Aller au contenu

« Hermann Bickler » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Polmars (discuter | contributions)
Vaudreix (discuter | contributions)
m Ajout catégorie, l'appartenance à l'ED paraissant ici évidente
 
(11 versions intermédiaires par 8 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Infobox Biographie2}}
{{Infobox Biographie2}}


'''Christian Hermann Bickler''' (encore appelé ''Lichten-Berger''{{refsou}}, ''Faust'' ou ''Walter''), (né le {{date|28|décembre|1904}} à [[Hottviller]], mort le {{date|8|mars|1984}} à [[Vignone]], [[Italie]]) était un [[autonomiste]] lorrain et un [[collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|collaborateur]] [[France|français]] pendant la [[Seconde Guerre mondiale]].
'''Christian Hermann Bickler''' (encore appelé ''Lichten-Berger''{{refsou}}, ''Faust'' ou ''Walter''), (né le {{date de naissance|28|décembre|1904}} à [[Hottviller]], mort le {{date de décès|8|mars|1984}} à [[Vignone]], [[Italie]]) était un [[autonomiste]] lorrain et un [[collaboration dans l'Europe occupée par les nazis|collaborateur]] [[France|français]] pendant la [[Seconde Guerre mondiale]].


== Origine ==
== Origine ==
Hermann Bickler est né au Welschhof, une ferme isolée dépendant de la commune de [[Hottviller]], au-dessus du Kapellenhof, dans ce qui est alors l'[[Reichsland Elsaß-Lothringen|Alsace-Lorraine]]. Il est fils unique d’un couple de [[mennonites]] : Jules Bickler, dont la famille était originaire du [[Hunsrück]], et son épouse Madeleine Blaser.
Hermann Bickler est né au Welschhof, une ferme isolée dépendant de la commune de [[Hottviller]], au-dessus du Kapellenhof, dans ce qui est alors l'[[Alsace-Lorraine]]. Il est fils unique d’un couple de [[mennonites]] : Jules Bickler, dont la famille était originaire du [[Hunsrück]], et son épouse Madeleine Blaser.


== Période autonomiste ==
== Période autonomiste ==
Il fait des études de droit à [[Strasbourg]] entre 1923 et 1927 et devient avocat dans cette même ville. Pendant ses études, il fonde en 1924 une association, le ''Studentischer Heimatbund'', qui défend la langue allemande en Alsace-Lorraine. En 1927, il adhère à l'Unabhängige Landespartei de [[Charles Roos]]. En 1934, il ouvre un cabinet d'avocat à Strasbourg avec Pierre Bieber comme associé. Chef autonomiste en [[Alsace]] du mouvement de jeunesse Jungmannschaft, il assiste au congrès constitutif du [[Parti autonomiste breton]] à [[Rosporden]] en 1927 et devient l'un des principaux correspondant de [[Breiz Atao]] dans la revue ''[[Peuples et Frontières]]''.
Il fait des études de droit à [[Strasbourg]] entre 1923 et 1927 et devient avocat dans cette même ville. Pendant ses études, il fonde en 1924 une association, le ''Studentischer Heimatbund'', qui défend la langue allemande en Alsace-Lorraine. En 1927, il adhère à l'''Unabhängige Landespartei'' de [[Charles Roos]]. En 1934, il ouvre un cabinet d'avocat à Strasbourg avec Pierre Bieber comme associé. Chef autonomiste en [[Alsace]] du mouvement de jeunesse ''Jungmannschaft'', il assiste au congrès constitutif du [[Parti autonomiste breton]] à [[Rosporden]] en 1927 et devient l'un des principaux correspondant de [[Breiz Atao]] dans la revue ''[[Peuples et Frontières]]''.


Dans les années 1930, il développe en Alsace des organisations de jeunesse inspirées du modèle de la ''[[Hitlerjugend]]''. Le {{date|18|juin|1936}}, il fonde le parti Alsacien-Lorrain (ELP). Ce parti est interdit le {{date|21|avril|1939}} ainsi que son journal ''Frei Volk''. Le {{date|31|octobre|1939}}, Hermann Bickler et plusieurs autres leaders autonomistes alsaciens sont internés à [[Nancy]], d'où le surnom de ''[[Nanziger]]'' donné à ce groupe. Il est libéré par la [[Wehrmacht]] le {{date|15|juillet| 1940}}.
Dans les années 1930, il développe en Alsace des organisations de jeunesse inspirées du modèle de la ''[[Jeunesses hitlériennes|Hitlerjugend]]''. Le {{date|18|juin|1936}}, il fonde le parti Alsacien-Lorrain (ELP). Ce parti est interdit le {{date|21|avril|1939}} ainsi que son journal ''Frei Volk''. Le {{date|31|octobre|1939}}, Hermann Bickler et plusieurs autres leaders autonomistes alsaciens sont internés à [[Nancy]], d'où le surnom de ''[[Nanziger]]'' donné à ce groupe. Il est libéré par la [[Wehrmacht]] le {{date|15|juillet| 1940}}.


== Sous l'annexion ==
== Sous l'annexion ==
Commence pour Bickler une collaboration totale avec l'administration nazie. En septembre 1940, il est nommé [[Kreisleiter]], c’est-à-dire chef du district de [[parti nazi]], de Strasbourg. Il est reçu à la [[Schutzstaffel|SS]] ({{numéro}}{{formatnum:367776}}) le {{date|6|septembre|1940}} et nommé par le [[Reichsführer]] SS [[Heinrich Himmler|Himmler]] au cours d’une cérémonie.
Commence pour Bickler une collaboration totale avec l'administration nazie. En {{date-|septembre 1940}}, il est nommé ''[[Kreisleiter]]'', c’est-à-dire chef du district de [[parti nazi]], de Strasbourg. Il est reçu à la [[Schutzstaffel|SS]] ({{numéro}}{{formatnum:367776}}) le {{date|6|septembre|1940}} et nommé par le ''[[Reichsführer]]'' SS [[Heinrich Himmler|Himmler]] au cours d’une cérémonie.


Il se lance alors dans le nettoyage radical de tout ce qui, dans l’aspect des localités, rappelle la France ou [[français|sa langue]]. Comme fervent protestant ([[mennonite]]), il déplaît cependant au [[Gauleiter]] [[Robert Wagner (Gauleiter)|Wagner]], mais il montre un zèle propagandiste en faveur de l'incorporation des [[Malgré-Nous]] dans l’armée allemande. En 1942, il démissionne de son poste de Kreisleiter et se porte volontaire pour le [[front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l’Est]], mais le [[Gottlob Berger|général Berger]] le nomme chef du bureau VI (Amt VI-espionnage) du ''[[Sicherheitsdienst]]'' (SD) à [[Paris]]. C'est là qu'il fait connaissance de l'écrivain [[Louis-Ferdinand Céline]] et sympathise avec lui<ref>François Gibault: ''Céline - {{3e|partie}} - Cavalier de l’Apocalypse (1944–1961)'', Mercure de France, Paris, 1985 - {{ISBN|2-7152-1247-X}}</ref>. Il est chargé de la composition d'une ''[[Selbstschutzpolizei]]'', police spéciale anti-terroriste composée de Français<ref>« Alsacien séparatiste, colonel S.S., chef d'un des nombreux services de renseignement allemand pendant la guerre, directeur d'un centre d'espionnage et de torture dit "école de [[Taverny]]-[[Gare de Vaucelles|Vaucelles]]" » [[Émile Brami]], ''Céline'', Écriture 2003</ref>, formée dans le château de Vaucelles à [[Taverny]], chargée de former des agents subversifs et des espions au service de la [[Gestapo]] et de la [[Schutzstaffel|SS]]<ref>Georges Cadiou, "L'Hermine et la Croix gammée", Mango Document, 2001, [{{ISBN|2-914353-065}}]</ref>. Il est promu Standartenführer (colonel) et Fachführer (officier SS spécialisé). Le jour de l’[[Complot du 20 juillet 1944|attentat manqué contre Adolf Hitler]], le {{date|20|juillet|1944}}, il est arrêté par l’armée allemande, mais relâché aussitôt.
Il se lance alors dans le nettoyage radical de tout ce qui, dans l’aspect des localités, rappelle la France ou [[français|sa langue]]. Comme fervent protestant ([[mennonite]]), il déplaît cependant au ''[[Gauleiter]]'' [[Robert Wagner (gauleiter)|Wagner]], mais il montre un zèle propagandiste en faveur de l'incorporation des [[Malgré-Nous]] dans l’armée allemande. En 1942, il démissionne de son poste de Kreisleiter et se porte volontaire pour le [[front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)|front de l’Est]], mais le [[Gottlob Berger|général Berger]] le nomme chef du bureau VI (Amt VI-espionnage) du ''[[Sicherheitsdienst]]'' (SD) à [[Paris]]. C'est là qu'il fait connaissance de l'écrivain [[Louis-Ferdinand Céline]] et sympathise avec lui<ref>François Gibault: ''Céline - {{3e|partie}} - Cavalier de l’Apocalypse (1944–1961)'', Mercure de France, Paris, 1985 - {{ISBN|2-7152-1247-X}}</ref>. Il est chargé de la composition d'une ''[[Selbstschutzpolizei]]'', police spéciale anti-terroriste composée de Français<ref>« Alsacien séparatiste, colonel SS, chef d'un des nombreux services de renseignement allemand pendant la guerre, directeur d'un centre d'espionnage et de torture dit "école de [[Taverny]]-[[Gare de Vaucelles|Vaucelles]]" » [[Émile Brami]], ''Céline'', Écriture 2003</ref>, formée dans le château de Vaucelles à [[Taverny]], chargée de former des agents subversifs et des espions au service de la ''[[Gestapo]]'' et de la [[Schutzstaffel|SS]]<ref>Georges Cadiou, "L'Hermine et la Croix gammée", Mango Document, 2001, [{{ISBN|2-914353-065}}]</ref>. Il est promu ''[[Standartenführer]]'' (colonel) et ''[[Sonderführer|Fachführer]]'' (officier SS spécialisé). Le jour de l'[[Complot du 20 juillet 1944|attentat manqué contre Adolf Hitler]], le {{date|20|juillet|1944}}, il est arrêté par l’armée allemande, mais relâché aussitôt.


Il revient prudemment à Strasbourg le {{date|11|août|1944}}, puis à [[Hornberg]] comme chef [[Sicherheitsdienst|SD]] en Alsace, puis dans le sud-ouest de l’[[Allemagne]]. C'est lui qui, en mars 1945, fit obtenir à Louis-Ferdinand Céline, alors replié à [[Sigmaringen]], les visas lui permettant de traverser toute l'Allemagne pour aller se réfugier au Danemark.
Il revient prudemment à Strasbourg le {{date|11|août|1944}}, puis à [[Hornberg]] comme chef [[Sicherheitsdienst|SD]] en Alsace, puis dans le sud-ouest de l’[[Allemagne]]. C'est lui qui, en {{date-|mars 1945}}, fit obtenir à Louis-Ferdinand Céline, alors replié à [[Sigmaringen]], les visas lui permettant de traverser toute l'Allemagne pour aller se réfugier au [[Danemark]].


== L'après-guerre ==
== L'après-guerre ==
En 1947, il est cité devant la Cour spéciale de Strasbourg pour trahison au profit d'une puissance étrangère avec 11 autres accusés, dont les 3 [[Kreisleiter en Alsace|Kreisleiters d'Alsace]] en fuite (lui-même, Hauss et Lang), appartenant au groupe des ''Nanziger''.
En 1947, il est cité devant la Cour spéciale de Strasbourg pour trahison au profit d'une puissance étrangère avec 11 autres accusés, dont les 3 ''[[Kreisleiter en Alsace|Kreisleiters d'Alsace]]'' en fuite (lui-même, Hauss et Lang), appartenant au groupe des ''Nanziger''.


Son appartenance aux services secrets et ses relations avec ceux des États-Unis semblent lui avoir permis, après l’effondrement du [[Troisième Reich]], d’échapper aux tribunaux français<ref>« Bickler semble avoir rallié les services du contre-espionnage américain », note 1 p. 272 des ''Lettres à [[Albert Paraz]]'' de Louis-Ferdinand Céline, Gallimard, 2009 )</ref> qui, en 1947, le condamnent à mort par [[contumace]], à la confiscation de ses biens et à la dégradation nationale<ref>F. Arzalier, Les régions du déshonneur..., 2014, {{p.|218}}</ref>. Il se réfugie au [[Tyrol du Sud]], puis s’établit vers 1963 en [[Lombardie]] à [[Leggiuno]], près du [[lac Majeur]], et se lance dans une carrière de négociant en textiles. Il est resté pendant cette période en relation épistolaire avec son ami Céline<ref>Émile Brami, ''op. cit.''</ref>. Dans les années 1970 il vivait à [[Vignone]], dans le quartier de San Martino, où il possédait une maison, non loin de la rive [[Piémont|piémontaise]] du lac Majeur. C'est là qu'il a rédigé ses mémoires intitulés ''Ein besonderes Land : Erinnerungen und Betrachtungen eines Lothringers'' (« Un pays à part : souvenirs et réflexions d'un Lorrain »), publiés en 1978. Il y donne beaucoup plus de détails sur sa vision de l'Alsace-Lorraine que sur sa vie personnelle, faisant largement l'impasse sur les années de guerre. Il a eu huit enfants.
Son appartenance aux services secrets et ses relations avec ceux des [[États-Unis]] semblent lui avoir permis, après l’effondrement du ''[[Troisième Reich]]'', d’échapper aux tribunaux français<ref>« Bickler semble avoir rallié les services du contre-espionnage américain », note 1 {{p.|272}} des ''Lettres à [[Albert Paraz]]'' de Louis-Ferdinand Céline, Gallimard, 2009 )</ref> qui, en 1947, le condamnent à mort par [[contumace]], à la confiscation de ses biens et à la dégradation nationale<ref>F. Arzalier, Les régions du déshonneur..., 2014, {{p.|218}}</ref>. Il se réfugie au [[Province autonome de Bolzano|Tyrol du Sud]], puis s’établit vers 1963 en [[Lombardie]] à [[Leggiuno]], près du [[lac Majeur]], et se lance dans une carrière de négociant en textiles. Il est resté pendant cette période en relation épistolaire avec son ami Céline<ref>Émile Brami, ''op. cit.''</ref>. Dans les années 1970 il vivait à [[Vignone]], dans le quartier de San Martino, où il possédait une maison, non loin de la rive [[Piémont|piémontaise]] du lac Majeur. C'est là qu'il a rédigé ses mémoires intitulés ''Ein besonderes Land : Erinnerungen und Betrachtungen eines Lothringers'' (« Un pays à part : souvenirs et réflexions d'un Lorrain »), publiés en 1978. Il y donne beaucoup plus de détails sur sa vision de l'Alsace-Lorraine que sur sa vie personnelle, faisant largement l'impasse sur les années de guerre. Il a eu huit enfants.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 30 : Ligne 30 :
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Plume}} Hermann Bickler, ''Ein besonderes Land : Erinnerungen und Betrachtungen eines Lothringers'', Lindhorst, Askania-Verlag, 1978
* {{Plume}} Hermann Bickler, ''Ein besonderes Land : Erinnerungen und Betrachtungen eines Lothringers'', Lindhorst, Askania-Verlag, 1978
* Hermann Bickler, ''Un pays particulier : Souvenirs et considérations d'un Lorrain'', NEL-Verlag, 2017, {{ISBN|978-0-244-01773-6}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christian Hermann|nom1=Bickler|traducteur=Karl Goschescheck|titre=Un pays particulier : Souvenirs et considérations d'un Lorrain|éditeur=|année=2017|pages totales=442|isbn=978-0-244-01773-6|isbn2=0-244-01773-5|oclc=1019908891|consulté le=2018-03-11}}.
* [[Léon Strauss]] et [[Alfred Wahl]], « Christian Hermann (Chrétien Armand) Bickler », in ''[[Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne]]'', vol. 3, {{p.|216}}
* [[Léon Strauss]] et [[Alfred Wahl]], « Christian Hermann (Chrétien Armand) Bickler », in ''[[Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne]]'', vol. 3, {{p.|216}}
* Francis Arzalier, ''Les Régions du déshonneur : la dérive fasciste des mouvements identitaires au XXe siècle'', [[Paris]], [[Vuibert|Librairie Vuibert]], 2014, {{ISBN|978-2-311-10015-0}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Francis|nom1=Arzalier|titre=Les régions du déshonneur la dérive fasciste des mouvements identitaires au XXe siècle|lieu=Paris|éditeur=Vuibert|collection=La librairie Vuibert|année=2014|pages totales=296|isbn=978-2-311-10015-0|oclc=881861252}}
* Francis Arzalier, ''Les Perdants : la dérive fasciste des mouvements autonomistes et indépendantistes au XXe siècle'', Paris, [[La Découverte]], 1990, {{ISBN|2-7071-1915-6}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Francis|nom1=Arzalier|titre=Les perdants : la dérive fasciste des mouvements autonomistes et indépendantistes au XXe siècle|lieu=Paris|éditeur=[[La Découverte]]|collection=Textes à l'appui|année=1990|pages totales=266|isbn=978-2-7071-1915-5|oclc=613529204}}
* [[Françoise Morvan]], ''Miliciens contre maquisards'', [[Éditions Ouest-France]], 2011, {{ISBN|978-2-7373-5063-4}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Françoise|nom1=Morvan|titre=Miliciens contre maquisards : enquête sur un épisode de la Résistance en Centre-Bretagne|lieu=Rennes|éditeur=Ouest-France|collection=Documents. Histoire|année=2010|pages totales=397|isbn=978-2-7373-5063-4|oclc=717579818}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Françoise|nom1=Morvan|titre=Le monde comme si : nationalisme et dérive identitaire en Bretagne|lieu=Arles Montréal|éditeur=Actes Sud Leméac|collection=Babel|numéro dans collection=688|année=2002|pages totales=385|isbn=978-2-7427-5552-3|isbn2=978-2-760-92473-4|oclc=225158599}}
* Françoise Morvan, ''Le Monde comme si'', [[Éditions Actes Sud]], réédition 2012, {{ISBN|978-2742755523}}


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
Ligne 45 : Ligne 45 :
[[Catégorie:Collaborateur français pendant la Seconde Guerre mondiale]]
[[Catégorie:Collaborateur français pendant la Seconde Guerre mondiale]]
[[Catégorie:Personnalité politique liée à l'Alsace]]
[[Catégorie:Personnalité politique liée à l'Alsace]]
[[Catégorie:Autonomiste lorrain]]
[[Catégorie:Naissance dans le district de Lorraine]]
[[Catégorie:Naissance en décembre 1904]]
[[Catégorie:Naissance en décembre 1904]]
[[Catégorie:Naissance en Alsace-Lorraine]]
[[Catégorie:Décès en mars 1984]]
[[Catégorie:Décès en mars 1984]]
[[Catégorie:Décès en Italie]]
[[Catégorie:Décès dans la province du Verbano-Cusio-Ossola]]
[[Catégorie:Naissance dans le département de la Moselle]]
[[Catégorie:Décès à 79 ans]]
[[Catégorie:Autonomiste lorrain]]
[[Catégorie:Personnalité française de la mouvance régionaliste ou indépendantiste d'extrême droite]]

Dernière version du 18 juillet 2024 à 12:26

Christian Hermann Bickler (encore appelé Lichten-Berger[réf. souhaitée], Faust ou Walter), (né le à Hottviller, mort le à Vignone, Italie) était un autonomiste lorrain et un collaborateur français pendant la Seconde Guerre mondiale.

Hermann Bickler est né au Welschhof, une ferme isolée dépendant de la commune de Hottviller, au-dessus du Kapellenhof, dans ce qui est alors l'Alsace-Lorraine. Il est fils unique d’un couple de mennonites : Jules Bickler, dont la famille était originaire du Hunsrück, et son épouse Madeleine Blaser.

Période autonomiste

[modifier | modifier le code]

Il fait des études de droit à Strasbourg entre 1923 et 1927 et devient avocat dans cette même ville. Pendant ses études, il fonde en 1924 une association, le Studentischer Heimatbund, qui défend la langue allemande en Alsace-Lorraine. En 1927, il adhère à l'Unabhängige Landespartei de Charles Roos. En 1934, il ouvre un cabinet d'avocat à Strasbourg avec Pierre Bieber comme associé. Chef autonomiste en Alsace du mouvement de jeunesse Jungmannschaft, il assiste au congrès constitutif du Parti autonomiste breton à Rosporden en 1927 et devient l'un des principaux correspondant de Breiz Atao dans la revue Peuples et Frontières.

Dans les années 1930, il développe en Alsace des organisations de jeunesse inspirées du modèle de la Hitlerjugend. Le , il fonde le parti Alsacien-Lorrain (ELP). Ce parti est interdit le ainsi que son journal Frei Volk. Le , Hermann Bickler et plusieurs autres leaders autonomistes alsaciens sont internés à Nancy, d'où le surnom de Nanziger donné à ce groupe. Il est libéré par la Wehrmacht le .

Sous l'annexion

[modifier | modifier le code]

Commence pour Bickler une collaboration totale avec l'administration nazie. En , il est nommé Kreisleiter, c’est-à-dire chef du district de parti nazi, de Strasbourg. Il est reçu à la SS (no 367 776) le et nommé par le Reichsführer SS Himmler au cours d’une cérémonie.

Il se lance alors dans le nettoyage radical de tout ce qui, dans l’aspect des localités, rappelle la France ou sa langue. Comme fervent protestant (mennonite), il déplaît cependant au Gauleiter Wagner, mais il montre un zèle propagandiste en faveur de l'incorporation des Malgré-Nous dans l’armée allemande. En 1942, il démissionne de son poste de Kreisleiter et se porte volontaire pour le front de l’Est, mais le général Berger le nomme chef du bureau VI (Amt VI-espionnage) du Sicherheitsdienst (SD) à Paris. C'est là qu'il fait connaissance de l'écrivain Louis-Ferdinand Céline et sympathise avec lui[1]. Il est chargé de la composition d'une Selbstschutzpolizei, police spéciale anti-terroriste composée de Français[2], formée dans le château de Vaucelles à Taverny, chargée de former des agents subversifs et des espions au service de la Gestapo et de la SS[3]. Il est promu Standartenführer (colonel) et Fachführer (officier SS spécialisé). Le jour de l'attentat manqué contre Adolf Hitler, le , il est arrêté par l’armée allemande, mais relâché aussitôt.

Il revient prudemment à Strasbourg le , puis à Hornberg comme chef SD en Alsace, puis dans le sud-ouest de l’Allemagne. C'est lui qui, en , fit obtenir à Louis-Ferdinand Céline, alors replié à Sigmaringen, les visas lui permettant de traverser toute l'Allemagne pour aller se réfugier au Danemark.

L'après-guerre

[modifier | modifier le code]

En 1947, il est cité devant la Cour spéciale de Strasbourg pour trahison au profit d'une puissance étrangère avec 11 autres accusés, dont les 3 Kreisleiters d'Alsace en fuite (lui-même, Hauss et Lang), appartenant au groupe des Nanziger.

Son appartenance aux services secrets et ses relations avec ceux des États-Unis semblent lui avoir permis, après l’effondrement du Troisième Reich, d’échapper aux tribunaux français[4] qui, en 1947, le condamnent à mort par contumace, à la confiscation de ses biens et à la dégradation nationale[5]. Il se réfugie au Tyrol du Sud, puis s’établit vers 1963 en Lombardie à Leggiuno, près du lac Majeur, et se lance dans une carrière de négociant en textiles. Il est resté pendant cette période en relation épistolaire avec son ami Céline[6]. Dans les années 1970 il vivait à Vignone, dans le quartier de San Martino, où il possédait une maison, non loin de la rive piémontaise du lac Majeur. C'est là qu'il a rédigé ses mémoires intitulés Ein besonderes Land : Erinnerungen und Betrachtungen eines Lothringers (« Un pays à part : souvenirs et réflexions d'un Lorrain »), publiés en 1978. Il y donne beaucoup plus de détails sur sa vision de l'Alsace-Lorraine que sur sa vie personnelle, faisant largement l'impasse sur les années de guerre. Il a eu huit enfants.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. François Gibault: Céline - 3e partie - Cavalier de l’Apocalypse (1944–1961), Mercure de France, Paris, 1985 - (ISBN 2-7152-1247-X)
  2. « Alsacien séparatiste, colonel SS, chef d'un des nombreux services de renseignement allemand pendant la guerre, directeur d'un centre d'espionnage et de torture dit "école de Taverny-Vaucelles" » Émile Brami, Céline, Écriture 2003
  3. Georges Cadiou, "L'Hermine et la Croix gammée", Mango Document, 2001, [ (ISBN 2-914353-065)]
  4. « Bickler semble avoir rallié les services du contre-espionnage américain », note 1 p. 272 des Lettres à Albert Paraz de Louis-Ferdinand Céline, Gallimard, 2009 )
  5. F. Arzalier, Les régions du déshonneur..., 2014, p. 218
  6. Émile Brami, op. cit.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]