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« Réunion disjointe » : différence entre les versions

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En [[mathématiques]], la '''réunion disjointe''' est une [[opération ensembliste]]. Contrairement à l'[[Union (mathématiques)|union usuelle]], le [[Cardinalité (mathématiques)|cardinal d'une]] '''union disjointe''' d'[[ensemble]]s est toujours égal à la somme de leurs [[Nombre cardinal|cardinaux]]. L'union disjointe d'une famille d'ensembles correspond à leur [[somme (catégorie)|somme]] en [[théorie des catégories]], c'est pourquoi on l'appelle aussi '''somme disjointe'''. C’est une opération fréquente en [[topologie]] et en [[informatique théorique]].
La '''réunion disjointe''' est une opération sur les ensembles. La définition est donnée ci-dessous.


== Union disjointe de deux ensembles ==
Lorsque l'on réunit deux ensembles, les éléments de l'intersection de ces deux ensembles ne sont comptés qu'une seule fois. Dans certaines situations, on ne souhaite pas tenir compte de l'intersection. On désire alors que les éléments de l'intersection soient pris en compte deux fois. On parle alors de réunion disjointe, c'est-à-dire que l'on réunit les deux ensemble comme s'ils étaient disjoints, même s'ils ne le sont pas. Une propriété immédiate de cette façon de voir, c'est que la réunion devient vraiment additive, le cardinal de la réunion disjointe est toujours égal à la somme des cardinaux.
Dans une réunion ''A''∪''B'' de deux ensembles, l'origine des éléments y figurant est perdue et les éléments de l'intersection ne sont comptés qu'une seule fois. Dans certaines situations, on désire conserver cette information et prendre en compte deux fois les éléments de l'intersection. Pour cela, on réunit non pas directement ''A'' et ''B'', mais deux [[ensembles disjoints]], copies de ''A'' et ''B'' de la forme  { α } × ''A''  et  { β } × ''B'' , où α et β sont deux symboles quelconques distincts servant à identifier les ensembles ''A'' et ''B'' (par exemple 0 et 1) et × désigne le [[produit cartésien]].
L'union disjointe, encore appelée « somme disjointe » ou « somme cartésienne », de deux ensembles ''A'' et ''B'' est ainsi définie par :
<center><math>A\sqcup B=A + B = A \dot \cup B := ( \{ 0 \} \times A ) \cup ( \{ 1 \} \times B ).</math></center>


;Exemples
La réunion disjointe d'une famille d'ensembles correspond à leur [[somme (catégorie)|somme]] en [[théorie des catégories]].
:* Soient ''A'' la [[paire]] {1, 2} et ''B'' l'ensemble à trois éléments {2, 3, 4}. Leur réunion (ordinaire) n'a que quatre éléments car ces deux ensembles ne sont pas disjoints. Pour construire leur union disjointe, on commence par les « numéroter » par deux « indices » distincts arbitraires ''a'' et ''b'' : on pose ''I'' = {''a'', ''b''}, ''E{{ind|a}} = A'' et ''E{{ind|b}} = B''. Puis on prend la réunion de deux « copies » de ''A'' et ''B'' qui, elles, sont disjointes : {''a''}×''A'' et {''b''}×''B''. La réunion disjointe de (''E{{ind|i}}''){{ind|''i''∈''I''}} est la partie{{Retrait|<math>(\{a\}\times\{1,2\})\cup(\{b\}\times\{2,3,4\})=\{(a,1),(a,2),(b,2),(b,3),(b,4)\}</math>}}de {''a'', ''b''}×{1, 2, 3, 4}. Elle a 2 + 3 = 5 éléments.
:* De même, l'union disjointe de la paire {1, 2} avec elle-même est (en choisissant arbitrairement deux indices distincts, par exemple cette fois : 0 et 1) :{{Retrait|<math>\{1,2\}\sqcup\{1,2\}=\{(0,1),(0,2),(1,1),(1,2)\}.</math>}}


== Union disjointe d'une famille finie ou dénombrable d'ensembles==
On utilise beaucoup la réunion disjointe en topologie. Alliée avec l'espace quotient, la réunion disjointe permet de construire de nombreux espaces, notamment les [[variété (géométrie)|variétés topologiques]], les [[CW-complexe|complexes cellulaires]] ou [[complexe simplicial|simpliciaux]].
La somme disjointe peut se généraliser à plus de deux ensembles. Par exemple, pour trois ensembles quelconques ''A'', ''B'' et ''C'':
<center><math>A\sqcup B\sqcup C = ( \{ 0 \} \times A ) \cup ( \{ 1 \} \times B ) \cup ( \{ 2 \} \times C ).</math></center>


On peut définir plus généralement la somme disjointe de ''n'' ensembles <math>E_0,E_1, \cdots E_{n-1}</math> quelconques :
== Définition ==
Soit <math>(E_i)_{i\in I}</math> une [[famille d'ensembles]]. Leur réunion disjointe est l'ensemble
:<math>\bigsqcup_{i\in I} E_i = \{(i,x)\mid x\in E_i\}</math>.


<center><math>E_0\sqcup E_1\sqcup\cdots\sqcup E_{n-1} = \bigcup_{i=0}^{n-1}(\{i\}\times E_i).</math></center>
C'est bien un ensemble parce que, comme il est dit à l'article [[famille d'ensembles]], la classe {</sub>''E''<sub>''i''</sub> | ''i'' ∈ ''I''} est un ensemble, donc aussi la réunion <math>\mathcal E</math> de tous ses éléments. La réunion disjointe de la famille peut alors être obtenue par [[schéma d'axiomes de compréhension]] en la décrivant comme une partie du [[produit cartésien]] <math>I\times\mathcal E</math><ref>La remarque pour la réunion ordinaire est faite dans {{Cori-Lascar II}}, p. 124 de l'édition de 1993.</ref>.
On peut également généraliser cette notion à des ensembles quelconques (non nécessairement finis) d'indices, et former par exemple des unions disjointes [[Ensemble dénombrable|dénombrables]].
;Exemple
:<math>\bigsqcup_{n\in\N}\left[n,+\infty\right[=\{(n,x)\in\N\times\R\mid x\ge n\}.</math>

== Union disjointe d'une famille quelconque d'ensembles ==
Pour toute [[Famille (mathématiques)|famille (''E{{ind|i}}''){{ind|''i''∈''I''}} d'ensembles]], les ensembles produits {''i''}×''E{{ind|i}}'' (''i'' parcourant l'ensemble ''I'' des indices de la famille) sont disjoints deux à deux. La réunion disjointe ∐{{ind|''i''∈''I''}} ''E{{ind|i}}'' des ''E{{ind|i}}'' est, par définition, la [[Union (mathématiques)#Union d'une famille d'ensembles|réunion (ordinaire)]] de ces ensembles disjoints. Formellement :
<center><math>\bigsqcup_{i\in I} E_i = \{(i,x)\mid i\in I, \ x\in E_i\}.</math></center>
Il s'agit bien d'un ensemble car, vue sa définition, ∐{{ind|''i''∈''I''}} ''E{{ind|i}}'' peut se décrire [[schéma d'axiomes de compréhension|en compréhension]] comme une partie de ''I''×''E'', le produit cartésien de ''I '' par la réunion (ordinaire) ''E'' des ''E{{ind|i}}''.

La définition de la somme disjointe souffre d'un arbitraire inessentiel. On peut définir la somme disjointe comme étant la réunion <math> \bigcup_{i\in I} (E_i\times\{i\})</math> ou bien <math> \bigcup_{i\in I} (\{i\}\times E_i) </math><ref>N. Bourbaki, ''Théorie des ensembles'', 1970, p. II.30, donne la première de ces deux définition, mais il utilise la seconde dans ''Algèbre, chapitres 1 à 3'', 1970, p. I.80.</ref>. Ces deux possibilités correspondent respectivement à un marquage « à droite » ou « à gauche » des éléments de la réunion ordinaire ''E'', selon l'indice associé à l'ensemble dont ils proviennent. Dans les deux cas, il existe une [[surjection]] de la somme disjointe sur la réunion, qui est une [[bijection]] si les ensembles de la famille (''E{{ind|i}}''){{ind|''i''∈''I''}} sont disjoints deux à deux.

On peut remarquer que la somme disjointe de deux ensembles vérifie la propriété fondamentale des [[Couple (mathématiques)|couples]]. De plus, contrairement aux couples de Kuratowski, cette notion, qui n'utilise que des opérations ensemblistes élémentaires, peut s'appliquer aux [[Classe (mathématiques)|classes propres]]. C'est pourquoi les sommes disjointes sont parfois appelées ''couples généralisés'', et utilisées ainsi en [[Théorie des ensembles de von Neumann-Bernays-Gödel|théorie des classes]].


== Réunion disjointe d'espaces topologiques ==
== Réunion disjointe d'espaces topologiques ==
Dans la définition ci-dessus, si chaque ''E{{ind|i}}'' est un [[espace topologique]], on dispose d'une topologie naturelle sur {{ind|''i''∈''I''}} ''E{{ind|i}}'', dont les [[Ouvert (topologie)|ouverts]] sont les réunions disjointes {{ind|''i''∈''I''}} ''U{{ind|i}}'' où chaque ''U{{ind|i}}'' est un ouvert de ''E{{ind|i}}''.
Dans la définition ci-dessus, si chaque <math> E_i

</math> est un espace topologique, on dispose d'une topologie naturelle sur <math>\sqcup_{i\in I} E_i </math>, dont les ouverts sont les réunions disjointes <math>\sqcup_{i\in I} U_i </math> où chaque <math>U_i</math> est un ouvert de <math>E_i</math>.
Cette construction, appelée [[somme topologique]], joue le rôle de somme dans la [[catégorie des espaces topologiques]]. Alliée avec l'[[Topologie quotient|espace quotient]], elle permet de construire de nombreux espaces, notamment les [[variété (géométrie)|variétés topologiques]] et les [[CW-complexe|complexes cellulaires]] ou [[complexe simplicial|simpliciaux]].


== Notes et références ==
Cette structure joue le rôle de [[somme (catégorie)|somme]] dans la [[catégorie]] des [[espace topologique|espaces topologiques]].
{{Crédit d'auteurs|interne|Produit cartésien|16104779}}
{{Références}}


== Références ==
== Voir aussi ==
[[Multiensemble]] : généralisation de la notion d'ensemble, où l'on permet plusieurs occurrences (indiscernables) d'un même élément ; l'union de deux multiensembles ayant des éléments communs n’amène pas à les disjoindre comme ci-dessus mais à cumuler les nombres d'occurrences de chaque élément.
{{références}}


{{portail mathématiques}}
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[[Catégorie:Théorie des ensembles]]
[[Catégorie:Théorie des ensembles]]
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[[Catégorie:Topologie générale]]
[[Catégorie:Topologie générale]]


[[en:Disjoint union]]
[[eo:Disa unio]]
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[[pt:União disjunta]]
[[ru:Дизъюнктное объединение]]
[[de:Disjunkte Vereinigung]]
[[ko:서로소 합집합]]
[[it:Somma disgiunta]]
[[ja:直和]]
[[ja:直和]]
[[zh:不交并]]
[[es:Unión disjunta]]

Dernière version du 25 août 2024 à 06:50

En mathématiques, la réunion disjointe est une opération ensembliste. Contrairement à l'union usuelle, le cardinal d'une union disjointe d'ensembles est toujours égal à la somme de leurs cardinaux. L'union disjointe d'une famille d'ensembles correspond à leur somme en théorie des catégories, c'est pourquoi on l'appelle aussi somme disjointe. C’est une opération fréquente en topologie et en informatique théorique.

Union disjointe de deux ensembles

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Dans une réunion AB de deux ensembles, l'origine des éléments y figurant est perdue et les éléments de l'intersection ne sont comptés qu'une seule fois. Dans certaines situations, on désire conserver cette information et prendre en compte deux fois les éléments de l'intersection. Pour cela, on réunit non pas directement A et B, mais deux ensembles disjoints, copies de A et B de la forme  { α } × A  et  { β } × B , où α et β sont deux symboles quelconques distincts servant à identifier les ensembles A et B (par exemple 0 et 1) et × désigne le produit cartésien.

L'union disjointe, encore appelée « somme disjointe » ou « somme cartésienne », de deux ensembles A et B est ainsi définie par :

Exemples
  • Soient A la paire {1, 2} et B l'ensemble à trois éléments {2, 3, 4}. Leur réunion (ordinaire) n'a que quatre éléments car ces deux ensembles ne sont pas disjoints. Pour construire leur union disjointe, on commence par les « numéroter » par deux « indices » distincts arbitraires a et b : on pose I = {a, b}, Ea = A et Eb = B. Puis on prend la réunion de deux « copies » de A et B qui, elles, sont disjointes : {aA et {bB. La réunion disjointe de (Ei)iI est la partiede {a, b}×{1, 2, 3, 4}. Elle a 2 + 3 = 5 éléments.
  • De même, l'union disjointe de la paire {1, 2} avec elle-même est (en choisissant arbitrairement deux indices distincts, par exemple cette fois : 0 et 1) :

Union disjointe d'une famille finie ou dénombrable d'ensembles

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La somme disjointe peut se généraliser à plus de deux ensembles. Par exemple, pour trois ensembles quelconques A, B et C:

On peut définir plus généralement la somme disjointe de n ensembles quelconques :

On peut également généraliser cette notion à des ensembles quelconques (non nécessairement finis) d'indices, et former par exemple des unions disjointes dénombrables.

Exemple

Union disjointe d'une famille quelconque d'ensembles

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Pour toute famille (Ei)iI d'ensembles, les ensembles produits {iEi (i parcourant l'ensemble I des indices de la famille) sont disjoints deux à deux. La réunion disjointe ∐iI Ei des Ei est, par définition, la réunion (ordinaire) de ces ensembles disjoints. Formellement :

Il s'agit bien d'un ensemble car, vue sa définition, ∐iI Ei peut se décrire en compréhension comme une partie de I×E, le produit cartésien de I par la réunion (ordinaire) E des Ei.

La définition de la somme disjointe souffre d'un arbitraire inessentiel. On peut définir la somme disjointe comme étant la réunion ou bien [1]. Ces deux possibilités correspondent respectivement à un marquage « à droite » ou « à gauche » des éléments de la réunion ordinaire E, selon l'indice associé à l'ensemble dont ils proviennent. Dans les deux cas, il existe une surjection de la somme disjointe sur la réunion, qui est une bijection si les ensembles de la famille (Ei)iI sont disjoints deux à deux.

On peut remarquer que la somme disjointe de deux ensembles vérifie la propriété fondamentale des couples. De plus, contrairement aux couples de Kuratowski, cette notion, qui n'utilise que des opérations ensemblistes élémentaires, peut s'appliquer aux classes propres. C'est pourquoi les sommes disjointes sont parfois appelées couples généralisés, et utilisées ainsi en théorie des classes.

Réunion disjointe d'espaces topologiques

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Dans la définition ci-dessus, si chaque Ei est un espace topologique, on dispose d'une topologie naturelle sur ∐iI Ei, dont les ouverts sont les réunions disjointes ∐iI Ui où chaque Ui est un ouvert de Ei.

Cette construction, appelée somme topologique, joue le rôle de somme dans la catégorie des espaces topologiques. Alliée avec l'espace quotient, elle permet de construire de nombreux espaces, notamment les variétés topologiques et les complexes cellulaires ou simpliciaux.

Notes et références

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  1. N. Bourbaki, Théorie des ensembles, 1970, p. II.30, donne la première de ces deux définition, mais il utilise la seconde dans Algèbre, chapitres 1 à 3, 1970, p. I.80.

Multiensemble : généralisation de la notion d'ensemble, où l'on permet plusieurs occurrences (indiscernables) d'un même élément ; l'union de deux multiensembles ayant des éléments communs n’amène pas à les disjoindre comme ci-dessus mais à cumuler les nombres d'occurrences de chaque élément.