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« Littoralisation » : différence entre les versions

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[[Image:World population density 1994.png|vignette|La carte de la [[densité de la population]] dans le monde illustre la littoralisation avec 60 % de la [[population mondiale]] qui habite à moins de {{unité|100|km}} d’un littoral en 2017<ref name="solidaire"/>.]]
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La '''littoralisation''' ou '''attractivité littorale''' est un processus alliant [[anthropisation]] littorale et mutations des activités, et qui a pris une dimension importante et mondiale depuis la seconde partie du {{s|XX}}.
La '''littoralisation''' ou '''attractivité littorale''' est un processus alliant [[anthropisation]] littorale et mutations des activités, et qui a pris une dimension importante et mondiale depuis la seconde partie du {{s|XX}}.
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Les conséquences de la littoralisation sont une concentration croissante de population sur les côtes, ce qui est à la fois un avantage (ces populations peuvent plus facilement travailler donc vivre) et un inconvénient. La forte concentration de population entraîne dans certains pays des problèmes liés à l'approvisionnement en eau et à la pollution, voire des problèmes de chômage, donc de pauvreté si le phénomène est trop important, sans compter un accroissement des risques comme en témoigne le [[Séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien|tsunami de décembre 2004 dans l'océan Indien]] ou celui survenu dans la [[Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku|région de Sendaï au Japon en mars 2011]]. 6 % de la population mondiale vit sur la frange littorale (à moins de {{unité|10|m}} d'altitude, notamment au niveau des [[atoll]]s, des grands [[Delta (hydrologie)|deltas]])<ref name="Royer"/>. L'[[élévation du niveau de la mer]] menace ainsi les habitats de millions de personnes et est une des causes de la projection de l'ONU qui prévoit 250 millions de [[Réfugié écologique|réfugiés climatiques]] dans le monde en 2050<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/27/defense-il-y-a-davantage-de-refugies-climatiques-que-de-refugies-lies-aux-conflits-dans-le-monde_5277061_3232.html|titre=Défense : « Il y a davantage de réfugiés climatiques que de réfugiés liés aux conflits dans le monde »|auteur=[[Pascal Canfin]]|date=27 mars 2018|site=lemonde.fr}}.</ref>.
Les conséquences de la littoralisation sont une concentration croissante de population sur les côtes, ce qui est à la fois un avantage (ces populations peuvent plus facilement travailler donc vivre) et un inconvénient. La forte concentration de population entraîne dans certains pays des problèmes liés à l'approvisionnement en eau et à la pollution, voire des problèmes de chômage, donc de pauvreté si le phénomène est trop important, sans compter un accroissement des risques comme en témoigne le [[Séisme du 26 décembre 2004 dans l'océan Indien|tsunami de décembre 2004 dans l'océan Indien]] ou celui survenu dans la [[Séisme de 2011 de la côte Pacifique du Tōhoku|région de Sendaï au Japon en mars 2011]]. 6 % de la population mondiale vit sur la frange littorale (à moins de {{unité|10|m}} d'altitude, notamment au niveau des [[atoll]]s, des grands [[Delta (hydrologie)|deltas]])<ref name="Royer"/>. L'[[élévation du niveau de la mer]] menace ainsi les habitats de millions de personnes et est une des causes de la projection de l'ONU qui prévoit 250 millions de [[Réfugié écologique|réfugiés climatiques]] dans le monde en 2050<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/03/27/defense-il-y-a-davantage-de-refugies-climatiques-que-de-refugies-lies-aux-conflits-dans-le-monde_5277061_3232.html|titre=Défense : « Il y a davantage de réfugiés climatiques que de réfugiés liés aux conflits dans le monde »|auteur=[[Pascal Canfin]]|date=27 mars 2018|site=lemonde.fr}}.</ref>.


Une autre conséquence est l'évolution des perceptions et des usages du littoral. L'[[artificialisation du littoral]] entraîne ce que le géographe maritimiste [[André Vigarié]] appelle la « démaritisation du littoral »<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-Pierre Paulet|titre=La France: villes et systèmes urbains|éditeur=Armand Colin|date=2010|passage=160}}.</ref>. Si 260 millions de terriens ont un [[Liste des métiers de la mer|travail directement lié à la mer]]<ref name="solidaire">{{Lien web|url=https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/17094_Strategie-nationale-pour-la-mer-et-le-littoral_fev2017.pdf|titre=Stratégie nationale pour la mer et le littoral|date=2017|site=ecologique-solidaire.gouv.fr/}}.</ref>, les métiers de la mer, exercés typiquement par les gens de mer, sont de moins en moins maritimes dans les [[pays industrialisé]]s comme la France alors que ceux liés à l'[[écotourisme]], à l'[[Économie présentielle|économie résidentielle]] et l’emploi public se développent<ref>{{Article|titre= : démographie et économie du littoral|périodique=Dossier de l'observatoire du littoral|date=9 janvier 2009|numéro=1|pages=11|url texte=http://www.onml.fr/uploads/media/la_demographie_et_l_economie_du_littoral_metropolitain.pdf }}.</ref>.
Une autre conséquence est l'évolution des perceptions et des usages du littoral. L'[[artificialisation du littoral]] entraîne ce que le géographe maritimiste [[André Vigarié]] appelle la « démaritisation du littoral »<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-Pierre Paulet|titre=La France: villes et systèmes urbains|éditeur=Armand Colin|date=2010|passage=160}}.</ref>. Si 260 millions de terriens ont un [[Liste des métiers de la mer|travail directement lié à la mer]]<ref>{{Lien web|url=https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/sites/default/files/17094_Strategie-nationale-pour-la-mer-et-le-littoral_fev2017.pdf|titre=Stratégie nationale pour la mer et le littoral|date=2017|site=ecologique-solidaire.gouv.fr/}}.</ref>, les métiers de la mer, exercés typiquement par les gens de mer, sont de moins en moins maritimes dans les [[pays industrialisé]]s comme la France alors que ceux liés à l'[[écotourisme]], à l'[[Économie présentielle|économie résidentielle]] et l’emploi public se développent<ref>{{Article|titre= : démographie et économie du littoral|périodique=Dossier de l'observatoire du littoral|date=9 janvier 2009|numéro=1|pages=11|url texte=http://www.onml.fr/uploads/media/la_demographie_et_l_economie_du_littoral_metropolitain.pdf }}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 10 mars 2024 à 14:18

La carte de la densité de population dans le monde illustre la littoralisation avec plus de 20 % de la population mondiale qui vit en 2023 à moins de 30 km des côtes, plus de 50 % dans les zones côtières à moins de 100 km[1].

La littoralisation ou attractivité littorale est un processus alliant anthropisation littorale et mutations des activités, et qui a pris une dimension importante et mondiale depuis la seconde partie du XXe siècle.

Elle consiste en :

Historique

« La plupart des civilisations ont nourri des sentiments ambivalents à l'égard de la mer, mais avec une dominante de crainte, voire de répulsion. La proximité des mers effrayait, tant pour des raisons naturelles (humidité du climat, violence des vents et des tempêtes, voire souvenir de tsunamis) que pour des raisons humaines » (peur de la piraterie). L'attractivité des littoraux s'est développée au XIXe siècle avec « la mondialisation, le développement des échanges et de la civilisation des loisirs »[5].

L'essor des transports maritimes à la fin du XIXe siècle entraîne une croissance considérable des villes portuaires et accélère brutalement le phénomène de littoralisation du monde commencé à l'époque moderne[6].

Le géographe Gérard-François Dumont invente en 1996[7] le néologisme de litturbanisation (mot-valise formé par l'association du terme littoral et urbanisation) pour définir le « développement de la construction et/ou du peuplement des espaces littoraux et sublittoraux »[8].

En 2001, l'ONU estime à 44 % la population mondiale résidant à moins de 150 km de la mer et à 50 % celle vivant à moins de 200 km[9]. En 2010, plus de la moitié de la population mondiale vit à moins de 150 km le long des 1,6 million de kilomètres de côtes qui bordent les mers et les océans[10]. Selon une projection démographique réalisée en 2006 par le Center for Climate Systems Research (en) de l'université Columbia[11], le nombre de personnes habitant à moins de 100 km des côtes devrait augmenter de 35 % entre 1995 et 2025.

Conséquences

Les conséquences de la littoralisation sont une concentration croissante de population sur les côtes, ce qui est à la fois un avantage (ces populations peuvent plus facilement travailler donc vivre) et un inconvénient. La forte concentration de population entraîne dans certains pays des problèmes liés à l'approvisionnement en eau et à la pollution, voire des problèmes de chômage, donc de pauvreté si le phénomène est trop important, sans compter un accroissement des risques comme en témoigne le tsunami de décembre 2004 dans l'océan Indien ou celui survenu dans la région de Sendaï au Japon en mars 2011. 6 % de la population mondiale vit sur la frange littorale (à moins de 10 m d'altitude, notamment au niveau des atolls, des grands deltas)[5]. L'élévation du niveau de la mer menace ainsi les habitats de millions de personnes et est une des causes de la projection de l'ONU qui prévoit 250 millions de réfugiés climatiques dans le monde en 2050[12].

Une autre conséquence est l'évolution des perceptions et des usages du littoral. L'artificialisation du littoral entraîne ce que le géographe maritimiste André Vigarié appelle la « démaritisation du littoral »[13]. Si 260 millions de terriens ont un travail directement lié à la mer[14], les métiers de la mer, exercés typiquement par les gens de mer, sont de moins en moins maritimes dans les pays industrialisés comme la France alors que ceux liés à l'écotourisme, à l'économie résidentielle et l’emploi public se développent[15].

Notes et références

  1. « Climat : vers un dérèglement géopolitique ? Un risque aggravé par la littoralisation des habitats et des activités », sur senat.fr, .
  2. Nautisme, pêche récréative
  3. L'espace littoral et le bord de mer sont générateurs de rêves et d'évasion, et très fortement associés à une promesse de liberté.
  4. (en) C.-O. Oh et al., « Comparing Resident And Tourist Preferences For Public Beach Access And Related Amenities », Ocean And Coastal Management, vol. 53, no 5,‎ , p. 245–251 (DOI 10.1016/J.Ocecoaman.2010.04.007).
  5. a et b Pierre Royer, Géopolitique des mers et des océans. Qui tient la mer tient le monde, Presses universitaires de France, , 208 p. (lire en ligne).
  6. Sylvain Venayre, Pierre Singaravélou, Histoire du Monde au XIXe siècle, Fayard, , p. 247.
  7. Gérard-François Dumont, Les spécificités démographiques des régions et l’aménagement du territoire, Editions des Journaux officiels, 1996
  8. « Tous les facteurs d’une urbanisation du littoral se combinent en France :
    - une économie keynésienne régulée, abondant les revenus des inactifs, qui soutient le développement des économies résidentielles,
    - une grande attractivité touristique et résidentielle qui attire de plus en plus de ressortissants d’Europe septentrionale,
    - un vieillissement actif et de jeunes seniors relativement aisés, prêts à profiter de leur temps libre et de leur argent,
    - une spécialisation touristique croissante,
    - une accessibilité renforcée par les grands aménagements (TGV, aéroports régionaux) »
    . Cf Jean-Marc Zaninetti, « L'urbanisation du littoral en France », Population & Avenir, no 677,‎ , p. 4-8.
  9. Michel Paillard, Véronique Lamblin, Denis Lacroix, Énergies renouvelables marines. Étude prospective à l'horizon 2030, Éditions Quae, (lire en ligne), p. 63.
  10. Rachid Amara, Impact de l’anthropisation sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes marins. Exemple de la Manche-mer du nord, VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, hors-série 9, juillet 2011
  11. (en) « It's 2025. Where Do Most People Live? », sur columbia.edu, .
  12. Pascal Canfin, « Défense : « Il y a davantage de réfugiés climatiques que de réfugiés liés aux conflits dans le monde » », sur lemonde.fr, .
  13. Jean-Pierre Paulet, La France: villes et systèmes urbains, Armand Colin, , p. 160.
  14. « Stratégie nationale pour la mer et le littoral », sur ecologique-solidaire.gouv.fr/, .
  15. « : démographie et économie du littoral », Dossier de l'observatoire du littoral, no 1,‎ , p. 11 (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes