Aller au contenu

« Mischling » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Manacore (discuter | contributions)
Patchwork77 (discuter | contributions)
rajout de Otto Heinrich Warburg
Balises : Modification par mobile Modification par application mobile Modification avec l’application iOS App section source
 
(8 versions intermédiaires par 6 utilisateurs non affichées)
Ligne 2 : Ligne 2 :
'''''Mischling''''' (en {{lang-de|''Mischling''}}, « [[métis]] » ; au [[pluriel]] : ''Mischlinge'' ou ''Mischlings'') est le terme légal employé sous le [[Troisième Reich]] pour désigner les personnes d’ascendance partiellement non-allemande (c’est-à-dire, dans la plupart des cas, [[Juifs|juive]]). Issus de mariages mixtes, les ''Mischlinge'' n’ont en général pas d’attaches avec le [[judaïsme]] mais ils pourraient dans l’esprit de législateurs préoccupés par la pureté raciale, avoir été soumis à l’« influence juive » et corrompre leur entourage. Ils doivent par conséquent être soumis à des restrictions sociales et maritales afin de ne pas propager la « souillure » dont ils sont les porteurs.
'''''Mischling''''' (en {{lang-de|''Mischling''}}, « [[métis]] » ; au [[pluriel]] : ''Mischlinge'' ou ''Mischlings'') est le terme légal employé sous le [[Troisième Reich]] pour désigner les personnes d’ascendance partiellement non-allemande (c’est-à-dire, dans la plupart des cas, [[Juifs|juive]]). Issus de mariages mixtes, les ''Mischlinge'' n’ont en général pas d’attaches avec le [[judaïsme]] mais ils pourraient dans l’esprit de législateurs préoccupés par la pureté raciale, avoir été soumis à l’« influence juive » et corrompre leur entourage. Ils doivent par conséquent être soumis à des restrictions sociales et maritales afin de ne pas propager la « souillure » dont ils sont les porteurs.


Le nombre de ''Mischlinge'' est estimé à {{formatnum:111000}} en {{date-|1939}}. La définition étant supposément raciale, la conversion au christianisme ne permet pas de s’en prémunir mais certaines personnes seront reclassifiées en « [[Aryens]] » avec l’aval des plus hautes autorités nazies. Bien que les ''Mischlinge'' se soient vus restreints dans leur position sociale, l’[[Wehrmacht|armée allemande]] ne leur était pas fermée (contrairement à la [[Schutzstaffel]]) et l’on compterait selon une estimation environ {{nombre|160000|soldats}} d’origine partiellement juive dans l’armée de Hitler<ref>''La tragédie des soldats juifs d'Hitler'', Bryan Mark Rigg, Éditions de Fallois, 2002</ref>.
Le nombre de ''Mischlinge'' est estimé à {{formatnum:111000}} en {{date-|1939}}. La définition étant supposément raciale, la conversion au christianisme ne permet pas de s’en prémunir mais certaines personnes seront reclassifiées en « [[Aryens]] » avec l’aval des plus hautes autorités nazies. Bien que les ''Mischlinge'' se soient vus restreints dans leur position sociale, l’[[Wehrmacht|armée allemande]] ne leur était pas fermée (contrairement à la [[Schutzstaffel|SS]]) et l’on compterait selon une estimation environ {{nombre|160000|soldats}} d’origine partiellement juive dans l’armée de Hitler<ref>''La tragédie des soldats juifs d'Hitler'', Bryan Mark Rigg, Éditions de Fallois, 2002.</ref>.


== Définition du ''Mischling'' selon les lois de Nuremberg ==
== Définition du ''Mischling'' selon les lois de Nuremberg ==
Ligne 15 : Ligne 15 :
* être issu(e) d’un mariage mixte après leur interdiction ;
* être issu(e) d’un mariage mixte après leur interdiction ;
* être issu(e) d’une union illégitime avec une personne juive après le {{date-|31 juillet 1936}}.
* être issu(e) d’une union illégitime avec une personne juive après le {{date-|31 juillet 1936}}.
Il s’ensuit qu’un « ''Jüdischer Mischling'' » était un individu descendant d’un ou deux grands-parents « pleinement juifs » sans répondre à l’une des conditions précitées. Par son ascendance « raciale » juive, il est porteur d’une ''[[Rassenschande]]'' (« honte raciale ») inaliénable dont il convient de protéger la race « aryenne » en restreignant au possible les contacts entre Allemands « purs » et « métissés » — de ce point, le ''Mischling'' est un « non-Aryen » et il ne peut occuper de fonction gouvernementale, académique ou dans un hôpital public, en vertu de la [[Loi allemande sur la restauration de la fonction publique du 7 avril 1933|loi sur la restauration de la fonction publique]]<ref>{{harvsp|Mendes-Flohr|1995|p=642}}</ref>. Cependant, il est « rédimé » par sa composante « aryenne » qui, bien qu’« abâtardie », demeure « supérieure » et lui permet de jouer un rôle dans la société. (C’est en cette qualité de « partiellement aryen » que le statut de ''Mischling'' est pensé. Hors d’Allemagne, cette distinction n’a pas lieu d’être et les individus d’ascendance partiellement juive s’étant mélangés à des « races inférieures » ne sont pas considérés différemment des Juifs).
Il s’ensuit qu’un « ''Jüdischer Mischling'' » était un individu descendant d’un ou deux grands-parents « pleinement juifs » sans répondre à l’une des conditions précitées. Par son ascendance « raciale » juive, il est porteur d’une ''[[Rassenschande]]'' (« honte raciale ») inaliénable dont il convient de protéger la race « aryenne » en restreignant au possible les contacts entre Allemands « purs » et « métissés » — de ce point, le ''Mischling'' est un « non-Aryen » et il ne peut occuper de fonction gouvernementale, académique ou dans un hôpital public, en vertu de la [[Loi allemande sur la restauration de la fonction publique du 7 avril 1933|loi sur la restauration de la fonction publique]]<ref>{{harvsp|Mendes-Flohr|1995|p=642}}.</ref>. Cependant, il est « rédimé » par sa composante « aryenne » qui, bien qu’« abâtardie », demeure « supérieure » et lui permet de jouer un rôle dans la société. (C’est en cette qualité de « partiellement aryen » que le statut de ''Mischling'' est pensé. Hors d’Allemagne, cette distinction n’a pas lieu d’être et les individus d’ascendance partiellement juive s’étant mélangés à des « races inférieures » ne sont pas considérés différemment des Juifs).


Les personnes n'étant pas de confession judaïque étaient néanmoins considérées comme :
Les personnes n'étant pas de confession judaïque étaient néanmoins considérées comme :
Ligne 24 : Ligne 24 :
En 1939, le recensement du Reich dénombre environ {{nombre|72000|''Mischlinge''}} au premier degré, quelque {{formatnum:39000}} au second degré, et des dizaines de milliers à des degrés autres.
En 1939, le recensement du Reich dénombre environ {{nombre|72000|''Mischlinge''}} au premier degré, quelque {{formatnum:39000}} au second degré, et des dizaines de milliers à des degrés autres.


== ''Mischlings'' renommés ==
== Quelques ''Mischlings'' ==


* [[Helmut Schmidt]], futur [[chancelier fédéral d'Allemagne|chancelier fédéral]] (second degré).
* [[Helmut Schmidt]], futur [[chancelier fédéral d'Allemagne|chancelier fédéral]] (second degré).
Ligne 31 : Ligne 31 :
* [[Helmut Wilberg]], général de la Luftwaffe (premier degré, reclassé Aryen par Hitler).
* [[Helmut Wilberg]], général de la Luftwaffe (premier degré, reclassé Aryen par Hitler).
* [[Ludwig Wittgenstein]], [[philosophe]] [[Autriche|autrichien]].
* [[Ludwig Wittgenstein]], [[philosophe]] [[Autriche|autrichien]].
* [[Werner Goldberg]] (1919-2004), militaire allemand.
* [[Otto Heinrich Warburg]], biologiste allemand, découvreur de l'[[effet Warburg]].


== Notes et références ==
== Notes et références ==
Ligne 38 : Ligne 40 :
== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
* [[Geltungsjude]]
* [[Bâtard de Rhénanie]]
* [[Bâtard de Rhénanie]]
* [[Qui est juif ?|Qui est Juif ?]]
* [[Qui est juif ?|Qui est Juif ?]]
Ligne 44 : Ligne 47 :


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* [http://www.dividedlives.com Divided Lives: The Untold Stories of Jewish-Christian Women in Nazi Germany]
* [http://www.dividedlives.com Divided Lives: The Untold Stories of Jewish-Christian Women in Nazi Germany]
* [http://www.ezania.net/library/articles/hitlersjews/book_review.htm Hitler's Jewish Soldiers]
* [http://www.ezania.net/library/articles/hitlersjews/book_review.htm Hitler's Jewish Soldiers]
Ligne 51 : Ligne 55 :


[[Catégorie:Antisémitisme en Allemagne]]
[[Catégorie:Antisémitisme en Allemagne]]
[[Catégorie:Shoah en Allemagne]]
[[Catégorie:Eugénisme nazi]]
[[Catégorie:Vocabulaire nazi]]

Dernière version du 19 août 2024 à 12:35

Tableau de 1935 qui catégorise les individus « de sang allemand », les « Mischlinge » et les « Juifs » d'après les lois de Nuremberg.

Mischling (en allemand : Mischling, « métis » ; au pluriel : Mischlinge ou Mischlings) est le terme légal employé sous le Troisième Reich pour désigner les personnes d’ascendance partiellement non-allemande (c’est-à-dire, dans la plupart des cas, juive). Issus de mariages mixtes, les Mischlinge n’ont en général pas d’attaches avec le judaïsme mais ils pourraient dans l’esprit de législateurs préoccupés par la pureté raciale, avoir été soumis à l’« influence juive » et corrompre leur entourage. Ils doivent par conséquent être soumis à des restrictions sociales et maritales afin de ne pas propager la « souillure » dont ils sont les porteurs.

Le nombre de Mischlinge est estimé à 111 000 en . La définition étant supposément raciale, la conversion au christianisme ne permet pas de s’en prémunir mais certaines personnes seront reclassifiées en « Aryens » avec l’aval des plus hautes autorités nazies. Bien que les Mischlinge se soient vus restreints dans leur position sociale, l’armée allemande ne leur était pas fermée (contrairement à la SS) et l’on compterait selon une estimation environ 160 000 soldats d’origine partiellement juive dans l’armée de Hitler[1].

Définition du Mischling selon les lois de Nuremberg

[modifier | modifier le code]

Le terme Mischling, dont l'origine est à rapprocher du « mestizo » espagnol ou du « métis » français, signifie littéralement « personne mélangée ». Il n’a pas d’équivalent dans la loi juive, où kilayim et mamzer répondent à des catégories très précises de mélanges entre espèces végétales ou animales différentes — comme la semence dans une même aire de blé et d’orge ou l’attelage sous un même joug d’un âne et d’un bœuf — et d’enfants nés d’une femme mariée à un autre homme, respectivement. Dans le cas d’unions entre Juifs et Gentils, le judaïsme ne reconnaît comme Juifs que les enfants nés d’une mère juive, par naissance ou conversion ; les autres enfants ont le statut de Gentils. Pour les théoriciens nazis de la race, il en va autrement : les Allemands, unifiés dans le peuple germanique, descendraient des Aryens qui constituaient dans les théories d’Arthur de Gobineau la race maîtresse de l’Europe et de l’humanité. Germanité et judéité ne sont plus, selon les mêmes, des traits ethniques mais biologiques, obéissant aux règles de la transmission mendélienne des gènes.

Lorsque la loi sur la protection du sang allemand et de l'honneur allemand — dont de nombreux passages reprennent quasiment verbatim les statuts de la pureté du sang édictés en Espagne après 1492 — est proclamée en 1935, le Mischling est plus spécifiquement un « non-Aryen » qui ne répond pas aux critères établis par cette loi pour définir un Juif.

Étaient considérés, indépendamment de leur affiliation religieuse ou de leur identification propre, comme automatiquement Juifs les personnes dont au moins trois grands-parents étaient « pleinement juifs » (volljüdischen), ce critère racial n’étant pas défini par des critères relevant plus ou moins de l’inné, comme la physiognomonie, mais par la participation à quelque degré que ce soit à la vie communautaire juive. La loi catégorisait aussi comme « légalement juifs » (Geltungsjude) les personnes dont deux grands-parents étaient « pleinement juifs » et répondaient à l’une des conditions suivantes :

  • être membre d’une communauté juive lors de l’application des lois de Nuremberg ou ultérieurement ;
  • être marié(e) à une personne juive ;
  • être issu(e) d’un mariage mixte après leur interdiction ;
  • être issu(e) d’une union illégitime avec une personne juive après le .

Il s’ensuit qu’un « Jüdischer Mischling » était un individu descendant d’un ou deux grands-parents « pleinement juifs » sans répondre à l’une des conditions précitées. Par son ascendance « raciale » juive, il est porteur d’une Rassenschande (« honte raciale ») inaliénable dont il convient de protéger la race « aryenne » en restreignant au possible les contacts entre Allemands « purs » et « métissés » — de ce point, le Mischling est un « non-Aryen » et il ne peut occuper de fonction gouvernementale, académique ou dans un hôpital public, en vertu de la loi sur la restauration de la fonction publique[2]. Cependant, il est « rédimé » par sa composante « aryenne » qui, bien qu’« abâtardie », demeure « supérieure » et lui permet de jouer un rôle dans la société. (C’est en cette qualité de « partiellement aryen » que le statut de Mischling est pensé. Hors d’Allemagne, cette distinction n’a pas lieu d’être et les individus d’ascendance partiellement juive s’étant mélangés à des « races inférieures » ne sont pas considérés différemment des Juifs).

Les personnes n'étant pas de confession judaïque étaient néanmoins considérées comme :

  • Mischling au premier degré, si deux de leurs grands-parents étaient Juifs ;
  • Mischling au second degré, si un seul de leurs grands-parents était Juif.

Étant donné qu'au XIXe siècle, de nombreux Juifs d'Allemagne se convertirent à la religion réformée et épousèrent des chrétiens, beaucoup de Mischlinge aux premier et second degrés étaient des protestants.

En 1939, le recensement du Reich dénombre environ 72 000 Mischlinge au premier degré, quelque 39 000 au second degré, et des dizaines de milliers à des degrés autres.

Quelques Mischlings

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. La tragédie des soldats juifs d'Hitler, Bryan Mark Rigg, Éditions de Fallois, 2002.
  2. Mendes-Flohr 1995, p. 642.

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]