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« Marius Berliet » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Berliet (homonymie){{!}}Berliet}}
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{{Confusion|texte=Ne pas confondre avec [[Jean-Baptiste Berlier]] (1841-1911), ingénieur et inventeur français qui a été un des initiateurs du métro parisien.}}
{{Confusion|texte=Ne pas confondre avec [[Jean-Baptiste Berlier]] (1841-1911), ingénieur et inventeur français qui a été un des initiateurs du métro parisien.}}
{{Infobox Biographie2}}
{{Infobox Biographie2
|charte=entrepreneur
'''Marius Berliet''' (né le {{Date de naissance|21|janvier|1866}} à [[1er arrondissement de Lyon|Lyon {{1er}}]]<ref>''Archives municipales numérisées de l'état civil de Lyon'', acte de naissance {{numéro|1/1866/51}}, date et lieu du décès mentionnés en marge de l’acte (consulté le 12 février 2013) {{lire en ligne|lien=http://www.fondsenligne.archives-lyon.fr/ark:/18811/216f76dfcde19878c4ecacc1af8c74a3
}}
}}</ref> et mort le {{Date de décès|17|mai|1949|21|janvier|1866}} à [[Cannes]]) est le fondateur de la société des Automobiles Marius Berliet, [[constructeur automobile]] de voitures et [[camion]]s jusqu'en 1939 et exclusivement de véhicules industriels à partir de cette date.
'''Marius Berliet''', né le {{Date de naissance|21|janvier|1866}} à [[1er arrondissement de Lyon|Lyon {{1er}}]]<ref>''Archives municipales numérisées de l'état civil de Lyon'', acte de naissance {{numéro|1/1866/51}}, date et lieu du décès mentionnés en marge de l’acte (consulté le 12 février 2013) {{lire en ligne|lien=http://www.fondsenligne.archives-lyon.fr/ark:/18811/216f76dfcde19878c4ecacc1af8c74a3
}}.</ref> et mort le {{Date de décès|17|mai|1949}} à [[Cannes]], est le fondateur de la société des Automobiles Marius Berliet, [[constructeur automobile]] de voitures et [[camion]]s jusqu'en 1939 et exclusivement de véhicules industriels à partir de cette date.


Marius Berliet et sa famille appartiennent à la [[Petite Église]] de Lyon, groupe de catholiques traditionalistes qui est né de l'opposition au [[Régime concordataire français|Concordat de 1801]]<ref>Isabelle Lisowski, ''Marius Berliet'', in ''Cent ans de catholicisme social à Lyon et en Rhône-Alpes. La postérité de "Rerum Novarum"'', De l'Atelier, 1992, {{p.|202}}</ref>.
Marius Berliet et sa famille appartiennent à la [[Petite Église]] de Lyon, groupe de catholiques traditionalistes qui est né de l'opposition au [[Régime concordataire français|Concordat de 1801]]<ref>Isabelle Lisowski, ''Marius Berliet'', in ''Cent ans de catholicisme social à Lyon et en Rhône-Alpes. La postérité de "Rerum Novarum"'', De l'Atelier, 1992, {{p.|202}}.</ref>.

Il est décrit par ses ouvriers comme {{citation|maigre, le dos voûté, les moustaches pendantes, portant la blouse grise et longue}}<ref>{{ouvrage|langue=fr|prénom1=Thierry|nom1=Pillon|lien auteur1=|titre=Le Corps à l'ouvrage|sous-titre=|lien titre=|numéro d'édition=|éditeur=Stock|lien éditeur=Éditions Stock|lieu=[[Paris]]|année=2012|volume=|tome=|pages totales=|passage=70|isbn=978-2-234-06401-0|lire en ligne=|consulté le=}}. Cite [[Georges Navel]], ''Travaux'', 1945.</ref>.


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Une famille catholique anticoncordataire ===
=== Une famille catholique anticoncordataire ===
{{Article connexe|Famille Berliet}}

[[Image:Marius Berliet en 1911.jpg|thumb|left|120px|Marius Berliet en 1911.]]
Marius Maximin François Joseph Berliet est l'aîné d'une fratrie de sept enfants nés de l'union de Joseph-Marie Berliet et Lucie-Philippine Fabre, deux familles qui appartiennent à la " Petite Église "<ref> Louis Muron " Marius Berliet " Éditions Lugd, 1995- {{p.|13}} </ref> ,groupe de catholiques qui n'ont pas reconnu le Concordat signé en 1801 entre Bonaparte et le pape Pie VII.<ref> Jean-Pierre Chantin, "Des sectes dans la France contemporaine " Éditions Privat, 2004- {{p.|14}}; " la famille Berliet et les anticoncordataires " Lettre d'information de la Fondation Berliet (LIFB) {{n°|163}}, février 2014 {{p.|5}}.</ref>
Marius Maximin François Joseph Berliet est l'aîné d'une fratrie de sept enfants nés de l'union de Joseph-Marie Berliet et Lucie-Philippine Fabre, deux familles qui appartiennent à la ''[[Petite Église]]''{{sfn|Muron|1995|p=13|loc=|id=}}, groupe de catholiques qui n'ont pas reconnu le [[Régime concordataire français|concordat]] signé en 1801 entre Bonaparte et le pape Pie VII<ref>Jean-Pierre Chantin, "Des sectes dans la France contemporaine " Éditions Privat, 2004- {{p.|14}} ; " la famille Berliet et les anticoncordataires " Lettre d'information de la Fondation Berliet (LIFB) {{n°|163}}, février 2014 {{p.|5}}.</ref>.


Il est éduqué selon les principes de la Petite Église : instruction religieuse, rigueur et intégrité, sens de l'effort et de la famille, attitude stricte à l'égard de l'argent - ni gaspillage, ni spéculation.
Il est éduqué selon les principes de la Petite Église : instruction religieuse, rigueur et intégrité, sens de l'effort et de la famille, attitude stricte à l'égard de l'argent - ni gaspillage, ni spéculation.
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Marius fréquente l'école de la Petite Église, entre au [[Collège-lycée Ampère|lycée Ampère]] à 13 ans, obtient son certificat d'études, est mis en apprentissage comme ouvrier tisseur et rejoint l'atelier paternel.
Marius fréquente l'école de la Petite Église, entre au [[Collège-lycée Ampère|lycée Ampère]] à 13 ans, obtient son certificat d'études, est mis en apprentissage comme ouvrier tisseur et rejoint l'atelier paternel.


Son goût pour la mécanique se révèle tôt. Lecteur assidu de journaux techniques et de vulgarisation scientifique, il se forme par des cours du soir à la Société d'Enseignement professionnel du Rhône ( mécanique et anglais) et développe son penchant pour le bricolage mécanique.
Son goût pour la mécanique se révèle tôt. Lecteur assidu de journaux techniques et de vulgarisation scientifique, il se forme par des cours du soir à la Société d'Enseignement professionnel du Rhône (mécanique et anglais) et développe son penchant pour le bricolage mécanique.

Il fait construire sur ses propres plans de nouveaux équipements pour l'atelier, en particulier une machine à découper les rubans qui divise automatiquement le tissu et le prix de revient<ref>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Renaud de |nom1= Rochebrune |prénom2=Jean-Claude |nom2=Hazera|titre=Les Patrons sous l'occupation |sous-titre= |lieu= |éditeur=Éditions Odile Jacob |collection= |année=2013 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.28 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>.


En 1894, il réalise son premier moteur dans un appentis de la propriété familiale et monte sa première voiture en 1895{{sfn|Muron|1995|p=23|loc=|id=}}. La voiture {{n°|2}}, assemblée dans les locaux Berliet & Bellet, 5 [[rue Magneval]] sort en {{date-|mars 1897}}.
Il fait construire sur ses propres plans de nouveaux équipements pour l'atelier, en particulier une machine à découper les rubans qui divise automatiquement le tissu et le prix de revient<ref> Renaud de Rochebrune, Jean-claude Hazera, "Les patrons sous l'occupation", Éditions Odile Jacob, 1995, page 28 </ref>.


En 1899, il s'installe avec un compagnon 56 rue Sully, dans un atelier de {{unité|90|m|2}} et, à la mort de son père, le {{date-|30 août 1899}}, il confie l'entreprise familiale à ses frères.
En 1894, il réalise son premier moteur dans un appentis de la propriété familiale et monte sa première voiture en 1895 <ref> Louis Muron " Marius Berliet", Éditions Lugd, 1995- {{p.|23}} </ref> La voiture {{n°|2}}, assemblée dans les locaux Berliet & Bellet, 5 rue Magneval sort en mars 1897.

En 1899, il s'installe avec un compagnon 56 rue Sully, dans un atelier de {{unité|90|m|2}} et, à la mort de son père, le 30 août 1899, il confie l'entreprise familiale à ses frères.
En 1900, il aménage un local cinq fois plus grand. En 1902, il achète l'usine automobile [[Audibert et Lavirotte]]<ref> AFB - fonds Berliet D1 6 Domaine {{n°|4767}}- boite 2 </ref> dans le quartier de Lyon- Monplaisir, 250 personnes et {{unité|5000|m|2}} couverts.
En 1900, il aménage un local cinq fois plus grand.
En 1902, il achète l'usine automobile [[Audibert et Lavirotte]]<ref>AFB - fonds Berliet D1 6 Domaine {{n°|4767}}- boite 2.</ref> dans le quartier de [[Monplaisir (Lyon)|Monplaisir]], 250 personnes et {{unité|5000|m|2}} couverts.

Les 300 voitures produites en 1903 ont bonne réputation : simples, solides, puissantes; leur notoriété dépasse la région lyonnaise.
Les 300 voitures produites en 1903 ont bonne réputation : simples, solides, puissantes ; leur notoriété dépasse la région lyonnaise.


=== Vie personnelle ===
=== Vie personnelle ===
[[Image:Villa Berliet - Tour.JPG|vignette|200px|Villa de la famille Berliet.]]
De taille moyenne, svelte, des yeux bleu gris, Marius est d'un abord réservé. Timide, gêné car il n'a pas reçu une éducation policée, il parle peu, il écoute, observe, apprend, réfléchit et tranche. Son impatience explique une certaine brusquerie.


Il est décrit par ses ouvriers comme {{citation|maigre, le dos voûté, les moustaches pendantes, portant la blouse grise et longue}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Thierry|nom1=Pillon|titre=Le Corps à l'ouvrage|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Stock|Stock]]|année=2012|pages totales=196|passage=70|isbn=978-2-234-06401-0}}. Cite [[Georges Navel]], ''Travaux'', 1945.</ref>.
De taille moyenne, svelte, des yeux bleu gris, Marius est d'un abord réservé. Timide, gêné car il n'a pas reçu une éducation policée, il parle peu, il écoute, observe, apprend, réfléchit et tranche. Son impatience explique une certaine brusquerie.


Une excellente mémoire, une forte puissance de travail le caractérisent ainsi qu'une sévère discipline de vie<ref> Monique Chapelle, Berliet, Éditions EMCC Lyon, 2009 {{p.|11}} </ref>.
Une excellente mémoire, une forte puissance de travail le caractérisent ainsi qu'une sévère discipline de vie<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Berliet|prénom1=Monique|nom1=Chapelle|lieu=Lyon|éditeur=Éditions EMCC|année=2009}}.</ref>.


Autodidacte ouvert et cultivé, il joue du violon sans avoir jamais appris; il est amateur d'opéra.
Autodidacte ouvert et cultivé, il joue du violon sans avoir jamais appris ; il est amateur d'opéra.


Les ouvrages techniques, les écrits de [[Augustin d'Hippone|saint Augustin]], les œuvres poétiques de Ronsard et Baudelaire font partie de ses lectures.
Les ouvrages techniques, les écrits de [[Augustin d'Hippone|saint Augustin]], les œuvres poétiques de Ronsard et Baudelaire font partie de ses lectures.


En 1887, son [[grand-bi]] Rochet lui sert pour aller à la campagne, il observe la nature qu'il apprécie, il aime la marche en montagne. {{Citation|C'est en regardant les sapins de Grande-Chartreuse que j'ai appris la mécanique.}} dira-t-il plus tard à ses ingénieurs<ref> Automobiles M. Berliet, Marius Berliet, 1866-1949, Draeger Frères Montrouge 10/1966 </ref>. Il montera régulièrement à cheval.
En 1887, son [[grand-bi]] [[Rochet-Schneider|Rochet]] lui sert pour aller à la campagne, il observe la nature qu'il apprécie, il aime la marche en montagne. {{Citation|C'est en regardant les sapins de Grande-Chartreuse que j'ai appris la mécanique.}} dira-t-il plus tard à ses ingénieurs<ref>Automobiles M. Berliet, Marius Berliet, 1866-1949, Draeger Frères Montrouge 10/1966.</ref>. Il montera régulièrement à cheval.


Il plantera progressivement des milliers d'arbres sur le tènement de Vénissieux dont les surfaces non encore utilisées au plan industriel - jusqu'à {{unité|200|ha}} - constitueront la " ferme-modèle Berliet ".
Il plantera progressivement des milliers d'arbres sur le [[tenure (féodalité)|tènement]] de Vénissieux dont les surfaces non encore utilisées sur le plan industriel – jusqu'à {{unité|200|ha}} – constitueront la « ferme-modèle Berliet ».


En 1907, il épouse Louise Saunière, née en 1881 de parents entrepreneurs de plomberie-zinguerie à Paris.
En 1907, il épouse Louise Saunière, (1881-1973), de parents entrepreneurs de plomberie-zinguerie à Paris.


En 1912, le couple et ses deux enfants, Jean (1908-1981) et Simone (1910-1912) s'installent [[Villa Berliet|39 rue Esquirol dans la villa]] dont la construction débute au printemps 1911 sur les plans de l'architecte lyonnais Paul Bruyas <ref>{{Base Mérimée|PA00118109|Demeure dite villa Marius Berliet}}.</ref>.
En 1912, le couple et ses deux enfants, Jean (1908-1981) et Simone (1910-1912) s'installent [[Villa Berliet|39, rue Esquirol dans la villa]] dont la construction débute au printemps 1911 sur les plans de l'architecte lyonnais Paul Bruyas<ref>{{Base Mérimée|PA00118109|Demeure dite villa Marius Berliet}}.</ref>. Entourée d'un jardin de {{Unité|8000|m|2}}, elle est située à l'est de Lyon, dans le quartier de [[Montchat]] en voie d'urbanisation, à mi-distance de l'usine de Monplaisir et du futur complexe industriel intégré à Vénissieux dont l'industriel nourrit le projet. Trois filles et trois garçons naissent dans cette demeure décorée dans le style [[Art nouveau]] par [[Louis Majorelle]] et [[Jacques Gruber]]<ref>Marie-Reine Jazé-Charvolin, La Villa Berliet, Edira, "1997 : la villa a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 31 juillet 1989, moins d'un an après le classement du camion Berliet type M de 1910. Ces deux mesures de protection lient symboliquement les deux pôles de la vie de Marius Berliet, consacrée entièrement à sa famille et à l'automobile".</ref> : Odette (1913-2013), Yvonne (1914-2021), Henri (1915-2012), Maurice (1915-2008), [[Paul Berliet|Paul]] (1918-2012), Jacqueline née en 1923.


=== « J'ai voulu faire une grande œuvre » ===
Entourée d'un jardin de {{Unité|8000|m|2}}, elle est située à l'est de Lyon, dans le quartier de Montchat en voie d'urbanisation, à mi-distance de l'usine de Monplaisir et du futur complexe industriel intégré à Vénissieux dont l'industriel nourrit le projet.
Le {{date-|1 juillet 1905}}, ''[[American Locomotive Company]]'' (ALCO), qui souhaite se diversifier dans l'automobile, signe l'acquisition, pour une durée de trois ans, de la licence de fabrication de la gamme de voitures Berliet moyennant le versement comptant de {{unité|500000|francs or}}, la fourniture de pièces coulées et forgées, la construction d'une usine dans l'État de [[Rhode Island]] et le paiement de royalties<ref>AFB-ALCO, extraits de presse américaine 1905: The Horseless Age, vol.16 - {{n°|21}}/5/1905 {{p.|10}} - Cycle & Automobile Trade Journal, 8/1905, {{p.|68}} - The Automobile, 8/6/1905 {{p.|701}} - Automobile Review, 6/15/1905,{{p.|583}}.</ref>.


Marius Berliet transforme cette manne financière en terrains<ref>AFB - fonds Berliet, Domaine Berliet D1/4767/2</ref>, bâtiments, équipements.
Trois filles et trois garçons naissent dans cette demeure décorée dans le style [[Art nouveau]] par [[Louis Majorelle]] et Jacques Gruber<ref> Marie-Reine Jazé-Charvolin, La Villa Berliet, Edira, 1997" : la villa a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 31 juillet 1989, moins d'un an après le classement du camion Berliet type M de 1910. Ces deux mesures de protection lient symboliquement les deux pôles de la vie de Marius Berliet, consacrée entièrement à sa famille et à l'automobile".</ref> : Odette (1913-2013), Yvonne née en 1914, Henri (1915-2012), Maurice (1915-2008), [[Paul Berliet|Paul]] (1918-2012), Jacqueline née en 1923.

=== « J'ai voulu faire une grande œuvre » ===
Le {{1er}} juillet 1905, ''[[American Locomotive Company]]'' (ALCO), qui souhaite se diversifier dans l'automobile, signe l'acquisition, pour une durée de trois ans, de la licence de fabrication de la gamme de voitures Berliet moyennant le versement comptant de {{unité|500000|francs or}}, la fourniture de pièces coulées et forgées, la construction d'une usine dans l'État de [[Rhode Island]] et le paiement de royalties<ref> AFB-ALCO, extraits de presse américaine 1905: The Horseless Age, vol.16 - {{n°|21}}/5/1905 {{p.|10}} - Cycle & Automobile Trade Journal, 8/1905, {{p.|68}} - The Automobile, 8/6/1905 {{p.|701}} - Automobile Review, 6/15/1905,{{p.|583}}.</ref>.


L'usine de [[Monplaisir (Lyon)|Monplaisir]] couvre sept hectares. La locomotive chasse-buffles devient l'emblème de la marque<ref>AFB - fonds Berliet, C45- dépôt de marque {{n°|5891}}, 6/12/1907.</ref> remplaçant les initiales MB entrelacées, traitées en style [[Art nouveau]].
Marius Berliet transforme cette manne financière en terrains<ref> AFB - fonds Berliet, Domaine Berliet D1/4767/2 </ref>, bâtiments, équipements.
L'usine de [[Monplaisir (Lyon)|Monplaisir]] couvre sept hectares. La locomotive chasse-buffles devient l'emblème de la marque <ref> AFB - fonds Berliet, C45- dépôt de marque {{n°|5891}}, 6/12/1907 </ref> remplaçant les initiales MB entrelacées, traitées en style [[Art nouveau]].


Pressentant le développement du transport routier de marchandises <ref> AFB - fonds Berliet - catalogue Automobiles Berliet camions et omnibus, Draeger Frères, 1907,{{p.|3}} </ref> et collectif de personnes, il réceptionne au service des Mines son premier camion en 1907 <ref>Le premier camion de 1907 réceptionné par le service des Mines est le type L, moteur à essence de pétrole / 4 cylindres verticaux 100 x 120 / Transmission par le système dit " trains balladeurs ", un engrenage supplémentaire permet d'obtenir la marche AR /Deux freins métalliques sur le différentiel et deux freins métalliques à sabots extérieurs sur les roues motrices / Direction à vis: Feuille des Mines signé à Lyon le 11 octobre 1907.</ref>.
Pressentant le développement du transport routier de marchandises<ref>AFB - fonds Berliet - catalogue Automobiles Berliet camions et omnibus, Draeger Frères, 1907,{{p.|3}}.</ref> et collectif de personnes, il réceptionne au service des Mines son premier camion en 1907<ref>Le premier camion de 1907 réceptionné par le service des Mines est le type L, moteur à essence de pétrole / 4 cylindres verticaux 100 x 120 / Transmission par le système dit « trains baladeurs », un engrenage supplémentaire permet d'obtenir la marche AR /Deux freins métalliques sur le différentiel et deux freins métalliques à sabots extérieurs sur les roues motrices / Direction à vis: Feuille des Mines signé à Lyon le 11 octobre 1907.</ref>.


En 1913, {{unité|4000|voitures}} et camions <ref> AFB - fonds Berliet - fontex 4432/3 Extrait catalogue Berliet 1913.</ref> sortent des usines de Monplaisir qui emploient {{unité|3150|personnes}}. Cette même année, le [[Berliet CBA|camion CBA]] est réceptionné au service des Mines <ref> AFB - fonds fiches des Mines Berliet G 102 </ref> pour {{unité|3|tonnes}} ( il le sera pour {{unité|4|tonnes}} en 1914) et primé au Concours militaire <ref> AFB - fonds thématique / concours / fontex 5690 : 28 </ref>. Simple, robuste, économique, il est apprécié par l'Armée à laquelle près de {{unité|15000|exemplaires}} seront livrés pendant le premier conflit mondial et qui notamment composeront plus de la moitié de la noria de camions sur la Voie Sacrée<ref>Jean-Louis Loubet, ''L'Industrie automobile: 1905-1971'', Droz, 1999, {{p.|130}}.</ref>.
En 1913, {{unité|4000|voitures}} et camions<ref>AFB - fonds Berliet - fontex 4432/3 Extrait catalogue Berliet 1913.</ref> sortent des usines de Monplaisir qui emploient {{unité|3150|personnes}}. Cette même année, le [[Berliet CBA|camion CBA]] est réceptionné au service des Mines <ref>AFB - fonds fiches des Mines Berliet G 102.</ref> pour {{unité|3|tonnes}} (il le sera pour {{unité|4|tonnes}} en 1914) et primé au Concours militaire<ref>AFB - fonds thématique / concours / fontex 5690 : 28.</ref>. Simple, robuste, économique, il est apprécié par l'Armée à laquelle près de {{unité|15000|exemplaires}} seront livrés pendant le premier conflit mondial et qui notamment composeront plus de la moitié de la noria de camions sur la Voie Sacrée<ref>Jean-Louis Loubet, ''L'Industrie automobile: 1905-1971'', Droz, 1999, {{p.|130}}.</ref>.


Parallèlement, des commandes d'obus sont adressées à Berliet comme aux autres constructeurs automobiles. Pour satisfaire cette demande, Marius construit deux bâtiments à Monplaisir et obtient d’[[Édouard Herriot]], maire de Lyon, l'autorisation d'installer à la halle Tony Garnier le matériel nécessaire à la production d'obus, ce qui permettra de sortir {{unité|5000|obus}} par jour<ref> Louis Muron, Marius Berliet (1866-1949), Éditions Lugd, Lyon 1995, page 6 </ref>.
Parallèlement, des commandes d'obus sont adressées à Berliet comme aux autres constructeurs automobiles. Pour satisfaire cette demande, Marius construit deux bâtiments à Monplaisir et obtient d'[[Édouard Herriot]], maire de Lyon, l'autorisation d'installer à la [[halle Tony Garnier]] le matériel nécessaire à la production d'obus, ce qui permettra de sortir {{unité|5000|obus}} par jour{{sfn|Muron|1995|p=6|loc=|id=}}.


En 1916, il commence la construction de l'usine intégrée à Vénissieux / Saint Priest sur près de {{unité|400|ha}}. Egerton Banks, ingénieur britannique de 29 ans, responsable de Westinghouse-Europe <ref> AFB - fonds Berliet C11, archives Marius Berliet, {{n°|1}} </ref> engagé par Marius Berliet en tant que stagiaire en décembre 1915 et auquel fut confiée l'organisation des nouveaux ateliers, écrit : {{Citation|Je me rappelle le jour où le grand Patron a annoncé ses intentions à ses plus intimes collaborateurs, leur demandant avec confiance l'effort suprême essentiel pour défendre la Patrie et assurer la victoire. Cela devait être, expliquait-il, notre ŒUVRE. Il ne s'agissait pas de faire intervenir des entrepreneurs du dehors, nous devions dessiner, construire, bâtir, équiper et en même temps PRODUIRE... tout ensemble, par nous-mêmes, sous la direction dynamique du grand chef. Et ainsi, ce fut fait, Vénissieux sortit du sol. Un miracle d'organisation et d'effort personnel... Des difficultés ? Oui, elles surgissaient continuellement mais seulement pour être vaincues. Moments héroïques, période créatrice !}} <ref> Louis Muron, Marius Berliet 1866-1949, Éditions Lugd, Lyon 1995 pages 96/97 </ref>.
En 1916, il commence la construction de l'usine intégrée à Vénissieux / Saint-Priest sur près de {{unité|400|ha}}. Egerton Banks, ingénieur britannique de 29 ans, responsable de Westinghouse-Europe<ref>AFB - fonds Berliet C11, archives Marius Berliet, {{n°|1}}.</ref> engagé par Marius Berliet en tant que stagiaire en {{date-|décembre 1915}} et auquel fut confiée l'organisation des nouveaux ateliers, écrit : {{Citation|Je me rappelle le jour où le grand Patron a annoncé ses intentions à ses plus intimes collaborateurs, leur demandant avec confiance l'effort suprême essentiel pour défendre la Patrie et assurer la victoire. Cela devait être, expliquait-il, notre ŒUVRE. Il ne s'agissait pas de faire intervenir des entrepreneurs du dehors, nous devions dessiner, construire, bâtir, équiper et en même temps PRODUIRE... tout ensemble, par nous-mêmes, sous la direction dynamique du grand chef. Et ainsi, ce fut fait, Vénissieux sortit du sol. Un miracle d'organisation et d'effort personnel... Des difficultés ? Oui, elles surgissaient continuellement mais seulement pour être vaincues. Moments héroïques, période créatrice !}}{{sfn|Muron|1995|p=96-97|loc=|id=}}.


Les châssis-mécaniques CBA sont fabriqués à Monplaisir, le montage de leur carrosserie en bois est effectué au rythme de 40 par jour à Vénissieux. Au {{2e}} semestre 1918 sortiront {{unité|1025|chars}} [[Char Renault FT|Renault FT]]<ref> Article " le char léger Renault FT 17 " par C.H. Tavard in l'Automobiliste {{n°|50}}, 1978 {{p.|19-43}} </ref>. {{unité|12000| personnes}} travaillent chez Automobiles M. Berliet<ref> L'entreprise Berliet adopte le statut de société anonyme par actions en 1917, sa raison sociale devenant Automobiles Marius Berliet. Après absorption de Saviem en 1978, sa dénomination sera Renault Véhicules Industriels.</ref>.
Les châssis-mécaniques CBA sont fabriqués à Monplaisir, le montage de leur carrosserie en bois est effectué au rythme de 40 par jour à Vénissieux. Au {{2e}} semestre 1918 sortiront {{unité|1025|chars}} [[Char Renault FT|Renault FT]]<ref>Article " le char léger Renault FT 17 " par C.H. Tavard in l'Automobiliste {{n°|50}}, 1978 {{p.|19-43}}.</ref>. {{unité|12000| personnes}} travaillent chez Automobiles M. Berliet<ref>L'entreprise Berliet adopte le statut de société anonyme par actions en 1917, sa raison sociale devenant Automobiles Marius Berliet. Après absorption de Saviem en 1978, sa dénomination sera Renault Véhicules Industriels.</ref>.


Parallèlement aux installations industrielles, Marius Berliet développe des œuvres sociales : la crèche, créée en février 1917 <ref> Isabelle Lisowski, mémoire de maîtrise d'histoire Faculté de Lettres Lyon 3 " Marius Berliet et la Société des Automobiles M. Berliet des origines à 1939" 1989-1991, {{p.|207}} </ref>, est animée par l'épouse de Marius, la cité <ref>{{Base Mérimée|IA69000055|Cité ouvrière dite Cité Berliet}}.</ref>{{,}}<ref> idem référence précédente {{p.|211}} </ref> sur la commune de Saint-Priest, dont la construction qui débute en 1917, comptera 250 familles en 1925, la ferme <ref> idem référence précédente {{p.|213}} </ref>, qui utilise les terrains de la réserve foncière de Saint-Priest à l'élevage et à la culture céréalière. Une école sera créée, la Cité étant excentrée par rapport à Vénissieux et Saint-Priest.
Parallèlement aux installations industrielles, Marius Berliet développe des œuvres sociales : la Crèche, créée en {{date-|février 1917}}<ref>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Isabelle |nom1= Lisowski|titre=Marius Berliet et la Société des Automobiles M. Berliet des origines à 1939 |nature ouvrage= mémoire de maîtrise d'histoire|sous-titre= |lieu= |éditeur= Faculté des Lettres Lyon-III|collection= |année=1991 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.207 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>, est animée par l'épouse de Marius ; la Cité<ref>{{Base Mérimée|IA69000055|Cité ouvrière dite Cité Berliet}}.</ref>{{,}}{{sfn|Lisowski|1991|p=211|loc=|id=}} sur la commune de Saint-Priest, dont la construction qui débute en 1917, comptera 250 familles en 1925 ; la Ferme{{sfn|Lisowski|1991|p=213|loc=|id=}}, qui utilise les terrains de la réserve foncière de Saint-Priest à l'élevage et à la culture céréalière. Une école sera créée, la Cité étant excentrée par rapport à Vénissieux et Saint-Priest.


La pratique des sports est facilitée par la fondation de l'Union Sportive Berliet (USB) <ref> idem référence précédente {{p.|217}} </ref> et la mise à disposition d'un stade en 1920.
La pratique des sports est facilitée par la fondation de l'Union Sportive Berliet (USB){{sfn|Lisowski|1991|p=217|loc=|id=}} et la mise à disposition d'un stade en 1920.


À partir du 3 novembre 1919, le gouvernement autorisant la vente des surplus de l'armée française et des stocks américains, les livraisons et les commandes se tarissent brusquement<ref> Louis Muron, " Marius Berliet, 1866-1949 " Éditions Lugd, 1995 </ref>.
À partir du {{date-|3 novembre 1919}}, le gouvernement autorisant la vente des surplus de l'armée française et des stocks américains, les livraisons et les commandes se tarissent brusquement{{sfn|Muron|1995|p=|loc=|id=}}.


=== L'entre deux guerres ===
=== L'entre deux guerres ===
La chute d'activité contraint Marius Berliet à demander l'application de la loi du 2 juillet 1919, c'est-à-dire le recours au règlement transactionnel <ref> Cette loi institue une forme de dépôt de bilan pour les entreprises brutalement privées de commandes après l'armistice.</ref> prononcé le 21 avril 1921. Le pouvoir est assumé par trois banques, M.Pariset, délégué du Crédit Lyonnais étant nommé président du Conseil d'Administration. Marius Berliet, qui devient administrateur délégué chargé des bureaux d'études et des fabrications, doit renoncer à son droit de vote aux assemblées générales et ne peut rien décider sans autorisation <ref> Louis Muron " Marius Berliet, 1866-1949 ", Éditions Lugd, 1995, {{p.|99}} </ref>.


La chute d'activité contraint Marius Berliet à demander l'application de la loi du {{date-|2 juillet 1919}}, c'est-à-dire le recours au règlement transactionnel<ref>Cette loi institue une forme de dépôt de bilan pour les entreprises brutalement privées de commandes après l'armistice.</ref> prononcé le {{date-|21 avril 1921}}. Le pouvoir est assumé par trois banques, M.Pariset, délégué du Crédit Lyonnais étant nommé président du Conseil d'Administration. Marius Berliet, qui devient administrateur délégué chargé des bureaux d'études et des fabrications, doit renoncer à son droit de vote aux assemblées générales et ne peut rien décider sans autorisation{{sfn|Muron|1995|p=99|loc=|id=}}.
Des économies, la diversification des productions, la croissance des ventes à l'exportation contribuent à assainir la situation financière. En 1929, l'ensemble des créanciers est remboursé. Marius reprend le contrôle de ses usines <ref> idem référence précédente - {{p.|115}} </ref>.


Des économies, la diversification des productions, la croissance des ventes à l'exportation contribuent à assainir la situation financière. En 1929, l'ensemble des créanciers est remboursé. Marius reprend le contrôle de ses usines{{sfn|Muron|1995|p=115|loc=|id=}}.
Convaincu que le moteur qui fonctionne au gasoil est l'avenir du transport routier, il s'engage dans cette voie dès 1930. Durant cette décennie, il continue de fabriquer voitures de tourisme, camions, camionnettes, tracteurs, autobus inter et urbains, engins de voirie, incendie, travaux publics, automotrices, autorails, locotracteurs, trolleybus, voitures et camions tout terrain et armée <ref> Saint-Loup, " Marius Berliet l'inflexible", Éditions Les Presses de la Cité - 1962 </ref>. Il devient le leader du transport routier en France.


Convaincu que le moteur qui fonctionne au gazole est l'avenir du transport routier, il s'engage dans cette voie dès 1930. Durant cette décennie, il continue de fabriquer voitures de tourisme, camions, camionnettes, tracteurs, autobus inter et urbains, engins de voirie, incendie, travaux publics, automotrices, autorails, locotracteurs, trolleybus, voitures et camions tout terrain et armée<ref>Saint-Loup, " Marius Berliet l'inflexible", Éditions Les Presses de la Cité - 1962.</ref>. Il devient le leader du transport routier en France.
En mars-avril 1934, des dispositions " coordination rail-route " des décrets Dautry <ref> Décrets rail-route: coordination des transports ferroviaires et routiers: J.O. du 20 avril 1934 {{p.|3964-3966}} </ref> freinent l'industrie française de véhicules industriels dont la production décline. En 1936, la France produit {{unité|25000|véhicules}} contre {{unité|28159|}} en 1933, l'Allemagne {{unité|76000|}} contre {{unité|13222|}}, la Grande-Bretagne {{unité|104000|}} contre {{unité|64377|}}<ref> AFB: L'Argus {{n°|506}} bis 25/05/1937 statistiques annuelles </ref>.


En mars-{{date-|avril 1934}}, des dispositions « coordination rail-route » des décrets Dautry<ref>Décrets rail-route: coordination des transports ferroviaires et routiers: J.O. du 20 avril 1934 {{p.|3964-3966}}.</ref> freinent l'industrie française de véhicules industriels dont la production décline. En 1936, la France produit {{unité|25000|véhicules}} contre {{unité|28159|}} en 1933, l'Allemagne {{unité|76000|}} contre {{unité|13222|}}, la Grande-Bretagne {{unité|104000|}} contre {{unité|64377|}}<ref>AFB: L'Argus {{n°|506}} bis 25/05/1937 statistiques annuelles.</ref>.
Alors que le mouvement de grèves du Front Populaire intervient en juin 1936 chez les concurrents automobiles, la grève chez Berliet débute le 18 mars 1937, assortie d'un lock-out suivi le 31 mars d'une reprise progressive sous surveillance policière. La grève se termine vers le 18 avril sans négociation avec la [[Confédération générale du travail|CGT]]. Il est hors de question de traiter avec des délégués accompagnés de personnes politiques ou extérieures à l'entreprise qui puisent leurs revendications dans la théorie des [[Soviet|soviets]] <ref> Monique Chapelle, Berliet, Éditions Le Télégramme 2005, {{p.|99}} </ref>.

Alors que le mouvement de grèves du Front populaire intervient en {{date-|juin 1936}} chez les concurrents automobiles, la grève chez Berliet débute dès le {{date-|18 mars 1936}}, assortie d'un lock-out suivi le {{date-|31 mars}} d'une reprise progressive sous surveillance policière. La grève se termine vers le {{date-|18 avril}} sans négociation avec la [[Confédération générale du travail|CGT]]. Il est hors de question de traiter avec des délégués accompagnés de personnes politiques ou extérieures à l'entreprise qui puisent leurs revendications dans la théorie des [[soviet]]s<ref>{{Ouvrage|langue=fr|titre=Berliet |prénom1=Monique|nom1=Chapelle|préface=[[Paul Berliet]]|lieu=Brest |éditeur=Ed. le Télégramme|année=2005|pages totales=118|isbn=978-2-848-33139-3|oclc=420241252}}</ref>.


En 1939, Marius Berliet arrête la production de voitures de tourisme.
En 1939, Marius Berliet arrête la production de voitures de tourisme.


=== La décennie 1940 ===
=== La décennie 1940 ===
Le {{date-|30 septembre 1939}}, ordre de réquisition des usines Berliet, signé [[Raoul Dautry]], ministre de l'Armement, {{Citation|tenant compte de ce que, à la date du 26 septembre 1939, aucune mesure n'a été prise pour la mise en route des fabrications de guerre}}{{sfn|Muron|1995|p=|loc=|id=}}. À la débâcle, l'industriel retrouve ses usines. Dans le souci de préserver l'emploi - quelque {{unité|6000|personnes}} - il fabrique les Gazobois qu'il a mis au point entre les deux guerres et qui équipent les véhicules de la [[Zone libre|zone sud]].


Tout en étant en zone libre, Marius Berliet subit les décisions prises par l'armée d'occupation en zone occupée en raison de la succursale-atelier Berliet de Courbevoie considérée sous réquisition au même titre que Renault, Citroën et les autres{{sfn|Muron|1995|p=171|loc=|id=}}. À ce titre, le GBK, groupement militaire allemand qui dirige et contrôle l'industrie et le commerce automobile en Allemagne et dans les territoires occupés, relayé pour la France par le [[Comité d'organisation (Vichy)|comité d'organisation de l'Automobile]], accorde des « bons matières » à condition que les produits ou pièces soient livrés à l'occupant.
Le 30 septembre 1939, ordre de réquisition des usines Berliet, signé [[Raoul Dautry]], ministre de l'Armement, {{Citation|tenant compte de ce que, à la date du 26 septembre 1939, aucune mesure n'a été prise pour la mise en route des fabrications de guerre}} <ref> Louis Muron, Marius Berliet, Éditions Lugd, 1995 </ref>. À la débâcle, l'industriel retrouve ses usines. Dans le souci de préserver l'emploi - quelque {{unité|6000|personnes}} - il fabrique les gazobois qu'il a mis au point entre les deux guerres et qui équipent les véhicules de la [[Zone libre|zone sud]].


En {{date-|juillet 1942}}, Marius Berliet rédige son testament : {{Citation|Je stipule expressément que, dès l'instant de mon décès, j'entends que la gérance soit exercée immédiatement par mes quatre fils : Paul, Henri, Jean et Maurice. J'exprime mon intention que le rôle essentiel soit exercé à titre de gérant principal par Paul auquel ses frères doivent faire confiance… dans la pensée de respecter ma mémoire et de continuer mon œuvre.}}{{sfn|Chapelle|2005|p=50|loc=|id=}}.
Tout en étant en zone libre, Marius Berliet subit les décisions prises par l'armée d'occupation en zone occupée en raison de la succursale-atelier Berliet de Courbevoie considérée sous réquisition au même titre que Renault, Citroën et les autres <ref> Louis Muron " Marius Berliet ", Éditions Lugd, 1995 {{p.|171}} </ref>. À ce titre, le GBK, groupement militaire allemand qui dirige et contrôle l'industrie et le commerce automobile en Allemagne et dans les territoires occupés, relayé pour la France par le comité d'organisation de l'Automobile, accorde des bons "matières" à condition que les produits ou pièces soient livrés à l'occupant.


Après la publication, en {{date-|septembre 1942}} de la loi instituant le [[Service du travail obligatoire (France)|service du travail obligatoire]] (STO) et devant les réticences de Berliet à désigner des ouvriers pour partir en Allemagne, les services de la Préfecture établissent une liste de {{unité|1500|noms}} réduite, à la suite des protestations de l'industriel, à 435 personnes et qui compte deux de ses fils Henri et Maurice{{sfn|Muron|1995|p=176|loc=|id=}}.
En juillet 1942, Marius Berliet rédige son testament :{{Citation|Je stipule expressément que, dès l'instant de mon décès, j'entends que la gérance soit exercée immédiatement par mes quatre fils : Paul, Henri, Jean et Maurice. J'exprime mon intention que le rôle essentiel soit exercé à titre de gérant principal par Paul auquel ses frères doivent faire confiance … dans la pensée de respecter ma mémoire et de continuer mon œuvre.}} <ref> Monique Chapelle " Berliet", Éditions Le Télégramme Brest 2005 </ref>.


En 1943, la production baisse à 8 véhicules par jour. En {{date-|octobre 1943}}, sur dénonciation anonyme de dissimulation à Vénissieux d'étain et de cuivre, Paul Berliet est interrogé par la Gestapo dont les investigations restent vaines car les métaux sont cachés à Monplaisir.
Après la publication, en septembre 1942 de la loi instituant le [[Service du travail obligatoire (France)|service du travail obligatoire]] (STO) et devant les réticences de Berliet à désigner des ouvriers pour partir en Allemagne, les services de la Préfecture établissent une liste de {{unité|1500|noms}} réduite, à la suite des protestations de l'industriel, à 435 personnes et qui compte deux de ses fils Henri et Maurice <ref> Louis Muron " Marius Berliet ", Éditions Lugd, p.176 </ref>.


Les usines de Vénissieux sont bombardées par les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] dans la nuit du {{1er}} au {{date-|2 mai 1944}} anéantissant la Cité Berliet dont les habitants avaient été évacués et endommageant plusieurs bâtiments industriels, la forge et la fonderie étant inutilisables<ref>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Gérard |nom1=Deglas |titre= Recherche sur les usines Berliet 1914-1949|nature document=mémoire de maîtrise, |sous-titre= |lieu= |éditeur=Université Paris 1 |collection= |année=1977 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.55 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>.
En 1943, la production baisse à 8 véhicules par jour. En octobre 1943, sur dénonciation anonyme de dissimulation à Vénissieux d'étain et de cuivre, Paul Berliet est interrogé par la Gestapo dont les investigations restent vaines car les métaux sont cachés à Monplaisir.


La production de véhicules Berliet a décliné entre 1940 et 1944 : {{formatnum:6416}} en 1940, {{formatnum:3098}} en 1941, {{formatnum:2378}} en 1942, {{formatnum:1528}} en 1943, 996 en 1944{{sfn|Deglas|1977|p=52 et 55|loc=|id=}}.
Les usines de Vénissieux sont bombardées par les [[Alliés de la Seconde Guerre mondiale|Alliés]] dans la nuit du {{1er}} au 2 mai 1944 anéantissant la Cité Berliet dont les habitants avaient été évacués et endommageant plusieurs bâtiments industriels, la forge et la fonderie étant inutilisables <ref> Gérard Deglas, " Recherche sur les usines Berliet 1914-1949 ", mémoire de maîtrise, Université Paris 1, {{p.|55}} </ref>.


Du {{date-|1 octobre 1940}} au {{date-|31 juillet 1944}}, l'industrie française a livré {{unité|116917|véhicules}} aux autorités allemandes et {{unité|20771|}} au secteur civil français :
La production de véhicules Berliet a décliné entre 1940 et 1944 : 6416 en 1940, 3098 en 1941, 2378 en 1942, 1528 en 1943, 996 en 1944<ref> Gérard Deglas " Recherches sur les usines Berliet 1914 - 1949, mémoire de maitrise, Université Paris 1, pp 52, 55 </ref>.
* Renault : {{unité|32877|véhicules}} soit 28,11 % à l'armée allemande, {{formatnum:1697}}, soit 8,17 % au secteur civil ;
* Citroën : {{unité|32248|véhicules}} soit 27,58 % à l'armée allemande, {{formatnum:2052}}, soit 9,87 % au secteur civil ;
* Peugeot : {{unité|22658|véhicules}} soit 19,37 % à l'armée allemande, {{formatnum:3309}}, soit 15,43 % au secteur civil ;
* Ford : {{unité|10620|véhicules}} soit 9,08 % à l'armée allemande, {{formatnum:2405}}, soit 11,57 % au secteur civil ;
* Berliet : {{unité|2389|véhicules}} soit 2,04 % à l'armée allemande, {{formatnum:6548}}, soit 31,52 % au secteur civil{{sfn|Muron|1995|p=194|loc=|id=}}.


À la libération de Lyon, Marius Berliet, sur décision du [[Commissaire de la République institué par le Gouvernement provisoire de la République française|commissaire de la République]] [[Yves Farge]], est arrêté le {{date-|4 septembre 1944}}. À la [[prison Montluc]], il échappe à une exécution sauvage grâce à un délégué de la Croix-rouge{{sfn|Chapelle|2005|p=16|loc=|id=}}.
Du {{date-|1 octobre 1940}} au 31 juillet 1944, l'industrie française a livré {{unité|116917|véhicules]] aux autorités allemandes et {{unité|20771|}} au secteur civil français:
Le lendemain, le commissaire de la République place sous [[Séquestre (droit)|séquestre]] les usines Berliet et nomme Marcel Mosnier administrateur séquestre{{sfn|Muron|1995|p=184|loc=|id=}} appliquant la loi du {{date-|10 septembre 1940}}<ref>Loi du 10 septembre 1940 prévoyant la nomination d'administrateurs provisoires des entreprises privées de leurs dirigeants, sur Légifrance [https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006070674&dateTexte=20071221].</ref>.


Constatant que Marius Berliet avait réparti les actions d'Automobiles M. Berliet entre ses sept enfants depuis 1942, le Commissaire de la République fait incarcérer les quatre fils, Jean, Henri, Maurice et Paul. {{Citation|On était à {{unité|100|km}} de penser que nous étions devant une révolution marxiste.}} confiera Paul Berliet à l'historien Renaud de Rochebrune{{sfn|Rochebrune|Hazera|2013|p=83|loc=|id=}}.
Renault : 32877 véhicules soit 28,11 % à l'armée allemande, 1697, soit 8,17 % au secteur civil,


Maurice et Henri, après quelques mois de prison, renvoyés devant la [[Cour de justice (ordonnance du 26 juin 1944)|chambre civique]]{{sfn|Rochebrune|Hazera|2013|p=89|loc=|id=}}, retrouveront la liberté en janvier et {{date-|avril 1946}}<ref>AFB " C'était Madame Marius Berliet" Monique Chapelle, 1998, p.22.</ref>.
Citroën : 32248 véhicules soit 27,58 % à l'armée allemande, 2052, soit 9,87 % au secteur civil,


Marius, transféré à l'[[hôpital de l'Antiquaille]], puis à l'infirmerie Saint-Joseph, est opéré de la prostate le {{date-|5 février 1945}}. Il subira son premier interrogatoire le {{date-|20 juillet 1945}} et cinq autres suivront<ref>idem référence précédente {{p.|24}}.</ref>.
Peugeot : 22658 véhicules soit 19,37 % à l'armée allemande, 3309, soit 15,43 % au secteur civil,


Le procès qui débute le {{date-|3 juin}} et dure six jours se déroule dans un climat passionnel et médiatique défavorable. À titre d'exemple, des photos censées prouver que Berliet avait fabriqué des automitrailleuses pour les Allemands représentaient en fait des véhicules militaires destinés aux Polonais en 1934{{sfn|Rochebrune|Hazera|2013|p=90|loc=|id=}}. Son procès n'évoque pas l'appui apporté à l'[[agence de presse Inter-France]].
Ford : 10620 véhicules soit 9,08 % à l'armée allemande, 2405, soit 11,57 % au secteur civil,


Le {{date-|8 juin 1946}}, le jury estimant que les prévenus (Marius, ses fils Jean et Paul) étaient {{Citation|coupables d'avoir sciemment accompli un ou plusieurs actes de nature à nuire à la défense nationale}}, le Président rend le verdict suivant : Marius est condamné à deux ans de prison, à la confiscation de tous les biens présents et à venir, à l'interdiction de séjour dans les départements de la Seine, Seine et Oise, Rhône et départements limitrophes. Il est également condamné à l'[[indignité nationale]]{{sfn|Muron|1995|p=195|loc=|id=}}. Compte tenu de son état de santé après plusieurs interventions chirurgicales et de l'aggravation de sa [[maladie cardiovasculaire]], la [[Cour de justice (ordonnance du 26 juin 1944)|cour de justice]] commue sa peine de prison en assignation à résidence surveillée et sous surveillance médicale judiciaire à Cannes{{sfn|Muron|1995|p=195|loc=|id=}}.
Berliet : 2389 véhicules soit 2,04 % à l'armée allemande, 6548, soit 31,52 au secteur civil<ref> Louis Muron " Marius Berliet ", Éditions Lugd, 1995, {{p.|194}} </ref>.


Le lutteur exilé et malade reste pugnace. Entre 1946 et 1949, date de sa mort, il rédige des centaines de lettres, tracts et brochures ''La Vérité sur l'affaire Berliet'', ''Expérience soviétique chez Berliet'' qu'il expédie à des personnalités de l'administration, de la politique, du milieu des affaires{{sfn|Rochebrune|Hazera|2013|p=97|loc=|id=}}.
A la libération de Lyon, Marius Berliet, sur décision du [[Commissaire de la République institué par le Gouvernement provisoire de la République française|commissaire de la République]] [[Yves Farge]], est arrêté le 4 septembre 1944. À la [[prison Montluc]], il échappe à une exécution sauvage grâce à un délégué de la Croix-rouge <ref> Monique Chapelle " Berliet ", Éditions Le Télégramme, 2005 {{p.|16}} </ref>.
Le lendemain, le commissaire de la République place sous [[Séquestre (droit)|séquestre]] les usines Berliet et nomme Marcel Mosnier administrateur séquestre<ref> Louis Muron " Marius Berliet ", Éditions Lugd, 1995, {{p.|184}} </ref> appliquant la loi du 10 septembre 1940 <ref>Loi du 10 septembre 1940 prévoyant la nomination d'administrateurs provisoires des entreprises privées de leurs dirigeants, sur Légifrance [https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=LEGITEXT000006070674&dateTexte=20071221].</ref>.


La conviction de la justesse de sa cause est renforcée par une déclaration du Général de Gaulle du {{date-|12 novembre 1947}} : {{Citation|Il n'y a aucune loi qui prévoit que certaines nationalisations doivent se perpétuer. Pour ma part, je ne vois aucune raison pour que le régime absurde qualifié d'expérience Berliet continue pour cette usine}}{{sfn|Rochebrune|Hazera|2013|p=99|loc=|id=}}.
Constatant que Marius Berliet avait réparti les actions d'Automobiles M. Berliet entre ses sept enfants depuis 1942, le Commissaire de la République fait incarcérer les quatre fils, Jean, Henri, Maurice et Paul. {{Citation|On était à {{unité|100|km}} de penser que nous étions devant une révolution marxiste.}} confiera Paul Berliet à l'historien Renaud de Rochebrune <ref> Renaud de Rochebrune, Jean-Claude Hazera, " les patrons sous l'occupation", Éditions Odile Jacob, 1995, {{p.|83}} </ref>.


À son fils Paul sorti de prison en 1948, il écrit : {{Citation|Tu dois te préparer sérieusement de prendre en main la direction des usines désorganisées par des démagogues… Quant à la décision du Conseil d'État, sa teneur ne fait aucun doute. C'est la restitution pure et simple des usines qui nous ont été volées par une bande de partisans sans mandat judiciaire.}}{{sfn|Muron|1995|p=200|loc=|id=}}.
Maurice et Henri, après quelques mois de prison, renvoyés devant la [[Cour de justice (ordonnance du 26 juin 1944)|chambre civique]]<ref> idem référence précédente {{p.|89}} </ref>, retrouveront la liberté en janvier et avril 1946 <ref> AFB " C'était Madame Marius Berliet" Monique Chapelle, 1998, p.22 </ref>.


Au début de l'année 1949, Marius Berliet subit une nouvelle intervention chirurgicale et s'éteint à Cannes le {{date-|17 mai 1949}}.
Marius, transféré à l'[[hôpital de l'Antiquaille]], puis à l'infirmerie Saint-Joseph, est opéré de la prostate le 5 février 1945. Il subira son premier interrogatoire le 20 juillet 1945 et cinq autres suivront <ref> idem référence précédente {{p.|24}} </ref>.


Chez Automobiles M. Berliet, après le décret de séquestre signé par Y. Farge, la composition du Comité de gestion nommé par Marcel Mosnier étant approuvée par le préfet, l'usine tourne sans patron. Le Comité crée des organismes qui constituent un quadrillage syndical jusqu'au niveau des sections d'ateliers, le comité central d'entreprise, le comité social, les comités des bâtiments, des assemblées périodiques de compte-rendu<ref>{{Ouvrage |langue= |prénom1=Marcel |nom1=Peyrenet |titre=Nous prendrons les usines |sous-titre= |lieu= |éditeur=Éditions Garance |collection= |année=1980 |volume= |tome= |pages totales= |passage=p.12 |isbn=2051002142 |lire en ligne= }}.</ref>. Cet organigramme est parallèle à la hiérarchie technique.
Le procès qui débute le 3 juin et dure six jours se déroule dans un climat passionnel et médiatique défavorable. À titre d'exemple, des photos censées prouver que Berliet avait fabriqué des automitrailleuses pour les Allemands représentaient en fait des véhicules militaires destinés aux Polonais en 1934 <ref> Renaud de Rochebrune, Jean-Claude Hazera, " les patrons sous l'occupation", Éditions Odile Jacob, 1995, {{p.|90}} </ref>.


La plus grande expérience de gestion ouvrière de l'après-guerre{{sfn|Rochebrune|Hazera|2013|p=27|loc=|id=}} se déroule alors que l'union est le mot d'ordre constamment répété.
Le 8 juin 1946, le jury estimant que les prévenus (Marius, ses fils Jean et Paul) étaient {{Citation|coupables d'avoir sciemment accompli un ou plusieurs actes de nature à nuire à la défense nationale}}, le Président rend le verdict suivant : Marius est condamné à deux ans de prison, à la confiscation de tous les biens présents et à venir, à l'interdiction de séjour dans les départements de la Seine, Seine et Oise, Rhône et départements limitrophes. Il est également condamné à l'[[indignité nationale]] <ref> Louis Muron " Marius Berliet", Éditions Lugd, 1995, {{p.|195}} </ref>. Compte tenu de son état de santé après plusieurs interventions chirurgicales et de l'aggravation de sa [[maladie cardiovasculaire]], la [[Cour de justice (ordonnance du 26 juin 1944)|cour de justice]] commue sa peine de prison en assignation à résidence surveillée et sous surveillance médicale judiciaire à Cannes <ref> idem référence précédente , page 195 </ref>.
Le lutteur exilé et malade reste pugnace. Entre 1946 et 1949, date de sa mort, il rédige des centaines de lettres, tracts et brochures "La Vérité sur l'affaire Berliet", "Expérience soviétique chez Berliet" qu'il expédie à des personnalités de l'administration, de la politique, du milieu des affaires <ref> Renaud de Rochebrune - Jean-Claude Hazera "les patrons sous l'occupation" Éditions Odile Jacob, {{p.|97}} </ref>.


Mais dès 1945, le groupe qui entraîne l'expérience et où les communistes sont en majorité se détache progressivement de la masse indifférente{{sfn|Peyrenet|1980|p=70|loc=|id=}}.
La conviction de la justesse de sa cause est renforcée par une déclaration du Général de Gaulle du 12 novembre 1947 :{{Citation|Il n'y a aucune loi qui prévoit que certaines nationalisations doivent se perpétuer. Pour ma part, je ne vois aucune raison pour que le régime absurde qualifié d'expérience Berliet continue pour cette usine}} <ref> idem précédente référence p.99 </ref>.


Après le procès des dirigeants Berliet et avant l'assemblée des actionnaires, [[Marcel Paul]], communiste, ministre de la production industrielle, signe un arrêté nommant Marcel Mosnier administrateur provisoire lui conférant les pouvoirs de gestion les plus étendus{{sfn|Peyrenet|1980|p=122|loc=|id=}}.
À son fils Paul sorti de prison en 1948, il écrit :{{Citation|Tu dois te préparer sérieusement de prendre en main la direction des usines désorganisées par des démagogues … Quant à la décision du Conseil d'État, sa teneur ne fait aucun doute. C'est la restitution pure et simple des usines qui nous ont été volées par une bande de partisans sans mandat judiciaire.}} <ref> Louis Muron, " Marius Berliet ", Éditions Lugd, 1995, {{p.|200}} </ref>.


Tandis que les actionnaires formulent un [[Recours pour excès de pouvoir en France|recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d'État]], pour beaucoup, l'entreprise est devenue une base communiste{{sfn|Peyrenet|1980|p=160|loc=|id=}}. Ne pouvant supporter l'autoritarisme de l'appareil de direction, les ingénieurs, cadres et techniciens se mettent en grève le {{date-|5 novembre 1947}}{{sfn|Muron|1995|p=197|loc=|id=}}. Depuis le {{date-|4 mai 1947}}, les communistes ne font plus partie du gouvernement. Le nouveau ministre de la production industrielle, le socialiste [[Robert Lacoste]] prend un arrêté le {{date-|10 décembre 1947}} mettant fin aux fonctions du communiste Marcel Mosnier et nommant Henry Ansay, son directeur de cabinet administrateur provisoire{{sfn|Muron|1995|p=199|loc=|id=}}.
Au début de l'année 1949, Marius Berliet subit une nouvelle intervention chirurgicale et s'éteint à Cannes le 17 mai 1949.


Avec l'éviction de Marcel Mosnier, l'expérience Berliet tourne une page. Une politique de normalisation liquide les organismes créés par la première administration séquestre{{sfn|Peyrenet|1980|p=191 et 193|loc=|id=}}.
Chez Automobiles M. Berliet, après le décret de séquestre signé par Y. Farge, la composition du Comité de gestion nommé par Marcel Mosnier étant approuvée par le préfet, l'usine tourne sans patron. Le Comité crée des organismes qui constituent un quadrillage syndical jusqu'au niveau des sections d'ateliers, le comité central d'entreprise, le comité social, les comités des bâtiments, des assemblées périodiques de compte-rendu <ref> Marcel Peyrenet " Nous prendrons les usines " Éditions Garance, 1980, {{p.|12}} </ref>. Cet organigramme est parallèle à la hiérarchie technique.
La plus grande expérience de gestion ouvrière de l'après-guerre <ref> Renaud de Rochebrune - Jean-Claude Hazera " les patrons sous l'occupation", Éditions Odile Jacob, 1995, {{p.|27}} </ref> se déroule alors que l'union est le mot d'ordre constamment répété.


Pendant les années 1948 et 1949, une bataille parlementaire s'est engagée autour du projet de nationalisation de Berliet. Pas moins de vingt projets ont été déposés{{sfn|Muron|1995|p=201|loc=|id=}}.
Mais dès 1945, le groupe qui entraîne l'expérience et où les communistes sont en majorité se détache progressivement de la masse indifférente <ref> Marcel Peyrenet " Nous prendrons les usines " Éditions Garance, 1980, {{p.|70}} </ref>.


Le {{date-|22 juillet 1949}}, le Conseil d'État déclare entaché d'excès de pouvoir l'arrêté du {{date-|1 août 1946}} nommant Marcel Mosnier administrateur provisoire{{sfn|Rochebrune|Hazera|2013|p=101|loc=|id=}}. Après diverses péripéties juridiques, le Conseil d'État, le {{date-|28 décembre 1949}}, en référence à l'ordonnance du {{date-|19 octobre 1944}} qui précise que {{Citation|les décisions des commissaires régionaux de la République ou des préfets pourront faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir}}, restitue les usines à la famille Berliet{{sfn|Muron|1995|p=201|loc=|id=}}.
Après le procès des dirigeants Berliet et avant l'assemblée des actionnaires, [[Marcel Paul]], communiste, ministre de la production industrielle, signe un arrêté nommant Marcel Mosnier administrateur provisoire lui conférant les pouvoirs de gestion les plus étendus <ref> idem référence précédente p. 122 </ref>.

Tandis que les actionnaires procèdent à un recours en Conseil d'État pour abus de pouvoir, pour beaucoup, l'entreprise est devenue une base communiste <ref> idem référence précédente {{p.|160}} </ref>. Ne pouvant supporter l'autoritarisme de l'appareil de direction, les ingénieurs, cadres et techniciens se mettent en grève le 5 novembre 1947 <ref> Louis Muron " Marius Berliet ", Éditions Lugd, 1995, {{p.|197}} </ref>. Depuis le 4 mai 1947, les communistes ne font plus partie du gouvernement. Le nouveau ministre de la production industrielle, le socialiste [[Robert Lacoste]] prend un arrêté le 10 décembre 1947 mettant fin aux fonctions du communiste Marcel Mosnier et nommant Henry Ansay, son directeur de cabinet administrateur provisoire <ref> idem référence précédente {{p.|199}} </ref>.

Avec l'éviction de Marcel Mosnier, l'expérience Berliet tourne une page. Une politique de normalisation liquide les organismes créés par la première administration séquestre <ref> Marcel Peyrenet " Nous prendrons les usines " Éditions Garance, 1980, pp 191,193 </ref>.

Pendant les années 1948 et 1949, une bataille parlementaire s'est engagée autour du projet de nationalisation de Berliet. Pas moins de vingt projets ont été déposés <ref> Louis Muron " Marius Berliet ", Éditions Lugd, 1995, {{p.|201}} </ref>.

Le 22 juillet 1949, le Conseil d'État déclare entaché d'excès de pouvoir l'arrêté du {{date-|1 août 1946}} nommant Marcel Mosnier administrateur provisoire <ref> Renaud de Rochebrune - Jean-claude Hazera " les patrons sous l'occupation ", Éditions Odile Jacob, 1995, p.101 </ref>. Après diverses péripéties juridiques, le Conseil d'État, le 28 décembre 1949, en référence à l'ordonnance du 19 octobre 1944 qui précise que {{Citation|les décisions des commissaires régionaux de la République ou des préfets pourront faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir}}, restitue les usines à la famille Berliet <ref> Louis Muron " Paul Berliet ", Éditions Lugd, 1995, {{p.|201}} </ref>.


=== Postérité ===
=== Postérité ===
Il existe une rue Marius-Berliet dans le [[8e arrondissement de Lyon|{{8e|arrondissement}}]] de [[Lyon]]. L'hôtel de police qui y est situé (au numéro 40) est fréquemment appelé {{Citation|commissariat Marius-Berliet}} par la presse.
Il existe une rue Marius-Berliet dans le [[8e arrondissement de Lyon|{{8e|arrondissement}}]] de [[Lyon]], antérieurement fragment de la route d'Heyrieux<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Catherine Chambon|titre=Lyon 8e arrondissement - Histoire et métamorphose|passage=189|lieu=Lyon|éditeur=Editions Lyonnaise d'Art et d'Histoire|date=septembre 2009|pages totales=199|isbn=9782841472024}}</ref>. L'hôtel de police qui y est situé (au numéro 40) est fréquemment appelé {{Citation|commissariat Marius-Berliet}} par la presse.


== Distinctions ==
== Distinctions ==
* [[Image:Legion Honneur Chevalier ribbon.svg|65px|Chevalier de la Légion d'Honneur]] Chevalier de la [[Légion d'honneur]] en 1911, insigne remis par le maire de Lyon, [[Édouard Herriot]] <ref>{{Base Léonore|19800035/723/82209|Notice LH de Marius Berliet}}.</ref> le 9 décembre 1911.
* [[Image:Legion Honneur Chevalier ribbon.svg|65px|Chevalier de la Légion d'Honneur]] Chevalier de la [[Légion d'honneur]] en 1911, insigne remis par le maire de Lyon, [[Édouard Herriot]], le {{date-|9 décembre 1911}}<ref>{{Base Léonore|19800035/723/82209|Notice LH de Marius Berliet}}.</ref>.

== Notes et références ==
* {{Autorité}}
{{Références|colonnes=2}}


== Voir aussi ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
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* Bernadette Angleraud, Catherine Pellissier, ''Les dynasties lyonnaises ; Des Morin-Pons aux Mérieux du {{s-|XIX}} à nos jours.'', 2003, Perrin, Paris, 830 p., {{ISBN|2-262-01196-6}} {{plume}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Patrice|nom1=Béghain|prénom2=Bruno|nom2=Benoit|prénom3=Gérard|nom3=Corneloup|prénom4=Bruno|nom4=Thévenon|titre=Dictionnaire historique de Lyon|éditeur=Stéphane Bachès|année=2009|lieu=Lyon|pages totales=1504|isbn=978-2-915266-65-8|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Patrice |nom1=Béghain |prénom2=Bruno |nom2=Benoit |prénom3=Gérard |nom3=Corneloup |prénom4=Bruno |nom4=Thévenon |titre=Dictionnaire historique de Lyon |lieu=Lyon |éditeur=Stéphane Bachès |année=2009 |pages totales=1504 |isbn=978-2-915266-65-8 |plume=oui}}
* Bernadette Angleraud, Catherine Pellissier, ''Les dynasties lyonnaises ; Des Morin-Pons aux Mérieux du {{s mini-|XIX|e}} siècle à nos jours.'', 2003, Perrin, Paris, 830 p., {{ISBN|2-262-01196-6}} {{plume}}
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* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Marius Berliet : 1866-1949|prénom1=Louis|nom1=Muron|lieu=Lyon|éditeur=Editions LUGD|année=1995|pages totales=201|isbn=978-2-841-47022-8|oclc=409241900}}.
* {{Chapitre|auteur1=Jean(François Grevet|titre chapitre=Marius et Paul Berliet|auteurs ouvrage=Jean-Claude Daumas (dir.)|titre ouvrage=Dictionnaire historique des patrons français|lieu=Paris|éditeur=Flammarion|année=2010|pages totales=1615|isbn=9782081228344|lire en ligne=https://www.numeriquepremium.com/content/books/9782081228344|passage=78-81}}.
* {{Ouvrage|langue=French|auteur1=|prénom1=Stanislas de|nom1=Saint-Loup|nom2=Presses de la Cité|titre=Marius Berliet l'inflexible|passage=|lieu=|éditeur=Presses de la Cite|date=1962|pages totales=|isbn=|oclc=871748350}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Louis|nom1=Muron|titre=Marius Berliet|sous-titre=1866-1949 |lieu=Lyon|éditeur=Éditions Lugd|année=1995|pages totales=201|isbn=978-2-84147-022-8|oclc=409241900 |plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|nom1=[[Saint-Loup (écrivain)|Saint-Loup]] alias [[Marc Augier]]|titre=Marius Berliet l'inflexible|éditeur=[[Presses de la Cité]]|année=1962|pages totales=316|oclc=871748350}}


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
{{Liens}}
* [http://gazoline.net/article.pcgi?id_article=53 Berliet, champion du poids lourd, par Eric Favre]
* [https://www.gazoline.net/histoire/berliet-champion-du-poids-lourd/ Berliet, champion du poids lourd, par Eric Favre]
* [http://vea.qc.ca/vea/marques/berliet.htm La Marque Berliet]
* [http://vea.qc.ca/vea/marques/berliet.htm La Marque Berliet]
* [http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=5707 Entreprise Marius Berliet et Fils]
* [http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=5707 Entreprise Marius Berliet et Fils]
* {{Radio}} [http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2732 « B.E.R.L.I.E.T, L.I.B.E.R.T.É »] Là-bas si j’y suis ([[France Inter]]), émission du 5 avril 2013
* {{Radio}} [http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2732 « B.E.R.L.I.E.T, L.I.B.E.R.T.É »] Là-bas si j’y suis ([[France Inter]]), émission du {{date-|5 avril 2013}}


== Notes et références ==
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{{Références}}

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Dernière version du 1 septembre 2024 à 16:47

Marius Berliet
Fonction
Fondateur
Berliet
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 83 ans)
CannesVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Marius Maximin François Joseph BerlietVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Père
Joseph Berliet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Lucie Berliet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Autres informations
Sport
Sport automobile (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinction

Marius Berliet, né le à Lyon 1er[1] et mort le à Cannes, est le fondateur de la société des Automobiles Marius Berliet, constructeur automobile de voitures et camions jusqu'en 1939 et exclusivement de véhicules industriels à partir de cette date.

Marius Berliet et sa famille appartiennent à la Petite Église de Lyon, groupe de catholiques traditionalistes qui est né de l'opposition au Concordat de 1801[2].

Une famille catholique anticoncordataire

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Marius Berliet en 1911.

Marius Maximin François Joseph Berliet est l'aîné d'une fratrie de sept enfants nés de l'union de Joseph-Marie Berliet et Lucie-Philippine Fabre, deux familles qui appartiennent à la Petite Église[3], groupe de catholiques qui n'ont pas reconnu le concordat signé en 1801 entre Bonaparte et le pape Pie VII[4].

Il est éduqué selon les principes de la Petite Église : instruction religieuse, rigueur et intégrité, sens de l'effort et de la famille, attitude stricte à l'égard de l'argent - ni gaspillage, ni spéculation.

Les premiers emblèmes de Berliet adoptent encore la forme d'une locomotive.

À la Croix-Rousse, le père de Marius crée avec Jacques Bellet, également de la Petite Église, un atelier de tissage de tissu pour coiffes de chapeaux.

Marius fréquente l'école de la Petite Église, entre au lycée Ampère à 13 ans, obtient son certificat d'études, est mis en apprentissage comme ouvrier tisseur et rejoint l'atelier paternel.

Son goût pour la mécanique se révèle tôt. Lecteur assidu de journaux techniques et de vulgarisation scientifique, il se forme par des cours du soir à la Société d'Enseignement professionnel du Rhône (mécanique et anglais) et développe son penchant pour le bricolage mécanique.

Il fait construire sur ses propres plans de nouveaux équipements pour l'atelier, en particulier une machine à découper les rubans qui divise automatiquement le tissu et le prix de revient[5].

En 1894, il réalise son premier moteur dans un appentis de la propriété familiale et monte sa première voiture en 1895[6]. La voiture no 2, assemblée dans les locaux Berliet & Bellet, 5 rue Magneval sort en .

En 1899, il s'installe avec un compagnon 56 rue Sully, dans un atelier de 90 m2 et, à la mort de son père, le , il confie l'entreprise familiale à ses frères.

En 1900, il aménage un local cinq fois plus grand.

En 1902, il achète l'usine automobile Audibert et Lavirotte[7] dans le quartier de Monplaisir, 250 personnes et 5 000 m2 couverts.

Les 300 voitures produites en 1903 ont bonne réputation : simples, solides, puissantes ; leur notoriété dépasse la région lyonnaise.

Vie personnelle

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Villa de la famille Berliet.

De taille moyenne, svelte, des yeux bleu gris, Marius est d'un abord réservé. Timide, gêné car il n'a pas reçu une éducation policée, il parle peu, il écoute, observe, apprend, réfléchit et tranche. Son impatience explique une certaine brusquerie.

Il est décrit par ses ouvriers comme « maigre, le dos voûté, les moustaches pendantes, portant la blouse grise et longue »[8].

Une excellente mémoire, une forte puissance de travail le caractérisent ainsi qu'une sévère discipline de vie[9].

Autodidacte ouvert et cultivé, il joue du violon sans avoir jamais appris ; il est amateur d'opéra.

Les ouvrages techniques, les écrits de saint Augustin, les œuvres poétiques de Ronsard et Baudelaire font partie de ses lectures.

En 1887, son grand-bi Rochet lui sert pour aller à la campagne, il observe la nature qu'il apprécie, il aime la marche en montagne. « C'est en regardant les sapins de Grande-Chartreuse que j'ai appris la mécanique. » dira-t-il plus tard à ses ingénieurs[10]. Il montera régulièrement à cheval.

Il plantera progressivement des milliers d'arbres sur le tènement de Vénissieux dont les surfaces non encore utilisées sur le plan industriel – jusqu'à 200 ha – constitueront la « ferme-modèle Berliet ».

En 1907, il épouse Louise Saunière, (1881-1973), de parents entrepreneurs de plomberie-zinguerie à Paris.

En 1912, le couple et ses deux enfants, Jean (1908-1981) et Simone (1910-1912) s'installent 39, rue Esquirol dans la villa dont la construction débute au printemps 1911 sur les plans de l'architecte lyonnais Paul Bruyas[11]. Entourée d'un jardin de 8 000 m2, elle est située à l'est de Lyon, dans le quartier de Montchat en voie d'urbanisation, à mi-distance de l'usine de Monplaisir et du futur complexe industriel intégré à Vénissieux dont l'industriel nourrit le projet. Trois filles et trois garçons naissent dans cette demeure décorée dans le style Art nouveau par Louis Majorelle et Jacques Gruber[12] : Odette (1913-2013), Yvonne (1914-2021), Henri (1915-2012), Maurice (1915-2008), Paul (1918-2012), Jacqueline née en 1923.

« J'ai voulu faire une grande œuvre »

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Le , American Locomotive Company (ALCO), qui souhaite se diversifier dans l'automobile, signe l'acquisition, pour une durée de trois ans, de la licence de fabrication de la gamme de voitures Berliet moyennant le versement comptant de 500 000 francs or, la fourniture de pièces coulées et forgées, la construction d'une usine dans l'État de Rhode Island et le paiement de royalties[13].

Marius Berliet transforme cette manne financière en terrains[14], bâtiments, équipements.

L'usine de Monplaisir couvre sept hectares. La locomotive chasse-buffles devient l'emblème de la marque[15] remplaçant les initiales MB entrelacées, traitées en style Art nouveau.

Pressentant le développement du transport routier de marchandises[16] et collectif de personnes, il réceptionne au service des Mines son premier camion en 1907[17].

En 1913, 4 000 voitures et camions[18] sortent des usines de Monplaisir qui emploient 3 150 personnes. Cette même année, le camion CBA est réceptionné au service des Mines [19] pour 3 tonnes (il le sera pour 4 tonnes en 1914) et primé au Concours militaire[20]. Simple, robuste, économique, il est apprécié par l'Armée à laquelle près de 15 000 exemplaires seront livrés pendant le premier conflit mondial et qui notamment composeront plus de la moitié de la noria de camions sur la Voie Sacrée[21].

Parallèlement, des commandes d'obus sont adressées à Berliet comme aux autres constructeurs automobiles. Pour satisfaire cette demande, Marius construit deux bâtiments à Monplaisir et obtient d'Édouard Herriot, maire de Lyon, l'autorisation d'installer à la halle Tony Garnier le matériel nécessaire à la production d'obus, ce qui permettra de sortir 5 000 obus par jour[22].

En 1916, il commence la construction de l'usine intégrée à Vénissieux / Saint-Priest sur près de 400 ha. Egerton Banks, ingénieur britannique de 29 ans, responsable de Westinghouse-Europe[23] engagé par Marius Berliet en tant que stagiaire en et auquel fut confiée l'organisation des nouveaux ateliers, écrit : « Je me rappelle le jour où le grand Patron a annoncé ses intentions à ses plus intimes collaborateurs, leur demandant avec confiance l'effort suprême essentiel pour défendre la Patrie et assurer la victoire. Cela devait être, expliquait-il, notre ŒUVRE. Il ne s'agissait pas de faire intervenir des entrepreneurs du dehors, nous devions dessiner, construire, bâtir, équiper et en même temps PRODUIRE... tout ensemble, par nous-mêmes, sous la direction dynamique du grand chef. Et ainsi, ce fut fait, Vénissieux sortit du sol. Un miracle d'organisation et d'effort personnel... Des difficultés ? Oui, elles surgissaient continuellement mais seulement pour être vaincues. Moments héroïques, période créatrice ! »[24].

Les châssis-mécaniques CBA sont fabriqués à Monplaisir, le montage de leur carrosserie en bois est effectué au rythme de 40 par jour à Vénissieux. Au 2e semestre 1918 sortiront 1 025 chars Renault FT[25]. 12 000 personnes travaillent chez Automobiles M. Berliet[26].

Parallèlement aux installations industrielles, Marius Berliet développe des œuvres sociales : la Crèche, créée en [27], est animée par l'épouse de Marius ; la Cité[28],[29] sur la commune de Saint-Priest, dont la construction qui débute en 1917, comptera 250 familles en 1925 ; la Ferme[30], qui utilise les terrains de la réserve foncière de Saint-Priest à l'élevage et à la culture céréalière. Une école sera créée, la Cité étant excentrée par rapport à Vénissieux et Saint-Priest.

La pratique des sports est facilitée par la fondation de l'Union Sportive Berliet (USB)[31] et la mise à disposition d'un stade en 1920.

À partir du , le gouvernement autorisant la vente des surplus de l'armée française et des stocks américains, les livraisons et les commandes se tarissent brusquement[32].

L'entre deux guerres

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La chute d'activité contraint Marius Berliet à demander l'application de la loi du , c'est-à-dire le recours au règlement transactionnel[33] prononcé le . Le pouvoir est assumé par trois banques, M.Pariset, délégué du Crédit Lyonnais étant nommé président du Conseil d'Administration. Marius Berliet, qui devient administrateur délégué chargé des bureaux d'études et des fabrications, doit renoncer à son droit de vote aux assemblées générales et ne peut rien décider sans autorisation[34].

Des économies, la diversification des productions, la croissance des ventes à l'exportation contribuent à assainir la situation financière. En 1929, l'ensemble des créanciers est remboursé. Marius reprend le contrôle de ses usines[35].

Convaincu que le moteur qui fonctionne au gazole est l'avenir du transport routier, il s'engage dans cette voie dès 1930. Durant cette décennie, il continue de fabriquer voitures de tourisme, camions, camionnettes, tracteurs, autobus inter et urbains, engins de voirie, incendie, travaux publics, automotrices, autorails, locotracteurs, trolleybus, voitures et camions tout terrain et armée[36]. Il devient le leader du transport routier en France.

En mars-, des dispositions « coordination rail-route » des décrets Dautry[37] freinent l'industrie française de véhicules industriels dont la production décline. En 1936, la France produit 25 000 véhicules contre 28 159 en 1933, l'Allemagne 76 000 contre 13 222, la Grande-Bretagne 104 000 contre 64 377[38].

Alors que le mouvement de grèves du Front populaire intervient en chez les concurrents automobiles, la grève chez Berliet débute dès le , assortie d'un lock-out suivi le d'une reprise progressive sous surveillance policière. La grève se termine vers le sans négociation avec la CGT. Il est hors de question de traiter avec des délégués accompagnés de personnes politiques ou extérieures à l'entreprise qui puisent leurs revendications dans la théorie des soviets[39].

En 1939, Marius Berliet arrête la production de voitures de tourisme.

La décennie 1940

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Le , ordre de réquisition des usines Berliet, signé Raoul Dautry, ministre de l'Armement, « tenant compte de ce que, à la date du 26 septembre 1939, aucune mesure n'a été prise pour la mise en route des fabrications de guerre »[32]. À la débâcle, l'industriel retrouve ses usines. Dans le souci de préserver l'emploi - quelque 6 000 personnes - il fabrique les Gazobois qu'il a mis au point entre les deux guerres et qui équipent les véhicules de la zone sud.

Tout en étant en zone libre, Marius Berliet subit les décisions prises par l'armée d'occupation en zone occupée en raison de la succursale-atelier Berliet de Courbevoie considérée sous réquisition au même titre que Renault, Citroën et les autres[40]. À ce titre, le GBK, groupement militaire allemand qui dirige et contrôle l'industrie et le commerce automobile en Allemagne et dans les territoires occupés, relayé pour la France par le comité d'organisation de l'Automobile, accorde des « bons matières » à condition que les produits ou pièces soient livrés à l'occupant.

En , Marius Berliet rédige son testament : « Je stipule expressément que, dès l'instant de mon décès, j'entends que la gérance soit exercée immédiatement par mes quatre fils : Paul, Henri, Jean et Maurice. J'exprime mon intention que le rôle essentiel soit exercé à titre de gérant principal par Paul auquel ses frères doivent faire confiance… dans la pensée de respecter ma mémoire et de continuer mon œuvre. »[41].

Après la publication, en de la loi instituant le service du travail obligatoire (STO) et devant les réticences de Berliet à désigner des ouvriers pour partir en Allemagne, les services de la Préfecture établissent une liste de 1 500 noms réduite, à la suite des protestations de l'industriel, à 435 personnes et qui compte deux de ses fils Henri et Maurice[42].

En 1943, la production baisse à 8 véhicules par jour. En , sur dénonciation anonyme de dissimulation à Vénissieux d'étain et de cuivre, Paul Berliet est interrogé par la Gestapo dont les investigations restent vaines car les métaux sont cachés à Monplaisir.

Les usines de Vénissieux sont bombardées par les Alliés dans la nuit du 1er au anéantissant la Cité Berliet dont les habitants avaient été évacués et endommageant plusieurs bâtiments industriels, la forge et la fonderie étant inutilisables[43].

La production de véhicules Berliet a décliné entre 1940 et 1944 : 6 416 en 1940, 3 098 en 1941, 2 378 en 1942, 1 528 en 1943, 996 en 1944[44].

Du au , l'industrie française a livré 116 917 véhicules aux autorités allemandes et 20 771 au secteur civil français :

  • Renault : 32 877 véhicules soit 28,11 % à l'armée allemande, 1 697, soit 8,17 % au secteur civil ;
  • Citroën : 32 248 véhicules soit 27,58 % à l'armée allemande, 2 052, soit 9,87 % au secteur civil ;
  • Peugeot : 22 658 véhicules soit 19,37 % à l'armée allemande, 3 309, soit 15,43 % au secteur civil ;
  • Ford : 10 620 véhicules soit 9,08 % à l'armée allemande, 2 405, soit 11,57 % au secteur civil ;
  • Berliet : 2 389 véhicules soit 2,04 % à l'armée allemande, 6 548, soit 31,52 % au secteur civil[45].

À la libération de Lyon, Marius Berliet, sur décision du commissaire de la République Yves Farge, est arrêté le . À la prison Montluc, il échappe à une exécution sauvage grâce à un délégué de la Croix-rouge[46]. Le lendemain, le commissaire de la République place sous séquestre les usines Berliet et nomme Marcel Mosnier administrateur séquestre[47] appliquant la loi du [48].

Constatant que Marius Berliet avait réparti les actions d'Automobiles M. Berliet entre ses sept enfants depuis 1942, le Commissaire de la République fait incarcérer les quatre fils, Jean, Henri, Maurice et Paul. « On était à 100 km de penser que nous étions devant une révolution marxiste. » confiera Paul Berliet à l'historien Renaud de Rochebrune[49].

Maurice et Henri, après quelques mois de prison, renvoyés devant la chambre civique[50], retrouveront la liberté en janvier et [51].

Marius, transféré à l'hôpital de l'Antiquaille, puis à l'infirmerie Saint-Joseph, est opéré de la prostate le . Il subira son premier interrogatoire le et cinq autres suivront[52].

Le procès qui débute le et dure six jours se déroule dans un climat passionnel et médiatique défavorable. À titre d'exemple, des photos censées prouver que Berliet avait fabriqué des automitrailleuses pour les Allemands représentaient en fait des véhicules militaires destinés aux Polonais en 1934[53]. Son procès n'évoque pas l'appui apporté à l'agence de presse Inter-France.

Le , le jury estimant que les prévenus (Marius, ses fils Jean et Paul) étaient « coupables d'avoir sciemment accompli un ou plusieurs actes de nature à nuire à la défense nationale », le Président rend le verdict suivant : Marius est condamné à deux ans de prison, à la confiscation de tous les biens présents et à venir, à l'interdiction de séjour dans les départements de la Seine, Seine et Oise, Rhône et départements limitrophes. Il est également condamné à l'indignité nationale[54]. Compte tenu de son état de santé après plusieurs interventions chirurgicales et de l'aggravation de sa maladie cardiovasculaire, la cour de justice commue sa peine de prison en assignation à résidence surveillée et sous surveillance médicale judiciaire à Cannes[54].

Le lutteur exilé et malade reste pugnace. Entre 1946 et 1949, date de sa mort, il rédige des centaines de lettres, tracts et brochures La Vérité sur l'affaire Berliet, Expérience soviétique chez Berliet qu'il expédie à des personnalités de l'administration, de la politique, du milieu des affaires[55].

La conviction de la justesse de sa cause est renforcée par une déclaration du Général de Gaulle du  : « Il n'y a aucune loi qui prévoit que certaines nationalisations doivent se perpétuer. Pour ma part, je ne vois aucune raison pour que le régime absurde qualifié d'expérience Berliet continue pour cette usine »[56].

À son fils Paul sorti de prison en 1948, il écrit : « Tu dois te préparer sérieusement de prendre en main la direction des usines désorganisées par des démagogues… Quant à la décision du Conseil d'État, sa teneur ne fait aucun doute. C'est la restitution pure et simple des usines qui nous ont été volées par une bande de partisans sans mandat judiciaire. »[57].

Au début de l'année 1949, Marius Berliet subit une nouvelle intervention chirurgicale et s'éteint à Cannes le .

Chez Automobiles M. Berliet, après le décret de séquestre signé par Y. Farge, la composition du Comité de gestion nommé par Marcel Mosnier étant approuvée par le préfet, l'usine tourne sans patron. Le Comité crée des organismes qui constituent un quadrillage syndical jusqu'au niveau des sections d'ateliers, le comité central d'entreprise, le comité social, les comités des bâtiments, des assemblées périodiques de compte-rendu[58]. Cet organigramme est parallèle à la hiérarchie technique.

La plus grande expérience de gestion ouvrière de l'après-guerre[59] se déroule alors que l'union est le mot d'ordre constamment répété.

Mais dès 1945, le groupe qui entraîne l'expérience et où les communistes sont en majorité se détache progressivement de la masse indifférente[60].

Après le procès des dirigeants Berliet et avant l'assemblée des actionnaires, Marcel Paul, communiste, ministre de la production industrielle, signe un arrêté nommant Marcel Mosnier administrateur provisoire lui conférant les pouvoirs de gestion les plus étendus[61].

Tandis que les actionnaires formulent un recours pour excès de pouvoir devant le Conseil d'État, pour beaucoup, l'entreprise est devenue une base communiste[62]. Ne pouvant supporter l'autoritarisme de l'appareil de direction, les ingénieurs, cadres et techniciens se mettent en grève le [63]. Depuis le , les communistes ne font plus partie du gouvernement. Le nouveau ministre de la production industrielle, le socialiste Robert Lacoste prend un arrêté le mettant fin aux fonctions du communiste Marcel Mosnier et nommant Henry Ansay, son directeur de cabinet administrateur provisoire[64].

Avec l'éviction de Marcel Mosnier, l'expérience Berliet tourne une page. Une politique de normalisation liquide les organismes créés par la première administration séquestre[65].

Pendant les années 1948 et 1949, une bataille parlementaire s'est engagée autour du projet de nationalisation de Berliet. Pas moins de vingt projets ont été déposés[66].

Le , le Conseil d'État déclare entaché d'excès de pouvoir l'arrêté du nommant Marcel Mosnier administrateur provisoire[67]. Après diverses péripéties juridiques, le Conseil d'État, le , en référence à l'ordonnance du qui précise que « les décisions des commissaires régionaux de la République ou des préfets pourront faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir », restitue les usines à la famille Berliet[66].

Postérité

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Il existe une rue Marius-Berliet dans le 8e arrondissement de Lyon, antérieurement fragment de la route d'Heyrieux[68]. L'hôtel de police qui y est situé (au numéro 40) est fréquemment appelé « commissariat Marius-Berliet » par la presse.

Distinctions

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Bernadette Angleraud, Catherine Pellissier, Les dynasties lyonnaises ; Des Morin-Pons aux Mérieux du XIXe siècle à nos jours., 2003, Perrin, Paris, 830 p., (ISBN 2-262-01196-6) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup et Bruno Thévenon, Dictionnaire historique de Lyon, Lyon, Stéphane Bachès, , 1504 p. (ISBN 978-2-915266-65-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Archives municipales numérisées de l'état civil de Lyon, acte de naissance no 1/1866/51, date et lieu du décès mentionnés en marge de l’acte (consulté le 12 février 2013) [lire en ligne].
  2. Isabelle Lisowski, Marius Berliet, in Cent ans de catholicisme social à Lyon et en Rhône-Alpes. La postérité de "Rerum Novarum", De l'Atelier, 1992, p. 202.
  3. Muron 1995, p. 13.
  4. Jean-Pierre Chantin, "Des sectes dans la France contemporaine " Éditions Privat, 2004- p. 14 ; " la famille Berliet et les anticoncordataires " Lettre d'information de la Fondation Berliet (LIFB) no 163, février 2014 p. 5.
  5. Renaud de Rochebrune et Jean-Claude Hazera, Les Patrons sous l'occupation, Éditions Odile Jacob, , p.28.
  6. Muron 1995, p. 23.
  7. AFB - fonds Berliet D1 6 Domaine no 4767- boite 2.
  8. Thierry Pillon, Le Corps à l'ouvrage, Paris, Stock, , 196 p. (ISBN 978-2-234-06401-0), p. 70. Cite Georges Navel, Travaux, 1945.
  9. Monique Chapelle, Berliet, Lyon, Éditions EMCC, .
  10. Automobiles M. Berliet, Marius Berliet, 1866-1949, Draeger Frères Montrouge 10/1966.
  11. « Demeure dite villa Marius Berliet », notice no PA00118109, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. Marie-Reine Jazé-Charvolin, La Villa Berliet, Edira, "1997 : la villa a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 31 juillet 1989, moins d'un an après le classement du camion Berliet type M de 1910. Ces deux mesures de protection lient symboliquement les deux pôles de la vie de Marius Berliet, consacrée entièrement à sa famille et à l'automobile".
  13. AFB-ALCO, extraits de presse américaine 1905: The Horseless Age, vol.16 - no 21/5/1905 p. 10 - Cycle & Automobile Trade Journal, 8/1905, p. 68 - The Automobile, 8/6/1905 p. 701 - Automobile Review, 6/15/1905,p. 583.
  14. AFB - fonds Berliet, Domaine Berliet D1/4767/2
  15. AFB - fonds Berliet, C45- dépôt de marque no 5891, 6/12/1907.
  16. AFB - fonds Berliet - catalogue Automobiles Berliet camions et omnibus, Draeger Frères, 1907,p. 3.
  17. Le premier camion de 1907 réceptionné par le service des Mines est le type L, moteur à essence de pétrole / 4 cylindres verticaux 100 x 120 / Transmission par le système dit « trains baladeurs », un engrenage supplémentaire permet d'obtenir la marche AR /Deux freins métalliques sur le différentiel et deux freins métalliques à sabots extérieurs sur les roues motrices / Direction à vis: Feuille des Mines signé à Lyon le 11 octobre 1907.
  18. AFB - fonds Berliet - fontex 4432/3 Extrait catalogue Berliet 1913.
  19. AFB - fonds fiches des Mines Berliet G 102.
  20. AFB - fonds thématique / concours / fontex 5690 : 28.
  21. Jean-Louis Loubet, L'Industrie automobile: 1905-1971, Droz, 1999, p. 130.
  22. Muron 1995, p. 6.
  23. AFB - fonds Berliet C11, archives Marius Berliet, no 1.
  24. Muron 1995, p. 96-97.
  25. Article " le char léger Renault FT 17 " par C.H. Tavard in l'Automobiliste no 50, 1978 p. 19-43.
  26. L'entreprise Berliet adopte le statut de société anonyme par actions en 1917, sa raison sociale devenant Automobiles Marius Berliet. Après absorption de Saviem en 1978, sa dénomination sera Renault Véhicules Industriels.
  27. Isabelle Lisowski, Marius Berliet et la Société des Automobiles M. Berliet des origines à 1939 (mémoire de maîtrise d'histoire), Faculté des Lettres Lyon-III, , p.207.
  28. « Cité ouvrière dite Cité Berliet », notice no IA69000055, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  29. Lisowski 1991, p. 211.
  30. Lisowski 1991, p. 213.
  31. Lisowski 1991, p. 217.
  32. a et b Muron 1995.
  33. Cette loi institue une forme de dépôt de bilan pour les entreprises brutalement privées de commandes après l'armistice.
  34. Muron 1995, p. 99.
  35. Muron 1995, p. 115.
  36. Saint-Loup, " Marius Berliet l'inflexible", Éditions Les Presses de la Cité - 1962.
  37. Décrets rail-route: coordination des transports ferroviaires et routiers: J.O. du 20 avril 1934 p. 3964-3966.
  38. AFB: L'Argus no 506 bis 25/05/1937 statistiques annuelles.
  39. Monique Chapelle (préf. Paul Berliet), Berliet, Brest, Ed. le Télégramme, , 118 p. (ISBN 978-2-848-33139-3, OCLC 420241252)
  40. Muron 1995, p. 171.
  41. Chapelle 2005, p. 50.
  42. Muron 1995, p. 176.
  43. Gérard Deglas, Recherche sur les usines Berliet 1914-1949, Université Paris 1, , p.55.
  44. Deglas 1977, p. 52 et 55.
  45. Muron 1995, p. 194.
  46. Chapelle 2005, p. 16.
  47. Muron 1995, p. 184.
  48. Loi du 10 septembre 1940 prévoyant la nomination d'administrateurs provisoires des entreprises privées de leurs dirigeants, sur Légifrance [1].
  49. Rochebrune et Hazera 2013, p. 83.
  50. Rochebrune et Hazera 2013, p. 89.
  51. AFB " C'était Madame Marius Berliet" Monique Chapelle, 1998, p.22.
  52. idem référence précédente p. 24.
  53. Rochebrune et Hazera 2013, p. 90.
  54. a et b Muron 1995, p. 195.
  55. Rochebrune et Hazera 2013, p. 97.
  56. Rochebrune et Hazera 2013, p. 99.
  57. Muron 1995, p. 200.
  58. Marcel Peyrenet, Nous prendrons les usines, Éditions Garance, (ISBN 2051002142), p.12.
  59. Rochebrune et Hazera 2013, p. 27.
  60. Peyrenet 1980, p. 70.
  61. Peyrenet 1980, p. 122.
  62. Peyrenet 1980, p. 160.
  63. Muron 1995, p. 197.
  64. Muron 1995, p. 199.
  65. Peyrenet 1980, p. 191 et 193.
  66. a et b Muron 1995, p. 201.
  67. Rochebrune et Hazera 2013, p. 101.
  68. Catherine Chambon, Lyon 8e arrondissement - Histoire et métamorphose, Lyon, Editions Lyonnaise d'Art et d'Histoire, , 199 p. (ISBN 9782841472024), p. 189
  69. « Notice LH de Marius Berliet », base Léonore, ministère français de la Culture.