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Le mouvement pourrait s'étendre à partir du 26 janvier à {{heure|14}} aux portes de la capitale, ceux-ci n'excluant pas d'y entrer ensuite si leurs revendications ne sont pas satisfaites, leurs exploitations étant en grand danger pour l'avenir<ref>{{lien web|titre=Manifestation des agriculteurs à Paris : Tout savoir sur les blocages prévus dans la capitale et en Ile-de-France |site=20minutes |url=https://www.20minutes.fr/paris/4072663-20240125-manifestation-agriculteurs-paris-tout-savoir-blocages-prevus-capitale-ile-france|consulté le=26 janvier 2024}}</ref>. |
Le mouvement pourrait s'étendre à partir du 26 janvier à {{heure|14}} aux portes de la capitale, ceux-ci n'excluant pas d'y entrer ensuite si leurs revendications ne sont pas satisfaites, leurs exploitations étant en grand danger pour l'avenir<ref>{{lien web|titre=Manifestation des agriculteurs à Paris : Tout savoir sur les blocages prévus dans la capitale et en Ile-de-France |site=20minutes |url=https://www.20minutes.fr/paris/4072663-20240125-manifestation-agriculteurs-paris-tout-savoir-blocages-prevus-capitale-ile-france|consulté le=26 janvier 2024}}</ref>. |
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Le samedi 27 janvier, suite aux annonces du gouvernement jugées insuffisantes par de nombreux agriculteurs, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien ont annoncé dans un communiqué commun « un siège de la capitale pour une durée indéterminée » à partir de lundi à 14 heures<ref name=":7">{{Lien web |langue=fr |titre=La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien appellent à "un siège de la capitale" à partir de lundi |url=https://www.bfmtv.com/paris/la-fnsea-et-les-jeunes-agriculteurs-appellent-a-un-siege-de-la-capitale-a-partir-de-lundi-pour-une-duree-indeterminee_AN-202401270402.html |site=BFMTV |consulté le=2024-01-27}}</ref>. Parallèlement, la [[Coordination rurale]] du [[Lot-et-Garonne]] a fait savoir qu'elle prévoyait de bloquer le [[Marché d'intérêt national de Rungis]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Colère des agriculteurs: la Coordination rurale du Lot-et-Garonne annonce "monter à Paris dès lundi" pour "bloquer (le marché de) Rungis" |url=https://www.bfmtv.com/societe/colere-des-agriculteurs-la-coordination-rurale-du-lot-et-garonne-annonce-monter-a-paris-des-lundi-pour-bloquer-le-marche-de-rungis_VN-202401270303.html |consulté le=2024-01-27}}</ref>. |
Le samedi 27 janvier, suite aux annonces du gouvernement jugées insuffisantes par de nombreux agriculteurs, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien ont annoncé dans un communiqué commun « un siège de la capitale pour une durée indéterminée » à partir de lundi à 14 heures<ref name=":7">{{Lien web |langue=fr |titre=La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien appellent à "un siège de la capitale" à partir de lundi |url=https://www.bfmtv.com/paris/la-fnsea-et-les-jeunes-agriculteurs-appellent-a-un-siege-de-la-capitale-a-partir-de-lundi-pour-une-duree-indeterminee_AN-202401270402.html |site=BFMTV |consulté le=2024-01-27}}</ref>. Parallèlement, la [[Coordination rurale]] du [[Lot-et-Garonne]] a fait savoir qu'elle prévoyait de bloquer le [[Marché d'intérêt national de Rungis]]<ref name=":8">{{Lien web |langue=fr |titre=Colère des agriculteurs: la Coordination rurale du Lot-et-Garonne annonce "monter à Paris dès lundi" pour "bloquer (le marché de) Rungis" |url=https://www.bfmtv.com/societe/colere-des-agriculteurs-la-coordination-rurale-du-lot-et-garonne-annonce-monter-a-paris-des-lundi-pour-bloquer-le-marche-de-rungis_VN-202401270303.html |consulté le=2024-01-27}}</ref>. |
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* Rapidité des aides d’urgence ; |
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* L’[[Accord de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne|accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur]] remis en question. |
* L’[[Accord de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne|accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur]] remis en question. |
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Ces annonces du gouvernement sont jugées insuffisantes par de nombreux agriculteurs<ref name=":7" />, en particulier par la FNSEA et la Confédération Paysanne qui appellent le soir-même à poursuivre la mobilisation<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Colère des agriculteurs : la FNSEA et la Confédération paysanne appellent à poursuivre la mobilisation - France Bleu |url=https://www.francebleu.fr/infos/societe/agriculteurs-les-annonces-insuffisantes-selon-la-confederation-paysanne-la-mobilisation-continue-3615739 |site=ici, par France Bleu et France 3 |date=2024-01-26 |consulté le=2024-01-27}}</ref>. Le lendemain, La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du [[Grand bassin parisien|Grand Bassin parisien]] ont annoncé dans un communiqué commun « un siège de la capitale pour une durée indéterminée » à partir de lundi à 14 heures<ref name=":7" />. Parallèlement, la [[Coordination rurale]] du [[Lot-et-Garonne]] a fait savoir qu'elle prévoyait de bloquer le [[Marché d'intérêt national de Rungis]]<ref name=":8" />. |
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Version du 27 janvier 2024 à 20:38
Date | Depuis le |
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Localisation | France |
Organisateurs | Syndicats agricoles, FNSEA, Coordination rurale, Confédération paysanne, actions hors syndicats également |
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Participants | agriculteurs |
Revendications | fin de la taxe sur le gasoil, paiement des aides prevu par l'etat, la fin des négociations d'accords de libre-échange |
Types de manifestations | manifestations non déclarées, manifestations déclarées, blocages d'axes routiers, opérations péages gratuits, opération escargot, épandage de lisier sur des préfectures et des permanences parlementaires.a |
Morts | 2 |
---|---|
Blessés | 3 |
Le mouvement des agriculteurs de 2024 en France est une série de manifestations et de blocages routiers organisés principalement par les syndicats agricoles (FNSEA, Coordination rurale, Confédération paysanne) depuis le [1]. Les agriculteurs expriment leur colère et leurs revendications face à la baisse de leurs revenus, à la hausse des charges, aux normes environnementales[réf. nécessaire], à la fiscalité, aux contrôles administratifs et à la concurrence internationale. Ils demandent au gouvernement de Gabriel Attal des mesures concrètes et rapides pour soutenir le secteur agricole et garantir sa pérennité[2].
Le 26 janvier, Gabriel Attal annonce des mesures d'aide aux agriculteurs, qui sont jugés insuffisantes par de nombreux agriculteurs. Le lendemain, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien annoncent dans un communiqué commun « un siège de la capitale pour une durée indéterminée » à partir de lundi 29 janvier à 14 heures[3]. Parallèlement, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne a fait savoir qu'elle prévoyait de bloquer le Marché d'intérêt national de Rungis.
Contexte
Le mouvement des agriculteurs en France fait partie d'un plus vaste mouvement en Europe en janvier 2024, particulièrement fort en Allemagne, aux Pays-Bas et en Roumanie[4]. En effet, le monde agricole européen est touché par la multiplication des événements climatiques extrêmes, la flambée des coûts de production et les conséquences commerciales de la guerre en Ukraine. Ils ont également en commun de diriger leur colère envers les normes environnementales et les règles de l'Union européenne, car ils sont particulièrement dépendants des subventions européennes, dont le versement est conditionné au fait de les respecter[réf. nécessaire].
En France métropolitaine, le mouvement arrive après une année touchée d'abord par une sécheresse jusqu'à mi-octobre[5] (elle-même précédée par une autre année de sécheresse) suivie d'une pluviométrie beaucoup plus importante que la moyenne sur la fin de l'année 2023, le tout alors que 2022 et 2023 sont les deux années les plus chaudes jamais enregistrées en France et dans le monde[6]. Le mouvement apparaît également après une année 2023 socialement mouvementée[7], en partie autour de la question de la lutte contre le dérèglement climatique et de l'inflation depuis 2021, ce qui s'est traduit entre-autres par le massif mouvement social contre la réforme des retraites, une mobilisation contre les mégabassines en parallèle[7], et des émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk durant l'été.
Les écarts de salaire dans la profession sont très marqués. Le revenu moyen net d'un agriculteur est de plus de 2000 euros par mois, alors que le salaire médian n'est lui de 1 035 euros par mois pour 70 heures de travail par semaine. Ces écarts sont très liés au type de pratique agricole, le salaire médian annuel allant de 18 420 euros dans l'élevage de bovins à viande à plus de 26 740 euros pour le maraîchage et l'horticulture. Le taux de pauvreté constaté varie lui aussi beaucoup, allant de 13,4 % dans la viticulture à 25,1 % chez les éleveurs de bovins destinés à la viande[8].
Chronologie
Genèse (octobre 2023)
À partir de fin octobre 2023 en Occitanie[9], des actions pacifiques sont menées à l'initiative de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et du syndicat Jeunes agriculteurs (JA) notamment en retournant les panneaux signalétiques à l'entrée des villes et communes, initiative parfois baptisée « On marche sur la tête » ensuite suivie dans d'autres régions françaises[10].
Intensification (18 au 25 janvier 2024)
À partir du 18 janvier 2024, alors que se profilent les élections européennes, le mouvement s'intensifie, en commençant par l'Occitanie[11],[12], où des agriculteurs bloquent l’autoroute A64[13] pendant plusieurs jours, avant de s’étendre à d’autres régions comme la Nouvelle-Aquitaine[14], le Grand Est, les Hauts-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, le Centre-Val de Loire et la Bretagne[15]. Des centaines de tracteurs envahissent les rocades, les péages, les ronds-points et les bretelles d’autoroutes, provoquant d’importants embouteillages et des perturbations du trafic. Des opérations escargots[16], des distributions de produits locaux, des aspersions de lisier et des opérations péages gratuits ont également eu lieu.
Le 23 janvier, à 5 h 45 du matin, une voiture conduite par un ressortissant arménien percute un mur de paille qui barrait l'accès à la Route nationale 20 en Ariège, tuant une agricultrice de 37 ans et sa fille de 12 ans, et blessant grièvement son mari[17]. Selon l'enquête, il s'agit d'un accident, l'automobiliste ayant consciemment contourné les obstacles, mais n'ayant pas vu le mur, en raison de la bâche noire qui le recouvrait alors qu'il faisait encore nuit[17].
Le même jour à Poitiers, des agriculteurs déversent de la paille devant la préfecture, puis installent une mini « bassine » d’eau symbolique avec des bottes de paille et une bâche, devant la permanence de la députée écologiste Lisa Belluco, en référence aux mouvements d'opposition aux méga-bassines auxquelles les partis et militants écologistes expriment leur désaccord, alors que la FNSEA est en faveur de ces bassines[18].
Le 24 janvier, après une rencontre à Agen entre la Coordination rurale du Lot-et-Garonne[19] et une membre du cabinet du Ministre de l'Agriculture, qui n'a donné lieu à aucune annonce concrète, des agriculteurs montrent leur colère en incendiant la façade de la préfecture, puis en déversant 20 tonnes de lisier autour du bâtiment[20]. Ils ont ensuite organisé une manifestation de tracteurs dans la ville, principalement pour signaler leur colère aux administrations et aux banques, puis ils ont rempli de paille sale l'intérieur d'un restaurant McDonald's qui avait refusé de leur offrir des cafés gratuits, et sont retournés bloquer des axes routiers dans la soirée[20].
Extension du mouvement aux abords de la capitale parisienne
Le jeudi 25 janvier, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs d'Île de France appellent dans un communiqué au « lancement du blocus de Paris » le vendredi 26 janvier, sans attendre les mesures que doit annoncer le gouvernement. Les deux organisations demandent à leurs adhérents de se rassembler « sur les grands axes autour de la capitale »[21].
Le mouvement pourrait s'étendre à partir du 26 janvier à 14 h aux portes de la capitale, ceux-ci n'excluant pas d'y entrer ensuite si leurs revendications ne sont pas satisfaites, leurs exploitations étant en grand danger pour l'avenir[22].
Le samedi 27 janvier, suite aux annonces du gouvernement jugées insuffisantes par de nombreux agriculteurs, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien ont annoncé dans un communiqué commun « un siège de la capitale pour une durée indéterminée » à partir de lundi à 14 heures[3]. Parallèlement, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne a fait savoir qu'elle prévoyait de bloquer le Marché d'intérêt national de Rungis[23].
Revendications
Les causes de la contestation sont multiples, mais elles se rejoignent sur le sentiment d’abandon et d’injustice ressenti par les agriculteurs, qui se disent victimes d’une concurrence déloyale, d’une pression fiscale et réglementaire excessive, d’un manque de reconnaissance et de soutien de la part des pouvoirs publics et des consommateurs[réf. nécessaire].
Les revendications varient selon les syndicats[24].
Principales revendications
Parmi les principales revendications, on peut citer sept revendications d'ampleur nationale[25] :
- une meilleure rémunération de leur travail, les prix auxquels ils vendent les produits ne couvrant pas toujours les coûts de production ;
- maintien de la détaxation du gazole non routier, la suppression en cours de la détaxation augmentant leurs charges énergétiques ;
- simplification des normes environnementales, qui leur imposent des contraintes supplémentaires pour bénéficier des aides européennes de la Politique agricole commune, au nom du Pacte vert ;
- meilleure considération par la société, beaucoup d'agriculteurs se disant lassés de la stigmatisation dont ils s’estiment victimes comme « pollueurs », car ils utilisent des produits phytopharmaceutiques pour soigner leurs plantes ou épandent des engrais dans leurs champs ;
- fin des contrôles intempestifs, visant à s’assurer que les normes en vigueur et les réglementations liées à la biodiversité - comme l'interdiction de déboucher en fossé sans autorisation - sont bien respectées ;
- meilleur accès à l'eau ;
- pas d'interdictions de produits phytopharmaceutiques sans solutions alternatives.
Revendications de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs
Le 24 janvier 2024, les représentants de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) ont transmis à Matignon une liste de plus de 100 revendications. Une synthèse de ces revendications est disponible sur le site de la FNSEA. Elles s'articulent autour de trois axes[26][source secondaire nécessaire] :
- la dignité des agriculteurs dans l'exercice ;
- la juste rémunération de leur travail ;
- la nécessité de rétablir des conditions d'exercice du métier acceptables.
Autres revendications
On peut noter aussi d'autres revendications importantes comme la protection de la souveraineté alimentaire, face aux accords de libre-échange notamment l'accord de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne) qui entraînent des distorsions de concurrence par l'importation de produits moins chers et de moindre qualité[27].
Conséquences
Bilan humain
Le mardi , une voiture fonce dans un point de rassemblement de syndicats agricoles, à Pamiers dans l’Ariège, tuant une agricultrice de 37 ans, Alexandra Sonac et sa fille de 12 ans. Le père est blessé[28]. Le samedi 27 janvier, des milliers de personnes habillées de blanc se sont recueillies à Pamiers, et ont participé, à une marche en mémoire de l’éleveuse et de sa fille décédées en début de semaine[29].
Dégradations
En plus des manifestations et des blocages de route, des actions plus violentes ont lieu, souvent dirigées envers des écologistes. Le 16 janvier, en marge d'une manifestation à Toulouse, des membres de la FNSEA déversent des ordures devant l'Agence de l'eau, la cité administrative et le local régional d'Europe Écologie - Les Verts, en ciblant des lieux qu'ils considèrent comme les symboles d'une politique environnementale qui les asphyxie[30]. Cette action est très mal prise par les écologistes, estimant que les manifestants « se trompaient de cible »[30].
Dans la nuit du 18 au 19 janvier, une bombe explose dans un bâtiment de la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement de l'Aude à Carcassonne (Occitanie)[31], sans faire de blessé car il était vide à cette heure. Plusieurs tags du Comité d'action viticole (un groupe radical occitan de producteurs de vin) sont retrouvés sur les lieux de l'attaque[32]. Le 26 janvier, un bâtiment de la Mutualité sociale agricole (MSA) est incendié à Narbonne, en Occitanie[33]. Le même jour, à la suite du discours de Gabriel Attal, des agriculteurs occitans radicalisés[34] lancent l'opération Cobra et incendient le bureau des douanes à Nîmes [35].
Le 24 janvier, une réunion a lieu entre Karine Duc, la co-présidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, et un membre du cabinet du Ministre de l'Agriculture, à l'issue de laquelle Duc estime que rien n'en n'est ressorti[20]. Pour montrer leur mécontentement, des agriculteurs mettent le feu à des bottes de paille, du plastique et des pneus installés contre la façade de la préfecture, et déversent 20 tonnes de lisier tout autour[20]. Ils vont ensuite manifester à Agen, afin de passer devant les banques et les administrations, sur initiative de l'autre co-président de la Coordination rurale, José Perez[20]. Durant la manifestation, certains demandent à un McDonald's de leur offrir des cafés gratuits, et devant le refus de la gérante, ils saccagent l'intérieur du restaurant avec du foin sale[20]. Le lendemain dans la même ville, les agriculteurs éventrent et pendent un sanglier devant l'inspection du travail, créant une polémique[36]. Un hypermarché E.Leclerc est également fortement dégradé, le déversement de lisier par les agriculteurs causant l'effondrement d'une partie du toit[37].
Le 24 janvier également, durant une manifestation au centre-ville de Guéret suivie par le blocage de la Route nationale 145 par 600 agriculteurs dans la Creuse, du lisier est déversé sur les vitrines et la porte de la députée La France insoumise Catherine Couturier, alors même qu'elle affirme soutenir « la mobilisation des agriculteurs sur une partie de leurs revendications »[38]. Celle-ci réagit par « Je regrette d'être à nouveau la cible de la cristallisation d'une colère qui peut être légitime sans nécessairement s'en prendre aux représentants de l'État et aux parlementaires sans aucun discernement »[38]. Les grilles de la préfectures sont également aspergées de lisier[38].
Soutien dans l'opinion publique
D'après un sondage mené par Harris Interactive-Toluna pour RTL, au 23 janvier 2024, le mouvement bénéficiait d'un soutien massif auprès de l'opinion publique française[39]. 92 % des personnes interrogées déclaraient comprendre les revendications des agriculteurs, dont 82 % qui les soutenaient, et 70 % qui approuvaient les blocages[39]. Ce soutien était important auprès de toutes les orientations politiques, variant de 69 % pour les sympathisants de Renaissance, le parti du gouvernement, jusqu'à 88 % pour les sympathisants du Rassemblement national[39]. À l'inverse, 83 % des personnes interrogées estimaient que le gouvernement n'était pas à la hauteur de l'événement, cette défiance étant également majoritaire dans toutes les orientations politiques, y compris auprès des sympathisants Renaissance[39].
Les sympathisants d'Europe Écologie - Les Verts soutiennent également massivement le mouvement, à 84 %[39]. Cependant, en raison d'actions violentes de certains agriculteurs envers ce parti ou des administrations liées à l'écologie, et d'une plus grande clémence du gouvernement envers les syndicats agricoles qu'envers les militants écologistes, notamment l'utilisation de la force policière envers eux pour des actions similaires ou moins perturbantes que celles des agriculteurs, un sentiment de « deux poids deux mesures » est ressenti par une partie des écologistes[7]. Yannick Jadot affirme notamment que « Les écologistes feraient le millième de ce qu’il se passe aujourd’hui ils seraient en prison et condamnés »[7]. Cette différence de traitement serait due, d'une part, à la puissance de la FNSEA, et d'autre part à l'image que renvoient les agriculteurs, « étant identifiés comme ceux qui nous nourrissent, jouissent d'une utilité sociale et symbolique incontestable » selon le sociologue Jean-Michel Denis[40].
D'après le sociologue spécialiste des questions rurales et agricoles Bertrand Hervieu, lorsque la question « Les exploitants bénéficient donc d'un large soutien du public ? » lui a été posée :
On le voit bien dans les sondages : l'opinion publique exprime plutôt une sympathie pour les agriculteurs. Dans le même temps, elle est aussi critique face aux modes d'exercice de l'agriculture, perçue comme peu protectrice de l'environnement. Cela explique cette tension, que les agriculteurs ressentent comme des injonctions paradoxales, autour de la question de l'environnement. C'est aussi ce qui nourrit ces manifestations[41].
La Confédération générale du travail (CGT) appelle à soutenir le mouvement de protestation des agriculteurs et souhaite établir des convergences sur « les moyens de bien vivre de son travail », alors que les agriculteurs demandent, entre autres, une meilleure répartition des revenus[42].
Réactions
Réponse du pouvoir exécutif en France
Le mercredi 24 janvier, le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin donne une instruction aux préfets : « Je tiens à vous rappeler la consigne de grande modération attendue des forces de l’ordre sous votre autorité », précisant que les forces de l’ordre déployées « aux abords de bâtiments publics » ne « seront autorisées à intervenir » qu’« en dernier recours »[43]. Le lendemain, Gérald Darmanin déclare au journal télévisé de TF1 « on ne répond pas à la souffrance en envoyant les CRS »[44].
Sans pour autant entamer le soutien de l'opinion publique française au mouvement, l'inaction des CRS durant les événements d'Agen, et de manière générale la clémence de l'État est remarquée[7]. Pour Le Parisien, « [cette] tolérance [...] s’explique notamment par des raisons politiques et électorales »[45]. Ce « deux poids, deux mesures » est également dénoncé par Sophie Binet de la CGT, qui rappelle qu'un millier de militants CGT ont été poursuivis pour des dégradations commises lors des manifestations contre la réforme des retraites[44]. En effet, cette mobilisation des agriculteurs arrive après l'année 2023, marquée par de nombreux mouvements de contestation, notamment le mouvement social contre la réforme des retraites et des manifestation contre les méga-bassines, au cours desquels le gouvernement avait qualifié de d'« écoterroriste » les manifestants écologistes d'alors et avait eu recours aux forces de l'ordre pour des faits similaires ou moins intenses[7].
Le vendredi 26 janvier, Bruno Le Maire dénonce des « infractions » à la loi EGalim de la part d'industriels et de distributeurs. Le ministre de l'Économie annonce qu'il prendra des sanctions pouvant aller jusqu'à 2 % du chiffre d'affaires des distributeurs et industriels qui ne respecteraient pas cette loi[46].
Le même jour, le chef du gouvernement Gabriel Attal se déplace à Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), et annonce les mesures suivantes[47] :
- Annulation de la hausse de la taxe sur le gazole non routier ;
- Sanctionner le non-respect de la loi EGalim qui vise à protéger les revenus des agriculteurs ;
- « Dix mesures de simplification immédiates » ;
- Rapidité des aides d’urgence ;
- L’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur remis en question.
Ces annonces du gouvernement sont jugées insuffisantes par de nombreux agriculteurs[3], en particulier par la FNSEA et la Confédération Paysanne qui appellent le soir-même à poursuivre la mobilisation[48]. Le lendemain, La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien ont annoncé dans un communiqué commun « un siège de la capitale pour une durée indéterminée » à partir de lundi à 14 heures[3]. Parallèlement, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne a fait savoir qu'elle prévoyait de bloquer le Marché d'intérêt national de Rungis[23].
Au niveau européen
Alors que les manifestations d’agriculteurs se multiplient en Europe, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen lance, jeudi 25 janvier, un dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture auquel sont conviés syndicats agricoles et représentants des communautés rurales ainsi que les industriels, la grande distribution, les consommateurs, les ONG de protection de l’environnement ou encore des banques. La réflexion a vocation à déboucher sur un rapport[49].
Autres réactions
Le député LR de la Loire Antoine Vermorel-Marques a déposé le 26 janvier une proposition de loi pour interdire l'importation de produits agricoles qui ne respectent pas les normes imposées en France aux agriculteurs. Il pointe aussi les failles de la loi EGalim en estimant que ce texte n'avait pas prévu les moyens de se faire respecter. La faute en revient selon lui à la « France naïve » [50].
Notes et références
- « "On va mener une action qui va marquer les esprits" : les agriculteurs veulent bloquer les autoroutes ce jeudi », sur ladepeche.fr (consulté le )
- « Colère des agriculteurs : les revendications de la profession », sur L'Express, (consulté le )
- « La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien appellent à "un siège de la capitale" à partir de lundi », sur BFMTV (consulté le )
- Article rédigé par Fabien Jannic-Cherbonnel, « Manifestations d'agriculteurs en Europe : comment expliquer ce mouvement qui prend de l'ampleur et gagne la France ? » , sur francetvinfo.fr, (consulté le )
- https://lopinion.com/articles/politique/20220_occitanie-assemblee-nationale-aide-urgence-viticulteurs-mildiou
- « Climat : en France, 2023 a été la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée » , sur francetvinfo.fr, (consulté le )
- Romain Herreros, « Colère des agriculteurs : comment expliquer la clémence de l’État face aux dégradations » , sur huffingtonpost.fr, (consulté le )
- François Vignal, « Revenus des agriculteurs : une situation hétérogène marquée par des écarts importants », sur Public Sénat,
- https://www.centrepresseaveyron.fr/2023/11/14/apres-le-tarn-les-panneaux-dun-autre-departement-doccitanie-retrouves-la-tete-a-lenvers-11579789.php
- « Vu du Royaume-Uni. En France, des panneaux retournés pour symboliser une agriculture qui “marche sur la tête” », sur Courrier international, (consulté le )
- « Entre agriculteurs et écolos, «le désamour est dans le pré» », sur l'Opinion, (consulté le )
- https://lejournaldugers.fr/article/72693-la-rn-124-fermee-a-la-circulation-par-les-agriculteurs
- « Direct. Près de Toulouse : les agriculteurs bloquent l'autoroute, suivez la situation », sur actu.fr, (consulté le )
- https://www.sudouest.fr/lot-et-garonne/agen/agriculteurs-en-colere-c-aurait-ete-tellement-beau-que-l-on-soit-tous-unis-pour-manifester-18300047.php?fbclid=IwAR2N5EMGBwiIuh5Qy0el2muhuqzjtMvyLlH2N25C8gsvSWtWzqSZCb0Cvc8
- Ouest-France, « Colère des agriculteurs : le mouvement s’amplifie, les manifestations prévues ce mercredi », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
- « Colère des agriculteurs : routes bloquées, opérations "escargot"... Le point sur la mobilisation région par région », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Mort de l’agricultrice dans l’Ariège : les premières explications du conducteur en garde à vue » , sur huffingtonpost.fr, (consulté le )
- « À Poitiers, les agriculteurs installent une mini « bassine » d’eau devant la permanence de la députée Lisa Belluco » , sur huffingtonpost.fr, (consulté le )
- https://www.valeursactuelles.com/regions/nouvelle-aquitaine/lot-et-garonne/no_agglomeration/societe/agriculteurs-en-colere-les-tensions-montent-dun-cran-a-agen-la-prefecture-prise-pour-cible
- « À Agen, des agriculteurs en colère incendient la façade de la préfecture et l’arrosent de lisier » , sur huffingtonpost.fr, (consulté le )
- « Revendications des agriculteurs: menaces de blocages à Paris », sur La Croix (consulté le )
- « Manifestation des agriculteurs à Paris : Tout savoir sur les blocages prévus dans la capitale et en Ile-de-France », sur 20minutes (consulté le )
- « Colère des agriculteurs: la Coordination rurale du Lot-et-Garonne annonce "monter à Paris dès lundi" pour "bloquer (le marché de) Rungis" » (consulté le )
- « « Les grands céréaliers ne manifestent pas, ils sont au ski » : pourquoi la mobilisation des agriculteurs est concentrée dans le Sud-Ouest », sur L'Humanité,
- « Les 10 raisons de la colère des agriculteurs en France », sur Le Figaro, (consulté le )
- « Mobilisation - Synthèse des revendications FNSEA / Jeunes agriculteurs - Retrouver une liberté d'entreprendre », sur FNSEA.fr
- « Accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur : à l’unanimité, le Sénat dénonce un « rouleau compresseur agricole » », sur public Sénat (consulté le )
- LIBERATION, « Mouvement des agriculteurs : ce que l’on sait de la mort d’une agricultrice et de sa fille sur un barrage en Ariège », sur Libération (consulté le )
- La Croix, « En Ariège, des milliers de personnes marchent pour l’agricultrice et sa fille décédées », sur La Croix
- Gilles-R. Souillés, « " Les agriculteurs se trompent de cible" : les écologistes toulousains en colère après l'attaque de leur local » , sur ladepeche.fr, (consulté le )
- https://www.europe1.fr/societe/blocages-routiers-en-occitanie-explosion-a-carcassonne-les-agriculteurs-en-colere-4226100
- Fabrice Dubault, « Une explosion souffle le bâtiment de la direction de l'environnement à Carcassonne, le sigle du Comité d'action viticole retrouvé sur un mur » , sur france3-regions.francetvinfo.fr, (consulté le )
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Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Synthèse des revendications, FNSEA / Jeunes agriculteurs sur le site de la FNSEA