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'''Gilbert Badia''', né le {{date-|11 septembre 1916}}<ref name="maitron">Marie-Louise Goergen, Isabelle Kalinowski, [http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article15456 notice « Gilbert Badia »], in [[Le Maitron]].</ref> à [[Causses-et-Veyran]] ([[Hérault (département)|Hérault]]), mort le {{date-|5 novembre 2004}} dans le [[5e arrondissement de Paris|5{{e}} arrondissement]] de [[Paris]]<ref>[https://personnes-decedees.matchid.io/?q=Theodule%20Badia%2011%2F09%2F1916&size=n_20_n Lieux de naissance et décès trouvés dans la base MatchId des fichiers de décès en ligne du Ministère de l'Intérieur avec les données INSEE (consultation 8 janvier 2020)]</ref>, est un historien, journaliste et germaniste français. Son nom est lié aux nombreux ouvrages qu'il a consacrés à [[Rosa Luxemburg]].
'''Gilbert Badia''', né le {{date-|11 septembre 1916}}<ref name="maitron">Marie-Louise Goergen, Isabelle Kalinowski, [https://maitron.fr/spip.php?article15456 notice « Gilbert Badia »], in [[Le Maitron]].</ref> à [[Causses-et-Veyran]] ([[Hérault (département)|Hérault]]), mort le {{date-|5 novembre 2004}} dans le [[5e arrondissement de Paris|5{{e}} arrondissement]] de [[Paris]]<ref>[https://personnes-decedees.matchid.io/?q=Theodule%20Badia%2011%2F09%2F1916&size=n_20_n Lieux de naissance et décès trouvés dans la base MatchId des fichiers de décès en ligne du Ministère de l'Intérieur avec les données INSEE (consultation 8 janvier 2020)]</ref>, est un [[historien]], [[journaliste]] et [[Germanistique|germaniste]] français. Son nom est lié aux nombreux ouvrages qu'il a consacrés à [[Rosa Luxemburg]].


== Biographie ==
== Biographie ==
Fils d'immigrés [[catalogne |catalans]]<ref name="maitron"/>, il entreprend des études de langue allemande, qui le conduisent à l'agrégation (1940). Au cours de ces études, il séjourne durant deux années (1936-1938) en [[Allemagne]] où il est témoin de la montée du nazisme<ref>{{Lien web|url=https://www.humanite.fr/node/315768|titre=Ma découverte de l'Allemagne|auteur=Gilbert Badia|site=[[l'Humanité|humanite.fr]]|citation=|en ligne le=15 novembre 2004|consulté le=22 mai 2018}}.</ref>. Rentré en France, il se marie avec une institutrice communiste et adhère lui aussi au [[Parti communiste français|Parti communiste]]. Il entre dans la [[Résistance française|Résistance]], il est chargé du « [[Travail allemand]] » (TA) parmi les soldats qui occupent la France. Arrêté en 1943, il parvient à s'évader.


Fils d'immigrés [[catalogne |catalans]], Gilbert Badia entreprend des études de langue allemande, qui le conduisent à l'agrégation (1940). Au cours de ces études, il obtient un poste d'assistant (''Austauschlehrer'') en [[Allemagne]] où il séjourne durant deux années (1936-1938)<ref name="maitron"/>. Il est alors témoin de la montée du nazisme<ref>{{Lien web|url=https://www.humanite.fr/node/315768|titre=Ma découverte de l'Allemagne|auteur=Gilbert Badia|site=[[l'Humanité]]|citation=|en ligne le=15 novembre 2004|consulté le=22 mai 2018}}.</ref>. Rentré en France, il se marie avec une institutrice communiste et adhère lui aussi au [[Parti communiste français|Parti communiste]]. Engagé dans la [[Résistance française|Résistance]], il est chargé du « [[Travail allemand]] » (TA) parmi les soldats qui occupent la France. Il est arrêté en 1943, mais parvient à s'évader.
En 1945, il entre comme journaliste, puis rédacteur en chef du quotidien ''[[Ce Soir]]'', dirigé par [[Louis Aragon|Aragon]] et [[Jean-Richard Bloch]]. Sa liberté d'analyse notamment sur les problèmes de l'Allemagne divisée en deux États, lui fait quitter ce journal en 1950<ref>{{Article|auteur1=[[Jean-Claude Lebrun]]|titre=Cette histoire qui résiste.|périodique=l'Humanité|date=8 novembre 2004|lire en ligne=https://www.humanite.fr/node/315370|consulté le=22 mai 2018}}.</ref> et intégrer l'enseignement. Il enseigne au [[lycée Charlemagne]] de Paris tout en collaborant à ''[[L'Écran français]]'' (de 1950 à 1952).


En 1945, il entre comme journaliste, puis rédacteur en chef du quotidien ''[[Ce soir]]'', dirigé par [[Louis Aragon|Aragon]] et [[Jean-Richard Bloch]]. Il devient le secrétaire général, puis le directeur de ce journal avant de le quitter, en 1950, à la suite d'un désaccord éditorial<ref name="maitron"/>. Il retourne dans l'enseignement, obtenant un poste de professeur d'allemand au [[lycée Charlemagne]] de Paris tout en collaborant à ''[[L'Écran français]]'' (de 1950 à 1952).
En 1964, il enseigne à l'université d'Alger où il fonde la section d'allemand qu’il dirige jusqu'en 1966. De retour en France, après un bref passage à l'[[Université de Nanterre]], il intègre en 1968 le tout nouveau [[Centre universitaire expérimental de Vincennes]], future [[Université Paris-VIII|Université de Paris 8]], où il enseigne jusqu'à la fin de sa carrière en 1985. Gilbert Badia est un des spécialistes de [[Rosa Luxemburg]] à laquelle il a consacré sa thèse universitaire et d’autres publications<ref>Jean Mortier et Hélène Roussel, [https://ages-info.org/fr/2008/07/31/gilbert-badia-1916-2004/ ''Gilbert BADIA (1916-2004)''], Association des Germanistes de l'Enseignement Supérieur, 31 juillet 2008.</ref>.


En 1964, il enseigne à l'université d'Alger où il fonde la section d'allemand qu’il dirige jusqu'en 1966. De retour en France, après un bref passage à l'[[Université de Nanterre]], il intègre en 1968 le tout nouveau [[Centre universitaire expérimental de Vincennes]], future [[Université Paris-VIII|Université de Paris 8]], où il enseigne jusqu'à la fin de sa carrière en 1985.
Collaborateur de la revue ''[[La Pensée]]'', auteur de livres sur l'Allemagne contemporaine, il avait créé dans les années 1970 une revue bilingue, ''Connaissances de la [[République démocratique allemande|RDA]]'', dont les positions n'étaient pas toujours bien vues par les autorités est-allemandes<ref>[[Alain Lance]], témoignage, dans ''L'Humanité'', [https://www.humanite.fr/node/315371 numéro cité du 8 novembre 2004].</ref>. Outre la publication d'ouvrages sur le [[Ligue spartakiste|spartakisme]], [[Rosa Luxemburg]], [[Clara Zetkin]], Gilbert Badia a traduit des textes d'écrivains allemands et germanophones ([[Bertolt Brecht]], [[Martin Walser]], [[Volker Braun]], [[Anna Seghers]], [[Georg Lukacs]], etc.).

En avril 1968 il participe à une émission des dossiers de l'écran consacrée au mur de Berlin<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Berlin : du blocus au mur de la honte |url=https://madelen.ina.fr/programme/berlin-du-blocus-au-mur-de-la-honte |site=madelen.ina.fr |consulté le=2021-11-13}}</ref>

Gilbert Badia est un des spécialistes de [[Rosa Luxemburg]] à laquelle il a consacré sa thèse de [[Diplôme national de doctorat|doctorat d'État]] et d’autres publications<ref>Jean Mortier et Hélène Roussel, [https://ages-info.org/fr/2008/07/31/gilbert-badia-1916-2004/ ''Gilbert BADIA (1916-2004)''], Association des Germanistes de l'Enseignement Supérieur, 31 juillet 2008.</ref>.

Collaborateur de la revue ''[[La Pensée]]'', auteur de livres sur l'Allemagne contemporaine, il avait créé dans les années 1970 une revue bilingue, ''Connaissances de la [[République démocratique allemande|RDA]]'', dont les positions n'étaient pas toujours bien vues par les autorités est-allemandes<ref>{{Article|auteur1=[[Alain Lance]]|titre=Réactions à la disparition de Gilbert Badia|périodique=l'Humanité|date=8 novembre 2004|lire en ligne=https://www.humanite.fr/node/315371|consulté le=22 mai 2018}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur1=[[Jean-Claude Lebrun]]|titre=Cette histoire qui résiste.|périodique=l'Humanité|date=8 novembre 2004|lire en ligne=https://www.humanite.fr/cette-histoire-qui-resiste-315370|consulté le=22 mai 2018}}.</ref>. Outre la publication d'ouvrages sur le [[Ligue spartakiste|spartakisme]], [[Rosa Luxemburg]], [[Clara Zetkin]], Gilbert Badia a traduit des textes d'écrivains allemands et germanophones ([[Bertolt Brecht]], [[Martin Walser]], [[Volker Braun]], [[Anna Seghers]], [[Georg Lukacs]], etc.). Il collabore aussi, par de nombreux articles et notes de lecture, aux [[Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique|Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes]]. Dans le cadre d'un numéro de ceux-ci, en 1994, {{citation|Regards sur l'histoire de la RDA}}, il livre, {{ref nec|avec la prudence de l'historien envers lui-même}}, son témoignage sur ses {{citation|voyages en RDA de 1950 à 1989}} et l'évolution de sa perception vis-à-vis de cet État<ref>Gilbert Badia, [https://pandor.u-bourgogne.fr/archives-en-ligne/ark:/62246/r21071z1jqnr2k/f1?context=ead::FRMSH021_00008_FRMSH021_00008_de-1364 {{citation|Voyages en RDA de 1950 à 1989}}, ''Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes'', {{N°|57}}, 1994, {{p.|43-62}}].</ref>.


Avec d'autres chercheurs liés au PCF, il a participé à la traduction de la correspondance [[Karl Marx|Marx]]-[[Friedrich Engels|Engels]]. Il s'est aussi attaché à l'histoire des antifascistes allemands<ref>André Burguière, notice "Gilbert Badia", in ''[[Le Monde]]'', 10 novembre 2004.</ref>.
Avec d'autres chercheurs liés au PCF, il a participé à la traduction de la correspondance [[Karl Marx|Marx]]-[[Friedrich Engels|Engels]]. Il s'est aussi attaché à l'histoire des antifascistes allemands<ref>André Burguière, notice "Gilbert Badia", in ''[[Le Monde]]'', 10 novembre 2004.</ref>.


Il a contribué au ''[[Dictionnaire critique du marxisme]]'' pour ce qui concerne le ''[[luxemburgisme]]''.
Il a contribué au ''[[Dictionnaire critique du marxisme]]'' pour ce qui concerne le ''[[luxemburgisme]]''.

Il collabore au volume {{citation|Allemagne}}, du ''[[Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international]]'' (''[[Le Maitron]]''), publié sous la direction [[Jacques Droz]] en 1990.

En 2021, une thèse de doctorat franco-allemande est consacrée à ''L'affrontement comme vecteur de réconciliation : Gilbert Badia et ses réseaux dans les transferts culturels entre la France, la RDA et la RFA''<ref>{{Lien web|url=https://allemagnest.hypotheses.org/2605|titre=Soutenance de doctorat- Résumé en français et en allemand|jour=20|mois=4|année=2021|site=allemagnest.hypotheses.org}}.</ref>.

Cette même année 2021, son étude sur le spartakisme, parue en 1966, est rééditée, actualisée par l'historien [[Nicolas Offenstadt]]<ref>[https://journals.openedition.org/chrhc/21651 Gilbert Badia et Nicolas Offenstadt, ''Le Spartakisme. Les dernières années de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, 1914-1919'', Ivry-sur-Seine, Éditions Otium, 2021, 448 p.], Daria Dyakonova, compte-rendu dans les ''Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique'', N° 156 / 2023, p. 199-200.</ref>.

=== Études concernant la RDA ===
L'historien Ulrich Pfeil passant en revue les recherches françaises sur l'Allemagne et en particulier sur l'ancienne RDA, avance que la recherche communiste concernant la RDA a été largement façonnée par Gilbert Badia. Selon lui, l'historicisation de son œuvre ne peut être isolée de son engagement politique envers la RDA, dont il a soutenu la reconnaissance diplomatique à divers niveaux avant 1973. Le [[Parti socialiste unifié d'Allemagne|Parti communiste au pouvoir en RDA]] (SED) valorisait son travail et soutenait financièrement ses publications afin de les utiliser pour leurs campagnes de promotion en France<ref name="Pfeil202004">{{de}} Ulrich Pfeil, [https://www.bpb.de/geschichte/zeitgeschichte/deutschlandarchiv/307645/die-ddr-als-zankapfel-in-forschung-und-politik#footnode48-48 Die DDR als Zankapfel in Forschung und Politik], bpb.de, 9 avril 2020</ref>.

Le Laboratoire de recherches « Histoire de la RDA » s'est développé autour de Badia et de son collègue Jean Mortier à partir des années 1970 à l'université Paris VIII, considérée comme de gauche, et, dans les années suivantes, a donné des impulsions à d'autres travaux de recherche par le biais de conférences régulières. Celui-ci formait « une sorte de contre-société liée au Parti communiste français » au sein des études franco-allemandes par ailleurs plutôt conservatrices. Dans différentes publications, la thèse, maintes fois avancée que, face à l'histoire allemande, la division était bien mieux adaptée à l'Allemagne, pouvait facilement être transféré à la période postérieure à 1945. Ainsi selon Bernhard Escherich, « en reprenant cette vieille thèse française […] Badia peut en même temps légitimer implicitement l'existence de la RDA, pour l'acceptation sociale et politique de laquelle il avait si durablement milité. La division n'est donc pas une situation à surmonter, mais une situation typique de l'histoire allemande et donc acceptable. »<ref name="Pfeil202004"/>

Selon Ulrich Pfeil, jusqu'au début des années 1980, le point de vue des recherches communistes françaises concernant la RDA était le plus souvent « très apologétique », de sorte que l'érudition devait généralement se subordonner à des objectifs propagandistes et idéologiques<ref name="Pfeil202004"/>.


== Publications ==
== Publications ==
* ''La fin de la République allemande, 1929-1933'', éditions sociales, Paris, 1958
* ''La fin de la République allemande, 1929-1933'', éditions sociales, Paris, 1958
* ''Histoire de l'Allemagne contemporaine'', 2 volumes, éditions sociales, 1962, rééd. 1964, 1975, ouvrage repris et complété avec des collaborateurs en 1985
* ''Histoire de l'Allemagne contemporaine'', 2 volumes, éditions sociales, 1962, rééd. 1964, 1975, ouvrage repris et complété avec des collaborateurs en 1985
* ''Un pays méconnu : la République démocratique allemande'' (avec Pierre Lefranc), édition Leipzig, 1963, rééd. 1966.
* ''Les spartakistes, 1918, l'Allemagne en révolution'', Collections archives, Julliard, 1966
* ''Les spartakistes, 1918, l'Allemagne en révolution'', Collections archives, Julliard, 1966
* ''Le Spartakisme, les dernières années de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht'', L'Arche, 1967 {{présentation en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1967_num_5_1_3091|texte=compte rendu de l'ouvrage}}
* ''Le Spartakisme, les dernières années de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht, 1914-1919'', L'Arche, 1967, rééd. Otium, 2021 {{présentation en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/homso_0018-4306_1967_num_5_1_3091|texte=compte rendu de l'ouvrage}}, {{présentation en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/sotra_0038-0296_1968_num_10_3_1399_t1_0332_0000_1|texte=compte rendu de l'ouvrage}}
* (choix et présentation) ''Rosa Luxemburg, textes'', éditions sociales, 1969
* (choix et présentation) ''Rosa Luxemburg, textes'', éditions sociales, 1969
* ''Rosa Luxemburg : Journaliste, polémiste, révolutionnaire'', éditions sociales, 1975 ([[Doctorat en France|thèse de {{3e|cycle}}]]<ref>[http://www.sudoc.fr/040849910 notice SUDOC]</ref>)
* ''Rosa Luxemburg : Journaliste, polémiste, révolutionnaire'', éditions sociales, 1975 ([[Diplôme national de doctorat|thèse de doctorat]])<ref>[http://www.sudoc.fr/040849910 notice SUDOC].</ref>
* (direction) ''Les barbelés de l'exil'', Presses universitaires de Grenoble, 1979<ref>{{Article|auteur1=[[Yves Chevalier]]|titre=Badia (Gilbert) et al. ''Les Barbelés de l'exil. Etudes sur l'émigration allemande et autrichienne (1938-1940)'' [compte-rendu]|périodique=[[Archives de sciences sociales des religions]]|numéro=49-2|date=1980|pages=234|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/assr_0335-5985_1980_num_49_2_1217_t1_0234_0000_2}}.</ref>
* (direction) ''Les barbelés de l'exil'', Presses universitaires de Grenoble, 1979
* ''Feu au Reichstag : l'acte de naissance du régime nazi'', éditions sociales, 1983 {{présentation en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1985_num_32_1_1313_t1_0169_0000_2|texte=compte rendu de l'ouvrage}}
* ''Feu au Reichstag : l'acte de naissance du régime nazi'', éditions sociales, 1983 {{présentation en ligne|lien=https://www.persee.fr/doc/rhmc_0048-8003_1985_num_32_1_1313_t1_0169_0000_2|texte=compte rendu de l'ouvrage}}
* (direction) ''Les Bannis de Hitler'', EDI-Presses universitaires de Vincennes, 1984
* (direction) ''Les Bannis de Hitler'', EDI-Presses universitaires de Vincennes, 1984
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{Références|taille=30}}
{{Références}}


== Liens externes ==
== Liens externes ==
* {{Autorité}}
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* [http://data.bnf.fr/11889832/gilbert_badia/ Gilbert Badia, dans la base data BNF]
* {{Bases}}
* {{Bases}}
* {{Dictionnaires}}
* {{Dictionnaires}}
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[[Catégorie:Historien français du XXe siècle]]
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Dernière version du 25 décembre 2023 à 08:11

Gilbert Badia
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Théodule Gilbert Adolphe BadiaVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Parti politique
Directeur de thèse

Gilbert Badia, né le [1] à Causses-et-Veyran (Hérault), mort le dans le 5e arrondissement de Paris[2], est un historien, journaliste et germaniste français. Son nom est lié aux nombreux ouvrages qu'il a consacrés à Rosa Luxemburg.

Fils d'immigrés catalans, Gilbert Badia entreprend des études de langue allemande, qui le conduisent à l'agrégation (1940). Au cours de ces études, il obtient un poste d'assistant (Austauschlehrer) en Allemagne où il séjourne durant deux années (1936-1938)[1]. Il est alors témoin de la montée du nazisme[3]. Rentré en France, il se marie avec une institutrice communiste et adhère lui aussi au Parti communiste. Engagé dans la Résistance, il est chargé du « Travail allemand » (TA) parmi les soldats qui occupent la France. Il est arrêté en 1943, mais parvient à s'évader.

En 1945, il entre comme journaliste, puis rédacteur en chef du quotidien Ce soir, dirigé par Aragon et Jean-Richard Bloch. Il devient le secrétaire général, puis le directeur de ce journal avant de le quitter, en 1950, à la suite d'un désaccord éditorial[1]. Il retourne dans l'enseignement, obtenant un poste de professeur d'allemand au lycée Charlemagne de Paris tout en collaborant à L'Écran français (de 1950 à 1952).

En 1964, il enseigne à l'université d'Alger où il fonde la section d'allemand qu’il dirige jusqu'en 1966. De retour en France, après un bref passage à l'Université de Nanterre, il intègre en 1968 le tout nouveau Centre universitaire expérimental de Vincennes, future Université de Paris 8, où il enseigne jusqu'à la fin de sa carrière en 1985.

En avril 1968 il participe à une émission des dossiers de l'écran consacrée au mur de Berlin[4]

Gilbert Badia est un des spécialistes de Rosa Luxemburg à laquelle il a consacré sa thèse de doctorat d'État et d’autres publications[5].

Collaborateur de la revue La Pensée, auteur de livres sur l'Allemagne contemporaine, il avait créé dans les années 1970 une revue bilingue, Connaissances de la RDA, dont les positions n'étaient pas toujours bien vues par les autorités est-allemandes[6],[7]. Outre la publication d'ouvrages sur le spartakisme, Rosa Luxemburg, Clara Zetkin, Gilbert Badia a traduit des textes d'écrivains allemands et germanophones (Bertolt Brecht, Martin Walser, Volker Braun, Anna Seghers, Georg Lukacs, etc.). Il collabore aussi, par de nombreux articles et notes de lecture, aux Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes. Dans le cadre d'un numéro de ceux-ci, en 1994, « Regards sur l'histoire de la RDA », il livre, avec la prudence de l'historien envers lui-même[réf. nécessaire], son témoignage sur ses « voyages en RDA de 1950 à 1989 » et l'évolution de sa perception vis-à-vis de cet État[8].

Avec d'autres chercheurs liés au PCF, il a participé à la traduction de la correspondance Marx-Engels. Il s'est aussi attaché à l'histoire des antifascistes allemands[9].

Il a contribué au Dictionnaire critique du marxisme pour ce qui concerne le luxemburgisme.

Il collabore au volume « Allemagne », du Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier international (Le Maitron), publié sous la direction Jacques Droz en 1990.

En 2021, une thèse de doctorat franco-allemande est consacrée à L'affrontement comme vecteur de réconciliation : Gilbert Badia et ses réseaux dans les transferts culturels entre la France, la RDA et la RFA[10].

Cette même année 2021, son étude sur le spartakisme, parue en 1966, est rééditée, actualisée par l'historien Nicolas Offenstadt[11].

Études concernant la RDA

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L'historien Ulrich Pfeil passant en revue les recherches françaises sur l'Allemagne et en particulier sur l'ancienne RDA, avance que la recherche communiste concernant la RDA a été largement façonnée par Gilbert Badia. Selon lui, l'historicisation de son œuvre ne peut être isolée de son engagement politique envers la RDA, dont il a soutenu la reconnaissance diplomatique à divers niveaux avant 1973. Le Parti communiste au pouvoir en RDA (SED) valorisait son travail et soutenait financièrement ses publications afin de les utiliser pour leurs campagnes de promotion en France[12].

Le Laboratoire de recherches « Histoire de la RDA » s'est développé autour de Badia et de son collègue Jean Mortier à partir des années 1970 à l'université Paris VIII, considérée comme de gauche, et, dans les années suivantes, a donné des impulsions à d'autres travaux de recherche par le biais de conférences régulières. Celui-ci formait « une sorte de contre-société liée au Parti communiste français  » au sein des études franco-allemandes par ailleurs plutôt conservatrices. Dans différentes publications, la thèse, maintes fois avancée que, face à l'histoire allemande, la division était bien mieux adaptée à l'Allemagne, pouvait facilement être transféré à la période postérieure à 1945. Ainsi selon Bernhard Escherich, « en reprenant cette vieille thèse française […] Badia peut en même temps légitimer implicitement l'existence de la RDA, pour l'acceptation sociale et politique de laquelle il avait si durablement milité. La division n'est donc pas une situation à surmonter, mais une situation typique de l'histoire allemande et donc acceptable. »[12]

Selon Ulrich Pfeil, jusqu'au début des années 1980, le point de vue des recherches communistes françaises concernant la RDA était le plus souvent « très apologétique », de sorte que l'érudition devait généralement se subordonner à des objectifs propagandistes et idéologiques[12].

Publications

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  • La fin de la République allemande, 1929-1933, éditions sociales, Paris, 1958
  • Histoire de l'Allemagne contemporaine, 2 volumes, éditions sociales, 1962, rééd. 1964, 1975, ouvrage repris et complété avec des collaborateurs en 1985
  • Un pays méconnu : la République démocratique allemande (avec Pierre Lefranc), édition Leipzig, 1963, rééd. 1966.
  • Les spartakistes, 1918, l'Allemagne en révolution, Collections archives, Julliard, 1966
  • Le Spartakisme, les dernières années de Rosa Luxemburg et de Karl Liebknecht, 1914-1919, L'Arche, 1967, rééd. Otium, 2021 [compte rendu de l'ouvrage], [compte rendu de l'ouvrage]
  • (choix et présentation) Rosa Luxemburg, textes, éditions sociales, 1969
  • Rosa Luxemburg : Journaliste, polémiste, révolutionnaire, éditions sociales, 1975 (thèse de doctorat)[13]
  • (direction) Les barbelés de l'exil, Presses universitaires de Grenoble, 1979[14]
  • Feu au Reichstag : l'acte de naissance du régime nazi, éditions sociales, 1983 [compte rendu de l'ouvrage]
  • (direction) Les Bannis de Hitler, EDI-Presses universitaires de Vincennes, 1984
  • La Gestapo contre le Parti communiste : rapports sur l'activité du P.C.F. (décembre 1940-juin 1941), Paris, éditions sociales, coll. « Problèmes. Histoire », , 234 p. (introduction et notes de Germaine Willard, Roger Bourderon et Gilbert Badia ; traductions [sous la dir.] de Gilbert Badia)
  • Clara Zetkin, féministe sans frontières, Éditions de l'Atelier, 1993
  • Rosa Luxemburg, épistolière, Éditions de l'Atelier, 1995
  • Ces Allemands qui ont affronté Hitler, Éditions de l'Atelier, 2000

Notes et références

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  1. a b et c Marie-Louise Goergen, Isabelle Kalinowski, notice « Gilbert Badia », in Le Maitron.
  2. Lieux de naissance et décès trouvés dans la base MatchId des fichiers de décès en ligne du Ministère de l'Intérieur avec les données INSEE (consultation 8 janvier 2020)
  3. Gilbert Badia, « Ma découverte de l'Allemagne », sur l'Humanité, (consulté le ).
  4. « Berlin : du blocus au mur de la honte », sur madelen.ina.fr (consulté le )
  5. Jean Mortier et Hélène Roussel, Gilbert BADIA (1916-2004), Association des Germanistes de l'Enseignement Supérieur, 31 juillet 2008.
  6. Alain Lance, « Réactions à la disparition de Gilbert Badia », l'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Jean-Claude Lebrun, « Cette histoire qui résiste. », l'Humanité,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. Gilbert Badia, « Voyages en RDA de 1950 à 1989 », Cahiers d'histoire de l'Institut de recherches marxistes, no 57, 1994, p. 43-62.
  9. André Burguière, notice "Gilbert Badia", in Le Monde, 10 novembre 2004.
  10. « Soutenance de doctorat- Résumé en français et en allemand », sur allemagnest.hypotheses.org, .
  11. Gilbert Badia et Nicolas Offenstadt, Le Spartakisme. Les dernières années de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, 1914-1919, Ivry-sur-Seine, Éditions Otium, 2021, 448 p., Daria Dyakonova, compte-rendu dans les Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, N° 156 / 2023, p. 199-200.
  12. a b et c (de) Ulrich Pfeil, Die DDR als Zankapfel in Forschung und Politik, bpb.de, 9 avril 2020
  13. notice SUDOC.
  14. Yves Chevalier, « Badia (Gilbert) et al. Les Barbelés de l'exil. Etudes sur l'émigration allemande et autrichienne (1938-1940) [compte-rendu] », Archives de sciences sociales des religions, nos 49-2,‎ , p. 234 (lire en ligne).

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