« André Grandclément » : différence entre les versions
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'''André Marie Hubert Grandclément''', dit « Bernard », né le {{date de naissance|28|juillet|1909}} à [[Rochefort (Charente-Maritime)|Rochefort]] et abattu le {{date de décès|27|juillet|1944}} à [[Saugnacq-et-Muret]], est un résistant français de la [[Seconde Guerre mondiale]]. |
'''André Marie Hubert Grandclément''', dit « Bernard », né le {{date de naissance|28|juillet|1909}} à [[Rochefort (Charente-Maritime)|Rochefort]] et abattu le {{date de décès|27|juillet|1944}} à [[Saugnac-et-Muret|Saugnacq-et-Muret]], est un résistant français de la [[Seconde Guerre mondiale]]. |
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Courtier en |
[[Courtier d'assurances|Courtier en assurances]] à [[Bordeaux]], il fonde en 1941 un réseau de résistance dans le [[Bordelais (pays)|Bordelais]]. Ayant rejoint en 1942 l'[[Organisation civile et militaire]] (OCM), il en devient le responsable en Aquitaine (région B), et grâce à l'aide du service de renseignement britannique ''[[Special Operations Executive]]'' (SOE), développe fortement son réseau dans la région, armant et formant plusieurs milliers d'agents. |
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Arrêté en {{date-|septembre 1943}}, il négocie une coopération avec le chef régional de la [[Gestapo]], [[Friedrich |
Arrêté en {{date-|septembre 1943}}, il négocie une coopération avec le chef régional de la [[Gestapo]], [[Friedrich Dohse]], sur la base de leur anticommunisme commun. Il livre notamment des caches d'armes, contre la libération de nombreux prisonniers du réseau. Mais tous ses camarades ne sont pas convaincus par la pertinence de cet accord avec les Allemands, et les tensions entre partisans et opposants de l'accord désorganisent la Résistance dans le Bordelais. Au bout d'un an, soupçonné d'imprudences graves, voire de trahison, André Grandclément accepte finalement d'être envoyé à Londres, mais est en fait conduit auprès d'autres résistants pour être jugé. Considéré par eux comme coupable, il est ensuite exécuté par les hommes de [[Roger Landes]], chef du réseau ''Actor'' du SOE de Bordeaux. Sa femme, Lucette Grandclément, et son garde du corps sont exécutés en même temps. |
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L'affaire Grandclément a considérablement affaibli la [[résistance intérieure française]] dans la région bordelaise jusqu'à la [[Libération de la France|Libération]], spécifiquement les réseaux de l'OCM et du SOE, envenimant également les relations des résistants bordelais, des échanges locaux entre les mouvements jusqu'à leurs relations avec leur hiérarchie au niveau national. Les actes d'André Grandclément et leurs conséquences ont fait l'objet de nombreuses analyses par les historiens, et sont encore sujets à des interprétations très variées. |
L'affaire Grandclément a considérablement affaibli la [[résistance intérieure française]] dans la région bordelaise jusqu'à la [[Libération de la France|Libération]], spécifiquement les réseaux de l'OCM et du SOE, envenimant également les relations des résistants bordelais, des échanges locaux entre les mouvements jusqu'à leurs relations avec leur hiérarchie au niveau national. Les actes d'André Grandclément et leurs conséquences ont fait l'objet de nombreuses analyses par les historiens, et sont encore sujets à des interprétations très variées. |
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== Biographie == |
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=== Entre-deux-guerres === |
=== Entre-deux-guerres === |
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Fils de l’amiral [[Gaston Grandclément|Raoul Gaston Grandclément]]<ref group="Note">Par son père, André Grandclément est le cousin d'[[Yves La Prairie]], qu'il ne rencontre qu'après la mort de l'amiral. Celui-ci sera l'une de ses recrues pour son réseau, avant de partir pour rejoindre la France libre ({{ |
Fils de l’amiral [[Gaston Grandclément|Raoul Gaston Grandclément]]<ref group="Note">Par son père, André Grandclément est le cousin d'[[Yves La Prairie]], qu'il ne rencontre qu'après la mort de l'amiral. Celui-ci sera l'une de ses recrues pour son réseau, avant de partir pour rejoindre la France libre ({{Ouvrage|auteur1=Yves de La Prairie|titre=Ce siècle avait de Gaulle|sous-titre=Un homme de mer témoigne|éditeur=Editions Ouest-France|année=1990|pages totales=453|isbn=978-2-7373-0700-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=kLIbAAAAIAAJ}}).</ref> et d’Amélie de Barolet, André suit dans sa jeunesse les affectations de son père. Élève chez les jésuites au [[Lycée Saint-Louis-de-Gonzague|collège Franklin]] dans le {{16e}} arrondissement de Paris, il y noue une amitié avec [[Marc O'Neill]], futur officier. À la fin de l'adolescence, il interrompt les cours de Franklin pour l'[[Université Saint-Joseph de Beyrouth|université de Beyrouth]] où son père vient de prendre le commandement de la division navale de Syrie, puis pour le [[Lycée Carnot de Tunis|lycée de Tunis]]. Il passe ses bacs à Paris, dort au [[École Massillon|collège Massillon]] et étudie au [[lycée Saint-Louis]]. Au moment d'entrer en classe préparatoire à l'[[école navale]], il rencontre sa future première femme Geneviève Toussaint, surnommée « Myssett », se fâche avec son père et renonce à poursuivre ses études. En {{date-|octobre 1928}}, il entre dans l'armée, d'abord comme simple soldat dans un corps de [[tirailleurs sénégalais]]. Rapidement, il suit les cours d'[[élève-officier]]. Le {{date-|7 novembre 1929}}, il épouse Geneviève religieusement à l’église Notre-Dame-de-France de [[Bizerte]]. Ils auront cinq enfants, dont trois mourront en bas âge ; seules survivront deux filles, Ghislaine<ref group="Note">Née – en 1930 ? – à [[Sfax]].</ref> et Francine<ref group="Note">Née en 1934 à [[Nuits-Saint-Georges]].</ref>. |
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En poste à [[Sfax]], il annonce à son père, en {{date-|septembre 1930}}, son désir de quitter l'armée. En 1931, André et Mysset s'installent à Toulon. L’année suivante, ils sont à [[Saint-Maixent-l'École]]. André n'a pas quitté l'armée, mais entre, pour deux ans, dans l'école d'officier. En même temps, il fait son droit à [[Poitiers]]. En 1934, il fait une grave chute de cheval, tombe malade (les lettres évoquent une [[tuberculose]] avec [[hémoptysie]]). Il quitte Saint-Maixent pour l'hôpital militaire de [[Clamart]]. Il est en congé maladie. En 1935, grâce à un cousin agent d'assurances, Paul Pierson, il entre à la ''Mutuelle Vie'' et s'installe avec Myssett à [[Bordeaux]], 13, rue Basse. En 1937, la commission de réforme renouvelle sa pension à titre définitif, au taux de 100 %. Il travaille pour l’''Union Vie'' à [[Annecy]]. En 1938, le couple déménage : Grandclément installe son bureau au 44 rue Ferrère<ref name="Terrisse96">{{harvsp|Terrisse|1996}}</ref>. Bientôt, les discordes se multiplient et le couple décide de se séparer. André s'installe au 34 cours de Verdun<ref name="Lormier2000">{{harvsp|Lormier|2000}}</ref>, où il dirige une affaire d'assurances<ref name="Jouffrault40">{{harvsp|Jouffrault|2004|p=40}}</ref>. |
En poste à [[Sfax]], il annonce à son père, en {{date-|septembre 1930}}, son désir de quitter l'armée. En 1931, André et Mysset s'installent à Toulon. L’année suivante, ils sont à [[Saint-Maixent-l'École]]. André n'a pas quitté l'armée, mais entre, pour deux ans, dans l'école d'officier. En même temps, il fait son droit à [[Poitiers]]. En 1934, il fait une grave chute de cheval, tombe malade (les lettres évoquent une [[tuberculose]] avec [[hémoptysie]]). Il quitte Saint-Maixent pour l'hôpital militaire de [[Clamart]]. Il est en congé maladie. En 1935, grâce à un cousin agent d'assurances, Paul Pierson, il entre à la ''Mutuelle Vie'' et s'installe avec Myssett à [[Bordeaux]], 13, rue Basse. En 1937, la commission de réforme renouvelle sa pension à titre définitif, au taux de 100 %. Il travaille pour l’''Union Vie'' à [[Annecy]]. En 1938, le couple déménage : Grandclément installe son bureau au 44 rue Ferrère<ref name="Terrisse96">{{harvsp|Terrisse|1996}}</ref>. Bientôt, les discordes se multiplient et le couple décide de se séparer. André s'installe au 34 cours de Verdun<ref name="Lormier2000">{{harvsp|Lormier|2000}}</ref>, où il dirige une affaire d'assurances<ref name="Jouffrault40">{{harvsp|Jouffrault|2004|p=40}}</ref>. |
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À la déclaration de guerre, bien que réformé à 100 %, il obtient d’être déclaré « bon pour le service ». À la fin de l'année 1939, il rencontre Lucette Tartas qui a eu un fils, Christian, né vers 1930 de son premier mari, Philippe Rigou. |
À la déclaration de guerre, bien que réformé à 100 %, il obtient d’être déclaré « bon pour le service ». À la fin de l'année 1939, il rencontre Lucette Tartas qui a eu un fils, Christian, né vers 1930 de son premier mari, Philippe Rigou. |
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En {{date-|février 1940}}, il rejoint son unité, le [[5e régiment d'infanterie coloniale|{{5e}} R.I.C.]]. En mai, il s'illustre dans les Ardennes, lors de la [[bataille de Stonne]], et il est cité à l'ordre de la division pour son action<ref group="Note">« Réformé à 100 %, a repris volontairement du service à l’occasion de la guerre, s’est révélé un excellent chef de section, faisant preuve de volonté, de sang-froid et d’initiative dans tous les combats auxquels a pris part l’unité, s’est particulièrement distingué le {{date|23 |
En {{date-|février 1940}}, il rejoint son unité, le [[5e régiment d'infanterie coloniale|{{5e}} R.I.C.]]. En mai, il s'illustre dans les Ardennes, lors de la [[bataille de Stonne]], et il est cité à l'ordre de la division pour son action<ref group="Note">« Réformé à 100 %, a repris volontairement du service à l’occasion de la guerre, s’est révélé un excellent chef de section, faisant preuve de volonté, de sang-froid et d’initiative dans tous les combats auxquels a pris part l’unité, s’est particulièrement distingué le {{date|23 mai 1940}} alors que sa section était complètement débordée par un ennemi très supérieur en nombre, a réussi à maintenir tout le monde à son poste et à redresser une situation un moment compromise.» {{harv|Grandclément|2003|p=48}}.</ref>. Le {{date-|12 juin}}, il est toutefois hospitalisé à Toulouse. À l’armistice, il est démobilisé et rejoint Bordeaux<ref name="Nuls">{{harvsp|Lormier|2013|id=Nuls}}</ref>. Il est pendant quelque temps proche de la position collaborationniste de [[Philippe Pétain|Pétain]] : anticommuniste, il se tourne vers le [[régime de Vichy]], professe des opinions royalistes et s’attache à la personne du [[François de La Rocque|colonel de La Rocque]], fondateur des [[Croix-de-Feu]], puis du P.S.F. ([[Parti social français]]){{sfn|Lormier|1991|p=31}}. Il en devient même l'officier d'ordonnance officieux<ref name="Augeard">{{harvsp|Augeard|2012}}</ref>. |
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==== La Résistance ==== |
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[[Fichier:Régions résistance.jpg|thumb|L'organisation des différentes régions de la Résistance.]] |
[[Fichier:Régions résistance.jpg|thumb|L'organisation des différentes régions de la Résistance.]] |
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Fin août, désormais colonel en retraite<ref name="Foot">{{harvsp|Foot|Crémieux-Brilhac|2013}}</ref> - son unité étant démobilisée -, il retourne à Bordeaux et reprend ses activités dans les assurances. Mais la politique servile de Vichy à l’égard des Allemands finit par l’écœurer. Il tourne définitivement le dos à la [[Révolution nationale]] et entre dans la Résistance en 1941<ref name="Lormier1998-79">{{harvsp|Lormier|1998|p=79}}</ref>, comme le fait de son côté La Rocque, et comme lui conseille également son amiral de père<ref name="Augeard"/>. Au printemps 1942, Alain Boyau lui propose, au nom du général Jouffrault (oncle d'André) et de Marc O'Neill (son ami d'enfance), d'entrer à l'[[Organisation civile et militaire]] (OCM), un réseau de résistance. Il rencontre alors à Paris le [[Alfred Touny|colonel Touny]], chef de l'OCM, qui le nomme responsable de la région B (le territoire occupé allant de [[Poitiers]] à [[Bayonne]])<ref name="Augeard"/> en remplacement du commandant Léo Paillère<ref>{{ |
Fin août, désormais colonel en retraite<ref name="Foot">{{harvsp|Foot|Crémieux-Brilhac|2013}}</ref> - son unité étant démobilisée -, il retourne à Bordeaux et reprend ses activités dans les assurances. Mais la politique servile de Vichy à l’égard des Allemands finit par l’écœurer. Il tourne définitivement le dos à la [[Révolution nationale]] et entre dans la Résistance en 1941<ref name="Lormier1998-79">{{harvsp|Lormier|1998|p=79}}</ref>, comme le fait de son côté La Rocque, et comme lui conseille également son amiral de père<ref name="Augeard"/>. Au printemps 1942, Alain Boyau lui propose, au nom du général Jouffrault (oncle d'André) et de Marc O'Neill (son ami d'enfance), d'entrer à l'[[Organisation civile et militaire]] (OCM), un réseau de résistance. Il rencontre alors à Paris le [[Alfred Touny|colonel Touny]], chef de l'OCM, qui le nomme responsable de la région B (le territoire occupé allant de [[Poitiers]] à [[Bayonne]])<ref name="Augeard"/> en remplacement du commandant Léo Paillère<ref>{{Ouvrage|auteur1=Robert Lyman|titre=Opération suicide|éditeur=Ixelles Editions|année=2012|mois=mars|jour=21|pages totales=368|isbn=978-2-87515-407-1|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=qB2iSvDp_noC}}</ref>. Entré en résistance sous le nom de guerre de « Bernard », il est chargé, pour ses débuts, de prendre contact avec tous les petits groupes épars dans la région et de les rassembler au sein d'une organisation qu'il a baptisé « France vivra »<ref name="Lormier1998-79" />{{,}}<ref name="Ashdown">{{harvsp|Ashdown|2013}}</ref>. |
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Il accomplit sa tâche, avec l'aide du commandant Rollot qui commande en second (à partir de mai<ref name=":0">{{Harvsp|Penaud|1993|p=}}</ref>), en regroupant sous ses ordres la majeure partie de la résistance non-communiste de la région<ref name="Augeard"/>. Son réseau comprend un état-major, cinq groupes de combat, une équipe s'occupant des parachutages. Des camps d'entrainement au maniement des armes existent à Bordeaux, [[Arcachon]], [[Biganos|Facture]] ; des maquis sont organisés en [[Corrèze (département)|Corrèze]] et dans les [[Landes (département)|Landes]] ; une filière d'évasion et une liaison radio avec Londres complètent le dispositif<ref name="Lormier1998-81">{{harv|Lormier|1998|p=81}}</ref>. En octobre, il engage comme secrétaire une cousine de Lucette, Arlette Caussé, pour la faire échapper au [[Service du travail obligatoire (France)|STO]]. Le {{date|20 |
Il accomplit sa tâche, avec l'aide du commandant Rollot qui commande en second (à partir de mai<ref name=":0">{{Harvsp|Penaud|1993|p=}}</ref>), en regroupant sous ses ordres la majeure partie de la résistance non-communiste de la région<ref name="Augeard"/>. Son réseau comprend un état-major, cinq groupes de combat, une équipe s'occupant des parachutages. Des camps d'entrainement au maniement des armes existent à Bordeaux, [[Arcachon]], [[Biganos|Facture]] ; des maquis sont organisés en [[Corrèze (département)|Corrèze]] et dans les [[Landes (département)|Landes]] ; une filière d'évasion et une liaison radio avec Londres complètent le dispositif<ref name="Lormier1998-81">{{harv|Lormier|1998|p=81}}</ref>. En octobre, il engage comme secrétaire une cousine de Lucette, Arlette Caussé, pour la faire échapper au [[Service du travail obligatoire (France)|STO]]. Le {{date|20 janvier 1943}}, il épouse Lucette Tartas. |
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[[Claude de Baissac]], chef du réseau ''Scientist'' du SOE depuis {{date-|juillet 1942}}<ref name="Guillaume74">{{harvsp|Guillaume|1990|p=74}}</ref>, et parachuté en France près de [[Châteauroux]] |
[[Claude de Baissac]], chef du réseau ''Scientist'' du SOE depuis {{date-|juillet 1942}}<ref name="Guillaume74">{{harvsp|Guillaume|1990|p=74}}</ref>, et parachuté en France près de [[Châteauroux]]{{sfn|Lormier|1998|p=78}} est informé par [[France Antelme]]<ref name="Foot"/> de l'existence à Bordeaux de la très forte organisation de résistance (plusieurs centaines de personnes<ref name="Ory">{{harvsp|Ory|2014}}</ref>) dirigée par Grandclément, désireuse de recevoir armes et matériel. Le contact est établi et l'entente vite réalisée : Grandclément apporte ses groupes et ses contacts de l’OCM, et Claude de Baissac apporte les moyens du SOE, c'est-à-dire les armes qu'il fait venir d'Angleterre par parachutage. Les liens entre les deux réseaux sont alors assez forts, leurs agents ayant souvent une double appartenance<ref name="Guillaume74"/>. Jusqu'à soixante terrains de parachutage sont homologués par Londres<ref name="Lormier1998-79"/>. En avril, l'appartement de Grandclément, cours de Verdun, devient un véritable salon où se retrouvent, pour parler de résistance entre amis, Claude de Baissac et sa sœur [[Lise de Baissac|Lise]], [[Roger Landes]], [[Jean Renaud-Dandicolle]] et [[Charles Hayes (SOE)|Charles Hayes]] (tous agents du SOE)<ref name="Ashdown"/>, et Jouffrault père et fils<ref group="Note">Celui-ci est l'adjoint du colonel Delahaye, commandant l'OCM pour les départements de Vendée, Deux-Sèvres et Vienne {{harv|Jouffrault|2004|p=40}}.</ref>, Charles Corbin, Roland Chazeau et André Maleyran<ref group="Note">Parfois orthographié Malheyran.</ref> (les principaux chefs du réseau de Grandclément). Mi-1943, le nombre de parachutages d'armes est estimé à 150, et les troupes équipées à {{unité|42000|combattants}} potentiels<ref name="Augeard"/>. |
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==== Arrestation ==== |
==== Arrestation ==== |
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Fin {{date-|juin 1943}}, le démantèlement du [[réseau Prosper-PHYSICIAN]] (réseau SOE parisien) par le travail conjoint de la police française et des services allemands permet, du fait des fautes répétées des agents SOE concernant le cloisonnement, d'étendre les arrestations aux réseaux de résistance affiliés<ref name="Lormier1998-81"/>. En juillet, un des adjoints de Grandclément, Christian Fossard, est arrêté par le commissaire Poinsot, qui remonte une filière de réfractaires au [[Service du travail obligatoire (France)|STO]]<ref name="Ashdown" />{{,}}<ref name="Ory"/>. La police française le livre à [[Friedrich Dohse]], le chef de la [[Gestapo]] à Bordeaux. Fossard parle et livre notamment l'adresse de Grandclément, son chef, qui tient un fichier de ses subordonnés<ref name="Augeard"/>{{,}}<ref name="Lormier1998-81"/>. À la fin du mois, les Allemands découvrent le fichier des membres du réseau, ce qui provoque une centaine d'arrestations<ref name="Augeard"/>, dont celle du général Jouffrault |
Fin {{date-|juin 1943}}, le démantèlement du [[réseau Prosper-PHYSICIAN]] (réseau SOE parisien) par le travail conjoint de la police française et des services allemands permet, du fait des fautes répétées des agents SOE concernant le cloisonnement, d'étendre les arrestations aux réseaux de résistance affiliés<ref name="Lormier1998-81"/>. En juillet, un des adjoints de Grandclément, Christian Fossard, est arrêté par le commissaire Poinsot, qui remonte une filière de réfractaires au [[Service du travail obligatoire (France)|STO]]<ref name="Ashdown" />{{,}}<ref name="Ory"/>. La police française le livre à [[Friedrich Dohse]], le chef de la [[Gestapo]] à Bordeaux. Fossard parle et livre notamment l'adresse de Grandclément, son chef, qui tient un fichier de ses subordonnés<ref name="Augeard"/>{{,}}<ref name="Lormier1998-81"/>. À la fin du mois, les Allemands découvrent le fichier des membres du réseau, ce qui provoque une centaine d'arrestations<ref name="Augeard"/>, dont celle du général Jouffrault{{sfn|Guérin|2010|p=695}}. Rollot passe en Espagne, remplacé par le colonel Thinières, qui doit lui aussi se mettre au vert à l'arrestation de sa femme<ref name="Augeard"/>. |
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Grandclément, qui a fui à Paris |
Grandclément, qui a fui à Paris{{sfn|Jouffrault|2004|p=45}}, échappe au coup de filet. Mais la chute du réseau Prosper a entraîné par répercussion également un grand nombre d'arrestation dans le réseau ''Scientist'', et obligé notamment Claude de Baissac à retourner en Angleterre et à laisser la direction de son réseau à « Bernard » (Grandclément)<ref name="Foot"/> et « Aristide » ([[Roger Landes]])<ref name="Jacobs 141">{{harvsp|Jacobs|2015|p=141}}</ref>{{,}}<ref name="Tillotson">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Michael Tillotson|titre=SOE and The Resistance|sous-titre=As told in The Times Obituaries|éditeur=[[Bloomsbury Publishing]]|année=2011|mois=mars|jour=11|pages totales=296|passage=41-43|isbn=978-1-4411-9687-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=2626BwAAQBAJ|titre chapitre=France - Early Days}}</ref>. Parmi les personnes arrêtées se trouve Arlette Caussé, tout comme Lucette Grandclément et Frédéric Jouffrault le {{date-|31 juillet}}{{sfn|Jouffrault|2004|p=48-49}} ; Corbin est également appréhendé mais relâché peu après<ref name="Lormier1998-81"/>. Grandclément, introduit par de Baissac dans le réseau SOE, est poursuivi de tous côtés ; il souhaite se livrer en apprenant l'arrestation de sa femme, mais Touny l'en dissuade<ref name="Nuls"/>. Le {{date-|19 septembre}}<ref name="Montagnon">{{harvsp|Montagnon|2000}}</ref>, identifié par [[Jacques Desoubrie]]<ref name="Nuls"/> au ''Café de Madrid'' à Paris<ref name="Ashdown"/>, il est finalement arrêté, puis transféré à Bordeaux le 23<ref name="Augeard"/>. Dohse l'interroge et lui montre ce qu'il sait : les noms des agents du SOE et de l'OCM, les lieux de rendez-vous, l'emplacement des dépôts d'armes<ref name="Lormier1998-81"/>... |
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Constatant son anticommunisme viscéral, Dohse propose à Grandclément un pacte : qu'il livre les dépôts d'armes et ses camarades - dont sa femme - arrêtés seront libérés ; les Allemands pourront se concentrer, la menace maquisarde écartée, sur la menace communiste<ref name="Foot"/>. Jouffrault a déjà, suite |
Constatant son anticommunisme viscéral, Dohse propose à Grandclément un pacte : qu'il livre les dépôts d'armes et ses camarades - dont sa femme - arrêtés seront libérés ; les Allemands pourront se concentrer, la menace maquisarde écartée, sur la menace communiste<ref name="Foot"/>. Jouffrault a déjà, à la suite des interrogatoires qu'on lui a fait subir, accepté de servir d'intermédiaire entre les responsables de plusieurs départements et les autorités allemandes, ce qui a contribué aux arrestations suivantes{{sfn|Jouffrault|2004|p=54-55}}. Couvert par ses chefs, et en accord avec le lieutenant Rudolf Kunesch, à la tête de la section B (résistance gaulliste, maquis, parachutages) du même service, Dohse accorde le 24 quelques heures de liberté à Grandclément pour convaincre ses subordonnés<ref name="Augeard"/>. Grandclément rejoint donc Charles Corbin (« Police »<ref group="Note">Il est inspecteur de police.</ref>), qu'il retrouve en compagnie de Roger Landes et de [[Marcel Defence]], un autre agent SOE. Corbin semble suivre la proposition de Grandclément, mais Landes et Defence y sont opposés. Landes avoue plus tard avoir eu l'intention de tuer dans l'instant Grandclément, mais la présence de l'épouse de Corbin et de sa fille (que Landes épousera après la guerre) l'en a empêché<ref name="Tillotson"/>{{,}}<ref name="Miller">{{harvsp|Miller|2010}}</ref>. Grandclément, à défaut de les convaincre, leur annonce qu'il va livrer le plan des caches d'armes ; il part dans une voiture de la Gestapo, que les agents du SOE ne peuvent suivre<ref name="Foot"/>. Defence, après avoir évacué toutes les caches qu'il connaissait, part alors à Paris pour faire un rapport à Marc O'Neill<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=John|nom1=Grehan|prénom2=Martin|nom2=Mace|titre=Unearthing Churchill s Secret Army|sous-titre=The Official List of SOE Casualties and Their Stories|éditeur=Pen and Sword|année=2012|mois=décembre|jour=19|pages totales=272|isbn=978-1-78337-664-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=0AYUnMVf59YC|titre chapitre=DEFENCE, Marcel Enzebe}}</ref> ; Londres est prévenu que les parachutages dans la région doivent être stoppés<ref name="Augeard"/>. |
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==== Application de l'accord Grandclément- |
==== Application de l'accord Grandclément-Dohse ==== |
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Comme prévu entre |
Comme prévu entre Dohse et Grandclément, un tiers des stocks d'armes existants sont livrés<ref name="Jacobs 141"/> (935 containers<ref name="Lormier1992">{{harvsp|Lormier|1992}}</ref>, soit {{unité|45|tonnes}} d'équipement<ref name="Nuls"/>), plus d'une centaine de personnes sont libérées<ref name="Augeard"/> (environ la moitié des prisonniers de l'OCM<ref name="Foot"/> - entre 80 et 182<ref name="Nuls"/>) et des arrestations prévues sont annulées. Dohse va jusqu'à Paris pour convaincre ses chefs qu'il aura de meilleures chances de nettoyer la Résistance dans sa région si les hommes qu'il détient encore sont traités comme des prisonniers de guerre, comme il l'a promis à Grandclément ; sa hiérarchie ne le suit toutefois pas totalement, continuant à déporter « [[Nuit et brouillard|Nacht und Nebel]] » certains résistants (tels Jouffrault père et fils)<ref name="Ashdown"/>. Certains stocks, tels ceux de [[Morcenx]] et de [[Rion-des-Landes]] restent aux mains de la Résistance, et certains chefs, comme Léonce Dussarrat (« Léon des Landes »), préfèrent passer dans la clandestinité plutôt que de rencontrer Grandclément<ref name="Nuls"/>. Selon Dohse, Grandclément et ses hommes détourneront également une trentaine de tonnes d'équipement à leur propre profit<ref name="Nuls"/>. Dans la nuit du 13 au 14, Charles Hayes est pris avec d'autres résistants en [[Gironde (département)|Gironde]] ; lui refuse la proposition que lui fait Dohse et est éliminé par les Allemands en 1944<ref group="Note">Sa fiche SOE mentionne sa déportation et sa mort (exécuté ou mort de ses blessures) au camp de [[Gross-Rosen]], mais selon [[Paddy Ashdown]], c'est à la prison de Bordeaux qu'en février 1944 Hayes fut exécuté {{harv|Ashdown|2013}}.</ref>. |
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Grandclément négocie ensuite avec Dohse la transformation de ses réseaux en « [[Opération Maquis blanc|maquis blancs]] » destinés à lutter non plus contre les Allemands mais contre les communistes, après le départ des troupes allemandes. La première occasion est le maquis de [[Lencouacq]], détecté par la [[Wehrmacht]], et dont |
Grandclément négocie ensuite avec Dohse la transformation de ses réseaux en « [[Opération Maquis blanc|maquis blancs]] » destinés à lutter non plus contre les Allemands mais contre les communistes, après le départ des troupes allemandes. La première occasion est le maquis de [[Lencouacq]], détecté par la [[Wehrmacht]], et dont Dohse parle à Grandclément ; celui-ci s'y rend avec Malleyran et Chazeau, ses adjoints, et propose aux maquisards de rejoindre l'accord pour lutter contre les communistes. Selon [[Dominique Lormier]], le fils du colonel Rollot prend sur lui d'accepter la proposition séance tenante, mais le chef du maquis Guy Saramagnan interroge tout de même ses supérieurs de l'OCM : le [[Jean Teissier de Marguerittes|colonel de Marguerittes]] affirme que toute tractation avec l'ennemi est un acte de haute trahison, puni de mort. Le fils Rollot est donc fusillé par ses camarades le {{1er}} novembre<ref name="Nuls" />. Selon l'un des responsables de la région, les maquisards ont proposé, pour se débarrasser de leurs visiteurs, d'organiser la visite du camp en présence de Dohse<ref name="Guérin 697">{{harvsp|Guérin|2010|p=697}}</ref>. Lorsque ce dernier et Grandclément arrivent, les maquisards leur ont tendu une embuscade ; Chazeau est tué, les autres s'enfuient. Le maquis quitte ensuite Lencouacq pour la forêt de [[Geaune]]<ref name="Nuls"/>, tandis que son ancien site est investi par l'armée allemande<ref name="Guérin 697"/>. Grandclément de son côté se plaint auprès du professeur Joubert<ref group="Note">Conseiller politique {{Harv|Penaud|5=1993}} de l'OCM, professeur d'histoire-géographie au [[Lycée Michel-Montaigne (Bordeaux)|lycée Montaigne]], il avait notamment aidé son ancien élève [[Francis Jeanson]] à quitter clandestinement la France via l'Espagne.</ref> de la tuerie<ref name="Nuls"/>. Fin octobre, une réunion d'état-major a lieu à Bordeaux : sont présents de Marguerittes, le commandant [[Eugène Camplan]], récent successeur de Grandclément<ref group="Note">Par lettre du 23 octobre 1943, au nom du Comité de coordination militaire de zone nord, [[Alfred Touny]] charge [[Eugène Camplan]] de coordonner l'action des FFI dans la région de Bordeaux. Dès sa nomination, Camplan constitue un nouvel état-major, sans relations avec Grandclément.</ref>, Yvon Toussaint et Joubert<ref name="Nuls"/>. De Marguerittes, dont l'adjoint vient d'être abattu à Morcenx, demande la convocation du comité national de l'OCM, pour juger ceux qu'il considère désormais comme des traîtres : Grandclément et Malleyran<ref name="Nuls"/>. Camplan, sans prendre parti, confie la demande à la direction de l'OCM ; [[Alfred Touny]] la refuse<ref name="Nuls" />{{,}}<ref name="Augeard"/>. Les actions des responsables de l'OCM, noyautée par les renseignements allemands, sont sans effet face à celles de Dohse<ref name="Nuls"/>. |
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Dohse témoigne après la guerre de plusieurs rencontres avec des résistants, à l'instigation de Grandclément (parfois même en sa présence et celle de sa femme) : le père Piquet (qui joue alors un rôle important dans la Résistance), Alain Boyau (du comité national de la Libération, qui avait introduit Grandclément à l'OCM), Charles Corbin (OCM-SOE), le commissaire Pelletier (officier de liaison du [[Conseil national de la Résistance|CNR]]) à Paris<ref name="Nuls"/>. D'après |
Dohse témoigne après la guerre de plusieurs rencontres avec des résistants, à l'instigation de Grandclément (parfois même en sa présence et celle de sa femme) : le père Piquet (qui joue alors un rôle important dans la Résistance), Alain Boyau (du comité national de la Libération, qui avait introduit Grandclément à l'OCM), Charles Corbin (OCM-SOE), le commissaire Pelletier (officier de liaison du [[Conseil national de la Résistance|CNR]]) à Paris<ref name="Nuls"/>. D'après Dohse, il leur fournit, à la demande de Grandclément, des permis de port d'armes, des lettres de sauvegarde et des laissez-passer<ref name="Nuls"/>. |
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En novembre, le colonel Rollot, à Alger, envoie le [[Délégué militaire régional|DMR]] [[Claude Bonnier]] « Hypoténuse » à Bordeaux, pour coordonner les actions des Alliés et de la Résistance ; l'affaire Grandclément est également de son ressort, et il est chargé d'y mettre bon ordre<ref name="Augeard"/>. Le même mois, Dohse accorde à Grandclément un nouveau jour de sortie, au cours duquel il fait connaître la demande de Dohse de rencontrer son successeur, Camplan, en vue de préparer une rencontre entre le colonel Machule, ''KdS''<ref group="Note">''Kommando [[Sicherheitspolizei|der Sipo]] und der [[Sicherheitsdienst|SD]]''.</ref> de Bordeaux, et le [[Henri Giraud (militaire)|général Giraud]]. De leur côté, Corbin et Landes ont passé leurs derniers mois à colmater les |
En novembre, le colonel Rollot, à Alger, envoie le [[Délégué militaire régional|DMR]] [[Claude Bonnier]] « Hypoténuse » à Bordeaux, pour coordonner les actions des Alliés et de la Résistance ; l'affaire Grandclément est également de son ressort, et il est chargé d'y mettre bon ordre<ref name="Augeard"/>. Le même mois, Dohse accorde à Grandclément un nouveau jour de sortie, au cours duquel il fait connaître la demande de Dohse de rencontrer son successeur, Camplan, en vue de préparer une rencontre entre le colonel Machule, ''KdS''<ref group="Note">''Kommando [[Sicherheitspolizei|der Sipo]] und der [[Sicherheitsdienst|SD]]''.</ref> de Bordeaux, et le [[Henri Giraud (militaire)|général Giraud]]. De leur côté, Corbin et Landes ont passé leurs derniers mois à colmater les brèches pratiquées par Grandclément et Dohse, Corbin obtenant par ses relations dans la police les emplacements des futures zones que Grandclément doit localiser, et Landes se chargeant alors de les nettoyer au préalable<ref name="Foot"/>. En novembre, trop exposés, ils passent tous deux la frontière espagnole, arrivent à Gibraltar fin décembre et à Londres en janvier<ref name="Tillotson"/>. Ils y rendent compte des actions de leur ancien compagnon. Landes, qui a coupé les ponts avec son ancien réseau, « grillé », et a commencé à monter le nouveau ''Actor'', y est même suspecté d'être à l'origine des arrestations de ''Scientist''<ref name="Telegraph">{{article|périodique=[[The Daily Telegraph]]|lire en ligne=https://www.telegraph.co.uk/news/obituaries/2463610/Roger-Landes.html|langue=en|titre=Roger Landes|jour=27|mois=juillet|année=2008}}</ref>. Il est finalement blanchi<ref name="Tillotson" />{{,}}{{sfn|Jacobs|2015|p=171}}. En décembre, deux émissaires (le colonel Thinières et le professeur Joubert) se rendent en Algérie, avec l'accord tacite de Dohse - et de celui d'[[Heinrich Himmler]] en personne<ref name="Nuls"/>, afin de soumettre un projet de pacte global entre les troupes allemandes et la résistance non communiste à l'approbation du [[Charles de Gaulle|général de Gaulle]]<ref name="Lormier2000"/>. Touny, espérant gagner du temps et ralentir les arrestations, donne son accord, malgré l'opposition de de Marguerrittes et du commandant Paillère ; en échange, d'autres prisonniers (dont la femme de Thinières) sont alors libérés<ref name="Nuls"/>. Les deux émissaires sont également chargés par Camplan de se faire confirmer la régularité de la mission confiée à « Hypoténuse »<ref name=":0" />. |
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Le {{date-|5 janvier 1944}}, le pacte est soumis à de Gaulle, qui le refuse et fait emprisonner pour un temps les émissaires dans le sud algérien<ref name="Lormier2000"/>{{,}}<ref>{{ |
Le {{date-|5 janvier 1944}}, le pacte est soumis à de Gaulle, qui le refuse et fait emprisonner pour un temps les émissaires dans le sud algérien<ref name="Lormier2000"/>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Pascal Convert|titre=Raymond Aubrac|sous-titre=Résister, reconstruire, transmettre|éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]]|année=2011|pages totales=748|isbn=978-2-02-104918-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=F8rKdVvL7YAC}}</ref>. Camplan, en conflit régulier avec Bonnier, se méfiant l'un de l'autre<ref name=":0" />, refuse de couper les ponts avec Grandclément. Convoqué par l'OCM à Paris le {{date-|18 janvier}} pour éclaircir ce dernier point, il part en train mais descend à Angoulême et disparaît (en 1946, son corps sera retrouvé non loin de [[Ruffec (Charente)|Ruffec]])<ref name="Nuls"/>. Camplan a-t-il été victime d'agents doubles qui l'accompagnaient, ou de l'ordre d'un responsable de la Résistance nationale (Lormier mentionne [[Jean de Vogüé]])<ref name="Nuls"/>? Le lendemain, trop tard, un message personnel, destiné à rassurer Camplan sur Bonnier, est diffusé : {{citation|Chez Dupont, tout est bon !}}{{sfn|Guérin|2010|p=707}} Selon certaines sources, l'arrestation du délégué « Hypoténuse » le {{date-|10 février}} (qui se suicide aussitôt) est une vengeance des fidèles de Camplan, qui supposent que le BCRA avait décidé d'éliminer leur chef<ref name=":0" />{{,}}<ref name="Guillaume75">{{harvsp|Guillaume|1990|p=75}}</ref> et dénoncent alors Bonnier aux Allemands<ref name="Nuls"/>{{,}}<ref name=":0" />. |
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En mars, Roger Landes, devenu major<ref name="Telegraph" />, est à nouveau en mission sur Bordeaux, chargé de réunir les différentes organisations à tout prix<ref name="Guillaume75" />. Le {{date-|4 juillet}}, Londres envoie un message par la BBC : « Attention, Grandclément, Noël<ref group="Note">André Noël, chef d'un maquis de Corrèze. Son corps est retrouvé à [[Parempuyre]] le 13 août 1944 {{harv|Lormier|1998|p=116}}.</ref> et Renaudin<ref group="Note">Georges Julien, alias ''Renaudin'', est un des responsables du [[mouvement de libération nationale]]. |
En mars, Roger Landes, devenu major<ref name="Telegraph" />, est à nouveau en mission sur Bordeaux, chargé de réunir les différentes organisations à tout prix<ref name="Guillaume75" />. Le {{date-|4 juillet}}, Londres envoie un message par la BBC : « Attention, Grandclément, Noël<ref group="Note">André Noël, chef d'un maquis de Corrèze. Son corps est retrouvé à [[Parempuyre]] le 13 août 1944 {{harv|Lormier|1998|p=116}}.</ref> et Renaudin<ref group="Note">Georges Julien, alias ''Renaudin'', est un des responsables du [[mouvement de libération nationale]]. À la suite d'une arrestation groupée à laquelle il échappe de manière suspecte, il est abattu à la fin du mois de juin 1944 à Bordeaux. Il sera blanchi par un jugement, rendu le 15 décembre 1946, du [[Jury d'honneur]] mis en place par le [[gouvernement provisoire de la République française]].</ref> sont des traîtres ». |
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==== Exécution ==== |
==== Exécution ==== |
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Grandclément est toujours protégé par de nombreux résistants qui lui font encore confiance, et se méfient désormais des autres réseaux<ref name="Foot" />. Ils se cachent avec lui et sa femme à [[Pyla-sur-Mer]]<ref name="Lormier1998-115">{{harvsp|Lormier|1998|p=115}}</ref>. Grandclément se met alors à la rédaction d'un plaidoyer pour défendre sa position auprès de de Gaulle ; après s'être débarrassé de la surveillance de la Gestapo, il tente d'obtenir un avion pour rejoindre Londres<ref name="Lormier1998-115" />. Pour le capturer, les agents du SOE d'''Actor'' lui font croire qu'ils ont pour ordre de le ramener en Angleterre, où il aura l'occasion de s'exprimer<ref name="Foot" />. Accompagné de sa femme et de Marc Duluguet, un résistant de [[Biganos]] qui a accepté de lui servir de garde du corps, Grandclément est placé sous bonne garde près de [[Belin-Béliet|Belin]]<ref name="Lormier1998-115" />. Roger Landes les rejoint pour tenir une forme de tribunal - passant outre le souhait de ses camarades de les |
Grandclément est toujours protégé par de nombreux résistants qui lui font encore confiance, et se méfient désormais des autres réseaux<ref name="Foot" />. Ils se cachent avec lui et sa femme à [[Pyla-sur-Mer]]<ref name="Lormier1998-115">{{harvsp|Lormier|1998|p=115}}</ref>. Grandclément se met alors à la rédaction d'un plaidoyer pour défendre sa position auprès de de Gaulle ; après s'être débarrassé de la surveillance de la Gestapo, il tente d'obtenir un avion pour rejoindre Londres<ref name="Lormier1998-115" />. Pour le capturer, les agents du SOE d'''Actor'' lui font croire qu'ils ont pour ordre de le ramener en Angleterre, où il aura l'occasion de s'exprimer<ref name="Foot" />. Accompagné de sa femme et de Marc Duluguet, un résistant de [[Biganos]] qui a accepté de lui servir de garde du corps, Grandclément est placé sous bonne garde près de [[Belin-Béliet|Belin]]<ref name="Lormier1998-115" />. Roger Landes les rejoint pour tenir une forme de tribunal - passant outre le souhait de ses camarades de les abattre tous les trois séance tenante. Laissant toujours croire à son prisonnier principal qu'il va pouvoir regagner Londres, Landes interroge Grandclément et ses compagnons plusieurs heures durant<ref name="Miller" />. |
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Après les interrogatoires, les conclusions des résistants présents sont toujours les mêmes : leurs trois prisonniers doivent être exécutés. Le {{date-|27 juillet 1944}}, tous partent en deux voitures jusqu'au lieu-dit [[ |
Après les interrogatoires, les conclusions des résistants présents sont toujours les mêmes : leurs trois prisonniers doivent être exécutés. Le {{date-|27 juillet 1944}}, tous partent en deux voitures jusqu'au lieu-dit [[Saugnac-et-Muret|Le Muret]], où se trouve un maquis. André Bouillard abat Grandclément ; Christian Campet se charge de Duluguet et Landes s'occupe lui-même de l'exécution de Lucette Grandclément<ref name="Lormier1998-115" />. Bien qu'il apprît après la guerre que Lucette Grandclément était opposée au pacte avec Dohse<ref name="Telegraph" />, le chef du réseau SOE expliquera plus tard avoir conclu qu'il ne pouvait pas la laisser partir, compte tenu du risque qu'il aurait fait courir à son groupe. Ayant utilisé pour la première et dernière fois son pistolet, il n'aurait pas dormi pendant une semaine après l'exécution. Les membres du maquis s'occupent alors de brûler les corps et de les cacher, tandis que Landes et ses agents repartent pour Bordeaux pour rendre compte à Londres de l'opération. Londres approuve le résultat<ref name="Miller" />. Les proches de Grandclément, tels André Noël, seront éliminés également<ref name="Lormier2013">{{harvsp|Lormier|2013}}</ref>. |
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Les corps sont identifiés succinctement dans leurs sépultures précaires le {{date-|27 décembre 1944}}, puis à nouveau le {{date-|5 septembre 1946}}<ref name="Lormier2013" />, retirés enfin de la forêt et enterrés dans le cimetière de la commune voisine. Les dépouilles du couple Grandclément sont déplacées en 1947 au cimetière de [[Pompignac]], dans le caveau de la famille de la mère de Lucette (Chastel), sur le sommet duquel est |
Les corps sont identifiés succinctement dans leurs sépultures précaires le {{date-|27 décembre 1944}}, puis à nouveau le {{date-|5 septembre 1946}}<ref name="Lormier2013" />, retirés enfin de la forêt et enterrés dans le cimetière de la commune voisine. Les dépouilles du couple Grandclément sont déplacées en 1947 au cimetière de [[Pompignac]], dans le caveau de la famille de la mère de Lucette (Chastel), sur le sommet duquel est placée une plaque : {{citation|Aux martyrs de la Résistance. Lucette et André Grandclément, lâchement assassinés le 27 juillet 1944}}<ref name="Lormier2013" />. Après la guerre, la famille Duluguet tente de réhabiliter leur fils Marc ; selon Dominique Lormier, Roger Landes les menace pour éviter que le cas ne soit rouvert<ref name="Lormier2013" />. |
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== Trahison ou non ? == |
== Trahison ou non ? == |
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Plusieurs interprétations de l'attitude de Grandclément et de la justification de son exécution sont soutenues par les historiens. Même si, après guerre, l'historiographie officielle représente Grandclément comme un simple traître, qui n'a fait que retourner sa veste<ref name="Soulleau">{{harvsp|Soulleau|1998}}</ref>, il y a toutefois un consensus ultérieur sur sa sincérité, pensant ''a priori'' réellement que son pacte avec les forces allemandes était son devoir en tant que Français<ref name="Foot" />. De même, l'ensemble des arrestations qui frappent la région lui sont attribuées ''a posteriori'', et pour ses adversaires tels que Roger Landes, les libérations qu'il a obtenues n'ont concerné que ceux qui ont accepté de travailler ensuite pour lui<ref name="Lormier1998-83">{{harvsp|Lormier|1998|p=83}}</ref>. |
Plusieurs interprétations de l'attitude de Grandclément et de la justification de son exécution sont soutenues par les historiens. Même si, après guerre, l'historiographie officielle représente Grandclément comme un simple traître, qui n'a fait que retourner sa veste<ref name="Soulleau">{{harvsp|Soulleau|1998}}</ref>, il y a toutefois un consensus ultérieur sur sa sincérité, pensant ''a priori'' réellement que son pacte avec les forces allemandes était son devoir en tant que Français<ref name="Foot" />. De même, l'ensemble des arrestations qui frappent la région lui sont attribuées ''a posteriori'', et pour ses adversaires tels que Roger Landes, les libérations qu'il a obtenues n'ont concerné que ceux qui ont accepté de travailler ensuite pour lui<ref name="Lormier1998-83">{{harvsp|Lormier|1998|p=83}}</ref>. |
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L'interprétation majoritaire quant aux actes de Grandclément est celle d'une trahison et d'un pacte avec l’ennemi. Cette analyse est soutenue par Arthur Calmette<ref>{{Ouvrage |
L'interprétation majoritaire quant aux actes de Grandclément est celle d'une trahison et d'un pacte avec l’ennemi. Cette analyse est soutenue par Arthur Calmette<ref>{{Ouvrage|auteur1=Arthur Calmette|titre=L'O.C.M. (Organisation civile et militaire)|sous-titre=Histoire d'un mouvement de résistance de 1940 à 1946|éditeur=[[Presses universitaires de France]]|collection=Esprit de la Résistance|année=1961|pages totales=228|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EyQNAAAAIAAJ}}</ref>, [[Gilles Perrault]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Gilles Perrault|titre=Dictionnaire amoureux de la Résistance|éditeur=Plon / Fayard|date=7 mai 2014|pages totales=343|isbn=978-2-259-22755-1|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=vghyAwAAQBAJ}}</ref> ou [[Michel Slitinsky]]{{sfn|Slitinsky|1970|p=}}. Ce dernier précise que tous les groupes qui ont succédé à Grandclément ont été victimes de cette trahison, puisque la confusion installée par les Allemands empêche de savoir qui a trempé ou non dans l'affaire{{sfn|Guérin|2010|p=706}}. Certains, tels René Terrisse<ref name="Lormier1998-83" />, [[Michel Chaumet]]<ref name="Ory" /> et [[Guy Penaud]]<ref name="Lormier1998-83" />, minimisent toutefois la trahison en mettant en avant le grand nombre de libérations obtenues et le nombre mineur d’armes remises aux Allemands. D'autres auteurs remarquent qu'une grande partie des arrestations n'est pas directement liée à la trahison de Grandclément, mais simplement aux aveux faits par les résistants sous la torture<ref name="Soulleau" />, même si les rescapés en font porter la responsabilité (directe ou non) aux actes de leur ancien chef<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Chaumet|auteur2=Jean-Marie Pouplain|titre=Occupation, résistance et libération en Deux-Sèvres|éditeur=Geste|collection=30 questions|numéro dans collection=7|année=2000|pages totales=62|isbn=978-2-910919-97-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=c9t-AAAAIAAJ}}</ref>. Terrisse souligne de son côté que Grandclément a sciemment protégé certaines régions, telle celle d'[[Arcachon]], des investigations allemandes{{sfn|Terrisse|1998}}. |
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L'historien [[Alain Guérin]], quant à lui, estime que si la trahison de Grandclément est complexe, des auteurs comme [[Dominique Venner]], essayiste français d'extrême droite, ou René Terrisse n'hésitent pas à tenter de réhabiliter sa mémoire sans tenir compte des éléments de l'époque |
L'historien [[Alain Guérin]], quant à lui, estime que si la trahison de Grandclément est complexe, des auteurs comme [[Dominique Venner]], essayiste français d'extrême droite, ou René Terrisse n'hésitent pas à tenter de réhabiliter sa mémoire sans tenir compte des éléments de l'époque{{sfn|Guérin|2010|p=708-709}}. |
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Quelques auteurs estiment enfin que le nœud de l'affaire est lié à un conflit interne à la Résistance, thèse directement évoquée dans le plaidoyer de Grandclément, qui explique avoir obtenu la libération de ceux de ses hommes ayant été « trahis par les Anglais » |
Quelques auteurs estiment enfin que le nœud de l'affaire est lié à un conflit interne à la Résistance, thèse directement évoquée dans le plaidoyer de Grandclément, qui explique avoir obtenu la libération de ceux de ses hommes ayant été « trahis par les Anglais »{{sfn|Lormier|1998|p=85}}. Pour [[Dominique Lormier]], Grandclément aurait été exécuté car Roger Landes avait découvert qu'il connaissait la véritable raison du démantèlement de l'OCM et du SOE dans le Sud-Ouest, à savoir l'[[opération Starkey]] : elle impliquait l'activation d'une partie de la Résistance en Aquitaine, pour faire croire à Hitler à l'imminence d'un débarquement en France en septembre 1943 dans la région, tandis que les Alliés préparaient l'invasion de l'Italie<ref name="Lormier1998-115" />{{,}}<ref name="Lormier1998-83" />. Dohse pourrait également avoir été un agent double travaillant pour les services britanniques, et en rapport avec le SOE via Roger Landes<ref name="Lormier2013" /> ; Landes aurait pu vouloir enfin couvrir Corbin (dont il épouse la fille) quant aux relations de celui-ci avec Dohse, qu'il a également rencontré{{sfn|Lormier|1998|p=116}}. L'hypothèse de l'intoxication des services allemands par les Britanniques, en se servant du réseau de Grandclément, est également défendue par le correspondant de guerre Charles Wighton<ref name="Lormier1998-83" />. Daniel Grandclément, un cousin éloigné du résistant, évoque même la possibilité qu'André Grandclément n’ait pas été exécuté, en se basant sur différentes incohérences de comportement des membres de sa famille après la guerre<ref name="Lormier2013" />. |
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Tous s'accordent sur le fait que l'« Affaire Grandclément » est la cause principale, voire unique, de la désorganisation totale de la résistance bordelaise<ref>{{ |
Tous s'accordent sur le fait que l'« Affaire Grandclément » est la cause principale, voire unique, de la désorganisation totale de la résistance bordelaise<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Olivier Wieviorka]]|titre=Histoire de la Résistance|sous-titre=1940 - 1945|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|collection=Synthèses historiques|année=2013|pages totales=624|isbn=978-2-262-04205-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=JD53dR1HdE8C}}</ref>, région « pourrie » pour le [[Bureau central de renseignements et d'action|BCRA]]<ref name="Lormier1992" />, dans laquelle les différentes factions résistantes vont s'entredéchirer dès le début de l'affaire, et ne s'arrêteront qu'à la Libération<ref name="Ory" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Patrick Chastenet]]|auteur2=Philippe Chastenet|titre=Chaban|éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]]|année=1991|pages totales=605|isbn=978-2-02-013535-1|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=JCYzAAAAIAAJ}}</ref>. [[Jacques Soustelle]] souligne : {{citation|C'était pour nous une zone pourrie de la région B [...] à cause de la trahison de Grandclément}}<ref name="Papon">{{Ouvrage|auteur1=Maître Gérard Boulanger|préface=[[Pierre Vidal-Naquet]]|titre=Plaidoyer pour quelques Juifs obscurs victimes de Monsieur Papon|éditeur=[[Calmann-Lévy]]|collection=Documents, Actualités, Société|année=2005|mois=février|jour=16|pages totales=125|isbn=|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=o7AREoCCJS0C}}</ref>. [[Gaston Cusin]], lorsqu'il se rend à Bordeaux pour prendre fonction de [[Commissaire de la République institué par le Gouvernement provisoire de la République française|commissaire de la République]], ne peut faire confiance à personne, au point de devoir se réfugier durant les trois derniers mois de l'occupation de Bordeaux chez [[Maurice Papon]], secrétaire général de la préfecture de la Gironde, sur le conseil de Roger-Samuel Bloch<ref name="Papon" />. |
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== Documentaire == |
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== Annexes == |
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=== Bibliographie === |
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* {{ |
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Paddy|nom1=Ashdown|lien auteur1=Paddy Ashdown|titre=A Brilliant Little Operation|sous-titre=The Cockleshell Heroes and the Most Courageous Raid of World War 2|éditeur=Aurum Press|année=2013|mois=mai|jour=2|pages totales=416|isbn=978-1-78131-083-0|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=vSzBAgAAQBAJ}} |
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* {{ |
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Paddy|nom1=Ashdown|titre=Game of Spies|sous-titre=the Secret Agent, the Traitor and the Nazi, Bordeaux 1942-1944|éditeur=HarperCollins Publishers|année=2016|pages totales=376|isbn=978-0-00-814938-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=X8OeDAEACAAJ}} |
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* {{ |
* {{Ouvrage|prénom1=Michel|nom1=Augeard|titre=Melpomène se parfume à l'héliotrope|éditeur=[[Éditions Jean-Claude Lattès|JC Lattès]]|collection=Essais et documents|année=2012|mois=février|jour=8|pages totales=422|isbn=978-2-7096-4007-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=z_haA7rSniEC|titre chapitre=« Chez Dupont, tout est bon »}} |
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* {{ |
* {{Ouvrage|prénom1=Michel|nom1=Chaullet|prénom2=Cyril|nom2=Olivier|titre=Comprendre la Résistance en Aquitaine|éditeur=[[Centre régional de documentation pédagogique|CRDP]] d'Aquitaine|année=2010|isbn=}} |
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* {{ |
* {{Ouvrage|prénom1=Michael R. D.|nom1=Foot|lien auteur1=Michael R. D. Foot|prénom2=Jean-Louis|nom2=Crémieux-Brilhac|lien auteur2=Jean-Louis Crémieux-Brilhac|titre=Des anglais dans la résistance|sous-titre=Le SOE en France, 1940-1944|éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]]|année=2013|pages totales=831|isbn=979-10-210-0194-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=eqJSCwAAQBAJ}} |
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* {{ |
* {{Ouvrage|prénom1=Daniel|nom1=Grandclément|lien auteur1=Daniel Grandclément|titre=L'Énigme Grandclément, le chef de réseau qui voulait un pacte entre la Résistance et les S.S.|lieu=Paris|éditeur=Balland|année=2003|pages totales=280|isbn=2-7158-1465-8}} |
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* {{ |
* {{Ouvrage|prénom1=Alain|nom1=Guérin|lien auteur1=Alain Guérin|préface=[[Marie-Madeleine Fourcade]] et [[Henri Rol-Tanguy]]|titre=Chronique de la Résistance|éditeur=Place des éditeurs|année=2010|mois=novembre|jour=10|pages totales=1812|isbn=978-2-258-08853-5|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=KMwBdjPf6V4C|titre chapitre=Du côté des bourreaux : la trahison}} |
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* {{ |
* {{Ouvrage|prénom1=Pierre|nom1=Guillaume|titre=Gaullisme et antigaullisme en Aquitaine|éditeur=Presses universitaires de Bordeaux|année=1990|pages totales=241|isbn=978-2-86781-101-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=8iS7dadgnbcC|titre chapitre=Le gaullisme historique à Bordeaux}} |
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* {{ |
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Peter|nom1=Jacobs|titre=Setting France Ablaze|sous-titre=The SOE in France During WWII|éditeur=Pen and Sword|année=2015|mois=septembre|jour=30|pages totales=240|isbn=978-1-4738-6663-8|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=VP9yCgAAQBAJ|titre chapitre=Stationers, Stockbrockers, Marksmen and Scientists}} |
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* {{Ouvrage|prénom1=Dominique|nom1=Lormier|titre=Histoires extraordinaires de la Résistance française|éditeur=Cherche Midi|année=2013|mois=mai|jour=16|pages totales=199|isbn=978-2-7491-3162-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=2lkn1PGTe_IC}} |
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* {{Ouvrage|auteur1=Patrice Miannay|titre=Dictionnaire des agents doubles dans la Résistance|lieu=Paris|éditeur=Le cherche-midi|année=2005|pages totales=352|passage=146-148|isbn=2-7491-0456-4|titre chapitre=Granclément, André}} |
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* {{Ouvrage|prénom1=Guy|nom1=Penaud|titre=Chroniques secrètes de la Résistance dans le Sud-Ouest|éditeur=Sud-Ouest|année=1993|pages totales=319|isbn=978-2-87901-127-1|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=NxtnAAAAMAAJ}} |
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* {{Ouvrage|auteur1=René Terrisse|titre=Bordeaux 1940-1944|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Librairie académique Perrin]]|année=1993|pages totales=343|isbn=2-262-00991-0}}. |
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* {{Ouvrage|prénom1=René|nom1=Terrisse|titre=Grandclément, traître ou bouc-émissaire ?|éditeur=[[Aubéron (maison d'édition)|Aubéron]]|année=1996|pages totales=326|isbn=978-2-908650-41-9|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=xiJnAAAAMAAJ}}. |
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* {{Ouvrage|prénom1=René|nom1=Terrisse|titre=À la botte de l'occupant|sous-titre=Itinéraires de cinq collaborateurs|éditeur=[[Aubéron (maison d'édition)|Aubéron]]|année=1998|pages totales=309|isbn=978-2-908650-82-2|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=PwdnAAAAMAAJ}} |
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=== Articles connexes === |
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* [[Roland Farjon]], cadre de l'OCM pour le nord-est, retourné de la même manière que Grandclément. |
* [[Roland Farjon]], cadre de l'OCM pour le nord-est, retourné de la même manière que Grandclément. |
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Naissance | |
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Décès | |
Nationalité | |
Activités |
Résistant, agent du SOE, courtier en assurances |
Père |
André Marie Hubert Grandclément, dit « Bernard », né le à Rochefort et abattu le à Saugnacq-et-Muret, est un résistant français de la Seconde Guerre mondiale.
Courtier en assurances à Bordeaux, il fonde en 1941 un réseau de résistance dans le Bordelais. Ayant rejoint en 1942 l'Organisation civile et militaire (OCM), il en devient le responsable en Aquitaine (région B), et grâce à l'aide du service de renseignement britannique Special Operations Executive (SOE), développe fortement son réseau dans la région, armant et formant plusieurs milliers d'agents.
Arrêté en , il négocie une coopération avec le chef régional de la Gestapo, Friedrich Dohse, sur la base de leur anticommunisme commun. Il livre notamment des caches d'armes, contre la libération de nombreux prisonniers du réseau. Mais tous ses camarades ne sont pas convaincus par la pertinence de cet accord avec les Allemands, et les tensions entre partisans et opposants de l'accord désorganisent la Résistance dans le Bordelais. Au bout d'un an, soupçonné d'imprudences graves, voire de trahison, André Grandclément accepte finalement d'être envoyé à Londres, mais est en fait conduit auprès d'autres résistants pour être jugé. Considéré par eux comme coupable, il est ensuite exécuté par les hommes de Roger Landes, chef du réseau Actor du SOE de Bordeaux. Sa femme, Lucette Grandclément, et son garde du corps sont exécutés en même temps.
L'affaire Grandclément a considérablement affaibli la résistance intérieure française dans la région bordelaise jusqu'à la Libération, spécifiquement les réseaux de l'OCM et du SOE, envenimant également les relations des résistants bordelais, des échanges locaux entre les mouvements jusqu'à leurs relations avec leur hiérarchie au niveau national. Les actes d'André Grandclément et leurs conséquences ont fait l'objet de nombreuses analyses par les historiens, et sont encore sujets à des interprétations très variées.
Biographie
[modifier | modifier le code]Entre-deux-guerres
[modifier | modifier le code]Fils de l’amiral Raoul Gaston Grandclément[Note 1] et d’Amélie de Barolet, André suit dans sa jeunesse les affectations de son père. Élève chez les jésuites au collège Franklin dans le 16e arrondissement de Paris, il y noue une amitié avec Marc O'Neill, futur officier. À la fin de l'adolescence, il interrompt les cours de Franklin pour l'université de Beyrouth où son père vient de prendre le commandement de la division navale de Syrie, puis pour le lycée de Tunis. Il passe ses bacs à Paris, dort au collège Massillon et étudie au lycée Saint-Louis. Au moment d'entrer en classe préparatoire à l'école navale, il rencontre sa future première femme Geneviève Toussaint, surnommée « Myssett », se fâche avec son père et renonce à poursuivre ses études. En , il entre dans l'armée, d'abord comme simple soldat dans un corps de tirailleurs sénégalais. Rapidement, il suit les cours d'élève-officier. Le , il épouse Geneviève religieusement à l’église Notre-Dame-de-France de Bizerte. Ils auront cinq enfants, dont trois mourront en bas âge ; seules survivront deux filles, Ghislaine[Note 2] et Francine[Note 3].
En poste à Sfax, il annonce à son père, en , son désir de quitter l'armée. En 1931, André et Mysset s'installent à Toulon. L’année suivante, ils sont à Saint-Maixent-l'École. André n'a pas quitté l'armée, mais entre, pour deux ans, dans l'école d'officier. En même temps, il fait son droit à Poitiers. En 1934, il fait une grave chute de cheval, tombe malade (les lettres évoquent une tuberculose avec hémoptysie). Il quitte Saint-Maixent pour l'hôpital militaire de Clamart. Il est en congé maladie. En 1935, grâce à un cousin agent d'assurances, Paul Pierson, il entre à la Mutuelle Vie et s'installe avec Myssett à Bordeaux, 13, rue Basse. En 1937, la commission de réforme renouvelle sa pension à titre définitif, au taux de 100 %. Il travaille pour l’Union Vie à Annecy. En 1938, le couple déménage : Grandclément installe son bureau au 44 rue Ferrère[1]. Bientôt, les discordes se multiplient et le couple décide de se séparer. André s'installe au 34 cours de Verdun[2], où il dirige une affaire d'assurances[3].
Seconde guerre mondiale
[modifier | modifier le code]La drôle de guerre
[modifier | modifier le code]À la déclaration de guerre, bien que réformé à 100 %, il obtient d’être déclaré « bon pour le service ». À la fin de l'année 1939, il rencontre Lucette Tartas qui a eu un fils, Christian, né vers 1930 de son premier mari, Philippe Rigou.
En , il rejoint son unité, le 5e R.I.C.. En mai, il s'illustre dans les Ardennes, lors de la bataille de Stonne, et il est cité à l'ordre de la division pour son action[Note 4]. Le , il est toutefois hospitalisé à Toulouse. À l’armistice, il est démobilisé et rejoint Bordeaux[4]. Il est pendant quelque temps proche de la position collaborationniste de Pétain : anticommuniste, il se tourne vers le régime de Vichy, professe des opinions royalistes et s’attache à la personne du colonel de La Rocque, fondateur des Croix-de-Feu, puis du P.S.F. (Parti social français)[5]. Il en devient même l'officier d'ordonnance officieux[6].
La Résistance
[modifier | modifier le code]Fin août, désormais colonel en retraite[7] - son unité étant démobilisée -, il retourne à Bordeaux et reprend ses activités dans les assurances. Mais la politique servile de Vichy à l’égard des Allemands finit par l’écœurer. Il tourne définitivement le dos à la Révolution nationale et entre dans la Résistance en 1941[8], comme le fait de son côté La Rocque, et comme lui conseille également son amiral de père[6]. Au printemps 1942, Alain Boyau lui propose, au nom du général Jouffrault (oncle d'André) et de Marc O'Neill (son ami d'enfance), d'entrer à l'Organisation civile et militaire (OCM), un réseau de résistance. Il rencontre alors à Paris le colonel Touny, chef de l'OCM, qui le nomme responsable de la région B (le territoire occupé allant de Poitiers à Bayonne)[6] en remplacement du commandant Léo Paillère[9]. Entré en résistance sous le nom de guerre de « Bernard », il est chargé, pour ses débuts, de prendre contact avec tous les petits groupes épars dans la région et de les rassembler au sein d'une organisation qu'il a baptisé « France vivra »[8],[10].
Il accomplit sa tâche, avec l'aide du commandant Rollot qui commande en second (à partir de mai[11]), en regroupant sous ses ordres la majeure partie de la résistance non-communiste de la région[6]. Son réseau comprend un état-major, cinq groupes de combat, une équipe s'occupant des parachutages. Des camps d'entrainement au maniement des armes existent à Bordeaux, Arcachon, Facture ; des maquis sont organisés en Corrèze et dans les Landes ; une filière d'évasion et une liaison radio avec Londres complètent le dispositif[12]. En octobre, il engage comme secrétaire une cousine de Lucette, Arlette Caussé, pour la faire échapper au STO. Le , il épouse Lucette Tartas.
Claude de Baissac, chef du réseau Scientist du SOE depuis [13], et parachuté en France près de Châteauroux[14] est informé par France Antelme[7] de l'existence à Bordeaux de la très forte organisation de résistance (plusieurs centaines de personnes[15]) dirigée par Grandclément, désireuse de recevoir armes et matériel. Le contact est établi et l'entente vite réalisée : Grandclément apporte ses groupes et ses contacts de l’OCM, et Claude de Baissac apporte les moyens du SOE, c'est-à-dire les armes qu'il fait venir d'Angleterre par parachutage. Les liens entre les deux réseaux sont alors assez forts, leurs agents ayant souvent une double appartenance[13]. Jusqu'à soixante terrains de parachutage sont homologués par Londres[8]. En avril, l'appartement de Grandclément, cours de Verdun, devient un véritable salon où se retrouvent, pour parler de résistance entre amis, Claude de Baissac et sa sœur Lise, Roger Landes, Jean Renaud-Dandicolle et Charles Hayes (tous agents du SOE)[10], et Jouffrault père et fils[Note 5], Charles Corbin, Roland Chazeau et André Maleyran[Note 6] (les principaux chefs du réseau de Grandclément). Mi-1943, le nombre de parachutages d'armes est estimé à 150, et les troupes équipées à 42 000 combattants potentiels[6].
Arrestation
[modifier | modifier le code]Fin , le démantèlement du réseau Prosper-PHYSICIAN (réseau SOE parisien) par le travail conjoint de la police française et des services allemands permet, du fait des fautes répétées des agents SOE concernant le cloisonnement, d'étendre les arrestations aux réseaux de résistance affiliés[12]. En juillet, un des adjoints de Grandclément, Christian Fossard, est arrêté par le commissaire Poinsot, qui remonte une filière de réfractaires au STO[10],[15]. La police française le livre à Friedrich Dohse, le chef de la Gestapo à Bordeaux. Fossard parle et livre notamment l'adresse de Grandclément, son chef, qui tient un fichier de ses subordonnés[6],[12]. À la fin du mois, les Allemands découvrent le fichier des membres du réseau, ce qui provoque une centaine d'arrestations[6], dont celle du général Jouffrault[16]. Rollot passe en Espagne, remplacé par le colonel Thinières, qui doit lui aussi se mettre au vert à l'arrestation de sa femme[6].
Grandclément, qui a fui à Paris[17], échappe au coup de filet. Mais la chute du réseau Prosper a entraîné par répercussion également un grand nombre d'arrestation dans le réseau Scientist, et obligé notamment Claude de Baissac à retourner en Angleterre et à laisser la direction de son réseau à « Bernard » (Grandclément)[7] et « Aristide » (Roger Landes)[18],[19]. Parmi les personnes arrêtées se trouve Arlette Caussé, tout comme Lucette Grandclément et Frédéric Jouffrault le [20] ; Corbin est également appréhendé mais relâché peu après[12]. Grandclément, introduit par de Baissac dans le réseau SOE, est poursuivi de tous côtés ; il souhaite se livrer en apprenant l'arrestation de sa femme, mais Touny l'en dissuade[4]. Le [21], identifié par Jacques Desoubrie[4] au Café de Madrid à Paris[10], il est finalement arrêté, puis transféré à Bordeaux le 23[6]. Dohse l'interroge et lui montre ce qu'il sait : les noms des agents du SOE et de l'OCM, les lieux de rendez-vous, l'emplacement des dépôts d'armes[12]...
Constatant son anticommunisme viscéral, Dohse propose à Grandclément un pacte : qu'il livre les dépôts d'armes et ses camarades - dont sa femme - arrêtés seront libérés ; les Allemands pourront se concentrer, la menace maquisarde écartée, sur la menace communiste[7]. Jouffrault a déjà, à la suite des interrogatoires qu'on lui a fait subir, accepté de servir d'intermédiaire entre les responsables de plusieurs départements et les autorités allemandes, ce qui a contribué aux arrestations suivantes[22]. Couvert par ses chefs, et en accord avec le lieutenant Rudolf Kunesch, à la tête de la section B (résistance gaulliste, maquis, parachutages) du même service, Dohse accorde le 24 quelques heures de liberté à Grandclément pour convaincre ses subordonnés[6]. Grandclément rejoint donc Charles Corbin (« Police »[Note 7]), qu'il retrouve en compagnie de Roger Landes et de Marcel Defence, un autre agent SOE. Corbin semble suivre la proposition de Grandclément, mais Landes et Defence y sont opposés. Landes avoue plus tard avoir eu l'intention de tuer dans l'instant Grandclément, mais la présence de l'épouse de Corbin et de sa fille (que Landes épousera après la guerre) l'en a empêché[19],[23]. Grandclément, à défaut de les convaincre, leur annonce qu'il va livrer le plan des caches d'armes ; il part dans une voiture de la Gestapo, que les agents du SOE ne peuvent suivre[7]. Defence, après avoir évacué toutes les caches qu'il connaissait, part alors à Paris pour faire un rapport à Marc O'Neill[24] ; Londres est prévenu que les parachutages dans la région doivent être stoppés[6].
Application de l'accord Grandclément-Dohse
[modifier | modifier le code]Comme prévu entre Dohse et Grandclément, un tiers des stocks d'armes existants sont livrés[18] (935 containers[25], soit 45 tonnes d'équipement[4]), plus d'une centaine de personnes sont libérées[6] (environ la moitié des prisonniers de l'OCM[7] - entre 80 et 182[4]) et des arrestations prévues sont annulées. Dohse va jusqu'à Paris pour convaincre ses chefs qu'il aura de meilleures chances de nettoyer la Résistance dans sa région si les hommes qu'il détient encore sont traités comme des prisonniers de guerre, comme il l'a promis à Grandclément ; sa hiérarchie ne le suit toutefois pas totalement, continuant à déporter « Nacht und Nebel » certains résistants (tels Jouffrault père et fils)[10]. Certains stocks, tels ceux de Morcenx et de Rion-des-Landes restent aux mains de la Résistance, et certains chefs, comme Léonce Dussarrat (« Léon des Landes »), préfèrent passer dans la clandestinité plutôt que de rencontrer Grandclément[4]. Selon Dohse, Grandclément et ses hommes détourneront également une trentaine de tonnes d'équipement à leur propre profit[4]. Dans la nuit du 13 au 14, Charles Hayes est pris avec d'autres résistants en Gironde ; lui refuse la proposition que lui fait Dohse et est éliminé par les Allemands en 1944[Note 8].
Grandclément négocie ensuite avec Dohse la transformation de ses réseaux en « maquis blancs » destinés à lutter non plus contre les Allemands mais contre les communistes, après le départ des troupes allemandes. La première occasion est le maquis de Lencouacq, détecté par la Wehrmacht, et dont Dohse parle à Grandclément ; celui-ci s'y rend avec Malleyran et Chazeau, ses adjoints, et propose aux maquisards de rejoindre l'accord pour lutter contre les communistes. Selon Dominique Lormier, le fils du colonel Rollot prend sur lui d'accepter la proposition séance tenante, mais le chef du maquis Guy Saramagnan interroge tout de même ses supérieurs de l'OCM : le colonel de Marguerittes affirme que toute tractation avec l'ennemi est un acte de haute trahison, puni de mort. Le fils Rollot est donc fusillé par ses camarades le 1er novembre[4]. Selon l'un des responsables de la région, les maquisards ont proposé, pour se débarrasser de leurs visiteurs, d'organiser la visite du camp en présence de Dohse[26]. Lorsque ce dernier et Grandclément arrivent, les maquisards leur ont tendu une embuscade ; Chazeau est tué, les autres s'enfuient. Le maquis quitte ensuite Lencouacq pour la forêt de Geaune[4], tandis que son ancien site est investi par l'armée allemande[26]. Grandclément de son côté se plaint auprès du professeur Joubert[Note 9] de la tuerie[4]. Fin octobre, une réunion d'état-major a lieu à Bordeaux : sont présents de Marguerittes, le commandant Eugène Camplan, récent successeur de Grandclément[Note 10], Yvon Toussaint et Joubert[4]. De Marguerittes, dont l'adjoint vient d'être abattu à Morcenx, demande la convocation du comité national de l'OCM, pour juger ceux qu'il considère désormais comme des traîtres : Grandclément et Malleyran[4]. Camplan, sans prendre parti, confie la demande à la direction de l'OCM ; Alfred Touny la refuse[4],[6]. Les actions des responsables de l'OCM, noyautée par les renseignements allemands, sont sans effet face à celles de Dohse[4].
Dohse témoigne après la guerre de plusieurs rencontres avec des résistants, à l'instigation de Grandclément (parfois même en sa présence et celle de sa femme) : le père Piquet (qui joue alors un rôle important dans la Résistance), Alain Boyau (du comité national de la Libération, qui avait introduit Grandclément à l'OCM), Charles Corbin (OCM-SOE), le commissaire Pelletier (officier de liaison du CNR) à Paris[4]. D'après Dohse, il leur fournit, à la demande de Grandclément, des permis de port d'armes, des lettres de sauvegarde et des laissez-passer[4].
En novembre, le colonel Rollot, à Alger, envoie le DMR Claude Bonnier « Hypoténuse » à Bordeaux, pour coordonner les actions des Alliés et de la Résistance ; l'affaire Grandclément est également de son ressort, et il est chargé d'y mettre bon ordre[6]. Le même mois, Dohse accorde à Grandclément un nouveau jour de sortie, au cours duquel il fait connaître la demande de Dohse de rencontrer son successeur, Camplan, en vue de préparer une rencontre entre le colonel Machule, KdS[Note 11] de Bordeaux, et le général Giraud. De leur côté, Corbin et Landes ont passé leurs derniers mois à colmater les brèches pratiquées par Grandclément et Dohse, Corbin obtenant par ses relations dans la police les emplacements des futures zones que Grandclément doit localiser, et Landes se chargeant alors de les nettoyer au préalable[7]. En novembre, trop exposés, ils passent tous deux la frontière espagnole, arrivent à Gibraltar fin décembre et à Londres en janvier[19]. Ils y rendent compte des actions de leur ancien compagnon. Landes, qui a coupé les ponts avec son ancien réseau, « grillé », et a commencé à monter le nouveau Actor, y est même suspecté d'être à l'origine des arrestations de Scientist[27]. Il est finalement blanchi[19],[28]. En décembre, deux émissaires (le colonel Thinières et le professeur Joubert) se rendent en Algérie, avec l'accord tacite de Dohse - et de celui d'Heinrich Himmler en personne[4], afin de soumettre un projet de pacte global entre les troupes allemandes et la résistance non communiste à l'approbation du général de Gaulle[2]. Touny, espérant gagner du temps et ralentir les arrestations, donne son accord, malgré l'opposition de de Marguerrittes et du commandant Paillère ; en échange, d'autres prisonniers (dont la femme de Thinières) sont alors libérés[4]. Les deux émissaires sont également chargés par Camplan de se faire confirmer la régularité de la mission confiée à « Hypoténuse »[11].
Le , le pacte est soumis à de Gaulle, qui le refuse et fait emprisonner pour un temps les émissaires dans le sud algérien[2],[29]. Camplan, en conflit régulier avec Bonnier, se méfiant l'un de l'autre[11], refuse de couper les ponts avec Grandclément. Convoqué par l'OCM à Paris le pour éclaircir ce dernier point, il part en train mais descend à Angoulême et disparaît (en 1946, son corps sera retrouvé non loin de Ruffec)[4]. Camplan a-t-il été victime d'agents doubles qui l'accompagnaient, ou de l'ordre d'un responsable de la Résistance nationale (Lormier mentionne Jean de Vogüé)[4]? Le lendemain, trop tard, un message personnel, destiné à rassurer Camplan sur Bonnier, est diffusé : « Chez Dupont, tout est bon ! »[30] Selon certaines sources, l'arrestation du délégué « Hypoténuse » le (qui se suicide aussitôt) est une vengeance des fidèles de Camplan, qui supposent que le BCRA avait décidé d'éliminer leur chef[11],[31] et dénoncent alors Bonnier aux Allemands[4],[11].
En mars, Roger Landes, devenu major[27], est à nouveau en mission sur Bordeaux, chargé de réunir les différentes organisations à tout prix[31]. Le , Londres envoie un message par la BBC : « Attention, Grandclément, Noël[Note 12] et Renaudin[Note 13] sont des traîtres ».
Exécution
[modifier | modifier le code]Grandclément est toujours protégé par de nombreux résistants qui lui font encore confiance, et se méfient désormais des autres réseaux[7]. Ils se cachent avec lui et sa femme à Pyla-sur-Mer[32]. Grandclément se met alors à la rédaction d'un plaidoyer pour défendre sa position auprès de de Gaulle ; après s'être débarrassé de la surveillance de la Gestapo, il tente d'obtenir un avion pour rejoindre Londres[32]. Pour le capturer, les agents du SOE d'Actor lui font croire qu'ils ont pour ordre de le ramener en Angleterre, où il aura l'occasion de s'exprimer[7]. Accompagné de sa femme et de Marc Duluguet, un résistant de Biganos qui a accepté de lui servir de garde du corps, Grandclément est placé sous bonne garde près de Belin[32]. Roger Landes les rejoint pour tenir une forme de tribunal - passant outre le souhait de ses camarades de les abattre tous les trois séance tenante. Laissant toujours croire à son prisonnier principal qu'il va pouvoir regagner Londres, Landes interroge Grandclément et ses compagnons plusieurs heures durant[23].
Après les interrogatoires, les conclusions des résistants présents sont toujours les mêmes : leurs trois prisonniers doivent être exécutés. Le , tous partent en deux voitures jusqu'au lieu-dit Le Muret, où se trouve un maquis. André Bouillard abat Grandclément ; Christian Campet se charge de Duluguet et Landes s'occupe lui-même de l'exécution de Lucette Grandclément[32]. Bien qu'il apprît après la guerre que Lucette Grandclément était opposée au pacte avec Dohse[27], le chef du réseau SOE expliquera plus tard avoir conclu qu'il ne pouvait pas la laisser partir, compte tenu du risque qu'il aurait fait courir à son groupe. Ayant utilisé pour la première et dernière fois son pistolet, il n'aurait pas dormi pendant une semaine après l'exécution. Les membres du maquis s'occupent alors de brûler les corps et de les cacher, tandis que Landes et ses agents repartent pour Bordeaux pour rendre compte à Londres de l'opération. Londres approuve le résultat[23]. Les proches de Grandclément, tels André Noël, seront éliminés également[33].
Les corps sont identifiés succinctement dans leurs sépultures précaires le , puis à nouveau le [33], retirés enfin de la forêt et enterrés dans le cimetière de la commune voisine. Les dépouilles du couple Grandclément sont déplacées en 1947 au cimetière de Pompignac, dans le caveau de la famille de la mère de Lucette (Chastel), sur le sommet duquel est placée une plaque : « Aux martyrs de la Résistance. Lucette et André Grandclément, lâchement assassinés le 27 juillet 1944 »[33]. Après la guerre, la famille Duluguet tente de réhabiliter leur fils Marc ; selon Dominique Lormier, Roger Landes les menace pour éviter que le cas ne soit rouvert[33].
Trahison ou non ?
[modifier | modifier le code]Plusieurs interprétations de l'attitude de Grandclément et de la justification de son exécution sont soutenues par les historiens. Même si, après guerre, l'historiographie officielle représente Grandclément comme un simple traître, qui n'a fait que retourner sa veste[34], il y a toutefois un consensus ultérieur sur sa sincérité, pensant a priori réellement que son pacte avec les forces allemandes était son devoir en tant que Français[7]. De même, l'ensemble des arrestations qui frappent la région lui sont attribuées a posteriori, et pour ses adversaires tels que Roger Landes, les libérations qu'il a obtenues n'ont concerné que ceux qui ont accepté de travailler ensuite pour lui[35].
L'interprétation majoritaire quant aux actes de Grandclément est celle d'une trahison et d'un pacte avec l’ennemi. Cette analyse est soutenue par Arthur Calmette[36], Gilles Perrault[37] ou Michel Slitinsky[38]. Ce dernier précise que tous les groupes qui ont succédé à Grandclément ont été victimes de cette trahison, puisque la confusion installée par les Allemands empêche de savoir qui a trempé ou non dans l'affaire[39]. Certains, tels René Terrisse[35], Michel Chaumet[15] et Guy Penaud[35], minimisent toutefois la trahison en mettant en avant le grand nombre de libérations obtenues et le nombre mineur d’armes remises aux Allemands. D'autres auteurs remarquent qu'une grande partie des arrestations n'est pas directement liée à la trahison de Grandclément, mais simplement aux aveux faits par les résistants sous la torture[34], même si les rescapés en font porter la responsabilité (directe ou non) aux actes de leur ancien chef[40]. Terrisse souligne de son côté que Grandclément a sciemment protégé certaines régions, telle celle d'Arcachon, des investigations allemandes[41].
L'historien Alain Guérin, quant à lui, estime que si la trahison de Grandclément est complexe, des auteurs comme Dominique Venner, essayiste français d'extrême droite, ou René Terrisse n'hésitent pas à tenter de réhabiliter sa mémoire sans tenir compte des éléments de l'époque[42].
Quelques auteurs estiment enfin que le nœud de l'affaire est lié à un conflit interne à la Résistance, thèse directement évoquée dans le plaidoyer de Grandclément, qui explique avoir obtenu la libération de ceux de ses hommes ayant été « trahis par les Anglais »[43]. Pour Dominique Lormier, Grandclément aurait été exécuté car Roger Landes avait découvert qu'il connaissait la véritable raison du démantèlement de l'OCM et du SOE dans le Sud-Ouest, à savoir l'opération Starkey : elle impliquait l'activation d'une partie de la Résistance en Aquitaine, pour faire croire à Hitler à l'imminence d'un débarquement en France en septembre 1943 dans la région, tandis que les Alliés préparaient l'invasion de l'Italie[32],[35]. Dohse pourrait également avoir été un agent double travaillant pour les services britanniques, et en rapport avec le SOE via Roger Landes[33] ; Landes aurait pu vouloir enfin couvrir Corbin (dont il épouse la fille) quant aux relations de celui-ci avec Dohse, qu'il a également rencontré[44]. L'hypothèse de l'intoxication des services allemands par les Britanniques, en se servant du réseau de Grandclément, est également défendue par le correspondant de guerre Charles Wighton[35]. Daniel Grandclément, un cousin éloigné du résistant, évoque même la possibilité qu'André Grandclément n’ait pas été exécuté, en se basant sur différentes incohérences de comportement des membres de sa famille après la guerre[33].
Tous s'accordent sur le fait que l'« Affaire Grandclément » est la cause principale, voire unique, de la désorganisation totale de la résistance bordelaise[45], région « pourrie » pour le BCRA[25], dans laquelle les différentes factions résistantes vont s'entredéchirer dès le début de l'affaire, et ne s'arrêteront qu'à la Libération[15],[46]. Jacques Soustelle souligne : « C'était pour nous une zone pourrie de la région B [...] à cause de la trahison de Grandclément »[47]. Gaston Cusin, lorsqu'il se rend à Bordeaux pour prendre fonction de commissaire de la République, ne peut faire confiance à personne, au point de devoir se réfugier durant les trois derniers mois de l'occupation de Bordeaux chez Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde, sur le conseil de Roger-Samuel Bloch[47].
Documentaire
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Par son père, André Grandclément est le cousin d'Yves La Prairie, qu'il ne rencontre qu'après la mort de l'amiral. Celui-ci sera l'une de ses recrues pour son réseau, avant de partir pour rejoindre la France libre (Yves de La Prairie, Ce siècle avait de Gaulle : Un homme de mer témoigne, Editions Ouest-France, , 453 p. (ISBN 978-2-7373-0700-3, lire en ligne)).
- Née – en 1930 ? – à Sfax.
- Née en 1934 à Nuits-Saint-Georges.
- « Réformé à 100 %, a repris volontairement du service à l’occasion de la guerre, s’est révélé un excellent chef de section, faisant preuve de volonté, de sang-froid et d’initiative dans tous les combats auxquels a pris part l’unité, s’est particulièrement distingué le alors que sa section était complètement débordée par un ennemi très supérieur en nombre, a réussi à maintenir tout le monde à son poste et à redresser une situation un moment compromise.» (Grandclément 2003, p. 48).
- Celui-ci est l'adjoint du colonel Delahaye, commandant l'OCM pour les départements de Vendée, Deux-Sèvres et Vienne (Jouffrault 2004, p. 40).
- Parfois orthographié Malheyran.
- Il est inspecteur de police.
- Sa fiche SOE mentionne sa déportation et sa mort (exécuté ou mort de ses blessures) au camp de Gross-Rosen, mais selon Paddy Ashdown, c'est à la prison de Bordeaux qu'en février 1944 Hayes fut exécuté (Ashdown 2013).
- Conseiller politique (Penaud et al. 1993) de l'OCM, professeur d'histoire-géographie au lycée Montaigne, il avait notamment aidé son ancien élève Francis Jeanson à quitter clandestinement la France via l'Espagne.
- Par lettre du 23 octobre 1943, au nom du Comité de coordination militaire de zone nord, Alfred Touny charge Eugène Camplan de coordonner l'action des FFI dans la région de Bordeaux. Dès sa nomination, Camplan constitue un nouvel état-major, sans relations avec Grandclément.
- Kommando der Sipo und der SD.
- André Noël, chef d'un maquis de Corrèze. Son corps est retrouvé à Parempuyre le 13 août 1944 (Lormier 1998, p. 116).
- Georges Julien, alias Renaudin, est un des responsables du mouvement de libération nationale. À la suite d'une arrestation groupée à laquelle il échappe de manière suspecte, il est abattu à la fin du mois de juin 1944 à Bordeaux. Il sera blanchi par un jugement, rendu le 15 décembre 1946, du Jury d'honneur mis en place par le gouvernement provisoire de la République française.
Références
[modifier | modifier le code]- Terrisse 1996
- Lormier 2000
- Jouffrault 2004, p. 40
- Lormier 2013
- Lormier 1991, p. 31.
- Augeard 2012
- Foot et Crémieux-Brilhac 2013
- Lormier 1998, p. 79
- Robert Lyman, Opération suicide, Ixelles Editions, , 368 p. (ISBN 978-2-87515-407-1, lire en ligne)
- Ashdown 2013
- Penaud 1993
- (Lormier 1998, p. 81)
- Guillaume 1990, p. 74
- Lormier 1998, p. 78.
- Ory 2014
- Guérin 2010, p. 695.
- Jouffrault 2004, p. 45.
- Jacobs 2015, p. 141
- (en) Michael Tillotson, SOE and The Resistance : As told in The Times Obituaries, Bloomsbury Publishing, , 296 p. (ISBN 978-1-4411-9687-3, lire en ligne), « France - Early Days », p. 41-43
- Jouffrault 2004, p. 48-49.
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- Jouffrault 2004, p. 54-55.
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- Lormier 1992
- Guérin 2010, p. 697
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- Jacobs 2015, p. 171.
- Pascal Convert, Raymond Aubrac : Résister, reconstruire, transmettre, Le Seuil, , 748 p. (ISBN 978-2-02-104918-3, lire en ligne)
- Guérin 2010, p. 707.
- Guillaume 1990, p. 75
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- Lormier 2013
- Soulleau 1998
- Lormier 1998, p. 83
- Arthur Calmette, L'O.C.M. (Organisation civile et militaire) : Histoire d'un mouvement de résistance de 1940 à 1946, Presses universitaires de France, coll. « Esprit de la Résistance », , 228 p. (lire en ligne)
- Gilles Perrault, Dictionnaire amoureux de la Résistance, Plon / Fayard, , 343 p. (ISBN 978-2-259-22755-1, lire en ligne)
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- Terrisse 1998.
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- Patrick Chastenet et Philippe Chastenet, Chaban, Seuil, , 605 p. (ISBN 978-2-02-013535-1, lire en ligne)
- Maître Gérard Boulanger (préf. Pierre Vidal-Naquet), Plaidoyer pour quelques Juifs obscurs victimes de Monsieur Papon, Calmann-Lévy, coll. « Documents, Actualités, Société », , 125 p. (lire en ligne)
- Daniel Grandclément, « L'Affaire Grandclément », .
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
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- Michel Augeard, Melpomène se parfume à l'héliotrope, JC Lattès, coll. « Essais et documents », , 422 p. (ISBN 978-2-7096-4007-7, lire en ligne), « « Chez Dupont, tout est bon » »
- Michel Chaullet et Cyril Olivier, Comprendre la Résistance en Aquitaine, CRDP d'Aquitaine,
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- Alain Guérin (préf. Marie-Madeleine Fourcade et Henri Rol-Tanguy), Chronique de la Résistance, Place des éditeurs, , 1812 p. (ISBN 978-2-258-08853-5, lire en ligne), « Du côté des bourreaux : la trahison »
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- René Terrisse, Bordeaux 1940-1944, Paris, Librairie académique Perrin, , 343 p. (ISBN 2-262-00991-0).
- René Terrisse, Grandclément, traître ou bouc-émissaire ?, Aubéron, , 326 p. (ISBN 978-2-908650-41-9, lire en ligne).
- René Terrisse, À la botte de l'occupant : Itinéraires de cinq collaborateurs, Aubéron, , 309 p. (ISBN 978-2-908650-82-2, lire en ligne)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Roland Farjon, cadre de l'OCM pour le nord-est, retourné de la même manière que Grandclément.
Liens externes
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- Special Operations Executive
- Résistant français
- Organisation civile et militaire
- Collaborateur français pendant la Seconde Guerre mondiale
- Élève du lycée Saint-Louis-de-Gonzague
- Naissance en Charente-Inférieure
- Naissance en juillet 1909
- Naissance à Rochefort (Charente-Maritime)
- Décès en juillet 1944
- Décès dans les Landes au XXe siècle
- Décès à 34 ans