »[16]. Elles analysent ce même thème dans l'article « Femmes et transports en milieu urbain » publié en 1978 dans la revue internationale International Journal of Urban and Regional Research[3],[17]. Elles y soulignent « les contradictions qui existent entre les normes idéologiques de l'ordre patriarcal qui lie les femmes à la maison et les impératifs du système capitaliste actuel qui a besoin d'elles dans le marché du travail tout en profitant dans le même temps de certains aspects du fonctionnement de l'unité familiale »[17].

La géographie sociale de l'ouest de la France (notamment d'Armand Frémont) permet à Jacqueline Coutras et Raymonde Séchet de développer leur pensée sur le genre en géographie grâce au concept d'« espace vécu » et à l'attention portée à la « subjectivité individuelle, [aux] modes de vie et [aux] pratiques, [aux] représentations de l’espace »[8].

Frein au développement de la géographie féministe dans les années 1970
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Si la géographie sociale est dès le départ attentive aux femmes et à leurs espaces, les recherches qui en sont issues commencent par naturaliser les différences entre les hommes et les femmes, ce qui exclut d'emblée une approche critique de cette question. C'est le cas par exemple des travaux de Renée Rochefort sur les migrants italiens et leurs familles : elle réalise une géographie des femmes mais pas une géographie du genre ni féministe[8].

D'après Claire Hancock, qui reprend les analyses de Jacqueline Coutras, la difficulté de la géographie féministe à s'installer dans la géographie française des années 1970 tient à deux facteurs : d'une part la tension entre une géographie féministe ouvertement idéologique et la revendication du reste de la géographie d'une certaine neutralité, d'autre part la priorité mise par la géographie marxiste sur les inégalités liées à la classe[8]. Le travail pionnier de Jacqueline Coutras est ainsi « perçu par la communauté géographique comme anecdotique, limitée, voire corporatiste, en vertu de l’idée qu’un propos n’a de portée vraiment universelle et de valeur scientifique que lorsqu’il traite de toute la population »[6].

Années 1980

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À partir des années 1980, l'expression anglaise gender geography est traduite en français au sein de l'UGI par « géographie du masculin-féminin »[3].

En 1981, Claire Bazin et Christiane Madeline soutiennent des thèses de géographie sur les femmes, la première en Tunisie, la seconde dans une ville de banlieue Nord[3].

Lors du colloque national « Femmes, féminisme et recherches » qui se tient à Toulouse en 1982, seules six participantes sur 266 se déclarent géographes, contre 85 sociologues, 27 historiennes et 39 littéraires. Jacqueline Coutras et Jeanne Fagnani en font partie[3]. Elles participent aussi au colloque de géographie sociale de Lyon la même année avec des communications portant sur les femmes[3].

Photographie de Maria Dolors García Ramón
Maria Dolors García Ramón, géographe espagnole pionnière de géographie du genre

En 1989, Jacqueline Coutras et Jeanne Fagnani dirigent un numéro de la revue Espace, Populations, Sociétés intitulé « Sexe et espace - Sex and space », dans lequel elles incluent des écrits d'autrices anglophones et hispanophones (Geraldine Pratt, Susan Hanson, Damaris Rose, Dolores Garcia Ramon, etc.)[8],[18]. Dans l'éditorial de ce numéro, elles affirment qu'en « considérant les rapports entre les sexes comme des rapports sociaux, des géographes, de plus en plus nombreuses contribuent depuis quelques années à enrichir et à diversifier les approches concernant les relations spécifiques des femmes à l'espace. Désormais, la prise en compte de la variable « sexe » dans toute étude de géographie - sociale paraît incontournable »[18]. Claire Hancock nuance leur propos en soulignant le fait que les années suivant ce numéro font peu de place à l'étude de cette variable[8].

Années 1990

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Le contact de géographes français avec les géographes d'autres pays et aires linguistiques et d'autres disciplines les exposent à des idées et approches nouvelles, notamment celles sur le concept de « genre »[8].

Années 2000

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« Montée en puissance » de la géographie du genre
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Alors que la notion de « genre » est utilisée par des historiennes dès les années 1980[6], elle apparaît dans des numéros de revues et publications de synthèse de géographie française au début des années 2000, par le biais de Dominique Creton[6],[8]. Le numéro de 2002 d'Espace, Populations, Sociétés s'intitule « Question de genre ». Il comprend des contributions portant sur le genre dans différentes géographies (suédoise, néerlandaise, anglophone). D'après l'éditorial, ce numéro « vise à rendre compte de l'approfondissement du champ de recherche, de la variété des questions traitées, de la vigueur des débats en cours ainsi que de la diversité des méthodes convoquées. [...] L'évolution sémantique traduit la poursuite du questionnement théorique, alimenté par le développement d'approches parfois sensiblement différentes »[19]. Le second numéro, de 2004, « Espace, genre et sociétés », est « un prolongement du premier et un opus autonome »[20].

En 2003, Sophie Louargant soutient l'« une des premières thèses de géographie à adopter explicitement une approche de genre »[8].

Au début des années 2000, les géographes françaises travaillant sur le genre se retrouvent d'abord dans des colloques de sociologie et d'histoire autour de cette thématique[8]. Le cloisonnement disciplinaire est alors relativement fort et les premiers travaux sur l'accès des femmes à l'espace public sont le fait de sociologues et démographes plutôt que de géographes[12].

Le premier colloque français de géographie portant sur les questions de genre a lieu à Lyon en 2004. Il s'intitule « Genre, territoire, développement : quels regards géographiques ? » et est organisé par Dominique Creton, Sonia Chardonnel, Chantal Gillette et Sophie Louargant[8]. Ce colloque permet de montrer la diversité des approches possibles en géographie du genre, que le genre soit vu comme la problématique centrale de la recherche ou simplement comme variable significative[6].

Photographie de Marianne Blidon.
Marianne Blidon, autrice de la première thèse française de géographie des sexualités

À partir de 2001, différents ouvrages et de numéros de revue d'épistémologie de la géographie abordent la question du genre en géographie. C'est le cas de l'anthologie Géographies anglo-saxonnes, tendances contemporaines qui comporte un chapitre de Christine Chivallon sur les géographies féministes et d'un article de L’Espace géographique de 2004, écrit par Béatrice Collignon et Jean-François Staszak[8]. La géographie féministe est citée dans ce dernier parmi les « courants aux fondements théoriques solides » qui semblent féconds aux auteur et autrice pour « revisiter tous les objets, y compris les plus classiques » de la géographie[21].

Ce contexte de remise en cause des normes de genre et de l'hétéronormativité en géographie permet aussi l'émergence d'une géographie des sexualités, dont Marianne Blidon fait l'objet de sa thèse, soutenue en 2007[8],[13]. Cette question fait aussi l'objet des travaux de Stéphane Leroy, Emmanuel Jaurand et Nicolas Boivin à la même époque. Elle donne lieu à la journée d'études « Sexe de l’espace, sexe dans l’espace » organisée en 2007[12].

Encore dans les années 2000, l'appellation « féministe » est considérée comme disqualifiante dans la géographie française, contrairement aux géographies britanniques et nord-américaines[6].

Au début de l'émergence de la géographie du genre, la question se pose de savoir s'il s'agit réellement de géographie et non plutôt de sociologie[12].

En 2004, Jacques Lévy critique la géographie du genre pour plusieurs raisons : d'après lui elle serait marquée par le « communautarisme », au même titre que les black studies et jewish studies, ne différencierait pas assez « le registre de la production de connaissances et celui de l’action militante » et participerait à un « gender business » sur le modèle de ce que serait un « shoah business » (en français « industrie de l'Holocauste »)[22].

D'après Claire Hancock, reprenant des idées de Christine Delphy sur l'universalisme français[23], « cette attitude est caractéristique de l’universalisme français où taxer de « communautarisme » suffit à disqualifier tout travail qui ne traite pas, sous couvert d’objectivité et d’universalité, des expériences des hommes blancs hétérosexuels valides de la classe moyenne/aisée »[8].

Décennies 2010 et 2020 : entre institutionnalisation et retrait par rapport à l'intersectionnalité

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Dès la toute fin des années 2000 les recherches portant sur le genre en géographie sortent des approches dans lesquelles elles étaient cantonnées jusque-là. Le genre devient une catégorie d'analyse comme une autre, davantage légitimée et reconnue. Le genre fait notamment partie des cadres d'analyse de l'intersectionnalité[7].

Les géographies du genre et féministes connaissent une certaine institutionnalisation et profitent de davantage de financements[8],[24] :

  • la géographie participe au Groupement d'Intérêt Scientifique « Institut du genre », dont la première présidente est la géographe Nadine Cattan ;
  • en 2017, une commission de géographie féministe est créée au sein du Comité National Français de Géographie[8]

Différents numéros de revues scientifiques (Justice Spatiale/Spatial Justice en 2011, Géographie et cultures et « Travaux et documents d’ESO » en 2012) permettent la diffusion de la géographie du genre dans la géographie française[8].

En 2020, Claire Hancock décrit la géographie du genre en France comme « un champ multiforme et bouillonnant, qui réunit des travaux dont certains se réclament simplement d’une approche par le genre, et d’autres revendiquent l’étiquette féministe ». Elle les regroupe selon différents axes[8]:

  • genre et développement ;
  • genre et migration ;
  • genre et ville ;
  • genre et corps ;
  • minorités sexuelles ;
  • sexualités et hétéronormativité ;
  • genre et santé ;
  • genre et pratique du « terrain » en géographie physique ;
  • genre et urbanisme[8].

Pour autant, toujours d'après Claire Hancock, en 2020 « l’étiquette « féministe » reste en large part tout aussi sulfureuse aujourd’hui qu’elle pouvait l’être à l’époque de Jacqueline Coutras, et beaucoup de chercheur-e-s hésiteraient encore à inscrire leurs travaux sous cette bannière »[8].

Les références actuelles des géographies féministes et du genre sont très diverses : que ce soit Judith Butler, Sam Bourcier, Elsa Dorlin, Colette Guillaumin, Christine Delphy, Danièle Kergoat ou les auteurs et autrices anglophones[8].

La géographie du genre et féministe française actuelle se démarque au niveau international par sa faible prise en compte des questions d'intersectionnalité et du rapport entre racisme et sexisme[8].

Différences entre les géographies anglo-saxonnes et francophones

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Dans les années 2000, les écrits français sur la géographie du genre questionnent et soulignent la différence entre les géographies du genre anglo-saxonne et francophone, et notamment leur écart de développement[25],[26]. Cette différence est néanmoins nuancée voire contredite par certaines géographes françaises[6],[12].

Différences d'utilisation du concept de genre soulignée dans les années 2000

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Le concept de « genre » dans la géographie francophone n'a pas eu les mêmes échos que dans les pays anglophones. Paul Claval évoque en 2001 à ce propos un « écart "culturel" fondamental entre géographes français et anglo-saxons en ce qui concerne les géographies féministes »[26]. À l'époque, la place accordée aux minorités dans les « géographies anglo-saxonnes » étonne en France[26]. À l'inverse, la réticence française au concept de genre surprend les géographes anglophones dans la mesure où ils revendiquent l'héritage de la French Theory et plus largement d'auteurs et autrices francophones (Simone de Beauvoir, Michel Foucault, Gilles Deleuze, Julia Kristeva, Hélène Cixous, Luce Irigaray, Jacques Derrida)[5]. L'interprétation du concept de genre ainsi que son analyse en géographie francophone débutent avec la vague post-moderniste et post-structuraliste dans les années 1980 avec Jacqueline Coutras, mais sa diffusion se produit tardivement dans les années 1990[réf. souhaitée]. Pour Paul Claval, « l'essentiel est dit : il faut partir de la vague post-moderniste pour comprendre les géographies anglo-saxonne actuelles. Les barrières disciplinaires y ont toujours été moins rigides qu'en France »[26].

La géographie francophone a introduit les nouvelles orientations genrées de la géographie anglo-saxonne d'une manière tardive en raison des valeurs universalistes présentes dans le système politique et dans les connaissances scientifiques mais aussi en raison de peur face à l'évolution épistémologique de la discipline[réf. souhaitée].

Selon Christine Chivallon, la géographie de genre est interprétée dans les pays anglophones plus facilement car « c'est un mode de pensée fondé sur l'importance de l'appartenance communautaire et en contradiction directe avec la pensée française, universaliste qui a facilité l'affirmation de la Gender geography dans les pays de langue anglaise. Dans un contexte politique et culturel où la société est pensée de façon non-englobante, comme une multiplicité de communautés aux intérêts potentiellement divergents, la différence trouve un cadre plus propice à son expression »[25].

Différences dans la revendication d'une approche féministe

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D'après Francine Barthe-Deloizy et Claire Hancock en 2005, les Françaises ont bien plus de mal que leurs homologues britanniques et nord-américaines à se revendiquer féministes[6]. Selon elles, le principal problème de la géographie, expliquant la difficulté en France de cette revendication, « est le biais « masculiniste » d'une large part de la discipline géographique pratiquée en majorité par des hommes, centrés sur des thématiques les concernant, et associée à des modes de pensée et de travail eux-mêmes conventionnellement connotés comme « masculins » »[6].

D'après cette interprétation, on observe encore actuellement[Quand ?] à quel point le genre est peu appliqué dans la géographie politique, économique, urbaine[réf. souhaitée], puisque leur construction francophone est toujours marquée par une pensée masculine qui interprète le monde de façon prétendument universelle[6]

La géographie anglophone à la différence de la géographie francophone a ouvert depuis les années 1970 la possibilité d'analyser les différentes dimensions de la géographie traditionnelle comme les orientations sexuées qui marquent les pratiques de l'espace. De plus, la géographie anglophone montre une nouvelle façon de produire le savoir car selon elle, la connaissance est déterminée par la position de la personne qui le produit.

Retard français dans la prise en compte du genre en géographie

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Plus que des différences intrinsèques, différents textes portant sur la géographie du genre et féministe en France soulignent un retard et des contraintes au développement de ces géographies dans le contexte français[5],[8].

En 2002, Claire Hancock souligne le fait que dans la géographie anglophone – plus précisément dans l'ouvrage Social Geographies. Space and Society de Gill Valentine et dans le programme du colloque de l'Association des Géographes Américains (auquel participent géographes britanniques, canadiens, australiens et d'autres pays anglophones) – le genre est « intégré comme critère essentiel de différentiation, comme la classe peut l'être dans la géographie sociale française », contrairement à ce qui est fait en France au même moment[5]. À titre d'exemple, alors que le livre généraliste sur la géographie de Richard Peet Modern Geographical Thought paru en 1998 comprend un chapitre entier sur la géographie du genre (« Feminism Theory and the Geography of Gender »), celui du géographe français Rémy Knafou de 1997 (L'état de la géographie) ne compte aucune référence à ce champ[5],[27],[28].

Différences au sein des géographies queers

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D'après Cha Prieur, il y aurait plus de continuité entre théories féministes et queers dans le monde anglophone que dans les approches francophones[13].

Les géographies queers s'appuient notamment sur des concepts de la philosophe Judith Butler.

Les travaux de la première vague queer (Judith Butler, Teresa De Lauretis, Eve Kosofsky Sedgwick), traduits en français jusqu'à quinze ans après leur parution, ont influencé les recherches queers françaises. Celles-ci ont moins pris en compte la seconde vague queer[13].

Nuance et contradiction de ces différences

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Dès le milieu des années 2000 des travaux nuancent et contredisent l'idée d'une différence fondamentale entre les géographies anglophones et francophones mobilisant le concept de genre.

En 2005, Francine Barthe-Deloizy et Claire Hancock considèrent « qu’il n’y a sans doute pas une façon spécifiquement « française » de faire la géographie du genre », les objets d'études et les méthodologies étant les mêmes partout[6].

Photographie de Doreen Massey
Doreen Massey, géographe britannique spécialiste de géographie urbaine et du genre

D'après Marianne Blidon, c'est parce que la géographie du genre française a dans un premier temps davantage pris pour référence les géographes britanniques (Linda McDowell, Liz Bondi, Doreen Massey) plutôt que les penseuses féministes matérialistes (comme Monique Wittig, Nicole Claude Mathieu, Paola Tabet et Colette Guillaumin) que certains et certaines considèrent qu'il n'y a pas d'équivalent des Feminist Studies, Gender Studies ou Women Studies en France[12].

En 2020, Claire Hancock considère qu'une nouvelle génération de géographes est familiarisée avec le concept de genre et connaît bien les travaux anglophones sur le sujet[8], ce qui tend à minimiser l'écart perçu au début des années 2000 entre géographies anglophones et francophones. D'après elle, « la génération montante de géographes est à mille lieues de professer la méfiance qui était celle des générations passées vis-à-vis de toute importation d’idées depuis les contextes anglophones »[8]. La géographie française continue néanmoins de se différencier des géographies anglophones par sa faible prise en compte du concept d'intersectionnalité et des interactions entre sexisme et racisme[8].

Épistémologies féministes et géographie

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D'après Marianne Blidon, une des approches de la géographie du genre consiste à considérer que le genre détermine aussi les catégories de pensée et la façon dont on produit la connaissance. Cette approche mobilise les concepts des épistémologies féministes et notamment celui de point de vue situé[7]. Elle contribue à une critique des épistémologies et méthodologies (pratiques de terrain[7],[29], systèmes d'information géographique[30]etc.) de la géographie en considérant notamment que l'idéal d'objectivité de la géographie est de l'ordre de la « fiction » et que « tout savoir est "situé", c'est-à-dire modifié et déterminé par la position de celui qui l'élabore »[5]. Dès les années 1980-1990 dans la Gender Geography, « il est donc nécessaire, pour une bonne pratique scientifique, de dire d'"où" l'on parle afin de valider son propos : la subjectivité du chercheur est forcément présente et ne peut être niée. L'implication personnelle dans les sujets de recherche, qui reste souvent tabou dans la géographie française, est en toute honnêteté placée sur le devant de la scène »[5].

Ces considérations s'appuient notamment sur les travaux de Donna Haraway ou Anne Fausto-Sterling qui ont montré les biais masculinistes à l'œuvre dans les sciences de la nature et la recherche biomédicale et de Sandra Harding sur l'« objectivité forte »[8].

Comme Donna Haraway et Anne Fausto-Sterling l'ont fait pour d'autres disciplines, les géographes féministes soulignent les biais masculins et masculinistes de la géographie et des savoirs qu'elle produit. Pour Liz Bondi et Mona Domosh par exemple, « science is not only male dominated but also associated with what is culturally defined as masculine » (« la science n'est pas seulement dominée par les mâles, elle est également associée à ce qui est culturellement défini comme masculin »)[5],[31]. Ces analyses sont notamment développées par Gillian Rose dans son ouvrage Feminism and Geography, publié en 1993[32]. Pour Linda McDowell, d'après Claire Hancock, en géographie « les critères de scientificité, les objets d'étude et les méthodes de recherche sont "androcentriques" » car vus à partir des expériences masculines de la réalité[5].

De la même manière, la géographie des sexualités permet de questionner le caractère hétéronormatif de la géographie et de l'institution universitaire en général, comme l'ont montré Gill Valentine et David Bell[11].

Méthodologies

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Méthodes qualitatives

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La critique du positivisme par les féministes les conduit à dénoncer les biais non questionnés des approches quantitatives et à diversifier les méthodologies de la recherche scientifique en privilégiant les approches qualitatives[5]. Les méthodologies féministes mettent ainsi l'accent sur la « valeur scientifique des méthodes qualitatives fondées sur l’empathie et l’écoute, ainsi que la co-construction des savoirs »[8].

D'après Claire Hancock, elles doivent aussi « considérer avec circonspection les approches quantitatives qui tendent à réifier et à participer à la reproduction de catégories qui nécessitent par ailleurs une déconstruction », et de façon générale les méthodes traditionnelles des sciences sociales marquées par le regard masculin et le masculinisme[8].

Critique féministe des pratiques de terrain

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Photographie d'un travail de terrain en montagne
Les pratiques de terrain traditionnelles sont critiquées par la géographie féministe

Les façons de faire du terrain en géographie sont critiquées par les géographes féministes anglophones. D'après Anne Volvey, les géographes féministes anglophones « définissent alors le terrain comme un exercice de domination masculine dont les données sont élaborées en un savoir géographique de type masculiniste » [29].

Ces critiques sont reprises par la géographie française dans les années 2000[33] :

« Pour les géographes féministes le terrain devient à la fois l’outil de la condamnation de la science dite masculiniste (Hancock, 2004) et celui de la refondation d’une science dite féministe. »Volvey Anne, Calbérac Yann, Houssay-Holzschuch Myriam, « Terrains de je. (Du) sujet (au) géographique », Annales de géographie, 2012/5-6 (n° 687-688),DOI : 10.3917/ag.687.0441, p. 441-461.

Les géographies queers, quant à elles, appellent à « queeriser » l'ethnographie, vue comme un « outil au passé patriarcal et ethnocentré. Ielles insistent notamment sur la prise en compte des désirs dans la recherche »[13].

Méthodes quantitatives

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Mei-Po Kwan et Nadine Shuurman, reprenant les analyses de Donna Haraway, défendent l'idée de la possibilité d'un usage critique, et notamment féministe, des systèmes d'information géographique[34]. Elles font partie, avec Susan Hanson, Gerry Pratt et Marianna Pavlovskaya des géographes anglophones promouvant les SIG comme outils de la géographie féministe[30].

Elles s'opposent en cela à des géographes comme Gillian Rose et Alison Blunt pour qui la cartographie est intrinsèquement source de domination. Pour Mei-Po Kwan et Nadine Shuurman, la cartographie et les technologies géonumériques ne sont pas masculinistes en soi mais seulement du fait de leurs usages. Ce faisant, les géographes féministes devraient selon elles s'en emparer pour en faire des techniques féministes[30].

Recherche-action

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S'appuyant notamment sur les épistémologies féministes, les recherches sur le genre ont la particularité de mettre en œuvre des méthodologies de recherche-action ou participatives et mêlant différentes formes d'écritures[réf. souhaitée].

Les études de géographie du genre sont souvent transdisciplinaires ou interdisciplinaires.

Un exemple de recherche-action participative est mené par la troupe théâtrale les Urbain.e.s à Gennevilliers[35], coordonnée par Corinne Luxembourg (géographe), Emmanuelle Faure (géographe) et Edna Hernandez-Gonzalez (architecte-urbaniste). Ce programme a pour particularité de s'appuyer sur la création théâtrale[pertinence contestée].

La confrontation au terrain et la production de connaissances est également le fait de mouvement associatif opérationnel comme Genre et Ville, créée en 2012 par Pascale Lapalud, urbaniste designer et Chris Blache, anthropologue urbaine[réf. souhaitée].

Espaces et échelles

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Différents espaces de la géographie de genre

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Contrairement à la géographie féministe, la géographie de genre envisage la singularité des actions des femmes dans un système créé par l'homme. Les relations de genre sont définies par les activités des hommes et des femmes dans des espaces distincts mais présentant des espaces de complémentarité permettant aux sociétés d'agir collectivement. Cependant les espaces différenciés et d'interrelations ne s'expriment pas à la même échelle géographique. Les espaces propres aux hommes et aux femmes s'expriment à l'échelle du micro-socio-spatiale (l'espace domestique) et les espaces d'interrelations s'expriment prioritairement à l'échelle du méso-socio-spatiale. Ces espaces d'interrelations séparent les genres autant qu'ils permettent les échanges grâce à des caractéristiques de complémentarité et de mixité. Lors de travaux concernant le « tourisme sexuel » la complémentarité a été observée lors de la transaction monétaire et la mixité spatiale présente lors de la négociation homme-femme dans la prostitution[36].

Différentes échelles d'expression de la géographie

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Le genre participe à la construction et à la reconstruction des territoires. Il permet d'en révéler des aspects masqués notamment lors de l'étude des pratiques genrées appliquées au territoire. La géographie de genre est utilisée à trois différentes échelles[7].

Échelle micro-socio-spatiale

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L'échelle micro est privilégiée par l'analyse de genre en raison de son intérêt pour la connaissance de l'individu. Traditionnellement investi par le masculin, l'espace du domestique est progressivement réinvesti par le féminin. Il est marqué par la visibilité homme-femme. Les nouvelles pratiques spatiales féminines conduisent à augmenter la visibilité quotidienne des femmes grâce à une augmentation de leur mobilité liée à leurs activités économiques. Les femmes investissent de nouveaux territoires et acquièrent de nouveaux savoir-faire. Les femmes présentent des pratiques spatiales quotidiennes de proximité avec une forte fréquentation de ces lieux alors que les hommes présentent des pratiques spatiales quotidiennes éloignées avec une faible fréquentation de ces lieux[37]. L'accroissement progressif de la mobilité des femmes fait apparaître une identification symbolique progressive des femmes aux lieux qu'elles fréquentent contrairement aux hommes pour qui ce processus d'appropriation est implicite[38].

Échelle méso-socio-spatiale

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L'échelle méso s'intéresse aux groupes sociaux genrés en relation avec le territoire. Les catégories sociales sont empreintes de codes et de normes qui permettent de comprendre les rapports sociaux genrés au territoire. La diversification des activités économiques a permis une mise en relation des groupes sociaux féminins et des institutions politiques. Le principe genré « d'égalité des chances » est appliquée. Il permet un développement des activités communautaires féminines et l'amélioration de la représentation des femmes dans les lieux de pouvoir de niveau régional[37].

Échelle macro-socio-spatiale

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L'échelle macro est largement destinée aux institutions et aux sociétés d'ordre mondiale et nationale. Elles intègrent de façon volontariste les discours de genre au sein des organisations et des projets territoriaux. Leurs effets se manifestent par un aplanissement des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes et oblige à une redéfinition des pratiques, des rôles et de la hiérarchisation des rapports sociaux entre les sexes[37].

Principaux domaines d'utilisation

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Le genre est abordé à travers différents champs de la géographie avec une grande diversité de thèmes surtout dans la géographie anglophone. En 2001, les sessions du colloque de l'Association of American Geographers portent par exemple sur : l’État, les universités, la marginalisation, les enfants, la technologie de l'information et leur impact, le développement, le handicap, la mobilité, la croissance urbaine, les religions, le syndicalisme, le tourisme, les activités rurales, etc.[5].

Géographie sociale et culturelle

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Les premiers travaux de géographie féministe s'appuient sur la géographie sociale et le concept d'espace vécu[8].

La géographie du genre s'inscrit dans la géographie culturelle dans la mesure où « la féminité », « la place des femmes », « le rôle des femmes », « la masculinité », « la place des hommes », « le rôle des hommes » sont des construits culturels[6].

Géographie économique

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  • géographie rurale : la géographie de genre souhaite rendre compte des dynamiques spatiales et sociales féminines dans un territoire local spécifique. Ces études rencontrent des difficultés dans la délimitation de leurs travaux en raison d'une grande mixité socio-culturelle et économique en zone rurale[39].
  • géographie du travail et de l'espace: cette géographie analyse les pratiques et les espaces genrés dans de cadre du développement économique[réf. souhaitée].

Géographies post-coloniale et décoloniale

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Ces géographies s'attachent à rendre compte de la diversité du monde et remettent en question une vision du monde orientée du point de vue européen et plus largement occidental.

Le préfixe « post », dans ce contexte, signifie « au-delà » et non « après » : il ne s'agit pas de dire, dans les postcolonial studies, que l'on se situe après le colonial mais qu'il faut créer un nouveau rapport au passé colonial[40].

Géographie du pouvoir

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La géographie de genre permet de réétudier la géographie du pouvoir à travers l'étude du rapport de pouvoir entre hommes et femmes localisé dans de nouveaux espaces : les espaces en dehors de l'État, dans la société, et au sein de la vie privée[38].

Géographie des sexualités et gay, lesbian, bi- and trans gender studies

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Le terme de genre « permet de repenser le lien entre sexe et genre », d'où les interactions entre ce concept et le développement des études portant sur les personnes LGBT+[6]. En effet, l'homosexualité « remet en question les rôles genrés traditionnels »[6].

Photographie de Béatrice Collignon
Béatrice Collignon, géographe ayant promu les approches de géographie du genre et des sexualités

La géographie des sexualités regroupe un ensemble de travaux portant sur les dimensions spatiales de la sexualité. D'après Karine Duplan, la géographie des sexualités a été influencée par trois courants[14] :

Photographie de Jean-François Staszak
Jean-François Staszak, géographe ayant promu les approches de géographie du genre et des sexualités

Le livre Mapping Desire de Gill Valentine et David Bell, publié en 1995, est fondamental dans le développement de la géographie des sexualités. Il regroupe des travaux portant sur différentes minorités sexuelles et différents types d'espaces, de géographes devenus des références dans le champ : David Bell, Jon Binnie, Michael Brown, Lynda Johnston, Laurence Knopp, Linda McDowell et Gill Valentine[12],[13]. Il est considéré comme le premier ouvrage abordant les questions de sexualité du point de vue de la géographie[14]. « Ces travaux sont plutôt centrés sur les identités sexuelles et les espaces de résistance créés pour faire face à l’hétéronormativité de l’espace public »[13].

Ces thématiques émergent plus tard et plus difficilement en France[12],[13].

Photographie de la devanture du Bear Café à Paris.
Les premiers travaux de géographie des sexualités français portent sur Paris et notamment ses lieux de sociabilité LGBT, ici un café.

D'après Marianne Blidon, les géographes français découvrent la question gay à travers les travaux de Boris Grésillon et les positionnement de Jean-François Staszak et Béatrice Collignon en faveur de la géographie postmoderniste. Suivent ensuite les travaux de Stéphane Leroy, Emmanuel Jaurand, Nicolas Boivin et Marianne Blidon (dont la thèse soutenue en 2007 est la première sur la question en France) sur la question. Tout comme les géographes espagnol Víctor Fernández Salinas et belge Jean-Michel Decroly, ils ont notamment pour référence les géographes britanniques Gill Valentine, David Bell et Jon Binnie[12]. La plupart des premiers travaux français de géographie des sexualités portent sur Paris[13].

Dans le cadre de la géographie de l'homosexualité, les lesbiennes sont souvent invisibilisées par rapport aux gays : les travaux portant sur elles sont moins nombreux[12],[13]. Nadine Cattan et Anne Clerval montrent que leur rapport à l'espace est différent de celui des gays[13].

Le terme « queer » est discuté par certains et certaines géographes et proposé pour pallier les manques d'une géographie des sexualités pas assez attentive à la fluidité des genres[13]. Ces géographies des sexualités marquées par une lecture queer proposent de nouvelles approches et objets d'étude[14].

Géographies queers

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Tag queer dans la rue en Allemagne.

Le terme « queer », d'abord péjoratif, est récupéré par une partie des communautés homosexuelle et trans et porte une connotation politique importante[13],[11]. Sa définition est complexe[13]. La théorie queer met notamment en question l'hétérosexualité[11].

Les approches queers ont pour héritage le postmodernisme et le féminisme et en particulier les travaux de Judith Butler[13]. Le queer est diffusé dans le champ académique par les travaux de Teresa de Lauretis et de Judith Butler, sans que la seconde ne se rattache explicitement à ce champ[11]. Le concept de « performance » utilisé par Judith Butler devient central dans la théorie queer[11]. Dans le cadre de la géographie, il permet de « porter l’attention sur le rapport entre corps et espace, et de mettre en évidence la matérialité de ce rapport et ses conséquences sur les transformations de l’espace. Cette perspective d’analyse s’avère intéressante dans la géographie du genre et de la sexualité mais aussi dans les recherches sur les mouvements sociaux et sur l’usage de l’espace (surtout urbain) dans le militantisme »[11].

Certains discours ont tendance à opposer les théories féministes et queers et à souligner leurs différences et oppositions, mais les universitaires queers mobilisent les apports théoriques féministes[13]. D'après Cha Prieur, il y aurait plus de continuité entre théories féministes et queers dans le monde anglophone que dans les approches francophones qui seraient plus clivées : « les théories féministes et queers se sont côtoyées dans le monde anglophone alors qu’en France et au Québec, la théorie queer est apparue comme une alternative au féminisme matérialiste »[13].

L'expression anglaise queer geography date de la fin des années 1990. Les expressions queer et queer space sont déjà présentes dans l'ouvrage Mapping Desire de Gill Valentine et David Bell (qui correspond à la première vague de géographie queer)[13] : les géographies queers s'inscrivent aussi en continuité et en opposition de la géographie des sexualités.

Ainsi, « une géographe comme Rachèle Borghi propose de substituer à une géographie des sexualités (homosexuelle, lesbienne, bi, trans…) associée à l’idée d’un espace genré, une multiplicité de géographies critiquant la construction socio-spatiale de la norme hétérosexuelle pour penser les rapports entre les espaces, le genre et les sexualités »[24]. Pour Natalie Oswin, géographe au Canada, le terme « queer space » est mal employé par David Bell, Gill Valentine et Jon Binnie car simplement utilisé comme synonyme d'« espace homosexuel »[13],[41]. Pour Natalie Oswin, les géographies queers doivent dépasser les géographies du genre et des sexualités : elles doivent « aller au-delà des dichotomies homosexuel-le/hétérosexuel-le, homme/femme, espace public/espace privé, dominant/dominé… Elles ont pour but d’étudier les lieux et les communautés qui résistent à différents types de normativités (révélatrices de rapports de pouvoir et de domination) et de voir comment, par quelles actions politiques, sociales et culturelles, elles le font »[13]. La nouvelle définition d'espace queer proposée par Natalie Oswin intègre aussi « les personnes trans, les homosexualités non homonormées et les hétérosexualités non hétéronormées »[13]. De plus, tout comme la géographie du genre ne porte pas uniquement sur les femmes, les géographies queers ne portent pas uniquement sur les personnes queers[13].

Cha Prieur évoque différentes pistes thématiques et méthodologiques développées par les géographies queers[13] :

  • l'étude de « l’entre-deux des genres et des sexualités », dans laquelle s'inscrivent par exemple les travaux de Kath Browne, Catherine J. Nash, Alison Bain, Cha Prieur et Phil Hubbard ;
  • les enjeux de la « production des savoirs et méthodologies queers » qui comptent notamment l'ouvrage Queer Methods and Methodologies de Kath Browne et Catherine J. Nash, paru en 2010 et mobilisent beaucoup les théories des savoirs situés tout en mettant en cause l'injonction à la réflexivité ;
  • la question de l'engagement de la recherche et du lien avec les milieux militants[13].

Les géographies queers se déclinent ainsi en différentes thématiques et branches et intègrent différentes approches, comme celle de l'intersectionnalité (comprenant les travaux de Andrew Gorman-Murray, Lynda Johnston, Gordon Waitt, Catherine J. Nash, Alison Bain, Jackie Gabb ou encore Lorena Munoz) et du matérialisme[13]. Il s'agit de géographies à la fois sociales, politiques et culturelles[13],[24].

Au-delà de ces considérations d'ensemble sur les géographies queers, celles-ci peuvent être séparées en deux vagues successives.

Première vague de géographie queer

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Le projet queer en géographie est centré autour de la déconstruction de la norme hétérosexuelle. Sa première vague est surtout portée par des géographes gais et lesbiennes britanniques et a pour référence numéro de lancement de la revue Gender, place and culture (en) et les travaux de David Bell et Gill Valentine[14]. D'après Karine Duplan, « en s’appuyant sur la performativité et la fluidité des identités et des espaces, les auteur.e.s mettent l’accent sur la déconstruction des binarités qui nous servent à penser notre espace d’ordre »[14]. Ces travaux de la première vague queer considèrent que les espaces sont produits par l'hétéronormativité. Ce faisant, ils ont paradoxalement tendance à renforcer l'opposition entre les espaces hétéronormatifs et les espaces queers[14].

La première vague de géographie queer donne lieu à des débats et fait l'objet de nombreuses critiques, pour son sexisme, son racisme, son ethnocentrisme, son orientation discursive et sa désincarnation[14].

Deuxième vague de géographie queer

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Dans la lignée des travaux féministes, la deuxième vague de géographie queer donne une place plus importante au corps. Les géographies trans sont au cœur de cette évolution et participent au développement de nouvelles méthodologies et approches, centrées notamment sur les expériences de vie individuelles (travaux de Sally Hines et Catherine J. Nash), l'autoethnographie (travaux de Petra Doan) et le rôle du désir (travaux de Jon Binnie) des émotions dans la recherche scientifique[14].

La deuxième vague de géographie queer insiste sur le fait que le terme de queer n'est pas seulement un équivalent de LGBT mais qu'il sert à contester autant l'hétéronormativité que l'homonormativité, comme le souligne Kath Browne. Ce courant appelle aussi à analyser l'hétéronormativité elle-même, comme le font Natalie Oswin et Philip Hubbard. Contrairement à certains travaux antérieurs de géographie des sexualités et queer, il remet aussi en cause la primauté de la sexualité comme critère d'identification par rapport par exemple au genre, à la race, ou à la classe sociale. C'est le cas des études réalisées par Heidi Nast sur le patriarcat homosexuel, ou par Alison Bain et Catherine J. Nash sur les normes de genre et de classe dans les saunas lesbiens[14].

Géomatique et SIG féministes

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Des géographes anglophones comme Nadine Schuurman, Mei-Po Kwan, Geraldine Pratt, Susan Hanson et Marianna Pavlovskaya développent des théories et des méthodes de géomatique et systèmes d'information géographique (SIG) prenant en compte le genre voire féministes. Les SIG féministes sont liés aux SIG critiques et à la cartographie critique[30].

Critiques et débats

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Critiques et débats externes au champ

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D'après différentes autrices, la géographie du genre fait en France l'objet de critiques, de disqualifications et de résistances sociales, disciplinaires et institutionnelles fortes[6],[7],[8], du fait notamment de ce qui est nommé« « l’universalisme » à la française »[6]. Les travaux de Jacqueline Coutras sont ainsi dès le départ considérés comme n'étant pas assez universels. Cet argument est contredit par le fait que beaucoup de travaux se prétendant universels portent en fait sur les populations masculines (par exemple le fait de n'étudier que le travail salarié alors que les femmes réalisent plutôt du travail domestique)[6]. En 2004, le géographe Jacques Lévy taxe les études de genre de « communautarisme » et juge leur développement inquiétant, notamment pour leur caractère militant et du fait que selon lui, pour les études de genre, le « genre serait encore plus premier, encore plus fondamental que toute autre distinction ». Il qualifie ce champ de « néo-substantialiste » et interroge la pertinence de l'utilisation du terme de genre plutôt que de celui de sexe en français. Il termine néanmoins en disant que « comme catégorie sociale, c’est-à-dire comme construction sociale historiquement mise en place et historiquement dépassable [...] la notion de genre nous interroge et nous invite à faire du neuf »[22].

La critique du postmodernisme à l'égard de la pensée féministe porte sur le fait qu'en insistant sur la différenciation entre les sexes ou genres, la pensée féministe crée la fiction d'une femme abstraite qui ne tient pas compte des distinctions et inégalités entre les femmes. Ceci peut mener à l'invisibilisation d'autres structures de domination[5].

Dans les années 2010-2020, l'institutionnalisation des géographies féministes et du genre et les politiques européennes de « Gender mainstreaming » conduisent à la critique selon laquelle ces géographies seraient un « phénomène de mode »[8].

Au-delà de la sphère scientifique et de celle de la géographie, la légitimité des recherches sur le genre est régulièrement remise en cause dans le champ médiatique[24].

Critiques et débats internes au champ

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Les études de genre dans leur ensemble voient l'existence « de clivages, de divergences fortes, de débats houleux et d’une pluralité de féminismes »[7].

D'après The feminist scholarschip, les études universitaires portant sur la géographie de genre seraient principalement issues de femmes « blanches, hétérosexuelles, et occidentales » et conduiraient à négliger les variétés de autres systèmes sociaux des femmes non-blanches, non-hétérosexuelles et non-occidentales[39]. Cependant les études récentes des rapports de genre commenceraient à prendre de façon croissante ces variables interculturelles en considération[38].

Principaux auteurs et autrices

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Auteurs et autrices francophones en lien avec la géographie du genre

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Par ordre alphabétique :

  • Marianne Blidon : géographe, maîtresse de conférences à l'Institut de démographie de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle a été membre fondatrice et codirectrice de la revue Genre, sexualité et société, et membre du comité de Gender, Place & Culture (en)[42]. Elle a aussi créé et codirigé le certificat d'études genre à l'université Paris 1 et elle est membre de la commission genre et géographie de l'UGI[43]. Elle a soutenu la première thèse française en géographie des sexualités et son habilitation à diriger des recherches sur la géographie féministe.
  • Rachele Borghi : maîtresse de conférences en géographie à l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Spécialiste du post-porn et du pornactivisme, elle inscrit son travail dans une géographie queer et décoloniale.
  • Nadine Cattan : directrice de recherche au CNRS (Laboratoire : Géographie-Cités). Ses travaux portent notamment sur la manière dont le genre et la sexualité organisent l'espace et produisent des territorialités spécifiques (en particulier urbaines).
  • Amandine Chapuis : maîtresse de conférences en géographie à l'Université Paris Est Marne-la-Vallée (Laboratoire : ACP). Elle aborde la question du tourisme urbain à partir d'une approche de genre.
  • Jacqueline Coutras : chercheuse au CNRS, ses travaux font d'elle une pionnière de la géographie du genre en France et portent sur les pratiques urbaines et comportements spatiaux des femmes.
  • Karine Duplan : maître-assistante (senior lecturer) à l'Université de Genève. Spécialiste de l'hétéro-normativité des espaces du quotidien, en particulier dans le contexte de villes mondialisées.
  • Gaëlle Gillot : maîtresse de conférences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Laboratoire : DEVSOC). Spécialiste des pratiques des espaces publics au Maghreb et Moyen-Orient. Elle travaille aujourd'hui sur les pratiques spatiales des ouvrières du textile au Maroc.
  • Claire Hancock : professeure des universités en Géographie à l'Université Paris-Est Créteil (Laboratoire : Lab'URBA). Elle est depuis 1995 membre du comité de rédaction de la Revue Géographie et Culture et est depuis 2009 rédactrice en chef adjointe de la revue Justice Spatiale.
  • Emmanuel Jaurand, professeur de géographie à l'Université d’Angers (Laboratoire ESO)
  • Joanne Le Bars : maîtresse de conférences en géographie à l'Université Paris Est Marne-la-Vallée (Laboratoire : ACP). Ses travaux portent sur les pratiques et les stratégies spatiales des femmes migrantes SDF.
  • Antoine Le Blanc : professeur de géographie à l'université du Littoral à Dunkerque. Travaille sur les pratiques spatiales du sport LGBT. Président du Comité National Français de Géographie.
  • Stéphane Leroy : professeur de géographie à l'Université d'Angers
  • Sophie Louargant : maîtresse de conférences en Géographie à l'université de Grenoble Alpes (Laboratoire : PACTE). Elle a soutenu en 2003 une thèse portant sur la mobilisation du concept de genre pour analyser la notion de territoire.
  • Corinne Luxembourg : maîtresse de conférences en géographie à l'université d'Artois (Laboratoire : Discontinuités)
  • Kamala Marius : maîtresse de conférences HDR en géographie à l’Université de Bordeaux Montaigne (Laboratoire : LAM), elle travaille sur les inégalités de genre en Inde[44].
  • Édith Maruéjouls : maîtresse de conférences en géographie à l'Université Bordeaux-Montaigne, elle a créé le bureau d’études L’ARObE (Atelier recherche observatoire égalité).
  • Cha Prieur : géographe titulaire d'un doctorat. Cha Prieur a soutenu en 2015 une thèse à l'Université Paris 4 sur la géographie des milieux queers à Paris et Montreal, sous la direction de Louis Dupont.
  • Evangelina San Martin Zapatero : docteure en géographie. Elle a soutenu en 2019 une thèse à l'Université Bordeaux-Montaigne sur la dimension spatiale des violences conjugales, sous la direction d'Yves Raibaud.
  • Yves Raibaud : maître de conférences émérite de l'Université Bordeaux Montaigne.
  • Mina Saïdi-Sharouz : architecte et docteure en géographie. Enseignante en SHS à l'ENSA Paris La Villette. Elle est spécialiste des pratiques spatiales des femmes dans les espaces publics iraniens.
  • Camille Schmoll : directrice d'études à l'EHESS (Laboratoire : Géographie-cités). Ses travaux portent sur les dynamiques migratoires dans l’espace euro-méditerranéen, avec une attention spécifique portée aux vécus des femmes migrantes[45].
  • Raymonde Séchet : professeure émérite de l'Université Rennes 2.
  • Jean-François Staszak : professeur en géographie à l'université de Genève. Il étudie la géographie de genre à travers le biais des discours culturellement dominant et notamment l'altérité et l'exotisme[46].
  • Marion Tillous : maîtresse de conférences en géographie et études de genre à l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis (Laboratoire : LEGS). Elle a travaillé sur le harcèlement sexuel dans les espaces de mobilité ; ses travaux portent aujourd'hui sur le contrôle spatial au sein du couple et ses conséquences sur la mobilité des femmes.
  • Anne Volvey : professeur en géographie à l'université d'Artois (Laboratoire : Textes et Cultures)
  • Djemila Zeneidi : directrice de recherche au CNRS (Laboratoire : Passages). Elle s'est intéressée aux vécus et aux pratiques spatiales des ouvrières agricoles saisonnières en Espagne.

Autrices anglophones en lien avec la géographie du genre

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Géographes anglo-saxonnes (États-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle Zélande)

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  • Patricia Daley, professeure à l'université d'Oxford, mobilise une perspective historique féministe pour étudier les génocides dans la région des Grands Lacs.
  • Mona Domosh[47], professeure à Dartmouth College, elle a créé la revue Gender, Place and Culture avec Liz Bondi. Elle a publié plusieurs ouvrages de références notamment Putting Women in Place: Feminist Geographers Make Sense of the World avec Joni Seager.
  • Ruth Fincher est spécialiste de l'analyse de l'ethnicité et du genre dans l'environnement urbain bâti et dans l'interaction entre les institutions de l'État et le public.
  • Susan Hanson montre le lien entre la spatialisation et les trajectoires en étudiant l'évolution du travail des femmes dans le secteur industriel de la région de Worcester (Massachusetts-États-Unis). Il apparaît que les lieux de « ghettoisation » seraient dominés par les femmes et leurs activités économiques[48].
  • Louise Johnson, géographe et universitaire australienne, spécialisée en géographie du genre, s'intéresse aux évolutions urbaines et post-coloniales en Australie[49].
  • Cindi Katz, développe une approche féministe marxiste dans ses travaux de géographie.
  • Audrey Kobayashi, géographe canadienne s'est spécialisée en géographie, géopolitique et en études raciales et de genre.
  • Robyn Longhurst, étudie le corps en géographie et notamment pendant la grossesse.
  • Doreen Massey utilise les courants communautaires et féministes pour étudier les divisions de l'espace. Elle a défini des espaces différenciés en fonction des sexes et de mixités notamment dans le cadre de la division du travail hommes-femmes dans les usines londoniennes[50].
  • Linda McDowell fait partie des cofondatrice du groupe de recherche sur les femmes et la géographie de la Royal Geographical Society en 1982[51].
  • Janet Townsend pionnière en géographie du genre dans les pays en développement.
  • Janet Momsen montre la validité de l'utilisation de critères genrés dans le cadre de ses travaux en géographie du développement et de la pauvreté pour prendre en considération la place des femmes dans le développement économique mondial[52].
  • Janice Monk a joué un rôle central dans l'institutionnalisation de la géographie du genre aux États-Unis et dans le monde notamment par son implication dans les associations professionnelles (AAG et UGI) mais aussi par le mentorat qu'elle a réalisé tout au long de sa carrière.
  • Rachel Pain publie de nombreux articles sur les violences, la sécurité communautaire, le traumatisme ou encore la peur.
  • Gillian Rose articule la géographie féministe, l'étude des cultures visuelles et l'analyse des savoirs géographiques. Elle est l'autrice du livre Feminism and Geography: The Limits of Geographical Knowledge publié en 1993.
  • Jo Sharp, géographe écossaise, a publié plusieurs ouvrages de géographie féministe avec Linda McDowell.
  • Gill Valentine est spécialiste de géographie sociale, du genre et des sexualités.

Géographes indiennes

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Géographe hong-kongaise

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  • Mei-Po Kwan est spécialiste des SIG et travaille sur des méthodes de visualisation féministes, permettant de rendre compte des vécus des femmes et des enjeux de genre en géographie quantitative.

Dans d'autres langues

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Le Janice Monk Service Award est décerné chaque année par le groupe Geographic Perspectives on Women de l'American Association of Geographers depuis 2000.

Depuis 2009, un Susan Hanson Dissertation Proposal Award est également attribué par ce même groupe[57].

Le prix Isabel André est décerné au Portugal pour récompenser des thèses de doctorat dans les domaines de la géographie et de l'aménagement du territoire développant une réflexion sur le genre[58].

Principales revues scientifiques

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Revues internationales de géographie du genre

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Revues françaises de géographie du genre

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Bibliographie et sources

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie portant sur les géographies féministes, du genre et queers

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En allemand

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  • (de) Autor*innenkollektiv Geographie und Geschlecht, Handbuch Feministische Geographien : Arbeitsweisen und Konzepte, Budrich, , 265 p. (ISBN 978-3-8474-2373-7, lire en ligne)

En français

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  • Francine Barthe-Deloizy et Claire Hancock, « Introduction : le genre, constructions spatiales et culturelles », Géographie et cultures, no 54,‎ , p. 3–9 (ISSN 1165-0354, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marianne Blidon, « Genre - HYPERGEO », sur hypergeo.eu (consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marianne Blidon et Natacha Chetcuti, « Penser la sexualité et les rapports sociaux de sexe : perspectives critiques. Dialogue entre deux disciplines », Carnets de géographes, no 1,‎ (ISSN 2107-7266, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marianne Blidon, « Notion à la une : genre — Géoconfluences », sur geoconfluences, (consulté le )
  • Rachele Borghi, « De l’espace genré à l’espace « queerisé ». Quelques réflexions sur le concept de performance et sur son usage en géographie », ESO, travaux & documents,‎ , p. 109-116 (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Vincent Clément, Mathis Stock et Anne Volvey, Mouvements de géographie : une science sociale aux tournants, Rennes/35-Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 368 p. (ISBN 978-2-7535-8098-5, lire en ligne), « La géographie féministe, s'approprier un champ heuristique »
  • Béatrice Collignon et Claire Hancock, « Méthodologies et épistémologies féministes », dans Claire Hancock, Géographies anglophones : Nouveaux défis, Presses universitaires de Paris Nanterre, , 442 p. (ISBN 978-2-84016-469-2)
  • Karine Duplan, « Les géographies des sexualités et la géographie française peuvent-elles faire bon ménage ? », Géographie et cultures, no 83,‎ , p. 117–138 (ISSN 1165-0354, DOI 10.4000/gc.2087, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Nicolas Ginsburger, « Femmes en géographie au temps des changements. Féminisation et féminisme dans le champ disciplinaire français et international (1960-1990) », L'Espace géographique,‎ (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Claire Hancock, « Genre et géographie : les apports des géographies de langue anglaise », Espace Populations Sociétés, vol. 20, no 3,‎ , p. 257–264 (DOI 10.3406/espos.2002.2038, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Claire Hancock, « Les études de genre ont-elles transformé la géographie française ? », Histoire de la recherche contemporaine. La revue du Comité pour l’histoire du CNRS, no Tome IX - n°1,‎ , p. 45–54 (ISSN 2260-3875, DOI 10.4000/hrc.4182, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Sophie Louargant, « De la géographie féministe à la "Gender Geography" : une lecture francophone d'un concept anglophone », Espace Populations Sociétés, vol. 20, no 3,‎ , p. 397–410 (DOI 10.3406/espos.2002.2049, lire en ligne, consulté le )
  • Cha Prieur, « Des géographies queers au-delà des genres et des sexualités ? », EspacesTemps.net Revue électronique des sciences humaines et sociales.,‎ (ISSN 1777-5477, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Yves Raibaud et Kamala Marius, Genre et Construction de la Géographie, Maison des Sciences de l’Homme d’Aquitaine, coll. « Épistémologie », , 240 p. (ISBN 978-2-85892-494-3, lire en ligne)
  • Yves Raibaud, « Introduction : « Géographie du genre : ouvertures et digressions » », L'Information géographique,‎ , p. 7-15 (DOI 10.3917/lig.762.0007, lire en ligne)
  • Christine Risi, « Géographie et féministe : remarques liminaires », Cahiers de géographie du Québec, vol. 30, no 79,‎ , p. 77–82 (ISSN 0007-9766 et 1708-8968, DOI 10.7202/021772ar, lire en ligne, consulté le )
  • Marion Tillous, Judicaëlle Dietrich, Marianne Blidon et Cyril Blondel, « Découvrir les géographies féministes et queers », sur Contretemps (consulté le )

Principaux travaux de géographie féministe, du genre ou queer

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Notes et références

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  1. (en) Susan Hanson, « Geography and Feminism: Worlds in Collision? », Annals of the Association of American Geographers, vol. 82, no 4,‎ , p. 569–586 (ISSN 1467-8306, DOI 10.1111/j.1467-8306.1992.tb01718.x, lire en ligne, consulté le )
  2. Lucia Direnberger et Camille Schmoll, « Ce que le genre fait à l’espace… et inversement », Les cahiers du CEDREF. Centre d’enseignement, d’études et de recherches pour les études féministes, no 21,‎ (ISSN 1146-6472, DOI 10.4000/cedref.953, lire en ligne, consulté le )
  3. a b c d e f g h i j k et l Nicolas Ginsburger, « Femmes en géographie au temps des changements. Féminisation et féminisme dans le champ disciplinaire français et international (1960-1990) », L'Espace géographique,‎ (lire en ligne)
  4. Michelle Perrot, Les femmes, ou, Les silences de l'Histoire, Paris, Flammarion, , 493 p. (ISBN 2-08-080010-8, 978-2-08-080010-7 et 2-08-067324-6, OCLC 300131421, lire en ligne)
  5. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r Claire Hancock, « Genre et géographie : les apports des géographies de langue anglaise », Espace Populations Sociétés, vol. 20, no 3,‎ , p. 257–264 (DOI 10.3406/espos.2002.2038, lire en ligne, consulté le )
  6. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s Francine Barthe-Deloizy et Claire Hancock, « Introduction : le genre, constructions spatiales et culturelles », Géographie et cultures, no 54,‎ , p. 3–9 (ISSN 1165-0354, lire en ligne, consulté le )
  7. a b c d e f g h i et j Marianne Blidon, « Genre », sur HyperGeo, .
  8. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae et af Claire Hancock, « Les études de genre ont-elles transformé la géographie française ? », Histoire de la recherche contemporaine. La revue du Comité pour l’histoire du CNRS, no Tome IX - n°1,‎ , p. 45–54 (ISSN 2260-3875, DOI 10.4000/hrc.4182, lire en ligne, consulté le )
  9. Joni Seager, A Companion to Feminist Geography., John Wiley & Sons, , 340 p. (ISBN 978-1-4051-3736-2 et 1-4051-3736-3, OCLC 701843131, lire en ligne)
  10. Barney Warf, « Gender and Geography », dans Encyclopedia of Geography, SAGE Publications, Inc., (lire en ligne), p. 1189–1194
  11. a b c d e f et g Rachele Borghi, « De l’espace genré à l’espace « queerisé ». Quelques réflexions sur le concept de performance et sur son usage en géographie », ESO, travaux & documents,‎ , p. 109-116 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  12. a b c d e f g h i et j Marianne Blidon et Natacha Chetcuti, « Penser la sexualité et les rapports sociaux de sexe : perspectives critiques. Dialogue entre deux disciplines », Carnets de géographes, no 1,‎ (ISSN 2107-7266, lire en ligne, consulté le )
  13. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa Cha Prieur, « Des géographies queers au-delà des genres et des sexualités ? », EspacesTemps.net Revue électronique des sciences humaines et sociales.,‎ (ISSN 1777-5477, lire en ligne, consulté le )
  14. a b c d e f g h i j et k Karine Duplan, « Les géographies des sexualités et la géographie française peuvent-elles faire bon ménage ? », Géographie et cultures, no 83,‎ , p. 117–138 (ISSN 1165-0354, DOI 10.4000/gc.2087, lire en ligne, consulté le )
  15. a et b Sophie Louargant, « Préface », Journal of Alpine Research | Revue de géographie alpine, nos 101-1,‎ (ISSN 0035-1121, lire en ligne, consulté le )
  16. Jacqueline Coutras et Jeanne Fagnani, « Transports », Les cahiers du GRIF, vol. 19, no 1,‎ , p. 97–102 (DOI 10.3406/grif.1977.1283, lire en ligne, consulté le )
  17. a et b (en) J. Coutras et J. Fagnani, « Femmes et transports en milieu urbain », International Journal of Urban and Regional Research, vol. 2, nos 1-3,‎ , p. 432–439 (DOI 10.1111/j.1468-2427.1978.tb00760.x, lire en ligne, consulté le )
  18. a et b Jacqueline Coutras et Jeanne Fagnani, « Éditorial », Espace Populations Sociétés, vol. 7, no 1,‎ , p. 11–13 (lire en ligne, consulté le )
  19. Dominique Creton, « Editorial », Espace Populations Sociétés, vol. 20, no 3,‎ , p. 253–255 (lire en ligne, consulté le )
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